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DEDICACE

A ma famille

1
REMERCIEMENTS

Nos efforts n’auraient pas pu aboutir aux présents résultats sans le précieux
encadrement de nos illustres Professeurs de l’Université Alassane Ouattara.
Nous citons en premier lieu, Monsieur EKOUNGOUN Jean-Francis, Maitre de
Conférences de Littérature Comparée.
En dépit de ses nombreuses charges, il a bien voulu assumer la direction de ce
travail de recherche. A aucun moment de notre parcours, son expérience, sa sollicitude et
ses conseils ne nous ont fait défaut. Puisse-t-il trouver ici l’expression de notre gratitude.
Nous remercions également KACOU Boris et KONATE pour leur disponibilité
totale lors de la réalisation de ce travail de recherche.
Nos remerciements vont aussi à tous ceux qui nous ont aidés, sous bien d’autres
rapports et qui, par discrétion, ne voudraient pas être cités.
Nous remercions pour finir, toute la famille KOUADIO

2
SOMMAIRE

INTRODUCTION.......................................................................................... 4
PREMIERE PARTIE : ................................................................................. 10
APPROCHE DEFINITIONNELLE CONCEPTUELLE .............................. 10
CHAPITRE 1 : L’ORPAILLAGE CLANDESTIN : COMPLEXITE DE LA
NOTION ................................................................................................... 12
CHAPITRE 2 : APERÇU HISTORICO-GÉOGRAPHIQUE .................... 18
DEUXIEME PARTIE : REPRESENTATION ROMANESQUE ET
FILMIQUE DANS LE CORPUS (ANALYSE DU CORPUS)..................... 28
CHAPITRE 3 : PERSONNAGES ET ESPACES DANS LE ROMAN ..... 30
CHAPITRE 4 : L’ORPAILLAGE CLANDESTIN DANS RUÉS D’OR ... 47
TROISIEME PARTIE : ENJEUX ET PERSPECTIVES DE L’ETUDE ...... 58
CHAPITRE 5 : LES ENJEUX .................................................................. 60
CHAPITRE 6 : PERSPECTIVES THEORIQUES DE L’ORPAILLAGE . 72
CONCLUSION ............................................................................................ 85
BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................... 87
INDEX ......................................................................................................... 92
TABLE DE MATIERES .............................................................................. 96

3
INTRODUCTION

L’exploitation artisanale de l'or, appelée aussi orpaillage, est une activité de type
informel, exploitant cette ressource de manière non planifiée, en utilisant principalement
des méthodes manuelles et recourant à des outils rudimentaires. Au cours des dernières
décennies, le secteur minier de plusieurs pays africains a connu d’importants
investissements principalement favorisés par les réformes de la Banque mondiale dans les
années 1990 et 2000 et par un assouplissement des codes miniers nationaux.

Plusieurs intellectuels Africains et Occidentaux, dans des domaines diversifiés tels que
la musique, la sociologie, le cinéma, l’histoire surtout la littérature, s’illustrent sans faux
fuyant à travers leurs écrits dans le but de dénoncer et participer à l’éveil des consciences.
Beaucoup d’études ont été réalisées sur la problématique de l’extraction artisanale de
l’or dans le monde en général et en particulier dans l’Afrique à savoir :
Kiemtore, en 2012, a étudié au niveau d’un site aurifère du Burkina Faso, les
impacts de l’orpaillage sur certains aspects sociaux, économiques, les risques sanitaires
qu’encourent les orpailleurs avec l’utilisation des produits chimiques (mercure et cyanure)
et les problèmes d’insalubrité.
En ce qui concerne Bohbot, en 2017, lui, il a décrit dans son article, les
conséquences sociales et environnementales mal maîtrisées de l’orpaillage au Burkina
Faso. Cette activité a généré plusieurs sources de revenu dans les différentes localités où
elle est pratiquée, mais a aussi engendré plusieurs impacts environnementaux avec
principalement l’utilisation de mercure et du cyanure. Les impacts environnementaux sont
spécifiquement observés sur les sols, sur les ressources en eau et sur la déforestation. Il
aborde aussi différentes solutions préconisées par les Organisations Non
Gouvernementales locales et internationales pour réduire voire même pour abandonner
l’utilisation du mercure et le travail des enfants sur les sites d’exploitation.
Quant à Doucouré, en 2015, dans son livre « Des pierres dans les mortiers et non
du maïs ! Mutations dans les villages aurifères du sud-est du Sénégal », il décrit l’impact
de l’orpaillage sur l’aspect social et économique dans le village de Bantako et sur d’autres
sites aurifères de la région de Kédougou. Il aborde les nouvelles mutations qu’il a
engendrées, la croissance démographique, l’expansion du village, l’abandon des terres
agricoles ainsi que certains problèmes sanitaires.
Pour Niane, il aborde dans sa thèse et dans ses divers articles la problématique de
l’orpaillage et de son impact environnemental sur plusieurs aspects dans le sud-est du

4
Sénégal. Il étudie le mercure dans les sédiments, l’eau, les cheveux humains et les
organismes aquatiques, pour comprendre la dissémination du mercure au niveau de
l’écosystème et de l’homme.
Notons parmi ces auteurs dont la plume met en exergue le phénomène de
l’orpaillage clandestin, les auteurs MAH KOB’A et Régis Kamdem.
Mah KOB’A à l'état civil MAH KOBA Antoni est né le 25 décembre 1973 à Gouakatouo
dans le département de Zouan-Hounien, à l'Ouest de la Côte d'Ivoire. Il est titulaire d'une
Maîtrise de Lettres modernes à l'université de Bouaké, actuelle université Alassane
Ouattara. Il a enseigné le français dans le système éducatif ivoirien en qualité de professeur
vacataire. Chef de service au port autonome d'Abidjan, il a participé à plusieurs séminaires
de formation. En 2019, il a obtenu le certificat de la Conférence des Nations unies sur le
Commerce et le Développement (CNUCED). II prépare activement sa troisième œuvre.
Quant à Régis Kamdem, c’est un journaliste réalisateur et consultant éditorial de
profession. Ces deux auteurs bien qu’en ayant pas la même profession vont s’engager à
montrer que l’orpaillage est néfaste pour l’homme et son environnement.
MAH KOB’A est l’auteur de l’œuvre les griffes de l’orpaillage clandestin1, œuvre
dans laquelle, l’orpaillage clandestin est décrit. L'orpaillage clandestin constitue de nos
jours, une préoccupation majeure pour bon nombre de pays africains. Il est la source de
plusieurs plaies qui fissurent le tissu social. Mais le plus inquiétant, c'est la présence
d'enfants parmi les orpailleurs. Aveuglés par le gain facile, ces adolescents abandonnent
l'école au profit de l'exploitation artisanale de l'or. Comment se détourner d'une activité
aussi lucrative mais dangereuse ? Ont-ils la pleine conscience de leur choix ? Souvent, la
prise de conscience part d'une situation malheureuse. Mintoka, le héros de cette œuvre,
l'apprend à ses dépens. Élève en classe de quatrième au collège moderne de Kazouégui, il
accorde peu d'importance aux études et s'adonne à la quête de l'or. Suite à un éboulement
qui a coûté la vie à ses amis, tous élèves, Mintoka est transporté à l'hôpital. Il subit une
opération chirurgicale d'urgence au cours de laquelle il perd une jambe.
En ce qui concerne Régis KAMDEM dans son film Ruée vers l’or2, fait à travers
une enquête au Burkina Faso une étude sur l’orpaillage clandestin. Il affirme que c’est un
phénomène très récurent et qui prend de l’ampleur dans ces dernières années dans nos pays
africains. Il est donc question pour lui, à travers ce documentaire de comprendre ce
phénomène, sensibiliser les orpailleurs sur le danger qu’ils peuvent encourir en pratiquant

1
Œuvre servant de corpus
2
Film servant de corpus

5
l’orpaillage de manière clandestine. Aussi de trouver quels sont les conséquences directes
que l’orpaillage pourrait avoir sur la société Burkinabée. Car il est vrai que ce phénomène
permet à cette population de survivre, mais il contribue aussi à la destruction de son
environnement, a une mort certaine vu les conditions de travail peu adéquat et spécialisé
L’orpaillage clandestin et Ruée d’or ; respectivement un roman de Mah KOB’A, et
un film de Régis KAMDEM, servant de corpus sont les illustrations parfaites de nos
propos susmentionnés.
Dans une optique de dépeindre d’apporter ample analyse sur cette question, que se situe le
thème de notre recherche intitulé : « La problématique de l’orpaillage clandestin ».
En effet, l'orpaillage est la recherche et l'exploitation artisanale de l'or dans les rivières
aurifères.
Pour ce qui est de Clandestin, c’est ce qui se fait en cachette et qui a un caractère illicite.
Dans cette étude, il s’agit ici de montrer que l’orpaillage clandestin est à bannir car
elle est dangereuse pour les pratiquants eux-mêmes d’un premier abord et pour l’économie
d’un pays en deuxième lieu.
Ainsi, Plusieurs interrogations s’offrent à nous comme moyen d’appréhender la
quintessence des effets néfastes de l’orpaillage clandestin. Dès lors :
Qu’est-ce que l’orpaillage clandestin ?
Quels sont les causes et conséquences de l’orpaillage clandestin ?
Les réponses à ces questionnements donneront la possibilité de savoir en réalité, les
contours de l’orpaillage, compte tenu de l’apparence mitigée qu’elle présente
Notre problématique semble dès lors, se conformer aux exigences de la littérature
comparée. Cette discipline qui, pluridimensionnelle et interdisciplinaire, se veut de tenter
de mettre en lumière les aspects cachés. Centrée sur l’étude des échanges littéraires et
internationaux par le questionnement de leur motif, leurs sources et leurs influences sur la
société, la littérature comparée se veut déconstructive des regards portés sur un fait de
société. C’est une discipline imprégnée de cosmopolitisme et d’universalisme. Elle entend
établir le parallèle entre les convergences et les divergences des différentes productions
littéraires et artistiques des sociétés. Le principe fondateur de cette entreprise est de se
garder d’émettre sur ces productions, des jugements à connotations péjoratives. Ainsi, le
comparatiste dans sa démarche recherche le lien d’analogie ou d’influence entre plusieurs

6
réalités appartenant à des langues et cultures différentes afin de mieux en cerner les
contenus et les enjeux. C’est ce qu’Yves CHEVREL3 souligne en ces termes :

La littérature comparée est à entendre comme la science comparative de la littérature, [...]


qui se propose d’étudier les productions humaines signalées comme œuvres littéraires, sans
que soit définit au préalable quelque frontière, notamment linguistique que ce soit. Il ne
s’agit pas tant de « comparer des littératures » que de questionner la littérature « au sens de
collection d’œuvres » en plaçant chaque œuvre, ou chaque texte, dans des séries élaborées
par le chercheur, qui interrogent la singularité relative de cette œuvre. Les comparatistes
construisent ainsi des espaces où ils se heurtent volontairement à des œuvres venues de
pratiques et de cultures « autres » : l’étranger est leur pierre de touche”4
Explicitement, à travers ces mots de CHEVREL, retenons que la littérature comparée
est une discipline littéraire qui constitue une sorte de décloisonnement du champ de la
littérature. Aussi, dans son application, cette discipline prend-elle en compte plusieurs
théories et méthodes d’ordre divers. De sorte que notre analyse usera de théorie qu’est le
Postcolonialisme ; et la sociocritique et la narratologie comme méthode. Ces outils
serviront de garants à la scientificité de ce mémoire.
L’étude que nous menons sur la problématique de l’orpaillage clandestin nous
amène à recourir à une ou plusieurs théories et méthodes d’analyses littéraires dans
l’élaboration de notre travail. La théorie qui servira donc de garant à l’élaboration
scientifique de cette recherche est la théorie du postcolonialisme. Pour comprendre les
ressorts géopolitiques, et coloniaux de l’occident dans les affaires politiques, économiques,
sociales et culturelles de l’Afrique, nous allons mener cette étude sous un angle plus
objectif. Ce qui nous amènera à convoquer le postcolonialisme comme théorie
fondamentale. Cette théorie s’avère une véritable source de gamberge. Le postcolonialisme
met en exergue l’analyse et l’observation des faits non plus sous formes de stéréotypes
mais en se saisissant avec approfondissement des analyses, défait de tout dogmes
occidentaux ou coloniaux. Porter son choix sur une telle théorie, ne vise en aucun cas à
jeter le discrédit sur l’occident, c’est lever le voile, mettre à nu ce qui semble une vérité
indubitable, c’est-à-dire, « considérée comme les écrits bibliques »
Le postcolonialisme oriente la réflexion dans une logique de revoir notre monde
depuis le commencement, depuis la voix des opprimés. A ce sujet, Robert Young dit ceci :
« Vous pouvez apprendre (le postcolonialisme) n’importe où vous souhaitez. La seule

3
Yves CHEVREL est professeur émérite de littérature comparée à l’Université de Paris Sorbonne. Il est
notamment l’auteur d’ouvrages portant sur les problèmes de recherche en littérature
4
Yves CHEVREL, La littérature comparée « Que sais-je ? », Puf, Cinquième édition, 2006, Quatrième de
couverture.

7
qualification requise est de vous assurer que vous regardiez le monde non pas depuis le
haut, mais depuis le bas »5
Cette perspective se propose de fournir plusieurs angles d’analyses bien définis.
L’importance de cette théorie est sa capacité à lever le voile sur les dogmes et les
croyances mensongères. Elle permet donc de voir les choses différemment.
Avoir ainsi recours à la théorie du postcolonialisme dans notre mémoire, c’et
s’ouvrir, soi-même, d’autres horizons bien plus pertinents et saisir le phénomène dans tous
ses sens. La présence ontologique de cette théorie dans la critique des positions dominantes
favoriserait l’essor des voix marginalisées soumises à la suprématie de l’impérialisme
idéologique, économique, politique, social et culturel.

Les trois méthodes qui serviront à l’analyse du corpus sont la narratologie, la


sociocritique et l’analyse filmique. La première méthode, la narratologie, est un terme
forgé par Tzvetan Todorov en 1969. Elle désigne l’une des méthodes d’interprétation des
textes littéraires par l’examen du récit. Elle a ensuite été approfondie par Gérard Genette
en 1972 dans son ouvrage Figure III.6 Selon lui, l’analyse narratologique a pour objet le
récit. Mais il fait une distinction entre trois éléments majeurs du texte littéraire: l’histoire
(comme le contenu narratif), le récit (comme le signifiant ou le texte narratif) et la
narration (comme l’acte narratif producteur). Toutefois, il insiste sur le fait qu’en
narratologie, le récit nait de l’articulation de l’histoire et de la narration:

Histoire et narration n’existent donc pour nous que par le truchement du récit.
Mais réciproquement le récit, le discours narratif ne peut être tel qu’en tant qu’il
raconte une histoire, faute de quoi il ne serait pas narratif(…) en tant qu’il est
proféré par quelqu’un, faute de quoi(…) il ne serait pas en lui-même un discours, il
vit son rapport à la narration qui le profère.7

Il sera question de mettre en évidence, les signifiants que dégage le parcours du récit.
C’est-à-dire, qu’au travers des différentes catégories narratives, sera mis en relief l’aspect
pratique de l’excision dans le corpus. Ceci dit, l’analyse narratologique fait appel à une
étude du temps, de l’espace et des personnages. Ces trois éléments fondamentaux de la
méthode narratologique mettront en relief le signifiant des deux œuvres.

La deuxième méthode d’analyse est la sociocritique. C’est une méthode créée par
Claude Duchet en 1971. Elle est une approche qui s’attarde sur l’univers social présent
dans le texte. Claude Duchet la définit comme une méthode qui «voudrait s'écarter à la fois

5
Robert YOUNG, Postcolonialism : A Very Introduction, Oxford: Oxford University Prex, 2003
6
Gérard Genette, «Discours du récit », in Figures III, Paris, Seuil, 1972.
7
Ibidem, p. 15.

8
d'une poétique des restes, qui décante le social, et d'une politique des contenus, qui néglige
la textualité. Le champ ainsi ouvert est celui d'une sociologie de l'écriture, collective et
individuelle, et d'une poétique de la socialité. »8 A sa suite, Robert Franklin Barsky affirme
que la sociocritique permet d’« étudier à la fois le texte littéraire et son contexte social et
matériel. Un sociocritique examinera donc certains éléments textuels, certaines pratiques
discursives dans le but de situer l’œuvre dans un contexte du discours social. »9 Partant de
ce constat, la sociocritique permet le décryptage d’une série d’éléments intertextuels et
sociohistoriques. Autrement dit, la démarche sociocritique vise, par-dessus tout, le texte et
permet de lire et d’analyser l’œuvre dans sa globalité, du texte au hors-texte ; du hors-texte
au texte.
La troisième méthode d’analyse est l’analyse filmique. Notre corpus, étant composé
d’une œuvre filmique, fait appel à la technique d’interprétation et de lisibilité d’un film.
Cette technique prend en compte l’analyse et l’interprétation séquentielle du film
Ainsi, dans l’analyse de ce mémoire, ayants pour corpus Les griffes de l’orpaillage
clandestin et Ruée vers l’or, Ces méthodes serviront de rapprochement entre la fiction et la
réalité. Cette œuvre révèle le caractère néfaste de l’orpaillage clandestin.
Notre réflexion, dans l’étude de ce travail de recherche, sera centrée sur trois grandes
parties. La première, nous donnera un aspect de l’histoire afin de nous donner une large
connaissance sur l’orpaillage, ses caractéristiques.
Définir l’orpaillage clandestin, savoir les contours de ce phénomène et savoir son
historique se définit comme notre leitmotiv.
La deuxième partie sera le lieu de montrer la représentation romanesque et filmique
dans le corpus les griffes de l’orpaillage clandestin
La troisième partie, ici, il s’agira de faire ressortir les enjeux et les perspectives
théoriques pour palier ce phénomène.

8
Claude Duchet, Sociocritique, Paris, Nathan, 1979, p. 4.
9
Robert Barsky, Introduction à la théorie littéraire, Montréal, Presses de l’Université de Québec, 1997, p.
184.

9
PREMIERE PARTIE :

APPROCHE DEFINITIONNELLE CONCEPTUELLE

10
Dans cette partie, l’on tentera de définir les différents mots qui composent notre
sujet dans le but de rendre aisée sa compréhension tout en évoquant les différentes
tournures sémantiques qu’ont rencontrées ces concepts au cours de l’histoire.

11
CHAPITRE 1 : L’ORPAILLAGE CLANDESTIN : COMPLEXITE DE LA
NOTION

Une approche conjecturale de la mise en relief de la complexité de la notion


orpaillage clandestin nous donnera plus de connaissances sur ladite notion.
Pour ce faire, il nous sera indispensable dans un premier temps de présenter l’orpaillage, de
mettre en exergue sa création et de donner une définition plus large de ladite notion.
Dans un deuxième temps, nous tenterons de faire ressortir les aspects et formes de cette
pratique qui prennent de l’ampleur. Autrement dit, nous montrerons comment d’une
activité artisanale légale, nous sommes passés à une activité clandestine.
1.1. Présentation de l’orpaillage

L’ambiguïté que renferme l’énonciation de ce mot nous donne l’ordre de prime abord
de le définir afin de circonscrire notre champ de réflexion. Seulement, une incursion dans
son sens large contextuel serait d’une importance cruciale pour saisir son sens.

1.1.1. Étymologie

En Côte d'Ivoire, les premières traces de l'exploitation artisanale de l'or


remonteraient au début de la deuxième moitié du 18e siècle.
En effet, selon Joseph Gaston né en 1913, ce sont les travaux effectués par les
indigènes de la Côte d'Ivoire pour exploiter l'or soit des filons, soit des gîtes alluvionnaires,
qui ont été les premiers seuls guides de la prospection minière européenne dans cette
colonie.
La Guyane quant à elle, possède une tradition aurifère ancienne. C’est au milieu du
19ème siècle que les premiers gisements y ont été découverts et à la structuration des
pratiques illégales, De nombreuses localités actuelles telles que Saül, Mana, Régina, etc.
sont fortement, voire entièrement, liées à ces « grandes époques » de l’exploitation
aurifère.
Depuis les années 1990, suite à des hausses importantes du cours de l’or et à la
structuration des pratiques illégales, la Guyane subit de plein fouet une nouvelle ruée vers
l’or. Cette ruée est caractérisée par une très forte augmentation du nombre des sites
d’exploitation illégale : on estime que 7 à 10 tonnes d’or sont illégalement exfiltrés de
Guyane chaque année

12
1.1.2. Définition Du phénomène

L'orpaillage est la recherche et l'exploitation artisanale de l'or dans les rivières


aurifères.
L’orpaillage est, en réalité, défini comme la recherche et l’exploitation artisanale de l’or
dans les rivières aurifères. C’est une activité légale dont les dispositions sont prévues par le
Chapitre 2 du titre IV du code minier ivoirien.
Sa clandestinité relève de sa non-conformité aux procédures légales d’autorisations
prévues par l’article 05 du code minier et de sa pratique en dehors des règles du métier en
utilisant les produits prohibés par la loi minière.
En Côte d’Ivoire, l’orpaillage clandestin est en perpétuelle évolution sur toute
l’étendue du territoire national.
L’exploitation artisanale de l'or, appelée aussi orpaillage, est une activité de type
informel, exploitant cette ressource de manière non planifiée, en utilisant principalement
des méthodes manuelles et recourant à des outils rudimentaires approche de type "chasse-
cueillette"
Dans de nombreuses sociétés traditionnelles africaines, l'exploitation artisanale de
l'or et donc la possession de ce métal précieux étaient motivées par les diverses fonctions
socioculturelles que celui-ci jouait dans ces sociétés. L'or trouvé dans la nature ne devait
pas être commercialisé car considéré comme un présent offert par les divinités et les génies
et, il restait de ce fait, intimement lié à l'âme, à la fortune, à la destinée de celui qui l'a
trouvé.

1.2. Aspects (formes et types)

L’ambiguïté que renferme la clandestinité de l’orpaillage donne l’ordre de second


abord de mettre en exergue les aspects, c’est-à-dire formes et types de l’orpaillage; afin de
circonscrire notre champ de réflexion. Seulement, une incursion dans les définitions de
l’activité artisanale et de l’activité clandestine dans leur sens large et contextuel serait
d’une importance cruciale pour saisir son sens.

13
1.2.1. L’orpaillage : une activité artisanale à une activité clandestine

Cette partie vise à donner les définitions ou à dire ce que c’est qu’une activité
artisanale légale et voir les paramètres et rouages qui la pousse à une sorte de clandestinité
d’où une activité clandestine.

1.2.1.1. Une activité artisanale

Le terme « orpaillage » recouvre une activité artisanale (faibles moyens) de


recherche et de récupération des particules d’or contenues dans les alluvions des cours
d’eau, à caractère épisodique et qui est pratiquée fréquemment dans le cadre des loisirs, ce
qui semble être votre cas. Ainsi, de par la substance minérale concernée, cette activité est
soumise aux dispositions du code minier et de ses textes d’application.
La majorité des pays membres de l’UEMOA définissent l’exploitation artisanale de
manière globalement conforme à celle du CMC de 2003 de l’UEMOA : « Toute
exploitation dont les activités consistent à extraire et concentrer des substances minérales
et à récupérer les produits marchands en utilisant des méthodes et procédés manuels et
traditionnels »10
Au Niger, l'orpaillage se définit essentiellement par des exploitations traditionnelles
ou de mines artisanales; il n'y a pas exploitation minière à petite échelle, d’orpaillage
mécanisé ou de la petite mine. Aussi par orpaillage traditionnel, il faut entendre ; toute
activité qui consiste à récupérer par des procédés artisanaux, des substances précieuses en
l’occurrence l’or et le diamant contenu dans les alluvions, les éluvions provenant de gîtes.
En ce qui concerne le Bénin, l’exploitation minière artisanale se définit
comme toute exploitation dont les activités consistent à extraire et concentrer des
substances minérales et à récupérer les produits marchands en utilisant des méthodes et
procédés manuels et traditionnels.
Pour ce qui est du Burkina Faso, l’orpaillage artisanal se définit comme l’ensemble
des opérations qui consistent à extraire et concentrer des substances minérales comme l’or,
le diamant et les autres gemmes, provenant des gîtes primaires et secondaires affleurant ou
sub-affleurant et en récupérer les produits marchands en utilisant des méthodes et procédés
manuels et traditionnels.

10
Article 1.13 du CMC de 2003 de l’UEMOA

14
En Côte d’Ivoire, l’exploitation artisanale est celle dont les activités consistent à
extraire et concentrer des substances minérales et à en récupérer les produits marchands en
utilisant des méthodes et procédés manuels et traditionnels. Elle n’utilise ni produits
chimiques, ni explosifs et n’est pas fondée sur la mise en évidence préalable d’un gîte ou
d’un gisement
Quant au Togo, par activités artisanales, on entend les activités de prospection, de
recherche et d’exploitation exercées d’une manière non ou peu mécanisée par des
personnes physiques ou morales de nationalité togolaise ou étrangère.
Comme l’indique les définitions susmentionnées, seul le Togo fait toutefois
exception en introduisant la notion de « mécanisation » dans la définition. Cette définition
pose la difficulté de la détermination du seuil de mécanisation autorisé dans l’exploitation
artisanale. Le problème corollaire de la frontière entre « peu mécanisé » et « mécanisée »,
et notamment les critères de distinction, n’est pas prévu et pourrait conduire à des
interprétations divergentes et à une incertitude juridique.
Le Mali faisait exception jusqu’à très récemment avec le code minier de 2012.11
Mais la référence à la mécanisation a été supprimée du nouveau code minier adopté
en 2019.
De plus, une définition spécifique de l’orpaillage est fournie et celle-ci exclut toute
référence à la notion de mécanisation.12
En tout état de cause, l’ensemble des codes miniers analysés interdit le recours aux
produits chimiques prohibés dans l’exploitation artisanale, à savoir le mercure et le
cyanure.13

11
L’article 1.25 du code minier malien de 2012 définissait l’exploitation minière artisanale comme suit : ««
Toute opération qui consiste à extraire et concentrer des substances minérales provenant des gîtes primaires
et secondaires affleurant ou subaffleurant et en récupérer les produits marchands en utilisant des méthodes et
procédés manuels et traditionnels ou mécanisés ». L’ancien code opérait également une distinction entre
l’orpaillage traditionnel, défini comme la « récupération de l’or par les procédés simples (sans usage de
produits chimiques) en utilisant des équipements rudimentaires » et l’orpaillage mécanisé, définit comme la «
récupération de l’or par des procédés améliorés avec l’utilisation des machines et équipements ».
12
Selon l’article 1.41 du Code minier de 2019, l’orpaillage se définit comme toute activité « à petite échelle
consistant à récupérer l’or contenu dans les gîtes primaires, alluvionnaires et éluvionnaires à l’intérieur d’un
couloir d’exploitation artisanale par les procédés manuels associant des équipements rudimentaires, sans
utilisation de produits chimiques, qui peut être indifféremment appelée orpaillage traditionnel ou orpaillage
artisanal ou manuel, le tout désignant la même activité exercé dans un couloir d’exploitation artisanale ».
13
Bénin (article 11, décret n°2002–580 portant réglementation de l’artisanat minier) ; Burkina Faso (article
77, Code minier de 2015) ; Côte d’Ivoire (article 69, décret n° 2014–397 déterminant les modalités
d’application), Niger (article 45, décret d’application 2006 encadrant l’usage des produits explosifs et
chimiques).

15
1.2.1.2. Une activité clandestine

De prime abord, une activité clandestine est une activité qui n’a pas l’aval de la loi.
C’est une activité illégale, dirigée par des personnes mais non-revendiquée par celles-ci
pour des raisons politiques, diplomatiques ou économiques. L’illégalité de ces opérations
implique qu’elles soient secrètes ; elles ne sont donc pas rapportées auprès des médias, ni
reconnues par le gouvernement.
Ainsi donc, dire de l’orpaillage artisanal, une activité clandestine, c’est dire que
l’orpaillage manque de légalité. L’orpaillage depuis bon nombres d’années maintenant les
orpailleurs, pratiquants sont dans l’illégalité.
Les raisons de ce manque de légalité sont nombreuses. Parmi ces raisons, l’on
pourrait compter les taxes trop élevées fixées par l’État pour les orpailleurs.
Les orpailleurs, considérés comme un débrouillard jeune, un enfant, une femme et
un vieux manquent fortement de moyens financiers pour couvrir les dites taxes et donc
sont obligés de faire de l’orpaillage une pratique clandestine.
Il y a aussi, les conséquences et répercutions que cette activité engendre sur
l’environnement. Ce qui justifie aussi son caractère illégal.
Bien que des actions soient menées régulièrement par les forces de gendarmerie,
dans le cadre des opérations « anaconda », l’orpaillage clandestin s’intensifie et cette
activité pose un véritable problème aux pouvoirs publics. Il est vrai que les forêts sont pour
la plupart protégées qui permettent aux trafiquants d’œuvrer en toute impunité.
L’orpaillage fait appel à des techniques qui présentent des effets néfastes pour l’homme et
son milieu. Il y a d’abord le lavage des sols, qui a pour fonction de libérer les
microparticules d’or, ce qui a pour conséquence d’augmenter la turbidité de l’eau des
fleuves et par extension celle du milieu marin ; cela se traduit par une disparition de la
faune et de la flore littorales.
Les nuisances occasionnées par l’activité clandestine ne se bornent pas à des effets
indirects, puisqu’une part importante du mercure utilisé par les clandestins est directement
transférée vers le milieu naturel au cours des phases d’amalgamation de l’or. Les
orpailleurs utilisent en effet du mercure pour recueillir les paillettes d’or et cet apport
anthropique vient s’ajouter à celui qui est libéré au cours du lavage des sols. Durant la
destruction de l’amalgame, une part importante de mercure se volatilise (70 % environ) et
retombe au sol sous l’effet des pluies ; ces retombées atmosphériques s’effectuent
généralement à proximité des campements illégaux.

16
Poussés plus loin dans notre désir de comprendre les raisons de la clandestinité de
l’orpaillage, nous avons mené nos investigations en côte d’ivoire.
Il ressort que les acteurs de l'exploitation artisanale de l'or du milieu moderne sont
de deux types: les riches commerçants burkinabés, installés pour les uns à Abidjan, Daloa
et à Yamoussoukro et, pour les autres, en dehors du territoire ivoirien, qui investissent
financièrement dans les activités d'exploitation artisanale de l'or; ils ont tous la particularité
d'être présents, depuis assez longtemps, dans cette activité. Quoique très peu connus de la
plupart des orpailleurs opérant sur le terrain, ces acteurs sont les véritables "propriétaires"
des sites d'orpaillage administrés pour leur compte, par des chefs de "chantiers" présents
sur le terrain.
Outre les riches commerçants burkinabés, on a, comme acteurs de l'exploitation
artisanale de l'or du milieu moderne, les personnes dites de pouvoir, ou d'autorité: ce sont
des agents et/ou des responsables des forces de défense sociale, des responsables de
l'administration publique locale. Bien que ces acteurs n'investissent pas financièrement
dans l'orpaillage, ils constituent un maillon important de la filière; en effet, c'est avec leur
caution tacite et leur bienveillance, que l'exploitation artisanale clandestine de l'or se met
en place et se maintient.
Comme l'on peut le deviner, l'intervention des personnes dites de pouvoir dans
l'exploitation artisanale de l'or reste cachée et vise au moins deux objectifs
complémentaires: accorder une apparence de légalité à une activité clandestine et, par
ricochet, permettre aux propriétaires des "chantiers" d'opérer sans trop de problèmes avec
les populations rurales.
Les accointances des responsables administratifs avec le milieu de l'orpaillage
clandestin semblent évidentes quand on considère l'importance, en nombre et en taille, des
sites d'exploitation clandestine de l'or dans les départements de Bouaflé et de
Yamoussoukro. Nombre de ces sites sont contigus aux grandes voies de communication et,
jusqu'à ce jour, les orpailleurs opèrent dans un climat de paix continue

17
CHAPITRE 2 : APERÇU HISTORICO-GÉOGRAPHIQUE

Une approche conjecturale de l’aperçu historico-géographique de l’orpaillage nous


donnera plus de connaissances sur ladite notion.
Pour ce faire, il nous sera indispensable dans un premier temps de présenter l’orpaillage, de
mettre en exergue son histoire et ses apports à l’économie.
Dans un deuxième temps, nous tenterons de faire ressortir les endroits et lieux qui voient
cette pratique prendre de l’ampleur. Autrement dit, nous montrerons les zones diverses de
l’orpaillage.

2.1. Histoire de l’orpaillage

Cette partie donne lieu de présenter l’orpaillage. De dire la naissance de ce


phénomène et montrer comment il émerge.

L’or a une histoire riche en devenant un standard monétaire à travers l’histoire. A


travers cet article, nous allons revenir sur les faits qui ont marqué les fluctuations de sa
valeur au fil du temps.
2.1.1. L’émergence d’un phénomène (la naissance de l’orpaillage)

Depuis les années 1990, nous assistons à un développement important du secteur


minier en Afrique de l’Ouest sous l’impulsion d’une part, de politiques minières nationales
attractives et d’autre part, d’un fort investissement du secteur privé étranger. Ce
développement, voulu par les pays et souvent encadré par les institutions internationales
telles que la Banque Mondiale, a permis l’ouverture d’un nombre relativement important
d’exploitations minières et se traduit par un poids significatif dans le produit intérieur brut
(PIB) et les recettes d’exportation de chaque pays. Aujourd’hui, la région demeure une
importante source d’or. L’exploitation minière est en forte progression, entrainant ainsi une
croissance économique remarquable (environ 5 %) dans la région. Les pays comme le
Ghana font partie des 10 principaux producteurs industriels du monde, tout comme la Côte
d’Ivoire, le Mali et le Burkina Faso qui se classent parmi les 15 plus importants
producteurs africains.

En Côte d’Ivoire, le secteur de l’or a affiché une croissance au cours des dernières
années, les exportations industrielles étant passées de 4,2 tonnes en 2008 à 10,4 tonnes en

18
201314. Le pays reste toutefois un producteur moyen, comparativement au Ghana qui
dispose, à quelques différences près, des mêmes réserves que la Côte d’Ivoire. La
production annuelle de la Côte d’Ivoire est estimée à 40 tonnes contre 76 tonnes pour le
Ghana. En 2010, la Côte d’Ivoire était le vingtième producteur aurifère au monde et le
cinquième en ordre d’importance sur le continent africain après l’Afrique du Sud, le
Ghana, le Mali et le Burkina Faso. Dans la même année de 2010, 10 % des exportations
ivoiriennes étaient générées par l’or. En réalité, les deux principales entreprises
multinationales (Equigold et Perseus) engagées dans l’exploitation minière se partagent la
manne aurifère ivoirienne : elles ont le monopole des actions sur les mines les plus
productives. En 2015, la production aurifère a connu une hausse de 15 % par rapport à
2014, avec 23,5 tonnes d’or extrait. En 2015, classée au 7e rang africain et 42e mondial des
pays producteurs d’or, la Côte d’Ivoire évalue la contribution de sa production à hauteur de
5 % du PIB, avec une production annuelle de 23,5 tonnes.
Il faut rappeler que l’exploitation de l’or n’est pas récente en Côte d’Ivoire. Pendant
longtemps, la Société des Mines Internationales (SMI), exploitant la mine d’or d’Ity à
Zouhan-Hounien dans la région de Danané15, a été le flambeau de l’exploitation aurifère
en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, grâce à une série de politiques favorables aux investisseurs,
d’autres sociétés d’exploitation minière de l’or telles que Randgold, dont le PDG croit que
le pays est le nouvel eldorado de l’or et qu’il pourrait même dépasser un jour les résultats
du Ghana, se sont établies selon Ford, en 2014. C’est également le cas d’autres mines telle
que la mine d’or de Bonikro16 dans le département de Hiré17, exploitée par la société
minière Equigold, qui y a investi 50 milliards et celle de Tongon (village situé au nord de
la Côte d’Ivoire dans la sous-préfecture de Tengrela)18, qui appartient à la société Perseus,
propriété du groupe sud-africain Randgold Ressources, qui lui-même fait partie du
consortium Rio Tinto. Cette dernière est considérée comme la plus grande mine d’or de
Côte d’Ivoire avec en réserve huit millions d’onces (environ 120 tonnes d’or). Avec un
investissement prévu de 200 milliards de FCFA, la mine d’or a produit son premier lingot
de 9,5 kg, présenté au gouvernement le 8 novembre 2005. Il existe également une mine
d’or dans le village d’Angovia dans la sous- préfecture d’Aboisso, dont l’exploitation a été

14
Banque Mondiale, juin 2013, Côte d’Ivoire – Zone industrielles : Besoins et Perspectives, Rapport
Abidjan; ONUDI, octobre 2012, Nouvelle Politique Industrielle de la République de Côte d’Ivoire. Phase I :
Diagnostic du secteur industriel et du cadre institutionnel
15
Ville située à l’ouest du pays aux environs de la frontière avec le Liberia
16
Village situé dans le département de Hiré
17
Ville située au sud-ouest de la Côte d’Ivoire
18
Village situé au nord de la Côte d’Ivoire dans la sous-préfecture de Tengrela

19
interrompue par la société Cogema du fait de la crise post-électorale de 2010. Par ailleurs,
la société Etruscan Côte d’Ivoire, filiale de la société canadienne Etruscan Ressources Inc.,
qui devait exploiter la mine d’or du village d’Agbaou dans la sous-préfecture de Dabou19 à
partir de fin 2010, a vu son activité compromise à cause de la situation de crise post-
électorale.
La problématique minière révèle que, très souvent, les pays producteurs et leurs
populations ne profitent pas des dividendes miniers. C’est le cas de la Côte d’Ivoire où
l’important potentiel minier ne profitant pas aux populations, notamment dans les zones
d’exploitation, ces dernières se sont lancées dans des activités d’orpaillage clandestin qui
ne cesse de prendre de l'ampleur. En juillet 2017, le gouvernement avait annoncé la
fermeture de 429 sites d’orpaillage illicites dans le pays.
En effet, l’exploitation artisanale de l’or n’a réellement débuté sérieusement qu’au
cours de la guerre civile qui a éclaté en 2003. Durant la crise de près d’une décennie qui
s’est ensuivie la moitié nord du pays échappait au contrôle du gouvernement central à
Abidjan, ce qui laissait l’exploitation et le commerce de l’or entièrement dans la sphère
illicite et aux mains des Forces nouvelles, le principal groupe rebelle. Depuis la fin des
hostilités, la production artisanale s’est fortement intensifiée dans le pays. De l’avis de
certains experts, l’exploitation illégale serait nettement supérieure à celle faite dans les
conditions légales. On extrait de l’or de façon artisanale dans 24 des 31 régions de la Côte
d’Ivoire. Cette activité concerne plus de 500 000 mineurs d’or artisanal selon les chiffres
du ministère de l’Industrie et des Mines de la Côte d’Ivoire20. Le 20 juillet 2016 au cours
d’une cérémonie dédiée à l’évaluation de son programme de lutte, le gouvernement a
annoncé que quelque 429 sites d’orpaillage illicite ont été abandonnés, fermés et 66
orpailleurs clandestins, interpellés. La plupart des activités se déroulent aux alentours de
Bouaké et de Katiola, où le ministère de l’Industrie et des Mines a identifié 28 zones
d’exploitation. Les experts évaluent à « environ 30 tonnes d’or par an la production
artisanale qui échappe à l’État » privant ainsi ce dernier « d’importantes recettes »
(ONUCI, 2010). Le ministère des Mines lui-même affirmait en 2015 que « l’orpaillage
clandestin a pris des dimensions inquiétantes, durant les dix dernières années, faisant
perdre à l’État quelque 479,22 milliards de FCFA soit environ 818 millions $ US ». Ainsi,
pour le gouvernement, la lutte contre l'orpaillage clandestin est d'abord un moyen
d’optimiser son secteur minier en augmentant son apport en termes de PIB et en

19
Ville située dans la banlieue d’Abidjan
20
Ministère de l’Industrie et des Mines (année). Quel document? Repéré à www.industrie.gouv.ci.

20
consolidant les investissements porteurs après la levée- en avril 2014 de l'embargo sur le
minerai imposé par les Nations Unies durant la crise militaro-politique (Conseil de sécurité
des Nations Unies, 2014). En plus des pertes financières, l’État ivoirien considère
l’orpaillage clandestin comme une source potentielle d’accroissement des conflits fonciers
et de la criminalité. L’orpaillage artisanal semble donc s’être bien incrusté dans le paysage
économique des zones rurales, supplantant à maints endroits l’économie agricole jugée
moins lucrative.

2.1.2. L’orpaillage dans l’économie moderne

Les impacts positifs de l'exploitation artisanale clandestine de l'or sur le milieu


social concernent les gains financiers que les propriétaires terriens ont, en contrepartie de
la cession de leur patrimoine foncier à des fins d'orpaillage, les emplois générés par la
filière et le développement du petit commerce dans la zone d'exploitation artisanale
clandestine de l'or.

De prime abord, les gains financiers perçus par les propriétaires terriens Les gains
financiers perçus par les propriétaires terriens sont de deux types: les droits d'accès à la
terre et la quote-part perçue de la vente de l'or produit sur leur parcelle. Les droits d'accès
à la terre sont des sommes d'argent, payées d'un trait, aux propriétaires terriens par
quiconque souhaite ouvrir un site d'orpaillage. Le droit d'accès à la terre, qui n'est pas le
prix de vente de la parcelle à exploiter, est d'un montant variable et se négocie en fonction
de la superficie du terrain, de la qualité supposée ou réelle de celui-ci (importance des
indices de présence de l'or) et de la demande (nombre de personnes intéressées par le site
en question). Le droit d'accès à la terre dans la zone a beaucoup évolué dit-on, et est
aujourd'hui compris entre 300 000 et plusieurs millions de francs CFA.
Ainsi par exemple, selon les informations fournies par le chef du "chantier" de «
petit Abidjan », ce site d'orpaillage a été obtenu contre payement de la somme de 3 000
000 francs CFA!
Cette information, confirmée par le propriétaire du terrain, montre l'importance des
gains financiers que la cession d'un lopin de terre à des fins d'orpaillage peut procurer à son
propriétaire.
Outre le droit d'accès à la terre, les propriétaires terriens perçoivent une partie des
revenus tirés de la vente de l'or produit sur leur parcelle. Les gains perçus ici sont fonction
de la quantité d'or exploité; ainsi, pour chaque gramme d'or produit, le propriétaire terrien

21
reçoit de l'exploitant de la parcelle, une somme de 2 000 francs CFA. Comme on peut le
constater, les revenus du propriétaire terrien sont liés à la qualité de sa parcelle cédée à des
fins d'orpaillage; aussi, n'hésite-t-il pas, quand cela est nécessaire, (généralement à la
demande du chef du "chantier") de procéder à des sacrifices ou à des libations pour
demander aux génies gardiens de l'or, de libérer le précieux métal sur sa parcelle.
D’un deuxième abord, ne manquons pas de noter les emplois générés par
l'exploitation artisanale clandestine de l'or.
L'exploitation artisanale clandestine de l'or génère des emplois directs et des
emplois indirects; les premiers concernent le creusage des puits, le lavage du minerai, le
concassage manuel des pierres, la gestion du "chantier" et la gestion de comptoirs d'achat
d'or.
Si les gains tirés de l'exploitation artisanale clandestine de l'or paraissent aléatoires
et difficilement mesurables, il est indéniable que cette activité occupe à plein temps de
nombreux individus dont certains semblent en vivre.
Le nombre de personnes intervenant dans les activités d'orpaillage, en qualité
d'employés n'a cessé d'augmenter depuis l'ouverture des premiers "chantiers" dans le
Yaourè au point où l'exploitation artisanale clandestine de l'or y est devenue, de l'avis de
toutes les personnes interrogées, la première activité socioéconomique.
A ce propos, le chef du village de Kouakougnanou a déclaré ce qui suit: "Grâce au
travail de l'or, nos enfants se débrouillent très bien; c'est grâce à ça qu'ils arrivent à
s'occuper de nous et à construire toutes ces belles maisons que vous voyez dans ce village."
Comme le témoignent les propos ci-dessus, l'exploitation artisanale clandestine de
l'or occupent de nombreux jeunes et constituent pour eux aujourd'hui la principale, voire
l'unique source de revenu
D’un troisième abord, notons le développement des activités commerciales dans la
zone d'orpaillage.
Le développement de l'exploitation artisanale clandestine de l'or dans le Yaourè est
allé de pair avec celui de nombreux besoins dont la recherche de satisfaction a eu pour
effet premier le développement des activités commerciales dans les villages et sur les sites
d'orpaillage; ces besoins sont essentiellement ceux de nourriture et de matériels de travail.
Le commerce des denrées alimentaires, notamment la restauration populaire,
semble être florissant dans les villages du Yaourè et sur les sites d'orpaillage; en effet, la
présence de nombreux individus attirés par la fièvre de l'or et se déplaçant généralement
seuls a pour corollaire le développement des besoins en nourriture; les nombreuses

22
gargotes présentes sur les sites d'orpaillage et dans les villages essayent de satisfaire cette
forte demande de nourriture. L'exploitation artisanale clandestine de l'or a aussi permis
l'ouverture de fabriques, de boutiques et d'ateliers de réparation d'outils et matériels de
travail des orpailleurs (bèches, pelles, pics, pioches, marteaux, pièces métalliques diverses,
bouteilles de gaz sciées, motopompes, torches, lampes tempête, poulie, cordes,
concasseurs) qui constituent à ce jour les sources de revenu de nombreuses chefs de
familles. Les informations ci-dessus montrent que l'exploitation artisanale clandestine de
l'or, du fait du développement du commerce et de l'artisanat qu'elle engendre, donne une
certaine vitalité à l'économie locale. Les impacts positifs de l'exploitation artisanale
clandestine de l'or ne peuvent toutefois occulter les effets négatifs de cette activité.

2.2. L’orpaillage en Afrique de l’ouest

Depuis des siècles, l’Afrique de l’Ouest fait partie des régions productrices d’or les
plus connues dans le monde. Les richesses de Mansa Musa, l’empereur du Mali au
XIVe siècle, étaient si considérables qu’il a tristement ruiné le marché de l’or du Moyen-
Orient et de l’Afrique du Nord pendant une décennie, après avoir charitablement distribué
de l’or tout au long de son pèlerinage à La Mecque, par voie de terre, en 1324.
Aujourd’hui, la région demeure une source d’or importante, le Ghana faisant partie des dix
principaux producteurs industriels du monde10, et les trois pays dont traite ce rapport, la
Côte d’Ivoire, le Mali et le Burkina Faso, se classant aussi parmi les 15 plus importants
producteurs africains. Les sites de l’orpaillage clandestin en disent long au point de vue de
leur nombre très élevé. L’orpaillage sévit à peu près partout dans le monde que ce soit
l’occident, que ce soit l’Afrique.

Tous, voient l’orpaillage clandestin grandir au fur et à mesure sans pouvoir rien y
faire.

23
2.2.1. Au Burkina Faso

Le Burkina Faso exploite l’or de façon tant artisanale qu’industrielle depuis les
années 1960. La production était faible, n’excédant jamais deux tonnes par année entre
1985 et 200721, jusqu’en 2008 lorsque l’exploitation de l’or s’est fortement intensifiée. En
2013, la production atteignait 38,3 tonnes, dont 465 kg provenaient prétendument de
mines artisanales22.
Depuis 2009, l’or est le principal produit d’exportation du Burkina Faso23. La
contribution de l’or de l’EMAPE à l’économie burkinabée est considérable.
Une étude estime que le secteur artisanal de l’or avait généré près de 82 milliards F
CFA24 (plus de 139 460 440 $ US) par année en revenus directs et indirects depuis 2008, ce
qui équivaudrait à 2,3 % du PIB nominal25 du pays.
Les estimations gouvernementales du nombre de mineurs sont imprécises, allant
d’environ 200 000 en 2003 à environ 2 millions en 201426.
Malgré cela, l’or de l’EMAPE est loin de former un secteur officiel et
convenablement réglementé; les fonctionnaires évaluent le nombre des sites miniers à
environ 600, dont seulement 261 avaient un permis d’exploitation artisanale27. Les
données officielles relatives à la production et à l’exportation sont bien en deçà de la
réalité.
Les fonctionnaires admettent volontiers qu’ils exercent une surveillance ou un
contrôle minimal sur le secteur et que la majorité de la production quitte le pays par des
voies illicites. Une étude réalisée par le Bureau des recherches géologiques et minières
(BRGM) de France corrobore cette évaluation, concluant que 90 % de la production
artisanale d’or n’est pas déclarée officiellement28. Il est difficile de quantifier les pertes.
En 2014, la production artisanale d’or enregistrée par le ministère de l’Énergie, des Mines

21
« Expansion du secteur minier et développement durable au Burkina Faso : cas de l’exploitation aurifère »,
Ouagadougou : Conseil économique et social, 2012, p. 4; Rapport provisoire, Ouagadougou : Direction
générale des Mines et de la Géologie, 2014.
22
Ibidem
23
« Stratégie de communication du ministère des Mines et de l’Énergie : volet mines », Ouagadougou :
ministère de l’Énergie, des Mines et des Carrières, 2014, p. 9.
24
Franc de la Communauté financière africaine.
25
Analyse économique du secteur des mines — liens pauvreté et environnement. Consortium SBA-Ecosys-
CEDRES, ministère de l’Environnement et du Cadre de vie (MECV), Projet Initiative Pauvreté-
Environnement (IPE), 2011, p. 48,www.unpei.org/sites/default/files/dmdocuments/Burkina%20Faso%20-
%20Evaluation%20economique%20-%20 Mining%20sector.pdf
26
Ministère des Mines et de l’Énergie, entrevue avec PAC, Ouagadougou, Burkina Faso, 17 février 2015.
27
Idem
28
Eric Jaques, Blaise Zida, Mario Billa, Catherine Greffié and J.F. Thomassin, Artisanal and small-Scale
mines in Burkina Faso: Today and Tomorrow (2006). Working paper of Bureau de Recherches Geologiques
et Minières

24
et des Carrières s’élevait à 208 kg, bien que les fonctionnaires chiffrent les exportations
réelles à entre 3 et 10 tonnes par année29
De cette vue d’ensemble, il ressort plusieurs réalités partagées : les gouvernements
n’ont pas une solide présence dans ce secteur ni une nette compréhension de la production,
du nombre de mineurs artisans ou de la manière d’officialiser le secteur artisanal de l’or.
L’or de l’EMAPE ne fait l’objet d’aucune traçabilité, bien que les statistiques officielles du
Mali, qui font état de 20,4 tonnes en 2013. Ce qui représente de façon peu convaincante la
moitié de la production d’or totale du pays, démontrent qu’il est le pôle d’attraction
régional pour l’or provenant d’autres pays. La taille du secteur, tout en étant plus petite que
celle de la production industrielle, est tout de même significative pour ce qui est de
l’emploi et de la perte de recettes gouvernementales. Malgré le fait que les trois pays
partagent un même taux de taxation (3 %), les acheteurs et les exportateurs d’or de
l’EMAPE de la région ont encore des façons de contourner des contrôles officiels.
2.2.2. En côte d’ivoire

Le développement de l’activité d’orpaillage en Côte d’Ivoire est relativement récent


comparativement aux autres pays de la sousrégion (Mali, Burkina Faso, Ghana, etc.).
Autrefois pays essentiellement agricole, la Côte d’Ivoire depuis 2011, a entamé la
valorisation réelle de ses ressources minières. Cette volonté politique s’est traduite par
l’adoption en 2014 d’un nouveau code minier, faisant de ce secteur le deuxième pilier de
l’économie nationale en seulement trois années. Sur la période 2015-2017, les
investissements réalisés dans le secteur minier en Côte d’Ivoire ont été estimés à 303
milliards de Franc CFA, avec un chiffre d’affaires, sur la même période, passé de 385,4 à
539,07 milliards de Franc CFA (Ministère des Mines et de la Géologie, 2018). Avec de tels
investissements, le secteur minier est devenu l’un des principaux moteurs du
développement économique par l’augmentation des recettes fiscales, la croissance du PIB
(Produit Intérieur Brut), les possibilités d’emplois et le développement des infrastructures.

Au regard de ces avantages, l’activité minière en général et l’extraction de l’or en


particulier fait des zones aurifères, des lieux d’affluence de populations désœuvrées
d’origines diverses qui y viennent pour exploiter de manière artisanale cette ressource. En
2014, selon les statistiques du gouvernement ivoirien sur l’orpaillage, cette activité touche
24 des 31régions que compte le pays dont celle du Tonpki où se trouve la mine d’or d’Ity

29
Ministère des Mines et de l’Énergie, entrevue avec PAC, Ouagadougou, Burkina Faso, 17 février 2015.

25
et attire plus de 500 d’orpaillage devenues une réalité incontournable, une occupation
économique au même titre que l'agriculture. Pourtant, cette activité transforme
irréversiblement le paysage, modifie le relief et l’accessibilité des zones soumises à
exploitation30. Elle engendre la dégradation désastreuse du cadre général de vie.
Devant une telle situation, l’on s’interroge sur les types de modifications
environnementales associées à l’orpaillage dans la zone aurifère d’Ity 000 personnes.
Ainsi, dans la proche périphérie de cette zone aurifère, se développent d’intenses activités
d’orpaillage devenues une réalité incontournable, une occupation économique au même
titre que l'agriculture.
En Côte d’Ivoire, le secteur de l’or a affiché une croissance au cours des dernières
années, les exportations industrielles étant passées de 4,2 tonnes en 2008 à 10,4 tonnes en
20131. Le pays reste toutefois un producteur moyen, comparativement au Ghana qui
dispose, à quelques différences près, des mêmes réserves que la Côte d’Ivoire. La
production annuelle de la Côte d’Ivoire est estimée à 40 tonnes contre 76 tonnes pour le
Ghana. En 2010, la Côte d’Ivoire était le vingtième producteur aurifère au monde et le
cinquième en ordre d’importance sur le continent africain après l’Afrique du Sud, le
Ghana, le Mali et le Burkina Faso.
Le secteur de l’or de la Côte d’Ivoire a affiché une croissance au cours des
dernières années, les exportations industrielles ayant passé de 4,2 tonnes en 2008 à
10,4 tonnes en 201331.
En outre, une série de politiques favorables aux investisseurs a attiré l’attention de
sociétés d’exploitation minière de l’or établies telles que Randgold32 dont le PDG croit que
le pays est le nouvel eldorado de l’or et qu’il pourrait même dépasser un jour les résultats
du Ghana33. Toutefois, le passé est toujours bien présent dans le secteur de l’or artisanal de
la Côte d’Ivoire et il explique en grande partie les dynamiques actuelles, à la fois dans le
pays et à l’échelle régionale.
L’exploitation minière de l’or n’a réellement débuté sérieusement qu’au cours de la
guerre civile qui a éclaté en 2003. Durant la crise de près d’une décennie qui s’est ensuivie,
la moitié nord du pays échappait au contrôle du gouvernement central à Abidjan, ce qui
30
Rapport final BRGM, 2008, p. 57
31
“2012 Minerals Yearbook, Côte d’Ivoire [Advance Release] ». U.S. Geological Survey, 2012,
minerals.usgs.gov/minerals/pubs/country/2012/myb3-2012-iv.pdf.
32
Cecilia Jamasmie, « Randgold hoping for major discovery in Ivory Coast », Mining.com, 3 juillet 2014.
www.mining.com/randgold-hoping-for-major-discovery-in-ivory-coast-27539.
33
Tamasin Ford, « Ivory Coast joins the African gold rush – but it’s no quick fix for the economy », The
Guardian , 10 février 2014, www.theguardian.com/global-development/poverty-matters/2014/feb/10/ivory-
coast-joins- africa-gold-rush-economy

26
laissait l’exploitation et le commerce de l’or entièrement dans la sphère illicite et aux
mains des Forces nouvelles, le principal groupe rebelle.
Depuis la fin des hostilités, la production artisanale s’est fortement intensifiée.
Bien que le ministère de l’Industrie et des Mines ne possède pas d’estimations fiables de la
production artisanale23, l’or provenant de l’EMAPE dépasse actuellement les résultats des
secteurs de la pêche et de l’agriculture, et a causé l’arrivée massive de mineurs et de
négociants du Mali et du Burkina Faso.

27
DEUXIEME PARTIE : REPRESENTATION ROMANESQUE ET FILMIQUE
DANS LE CORPUS (ANALYSE DU CORPUS)

28
Comment saisir la quintessence de la problématique de l’orpaillage clandestin dans
l’imaginaire mondial dans notre corpus ? Telle est la préoccupation majeure qui servira de
fil conducteur dans cette partie de notre travail.
Le premier chapitre prendra en compte une étude des personnages et de l’espace sous un
point de vue narratologique en vue de mieux maitriser primo, le corpus sous plusieurs
angles; à savoir une maitrise parfaite des personnages principaux, secondaires et
comparses. Et savoir les raisons pour lesquelles, l’orpaillage clandestin est un fléau
grandissant.
Le second chapitre, lui, prendra en compte la mise en exergue des procédés de l’analyse
filmique. Pour ce faire, il sera fait une analyse technique du film Ruée vers l’or et en
second lieu, une interprétation des séquences.

29
CHAPITRE 3 : PERSONNAGES ET ESPACES DANS LE ROMAN

Dans cette partie, il sera question de faire une analyse narratologique du roman.
Pour ce faire, une étude de personnage et de l’espace s’avère nécessaire voire utile.
L’étude du personnage qui vise à maitriser les différents personnages fera l’ossature de la
première partie du chapitre.
Quant à l’étude de l’espace, elle s’avère utile car les griffes de l’orpaillage clandestin
présentent un espace propice à l’orpaillage clandestin. Pour donc comprendre cela, il faut
s’intéresser à l’étude de l’espace. Cette étude prendra en compte de la deuxième partie de
notre chapitre.
3.1. L’étude du personnage

La narratologie propose une analyse des personnages qui a servi de


référence à la sémiotique.
En effet, pour la narratologie l’étude des personnages doit être réalisée, en quatre
points que sont : une classification des personnages, une identification du personnage, une
analyse du réseau relationnel et enfin par un schéma des actions.
La classification des personnages permet de distinguer la hiérarchie des
personnages. C'est-à-dire que l'inventaire des personnages détermine le ou les
personnages principaux, le ou les personnages secondaires, et le ou les
comparses.
Cette classification est faite au moyen de quatre critères rappelant les
actions menées et les informations données sur les personnages.
Ce classement se réalise en procédant par élimination.
Le personnage principal est ainsi celui qui, premièrement, mène l'action principale,
deuxièmement, celui qui agit le plus et dont le narrateur et les autres
personnages parlent le plus; troisièmement, il est celui qui est au début et à la fin de
l’ouvrage et quatrièmement, a une action plus ou moins positive. Il remplit les quatre
critères.
Le personnage secondaire est celui qui tient un rôle passif, qui concourt
à la réalisation de l'action principale, qui agit moins que le personnage
principal et dont les informations données sur lui par le narrateur et les autres personnages
sont moins importantes que celles du personnage principal. Il remplit trois critères.

30
Et enfin, le comparse est celui qui est à peine évoqué dans le
déroulement actionnel, et dont le narrateur ainsi que les autres
personnages parlent si peu que l'on ne peut utiliser valablement les
informations données pour en faire un quelconque portrait.
Une fois la classification faite, il s'agit de procéder à l'analyse du
personnage, pour l'identifier, c'est l'identification.
Dans ce cas, il faut réaliser le portrait physique, moral, comportemental du personnage
sans oublier son statut social.
Autant d’éléments qui révèlent l’identité du personnage. Cette identification du
personnage est complétée par l'étude du réseau relationnel du personnage.
C'est dire qu'il s'agit de reconnaître les différents rapports existants entre les
personnages.
Ces rapports, conflictuels, amicaux, affectueux, méfiants etc. peuvent prendre
autant de forme qu’il en existe.
Et enfin, pour terminer l'étude du personnage, le schéma des actions
s'impose.
Dans ce travail de recherche, nous allons mettre en exergue la condition sociale
des personnages dans un premier temps et dans un second temps, faire l’étude du
personnage principal
3.1.1. La condition sociale des personnages

Plus d‘un ont semé la graine pour trouver une définition claire et plausible pour la
notion de « condition sociale ». celle-ci, du point de vue de sa relativité rend la tâche
complexe au point où nous convoquerons plusieurs définitions pour mieux la cerner.
L’expression « condition sociale » comporte d'abord un aspect objectif. Le rang, la
place ou le traitement réservé à une personne dans sa communauté varie en fonction de son
occupation, de son revenu, de son niveau d'instruction ou encore des circonstances
entourant sa naissance :

« L'expression comporte également un élément subjectif qui est associé,


essentiellement, aux perceptions générées par ces éléments objectifs. La partie
demanderesse n'est pas obligée de démontrer que chacun de ces éléments a joué contre
elle lors des événements en litige. Elle aura plutôt à démontrer qu'un ou plusieurs de
ces éléments ont pour effet de l'associer à un groupe de personnes socialement
identifiables et qu'elle a subi, de ce fait, le traitement différent contesté »34

34
Québec (Comm. des droits de la personne) c. Gauthier (1993), 19 C.H.R.R. D/313 [Sommaire français

31
La pauvreté est à la source de graves désavantages matériels, sociaux et politiques dans la
société canadienne. Les personnes qui sont pauvres font l’objet de stéréotypes, de préjugés
et de discrimination dans tous les aspects de la vie, y compris l’emploi, l’accès aux biens et
aux services, et le logement. Cependant, ces désavantages systémiques qu’entraîne la
pauvreté ne sont pas reconnus de manière explicite dans la plupart des lois canadiennes qui
visent à combattre la discrimination.

Pour les pauvres, les stéréotypes négatifs et la stigmatisation sociale sont une réalité
constante : dans les médias populaires, dans leurs rapports avec les propriétaires, les
établissements financiers, les directions d’école, le personnel des magasins et les
vendeurs, les voisins et les étrangers, les organismes de bien-être social, les autres
fonctionnaires du gouvernement et avec le système juridique35
Par condition sociale, nous entendons au sens le plus large du terme est la situation d’un
individu dans une communauté par rapport aux autres membres de cette communauté.

L’œuvre les griffes de l’orpaillage clandestin traduit indubitablement la notion de


condition sociale. Elle est une sorte de miroir des faits sociaux et les met en exergue. Les
personnages dans cette œuvre sont pauvres en majeure partie.
Le terme pauvreté renvoie à un état ou une condition d’une personne qui manque de
ressources, de moyens matériels pour mener une vie décente. Elle renvoie au champ lexical
de la misère. En effet, la pauvreté fait ainsi davantage référence aux situations d’inégalités
économiques et politiques entre individus et sociétés. Par ailleurs, la pauvreté peut se
manifester de manière multiple : par la faiblesse ou l’absence d’un revenu, par un logement
précaire, par une mauvaise santé, par une éducation insuffisante et par la sous-alimentation
ou un environnement dégradé. Ces facteurs varient d’une région à une autre, d’un groupe
de personnes à d’autres, ce qui complexifie la quantification du phénomène, néanmoins il
est clair que la pauvreté est multidimensionnelle. A cet effet, toutes les organisations
internationales sont d’accord aujourd’hui pour affirmer que la pauvreté ne doit pas être
réduite à son expression monétaire autrement dit, la pauvreté exprimée en fonction de
l’insuffisance de ressources économiques pour vivre décemment. Et donc la pauvreté n’est
pas une condition universelle, sa définition s’attache aux différentes caractéristiques qui la
composent.
Et donc, il est important de noter :
« Depuis notre tendre jeunesse, nous aimons jouer au football. Au village, Mala est le
seul enfant qui possède un ballon. Nous percevons ce jouet comme un luxe(…) Pour
nous remettre la balle de son fils, afin de nous autoriser une partie de jeu, il nous

35
Constitutional Contact with the Disparities in the World, supra, note 9, p. 94

32
soumet à des tâches domestiques : enlever les mauvaises herbes de sa cour, laver son
vélo ou ramasser du gravier pour sa vieille baignoire. Nous exécutons ces besognes
avec joie et détermination juste pour disposer du jouet36

Dans cet extrait de texte, nous constatons une précarité sociale des enfants du
village. Parce que leurs parents respectifs n’arrivent pas à leur offrir les
divertissements dont l’enfant, à un certain, a besoin.
Pour donc se divertir, ils sont obligés d’effectuer certaines corvées relevant
plus ou moins esclavagistes.
Plus loin, dans nos propos, n’omettons pas de citer : « la rentrée des classes
constitue une période d’angoisse pour les parents. Après avoir acheté les fournitures
et payé les frais de scolarité de son enfant, tout père doit lui trouver un tuteur à
Kazouégui »37.
C’est une mise en relief des réalités économiques à caractère exécrable des
parents d’enfants. Les charges qui pèsent à la rentrée scolaires paraissent tellement
lourdes pour les parents peu riches.
En effet, qui dit ‘’rentrée scolaire’’ dit ‘’grosses dépenses’’. La condition
sociale des parents de Mintoka, de Katomin, de leurs parents sont si exécrables au
point où les rentrées deviennent des périodes d’angoisse.
Pour renchérir nos propos, « la rentrée des classes qui fait la joie des écoliers
constitue des moments de stress pour les parents. Elle coïncide avec le temps des
grandes pluies. A cette période de l’année, les vivres et l’argent sont rares »38
Comment donc ne pas se tourner vers l’orpaillage clandestin ?

Mintoka lui a choisi le chemin de l’orpaillage clandestin pour se faire de l’argent


rapidement.

3.1.2. L’étude du personnage principal

Le personnage principal est celui qui, premièrement, mène l'action principale,


deuxièmement, celui qui agit le plus et dont le narrateur et les autres personnages parlent le
plus; troisièmement, il est celui qui est au début et à la fin de l'ouvrage et quatrièmement, a
une action plus ou moins positive. Le personnage principal est donc celui qui remplit les
quatre critères précités.

36
Mah KOB’A, les griffes de l’orpaillage clandestin, p 14-15
37
Mah KOB’A, Op.cit, P 20
38
Idem, P 11

33
Le personnage principal est Mintoka dans la mesure où d’un premier abord, c’est son
histoire qui est conter dans l’œuvre qui nous sert de corpus. A titre d’exemple, nous
citons :
« Toutefois, je garde toujours dans le puits de mes souvenirs, l’histoire de Mintoka, le
fils de Maka, le chef du village. Parmi les enfants, Mintoka est mon meilleur
compagnon, je le considère comme un frère. L’évocation de son nom fait penser à une
étape de l’évolution de Yitiba. Telle une trainée de poudre, l’histoire de Mintoka se
propagea dans les villages. La population en est tellement marquée qu’elle s’en
souvient encore. De nos jours, elle continue d’alimenter les conversations des
hommes, des femmes et des jeunes. Chacun en tire sa conclusion, devenant ainsi une
source de morale »39

Mintoka est donc le héros de notre corpus Les griffes de l’orpaillage clandestin.
Sur le plan physique, notons d’abord que c’est le fait d’evoquer l’age de la personne
(adolescent, jeune, vieux) puis la taille (courtaud, trapu, haut) ensuite la masse
(mince, gros, ventru, obèse, corpulent) et enfin l’attitude (leste, souple, gracieux,
prompt).
Dans cette œuvre, les précisions ne sont pas données au niveau de la taille, ni de
la masse, cependant, beaucoup d’aspects laissent à apprendre beaucoup sur Mintoka.
Mintoka dans l’œuvre évolue. Il est d’abord un enfant. En guise d’illustration
notons : « Mintoka est un garçon taciturne. Il me fait savoir sa volonté de visiter la
Belgique ou la France, pays dont il ne connait les noms grâce aux cours d’Histoire et
de Géographie. Nous sommes tous, au cours moyen deux à l’école primaire publique
du village. J’ai douze ans et lui, quatorze »40
Poussés plus loin dans l’étude que nous faisons du personnage principal, nous
retenons indéniablement que Mintoka évolue, de petit garçon de quatorze ans au
Cours Moyen Deux, il grandit, obtient son entrée en sixième, en cinquième et en
quatrième. L’exemple probant est : « Pendant que je suis en classe de quatrième (…)
Mintoka est mon voisin »41.
Sur le plan comportemental, notons d’abord que plusieurs modèles théoriques
tentent d’expliquer les déterminants liés aux changements de comportement.
En effet, selon la théorie du comportement planifié, pour qu’un changement de
comportement ait lieu, la personne concernée doit penser que les avantages à
modifier son comportement dépassent les désavantages à conserver à conserver le
statu quo, à avoir l’intention de changer de comportement, à croire en sa capacité de

39
Mah KOB’A, Op.cit., P 9
40
Idem., P14
41
Idem, P 23

34
changer (confiance en soi et peu de contraintes environnemental et ressentir une
pression qui encourage le changement (norme sociale défavorable).
C’est ce à quoi nous assistons tout au long de la narration de cette œuvre.
Mintoka dans son évolution, est d’abord une personne plutôt timide, qui ne
demandait qu’à réaliser ses rêves de visiter la Belgique. En guise d’illustration de sa
timidité, citons : « Mintoka est un garçon taciturne. Il me fait savoir sa volonté de
visiter la Belgique ou la France, pays dont il ne connait les noms grâce aux cours
d’Histoire et de Géographie. »42.
En outre, le comportement de Mintoka pris un autre sens lorsqu’il a commencé à
faire de l’orpaillage clandestin. Cet enfant, qui voulant réaliser ses rêves enfouis dans
son esprit tout en étant timide au début, a commencé à murir et à faire des choses
auxquels on ne pouvait s’attendre.
L’orpaillage clandestin donne de l’argent facilement, rapidement. Il est important
de noter avant de continuer que « un matin, il me présente plusieurs billets de banque
mal rangés et un téléphone portable neuf. « je l’ai acheté hier », me dit-il, en
déposant l’appareil à Android sur le table banc »43. On ne constate ici que l’argent
gagné grâce à l’orpaillage clandestin fait ressortir progressivement les désirs et
envies de celui qui est orpailleur.
Le comportement de Mintoka a certes pris un coup mais il demeure le même, liée
à ses valeurs intrinsèques, aux valeurs que lui a inculquées son village. Cela est
perceptible à travers ceci : « Mintoka qui a oublié de ranger son appareil, jette un
coup d’œil furtif avant de le glisser dans le casier du table-banc. »44.
Il range son téléphone à l’approche du professeur qui venait de rentrer dans la
salle. Une manière de ne pas attirer le regard du professeur sur lui, car toujours
timide.
Ample explications nous sont données tout au long de l’œuvre de cet état de
timidité dont Mintoka fait preuve malgré l’argent de l’orpaillage clandestin.
« La salle est silencieuse, le bruit strident du morceau de craie se fait ostensiblement
entendre. Un téléphone se met à sonner. Le professeur se retourne et survole toutes les
rangées d’un regard noir. Tous les élèves se regardent, cherchant le coupable. Ayant
précisément éteint l’appareil, Mintoka me fixe comme s’il exprime sa culpabilité. »

42
Mah KOB’A, Op.cit., P 23
43
Idem, P 23-24
44
Ibidem

35
Mintoka est resté timide avec toujours des valeurs morales qui tendent vers celles
de son enfance. Cependant ne dit-on pas que plus, on dure dans un monde, on finit
par s’attacher à ce monde, à adopter le caractère de ce monde ?

Mintoka a changé, son environnement agit négativement sur lui. L’orpaillage


clandestin est un phénomène dangereux, néfaste qui présente de nombreux dangers,
méfaits. Le changement de comportement de façon négative n’est pas une chose qui
s’en dérobe à titre d’exemples, citons :

« Les semaines suivantes, Mintoka qui s’est fait de nouveaux amis au sein de l’école,
est venu rarement aux cours. La présence de Kayalé Hervé à ses côtés, m’inquiète.
Surnommé ‘’Vetcho’’, Kayalé reprend la classe de troisième pour insuffisance de
résultat. A l’école, comme en ville, beaucoup d’élèves préfèrent l’éviter. Je l’aperçois
parfois avec Mintoka devant des cybercafés. ‘’Cinq Carrefours’’, l’un des bars les plus
proches du collège est leur lieu de prédilection. Au fur et à mesure que le temps passe,
Mintoka s’éloigne de moi. Son attitude m’intrigue énormément. »45

Ici, l’auteur en parle. Mintoka sombre de plus en plus du côté obscure de la vie. Il
s’adonne à ce que nous pourrions appeler les vices. Et plus, il a des amis alcooliques,
plus il sombre. Un autre exemple vient illustrer nos propos. Ceci dit :

« Un soir, pendant que je me rends à l’autre bout du village pour saluer ma grand-
mère, Mintoka me hèle. Assis, devant ‘’Lan Waa Sou’’, il est en compagnie de
plusieurs personnes. Je reconnais Kaminsan, plus connu sous le nom de ‘’Leghen’’.
Kaminsan a passé une longue période à la capitale et vit de menus contrats à la zone
industrielle et du jeu de loterie. Ne pouvant plus supporter les difficultés, il est rentré
au village pour se faire un peu d’argent, afin de retourner en ville. Chaque jour, il
passe des heures au ‘’farot’’(…) assis sur un vieux casier de bière, il me présente son
verre en guise d’invitation, « non, merci. Je ne bois pas d’alcool. Et d’ailleurs, je suis
élève », lui dis-je, poliment.
- Ah, je vois ! pour le moment, tu es en congé. Tu peux gouter, ajoute-t-il, dans un
sourire dévoilant ses dents jaunâtres. Je le regarde sans prononcer un mot.
Je suis abasourdi par les propos de cet homme qui a l’âge d’un père de famille.
Mintoka qui a fini de lire un message sur son téléphone portable, me fait de la place,
avant de vider son verre. Leghen appelle la serveuse. Vêtue d’une jupette souple et
d’un teeshirt bleu sans col, la fille doit avoir seize ans. Elle dépose quatre bières et
s’éloigne. Leghen et Mintoka sont constamment ensemble. Quels conseils cet
alcoolique peut-il lui prodiguer ? C’est une relation contre-nature car ils n’ont pas les
mêmes centres d’intérêts. Quand je les vois, l’inquiétude m’envahit pour Mintoka,
mon ami. »46

Dans cet extrait de texte, il en ressort le caractère néfaste de l’orpaillage


clandestin. Mintoka qui dans son enfance était fidèle à ses valeurs, aux valeurs que
lui ont inculqué son village, ses parents, est devenu bien plus que la normale.

45
Mah KOB’A, Op.cit., P 26-27
46
Idem, P 59-60

36
Mintoka avec ses nouveaux amis, s’adonnent à un monde de perdition. L’alcool, les
maquis et buvettes sont les ensembles de définitions de Mintoka.
Les conséquences de l’argent facile sont pour la plus part du temps toutes
pareilles. Mintoka ne s’est pas dérobé à l’aile de ce phénomène. Car sa nouvelle
compagnie comme l’indique les propos susmentionnés, fait sombrer Mintoka dans
les dérives de la boisson, de l’alcoolisme. De ce qui se voit dans la société, les sites
d’orpaillages sont un lieu de perdition. La prostitution séjourne, le vol, l’insécurité y
trouvent refuges.
Mintoka s’en est laissé aller. L’orpaillage clandestin a eu raison de lui.
Nous poursuivons le portrait du personnage par l'étude du réseau relationnel du
personnage. Par l’étude du réseau relationnel, il faut entendre l’analyse qui permet de
reconnaître les différents rapports existants entre les personnages dans l’œuvre. Leurs
différents rapports, qu’ils soient conflictuels, amicaux, affectueux, méfiants, etc. ces
rapports peuvent prendre autant de forme qu'il en existe à tel ou tel moment de
l’œuvre.
Dans le cas de notre support, l’étude du réseau relationnel, pour respecter une
certaine linéarité et être cohérente, va s’appuyer sur le personnage principal. Ainsi, c’est du
réseau relationnel de Mintoka qu’il s’agira.
Dans un premier temps, abordons ses relations avec le personnage secondaire
Katomin. Les premières informations sur leurs relations sont données par Katomin :
« Comme tous les enfants du monde, j’ai des amis. Mintoka, le fils du chef du village
est mon meilleur compagnon. Dès l’enfance, nous avons tissé plus qu’une amitié, une
fraternité. Nous avons entretenus cette relation jusqu’au Collège moderne de
Kazouégui, l’unique établissement secondaire public de la commune. Tout petits, nous
avons nourri la même ambition : devenir fonctionnaires pour aider nos parents (…) Il
m’arrive parfois d’expliquer mon rêve à Mintoka. Enseigner à l’université. Nous
passions du temps à parler de tout et de rien. Mintoka est un garçon taciturne. Il me
fait savoir sa volonté de visiter la Belgique ou la France, pays dont il connaît les noms
grâce aux cours d’Histoire et de Géographie. Nous sommes tous au cours moyen deux,
à l’école primaire publique du village. J’ai douze ans, et lui, quatorze. »47
Il s’agit d’une relation amicale très forte entre les deux enfants à l’école primaire, ils
sont mutuellement ouvert l’un à l’autre, se font confiance et partagent ensemble leurs
aspirations.
Un peu plus loin, ils sont maintenant au collège et cette relation amicale forte,
consolidée depuis le primaire commence à battre de l’aile :

47
Mah KOB’A, Op.cit., P13-14

37
« Quelques fois, les conseils de ces deux hommes qui ne se connaissent pas me font
penser aux relations qui me lient à Mintoka. Plus le temps passe, plus la distance qui
me sépare de lui s’agrandit. Pourtant, nous sommes du même village. Par ailleurs, plus
qu’un ami, c’est un aîné. Je suis confronté à un dilemme : rompre notre amitié ou
informer ses parents pour son manque d’intérêt pour les études. »48

De cet extrait, il faut retenir que Mintoka, devenu orpailleur clandestin se sépare petit
à petit de son ami d’enfance et rejoint un nouveau cercle d’amis, détruisant ainsi cette
relation amicale qui a commencé depuis le village au profit d’inconnus. Cette séparation
est endurée difficilement par Katomin qui ne s’y attendait pas.
Mais à la fin de l’histoire, il faut retenir que la relation entre les deux personnages a
certes connu des moments sombres mais s’est terminée en beauté. « Comme toute relation
humaine, notre amitié a connu des moments d’incompréhension de gaieté. Pendant cette
période, Mintoka était obsédé par l’argent de l’orpaillage clandestin. Il s’était offert tout ce
que son cœur désirait. »49

En dépit de tout ce que faisait Mintoka, le souhait de Katomin était de renouer leurs
liens. Pendant que Mintoka s’écartait, lui faisait tout pour les rabibocher.
A l’étude des relations de Katomin avec le personnage secondaire s’ajoute celle avec les
autres personnages. Il s’agit des membres de sa famille, de ses amis orpailleurs et des
autres personnes qu’il a pu éventuellement côtoyer
Avec sa famille Mintoka a toujours gardé les mêmes rapports de l’enfance à la
jeunesse.

« Ses parents sont au courant de sa vie d’orpailleur clandestin (…) J’éprouve de la


haine pour sa mère. Pourquoi ne dissuade-t-elle pas son fils ? Elle n’imagine pas les
sentiments de désarroi, de peur et de mécontentement qui foisonnent dans mon
cœur. »50

De ce passage il faut retenir que le personnage principal Mintoka, même dans sa vie
d’orpailleur clandestin est soutenu par ses parents qui le couvrent en admettant même qu’il
sèche les cours pour aller au farot.
Ces rapports sont restés les mêmes jusqu’à la fin de l’œuvre. Ils l’ont toujours
soutenu, dans tous moments de sa vie et cela est même justifié dans le passage où il venait
d’avoir son accident :

48
Mah KOB’A, Op.cit., P28
49
Idem, P 116
50
Idem, P 45

38
« Il est seize heures quand Maka arrive à l’hôpital, accompagné de quelques notables.
Il trouve sa femme et plusieurs personnes assises sous le flamboyant. Un homme sort
de la salle. C’est Docteur Lokao. Il demande à la famille de se rendre dans son
bureau »

Ici, on constate que sa mère et son père ont répondu présents lorsque Mintoka
traversait les moments les plus difficiles. Il était là pour sa famille et sa famille était aussi
là pour lui.
Concernant sa relation avec les autres personnages les détails donnés sont peu
nombreux, il s’agit de personnes rencontrées dans le cours de son évolution et qui ont eu
certain impact sur lui sans toutefois faire partie de sa vie en tant que tel. On peut citer à cet
effet « Kalayé Hervé » et ses amis orpailleurs avec qui il a passé des moments pendant
qu’il vivait sa vie d’orpailleur clandestin.

3.2. L’étude de l’espace

Le traitement de l'espace par la narratologie est totalement différent de celui de la


sémiotique.
Pour la narratologie, l'espace est analysé en fonction de la dynamique des actions.
Les éléments qui constituent l'espace sont d'abord inventoriés.
Puis, l'analyse tient compte des déplacements des actants pendant les actions
menées, dans ces espaces. Il s'agit alors de déterminer les mouvements des actants,
mouvements donnant lieu à un schéma des trajectoires.
Par la suite, à partir de ces deux éléments que sont l'inventaire et le parcours des
actants, l'analyse qualifie et détermine ces différents espaces relevés.
Ces qualifications et déterminations sont données relativement à la nature de
l'occupation de l'espace par les actants et de la dynamique du déplacement des actants.
De ce fait, l'espace peut être dit ouvert, fermé sur d'autres espaces ; carcéral
symbolisant la prison; dynamique, a-dynamique pour signifier les actions, euphorique,
dysphorique pour indiquer l'état d'esprit des actants, et ainsi de suite.
Outre cela, l'analyse de l'espace peut tenir compte du narrateur et de la focalisation.
Ainsi, un espace dynamique pourra être perçu en focalisation interne ou externe, par un
narrateur homodiégétique, hétérodiégétique ou omniscient.
En sémiotique narrative, l'espace est étudié dans une perspective discursive et
narrative. Dans l'approche discursive, l'espace est analysé sur le mode de la localisation

39
spatiale. Cette procédure définit l'espace à l'aide des notions de débrayage et embrayage
spatiaux corrélées aux déictiques spatiaux.
Dans la perspective narrative, l'espace est déterminé en fonction du déroulement
des actions et donc en fonction de l'acquisition de l'objet-valeur. L'espace sera subdivisé,
selon les quatre phases du programme narratif, en espaces de l'épreuve qualifiante, de
l'épreuve décisive ou de l'épreuve glorifiante. L'espace de l'épreuve qualifiante est celui de
l'acquisition de la compétence ; l'espace de l'épreuve décisive est celui de la performance et
l'espace de l'épreuve glorifiante est celui de la sanction. Toutes ces distinctions énoncées
plus haut confirment les dissemblances entre les méthodes. Cependant, la question de la
temporalité vient atténuer ces différences.
L'objet de notre réflexion théorique est la narrativisation de l'espace dans le roman,
c'est-à-dire l'inscription de l'espace dans le récit, par la narration. On sait que, de façon
générale, la perception de l'espace a par ailleurs beaucoup à voir avec l'imaginaire, tout
comme l'écriture, et tout spécialement l'écriture romanesque. Cependant, l'espace qui
retient notre attention est d'ordre topologique et même topographique. Toute action
racontée est obligatoirement située dans un espace qui lui est propre.
La perspective selon laquelle l'espace est ici considéré, il est utile de le répéter, est
celle de son inscription dans le récit par la narration. Notre approche est narratologique,
considérant essentiellement le traitement de l'espace comme générateur d'une forme
narrative productrice de sens, et elle se démarque très nettement des modèles sémiotiques
connus, la sémiotique topologique proposée par A. J. Greimas51 la sémiotique discursive
pratiquée par Denis Bertrand52. Elle est aussi plus limitée que l'étude de Maurice Blanchot

51
A. J. Greimas, p. 129-157. Greimas fixe comme premier but à la sémiotique topologique, qui est une étude
des langages spatiaux, de « préciser le statut et la structure des objets topologiques selon les deux dimensions
corrélées du signifiant spatial et du signifié culturel ». Il vise ainsi l'établissement d'un modèle « idéologique
» de la ville dont la manifestation « est une grammaire qui rendra compte des interrelations et des interactions
entre les sujets, actants individuels et collectifs, et les objets-supports, sur les plans de l'énoncé ou de
renonciation ». C'est donc à la construction d'un discours sémiotique de l'espace que Greimas s'emploie
52
Dans son étude de l'espace, Bertrand veut proposer un instrument de méthode pour examiner comment
fonctionne le sens, en travaillant, d'une part, à une construction théorique et, d'autre part, à la description du
texte. Pour lui, « la spatialité dans Germinal fonctionne comme un langage spécifique dont la description doit
nous permettre de dégager les lois ». Il précise l'orientation de sa démarche en ajoutant que « l'espace n'est
pas une simple topographie ; il est en même temps, et à tous les niveaux, le support d'une axiologie ».
Bertrand comme Greimas voit l'espace comme l'objet d'une activité sémiotique de construction et
d'agencement de sorte que « l'espace relève de la syntaxe ». Sa démonstration en vient à montrer que « les
opérations de spatialisation servent d'autres fins, dans le discours, que la figurativité spatiale ». Dans un
premier temps, il s'intéresse donc au code descriptif de la topographie, mais c'est pour passer ensuite au code
herméneutique, les catégories et les relations qui règlent cette topographie permettant surtout d'expliquer et
de finaliser le sens.

40
qui s'intéresse à « l'espace littéraire ». Nous ne considérons pas l'espace du discours en soi,
dans sa totalité.
Tout modèle explicatif doit être soumis à l'épreuve de la vérification et tout texte
narratif peut permettre une telle démarche. Sans doute, comme pour les autres aspects
narratifs (voix, mode, temps), l'espace peut ne pas être le trait narratif dominant d'un récit
individuel. Mais il est habituellement présent et il exerce à des degrés divers une fonction
narrative signifiante. Dans certains cas, l'espace peut constituer la forme narrative
dominante ou grandement caractéristique d'un récit.
Le modèle narratologique de l'espace doit pouvoir se transformer en une pratique
de lecture. Il s'agit, dans cette étude, de la lecture de l'espace dans le corpus romanesque
africain.
D'autres corpus auraient permis d'atteindre le même objectif. Ici, dans un souci
pédagogique, nous choisissons le récit de les Griffes de l’orpaillage clandestin de Mah
KOB’A qui va servir à notre démonstration.
3.2.1. Description de l’espace rural

L'objet de notre réflexion à ce stade est la description de l'espace rural dans


Les griffes de l’orpaillage clandestin de MAH KOB’A. On sait que, de façon
générale, la perception de l'espace a par ailleurs beaucoup à voir avec l'imaginaire,
tout comme l'écriture, et tout spécialement l'écriture romanesque. Cependant, l'espace
qui retient notre attention est d'ordre topologique et même topographique. Toute
action racontée est obligatoirement située dans un espace et dans un temps qui lui
sont propres. Ici, l’espace est vu comme une forme narrative. On peut donc parler de
figures spatiales dans cette œuvre.
Dans Les griffes de l’orpaillage clandestin, la narration construit l'espace par
des figures spatiales partielles qui s'élaborent progressivement et successivement au
long du récit.
C'est la prise en charge des figures spatiales par la narration qui rend compte
de leur organisation en une configuration spatiale d'ensemble, en une forme narrative
génératrice de sens. Les figures spatiales relativement peu nombreuses dans Les
griffes de l’orpaillage clandestin sont des figures partielles qui s’alternent
habituellement : On a du Village de Yitiba à la ville Kazouégui puis un retour au
village de Yitiba sur le site de l’orpaillage appelé « Farot » à nouveau et enfin
l’Université de Kawessa.

41
Il faut noter que dans le cas de la ville de Kazouégui et du village de Yitiba,
les espaces sont alternés, chaque retour des personnages dans chacun de ces espaces
donne lieu à de nouvelles informations.
Le village de Yitiba, est d'abord présenté de façon unique, mis en relation
avec un autre espace notamment la ville on y associe aussi les villages environnants
sans toutefois les mettre dans une relation directe. Les évènements qui s’y déroulent
ne parlent uniquement que de ce lieu à une étape donnée de son évolution.
« Comme dans tous les villages africains, les cours ne sont pas clôturées à Yitiba. On
va d’une concession à une autre. Il suffit de saluer les personnes rencontrées et elles
vous couvrent de bénédictions. Ici on vit et on sent la convivialité. Ce n’est pas
comme en ville. Là-bas, les riches ont leur quartier. Ils sont gardés par des chiens
méchants ou des vigiles. Parfois leur sécurité est renforcée par des fils barbelés
électriques. Leurs déplacements se limitent au salon, à la chambre ou à la cuisine. Or
les enfants ne supportent pas le confinement. Ils ont besoin d’espace de jeu. Hommes
et femmes rentrent dans les toilettes au vu et su de tous. Ils sortent de la maison pour
un but précis et parlent français à longueur de journée, en oubliant leurs langues
maternelles. C’est pour toutes ces raisons que le villageois qui arrive en ville, éprouve
des difficultés à se retrouver. »53

Dans cet extrait, le narrateur fait une description du village de Yitiba en


s’appuyant sur la ville.
Il montre les qualités du village de Yitiba en s’appuyant sur les défauts de la
ville. Il expose la façon dont la convivialité est mise en avant et l’harmonie dans
laquelle les villageois sont. Ils sont tellement unis dans le village que la question de
l’insécurité ne se pose pas. Tous sont libres de faire ce qu’ils veulent comme ils
veulent sans contrainte sécuritaires tout en respectant les principes. Pour lui, la vie à
Yitiba est bien meilleure pour les enfants et les adultes que la vie en ville.
Aussi, Yitiba est une localité où l’humanisme et le sens de l’amour de son
prochain sont mis en avant et font partie même des valeurs cardinales de cette
localité.
« A Yitiba, comme partout en Afrique, la scolarisation d’un enfant est perçue comme
un investissement à long terme. Chaque famille se soucie de l’avenir de sa progéniture
dont elle veut récolter de bons fruits. C’est pour cette raison que tout diplôme obtenu
par un enfant est fêté. A cette occasion on fait appel aux parents proches, amis et
connaissances. En général, tout le village participe à la fête sans attendre une
invitation quelconque »54

La localité de Yitiba est ici présentée comme un cadre euphorique, un endroit


dans lequel il fait bon-vivre, où les parents sont soucieux de l’avenir de tous les

53
Mah KOB’A, Op.cit., P 48
54
Idem, P 13

42
enfants du village qu’ils considèrent comme siens. Aussi, lorsqu’une famille est en
joie pour le succès de l’un de ses enfants, c’est automatiquement toutes les familles
qui se joignent à la danse pour célébrer ce moment. Car lorsque l’un des enfants
réussi, c’est tout le village qui se partage cet honneur. Dans leur village un enfant
n’appartient pas qu’à une seule famille.
Ensuite, lorsque que le personnage secondaire Katomin retourne au village de
Yitiba pour les fêtes de Pâques, le village de Yitiba est présenté cette fois-ci non dans
une situation de fête mais dans son état habituel.
« Le son strident de la radio de mon père et l’odeur de l’oignon frit à l’huile de palme
me parviennent ostensiblement, troublant ainsi mon sommeil. Le goût rance du met de
la veille me donne une mauvaise haleine. En ouvrant la fenêtre pour gicler de la salive,
je vois mon père sortir. Les appels, les bruits des ustensiles de cuisine et les klaxons
des motos se font entendre. Yitiba retrouve peu à peu son animation journalière. »55

Dans cette autre description, l’on remarque que le narrateur fait la peinture du
village de Yitiba à l’aube. Cette description commence dans la cour du personnage
Katomin avant de s’étendre sur le village. La description faite ici révèle que Yitiba
est une localité qui présente plusieurs espaces ouverts mais surtout dynamiques. Cet
espace dynamique est ici présenté en une focalisation interne par le narrateur
homodiégétique.
En plus de ces deux descriptions du village de Yitiba, les autres descriptions
qui sont faites sont souvent similaires. En somme, il faut retenir que Yitiba est une
localité calme dans un premier temps, paisible, c’est aussi un espace de joie, de
convivialité et d’amour. Et ce sont les habitants de cette localité qui confèrent à
Yitiba cette allure.
Un peu plus loin dans l’œuvre, un nouvel espace va entrer en scène, il s’agit du
« Farot » qui présente des traits caractéristiques différents de la description générale
faite de Yitiba.

55
Mah KOB’A, Op.cit., P 47

43
3.2.2. L’espace comme facteur encourageant à l’orpaillage clandestin

D’un premier abord, l’espace rural décrit dans l’œuvre est, de Yitiba à Kazouégui, un
espace dynamique, euphorique, animé.

« Le son strident de la radio de mon père et l’odeur de l’oignon frit à l’huile de palme
me parviennent ostensiblement, troublant ainsi mon sommeil. Le goût rance du met de
la veille me donne une mauvaise haleine. En ouvrant la fenêtre pour gicler de la salive,
je vois mon père sortir. Les appels, les bruits des ustensiles de cuisine et les klaxons
des motos se font entendre. Yitiba retrouve peu à peu son animation journalière. »56

Dans ces différentes localités, l’espace est principalement ouvert. Des maisons aux
entreprises en passant par les marchés et autres petits endroits, tous les espaces sont
ouvert : « Dans la cour il a construit un hangar dont ma mère a peint le mur en kaolin
éclatant et couvert le sol de bouse de vache. L’espace est vaste et aéré. Chaque jour, sur
une grande table, elle étale plusieurs denrées alimentaires »57
Ce hangar de la mère de Katomin est l’un des espaces ouvert parmi tant d’autres dans
cette œuvre qui symbolise d’une certaine manière la paix et la tranquillité.
Dans cet espace vivent des personnages et ce sont eux qui rendent mobile cet
espace, qui lui donnent vie.
« Au cours de la journée, hommes généralement fumeurs, femmes et enfants viennent
s’y ravitailler respectivement en cigarettes, en poissons secs, en oignons, en pâte
d’arachides et en galettes. Ma mère se réveille tôt pour servir les clients et recueillir
des pièces d’argent ou des billets »58

Il s’agit de villageois, de jeunes hommes, femmes et enfants qui font vivre un


espace. Dans ce cas particulièrement, c’est à travers les différents achats qu’ils
effectuent, que les habitants font vivre le hangar de la dame. Il faut aussi noter à
travers ce passage que les habitants de Yitiba effectuent plusieurs dépenses. Peu
importe leur âge, ils effectuent quotidiennement des dépenses parfois nécessaires et
souvent pour leurs loisirs personnels. Cela veut dire que ces habitants doivent
toujours avoir de l’argent. Mais qu’en est-il de leur principale source de revenus ?
A l’image de presque tous les villages en Afrique, l’activité génératrice de
revenus première est l’agriculture. C’est donc à travers les travaux champêtres que
les villageois arrivent à se nourrir et à subvenir à leurs autres besoins existentiels.
A Yitiba il arrive parfois qu’ils rencontrent des difficultés avec l’agriculture :
« Elle coïncide avec le temps des pluies. A cette période de l’année, les vivres et

56
Mah KOB’A, Op.cit., P 47
57
Idem, P12
58
Ibidem

44
l’argent sont rares. Mon père n’aime pas s’endetter pour préparer la rentrée scolaire
de ses enfants »59
Ce passage montre que la période des pluies qui coïncide avec la rentrée
scolaire est une période que les villageois traversent difficilement car il n’y a plus de
vivres et donc plus d’argent. Certains villageois s’endettent à cette période pour
couvrir les charges scolaires de leurs enfants.
Un autre espace intervient maintenant dans l’ouvrage et fait basculer la
représentation idéale de Yitiba faite par les autres descriptions. Il s’agit du « Farot ».
« Situé sur le versant Ouest du mont ‘‘Vah’’, non loin de la rivière ‘‘You’’, le
‘‘Farot’’ attire du monde. En si peu de temps, cette portion de brousse autrefois
difficile d’accès est devenu le lieu de ralliement d’hommes et de femmes venus
d’horizons divers. Ils vivent dans des abris précaires, contigus et insalubres. Ils se
côtoient dans cet univers où les risques d’incendies et de morsures de reptiles sont
grands. »60

Cet extrait donne la situation géographique du « Farot » et le décrit comme un


endroit restreint, circulaire et fermé. Dans ce genre de cas, en narratologie, un tel
espace est dit ‘’Carcéral’’ et renvoie à une idée de prison.
De plus, certains autres indices de lieu de ce passage tels que « abris
précaires », « contigus » et « insalubres » viennent renforcer les propos
susmentionnés. Il s’agit bel et bien d’un endroit où indécent.
Cependant, le « Farot » est aussi défini comme un centre des affaires par le
narrateur à travers le passage suivant :

« Le Farot est comparable à un centre des affaires. Sous les arbres, des parasols ou des
hangars, des femmes vendent de la nourriture mal protégée : riz, bananes à la braise et
pains. On y rencontre plusieurs enfants. Ils participent activement aux activités.
Certains gardent le bébé de leur mère ou les aide à vendre les aliments. Munis de
marteaux, d’autres cassent les pierres ou transportent de l’eau. Des fillettes proposent
des sachets d’eau glacée, du jus de fruit ou des gâteaux en parcourant le chantier. »61

Ce passage traduit la façon dont les villageois ont transformé ce lieu jadis une
portion de brousse en un véritable centre commercial où les femmes viennent faire
leur commerce accompagnées de leurs enfants.
En somme, il convient de retenir en général que l’espace rural de Yitiba est
un endroit en majeure partie euphorique, dynamique et animé où règnent la paix et la
tranquillité, parfois secoué par des problèmes du climat.

59
MAH KOB’A, Op.cit., P11
60
Idem, P50
61
Idem, P 51

45
Dans cet espace en général euphorique, il existe des micro-espaces qui sont
tantôt ouverts et tantôt fermés. Celui qui marque notre attention est un espace
circulaire qu’est le « Farot ». Ce lieu jadis portion de brousse transformé en site
d’orpaillage clandestin et en une sorte de centre commercial.
Cet espace créé par les orpailleurs clandestins est un véritable facteur
d’encouragement à l’orpaillage clandestin dans la mesure où il est connu de tous, fait
partie même des habitudes des villageois. Il est par la suite transformé en centre de
commerce où il est possible de se faire de l’argent.
En effet, tout comme les préceptes religieux favorisent une certaine attitude à
tenir lorsqu’on est à l’église ou la mosquée, tout comme le bon sens nous oblige à
agir de telle ou telle façon selon qu’on soit à l’hôpital ou dans un espace académique,
l’engouement créé autour de ce lieu et le fait que cette activité périlleuse ne soit pas
condamnée favorise une incitation à l’orpaillage clandestin.

46
CHAPITRE 4 : L’ORPAILLAGE CLANDESTIN DANS RUÉE VERS L’OR

Ruée vers l’or est un documentaire filmique qui expose les réalités de l’orpaillage
clandestin dans l’ouest de l’Afrique, plus précisément au Burkina Faso. C’est un
documentaire à travers lequel le réalisateur décide de mettre au grand jour toutes les
facettes de ce phénomène qui gangrène en grande partie les pays africains. L’exploitation
des minerais engendre de nombreux dégâts, c’est une situation qui entraine bien souvent
des violences débouchant sur des morts d’hommes, la destruction de l’environnement, la
pollution des eaux avec l’utilisation de produit toxique font partie du quotidien de certaines
localités du Burkina Faso. C’est donc à travers une analyse documentaire bien élaboré que
nous tenterons de cerner ce phénomène.

4.1. Analyse Technique

L’analyse technique est un travail qui consiste à faire le résumé de ce documentaire


tout en relevant les éléments les plus importants. C’est un travail qui consiste à mettre en
évidence tous les aspects importants de ce documentaire. Cette analyse filmique consistera
donc à décortiquer ce documentaire afin de percevoir plus aisément cerner les véritables
raisons de la réalisation de ce documentaire et ses enjeux.

4.1.1. Présentation du documentaire

Rués vers l’or est un documentaire réaliser et écrit par Régis Kamdem journaliste,
réalisateur et consultant éditorial de profession. Ce documentaire a été diffusé sur la chaine
Canal + et planète en 2017. C’est une enquête faite au Burkina Faso sur l’orpaillage
clandestin un phénomène très récurent et qui prend de l’ampleur dans ces dernières années
dans nos pays africains. Il est donc question pour lui, à travers ce documentaire de
comprendre ce phénomène, sensibiliser les orpailleurs sur le danger qu’ils peuvent encourir
en pratiquant l’orpaillage de manière clandestine. Aussi de trouver quels sont les
conséquences directes que l’orpaillage pourrait avoir sur la société Burkinabé. Car il est
vrai que ce phénomène permet à cette population de survivre, mais il contribue aussi à la
destruction de son environnement, a une mort certaine vu les conditions de travail peu
adéquat et spécialisé. Ces orpailleurs sont donc dans un perpétuel risque de mort. C’est un
peu ce que Régis Kamdem tente dans un premier temps de montrer dans la réalisation de
ce documentaire.

47
Il met aussi en avant la convoitise des nombreux investisseurs étrangers qui ont
trouvé place dans cette course à l’or. Pour ces étrangers le Burkina est le lieu idéal pour
s’enrichir en toute tranquillité mais de manière légal. Ainsi deux mondes s’opposent, d’un
côté un peuple burkinabé qui agit de manière clandestine avec tous les dangers possibles et
d’un autre côté des étrangers opportunistes qui profitent des richesses de ce pays africain.
Face à cela, Régis à travers ce documentaire se pose un bon nombre de question. Comment
l’État Burkinabé arrivera- t- il a régularisé ce secteur qui sombre dans l’anarchie par ses
populations ? Comment l’État arrivera- t- il à redistribuer ces richesses au plus grand
nombre ? C’est à ces différentes questions qu’il tente de trouver réponse à travers la
réalisation de ce documentaire. Pour mener donc à bien ce travail nous procèderons à une
analyse des différentes séquences de ce documentaire.

4.1.2. Analyse des séquences

L’analyse des séquences consiste à faire le découpage des différentes scènes du


documentaire qui paraissent important pour faciliter la compréhension de notre
documentaire. Cette analyse consiste aussi à mettre au grand jour les enjeux évoqués à
travers ce documentaire. Rués vers l’or est un documentaire qui a une durée de 00 : 53 :
01s.

La première séquence de ce documentaire que nous allons étudier présente deux


orpailleurs dans une fausse, dans une mine d’or a 40 mètres sous terre en train de creuser a
la recherche de l’or accompagné de Régis KAMDEM, tous équipés d’une lampe torche sur
la tête. Ensuite nous avons la séquence 2 qui commence à la 3ème minute du documentaire
ou l’on aperçoit un gigantesque village de fortune construit par les orpailleurs ce village
leur sert de camp pour exploiter convenablement l’or sans toutefois se déplacer. Ils résident
donc sur place sur les mines d’or. Dans cette séquence on aperçoit aussi Régis KAMDEM
qui part à la recherche d’un orpailleur nommé Isaac qui est supposer être le patron d’un des
trous du cite appelé Alga, lui-même orpailleur utilise des machines pour creuser son trou.
On y aperçoit des machines peu conventionnelles qui l’aident lui et ses ouvriers pour
espérer atteindre quelques pépites d’or.
Nous avons aussi la troisième séquence qui débute à la 00 : 06 : 41s, à travers cette
séquence nous pouvons voir des images des éboulements de terrain ou l’on voit des troupes
de sauvetage, des personnes en tenue de pompier qui viennent la rescousse de certaine
personne qui pourrait être coincé sous les décombres. Dans cette séquence on voit aussi le

48
commandant habillé dans une tenue bleu avec un béret rouge à la tête, il y a aussi des
micros juste devant lui, il est donc dans une séance d’interview.
Dans la cinquième séquence qui commence à la 00 :08 :29s, on y voit des enfants
assis à même le sol, ils sont tous vêtus de tenue très sale, le visage triste, tous sur les lieux
de l’orpaillage, un autre enfant d’environ 12 ans avec un marteau en main en train de briser
de petite pierres en morceau sous un petit hangar de fortune en présence de Régis kamdem
et un autre orpailleur. Ces enfants sont tous en activités en train de brouiller des pierres,
certains enfants portes des caches nez, d’autres sans protections, exposer dans le danger
quotidien.
Après cette séquence, une autre séquence mérite aussi d’être évoquée, celle de la
00 :15 :53, on peut voir des hommes, plus précisément des orpailleurs autour de plusieurs
récipients en train de laver des minerais avec des produits toxiques, se lavage là se fait
avec les mains, sans protection, et les résidus des produits sont immédiatement déverser
dans la nature. En plus de cette séquence nous avons aussi la 7ème séquence, celle-ci montre
des hommes qui s’identifient comme des fonctionnaires, des agents de la BNAF, ces
personnes se rendre régulièrement sur lieux bien précis pour discuter avec des orpailleurs.
Dans cette scène ils sont en présence d’un cultivateur qui s’est réadapté à la tendance, il est
présent orpailleur et il pratique cette activité chez lui. Ces mêmes agents sont aussi allé
rendre visite à un autre groupe de jeune, eux préfères se mettre dans la peau d’acheteur au
lieu prendre des risques pour chercher l’or dans les trous. Et tout cela se fait de manière
clandestine, l’achat comme l’exportation de cet or se fait de manière illégale.
La 8ème séquence est aussi très importante dans ce travail dans la mesure où elle
présente l’un des plus grands commerçants de l’or exploité au Burkina Faso. Un étranger,
qui vit dans un grand palace avec toutes les commodités, un ancien contrebandier canadien
ayant construit sa richesse dans la commercialisation de l’or en dehors des frontières du
Burkina Faso. Il a réussi à exporter plus d’une tonne d’or de manière illégale. De retour au
Burkina Faso il ouvre l’une des plus grandes sociétés de commercialisation et d’achats d’or
dont il est le directeur général.
Ainsi à travers toutes ces séquences plusieurs messages y sont véhiculés, il nous
sera donc important de passer à la phase d’interprétation de toutes ces séquences pour
mieux comprendre ce phénomène.

49
4.2. Interprétation des séquences

L’interprétation des séquences fait partie de l’une des phases les plus importantes
de notre analyse filmique, elle consiste à faire ressortir les idéologies développées dans ce
présent documentaire filmique. Et cela va se développer autour des différents axes d’études
que sont le rapport au spectateur ainsi que celui de la portée du documentaire.

4.2.1. Le rapport au spectateur

Tout au long de ce documentaire, il est clair que le réalisateur a un objectif bien


précis, celui de faire connaitre le phénomène de l’orpaillage clandestin dans les moindres
détails. Dans ce documentaire réalisé au Burkina Faso, le niveau de l’orpaillage a atteint un
niveau auquel toute la population ne peut s’en passer. Une dépendance totale des habitants
est montrée par le réalisateur. L’orpaillage semble être le seul moyen par lequel les
populations de cette localité trouvent raison de vie, et de pouvoir réaliser leur rêve. Dans
une certaine mesure, le spectateur, après visionnage de ce documentaire aura obtenu plus
de connaissance sur ce phénomène qui est l’orpaillage et l’illégalité dans lequel cette
exploitation se déroule. Car bien évidement cette exposition de l’orpaillage n’est pas pour
permettre aux différents spectateurs de mieux le pratiquer, mais au contraire pour freiner
cet élan de destruction massive de l’environnement, la nature et des conséquences
désastreuses sur la population. C’est un phénomène qui est bien établit au Burkina Faso
comme dans bon nombre de pays Africains mais aussi partout dans le monde.
Forêts dévastées, rivières détruites, populations menacées et contaminées,
l'orpaillage illégal est le principal fléau social, sanitaire et environnemental menaçant
l’environnement de l’homme partout dans le monde. Le mercure utilisé pour amalgamer
l’or est un polluant dangereux qui s’accumule dans les milieux naturels. Lorsqu’il intègre
les milieux aquatiques, des bactéries le transforment en méthylmercure, composé
facilement assimilable par les êtres vivants et neurotoxique puissant. La contamination
mercurielle, à la fois d’origine naturelle et liée aux pratiques aurifères illégales, peut ainsi
se concentrer le long des chaînes alimentaires aquatiques, atteignant des concentrations
particulièrement importantes dans la chair des poissons carnivores. Il en découle une
contamination des populations locales dont c'est la nourriture quotidienne. Fin 2013, une
étude montrait chez les populations locales du Haut-Maroni des concentrations en mercure
quatre fois plus élevées que chez les populations du littoral.

50
L’orpaillage emploie environ 1,3 million de personnes au Burkina Faso. C’est une activité
ne nécessitant que de faibles investissements de départ et permettant surtout d’absorber une
partie de la main d’œuvre issue de l’accroissement démographique du pays. Cependant,
analyser le phénomène sous le seul prisme des orpailleurs reviendrait à ignorer l’ampleur
réelle de la problématique. En effet, les familles suivent les creuseurs sur les sites
d’orpaillage. Ces sites étant souvent éloignés des villes, de nombreux commerces viennent
s’implanter à proximité des terrains aurifères exploités, donnant naissance à des « villes
champignons. L’habitat ou les commerces, construits de bois et de pailles sont disposés
plus ou moins anarchiquement à proximité du gisement. Il est cependant possible de
trouver un certain nombre de services : restauration, débit de boissons, vente de petits
objets électroniques typiquement, des téléphones portables, de recharges téléphoniques,
garagistes pour réparation en tous genres.

Les revenus issus de la vente de l’or permettent de subvenir aux besoins des
familles dans les cas où celles-ci ont accompagné les creuseurs ou d’acheter du matériel
minier. Il arrive aussi que les gains soient très rapidement dépensés dans « des dépenses de
prestige » ; achats d'alcool, de véhicules, de stupéfiants ou encore la fréquentation de
prostituées Somé, 2004. Cela empêche les mineurs de s’extraire de la misère. Quoi qu’il en
soit, les revenus ainsi gagnés sont directement réinjectés dans l’économie de la cité minière
ou des environs proches. Les villes de Gaoua et Pô, qui sont à proximité des gisements
profitent aussi des gains issus des mines artisanales. On y trouve le matériel plus
volumineux, indisponible dans les campements miniers, notamment les compresseurs qui
permettent d’alimenter les marteaux piqueurs. C’est donc généralement toute une région
qui profite des fruits du travail des orpailleurs. . Il est vrai que l’orpaillage offre une
possibilité de revenus ne nécessitant aucune compétence particulière à une population
jeune et sans réelle perspective. Néanmoins, l’orpaillage n’est pas sans conséquences sur
l’environnement et la société burkinabè.

4.2.2. La portée du documentaire

Dans cette partie de notre travail, nous tenterons de montrer le véritable message
que réalisateur tente de véhiculer à travers ce documentaire. Bien évidement comme tout
documentaire filmique un message, une portée idéologique a contribué à la réalisation de
ce documentaire. L’objectif premier est avant tout de faire une grande sensibilisation
autour de ce phénomène et des conséquences. Plusieurs conséquences de l’orpaillage ont

51
pu être énumérées tout au long de ce documentaire, tel que le travail des enfants et des
femmes dont le réalisateur ne manque pas de mentionner la condition des femmes et des
enfants dans les sites miniers artisanaux est très risqué.
Si l’activité de creuseur est réservée aux hommes, les femmes participent aussi à
l’activité minière, en plus de la gestion de la vie de famille. Elles sont généralement
cantonnées à un travail de surface, notamment le tri ou le concassage des roches remontées
des galeries. Nous avons assisté à leur travail lors de notre visite de la mine de Tiebélé au
sud du Burkina Faso. La présence d’enfants dans les sites miniers. L’UNICEF estime à
700 000 le nombre d’enfants travaillant dans les mines du Burkina Faso, chiffre
considérable si on le rapporte à la population du pays. Les enfants participent aux diverses
activités de surface aux cotés des femmes. Lors des différentes visites, les enfants
participaient surtout au concassage des pierres avant le broyage dans des conditions
difficiles : chaleur intense, absence de protection, cadences infernales. Ces enfants, en plus
d’être exposés aux graves pathologies déjà évoquées précédemment sont retirés du système
scolaire et sont par conséquent privés de toute perspective d’avenir en ne maitrisant ni la
lecture ni l’écriture. L’étendue de cette ruée vers l’or compromet sérieusement la santé de
près de 10 % de la population burkinabè et sacrifie une partie de sa jeune génération. Si
cette situation est alarmante et appelle des réactions urgentes de la part de l’État ainsi que
des divers partenaires techniques et financiers, des solutions alternatives existent pour
mieux encadrer le travail des orpailleurs informels.
À côté de cela, nous avons aussi la question de de l’insécurité, l’exploitation
artisanale et la question de sécurité semble être de plus en plus dégradante au Burkina
Faso, de même que les attaques violentes de groupes armés non étatiques. Il est cependant
trop simpliste de supposer qu’il existe un lien de causalité naturel entre les deux.
L’escalade de la violence doit plutôt être considérée comme le résultat de tendances de
longue date, telles que le désengagement de l’État, la dépendance croissante à l’or et la
privatisation progressive de la sécurité. Pour freiner la violence, nous recommandons aux
décideurs politiques d’éviter d’adopter une approche répressive à l’égard de l’extraction
minière artisanale et de repenser la gouvernance du secteur en concertation avec les
mineurs et les communautés rurales.
Au Burkina Faso, du fait de la défaillance de l’État pour maitriser l’orpaillage, les
ONG jouent un rôle important dans l’encadrement des activités d’extraction artisanale.
Ainsi, l’ONG colombienne Alliance for Responsible Mining ARM accompagne les
orpailleurs burkinabè qui souhaitent se former en coopératives ; une fois constituées,

52
l’ARM forte de son expérience en Amérique du Sud pousse les mineurs informels à
adopter un code du travail notamment bannir le travail des enfants et à réduire ou
abandonner l’usage du mercure.… Toutes ces étapes s’inscrivent dans un processus global
conduisant à l’obtention d’une certification équitable sous le label Fair Mined. Ce label
garantit aux consommateurs la traçabilité de l’or depuis l’extraction jusqu’au raffineur,
dans des conditions respectueuses des droits de l’homme et de l’environnement. Deux
projets pilotes sont développés en Afrique de l’Ouest, au Sénégal et au Burkina Faso.
L’objectif final est d’accueillir la première mine d’or certifiée équitable en Afrique. Plus
spécifiquement au Burkina Faso, l’ARM a accompagné la création d’une coopérative de
mineurs à Gombélédougou, près de Bobo Dioulasso, au Sud-Ouest du pays. À présent,
l’ONG œuvre pour encadrer les processus d’amalgamation au mercure dans la province de
Zorgho.
Toutes ces initiatives s’insèrent dans le mouvement international de lutte contre
l’utilisation du mercure dans les processus extractifs, concrétisé avec la Convention
Internationale de Minamata, adoptée en 2013 par le PNUE et qui est entrée en vigueur le
16 août 2017. Celle-ci vise à « protéger la santé humaine et l’environnement contre les
émissions et rejets de mercure ». Il est à noter qu’au Burkina Faso, l’utilisation de mercure
est déjà interdite par la loi, mais cette interdiction n’est ni respectée ni contrôlée. Pourtant,
le pays a déposé son adhésion à la Convention de Minamata en avril 2017, devenant ainsi
la 42e future partie à adhérer. C’est donc tous ces éléments que Régis Kamden, à travers ce
documentaire tente de mettre au grand jour, sensibiliser, éduqué face à ce fléau qui continu
de faire de nombreux dégâts au Burkina Faso et partout dans le monde.
4.3. Convergences et divergences du corpus dans le traitement de l’orpaillage
clandestin

Le Burkina Faso compte plus de 800 sites sauvages d’exploitation aurifère


clandestine. Ces sites sont gérés par des hommes d’affaires, des directeurs d’entreprises
qui, connaissant les revenus que l’on peut tirer dans ce domaine s’y sont lancés pour faire
fortune.62 C’est de cette activité que traite également l’œuvre ‘’Les griffes de l’orpaillage
clandestin’’ de MAH KOB’A.
A ce niveau de réflexion, vu que les deux supports traitent du même thème, il est
important de rechercher les points de convergence et les points de divergence dans le
traitement de l’orpaillage dans les deux supports. Car il s’agit certes de la même activité

62
Régis KAMDEM, Ruée vers l’or au Burkina Faso

53
mais le narrateur d’un côté et le journaliste de l’autre racontent parfois différemment le
processus du traitement de l’orpaillage selon les informations dont ils disposent.

4.3.1. Les convergences

Par points de convergence, il faut entendre l’ensemble des éléments qui s’avèrent
identiques dans les méthodes de la recherche de l’or dans l’œuvre romanesque et dans le
documentaire. C’est donc de ces similitudes qu’il s’agira dans cette partie.
L’orpaillage clandestin dans le documentaire de Régis Kamdem suit un processus bien
structuré et réglementé qui part de l’achat de l’espace de l’orpaillage au processus de
commercialisation de l’or récolté. Il en est de même dans l’œuvre romanesque de MAH
KOB’A.
Dans les deux supports, les orpailleurs commencent par la négociation pour la
location d’un espace entre les mains du propriétaire du site afin d’avoir une parcelle à
exploiter. Celui-ci, propriétaire du local, fixe ses prix en fonction de la potentielle
productivité du site. Il s’agit aussi une autre activité dans le domaine de l’orpaillage
clandestin : « Parfois, les plantations qui subsistent, n’appartiennent plus au propriétaire
mais à un chef orpailleur qui les a achetées. Il morcellera ces champs qu’il mettra en
location par d’autres clandestins, au temps opportun. »63
Ensuite, Ils creusent des puits (galeries) dans lesquels les orpailleurs s’enfoncent
pour aller chercher du minerai à plus de 100 mètres de profondeur : « Ce matin encore, les
hommes creusent inlassablement çà et là. Un orpailleur d’une cinquantaine d’années est
assis au bord d’un puits »64
Pour aller en profondeur, au Burkina Faso selon le documentaire de Régis Kamdem,
comme à Yitiba selon MAH KOB’A les orpailleurs utilisent des marteaux piqueurs et des
pioches. En exemple : « D’un trou à un autre, les coups de pioche retentissent sans relâche
avec le secret espoir de d’obtenir des pépites d’or. »65
Leur avancée et leur descente se fait en suivant les filons : « Au Farot, il dirige un
groupe d’orpailleurs. Après avoir dégagé la terre et le sable pendant les premiers jours des
congés de pâques, son équipe a découvert le filon tant recherché »66

63
MAH KOB’A, Op.cit., P55-56
64
Idem, P50
65
Idem, P51-52
66
Idem, P64

54
Par la suite, les roches de minerai sont remontées à la surface et concassées :
« Chaque jour, à des dizaines de mètres de profondeurs, adultes, jeunes et enfants perforent
des blocs de terre qu’ils font remonter en surface à l’aide de seaux attachés à de solides
cordes. Pendant de longues heures, ils hument l’odeur fétide et entêtée des strates du sous-
sol. »67
Après avoir été concassées, les roches de minerai, elles sont lavées et filtrées pour y
retrouver de l’or :
« Soudain, une vive lumière jaillit du tapis. Il se penche davantage pour mieux voir.
Mais rien. « Peut-être le reflet du rayon solaire », pense-t-il. Attentif, son regard ne
quitte point son matériel de travail qu’il manipule avec délicatesse. L’objet se dévoile
une fois encore puis disparaît. Le cœur de Mintoka se met à battre la chamade. Il
renverse dans une grosse, le sédiment boueux du contenu dans les plis de la moquette.
Au fond du récipient circulaire, plusieurs granulés et une bonne quantité de pépites
d’or brillent. Une joie immense illumine son visage. »68

Enfin, la dernière étape dans le traitement de l’orpaillage est la commercialisation. Et dans


les deux supports, les orpailleurs clandestins, pour écouler leur marchandise se dirigent
directement vers des acheteurs d’or : « Les clandestins n’éprouvent aucune difficulté à
vendre leurs productions. Dans chaque coin du village, l’on rencontre des acheteurs
véreux »69
C’est à ce niveau que s’achèvent les similitudes dans le traitement de l’orpaillage
dans Ruée vers l’or au Burkina Faso de Régis KAMDEM et Les griffes de l’orpaillage
Clandestin de MAH KOB’A.
Il faut retenir que dans les deux supports, bien que ne traitant pas de la même situation
géographique, les procédés de traitement de l’orpaillage se rejoignent très souvent. Mais
qu’en est-il des divergences dans le traitement de l’orpaillage dans les deux supports ?

4.3.2. Les divergences

Relever les divergences dans ces deux supports revient à étudier les points qui
montrent une différence dans le processus de traitement de l’orpaillage dans les deux
supports. Il s’agira de montrer les étapes ou les méthodes d’exploitation de l’or qu’on
trouve d’un côté et non de l’autre à travers les deux ouvrages.

67
MAH KOB’A, Op.cit., P51
68
Idem, P53
69
Idem, P54

55
D’abord au niveau de l’investissement à faire pour démarrer l’activité, des chiffres
et un délai qui sont donnés dans ‘’Ruée vers l’or au Burkina Faso’’ ne se retrouvent pas
dans L’œuvre de MAH KOB’A. On a à titre d’illustration : « environ 30.000.000 FCFA
d’investissement pour atteindre 100 mètres et un an de dur labeur. »
De plus, une fois le puits creusé,
Les parois des montagnes peuvent s’effondrer à tout moment. Il leur faut donc renforcer le
système de sécurité avec des cales en bois
Pour rester en contact avec les creuseurs, ils mettent en place un système astucieux
de communication qui consiste en un tube qui va jusqu’à 150m de profondeur sous terre et
qui leur permet d’échanger sans téléphone
Pour savoir si on a creusé au bon endroit, tester un échantillon est un impératif
Lorsqu’après avoir concassé et lavé un échantillon le résultat est concluant, on peut
continuer l’extraction.
Ils travaillent de jour comme de nuit pour espérer remonter le plus de minerai d’or.
La descente et l’avancée se fait en suivant les filons. Les roches de minerai qu’ils font
remonter à la surface sont concassées manuellement par les plus petits (12 ans environ).
Ces enfants sont payés entre 2000 et 5000 francs par jour pour utiliser des marteaux
d’environ deux kilogrammes.
Ces enfants réalisent une tâche essentielle : ils réduisent le minerai en petits morceaux qui
seront broyés par les machines.
Une fois que le minerai d’or a été concassé à la main par des enfants notamment, il est
emmené par d’autres jeunes enfants dans des broyeuses. Le tout dans un environnement
extrêmement poussiéreux et bruyant. Leurs tympans sont donc exposés à des décibels
assez importants.
Ensuite le minerai est réduit à l’état poudreux, puis est lavé.
L’appât du gain anesthésie toute la raison en eux
Une fois le minerai lavé, la boue est traitée à l’aide de produits très toxiques servant
à séparer l’or de la roche. Il s’agit souvent d’acide sulfurique à 96%. Et pourtant ils le
manipulent sans protection, ils l’inhalent en s’exposant ainsi aux problèmes respiratoires et
aux risques de brulure. Il en reste ensuite de fines mamelles d’or contenant de l’or qui sont
traitées au cyanure (un autre produit dangereux). Elles sont fondues et transformées en
petites pépites

56
Après utilisation, les produits toxiques sont déversés dans la nature, ce qui empoisonne les
sols et les nappes phréatiques. La méthode d’exportation est la contrebande. Les
contrebandiers se procurent l’or auprès des petits orpailleurs clandestins.

Ils déplacent jusqu’à environ trente kilogrammes d’or à moto pour ne pas se faire
repérer par les services de sécurité.
Ils ne le revendent pas au Burkina Faso parce que là-bas, l’or est moins cher. Ils le vendent
plutôt au Togo ou en en Côte d’ivoire afin de pouvoir en tirer environ le triple de ce que
cela peut coûter au Faso.
Cet or est en réalité revendu à des réseaux criminels ivoiriens qui s’en servent pour
blanchir leur argent. Et afin de se procurer l’or, ces réseaux font parfois flamber les prix
au-delà du cours mondial
Au Burkina Faso, par exemple, tous les responsables de sociétés privées sont de grands
contrebandiers. Il existe cependant des entreprises qui commercialisent l’or. On les appelle
les Comptoirs. Leurs sièges sont dans la capitale. On a l’exemple de SOFIOR, l’un des
plus grands comptoirs du pays.

57
TROISIEME PARTIE : ENJEUX ET PERSPECTIVES DE L’ETUDE

58
La dégradation de l’environnement demeure aujourd’hui l’une des préoccupations
fondamentales des politiques gouvernementales à travers le monde. De par le monde, la
question environnementale a suscité beaucoup de réflexions et de recommandations
relatives à sa conservation, car la planète n’a jamais connu un appauvrissement écologique
d’une telle ampleur.
Nombreux sont aussi les facteurs, qui de manière plus ou moins insidieuse participent à la
dégradation de l’environnement : pollution des sols, des eaux, et de l’air, pratiques
agricoles et forestières et ces dernières années, l’exploitation artisanale de l’or. Dès lors,
quels sont les enjeux de l’exploitation artisanale de l’or ? Et quelles sont les perspectives
théoriques de l’orpaillage ?
Le premier chapitre abordera la question des enjeux de l’orpaillage et le deuxième
chapitre, quant à lui abordera la question des perspectives théoriques de l’orpaillage

59
CHAPITRE 5 : LES ENJEUX

Les enjeux présentent plusieurs aspects à prendre en compte.


Pour mieux cerner ce chapitre, il est important de faire de manière approfondie, une étude
sur les enjeux environnementaux d’une part. Ensuite, sur les enjeux sociaux. En plus sur
les enjeux économiques et pour finir sur la santé.
5.1. Les enjeux environnementaux

Le secteur de l’exploitation minière artisanale occupe une place importante dans


l’économie du Burkina Faso. En effet, le métal jaune (or) est le troisième produit
d’exportation et contribue à l’équilibre de la balance de paiement. L’activité d’orpaillage
se mène sur plus de 200 sites et procure des revenus à plus de 200 000 personnes vivant
principalement en milieu rural. Cette activité constitue un moyen efficace de lutte contre la
pauvreté. Toutefois, elle comporte d’énormes inconvénients notamment sur la santé
humaine mais également celle de l’environnement et des ressources naturelles :

5.1.1. L’utilisation du mercure sur l’environnement

Le mercure est un élément de formule chimique Hg de numéro atomique 80, il est


le seul élément liquide à température ordinaire avec une masse atomique de 200,59 g/mol.
Il possède trois états d'oxydation : 0, +I et +II, les deux derniers lui permettent de former
des liaisons chimiques. Le mercure est un métal brillant, blanc argenté, très dense et
liquide à température ordinaire (INRS). Il a la faculté de former des amalgames avec
plusieurs métaux dont l’or. Un centimètre cube de mercure peut amalgamer entre 9 à 14
grammes d’or (Bedidjo, 2018). Le mercure est présent sur la surface de la terre sous
différentes formes et les plus courantes sont : le mercure élémentaire (Hg°), le divalent
inorganique (Hg II+) et organoleptique (MeHg).

Le mercure est en état de trace dans l’environnement, on peut le trouver dans les
espèces organiques, inorganiques, dans les roches, les sols, l’eau et l’air. L’altération des
roches peut être à l’origine du mercure primaire dans l’atmosphère surtout dans les zones
de subduction, de volcanisme, de failles, aux environs de plaques tectoniques où les
matériaux sont riches en mercure.
Il a été distribué naturellement dans l’environnement par plusieurs processus dont
les activités volcaniques et les processus biologiques. Les sources anthropiques sont
variées, et la principale est l’activité minière. L'exploitation artisanale de l'or à petite
échelle en utilisant la fusion du Hg pour la récupération de l'or a été identifiée comme l'un

60
des plus grands contributeurs à la pollution par le mercure, contaminant l'atmosphère, les
eaux et les personnes (PNUE, 2018; Wade, 2013 in Niane 2019).
Les voies d’exposition sont par inhalation, c’est-à-dire qu’elle est due à la présence
de mercure élémentaire (Hg) sous forme de vapeur. L’amalgame est chauffé à l’air libre et
relâche des quantités de vapeurs nocives. La personne qui fait le chauffage et les personnes
situées à proximité immédiate inhalent des doses importantes de mercure. Cette forme de
mercure est essentiellement absorbée par voie pulmonaire (61-86%).
Elle se fait aussi par ingestion. Elle est donc causée par la consommation fréquente
de produit aquatique comme les poissons concentrant des taux élevés de mercure
(méthylmercure) et par ingestion de l’eau contaminée.
Le methylmercure a entraîné plusieurs catastrophes environnementales et reste un
principal sujet de préoccupation à l’échelle mondiale.
Notons également par contact avec la peau : lors de la manipulation du produit.
Cette voie d’exposition est moins grave.
Des cas toxicités chroniques graves liées à l’exposition au mercure sont souvent
récurrents dans les milieux professionnels où ce métal est manipulé. Dans les sites
d’orpaillage, l’exposition au mercure se fait pendant des années, donc de manière
chronique.
Ainsi, l’exposition chronique au mercure peut entraîner des maladies graves chez la
communauté des orpailleurs, comme l’ataxie, salivation excessive, des maux de tête
récurrents, fatigues, changements émotionnels, des toux chroniques, des tremblements,
diminution immunitaire. Mais aussi des douleurs à la poitrine, pneumonie, défaillance
respiratoire et des fibroses rapides et massives.
Le mercure, plus précisément le méthylmercure est un neurotoxique puissant pour
le fœtus, il cause des anomalies au développement psychomoteur de l’enfant à cause de
l’exposition de la mère durant la grossesse sans que celle-ci présente des symptômes
d’intoxication.
D’après le CIRC70, les résultats obtenus chez l’homme ne sont pas assez
convaincants pour établir la cancérogénicité du mercure et de ses composés.
Il est démontré que pour chaque gramme d’or obtenu par amalgamation, environ
deux grammes de mercure s’échappent dans le milieu ambiant, polluant directement les
sols, les eaux, sans compter l’inhalation de gaz par les utilisateurs et leur voisinage.

70
Centre international de recherche sur le cancer
61
La majorité des sites visités connaît une pollution et/ou une contamination du milieu.
On peut citer deux sources essentielles d’exposition et de contamination associées à
l’utilisation et la manipulation du mercure :
Premièrement, les vapeurs de mercure produites lorsque l’amalgame est chauffé à
des températures supérieures à 350°C pour la récupération de l’or. Ces vapeurs sont en
partie inhalées par les orpailleurs et les personnes vivant sur le site.
La vapeur de mercure peut être transportée assez loin par les vents. Elles se déposent sur
les sols, les végétaux, les plans d’eau et les aliments non protégés ou même être précipitées
sous forme de pluie acide, etc.
Deuxièmement, les rejets directs de mercure sous forme liquide au cours des
opérations d’amalgamation du concentré d’or dans les sols dont le lessivage par les eaux de
ruissellement. Ceux-ci favorisent la mobilisation et la dispersion des métaux lourds dans
l’environnement, notamment dans les eaux de surface (fleuves, rivières, lacs, barrages et
retenues d’eau), et dans les eaux souterraines par infiltration.
La méthylation du mercure est favorisée par les conditions physico-chimiques du
milieu aqueux, conduisant ainsi à la forme la plus toxique et dangereuse du mercure pour
la santé publique, etc.
L’orpaillage clandestin tue aussi bien les hommes que l’environnement.
Selon certains chefs traditionnels, la soif de gagner plus d’argent pousse les
orpailleurs clandestins à travailler pendant la nuit. Ce qui provoque plusieurs pertes en vie
humaine dues à l’effondrement des terres. L’orpaillage clandestin détruit également
l’environnement par l’utilisation des produits toxiques et la non-remise en état des terres
détruites à cet effet. Aujourd’hui, le fleuve Bandama est pollué suite aux produits toxiques
utilisés par les orpailleurs qui vont y laver l’or. L’eau est devenue toxique pour les
habitants et ils en souffrent.
Le mercure utilisé pour amalgamer l’or est un polluant dangereux qui s’accumule
dans les milieux naturels. Lorsqu’il intègre les milieux aquatiques, des bactéries le
transforment en méthylmercure, composé facilement assimilable par les êtres vivants et
neurotoxique puissant. La contamination mercurielle, à la fois d’origine naturelle et liée
aux pratiques aurifères illégales, peut ainsi se concentrer le long des chaînes alimentaires
aquatiques, atteignant des concentrations particulièrement importantes dans la chair des
poissons carnivores. Il en découle une contamination des populations locales dont c'est la
nourriture quotidienne.

62
A cela s’ajoute les pollutions mercurielles en Guyane française. En Guyane
française, l’orpaillage est un des principaux facteurs de contamination mercurielle et les
rejets, qu’ils soient directs ou non, intègrent la chaîne trophique.
Le mercure est habituellement utilisé dans les chantiers aurifères pour récupérer les
paillettes d’or présentent dans les boues des baraques ; lors de cette première opération,
une partie plus ou moins importante se répand dans la nature.
Par la suite, l’orpailleur doit séparer le mercure de l’or et la solution consiste à
vaporiser ce métal. L’amalgame est chauffé à une température comprise entre 400 et
500 °C ce qui entraîne la vaporisation du mercure, qui bout à partir de 357 °C, alors que
l’or ne bout qu’à 1063 ° C.
Pour évaluer l’exposition des populations et quantifier les volumes de mercure perdus lors
des processus d’amalgamation, des estimations ont été réalisées : 20 % du mercure sont
perdus lors l’amalgamation et 70 % se vaporisent lors de la destruction de l’amalgame.
Les 10 % restant sont perdus lors de la phase de purification de l’or dans les commerces
spécialisés. Le mercure perdu dans la nature s’additionne à la fraction présente dans les
sols guyanais et contamine durablement le réseau trophique. La quantité de mercure perdue
dans le milieu naturel guyanais depuis le début de l’exploitation aurifère est estimée à 300
tonnes environ.

5.1.2. Sur la végétation

La teneur en métaux lourds dans le sol peut se retrouver dans les plantes. Mais cela
nécessite la partie biodisponible. Cette biodisponibilité est définie comme l’aptitude d’un
élément en trace à être transféré à la plante. Certains végétaux ne tolèrent pas les métaux
lourds et meurent au contact de ces derniers.
D'autres peuvent avoir des réactions de défense, ils freinent l'absorption des métaux lourds
en sécrétant des acides qui vont augmenter le pH et réduire la mobilité des éléments traces.
Les plantes hyperaccumulatrices et métallophiles, sont tolérantes aux métaux, elles
ont la capacité de les accumuler et de les concentrer.
Une étude menée sur un site contaminé par les rejets miniers dans le Nord-ouest de la
Tunisie a montré des teneurs importantes de métaux lourds (Zn, Cu, Cd, Pb) dans la partie
racinaire de certains végétaux, les concentrations trouvées dans la zone aérienne étaient
plus faibles.

63
La déforestation fait aussi partie des éléments incontournables observés sur les sites
aurifères. Elle constitue un des impacts les plus visibles sur les sites d’orpaillages.
Les orpailleurs défrichent certaines zones quand ils trouvent de nouveaux sites à exploiter
ou pour stabiliser leur trou avec les branches et les troncs d’arbres, ou même pour la
construction de leur habitation. La déforestation entraîne non seulement la perte des
espèces végétales, diminue les puits carbones, mais aussi pourrait favoriser l’accentuation
des dépôts de mercure sur les sédiments.
Les sols nus sont faciles à éroder, ce qui facilitera le transport du mercure déposé sur les
sols vers les eaux de surface.
L’étude sur l’orpaillage dans certaines zones, par ailleurs, à la zone aurifère d’Ity a
révélé de profondes modifications environnementales en lien avec cette activité
Il s’agit d’une excavation des parcelles agricoles, de destruction du faciès végétal,
déboisement, pollution et destruction du lit du fleuve Cavally.
En ce sens, elle présente des similitudes avec des études déjà réalisées par d’autres auteurs
sur l’activité.
En effet, l’exploitation artisanale de l’or appelée communément orpaillage,
provoque le déboisement, la déforestation, la dégradation des sols, la pollution de l’air, des
sols et de l’eau, la perte de la biodiversité et le façonnement du paysage.
Le déboisement à Ity est dû aux opérations de déblaiement menées par les orpailleurs, mais
aussi aux actions de soutènements.
En effet, pour plus de prudence et pour prévenir les écoulements, les orpailleurs n’hésitent
pas à faire recours aux troncs d’arbre pour renforcer et/ou soutenir les parois des puits.
Cette action nécessite souvent assez de troncs d’arbre ; ce qui n’est pas sans conséquence
sur le paysage forestier. Comme conséquence, l’on assiste à une perte progressive des
espèces ligneuses ce qui pourrait impacter la vie faunique.
Aussi, l’activité d’orpaillage dégrade les parcelles agricoles, les exposant ainsi au
ravinement et à des processus d'érosion intensive.
À Ity, les parcelles sur lesquelles cette activité a lieu sont parsemées de trous souvent très
profonds.
Outre le déboisement et l’excavation de terres agricoles auxquels contribue
l’activité d’orpaillage dans la zone aurifère d’Ity, s’ajoute la destruction du couvert végétal.
En effet, les opérations de déblaiement menées par les orpailleurs sur les différents sites,
contribuent de façon progressive à détruire le couvert végétal ce qui offre le sol au

64
ravinement et à des processus d'érosion intensive. Ce déséquilibre provoque, en plus, un
sur-alluvionnement des vallées et leur asphyxie plus ou moins profonde.

5.1.3. Le développement des problèmes de santé et de sécurité liés au travail des


orpailleurs

Il n'existe, à notre connaissance, aucune donnée d'étude relative à l'impact sanitaire


des activités d'orpaillage. Toutefois, les observations de terrain montrent que cette activité
est de nature à affecter de façon négative la vie et la santé des orpailleurs et celle des
populations riveraines pour plusieurs raisons.

En effet, l'exploitation artisanale de l'or, telle qu'elle se fait dans la zone de Yaourè
semble à la fois dangereuse et pénible pour plusieurs raisons:
De prime abord, les accidents de travail mortels, semble-t-il nombreux, mais cachés
pour éviter que les autorités administratives ne ferment les "chantiers" et aussi à cause des
croyances populaires suivant lesquelles les éboulements sur les sites d'orpaillage, lorsqu'ils
sont meurtriers, attirent les filons d'or et rendent ainsi le "chantier" rentable.
Aussi, il faut noter l'absence de règles élémentaires de sécurité et d'hygiène sur les
sites d'orpaillage: l'environnement des sites d'orpaillage se caractérise par la précarité des
conditions de travail (absence de matériel de protection individuel) et l'utilisation de
produits hautement toxiques, tels que le mercure.
D’un troisième abord, le développement de la prostitution avec pour corollaires les
IST71 dans la zone d'étude. Concernant les IST, les données de l'enquête socioéconomiques
réalisée, indiquent une prévalence du VIH-SIDA assez élevée chez les femmes enceinte à
Angovia et à Allahou-Bazi.
Il apparaît également que les personnes intervenant dans l'exploitation artisanale de
l'or sont exposées aux affections pulmonaires liées aux poussières, aux risques de surdité à
cause des bruits permanents de machines et des marteaux utilisés pour le concassage et le
broyage des pierres, aux risques de blessures par les éclats de pierre dans les yeux et aux
affections oculaires.

71
Infections Sexuellement Transmissibles

65
5.2. Les enjeux sociaux

L’orpaillage clandestin est une activité qui entraîne la dépravation des mœurs sur
les sites d’exploitations, ce qui peut faire accroître le taux des maladies sexuellement
transmissibles.
Elle contribue à vider les classes de leurs élèves qui doivent aider leurs parents dans
l’extraction, ce qui conduit à une baisse du taux de scolarisation dans les zones
d’exploitation. Pour mieux illustrer l’impact de l’exploitation artisanale sur les populations,
il est important d’étudier ce qui suit :

5.2.1. La fragilisation des équilibres sociaux et communautaires

Les données de l'Étude menées dans le film Ruée vers l’or et dans le roman Les
griffes de l’orpaillage clandestin tendent à montrer que les sites d’orpaillages grimpent
jour après jour.
Cette importante concentration de populations allogènes, dans un milieu où elles
manquent d'ancrage socioculturelle, entraîne la perturbation de l'équilibre social local avec
de régulières tensions intercommunautaires. Par exemple, l’une de ces tensions
intercommunautaires a été particulièrement violente, en juillet 2013 et a occasionné de
nombreux dégâts matériels et des pertes en vies humaines.
Une autre conséquence négative de la forte concentration de populations
consécutives à l'ouverture des sites d'orpaillage est l'apparition de comportements
déviants, notamment la prostitution et la consommation excessive d'alcool.
Concernant ce dernier élément, l'on note une prolifération de buvettes, bars et
autres points de vente d'alcool de toutes les natures. L'on observe également que
l'augmentation rapide de la population accroit la pression humaine sur les infrastructures
sociales de base en place; ainsi par exemple, à Yitiba principale zone d'installations des
orpailleurs, les points d'eau potable, le groupe scolaire et le centre de santé répondent
aujourd'hui difficilement aux sollicitations des populations dont le nombre a plus que triplé
en moins de dix (10) ans.
L'exploitation artisanale clandestine de l'or génère, chez certains acteurs locaux, des
revenus financiers importants qui favorisent le renversement partiel des hiérarchies
sociales établies depuis toujours dans les villages; en effet, les jeunes autochtones ayant
fait fortune grâce à cette activité sont plus l'objet de considération sociale que les anciens;
on note également que de riches chefs de "chantiers" allogènes, du fait de leur pouvoir

66
économique, deviennent des contrepoids au pouvoir des autorités traditionnelles
autochtones.
Un autre impact négatif de l'exploitation artisanale clandestine de l'or perceptible
dans la zone d'étude est la fragilisation de nombreuses cellules familiales : le pouvoir
économique des orpailleurs (majoritairement allogènes et se déplaçant en général sans
leurs conjointes) constitue pour eux une arme de séduction et donc un facteur de
perturbation des équilibres intra familiaux; cet impact négatif affecte de la même manière
les rapports entre des communautés.
5.2.2. La déscolarisation et le travail des enfants ou l’augmentation du niveau de
déperdition scolaire
L’orpaillage clandestin a entraîné la déscolarisation de plusieurs enfants. La plupart
des enfants ont arrêté les études pour s’intéresser à l’orpaillage clandestin qu’ils trouvent
rentable.
Selon le chef d’une localité minière, certains élèves, notamment les enfants vont
sur les sites sans l’autorisation de leurs parents. Il l’affirme en ces mots :« Les enfants
quittent leurs maisons avec des tenues scolaires faisant croire qu’ils s’en vont à l’école
alors qu’en réalité, ils ont une deuxième tenue dans le sac. Quand ils sortent du village, ils
changent de vêtements et se dirigent vers les sites clandestins. Ils vont aider les laveurs en
puisant l’eau du fleuve et en leur passant certains outils légers nécessaires à la réalisation
de l’activité. A la fin de la journée, ces enfants rentrent à la maison avec au moins 5mille
francs comme gain ».
Cette situation montre les effets de l’orpaillage clandestin sur l’éducation.
Cela constitue également une alerte non négligeable pour l’avenir de la Côte d’Ivoire.
En effet, compte tenu du fait que l'exploitation artisanale clandestine de l'or est
considérée par les populations comme "l'argent rapide", de nombreux jeunes gens préfèrent
tenter leur chance sur les sites d'orpaillage plutôt que de poursuivre des études dont les
perspectives d'emploi et de revenu sont, à leurs yeux, incertaines.
Quand des familles ne poussent pas leurs enfants à abandonner les cours au profit
des "chantiers", elles les encouragent à aller se débrouiller sur les sites d'orpaillage les
jours fériés et pendant les vacances scolaires.
Cette situation a des conséquences négatives sur le rendement des jeunes
apprenants.

67
Au regard de ce qui précède, il apparaît que la présence de nombreux sites
d'exploitation artisanale clandestine de l'or dans le Yaourè y accroit le niveau de
déperdition scolaire.

5.2.3. L’aggravation des conditions de vie des groupes vulnérables

Les groupes vulnérables que constituent les enfants et les femmes sont très présents
dans la chaîne de production de l'or. Concernant les enfants, ils interviennent dans la
filière d'exploitation clandestine de l'or soit pour leur propre compte, soit pour le compte de
leurs parents.
Dans le premier cas, les enfants offrent leurs services aux gestionnaires des
"chantiers" et leur travail consiste à transporter le minerai du puits aux sites de lavage ou à
concasser et à tamiser le minerai.
La rémunération journalière des enfants est variable, mais atteint rarement 2 000
francs CFA.
Les enfants qui travaillent pour le compte de leurs parents représentent les
propriétaires terriens; ils sont chargés de surveiller la production de l'or, notamment à
l'étape du lavage du minerai, pour empêcher le vol du métal précieux.
La présence des enfants sur les sites d’orpaillage semble nécessaire dans la mesure où le
revenu du propriétaire est fonction de la quantité d'or produite sur la parcelle qu'il a cédée.
En dehors des deux raisons ci-dessus évoquées, on retrouve sur les sites d'orpaillage
des enfants qui accompagnent leurs parents; il s'agit des enfants des femmes employées
pour le lavage du minerai et pour le concassage des pierres. La présence des enfants sur les
sites d'exploitation artisanale clandestine de l'or les expose à des risques d'intoxication par
des produits utilisés par les orpailleurs pour libérer le précieux métal.
Ainsi par exemple, l'intoxication au mercure est de nature à causer des handicaps
permanents pour des enfants. Pour les enfants intervenant directement dans l'exploitation
de l'or, le travail dans ces conditions difficiles mettent en danger leur santé, leur croissance,
leur sécurité, leur développement et leur dignité ou leur moralité.
Aussi, est-on en droit d'affirmer que le travail des enfants dans l'exploitation artisanale
de l'or constitue pour ceux-ci des pires formes de travail.
S'agissant des femmes (de même que les jeunes filles), il convient de préciser qu’elles
ne descendent pas dans les puits.

68
En dehors de quelques rares d'entre elles qui sont propriétaires de "chantier" de
petite taille qu'elles gèrent au quotidien, le travail des femmes dans l'exploitation artisanale
clandestine de l'or ici se compose du transport et du lavage du minerai, du concassage et du
tamisage des pierres.
En dehors du travail direct dans la chaine de production de l'or, on retrouve, sur les
sites d'orpaillage, les femmes dans le petit commerce: vente de nourriture, de boissons
alcoolisées, de cigarettes et de divers menus articles.
Toutefois, des témoignages concordants indiquent qu'en dehors de ces activités
officielles, la prostitution est devenue une source de revenu pour de nombreuses filles,
parfois âgées d'à peine 12 ans.
La présence des femmes sur les sites d'exploitation artisanale clandestine de l'or
favorise le développement de la prostitution d'au moins deux manières:
La première est la situation des femmes (ou jeunes filles) venues chercher du travail
sur les sites d'orpaillage et qui n'en trouvent pas ou, quand elles en trouvent, en tirent un
revenu insuffisant pour vivre décemment; ces femmes, n'ayant pas d'autres alternatives,
s'orientent vers la prostitution.
Le second moyen par lequel les femmes arrivent à la prostitution est le biais des
propriétaires des bars et autres "maquis" assez nombreux sur les sites d’orpaillages par
exemple à Angovia et à Allahou-Bazi : les jeunes recrutés pour travailler dans ces lieux
finissent par s'adonner au commerce de leur corps, soit par contrainte, soit par option.
Il convient de noter que deux éléments en rapport étroit avec à l'exploitation
artisanale clandestine de l'or rendent la demande sexuelle particulièrement forte: la
mobilité des orpailleurs qui se déplacent sans leurs conjointes et des pratiques magico-
religieuses associées à la recherche de l'or.
Concernant ce dernier point, il faut comprendre que dans le contexte général des
sociétés traditionnelles africaines, l'or n'est une créature simple, mais le métal des métaux,
le plus notable des métaux et possédant un esprit fort et redoutable.
Être vivant, l'or ne demeure pas en place dans la nature, il se déplace d'un point à un
autre de la terre. Il peut se rendre visible et invisible.
Aussi, toute quête de l'or, pour être fructueuse, demande-t-elle l'observation de rites
dont certains ont un caractère magico-religieux.
Le rite magico-religieux, ayant un rapport avec la prostitution, qui semble le plus
usité, si l'on s'en tient à des témoignages recueillis auprès de propriétaires terriens et
confirmés indirectement par des orpailleurs est le fait de ces derniers; il consiste pour eux

69
(surtout les creuseurs), à avoir des rapports sexuels avec une partenaire, après une journée
de travail à la mine et sans s'être lavé auparavant, à rester tel toute la nuit et à aller
travailler le lendemain à la mine! Cette pratique difficilement concevable, au regard des
problèmes d'hygiène corporelle et de santé qu'elle pose, serait acceptée par de nombreuses
jeunes femmes car le payement par des orpailleurs, de sommes d'argent oscillant entre 50
000 et 100 000 francs CFA constitue certainement la raison qui pousse ces jeunes à livrer
leur corps aux orpailleurs dans de telles conditions.

5.3. Les enjeux économiques

L’orpaillage clandestin a des enjeux économiques et celles-ci sont perceptibles à


travers les éléments suivants :
5.3.1. L’or illégal grève les perspectives de croissance économique et de
développement durable

Cette combinaison d’effets néfastes grève le développement économique du


territoire, qui voit ses principaux secteurs d’activités impactés : l’écotourisme subit la
destruction de paysages remarquables, la filière forestière pâtit de la perte de capital sur
pied, la filière minière déclarée assiste au pillage de la ressource aurifère, sans compter le
coût de la répression pour l’Etat français qui, malgré les moyens humains et financiers
investis, ne parvient pas à éradiquer le phénomène.

5.3.2. La précarisation de l’économie locale et des conditions de vie des orpailleurs

Les revenus générés par l'exploitation artisanale clandestine de l'or sont appelés
"l'argent rapide" par les populations, en comparaison aux moyens financiers que leur
procurent les activités agricoles traditionnelles (culture de cacao et de café notamment).
Cette situation a des effets négatifs sur l'économie locale. La première conséquence
négative, au plan économique, de l'abandon de l'agriculture au profit de l'exploitation
artisanale de l'or est l'inflation des prix des denrées alimentaires; les populations de base
reconnaissent cette situation et donc nous notons que l'or a gâté le marché et tout est
devenu cher.
L'on note également la précarisation des revenus des populations rurales
En effet, bien que de nombreux paysans tirent directement des revenus de
l'exploitation artisanale clandestine de l'or, il est indéniable que ces revenus ne sont ni
fixes, ni durables.

70
Cette situation amène les propriétaires terriens à céder leurs parcelles, les unes
après les autres, aux orpailleurs après l'épuisement des gisements des premières.
Il est important de noter une autre conséquence de l'exploitation artisanale
clandestine de l'or, liée à l'extension et ou à la multiplication des sites d'orpaillage.
Il s’agit de l'amenuisement des terres et des superficies des exploitations agricoles
En effet, en exerçant cette activité aussi bien dans les jachères que dans les
plantations en exploitation, les orpailleurs réduisent les disponibilités de terres cultivables
et la viabilité des exploitations agricoles.
Cette situation est d'autant plus préoccupante que les sites d'exploitation artisanale
clandestine de l'or ne font pas l'objet de réhabilitation.
L'impact négatif de l'exploitation artisanale clandestine de l'or s'observe également
au niveau du cadre de vie orpailleurs et des populations hôtes.
5.4. La sante

L’orpaillage clandestin tue aussi bien les hommes que l’environnement. Selon
certains chefs traditionnels, la soif de gagner plus d’argent pousse les orpailleurs
clandestins à travailler pendant la nuit. Ce qui provoque plusieurs pertes en vie humaine
dues à l’effondrement des terres. L’orpaillage clandestin détruit également
l’environnement par l’utilisation des produits toxiques et la non-remise en état des terres
détruites à cet effet. Aujourd’hui, le fleuve Bandama est pollué suite aux produits toxiques
utilisés par les orpailleurs qui vont y laver l’or. L’eau est devenue toxique pour les
habitants et ils en souffrent.

71
CHAPITRE 6 : PERSPECTIVES THEORIQUES DE L’ORPAILLAGE

Les perspectives théoriques de l’orpaillage dont nous faisons allusion nous


permettront de voir l’orpaillage sous un autre angle.
Il s’agit de le l’écocritique d’une part et des Subaltern Studies d’autre part
L’écocritique choisi comme méthode est une mise en rapproche de la littérature et de
l’environnement. On comprendra mieux cet aspect dans la première partie de ce chapitre.
L’étude des Subaltern Studies sera développée dans la deuxième partie de notre chapitre.

6.1. Littérature et écologie (écocritique)

La crise environnementale, c’est d’abord la manifestation de choses qui, jusque-là,


semblaient aller de soi […] : l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons, […] tout
cela semblait devoir être toujours là, ressources inépuisables, sur lesquelles nous
avions peu de pouvoir. La découverte que nous avions ce pouvoir fut, en même temps,
celle de leur fragilité, et de la nécessité de s’en préoccuper72

Cette inquiétude contemporaine semble s’affirmer dans le discours public à travers


une imagerie. En effet, nous constatons qu’elle se manifeste par la production et
l’exploitation d’images visuelles marquantes donnant l’impression d’un climat de «
crise » générale. Et le mot « crise », terme à la mode que nous employons à dessein,
illustre bien la peur sociétale et un peu vague d’un déclin écologique en marche.
La littérature en tant qu’art des mots ne peut cependant participer à l’imagerie
visuelle que nous avons décrite. Mais elle peut en revanche être créatrice d’un
imaginaire littéraire qui apporterait un nouveau regard sur la crise écologique. On
pourrait donc se demander comment cette inquiétude écologique intervient en
littérature, comment l’imagerie se transforme en imaginaire, et quelles sont les
fonctions que recouvre cette transformation. Pour cela, nous nous observerons
d’abord le dynamisme du champ littéraire de l’écocritique à travers l’écologie
comme discipline clé, avant de nous interroger sur la prise en charge du motif
écologique par la littérature, en proposant notamment un recensement de quelques
tendances et thèmes littéraires de la crise écologique.
6.1.1. L’écologie comme discipline clé

La définition de la notion d’écologie telle qu’on la donne aujourd’hui correspond en


grande partie à celle qu’a formulée Ernst Haeckel en 1866 : « À partir du mot grec oikos

72
Catherine Larrère, Les philosophies de l’environnement, Paris, Presses universitaires de France, 1997, p 12.

72
(= maison), nous entendons par écologie toutes les interactions entre les organismes
(individus, populations, communautés) et leur environnement abiotique et biotique
concernant les flux d’énergie, de matière et d’information »73
La recherche sur l’écologie peut être subdivisée en différents domaines : à un
premier niveau, l’écologie traite des organismes, des espèces et de leur adaptation à
l’environnement.
Au niveau suivant, on examine les interactions entre les individus dans les
populations, puis les interactions entre les espèces. On examine ensuite les dynamiques
existant dans les communautés, les équilibres et les déséquilibres, ainsi que la biodiversité
Au prochain niveau, celui de l’écosystème, on prend en compte les flux d’énergie,
de matériaux et d’information
Enfin, à un dernier niveau, on s’intéresse essentiellement à l’habitat.
À ces différents champs de la recherche, on peut adjoindre « l’écologie
appliquée », qui se penche sur le phénomène de culturalisation du paysage naturel et
étudie l’agriculture durable ainsi que la préservation de la nature et des espèces.
Aujourd’hui, l’écologie biologique est de plus en plus confrontée aux attentes de la
société, qui souhaiterait qu’elle apporte des solutions à tous les problèmes
environnementaux. Bien qu’élaborant un important savoir sur la dynamique des
écosystèmes, elle ne formule pourtant aucune norme éthique, même si certains acteurs
aimeraient en tirer des conclusions en ce sens74
Haeckel a défini l’écologie comme la « science des relations de l’organisme avec le
monde extérieur environnant » et a étudié les « interrelations entre tous les organismes » et
« leur adaptation à l’environnement, leur transformation à travers la lutte pour
l’existence »75.
Cette approche est basée sur l’idée d’un système organisé de dépendances, où il y a,
à la fois, coexistence et concurrence76. L’idée admise d’un équilibre fondé sur la
réciprocité est beaucoup plus ancienne que l’écologie en tant que science ; en effet, depuis
l’Antiquité, elle a constitué l’une des principales hypothèses formulées sur la nature. Mais,

73
Wolfgang NENTWIG, Sven BACHER et Roland BRANDL, Ökologie kompakt, Heidelberg, Springer,
2012 (3e éd.), p. XIV (toutes les traductions des citations en allemand par Evi Zemanek).
74
Voir Hansjörg KÜSTER, Das ist Ökologie. Die biologischen Grundlagen unserer Existenz, Munich,
C.H. Beck, 2005, p. 7.
75
Ernst HAECKEL, Natürliche Schöpfungsgeschichte. Gemeinverständliche wissenschaftliche Vorträge
über die Entwickelungslehre, Berlin, Reimer, 1870, p. 645.
76
Ernst HAECKEL, Generelle Morphologie der Organismen. Allgemeine Grundzüge der organischen
Formen-Wissenschaft, Berlin, Reimer, 1866, vol. 2, p. 234

73
depuis les années 1970, au vu de l’évidente instabilité de nombreux systèmes écologiques,
on préfère se baser sur le modèle du déséquilibre. Ce déséquilibre est conçu comme
résultant de dynamiques internes et d’influences externes et, dans cette approche, on prend
expressément en compte les facteurs de « perturbation »77. Il faut cependant souligner
que, pour les études littéraires et culturelles, les théories infirmées par la science sont
également d’un grand intérêt, car elles constituent l’horizon historique du savoir auquel se
réfèrent les œuvres et les pratiques culturelles.
Il n’est pas possible de décrire ici en détail la façon dont l’écologie s’est subdivisée
en plusieurs domaines au cours du XXe siècle. Nous rappellerons seulement comment elle
est devenue une science majeure et comment elle a nourri une certaine vision du monde et
nous présenterons brièvement le développement de l’écologie humaine et culturelle. Les
écologues ont décrit l’écologie comme une « science passerelle » (Brückenwissenschaft)
qui intègre toutes les sciences naturelles78. Avec son approche holistique ou systémique,
elle recouvre même les sciences naturelles et sociales, comme la sociologie, par exemple79.
Différentes sciences naturelles et humaines font ainsi partie de l’écologie humaine,
qui étudie les relations des humains avec leur environnement depuis le début du
XXe siècle. Pour cette raison, non seulement les biologistes et les géographes, mais aussi
les sociologues, les politologues et les anthropologues, utilisent des modèles écologiques
pour décrire les interactions humaines.
Au cours des dernières décennies, l’écologie s’est établie comme un discours clé
dans le monde occidental. Dans la mesure où il s’agit aujourd’hui d’assumer une
responsabilité face aux problèmes écologiques urgents d’ordre politique ou social et de
développer des solutions durables adaptées, l’écologie gagne largement du terrain, et cela
particulièrement dans le domaine des sciences sociales et naturelles.

D’un point de vue historique et culturel, la question se pose à présent de savoir


quels sont les fonctions, les différentes conceptions et les modèles de la relation entre la
nature et la société qui se dessinent en littérature et dans les arts connexes. Quel rapport ces

77
G. TOEPFER, « Ökologie » (note 1), p. 698
78
August Friedrich THIENEMANN, « Vom Wesen der Ökologie », Biologia Generalis, 15 (1941), p. 312-
331, ici p. 324 ; Karl FRIEDERICHS, « Der Gegenstand der Ökologie », Studium Generale, 10 (1957),
p. 112-144, ici p. 119.
79
Eugene P. ODUM, « Der Aufbruch der Ökologie zu einer neuen integrierten Disziplin », Grundlagen der
Ökologie, 2 vol., trad. de Jürgen Overbeck, Ena Overbeck, vol. 1, Stuttgart/New York, Georg Thieme Verlag,
1980, p. XIV-XXVI ; Ludwig TREPL, « Ökologie – eine grüne Leitwissenschaft. Über Grenzen und
Perspektiven einer modischen Disziplin », Kursbuch, 74 (1983), p. 6-27

74
œuvres entretiennent-t-elles avec la réalité sociale et dans quelle mesure cette perspective
peut-elle s’avérer fructueuse pour notre vision de l’écologie ?

6.1.2. Écologie culturelle et écologie littéraire

Depuis quelques décennies, les spécialistes des études culturelles explorent aussi
les cultures en tant que systèmes écologiques et analysent les interactions entre la culture
humaine et l’environnement naturel au regard de leur interdépendance.
L’écologie culturelle remplace la perception illusoire de la culture en tant que
système autonome ; une idée longtemps dominante qui a conduit à la dichotomie entre
nature et culture.
En référence à Jakob von Uexküll, Gregory Bateson, Julian H. Steward et Arne
Naess, le philosophe des sciences Peter Finke plaide pour une approche interdisciplinaire
et parle d’un « écosystème culturel, qui ne convertit plus ses énergies en biomasse mais en
codes symboliques ; ses cycles ne sont pas des chaînes alimentaires, mais des cycles
d’information »80.
L’écologie culturelle s’intéresse donc aux sources et à la libération de l’énergie
dans le processus culturel, dans lequel les énergies psychiques des acteurs sont d’une
importance primordiale. L’une des plus importantes sources d’énergie culturelle est la
langue81.
Comme l’écologie appliquée, une « écologie culturelle appliquée » pourrait bien
évaluer ce processus dans le sens d’une « nouvelle critique culturelle » qui chercherait à
comprendre si notre action culturelle est compatible avec les conditions structurelles
écosystémiques et développerait, au besoin, des contre-stratégies.
Si l’on considère les langues comme « la plus importante de toutes les forces
énergétiques qui forment et différencient les cultures »82, la fonction culturelle écologique
de la littérature est évidente.
Le potentiel créatif de la langue se déploie notamment dans la littérature, qui
présente une grande variété de conceptions culturelles.

80
P. FINKE, « Kulturökologie », p. 260.
Comme dans l’écologie des systèmes (pratiquée en biologie), Finke pense à un système ouvert qui modifie
son environnement en même temps qu’il en dépend
81
Idem, p. 264 sq. Les ouvrages pionniers ont été : Gregory BATESON, Steps to an Ecology of Mind:
Collected Essays in Anthropology, Psychiatry, Evolution, and Epistemology, Chicago, University of Chicago
Press, 1972 ; et Einar HAUGENS, The Ecology of Language, Stanford, Stanford University Press, 1972
82
P. FINKE, « Kulturökologie » (note 2), p. 271.

75
Convaincu que la poésie doit être considérée comme une source d’énergie
culturelle, William Rueckert a annoncé en 1978 dans un essai, dans lequel il a également
introduit le terme écocritique : « I am going to try […] to develop an ecological poetics by
applying ecological concepts to the reading, teaching, and writing about literature »83.
Cette approche a été reprise et développée par Hubert Zapf, qui relève « les
affinités entre les processus écologiques et les structures et les effets culturels de
l’imagination littéraire » et examine « la littérature comme un moyen d’écologie
culturelle »84.
Zapf assigne à la littérature, indépendamment de ses objets, une tâche centrale dans
l’« économie de la culture », qui combine deux réalisations contraires, la déconstruction
et la régénération :
« D’une part, la littérature est un instrument sensoriel et compensatoire symbolique
pour les aberrations et les déséquilibres culturels ; elle enregistre tout ce qui est
marginalisé, négligé ou supprimé par les structures du pouvoir historique et des
systèmes discursifs dominants […]. D’autre part, surtout à travers […] la libération de
la diversité et la mise en scène de l’ambiguïté […], elle devient le lieu d’un
renouvellement créatif du langage, de la perception et de l’imagination culturelle »85

Quand il décrit la fonction culturelle de la littérature d’une manière plus différenciée,


Zapf distingue trois sous-fonctions, qui ont déjà fait leurs preuves en matière d’analyse de
texte : premièrement, un métadiscours critique, c’est-à-dire que les textes littéraires
déconstruisent les idéologies basées sur des systèmes d’interprétation hiérarchiques
binaires, tels que culture/nature, esprit/corps, etc.86
En second lieu, un contre-discours imaginatif, c’est-à-dire que la littérature imagine
la diversité culturelle et les alternatives à la réalité et place les personnes marginalisées au
centre de ses préoccupations87

83
William RUECKERT, « Literature and Ecology. An Experiment in Ecocriticism » (1978), in : Cheryll
GLOTFELTY et Harold FROMM (éd.), The Ecocriticism Reader : Landmarks in Literary Ecology,
Athens/Londres, University of Georgia Press, 1996, p. 105-123, ici p. 107. Un autre pionnier de la Literary
ecology est Joseph MEEKER, The Comedy of Survival. Studies in Literary Ecology, New York, Scribner,
1972.
84
H. ZAPF, « Das Funktionsmodell » (note 3), p. 56. Pour une étude approfondie, voir : Hubert ZAPF,
Literatur als kulturelle Ökologie. Zur kulturellen Funktion imaginativer Texte an Beispielen des
amerikanischen Romans, Tübingen, De Gruyter, 2002 ; id., Literature as Cultural Ecology (note 3). Sur la
synthèse opérée entre ecocriticism et théorie des systèmes, voir Stefan HOFER, Die Ökologie der Literatur.
Eine systemtheoretische Annäherung. Mit einer Studie zu Werken Peter Handkes, Bielefeld, transcript
Verlag, 2007
85
H. ZAPF, « Das Funktionsmodell » (note 3), p. 56
86
Hubert ZAPF, « Kulturökologie und Literatur », in : Gabriele DÜRBECK et Urte STOBBE (éd.),
Ecocriticism. Eine Einführung, Cologne, Böhlau, 2015, p. 172-184, ici p. 178.
87
Idem, p. 179

76
Troisièmement, un interdiscours réintégratif, c’est-à-dire que les textes littéraires
rassemblent des discours contraires ainsi que différentes formes de savoirs et
d’expériences.
Ceci stimule de façon significative le renouvellement culturel et la créativité et
permet de se confronter aux traumatismes culturels88
6.1.3. Des liens entre Littérature et Pensée écologique

Il est intéressant de constater que la littérature ne s’est pas toujours activement


interrogée sur la question de l’environnement, ou du moins pas en tant que sujet
problématique. Car si la nature et la description des paysages sont des leitmotivs littéraires
importants, celui de la réaction humaine face un environnement menacé pourrait paraître
moins commun et plus récent. Il paraît donc important de revenir sur les modalités de
l’insertion de la littérature dans le débat écologique afin d’en asseoir la légitimité, mais
également de se demander dans quelle mesure la littérature peut modifier ou enrichir le
discours actuel sur l’écologie. On peut d’abord s’interroger sur la présence de la littérature
dans un domaine qui paraît réservé aux champs de recherche tels que les sciences
naturelles, la géographie ou l’ethnographie. Selon le chercheur canadien Neil Evernden, il
est en fait important, voire absolument nécessaire, de combiner l’approche des sciences «
exactes » à une approche esthétique et créative pour répondre aux questions écologiques
contemporaines. Il affirme d’ailleurs, non sans humour, la faiblesse d’une approche
scientifique qui ignorerait un regard artistique et littéraire :

Il n’est pas sans ironie de constater que la société, quand enfin elle détecte une
dissonance dans le monde qui l’englobe, se tourne vers la science pour la solution.
Ainsi l’écologiste continue d’avancer […] en prétendant que la découverte imminente
d’un nouveau pansement miracle et sa diffusion restaureront l’harmonie de la
Biosphère. Cela ne servira à rien d’imputer la responsabilité aux écologistes —
l’environnementalisme implique la perception des valeurs, et les valeurs sont la devise
des arts. Sans l’esthétique, l’environnementalisme n’est rien de plus que de
l’aménagement régional89

En effet, dans un article de 201190, Buell évoque les différentes « vagues » du


mouvement de l’écocritique, constatant un glissement des sujets abordés : lors de la «
première vague » délimitée par le chercheur américain (de 1990 au début du XXIe

88
Idem, p. 180
89
Neil Evernden, « Beyond Ecology: Self, Place, and the Pathetic Fallacy », dans Cheryll Glotfelty et Harold
Fromm [dir.], The Ecocriticism Reader. Landmarks in Literary Ecology, Athens/Londres, University of
Georgia Press, 1996, p. 103, cité et traduit dans Nathalie Blanc, Thomas Pughe et Denis Chartier, «
Littérature & écologie : vers une écopoétique », Écologie & politique, n° 36, février 2008, p. 7.
90
Lawrence Buell, « Ecocriticism: Some Emerging Trends », Qui parle, vol. 19, no 2, Spring/Summer 2011,
p. 87-115.

77
siècle), il était question de l’écriture des espaces ruraux et sauvages plutôt que des
espaces urbains. La « deuxième vague » (des années 2000 à aujourd’hui) intègre en
revanche l’espace urbain, considérant que la main humaine s’est déjà posée sur tout
territoire (c’est ce que Buell appelle « human reshaping91 »). Or, cette considération
de l’espace urbain et de l’influence humaine sur l’environnement tire vers celle de
l’inquiétude écologique.
Ursula Heise confirme dans « The Hitchhicker’s Guide to Ecocriticism » que
depuis l’émergence récente du champ disciplinaire de la justice environnementale
(environmental justice, qui s’intéresse aux liens entre environnement et inégalités
sociales), le mouvement de la critique environnementale a porté plus d’attention aux
inégalités entre les hommes, notamment dans leur accès aux ressources naturelles et
leur exposition aux risques naturels, chimiques, technologiques et écologiques92.
L’écologie est alors à concevoir dans son aspect problématique à caractère «
urgent ». Ainsi l’écocritique tend-elle à dépasser l’étude des paysages pour aborder
l’inquiétude générée par une déperdition possible de l’environnement, et de ce fait,
de l’homme. Nous le voyons donc, la littérature semble avoir trouvé une place au
cœur de la pensée écologique. Mais comment s’approprie-t-elle spécifiquement la
crise écologique contemporaine?
Elle doit pour cela opérer une « mise en littérature » de l’inquiétude
écologique à travers un processus de « fictionnalisation ».
Pour Chelebourg, les œuvres littéraires investissant le champ de l’écologie, qu’il
appelle « écofictions », ont le mérite de transformer le réel en diégèse : « Les
données s’organisent en scénarios et par là même elles se fictionnalisent […]. Le
point de départ reste vrai, mais l’interprétation qu’il inspire, l’image qu’il suscite, le
diégétisent93 ». Selon lui, l’intérêt des œuvres dites « environnementales » est bien
d’offrir au monde pragmatique « son expertise en matière d’analyse des langages,
des signes et des symboles, sa capacité à débusquer le sens des imaginaires dont la
circulation façonne les mentalités94 ». Il n’est donc plus question d’imagerie de la
crise, mais bien d’imaginaire. Nathalie Blanc, géographe française, affirme dans son
article « Littérature et écologie : vers une écopoétique » que la représentation de la

91
Idem, p. 93.
92
Ursula K. Heise, « The Hitchhicker’s Guide to Ecocriticism », PMLA, vol. 121, no 2, 1er mars 2006, p.
503-516.
93
Christian Chelebourg, Les écofictions. Mythologies de la fin du monde, Bruxelles, Les impressions
nouvelles, coll. « Réflexion faites », 2012,, p. 8
94
Idem, p. 11.

78
nature par le récit et le mythe consisterait à offrir « une voie alternative permettant la
constitution d’un “imaginaire environnemental” » indépendante des autres sciences
qui permettrait « d’éviter la menace d’un écocide95».

6.1.4. L’Écocritique

L’écocritique a évolué en tant que nouveau courant au sein de la théorie littéraire et


culturelle et se rattache à divers contextes théoriques.
Le champ disciplinaire de l’écocritique, ou « critique environnementale », mouvement
académique particulièrement dynamique depuis les années 90, tend justement à répondre à
cette nécessité de l’étude littéraire de la crise écologique.
Ce champ littéraire, qui regroupe les associations ASLE (Association for the Study of
Literature and Environment, États-Unis), ALECC (Association for Literature, Environment
and Culture in Canada) et EASLCE (European Association for Study of Literature, Culture
and Environment), crée une émulation mondialisante de chercheurs intéressés par la
question de l’écologie en littérature.
Si l’on abordait les différents champs de l’écologie biologique de la façon présentée
ci-dessus, elle offrirait aux études littéraires et culturelles un vaste champ d’investigation.
Cependant, les sciences littéraires et culturelles s’intéressent avant tout à une
éthique environnementale. Cette préoccupation se retrouve aussi dans les termes
d’écocritique et d’environnemental écocritique. Dans le champ de l’écocritique96
international, malgré la diversité des méthodes, on trouve relativement peu de
contributions liées au concept d’écologie de la biologie ou au concept culturel de
l’écologie culturelle.
L’une des raisons en est, selon Ursula Heise, qu’une grande partie des études se
concentre sur des problèmes actuels, tels que la destruction de la nature. Même si la
perspective scientifique est prise en compte, c’est plutôt un raisonnement éthique sur
l’environnement qui prime.
Ce dernier est présent à des degrés divers, comme le révèlent les définitions anglo-
américaines qui se sont imposées.
Cette dimension éthique va de la prise en compte de l’environnement physique
comme facteur pertinent dans les études littéraires à une focalisation sur les interactions

95
Nathalie Blanc, op. cit., p. 5.

79
entre humains et non-humains dans l’analyse textuelle, jusqu’au green reading, au sens
d’une réinterprétation des textes dans la perspective d’une éthique environnementale.
Dans certains cas, on trouve même un appel politique au lecteur, ce qui révèle bien
une réorientation des études littéraires « dans un esprit de préoccupation environnementale
non limité à une méthode »97
Cette politisation explicite de la littérature se rencontre plus souvent dans la recherche
anglo-américaine que dans la recherche germanophone.
Ici aussi, les exceptions confirment la règle : le germaniste Jost Hermand98, qui a
enseigné aux États-Unis, a été l’un des premiers à exiger une prise de position éthique de
sa discipline, et Hartmut Böhme99 a demandé à ce que les études germaniques tiennent
compte des problèmes écologiques.
Cependant, la plupart des études en langue allemande ne poursuivent pas d’objectifs
politiques explicites et plaident plutôt pour une perspective analytique, scientifique et
historique. En ce sens, on trouve dans le dictionnaire Metzler-Lexikon Literatur- und
Kulturtheorie, qui a introduit la notion d’écocritique au début des années 2000, la
définition suivante :
« La critique littéraire et culturelle qui traite des questions écologiques analyse les
concepts et les représentations de la nature tels qu’ils ont évolué à différents moments
historiques dans certaines cultures. Elle examine la façon dont est défini le naturel, par
quoi se caractérise la relation entre l’homme et l’environnement, et quelles valeurs et
fonctions culturelles sont assignées à la nature »100

Malgré leur diversité méthodologique, presque toutes les études promettent de


rompre la dichotomie humains/environnement et culture/nature en se référant à
l’écologie.
Sans doute le point commun de l’écocritique et de l’écologie littéraire est-il la
conviction d’une pertinence sociale de la littérature et de la critique littéraire. En
relation avec les aspects fonctionnels spécifiés par Zapf, l’écologie littéraire, selon
notre propre compréhension, porte un intérêt particulier aux « genres écologiques »
qui se sont développés au cours de l’histoire de la littérature.

97
Lawrence BUELL, Ursula K. HEISE et Karen THORNBER, « Literature and Environment », Annual
Review of Environment and Resources, 36 (2011), p. 417-440, ici p. 418.
98
Hermand JOST, « Literaturwissenschaft und ökologisches Bewußtsein. Eine mühsame Verflechtung », in :
Anne BENTFELD, Walter DELABAR, Perspektiven der Germanistik. Neueste Ansichten zu einem alten
Problem, Opladen, Springer, 1997, p. 106-125.
99
Voir Harmut BÖHME, « Germanistik in der Herausforderung durch den technischen und ökonomischen
Wandel », in : Ludwig JÄGER (éd.), Germanistik in der Mediengesellschaft, Munich, Verlag Wilhelm Fink,
1994, p. 63-77
100
U. K. HEISE, « Ecocriticism/Ökokritik », p. 155.

80
6.2. Le subalternisme

Il s’agit pour nous ici, de faire ressortir la définition du subalternisme de prime


abord.
D’un deuxième abord, nous étudions son évolution.
D’un troisième abord, nous allons mettre en exergue les discussions qui ont tourné autour
de du subalternisme et l’analyser pour voir en quoi elle sera utile dans la dénonciation de la
destruction environnementale
6.2.1. Définitions

La subalternité caractérise l'état d'une personne dont la voix et les actions sont
ignorées, détournées ou rendues inopérantes. Le Groupe d'études subalternes (Subaltern
Studies Group, SSG) ou Collectif d'études subalternes (Subaltern Studies Collective) est un
groupe de chercheurs sud-asiatiques intéressés par l'étude des sociétés postcoloniales et
post-impériales d'Asie du Sud en particulier, et du Tiers Monde en général. Le terme de
subaltern studies peut également désigner plus largement les études menées par des
chercheurs partageant un certain nombre de leurs points de vue. Leur approche se
concentre sur l'étude des couches sociales à la base de la société, plutôt que sur les élites,
généralement privilégiées par la recherche. Le Subaltern Studies Group, groupe d'études
subalternes, ou d'études subalternistes, ou d'études de subalternité se forme dans les années
1970 autour de l'historien indien Ranajit Guha, qui enseignait alors au Royaume-Uni à
l'Université de Sussex. Les publications du groupe s'échelonnent de 1982 aux années 2000.
6.2.2. L’idée d’une autonomie des subalternes

Le Subaltern Studies Group est influencé par les travaux d'Eric Stokes, qui visent à
offrir une nouvelle lecture de l'histoire de l'Inde et de l'Asie du Sud. Cette lecture inspirée
par Gramsci est expliquée par leur chef de file, Ranajit Guha, particulièrement dans son
« manifeste » Subaltern Studies I, mais également dans sa monographie The Elementary
Aspects of Peasant Insurgency (Les aspects élémentaires des révoltes paysannes).

Même si les tenants de cette approche se réclament d'une orientation politique de


gauche, ils se révèlent très critiques de la lecture marxiste traditionnelle de l'histoire de
l'Inde, selon laquelle ce serait la prise de conscience politique des élites indiennes qui
aurait incité les masses à la résistance et à la rébellion contre les colons britanniques. Selon
les chercheurs du Subaltern Studies Group, l'autonomie du peuple avait été jusque-là

81
minorée ou niée dans l'historiographie, qui accordait le premier rôle aux classes sociales
jugées politiquement plus « avancées »101
6.2.2. La critique de l'hégémonie intellectuelle occidentale

Les Subaltern Studies proposent initialement d’analyser la place des groupes


subalternes dans l’histoire moderne de l’Inde. Ces études accordent une grande place à
l’analyse des discours pour replacer l'importance des groupes se situant à la base de la
pyramide sociale, qu'elles considèrent comme les agents du changement social et politique.
L'apparition de la notion de subalternité est reliée à deux phénomènes historiques : la
décolonisation et la mondialisation. Les subaltern studies font partie des théories
postcoloniales qui émergent dans les années 1990 en Asie du Sud. Celles-ci critiquent la
pensée occidentale, accusée de détourner les représentations des réalités locales, tant celles
des élites intellectuelles que celles des classes populaires des pays du Sud. Cette
hégémonie intellectuelle de l'Occident aurait pour effet de limiter l’expression des
subalternes, d'en réduire la diversité, et d'aggraver les inégalités dans la communication
Nord-Sud. Après avoir été adopté et enrichi par des penseurs du Sud, le terme de
subalternité est aujourd’hui devenu un concept adapté aux deux hémisphères102

6.2.3. Le travail sur les archives coloniales

Le groupe des subaltern Studies a entrepris une relecture des archives coloniales
pour y trouver les traces d'une pensée des subalternes et rendre aux subalternes la
dimension historique de leur existence, occultée traditionnellement par les spécialistes de
l'Asie103.

Les recherches subalternistes ont mis en évidence les biais qui affectent les
documents d'archives, rédigés par des agents coloniaux, et ont recherché d'autres sources104
Ce travail a donné lieu à la publication de 11 volumes sur l'histoire de l'Inde moderne105

101
Merle Isabelle, « Les Subaltern Studies, retour sur les principes fondateurs d’un projet historiographique
de l’Inde coloniale », Geneses, 2004/3, p131-147
102
a b et c « Les subalternes peuvent-ils parler ? » [archive], sur France Culture (consulté le 2 mai 2021)
103
Merle Isabelle, « Les Subaltern Studies. Retour sur les principes fondateurs d'un projet historiographique
de l'Inde coloniale », Genèses, 2004/3 (no56), p. 131-147. DOI : 10.3917/ gen.056.0131, lire en
ligne [archive
104
«Dans ses Cahiers de prison (Gramsci, 1996), rédigés entre 1926 et 1934, Gramsci évoquait la condition
de "subalterne" de divers groupes sociaux et, surtout, les fondements discursifs de l’oppression dont il était
victime. Pour le philosophe italien, l’oppression ne prenait pas seulement racine dans les rapports de force
matériels, mais aussi dans l’intériorisation par les dominés/subalternes du "discours hégémonique" qui
naturalise leur position dans la structure sociale», Mathias Delori, « Subalternité, études de », in P. Bonditti

82
6.2.4. Évolution des études subalternes

Les études subalternes se sont rapprochées des études postcoloniales dès la fin des
années 1980 du fait de l'influence exercée par Edward Saïd, auteur de L'Orientalisme, et de
Gayatri Spivak, auteure de Les subalternes peuvent-elles parler ? L'histoire culturelle des
représentations a pris dès lors une place plus importante dans les études subalternistes,
tandis que l'histoire sociale a été quelque peu délaissée106. Les études subalternes ont
intégré également les apports de la théorie féministe vers la même époque, grâce à Gayatri
Spivak, philosophe féministe indienne107; l'ouverture relativement tardive au féminisme
pourrait s'expliquer par le fait que ce mouvement était peu implanté en Inde108

6.2.5. Critiques et débats

Sumit Sarkar, ancien membre du groupe des études subalternes, est critique à
l'égard du tournant postcolonial pris par les subalternistes et souligne la diminution du
nombre de publications consacrées à des groupes sociaux défavorisés ; les paysans, les
ouvriers, ou certaines tribus en Inde dans la série des Subaltern Studies109. Il déplore
l'intérêt de plus en plus exclusif que le groupe porte au colonialisme, plutôt qu'aux diverses
formes de résistance qui lui ont été opposées (le premier ouvrage de Ranajit Guha traitait
des insurrections paysannes indiennes)110.

Demeuré fidèle au marxisme qui avait marqué les débuts du groupe, il juge
réductrice la nouvelle approche du colonialisme comme « domination culturelle exercée
par la modernité de l’Occident », l'analyse exclusivement culturelle occultant à ses yeux les
aspects socio-économiques de la question.

et A. Macleod (eds), Relations internationales. Théories et concepts, Outremont (Québec), Athena Editions,
2019, p. 550-555, lire en ligne [archive
105
Merle Isabelle, « Les Subaltern Studies. Retour sur les principes fondateurs d'un projet historiographique
de l'Inde coloniale », Genèses, 2004/3 (no56), p. 131-147. DOI : 10.3917/ gen.056.0131, lire en
ligne [archive
106
a et b D'adesky Jacques (2017) "Subalternité [archive]", in Anthropen.org, Paris, Éditions des archives
contemporaines.
107
Le propos est de Déborah Cohen et Urs Lindner, dans leur entretien avec Sumit Sarkar, « Subalternité et
histoire globale », Actuel Marx, 2011/2 (n° 50), p. 207-217. DOI : 10.3917/ amx.050.0207. URL :
https://www.cairn.info/revue-actuel-marx-2011-2page-207.htm [archive
108
«Gayatri Spivak a spécifiquement approfondi la recherche historique du Subaltern Studies Group en
attirant l'attention sur la vie et l'expérience des femmes subalternes et marginalisées que l'histoire officielle de
l'Inde a complètement ignorées et n'a pas reconnues », Hemangi Bhagwat, Madhavi Arekar, « On the
Margins: Theorising Spivak’s “Can the Subaltern Speak?” », ArsArtium ISSN (Print) : 2319-7889, Vol. 6,
January 2018, Pp. 38-44, lire en ligne [archive]
109
a b et c Sumit Sarkar, « Subalternité et histoire globale », Actuel Marx, 2011/2 (n° 50), p. 207-217. DOI :
10.3917/amx.050.0207. URL : https://www.cairn.info/revue-actuelmarx-2011-2-page-207.htm [archive]
110
Sumit Sarkar, « Le déclin du subalterne dans les Subaltern Studies – Contretemps » [archive] (consulté le
6 mai 2021)

83
6.2.6. Analyse de la subalternité

Parmi les facteurs qui unissent les subalternes on compte : la restriction au droit à la
parole (donc au pouvoir d’énonciation), leur bas niveau de revenu (qui les prive d’aisance
matérielle), leur qualité de vie, leur bien-être et leurs libertés qui sont donc moindres que
ceux des autres groupes nationaux. Ces restrictions les enferment dans la spirale décrite par
Amartya Sen111 : la limitation de la liberté économique a un impact sur les libertés sociales,
ce qui entraîne une nouvelle perte de liberté économique. Ce cercle vicieux affaiblit les
subalternes, les opprime et les maintient dans un silence qui, à son tour, réduit leur capacité
d’action. Toutefois, si on applique le schéma dans son fonctionnement inverse, la liberté de
parole et l’égalité de parole, elles, libèrent une énergie et une puissance assez fortes pour
dénoncer et abolir les servitudes. La reconnaissance mutuelle des groupes passe entre
autres par le fait de participer aux débats et aux décisions collectives112

111
Sen, Amartya, (1933- ...)., et Laurent, Éloi, (1974- ...).,, L'idée de justice, Flammarion, dl 2012, cop. 2012,
558 p. (ISBN 978-2-08-127069-5 et 2081270692, OCLC 800552465, lire en ligne [archive])
112
« Les subalternes peuvent-ils parler ? » [archive], sur France Culture (consulté le 2 mai 2021

84
CONCLUSION

Cet essai n’aura pas été le tout premier à aborder la problématique de l’exploitation
artisanale de l’or des pays africains et, plus précisément, sur son caractère clandestin.
Et si cette problématique continue à préoccuper plus d’un chercheur, c’est assurément
parce qu’elle recouvre de nombreux effets, causes et conséquences.
Mais il s’agit d’une réalité à laquelle les acteurs sociaux de l’Afrique ne sont pas encore
convenablement parvenus. Au point qu’un malaise et même un doute que traduisent divers
titres, transparaissent chez les auteurs qui ont tenté de se prononcer sur la dite question de
l’orpaillage.
L’analyse menée autour du thème : La problématique de l’orpaillage clandestin
s’est faite sous trois parties.
La première partie est consumée par les approches définitionnelles et contextuelles des
différentes notions clés et importantes que sont Orpaillage et Clandestin.
Dans cette partie, la réflexion a tenté de lever un coin de voile sur les nuances sémantiques
de notre sujet et a apporté une meilleure compréhension des théories qui ont servi à cette
étude. Ainsi, ce sujet est un prétexte pour montrer simplement que l’orpaillage clandestin
est à freiner car il convoque beaucoup trop de maux.
Ensuite, dans le deuxième chapitre, nous avons cherché à avoir un aperçu historico-
géographique de l’orpaillage.
Dans cette partie, les pays de l’Afrique de l’ouest étaient le point central, bien que des pays
occidentaux aient été cités. La recherche du contexte d’émergence de l’orpaillage ainsi que
la recherche des zones aurifères étaient à l’honneur.
Dans la deuxième partie intitulée : la représentation romanesque et filmique dans le
corpus, il a été question de peindre avec toutes les possibilités les causes et les
conséquences crées par l’orpaillage clandestin.
À ce niveau, dans le premier chapitre, l’on ne s’est pas dérobé à la tâche de faire
magistralement une étude des personnages et de l’espace de l’œuvre les griffes de
l’orpaillage clandestin, œuvre servant de roman aux corpus. La narratologie était le guide
de cette étude. La première partie du premier chapitre s’est vu articulé autour de l’étude
des personnages. En effet, dans cette étude narratologique visant à faire l’étude des
personnages, nous n’avons manqué de faire présenter la condition sociale des personnages.
En outre, ce fut autour de présenter le personnage principal. La deuxième partie du premier

85
chapitre, nous avons axé notre critique toujours dans la même perspective narratologique,
sur l’étude du personnage du roman de notre corpus
En ce qui concerne le deuxième chapitre, cet autre volet de notre analyse a pris en
compte, le phénomène de l’orpaillage clandestin dans le film Ruée vers l’or sans omettre le
fait que ce film a été réalisé par Regis Kamdem et sert de corpus.
Ici, la première partie s’est articulée autour de l’analyse technique du film Ruée d’or. A cet
effet, la présentation du documentaire et l’analyse des séquences constituera l’ossature de
cette partie.
Nous avons établi dans la deuxième partie de ce chapitre intitulé l’interprétation des
séquences, le rapport au spectateur dans un premier temps et la portée du documentaire
dans un second temps.
Nous avons évoqué un roman et un documentaire dans ce travail. Et donc, Pour ce qui est
du troisième chapitre, nous avons mis en rapport le roman et le film nous servant de corpus
dans le traitement de l’orpaillage. D’un premier abord de ce chapitre, il était important de
marquer les convergences dans le traitement de l’orpaillage Et d’un second abord, les
divergences dans le dit traitement ont brillé par leur présence récurrente.
En raison du terrain concret où renvoyait notre sujet de recherche, nous avons
également établi que les enjeux et perspectives de l’étude méritait le point d’honneur de la
troisième partie.
Nous avons montré dans un premier temps que pour citer les enjeux de l’orpaillage
clandestin et proposer de meilleurs perspectives à l’orpaillage, il fallait d’abord énumérer
les enjeux en question. Les enjeux s’organisent autour de l’environnement, la société,
l’économie, et la santé.
Dans un second temps, pour ce qui est de la deuxième partie de ce chapitre, il a été
intitulé les perspectives théoriques et a proposé de mettre en rapport la littérature et
l’écologie dans le but de faire ressortir l’écocritique comme méthode littéraire pour palier
au problème que représente l’orpaillage clandestin. Les Subaltern Studies ont participé à
montrer la ténacité de l’écocritique dans le traitement de l’orpaillage clandestin.
Ainsi, nos deux auteurs et leurs œuvres, Mah KOB’A et Regs KAMDEM, auteurs
respectifs de les griffes de l’orpaillage clandestin et Ruée vers l’or, se sont avérés être de
très bons dénonciateurs des effets néfastes de l’orpaillage clandestin dans la vie de
l’homme et sur l’Homme lui même

86
BIBLIOGRAPHIE

87
1. CORPUS

KOB’A Mah, les griffes de l’orpaillage clandestin, Nouvelles Editions Balafons, 2021,
page 123

KAMDEM Régis, Ruée vers l’or, Afrique Investigation, réalisé par John MOO, produit
par GALAXY AFRICA.

2. OUVRAGES THEORIQUES ET METHOLOGIQUES

BARBERIS Pierre et al, Introduction aux Méthodes Critiques pour l’analyse littéraire,
Paris, Dunod, DL, 1996.

CHEVREL Yves, La littérature comparée « Que sais-je ?, éditions Puf, 2006


EDWARD Saïd, L’Orientalisme, Paris, Editions du Seuil, 2005

YOUNG Robert, Postcolonialism: A Very Introduction, Oxford: Oxford University


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3. OUVRAGES METHODOLOGIQUES

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1er mars 2006, p. 503-516.

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GENETTE, Gérard, « la Littérature et l'espace », dans Figures H, Paris, Le Seuil


(Points), 1976. , Nouveau discours du récit, Paris, Le Seuil, 1983GREIMAS

88
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BLANCHOT, Maurice, l'Espace littéraire, Paris, Gallimard, 1955.

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HÉBERT Anne, Kamouraska, Paris, Le Seuil (Points), 1970.

LINTVELT Jaap, Essai de typologie narrative le «point de vue » : théorie et analyse,


Paris, José Corti, 1981.

MAINGUENEAU, Dominique, le Contexte de l'œuvre littéraire. Énonciation,


écrivain, société, Paris, Dunod, 1993.

WAGNER, Glenda, Pour une meilleure intelligence des œuvres de fiction :


epistemologie suivie de Prolégomènes à une narratologie genettienne comparée des «
discours » littéraire et filmique, Aristote, Saussure, Genette et al, Université Laval,
octobre 1995.

ZOLA, Emile, Germinal, Paris, Garnier-Flammarion (GF), 1968

5. ARTICLES SUR L’ORPAILLAGE

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dedans du texte », in Discours social, Vol.5, N° 1-2, 1993

GOLDMANN Lucien, Un article du Dictionnaire Encarta, Microsoft® Études 2007


[DVD]. Microsoft Corporation, 200

BAMBA Ousmane, PELEDE Souleymane, SAKO Aboubakar, KAGAMBEGA


Nicilas, MININGOU Mariette, 2013, « Impact de l’artisanat minier sur les sols d’un

89
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BRGM/RP, 2008, Synthèse critique des connaissances sur les conséquences


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2DConsulting (2015): Etude d'Impact Environnemental et Social (EIES) du projet de


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Cote d’Ivoire établi en application du paragraphe 27 de la résolution 2153 (2014) du
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document/externes/ONU %20Rapport %20experts %20Cote %20d %27Ivoire
%20avril %2015.pdf. Ford, T. (10 février 2014). Ivory Coast joins the African gold
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Spécificités de la sociocritique d’Edmond CROS, article disponible sur :


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90
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www.larousse.fr Consulté le 30 janvier 2021 à 00 :06

Google: https://library.au.int/comparaison-de-l-la-pauvreté-concept-at-methodes-3
Consulté le 26 juin 2021 à 13:09

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http://www.jeuneafrique.com/542247/politique/infographie-les-organisations-
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Sociologie

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puis les rejets liés aux activités d'orpaillage jusqu'aux populations humaines
Laboratoire d'Écophysiologie et Écotoxicologie des Systèmes Aquatiques, Université
de Bordeaux I/CNRS – 1996

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« le pays de l’or » au Burkina Faso. Doctorat unique de géographie. Ouagadougou,
Université Ouaga 1 Pr. Joseph Ki-Zerbo et Paris, Université Paris 1 Panthéon
Sorbonne, 270 p.

91
INDEX

92
INDEX DES AUTEURS

A KOB’A Mah, 84
A. J. Greimas, 36 L
August Friedrich THIENEMANN,,
Lawrence Buell, 74, 84
70
M
B
MAH KOB’A, 2, 37, 41
BARBERIS Pierre, 84
Mah KOB’A, 3, 29, 30, 31, 32, 33,
C 34, 37, 38, 39, 40, 82
Merle Isabelle,, 78, 79
CHEVREL Yves, 84
P
D
P. FINKE, 71, 72
DUCHET Claude, 85, 86
R
E
Regis Kamdem, 2, 3
Ernst HAECKEL, 69, 70
Eugene P. ODUM, 70 S
G Sen, Amartya, 80
G. TOEPFER, 70 U
H U. K. HEISE, 76
H. ZAPF, 72 Y
Hermand JOST, 76
YOUNG Robert, 84
K
KAMDEM Régis, 84

93
INDEX DES NOTIONS

A dégradation, 22, 55, 60


activité, 1, 2, 9, 10, 11, 12, 13, 14, E
17, 19, 20, 22, 36, 40, 42, 45, 46,
eau, 2, 11, 13, 41, 56, 57, 58, 60,
48, 49, 50, 52, 56, 60, 61, 62, 63,
62, 63, 67, 68
67
écologique, 55, 68, 72, 73, 74, 75
activités artisanales, 12
économiques, 1, 4, 13, 28, 29, 56,
adolescents, 2
80
Africains, 1, 46
Élève, 2
AFRIQUE DE L’OUEST, 20
enfants, 1, 2, 19, 29, 30, 33, 38, 39,
alluvions, 11
40, 41, 45, 47, 48, 49, 51, 52, 63,
artisanal, 11, 12, 13, 17, 21, 23
64
artisanale, 1, 2, 3, 9, 10, 11, 12, 14,
enjeux, 4, 6, 43, 44, 55, 56, 82, 84
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 48, 55,
enquête, 2, 43, 61
56, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67,
environnement, 2, 3, 13, 21, 28, 32,
81, 86, 87
43, 46, 47, 49, 52, 55, 56, 58, 61,
B 67, 68, 69, 70, 71, 73, 74, 76, 77,
82, 86
Burkina Faso, 1, 2, 11, 12, 15, 16,
environnementale, 55, 68, 74, 75,
20, 21, 22, 23, 43, 45, 46, 48, 49,
76, 77
50, 51, 52, 53, 56, 86, 87
environnementales, 1, 22, 57, 60,
Burkinabée, 3
75, 86
C environnementaux, 1, 56, 69, 86
exploitation, 1, 2, 3, 9, 10, 11, 12,
clandestine, 9, 10, 11, 13, 14, 18, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22,
19, 20, 43, 44, 45, 49, 62, 63, 64, 23, 43, 46, 48, 49, 51, 55, 56, 59,
65, 66, 67 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68,
clandestine., 3 81, 86, 87
condition sociale, 27
conséquences, 1, 3, 13, 33, 43, 46, I
47, 63, 66, 81, 86
illégaux, 13
Côte d’Ivoire, 10, 11, 12, 15, 16,
impacts, 1, 18, 20, 60
17, 20, 22, 23, 63, 86, 87
informel, 1, 10
cyanure, 1, 12, 52
L
D
L’Écocritique, 75
d’écologie, 69, 72, 75
l’Énergie, 21
dangereuse, 2, 3, 58, 61
déforestation, 1, 60
94
l’homme, 2, 13, 46, 49, 57, 74, 76, 25, 26, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34,
82 37, 40, 42, 43, 45, 46, 47, 48, 49,
l’orpaillage clandestin, 2, 3, 4, 5, 50, 51, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61,
13, 20, 25, 28, 29, 30, 31, 32, 34, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 81, 82,
37, 40, 41, 42, 43, 46, 62, 63 84, 86, 87, 88
LE SUBALTERNISME, 77
littérature, 1, 3, 4, 5, 68, 71, 72, 73, P
74, 75, 76, 77, 82, 84 phénomène, 2, 5, 6, 10, 15, 28, 32,
localités, 1, 9, 40, 43 33, 43, 45, 46, 47, 66, 69, 82
plantes, 59
M postcolonialisme, 4, 5
manuels, 11, 12
mécanisé, 11, 12 R
mécanisée, 12 ressource, 1, 10, 22, 66
mercure, 1, 2, 12, 13, 46, 49, 56, ressources en eau, 1
57, 58, 59, 60, 61, 64, 87 revenu, 1, 19, 20, 27, 28, 63, 64,
métal, 10, 19, 56, 57, 59, 64, 65 65, 80
methylmercure, 57 roches, 48, 51, 52, 56
Mines, 16, 17, 20, 21, 22, 23, 87
minier, 1, 10, 11, 12, 15, 17, 20, 22, S
47, 84, 86, 87 secteur, 1, 15, 16, 17, 20, 21, 22,
minière, 9, 10, 11, 12, 15, 16, 17, 23, 44, 48, 56, 87
22, 23, 47, 48, 56, 63, 66, 86 sociales, 1, 4, 62, 70, 71, 74, 77,
moderne, 2, 14, 18, 33, 78, 79 78, 80
sociocritique, 4, 5, 87
N sols, 1, 13, 53, 55, 56, 58, 59, 60,
narratologie, 4, 26, 35, 41, 81, 85 86
narratologie,, 26 sources, 1, 3, 20, 56, 58, 71, 79
néfaste, 2, 5, 32 Subaltern Studies, 68, 77, 78, 79,
80, 82
O subalternité, 77, 78, 80
or, 1, 2, 3, 5, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, T
43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, traditionnels, 11, 12, 58, 67
52, 53, 55, 56, 58, 59, 60, 61, 62,
63, 64, 65, 66, 67, 81, 82, 84, 86, V
87 village, 1, 16, 19, 28, 29, 30, 31,
orpaillage, 1, 2, 3, 4, 5, 9, 10, 11, 32, 33, 34, 38, 39, 44, 51, 63
12, 13, 14, 15, 17, 18, 19, 20, 22,

95
TABLE DE MATIERES

Table des matières


DEDICACE ................................................................................................... 1
REMERCIEMENTS ...................................................................................... 2
SOMMAIRE .................................................................................................. 3
INTRODUCTION.......................................................................................... 4
PREMIERE PARTIE : ................................................................................. 10
APPROCHE DEFINITIONNELLE CONCEPTUELLE .............................. 10
CHAPITRE 1 : L’ORPAILLAGE CLANDESTIN : COMPLEXITE DE LA
NOTION ................................................................................................... 12
1.1. Présentation de l’orpaillage ........................................................... 12
1.1.1. Étymologie ................................................................................ 12
1.1.2. Définition Du phénomène .......................................................... 13
1.2. Aspects (formes et types) .............................................................. 13
1.2.1. L’orpaillage : une activité artisanale à une activité clandestine .. 14
1.2.1.1. Une activité artisanale ............................................................. 14
1.2.1.2. Une activité clandestine .......................................................... 16
CHAPITRE 2 : APERÇU HISTORICO-GÉOGRAPHIQUE .................... 18
2.1. Histoire de l’orpaillage .................................................................... 18
2.1.1. L’émergence d’un phénomène (la naissance de l’orpaillage) ....... 18
2.1.2. L’orpaillage dans l’économie moderne ......................................... 21
2.2. L’orpaillage en Afrique de l’ouest ................................................... 23
2.2.1. Au Burkina Faso .......................................................................... 24
2.2.2. En côte d’ivoire ............................................................................ 25
DEUXIEME PARTIE : REPRESENTATION ROMANESQUE ET
FILMIQUE DANS LE CORPUS (ANALYSE DU CORPUS)..................... 28
CHAPITRE 3 : PERSONNAGES ET ESPACES DANS LE ROMAN ..... 30
3.1. L’étude du personnage .................................................................... 30
3.1.1. La condition sociale des personnages ........................................... 31
3.1.2. L’étude du personnage principal................................................... 33
3.2. L’étude de l’espace.......................................................................... 39
96
3.2.1. Description de l’espace rural ........................................................ 41
3.2.2. L’espace comme facteur encourageant à l’orpaillage clandestin ... 44
CHAPITRE 4 : L’ORPAILLAGE CLANDESTIN DANS RUÉS D’OR ... 47
4.1. Analyse Technique .......................................................................... 47
4.1.1. Présentation du documentaire ....................................................... 47
4.1.2. Analyse des séquences ................................................................. 48
4.2. Interprétation des séquences ............................................................ 50
4.2.1. Le rapport au spectateur ............................................................... 50
4.2.2. La portée du documentaire ........................................................... 51
4.3. Convergences et divergences du corpus dans le traitement de
l’orpaillage clandestin ............................................................................ 53
4.3.1. Les convergences ......................................................................... 54
4.3.2. Les divergences ............................................................................ 55
TROISIEME PARTIE : ENJEUX ET PERSPECTIVES DE L’ETUDE ...... 58
CHAPITRE 5 : LES ENJEUX .................................................................. 60
5.1. Les enjeux environnementaux ......................................................... 60
5.1.1. L’utilisation du mercure sur l’environnement ............................... 60
5.1.2. Sur la végétation ........................................................................... 63
5.1.3. Le développement des problèmes de santé et de sécurité liés au
travail des orpailleurs ............................................................................. 65
5.2. Les enjeux sociaux .......................................................................... 66
5.2.1. La fragilisation des équilibres sociaux et communautaires ........... 66
5.2.2. La déscolarisation et le travail des enfants ou l’augmentation du
niveau de déperdition scolaire ................................................................ 67
5.2.3. L’aggravation des conditions de vie des groupes vulnérables ....... 68
5.3. Les enjeux économiques.................................................................. 70
5.3.1. L’or illégal grève les perspectives de croissance économique et de
développement durable .......................................................................... 70
5.3.2. La précarisation de l’économie locale et des conditions de vie des
orpailleurs .............................................................................................. 70
5.4. La sante ........................................................................................... 71
CHAPITRE 6 : PERSPECTIVES THEORIQUES DE L’ORPAILLAGE . 72

97
6.1. Littérature et écologie (écocritique) ................................................. 72
6.1.1. L’écologie comme discipline clé .................................................. 72
6.1.2. Écologie culturelle et écologie littéraire........................................ 75
6.1.3. Des liens entre Littérature et Pensée écologique ........................... 77
6.1.4. L’Écocritique ............................................................................... 79
6.2. Le subalternisme ............................................................................. 81
6.2.1. Définitions.................................................................................... 81
6.2.2. L’idée d’une autonomie des subalternes ....................................... 81
6.2.2. La critique de l'hégémonie intellectuelle occidentale .................... 82
6.2.3. Le travail sur les archives coloniales ............................................ 82
6.2.4. Évolution des études subalternes .................................................. 83
6.2.5. Critiques et débats ........................................................................ 83
6.2.6. Analyse de la subalternité ............................................................. 84
CONCLUSION ............................................................................................ 85
BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................... 87
INDEX ......................................................................................................... 92
TABLE DE MATIERES .............................................................................. 96

98

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