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ENP/ Département Génie Minier / 3ème Année/MD 2022/2023

L’Enseignant Auteur et Responsable du cours : M. L. CHANANE


COURS DE TELEDETECTION - 1
INTRODUCTION
Les premières tentatives de la photographie de la Terre depuis un ballon dirigeable, vers
le milieu du 19ème siècle, ont sans aucun doute marqué le début de l'observation de la
Terre. Les missions aériennes du 20ème siècle ont ensuite permis de constituer une
remarquable photothèque, mais il a fallu attendre 1972 pour assister à la mise sur
orbite du premier satellite de télédétection, LANDSAT-1, capable d'offrir des images
de la Terre vues depuis l'espace, à une altitude de 900 km environ.
Très vite de nombreuses nations ont saisi l'intérêt de pouvoir disposer de moyens d'observation
embarqués à bord des satellites. En effet, la télédétection est à la fois un outil :
 D’observation, surveillance de la surface terrestre et d'inventaire (en occupation des sols, …),
 La prévision du type de temps (en météorologie, …)
 Et de prévision et d'aide à la décision (en agriculture et aménagement du territoire…).

Les principaux enjeux de l'observation de la Terre depuis l'espace sont donc d‘ordre scientifique,
économique et stratégique et les missions en dépendent.

Différents systèmes d'observation de la Terre ont été conçus et réalisés par des nations ou des
groupes de nations pour répondre aux besoins des missions. Les données acquises par les satellites
de télédétection sont maintenant largement diffusées.
On entend par télédétection (en anglais : remote (télé) sensing (détection), un dispositif
de pointe conçu pour la détection à distance, qui s’appuie sur un ensemble de
techniques mises en œuvre et installé à bord de satellites, de navettes spatiales,
d'avions, de ballons sondes et de stations orbitales, et qui ont pour l'étude de :
 La surface de la Terre (ou d'autres planètes)
 L’atmosphère, en utilisant les propriétés des ondes électromagnétiques émises, réfléchies ou
diffractées par les différents corps observés à la surface de la Terre. Ces ondes
électromagnétiques (rayonnements) organisées en spectre énergétique, depuis les rayons
cosmiques (≤ 0.1nm) jusqu’aux ondes radio (mm à m), en fonction de la vitesse (m/s), longueur
d'onde (m) fréquence : 1/T (Hz), et période : /c (s).

L'origine de la télédétection se confond avec celle de la photographie aérienne,


mais la gamme d'ondes intéressant la télédétection est beaucoup plus large que la
gamme du visible et s'échelonne de l'ultraviolet (0,38µm = 380nm) jusqu'aux ondes
millimétriques du radar ; on distingue,
- D’une part, les techniques passives, où l'on se contente d'enregistrer l'énergie
naturelle émise ou réfléchie par les corps, enregistrée par les spectres du visible et l’I.R.
- Et d'autre part, les techniques actives, où l'on éclaire les corps visés et à étudier
avant d'enregistrer l'énergie, qu'ils renvoient vers le détecteur par les ondes Radar.

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L'atmosphère ne transmet pas les radiations électromagnétiques d'une manière


uniforme ; beaucoup en sont absorbées, en particulier par la vapeur d'eau H2O et le
dioxyde de carbone CO2. Ce qui implique l’existence des « fenêtres » de transmission.
 D’une part, dans la bande du spectre visible (de 0,380 à 0,780 µm), utilisant
l’énergie acquise par un électron soumis à un potentiel électrique de 1V
(exprimée par 1eV = 1,6 10 -19J), Le spectre visible est obtenu par décomposition de la lumière
blanche par un prisme, d’où la gamme du violet, bleu, vert, orange et rouge.
 Et d'autre part, dans l'infrarouge (depuis 0,780 µm jusque vers 100 µm) ;
 Plus loin, à partir des ondes millimétriques du radar (de 100 à > 1000 µm,
l'atmosphère devient à peu près transparente. Ce sont là les trois domaines
particulièrement utilisés dans la télédétection.

Les images de télédétection constituent une source irremplaçable d’informations (en termes d’échelle et de
temps).
Le développement des véhicules spatiaux et des capteurs électroniques a permis un exploit fulgurant pour
l’observation et la recherche.
Ces derniers permettent d’obtenir une fréquence d’acquisition très élevée (quantité d’informations en un
temps record) des champs d’observation et des résolutions spatiales très variées (respectivement, l’échelle
de balayage et de précision), adaptées à tous les besoins.
Si l’utilisation visuelle immédiate (instantanée) d’images acquises par satellites semble aisée, il faut toutefois
pour une interprétation correcte, bien connaître les processus d’acquisition et de codage de ces images
(réglage/étalonnage et caractéristiques des capteurs).
Par les traitements qu’ils permettent, l’utilisation d’outils informatiques permet d’accroître la richesse des
informations extraites, à condition de connaître les corrections subies par l’image avant son utilisation, telles
que les corrections géométriques, dues aux erreurs des systèmes de mesure, provenant des
mouvements de la plate-forme (roulis, tangage, lacet/zigzag…), sont appliquées sur les images pour
réduire les :
- Déformations géométriques intervenues lors de l'enregistrement de la scène, sous l’effet des
- Distorsions causées par l’environnement (courbure de la terre, variation d’altitude au sol, réfraction
atmosphérique…).

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- Pour offrir un maximum de possibilité, les images brutes acquises par les satellites doivent subir certains
pré-traitements corrigeant les distorsions inhérentes au processus d’acquisition (réglage, calibrage et
étalonnage des différents capteurs, date/évolution et différence d’échelle). Par exemple, la combinaison d’images
acquises à des dates différentes ou par des capteurs différents nécessite que les images soient
parfaitement superposables. 16/10/22

I- LES CAPTEURS
Les capteurs optiques en Télédétection permettent d’avoir une image réaliste
(domaine du visible) ou (PIR/proche infrarouge), mais ils sont aveugles la nuit et
sous couvert nuageux.
Les capteurs radar (micro-ondes) fournissent des images en noir et blanc plus
difficiles à interpréter, mais qui facilitent l’étude de la rugosité de surface, du
type de matériau et de sa teneur en humidité. Ils permettent d’acquérir des images
de nuit et à travers la couverture nuageuse. Pour mesurer l’étendue d’une nappe
d’hydrocarbure sur l’océan, mieux vaut alors utiliser des images radar.
Pour caractériser un paysage agricole, des images optiques seront adaptées.
(http://smeg-cmr.com/formations/en-savoir-plus/).

- La plupart des capteurs à distance enregistrent des quantités d'énergie


électromagnétique irradiée ou réfléchie par les objets étudiés.
- La lumière est la forme la plus courante d'énergie électromagnétique.
- Dans un appareil photo classique, quand une pellicule est exposée à la lumière,
elle enregistre en fait une énergie électromagnétique.
 De nombreux capteurs à distance prennent ainsi des photographies (visible).
 D'autres enregistrent l'énergie électromagnétique invisible, comme le
rayonnement infrarouge et les micro-ondes.

A. Les capteurs courants


Parmi ces types de capteurs, on trouve les appareils photographiques. Depuis la
fin des années 1930, les scientifiques ont régulièrement pris des photographies
aériennes de la surface terrestre. Ces photographies ont été utilisées pour
 Établir les anciennes cartes topographiques,
 Étudier l'évolution du paysage terrestre tel que les sols, forêts et tous les
éléments de la surface topographique (relief) affectés par l’érosion et la pollution,
 Dresser les plans de villes et leur extension, observer les opérations militaires
(dans le cadre d’espionnage et de surveillance) …

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B. Les capteurs spéciaux
Appelés aussi scanners à spectre multiple (un spectre représente la contribution énergétique des
composantes monochromatiques d’ondes : sonore, électromagnétique/rayonnement) en fonction
de la fréquence et longueur d'onde de ses composantes). Ils produisent des données numériques pour
de nombreuses parties du spectre électromagnétique. Les spécialistes de la télédétection utilisent
souvent des ordinateurs pour :
 Améliorer la qualité des images,
 Regrouper plus facilement les informations collectées par superposition,
 Et dresser des cartes synthétiques et thématiques. 23/10/22

C. Les capteurs infrarouges


Ils enregistrent l'énergie électromagnétique invisible . Les longueurs d’onde IR sont trop grandes pour
être perceptibles par l'œil humain, Comprises entre 0.78µm (700 nm) et 1000µm (1mm), cependant,
l’IR. Lointain se confond et chevauche largement avec les micro-ondes de la bande spectrale du
Radar.
Toutefois, lorsque les rayons infrarouges frappent une surface d’un corps, les atomes et molécules se
mettent en mouvement pour libérer de l'énergie ressentie sous forme de chaleur mesurable. La chaleur des corps

.
peut être mesurée grâce à leur rayonnement infrarouge

A cet effet, Les capteurs infrarouges enregistrent des images montrant les variations de température de la
zone étudiée. Les scientifiques utilisent des images infrarouges pour :
 Déterminer l'état de la végétation,
 Surveiller les variations de température des masses d'eau marine/continentale,
 Localiser une avarie (endommagement et fuite de pression) des pipelines aériens ou souterrains (gazoducs
et oléoducs),
 Et étudier les surfaces géographiques et la nature du sol et du sous-sol (types de sols, végétation,
érosion, surfaces d’eau et présence de nappes souterraines-phréatiques, …).

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D. Les capteurs de micro-ondes
 Correspondent à la bande spectrale du radar (entre 100 et 1000 µm), ils envoient des ondes
électromagnétiques vers des objets visés et enregistrent le spectre de réflexion de ces derniers.
 Contrairement aux autres capteurs, ils peuvent recueillir une information à travers les nuages.
 En balayant une surface avec un radar et en traitant les informations grâce à un ordinateur tout en
s’appuyant sur des logiciels appropriés, on peut confectionner des cartes-radar.
 La surface de Vénus, entièrement enveloppée de nuages denses, a été cartographiée de cette façon.
Le radar est également utilisé pour :
 Aider la navigation maritime et aérienne,
 Dresser des cartes géologiques.

(a) Les bains de Falerii Novi à une profondeur de 0,40-0,45 mètre, (b) puis à une profondeur de 1,30 -1,35 mètre,
(c) Puis le résultat rendu par une détection assistée par ordinateur avec les murs en rouge et les sols en vert,
(d) et enfin, une représentation 3D du lieu © L. Verdonck et al., Antiquity 2020

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Grâce au Radar à Pénétration de Sol (RPS), une ville romaine abandonnée, détectée dans les détails
surprenants (10/06/2020), les résultats préliminaires du Radar à Pénétration de Sol, produit une
quantité colossale de données, quelque 28 milliards de points enregistrés.
Avec les méthodes d'analyses traditionnelles, les chercheurs travaillent en parallèle en développant de
nouvelles méthodes automatisées, il a fallu 20 heures environ pour documenter un seul hectare. Il faudra donc
encore un peu de temps aux archéologues pour finir l’examen de l'ensemble du site de Falerii Novi.

Le Sahara algérien abritait une gigantesque rivière où la vie prospérait en abondance

Une image radar des paléo-rivières découvertes.


L’eau a peut-être coulé pour la dernière fois dans les canaux du réseau récemment découvert il y a 5 000 ans.

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II. LES SATELLITES

Le satellite artificiel est un engin placé en orbite autour de la Terre, ou d'un astre
quelconque, à des fins scientifiques, militaires, industrielles ou économiques. Le
premier satellite artificiel, Spoutnik 1, de petite taille (58cm de diamètre) fut lancé par
l'Union soviétique le 4 octobre 1957. Les Américains répliquèrent moins de 90 jours plus
tard avec Explorer 1, mis en orbite le 31 janvier 1958. La conquête de l'espace avait déjà
commencé, et dans les années qui suivirent, plusieurs milliers de satellites furent lancés
pour réaliser différentes études. Les pays les plus actifs dans ce domaine furent l'URSS
dans les années 1960-1970 et les États-Unis dans les années 1970-1980.
Dans les années 1980, l'Europe créa l'Agence Spatiale Européenne (ESA). Les satellites se sont
révélés extrêmement utiles au développement des systèmes de télédétection. Les États-Unis, la
Russie, l'ESA, le Japon et l'Inde, ont lancé des satellites pour l’observation de la Terre.

Par exemple, en 1986, les satellites français SPOT (Système Probatoire d'Observation de la Terre)
-ayant commencé par un système Probatoire dans le but de vérifier le niveau de performance des engins pouvant
produire des images d'objets ayant une surface de 100m2 seulement.

En 2017, L’Algérie a envoyé, à partir du territoire chinois ; le premier satellite ALCOMSAT-1,


fabriqué en étroite collaboration avec les spécialistes chinois pour le compte de l’Etat algérien.

Satellite Algérien ALCOMSAT-1, lancé en 2017

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Un satellite est un objet/engin qui gravite autour de la Terre grâce à la seule force de
gravitation (Constante de gravitation universelle : G) exercée par la Terre.

Les satellites sont alimentés par des réserves d’ergol liquides (combustible à base du couple
hydrogène et oxygène liquide générant une poussée jusqu’à 4300m/s) embarquées (contrairement
aux moteurs à propergols solides pour la propulsion de fusées), sont seulement utilisées pour
apporter de légères corrections de trajectoire ou d’altitude et de surcroit permettant aux satellites
de conserver leur bonne position, alors qu’ils disposent (satellites) initialement d'une source
d'énergie et de réserves d'ergols.

Sous l’action de la force de gravitation, le mouvement d’un satellite par rapport au centre
de la Terre ne dépend que des conditions initiales (vitesse et position), fixées lors de la
mise à poste du satellite.

Selon les conditions, la trajectoire d’un satellite est soit un cercle, soit une ellipse. Le
mouvement par rapport à la surface de la Terre est plus complexe : il résulte de la
combinaison du mouvement circulaire autour de l’orbite équatoriale (géostationnaire) ou
elliptique autour de l’orbite polaire (défilement) du satellite et du mouvement propre de
rotation de la Terre, en une journée, autour de l’axe des pôles.

Types de satellites

Les satellites météorologiques produisent, grâce aux systèmes de télédétection, des


images utilisées pour prévoir les types des temps. Les capteurs placés à bord des
satellites météorologiques peuvent en effet suivre les mouvements des nuages et
enregistrer les variations de température dans l'atmosphère.

Nuage de satellites autour de la Terre

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E. Le satellite Landsat
C'est en 1972, avec Landsat-1, que la télédétection a vraiment pris son essor, et c'est
grâce :
 au succès du programme Landsat,
 à la très large diffusion de ses images destinées au large publique,
 à la couverture régulière et complète de la surface de la planète, à cet effet, la
télédétection s'est progressivement affirmée comme une technique utile et
irremplaçable.

Landsat-1 a cessé de fonctionner en 1975 ; alors que Landsat-2 (en 1977) et Landsat-3
(en 1978). Landsat-4 (en 1982), Landsat-5 (en 1984) et Landsat-6 (en 1991) ont pris la
relève l’un après l’autre.
Les principales applications des images Landsat sont :
 la cartographie géologique (domaines de la prospection et l'exploration pétrolière et
minière),
 la cartographie générale, particulièrement dans les zones d'accès difficile,
 l'inventaire et l'étude des ressources en eau,
 l'étude de la couverture végétale et de l'utilisation des sols,
 la prévision de récoltes,
 les études littorales…, etc

En géologie, les images Landsat apportent une vue synoptique (présentation graphique
permettant de saisir d'une seule vue un ensemble d'informations liées ou un système complexe)
des phénomènes.
Une seule image (185 km × 185 km) remplace plusieurs centaines d'images d'avion et,
surtout, tous les éléments du paysage sont « photographiés » dans les mêmes conditions
d'éclairement. Cela facilite les études à l'échelle régionale, même dans les régions
couvertes de végétation, car cette dernière constitue souvent un support indicateur des
terrains sous-jacents.

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En plus de la morphologie, les géologues détectent des linéaments qui sont des
« lignes dans le paysage », quelquefois de très grande ampleur (200 km), lignes qui sont
souvent la manifestation en surface d'accidents géologiques du sous-sol (failles).
Les structures circulaires à sub-circulaires qui apparaissent aussi sur les images se
sont révélées intéressantes pour la prospection minière. Grâce à Landsat, on a pu
remettre à jour des cartes de certaines régions d'Afrique, d'Asie, de l'Antarctique…

Image Landsat-8 OLI en mode RVB montrant Image Landsat 8 OLI en mode RVB montrant
le gisement métallique ferrifère de Gara Djebilet le gisement métallique ferrifère de l’Ouenza

Ce principe est fondé sur le fait que les différents éléments du paysage (terrains nus,
cultivés, végétalisés etc.) possèdent assez souvent des coefficients de réflectances
spectrales (d’un milieu exprimant le rapport de l’énergie réfléchie à l’énergie reçue pour un intervalle de
temps (s) considéré et pour une surface donnée : m2 - km2) qui leur sont propres, appelés signatures
et grâce auxquels on peut ainsi les différencier.
Ces techniques de classification (selon la morphologie et réflectance) donnent également
de bons résultats en océan/mer pour différencier les masses d'eaux (chaudes/
froides, salées/moins salées et douces) et dans certaines zones littorales.

Salt Lake near the coast, Werstern Australia

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Elles n'ont en revanche donné que peu de résultats en ce qui concerne la différenciation
des roches (lithologie), en raison des difficultés liées à la couverture végétale, mais aussi
en raison de la mauvaise adaptation des canaux - Landsat.
Mais La situation a changé avec le lancement de Landsat-D, équipé de canaux à 1600 nm
et 2200 nm dans l’Infra-rouge moyen.
Les Landsat-D sont également utilisés, en liaison avec des capteurs aéroportés, pour la
détection des flux de poissons.

Dans le même contexte, Landsat est mal adapté à la détection des pollutions marines. Il
faut signaler que des programmes opérationnels de surveillance aéroportée des zones
littorales ont vu le jour en 1977 et 1978, aussi bien aux États-Unis qu'en Europe.
En effet, les images obtenues à bord d'avions équipés de radiomètres travaillant dans
l'infrarouge thermique (autour de 12 000 nm) permettent de détecter de jour comme de
nuit les nappes d'huile flottant à la surface des océans/mers (pollution marine).
Des stations de réception des satellites Landsat ont été mises en service dans plusieurs
pays (États-Unis, Canada, Italie, Suède, Brésil). Chacun peut obtenir des images Landsat de
n'importe quelle partie du monde, en s'adressant :
- Au centre U.S.G.S. (United States Geological Survey) de Sioux Falls (South Dakota, USA).
- En ce qui concerne l'Europe, au réseau Earthnet de l'Agence Spatiale Européenne qui est
représenté, en France, par le Groupement pour le Développement de la Télédétection
Aérospatiale (G.D.T.A., Toulouse).

F. Les autres satellites


Les images du canal thermique des satellites météorologiques N.O.A.A. (National
Oceanic and Atmospheric Administration) et du satellite européen Météosat permettent
certaines études océanographiques (détection des fronts thermiques des courants
marins, établissement des cartes de température de surface, aide à la pêche, etc.), avec
une fréquence de deux passages par jour.
Le satellite Seasat (1978) a été le premier satellite spécialement destiné à l'étude des
océans. Il était équipé de capteurs travaillant dans les parties du visible et infrarouge du
spectre électromagnétique, mais aussi de capteurs radar, assistés par un altimètre et
radiomètre) utilisant des ondes de longueur centimétrique, c'est-à-dire présentant
l'avantage de ne pas être arrêtées par les nuages. Ce Seasat n'a malheureusement
fonctionné qu'une centaine de jours, mais il a ouvert de très larges perspectives :
 Estimation de la hauteur des vagues et de leur flux directionnel,
 Estimation de la vitesse et direction des vents de surface,
 Étude et surveillance des calottes glaciaires polaires, les banquises/tables
glaciaires océaniques et détection des icebergs stationnés ou en dérive.
Les images du radar latéral de Seasat (résolution 8 m × 25 m) ont mis en évidence des
phénomènes océaniques (direction des ondes internes des courants océaniques, champ
de vagues) difficilement détectés par les techniques classiques. Les images de H.C.M.,
Nimbus-G et Météosat peuvent être reçues en France à la station de Lannion. Les
utilisateurs peuvent obtenir des images soit sur un support film, soit codées sur des
bandes magnétiques.
La France, avec la participation de la Suède et Belgique, a lancé en 1977 le programme S.P.O.T. (Satellite
Probatoire d'Observation de la Terre), ce satellite a été mis en orbite en 1986 par la fusée européenne
Ariane.

Grâce à sa résolution de 20 m, le satellite S.P.O.T. (1986) a ouvert de larges possibilités à


l'Europe. Le grand souci était d'harmoniser les différents programmes internationaux
entre pays européens ;
Les stations de réception S.P.O.T. et Landsat-D (Thematic Mapper Subsystem And
Multispectral Scanner) devraient être compatibles. La résolution de S.P.O.T. est adaptée
au parcellaire européen et son impact est grand sur les différents types d'inventaires et
la cartographie en général (S.P.O.T. donne aussi des vues stéréoscopiques : en relief).

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Les images-satellites sont réelles et se définissent comme étant des données numériques
(pixélisées et géo-référencées) dont les différents paramètres peuvent être connus et
retenus pour une région déterminée de la surface de la terre.

De nos jours, les différents satellites permettent de procurer des images de la terre, où chaque
satellite offre un type spécifique d’images.

Selon WorldSat, 2008, le choix d’une image-satellite s’appuie sur deux critères importants
qui sont :
- sa résolution : une résolution peut avoir 600 points au minimum par pouce (2.54cm x 2.54cm).
- et sa couleur (contenu de chaque bande spectrale). En outre, il est nécessaire de définir le
périmètre de couverture, en s’appuyant sur la réflectance, qu’il faut utiliser sur l’image.

Pour produire une image, on mesure la quantité des rayonnements du spectre électromagnétique
couvrant les différentes bandes spectrales, dont l’objectif est d’obtenir le plus d’informations
en combinant ces bandes, de plus l’intensité du spectre de rayonnement électromagnétique
pour chaque bande est enregistrée numériquement en pixels (pictures and elements) (SEOS, 2015).

L’application de la télédétection a vu son étendu dans plusieurs domaines, par exemple :

- l’estimation d’impact des catastrophes naturelles,


- l’évaluation des risques naturels comme les tremblements de terre, les inondations…,
- la gestion des ressources naturelles,
- la détection et surveillance des niveaux de pollution, (NOAA, 2015).

Exemple de la pollution marine par les rejets d’oued Chlef

Caractéristiques de quelques satellites


(appartenant au domaine de la télédétection passive)

Largeur du
Résolution
Satellites Capteurs Bandes spectrales champ global
spatiale
d’observation
C : 0,4 à 1,1 µm 2,5 km
METEOSAT E : 5,7 à 7,1 µm 5 km 12500 km
D : 10,5 à 12,5 µm 5 km
1 : 0,58 à 0,68 µm
AVHRR 2 : 0,72 à 1 µm
(Advanced Very
NOAA High Resolution
3A : 1,58 à 1,64 µm et 3B : 3,53 à 3,93 µm 1,1 km 2700 km
Radiometer) 4 : 10,3 à 11,3 µm
5 : 11,5 à 12,5 µm

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Mode multispectral
HRVIR B1 : 0,5 à 0,59 µm
(haute B3 : 0,79 à 0,89 µm
résolution MIR : 1,58 à 1,75 µm 20 m 60 km
visible et
infrarouge)
SPOT 4 B2 : 0,61 à 0,68 µm 20 et 10 m

B0 : 0,43 à 0,47 µm
B2 : 0,61 à 0,68 µm
Végétation 1 1 km 2250 km
B3 : 0,79 à 0,89 µm
MIR : 1,58 à 1,75 µm

III. INTERACTION RAYONNEMENT – MATIERE


A. Généralités
D’une manière générale, les capteurs embarqués à bord des satellites reçoivent un rayonnement
émis (d’une source) ou réfléchi par la Terre et l’atmosphère (figure1).
En télédétection passive, seules les sources naturelles de rayonnement (Soleil, Terre...) sont mises
en jeu et le capteur est un simple récepteur, « passif ». Les images des satellites SPOT, NOAA ou
Météosat appartiennent au domaine de la télédétection passive utilisant le visible et l’Infrarouge.

figure1

En télédétection active, une source de rayonnement, artificielle, est embarquée à bord du


satellite. Son émission s’effectue en direction des objets observés qui renvoient un signal que
détecte le capteur du satellite. Les images radar appartiennent au domaine de la télédétection
active.

Figure 2 : Etapes du processus de traitement par télédétection (BOUDALI Noureddinne, univ-usto, Année)

L’œil humain est un capteur sensible aux rayonnements électromagnétiques dont la longueur
d’onde se situe grossièrement entre 0,4 et 0,8 µm (soit entre 400 et 800 nm : domaine du visible).
L’évolution technologique qui a permis de réaliser des capteurs sensibles à des rayonnements non
perceptibles par l’œil humain a considérablement développé les domaines d’observation.

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Figure 3 : Spectre des rayonnements électromagnétiques, le domaine du Visible est représenté par la petite bande colorée.

Figure : 4

B. L'émission
Tout corps dont la température diffère du zéro absolu (0 Kelvin ou – 273° Celsius, l’équivalent de
100 atmosphères = 101.325 bars) émet son propre rayonnement électromagnétique et le
spectre d’émission de ce rayonnement est fonction de sa température.
En fait, cette loi n’est parfaitement vérifiée que pour les « corps noirs » (parfaitement émissif et
parfaitement absorbant), mais beaucoup plus vérifiée pour le milieu naturel, l’eau en particulier, qui
a un comportement très proche de celui des corps noirs. Le maximum d’émission des corps noirs
dépend de leur température.

Les courbes présentées ci-dessous (fig.6) traduisent ces propriétés : plus la température d’un corps
est élevée, plus son maximum d’émission se situe au niveau des courtes longueurs d’ondes.

Un corps dont la température est de l’ordre de 15°C présente un maximum d’émission pour une
longueur d’onde de 10 µm (IR.L.), Ce rayonnement n’est pas visible.
La Terre peut être globalement considérée comme étant un corps noir présentant un maximum
d’émission spectrale pour une longueur d’onde de l’ordre de 10 µm (IR.L.).

Un corps dont la température est de l’ordre de 1800°C présente un maximum d’émission pour une
longueur d’onde de 1,4 µm, dans le proche infrarouge, mais le spectre recouvre largement le
domaine du visible, notamment dans le rouge-orangé.

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Figure 5 : Le visible dans le spectre électromagnétique (pionfrance.fr, année)

Figure : 6

C. Réflexion et Absorption
Les rayonnements qui proviennent d’une source naturelle telle que le Soleil, peuvent
interagir avec les différents milieux, qu’il s’agisse de l’atmosphère ou de la surface de la
Terre.

1. La réflexion
Les rayonnements peuvent être réfléchis et renvoyés vers l’Espace. Le plus souvent, il s’agit alors
d’une réflexion diffuse qui s’effectue dans toutes les directions.
Plus rarement, le rayonnement peut présenter un type de réflexion spéculaire (incident), comme
celle que l’on peut observer sur un miroir ou d’une surface d’eau calme.

En fait, un milieu naturel ne réfléchit pas les rayonnements de façon uniforme, quelle que soit la
longueur d’onde, et tout rayonnement qui n’est pas réfléchi est absorbé.

2. L’absorption
Elle traduit l’aptitude d’un corps à ne pas réfléchir les rayonnements reçus. Un corps qui absorbe a
tendance à s’échauffer, puisque l’énergie associée au rayonnement qu’il absorbe n’est pas renvoyée
dans l’espace.

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Figure 7 : Le schéma ci-dessus illustre la variété des interactions possibles


entre le rayonnement solaire et les milieux naturels.

 Le rayonnement solaire peut être absorbé ou diffusé par l’atmosphère ; il peut être réfléchi
partiellement à la surface d’eau, et pénétrer dans celle-ci, pour y être absorbé, réfracté ou diffusé,
éventuellement réfléchi par le fond...
 Le radiomètre embarqué à bord d’un satellite reçoit donc un flux d’énergie dérivant de la diffusion et de
la réflexion.

IV. NOTION DE RADIOMETRIE


A. Définition
La radiométrie consiste à mesurer le flux d’énergie développé/associé aux rayonnements
électromagnétiques. Les radiomètres permettent d’effectuer ces mesures. La majorité des
capteurs embarqués à bord des satellites d’observation de la Terre sont des radiomètres.

Figure 8 : Radiomètres.
A gauche, radiomètre opérant dans le domaine 0, 45 – 0,95 µm, ce qui correspond au visible et au début du
P.IR. L’éclairement, correspond à un flux énergétique reçu par unité de surface, est exprimé en W/m²
(donnant une valeur de 398 W/m² ou de 398 Joules/m²).
A droite, radiomètre opérant dans le domaine de l’IR.L. (6 – 14 µm) qui correspond au spectre de la vie
sur Terre. Ce radiomètre est sensible au rayonnement propre émis par les objets et lié à leur température.
La mesure radiométrique est immédiatement convertie en degré °C (ce qui donne une valeur de 19 °C).

Figure 9 : Radiomètre à 3 canaux, destiné aux mesures de terrain en rapport avec l’étude des images des satellites SPOT.
 L’opération consiste à orienter une tête vers le ciel pour mesurer l’éclairement incident du rayonnement
solaire et l’autre tête de mesure que l’on oriente vers le milieu étudié du rayonnement émis ou réfléchi
par les objets.

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 L’électronique associée (à gauche) permet d’afficher directement et simultanément les valeurs
de réflectance dans les 3 canaux.

B. Exemples de grandeurs physiques radiométriques

Grandeur radiométrique Définition Unité


W (watt)
Flux énergétique Energie rayonnée ou reçue par unité de temps
1 watt = 1 joule/seconde
Flux énergétique émis par unité de surface de
W.m-².sr-1
Luminance énergétique la source, par unité d'angle solide, dans une
(watt par mètre carré par stéradian)
direction donnée
Eclairement Flux énergétique reçu par unité de surface W.m-²
Puissance rayonnée par une source, par unité
Existence énergétique W.m-²
de surface et dans un hémisphère
Sans unité ; s’exprime entre 0 et 1 ou
Réflectance Rapport de l’existence à l’éclairement entre 0 % et 100 % respectivement
(Albédo / réflectance)

Toutes ces grandeurs peuvent être considérées pour une longueur d’onde particulière (ou pour un
domaine étroit de longueurs d’ondes). Il s’agira alors de réflectance spectrale et luminance spectrale.

 La réflectance d’un milieu exprimant de 1 à 100 %, le rapport de l’énergie réfléchie à


l’énergie reçue, pour un intervalle de temps considéré et pour une surface donnée.
 L’albédo ou luminance d’un objet exprimant le rapport entre le rayonnement solaire
incident et le rayonnement solaire réfléchi avec des valeurs allant de 0 à 1.

Du point de vue spectral, l’albédo correspond à l’ensemble des rayonnements solaires arrivant au
sol.

Selon les milieux, la valeur de l’albédo est donc comprise entre :


 0 (pour un milieu totalement absorbant dans tous les domaines de longueurs d’ondes comme les
roches, sols, métaux, etc, qui sont proches de 0),
 et 1 (pour un milieu parfaitement réfléchissant comme la neige, proche de 1).
 Pour les milieux naturels, les valeurs se situent le plus souvent entre 0,3 et 0,7.

Dans la pratique, les radiomètres qui n’opèrent que dans des bandes spectrales limitées ne traduisent que
la réflectance spectrale correspondante. Pour accéder à l’albédo, il faut disposer de capteurs opérant
dans un spectre très large.

C. Signatures spectrales d’un milieu


Tout milieu naturel exposé à l’éclairement solaire (dont le spectre est assez large) réfléchit ce dernier
de façon différenciée, selon la longueur d’onde. L’analyse détaillée/fine de la réflectance spectrale
du milieu permet d’accéder à une représentation graphique caractéristique nommée « signature
spectrale ».
Les radiomètres utilisés sur le terrain ne comportent souvent qu’un nombre limité de bandes
spectrales. Pour cette raison, on choisit plusieurs canaux correspondants à diverses bandes
spectrales, judicieusement choisies pour permettre d’étudier la radiométrie de bon nombre
de milieux naturels, en l’occurrence la végétation tout particulièrement.

Ainsi en général, les capteurs embarqués sont choisis en fonction des objectifs de la mission,
mais aussi en fonction des sensibilités et caractéristiques spectrales des sources de rayonnement
(le Soleil et la Terre) et de l’atmosphère.

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Figure 10 : Signatures spectrales des milieux différents ; remarquer l’allure caractéristique des
végétaux de feuillus, dans le visible, avec un pic de réflectance aux alentours de 0,55 µm, une nette
absorption vers 0,68 µm, puis une forte réflectance dans l’infrarouge proche.

Figure 11 : Sont représentées ici les courbes de réponse des 4 canaux du capteur « végétation » embarqué à
bord des satellites SPOT 4 et 5, ainsi que des courbes typiques de réponses spectrales de la
végétation et d’un sol nu. La bande B0 est une bande spectrale expérimentale, pour les
applications océanographiques et les corrections des effets de l’atmosphère.

Figure 12 : Signature spectrales des surfaces naturelles (BRGM/RP 60227-FR, 2011)

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Figure 14 : Identification spectrale des oxydes de Fer (BRGM/RP 60227-FR, 2011).

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V. TECHNIQUES D’ENREGISTREMENT
Selon le cas, le rayonnement électromagnétique provient du soleil, des objets au sol ou du satellite
lui-même. L’acquisition d’une image dans différentes bandes de longueurs d’onde permet d’obtenir
des informations complémentaires, avec plus de détails, de précision et de confirmation.
Contrairement aux images photographiques sur papier, les images satellitales sont en général des
images numériques, composées d’un grand nombre de pixels, qui se définit comme un point, ou un
nombre de point par unité de longueur qui correspond à un pouce (2.54 cm). Ce point désigne à la
fois un élément de surface, un code couleur (signature) et une adresse mémoire. En tant
qu'élément de surface, le pixel fait intervenir le paramètre-pas (de 0.26 mm au minimum pour un
écran de 14 pouces et de 3 mm pour un écran de 3 m) dont la longueur augmente avec la distance
de projection par un angle de séparation de 0.0213 degré qui est légèrement supérieur au pouvoir
de résolution de l'œil humain (0,017 degré). Ainsi, à une distance de 71 cm, cet angle donne un pas
de 0,26 mm. Enfin, il faut savoir que la taille des images est déterminée par la résolution des
périphériques utilisés.
Les satellites-radar utilisent une antenne-radar pour émission et réception. Le principe repose sur
l’émission d’une courte impulsion (hyperfréquence), dont le contenu est une onde radar à une
fréquence porteuse de signal avec attente d’écoute à son retour
Le rayonnement parvenant sur le capteur, en traversant un filtre correcteur, donne naissance à un
signal électrique plus ou moins grand. La numérisation consiste à transformer ce signal électrique
en une valeur numérique utilisable par un système informatique. La précision de la numérisation
dépend du nombre de niveaux permis, par exemple Les valeurs des pixels des images Météosat ou
Spot sont codées sur un (01) octet (bit) (256 niveaux possibles) et celles des images NOAA sont
codées sur 12 bits (1024 niveaux).

Figure 15
On peut utiliser la plaque ou le film photographique comme support d'enregistrement jusqu'à 0,9
µm (PIR). Pour les plus grandes longueurs d'onde (jusque vers 15 µm -IRL-), on utilise d'autres
techniques d’enregistreurs dits à balayage (scanners en anglais).
Ces appareils, qui peuvent également être utilisés dans le spectre visible, sont constitués d'un miroir
tournant qui, étant donné son orientation, recueille l'énergie électromagnétique provenant d'une
bande étroite de terrain et la focalise sur un détecteur sensible à la longueur d'onde choisie.
Ce détecteur transforme l'énergie électromagnétique en courant électrique dont les variations
peuvent être enregistrées soit sur un film photographique, soit sur un support magnétique. Dans les
deux cas, on obtient en définitif une image à deux dimensions qui se présente comme une
photographie classique. Si elle a été réalisée dans l'infrarouge, on l'appelle une thermographie.
Ces appareils facilitent les enregistrements multispectraux, c'est-à-dire obtenus simultanément
dans différentes bandes du spectre visible ou infrarouge, puisqu'il est facile, grâce à un prisme ou à
un réseau, de disperser sur divers détecteurs l'énergie captée par le miroir. Les bandes les plus
utilisées dans l'infrarouge sont les bandes comprises entre 3 et 5 µm (MIR) ou entre 10 et 14 µm
(début d’Infrarouge lointain).

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Les techniques de détection multispectrale permettent de déterminer la caractéristique spectrale
(signature) des différents végétaux ou terrains.
De même, le spectromètre à corrélation fournit des images où n'apparaissent que les gaz (CO2, SO2)
recherchés. Le principe consiste à développer, grâce à un réseau, le spectre de l'onde incidente et à
le corréler avec une série de masques reproduisant les bandes d'absorption des gaz recherchés.
Les appareils à balayage thermographiques sont sensibles à des variations de température de
l'ordre de 0,2°C et ont en général une résolution angulaire voisine de 2 milliradians (1 milliradians
angulaire = 0.057 degré).
Les ondes millimétriques et centimétriques sont captées grâce à des appareils munis d'une antenne
(radiomètres millimétriques), un peu comme les ondes de télévision.
Les radiomètres permettent de déterminer à 1 ou 2 degrés la température de brillance des corps,
mais avec une résolution angulaire faible comparée à celle des scanners.

VI. TRAITEMENT DES DONNEES


Avant toute interprétation, l'image enregistrée par les capteurs d’un satellite doit être traitée afin
d'effectuer des corrections géométriques et radiométriques. La forme numérique des images
satellitales (en matrice de valeurs ordonnées en ligne et colonne) autorise leur gestion directe et
leur traitement dans un environnement informatisé.
Les images satellitales sont affectées de nombreuses déformations spatiales dues à divers
paramètres :
 Variations aléatoires d'altitude du satellite sur son axe de vol,
 Défauts des capteurs (système matériel et logiciel),
 Défilement du satellite en mouvement linéaire,
 Et inclinaison de son orbite car Les visées obliques de satellites comme Spot ajoutent des
déformations supplémentaires.
Chaque image a donc sa propre géométrie qu'il faut corriger des effets de toutes ces déformations
systématiques si l'on veut parvenir, sur une même zone, à une superposition ou à une association
correcte de deux images. Les problèmes rencontrés dans différentes situations et la nature des
différents types de corrections sont réalisés lors des prétraitements des fausses couleurs des images.
Les corrections radiométriques doivent corriger les données
 Des effets atmosphériques dus aux réfractions, réflexion et diffusion des différents
rayonnements,
 Des bruits du capteur pouvant influer et interférer sur les fréquences de certaines bandes
spectrales,
 Ainsi que les variations dues au vieillissement des capteurs causant leur dérèglement ou aux
défauts de conception des instruments.
Ces corrections sont appliquées sur les images pour réaffecter à chaque pixel une valeur
radiométrique la plus proche possible de celle mesurée sur le terrain.
Les corrections géométriques, dues aux erreurs des systèmes de mesure (pour rétablir l’échelle de
mesure) provenant des mouvements de la plateforme (roulis, tangage, lacet…), sont appliquées sur
les images pour réduire les :
 déformations géométriques intervenues lors de l'enregistrement de la scène,
 distorsions causées par l’environnement (courbure de la terre, variation d’altitude au sol,
réfraction atmosphérique…)
Ces corrections sont également utilisées pour projeter et géoréférencer les images, c’est-à-dire
positionner avec exactitude, en latitude et longitude, la cible sur la surface terrestre.

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La télédétection peut être utilisée amplement dans l’évaluation des réserves géologiques et
minière.
1. Application dans le domaine minier
Les images de télédétection peuvent être utilisées dans toutes les phases du cycle minier, lors de la prospection et
l'exploration, l'extraction ainsi que la réhabilitation de mines. Bien que l'arpentage des sols continue à être utilisé dans les
opérations minières, la disponibilité étendue d'images provenant de satellites spatiaux ainsi que de plates-formes aéroportées
a entraîné une augmentation significative de l'utilisation des images de télédétection.

La contribution de la télédétection dans chaque phase du cycle minier


1.1. Prospection et exploration
Il s’agit de la recherche de gisements, qui repose sur différents types données (photographies aériennes, images satellitaires,
précédents miniers, géologiques, géophysiques, géochimiques, économiques, etc.). Une fois qu'un corps minéralisé est
découvert, l'exploration est performée pour évaluer qualitativement et quantitativement les ressources minérales, afin de
définir la faisabilité technique et économique de l'exploitation d'un gisement. Cela se fait par des opérations minières de
surface et des travaux souterrains qui permettent de reconnaître le corps minéralisé dans ses trois dimensions et c’est ici où la
télédétection offre un nouvel outil pour explorer de plus grandes zones et se concentrer sur les détections lithologiques clés et
les interprétation des structures géologiques et hydrogéologiques pour évaluer l'emplacement de gisements minéraux
potentiels mais aussi afin de réduire les coûts d'exploration et d'accroître le développement.

1.2. Exploitation
Cette phase commence au début des travaux de la production minière. Il existe de nombreuses méthodes d'exploitation
différentes qui dépendent de l'état physique du minéral, de la profondeur, de la forme et d'autres caractéristiques.
Au cours de l’exploitation, la télédétection peut être utilisée pour détecter des mouvements de terrain subtils, ce qui est
essentiel pour la protection des infrastructures. En outre, en utilisant des images multi-spectrales et chronologiques, on obtient
des cartes topographiques et d’occupation du sol mais, il est possible aussi d’examiner les changements d’utilisation des sols et
les incidences sur l’environnement et de mettre en œuvre des mesures de remise en état.

1.3. Fermeture et réhabilitation


Après l’épuisement du gisement et la fin de l’exploitation, la phase de réhabilitation et de fermeture de la mine vient compléter
le cycle de l’exploitation minière. Cette phase consiste en la remise en forme des terrains, la mise en place d’une pépinière sur
le site pour produire les plants nécessaires à la reforestation, l’enherbement qui permet d’éviter l’érosion et d’améliorer la
structure et la fertilité des sols et enfin, la reforestation qui permettra de cicatriser et favoriser la clôture naturelle du milieu. La
télédétection peut ainsi jouer un rôle important durant cette phase, et ce en localisant et en surveillant les déplacements de
terrain (affaissement et soulèvement), les zones polluées et la végétation dans le but de minimiser les impacts
environnementaux.

Thèmes de recherches pour travaux personnels


à réaliser, remettre et présenter
au début du mois de Mars 2023.
Discuter les caractéristiques des bandes spectrales, séparément ou combinées, et leurs effets sur
leurs applications relatives à la détection, détermination, reconnaissance, localisation et
surveillance des différents espaces circonscrits de la surface terrestre dans :
1. Le domaine de prospection et l’extension de l’exploitation :
1.1 - des carrières de gisements rocheux pour la production des granulats,
1.2 - des mines relatives aux gîtes métalliques du Fer et polymétalliques (sulfures),
1.3 - des gisements de phosphates.

2. Le domaine de l’environnement pour la détection et surveillance de la pollution des surfaces :


2.1- Terrestres dérivant des exploitations minières et carrières,
2.2- Océaniques dérivant des déversements :
2.2.1- Des hydrocarbures à partir des bateaux naufragés
2.2.2- Et des eaux usées urbaines et industrielles des villes côtières.

3. Les effets directs et indirects du rayonnement de chaque bande spectrale de tout le spectre
électromagnétique sur la santé publique.

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