Vous êtes sur la page 1sur 26

CHAPITRE IV:

Etude numérique du craquelage :


Détermination de l’étendue de la
zone craquelée
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

Introduction :
Le craquelage a été identifié dans le chapitre précédent (paragraphe III) comme étant
le dégât morphologique occasionné par l’impact. La perte de résistance en pression en
fonction du niveau d’impact également constatée témoigne d’une corrélation entre l’étendue
de la zone craquelée et la charge d’impact fournie. Il semble donc évident que l’énergie de
séparation associée pour créer des surfaces libres de craquelures soit fonction du chargement
d’impact. De même, l’étendue de cette zone craquelée est un paramètre déterminant quant à
son incidence sur le comportement global de la structure. L’étude de cette incidence sur le
comportement global du PVC rigide nécessite une définition quantitative de la zone craquelée
correspondant aux différents niveaux d’impact.
Cette étude fait suite au chapitre précédent, paragraphe III, et est consacrée à la
détermination de l’étendue de la zone craquelée.
La particularité de cette étude est la méthodologie proposée et suivie pour déterminer
l’étendue (ou la longueur) de la zone craquelée dans le tube en PVC rigide soumis à une
charge d’impact.
Une craquelure, tout comme la fissure, est caractérisée par trois étapes : amorçage,
propagation et rupture [GIESSEN, 1997], [GEARING, 2004]. On trouve dans la littérature
des critères en contrainte permettant de décrire chacune de ces étapes. Du schéma de la
fissuration de Kauch [Kausch, 1976] (cf. Figure III-27a du Chapitre III), l’on retient que la
zone B de germination ou d’amorçage de micros vides correspond aux limites de la zone
craquelée et ce vis-à-vis de l’autre non craquelée. Cette limite correspondant à l’étape
d’amorçage de craquelure, la délimitation de la zone craquelée dans la méthodologie adoptée
nécessite une comparaison des contraintes générées dans la structure versus les contraintes
critiques d’amorçages. Par conséquent, il est également nécessaire de choisir le critère
d’amorçage adéquat pour le PVC rigide.
L’accès aux champs de contraintes dans le tube impacté est obtenu via un modèle
numérique du problème d’impact quasi statique [LACY, 2003]. De ce fait, lors de cette étude,
le problème d’impact est considéré quasi statique. En effet, différents auteurs [AMINANTA,
2004] estiment qu’une équivalence statique d’un problème dynamique peut être établie dans
le cas de basses vitesses d’impact.
Le travail présenté dans ce chapitre s’articule essentiellement autour des points
suivants :

Chapitre IV 125
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

- Acquisition d’un modèle numérique du problème d’impact sur le code de calcul ANSYS
[ANSYS, 2005].
- Discrimination des critères d’amorçages de(s) craquelure(s). Le but est de choisir parmi la
multitude de critères existant, celui qui décrit au mieux le contour de la zone craquelée du
PVC.
- Détermination de l’étendue de la zone craquelée pour les charges d’impact fournies, via le
modèle numérique et le critère d’amorçage.

I. Construction et validation du modèle numérique d’impact :

La démarche adoptée pour déterminer l’étendue de la zone craquelée nécessite la


connaissance des champs de contraintes prévalant dans l’épaisseur du tube au moment de
l’impact. Celles-ci étant expérimentalement délicates, nous avons construit un modèle
numérique sur ANSYS [ANSYS, 2005] simulant le problème d’impact.

I.1. Géométrie et description du modèle numérique :

Dans cette section, il s’agit de construire par éléments finis sur le code de calcul
ANSYS [ANSYS, 2005] un modèle numérique statique du contact entre deux corps solides.
Le caractère statique est approuvé par l’équivalence statique/dynamique vérifiée pour des
impacts de faibles vitesses (inférieures à 6m/s) [AMANTINA, 2004]. Nos vitesses d’impacts
intègrent cette plage (cf. tableau III-1, III-2 et III-3, chapitre III). L’astuce consiste donc à
appliquer une charge statique (cf. Figure IV-1) sur la base supérieure du solide venant en
contact (percuteur) afin d’obtenir les mêmes effets observables qu’un essai d’impact, en
d’autres termes les dimensions de la zone impactée. Le chargement normal statique est
calculé via les équations de Hertz, qui lient les dimensions de la zone impactée à la force
normale statique [RINGSBERG, 2001].

Chapitre IV 126
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

Figure IV-1 : géométrie et conditions aux limites expérimentales (ANSYS)

La loi de comportement mécanique appliquée au modèle numérique est viscoélastique


afin de réduire le temps de calculs du problème déjà fortement non linéaire (non linéarités
géométriques), ceci sans nuire aux objectifs de l’étude. En effet, la craquelure s’initiant en
régime élastique dans le cas du PVC rigide, les contraintes critiques d’amorçages sont
attendues inférieures à la limite d’élasticité. S’il est vrai que certaines contraintes maximales
affectant la structure risquent de heurter l’esthétique de la RDM, il n’en demeure pas moins
que celles-ci ne perturberont en rien les résultats finaux recherchés.

I.2. Maillage :

Les différents paramètres intégrés dans le modèle sont similaires à l’expérimental. En


considérant les symétries selon les différents axes, un quart de la structure suffit à décrire le
problème. Les deux solides sont initialement en contact en un point (cf. Figure IV-2).
Fz

Figure IV-2 : géométrie dessinée du quart de la structure et conditions aux limites. (a) point
d’application de la charge, (b) déplacement imposé sur la surface intérieure du tube
représentant la barre solide, (c) déplacement imposé nul sur la base inférieure du tube
représentant le support solide

Chapitre IV 127
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

I.2.1. Eléments de maillage du tube et de la tête hémisphérique du percuteur :

Selon la géométrie des solides en contact, le maillage appliqué est différent. Le percuteur
est maillé par l’élément « SOLID92 », qui est défini par 10 nœuds et possède 3 degrés de
libertés à chacun d’entre eux : Ux, Uy et Uz (cf. Figure IV-3a). Le tube, quant à lui, est maillé
par l’élément « PIPE16 », spécialisé dans l’analyse des corps cylindriques creux. Il possède 6
degrés de libertés à chaque nœud à savoir 3 translations et 3 rotations (cf. Figure IV-3b).

Figure IV-3 : Eléments de maillage (disponibles dans ANSYS) utilisés dans notre structure

I.2.2. Eléments de maillage de la zone de contact :

L’étude d’un problème de contact est conditionnée au choix des éléments de contact.
Ces éléments sont appliqués à l’ensemble des nœuds des deux corps susceptibles d’entrer en
contact après chargement. Les types d’éléments « Target surface » disponibles dans la
bibliothèque ANSYS permettent de définir la surface cible (la surface supérieure du tube). Par
contre, les nœuds de la surface appartenant au corps venant en contact (percuteur) sont maillés
par l’élément type CONTACT175. Le maillage final de la structure est représenté dans la
figure IV-4.

-(a)- -(b)-

Chapitre IV 128
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

-(c)- -(d)-
Figure IV-4 : maillage affiné, appliqué aux deux solides, (a) Vue suivant la section
longitudinale, (b) Zoom dans la vue longitudinale, au point de contact, (c) Vue suivant la
section diamétrale du tube, (d) Zoom au point de contact suivant la section diamétrale

I.2.3. Les conditions aux limites appliquées au modèle numérique :


Les conditions aux limites appliquées au modèle numérique sont fidèles au dispositif
expérimental d’impact, parfaitement illustré au niveau des figures IV-1 et IV-2. Les
différentes conditions aux limites à prendre en comptes sont les suivantes :
 Champs de déplacements connus sur certaines frontières de la structure (condition de
Dirichlet) [CHENG, 2005] :
 Déplacements imposés nuls sur la génératrice inférieure « S1 » du tube en
contact avec le support rigide en V, Ux = Uy = Uz = 0 (cf. Figure IV-1 et IV-
2c).
 Déplacements imposés Uz= -0,5 sur la surface intérieur « S2 » du tube en
contact avec le solide cylindrique (cf. Figure IV-1 et IV-2b). La valeur 0,5
mm correspond au jeu géométrique expérimental, mesuré entre la surface S 2 et
le solide cylindrique.
 Application de la charge (condition de Cauchy) [NICAISE, 2000] (cf. Figure IV-2a).

I.3. Etude de la validité du modèle numérique :

L’étude de la capacité de notre modèle numérique à restituer les états de contraintes du


problème d’impact est faite par le bias de comparaisons des résultats obtenus numériquement
aux effets expérimentaux observables (dimensions de l’aire de contact) et aux évolutions des
contraintes adimensionnelles sur la surface de contact issues des travaux de Hertz. Les essais
d’impact à simuler étant nombreux, l’étude de la validité du modèle numérique est faite pour
l’impact 1,25m / 16kg. Pour cet impact, via les équations de Hertz, la charge normale à
appliquer est de Fz = 17430,7N (cf. Tableau III-9). Nous regroupons dans le tableau IV-1, les

Chapitre IV 129
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

mesures observables expérimentales « a » et « b » (correspondant respectivement aux rayons


du grand et du petit axe de la zone impactée) et la charge normale d’impact 1,25m / 16kg.

Tableau IV-1 : Valeurs mesurées des dimensions de l’empreinte elliptique et de la charge


normale correspondant à l’impact de masse 16kg, lâché de 1,25 (1,25m / 16kg)
Désignation a (mm) b (mm) Fz (N)
1,25m / 16kg 13,75 7,75 17430,7

Pour débuter cette étude de validité de notre modèle numérique, nous représentons
d’abord les cartographies des champs de contraintes (cf. Figure IV-5) et les déformations (cf.
Figure IV-6) de Von Mises dans la structure en contact.

-(a)- -(b)-
Figure IV-5 : cartographie des contraintes de Von mises (a) vue suivant l’axe longitudinal
du tube (x, z), (b) zoom de la zone de contact

-(a)- -(b)-
Figure IV-6: cartographie des déformations de Von mises (a) vue suivant l’axe longitudinal
du tube (x, z), (b) zoom de la zone de contact
Sur la figure IV-5, on observe que les champs de contrainte ont des valeurs
maximales en dessous du point de contact. Qualitativement, celles-ci sont conformes aux
prédictions faites par d’autres auteurs ayant traité des problèmes de contact [Hertz, 1896]
[RINGSBERG, 2001]. Les mécanismes dégradants (craquelures) thémomécaniquement
activés sont donc localisés préférentiellement en dessous de la zone d’impact.

Chapitre IV 130
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

I.3.1. Détermination / comparaison des dimensions de la zone de contact :


Dans cette partie, nous comparons les dimensions expérimentales de la zone de contact
(cf. Figure IV-7), à celles déterminées à partir de notre modèle numérique sur le code de
calcul ANSYS.

-(a)- -(b)-
Figure IV-7 : (a) empreinte elliptique sur le tube après l’essai d’impact 1,25m/16kg, (b)
schématisation de l’empreinte (zone impactée)

La détermination numérique de ces dimensions nécessite de s’intéresser aux champs


de déplacement (pénétration, Uz) des nœuds de la génératrice supérieure du tube impliqués
dans le contact. Les dimensions recherchées étant « a » et « b » (cf. Figure IV-9), seuls les
déplacements des nœuds dans ces directions nous sont utiles (cf. Figure IV-8 et IV-9).

-(a)- -(b)-
Figure IV-8 : Photographie numérique de la courbure (ou affaissement) de la surface
supérieure du tube en contact avec le percuteur. (a) Vue dans la direction longitudinale (x, z),
(b) vue dans la direction diamétrale (y, z)

Sachant que l’évolution des valeurs Uz des nœuds appartenant à la surface de contact
(tube/percuteur) est différente de celle des nœuds en dehors, les points de singularité de cette
évolution permettront la détermination des dimensions recherchées dans une direction
donnée.

Chapitre IV 131
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

Figure IV-9: représentation géométrique des lignes de nœuds traversant la longueur et


largeur de l’air de contact du tube

I.3.1.1. Détermination du rayon du grand axe « a » :


Pour déterminer numériquement cette dimension, la représentation de l’évolution des
valeurs Uy des nœuds le long d’une droite traversant le point du contact dans la direction
longitudinale est nécessaire. La cartographie des déplacements à une échelle de 200% des
nœuds impliqués dans cette direction est représentée dans la figure IV-10.

Figure IV-10 : Cartographie du champ de déplacement Uz des nœuds de la génératrice


supérieure du tube, le long d’une droite traversant le point de contact, selon la direction
longitudinale du tube (l’échelle 200%)

En considérant comme critère l’évolution constante et non constante des champs de


déplacement, on peut délimiter sur la cartographie de la figure IV-10 deux zones distinctes :
- La zone (1), où des nœuds de la surface de contact ont des valeurs de déplacement
linéairement décroissantes (en valeur absolue) au fur et à mesure que l’on s’éloigne du
point de contact.
- La zone (2) où par contre les valeurs de déplacement sont constantes.
La longueur de la zone (1) représente le rayon du grand axe « a ». En représentant sous
forme de courbe dans la figure IV-11, l’évolution des valeurs du déplacement Uz des nœuds

Chapitre IV 132
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

concernés de la figure IV-10, on obtient aisément la dimension « a » qui est égale : 13,51mm.
La valeur expérimentale de cette grandeur est : 13,75mm (cf. Tableau IV-1). On remarque
que les dimensions « a » obtenues numériquement et expérimentalement sont très proches et
l’écart relatif est de l’ordre de 2%. On peut estimer que la prédiction du modèle numérique
pour cette dimension est satisfaisante.
0
-30 -20 -10 0 10 20 30
-0,2

-0,4

-0,6

-0,8
2a = 27,039 mm
Deplacement Uz

-1

-1,2

-1,4

-1,6

-1,8

-2
Coordonnée suivant x (mm)

Figure IV-11 : déplacement le long de la longueur « a » de la zone de contact

I. 3.1.2. Détermination du rayon petit axe « b » :


La démarche de détermination du rayon du petit axe est la même que précédemment, à
la différence qu’ici les nœuds concernés se trouvent le long d’un arc curviligne traversant le
point de contact (direction circonférentielle du tube). La cartographie à une échelle de 200%
des champs de déplacement Uz est représentée dans la figure IV-12.
z

Figure IV-12: Cartographie du champ de déplacement Uz des nœuds de la génératrice


supérieure du tube, le long d’un arc curviligne traversant le point de contact, dans la
direction circonférentielle du tube (échelle 200%)

Chapitre IV 133
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

La courbure du tube dans cette direction rend moins évidente la détermination précise
de « b » à partir des valeurs du déplacement des nœuds impliqués dans le contact de la figure
IV-12. Par contre, la représentation de la génératrice curviligne supérieure du tube en
configuration déformée, permet d’identifier aisément la zone affaissée correspondant à la
surface de contact (cf. Figure IV-13). De la figure IV-13, on peut donc déduire la dimension
du rayon du petit axe « b » de l’ellipse de contact : 6,93 mm. Pour rappel, la mesure
expérimentale de « b » pour l’essai d’impact 1,25m /16kg avait donné : 7,75 mm (cf. Tableau
IV-1). L’écart relatif entre la dimension expérimentale et celle numérique est de l’ordre de
10%.
z

2b = 13,87 mm

Figure IV-13: représentation en configuration déformée de l’arc, traversant le rayon du petit


axe b, de la zone de contact.

I.3.2. Validation : Comparaison des contraintes de surface :


Dans ce paragraphe, nous nous intéresserons qualitativement à l’évolution des
contraintes dans la surface de contact comparativement aux prédictions de Hertz [Hertz,
1986]. En effet, Hertz et plus récemment Ringsberg [RINGSBERG, 2002], ont représenté
les évolutions des contraintes adimensionnelles sur la surface de contact de deux solides
soumis à un chargement normal (cf. Figure IV-14a). Les contraintes sont rapportées à la
pression moyenne / Pm (Pm : pression moyenne sur la surface de contact, chapitre III,
paragraphe II.3.5).

Chapitre IV 134
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

1,6

1,4

1,2

Rapport de contrainte
0,8 zz/ pm
sx/pm
sy/pm
yy / pm
sz/pm
xx/ pm
0,6

0,4

0,2

0
0 5 10 15 20 25 30
-0,2

-0,4
Axe suivant grand axe de l'empreinte (mm)
-(a)-
-(b)
Figure IV-14: Evolution des contraintes adimensionnelle sur la surface de contact selon : (a)
prédiction de Hertz et Ringsberg [RINGSBERG, 2002], (b) notre simulation numérique sur
ANSYS

On remarque que les évolutions de contraintes de la figure IV-14a et IV-14b


présentent approximativement les mêmes variations et atteignent en certains points les mêmes
valeurs extrêmes, notamment pour yy/Pm. Les différences observées, spécifiquement
l’ampleur des contraintes xx/Pm et yy/Pm au voisinage du point de contact, peuvent
s’expliquer par la condition de déplacement non nul imposée sur la surface intérieure du tube
ainsi que la courbure de la génératrice supérieure du tube. Elles sont également à imputer à la
différence entre un champs de contraintes en 2D (dans le cas de Hertz) et 3D dans notre
modèle.

I.4. Bilan de l’étude du modèle numérique d’impact :


Les résultats obtenus à partir du modèle numérique sur ANSYS, comparativement aux
effets expérimentaux observables de l’impact, montrent une concordance satisfaisante. En
effet, les écarts relatifs entre « expérimental / numérique » calculés des dimensions de l’aire
de contact « a » et « b » sont assez faibles, respectivement de l’ordre de 2% et 10%. Ces
écarts sont attribués aux hypothèses simplificatrices appliquées au modèle, notamment la loi
de comportement élastique. Les évolutions des contraintes adimensionnelles sur la surface de
contact sont en conformité avec les prédictions de références d’Hertz (cf. Figure IV-14).
Ce modèle numérique est utilisé dans le paragraphe III de ce chapitre lors de la
détermination de l’étendue de la zone craquelée dans l’épaisseur du tube.

Chapitre IV 135
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

II. Discrimination des différents critères d’amorçages des craquelures :

La stratégie de détermination de l’étendue de la zone craquelée dans le tube impacté


demande de comparer les états de contraintes dans la structure par rapport à la contrainte
critique d’amorçage. La formation de(s) craquelure(s) est caractérisée par trois phases :
amorçage, propagation et rupture des fibrilles (cf. Figure I-22, et Figure III-27a)
[TIJSSENS 2000]. La zone occupée par les phases de rupture et de propagation représente en
grande partie la craquelure, tandis que la zone d’amorçage représente la limite entre les zones
craquelée et non craquelée de la structure. Par conséquent, les zones dans la structure de
contrainte supérieure à la contrainte d’amorçage de craquelure, en accord avec le critère
considéré, sont craquelées.
On retrouve au niveau de la littérature plusieurs critères permettant de prédire la
contrainte d’amorçage de craquelure. Ces critères sont valables selon le type de matériau et le
régime d’apparition de craquelure. Il est donc nécessaire de discriminer ces critères
d’amorçage afin de choisir celui qui convient le mieux au PVC rigide.

II.1. Présentation des critères d’amorçage :

Selon que le craquelage apparaît dans un régime élastique /viscoélastique ou après le


développement d’une déformation plastique notable, la formulation du critère d’amorçage
correspondant est distincte. Dans le chapitre III (paragraphe III), nous avons mis en évidence
la présence de craquelage en régime élasto/viscoélastique pour le PVC rigide. En effet, pour
l’impact 0,8m/16kg correspondant à des charges inférieures à la limite d’élasticité du
matériau, la phénoménologie de la craquelure lors des essais de pression a été décelée. Les
critères d’amorçages présentés ci-dessous entrent dans ce régime d’apparition de(s)
craquelure(s) et reposent sur des bases phénoménologiques différentes [MOORE, 2000].

II.1.1. Critère d’amorçage de craquelure d’Argon :


Expérimentalement, on observe un temps d’incubation de formation des craquelures,
particulièrement pour des contraintes constantes inférieures à la moitié de la contrainte seuil.
De cette idée, Argon et al [ARGON, 1977] ont proposé un critère sophistiqué d’amorçage de
craquelure, dépendant du temps et qui inclut l’influence négligeable du temps pour des
contraintes constantes supérieures à la moitié de la contrainte seuil :

Chapitre IV 136
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

(IV-1)

Où 1 et 2 représentent respectivement les contraintes principales maximale et minimale ; I1


le premier invariant de contrainte. En outre, A et C sont des paramètres du matériaux, tandis
que Q = 0,0133 est un facteur contrôlant la dépendance du critère à la contrainte de
cisaillement sur I1 et à la contrainte seuil y.

II.1.2. Critère d’amorçage de craquelure de Sternstein et Meyers :


Sternstein et Myers [STERNSTEIN, 1973] ont quant à eux proposé un critère basé
sur le mécanisme de formation de micros vides dans un champ de contraintes dilatationnelles
et de stabilisation de micros vides à travers une contrainte déviatorique (IV-2). Selon une
même démarche, Gearing [GEARING, 2004] a défini son critère, uniquement basé sur la
contrainte principale maximale (IV 3) :

(IV-2)

(IV-3)

Où 1 et 2 sont les contraintes principales ; A0, B0, A, et B sont des paramètres du matériau.

II.1.3. Critère d’amorçage de craquelure d’Oxborough :


Dans le même ordre d’idée, Oxborough et Bowden [OXBOROUGH, 1973] ont
suggéré la définition d’un critère basé sur le calcul de la déformation critique c égale : c = X
+ Y/ m ( m = I1/3, X et Y des paramètres liés aux matériaux). Le critère a été reformulé en
contrainte pour un matériau élastique, avec comme coefficient de poisson et E le module de
Young (X’ = EX et Y’=EY):

(IV-4)

II .1.4. Critère d’amorçage de craquelure de Ishikawa :


Certains matériaux polymères comme le polycarbonate étant plus sensibles à la
pression hydrostatique, Ishikawa et al [ISHIKAWA, 1977], [ISHIKAWA, 1983] ont suggéré
l’utilisation d’un critère basé sur la contrainte hydrostatique critique :

Chapitre IV 137
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

(IV-5)

II.2. Démarche de discrimination des critères d’amorçages :


La discrimination de ces critères d’amorçages a nécessité une comparaison des
contours possibles des craquelures attendus pour chacun des critères, et ce par rapport aux
contours réels expérimentaux.
Pour une sollicitation donnée, les photographies par MET ou interférométrie optique,
permettent expérimentalement d’observer la zone craquelée et une autre sans craquelure. On
retrouve dans la littérature de nombreux travaux sur le Polycarbonate, le PMMA (Poly
méthacrylate de méthyle), le PVC plastifié, le Polyéthylène et bien d’autres matériaux.
Comme nous ne disposions pas de telles observations expérimentales pour le PVC rigide,
nous avons opté de nous servir de celles du PMMA d’un point de vue qualitatif. Les
similitudes entrent le PVC rigide et le PMMA ont dicté notre choix :
- Thermoplastique : le PMMA et le PVC rigide sont tous deux des thermoplastiques
amorphes. Le mécanisme de craquelage implique le désenchevêtrement de chaînes
macromoléculaires.
- Comportement fragile : le PMMA et le PVC rigide sont classés dans la catégorie des
polymères fragiles [Marshall, 1973]. Ce type de comportement induit une zone plastique
confinée de petite dimension, en pointe de fissure [Grellmann, 1997].
- Le PMMA, comme le PVC rigide, développe le craquelage en régime
élasto/viscoélastique [Yu, 2005].

II.3. Présentation des observations expérimentales du contour craquelée :

Sur une plaque de PMMA percée d’un trou circulaire (de très petite dimension), des
essais de traction à contrainte constante, selon le cycle charge-maintien en charge puis
décharge, sont réalisés à température ambiante par Gouider [GOUIDER, 2005]. A l’aide d’un
microscope optique à transmission, l’auteur a délimité après décharge de traction, le contour
craquelé au voisinage du trou (Annexe B).
A partir des photographies de la zone craquelée à différents niveaux de contrainte,
l’auteur a rapporté sur des graphes ces contours craquelés pour mieux en suivre l’évolution
(cf. Figure IV-15).

Chapitre IV 138
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

(a) (b)

(c) (d)
Figure IV-15 : Evolution du contour des craquelures pour chaque niveau de contrainte en
fonction du temps de chargement [GOUIDER, 2005]. Différents chargements (a) 25 MPa, (b)
30 MPa, (c) 35 MPa, (d) 40 MPa

On peut remarquer sur la figure IV-15 que les contours craquelés sont de forme moins
arrondie à la fois pour des charges et pas de temps de grandes envergures. Nous rappelons que
chaque point du contour craquelé correspond à un état de contrainte critique d’amorçage

II.4. Discrimination numérique des critères d’amorçages :

L’amorçage de craquelure est supposé se produire quant un état de contrainte critique


est atteint, en accord avec un des critères d’amorçages présentés ci dessus. Chaque critère est
défini selon des états de contraintes bien distincts : en contrainte principale maximale
1(IV 3), en contrainte de cisaillement 1 - 2 (IV 1), en déformation 1 - 2 (IV 4),
et au premier invariant de contrainte I1 (IV 5). En émettant l’hypothèse selon laquelle la
présence de(s) craquelure(s) modifie peu la répartition des contraintes du problème élastique,
fait particulièrement vrai pour un trou de petite dimension [Tijssens 2000], le calcul des
contraintes théoriques (numériquement) dans la plaque est régi par la loi de Hooke et le
facteur de concentration au bord du trou.

Chapitre IV 139
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

II.4.1. Géométrie et maillage de la plaque


Nous avons utilisé le code de calcul ANSYS pour le calcul des champs de contraintes
dans la structure, correspondant aux différents critères. La géométrie et les dimensions de la
plaque modélisée sont conformes à l’expérimental (cf. Annexe). Le maillage appliqué à la
plaque est présenté dans la figure IV-16. Les caractéristiques mécaniques introduites sont
celles du PVC rigide.

Figure IV-16 : maillage de la plaque percée d’un trou

II.4.2. Cartographie des contraintes dans la plaque selon les différents critères
d’amorçages :
Les différents états de contraintes recherchés sont rapportés à (contrainte loin du
trou, voir Annexe) comme suit : I1 / , 1/ , 1 - 2 / et 1 - 2 / . Les
cartographies donnant les isovaleurs de contraintes dans la plaque aux alentours du trou et
selon les différents critères d’amorçages, sont présentées dans la figure IV-17.
Les contours d’isovaleurs de contraintes théoriques, obtenus pour chaque critère,
représentent les limites possibles de la zone craquelée.

-(a)- I1/ -(b)- 1/

Chapitre IV 140
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

-(c)- ( 1 - 2)/ -(d)- ( 1 - 2)/


Figure IV-17 : contours théoriques donnant les iso valeurs de (a) I1/ [ISHIKAWA, 1983],
(b) Sternstein et Ongchin 1/ [GEARING, 2004], (c ) Sternstein et Myers ( 1 - 2)/
[STERNSTEIN, 1973], (d) Oxborough et Bowden ( 1 - 2)/ [OXBOROUGH, 1973]

II.4.3. Analyse des résultats de la simulation numérique :


Les contours d’isovaleurs de contrainte, représentant les contours possibles de
craquelure du critère d’amorçage basé sur la pression hydrostatique critique I1/ (IV-5), ont
une forme de lobe bien arrondi (cf. Figure IV-17a).
A contrario, les contours d’isovaleurs de contrainte obtenus pour le critère d’amorçage
en contrainte maximale critique 1/ (IV-3) [GEARING, 2004], présentent des lobes
légèrement aplatis loin du trou (cf. Figure IV-17b).
Les contours d’isovaleurs de contrainte 1 - 2 / correspondant au critère de
Sternstein et Myers (IV-2) [STERNSTEIN, 1973] (avec 2 la contrainte intermédiaire telle
que 1 > 2 > 3), gardent au loin du trou une morphologie aplatie le long de l’équateur et se
transforment en deux lobes symétriques bien développés de part et d’autre de l’axe de
l’équateur (cf. Figure IV-17c).
Enfin, les contours d’isovaleurs de contrainte obtenus à partir du critère d’Oxborough
1 - 2 / (IV-6) [OXBOROUGH, 1973] sont légèrement semblables à ceux du critère
précédent. Cependant, ils présentent des lobes symétriques moins développés (cf. Figure IV-
17d).
On remarque également sur la figure IV-17, que les contours très proches du trou sont
similaires et ce quel que soit le critère considéré. La distinction des critères n’est donc
possible que pour des contours de craquelage suffisamment grands, comme au fur et à mesure
que l’on s’éloigne du trou, la morphologie des contours varie en fonction du critère considéré.
Par conséquent, seuls les contours d’isovaleurs de contraintes au loin du trou (grands

Chapitre IV 141
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

contours) sont susceptibles de différencier les critères. Le contour expérimental nécessaire


pour cette différenciation doit être également grand, comme celui de la figure IV-15c.

II.5. Bilan : discrimination des critères d’amorçages :

Le contour craquelé expérimental, observé pour une charge =35MPa (temps de


maintient de charge : 30 minutes, cf. Figure IV-15c) semble plus proche du contour loin du
trou d’isovaleur de contrainte du critère de Sternstein et Myers (cf. Figure IV-17c). Les
critères en contrainte hydrostatique maximum [ISHIKAWA, 1983] et en contrainte principale
maximum de Gearing [GEARING, 2004] sont écartés, puisque les contours d’isovaleurs de
contraintes simulés ne correspondent pas aux contours des zones craquelées expérimentales.
Nous regroupons dans la figure IV-18 le contour craquelé expérimental retenu pour
différencier les critères, ainsi que la cartographie des contours d’isovaleurs de contrainte
correspondant au critère de Sternstein et Myers.

-(a)- -(b)-
Figure IV-18 : contour de la zone craquelée, (a) contour de craquelure expérimental pour un
chargement de 35 MPa, (b) contours théoriques obtenus des isovaleurs de contrainte du
critère de Sternstein et Myers ( 1 - 2) / .

Le critère de Sternstein et Myers [STERNSTEIN, 1973] est plus approprié en vue de


prédire l’amorçage de craquelure dans le PVC rigide. Ce critère sera utilisé par la suite afin de
déterminer l’étendue de la zone craquelée dans le tube impacté.

III. Détermination numérique de l’étendue de la zone craquelée :

Comme nous l’avons auparavant établi, l’impact du percuteur sur le tube génère un
mécanisme morphologique dégradant dans la zone impactée : c’est la craquelure, dont
l’étendue est fonction du niveau de l’énergie d’impact fournie. Dans cette partie de l’étude,
nous mettons en application la méthodologie numérique en vue de déterminer l’étendue de la
craquelure dans l’épaisseur du tube, en dessous de la zone impactée. Sachant que l’état de

Chapitre IV 142
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

contrainte sur le contour craquelé expérimental du PVC rigide est décrit par les contraintes
critiques du critère de Sternstein et Myers [STERNSTEIN, 1973], la méthodologie d’étude
consistera à délimiter, dans la structure, les zones de contraintes supérieures aux contraintes
critiques ( ≥ , : contrainte critique d’amorçage). L’accès aux contraintes dans
l’épaisseur du tube sous sollicitation d’impact, est obtenu via le modèle numérique construit
au paragraphe I de ce chapitre.
Les essais d’impacts effectués étant nombreux, les détails de la méthodologie de
détermination de l’étendue de la zone craquelée dans l’épaisseur du tube ne seront présentés
que pour l’impact du percuteur de masse 16kg et lâché de h = 1,25m (désignation impact :
1,25 m/ 16kg), de charge normale statique appliquée Fz =17430,7N. Nous résumerons ensuite
dans un tableau (cf. Tableau IV-2) l’ensemble des étendues craquelées pour le reste des
essais d’impact effectués.

III.1. Etude de la dépendance de la contrainte critique d’amorçage vis-à-vis de la


pression hydrostatique :

Nous rappelons ci-dessous, la formulation du critère d’amorçage de Sternstein et


Myers :

(IV-6)

Où 1 et 2 sont les contraintes principales (avec 2 la contrainte intermédiaire telle que 1 >
2 > 3). A0 et B0 sont des paramètres du matériau, calculés en mesurant les dimensions de la
zone craquelée expérimentale, rapportées dans le repère . Pour le PVC
rigide, la bibliographie indique des valeurs A0 et B0, respectivement de l’ordre de 19,9 MPa et
1203,3MPa [STERNSTEIN, 1973], [ESTEVEZ, 2000].

La contrainte recherchée dans le tube doit être conforme à celle du critère de


Sternstein et Myers ( ). Ainsi, elle pourra être comparée à la contrainte critique ( ).

(IV-7)

(IV-8)

Chapitre IV 143
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

L’équation IV-8 illustre clairement la dépendance de la contrainte critique d’amorçage


vis-à-vis de la pression hydrostatique. Par ailleurs, nous observons sur la figure IV-19 que la
contrainte critique de Sternstein et Myers ( , voir équation IV-8) varie faiblement avec I1
autour d’un contour quelconque d’isovaleur de contrainte , cartographié dans l’épaisseur
du tube (cf. Figure IV-20b). De plus, il semble raisonnable que l’état de contrainte locale
critique pour l’amorçage des craquelures diminue quand I1 augmente. Ainsi, la création de
micros vides précédant le craquelage serait facilitée et conduirait à une contrainte d’amorçage
plus faible. Ce qui se traduit par une diminution de la contrainte critique au fur et à mesure
que « I1 » augmente.

60

50
= A0 + B0/I1 (MPa)

40

30

20
cr

10
am

0
0,012 0,014 0,016 0,018 0,02
1/I1(MPa-1)
Figure IV-19 : tracé des états de contrainte critique d’amorçage des craquelures du critère
de Sternstein et Myers autour d’un contour quelconque d’isovaleur de
contrainte dans l’épaisseur du tube.

Au niveau de la figure IV-19, on remarque que le critère de Sternstein et Myers prédit


une légère diminution de l’état de contrainte locale critique , et ce à mesure que la
contrainte hydrostatique augmente. En d’autre termes, sur le même contour d’isovaleur de
contrainte , on dispose de différentes valeurs de (cf. Figure IV-19).Néanmoins,
cette tendance n’est pas très marquée et dans tous les cas, l’état de contrainte critique à
l’amorçage ne s’écarte pas de ±10% de sa valeur moyenne. Ainsi, la contrainte critique
sur l’ensemble des points d’un contour d’isovaleur de contrainte , peut être considérée
constante.

Chapitre IV 144
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

III.2. Détermination de la longueur de la zone craquelée


Nous représentons, sur la figure IV-20, la cartographie des états de contrainte
dans le tube sous charge d’impact.

-(a)- -(b)-
Figure IV-20 : cartographie des états de contrainte . Les contours
d’isovaleurs de contrainte représentent les contours possibles de craquelures. (a) structure
entière composée du percuteur (2) et du tronçon de tube (1), (b) section (S1) épaisseur du
tube en dessous du point de contact

Chaque contour d’isovaleur de contrainte au niveau de la figure IV-20b, est une


limite possible entre les zones craquelées et non craquelées dans l’épaisseur du tube. Cette
limite sera identifiée quand on aura .
On remarque également que l’ensemble des contours d’isovaleurs couvrent l’épaisseur
du tube (cf. Figure IV-20b). Ainsi, quel que soit le contour d’isovaleur limite, les craquelures
occupent toute l’épaisseur du tube des zones de contrainte (avec constante
sur un contour d’isovaleur).
En considérant constante sur un contour d’isovaleur, la représentation des états de
contrainte comparativement aux contraintes critiques d’amorçages le long d’une
droite fictive (cf. Figure IV-20b), est donc suffisante pour déterminer l’étendue de la zone
craquelée et qui correspond à la situation .
Nous représentons, dans la figure IV-21, les états de contrainte comparativement
à le long d’une droite fictive située à une position quelconque et traversant la section
droite de l’épaisseur du tube (S1), juste en dessous du point de contact (cf. Figure IV-22).

Chapitre IV 145
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

300
S1-S2
Critique
250

Contrainte (MPa) 200

ac = 7,62mm
150

100

50

0
0 2 4 6 8 10 12
x (mm)
Figure IV-21: tracé des contraintes critiques correspondant à l’amorçage des
craquelures, et tracé de l’état de contrainte dans le matériau sollicité, le long d’une
droite fictive sélectionnée dans le tube.

Sur la figure IV-21, le point d’intersection entre le tracé de et , indique la


limite de la zone craquelée. Au-delà de cette intersection, la contrainte est inférieure à la
contrainte d’amorçage. Les états de contrainte anormalement grandes dans la structure,
sont à attribuer à la loi de comportement viscoélastique appliquée au modèle numérique.
Néanmoins, le point d’intersection est de contrainte 51MPa e = 53MPa ( e: limite
d’élasticité en traction du PVC rigide. La demi longueur « ac » de la zone craquelée pour des
états de contrainte , correspondant à l’essai d’impact 1,25 m/ 16kg, est de 7,62
mm (ac = Lc/2 : demi longueur de la zone craquelée).
Egalement sur la figure IV-21, la dépendance du critère de Sternstein et Myers vis-à-
vis de la pression hydrostatique, est clairement observable, particulièrement au delà du point
d’intersection. En effet, au delà de ce point, atteint des valeurs très grandes et correspond
à des zones de la structure de très faibles pressions hydrostatiques. Ces grandes valeurs de
signifient que dans ces zones, l’état de contrainte dans la structure ne peut conduire à
l’apparition des craquelures.

III.3. Récapitulatif des mesures numériques de la longueur de la zone craquelée :


Le tableau IV-2 résume les dimensions déterminées des demi-longueurs des zones
craquelées, correspondant aux différents essais d’impacts effectués (h [0,2m, 1,7m]) ; ainsi
que les rayons du grand axe « a » et l’aire « Sel » de l’ellipse de la zone impactée, mesurés
expérimentalement (cf. Figure III-2, et Tableau III-6).

Chapitre IV 146
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

Tableau IV-2 : demi-longueurs de la zone craquelée « ac » et de la zone impactée « a »


correspondant aux impacts de masses de 16kg lâchées de différentes hauteurs h
Désignation h (m) a (mm) ac (mm) Lc = 2ac
(mètre/kg) 2
Sel (mm ) (mm)
0 m / 16 kg 0 0 0 0 0
0,2 m / 16 kg 0,2 10 157,07 2 4
0,5 m / 16 kg 0,5 12,5 265,07 6,45 12,9
1 m / 16 kg 1 13 306,30 7,22 14,44
1,25 m / 16 kg 1,25 13,75 334,77 7,62 15,24
1,5 m / 16 kg 1,5 14,5 375,81 8,49 16,98
1,7 m / 16 kg 1,7 aMax = 15,5 438,25 acMax = 9,55 19,1

III.4. Corrélation entre la longueur de la zone craquelée et le rayon du grand axe


« a » de l’aire de la zone impactée :
Du tableau IV-2, on peut remarquer que les dimensions des zones impactées « a » sont
supérieures à celles craquelées « ac » correspondantes. S’il est vrai que le blanchiment de la
zone impactée (cf. Figure III-2) permet la localisation de mécanismes morphologiques
dégradants, il ne détermine pas son étendue. Néanmoins, les évolutions de ces deux grandeurs
montrent des corrélations (cf. Figure IV-22).
18 1
16
0,8
Demi longueur (mm)

14
12
0,6
ac/acMax

10
8
0,4
6
4
a: zone impactée 0,2
2
ac: zone craquelée
0 0
0 0,5 1 1,5 2 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
hauteur de lachée h (m) a/aMax
-(a)- -(b)-
Figure IV-22 : (a)Evolution comparative de la zone craquelée « ac » et impactée « a » en
fonction de la hauteur d’impact. (b) Evolution corrélative adimensionnelle de ac/acMax en
fonction de a/aMax

Dans la plage des essais d’impacts effectués (h [0,2m, 1,7m]), les évolutions de
« ac » et de « a » montrent une croissance quasi-rectiligne avec le niveau d’impact (cf. Figure
IV-22a). Dans la figure IV-22b, leur évolution corrélative indique une dépendance linéaire de
ces deux grandeurs.
En outre, au niveau du tableau IV-2, on constate une forte augmentation de la longueur
du craquelage, de 4mm à 12.9mm, pour un faible incrément d’impact entre la désignation

Chapitre IV 147
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

0.2m/16kg et 0.5m/16kg. Ceci dénote une grande sensibilité à la formation de craquelure du


PVC rigide sous impact et explique en partie la compétition entre les modes de ruptures
fragile et ductile (cf. Figure III-24), observés lors des essais de pression sur des tubes
faiblement impactés. En effet dans le chapitre III (paragraphe III), la rupture par craquelage
ne devient prépondérante qu’à un certain niveau de chargement, correspondant à une certaine
longueur de la zone craquelée dans la structure. Intuitivement, on peut s’imaginer une
longueur de craquelure seuil pour laquelle la nocivité sur le comportement du matériau est
constatée.
De cette intuition, l’évolution de la longueur de la zone craquelée en fonction du
niveau d’impact est représentée dans la figure IV-23. Le niveau d’impact est ici l’aire de
contact adimensionnelle Sel/Re e (e : épaisseur du tube, Re = 31,1mm: rayon de courbure
équivalent déterminé à partir des rayons de courbure du tube et du percuteur). Cette aire
permet de s’affranchir des dimensions du tube et de celles du percuteur, ainsi que des
conditions propres de chargement. Contrairement aux courbes de la figure IV-22, on étudiera
minutieusement ici les incréments de progression de la longueur de la zone craquelée, de sa
valeur nulle à celle maximale.

25

20
A
15
Lc (mm)

10

5
Masse percuteur = 16kg
0
0 1 2 3 4
Sel/Re*e
Figure IV-23 : Evolution de zone craquelée en fonction de l’aire de l’ellipse de contact
adimensionnelle.

Comme précédemment établi, la courbe de la figure IV-23 montre une croissance


continue de la longueur craquelée Lc avec le niveau d’impact. Sur cette figure, trois zones
peuvent être délimitées. La zone A, caractéristique des faibles impacts (Sel/Re e < 1,25), où la
zone craquelée évolue peu avec la charge. Cela traduit la résistance du PVC rigide à la
création de micros vides. La zone B, où on observe une croissance rapide de la longueur

Chapitre IV 148
Etude numérique du craquelage : Détermination de l’étendue de la zone craquelée

craquelée. La zone C, caractérisée également par une forte croissance de Lc, mais où, à la
différence de la zone B, la pente d’évolution est moins accentuée.
Les essais de pressions effectués sur les tubes impactés dans le chapitre III
(paragraphe III), ont montré une faible perte de la résistance à l’éclatement pour de bas
niveaux d’impacts. De ce constat, on peut penser que la frontière entre les zones A et B
correspond à la longueur de craquelage seuil, en dessous de laquelle le PVC rigide garde
entièrement son aptitude à la pression. Ce constat est confirmé par les mesures des résistances
résiduelles en traction des éprouvettes extraites des tubes impactés (chapitre III, paragraphe
IV).

IV. Conclusion :
Cette étude numérique nous a permise de déterminer l’étendue de la zone craquelée
sur la zone impactée du tube en PVC rigide. La particularité de ce travail réside dans la
démarche élaborée afin de déterminer l’étendue du dégât occasionné par l’impact : la
craquelure.
Cette démarche s’articule autour des points suivants :
- Développement d’un model numérique d’impact quasi statique ;
- Discrimination des critères d’amorçages de craquelure ;
- Implémentation du critère d’amorçage dans le modèle numérique d’impact.

Chapitre IV 149

Vous aimerez peut-être aussi