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Option Maintenance et Réhabilitation

La pathologie du béton armé :


les causes et manifestations mécaniques

Support de cours, année 2013-2014


Intervenant : N. Bessoule, CONCRETE

Révision_03 | 5/11/2013 nicolas.bessoule@concrete-mail.com


Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
SOMMAIRE

SOMMAIRE
I. Préambule sur la pathologie du béton armé 2
I.1 Entrée en matière – Objectifs du cours 2
I.2 Réflexions liminaires 3
I.2.1 Plus récent, donc plus fiable ? 3
I.2.2 Pourrait-on être exhaustif ? 4
I.3 Cadre général et limites du cours 5

II. Manifestations des désordres et conséquences 6


II.1 Fissuration du béton armé 6
II.1.1 Classification des types de fissures 6
II.1.2 Typologie et caractérisation de la fissuration structurale 7
II.1.3 Fissuration fonctionnelle maîtrisée ? ou fissuration pathologique ? 8
II.1.4 Manifestations de la fissuration sur différentes structures et conséquences associées 11
II.2 Déformations 12
II.3 Pertes de matière, épaufrures, écaillages 13

III. Facteurs à l’origine des désordres mécaniques sur les structures 14

IV. Examen du facteur n°1 : efforts appliqués à la structure 16


IV.1 Erreurs sur les valeurs des actions 16
IV.1.1 Sur les valeurs nominales des actions 16
IV.1.2 Sur les combinaisons d’actions 20
IV.2 Erreurs dans la détermination des effets des actions 21
IV.3 Erreurs dans le choix des sections à justifier 22
IV.4 Mauvaises dispositions vis à vis du cheminement des efforts 22

V. Examen du facteur n°2 : déformations et variations dimensionnelles 23


V.1 Mauvaise appréciation des déformations d’éléments fléchis 23
V.2 Mauvaise appréciation des variations dimensionnelles 25
V.2.1 Le retrait 25
V.2.2 Les variations de température 25
V.3 Mauvaise appréciation des effets du gradient thermique 26

VI. Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments 27


VI.1 Erreurs de ferraillage pour la transmission et la diffusion des efforts 27
VI.1.1 Armatures de coutures 27
VI.1.2 Nœuds d’encastrements 28
VI.1.3 Efforts concentrés 28
VI.2 Dispositions d’armatures défectueuses 31
VI.2.1 Armatures longitudinales trop courtes 31
VI.2.2 Répartition incorrecte des armatures transversales 31
VI.2.3 Défauts de recouvrements d’armatures 32
VI.2.4 Insuffisance d’armatures de peau 33
VI.2.5 Poussée au vide d’armatures 33
VI.2.6 Enrobages insuffisants 34
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
SOMMAIRE

VI.3 Ferraillage non conforme aux plans d’exécution 35


VI.3.1 Armatures placées trop bas ou du mauvais côté des pièces 35
VI.3.2 Inversion des lits 35
VI.3.3 Absence d’armatures 36
VI.3.4 Autres erreurs ou malfaçons sur chantier 36
VI.4 Conséquences de la corrosion des armatures du béton armé 37
VI.4.1 Typologie et manifestations de la corrosion des armatures 37
VI.4.2 Conséquence de la corrosion sur les structures en béton armé 38
VI.4.3 Illustration des effets de la corrosion sur des structures en service 40
VI.4.4 Note sur les précautions à prendre lors des travaux de réparation 41
VI.5 Rappel sur l’évolution des caractéristiques des armatures 42

VII. Examen du facteur n°4 : qualité du béton en place 43


VII.1 Principaux paramètres liés à la composition du mélange 43
VII.2 Paramètres liés à la mise en œuvre 44

VIII. Etude de cas : l’effondrement du Viaduc de la Concorde 45

IX. Recommandations pour une conception saine et durable des structures 46


IX.1 A la conception 46
IX.2 En phase d’études d’exécution 47

AVERTISSEMENT
La présentation des pathologies affectant les structures en béton armé repose ici, en grande partie, sur des exemples
tirés de cas concrets, qui illustrent les différents types de dégradations rencontrées et les origines associées. Pour
chacun des cas proposés, le présent support fait figurer les principales illustrations ; des photographies
complémentaires, assorties de précisions sur les circonstances exactes des cas examinés, sont présentées en cours. Ce
document ne constitue donc pas une version exhaustive de l’enseignement, étant entendu qu’une large partie des
commentaires est apportée oralement.

CHEBAP, 2013-2014
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Préambule sur la pathologie du béton armé CHAPITRE I

CHAPITRE I
I. PREAMBULE SUR LA PATHOLOGIE DU BETON ARME

I.1 Entrée en matière – Objectifs du cours


ème
Le béton armé est apparu dans la seconde moitié du 19 siècle et s’est fortement développé dès le
ème
début du 20 siècle, période à partir de laquelle apparaissent, en France, les premières règles de calcul
(instructions du 20/10/1906 relatives à l’emploi du béton armé).
La connaissance des propriétés du béton armé a évolué progressivement et les premières constructions,
souvent expérimentales, ont pu présenter des désordres si bien que la notion de « pathologie du béton
armé » est apparue rapidement.
On trouve dans la littérature des ouvrages traitant du sujet dès les années 1920.
La problématique n’est donc pas récente et nous verrons, avec de nombreux exemples, qu’elle demeure
toujours d’actualité.

Figure 1
références bibliographiques, 1921 puis 1955, H. Lossier

Ce cours a pour objectif de répondre à quelques questions essentielles relatives au fonctionnement


structurel des ouvrages en béton armé en service :
> à quoi voit-on qu’une structure en béton armé est dégradée ? quels sont les signes ?
> quelles sont les différentes causes possibles à l’origine des désordres ? quel est le facteur
prépondérant ?
Ces questions, destinées à cerner l’origine des pathologies, constituent la base des réflexions qui vont
guider la démarche d’évaluation et de réparation d’un ouvrage dégradé ; on va ensuite logiquement
*
s’interroger sur les points suivants :
> quelle est la gravité de la pathologie détectée ? peut-elle évoluer ? faut-il déclencher des
investigations spécifiques pour s’en assurer ?
> quelles pourraient être les conséquences en cas d’aggravation des désordres ? quels seraient les
risques associés pour les personnes ? pour la structure ?
> est-il nécessaire d’intervenir ? dans quel délai ? de quelle manière : mise en sécurité ? réparation ?
renforcement de la structure ?
> vers quel(s) type(s) de solution(s) faut-il orienter la technique de réparation ?
L’analyse initiale, qui consiste à définir la nature des causes à l’origine des désordres observés, est donc
fondamentale. Elle conditionne l’ensemble des réflexions et des décisions qui seront prises par la suite,
car aucun projet de réparation ne peut être fiable si la cause des désordres n’a pas été clairement
identifiée.

* On pourrait ajouter la question : qui est responsable ?

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Préambule sur la pathologie du béton armé CHAPITRE I

I.2 Réflexions liminaires

I.2.1 Plus récent, donc plus fiable ?


En France, les premières règles de calcul du béton armé datent de 1906 ; elles ont évolué lentement,
avec les Circulaires ou Règles de calcul de 1927, 1934, 1964, 1968 (CCBA), 1970, 1980 (BAEL et ses
révisions) jusqu’aux Eurocodes actuels.
Ces codes successifs se sont enrichis, lentement, en prenant en compte l’évolution progressive des
connaissances sur les caractéristiques des matériaux (béton, acier), sur leur comportement à long
terme, ou encore sur les méthodes de calcul. Il est donc généralement admis que les codes les plus
récents reflètent mieux la réalité que les codes qu’ils remplacent, et qu’ils constituent ainsi des bases
d’études plus fiables pour la conception et la réalisation des structures à venir.
Pour autant, il existe des ouvrages de génie civil en béton armé construits au début des années 1900 qui
sont toujours dans un état de conservation satisfaisant, assurant correctement leur fonction. D’autres,
beaucoup plus récents, se sont avérés défectueux et impropres à l’exploitation quelques années après
leur construction. Des évènements tragiques, consécutifs à une ruine partielle – voire un effondrement
– d’une structure en service arrivent encore de nos jours, sur des ouvrages construits pendant la
ème
seconde moitié du 20 siècle.
On se gardera donc de l’idée, pourtant rassurante, que les structures les plus récentes sont
nécessairement plus résistantes, mieux conçues ou mieux exécutées que des ouvrages plus anciens. Si
les règlements de conception sont effectivement plus fiables, il n’en demeure pas moins que les erreurs
de calculs, les défauts relatifs à la qualité des matériaux, les malfaçons lors de d’exécution ou encore des
évènements accidentels au cours de la vie de l’ouvrage peuvent être à l’origine de dégradations
prématurées des structures.

→ Illustration n°1 : Pont de Boutiron, 1913 jusqu’en…

→ Illustration n°2 : Viaduc de la Concorde, 1976 - 2006

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Préambule sur la pathologie du béton armé CHAPITRE I

I.2.2 Pourrait-on être exhaustif ?


Le béton armé, utilisé intensivement dans la construction depuis plus d’un siècle, a permis de bâtir une
très grande diversité de structures, dont les dimensions, les fonctions, les environnements, les actions
auxquels elles sont soumises (…) sont extrêmement variés.
Les méthodes de constructions, les règles de dimensionnement et de disposition techniques à respecter,
la qualité des matériaux (…), ont progressivement évoluées au fil du temps.
Des pathologies se sont manifestées. De complexité et de gravité variable. Parfois génériques, liées à
l’emploi du béton armé dans certaines circonstances, et parfois spécifiques, associées à un type de
structure particulier. Sur des ouvrages d’un âge avancé, ou sur des structures relativement récentes.

Vu la diversité des cas de figure rencontrés, il n’est évidemment pas possible de prétendre d’être
exhaustif, en passant en revue l’ensemble des problèmes susceptibles d’affecter les ouvrages en béton
armé.
On s’attachera donc ici à examiner les principaux facteurs « génériques » pouvant être à l’origine de
désordres fonctionnels sur les structures ; on illustrera par des exemples choisis les conséquences des
erreurs de conception, ou d’exécution, et les principales erreurs qui pourraient être évitées.

→ Illustration n°3 : quelques structures en béton armé, d’usages différents, dans des environnements variés

→ Illustration n°4 : trois tabliers de ponts à poutres, de proportions semblables, ferraillés à des époques différentes

(1) conception, années 1930 (2) conception, années 1950 (3) conception, années 1970

L’expertise des structures dégradées nécessite une connaissance étendue de l’évolution des pratiques
de construction, des qualités attendues des matériaux, des codes en vigueur à l’époque de réalisation
(…) afin d’identifier l’origine des désordres rencontrés.
On gardera à l’esprit qu’on intervient sur des structures conçues dans un contexte réglementaire
spécifique ; si la comparaison avec nos standards actuels de construction est intéressante, il faut
toujours se « remettre dans la peau du concepteur » et dans le contexte de l’époque pour analyser les
situations.

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Préambule sur la pathologie du béton armé CHAPITRE I

I.3 Cadre général et limites du cours


Le sujet concerne la pathologie « spécifique » du béton armé. On n’abordera pas les problématiques
« générales » de construction, qui concernent l’ensemble des structures, du point de vue :
> de la stabilité et de l’équilibre d’ensemble des ouvrages (y compris en cours de construction) ; on en
rappellera néanmoins brièvement l’importance (illustrations 5 et 6).
> des désordres engendrés sur le bâti par des problématiques d’instabilités ou de mouvements liés aux
fondations (illustration 7).
> des problématiques de conception spécifique concernant le respect des règles para-sismiques.

On s’attachera aux processus de dégradation « mécanique » de structures en béton armé, par


opposition à une dégradation liée au vieillissement ou à des pathologies du matériau béton armé. Ces
aspect sont traités dans un cours distinct.
Ceci étant, on évoquera les conséquences, à plus ou moins long terme, des effets potentiels des
dégradations des matériaux sur la résistance mécanique des structures.

→ Illustration n°5 : hall de bâtiment d’habitation, instabilité en phase de construction

(1) ouvrage projeté (2) répartition des (3) sinistre probablement évité (4) renforcement mis
moments dans le nœud A en œuvre

→ Illustration n°6 : viaduc de Harbin, Chine, 24 août 2012, instabilité en phase d’exploitation

→ Illustration n°7 : exemples de désordres engendrés sur la structure par des problèmes de fondations

(1) fissuration d’une façade suite au tassement localisé de la fondation (2) tassement différentiel des fondations ayant pour conséquence une flexion des poutres

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Manifestations des désordres et conséquences CHAPITRE II

CHAPITRE II
II. MANIFESTATIONS DES DESORDRES ET CONSEQUENCES

II.1 Fissuration du béton armé

II.1.1 Classification des types de fissures


L’apparition de fissures dans les structures en béton est un phénomène courant, difficilement évitable.
Les causes de fissuration sont nombreuses, et très diverses ; la figure ci-dessous mentionne les
principaux facteurs pouvant être à l’origine de fissures, en faisant une distinction selon la consistance du
béton (béton frais, béton durci).

Figure 2
exemple de classification des types de fissures affectant le béton armé

Rappelons pour mémoire, les principales causes de la fissuration précoce du béton :


> tassement plastique du béton frais (ou ressuage)
Exsudation d’une partie de l’eau de gâchage à la face supérieure du béton frais. Création possible de fissures au
droit des obstacles qui s’opposent au mouvement de tassement du béton (ferraillage principalement).
> retrait plastique (ou retrait de dessiccation)
Retrait par dessiccation du béton frais, ou en cours de prise, lorsqu’il est encore dans un état aisément déformable.
Ordre de grandeur : 1mm/m dans des conditions courantes.
> retrait thermique après prise (ou contraction thermique)
Contraction du béton due au refroidissement à l’issue de la prise. La contraction se manifeste dans un laps de temps
variant de quelques dizaines d’heures à quelques semaines, la durée augmentant avec la taille de la pièce. A ce
phénomène viennent s’ajouter des effets de masse, la température d’hydratation pouvant être plus élevée au sein
d’une pièce massive et plus faible au voisinage des parois.
A ces effets viennent se conjuguer d’autres causes potentielles de fissuration du béton armé, après
durcissement, qui dépendent de nombreux facteurs (propriétés du béton, environnement, exposition,
conditions d’exécution, dispositions relatives au ferraillage, actions appliquées à la structure, …). Citons
pour mémoire les causes suivantes :
> le retrait de dessiccation à long terme (ou hydrique), et les phénomènes de retrait différentiel entre
éléments d’une même structure, exécutés à des époques différentes ;
> les gradients thermiques ou chocs thermiques ;
> les réactions de gonflement interne (RSI, alcali-réaction) ;
> la corrosion des armatures ;
et, enfin, la fissuration d’origine mécanique (ou fissuration structurale, ou fonctionnelle) du béton armé.

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Manifestations des désordres et conséquences CHAPITRE II

Le schéma suivant montre un exemple d’identification de l’emplacement des différents types de fissures
sur un ouvrage en béton.

→ Illustration n°8 : positionnement caractéristique des différents types de fissures sur un ouvrage en béton armé

La fissuration structurale – qui nous occupe ici – correspond à une catégorie de fissuration, parmi
d’autres. La suite du chapitre présente les éléments qui permettent de la caractériser et de l’identifier
sur les structures.

II.1.2 Typologie et caractérisation de la fissuration structurale

II.1.2.1 Typologie générale des fissures


Les fissures sont provoquées lorsque les sollicitations atteignent, ou dépassent, la contrainte limite de
résistance en traction du béton, à un moment donné de la vie de l’ouvrage. Les fissures peuvent être
caractérisées par une série de critères :
> l’âge
qui est connu à la condition de mettre en place une surveillance organisée de la structure considérée.
> le tracé
qui se définit par l’orientation, la longueur et la continuité (ou discontinuité) de la fissure.
> l’ouverture
qui peut se mesurer de manière simple, au moyen d’un fissuromètre, ou par des méthodes beaucoup plus fines (ex :
macrophotographie numérique). Les méthodes et moyens employés étant adaptés au phénomène à surveiller.
> la position relative des lèvres
on parle de désaffleurement (composante du mouvement relatif perpendiculaire à la surface du parement) ou de
rejet (composante du mouvement tangentielle à la surface du parement et parallèle à la fissure).
> la profondeur
on parle de fissure « traversante » lorsque la fissure est visible sur au moins deux faces d’un élément, « aveugle »
lorsqu’elle est supposée traversante mais débouche sur une face non observable, ou « de surface » lorsqu’elle
devient nulle au sein du béton. La profondeur peut alors être déterminée précisément par des moyens
d’investigations spécifiques (ex : mesure de vitesse de propagation du son).
> l’activité ou l’évolution
qui caractérise la variation dimensionnelle de la fissure dans le temps (selon le tracé, l’ouverture ou la profondeur).
On parle de fissure « active » lorsque l’ouverture varie en fonction de paramètres extérieurs (température,
chargement…), de fissure « morte » lorsque l’ouverture demeure constante.
> la présence d’eau
le cas échéant, on précisera si la fissure est sèche, humide, soulignée par des concrétions de calcite, ou des traces de
ruissellement (etc).

(1) ouverture (2) désaffleurement (3) rejet


Figure 3
mouvements relatifs des lèvres d’une fissure

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Manifestations des désordres et conséquences CHAPITRE II

II.1.2.2 Caractéristiques de la fissuration structurale


On définira par fissuration « structurale » d’un ouvrage en béton armé l’apparition de fissures liées à un
processus de dégradation d’origine mécanique, qui trouve ses causes dans le chargement ou les
déformations imposées à la structure en service (ces deux termes étant à considérer au sens large).
Dans le cadre de ce document, on élargira le champ des causes en examinant les erreurs spécifiques concernant les
dispositions relatives au ferraillage et à la qualité des bétons qui peuvent engendrer des défauts de fonctionnement
du béton armé et entraîner une fissuration « mécanique » anormale.
En soi, rien ne distingue fondamentalement une fissure structurale d’une fissure provoquée à la surface
du béton par le foisonnement d’armatures en voie de corrosion. Les deux types de fissures peuvent se
manifester de manière identique sur les parements, et peuvent être caractérisés de façon analogue,
d’après les critères de description définis plus haut (orientation, longueur, ouverture…)..
Le caractère mécanique d’une fissuration s’apprécie en examinant un ensemble de paramètres, dont la
présence simultanée révèle le caractère structural de la fissuration. Il s’agit essentiellement de :
> la position sur l’élément (ex : au niveau des zones prévisibles de cheminement des efforts, ou au
niveau d’une zone de déformation marquée de la structure),
> l’orientation du tracé des fissures (ex : fissures inclinées près des appuis de poutres),
> la situation par rapport aux armatures,
> les variations d’ouverture sous les effets des actions extérieures.
Ces différents critères sont à prendre en considération pour évaluer l’origine « mécanique » de la
fissuration. On gardera à l’esprit, pour ce type d’analyse, les schémas classiques de fissuration
correspondant à des types de sollicitations bien définis.

(1) flexion simple (2) traction (3) effort tranchant


Figure 4
exemples de schémas de fissuration caractéristique de poutres en béton armé

II.1.3 Fissuration fonctionnelle maîtrisée ? ou fissuration pathologique ?

II.1.3.1 Fissuration fonctionnelle du béton armé


La fissuration fait partie du fonctionnement « normal » du béton armé puisqu’elle permet la mise en
traction des armatures, en assurant un taux de travail satisfaisant à l’acier.
Cette fissuration prévisible « normale » – qui apparaît dans les règlements Français avec les Règles BA60
(article 0,3) – doit être maîtrisée au stade de la conception en contrôlant le dimensionnement vis à vis
des états limites de service (en particulier, limitation de la contrainte de service dans les aciers pour les
Règles BAEL, vérification des états limites de fissurations pour l’EC2) et en adoptant des dispositions
constructives appropriées.
Les limites admissibles au développement et à l’ouverture des fissures dans les ouvrages en béton sont
fonction de l’utilisation de l’ouvrage et de l’environnement (l’approche est nécessairement différente
pour des bâtiments d’habitation, ou pour des structures destinées à stocker des fluides, par exemple).
Le projeteur doit donc tenir compte, dans la conception de l’ouvrage, de la nécessité de limiter la
fissuration à des états acceptables pour l’utilisation normale.
Les règles CCBA 68 (chapitre XII) fournissaient – pour les structures pour lesquelles on souhaitait limiter
la fissuration – des formules permettant de calculer les valeurs de contraintes de traction à ne pas
dépasser dans les armatures tendues (en flexion ou en traction simple) en fonction d’une série de
paramètres : enrobage, diamètre et état de surface des armatures, résistance du béton en traction.

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Manifestations des désordres et conséquences CHAPITRE II

Un autre approche est proposée dans le Code Modèle CEB FIP de 1978, qui fixe les états limites de
fissuration admissibles. Les exigences concernant la durabilité sont alors définies en fonction des
conditions d’ambiance et de la sensibilité des armatures à la corrosion (les aciers considérés comme
« très sensibles » sont les aciers de moins de 4 mm de diamètre, les aciers simplement trempés et les
armatures de précontrainte).
Les états limites d’ouverture des fissures (wk) à vérifier sont choisis conformément au tableau reproduit
sur la figure 5. En retenant la valeur minimale d’enrobage admissible, les valeurs recommandées pour
wk sont :
> w1 = 0,1 mm pour une ambiance sévère (atmosphère maritime),
> w2 = 0,2 mm pour une ambiance modérément sévère,
> w3 = 0,3 mm pour une ambiance non sévère (intérieur des bâtiments).

Figure 5
Code Model CEB FIP, 1978, états limites de fissuration

Les Règles BAEL (article A-4.5) introduisent les notions de fissuration « peu préjudiciable / préjudiciable
/ très préjudiciable » et fixent des limitations à la contrainte de service dans les aciers tendus,
considérées comme suffisantes pour maintenir l’ouverture des fissures dans des limites acceptables (en
cas de fissuration préjudiciable et très préjudiciable). Par exemple, la contrainte maximale admissible est
fixée à 250 MPa en FP et 200 MPa en FTP pour un élément « classique » de béton armé (résistance
caractéristique du béton à 28 jours inférieure à 40 MPa, aciers de nuance Fe E 500).
Pour les Eurocodes (EC2), la vérification relative aux états limites de fissuration a pour objet de s’assurer
que l’ouverture maximale calculée (wk) n’excède pas une ouverture limite (wmax), déterminée en
fonction de la destination de l’ouvrage et des conditions d’environnement, en intégrant les « classes
d’exposition » définies par la norme Béton NF EN 206-1.
Pour fixer les idées, les valeurs recommandées des ouvertures admissibles wmax sous la combinaison
quasi-permanente pour une structure en béton armé sont (d’après NF EN 1992-1-1/NA, tableau 7.1NF) :
> wmax = 0,2 mm pour les classes XD1, XD2, XS1, XS2 et XS3,
> wmax = 0,3 mm pour les classes XC2, XC3 et XC4,
> wmax = 0,4 mm pour les classes X0 et XC1.

Les règlements entérinent donc cette notion de fissuration fonctionnelle « tolérée » du béton armé. Le
problème n’est donc pas tant d’empêcher totalement la fissuration que de la maîtriser, par des
dispositions constructives appropriées.
La fissuration alerte sur un dépassement de la contrainte limite de traction du béton, en un ou plusieurs
endroits de la structure. Elle joue le rôle de révélateur du comportement structurel, mais ne traduit pas
nécessairement un fonctionnement anormal ; elle n’est pas forcément « pathologique ».

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II.1.3.2 Fissuration pathologique du béton armé


Il n’existe, en réalité, aucun critère simple permettant d’apprécier le caractère pathologique d’une
fissuration. A ce sujet, les Règles BAEL indiquent que, compte tenu des multiples causes pouvant
entraîner l’apparition de fissures, il n’est pas possible de fixer des règles générales définissant le la
gravité des fissures (article A 4.5,31).

BAEL, article A.4.5,3. – Etat limite d´ouverture des fissures Encadré 1


A.4.5,31. – Principe de la justification.
* Les fissures de largeur excessive peuvent compromettre l´aspect des parements, l´étanchéité des parois, la tenue
des armatures vis-à-vis de la corrosion. Il est cependant reconnu qu´il n´est pas possible de fixer a priori une largeur
de fissure à respecter, vu la très grande variabilité du phénomène ; en outre, la durabilité des structures ne paraît
liée qu´à un ordre de grandeur de l´ouverture des fissures (quelques dixièmes de millimètres pour les cas les plus
courants).
** Compte tenu du commentaire ci-dessus, il est impossible de fixer des règles générales concernant le degré de
nocivité, d´autant plus que l´appréciation dépend de nombreux facteurs parmi lesquels :
- l´environnement : à ce sujet, le fascicule de documentation de l´A.F.N.O.R. P 18 011 donne une classification des
environnements agressifs,
- la nature de la structure : parmi les facteurs défavorables, on peut citer les pièces minces (treillis) et la
multiplication des surfaces de reprise,
- l´utilisation de l´ouvrage avec comme facteurs défavorables l´importance des charges quasi-permanentes et des
actions très fréquentes ainsi que le contact régulier avec des produits nocifs tels que les sels de déverglaçage,
- la prise en compte dans les calculs d´une valeur de limite élastique supérieure à la valeur la plus courante 100
MPa,
- l´expérience acquise sur des ouvrages analogues qui doit englober le coût initial (compte tenu du ratio
d´armatures), le coût d´entretien et la durabilité effective très variable en fonction du site et de la qualité de la
construction.
En fonction de ces critères, certains textes spécifiques fixent les règles applicables ; par exemple, le fascicule 74 du
C.C.T.G. traite des réservoirs et des châteaux d´eau. Pour les bâtiments et ouvrages assimilés, la partie B (B.6.3. et
B.7.3.) donne certaines indications. A défaut, il appartient au C.C.T.P. de fixer les règles applicables.
Pour les ponts routiers, on peut considérer que la fissuration est :
- peu préjudiciable dans la plupart des cas où les ouvrages sont de formes simples, en milieu peu agressif, et dont
les calculs prennent en compte une valeur de limite élastique au plus égale à la valeur la plus courante 400 MPa,
- préjudiciable en milieu moyennement agressif, avec des ouvrages minces (treillis), ou de nombreuses surfaces de
reprise, ou encore des pièces soumises à traction peu excentrée (tirants),
- très préjudiciable en milieu fortement agressif.

Toute la difficulté consiste donc à apprécier le caractère pathologique d’une fissuration structurale, en
faisant la distinction avec les autres types de fissures rencontrées et la fissuration fonctionnelle
« admissible » du béton armé.
Si il n’est pas possible de définir des règles strictes, on peut néanmoins signaler quelques indicateurs
traduisant une fissuration structurale pathologique :
> les fissures affectent des parties de structures qui ne devraient pas être tendues ;
> la densité de fissuration ou l’ouverture de certaines fissures est « anormalement » élevée (une limite
de 0,4 mm est un bon indicateur, mais on gardera à l’esprit que, pour certains environnements,
cette ouverture de fissure n’est pas acceptable) ;
> la fissuration est traversante dans l’épaisseur de la pièce de béton ;
> les fissures sont continues sur l’ensemble de l’élément (ex : fissures toute hauteur dans les âmes de
poutres) ;
> les fissures se développent au droit de points d’application de charges concentrées ;
> la fissuration principale est associée à d’autres types de fissures, ou à des désordres annexes (ex :
déformation excessive, écaillage du béton).
On notera que cette fissuration structurale ne traduit pas nécessairement une perte de capacité
résistante de la structure affectée ; non seulement car les efforts sont susceptibles de se redistribuer,
par adaptation, depuis les zones fissurées vers des zones non fissurées, mais également car la fissuration
peut être provoquée par des dispositions de ferraillage inappropriées, qui n’influent pas directement sur
la résistance des éléments en béton armé.
En revanche, en présence de fissures anormales, les questions relatives à la durabilité doivent
systématiquement être examinées, en regard de l’environnement et des conditions d’exploitation de
l’ouvrage.

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Manifestations des désordres et conséquences CHAPITRE II

II.1.3.3 Jugement sur la gravité des fissures


L’examen et le suivi des fissures sur les ouvrages est destiné à déterminer les causes de la fissuration et
à juger de leur caractère de gravité, en distinguant les cas où les causes correspondent à un danger (la
fissure « avertit » qu’il se passe quelque chose d’anormal), et en évaluant les conséquences sur la
structure (notamment s’il existe un risque d’accentuation de la fissuration).
La décision d’intervenir sur la structure concernée – par la réalisation d’investigations spécifiques (pour
déterminer, ou valider, les causes de la fissuration), de travaux de réparation ou de mise en sécurité –
est prise en fonction du caractère de gravité qui est apprécié, et de l’urgence qui en découle.
En règle générale, la décision d’intervenir est prise lorsque la fissuration pathologique :
> affecte un élément porteur indispensable à la stabilité de l’ouvrage,
> peut entraîner un risque de rupture fragile, par cisaillement (cas des appuis de poutres),
> évolue sur le long terme (en longueur, en ouverture),
> entraîne une perte d’aptitude au service (ex : stockage de fluides),
> remet en cause la durabilité de la structure, vis à vis des problématiques de corrosion des armatures.
Le chapitre suivant illustre quelques cas rencontrés.

II.1.4 Manifestations de la fissuration sur différentes structures et conséquences associées

II.1.4.1 Conséquences sur le comportement structurel


Le développement de la fissuration peut conduire à une réduction de la rigidité de la structure par
rapport à celle calculée pour des sections homogènes intègres, non fissurées.
Dans une structure constituée d’éléments rectilignes (poutres et poteaux), la modification de rigidité
par fissuration entraîne essentiellement une redistribution de la répartition des moments de flexion, si
la fissuration change de manière significative les rapports d’inertie des différents éléments.
La fissuration peut également avoir une influence sur les caractères du comportement dynamique de la
structure ; une structure fissurée aura un comportement dynamique plus souple. C’est un facteur
favorable vis à vis des effets sismiques pour lesquels on a intérêt à avoir une structure souple qui
transmet moins les vibrations venant du sol (la fissuration provoquera des désordres qui pourront
rendre la structure inexploitable, mais la diminution des efforts qui en résulte peut permettre d’éviter
l’effondrement de la structure). A l’inverse, c’est un facteur défavorable vis à vis des effets du vent pour
lesquels on a intérêt à avoir une structure rigide ayant un mode propre de vibration le plus éloigné
possible des effets de la turbulence du vent.
Les illustrations qui suivent montrent des exemples d’éléments de structures en béton armé fissurés.

→ Illustration n°9 .a : pont en arc → Illustration n°9.b : passerelle à poutres en auget

→ Illustration n°9.c : plancher porté sur zone de stockage → Illustration n°9.d : poutre voile en façade de bâtiment

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Manifestations des désordres et conséquences CHAPITRE II

II.1.4.2 Conséquences sur l’aptitude au service


La fissuration peut entraîner des problématiques d’utilisation ou d’exploitation des ouvrages, par
exemple en cas de :
> pénétrations d’eau intempestives : infiltrations, suintements, ruissellements (bâtiments d’habitation,
parkings),
> perte étanchéité d’un ouvrage de stockage.

→ Illustration n°10 .a : parking → Illustration n°10.b : château d’eau

II.1.4.3 Conséquences sur la durabilité


La fissuration des éléments en béton armé est dommageable pour la durabilité des structures, en
permettant la pénétration des agents agressifs vers les armatures, entrainant un risque de dépassivation
et de corrosion des aciers. Les circulations d’eau régulières au droit de sections fissurées sont
particulièrement néfastes.

→ Illustration n°11 .a : amorce de corrosion au droit d’une fissure → Illustration n°11.b : circulations d’eau

II.2 Déformations
Après la fissuration pathologique, la seconde manifestation d’un comportement anormal d’une
structure en béton armé concerne la présence de déformations manifestement excessives des éléments
fléchis.
En bâtiment, il convient de veiller à ce que les déformations n’excèdent pas les valeurs que peuvent supporter les
éléments liés à la structure (cloisons, vitrages, bardages…). En site industriel, notamment, des limites doivent être
imposées pour assurer le fonctionnement correct des machines ou appareils supportés par la structure.
Lorsque de telles déformations sont détectées, il s’agit d’apprécier si les mouvements sont stabilisés ou
si, au contraire, ils sont susceptibles de s’accroître, et dans quelle mesure. En fonction des cas,
l’approche peut être menée par le calcul et / ou au moyen de techniques d’instrumentation ou de
topométrie.
L’interprétation des résultats des calculs ou mesures peut s’avérer délicate car il n’est pas toujours
évident de déterminer si la déformation constatée est liée à une déformation sous charge, dans les
conditions d’exploitation de la structure, ou si la déformation date de l’origine de la construction. Dans
ces cas là, une mise sous surveillance est généralement mise en place, pour suivre l’évolution des
déformations de la structure dans le temps, et statuer sur l’origine et la gravité des déformations
observées.

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Manifestations des désordres et conséquences CHAPITRE II

→ Illustration n°12 .a : ouvrages d’art → Illustration n°12.b : immeuble d’habitation

II.3 Pertes de matière, épaufrures, écaillages


Un comportement pathologique d’une structure en béton armé peut également être détecté par la
présence de fissures d’éclatement de béton et de pertes de matière dans les zones comprimées des
éléments (sur un poteau uniformément comprimé, ou sur la face comprimée d’une poutre fléchie).
Ce mode de dégradation, assez rare, est un signe d’épuisement de la résistance en compression du
béton.
A ne pas confondre avec les épaufrures de béton occasionnées pas des chocs (ex : poutres de rive des
ouvrages d’art, poteaux en partie basse dans les sites industriels) ou provoquées par la corrosion des
armatures du béton armé.

→ Illustration n°13 .a : écrasement de trumeaux trop fins → Illustration n°13.b : chocs sur une poutre de rive d’un pont

CHEBAP, 2013-2014 13 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Facteurs à l’origine des désordres mécaniques sur les structures CHAPITRE III

CHAPITRE III
III. FACTEURS A L’ORIGINE DES DESORDRES MECANIQUES SUR LES
STRUCTURES
De nombreux facteurs peuvent être à l’origine des désordres exposés précédemment. Dans un souci de
clarté, il a été choisi (arbitrairement) de les présenter ici sous forme de 4 « familles » – ou facteurs
principaux – en considérant que les anomalies observées sur les structures en béton armé peuvent
relever :
> des efforts appliqués à la structure.
On considèrera pour ce facteur l’ensemble des erreurs liées aux actions appliquées à l’ouvrage, à la
détermination des effets des actions, au dimensionnement des sections d’acier, au cheminement des efforts.
> des variations dimensionnelles et déformations imposées à la structure.
On considèrera pour ce facteur l’ensemble des déformations auxquelles sont soumis les éléments en béton
armé : retrait, fluage, variations et gradients thermiques, déformations sous charge. Les déformations liées aux
problématiques de fondations et tassement différentiel des appuis ne sont pas abordées (voir le § I.3 à ce sujet).
> du ferraillage des éléments.
Le terme est considéré au sens large et on abordera la vaste question des dispositions défectueuses d’armatures
ainsi que l’incidence de la corrosion des armatures sur la résistance des éléments.
> de la qualité du béton en place.
On rappellera les principaux paramètres liés à la composition du mélange, ou liés à la mise en œuvre sur
chantier, qui peuvent influer sur la qualité du béton mis en place et jouer sur ses propriétés mécaniques.

Les erreurs, omissions, insuffisances, maladresses, non respect des règles, incidents, … susceptibles de
provoquer des dégradations sur les ouvrages en béton armé peuvent se produire au stade de la
conception, au stade de l’exécution ou au cours de la vie de l’ouvrage.

Le tableau de la figure 6 page suivante propose une corrélation entre les facteurs de désordres
potentiels et les étapes au cours desquelles ils sont susceptibles de se manifester. Etant entendu que
certains facteurs sont spécifiques et ne peuvent manifestement se produire qu’à une seule étape de
l’opération de construction.

CHEBAP, 2013-2014 14 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Facteurs à l’origine des désordres mécaniques sur les structures CHAPITRE III

Figure 6
Facteurs à l'origine de désordres fonctionnels sur les structures en béton armé

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°1 : efforts appliqués à la structure CHAPITRE IV

CHAPITRE IV
IV. EXAMEN DU FACTEUR N°1 : EFFORTS APPLIQUES A LA STRUCTURE
Un certain nombre de désordres peuvent avoir pour origine une mauvaise appréciation des actions qui
s’exercent sur les structures, voire carrément l’oubli de certaines d’entre elles.
Deux dispositions sont indispensables à tout concepteur :
> établir un inventaire exhaustif de toutes les actions susceptibles de solliciter la structure à un
moment donné, sans oublier les actions qui peuvent ne s’appliquer qu’en phase de construction et
qui peuvent être à l’origine d’incidents en cours de chantier.
> définir précisément les points d’application et les valeurs nominales de chacune de ces actions, sans
les sous-estimer.

IV.1 Erreurs sur les valeurs des actions

IV.1.1 Sur les valeurs nominales des actions


Les actions sont habituellement classées en plusieurs catégories :
> charges permanentes
> charges d’exploitation variables
> charges climatiques et actions de la température
> autres actions diverses ou accidentelles

IV.1.1.1 Charges permanentes


De façon non exhaustive on peut citer :
> le poids propre de la structure,
> le poids des éléments non structurels tels que les revêtements, étanchéité, toitures, superstructures
diverses et tous les autres éléments que l’on peut considérer comme agissant ou « pesant »
constamment,
> les actions liées aux terres : poids des remblais, poussée des terres, ... qui peuvent s’appliquer
directement sur la structure elle-même ou sur ses fondations.
Dans la mesure où, par définition, ces charges s’appliquent en permanence sur la structure, une sous-
estimation de leur valeur (ou a fortiori leur oubli) conduit irrémédiablement à plus ou moins court
terme à des désordres dans la structure.
Deux sources d’erreur peuvent concerner l’évaluation de l’action due au poids propre de la structure et
des autres éléments :
> une sous-estimation du poids volumique des matériaux concernés,
> une erreur dans le calcul du volume de l’élément concerné (parfois plus difficile à détecter).
Concernant l’action des terres, aux deux facteurs évoqués ci-dessus se rajoute le coefficient de poussée
(éventuellement de butée) qui ne doit être ni sous estimé quand son effet est défavorable, ni surestimé
lorsque son effet est favorable.
Il faut garder à l’esprit que les charges permanentes ne sont pas toujours immuables et peuvent subir
des modifications dans le temps ; par exemple, pour les ouvrages d’art :
> des modifications de l’épaisseur des revêtements de chaussée,
> des modifications des superstructures,
> une augmentation ou diminution (provisoire ou définitive) de la hauteur de remblaiement.

CHEBAP, 2013-2014 16 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°1 : efforts appliqués à la structure CHAPITRE IV

→ Illustration n°14 .a : réservoir, rechargement des terres → Illustration n°14.b : ouvrage d’art, rechargement en enrobé

L’expérience montre que les charges permanentes ont toujours tendance à augmenter dans le temps (il
est plus facile de rajouter des éléments à la structure que d’en enlever). Ces évolutions éventuelles
doivent être prises en compte dès le départ si elles sont connues.

IV.1.1.2 Charges d’exploitation variables


En fonction de leur destination les structures sont amenées à supporter des charges d’exploitation de
nature très différentes (bâtiments d’habitation, bâtiments industriels, silos, réservoirs, ouvrage d’art,
ouvrages maritimes, …).
Ces surcharges variables sont, en règle générale, parfaitement définies par les normes et la
réglementation en vigueur, mais peuvent parfois (par exemple dans le cas de bâtiments industriels) être
spécifiques et définies par le maître d’ouvrage.
Aussi est-il important de bien répertorier toutes les charges d’exploitation à considérer, sans n’en
négliger aucune, car des actions en apparence anodines peuvent s’avérer dimensionnantes pour
certains éléments de structure. L’exemple classique de ce type de problème est l’impact de charges
ponctuelles sur les dalles de plancher qui peuvent s’avérer plus pénalisantes que les charges
d’exploitation uniformément réparties (exemple : pieds d’étagères, ou crics supportant les véhicules vis-
à-vis de la résistance au poinçonnement).
Les sources d’erreur susceptibles de conduire à des désordres peuvent avoir plusieurs origines que l’on
peut essayer de classer :
> intensité des charges variables,
> localisation et position des charges,
> éventail des actions possibles pour la même charge.

L’intensité des charges : elle est en principe définie par les règlements de charges ou normes dans les
cas courants, ce qui n’empêche pas pour autant une mauvaise appréciation des efforts. Citons quelques
erreurs graves que l’on peut trouver :
- erreur sur la densité du matériau stocké dans un silo.
- erreur sur le niveau des plus hautes eaux dans un réservoir.
- erreur sur le type de surcharges à considérer : les surcharges sur les planchers d’habitation, les
balcons, les bureaux, les zones d’archives, … sont très différentes.

La localisation des surcharges : par définition les surcharges peuvent être affectées ou non à certaines
zones, voire se déplacer (ouvrages d’art, ponts roulants, …). Une étude insuffisante peut être source
d’erreur :
- non prise en compte de l’impact d’une surcharge sur une zone où elle est susceptible de se
trouver (par exemple la non prise en compte de l’impact de surcharges derrière un mur de
soutènement).
- oubli de l’accessibilité des véhicules de secours dans certaines zones.
- recherche non exhaustive de la position la plus défavorable d’une surcharge roulante. A noter
que cette recherche est d’autant plus complexe que la structure est hyperstatique.

Eventail des actions possibles pour la même charge : il est indispensable de bien répertorier, pour
chaque type de surcharges, les différentes actions possibles. En effet, et à la différence des charges
permanentes qui généralement ne produisent qu’une seule action correspondant à l’effet de la

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°1 : efforts appliqués à la structure CHAPITRE IV

pesanteur, les surcharges variables peuvent être à l’origine de plusieurs actions différentes suivant les
configurations :
- cas de réservoirs contigus alternativement pleins ou vides (ce qui provoque des inversions
d’efforts dans les parois).
- sollicitations spécifiques lors du remplissage ou de la vidange de silos.
- actions horizontales des ponts roulants (dues au freinage).
- freinage et forces centrifuges sur les ouvrages d’art routier ou ferroviaire.
- etc
L’oubli de l’une de ces actions conduira à court ou moyen terme à des désordres dans la structure
concernée.

IV.1.1.3 Charges climatiques et action de la température


Toutes les structures sont susceptibles d’être impactées par ces charges. Ces actions qui ne sont pas
maîtrisables (la structure les « subit »), à l’inverse des charges d’exploitation (qui sont définies par la
destination même de la structure), peuvent être source de désordres si leur effet est mal appréhendée.
Par exemple, pour les charges climatiques :
> oubli des zones d’accumulation de neige sur les toitures.
> mauvaise évaluation des coefficients définissant l’action du vent.
> erreur d’évaluation des effets dynamiques du vent sur les structures « souples ».
En ce qui concerne les actions de la température, qui créent des sollicitations dans les structures
hyperstatiques, on peut distinguer :
1. Les effets de la variation de température qui provoquent une dilatation ou un raccourcissement des
structures (voir aussi à ce sujet le chapitre V.2.2).
2. L’effet d’un gradient thermique entre deux faces d’un élément de structure soumis à des
températures différentes (voir aussi à ce sujet le chapitre V.3).

Ces actions sont généralement définies par la réglementation actuelle. Elles peuvent également, pour
certains cas particuliers d’exploitation, être précisées par le maître d’ouvrage (comme dans le cas de
réservoirs ou silos destinés à recevoir des matériaux à une certaine température).
Pour ces actions l’erreur principale est, soit sur leur oubli, soit une mauvaise appréciation par le calcul
de leur impact (d’autant plus difficile que la structure est complexe).
Ces actions sont à l’origine de nombreux désordres dans les structures, car la probabilité qu’elles se
produisent avec leur intensité maximale est beaucoup plus grande que pour les surcharges variables
(par exemple, un gradient de 12° peut se produire plusieurs jours par an sur un ouvrage d’art, ce qui
n’est pas le cas pour les surcharges maximales).
A noter que la conception de la structure est primordiale afin d’éviter des désordres :
- présence de joints de dilatation.
- limitation de la longueur des éléments (acrotères).
- dispositions sur appareils d’appuis souples ou glissants.
- etc

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Examen du facteur n°1 : efforts appliqués à la structure CHAPITRE IV

IV.1.1.4 Autres actions diverses ou accidentelles – Changement de destination


Il s’agit là des actions qui échappent aux catégories mentionnées ci-dessus, généralement spécifiques à
chaque structure, ou fortuites.
Notamment, les actions en cours de construction : certaines charges spécifiques peuvent s’appliquer
sur une structure qui n’a pas encore sa configuration finale :
- poids du béton frais,
- actions des grues et engins de chantier,
- action du vent sur des structures ou des infrastructures,
- etc
La définition de leur valeur n’est généralement pas source de difficulté, mais c’est leur oubli qui est à
l’origine de nombreux accidents en cours de chantier.
On peut également noter que les incidents sur chantier résultent souvent d’un manque de
communication entre l’entreprise et le bureau d’études : que ce soit la fourniture des méthodes par
l’entreprise, ou la transmission de consignes ou précautions nécessaires par le BE. Une bonne
communication et coordination entre les intervenants et indispensable pour éliminer ces sources
potentielles de problèmes.
Il est impossible de répertorier les actions accidentelles qui peuvent être à l’origine de désordres plus
ou moins graves. Elles sont très diverses et leur conséquence imprévisibles, selon l’intensité des
évènements qui se produisent. On peut mentionner quelques exemples :
- défaut d’évacuation des eaux sur une toiture terrasse, qui peut conduire à une surcharge bien
supérieure à la résistance de la toiture,
- choc de véhicule sur les piles de pont,
- incendie,
- etc
On se méfiera également du changement de destination de certains locaux, opération fréquente dans
les projets de réhabilitation de bâtiments. La transformation de bureaux en salles d’archivage, par
exemple, pour lesquels la charge peut passer de 250 kg/m² a` 400 kg/m², voire davantage.
Enfin pour terminer il faut mentionner les risques sismiques ou cycloniques (DOM-TOM) : ces actions
nécessitent des calculs spécifiques (souvent complexes) et il est donc indispensable de ne pas se
tromper sur les hypothèses de bases car les conséquences peuvent être catastrophiques.

→ Illustration n°15 .a : accumulation d’eau sur une toiture terrasse → Illustration n°15.b : choc de véhicule sur une suspente

→ Illustration n°15.c : bâtiment incendié → Illustration n°15.d : ouvrage d’art incendié

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°1 : efforts appliqués à la structure CHAPITRE IV

IV.1.2 Sur les combinaisons d’actions


Il ne serait pas réaliste de vouloir construire des structures susceptibles de résister au cumul de toutes
les sollicitations possibles et imaginables. La réglementation définit donc un certain nombre de
combinaisons d’actions ayant des probabilités plus ou moins importantes d’agir simultanément.
Ces combinaisons sont définies principalement suivant deux critères fondamentaux, selon que l’on
considère que la structure doit supporter ces sollicitations tout en restant dans un domaine élastique
(combinaisons ELS – états limite de service) ou garantir une sécurité vis à vis d’un risque de rupture
(combinaisons ELU – état limite ultime).
Si on se situe dans le cadre des règles BAEL, on distingue plusieurs familles de combinaisons d’actions
pour chacun des critères évoqués ci-dessus : par exemple vis à vis des Etats Limites de Service (ELS) on
peut distinguer les familles suivantes dont les termes sont évocateurs vis à vis de la probabilité
d’occurrence de chacune de ces familles de combinaisons :
- combinaisons quasi-permanentes,
- combinaisons fréquentes,
- combinaisons rares.
Les dénominations et le vocabulaire ont quelque peu changé et évolué avec les Eurocodes, mais le
principe reste le même.

Pour chaque famille de combinaisons (que ce soit ELS ou ELU) les conditions et règles à respecter sont
différentes : logiquement beaucoup plus strictes vis-à-vis des matériaux pour les combinaisons « quasi-
permanentes » que pour les combinaisons « rares », dont la probabilité de se produire est moindre.
Un sous dimensionnement vis-à-vis des combinaisons « quasi-permanentes » aura des conséquences
probablement immédiates, alors que les désordres ne pourront apparaître qu’au bout de quelques
années si c’est vis à vis des combinaisons « rares » (ce n’est pas une raison pour les négliger).

Il est évident que ce n’est pas la même combinaison qui sera dimensionnante :
- pour les différents éléments constitutifs d’une structure (fondations, poteaux, poutres, hourdis,
etc …).
- pour les matériaux eux-mêmes (béton, aciers passifs).
- vis-à-vis de certains critères (stabilité d’ensemble, déformations, …).
Pour une structure donnée il peut donc y avoir un assez grand nombre de combinaisons à étudier afin
de tout cerner, et l’erreur serait d’en négliger certaines pour gagner du temps.

En règle générale, plus la structure est complexe, plus le risque de voir apparaître des désordres dans
une zone ou une autre se multiplie, et plus le nombre de combinaisons à envisager devient important.
A ce sujet, la réglementation peut paraître se complexifier au fil du temps, en multipliant les
combinaisons possibles entre les différentes actions élémentaires : en réalité, cette évolution fait
souvent suite à des désordres constatés sur des structures parce que telle combinaison ou tel cas de
charge n’avait pas été étudiée. Cela justifie donc de n’omettre aucune combinaison.

Si on met de côté les erreurs de conception consistant à oublier certaines combinaisons d’actions, on
peut souligner deux autres erreurs :
> pour une combinaison donnée, se tromper dans la définition du cas de charge le plus pénalisant
pour la vérification de la section considérée.
> combiner des actions avec des niveaux d’intensité qui ne sont pas concomitants pour un cas de
charge donné (dans ce dernier cas, l’erreur entraîne un « surdimensionnement » de l’élément, et a
donc peut de chances d’entraîner l’apparition de désordres).

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Examen du facteur n°1 : efforts appliqués à la structure CHAPITRE IV

IV.2 Erreurs dans la détermination des effets des actions


Dès qu’une structure devient un peu complexe (ou hyperstatique) il n’est pas toujours évident de
prédire son comportement vis-à-vis de certaines sollicitations.
L’utilisation de l’informatique (en particulier de modèles numériques) est souvent utile, voire
indispensable, mais peut, à l’inverse, être source d’erreurs graves. Aussi est-il toujours essentiel de
s’assurer que le modèle représente bien la réalité.
La vérification des réactions d’appuis pour chaque cas modélisé est un moyen simple indispensable
(mais non suffisant) pour éviter des anomalies grossières. Cela marche généralement bien pour les
actions faciles à se représenter telles que les charges permanentes et l’effet des surcharges. Et cela
permet de vérifier que l’on a pas décrit un encastrement là où il n’y a qu’un appui simple ou une
articulation (ou inversement).
Les pièges peuvent être plus difficiles à éviter lorsqu’on considère des actions comme les effets
thermiques, les variations linéaires, les charges roulantes (etc) surtout si la structure est un peu
complexe. Une inversion d’effort, ou une erreur d’évaluation aura des conséquences directes sur le
dimensionnement (une erreur dans un rapport égal à 10 est un classique en informatique).
En cas de doute, il ne faut pas hésiter à contrôler l’ordre de grandeur des résultats avec une
modélisation très simplifiée adaptée au cas de charge spécifique.
Les erreurs fréquentes dans l’utilisation de modèles informatiques concernent :
> la définition des conditions aux limites, ou des liaisons entre éléments, qui ne correspondent pas à la
réalité ; par exemple : la définition d’encastrements (supposés parfaits) sur les fondations, alors
qu’ils ne sont pas effectifs ; ou à l’inverse, la modélisation d’articulations supposées parfaites alors
qu’elles transmettent un moment.
> la définition des rigidités effectives des éléments, lorsque interviennent des changements d’inertie ;
la distribution des sollicitations dans la structure peut s’en trouver fortement modifiée (voir
illustration 17).

→ Illustration n°16 : pont en arc sous chaussée, mauvaise appréciation des efforts dans les pilettes

→ Illustration n°17 : distribution des sollicitations dans un portique à 2 travées, avec une poutre continue d’inertie variable

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°1 : efforts appliqués à la structure CHAPITRE IV

IV.3 Erreurs dans le choix des sections à justifier


Les sources d’erreur au niveau du choix des sections à vérifier pour le dimensionnement des armatures
dans les pièces en béton armé sont également nombreuses ; nous n’allons pas entrer ici dans le détail
des maladresses à éviter.
Nous attirons l’attention sur la nécessité de ne pas limiter les vérifications aux sections les plus
sollicitées, mais de contrôler également chaque « type » de section présentant des inerties différentes,
même si elles sont a priori moins défavorables vis à vis des efforts appliqués. La section la plus
pénalisante n’est pas toujours celle qui semblerait la plus évidente.

→ Illustration n°18 : quand la section la plus défavorable n’est pas celle à laquelle on pense…

IV.4 Mauvaises dispositions vis à vis du cheminement des efforts


D’une manière générale, le projeteur doit veiller minutieusement à assurer une transmission correcte
des efforts depuis leur(s) point(s) d’application(s) jusqu’aux fondations. Nous soulignerons ici deux
points particuliers susceptibles de générer des désordres dans les structures et qu’il convient donc
d’éviter :
> la non superposition des efforts verticaux dans la descente de charges,
> l’absence de progressivité dans les changements de forme des sections, ou lors des changements de
direction des efforts.
• Efforts non superposés
Dans les bâtiments, la non superposition des éléments porteurs verticaux (poteaux, voiles) engendre
des cheminements d’efforts de cisaillement dans les poutres et dalles intermédiaires, qui doivent être
ferraillées en conséquence pour assurer la transmission des charges aux éléments inférieurs (illustration
19.a).
Il convient également d’être attentif dans la transmission des efforts verticaux par des points d’appui
inclinés (illustration 19.b). Les réactions horizontales qui en résultent doivent impérativement être
équilibrées.

→ Illustration n°19 .a : exemple d’efforts non superposés → Illustration n°19.b : exemple de réaction à équilibrer

(1) ouvrage initial (2) ouvrage renforcé

• Progressivité des changements de forme ou de direction


Il existe des risques particuliers d’apparition de fissures à proximité des sections qui subissent des
variations brutales de contraintes liées aux changements de section des pièces, ou a des changements
de direction dans l’ossature. Il convient donc d’être vigilant à la conception et à la répartition du
ferraillage sur ce type de zone, afin de permettre un épanouissement progressif des contraintes dans la
structure (par la réalisation de goussets, ou par la mise en place de frettage de part et d’autre de nœuds
d’articulation).

CHEBAP, 2013-2014 22 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°2 : déformations et variations dimensionnelles CHAPITRE V

CHAPITRE V
V. EXAMEN DU FACTEUR N°2 : DEFORMATIONS ET VARIATIONS
DIMENSIONNELLES
Le présent chapitre traite des déformations à l’origine de désordres dans les structures ; il se limite
toutefois aux déformations propre à la structure elle-même, sans évoquer les origines extérieures telles
que les tassements des fondations, glissements de terrains, déformations des remblais, etc.
Conformément aux règles de base de la RDM, toute structure soumise à des contraintes, subit des
déformations, proportionnelles aux contraintes appliquées et au module de déformation du matériau
lui-même (σ = E . ε ).
Les déformations sont donc liées directement à l’application des charges : elles peuvent dans certains
cas être source de désordres, ou pour les cas extrêmes rendre la structure incompatible pour l’usage
qu’on lui demande.

D’autres facteurs peuvent également être à l’origine des variations dimensionnelles dans les structures ;
les déformations qui en résultent peuvent être beaucoup plus importantes que celles dues à l’effet des
charges elles-mêmes :
> Effets thermiques :
- Variations de températures
- Gradient thermique
> Comportement des matériaux dans le temps :
- Retrait du béton
- Fluage du béton
Il n’est pas rare que ces actions, si elles ont mal été appréciées à la conception, soient à l’origine de
désordres.

V.1 Mauvaise appréciation des déformations d’éléments fléchis


Le béton est un matériau qui a un bon comportement vis-à-vis des contraintes de compression et assez
mauvais vis-à-vis des contraintes de traction. En règle générale, les déformations sous sollicitations de
compression pure sont négligeables, en revanche les sollicitations de flexion qui génèrent des
contraintes de traction, peuvent provoquer des déformations assez importantes.
Ces déformations sont d’autant plus pénalisantes que sous l’effet du fluage elles évoluent dans le
temps. Le fluage du béton peut se définir comme une évolution de la déformation sous contrainte
constante et de longue durée (effet des charges permanentes). On considère qu’entre la déformation
initiale constatée et celle mesurée au bout de quelques années le rapport est de trois. Les déformations
peuvent être considérées « tolérables » en fin de construction et provoquer malgré tout par la suite des
désordres graves dans le temps, avec leur évolution.
Une évaluation des déformations est donc indispensable lors des études afin de vérifier si elles sont
admissibles, et éventuellement prévoir une contre-flèche.
Le béton armé étant censé travailler correctement en flexion même en cas de fissuration (dans la limite
des ouvertures admissibles), on ne peut se suffire d’un simple calcul de déformée en considérant une
inertie « intègre » des sections sollicitées. L’inertie de la section considérée fissurée est fortement
réduite (même en prenant en compte la présence des armatures) et les déformations peuvent être
beaucoup plus importantes que prévues.
La réglementation (BAEL, Eurocodes) précise les méthodes de calcul à suivre pour apprécier les
déformations en section fissurée. Ces méthodes compliquent un peu les calculs mais faire l’impasse sur
ce type de vérification peut s’avérer extrêmement risqué et source de litige.

CHEBAP, 2013-2014 23 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°2 : déformations et variations dimensionnelles CHAPITRE V

• Bâtiment
Les règlements définissent les flèches admissibles dans les structures de bâtiments si on veut éviter
l’apparition de désordres dans les cloisons ou les parements incluant des éléments « fragiles » (tels que
vitrages par exemple).
Les vérifications doivent être menées en cumulant les déformations de chacun des éléments constituant
l’ossature (raccourcissement des poteaux, déformations des poutres, poutrelles, dalle…) et en prenant
en compte le module de déformation différée du béton (à long terme). On sera vigilant vis à vis des
structures présentant des poutres en réseau, pour lesquelles les déformations peuvent rapidement
devenir excessives (illustration 20.a), voire entraîner des déformations à l’inverse à ce qui été envisagé
(illustration 20.b).

→ Illustration n°20 .a : déformations cumulées d’un réseau de poutres → Illustration n°20.b : conséquence inattendue d’une déformation

• Ouvrages d’art et soutènements


Les déformations excessives peuvent provoquer des désordres au niveau des superstructures
(corniches, garde-corps, …) mais peuvent aussi avoir un impact sur le confort des usagers, sans oublier
l’aspect visuel, qui peut conduire ce dernier à avoir des craintes sur la résistance de la structure et donc
sur sa propre sécurité.
Il faut mentionner les deux points suivants :
1. Les déformations peuvent résulter d’un sous-dimensionnement de la structure (section de béton
trop faible).
2. Les déformations sont « normales » mais il a été omis à la construction de prévoir une contre-flèche
(généralement vers le haut), soit par le bureau d’études, soit par l’entreprise.
Dans le premier cas, il sera probablement nécessaire de renforcer la structure (à moins d’en limiter
l’exploitation). Mais dans les deux cas les conséquences géométriques sont difficilement réparables. La
solution consistant à retrouver un profil en long correct en reprenant le revêtement de chaussée n’est
souvent pas acceptable car elle conduit à épaissir ce dernier en travée et donc à augmenter les efforts
de flexion dans la structure.

→ Illustration n°21 : passerelle à poutres en auget

On peut également rencontrer des problèmes similaires en ce qui concerne les murs de soutènements
de grande hauteur, susceptibles de se déformer sous l’effet de la poussée des terres (sans parler de la
rotation possible de la semelle de fondation, qui peut accentuer le mouvement). Il est fortement
conseillé :
> de prévoir une contre-flèche vers l’arrière.
> de prévoir un fruit sur le parement avant visible.
Dans le cas contraire l’usager aura la désagréable impression que le mur bascule vers l’avant même si,
vis-à-vis du calcul, la sécurité est assurée.

CHEBAP, 2013-2014 24 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°2 : déformations et variations dimensionnelles CHAPITRE V

V.2 Mauvaise appréciation des variations dimensionnelles


Deux facteurs ont une influence sur les dimensions des structures en béton :
> un facteur intrinsèque au béton : le retrait.
> un facteur extrinsèque au béton : les variations de températures.

V.2.1 Le retrait
Le retrait hydrique provoque une contraction, ou un raccourcissement, du béton. Le phénomène se
développe lentement au cours du temps (il s’étend généralement sur des années, voire des dizaines
d’années, en fonction de l’épaisseur de l’élément et de la qualité du béton) mais il débute dans un délai
relativement court après le coulage du béton.
Si la structure n’est pas libre de se déformer, le retrait provoque donc très rapidement des contraintes
de traction dans un béton qui n’a pas encore atteint une résistance suffisante. Cela se traduit par une
fissuration plus ou moins importante, qui peut être localisée ou généralisée. Une des conséquences à
moyen terme est que le béton peut ne plus jouer son rôle de protection des armatures si les fissures
sont trop ouvertes, ce qui peut entrainer (ou favoriser) le déclenchement de phénomènes de corrosion.
Des dispositions spécifiques sont donc nécessaires (en particulier au moment du bétonnage) afin de
réduire les effets du retrait : bétonnage par plots de longueur réduite, cure des bétons, etc…
Le phasage de bétonnage est une question qui mérite une certaine attention lorsque les dimensions de
la structure deviennent importantes (pouvant nécessiter un bétonnage par plots alternés) :
> cas des radiers de grandes surfaces,
> cas des voiles de grande longueur,
> cas des hourdis des ouvrages d’art mixte, où le retrait est bloqué par la connexion sur les poutres
métalliques.
Ces dispositions permettent de réduire les effets négatifs de la part du retrait à très court terme qui se
produit en cours de prise du béton.

V.2.2 Les variations de température


Les règlements et normes en vigueur définissent et distinguent les amplitudes de variation de
température journalière (qui doivent être considérées avec un module de déformation du béton
instantané) et les variations annuelles qui suivent les saisons.
Comme la majorité des matériaux le béton se dilate et se raccourcit proportionnellement à son
-5
coefficient de dilatation (1 x10 ) et à sa longueur.
Cela ne génère aucune sollicitation lorsque la structure est totalement libre de se déformer. Dans la
majorité des cas toutefois, comme on considère que les fondations ne subissent pas ces variations de
température, il apparaît des sollicitations liées au blocage dû à celles-ci. Ces efforts sont d’autant plus
importants que les structures sont rigides et peu déformables.
Certaines dispositions sont nécessaires afin de réduire les sollicitations correspondantes :
> interposition de dispositifs souples, comme des appareils d’appuis en caoutchouc, ou glissants (cas
des ouvrages d’art, ou de certaines structures de bâtiment très raides).
> création de joints de dilatations, intermédiaires ou aux extrémités des structures (cas général sur les
ouvrages d’art).
→ Illustration n°22 .a : dilatation thermique d’un pont → Illustration n°22.b : ouvrage en butée sur les culées

(a) longueur initiale

(b) dilatation libre

(c) dilatation bloquée

CHEBAP, 2013-2014 25 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°2 : déformations et variations dimensionnelles CHAPITRE V

Il faut mentionner que les variations de températures concernent généralement la totalité de la


structure ; avec toutefois une nuance que certaines parties ou zones peuvent être plus « exposées » que
d’autres : les acrotères en terrasse des bâtiments, les parements exposés au soleil, par exemple, seront
plus sollicités.

V.3 Mauvaise appréciation des effets du gradient thermique


Nous évoquerons le gradient thermique qui est susceptible de générer des déformations des structures
en béton et qui peut être à l’origine de désordres importants si elles ne sont pas maîtrisées.
Le gradient thermique se défini comme une différence de température entre les deux faces d’un même
élément de structure. On peut citer comme exemples parmi les cas les plus courants :
> l’effet direct du soleil sur un parement exposé (les ouvrages d’art en particulier sont concernés par
cet effet),
> l’action d’un produit (chaud ou froid) au contact d’un parement : cas des réservoirs ou silos.

On notera que l’effet du gradient évoqué ici (différence de température entre les deux faces) se cumule
souvent à une variation de température (dilatation ou raccourcissement de l’élément de structure
concerné).

Sous l’effet du gradient, la face la plus chaude se dilate, et la plus froide se contracte. Dans l’hypothèse
d’une structure isostatique libre de se déformer, cela se traduit par une déformation d’ensemble vers la
face « chaude ». Une poutre exposée au soleil présenterait alors un bombement vers le haut (sans
générer aucun effort si elle est libre de se déformer).
Dès que la structure devient hyperstatique et ne peut plus se déformer librement des sollicitations
apparaissent dont l’importance est directement lié à la raideur de la structure.

Si le gradient à considérer est généralement limité à 12° pour les ouvrages d’art, il peut être beaucoup
plus important pour des réservoirs contenant des produits relativement chauds, ou très froids (gaz
liquéfié, par exemple). La non prise en compte, à la conception, des efforts internes générés dans les
parois peut alors provoquer des fissurations importantes.

→ Illustration n°23 : participation de l’effet du gradient thermique sur des piles creuses

CHEBAP, 2013-2014 26 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI

CHAPITRE VI
VI. EXAMEN DU FACTEUR N°3 : FERRAILLAGE DES ELEMENTS
Ce chapitre présente les différentes causes, associées au ferraillage, pouvant être à l’origine de
désordres du béton armé. On examinera successivement 3 aspects des erreurs de ferraillage des
éléments :
> les erreurs de conception du ferraillage pour la transmission et la diffusion des efforts ;
> les dispositions d’armatures défectueuses, qui peuvent être du fait de maladresses à la conception et
/ou lors de l’exécution sur chantier ;
> les erreurs typiquement liées au non respect sur chantier des plans d’exécution.
Il va de soi que la liste des erreurs présentées n’est pas exhaustive ; dans ce domaine, l’imagination est
malheureusement sans limites. On gardera à l’esprit que, bien souvent, plusieurs erreurs peuvent se
cumuler.
Ce chapitre aborde également les conséquences de la corrosion des armatures sur le fonctionnement
mécanique des éléments en béton armé, et rappelle les principales données concernant l’évolution des
caractéristiques mécaniques des armatures.

VI.1 Erreurs de ferraillage pour la transmission et la diffusion des efforts

VI.1.1 Armatures de coutures


Nous rappelons simplement que les armatures de couture ont pour objet de reprendre le cisaillement
entre 2 éléments de structure.
De graves désordres ont parfois été constatés sur des bâtiments industriels, voire même sur des
structures d’habitation, au niveau de raccordements entre éléments constitutifs de poutres triangulées
(ex : liaison d’une membrure supérieure à une diagonale), ou entre une arc et un tirant (ex : façades de
hangars, ferme treillis en toiture).
L’origine de ces désordres était liée à une insuffisance d’armatures dans le plan de raccordement entre
les différentes pièces.
On veillera donc à ce que les plans intérieurs du béton, sur lesquels s´exerce un effort tangent au niveau
du raccordement entre 2 pièces, soient traversés par des armatures d´attache (ou armatures de
couture), convenablement ancrées de part et d´autre du plan de liaison. Ces armatures doivent faire un
angle d´au moins 45° avec le plan sollicité et être inclinées en sens inverse de la direction probable des
fissures du béton. Ces dispositions sont à respecter au niveau des surfaces de reprise de bétonnage.

Figure 7
armatures de coutures du plan d’attache entre un arc et un tirant

CHEBAP, 2013-2014 27 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI

→ Illustration n°24 : pont de type bow-string

VI.1.2 Nœuds d’encastrements


Dans les nœuds devant assurer une transmission d’efforts importants (nœuds de portiques fortement
sollicités, encastrements de consoles sur des poteaux), il faut éviter d’arrêter les barres tendues dans
l’angle extérieur.
Pour empêcher l’apparition de fissures en angle, il convient de retourner les armatures de la face
extérieure du poteau de rive dans la traverse (ou la console) – en respectant les rayons de courbure des
aciers pour éviter l’écrasement du béton – et d’équilibrer la poussée au vide par des armatures
transversales convenablement placées (voir le VI.2.5 à ce sujet).

Figure 8.a Figure 8.b


disposition défectueuse : apparition de fissures principe de disposition à retenir

Voir aussi NF EN 1992-1-1 (Eurocode 2, Calcul des structures en béton), Annexes J.2 à J.4 « Dispositions
constructives pour le ferraillage des angles de portiques »

VI.1.3 Efforts concentrés

VI.1.3.1 Cas général des corbeaux d’appui et consoles courtes


On rappellera que, sauf impossibilité absolue, nécessitant des dispositions et précautions particulières,
les charges ne doivent pas être appliquées à l´extrémité (au nez) des consoles. Les désordres observés
sur ces éléments (fissures, épaufrures) ont souvent pour origine :
> une longueur insuffisante (trop courte) des armatures supérieures tendues ;
> l’absence d’armatures bouclées à plat dans le plan supérieur de la console (parallèlement au plan
d’appui), permettant de fretter l’angle supérieur ;
> une insuffisance (ou une absence) d’armatures de répartition horizontales sur la hauteur de la
console.

CHEBAP, 2013-2014 28 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI

Ces désordres peuvent être provoqués par l’action directe de la réaction d’appui descendant sur la
console (si l’élément n’est pas correctement ferraillé pour reprendre les charges appliquées), mais ce
sont le plus souvent les mouvements relatifs entre l’élément appuyé et la console qui créent des efforts
horizontaux mal appréciés à la conception (ex : efforts générés par du frottement, ou mise en butée,
sous les effets des variations dimensionnelles liés aux écarts de température).
Si des déplacements relatifs sont attendus (ce qui est le cas général dans ce type de configuration), il
faut veiller à ce que les mouvements attendus soient effectivement permis, en interposant des éléments
capables d’accepter des déformations horizontales (ex : appareils en caoutchouc fretté) ou d’assurer le
glissement dans la zone d’appui (ex : plaques de Teflon). A défaut, les désordres sont inévitables.
La présence de circulations d’eau dans la zone d’appui est un facteur pouvant jouer un rôle
particulièrement néfaste vis à vis de la pérennité de ce type de zone.

Figure 9
dispositions défectueuses en extrémité de console

Voir aussi NF EN 1992-1-1 (Eurocode 2, Calcul des structures en béton), Annexe J.6 « Dispositions constructives pour
les corbeaux »

→ Illustration n°25 .a : appuis de poutres en bâtiment → Illustration n°25.b : appuis de poutres sur un parking

→ Illustration n°25.c : appui de dalle sur une poutre dans un parking → Illustration n°25.d : poteau supportant une volée d’escalier

CHEBAP, 2013-2014 29 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI

VI.1.3.2 Cas particulier des appareils d’appui sur piles d’ouvrages d’art
Les piles voiles d’ouvrages d’art construits avant 1970-1975 sont fréquemment affectées de fissures
verticales, ou inclinées, situées en tête de pile, à proximité des appareils d’appui.
Ces fissures sont provoquées par les efforts concentrés relativement importants (provenant des charges
verticales du tablier) sur des sommiers d’appui insuffisamment ferraillés.
Les dispositions constructives à adopter pour éviter ces phénomènes consistent à prévoir :
> des armatures de chaînage longitudinal dans la partie supérieure du voile, s’opposant à la fissuration
(section désignée [A] sur la figure 10). Ce chaînage en tête doit être complété par la mise en place
d’armatures visant à empêcher le développement de la fissuration dans la zone de régularisation des
contraintes, dont la hauteur peut être prise égale à la moitié de l’espacement des appareils d’appui
(section désignée [Ah]).
> des armatures de surface et d’éclatement sous les appareils d’appui, qui limitent la fissuration sous
l’action des réactions localisées (armatures désignées [B]) ; ces zones de frettages sont également
prévues au droit des niches de vérinage pour permettre le changement des appareils d’appui.

Figure 10
principe de ferraillage de piles voiles pour éviter l’apparition de fissures sous les effets des pressions localisées

En partie courante du voile, si l’ouverture des fissures reste limitée (ie < 0,3 - 0,4 mm) et que leur tracé
n’évolue pas, on peut considérer que les fissures ne présentent pas de caractère de gravité particulier.
On se méfiera en revanche des fissures affectant les angles supérieurs de la pile qui traduisent souvent
un ferraillage insuffisant vis à vis de l’équilibre du coin, ce qui peut à terme provoquer une fracture
selon le plan de fissuration indiqué sur la figure ci-dessus.

→ Illustration n°26 : fissuration caractéristique en tête de pile sur un PS autoroutier des années 1970

CHEBAP, 2013-2014 30 | 47
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Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI

VI.2 Dispositions d’armatures défectueuses


Nous présentons dans cette partie les dispositions défectueuses d’armatures les plus courantes
susceptibles de provoquer des dégradations sur les éléments en béton armé.
D’une manière générale, on notera qu’il existe des risques particuliers d’apparition de fissures aux
sections qui subissent des variations brutales de contrainte, dues par exemple :
> aux changements de section,
> à la proximité de charges concentrées,
> à des arrêts de barres dans la section,
> à l’existence de contrainte d’adhérence élevées, en particulier aux extrémités des recouvrements.
Il convient d’apporter beaucoup de soin à ce genre de sections pour minimiser les variations de
contraintes chaque fois que cela est possible.

VI.2.1 Armatures longitudinales trop courtes


L’apparition de fissures dans les zones tendues d’éléments fléchis (poutres ou dalles) peut avoir pour
origine un arrêt prématuré des aciers inférieurs à mi-travée (en second, voire troisième lit) ou des aciers
de chapeau sur appui (fissures provoquées par la variation brusque de la section des armatures tendues
et par l’effort exercé localement par les ancrages courbes des barres de renfort).

Figure 11
fissuration type en cas d’arrêt prématuré de barres de renfort

VI.2.2 Répartition incorrecte des armatures transversales


La présence de fissures inclinées d’effort tranchant, en général près des appuis, peut être liée à une
densité ou une répartition incorrecte des armatures transversales dans les âmes de poutres
(espacement des cours, inclinaison) – illustration 27.

→ Illustration n°27 : fissuration inclinée à proximité des appuis liée à un mauvais positionnement des armatures

CHEBAP, 2013-2014 31 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI

Il arrive également qu’on relève des insuffisances d’armatures transversales sur les poutres à proximité
des charges ponctuelles appliquées en partie courante des travées (appui d’un poteau, ou jonction avec
une poutre orthogonale, par exemple) – Figure 12.

Figure 12
fissuration type en cas d’insuffisance d’armatures transversales
à proximité de zones d’application de charges ponctuelles en travée

ème
Sur les ouvrages construits dans la première moitié du XX siècle, on observe très fréquemment
l’absence de cadres périphériques (armatures en feuillets), ce qui favorise la fissuration longitudinale
par retrait et par poussée de bielles d’effort tranchant (voir exemple sur l’illustration 4).

VI.2.3 Défauts de recouvrements d’armatures


Les erreurs potentielles liées au recouvrement d’armatures concernent :
> l’insuffisance (ou l’absence) d’armatures de coutures en renforcement dans les sections comportant
de fortes proportions de barres arrêtées ;
> l’insuffisance des longueurs de recouvrement – illustration 28.

→ Illustration n°28 : insuffisance de recouvrement

D’une manière générale, on évitera de positionner les recouvrements dans les zones de fortes
contraintes et de regrouper dans une même section tous les recouvrements. Pour les ouvrages de
stockage d’eau, les proportions de barres en recouvrement doivent être limités à 1/2 voire 1/3 (fonction
du ratio M/N et de l’épaisseur de la paroi ; selon Fascicule 74).

CHEBAP, 2013-2014 32 | 47
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Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI

VI.2.4 Insuffisance d’armatures de peau


L’absence ou l’insuffisance d’armatures de peau dans les zones comprimées des poutres est très
fréquente sur les anciens ouvrages en béton armé (au moins jusque vers 1965), car les effets du retrait à
long terme étaient ignorés. Ces insuffisances de ferraillage ont été à l’origine de fissures biaises dans les
âmes, surtout dans le cas d’ouvrages fortement chargés.

Illustration 29 Figure 13
absence d’armatures de peau sur un pont à poutres construit en 1932 position des armatures de peau

Voir aussi NF EN 1992-1-1 (Eurocode 2, Calcul des structures en béton), Annexe J.1 « Exemple de ferraillage de
peau »

VI.2.5 Poussée au vide d’armatures


Une armature courbe exerce, sur le béton, une poussée située dans le plan de courbure et dirigée vers
la l’intérieur de la courbure si la barre est tendue, vers l’extérieur si la barre est comprimée (autrement
dit, un acier courbe tendu « repousse » le béton vers le centre de la concavité).
On peut généralement éviter les poussées au vide (et les désordres qui en résultent : épaufrures,
fissures) en adoptant un tracé judicieux des barres, et en évitant certaines dispositions réputées
défectueuses (figure 14). Par exemple, au voisinage du contour d´un angle rentrant, il est fortement
recommandé de recourir au croisement d´armatures droites parallèles aux côtés de l´angle.

(a) disposition défectueuse (b) disposition correcte

Figure 14
poussée au vide d’armatures sur un angle rentrant

CHEBAP, 2013-2014 33 | 47
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Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI

Ces considérations conduisent à proscrire les ancrages par crochet à 90° contre les parois ; la solution la
plus couramment adoptée pour éviter le problème consiste à incliner le crochet dans la masse du béton
(figure 15).

(a) disposition défectueuse (b) disposition correcte

Figure 15
poussée au vide d’armature se retournant contre une paroi

S’il est impossible d’éviter un tracé courbe, susceptible d’engendrer des poussées au vide, on veillera à
équilibrer ces réactions en positionnant des armatures transversales, de section suffisante (figure 16).

(a) disposition défectueuse (b) disposition correcte

Figure 16
poussée au vide d’armatures au niveau d’un angle saillant

VI.2.6 Enrobages insuffisants


La présence de fissures sur les parements s’explique parfois en raison d’épaisseurs d’enrobage très
insuffisantes (quelques millimètres) ; les fissures soulignent alors le ferraillage en place (en milieu
agressif, le risque associé est le développement de la corrosion sur les armatures).
Ce type de défaut peut être lié à des erreurs de positionnement d’ensemble des cages d’armatures dans
les coffrages ou à des erreurs de positionnement des cales d’enrobage (illustration 30).

→ Illustration n°30 : mauvais positionnement des cales d’enrobage

CHEBAP, 2013-2014 34 | 47
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Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI

VI.3 Ferraillage non conforme aux plans d’exécution


Nous présentons ici quelques erreurs typiquement liées au non respect sur chantier des plans
d’exécution.

VI.3.1 Armatures placées trop bas ou du mauvais côté des pièces


Le non respect du positionnement des armatures dans les coffrages modifie le bras de levier et
l’efficacité des armatures en place ; le fonctionnement de l’élément en béton armé peut donc s’en
trouver fortement transformé.
Dans le meilleur des cas, les conséquences peuvent être limitées et n’entraîner qu’une fissuration de la
pièce en béton armé (éventuellement accompagnée d’une prise de flèche). Dans le pire des cas, un
positionnement complètement erroné, du mauvais côté de la pièce, peut engendrer une rupture ou un
effondrement partiel de la structure ; ce cas de figure se rencontre encore, de temps en temps, sur les
balcons.

Figure 17
inversion du positionnement des armatures dans une dalle de balcon

→ Illustration n°31 .a : aciers positionnés trop bas dans une dalle → Illustration n°31.b : effondrement de balcon

VI.3.2 Inversion des lits


Dans le même ordre d’idée, il arrive que les lits d’armatures soient inversés.
Illustration ici avec une pile d’ouvrage d’art (en cours de réparation) : les armatures horizontales,
censées être placées en premier lit et former une ceinture qui embrasse les armatures verticales de
flexion, ont été positionnées en second lit. Si la configuration s’avère finalement plutôt favorable pour la
résistance de la pièce à la flexion (puisque les bras de levier sont légèrement augmentés), elle présente
toutefois deux inconvénients majeurs :
> la zone de recouvrement rectiligne des armatures de la semelle de fondation et du voile (en partie
basse de la pile) n’est pas cousue par les armatures transversales,
> les armatures de flexion se retrouvent en premier lit et sont donc moins bien protégées vis à vis des
problématiques de corrosion (elles bénéficient d’une couverture de béton minimale, égale à
l’épaisseur d’enrobage).

CHEBAP, 2013-2014 35 | 47
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→ Illustration n°32 : pile d’ouvrage d’art ; inversion des lits d’armatures

VI.3.3 Absence d’armatures


On constate parfois, dans le cadre d’expertises engagées suite à des sinistres, l’oubli pur et simple des
armatures, sur une partie des éléments. Il peut s’agir d’armatures de béton armé, ou d’éléments de
construction tels que des goujons, connecteurs ou autres aciers de liaison.

→ Illustration n°33 .a : poutre fissurée dans un parking → Illustration n°33.b : poutre voile fracturée en façade

VI.3.4 Autres erreurs ou malfaçons sur chantier


La liste n’est évidemment pas exhaustive, mais on peut citer quelques cas que l’on retrouve :
> aciers de diamètre inférieur au diamètre figurant sur les plans d’exécution ;
> aciers mal ajustés : coupés trop longs, en contact avec les coffrages (mal enrobés), ou coupés trop
courts ;
> découpage intentionnel du ferraillage pour résoudre des conflits d’armatures (rupture de continuité
du ferraillage) – d’où la nécessité d’établir des plans d’exécution avec l’ensemble des éléments à
l’échelle, correctement façonnés et positionnés, pour éviter ce genre de déconvenue ;
> armatures accidentellement endommagés ou entaillées, par des opérations de soudage ou de
meulage mal contrôlées ;
> etc.

→ Illustration n°34 : quelques exemples d’armatures endommagées lors de l’exécution

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Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI

VI.4 Conséquences de la corrosion des armatures du béton armé


Il existe deux causes principales d’amorçage de la corrosion des armatures du béton armé : la
diminution du pH de la solution interstitielle due a la carbonatation (réaction du gaz carbonique avec les
hydrates du béton conduisant a la formation d’un acide faible) qui permet la dépassivation de l’acier, et
la rupture locale du film passif recouvrant l’acier en raison de la présence d’un taux minimum d’ions
chlore.
Il est entendu qu’en milieu agressif, les phénomènes de corrosion peuvent être déclenchés, ou favorisés, par la
fissuration fonctionnelle du béton armé, si elle n’est pas maîtrisée.
La description des éléments entrant en jeu dans les réactions de corrosion et la présentation des
processus physico-chimiques de dégradation sortent du cadre de ce document, et font l’objet d’une
présentation spécifique.
Nous évoquerons néanmoins ici les conséquences de la corrosion sur le fonctionnement mécanique des
éléments en béton armé.

VI.4.1 Typologie et manifestations de la corrosion des armatures

VI.4.1.1 Corrosion amorcée par les ions chlorures


Les chlorures provoquent une corrosion localisée des armatures (piqûres) par un mécanisme de
destruction local de la couche passivante recouvrant l’acier dans le béton. Les piqûres de corrosion
peuvent apparaître en fond de fissure de fonctionnement du béton arme ou bien dans une zone non
fissurée, lorsque les chlorures ont pénétré en quantité suffisante (seuil d’amorçage) jusqu’a l’armature.
Les piqures de corrosion conduisent a la formation d’oxydes de volume supérieur (3 a 6 fois) à l’acier qui
provoquent une pression sur le béton d’enrobage et conduit à l’apparition de fissures de corrosion
parallèles aux armatures. Il suffit d’une faible quantité d’oxydes pour créer les premières fissures de
corrosion (figure 18). A partir de 3 mm² de réduction locale de section d’acier (i.e. 1,5% pour une barre
de 16 mm), on est susceptible d’obtenir les premières fissures de corrosion.
Les fissures de corrosion se propagent le long des armatures (figure 19) induisant un changement de
l’environnement agressif au niveau des armatures et qui conduit progressivement à une généralisation
de la corrosion le long de l’acier. Cependant la corrosion reste hétérogène avec des pertes de section
locales parfois très importantes.

Figure 19 Figure 18
développement des fissures de corrosion le long des armatures fissures de corrosion sans présence de forte perte de section

VI.4.1.2 Corrosion amorcée par carbonatation du béton


La carbonatation conduit a une réduction du pH de la solution interstitielle en particulier au niveau de
l’interface acier-béton. Dans ce cas, il y a une dépassivation « globale » de l’armature et une corrosion
qui n’a pas le même faciès que celle obtenue par l’effet des chlorures : il n’y a pas de piqûres avec une
forte réduction locale de section. La perte de section d’armature est plus homogène.

CHEBAP, 2013-2014 37 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI

Une autre différence avec la corrosion due aux chlorures est que le développement des oxydes peut se
faire sans création de fissures de corrosion. Cependant au-delà d’un certain niveau de corrosion, il y a
création de fissures de corrosion qui modifient l’environnement autour des armatures et amplifient le
développement de la corrosion mais toujours sans la création de zone de pertes locales de section.

Figure 20
carbonatation du béton fissuré : représentation schématique

VI.4.2 Conséquence de la corrosion sur les structures en béton armé

VI.4.2.1 Fissuration, épaufrures, pertes de béton


La fissuration du béton crée par la corrosion s’amorce près de l’armature et se propage jusqu’a
atteindre la surface du béton. La quantité d’oxydes nécessaire pour créer la fissuration a été étudiée par
de nombreux chercheurs et l’évolution de la réduction d’acier en fonction des ouvertures de fissures
visibles a fait l’objet de plusieurs modèles. Ces modèles permettent de quantifier l’effet de la corrosion
d’après les mesures des ouvertures des fissures visibles sur les parements.
Une question importante est la transformation des fissures en délamination ou épaufrures. En effet, la
délamination du béton peut être considérée comme une limite de service atteinte, en raison des chutes
de matières (blocs de béton) qui sont potentiellement dangereuses. De plus, la réduction de section de
béton peut avoir un impact sur la capacité résistante à l’effort tranchant.

Figure 22 Figure 21
poutre présentant une déllamination importante le long des armatures fissures de corrosion le long des armatures

VI.4.2.2 Perte de section des aciers


La perte de section sur les aciers provoquée par la corrosion a une incidence sur :
> la résistance d’un élément en béton armé,
> la ductilité des armatures,
> l’adhérence entre les armatures et le béton.

Effet sur la résistance


La corrosion se traduit d’abord par une perte de matière des armatures. Dans le cas de la corrosion
induite par les chlorures, cette perte de matière peut être très localisée (figure 23) en raison des piqûres
de corrosion.

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI

Figure 23
vue de quelques piqures de corrosion due aux chlorures ; les piqûres induisent un effet d’entaille important

L’effet de la perte de section sur le comportement d’une structure en béton arme dépend de
l’interaction avec le niveau de sollicitation : la même perte de section dans une zone d’extremum de
moment fléchissant ou dans une zone peu sollicitée n’aura pas le même impact. Pour l’état limite ultime
(ELU) en flexion d’un élément de béton arme, l’effet d’une perte de section d’acier est très simplement
relie a la perte de capacité ultime de l’élément de BA : c’est une règle de proportionnalité. En effet, la
résistance en traction d’une barre est proportionnelle à sa section et la diminution de résistance en
présence de corrosion est également proportionnelle à la section résiduelle.
Certaines études montrent que la limite élastique n’est pas affectée par la corrosion ; en revanche il
semble qu’il y ait une modification du comportement post élastique (écrouissage) qui conduit a une
augmentation de la contrainte de traction ultime.

Effet sur la ductilité


La perte de section localisée due aux piqûres de corrosion conduit a une perte de ductilité en raison de
l’effet d’entaille. Cette perte de ductilité des aciers peut avoir des conséquences néfastes, entraînant
des risques de rupture fragile.
La figure 24 montre un exemple de l’influence de la corrosion sur la ductilité. La perte de ductilité est
très importante même pour un faible niveau de corrosion en raison de l’effet d’entaille que représente
une piqûre de corrosion. La figure 25 montre le comportement global en flexion d’un élément de béton
arme corrodé et sa perte de ductilité, qui est l’impact le plus important : environ 50% de réduction de la
flèche ultime alors que la capacité portante n’est réduite que de 26%.

Figure 25 Figure 24
comportement en flexion d’une poutre corrodée et d’une poutre essai de traction réalisé sur des armatures corrodées ou non
témoin du même âge (27 ans)

Effet sur l’adhérence


La fissuration puis la délamination consécutive à la corrosion conduisent a une diminution de
l’adhérence acier-béton. Comme dans le cas de la réduction de section d’acier, l’impact de cette perte
d’adhérence va être fonction de la localisation spatiale en relation avec la distribution des sollicitations
dans la structure.
Cette conséquence de la corrosion des armatures a cependant une incidence moindre sur le
comportement des éléments en service, vu que la majorité des ancrages sont réalisés par des crochets.

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Figure 26 – vue de la zone d’ancrage d’une armature longitudinale à l’issue d’un essai de chargement
Malgré une délamination importante, la barre a rompu avant une quelconque perte d’adhérence

VI.4.3 Illustration des effets de la corrosion sur des structures en service


Les illustrations qui suivent présentent des exemples de structures en béton armé dégradées par
corrosion des armatures. Vu les stades de corrosion atteints et les pertes de béton engendrées, on peut
avancer que la capacité résistante des différents éléments se trouve diminuée ; les structures
concernées ont donc été partiellement réparées et / ou renforcées (illustrations 35.a et b).
Les interventions de traitement des armatures corrodées dans les zones d’appui sont particulièrement
délicates ; elles nécessitent généralement la mise en place de dispositifs provisoires d’étaiement ou
l’adoption de phasages d’exécution judicieux (illustration 36.a et b).

→ Illustration n°35 .a : cuve de château d’eau → Illustration n°35.b : plancher de bâtiment industriel

→ Illustration n°36 .a : pont à poutres béton armé → Illustration n°36.b : quai à poutres béton armé

Une attention particulière doit être apportée au développement de la corrosion affectant les dispositifs
de retenue sur les structures (garde-corps, barrières de retenue de véhicules sur ouvrages, etc). La
capacité de retenue des éléments eux-mêmes, ou de leurs supports, peut être remise en question
lorsque la corrosion provoque des pertes de section d’acier ou des pertes de béton (illustration 37).

→ Illustration n°37 : dégradation des longrines support de BN4 sur un PS autoroutier

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VI.4.4 Note sur les précautions à prendre lors des travaux de réparation
Il nous a semblé opportun de rappeler ici une mesure de bon sens à respecter systématiquement au
stade des études de conception des opérations de réparation des structures en béton armé dégradées
par corrosion des armatures.
A savoir : il convient de d’évaluer clairement l’incidence des travaux de purge des bétons – permettant
le dégagement et le traitement des aciers corrodés – sur la capacité résistante de la structure, dans les
conditions d’exploitation prévisibles lors des travaux (ie en considérant non seulement les charges
d’exploitation, mais également les éventuelles charges spécifiques liées au chantier, comme les
échafaudages, ou les circulations d’engins).
Une première approche consiste à se poser quelques questions simples – qui peuvent sembler
*
évidentes à première vue – mais qu’il est bon de rappeler :
> compte tenu de l’intensité des phénomènes de corrosion, des épaisseurs d’enrobage et des densités
de ferraillage en place, à quelles profondeurs de purge doit-on s’attendre lors des travaux ?
> compte tenu du positionnement des phénomènes de corrosion sur la structure, y a t-il des zones
essentielles pour le cheminement des efforts qui seront concernées par les travaux de démolition du
béton ?
> considérant les deux questions précédentes, y a t-il un risque pour que la capacité résistante d’une
(ou plusieurs) partie(s) de la structure soit significativement affaiblie lors des travaux ?

Dans l’affirmative, deux solutions sont envisageables (et méritent parfois d’être combinées pour trouver
la meilleure approche) :
> procéder à une vérification par le calcul des sections concernées, pour vérifier qu’elles peuvent
malgré tout équilibrer les sollicitations appliquées en phase de chantier ;
> définir une méthodologie d’exécution qui garantisse à tout moment la stabilité d’ensemble de la
structure et la résistance des éléments temporairement affaiblis lors des travaux ; on peut
notamment citer :
- l’adoption de mesures visant à limiter les charges d’exploitation (ex : fermeture d’un pont à la
circulation, ou mise en place d’une circulation alternée).
- la réalisation des travaux par phases (à l’échelle de la structure) et / ou par plots (à l’échelle de
l’élément réparé).
- la mise en place de dispositifs provisoires de sécurité pendant la durée des travaux (étaiement,
contreventement, par exemple).
Il s’agira bien évidemment de veiller attentivement au respect des mesures retenues en conception lors
de la phase d’exécution.

Figure 27
Est-ce encore du béton armé ?

* les réponses à ces questions peuvent être obtenues au moyen d’un diagnostic préalable adapté.

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Figure 28
Peut-on laisser circuler des poids lourds sur le tablier ?

VI.5 Rappel sur l’évolution des caractéristiques des armatures


Dans le cadre d’un diagnostic d’une structure en béton armé dégradée, il s’avère parfois nécessaire
d’identifier la nature des armatures en place, afin de procéder à une évaluation de la capacité portante
résiduelle de l’ouvrage.
Nous attirons l’attention sur le fait que les caractéristiques des armatures n’ont cessé d’évoluer au cours
ème
du 20 siècle (diamètres, limite d’élasticité, coefficient de fissuration, coefficient de scellement), et que
ce travail d’identification des aciers en place peut s’avérer fort complexe ; cela relève souvent d’une
affaire de spécialistes.
On pourra utilement se reporter au recensement figurant en annexe 2, chapitre 2.2.2, du guide FABEM
1 édité par le STRRES « Reprise des bétons dégradés ». Des documents sont également disponibles sur le
site « Piles » du SETRA (www.piles.setra.developpement-durable.gouv.fr).

→ Illustration n°38 : guide STRRES FABEM 1, annexe 2 « les armatures en acier pour béton armé »

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°4 : qualité du béton en place CHAPITRE VII

CHAPITRE VII
VII. EXAMEN DU FACTEUR N°4 : QUALITE DU BETON EN PLACE
Ce chapitre expose brièvement un certain nombre d’erreurs, commises lors de l’exécution des travaux,
qui peuvent influer sur la qualité du béton mis en place et jouer sur ses propriétés mécaniques
(résistance en particulier), pouvant entrainer, à plus ou moins brève échéance, des pathologies
structurelles. On évoquera successivement deux types de paramètres :
> les principaux paramètres liés à la composition du mélange ;
> les paramètres liés à la mise en œuvre sur chantier.

D’autres phénomènes, liés au vieillissement du matériau béton en environnement agressif, mettant en


jeu des réactions physico-chimiques, peuvent être à l’origine de dégradations profondes d’éléments en
béton armé, susceptibles de provoquer d’importantes pertes de résistance voire la destruction partielle
(réactions de gonflement interne…). Ces phénomènes ne seront pas exposés ici.

VII.1 Principaux paramètres liés à la composition du mélange


La résistance mécanique aux efforts de compression est la propriété principale du béton. Pour assurer
l’obtention de la résistance visée, les deux facteurs essentiels à respecter dans la composition du
mélange sont :
> le respect du dosage minimal en ciment.
La résistance mécanique du béton croît avec le dosage en ciment, dans un rapport de l’ordre de 1 à 2
3 3
pour un dosage passant de 200 kg/m à 400 kg/m (pour fixer les idées). La spécification d’un dosage
minimal en ciment répond à une problématique de résistance : elle est destinée à assurer une
proportion suffisante de pâte intersticielle dans le mélange (la pâte agit comme une « colle » entre
les granulats). Un sous-dosage en ciment entraîne à coup sûr une perte de résistance par rapport à la
résistance visée.
> le respect du dosage en eau du béton frais, autrement dit le respect du rapport E/C maximal.
La volonté d’imposer un rapport maximal E/C au mélange est destinée à limiter la porosité de la pâte
intersticielle (la porosité étant le paramètre principal conditionnant les diverses propriétés des
bétons, et en particulier la résistance mécanique).
Tout dépassement du dosage en eau entraînera une perte de résistance par rapport à la résistance
visée (et augmente les effets du retrait). On notera qu’un sous-dosage est également préjudiciable,
et provoque aussi une diminution de la résistance. Ceci étant, pour des raisons de facilité de mise en
œuvre sur chantier, il est beaucoup plus fréquent de rencontrer des bétons frais surdosés en eau,
plutôt que l’inverse.

Nous rappelons pour mémoire que la formulation d’un béton, dans un environnement donné, doit être
guidée par la question de la durabilité, en s’appuyant sur les classes d’exposition définies par la norme
de référence NF EN 206. Le critère de la résistance mécanique est un critère important, certes, mais
d’autres critères, influant sur les propriétés du béton, doivent être pris en considération pour exécuter
des structures de béton armé durables (vis à vis des agressions dues au gel, aux sels de déverglaçage,
aux environnements chimiques agressifs…).

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°4 : qualité du béton en place CHAPITRE VII

VII.2 Paramètres liés à la mise en œuvre


Nous listons ici quelques thèmes, sources d’erreurs régulièrement rencontrées lors de la réalisation des
bétons :
> conditions climatiques inadéquates lors du bétonnage.
La réglementation définit les plages de température tolérées pour la mise en œuvre du béton, ainsi
que quelques règles à adopter vis à vis des conditions climatiques.
> déformation des ouvrages provisoires de coffrage.
Sous le poids du béton frais, les ouvrages provisoires employés aux opérations de coffrage tendent à
se déformer. Des déformations excessives de ces équipements (mal appréciées, ou fortuites), ou des
tassements, peuvent entraîner des fissures, voire des cassures, ou des ruptures d’adhérence dans le
béton au jeune âge, en cours de prise (ou dans le béton coulé lors d’une phase précédente).
> vibration du béton.
Une vibration trop faible risque de conduire à un serrage insuffisant du mélange. A contrario, une
vibration trop forte peut provoquer une ségrégation des granulats.
> décoffrage, désétaiement, décintrement.
Des fissures ou des déformations du béton peuvent apparaître lors de ces opérations, lorsque :
- les étais sont retirés trop, le béton n’ayant pas acquis une résistance suffisante.
- le phasage de désétaiement n’est pas respecté (ex : les étais d’une console sont à desserrer en
progressant du nez vers l’encastrement, et non l’inverse).
- des efforts parasites sont exercés sur la structure, pour libérer ou « décoincer » un élément de
coffrage (dans un angle rentrant, par exemple).
- etc.
> cure du béton.
La dessication précoce par absence de cure ralentit fortement et arrête l’hydratation ; la réduction
du volume de ciment entrant en réaction entraîne alors une forte augmentation de la porosité du
béton durci (et des risques de fissuration).

→ Illustration n°39 : quelques exemples de bétons détériorés dès leur mise en œuvre

Dans le domaine de la préfabrication, on se méfiera des manipulations hasardeuses des éléments,


sources de chocs, ou des stockages inadaptés, pouvant introduire des efforts parasites dans les
éléments (le cas se pose pour les éléments de faible épaisseur empilés, ou mal calés, comme les
prédalles).

→ Illustration n°40 : éléments préfabriqués dégradés avant leur mise en œuvre

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Etude de cas : l’effondrement du Viaduc de la Concorde CHAPITRE VIII

CHAPITRE VIII
VIII. ETUDE DE CAS : L’EFFONDREMENT DU VIADUC DE LA CONCORDE
L’effondrement soudain du viaduc de la Concorde, le 30 septembre 2006, à Laval (Canada), a entraîné la
mort de cinq personnes et fait six blessés.
Nous avons jugé que la présentation en détail de cet événement tragique présentait un grand intérêt
pour illustrer les conséquences possibles pouvant résulter d’un cumul de maladresses et de défaillances,
à chacun des stades de la vie de l’ouvrage :
• à la conception,
• pendant la construction,
• au cours de la vie de l’ouvrage, lors des opérations de surveillance et d’entretien.
On abordera successivement les thèmes suivants :
> constitution générale du viaduc,
> constitution spécifique des zones d’appui,
> évolution des désordres dans les zones d’appui,
> séquence de l’effondrement et plan de rupture,
> causes à l’origine de l’effondrement (causes principales et causes contributoires).

Figure 29
perspective générale du Viaduc de la Concorde

→ Illustration n°41 : quelques illustrations tirées de la présentation complète de cet effondrement

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Recommandations pour une conception saine et durable des structures CHAPITRE IX

CHAPITRE IX
IX. RECOMMANDATIONS POUR UNE CONCEPTION SAINE ET DURABLE
DES STRUCTURES
Le béton armé est un des matériaux de construction le plus couramment utilisé avec le bois et l’acier. A
chacun de ces matériaux on peut attribuer certaines qualités, mais tous présentent des comportements
spécifiques qu’il est nécessaire de bien connaître afin d’éviter l’apparition de désordres qui peuvent
s’avérer graves.
En ce qui concerne le béton armé, il suffit de regarder l’évolution des règlements depuis plusieurs
décennies pour comprendre qu’il a fallu un certain temps pour bien maîtriser son comportement.
Comme nous l’avons évoqué, les facteurs à l’origine des désordres dans une structure en béton armé
peuvent être multiples. Nous ne reviendrons pas ici sur les incidents dont les origines sont liées à des
problèmes de chantier, pour nous concentrer sur quelques recommandations qui s’adressent plus
particulièrement au concepteur ou au calculateur.

IX.1 A la conception
Le concepteur a une responsabilité importante car une erreur à ce stade est souvent difficile à rattraper
en cours de chantier sans remettre en cause partiellement le projet. Sa mission est de garantir la
pérennité de la structure, en respectant les souhaits de l’architecte tout en restant compatible avec la
finalité du projet commandé par le maître d’ouvrage.

Les fondations :
Bien que ce point ne soit pas le sujet principal de cet exposé, de nombreux problèmes sont directement
liés aux fondations : toutes les structures ont forcement une interface avec le terrain et une
reconnaissance de sol insuffisante ou mal exploitée, qui conduirait à un type de fondations inadapté,
sera fatalement source de désordres.
Ne pas oublier que la résistance du sol n’est pas le seul critère à regarder : les problèmes éventuels de
tassement ou de poussée des terres, la présence d’une nappe phréatique (dont le niveau peut fluctuer)
ou les problèmes d’affouillement pour les fondations situées dans un cours d’eau sont autant de
sources potentielles d’accidents.
Ne pas oublier également que le sol de fondation possède souvent des caractéristiques à long terme qui
peuvent évoluer lorsqu’il est soumis à des contraintes permanentes : selon la nature du sol rencontré
cette évolution peut être assez rapide (voire conduire à des désordres en cours de chantier) ou très
lente (la tour de Pise ….).
La conception des fondations est un point important sur lequel il est interdit de prendre des risques, car
après l’apparition de désordres, le renforcement éventuel des fondations est souvent très difficile, et
nécessite des techniques relativement coûteuses.

La structure :
Chaque structure est un cas particulier et doit être considérée comme tel. Les sources de problèmes
sont un peu différentes selon que l’on se situe en phase de conception, ou lors des études d’exécution.
En phase de conception, on peut citer quelques points particuliers sur lesquels l’ingénieur doit
concentrer son attention :
> bien cerner la finalité de la structure et définir précisément l’ensemble des actions auxquelles elle
sera soumise. Il ne faut pas oublier à ce stade les actions accidentelles ou exceptionnelles (sismique
par exemple) qui peuvent avoir un impact direct sur la conception.
> concevoir une ossature permettant d’assurer une descente de charges « fluide » jusqu’aux
fondations, sans nécessiter « d’acrobaties ». Cela semble une évidence, mais pour certaines
structures complexes cela mérite une attention particulière.

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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Recommandations pour une conception saine et durable des structures CHAPITRE IX

> prévoir des dispositions constructives adéquates vis-à-vis des effets thermiques et autres effets dus
aux variations linéaires dès que la structure possède certaines dimensions (joints de dilatation ou de
fractionnement, appareils d’appuis, etc …).
> prendre en compte le mode de construction dès le stade de la conception pour les structures non
courantes : certaine phases intermédiaires peuvent être dimensionnantes et il ne faut pas attendre
les études d’exécution pour s’en rendre compte.

IX.2 En phase d’études d’exécution


L’ingénieur en charge des études d’exécution doit pouvoir s’appuyer sur la conception qui a été définie,
ce qui ne l’empêche pas de garder un œil critique et de poser des questions s’il le juge utile.
Quelques conseils de base avant de débuter les études d’exécution :
> établir une note d’hypothèses aussi exhaustive que possible, sur la base des documents du marché.
Ce document, après avis de l’organisme en charge du contrôle et éventuellement du concepteur, a
entre autre pour objectif d’éviter l’oubli malencontreux de certaines données.
> lorsque la structure est un peu complexe, prendre le temps de bien comprendre le schéma statique
de celle-ci. Et bien sûr, s’assurer que ce schéma est en accord avec les principes imaginés par le
concepteur. Cela concerne aussi bien les descentes de charges verticales, que les efforts horizontaux
pour les structures qui sont concernées (vent, ponts roulants, surcharges routières ou ferroviaires,
etc…).
Personne n’est à l’abri d’une erreur de calcul : celle-ci n’aura pas de conséquences graves si elle n’est
que de quelques % (les pondérations réglementaires couvrent dans la majorité des cas ces petites
erreurs).
En revanche, une erreur importante, si elle n’est pas détectée, sera source potentielle de désordres. Le
bon sens est souvent une aide précieuse pour déceler ce type d’erreur : une densité d’armatures très
faible dans un élément de structure aux dimensions notables (ou à l’inverse une densité très forte dans
une petite structure) doit immédiatement attirer l’attention.
La modélisation informatique est un outil précieux, voire indispensable, pour concevoir certaines
structures complexes ; mais elle peut également présenter de nombreux pièges. Il est donc
indispensable d’avoir un jugement critique sur les résultats. Dès que le modèle devient complexe, il faut
obligatoirement le tester avec quelques cas élémentaires simples pour s’assurer qu’il est conforme au
schéma statique imaginé. Il n’est pas rare que les résultats puissent varier du simple au double en
changeant quelques conditions d’appuis…
Ne pas oublier que la mission du calculateur ne s’arrête pas à l’établissement d’une note de calcul. Le
chantier réalise les travaux en s’appuyant sur des plans : l’ingénieur doit impérativement vérifier la
conformité des dispositions dessinées avec les résultats de ses calculs. Cela paraît une évidence, mais il
est indispensable que ce contrôle ne soit pas sacrifié sur l’autel de la rentabilité.

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