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Les grands récits de L'Express

C à Vous, ses liens avec Sarkozy,


Brad Pitt... Pierre-Antoine
Capton, le fou de télé devenu roi
du monde
L’inventeur de C à vous règne sur nos écrans. Ses
films cartonnent. Portrait d’un joueur de poker
qui apprend l’anglais et chérit sa bande de
copains célèbres.

ARTICLE RÉSERVÉ AUX ABONNÉS

Pierre-Antoine Capton, le cofondateur de Mediawan, ici


le 19 juin 2020 à Paris.
JOEL SAGET / AFP

Par Emilie Lanez - Publié le 23/04/2023 à 17:00,


mis à jour à 17:00

S
ur le toit-terrasse du casino de
Deauville, jour printanier de 2006, le
légendaire Jacques Chancel retrouve sa fille
Marie-Alix, alors directrice de la
communication du groupe Barrière, qui
s’approche, accompagnée d’un ami, Pierre-
Antoine Capton, un gars du coin, grandi à
Trouville. Ils se sont connus drôlement : le
modeste producteur télé l’a suppliée de
tourner son émission, Star Mag, une
quotidienne de la chaîne TPS Star, au
Fouquet’s ; l’adresse des Champs-Elysées,
plaida-t-il, l’aiderait à convaincre les
vedettes américaines, il ne manquait pas
d’air, ce fut compliqué, elle s’est démenée,
depuis ils rient beaucoup, le jeune homme
est si charmant. Le presque octogénaire
examine l’inconnu, 31 ans - pas ramenard,
mise simple -, et il éclate de rire quand, à
peine ces présentations faites, celui-ci, quel
toupet, lui propose tout à trac de devenir
chroniqueur sur son plateau. Chiche ! Entre
l’élégant animateur du Grand Echiquier, un
des pères d’Antenne 2, présentateur
historique de Radioscopie, et le fils d’un
moniteur d’auto-école et d’une coiffeuse,
locataire d’un appartement sans ascenseur,
se noue à cet instant une amitié pérenne ; le
vieux lion, châtelain de Miramont, fera tout
pour ce mousquetaire normand sans nom,
ni fortune. Jusqu’à sa mort, le patriarche le
recevra à dîner le dimanche, apéro dans
son bureau, cigares jusqu’à l’aube (le plus
âgé, dernier couché), et puis Noël, les
vacances, les parties de tennis, les copains ;
fusion filiale jusqu’aux derniers souffles,
attendus, partagés, côte à côte, devant des
retransmissions de matchs de foot.

Quinze ans plus tard, quinze ans d’audace


et de boulot - beaucoup, beaucoup de
boulot -, le voici, zéro diplôme, un bac D
obtenu à Deauville, associé à deux poids
lourds - le milliardaire et puissant
entrepreneur Xavier Niel et le banquier fan
de punk rock Matthieu Pigasse (répartition
des parts confidentielle, le trio détient la
majorité des droits de vote) -, à la tête de
Mediawan, major européenne de
l’audiovisuel au milliard d’euros de chiffres
d’affaires, 70 sociétés de production, 1 200
salariés, gigantesque chaudron à
blockbusters, séries, émissions de flux,
documentaires, animations et films en salle
(Les Trois Mousquetaires, Je verrai toujours
vos visages, Chemins noirs, Novembre, Bac
Nord, etc.). Il reçoit, bouteille d’eau
pétillante à la main, pull bleu marine,
bureau au septième étage de l’ancien siège
social parisien de Michelin avenue de
Breteuil, vue circulaire, le dôme doré des
Invalides en ligne de mire, bougie
parfumée et figurines Playmobil géantes.
Lien de cuir au poignet, il repart dans trois
jours en Californie, balaie de la main la
fatigue, "pas plus dur que ce que vivait mon
père dans son auto-école", il y passe une
semaine par mois, réfléchit à y doubler sa
présence, admettant combien est "difficile
un monde où il faut séduire, défendre et
vendre dans une langue qui n’est pas la
vôtre".

© / LIONEL BONAVENTURE/AFP

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gourou du climat : ses liens avec Hulot,
son film rêvé avec Besson, ses réseaux

Ce matin encore il prenait un cours


d’anglais, huit ans qu’il s’applique, une
nouvelle langue abordée à 40 ans, ça
coince. Tout en lui est ainsi, un pas de deux
entre simplicité un peu appuyée et
ambition crâne. Un jour qu’il recevait le
patron de la boîte de prod Elephant,
Thierry Bizot, qui s’ébaubit de plonger du
regard sur le tombeau de Napoléon, il le
coupe gentiment : "J’ai mérité tout ça."
Aucune façon clinquante, Aurélie sa
secrétaire depuis toujours, meubles
déménagés au fil de ses adresses, flipper
daté de Star Mag, tout pareil, sauf le temps
raréfié, rendez-vous accordés aux
collaborateurs par tranche de vingt
minutes, et la silhouette travaillée pour
tenir, plus de cigarette, quelques exercices
de respiration enseignés par sa femme,
Alexandra Bikialo, professeure de yoga,
lointaines origines lituaniennes, ex-éditrice
de littérature russe. Ils se sont mariés à
Trouville, où le couple possède une jolie
maison à trois étages, code Wi-Fi
Suzanne14, Suzanne, le prénom de sa mère
adorée. "Sa femme évite qu’il parte dans
l’atmosphère", observe un vieux copain.
Elle lui a apporté deux grands enfants
d’une première union, ensemble ils
chérissent Vadim et Neva.

“J’ai toujours la même angoisse :


quelqu’un frappe à la porte, et me dit
que c’est fini”

Pas le portable de roi Pitt

Désormais sa story - privée - Instagram


donne le tournis : couloirs de la Maison-
Blanche, déjeuner à 350 couverts offert par
Joe Biden en décembre, vacances familiales
aux Maldives et selfies avec Brad Pitt. Brad
Pitt à dîner à Los Angeles, Brad Pitt en visio
l’été dans son salon, la star planétaire dont
il dit bonnement ne pas avoir le numéro de
portable, seulement son mail et la ligne
fixe. On se pince, tout est vrai et avec ça,
pas la grosse tête, la juste assurance du gars
qui sait avoir trimé pour peser. "Le roi du
monde", sourit le journaliste Michel
Denisot, "un feel good man", approuve
Arnaud de Puyfontaine, le président du
directoire de Vivendi, et Brad Pitt, s’il nous
avait répondu, aurait sûrement dit quelque
chose de la même veine. "C'est une chance
et un immense plaisir de faire tout cela.
L'argent n'a jamais été mon moteur. Je
viens de nulle part, je ne me grise pas, rien
n'est jamais acquis, j’ai toujours la même
angoisse : quelqu’un frappe à la porte, et
me dit que c’est fini", dit-il.

2016, première année de Mediawan,


Emmanuel Macron candidate à l’élection
suprême, Justine Planchon, productrice
chez Troisième Œil, lui propose de se
laisser suivre par une caméra, aucune
chaîne ne mise un clou, Capton laisse faire.
Macron au second tour, son équipe sur les
dents, visionnage des rushs, quelques
scènes de bêtisiers pointées du doigt,
aussitôt aimablement supprimées, Macron
élu, bingo. Netflix achète le documentaire,
la première fois que l’américain sort son
chéquier pour un contenu français. Six
millions de téléspectateurs sur TF1, film
louangeur, très.

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quand Macron s'énerve : "Si on vous
écoute, on finit à trois dans une pièce"

Les deux quadragénaires, deux amis de


Xavier Niel, ne se sont pas vus, jure Capton,
pendant le premier quinquennat, tout juste
reconnaît-il, un unique dîner, récent, chez
Line Renaud, en revanche ils échangent
souvent, beaucoup à se dire. Quand la
responsable de la communication de la
présidence de la République, Quitterie
Lemasson, ne souhaite pas rempiler pour
un second mandat, il l’embauche, so chic,
comme directrice de la communication
siégeant au Comex. Et puis, n’est-ce pas son
ami, Frédéric Michel, rencontré voici huit
ans en Italie, ex-lobbyiste chez Murdoch,
ancien administrateur des Inrocks, le
journal de Matthieu Pigasse, ce chouette
copain avec lequel il écumait, backstage, les
Eurockéennes de Belfort, concert de Muse
et Simple Minds, qui aujourd’hui dirige la
communication du président de la
République ? "La politique n’est pas mon
univers", tout juste un dîner avec Jean-
François Copé, il précise s’être rendu à
Washington de son côté, billet payé sur ses
deniers, pas d’avion présidentiel, pas
d’aparté avec le chef de l’Etat, un carré
réservé, zone 2, loin des premières loges. Il
va parfois à l’Elysée, producteur de la soirée
télévisée des Pièces jaunes, financée par
LVMH, le gala de la fondation des Hôpitaux
de Paris, présidée par la première dame.

"On ne peut pas jouer gratuit"

Autour de lui, une bande, un pack,


indémêlable depuis vingt ans. Florian
Zeller, son copain rencontré au cours
Florent, ange blond de Saint-Germain-des-
Prés, alors jeune auteur parisien, Prix
Interallié, devenu un des auteurs de théâtre
les plus joués au monde, Jérôme Béglé,
journaliste au Figaro, puis à Paris Match, au
Point, aujourd’hui directeur de la rédaction
du JDD. Dans leur sillage, le fort en gueule,
Vincent Labrune, Orléanais passionné de
foot, futur directeur de l’OM puis patron de
la Ligue de football professionnel, et Olivier
Fisch, à l’époque patron des contenus
digitaux de TPS Star, futur directeur,
jusqu’en 2022, de la communication de la
Fédération internationale de l’automobile.
Le quintette joue au poker, petite table - "on
ne peut pas jouer gratuit, on ne se met pas
dans la mouise", selon Labrune -, une fois
par mois, bonne bouffe, grandes bouteilles,
ragots de la ville, infos de Paris et tuyaux
initiés. Pendant le confinement, ils ont joué
via une application Winamax, et depuis
c’est un casse-tête. Florian Zeller, vedette
de Broadway, vit à Los Angeles, Capton
explose son bilan carbone dans les airs. Ils
s’entraident, s’amusent, s’accompagnent,
soudés jusqu’à la moelle. Muriel Salmon,
l’épouse, aujourd’hui décédée, du
restaurateur chéri de Capton à Trouville,
Serge, le propriétaire des Quatre Chats,
était la cuisinière du plateau de C à vous ; la
femme d’Olivier Fish, décédée elle aussi,
assurait les relations presse de C à vous,
Labrune a repris le stage de Marie-Alix
Chancel à France Télévisions, dont il
deviendra directeur de la communication.
Capton et Zeller ont tourné leur tout
premier film sur Jacques Chancel
justement, quant à Jérôme Béglé, il
accompagne de ses articles chaque pièce de
Zeller – y compris son discours pour les
funérailles de Chancel -, comme les
aventures du producteur, premiers succès,
premier hôtel, le Flaubert à Trouville
("Douceur normande à Trouville", le titre de
l’article du JDD), audiences croissantes,
sommets et firmament partagés.

Le big boss de Mediawan a, toujours,


énormément travaillé. Stagiaire dans la
boîte de production AB (qu’il rachètera),
multitâche chez Canal Jimmy, puis
"recherchiste" auprès de Marc-Olivier
Fogiel à Canal +, ébloui dès le premier
rendez-vous par sa "détermination
hallucinante". A rebours de la branchitude
requise au sein de la chaîne cryptée, le petit
nouveau ne fait pas semblant, assumant
son côté province popu, lisant Le Parisien,
regardant TF1, deux crimes de lèse-
glamour. Quand Fogiel quitte Canal, une
délégation de journalistes déboule dans son
bureau, voilà, ils sont prêts à le suivre, mais
à la condition qu’il n’embarque pas le gars
de Trouville, trop premier de la classe. Qui,
lui, s’en fiche ; à 23 ans il monte sa boîte,
Troisième Œil Productions, embauche
comme première salariée sa copine de
lycée, Sidonie Cohen, et d’ailleurs, vingt ans
plus tard, un paquet de ceux qui ne
voulaient pas de lui en quittant Canal
émargent dans son entreprise. Marc-Olivier
Fogiel, surnommé affectueusement "le
boss", l’aide à voler de ses propres ailes, lui
recommandant son avocat, ses contacts,
précieux sésame auquel il conserve
gratitude et reconnaissance, lui proposant
voici peu de le rejoindre chez Mediawan.

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démissions et anathèmes : l’histoire
cachée du collège des Bernardins

Partant, les débuts de Troisième Œil sont


rudes. Négos avec les chaînes à prix cassés,
bouts de ficelle, fiches de salaire écrites à la
main, ça rame. 2009, appel à candidatures
de France 5 pour une quotidienne en début
de soirée, un talk-show gentil, même case
horaire que le scintillant Grand Journal de
Canal, émission culte. L’affaire est
condamnée d’avance, mais il dépose un
dossier, budget écrasé comme toujours, et
lance C à vous ; Alessandra Sublet,
débauchée de M6 où elle présentait
L’amour est dans le pré, l’anime. Ça patine,
la petite équipe, partagée entre la rue
Guillaume-Tell et la rue Oberkampf,
s’épuise, "la fille de l’accueil" participe aux
réunions de brainstorming, Jean-Luc
Delarue, animateur star de l’époque, file un
coup de main, le vieux copain de la côte
normande, Dominique Besnehard, grand
agent artistique ouvre son carnet
d’adresses, et le fidèle Jacques Chancel
décroche son téléphone pour convaincre
des invités qui renâclent, parfois même il
remplace ceux qui font défaut. Pendant ce
temps, le producteur, épuisé, assure le
montage, l’oreillette, les conducteurs, les
bancs-titres. Rien n’y fait. "J’en ai vu défiler
des gens condescendants dans son bureau
lui assurant qu’il allait se planter", se
souvient Alessandra Sublet.

Chaque mois, le grand Chancel se


décarcasse pour convaincre France
Télévisions de ne pas débrancher
l’émission, il présente son protégé à ceux
qui pèsent, Jean-Luc Lagardère, Martin
Bouygues, les patrons de Canal, et puis
Nicolas Sarkozy, que le producteur vouvoie,
avec lequel depuis il dîne, déjeune, et rit
beaucoup. Petit à petit l’émission s’installe,
franchissant la première année, puis la
suivante, Patrick Cohen, recrue de choix,
densifie le ton, éditos piquants, l’émission
s’éloigne du people, la blonde Anne-Sophie
Lapix, journaliste patentée, l’arrime à
l’actualité. "L’idée était radicale et
courageuse, une émission faite par en bas,
sans public, diffusée à l’heure où les gens
rentrent du boulot, le ton humble, calme",
salue beau joueur Renaud Le Van Kim,
alors producteur vedette de l’antithèse de
tout ça, Le Grand Journal. Trois ans plus
tard, 2012, un coup de maître. Xavier Niel,
patron d’Iliad, lance son offre de téléphonie
Free Mobile et Le Grand Journal l’invite. C à
vous persuade l’entrepreneur de venir
d’abord, dès l’après-midi, sur leur plateau
riquiqui ; encore peu aux faits de la guerre
des programmations exclusives, celui-ci
accepte. Entretien enregistré, moto-taxi
vers Le Grand Journal, où Niel maquillé,
équipé de micros, attend son tour. Sauf
qu’entre-temps la ruse a fuité, un site d’info
balance que Monsieur Free sort de C à vous,
Canal s’est fait doubler, une première.
L’apprenant, Canal met Niel à la porte de la
loge, fond de teint sur le nez. La manœuvre
a deux effets : primo, elle lance C à vous,
deuzio, Niel propose au producteur rusé de
se revoir, entre Petit Poucet téméraires
bataillant contre les mastodontes installés.
Une de ses employées se souvient avoir cru
Capton devenu fou quand, fumant avec elle
sur le trottoir, il lui montre un texto de
Xavier Niel : "Dans deux ans je bosserai
avec lui." Désormais, politiques, auteurs,
comédiens, chefs d’entreprise,
syndicalistes, ministres, chanteurs, tous
accourent. Et le maître des lieux les
accueille, les remercie, raccompagnant les
plus importants, tissant minutieusement sa
toile. En mars dernier, quand Elisabeth
Borne, Première ministre fragile, est invitée
à C à Vous, il n’est pas là.

“Je n’ai jamais vu quelqu’un sachant


vendre comme lui, les acheteurs le
remercient d’avoir payé”

Entre Matthieu Pigasse et Xavier


Niel

2015, dans un salon de la banque Lazard à


Paris, potassant porte close, le patron des
lieux, Matthieu Pigasse, expert en dettes
souveraines, maestro des constructions
financières, Xavier Niel, industriel
milliardaire, et le faiseur de télé, acceptant
de se faire chambrer - par le banquier - sur
son anglais de collégien. A dire vrai, les
deux grands voulaient lancer leur groupe
audiovisuel avec Rodolphe Belmer, ancien
patron de Canal +. Le hasard fait bien les
choses, avant de décliner, celui-ci a étudié
le dossier avec son conseil… Vincent
Labrune, eh oui, le footballeur du quatuor
de poker, le parrain de son fils, l’ami
éternel. Quand faute de Belmer, ils
approchent le boss de C à vous, Labrune le
prépare, l’entraîne, "il a bossé comme un
concours des grandes écoles", et, strike, le
moins lancé, moins fameux, mais du coffre,
de la niaque, franchit la barre. "Je n’ai pas
hésité, je trouvais cela chouette
d’entreprendre", se remémore-t-il.

Les fondateurs de Mediawan : Xavier Niel, Pierre-


Antoine Capton et Matthieu Pigasse © / JOEL SAGET /
AFP

Décembre 2015, lancement du premier Spac


français (Special Purpose Acquisition
Company, soit un véhicule boursier pour
lever de l’argent en Bourse) : Mediawan, 250
millions levés. Timing idéal, les géants du
streaming vidéo (Apple, Netflix, Amazon…)
réclament du contenu, Mediawan leur en
fournit à grands flots avalant sur son
passage le groupe AB, plus gros catalogue
d’Europe, ON Entertainment, EuropaCorp,
la société de Luc Besson, l’italien Palomar,
Black Dynamite (créée par Vincent
Labrune), la moitié de Chapter 2, la société
de production de Dimitri Rassam, qui loue
"une association très heureuse",
Submarine, et des dizaines et des dizaines
d’acquisitions, synergie de groupe, l’argent
coule, les projets affluent, les séries
cartonnent, les films à millions d’entrées
caracolent. Et ça fait la fête, chantant
jusqu’à l’aube dans un bar parisien à
Stalingrad, Niel et Pigasse en chemise
blanche déboutonnée, Capton garde la
veste, bleue, puis les mêmes, entourés des
salariés maison, sur le plateau de C à vous,
enchaînant les selfies et les airs de la variété
française. Niel se frotte les mains : "Il est
brillantissime, un tueur de la négo, il sait
identifier les talents, les accompagner, les
faire briller, dans le monde entier." "Un
génie qui travaille", observe Françoise
Marchetti, son ancienne directrice
générale. Aux manettes opérationnelles –
"Xavier et Matthieu m’ont donné les clefs, il
y a une vraie confiance entre nous" –
faisant tourner la boîte, qui enfle jusqu’à se
sentir bien serrée dans les murs non
élastiques, où certains s’inquiètent
aujourd’hui de voir leur poste décliné en
trois, quatre éditions. Quelques
négociations de départs enclenchées. Il
avale des catalogues, absorbe des talents,
négocie en Espagne, Allemagne, Italie, aux
Etats-Unis (où Florian Zeller, deux Oscars
au compteur, lui présente le beau linge de
Hollywood). "Dans un restaurant vous lui
indiqueriez au hasard une table, admire
Thierry Bizot, eh ben il irait s’asseoir à la
table et réussirait à se faire inviter, je n’ai
jamais vu quelqu’un sachant vendre
comme lui, les acheteurs le remercient
d’avoir payé."

LIRE AUSSI >> L'ambitieux pari de


Xavier Niel et Matthieu Pigasse dans
l'alimentaire

Fini les soupentes de la rue Oberkampf, son


bunker et ses vitres anti-kalachnikovs,
funestes conséquences des attentats de
novembre 2015, désormais terrasse à la
Citizen Kane, télévision branchée en
continu, depuis laquelle il ne manque
jamais une émission de C à vous,

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