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S
ur le toit-terrasse du casino de
Deauville, jour printanier de 2006, le
légendaire Jacques Chancel retrouve sa fille
Marie-Alix, alors directrice de la
communication du groupe Barrière, qui
s’approche, accompagnée d’un ami, Pierre-
Antoine Capton, un gars du coin, grandi à
Trouville. Ils se sont connus drôlement : le
modeste producteur télé l’a suppliée de
tourner son émission, Star Mag, une
quotidienne de la chaîne TPS Star, au
Fouquet’s ; l’adresse des Champs-Elysées,
plaida-t-il, l’aiderait à convaincre les
vedettes américaines, il ne manquait pas
d’air, ce fut compliqué, elle s’est démenée,
depuis ils rient beaucoup, le jeune homme
est si charmant. Le presque octogénaire
examine l’inconnu, 31 ans - pas ramenard,
mise simple -, et il éclate de rire quand, à
peine ces présentations faites, celui-ci, quel
toupet, lui propose tout à trac de devenir
chroniqueur sur son plateau. Chiche ! Entre
l’élégant animateur du Grand Echiquier, un
des pères d’Antenne 2, présentateur
historique de Radioscopie, et le fils d’un
moniteur d’auto-école et d’une coiffeuse,
locataire d’un appartement sans ascenseur,
se noue à cet instant une amitié pérenne ; le
vieux lion, châtelain de Miramont, fera tout
pour ce mousquetaire normand sans nom,
ni fortune. Jusqu’à sa mort, le patriarche le
recevra à dîner le dimanche, apéro dans
son bureau, cigares jusqu’à l’aube (le plus
âgé, dernier couché), et puis Noël, les
vacances, les parties de tennis, les copains ;
fusion filiale jusqu’aux derniers souffles,
attendus, partagés, côte à côte, devant des
retransmissions de matchs de foot.
© / LIONEL BONAVENTURE/AFP