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DÉCEMBRE 2022
La trajectoire vers le Zéro Artificialisation Nette (ZAN), issue Pour construire cette trajectoire, la loi donne un rôle clef
de la loi Climat & Résilience, pose une équation complexe aux documents de planification pour organiser, quanti-
pour les politiques publiques. Elle ouvre de nombreux défis fier et inscrire dans le temps les évolutions spatiales. Des
et nécessite de mobiliser les acteurs, dans leur diversité et données robustes pour la connaissance de ces évolutions
leur complémentarité, pour réussir des projets de sobriété sont donc un élément décisif qui doit permettre à chaque
foncière qui conjugueront la préservation de la ressource territoire, sur un référentiel homogène au niveau national,
sol et la qualité de l’urbanisation et des formes urbaines. de construire un projet de sobriété foncière et de mesu-
rer les évolutions de sa trajectoire à horizon 2050, avec un
premier jalon en 2031.
• Des expérimentations flash • Engager des conventions de sobriété foncière pour une ap-
Le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des proche intégrée du ZAN
territoires a sollicité le réseau des agences d’urbanisme. La Si la planification et des objectifs quantifiés sont nécessaires
Fnau et une dizaine d’agences d’urbanisme se sont mobili- pour se diriger vers de la sobriété foncière, ils ne seront pas suf-
sées pour tester, dans des contextes locaux diversifiés, les fisants pour transformer en profondeur les modèles d’urbanisa-
modalités techniques de la mesure des Enaf et de l’artificiali- tion. Aussi, la Fnau plaide avec plusieurs associations de collec-
sation, avec les outils d’observation et données mobilisables. tivités (France urbaine, Intercommunalités de France, FédéSCOT
notamment) pour que soient engagées des conventions de so-
Ces expérimentations ont été réalisées dans un temps très limi- briété foncière.
té (2 mois). Elles n’ont pas valeur d’exhaustivité mais donnent à
voir des situations singulières pour contribuer à éclairer le débat. Ces démarches contractuelles et territorialisées de sobriété fon-
Des investigations plus approfondies seront sans aucun doute à cière entre des collectivités et l’Etat, potentiellement associant
poursuivre. d’autres acteurs, laisseraient toute sa place au dialogue territo-
rial. Au service des projets de territoire, ces démarches auront
vocation à mobiliser à la fois la planification et l’action opération-
• Les agences d’urbanisme, des outils partenariaux nelle, l’approche quantitative et qualitative, le recyclage urbain
Les agences d’urbanisme sont des associations loi 1901. Elles ac- et la renaturation des espaces, des modalités de compensation
compagnent les politiques publiques afin de contribuer à l’amé- dans une stratégie globale pour mettre en œuvre la séquence
nagement et au développement durable des territoires, dans un éviter-réduire-compenser. Elles pourraient, le cas échéant, s’ap-
souci de cohérence des politiques publiques. Ce sont des outils puyer sur des outils préexistants (CRTE, Programme partenarial
d’aide à la décision, dont les collectivités locales et leurs grou- d’aménagement à échelle large).
pements sont membres, ainsi que l’état, des acteurs territoriaux
et des membres associés intéressés par les enjeux territoriaux.
• Garantir le déploiement équitable d’une ingénierie locale
pour la planification écologique territoriale
DES POINTS DE VIGILANCE ET DES QUESTIONNEMENTS L’accès à une ingénierie territoriale pour tous sera un enjeu clef
EN SUSPENS SUR LE CALENDRIER pour assurer l’appropriation et la réussite de la sobriété foncière,
l’observation du Zan, l’élaboration des documents d’urbanisme,
Au terme du cycle d’approbation des SRADDET > SCOT > PLU(i) la maitrise foncière et les capacités d’aménagement en recon-
à horizon 2027 il ne restera plus que quelques années avant la fin version recyclage, la densification ou encore la renaturation.
de la première période décennale (2021-2031). Il est pertinent
que les SCoT, qui sont des documents à horizon 20 ans, et les
PLU mesurent dès leur révision l’artificialisation en parallèle de Un soutien de l’ingénierie partenariale locale mutualisée (inter-
la mesure de consommation des enaf. communalités, agences d’urbanisme, Caue, EPF et EPFL, SPL,
PNR…) par l’Etat, ses agences et ses acteurs financiers (Banque
AU-DELÀ DES OUTILS DE MESURE, LES PRÉCONISATIONS des Territoires) ainsi que par les collectivités territoriales (Ré-
DE LA FNAU POUR UNE MISE EN ŒUVRE EFFICACE gions, Départements, Intercommunalités…) est indispensable
pour mettre en capacité l’ensemble des territoires, dans la du-
• Mobiliser des outils pour permettre aux collectivités de rée, sur l’enjeu Zan et plus largement la planification écologique
piloter l’urbanisation avant la mise en compatibilité de la territoriale, dans une logique de solidarité territoriale.
chaine des documents de planification
Les collectivités avec lesquelles travaillent les agences d’urba- • Développer la pédagogie et capitaliser autour des solu-
nisme sont préoccupées par la période intermédiaire, entre la tions
situation actuelle et l’achèvement du cycle de révision des do- Le succès du Zan dépendra de la montée en compétence collec-
cuments de planification à horizon 2027. Leur « compteur de tive autour de ces sujets et sur le partage de solutions imaginées
consommation » tourne, alors que leurs documents ne sont pas dans les territoires. A titre d’exemple, les agences d’urbanisme
encore adaptés pour gérer la trajectoire ZAN. se mobilisent depuis plusieurs mois sur la compréhension et
l’exploration de solutions pour la mise en œuvre de l’objectif Zan.
La Fnau recommande la mise en révision des documents d’ur- Elles mettent à disposition de nombreuses ressources. Elles
banisme et de creuser des alternatives permettant de surseoir accompagnent les collectivités et participent à l’élaboration de
à statuer dans l’attente des documents révisés comme les pé- stratégies et à l’actualisation des documents de planification
rimètres d’attente de projet d’aménagement global (Papag), la pour atteindre l’objectif. Toutes ces expériences offrent des ma-
consolidation règlementaire du sursis à statuer. tériaux précieux, capitaliser et accessible à tous sur le site de
la Fnau : https://www.fnau.org/fr/publications/ressources-sur-
le-zan/
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QUELLES CONDITIONS POUR UNE APPLICATION ments agricoles. Dans le même sens, il conviendrait de contrôler
HARMONISEE DE LA DOCTRINE DE CONSOMMATION le traitement des nouveaux bâtiments agricoles dans les fichiers
D’ENAF fonciers, qui ne semblent pas traités systématiquement de la
même façon selon les territoires.
L’un des objectifs de ces travaux a été de s’attacher à expéri-
Par ailleurs, la note de doctrine propose de considérer les
menter l’opérationnalité du projet de doctrine fournie par la
constructions agricoles comme des espaces urbanisés si elles
DGALN pour suivre la consommation d’enaf au sens de l’article
présentent « un nombre et une densité suffisante ». Jusqu’à
194 de la loi Climat et Résilience.
présent, bon nombre de territoires n’intégrait pas les construc-
tions agricoles dans leur consommation d’enaf ; cette formula-
Depuis la loi Alur du 24 mars 2014, l’analyse de la consommation
tion semble par ailleurs, techniquement peu réalisable sans une
d’espaces est rendue obligatoire dans les PLU(i) et les SCoT. Il
maille d’analyse et sans indication précise sur le nombre et la
s’agit d’une pratique connue et maitrisée par les territoires, pour
densité de bâtiments qu’il faudrait retenir.
autant il n’existait pas, jusqu’à présent, de définition harmoni-
sée, chacun faisant selon sa compréhension, la jurisprudence
et en fonction des sources de données à leur disposition (et
Répartition de la consommation des enaf dans la CA Gaillac - Graulhet
de leurs limites : taille minimale de polygones notamment). Si Afin de fournir un ordre de grandeur et à titre d’exemple, sur le PLUi de la
l’article 194 de la loi Climat & résilience cherche à garantir une CA de Gaillac - Graulhet (Tarn), un territoire rural d’environ 75 000 habi-
sémantique partagée afin de limiter les risques de contentieux il tants, la répartition de consommation entre 2010 et 2020 sur 541 ha est
est important de tenir compte des pratiques et consensus terri- la suivante :
toriaux existants.
« Consommation d’espaces natu- 462 ha 85,4 %
rels, agricoles et forestiers »
Il est également important de préciser, que la loi Climat et Rési-
lience établit une définition de l’artificialisation inscrite à l’article Artificialisation par bâtiments 47 ha 8,7 %
L101-2-1 du code de l’urbanisme, et précise que l’approche de la agricoles
consommation d’enaf sera valable pour définir les objectifs de Emprise des fermes photovoltaïque 32 ha 5,9 %
réduction de l’artificialisation sur la période 2021-2031. Le pas- au sol
sage par la notion de consommation d’enaf pour la prochaine dé-
541 ha 100 %
cennie est explicitement du fait de l’absence d’outils de mesure SOURCE : OSCGE, TRAITEMENT AUAT
à court terme de la notion d’artificialisation. Pour autant, il est
important de préciser a priori que l’un ne remplacera pas l’autre LE PHOTOVOLTAÏQUE : D’IMPORTANTS GISEMENTS
à terme. À partir de 2031, voire avant, les deux notions viendront FONCIERS QUI DOIVENT ÊTRE OBSERVÉS DÈS À PRÉSENT
se compléter, aussi il est nécessaire de préserver l’esprit de ces
deux notions distinctes. Concernant le projet de décret fourni dans le cadre de cette
étude, pour prétendre à l’exemption de sites photovoltaïques du
décompte de la consommation d’Enaf, sur la base de quelques
NE PAS INTRODUIRE DE « FLOU » tests réalisés, les cinq critères énoncés semblent vérifiables, à
la seule condition, aujourd’hui de réaliser des enquêtes terrain,
La consommation des enaf est entendue (article 194 de la loi voire de les coupler avec de la photo-interprétation, ce qui peut
Climat & résilience) comme la création ou l’extension effective être très lourd à mener sur certains territoires.
d’espaces urbanisés sur le territoire concerné. Aussi, la doctrine
ou les données des fichiers fonciers ne doivent pas introduire de A noter deux points de vigilance sur le critère 2 et 4. Le critère
flou quant à cette notion et notamment adopter un traitement 2 est vérifiable mais manque peut-être de clarté. Il est difficile
cohérent du bâti agricole. de comprendre à quoi fait référence la notion « 2 rangées de
panneaux distincts ». Le critère 4 est vérifiable pour autant il se-
Les serres, par exemple, semblent actuellement intégrées au rait intéressant d’ajouter des critères relatifs à la perméabilité
décompte des enaf dans les fichiers fonciers et donc prises en des clôtures pour favoriser le passage de la petite faune. Enfin,
compte dans les chiffres accessibles sur le portail national, alors concernant la notion de compatibilité avec l’exercice d’une ac-
qu’elles sont autorisées en zone A, au même titre que les bâti- tivité agricole, il conviendrait peut-être de préciser ce qui est
entendu par le maintien d’une activité agricole, pastorale ou fo-
restière significative.
Exemple de sites photovoltaïques testés sur les cinq critères du projet de décret
• Critère 1. Valeur ou seuil : « 1,10 m minimum au point bas »
Entre 1m20 et
Environ 40cm 1m30
• Critère 2. Valeur ou seuil : « Espacement entre deux rangées de panneaux distincts au moins égal à la largeur maximale de ces pan-
neaux en valeur absolue ».
Alignement de 4 panneaux distincts sans espace- Projet agriphotovoltaïsme : alignement d’un pan-
ment entre les rangées neau distinct avec espacement entre les rangées
• Critère 3. Valeur ou seuil : « Pieux en bois ou en métal, sans exclure la possibilité de scellements « béton » d’une surface inférieure à
1m², sur des espaces très localisés et justifiée par les caractéristiques géotechniques du sol ou des conditions climatiques extrêmes.
Pour les installations de type trackers, la surface du socle béton ne doit pas dépasser 0,3 m²/ kWc. »
Ancrage au sol de type pieux métallique a priori Pas de possibilité d’estimer la surface au sol en
réversible, pas de possibilité de vérifier s’il y a un m²/KWc.
scellement béton. Besoin du dossier technique
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• Critère 4. Valeur ou seuil : « Haies, grillages non occultant ou clôtures à claire-voie, sans base linéaire maçonnée »
Ces deux clôtures respectent les critères relatifs au type de clôture : cependant cela ne permet pas le passage de la petite faune.
Chemin d’accès d’une centrale photovol- Chemin d’accès aux panneaux de la centrale
taïque en stabilisé photovoltaïque du Castellet sur sol nu
Autre exemple, dans le territoire rennais. Au regard d’un test effectué sur le secteur nord de Rennes couvrant 825 ha, incluant tous
types d’espaces (naturels, coulée verte zones d’activités, tissus pavillonnaires, tissus d’habitats collectifs...), les surfaces dites non
artificialisées représenteraient 49 % du territoire, elles seraient uniquement de 24 % si les surfaces enherbées étaient considérées
comme artificialisées (soit 209 ha).
En vert, les surfaces dites non artificialisées sans prendre en compte En vert, les surfaces dites non artificialisées en prenant en compte les
les surfaces herbacées, c’est-à-dire en application de la nomenclature surfaces herbacées > 49 %
actuelle du décret > 24 % (décret)
TRAITEMENT : AUDIAR
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dans les secteurs pavillonnaires par remembrement parcellaire, place occupée par les espaces naturels dans les tissus urbains
une diversification des formes urbaines et une densification ver- existants.
ticale qui pourra offrir des potentiels de densification plus im-
portants et préserver au maximum les sols de pleines terres. Elle risque par ailleurs de rendre impossible l’identification de
certains types de renaturation dans les espaces urbains - telles
• Difficile identification des espaces de nature et des opéra- que des transformations de friches en parc enherbé - et par là
tions de renaturation de ne pas permettre de mettre en œuvre le « jeu de balancier »
Si la rubrique 5° telle que rédigée actuellement semble éloigner entre la comptabilisation de l’artificialisation et celle de la com-
la loi de son objectif de protection des sols de pleines terres, elle pensation introduit par la loi.
risque également de rendre difficile la bonne appréciation de la
1 Build In My Backyard (construire dans mon jardin) est une densification hori-
zontale entreprise par les propriétaires particuliers et soutenue par la collectivité.
Il s’agit pour les propriétaires de mobiliser le foncier disponible sur leurs parcelles
pour y construire un logement supplémentaire, pour le louer, le vendre, accueillir un
proche… Le BIMBY se veut réconciliateur entre le péri-urbain et la densité : en valo-
risant leur patrimoine immobilier, les particuliers constructeurs sont acteurs d’une
densification douce et acceptée par les riverains.
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Les prairies Saint Martin au cœur de Rennes et la coulée verte de Patton en 2011 (ZAC Armorique en cours d’aménagement au nord) et 2021
(effacement de la zone industriel au nord et de bâti au cœur des prairies, restauration des prairies inondables au nord...).
FAIRE ÉVOLUER OU NON LA RUBRIQUE 5° Cette piste a en revanche l’inconvénient de traiter de la même
façon des activités de nature différente, car on retrouve dans la
En ayant à l’esprit ces potentiels effets à court et moyen terme, même catégorie, dite d’usage tertiaire de l’OCSGE (US3), des
on peut se poser la question de la nécessité de faire évoluer ou parcs urbains publics, privés, des villages vacances, des zoos ou
non la nomenclature et plus spécifiquement la rubrique 5°. Nous encore par exemple des golfs. Il serait préférable de viser des es-
proposons que puissent être explorées plusieurs pistes, l’arbi- paces uniquement d’intérêt général.
trage entre elles devra procéder d’un choix politique.
Cette piste a également l’inconvénient d’introduire encore plus
• La piste la plus maximaliste, résiderait dans le fait de ne de complexité qu’actuellement et nécessiterait d’être très bien
plus différencier de types de végétalisation. explicitée.
C’est-à-dire de ne plus faire de distinction entre le couvert arbo-
ré et le couvert herbacé. Dit plus simplement, cela reviendrait • Une troisième piste qui pourrait être explorée aurait
à supprimer d’une certaine façon la rubrique 5°. Cette piste, en l’avantage de ne pas modifier le décret.
premier lieu, a l’inconvénient de devoir modifier le décret « no- Elle consisterait en la création d’une forme d’indicateur de suivi
menclature ». Mais surtout, elle peut rendre beaucoup difficile de remise en terre qui pourrait alimenter un « compte de com-
les processus de densification à terme car elle nécessitera né- pensation » (qui serait à inventer). Cet « indicateur » utiliserait
cessairement de compenser, ce qui aujourd’hui est un processus la dimension couverture de l’OCSGE (CS1.1) pour mesurer la re-
très coûteux et complexe. mise en terre d’une surface et ainsi identifier celles passant de
la rubrique 1° de la nomenclature « surfaces dont les sols sont
Cette piste invite en revanche très clairement à repenser la ville imperméabilisés en raison du bâti (constructions, aménage-
sur la ville, à faire du recyclage urbain, à ré employer les fiches ments, ouvrages ou installations » à la rubrique 5°, des surfaces
et les logements vacants. Elle est en adéquation avec l’esprit de végétalisées « artificialisées » (car dans la rubrique 5°) mais per-
la loi et aurait le mérite de la simplicité et d’une compréhension méables. Ces surfaces identifiées pourraient alors entrer dans le
beaucoup plus aisée. crédit des actions de renaturation et ainsi être mesurées comme
de la compensation. On pense par exemple à la débitumisation
• Une deuxième piste porterait plus spécifiquement sur de parkings ou de cours d’école.
l’usage tertiaire, voire l’usage secondaire, au sein de la ru-
brique 5°. Cette piste à elle aussi l’inconvénient de la complexité malgré le
Les surfaces herbacées de ces usages uniquement pourraient fait qu’elle ne modifierait pas le décret nomenclature.
être classées dans la catégorie « non artificialisée ». Cette piste
permettrait de conserver le potentiel de densification offerte
dans les zones à usage résidentiel (proxi de la notion d’enve- 50 M2 ET 500 M² : DES SEUILS QUI MINIMISENT LES
loppe urbaine), tout en permettant de comptabiliser les surfaces ERREURS D’OBSERVATION
renaturées herbacées. La mise en œuvre du décret « nomenclature » est associée à des
seuils de référence, c’est-à-dire des tailles minimales de surface
Cette solution demande une modification du décret. La nouvelle de polygones permettant de qualifier les espaces suivant la no-
rédaction permettrait de valoriser les objectifs de renaturation menclature et ainsi comptabiliser les changements.
portés par la loi et indispensable à la lutte contre le réchauffe-
ment climatique auxquelles les villes doivent prendre toute leur On peut tout d’abord souligner la complexité d’utilisation de ces
part. Cela permettrait aux territoires de faire entrer dans leur « seuils, tant du point de vue de la compréhension que du point de
compte » de compensation des espaces de renaturation enher- vue de leur mise en œuvre technique (plusieurs seuils par type
bés, au même titre que les espaces arborés.
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d’espace et d’objets). Il est également fait référence à la notion construite, rend plus difficile l’identification des changements
de zone construite et non construite qui n’est pas employée comme par exemple les dynamiques agricoles (changements ou
jusqu’à présent et peut renvoyer à des espaces potentiellement rotations de cultures, la détection des friches également) ou des
différents. Elle doit, si elle est retenue, nécessairement être clai- petites surfaces en eau qui sont souvent inférieures à 2500m2.
rement défini. Enfin, il est important d’avoir à l’esprit qu’un sys-
tème d’observation doit, pour être robuste, être le plus fiable et Ne retenir que deux seuils de référence, sans distinction par
le plus précis possible, afin de ne pas être remis en cause et per- ailleurs de types d’espace aurait l’avantage d’avoir un référen-
mettre ainsi de répondre au mieux aux objectifs fixés par la loi. tiel précis et simple d’appréhension. Pour autant, si des seuils
plus importants devaient être retenus, il est essentiel qu’ils ne
Deux tests ont été réalisés pour évaluer la perte de qualité en soient en aucun cas plus dégradés que ceux de 500 m² dans la
fonction des différents seuils. Au vu des premières analyses zone construite et à 2 500m² hors zone construite, au risque de
(cf exemples ci-après), qu’il serait nécessaire de compléter et perdre alors énormément en précision, en fiabilité et en intero-
d’étayer, les seuils de 50m2 pour le bâti et de 500m2 pour les pérabilité avec les outils existants, souvent plus fin.
autres objets (hors éléments linéaires) sont ceux qui permettent
d’être au plus près de la réalité et qui dégradent le moins l’obser-
vation des changements. Le seuil à 2 500m², même en zone non
Seuil choisi (en m²) Nombre d’espaces NAF consommés Part du nombre d’espaces
(en ha) consommés conservés sur le total
des changements toute surface
confondue
Seuils Supérieur ou égal à 500 m² 78.68 98 %
Supérieur ou égal à 2500 m² 48.90 61%
Test des seuils sur une friche, devenue parc urbain entre 2010 et 2020
Dans un autre contexte géographique, des tests de seuils ont été réalisés sur un parc urbain de 5,5ha, créé entre 2010 et 2020 au
cœur d’une grande friche industrielle de 41ha. Ce type d’espace est très morcelé par les zones de circulation. Aussi, presque tous
les éléments de couverture identifiés font moins de 2500m² et un certain nombre de zones, moins de 500m². Dans le cadre de
cet exemple, le seuil de 2500m² ne permet pas de mettre en évidence le moindre mouvement au sein de cet espace entre 2010 et
2020. Le seuil à 500m² semble très légèrement surestimer les mouvements entre artificialisation et renaturation calculés sans seuil
spécifique, alors que le seuil à 200m² produit des résultats plus proches.
TRAITEMENT : EPURES
Le sol nu de la plage est sans aucun doute à classer dans la ru- • Une nomenclature affinée dans les catégories non artifi-
brique 6°. Pour autant, dans certains cas, plus ou moins nom- cialisées
breux selon les territoires, la plage est anthropisée par des Enfin, sans que cela ne remette en cause le contenu des ru-
installations d’activités tertiaires (cabanons, paillottes, postes briques, il pourrait être intéressant de subdiviser les rubriques 6°
de douche, rampe d’accès, clubs pour enfants…), de stockage et 7°. Cela aurait l’intérêt d’être plus proche des réalités territo-
(stockage de bateaux…) de façon permanente ou provisoire. Ain- riales, de mieux mettre en avant certains objets géographiques
si une attention particulière et une précision méthodologique importants dans les espaces non artificialisés et de pouvoir en
devront être apportées pour ce type de situation afin de ne pas faire le suivi plus aisément.
créer de biais d’observation.
Ainsi, la rubrique 6° (sur la base des catégories de l’OSCGE)
• Les vergers et oliveraies « Surfaces naturelles qui sont, soit nues (sable, galets, rochers,
Si certaines parcelles de terrains privés sont engazonnées, cer- pierres ou tout autre matériau minéral, y compris les surfaces
tains jardins résidentiels (US. 5) sont occupés par des vergers d’activités extractives de matériaux en exploitation) soit cou-
sans qu’il y ait un usage agricole associé. La densité des arbres vertes en permanence d’eau, de neige ou de glace. » pourrait
varie d’une parcelle à l’autre, tout comme leur implantation au être scindée en deux afin de distinguer les surfaces naturelles
sein de la parcelle. La présence de haies autour ou leur implan- nues, des surfaces en eau, de neige ou de glace. La rubrique 7°
tation (pas d’alignement, plus faible densité des arbres) peuvent « Surfaces à usage de cultures, qui sont végétalisées (agricul-
aider à la reconnaissance du caractère résidentiel et d’agrément ture, sylviculture) ou en eau (pêche, aquaculture, saliculture). »
de la parcelle concernée mais pas de façon systématique. Aussi, pourrait distinguer deux catégories, les surfaces agricoles, des
dans certains cas, il risque d’être difficile de trancher entre un surface sylvicoles.
usage privatif paysager et un usage agricole, sans enquête de
terrain.
Exemple d’identification des évolutions selon les seuils dans une commune du Var : passage de 8 postes à 10 postes sur le
territoire de Gaillac Graulhet
8 catégories 10 catégories
TRAITEMENT : AUAT
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RECOMMANDATIONS SUR L’ARTICULATION, VOIRE documentés et mal explicités. Bien que complexes à manier, la
L’INTEROPERABILITE DES DIFFERENTS OUTILS transparence sur les données mobilisées et les méthodes utili-
D’OBSERVATION sées sont indispensables.
bâtiments publics (non soumis à l’impôt) dans les fichiers fon- CC Le Grésivaudan 397 ha 168 ha -5%
ciers est un facteur explicatif. On peut également mentionner
comme possible facteur explicatif la différence de temporalité CC Saint-Marcellin 368 ha 168 ha -44%
entre la déclaration fiscale et le moment où on voit effective- Vercors Isère Com-
ment apparaitre les signes d’une consommation d’espace. Au munauté
sein même du Scot, les variations entre les deux sources sont Grenoble-Alpes-Mé- 344 ha 361 ha +5%
très hétérogènes (aussi bien en positif qu’en négatif). tropole
TRAITEMENT : AURG
Activités
500
258
Habitat et autres
400
130 73
300
58
200 298 26 39
40 62
279
227 215 22 24 23 22
154 173 20
100 175 140 23
133 101
92 103 91
79
0
EPCI 1. MOS foncier
EPCI 1. données
Cerema
EPCI 2. données
Cerema
EPCI 3. données
Cerema
EPCI 4. données
Cerema
EPCI 5. données
Cerema
EPCI 6. données
Cerema
EPCI 7. données
Cerema
Aussi, il est indispensable pour comprendre et objectiver les unique, il serait également dommage de se priver des ressources
évolutions de consommation des enaf, de localiser précisément mises en place par les observations locales, nécessairement
cette consommation et de pourvoir la confronter à une connais- plus fines et plus proches des réalités de terrain. Aussi, des pro-
sance fine et réelle de terrain. Les mos locaux le permettent, en tocoles pourraient être imaginés et mis en place pour que des
revanche les fichiers fonciers, sans la cartographie associée ne données locales contribuent à l’enrichissement des référentiels
le permettent pas. La mise à disposition facilité (sans demande nationaux. Cette méthode botom up pourrait être répliquée le
préalable, ni technicité trop importante) de la donnée cartogra- plus possible dès lors qu’un MOS local peut apporter une infor-
phiée à partir des fichiers fonciers enrichis est indispensable mation plus précise au référentiel national.
pour les territoires, en particulier ceux dépourvus de MOS et/ou
d’ingénierie locale dédiée. Pour faciliter ces contributions, il serait nécessaire d’accroitre le
dialogue entre acteurs de l’information géographique, au niveau
Dans tous les cas, à l’échelle locale et ce quelle que soit la base national et au niveau local. Le dispositif de plateforme collabo-
de données utilisée en entrée, une phase d’analyse « terrain » rative mis en place par l’IGN est intéressant mais les acteurs du
est obligatoire pour que les chiffres soient compris et appropriés territoire ont trop peu de temps pour faire leurs retours et le dis-
par les élus et techniciens du territoire concerné. Cela nécessite positif reste encore trop confidentiel.
une technicité mais aussi une connaissance de terrain fine, faci-
lité par les ingénieries locales pérennes. Le Cnig a également un rôle de concertation à jouer avec les ac-
teurs locaux très important qu’il faut souligner et certainement
renforcer.
UN RÉSEAU D’OBSERVATION LOCAUX DU FONCIER
COMME OUTIL D’ANIMATION ET DE MONTÉE EN COMPÉ-
TENCE COLLECTIVE Exemple en Guyane
A titre d’exemple, la Guyane pour laquelle les fichiers fonciers ne
Il serait utile d’appuyer au niveau national le déploiement ra- peuvent pas refléter la réalité du bâti du fait notamment d’une
pide d’observatoires locaux du foncier et de l’habitat. Ces ob- très grande part de logement informel à diffusion très rapide
servatoires pourraient bénéficier d’une animation à échelle na- propose que la constitution d’une donnée locale « bâtiments » à
tionale (ou régionale) afin d’assurer un partage de méthode et partir de l’imagerie satellitaire puisse enrichir la donnée « bâti »
d’entraide. Ils pourraient être des relais précieux pour faciliter de la BD TOPO IGN.
l’appropriation des outils nationaux tout en garantissant l’in-
teropérabilité avec les outils locaux et la vérification de terrain
nécessaire à la qualité des données d’observation. Ils seraient
également un lieu privilégié d’échange et de coopération des ac- ÉLARGISSEMENT DU SOCLE D’OBSERVATION PORTÉ PAR
teurs (élus, acteurs, état…). L’OCSGE
DES DONNÉES LOCALES AU SERVICE DES RÉFÉRENTIELS Si les outils locaux pourraient enrichir le référentiel national
NATIONAUX OCSGE, l’inverse est également vrai. Pour ce faire, il est donc im-
portant que les seuils de collectes soient les plus fins possibles
S’il est essentiel de se doter nationalement de référentiels de afin d’être interopérable avec le plus grand nombre de référen-
données géographiques exhaustifs sur la base d’une méthode tiels.
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Il serait également intéressant de travailler collectivement à dans l’outil MOS foncier des agences bretonnes (au même titre
ajouter d’autres niveaux de couverture afin de permettre l’utili- que les autres référentiels nationaux déjà utilisés dans ce mos
sation de l’OCSGE dans d’autres cadres que celui de l’observa- : Fichiers fonciers, BD topo, RPGa, FINESS… ) et de rendre les
tion de l’artificialisation. A titre d’exemple, actuellement il n’est deux outils compatibles et interopérables. Cette intégration per-
pas possible de suivre précisément les trames vertes et bleues met ainsi de préciser au sein de chaque objet du MOS (parcelle
(les niveaux d’information ne sont pas assez précis), ou encore ou subdivision fiscale) la part d’éléments naturels (arborés, her-
le stockage carbone et les zones humides. bacé, eau…), élargissant par la même les usages possibles du
MOS (artificialisation à la parcelle…).
De même la saisonnalité durant laquelle est réalisée la couver- Un énorme effort de pédagogie et de clarté devra être fait, et
ture peut avoir une importance sur la détection des couverts ar- ce, par tous les acteurs. Aussi, pour ce qui concerne plus spéci-
borés ou sur les équipements temporaires (cf ci-dessus). fiquement les outils de mesure, s’il est indispensable de fournir
des données ouvertes, réutilisables par chacun, il est également
important de ne pas multiplier les outils qui, à ce stade, crée plus
FAVORISER LE DIALOGUE ENTRE OUTILS de confusion qu’ils n’apportent de solution. On peut citer par
exemple le portail de l’artificialisation qui met en ligne des don-
A terme, il est probable qu’il n’y aura pas qu’un seul outil utilisé nées de consommation d’enaf, créant de ce fait de la confusion
dans les territoires, et c’est tant mieux. Il est pour autant néces- ; ou encore la mise en ligne récente de l’outil Sparte en version
saire de faire d’ores et déjà en sorte que les outils et données beta ; l’existence d’urbansimul, ou encore carto friche…
puissent être interopérables. L’exemple du réseau des agences
d’urbanisme de Bretagne est intéressant à ce titre. Le Mos fon-
cier breton permet aujourd’hui de calculer la consommation des
enaf sur 10 ans pour nourrir les documents d’urbanisme mais
également à terme pourra également accueillir les calculs de
l’artificialisation (lorsque l’OCS GE sera disponible). L’OCSGE
offre en effet la possibilité de pouvoir s’intégrer directement
AVIS DE LA FNAU N°10
DÉCEMBRE 2022
Cet avis de la Fnau est issu d’un groupe de travail réunissant plus d’une quinzaine d’experts du réseau des agences d’urbanisme. C’est du travail collectif
que ce document tire toute sa richesse. Aussi, nous souhaitons vivement remercier tous les experts qui ont travaillé avec nous sur ce sujet, issus des
agences d’urbanisme de Caen, de l’Institut Paris Region, de Rennes, de Brest, de Toulouse, de Toulon, de Grenoble, de Saint-Etienne et de Guyane.