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Chapitre 5

Primitives et equations
di erentielles lineaires
Sommaire
I Intégrales et primitives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
1 Primitives d’une fonction continue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
2 Intégrale d’une fonction continue sur un segment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
3 Liens fondamentaux entre intégrales et primitives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
4 Méthodes de calcul d’une intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
II Équations différentielles linéaires (EDL) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
1 Équation différentielle linéaire d’ordre n ∈ {1, 2} . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
2 Équation homogène associée à (En ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
3 Lien fondamental entre solutions de (En ) et de (Hn ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
4 Principe de superposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
5 Méthode de résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
III Équation différentielle linéaire d’ordre 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
1 Résolution de l’équation homogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
2 Recherche d’une solution particulière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
3 Résolution de l’équation complète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
IV EDL d’ordre 2 à coefficients constants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
1 Résolution de l’équation homogène associée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
2 Recherche d’une solution particulière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
3 Problème de Cauchy d’ordre deux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
V COMPLÉMENTS : EDL d’ordre 2 à coefficients continus . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
2 Changement de fonction inconnue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
3 Changement de variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

105
106 CHAPITRE 5. PRIMITIVES ET ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES

OBJECTIFS Ils sont modestes, il s’agit essentiellement de


⊲ connaı̂tre les primitives de quelques fonctions usuelles,
⊲ de savoir déterminer les primitives d’une fonction au moyen d’une intégration
par parties, ou par changement de variables.
⊲ savoir résoudre les équations différentielles linéaires d’ordre 1 à coefficients conti-
nus,
⊲ savoir résoudre les équations différentielles linéaires d’ordre 2 à coefficients
constants,

I Intégrales et primitives
Dans tout le chapitre K désigne R ou C, et I est un intervalle non trivial de R.

1 Primitives d’une fonction continue


1.a Définition
Définition : Soit f, F : I → R, deux fonctions. On dit que F est une primitive de f sur I si F est dérivable
sur I et F ′ = f .
Exemples : sur R⋆
1
• si n ∈ Z \ {−1}, une primitive de x 7→ xn est x 7→ xn+1 .
n+1
1
• si n = −1, une primitive de x 7→ sur R⋆ est x 7→ ln(|x|).
x

Proposition 5.1.— Soit f : I → R une fonction.


 Deux primitives de f sur I diffèrent d’une constante.
 Plus précisément, si F0 est une primitive de f sur I, les primitives de f sur I sont les fonctions de la forme
F = F0 + C, où C ∈ R est une constante réelle.

Démonstration ▽
Soit F1 et F2 deux primitives de f sur l’intervalle I. Alors la différence F1 −F2 est dérivable sur I et (F1 −F2 )′ = f −f = 0.
Il en résulte que F1 − F2 est constante sur I. N
1.b Primitives d’une fonction continue sur un intervalle

Théorème 5.2.— Existence de primitive ❤ —. Toute fonction continue sur I possède des primitives sur I.
Z x
Notation : une primitive quelconque de f est notée f (t) dt.

2 Intégrale d’une fonction continue sur un segment


2.a Définition intuitive de l’intégrale
Définition : Soit f : [a, b] → R une fonction continue sur le segment [a, b].
Z b
◮ Si f est positive, on définit l’intégrale de a à b de f , et on note f (t) dt l’aire de la portion du plan
a
délimitée par le graphe de f et les droites d’équations y = 0, x = a et x = b.
◮ Si f n’est pas positive, elle s’écrit f = f + − f − , où f + et f − sont continues et positives.
Z b Z b Z b
En ce cas, l’intégrale de a à b de f est définie par : f (t) dt = f + (t) dt − f − (t) dt.
a a a
I. INTÉGRALES ET PRIMITIVES 107

Remarque : dans cette définition, la continuité de f sur le segment [a, b] est essentielle.
Illustration :
Z b
Dans la figure ci-contre f (t) dt est l’aire algébrique de la région
a
grisée : l’aire de la partie claire est comptée positivement, l’aire de
a b
la partie plus foncée est comptée négativement.
Définition : Soit f : [a, b] → C une fonction continue. On note u = Re f v = Im f ses parties réelles et
imaginaires. On pose
Z b Z b Z b Z b
f (t) dt = [u(t) + i v(t)] dt = u(t) dt + i v(t) dt
a a a a

Notation : soit f : I → K une fonction continue, (a, b) ∈ I 2 . Si a < b, on convient de noter


Z b Z a
f (t) dt = − f (t) dt
a b

2.b Propriétés fondamentales de l’intégrale

Théorème 5.3.— Soit f, g : I → K deux fonctions continues sur un intervalle I, (a, b) ∈ I 2 des réels tels que
a ≤ b. Alors
• Linéarité de l’intégrale
Z b Z b Z b
Si (α, β) ∈ R2 , alors (α · f + β · g)(t) dt = α f (t) dt + β g(t) dt
a a a
• Relation de Chasles Z
c Z b Z c
Si (a, b, c) ∈ I 3 , alors f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt.
a a b
• Positivité de l’intégrale
Z b
Si K = R et f est positive sur I, alors f (t) dt ≥ 0.
a
• Croissance de l’intégrale
Z b Z b
Si K = R et f ≤ g sur I, alors f (t) dt ≤ g(t) dt.
a a

3 Liens fondamentaux entre intégrales et primitives


3.a Théorème fondamental du calcul intégral ❤
Ce premier théorème fait le lien entre intégrales et primitives. Il est absolument essentiel !

Théorème 5.4.— Soit f : I → K une fonction continue sur un intervalle I et F une primitive quelconque de f
sur I, alors pour tout couple (a, b) ∈ I 2
Z b b 
f (t) dt = F (t) = F (b) − F (a)
a a

Commentaires : ainsi, l’intégrale de a à b d’une fonction continue est la variation entre a et b d’une de ses
primitives.
En pratique : vous utilisez ce Théorème pour tout calcul d’intégrale !
3.b Intégrale fonction de sa borne supérieure
Ainsi que nous venons de voir que la connaissance d’une primitive de f permet de calculer ses intégrales. Inver-
sement, les primitives de f s’expriment à l’aide d’intégrales.
108 CHAPITRE 5. PRIMITIVES ET ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES

Considérons une fonction f ∈ C(I, K) continue sur un intervalle –pas nécessairement un segment – et a ∈ I un
point fixé dans I. Pour chaque valeur x ∈ I fixée, f| est une fonction continue sur le segment [a, x] ∪ [x, a] et
Rx
par conséquent l’intégrale a f (t) dt est bien définie.
Z x
Posons Fa (x) = f (t) dt.
a
Ce procédé définit une nouvelle fonction Fa : I → K représentée par le schéma ci-dessous :

Intégrale fonction de sa borne supérieure un accroissement de F

F(x)
F(x+h)−F(x)

F(x)

a x b a x x+h b

La fonction Fa ainsi construite est très importante puisqu’il s’agit d’une primitive de f sur I. Plus précisément :

Théorème 5.5.— Intégrale fonction de sa borne supérieure


Soit f ∈ C(I, K), a ∈ I. On considère la fonction Fa : I → K définie par
Z x
pour tout x ∈ I, Fa (x) = f (t) dt
a

Alors Fa est dérivable sur I et Fa′ = f , autrement dit

pour tout x ∈ I, Fa′ (x) = f (x)

Démonstration ▽
Comme f est continue sur I, elle admet une primitive F : I → K. D’après le théorème 5.4, il s’ensuit que pour tout réel
x ∈ I, on a
 x
Fa (x) = F (t) = F (x) − F (a)
a

Il en résulte que Fa est dérivable comme somme de telles fonctions, et pour tout x ∈ I, Fa′ (x) = F ′ (x) = f (x). N
Remarques :
• en fait Fa est l’unique primitive de f qui s’annule en a.
• lorsqu’on ne précise pas la valeur de Zla borne inférieure de l’intégrale, on retrouve l’expression d’une
x
primivive quelconque de f , sur I, x 7→ f (t) dt.

4 Méthodes de calcul d’une intégrale


Comme les primitives d’une fonction continues peuvent s’exprimer comme une intégrale (cf remarque ci-dessus)
ces méthodes s’appliquent aussi au calcul de primitives.

4.a Intégration à vue


Il s’agit de déterminer une primitive de l’intégrande et d’appliquer le Théorème 5.4. Pour cela, il faut connaı̂tre
le tableau des primitives usuelles, donné page 111 !

4.b Intégration par parties


Une conséquence, fort utile en pratique du Théorème Fondamental du Calcul Intégral est la méthode d’
I. INTÉGRALES ET PRIMITIVES 109

Corollaire 5.6.— Intégration par parties —. Soit (u, v) ∈ C 1 (I, R)2 , alors pour tout couple (a, b) ∈ I 2 ,
Z b  b Z b
u′ (t) × v(t) dt = u(t) × v(t) − u(t) × v ′ (t) dt.
a a a

Démonstration ▽
Une primitive de u′ × v + u × v ′ est la fonction u × v. D’après le TFCI, il en résulte que
Z b  
 
u′ × v + u × v ′ dt = u × v
a

Le résultat en découle aisément par linéarité de l’intégrale. N


En pratique : vous utilisez une IPP pour intégrer un produit. Pour cela
1 choisissez quel facteur vous souhaitez intégrer et/ou quel factuer vous souhaitez dériver.
2 Identifiez u′ et v, et posez

u = ··· v = ···
v′ = · · ·

u = ···

Vérifiez au passage que u et v sont de classe C 1 ([a, b]),


3 Appliquez la formule d’IPP
Z π
2
Exercice : Calculez t sin(t) dt
0
Exemple : les primitives de ln sont données par :
Z x
ln(t) dt = x ln(x) − x + C

4.c Intégration par changement de variable

Théorème 5.7.— Soit f ∈ C(J, R) et ϕ ∈ C 1 (I, J) telle que ϕ(I) ⊂ J. Alors pour tout couple (a, b) ∈ I 2
Z b Z ϕ(b)
f ◦ ϕ(t) × ϕ′ (t) dt = f (u) du
a ϕ(a)

Démonstration ▽
Soit F une primitive de f sur J. Alors d’après la règle de différentiation en chaı̂ne (Proposition 3.16), nous avons

(F ◦ ϕ)′ = f ◦ ϕ × ϕ′

D’après le Théorème 5.4, il en résulte que


Z b  b  ϕ(b) Z ϕ(b)
 
f ◦ ϕ(t) × ϕ′ (t) dt = F ◦ ϕ = F ϕ(b) − F ϕ(a) = F (u) = f (u) du. N
a a ϕ(a) ϕ(a)

En pratique : la formule de changement de variable s’utilise dans les deux sens, c’est-à-dire
Z b
— soit pour calculer f ◦ ϕ(t) × ϕ′ (t) dt
a
Z β
— soit pour calculer f (u) du
α
110 CHAPITRE 5. PRIMITIVES ET ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES

Sens direct : intégration à vue perçante


Ce sens est utile pour rédiger une intégration à vue perçante, c’est-à-dire lorsque vous reconnaissez ”ϕ′ (t) dt” :
Z b
En pratique : Pour calculer f ◦ ϕ(t) ϕ′ (t) dt à l’aide du changement de variable u = ϕ(t), la méthode est la
a
suivante :

• Posez u = ϕ(t)
• Dérivez formellement, du = ϕ′ (t) dt, pour calculer le nouvel élément de longueur infinitésimale
• Remplacez T OU T ϕ(t) est remplacé par u, ϕ′ (t) dt par du et les bornes pour
t par les bornes pour u.
π
sin t
Z 2
Exercice : Calculez I = dt à l’aide du changement de variable u = cos t.
0 1 + cos2 t
Solution ▽
la fonction cos est de classe C 1 sur R, le changement de variable proposé est licite.

Posons u = cos t.
Dérivons du = − sin t dt,
π
Calculons les bornes pour u : lorsque t = 0, cos t vaut 1, lorsque t = 2
, cos t vaut 0. Il s’ensuit
Z π Z 0 Z 1  1
2 sin t −du du π
dt = = = Arctan u =
0 1 + cos2 t 1 1 + u2 0 1 + u2 0 4

L’autre sens
Z β
En pratique : Pour calculer f (u) du à l’aide du changement de variable u = ϕ(t), la méthode est identique :
α

• Posez u = ϕ(t)
• Dérivez formellement, du = ϕ′ (t) dt, pour calculer le nouvel élément de longueur infinitésimale
• Remplacez T OU T u est remplacé par ϕ(t), du par ϕ′ (t) dt et les bornes pour
u par les bornes pour t.
Z 1 p
Exercice : Calculez 1 − u2 du à l’aide du changement de variables u = sin t.
0
Solution ▽
La fonction sin est de classe C 1 de [0, π/2] sur [0, 1], nous pouvons effectuer le changement de variable u = sin t.

Posons u = sin t.
Dérivons du = cos t dt,

Comme 0 = sin 0 et 1 = sin π/2, ce changement de variable conduit à


Z 1 p Z π/2 p
1 − u2 du = 1 − sin2 t cos t dt.
0 0

p
Comme pour tout t ∈ [0, π/2], cos t ≥ 0, remarquons que 1 − sin2 t = | cos t| = cos t. Par suite :
Z 1 Z π/2 Z π/2  π/2
p 1 + cos 2t t sin 2t π
1 − u2 du = cos2 t dt = dt = + = .
0 0 0 2 2 4 0 4
π
Nous venons de démontrer par le calcul que l’aire du quart de disque unité est 4
... Bravo ! N
I. INTÉGRALES ET PRIMITIVES 111

4.d Quelques primitives usuelles

fonction Primitives Intervalles de validité

xα+1
x 7→ xα x 7→ +C I ⊂ R si α ∈ N
α+1
avec α 6= −1 I ⊂ R+⋆ ou I ⊂ R−⋆ si α ∈ Z− ,
I ⊂ R+⋆ si α ∈ R \ Z

1
x 7→ x 7→ ln(|x|) + C I ⊂ R+⋆ ou I ⊂ R−⋆
x

x 7→ ex x 7→ ex + C I ⊂R

x 7→ ln(x) x 7→ x ln(x) − x + C I ⊂ R+⋆

x 7→ cos(x) x 7→ sin(x) + C I ⊂R

x 7→ sin(x) x 7→ − cos(x) + C I ⊂R

x 7→ tan(x) x 7→ − ln(| cos x|) + C I ⊂ Dtan

x 7→ ch (x) x 7→ sh (x) + C I ⊂R

x 7→ sh (x) x 7→ ch (x) + C I ⊂R

x 7→ th (x) x 7→ ln(ch x) + C I ⊂R

1
x 7→ x 7→ Arctan (x) + C I ⊂R
1 + x2
1 1
1 + x
x 7→ x 7→ 2 ln
+C I ⊂] − ∞, −1[∪] − 1, 1[∪]1, +∞[
1 − x2 1 − x

1
x 7→ √ x 7→ Arcsin (x) + C I ⊂] − 1, 1[
1 − x2
1 √
x 7→ √ x 7→ ln(|x + x2 − 1|) + C I ⊂] − ∞, −1[∪]1, +∞[
x2 − 1
1 √
x 7→ √ x 7→ ln((x + 1 + x2 )) + C I ⊂R
1 + x2
112 CHAPITRE 5. PRIMITIVES ET ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES

II Équations différentielles linéaires (EDL)


1 Équation différentielle linéaire d’ordre n ∈ {1, 2}
Une équation différentielle d’ordre n est une équation d’inconnue une fonction y qui met en jeu la variable t, la
fonction y, ainsi que ses dérivées successives jusqu’à l’ordre n : y ′ , y (n) .
Exemple : L’équation
t2 y ′′ − 3ty ′ + 4y = t4
est une équation différentielle du second ordre.
Dans ce chapitre, nous nous intéressons aux équations différentielles linéaires d’ordre 1 ou 2 :
Définition : On appelle équation différentielle linéaire d’ordre n une équation différentielle de la forme :

y ′ + a0 (t)y =b(t) (équation différentielle linéaire du premier ordre) (E1 )


y + a1 (t)y ′ + a0 (t)y =b(t)
′′
(équation différentielle linéaire du second ordre) (E2 )

Vocabulaire : dans l’équation (En ), (n = 1 ou n = 2)


• les fonctions ak : I → K sont continues sur I. On les appelle les coefficients de (En ).
• la fonction b : I → K est continue sur I. On l’appelle le second membre.
• la fonction y : I → K est n-fois dérivable sur I. On l’appelle la fonction inconnue.
Exemples :
• l’équation y ′′ − 2y ′ + y = 2ch t est une équation différentielle linéaire d’ordre 2 à coefficients constants.
2
• l’équation y ′ + 2ty = 2te−t est une équation diférentielle linéaire d’ordre 2 à coefficients continus.
• l’équation différentielle d’ordre 1 ty ′ = y(y + 1) + t2 n’est pas une équation différentielle linéaire.
Définition :
 Une solution de (E1 ) sur K est une fonction f : I → K telle que
• f est dérivable dans I.
• Pour tout t ∈ I, f ′ (t) + a0 (t)f (t) = b(t)
 Une solution de (E2 ) sur K est une fonction f : I → K telle que
• f est 2-fois dérivable dans I.
• Pour tout t ∈ I, f ′′ (t) + a1 (t)f ′ (t) + a0 (t)f (t) = b(t)
Résoudre l’équation (En ) sur K, c’est déterminer l’ensemble des solutions f : I → K de (En )
Vocabulaire : on dit aussi ”intégrer ” (En ), car en pratique, la résolution se ramène à un calcul de primitive.
Remarque : une solution de (En ) est nécessairement de classe C n (I, K).

2 Équation homogène associée à (En )


Définition : on appelle équation différentielle linéaire homogène associée à (En ) et on note (Hn ) l’équation

y ′ + a0 (t)y =0 (équation différentielle linéaire homogène du premier ordre) (H1 )


y + a1 (t)y ′ + a0 (t)y =0
′′
(équation différentielle linéaire homogène du second ordre) (H2 )

Commentaires : en clair, (En ) et (Hn ) ont les mêmes coefficients, mais le second membre de (Hn ) est nul.
L’intérêt que nous portons à (Hn ) est motivé par la structure algébrique des solutions de (Hn ).
Remarquez tout d’abord que (Hn ) possède des solutions, puisque la fonction constante égale à 0 est clairement
solution. De plus, l’ensemble des solutions de (Hn ) est stable par combinaison linéaire :

Théorème 5.8.— Structure de l’ensemble des solutions de (Hn ) —. Soit f1 , f2 : I → K des solutions de
(Hn ), (λ1 , λ2 ) ∈ K2 . Alors
λ1 f1 + λ2 f2 : I → K est solution de (Hn ).
II. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES (EDL) 113

Vocabulaire : l’ensemble des solutions de (Hn ) est un exemple d’espace vectoriel.


Démonstration ▽
Les deux cas étant similaires, je ne traite que le cas n = 2. Soit f1 , f2 : I → K des solutions de (H2 ), (λ1 , λ2 ) ∈ K2 . Par
définition, f1 et f2 sont 2 fois dérivables sur I. Par conséquent, la fonction λ1 f1 + λ2 f2 l’est aussi. De plus, pour tout
t∈I
λ1 × f1′′ (t) +a1 (t)f1′ (t) +a0 (t)f1 (t) = 0 (L1 )
λ2 × f2′′ (t) +a1 (t)f2′ (t) +a0 (t)f2 (t) = 0 (L2 )

Par linéarité de la dérivation, λ1 · (L1 ) + λ2 · (L2 ) donne :


   
0 = (λ1 f1 )′′ (t) + a1 (t)(λ1 f1 )′ (t) + a0 (t)(λ1 f1 )(t) + (λ2 f2 )′′ (t) + a1 (t)(λ2 f2 )′ (t) + a0 (t)(λ2 f2 )(t)
= [λ1 f1 + λ2 f2 ]′′ (t) + a1 (t)[λ1 f1 + λ2 f2 ]′ (t) + a0 (t)[λ1 f1 + λ2 f2 ](t)

ce qui prouve que λ1 f1 + λ2 f2 est solution de (H2 ). N

3 Lien fondamental entre solutions de (En ) et de (Hn )

Théorème 5.9.— Soit f0 : I → K une solution de (En ). Alors pour toute fonction f : I → K, n-fois dérivable
sur I,
f est solution de (En ) si et seulement si f − f0 est solution de (Hn )

Vocabulaire : f0 est appelée une solution particulière 1 de (En ).


Démonstration ▽
Les deux cas étant similaires, je ne traite que le cas n = 2. Soit f0 une solution de (En ).

CN Si f est solution de (E2 ), alors la fonction f − f0 est 2-fois dérivable dans I comme somme de telles fonctions et
pour tout t ∈ I,
f ′′ (t) +a1 (t)f ′ (t) +a0 (t)f (t) = b(t) (L)
f0′′ (t) +a1 (t)f0′ (t) +a0 (t)f0 (t) = b(t) (L0 )

En soustrayant membre à membre ces deux égalités, il en résulte que f − f0 est solution de (H2 ).

CS réciproquement, si f − f0 est solution de (H2 ) alors la fonction f est 2-fois dérivable dans I comme somme de
telles fonctions et pour tout t ∈ I,

(f − f0 )′′ (t) +a1 (t)(f − f0 )′ (t) +a0 (t)(f − f0 )(t) = 0 (L)


f0′′ (t) +a1 (t) f0′ (t) +a0 (t) f0 (t) = b(t) (L0 )

Il suffit d’ajouter membre à membre ces égalités pour obtenir que f est solution de (E2 ). N
En pratique, on utilise la version suivante de ce théorème :

Théorème 5.10.— Solution générale de (En ) ❤ —. Soit f0 : I → K une solution de (En ). Alors

Les solutions de (En ) sur K sont les fonctions de la forme f = f0 + h, où h : I → K est solution de (Hn )

4 Principe de superposition
Lorsque le second membre b se décompose sous la forme b = λ1 b1 + λ2 b2 , on peut chercher une solution
particulière grâce au

1. en opposition à ≪solution générale≫


114 CHAPITRE 5. PRIMITIVES ET ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES

Théorème 5.11.— Principe de superposition —. Soit f1 , f2 : I → K des solutions des équations différentielles
linéaires d’ordre n :
y (n) +an−1 (t)y (n−1) +··· +a1 (t)y ′ +a0 (t)y = b1 (t)
y (n) +an−1 (t)y (n−1) +··· +a1 (t)y ′ +a0 (t)y = b2 (t)

Alors λ1 f1 + λ2 f2 est solution de

y (n) + an−1 (t)y (n−1) + · · · + a1 (t)y ′ + a0 (t)y = λ1 b1 (t) + λ2 b2 (t)

5 Méthode de résolution
Dans la suite du chapitre, nous étudierons en plus grand détail les équations différentielles linéaires d’ordre 1
et 2, mais nous pouvons déjà dégager une méthode générale de résolution :

1 Expression de la solution générale de l’équation homogène (Hn )


Des formules seront données dans les prochains paragraphes, suivant la forme de (En ). Dans tous les cas, l’en-
semble des solutions de (Hn ) est un espace vectoriel sur K.

2 Recherche d’une solution particulière de (En )


Des méthodes pratiques de recherche seront exposées dans les prochaines paragraphes.

3 Expression de la solution générale de l’équation complète (En )


La solution générale de (En ) s’écrit f = f0 + h, où f0 est une solution particulière et h : I → K est la solution
générale de (Hn ).

III Équation différentielle linéaire d’ordre 1


Cette partie du chapitre est la plus importante d’un point de vue théorique car elle servira de base à l’étude
des équations différentielles linéaires d’ordre quelconque n ∈ N⋆ en deuxième année.

Nous nous intéressons ici aux équations différentielles linéaires d’ordre 1 :

y ′ + a(t)y = b(t) (E1 )


y ′ + a(t)y = 0 (H1 )

où a, b : I → K sont des fonctions continues sur I. Pour résoudre (E1 ), nous suivons la démarche générale
développée précédemment :
 Résolution de l’équation homogène (H1 )
 Recherche d’une solution particulière
 Expression de la solution générale de (E1 )

1 Résolution de l’équation homogène


1.a Un résultat préliminaire
Pour résoudre l’équation homogène (H1 ), nous nous inspirons de la résolution dans le cas des coefficients
constants :

Lemme 5.12.— Soit α : I → K une fonction de classe C 1 . Alors h : t 7→ eα(t) est de classe C 1 sur I et

pour tout t ∈ I, h′ (t) = α′ (t) × h(t)


III. ÉQUATION DIFFÉRENTIELLE LINÉAIRE D’ORDRE 1 115

Commentaires : Autrement dit, h est solution dans I de l’équation différentielle linéaire homogène d’ordre 1,
à coefficient continu −α′ :
y ′ − α′ (t)y = 0
Démonstration ▽
Lorsque K = R, le résultat découle immédiatement de la règle de dérivation en chaı̂ne. Supposons donc que K = C. En
ce cas, ϕ se décompose sous la forme
α(t) = u(t) + iv(t)
où u, v : I → R sont les parties réelle et imaginaire de α. Comme α est de classe C 1 , il en va de même pour u et v. De
plus, pour tout t ∈ I, 
exp ◦α(t) = eu(t) × eiv(t) = eu(t) × cos v(t) + i sin v(t) .
Il s’ensuit que h est de classe C 1 sur I car ses partie réelle et imaginaire le sont et que pour tout t ∈ I,
 
h′ (t) = u′ (t)eu(t) × cos v(t) + i sin v(t) + eu(t) × − v ′ (t) sin v(t) + iv ′ (t) cos v(t)
 
= u′ (t) + iv ′ (t) × eu(t) × cos v(t) + i sin v(t)
= α′ (t)eα(t) .

1.b Solution générale de (H1 )


Si α est choisi de sorte que α′ = −a, h est donc solution de (H1 ). Plus précisément :

Théorème 5.13.— Solution générale de (H1 ) —. Soit a : I → K une fonction continue. Notons A : I → K
une primitive de a sur I. Alors les solutions de l’équation homogène :

y ′ + a(t)y = 0 (H1 )

sont les fonctions de la forme


h(t) = Ce−A(t) , C∈K

Remarques :
1. comme a : I → K est une fonction continue sur l’intervalle I, le théorème 5.2 garantit l’existence de
primitives de a sur I.
2. Mise à part la solution triviale h = 0, les solutions de (H1 ) ne s’annulent pas sur I.
Démonstration ▽
Comme a : I → K est continue, elle admet des primitives sur I d’après le théorème fondamental du calcul intégral (cf
théorème 5.2). Soit A : I → K une primitive de a sur I.
 Soit C ∈ K une constante et h la fonction définie sur I par h(t) = Ce−A(t) . Comme A est de classe C 1 , h l’est aussi
d’après le Lemme above. De plus, pour tout t ∈ I,

a(t)× h(t) = Ce−A(t)


1× h′ (t) = −Ca(t)e−A(t)

Ainsi, pour tout t ∈ I, h′ (t) + a(t) × h(t) = 0, h est solution de (H1 ).


 Réciproquement, soit h une solution de (H1 ) et définissons la fonction ϕ : I → K par ϕ(t) = h(t) × eA(t) . ϕ est de
classe C 1 sur I comme produit de telles fonctions et pour tout t ∈ I,
 
ϕ′ (t) = h′ (t) + a(t)h(t) eA(t)
| {z }
=0


Comme par hypothèse h est solution de (H1 ), ,h (t) + a(t)h(t) est nul pour tout t ∈ I. Il en résulte que ϕ est une
fonction constante sur l’intervalle I. Il existe donc C ∈ K telle que ϕ = C. Par construction de ϕ, ceci revient à
dire que
pour tout t ∈ I, h(t) = Ce−A(t) .
N
116 CHAPITRE 5. PRIMITIVES ET ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES

En pratique : Pour résoudre y ′ + a(t)y = 0,


1 vous déterminez une primitive A de a sur I.
2 les solutions sont les fonctions de la forme h(t) = C e−A(t) , pour C ∈ K.
La résolution d’une telle équation se ramène donc essentiellement à un calcul de primitive.
Exercice : Résoudre sur R+⋆ l’équation
ty ′ + αy = 0.
Solution ▽
α
Sur I = R+⋆ , l’équation proposée est équivalente à y ′ + y = 0.
t
α
Notons a : I → R la fonction définie par a(t) = . a est continue sur I et une primitive de a est A(t) = ln(tα ). Par
t
conséquent, la solution générale de l’équation (H1 ) est donnée par
C
h(t) = Ce−A(t) = .

N
1.c Cas d’une équation homogène à coefficient constant
En Sciences Physiques, on a souvent affaire à des équations homogènes d’ordre 1 à coefficient constant :

y ′ + ay = 0

En ce cas, a(t) = a et on peut choisir comme primitive A(t) = at. On obtient alors

Corollaire 5.14.— Cas d’une équation homogène à coefficient constant


Les solutions sur K de l’équation différentielle linéaire homogène (H1 ) : y ′ + ay = 0 sont les fonctions de la
forme
h(t) = Ce−at , où C ∈ K

2 Recherche d’une solution particulière


2.a Méthode de la variation de la constante
Soit a, b : I → K deux fonctions continues sur I, on cherche une solution particulière de l’équation complète :

y ′ + a(t)y = b(t) (E1 )

Nous savons que les solutions de l’équation homogène associée sont les fonctions de la forme

h(t) = Ce−A(t) , C ∈ K, où A : I → K est une primitive de a sur I.

Cherchons une solution particulière de (E1 ) sous la forme

f0 (t) = c(t)e−A(t) , où c : I → K est une fonction de classe C 1 sur I.


Pour tout t ∈ I, on a donc :

a(t)× f0 (t) = c(t)e−A(t)


f0′ (t)
 ′
c (t) − a(t)c(t) e−A(t)

+1× =
f0′ (t) + a(t)f0 (t) = c′ (t)e−A(t)

Par conséquent,
f est solution de (E1 ) si et seulement si pour tout t ∈ I, c′ (t)e−A(t) = b(t), soit c′ (t) = b(t)eA(t) .
Comme la fonction t 7→ b(t)eA(t) est continue sur I elle admet d’après le théorème fondamental du calcul
intégral des primitives sur I.
Une solution particulière de (E1 ) est donc obtenue en prenant pour c : I → K une primitive de t 7→ b(t)eA(t) .
III. ÉQUATION DIFFÉRENTIELLE LINÉAIRE D’ORDRE 1 117

2.b Existence d’une solution particulière


Le théorème suivant résume les résultats obtenus :

Théorème 5.15.— Soit a, b : I → K des fonctions continues,


On note A : I → K une primitive de a sur I
c : I → K une primitive de t 7→ b(t)eA(t) sur I.
Une solution particulière de (E1 ) est la fonction f0 : I → K définie par

Pour tout t ∈ I, f0 (t) = c(t)e−A(t)

Remarque : Les résultats de ce théorème ne doivent pas être connus, seule la démarche consistant à chercher
une solution particulière sous la forme f0 (t) = c(t)e−A(t) est exigée.
Vocabulaire : cette méthode de recherche de solution particulière s’appelle la méthode de variation de la
constante.
En pratique : pour déterminer une solution particulière de (E1 ),
 regardez s’il n’y a pas une solution évidente (constante, ou trigo, ou exp)
 lorsque rien ne vous saute aux yeux, utilisez la méthode de la variation de la constante.
Exercice : Résolvez
1. l’équation (1 + t2 )y ′ + 2ty = 1 sur R,
2. l’équation (1 − t2 )y ′ − ty = 1 sur ] − 1, 1[,
3. l’équation y ′ − ty = t sur R.

3 Résolution de l’équation complète


3.a Expression de la solution générale
Résumons les étapes précédentes :

Théorème 5.16.— Soit a, b : I → K des fonctions continues,


On note A : I → K une primitive de a sur I
c : I → K une primitive de t 7→ b(t)eA(t) sur I.
Les solutions de l’équation différentielle linéaire d’ordre 1 à coefficient continu (E1 ) sont les fonctions définies
sur I par
Pour tout t ∈ I, f (t) = c(t)e−A(t) + Ce−A(t) , C ∈K

Remarque : l’ensemble des solutions a une structure de droite affine. En particulier, toute équation différentielle
linéaire d’ordre 1 admet une infinité de solutions.

3.b Le problème de Cauchy


En conséquence du théorème précédent, l’équation (E1 ) admet une infinité de solutions qui dépendent d’un
paramètre C ∈ K.
En jouant sur la valeur de ce paramètre, il est possible d’imposer une condition supplémentaire comme par
exemple, une valeur donnée (y0 ) à l’instant initial (t0 ), c’est le problème de Cauchy :

y ′ + a(t)y =

b(t)
Déterminez une fonction f : I → K telle que
y(t0 ) = y0
118 CHAPITRE 5. PRIMITIVES ET ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES

Théorème 5.17.— Existence et unicité de la solution du problème de Cauchy


Soit a, b : I → K deux fonctions continues, t0 ∈ I et y0 ∈ K fixés. On note A : I → K une primitive de a sur I.
Alors le problème de Cauchy  ′
y + a(t)y = b(t)
(C)
y(t0 ) = y0
admet une unique solution f : I → K. Elle est donnée par :
 Z t 
A(t0 )
pour tout t ∈ I, f (t) = y0 e + b(u)e A(u)
du e−A(t)
t0

y′ − y =

0
Exemple : L’unique solution du problème de Cauchy est la fonction exponentielle.
y(0) = 1
Démonstration ▽

 Existence Z t
Notons pour alléger c0 (t) = b(u)eA(u) du l’unique primitive (TFCI) de t 7→ b(t)eA(t) qui s’annule à l’instant t0 ,
t0
C0 = y0 eA(t0 ) et définissons f0 : I → K par

Pour tout t ∈ I, f0 (t) = c0 (t) e−A(t) + C0 e−A(t)

D’après le Théorème précédent, f0 est solution de l’équation différentielle (E1 ). De plus,

f0 (t0 ) = c0 (t0 )e−A(t0 ) + C0 e−A(t0 ) = y0 .

 Unicité
Soit (f, g) un couple de solutions of the famous Cauchy problem. Alors f − g est solution de l’équation différentielle
linéaire homogène
y ′ + a(t)y = 0 ((H1 ))
De plus (f − g)(t0 ) = 0. Or d’après le Théorème 5.13, la seule solution de l’équation homogène (H1 ) qui s’annule
est la fonction identiquement nulle. Il s’ensuit que f = g. N
y ′ cos t + 2 sin ty = 1 + sin2 t

Exercice : Résoudre sur ]π/2; π/2[ le problème de Cauchy .
y(0) = 1
IV. EDL D’ORDRE 2 À COEFFICIENTS CONSTANTS 119

IV EDL d’ordre 2 à coefficients constants


Soit (a, b) ∈ K2 et c : I → K continue. On s’intéresse aux équations différentielles linéaires d’ordre 2 à coefficients
constants :

y ′′ + ay ′ + by = c(t) (E2 )
′′ ′
y + ay + by = 0 (H2 )

La résolution de (E2 ) suit la méthode générale :


 Résolution de l’équation homogène
 Recherche d’une solution particulière
 Expression de la solution générale

1 Résolution de l’équation homogène associée


1.a Équation caractéristique
On commence par rechercher les solutions exponentielles de l’équation homogène (H2 )

Lemme 5.18.— Soit α ∈ K. Alors


fα est solution de (H2 ) si et seulement si α est solution de l’équation caractéristique :

r2 + ar + b = 0 (EC)

Démonstration ▽
Soit α ∈ K. Alors pour tout t ∈ I,
b× = eαt
fα (t)
a× = αeαt
fα′ (t)
1× = α2 eαt
fα′′ (t)

Ainsi, pour tout t ∈ I, fα′′ (t) + afα′ (t) + bfα (t) = α2 + aα + b eαt . Il s’ensuit que fα est solution de (H2 ) si et seulement
si α2 + aα + b = 0, i.e. α est solution de (EC). N

Corollaire 5.19.— Notons ∆ = a24 b le discriminant de l’équation caractéristique.


◮ si ∆ 6= 0, (EC) possède deux racines distinctes r1 et r2 dans C.
Les fonctions t 7→ er1 t et t 7→ er2 t sont deux solutions a priori complexes de (H2 ).
◮ si ∆ = 0, (EC) possède une racine double r0 dans C.
Les fonctions t 7→ er0 t et t 7→ t er0 t sont deux solutions complexes de (H2 ).

Démonstration ▽

◮ Si le discriminant est non nul, le résultat découle directement du Lemme précédent.


◮ Si ∆ = 0, notons r0 la racine double de (EC). D’après le Lemme , t 7→ er0 t est solution de (H2 ). Notons h(t) = t er0 t .
Alors
b× h(t) = t er0 t 
a× h′ (t) = 1 + r0 t er0 t
1× h′′ (t) = 2r0 + r02 t er0 t
 
Il en résulte que h′′ (t) + ah′ (t) + bh(t) = t(r02 + ar0 + b) + (2r0 + a) er0 t . Or r0 étant racine double de (EC),
| {z } | {z }
=0 =0
r02 + ar0 + b = 0 et 2r0 + a = 0 2 . Ainsi, ter0 t est solution de (H2 ). N

2. la somme des racines vaut −a


120 CHAPITRE 5. PRIMITIVES ET ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES

1.b Résolution de (H2 ) dans le cadre complexe


En discutant suivant la valeur du discriminant de (EC), nous avons trouvé deux solutions de (H2 ), h1 et h2 .
Par stabilité de l’ensemble des solutions par combinaisons linéaires, toute combinaison linéaire de h1 et h2 est
encore solution de (H2 ). En fait, toute solution de (H2 ) est de cette forme. Plus précisément :

Théorème 5.20.— Solution de (H2 ), (K = C) —. Soit (a, b) ∈ C2 . On note ∆ le discriminant de l’équation


caractéristique de (H2 ).
◮ si ∆ 6= 0, les solutions de (H2 ) sont les fonctions définies sur I par

pour tout t ∈ I h(t) = C1 er1 t + C2 er2 t , (C1 , C2 ) ∈ C2

où r1 et r2 sont les racines complexes de (EC).


◮ si ∆ = 0, les solutions de (H2 ) sont les fonctions définies sur I par

pour tout t ∈ I h(t) = (C1 + C2 t)er0 t , (C1 , C2 ) ∈ C2

où r0 est la racine (complexe) double de (EC).

Vocabulaire : dans les deux cas, les solutions de (H2 ) sont les combinaisons linéaires de deux fonctions h1 et
h2 .
r t r t
◮ (∆ 6= 0) h1 : t 7→ e 1 , h2 : t 7→ e 2 ,
r t r t
◮ (∆ = 0) h1 : t 7→ e 0 , h2 : t 7→ te 0 .

Le couple (h1 , h2 ) est appelé un système fondamental de solutions.


Démonstration ▽
On note r1 , r2 les racines (distinctes ou confondues) de (EC).
Pour résoudre (H2 ), nous allons effectuer un changement de fonction inconnue. On cherche h sous la forme

h(t) = er1 t y0 (t)


h est deux fois dérivable si et seulement si y0 l’est et dans ce cas, pour tout t ∈ I, on a :
r1 t
b× h(t) = y0 (t)e  r t
a× h′ (t) = ′
y0′′(t) + r1 y0 (t) e1 
1× h′′ (t) = y
 0′′ (t) + 2r y
1 0

(t) + r12 y0 (t) er1 t 
′′ ′
h (t) + ah (t) + bh(t) = y0 (t) + (2r1 + a)y0 (t) + (r12 + ar1 + b)y0 (t) er1 t

Ainsi
h est solution de (H2 ) ssi pour tout t ∈ I, y0′′ (t) + (2r1 + a)y0′ (t) + (r12 + ar1 + b)y0 (t) = 0
| {z } | {z }
=0

ssi pour tout t ∈ I, y0′′ (t) + (2r1 + a)y0′ (t) = 0


| {z }
=0?

À présent, il convient de discuter suivant la nullité de ∆ :


◮ si ∆ 6= 0, alors r1 6= r2 et r1 + r2 = −a, de sorte que a + 2r1 = r1 − r2 . Il s’ensuit que

z0 (t) = y0′ (t)
h est solution de (H2 ) ssi pour tout t ∈ I,
z0′ + (2r1 + a)z0 = 0

z0 (t) = y0′ (t)
ssi il existe C2 ∈ C telle que pour tout t ∈ I,
z0 (t) = C2 e−(a+2r1 )t

z0 (t) = y0′ (t)
ssi il existe C2 ∈ C telle que pour tout t ∈ I,
z0 (t) = C2 er2 t−r1 t
ssi il existe (C1 , C2 ) ∈ C2 tel que pour tout t ∈ I, y0 (t) = C2 er2 t−r1 t + C1
ssi il existe (C1 , C2 ) ∈ C2 tel que pour tout t ∈ I, h(t) = C2 er2 t + C1 er1 t
IV. EDL D’ORDRE 2 À COEFFICIENTS CONSTANTS 121

◮ si ∆ = 0, alors r1 est racine double et 2r1 + a = 0. Il s’ensuit que

h est solution de (H2 ) ssi pour tout t ∈ I, y0′′ (t) = 0


ssi il existe C2 ∈ C telle que pour tout t ∈ I, y0′ (t) = C2
ssi il existe (C1 , C2 ) ∈ C2 tel que pour tout t ∈ I, y0 (t) = C1 + C2 t
ssi il existe (C1 , C2 ) ∈ C2 tel que pour tout t ∈ I, h(t) = (C1 + C2 t)er1 t

N
′′ ′
Exercice : Résoudre sur C y + (1 + 2i)y + (i − 1)y = 0
1.c Résolution de (H2 ) dans le cadre réel
Lorsque les coefficients (a, b) sont réels, on peut résoudre dans C, mais on s’intéresse le plus souvent aux solutions
réelles de (H2 ).

Théorème 5.21.— Solution de (H2 ), (K = R) —. Soit (a, b) ∈ R2 . On note ∆ le discriminant de l’équation


caractéristique de (H2 ).
◮ si ∆ > 0, les solutions réelles de (H2 ) sont les fonctions définies sur I par

pour tout t ∈ I h(t) = C1 er1 t + C2 er2 t , (C1 , C2 ) ∈ R2

où r1 et r2 sont les racines réelles de (EC).


◮ si ∆ = 0, les solutions réelles de (H2 ) sont les fonctions définies sur I par

pour tout t ∈ I h(t) = (C1 + C2 t)er0 t , (C1 , C2 ) ∈ R2

où r0 est la racine réelle double de (EC).


◮ si ∆ < 0, les solutions réelles de (H2 ) sont les fonctions définies sur I par

h(t) = eρt C1 cos(ωt) + C2 sin(ωt) (C1 , C2 ) ∈ R2



pour tout t ∈ I

où r = ρ ± iω sont les racines complexes conjuguées de (EC) présentées en notation algébrique.

Démonstration ▽
Les deux premiers cas se traitent exactement de le même manière que dans le cadre complexe.
Supposons donc que ∆ < 0. Notons r1 = ρ + iω et r2 = ρ − iω les deux racines complexes conjuguées de (EC). D’après
le Théorème précédent, les solutions complexes de (H2 ) sont définies par :

pour tout t ∈ I, h̃(t) = C̃1 er1 t + C̃2 er2 t = eρt C̃1 eiωt + C̃2 e−iωt .

Parmi ces dernières, les solutions réelles sont celles pour lesquelles C̃1 et C̃2 sont conjuguées. En ce cas, en notant
C1 = 2Re C̃1 et C2 = −2Im C̃1 , nous obtenons

h(t) = ert C1 cos(ωt) + C2 sin(ωt) .

N
Exercice : Résoudre sur R
1. y ′′ + 4y ′ + 4y = 0,
2. y ′′ − 7y ′ + 10y = 0,
3. y ′′ + ω 2 y = 0, pour ω ∈ R⋆ ,
4. y ′′ − ω 2 y = 0, pour ω ∈ R⋆ .
122 CHAPITRE 5. PRIMITIVES ET ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES

Solution ▽
les solutions de ces équations sont les fonctions définies sur R par :
1. (C1 + C2 t) e−2t
2. C1 e5t + C2 e2t
3. C1 cos(ωt) + C2 sin(ωt) = A cos(ωt + ϕ), où (A, ϕ) ∈ R2 .
4. C1 et + C2 e−t .

2 Recherche d’une solution particulière


Comme dans le cas des équations différentielles linéaires d’ordre 1 à coefficients constants, nous recherchons des
solutions particulières de l’équation complète
y ′′ + ay ′ + by = c(t) (E2 )
en discutant suivant le type du second membre.
2.a Équation y ′′ + ay ′ + by = c
c
Lorsque le second membre est constant et b 6= 0, il y a une solution constante f0 = .
b
Exemple : Circuit R, L, C série.
d2 u R du 1 E
2
+ + u=
dt L dt LC LC
que l’on écrit aussi
ω0 ′
u′′ + u + ω02 u = ω02 E
Q0
La constante E est une solution particulière évidente et l’équation caractéristique :
ω0
r2 + r + ω02 = 0
Q0
ω2
 
1
a pour discriminant ∆ = 4ω02 2 − 1 = 02 (1 − 4Q20 ).
4Q0 Q0
D’où la discussion suivante :
1
• si Q0 < , on parle d’amortissement fort, alors ∆ > 0 et u(t) = C1 er1 t + C2 er2 t + E où r1 =
2 p
ω0 ω0 p
− − 1 + 1 − 4Q20 ) et r2 = − − 1 − 1 − 4Q20 ).
2Q0 2Q0
1 ω0
• si Q0 = , on parle d’amortissement critique, alors ∆ = 0 et u(t) = (C1 + C2 t)er0 t + E où r0 = − .
2 2Q0
1 ω
− 0 t 
• si Q0 > , on parle d’amortissement faible, alors ∆ < 0 et u(t) = E + e 2Q0 C1 cos(ωt) + C2 sin(ωt)
2 p
ω0
où ω = 4Q20 − 1.
2Q0
2.b Équation y ′′ + ay ′ + by = Pm (t)
Lorsque le second membre est une fonction polynomiale, l’équation
y ′′ + ay ′ + by = Pm (t) (E2 )
possède une solution particulière polynomiale. Plus précisément :

Théorème 5.22.— second membre polynomial —. Soit Pm : I → K une fonction polynomiale de degré
m ∈ N.
◮ si b 6= 0, l’équation (E2 ) possède une solution particulière de la forme t 7→ Qm (t)
◮ si b = 0 et a 6= 0, l’équation (E2 ) possède une solution particulière de la forme t 7→ t Qm (t)
◮ si b = 0 et a = 0, l’équation (E2 ) possède une solution particulière de la forme t 7→ t2 Qm (t),
où Qm (t) est une fonction polynomiale de degré m.
IV. EDL D’ORDRE 2 À COEFFICIENTS CONSTANTS 123

Démonstration ▽

 si b = 0, l’équation (E2 ) s’écrit y ′′ + ay ′ = Pm (t) Effectuons le changement de fonction inconnue z = y ′ .



z = y′
y est solution de (E2 ) si et seulement si
z ′ + az = Pm (t) (E1 )
Les résultats de la section II s’appliquent :
◮ si a 6= 0 il existe une solution particulière de (E1 ) de la forme z0 (t) = Qm (t)
◮ si a = 0, il existe une solution particulière de (E1 ) de la forme z0 (t) = tQm (t)
On obtient alors une solution particulière de (E2 ) de la forme annoncée, en prenant une primitive de z0 .
 si b 6= 0, on procède par identification des coefficients, comme dans le cas des équations différentielles linéaires
d’ordre 1. N
Exercice : Résolvez sur R l’équation
y ′′ + y ′ + y = t2 + 1
Solution ▽  √ √ 
(t2 − 2t + 1) + e−t/2 C1 cos( 3t/2) + C2 sin( 3t/2) . N
2.c Équation y ′′ + ay ′ + by = Pm (t)eαt
Lorsque le second membre est une fonction polynomiale-exponentielle, l’équation

y ′′ + ay ′ + by = Pm (t)eαt (E2 )

possède une solution particulière polynomiale-exponentielle. Le degré du polynôme dépend du fait que α soit
ou non racine de l’équation caractéristique :

r2 + ar + b = 0 (EC)

Plus précisément

Théorème 5.23.— second membre polynôme-exponentielle —. Soit Pm : I → K une fonction polynomiale


de degré m ∈ N et α ∈ K
◮ si α n’est pas racine de l’équation caractéristique, l’équation (E2 ) possède une solution particulière de la
forme t 7→ Qm (t) eαt
◮ si α est racine simple de l’équation caractéristique, l’équation (E2 ) possède une solution particulière de la
forme t 7→ t Qm (t) eαt
◮ si α est la racine double de l’équation caractéristique, l’équation (E2 ) possède une solution particulière de
la forme t 7→ t2 Qm (t) eαt
où Qm (t) est une fonction polynomiale de degré m.

Démonstration ▽
Cherchons une solution particulière de (E2 ) sous la forme y(t) = Q(t) eαt . Pour tout t ∈ I, nous avons

b× y(t) = Q(t) eαt 


a× y ′ (t) = Q′ (t) + αQ(t) eαt 
1× y ′′ (t) = Q′′ (t) + 2αQ′ (t) + α2 Q(t) eαt

Il s’ensuit que pour tout t ∈ I,


 
y ′′ (t) + ay ′ (t) + by(t) = Q′′ (t) + (a + 2α)Q′ (t) + (α2 + aα + b)Q(t) eαt

Par conséquent y est solution de (E2 ) si et seulement si Q est solution de

z ′′ + (a + 2α)z ′ + (α2 + aα + b)z = Pm (t) (F2 )

Le Théorème précédent conduit à la discussion suivante :


◮ si α n’est pas racine de (EC), alors (F2 ) possède une solution particulière de la forme Q : t 7→ Qm (t)
124 CHAPITRE 5. PRIMITIVES ET ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES

◮ si α est racine simple de (EC), (F2 ) possède une solution particulière de la forme Q : t 7→ t Qm (t)
◮ si α est racine double de (EC), (F2 ) possède une solution particulière de la forme Q : t 7→ t2 Qm (t).
Pour conclure, il suffit de se rappeler que pour tout t ∈ I, y(t) = Q(t)eαt . N
Exercice : Résolvez sur R les équations
1. y ′′ − 2y ′ + y = t e−t
2. y ′′ − 3y ′ + 2y = t et
Solution ▽
les solutions de ces équations sont les fonctions définies sur R par
1. 1
4
(t + 1)e−t + (C1 + C2 t) et
2. −( 21 t2 + t)et + C1 et + C2 e2t

2.d Équation y ′′ + ay ′ + by = Pm (t) cos(ωt)


Soit (a, b) ∈ R2 , Pm : I → R une fonction polynomiale à coefficients réels et ω un réel. On cherche les fonctions
réelles, solutions de l’équation
y ′′ + ay ′ + by = Pm (t) cos(ωt) (E21 )
′′ ′
y + ay + by = Pm (t) sin(ωt) (E22 )
La méthode consiste à passer en complexes :

Théorème 5.24.— second membre polynôme-trigo —. Soit a, b, ω des réels, et Pm : I → R une fonction
polynomiale de degré m ∈ N à coefficients réels. On note

y ′′ + ay ′ + by = Pm (t) eiωt (Ẽ2 )

 une solution particulière réelle de l’équation (E21 ) est obtenue en prenant la partie réelle d’une solution
complexe de l’équation (Ẽ2 ).
 une solution particulière réelle de l’équation (E22 ) est obtenue en prenant la partie imaginaire d’une
solution complexe de l’équation (Ẽ2 ).

Démonstration ▽
Soit ỹ une solution complexe de l’équation
(Ẽ2 ) y ′′ + ay ′ + by = Pm (t) eiωt
Comme les coefficients sont réels, ỹ est solution de

(Ẽ2 ) y ′′ + ay ′ + by = Pm (t) e−iωt


ỹ + ỹ
D’après le principe de superposition, et les formules d’Euler, il en résulte que Re ỹ = est solution de
2
(E2 ) y ′′ + ay ′ + by = Pm (t) cos(ωt),
ỹ − ỹ
tandis que Im ỹ = est solution de
2i
(E2 ) y ′′ + ay ′ + by = Pm (t) sin(ωt).

N
Exercice : Résolvez sur R les équations
1. y ′′ + y = t cos 2t
2. y ′′ + 2y ′ + 2y = cos t + sin t.
Solution ▽
Les solutions de ces équations différentielles linéaires d’ordre 2 sont les fonctions de la forme :
1. − 13 t cos(2t) + 94 sin(2t) + C1 cos t + C2 sin t.
1
2. 5
(3 sin t − cos t) + e−t (C1 cos t + C2 sin t).
IV. EDL D’ORDRE 2 À COEFFICIENTS CONSTANTS 125

2.e Second membre continu : cas général


Soit (a, b) ∈ K2 et c : I → K une fonction continue. On considère l’équation :

y ′′ + ay ′ + by = c(t) (E2 )

Notons r une racine (éventuellement complexe) de l’équation caractéristique :

r2 + ar + b = 0 (EC)

On cherche une solution particulière de (E2 ) sous la forme y(t) = z(t)ert .


rt
b× y(t) = z(t)e
y ′ (t)
 ′
= z + rz ert


y ′′ (t) = z ′′ + (2rz ′ + r2 z ert


Ainsi, nous avons les équivalences


 ′′
z + (a + 2r)z ′ ert = c(t)

y sol (E2 ) ⇐⇒
⇐⇒ z ′′ + (a + 2r)z ′ = c(t)e−rt
z′ = w

⇐⇒
w + (a + 2r)w = c(t)e−rt

(E1 )

Ainsi, z ′ doit être solution d’une équation différentielle linéaire d’ordre 1 à coefficient continu. Ainsi que nous
l’avons vu, cette équation admet donc (au moins) une solution w0 , obtenue par exemple à l’aide de la méthode
de la variation de la constante. Notons z0 une primitive de w0 sur I. D’après les équivalences ci-dessus z0 est
donc une solution particulière de l’équation

z ′′ + (a + 2r)z ′ = c(t)e−rt

Finalement, la fonction y0 = z0 ert est une solution particulière de (E2 ).


Résumons les résultats obtenus :

Théorème 5.25.— Soit (a, b) ∈ K2 et c : I → K une fonction continue. L’équation du deuxième degré, à
coefficients constants
y ′′ + ay ′ + by = c(t) (E2 )
admet des solutions.
Nb : ce résultat est Hors-programme mais la démarche (changement de fonction inconnue) est à retenir . . .
elle sera utilisée lors de la résolution d’équations linéaires du deuxième degré à coefficients continus.
Démonstration ▽

◮ Lorsque K = C, le preuve est ci-dessus.


◮ si K = R, il suffit de considérer la partie réelle d’une solution complexe.
N

3 Problème de Cauchy d’ordre deux


3.a Expression de la solution générale
Étant donné (a, b) ∈ K2 , c : I → K une fonction continue, on considère l’équation

y ′′ + ay ′ + by = c(t) (E2 )

(E2 ) admet une infinité de solutions. En effet, elle admet d’après le théorème précédent une solution parti-
culière f0 , tandis que l’équation homogène associée admet une infinité de solutions engendrée par un système
fondamental de solutions (h1 , h2 ). Finalement :
126 CHAPITRE 5. PRIMITIVES ET ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES

Théorème 5.26.— Solution générale de (E2 ) —. Les solutions de (E2 ) sur K sont les fonctions définies sur
I par
Pour tout t ∈ I, f (t) = f0 (t) + C1 h1 (t + C2 h2 (t), où (C1 , C2 ) ∈ K2

Commentaires : l’ensemble des solutions de (E2 ) a une structure de plan affine.


3.b Le problème de Cauchy
Comme la solution générale dépend de deux paramètres (C1 , C2 ) ∈ K2 , il est possible d’imposer deux conditions
supplémentaires. Plus précisément,

Théorème 5.27.— Existence et unicité de la solution au problème de Cauchy —. Pour tout t0 ∈ I et


(y0 , y0′ ) ∈ K2 le problème de Cauchy d’ordre 2 :

y ′′ + ay ′ + by = c(t)

(C)
y(t0 ) = y0 y ′ (t0 ) = y0′

admet une solution unique.

NB : la démonstration qui suit est hors programme.


Démonstration ▽
La solution générale de (E2 ) s’écrit :

f (t) = f0 (t) + C1 h1 (t) + C2 h2 (t), t∈I


2
où (C1 , C2 ) ∈ K et h1 et h2 sont deux solutions fondamentales de l’équation homogène associée (H2 ). Suivant les cas,
nous avons
• h1 (t) = er1 t et h2 (t) = er2 t
• h1 (t) = er0 t et h2 (t) = t er0 t
• h1 (t) = ert cos(ωt) et h2 (t) = ert sin(ωt)
Or  
f (t0 ) = y0 C1 h1 (t0 ) +C2 h2 (t0 ) = y0 − f0 (t0 )
(C) ⇐⇒ ⇐⇒
f ′ (t0 ) = y0′ C1 h′1 (t0 ) +C2 h′2 (t0 ) = y0′ − f0′ (t0 )
On vérifie alors que dans chacun des cas ci-dessus, ce système admet un unique couple solution (C1 , C2 ). N
V. COMPLÉMENTS : EDL D’ORDRE 2 À COEFFICIENTS CONTINUS 127

V COMPLÉMENTS : EDL d’ordre 2 à coefficients continus


L’étude des équations différentielles linéaires d’ordre 2 n’est pas au programme cette année. Néanmoins certaines
se ramènent à la résolution des cas précédemment étudiés.

1 Définition
Soit a, b, c : I → K des fonctions continues sur I. On s’intéresse à l’équation différentielle :
y ′′ + a(t)y ′ + b(t)y = c(t). (E2 )
Exemple : y ′′ + (1 + t2 )y ′ + (t − 1)y = 1
Pour une telle équation différentielle, il n’y a pas d’équation caractéristique.
En pratique : Pour résoudre (E2 ), on se ramène aux cas précédemment étudiés au moyen
 d’un changement de fonction inconnue,

 d’un changement de variable.

2 Changement de fonction inconnue


Cette méthode de résolution a déjà été utilisée lors de la recherche d’une solution particulière à l’aide de la
méthode de la variation de la constante (E1 ).
Dans le cadre des équations différentielles linéaires d’ordre 2, elle permet de se ramener
 à résoudre 2 fois une équation différentielle linéaire d’ordre 1,

 à résoudre une équation différentielle linéaire d’ordre 2 à coefficients constants.

2.a Mise en œuvre


Soit (E) l’équation (1 + t2 )y ′′ + 2ty ′ = 0.
On pose naturellement z = y ′ . On se ramène ainsi à la résolution du système d’équations différentielles linéaires
d’ordre 1 :
y ′ = z (1)

(S) 2
(1 + t )z + 2tz = 0 (2)
C
La résolution de (2) conduit à z = . Puis la résolution de (1) donne
1 + t2
y(t) = CArctan t + D.
Exercice : Résolvez sur R l’équation (1 + t )y ′′ + 4ty ′ + (1 − t2 )y = 0 au moyen du changement de fonction
2

inconnue z(t) = (1 + t2 )y(t)

3 Changement de variable
Un changement de variable est parfois donné par l’énoncé. Il permet de se ramener à une équation différentielle
linéaire d’ordre 2 à coefficients constants.
3.a Mise en œuvre
Résolvons sur R+⋆ l’équation
t2 y ′′ − 2ty ′ + 2y = ln t (E)
au moyen du changement de variable x = ln t.
Soit y : R+⋆ → R une fonction deux fois dérivable. Considérons la fonction z : R → R définie implicitement par
y(t) = z(ln t),
c’est-à-dire pour tout x ∈ R, z(x) = y(ex ). Alors
2× y(t) = z(ln t)
′ 1
−2t× y (t) = z ′ (ln t) ×
t
1 1
t2 × y ′′ (t) = z ′′ (ln t) × 2 − z ′ (ln t) × 2
t t
128 CHAPITRE 5. PRIMITIVES ET ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES

Ainsi, pour tout t ∈ R+⋆

t2 y ′′ (t) − 2ty ′ (t) + 2y(t) = z ′′ (ln t) − 3z ′ (ln t) + 2z(ln t).



y(t) = z(ln t) (1)
Par conséquent y est solution de (E) si et seulement si .
z ′′ (x) − 3z ′ (x) + 2z(x) = x (2)
z est donc solution de l’équation différentielle linéaire d’ordre 2 à coefficients constants (2). La solution générale
de cette équation est
1 3
z(x) = x + + C1 ex + C2 e2x .
2 4
En reportant dans (1), nous obtenons finalement l’expression de la solution générale de (E) :
3 1
pour tout y ∈ R+⋆ , y(t) = + ln t + C1 t + C2 t2 .
4 2
Exercice : Résoudre sur R, au moyen du changement de variable x = Arctan t l’équation

(E) (1 + t2 )y ′′ + 2t(1 + t2 )y ′ + y = 0.

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