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Université Claude Bernard - Lyon 1 Semestre de printemps 2020-2021

Fondamentaux des Mathématiques 2 24 mars 2021

Devoir surveillé 2 bis

Il est rappelé que la qualité de la rédaction, la clarté et la précision des raisonnements entreront pour une
part importante dans l’appréciation des copies. Les réponses aux exercices doivent donc être clairement
rédigées. Le détail des calculs doit apparaître sur la copie. La présentation doit être la plus soignée pos-
sible. Enfin, si vous pensez avoir repéré une erreur d’énoncé, signalez-le sur la copie et poursuivez votre
composition en expliquant les raisons des initiatives que vous avez été amené à prendre.

1 Équation différentielle
Considérons l’équation différentielle y 0 − 2xy = 1(E).
1. Montrer que si f vérifie (E), alors x 7→ −f (−x) est aussi solution. En déduire qu’il n’y a qu’une
unique solution impaire et donner sa dérivée en 0.
Solution :
Soit g(x) = −f (−x), g 0 (x) = f 0 (−x) = −2xf (−x) = 2xg(x), donc g vérifie (E). Si la solution est
impaire, comme elle est définie sur R tout entier, alors, f (0) = 0 et il existe une unique solution
passant par l’origine. Elle y vérifie f 0 (0) = 1 + 2 × 0 × f (0) = 1.
2. Montrer que toute solution de (E) est C ∞ (R) et vérifie y 00 − 2xy 0 − 2y = 0.
Solution :
Une solution est, par définition, dérivable, donc la dérivée y 0 = 1 + 2xy est aussi dérivable et, en
dérivant l’équation, on obtient y 00 − 2xy 0 − 2y = 0. Par récurrence, toute solution est C ∞ .
3. Montrer que la solution f0 de (E) valant 0 en 0 admet un développement limité à l’ordre 4 en 0
et le déterminer. Représenter graphiquement ce développement limité sur [−1, 1].

Solution :
On a vu qu’elle était C ∞ donc, d’après le théorème de Taylor-Young, elle
admet un développement limité à tous les ordres, déterminé par les valeurs de
ses dérivées successives en 0. f0 (0) = 0 donc f00 (0) = 2 × 0 × f0 (0) + 1 = 1
(3)
et f000 (0) = 2 × 0 × f00 (0) + 2f0 (0) = 0, y (3) = 2xy 00 + 4y 0 donne f0 (0) =
(4)
2 × 0 × f000 (0) + 4f00 (0) = 4 et f0 (0) = 0 donc

2
f0 (x) = x + x3 + o(x4 ).
3

Pn
4. Soit f0 (x) = k=0 ak xk + o(xn ) le développement limité de f0 à l’ordre n en 0. Montrer que pour
2
tout k < n − 1, ak+2 = k+2 ak . Calculer (ak )06k68 .
Solution : Pn
La dérivée f00 adment également un développement limité, qui s’intègre en k=0 ak xk +o(xn ), c’est
n n−1 Pn
donc f00 (x) = k=1 kak xk−1 + o(xn−1 ) = `=0 (` + 1)a`+1 x` + o(xn−1 ) = 1 + 2x k=0 ak xk +
P P
n+1
o(xn+1 ) = 1+2 `=1 a`−1 x` +o(xn+1 ). Par unicité du développement et identification, on obtient,
P
a1 = 1 et pour 1 6 ` 6 n − 1, (` + 1)a`+1 = 2a`−1 . Avec a0 = 0, on obtient

n 0 1 2 3 4 5 6 7 8
2 4 8
an 0 1 0 3 0 15 0 105 0

5. Établir et résoudre l’équation homogène associée à (E).


Solution :
y0
L’équation homogène est y 0 − 2xy = 0 qui est équivalente à y = 2x, dont les solutions sont de la
x2
forme x 7→ Ke avec K ∈ R.
6. Appliquer la méthode de la variation de la constante pour trouver une solution particulière sous
forme intégrale.
Solution :
2  2
Cherchons une solution sous la forme f (x) = K(x)ex , soit f 0 (x) = K 0 (x) + 2xK(x) ex . Alors,
2 2 2
f est solution de (E) si f 0 (x) − 2xf (x) = K 0 (x)ex = 1, soit K 0 (x) = e−x , donc f (x) = ex (K +
R x −t2
0
e dt) avec K ∈ R.
2 Rx 2
7. Montrer que f0 (x) = ex 0 e−t dt est la solution de (E) évoquée en 3.
Solution :
Cette fonction f0 est C ∞ comme produit, composée et primitive de fonctions C ∞ . f00 (x) =
2 2 Rx 2
ex e−x + 2x 0 e−t dt = 1 + 2xf0 (x) donc f0 est solution de (E) et f0 (0) = 0, comme la


fonction définie en 3.
8. À l’aide de f0 , calculer, pour tout K ∈ R, fK la solution de (E) définie par fK (0) = K. En déduire
une autre démonstration de la question 1.
Solution :
2
La solution est fK (x) = f0 (x) + Kex pour K ∈ R. Les solutions étant définies sur R, une solution
impaire s’annule en 0, c’est donc nécessairement f0 . De plus, f0 est effectivement impaire en tant
2
que produit d’une fonction paire et d’une primitive d’une fonction paire. Comme x 7→ ex est
2
paire, pour tout K ∈ R, −fK (−x) = −f0 (−x) − Kex = f−K (x) vérifie (E) également.

2 Polynômes de Bernstein
n

On définit, pour k, n ∈ N, k 6 n, le polynôme de Bernstein Bn,k (X) = k X k (1 − X)n−k où le
coefficient binomial nk = k!(n−k)!
n!

.
1. Calculer, pour k, n ∈ N, le degré de Bn,k .
Solution :
Le degré est n comme produit de deux polynômes de degrés k et n − k.
2. Calculer tous les polynômes de Bernstein de degré au plus 2, dresser le tableau de leurs valeurs
en 0, 12 , 1 et les représenter graphiquement soigneusement sur [− 12 ; 32 ] .
B1,0 1.25

Solution : B0,0 1
1
Bn,k x 0 2 1
B0,0 (X) = 1 1 1 1 0.75
1
B1,0 (X) = (1 − X) 1 2 0
B1,1 (X) = X 0 1
1 0.5
2
B2,0 (X) = (1 − X)2 1 1
0 B2,2 B2,0
4 0.25
1
B2,1 (X) = 2X(1 − X) 0 4 0
1
B2,2 (X) = X 2 0 4 1
−0.5−0.25 0.25 0.5 0.75 1 1.25 1.5
B1,1 −0.25
B2,1
 
P (0)
3. Considérons, pour P ∈ R[X], le vecteur vP = P ( 12 ) ∈ R3 . La famille (vB0,0 , vB1,0 , vB1,1 ) est-elle
P (1)
libre, est-elle liée ? Calculer Vect(vB0,0 , vB1,0 , vB1,1 ).
Solution :
B1,0 = B0,0 − B1,1 donc la famille est liée et Vect(vB0,0 , vB1,0 , vB1,1 ) = R2 .
4. Établir une famille libre maximale parmi les polynômes listés en 2. Quel est l’espace engendré ?
Solution :
L’espace engendré est R2 [X], engendré, par exemple, par B2,0 , B2,1 , B2,2 , ce qui est prouvé, par
exemple, parce que la famille (vB2,0 , vB2,1 , vB2,2 ) est libre, mais également parce que leurs valuations
(le degré du premier terme non nul) est strictement croissante.
5. Établir les coordonnées des éléments de la famille (B3,k )06k63 dans la base canonique de R3 [X].
On résumera le résultat sous forme d’une matrice carrée B3 dont les colonnes sont les coordonnées

2
des polynômes de Bernstein.
Solution : 
B3,k (X) = k3 X k (1 − X)3−k , soit
 
1 0 0 0
B3,0 (X) = (1 − X)3 = 1 − 3X + 3X 2 − X 3 , −3 3 0 0
B3 = 
B3,1 (X) = 3X(1 − X)2 = 3X − 6X 2 + 3X 3 ,

3 −6 3 0
B3,2 (X) = 3X 2 (1 − X) = 3X 2 − 3X 3 , −1 3 −3 1
B3,3 (X) = X 3 .
6. Établir les coordonnées des éléments de la base canonique dans la famille (B3,k )06k63 .
Solution :  
1 0 0 0
1 1 0 0
Il s’agit d’inverser la matrice B3 et on trouve B3−1 =  3
1 2 1 0 .

3 3
1 1 1 1
7. Montrer que, pour n ∈ N, la famille (Bn,k )06k6n est une base de Rn [X].
Solution :
La valuation de Bn,k , c’est-à-dire le degré de son premier terme non nul, est k, c’est-à-dire que la
matrice Bn est triangulaire inférieure, de diagonale sans zéro. Elle est donc de rang maximale, la
famille est libre dans Rn [X]. La dimension de Rn [X] est n + 1, soit le cardinal de la famille en
question, qui est donc une base.
Pn
On peut aussi le montrer plus basiquement : Si k=0 λk Bn,k = 0, alors, en substituant la valeur
X = 0, on obtient λ0 = 0. On divise par X la combinaison linéaire et on recommence (ou bien on
regarde la valeur de la dérivée en 0), donc λ1 = 0 etc.
8. Établir la formule du binôme (a + b)n pour un entier n, a = X et b = 1 −  X. Montrer, pour
n, k, ` ∈ N, ` < k 6 n, que k(k − 1) · · · (k − `) nk = n(n − 1) · · · (n − `) n−`−1
k−`−1 . En déduire que

n
X
Bn,k (X) = 1,
k=0

n
X
k(k − 1) · · · (k − `)Bn,k (X) = n(n − 1) · · · (n − `)X `+1 , pour ` < n.
k=0

Expliciter ce que ça signifie pour n = 3.


Solution : n Pn Pn
n
 k n−k
La formule du binôme donne X + (1 − X) = k=0 k X (1 − X) = k=0Bn,k = 1.
En explicitant nk = k!(n−k)!
n!
, on voit que, pour tout ` < k, k(k − 1) · · · (k − `) nk = k(k −


n! n! (n−`−1)!
1) · · · (k−`) k!(n−k)! = (k−l−1)!(n−k)! = n(n−1) · · · (n−`) (k−l−1)!(n−`−1−(k−`−1))! = n(n−1) · · · (n−
n n
`) n−`−1
 P P
. Donc k(k − 1) · · · (k − `)B (X) = k(k − 1) · · · (k − `)B n,k (X) = n(n −
k−`−1
`+1
Pk=0
n n−`−1
 k−`−1 n,k n−k k=`+1 `+1
1) · · · (n − `)X k=`+1 k−`−1 X (1 − X) = n(n − 1) · · · (n − `)X par la formule du
binôme. On vient quasiment d’inverser la matrice Bn .
 
1
0
Pour n = 3 cela signifie, B3,0 + B3,1 + B3,2 + B3,3 = 1 (les 4 colonnes de B3 se somment à  0),

0
pour ` = 0 : B3,1 + 2B3,2 + 3B3,3 = 3X ; pour ` = 1 : 2B3,2 + 6B3,3 = 6X 2 ; pour ` = 2 :
3B3,3 = 3X 3 .

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