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SOMMAIRE
I. Préambule sur la pathologie du béton armé 2
I.1 Entrée en matière – Objectifs du cours 2
I.2 Réflexions liminaires 3
I.2.1 Plus récent, donc plus fiable ? 3
I.2.2 Pourrait-on être exhaustif ? 4
I.3 Cadre général et limites du cours 5
AVERTISSEMENT
La présentation des pathologies affectant les structures en béton armé repose ici, en grande partie, sur des exemples
tirés de cas concrets, qui illustrent les différents types de dégradations rencontrées et les origines associées. Pour
chacun des cas proposés, le présent support fait figurer les principales illustrations ; des photographies
complémentaires, assorties de précisions sur les circonstances exactes des cas examinés, sont présentées en cours. Ce
document ne constitue donc pas une version exhaustive de l’enseignement, étant entendu qu’une large partie des
commentaires est apportée oralement.
CHEBAP, 2013-2014
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Préambule sur la pathologie du béton armé CHAPITRE I
CHAPITRE I
I. PREAMBULE SUR LA PATHOLOGIE DU BETON ARME
Figure 1
références bibliographiques, 1921 puis 1955, H. Lossier
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Préambule sur la pathologie du béton armé CHAPITRE I
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Préambule sur la pathologie du béton armé CHAPITRE I
Vu la diversité des cas de figure rencontrés, il n’est évidemment pas possible de prétendre d’être
exhaustif, en passant en revue l’ensemble des problèmes susceptibles d’affecter les ouvrages en béton
armé.
On s’attachera donc ici à examiner les principaux facteurs « génériques » pouvant être à l’origine de
désordres fonctionnels sur les structures ; on illustrera par des exemples choisis les conséquences des
erreurs de conception, ou d’exécution, et les principales erreurs qui pourraient être évitées.
→ Illustration n°3 : quelques structures en béton armé, d’usages différents, dans des environnements variés
→ Illustration n°4 : trois tabliers de ponts à poutres, de proportions semblables, ferraillés à des époques différentes
(1) conception, années 1930 (2) conception, années 1950 (3) conception, années 1970
L’expertise des structures dégradées nécessite une connaissance étendue de l’évolution des pratiques
de construction, des qualités attendues des matériaux, des codes en vigueur à l’époque de réalisation
(…) afin d’identifier l’origine des désordres rencontrés.
On gardera à l’esprit qu’on intervient sur des structures conçues dans un contexte réglementaire
spécifique ; si la comparaison avec nos standards actuels de construction est intéressante, il faut
toujours se « remettre dans la peau du concepteur » et dans le contexte de l’époque pour analyser les
situations.
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Préambule sur la pathologie du béton armé CHAPITRE I
(1) ouvrage projeté (2) répartition des (3) sinistre probablement évité (4) renforcement mis
moments dans le nœud A en œuvre
→ Illustration n°6 : viaduc de Harbin, Chine, 24 août 2012, instabilité en phase d’exploitation
→ Illustration n°7 : exemples de désordres engendrés sur la structure par des problèmes de fondations
(1) fissuration d’une façade suite au tassement localisé de la fondation (2) tassement différentiel des fondations ayant pour conséquence une flexion des poutres
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Manifestations des désordres et conséquences CHAPITRE II
CHAPITRE II
II. MANIFESTATIONS DES DESORDRES ET CONSEQUENCES
Figure 2
exemple de classification des types de fissures affectant le béton armé
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Manifestations des désordres et conséquences CHAPITRE II
Le schéma suivant montre un exemple d’identification de l’emplacement des différents types de fissures
sur un ouvrage en béton.
→ Illustration n°8 : positionnement caractéristique des différents types de fissures sur un ouvrage en béton armé
La fissuration structurale – qui nous occupe ici – correspond à une catégorie de fissuration, parmi
d’autres. La suite du chapitre présente les éléments qui permettent de la caractériser et de l’identifier
sur les structures.
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Manifestations des désordres et conséquences CHAPITRE II
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Manifestations des désordres et conséquences CHAPITRE II
Un autre approche est proposée dans le Code Modèle CEB FIP de 1978, qui fixe les états limites de
fissuration admissibles. Les exigences concernant la durabilité sont alors définies en fonction des
conditions d’ambiance et de la sensibilité des armatures à la corrosion (les aciers considérés comme
« très sensibles » sont les aciers de moins de 4 mm de diamètre, les aciers simplement trempés et les
armatures de précontrainte).
Les états limites d’ouverture des fissures (wk) à vérifier sont choisis conformément au tableau reproduit
sur la figure 5. En retenant la valeur minimale d’enrobage admissible, les valeurs recommandées pour
wk sont :
> w1 = 0,1 mm pour une ambiance sévère (atmosphère maritime),
> w2 = 0,2 mm pour une ambiance modérément sévère,
> w3 = 0,3 mm pour une ambiance non sévère (intérieur des bâtiments).
Figure 5
Code Model CEB FIP, 1978, états limites de fissuration
Les Règles BAEL (article A-4.5) introduisent les notions de fissuration « peu préjudiciable / préjudiciable
/ très préjudiciable » et fixent des limitations à la contrainte de service dans les aciers tendus,
considérées comme suffisantes pour maintenir l’ouverture des fissures dans des limites acceptables (en
cas de fissuration préjudiciable et très préjudiciable). Par exemple, la contrainte maximale admissible est
fixée à 250 MPa en FP et 200 MPa en FTP pour un élément « classique » de béton armé (résistance
caractéristique du béton à 28 jours inférieure à 40 MPa, aciers de nuance Fe E 500).
Pour les Eurocodes (EC2), la vérification relative aux états limites de fissuration a pour objet de s’assurer
que l’ouverture maximale calculée (wk) n’excède pas une ouverture limite (wmax), déterminée en
fonction de la destination de l’ouvrage et des conditions d’environnement, en intégrant les « classes
d’exposition » définies par la norme Béton NF EN 206-1.
Pour fixer les idées, les valeurs recommandées des ouvertures admissibles wmax sous la combinaison
quasi-permanente pour une structure en béton armé sont (d’après NF EN 1992-1-1/NA, tableau 7.1NF) :
> wmax = 0,2 mm pour les classes XD1, XD2, XS1, XS2 et XS3,
> wmax = 0,3 mm pour les classes XC2, XC3 et XC4,
> wmax = 0,4 mm pour les classes X0 et XC1.
Les règlements entérinent donc cette notion de fissuration fonctionnelle « tolérée » du béton armé. Le
problème n’est donc pas tant d’empêcher totalement la fissuration que de la maîtriser, par des
dispositions constructives appropriées.
La fissuration alerte sur un dépassement de la contrainte limite de traction du béton, en un ou plusieurs
endroits de la structure. Elle joue le rôle de révélateur du comportement structurel, mais ne traduit pas
nécessairement un fonctionnement anormal ; elle n’est pas forcément « pathologique ».
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Manifestations des désordres et conséquences CHAPITRE II
Toute la difficulté consiste donc à apprécier le caractère pathologique d’une fissuration structurale, en
faisant la distinction avec les autres types de fissures rencontrées et la fissuration fonctionnelle
« admissible » du béton armé.
Si il n’est pas possible de définir des règles strictes, on peut néanmoins signaler quelques indicateurs
traduisant une fissuration structurale pathologique :
> les fissures affectent des parties de structures qui ne devraient pas être tendues ;
> la densité de fissuration ou l’ouverture de certaines fissures est « anormalement » élevée (une limite
de 0,4 mm est un bon indicateur, mais on gardera à l’esprit que, pour certains environnements,
cette ouverture de fissure n’est pas acceptable) ;
> la fissuration est traversante dans l’épaisseur de la pièce de béton ;
> les fissures sont continues sur l’ensemble de l’élément (ex : fissures toute hauteur dans les âmes de
poutres) ;
> les fissures se développent au droit de points d’application de charges concentrées ;
> la fissuration principale est associée à d’autres types de fissures, ou à des désordres annexes (ex :
déformation excessive, écaillage du béton).
On notera que cette fissuration structurale ne traduit pas nécessairement une perte de capacité
résistante de la structure affectée ; non seulement car les efforts sont susceptibles de se redistribuer,
par adaptation, depuis les zones fissurées vers des zones non fissurées, mais également car la fissuration
peut être provoquée par des dispositions de ferraillage inappropriées, qui n’influent pas directement sur
la résistance des éléments en béton armé.
En revanche, en présence de fissures anormales, les questions relatives à la durabilité doivent
systématiquement être examinées, en regard de l’environnement et des conditions d’exploitation de
l’ouvrage.
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Manifestations des désordres et conséquences CHAPITRE II
→ Illustration n°9.c : plancher porté sur zone de stockage → Illustration n°9.d : poutre voile en façade de bâtiment
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Manifestations des désordres et conséquences CHAPITRE II
→ Illustration n°11 .a : amorce de corrosion au droit d’une fissure → Illustration n°11.b : circulations d’eau
II.2 Déformations
Après la fissuration pathologique, la seconde manifestation d’un comportement anormal d’une
structure en béton armé concerne la présence de déformations manifestement excessives des éléments
fléchis.
En bâtiment, il convient de veiller à ce que les déformations n’excèdent pas les valeurs que peuvent supporter les
éléments liés à la structure (cloisons, vitrages, bardages…). En site industriel, notamment, des limites doivent être
imposées pour assurer le fonctionnement correct des machines ou appareils supportés par la structure.
Lorsque de telles déformations sont détectées, il s’agit d’apprécier si les mouvements sont stabilisés ou
si, au contraire, ils sont susceptibles de s’accroître, et dans quelle mesure. En fonction des cas,
l’approche peut être menée par le calcul et / ou au moyen de techniques d’instrumentation ou de
topométrie.
L’interprétation des résultats des calculs ou mesures peut s’avérer délicate car il n’est pas toujours
évident de déterminer si la déformation constatée est liée à une déformation sous charge, dans les
conditions d’exploitation de la structure, ou si la déformation date de l’origine de la construction. Dans
ces cas là, une mise sous surveillance est généralement mise en place, pour suivre l’évolution des
déformations de la structure dans le temps, et statuer sur l’origine et la gravité des déformations
observées.
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Manifestations des désordres et conséquences CHAPITRE II
→ Illustration n°13 .a : écrasement de trumeaux trop fins → Illustration n°13.b : chocs sur une poutre de rive d’un pont
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Facteurs à l’origine des désordres mécaniques sur les structures CHAPITRE III
CHAPITRE III
III. FACTEURS A L’ORIGINE DES DESORDRES MECANIQUES SUR LES
STRUCTURES
De nombreux facteurs peuvent être à l’origine des désordres exposés précédemment. Dans un souci de
clarté, il a été choisi (arbitrairement) de les présenter ici sous forme de 4 « familles » – ou facteurs
principaux – en considérant que les anomalies observées sur les structures en béton armé peuvent
relever :
> des efforts appliqués à la structure.
On considèrera pour ce facteur l’ensemble des erreurs liées aux actions appliquées à l’ouvrage, à la
détermination des effets des actions, au dimensionnement des sections d’acier, au cheminement des efforts.
> des variations dimensionnelles et déformations imposées à la structure.
On considèrera pour ce facteur l’ensemble des déformations auxquelles sont soumis les éléments en béton
armé : retrait, fluage, variations et gradients thermiques, déformations sous charge. Les déformations liées aux
problématiques de fondations et tassement différentiel des appuis ne sont pas abordées (voir le § I.3 à ce sujet).
> du ferraillage des éléments.
Le terme est considéré au sens large et on abordera la vaste question des dispositions défectueuses d’armatures
ainsi que l’incidence de la corrosion des armatures sur la résistance des éléments.
> de la qualité du béton en place.
On rappellera les principaux paramètres liés à la composition du mélange, ou liés à la mise en œuvre sur
chantier, qui peuvent influer sur la qualité du béton mis en place et jouer sur ses propriétés mécaniques.
Les erreurs, omissions, insuffisances, maladresses, non respect des règles, incidents, … susceptibles de
provoquer des dégradations sur les ouvrages en béton armé peuvent se produire au stade de la
conception, au stade de l’exécution ou au cours de la vie de l’ouvrage.
Le tableau de la figure 6 page suivante propose une corrélation entre les facteurs de désordres
potentiels et les étapes au cours desquelles ils sont susceptibles de se manifester. Etant entendu que
certains facteurs sont spécifiques et ne peuvent manifestement se produire qu’à une seule étape de
l’opération de construction.
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Facteurs à l’origine des désordres mécaniques sur les structures CHAPITRE III
Figure 6
Facteurs à l'origine de désordres fonctionnels sur les structures en béton armé
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°1 : efforts appliqués à la structure CHAPITRE IV
CHAPITRE IV
IV. EXAMEN DU FACTEUR N°1 : EFFORTS APPLIQUES A LA STRUCTURE
Un certain nombre de désordres peuvent avoir pour origine une mauvaise appréciation des actions qui
s’exercent sur les structures, voire carrément l’oubli de certaines d’entre elles.
Deux dispositions sont indispensables à tout concepteur :
> établir un inventaire exhaustif de toutes les actions susceptibles de solliciter la structure à un
moment donné, sans oublier les actions qui peuvent ne s’appliquer qu’en phase de construction et
qui peuvent être à l’origine d’incidents en cours de chantier.
> définir précisément les points d’application et les valeurs nominales de chacune de ces actions, sans
les sous-estimer.
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°1 : efforts appliqués à la structure CHAPITRE IV
→ Illustration n°14 .a : réservoir, rechargement des terres → Illustration n°14.b : ouvrage d’art, rechargement en enrobé
L’expérience montre que les charges permanentes ont toujours tendance à augmenter dans le temps (il
est plus facile de rajouter des éléments à la structure que d’en enlever). Ces évolutions éventuelles
doivent être prises en compte dès le départ si elles sont connues.
L’intensité des charges : elle est en principe définie par les règlements de charges ou normes dans les
cas courants, ce qui n’empêche pas pour autant une mauvaise appréciation des efforts. Citons quelques
erreurs graves que l’on peut trouver :
- erreur sur la densité du matériau stocké dans un silo.
- erreur sur le niveau des plus hautes eaux dans un réservoir.
- erreur sur le type de surcharges à considérer : les surcharges sur les planchers d’habitation, les
balcons, les bureaux, les zones d’archives, … sont très différentes.
La localisation des surcharges : par définition les surcharges peuvent être affectées ou non à certaines
zones, voire se déplacer (ouvrages d’art, ponts roulants, …). Une étude insuffisante peut être source
d’erreur :
- non prise en compte de l’impact d’une surcharge sur une zone où elle est susceptible de se
trouver (par exemple la non prise en compte de l’impact de surcharges derrière un mur de
soutènement).
- oubli de l’accessibilité des véhicules de secours dans certaines zones.
- recherche non exhaustive de la position la plus défavorable d’une surcharge roulante. A noter
que cette recherche est d’autant plus complexe que la structure est hyperstatique.
Eventail des actions possibles pour la même charge : il est indispensable de bien répertorier, pour
chaque type de surcharges, les différentes actions possibles. En effet, et à la différence des charges
permanentes qui généralement ne produisent qu’une seule action correspondant à l’effet de la
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°1 : efforts appliqués à la structure CHAPITRE IV
pesanteur, les surcharges variables peuvent être à l’origine de plusieurs actions différentes suivant les
configurations :
- cas de réservoirs contigus alternativement pleins ou vides (ce qui provoque des inversions
d’efforts dans les parois).
- sollicitations spécifiques lors du remplissage ou de la vidange de silos.
- actions horizontales des ponts roulants (dues au freinage).
- freinage et forces centrifuges sur les ouvrages d’art routier ou ferroviaire.
- etc
L’oubli de l’une de ces actions conduira à court ou moyen terme à des désordres dans la structure
concernée.
Ces actions sont généralement définies par la réglementation actuelle. Elles peuvent également, pour
certains cas particuliers d’exploitation, être précisées par le maître d’ouvrage (comme dans le cas de
réservoirs ou silos destinés à recevoir des matériaux à une certaine température).
Pour ces actions l’erreur principale est, soit sur leur oubli, soit une mauvaise appréciation par le calcul
de leur impact (d’autant plus difficile que la structure est complexe).
Ces actions sont à l’origine de nombreux désordres dans les structures, car la probabilité qu’elles se
produisent avec leur intensité maximale est beaucoup plus grande que pour les surcharges variables
(par exemple, un gradient de 12° peut se produire plusieurs jours par an sur un ouvrage d’art, ce qui
n’est pas le cas pour les surcharges maximales).
A noter que la conception de la structure est primordiale afin d’éviter des désordres :
- présence de joints de dilatation.
- limitation de la longueur des éléments (acrotères).
- dispositions sur appareils d’appuis souples ou glissants.
- etc
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°1 : efforts appliqués à la structure CHAPITRE IV
→ Illustration n°15 .a : accumulation d’eau sur une toiture terrasse → Illustration n°15.b : choc de véhicule sur une suspente
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°1 : efforts appliqués à la structure CHAPITRE IV
Pour chaque famille de combinaisons (que ce soit ELS ou ELU) les conditions et règles à respecter sont
différentes : logiquement beaucoup plus strictes vis-à-vis des matériaux pour les combinaisons « quasi-
permanentes » que pour les combinaisons « rares », dont la probabilité de se produire est moindre.
Un sous dimensionnement vis-à-vis des combinaisons « quasi-permanentes » aura des conséquences
probablement immédiates, alors que les désordres ne pourront apparaître qu’au bout de quelques
années si c’est vis à vis des combinaisons « rares » (ce n’est pas une raison pour les négliger).
Il est évident que ce n’est pas la même combinaison qui sera dimensionnante :
- pour les différents éléments constitutifs d’une structure (fondations, poteaux, poutres, hourdis,
etc …).
- pour les matériaux eux-mêmes (béton, aciers passifs).
- vis-à-vis de certains critères (stabilité d’ensemble, déformations, …).
Pour une structure donnée il peut donc y avoir un assez grand nombre de combinaisons à étudier afin
de tout cerner, et l’erreur serait d’en négliger certaines pour gagner du temps.
En règle générale, plus la structure est complexe, plus le risque de voir apparaître des désordres dans
une zone ou une autre se multiplie, et plus le nombre de combinaisons à envisager devient important.
A ce sujet, la réglementation peut paraître se complexifier au fil du temps, en multipliant les
combinaisons possibles entre les différentes actions élémentaires : en réalité, cette évolution fait
souvent suite à des désordres constatés sur des structures parce que telle combinaison ou tel cas de
charge n’avait pas été étudiée. Cela justifie donc de n’omettre aucune combinaison.
Si on met de côté les erreurs de conception consistant à oublier certaines combinaisons d’actions, on
peut souligner deux autres erreurs :
> pour une combinaison donnée, se tromper dans la définition du cas de charge le plus pénalisant
pour la vérification de la section considérée.
> combiner des actions avec des niveaux d’intensité qui ne sont pas concomitants pour un cas de
charge donné (dans ce dernier cas, l’erreur entraîne un « surdimensionnement » de l’élément, et a
donc peut de chances d’entraîner l’apparition de désordres).
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°1 : efforts appliqués à la structure CHAPITRE IV
→ Illustration n°16 : pont en arc sous chaussée, mauvaise appréciation des efforts dans les pilettes
→ Illustration n°17 : distribution des sollicitations dans un portique à 2 travées, avec une poutre continue d’inertie variable
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°1 : efforts appliqués à la structure CHAPITRE IV
→ Illustration n°18 : quand la section la plus défavorable n’est pas celle à laquelle on pense…
→ Illustration n°19 .a : exemple d’efforts non superposés → Illustration n°19.b : exemple de réaction à équilibrer
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°2 : déformations et variations dimensionnelles CHAPITRE V
CHAPITRE V
V. EXAMEN DU FACTEUR N°2 : DEFORMATIONS ET VARIATIONS
DIMENSIONNELLES
Le présent chapitre traite des déformations à l’origine de désordres dans les structures ; il se limite
toutefois aux déformations propre à la structure elle-même, sans évoquer les origines extérieures telles
que les tassements des fondations, glissements de terrains, déformations des remblais, etc.
Conformément aux règles de base de la RDM, toute structure soumise à des contraintes, subit des
déformations, proportionnelles aux contraintes appliquées et au module de déformation du matériau
lui-même (σ = E . ε ).
Les déformations sont donc liées directement à l’application des charges : elles peuvent dans certains
cas être source de désordres, ou pour les cas extrêmes rendre la structure incompatible pour l’usage
qu’on lui demande.
D’autres facteurs peuvent également être à l’origine des variations dimensionnelles dans les structures ;
les déformations qui en résultent peuvent être beaucoup plus importantes que celles dues à l’effet des
charges elles-mêmes :
> Effets thermiques :
- Variations de températures
- Gradient thermique
> Comportement des matériaux dans le temps :
- Retrait du béton
- Fluage du béton
Il n’est pas rare que ces actions, si elles ont mal été appréciées à la conception, soient à l’origine de
désordres.
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°2 : déformations et variations dimensionnelles CHAPITRE V
• Bâtiment
Les règlements définissent les flèches admissibles dans les structures de bâtiments si on veut éviter
l’apparition de désordres dans les cloisons ou les parements incluant des éléments « fragiles » (tels que
vitrages par exemple).
Les vérifications doivent être menées en cumulant les déformations de chacun des éléments constituant
l’ossature (raccourcissement des poteaux, déformations des poutres, poutrelles, dalle…) et en prenant
en compte le module de déformation différée du béton (à long terme). On sera vigilant vis à vis des
structures présentant des poutres en réseau, pour lesquelles les déformations peuvent rapidement
devenir excessives (illustration 20.a), voire entraîner des déformations à l’inverse à ce qui été envisagé
(illustration 20.b).
→ Illustration n°20 .a : déformations cumulées d’un réseau de poutres → Illustration n°20.b : conséquence inattendue d’une déformation
On peut également rencontrer des problèmes similaires en ce qui concerne les murs de soutènements
de grande hauteur, susceptibles de se déformer sous l’effet de la poussée des terres (sans parler de la
rotation possible de la semelle de fondation, qui peut accentuer le mouvement). Il est fortement
conseillé :
> de prévoir une contre-flèche vers l’arrière.
> de prévoir un fruit sur le parement avant visible.
Dans le cas contraire l’usager aura la désagréable impression que le mur bascule vers l’avant même si,
vis-à-vis du calcul, la sécurité est assurée.
CHEBAP, 2013-2014 24 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°2 : déformations et variations dimensionnelles CHAPITRE V
V.2.1 Le retrait
Le retrait hydrique provoque une contraction, ou un raccourcissement, du béton. Le phénomène se
développe lentement au cours du temps (il s’étend généralement sur des années, voire des dizaines
d’années, en fonction de l’épaisseur de l’élément et de la qualité du béton) mais il débute dans un délai
relativement court après le coulage du béton.
Si la structure n’est pas libre de se déformer, le retrait provoque donc très rapidement des contraintes
de traction dans un béton qui n’a pas encore atteint une résistance suffisante. Cela se traduit par une
fissuration plus ou moins importante, qui peut être localisée ou généralisée. Une des conséquences à
moyen terme est que le béton peut ne plus jouer son rôle de protection des armatures si les fissures
sont trop ouvertes, ce qui peut entrainer (ou favoriser) le déclenchement de phénomènes de corrosion.
Des dispositions spécifiques sont donc nécessaires (en particulier au moment du bétonnage) afin de
réduire les effets du retrait : bétonnage par plots de longueur réduite, cure des bétons, etc…
Le phasage de bétonnage est une question qui mérite une certaine attention lorsque les dimensions de
la structure deviennent importantes (pouvant nécessiter un bétonnage par plots alternés) :
> cas des radiers de grandes surfaces,
> cas des voiles de grande longueur,
> cas des hourdis des ouvrages d’art mixte, où le retrait est bloqué par la connexion sur les poutres
métalliques.
Ces dispositions permettent de réduire les effets négatifs de la part du retrait à très court terme qui se
produit en cours de prise du béton.
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°2 : déformations et variations dimensionnelles CHAPITRE V
On notera que l’effet du gradient évoqué ici (différence de température entre les deux faces) se cumule
souvent à une variation de température (dilatation ou raccourcissement de l’élément de structure
concerné).
Sous l’effet du gradient, la face la plus chaude se dilate, et la plus froide se contracte. Dans l’hypothèse
d’une structure isostatique libre de se déformer, cela se traduit par une déformation d’ensemble vers la
face « chaude ». Une poutre exposée au soleil présenterait alors un bombement vers le haut (sans
générer aucun effort si elle est libre de se déformer).
Dès que la structure devient hyperstatique et ne peut plus se déformer librement des sollicitations
apparaissent dont l’importance est directement lié à la raideur de la structure.
Si le gradient à considérer est généralement limité à 12° pour les ouvrages d’art, il peut être beaucoup
plus important pour des réservoirs contenant des produits relativement chauds, ou très froids (gaz
liquéfié, par exemple). La non prise en compte, à la conception, des efforts internes générés dans les
parois peut alors provoquer des fissurations importantes.
→ Illustration n°23 : participation de l’effet du gradient thermique sur des piles creuses
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
CHAPITRE VI
VI. EXAMEN DU FACTEUR N°3 : FERRAILLAGE DES ELEMENTS
Ce chapitre présente les différentes causes, associées au ferraillage, pouvant être à l’origine de
désordres du béton armé. On examinera successivement 3 aspects des erreurs de ferraillage des
éléments :
> les erreurs de conception du ferraillage pour la transmission et la diffusion des efforts ;
> les dispositions d’armatures défectueuses, qui peuvent être du fait de maladresses à la conception et
/ou lors de l’exécution sur chantier ;
> les erreurs typiquement liées au non respect sur chantier des plans d’exécution.
Il va de soi que la liste des erreurs présentées n’est pas exhaustive ; dans ce domaine, l’imagination est
malheureusement sans limites. On gardera à l’esprit que, bien souvent, plusieurs erreurs peuvent se
cumuler.
Ce chapitre aborde également les conséquences de la corrosion des armatures sur le fonctionnement
mécanique des éléments en béton armé, et rappelle les principales données concernant l’évolution des
caractéristiques mécaniques des armatures.
Figure 7
armatures de coutures du plan d’attache entre un arc et un tirant
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
Voir aussi NF EN 1992-1-1 (Eurocode 2, Calcul des structures en béton), Annexes J.2 à J.4 « Dispositions
constructives pour le ferraillage des angles de portiques »
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
Ces désordres peuvent être provoqués par l’action directe de la réaction d’appui descendant sur la
console (si l’élément n’est pas correctement ferraillé pour reprendre les charges appliquées), mais ce
sont le plus souvent les mouvements relatifs entre l’élément appuyé et la console qui créent des efforts
horizontaux mal appréciés à la conception (ex : efforts générés par du frottement, ou mise en butée,
sous les effets des variations dimensionnelles liés aux écarts de température).
Si des déplacements relatifs sont attendus (ce qui est le cas général dans ce type de configuration), il
faut veiller à ce que les mouvements attendus soient effectivement permis, en interposant des éléments
capables d’accepter des déformations horizontales (ex : appareils en caoutchouc fretté) ou d’assurer le
glissement dans la zone d’appui (ex : plaques de Teflon). A défaut, les désordres sont inévitables.
La présence de circulations d’eau dans la zone d’appui est un facteur pouvant jouer un rôle
particulièrement néfaste vis à vis de la pérennité de ce type de zone.
Figure 9
dispositions défectueuses en extrémité de console
Voir aussi NF EN 1992-1-1 (Eurocode 2, Calcul des structures en béton), Annexe J.6 « Dispositions constructives pour
les corbeaux »
→ Illustration n°25 .a : appuis de poutres en bâtiment → Illustration n°25.b : appuis de poutres sur un parking
→ Illustration n°25.c : appui de dalle sur une poutre dans un parking → Illustration n°25.d : poteau supportant une volée d’escalier
CHEBAP, 2013-2014 29 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
VI.1.3.2 Cas particulier des appareils d’appui sur piles d’ouvrages d’art
Les piles voiles d’ouvrages d’art construits avant 1970-1975 sont fréquemment affectées de fissures
verticales, ou inclinées, situées en tête de pile, à proximité des appareils d’appui.
Ces fissures sont provoquées par les efforts concentrés relativement importants (provenant des charges
verticales du tablier) sur des sommiers d’appui insuffisamment ferraillés.
Les dispositions constructives à adopter pour éviter ces phénomènes consistent à prévoir :
> des armatures de chaînage longitudinal dans la partie supérieure du voile, s’opposant à la fissuration
(section désignée [A] sur la figure 10). Ce chaînage en tête doit être complété par la mise en place
d’armatures visant à empêcher le développement de la fissuration dans la zone de régularisation des
contraintes, dont la hauteur peut être prise égale à la moitié de l’espacement des appareils d’appui
(section désignée [Ah]).
> des armatures de surface et d’éclatement sous les appareils d’appui, qui limitent la fissuration sous
l’action des réactions localisées (armatures désignées [B]) ; ces zones de frettages sont également
prévues au droit des niches de vérinage pour permettre le changement des appareils d’appui.
Figure 10
principe de ferraillage de piles voiles pour éviter l’apparition de fissures sous les effets des pressions localisées
En partie courante du voile, si l’ouverture des fissures reste limitée (ie < 0,3 - 0,4 mm) et que leur tracé
n’évolue pas, on peut considérer que les fissures ne présentent pas de caractère de gravité particulier.
On se méfiera en revanche des fissures affectant les angles supérieurs de la pile qui traduisent souvent
un ferraillage insuffisant vis à vis de l’équilibre du coin, ce qui peut à terme provoquer une fracture
selon le plan de fissuration indiqué sur la figure ci-dessus.
→ Illustration n°26 : fissuration caractéristique en tête de pile sur un PS autoroutier des années 1970
CHEBAP, 2013-2014 30 | 47
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Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
Figure 11
fissuration type en cas d’arrêt prématuré de barres de renfort
→ Illustration n°27 : fissuration inclinée à proximité des appuis liée à un mauvais positionnement des armatures
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
Il arrive également qu’on relève des insuffisances d’armatures transversales sur les poutres à proximité
des charges ponctuelles appliquées en partie courante des travées (appui d’un poteau, ou jonction avec
une poutre orthogonale, par exemple) – Figure 12.
Figure 12
fissuration type en cas d’insuffisance d’armatures transversales
à proximité de zones d’application de charges ponctuelles en travée
ème
Sur les ouvrages construits dans la première moitié du XX siècle, on observe très fréquemment
l’absence de cadres périphériques (armatures en feuillets), ce qui favorise la fissuration longitudinale
par retrait et par poussée de bielles d’effort tranchant (voir exemple sur l’illustration 4).
D’une manière générale, on évitera de positionner les recouvrements dans les zones de fortes
contraintes et de regrouper dans une même section tous les recouvrements. Pour les ouvrages de
stockage d’eau, les proportions de barres en recouvrement doivent être limités à 1/2 voire 1/3 (fonction
du ratio M/N et de l’épaisseur de la paroi ; selon Fascicule 74).
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Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
Illustration 29 Figure 13
absence d’armatures de peau sur un pont à poutres construit en 1932 position des armatures de peau
Voir aussi NF EN 1992-1-1 (Eurocode 2, Calcul des structures en béton), Annexe J.1 « Exemple de ferraillage de
peau »
Figure 14
poussée au vide d’armatures sur un angle rentrant
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Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
Ces considérations conduisent à proscrire les ancrages par crochet à 90° contre les parois ; la solution la
plus couramment adoptée pour éviter le problème consiste à incliner le crochet dans la masse du béton
(figure 15).
Figure 15
poussée au vide d’armature se retournant contre une paroi
S’il est impossible d’éviter un tracé courbe, susceptible d’engendrer des poussées au vide, on veillera à
équilibrer ces réactions en positionnant des armatures transversales, de section suffisante (figure 16).
Figure 16
poussée au vide d’armatures au niveau d’un angle saillant
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Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
Figure 17
inversion du positionnement des armatures dans une dalle de balcon
→ Illustration n°31 .a : aciers positionnés trop bas dans une dalle → Illustration n°31.b : effondrement de balcon
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Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
→ Illustration n°33 .a : poutre fissurée dans un parking → Illustration n°33.b : poutre voile fracturée en façade
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Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
Figure 19 Figure 18
développement des fissures de corrosion le long des armatures fissures de corrosion sans présence de forte perte de section
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Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
Une autre différence avec la corrosion due aux chlorures est que le développement des oxydes peut se
faire sans création de fissures de corrosion. Cependant au-delà d’un certain niveau de corrosion, il y a
création de fissures de corrosion qui modifient l’environnement autour des armatures et amplifient le
développement de la corrosion mais toujours sans la création de zone de pertes locales de section.
Figure 20
carbonatation du béton fissuré : représentation schématique
Figure 22 Figure 21
poutre présentant une déllamination importante le long des armatures fissures de corrosion le long des armatures
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Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
Figure 23
vue de quelques piqures de corrosion due aux chlorures ; les piqûres induisent un effet d’entaille important
L’effet de la perte de section sur le comportement d’une structure en béton arme dépend de
l’interaction avec le niveau de sollicitation : la même perte de section dans une zone d’extremum de
moment fléchissant ou dans une zone peu sollicitée n’aura pas le même impact. Pour l’état limite ultime
(ELU) en flexion d’un élément de béton arme, l’effet d’une perte de section d’acier est très simplement
relie a la perte de capacité ultime de l’élément de BA : c’est une règle de proportionnalité. En effet, la
résistance en traction d’une barre est proportionnelle à sa section et la diminution de résistance en
présence de corrosion est également proportionnelle à la section résiduelle.
Certaines études montrent que la limite élastique n’est pas affectée par la corrosion ; en revanche il
semble qu’il y ait une modification du comportement post élastique (écrouissage) qui conduit a une
augmentation de la contrainte de traction ultime.
Figure 25 Figure 24
comportement en flexion d’une poutre corrodée et d’une poutre essai de traction réalisé sur des armatures corrodées ou non
témoin du même âge (27 ans)
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Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
Figure 26 – vue de la zone d’ancrage d’une armature longitudinale à l’issue d’un essai de chargement
Malgré une délamination importante, la barre a rompu avant une quelconque perte d’adhérence
→ Illustration n°35 .a : cuve de château d’eau → Illustration n°35.b : plancher de bâtiment industriel
→ Illustration n°36 .a : pont à poutres béton armé → Illustration n°36.b : quai à poutres béton armé
Une attention particulière doit être apportée au développement de la corrosion affectant les dispositifs
de retenue sur les structures (garde-corps, barrières de retenue de véhicules sur ouvrages, etc). La
capacité de retenue des éléments eux-mêmes, ou de leurs supports, peut être remise en question
lorsque la corrosion provoque des pertes de section d’acier ou des pertes de béton (illustration 37).
CHEBAP, 2013-2014 40 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
VI.4.4 Note sur les précautions à prendre lors des travaux de réparation
Il nous a semblé opportun de rappeler ici une mesure de bon sens à respecter systématiquement au
stade des études de conception des opérations de réparation des structures en béton armé dégradées
par corrosion des armatures.
A savoir : il convient de d’évaluer clairement l’incidence des travaux de purge des bétons – permettant
le dégagement et le traitement des aciers corrodés – sur la capacité résistante de la structure, dans les
conditions d’exploitation prévisibles lors des travaux (ie en considérant non seulement les charges
d’exploitation, mais également les éventuelles charges spécifiques liées au chantier, comme les
échafaudages, ou les circulations d’engins).
Une première approche consiste à se poser quelques questions simples – qui peuvent sembler
*
évidentes à première vue – mais qu’il est bon de rappeler :
> compte tenu de l’intensité des phénomènes de corrosion, des épaisseurs d’enrobage et des densités
de ferraillage en place, à quelles profondeurs de purge doit-on s’attendre lors des travaux ?
> compte tenu du positionnement des phénomènes de corrosion sur la structure, y a t-il des zones
essentielles pour le cheminement des efforts qui seront concernées par les travaux de démolition du
béton ?
> considérant les deux questions précédentes, y a t-il un risque pour que la capacité résistante d’une
(ou plusieurs) partie(s) de la structure soit significativement affaiblie lors des travaux ?
Dans l’affirmative, deux solutions sont envisageables (et méritent parfois d’être combinées pour trouver
la meilleure approche) :
> procéder à une vérification par le calcul des sections concernées, pour vérifier qu’elles peuvent
malgré tout équilibrer les sollicitations appliquées en phase de chantier ;
> définir une méthodologie d’exécution qui garantisse à tout moment la stabilité d’ensemble de la
structure et la résistance des éléments temporairement affaiblis lors des travaux ; on peut
notamment citer :
- l’adoption de mesures visant à limiter les charges d’exploitation (ex : fermeture d’un pont à la
circulation, ou mise en place d’une circulation alternée).
- la réalisation des travaux par phases (à l’échelle de la structure) et / ou par plots (à l’échelle de
l’élément réparé).
- la mise en place de dispositifs provisoires de sécurité pendant la durée des travaux (étaiement,
contreventement, par exemple).
Il s’agira bien évidemment de veiller attentivement au respect des mesures retenues en conception lors
de la phase d’exécution.
Figure 27
Est-ce encore du béton armé ?
* les réponses à ces questions peuvent être obtenues au moyen d’un diagnostic préalable adapté.
CHEBAP, 2013-2014 41 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°3 : ferraillage des éléments CHAPITRE VI
Figure 28
Peut-on laisser circuler des poids lourds sur le tablier ?
→ Illustration n°38 : guide STRRES FABEM 1, annexe 2 « les armatures en acier pour béton armé »
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°4 : qualité du béton en place CHAPITRE VII
CHAPITRE VII
VII. EXAMEN DU FACTEUR N°4 : QUALITE DU BETON EN PLACE
Ce chapitre expose brièvement un certain nombre d’erreurs, commises lors de l’exécution des travaux,
qui peuvent influer sur la qualité du béton mis en place et jouer sur ses propriétés mécaniques
(résistance en particulier), pouvant entrainer, à plus ou moins brève échéance, des pathologies
structurelles. On évoquera successivement deux types de paramètres :
> les principaux paramètres liés à la composition du mélange ;
> les paramètres liés à la mise en œuvre sur chantier.
Nous rappelons pour mémoire que la formulation d’un béton, dans un environnement donné, doit être
guidée par la question de la durabilité, en s’appuyant sur les classes d’exposition définies par la norme
de référence NF EN 206. Le critère de la résistance mécanique est un critère important, certes, mais
d’autres critères, influant sur les propriétés du béton, doivent être pris en considération pour exécuter
des structures de béton armé durables (vis à vis des agressions dues au gel, aux sels de déverglaçage,
aux environnements chimiques agressifs…).
CHEBAP, 2013-2014 43 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Examen du facteur n°4 : qualité du béton en place CHAPITRE VII
→ Illustration n°39 : quelques exemples de bétons détériorés dès leur mise en œuvre
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Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Etude de cas : l’effondrement du Viaduc de la Concorde CHAPITRE VIII
CHAPITRE VIII
VIII. ETUDE DE CAS : L’EFFONDREMENT DU VIADUC DE LA CONCORDE
L’effondrement soudain du viaduc de la Concorde, le 30 septembre 2006, à Laval (Canada), a entraîné la
mort de cinq personnes et fait six blessés.
Nous avons jugé que la présentation en détail de cet événement tragique présentait un grand intérêt
pour illustrer les conséquences possibles pouvant résulter d’un cumul de maladresses et de défaillances,
à chacun des stades de la vie de l’ouvrage :
• à la conception,
• pendant la construction,
• au cours de la vie de l’ouvrage, lors des opérations de surveillance et d’entretien.
On abordera successivement les thèmes suivants :
> constitution générale du viaduc,
> constitution spécifique des zones d’appui,
> évolution des désordres dans les zones d’appui,
> séquence de l’effondrement et plan de rupture,
> causes à l’origine de l’effondrement (causes principales et causes contributoires).
Figure 29
perspective générale du Viaduc de la Concorde
CHEBAP, 2013-2014 45 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Recommandations pour une conception saine et durable des structures CHAPITRE IX
CHAPITRE IX
IX. RECOMMANDATIONS POUR UNE CONCEPTION SAINE ET DURABLE
DES STRUCTURES
Le béton armé est un des matériaux de construction le plus couramment utilisé avec le bois et l’acier. A
chacun de ces matériaux on peut attribuer certaines qualités, mais tous présentent des comportements
spécifiques qu’il est nécessaire de bien connaître afin d’éviter l’apparition de désordres qui peuvent
s’avérer graves.
En ce qui concerne le béton armé, il suffit de regarder l’évolution des règlements depuis plusieurs
décennies pour comprendre qu’il a fallu un certain temps pour bien maîtriser son comportement.
Comme nous l’avons évoqué, les facteurs à l’origine des désordres dans une structure en béton armé
peuvent être multiples. Nous ne reviendrons pas ici sur les incidents dont les origines sont liées à des
problèmes de chantier, pour nous concentrer sur quelques recommandations qui s’adressent plus
particulièrement au concepteur ou au calculateur.
IX.1 A la conception
Le concepteur a une responsabilité importante car une erreur à ce stade est souvent difficile à rattraper
en cours de chantier sans remettre en cause partiellement le projet. Sa mission est de garantir la
pérennité de la structure, en respectant les souhaits de l’architecte tout en restant compatible avec la
finalité du projet commandé par le maître d’ouvrage.
Les fondations :
Bien que ce point ne soit pas le sujet principal de cet exposé, de nombreux problèmes sont directement
liés aux fondations : toutes les structures ont forcement une interface avec le terrain et une
reconnaissance de sol insuffisante ou mal exploitée, qui conduirait à un type de fondations inadapté,
sera fatalement source de désordres.
Ne pas oublier que la résistance du sol n’est pas le seul critère à regarder : les problèmes éventuels de
tassement ou de poussée des terres, la présence d’une nappe phréatique (dont le niveau peut fluctuer)
ou les problèmes d’affouillement pour les fondations situées dans un cours d’eau sont autant de
sources potentielles d’accidents.
Ne pas oublier également que le sol de fondation possède souvent des caractéristiques à long terme qui
peuvent évoluer lorsqu’il est soumis à des contraintes permanentes : selon la nature du sol rencontré
cette évolution peut être assez rapide (voire conduire à des désordres en cours de chantier) ou très
lente (la tour de Pise ….).
La conception des fondations est un point important sur lequel il est interdit de prendre des risques, car
après l’apparition de désordres, le renforcement éventuel des fondations est souvent très difficile, et
nécessite des techniques relativement coûteuses.
La structure :
Chaque structure est un cas particulier et doit être considérée comme tel. Les sources de problèmes
sont un peu différentes selon que l’on se situe en phase de conception, ou lors des études d’exécution.
En phase de conception, on peut citer quelques points particuliers sur lesquels l’ingénieur doit
concentrer son attention :
> bien cerner la finalité de la structure et définir précisément l’ensemble des actions auxquelles elle
sera soumise. Il ne faut pas oublier à ce stade les actions accidentelles ou exceptionnelles (sismique
par exemple) qui peuvent avoir un impact direct sur la conception.
> concevoir une ossature permettant d’assurer une descente de charges « fluide » jusqu’aux
fondations, sans nécessiter « d’acrobaties ». Cela semble une évidence, mais pour certaines
structures complexes cela mérite une attention particulière.
CHEBAP, 2013-2014 46 | 47
Pathologie du béton armé : causes et manifestations mécaniques
Recommandations pour une conception saine et durable des structures CHAPITRE IX
> prévoir des dispositions constructives adéquates vis-à-vis des effets thermiques et autres effets dus
aux variations linéaires dès que la structure possède certaines dimensions (joints de dilatation ou de
fractionnement, appareils d’appuis, etc …).
> prendre en compte le mode de construction dès le stade de la conception pour les structures non
courantes : certaine phases intermédiaires peuvent être dimensionnantes et il ne faut pas attendre
les études d’exécution pour s’en rendre compte.
CHEBAP, 2013-2014 47 | 47