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Traduction spirituelle de R. A.

RANIERI

AGLON ET LES
ESPRITS DE LA MER
Dicté par l’Esprit JÚLIO VERNE
Orientation de l’Esprit ANDRÉ LUIZ

Editeur Fraternidade S/C Ltda.

1
AGLON ET LES ESPRITS DE LA MER

Aglon, Esprit illuminé, est l'instructeur de Jules Verne, Esprit, lors d'un voyage
vibratoire au fond de la mer, pour l'apprentissage spirituel de ce qui se passe dans le
monde océanique.
Jules Verne nous raconte, à travers la traduction spirituelle de R. A. Ranieri, le
royaume du fond de la mer et l'existence des Esprits qui y vivent, sans savoir qu'ils sont
désincarnés.
Y compris la stricte administration de Neptune, mi-homme mi-poisson, connu
depuis l'Antiquité grecque, qui règne sur la mer sous l'égide des lois du Dragon.
Présence de créatures aux traits étranges - ce sont des esprits endettés - qui vivent
emprisonnés dans le Bateau-Prison, ou qui hibernent dans les laboratoires de la mer, à
cause de la pratique de méfaits dans les circonstances de la mer, et surtout, à cause du
matérialisme et de l'égoïsme - les maladies de l'humanité.
Ceux qui ont été jetés dans les crimes continus et par le manque de pratique de
l'amour, souffrent des chutes, dans l'abîme d'eux-mêmes - souffrance et punition mentale
- atteignant la désintégration, devenant de monstrueuses créatures-esprit.
Enfin, il est rappelé une fois de plus que le "Périsprit se dégrade, mais l'Esprit ne
rétrograde pas", comme une loi naturelle et divine pour les esprits de la mer.

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Livres de l’auteur
1. - Flores do Bem
2. - João Vermelho no Mundo dos Espíritos
3. - No Castelo do Ego
4. - No Palácio Encantado da Mediunidade
5. - História de Cristo para Crianças
6. - Forças Libertadoras - Materializações Luminosas
7. - Recordações de Chico Xavier
8. - Chico Xavier e os Grandes Gênios
9. - Chico Xavier o Santo dos Nossos Dias
10. - O Prisioneiro de Cristo - Sonetos Imortais
11. - Assim Estava Escrito
12. - Luz da Outra Esfera
13. - O Divórcio Segundo o Espiritismo
14. - O Abismo
15. - O Sexo Além da Morte
16. - Aglon e os Espíritos do Mar
17. - Jerusalém Libertada

En prépparation
18. - O Império dos Dragões (André Luiz)
19. - O Rei dos Judeus
20. - O Amor de Outras Vidas
21. - Sócrates
22. - A História Fantástica da Minha Vida

Sous presse
23. - O Pensamento de Chico Xavier
24. - Pensamentos Iniciáticos
25. - O Reino de Deus (Oscar Wilde)

Livres traduits en français


et disponibles uniquement sous forme numérique

1. O Abismo L’Abîme 1987


2. Aglon e os Espíritos do Mar Aglon et les Esprits de la Mer 1987
3. O Sexo Além da Morte Le sexe en dehors de la mort 1988
4. A segonda Morte La Seconde Mort 1988

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AU LECTEUR

Je me considère comme un simple et imparfait traducteur des pages qui seront


lues. Je ne veux ni ne demande plus que cela.
RANIERI
1987, Ovo Azul.

Et toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre, sur la mer, et
tout ce qui s'y trouve, je les entendis qui disaient: A celui qui est assis sur le trône, et à
l'agneau, soient la louange, l'honneur, la gloire, et la force, aux siècles des siècles! 
(Apocalypse 5-13)

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Observation intéressante

Selon une observation spirituelle, je ne dis jamais à personne ce que j'écris ou ce


que je reçois. En effet, tout travail en cours, lorsque je le raconte ou le commente à
quelqu'un, avant qu'il ne soit terminé, est interrompu et je n'écris généralement plus rien.
Ainsi, pendant toute la période de réception du livre, qui peut durer un mois ou plus, le
silence sur le sujet entoure l'œuvre, et je ne la communique ou ne la montre à des amis
que lorsqu'elle est terminée. Là, on discute et on entend le pour et le contre, ce qui peut
influencer la décision de publier ou d'attendre une opportunité.
Dans le cas de ce livre, comme l'un des auteurs était Jules Verne, le silence était
plus grand. Quelques jours plus tard, mon cher ami Dictino Álvarez, de São Paulo, m'a
téléphoné pour me demander si j'avais l'intention d'écrire un livre sur la mer. Je lui ai
répondu que j'étais déjà en train de l'écrire et que j'en étais au quatrième chapitre, et qu'il
s'appellerait LES ESPRITS DE LA MER, c'est-à-dire AGLON ET LES ESPRITS DE LA
MER. Le titre était provisoire. Il pouvait changer ou non.
Et dans les jours qui ont suivi, j'ai reçu une lettre de Rio de Janeiro dans laquelle
l'auteur de la missive disait la même chose : si je ne devais pas écrire sur la vie spirituelle
en mer. A part à Dictino, je n'ai parlé à personne de Jules Verne.
C'est alors qu'une jeune femme, Eliane Aparecida Souza de Oliveira, de religion
évangélique, est venue travailler à la maison comme dactylo et secrétaire pour nos autres
services. Quelques jours plus tard, sans rien savoir de notre travail, elle m'a demandé tôt
le matin :
- Tu écris quelque chose avec quelque chose ou quelqu'un qui s'appelle Jules
Veme ?
- Pourquoi ?
- Parce que je ne connais personne de ce nom et que ma mère, qui ne connaît rien
aux livres, a rêvé de vous et a vu un homme appelé Jules Verne portant une pile de livres
dans ses bras et vous les remettant !
J'ai répondu :
- Eh bien, je viens d'écrire (de recevoir) un livre écrit par Jules Verne.
Elle a été profondément étonnée, surtout quand je lui ai dit que c'était l'Esprit
Jules Verne. Et j'ai ajouté :
- Il l'a écrit et vous allez le taper !
- Mais ma mère ne comprend rien à la littérature", dit-elle.
- C'est une protestante de l'Eglise évangélique, elle ne connaît rien à la
médiumnité et ne sais rien nous concernant
Puis, voyant qu'elle était encore surprise et impressionnée par le fait, j'ai
commenté :
- Naturellement, le rêve où il nous apporte beaucoup de livres est un travail qu'il
vient nous apporter et que tu taperas !
Prépare-toi !

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INDICE

AGLON E OS ESPÍRITOS DO MAR


I PARTE

Aglon surgit 8
Plonger dans les profondeurs 8
Principe spirituel 9
Les esprits de la mer 9
Poissons phosphorescents 10
Neptune l’Homme Poisson 11
Le capitaine du Navire 11
Navire-Prison 12
Esprits Prisonniers 13
Sous-marin-Escort 14
Prison dans la Mer 14
Loi des tribunaux. Punition Mentale 15
Dieu est Père et Mère 15
Les Neptune 16
Haute hiérarchie dans la Mer 16
Lorsque l’on acquière la Connaissance 17
Le Vice des Consciences Humaines 17
Désintégration de l’Esprit 18
La Méditation profonde d’Aglon 18
D’autres Esprits dans les bateaux 19
Plantes Aquatiques 20
Materialisation de la Pensée 20
Le Château de l’Administration Générale 21
La Segonde Mort 22
Le langage des Esprits de la Mer 22
Esprits Officiers de Marine 23
Neptune Général, l’Administrateur de la Mer 24
Pris pour la recherche laboratoriale 25
Secours d’Aglon 25
Etrange Figure presque un Poisson 26
Créatures hibernantes ressemblant à des poissons 27
Esprits en forme de poisson 28
Dettes envers la Mer 29
L'infini mesure l'éternité 30
L'égoïsme - Maladie de l'âme 31
Découvrir et redécouvrir 32
Sommeil Réparateur 32
Des Etres comme des Statues de marbre 32
Lutte entre pirates 33

6
Transformation intime 33
Désir de tuer 34
Rêves 35
Freud et Einsteín 35
Hypnotisme collectif 36
Veiller sur soi-même 36
Monstres spirituels. Croissance déséquilibrée 37
Sur un beau Transatlantique 38
Dans l'obscurité ou dans la lumière 39
Tout vient en son temps 39
Enseignement au fond de la mer 40
Intelligence, Amour, Bonté et Compréhension 41
Des esprits plus avancés 42
L'amour en mouvement 42
Pensées en Vol 43

AGLON E OS ESPÍRITOS DO MAR


II PARTE

Paris 45
Naufrage 47
Mort en Mer 48
Les Régions du Purgatoire en Mer 50
Agresseurs et agressés 50
En Mer 52
Le Tribunal 53
L'étude des tribunaux et des navires-prisons 54
Momartre et Monparnase parmi les artistes 60
Mascareu 62
De nouveau la Mer 63
Encore le Mascareu 65
Van Gogh 74
L’Adieu 75

Traduction spirituelle de R. A. RANIERI

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AGLON ET LES
ESPRITS DE LA MER
Dicté par l’Esprit JÚLIO VERNE
Orientation de l’Esprit ANDRÉ LUIZ

Aglon surgit
C'était dans les temps anciens. Je me tenais sur une Penedia (1). En bas, la mer
gémissait.
Les vagues jetaient leurs eaux à mes pieds et les eaux pulvérisées recouvraient les
pierres comme un drap. Aglon arriva comme il l'avait promis. Il vint comme un oiseau et
dit :
- D'où je viens, les dieux immortels en décident ! Je trouvais la langue étrange.
- N'aie pas peur, mon fils. Le gouvernement des mondes est dirigé par les anges.
Les anges gouvernent les mondes ! J'inclinai humblement la tête. Aglon, m'avait-il dit un
jour, était romain. Et c'était la langue des Romains !

(1) Penedia : Agglomération de rochers, au bord de la mer ; fragment de roche


dure.

Plonger dans les profondeurs


L'océan s'étendait devant ma vue dans son immensité... Je contemplais l'étendue
qui me semblait encore infinie et les vagues atteignaient parfois des hauteurs étonnantes.
- Allons-y ! - m'invita Aglon.
Je le suivis.
Nous avons plané sur l'eau et soudain, comme deux mouettes, nous avons plongé.
Notre vibration plus légère nous a emmenés presque instantanément dans les profondeurs
et j'ai remarqué que, soudain, tout était devenu serein et calme.
Au loin, il m'a semblé apercevoir l'ombre gigantesque d'un navire échoué. Nous
nous approchâmes et, en effet, c'était un vieux brick, hollandais ou qui sait, anglais,
rappelant la piraterie. Aglon prit la parole :
- N'aies pas peur. Nous y trouverons des créatures.
- Au fond de la mer ?
- Oui, au fond de la mer. Certaines sont encore actives, d'autres non... Je fus
étonné.
- Il y a beaucoup de gens sur Terre qui ne le savent pas... -Ici aussi. -- Et il a ri.
Je me suis souvenu que je ne le savais pas non plus. Je n'en prenais conscience
que maintenant, bien que j'avais traversé une mer de gélatine il y a quelque temps...

8
Principe spirituel
Nous sommes entrés et avons vu des esprits autour de nous. Le cuisinier du
bateau était encore en train de cuisiner et quelques marins lavaient le bateau. Le
capitaine, qui semblait être le capitaine, une sorte de pirate, donnait des ordres. Aglon prit
la parole :
- Je crois qu'ils ne savent pas qu'ils sont morts et qu'ils ne sont plus que des
esprits. J'étais surpris ! S'apercevant de mon étonnement, Aglon précisa :
- Mon fils, la vie existe partout : dans le ciel, sur la terre, dans l'air et dans la mer.
Seul le milieu dans lequel elle vit varie en densité et en structure : l'un est la terre, l'autre
l'eau, l'autre l'air, et ainsi de suite. Dieu, dans Son Infinie Bonté et dans Sa Suprême
Intelligence, crée les habitants de ces régions, ou milieux, selon ces structures. Tous les
êtres existant dans l'Univers ne respirent pas l'oxygène, comme sur la Terre. La machine
qui actionne le principe spirituel n'est pas la même partout et l'intelligence n'est pas non
plus située dans la même position que dans le corps humain. Le château de l'esprit reste
dans la machine humaine, mais la sensibilité, la vision, l'humanité même, à travers
certains chercheurs et savants, comme Ségur et De Rochas et d'autres, ont déjà vérifié
qu'elle peut, dans des conditions particulières, se manifester à travers d'autres parties de
l'organisme physique : le cou, la gorge ; la poitrine, dans la partie inférieure où se trouve
le plexus solaire. En fait, nous savons ici, sur notre plan, que "tous les plexus peuvent"
servir d'organes de vision.
Je restais à l'écoute de l'exposé de l'Esprit. Mes yeux, cependant, contemplaient la
masse d'eau de mer qui irradiait la lumière de toutes les couleurs en trillions de particules.
Pour ma vision, maintenant agrandie par Aglon, l'eau ne ressemblait en rien à l'eau vue de
la surface. Stupéfait j'ai demandé :
- Pourquoi l'homme ne voit-il pas là-haut une eau aussi multicolore que la nôtre ?
- Ce n'est qu'une question de fréquence de vibration des yeux qu'il possède. La
nature est la même là-bas qu'ici. Seul l'homme n'est pas capable de voir. Lorsqu'il
évoluera, il verra. Cela pourrait aussi se produire, avec la permission des Forces
Spirituelles Supérieures, ou de Dieu, s'Il le juge préférable, avec la découverte de
nouveaux instruments plus puissants que le microscope et le télescope, ce qui est déjà en
train de se produire comme un premier jalon... Immergé dans cet océan multicolore, il me
semblait être dans cette forêt couverte de lucioles sous le ciel étoilé, que l'artiste décrit
dans le livre CANAAN.

Les Esprits de la Mer


Je m'étais perdu dans la contemplation de l'eau lumineuse, car cette masse était
toute lumineuse. Soudain, j'entendis Aglon m'appeler. Je répondis immédiatement à son
appel. Il parlait au Capitaine, qui me paraissait plus éclairé, car les autres, qui
travaillaient, ne faisaient plus attention à ce que nous faisions. Le capitaine dit :
- Monsieur, je suis ici depuis plus de cinq cents années terrestres. J'ai reçu l'ordre
de m'occuper de ce vaisseau et de son équipage. Certains sont déjà venus nous dire que
nous sommes tous morts, que nous ne sommes que des âmes sans corps, que nous
sommes en fait des esprits éternels... Mais nous ne les croyons pas !
- Ce sont des êtres naïfs qui ne savent pas ce qu'ils disent...

9
Je remarquai qu'Aglon s'était mis à parler doucement, d'une manière délicate pour
ne pas effrayer le capitaine. Malgré cela, certains membres de l'équipage ont cessé de
travailler et, agités, ont commencé à prêter attention, face à leurs interlocuteurs. Aglon le
remarqua, mais fit semblant de ne pas regarder.
- " Alors, demanda Aglon, mais est-ce que vous aussi vous pensez comme ça ? Et
comment savez-vous que vous êtes ici depuis cinq cents ans ? Les hommes sur Terre ne
vivent pas cinq cents ans !
Le capitaine, soudain surpris et choqué par la question, balbutia et bégaya :
- Je ne sais pas ! Je ne sais pas ! Je ne comprends pas, mais je sais que je ne suis
pas mort !
C'est alors que l'Esprit profita de la confusion du marin et lui dit :
- Bien sûr, vous êtes des âmes immortelles et vous ne mourez pas ! Je crois même
que vous êtes ici depuis cinq cents ans ou plus...
Le capitaine cessa de parler, abasourdi, les yeux immobiles, et Aglon lui dit, d'une
poignée de main, comme dans le monde commun
-Demain, nous reviendrons. En attendant, réfléchissez... Et nous quittâmes le
bateau.

Poissons phosphorescents
Nous glissions dans cette masse éblouissante d'étincelles lumineuses qui nous
enveloppait. De gros poissons nous entouraient ou nous dépassaient sans nous remarquer.
- Ces poissons sont-ils vraiment des poissons ? Terrestres ou sont-ils des esprits ?
- demandai-je naïvement, comme si j'étais un enfant.
Aglon rit et répond :
- Ce sont des poissons du plan terrestre, pas des poissons-esprits, non !
Je regardai les requins qui, eux aussi phosphorescents, passaient par là. Tout était
différent là-bas, bien que la Terre solide, à nos yeux spirituels, présentait aussi des
masses et des régions colorées et brillantes de particules lumineuses et phosphorescentes :
les montagnes, les nuages, les bois... Mais là, à cause de la quantité, c'était plus choquant.
Les petits poissons, lorsque les requins s'éloignaient, apparaissaient ré-éclairés de
lumières multicolores... En fait, j'étais excité par ce monde que, dans son intimité, les
hommes ne connaissaient pas. Nous vîmes un autre bateau coulé. Mais Aglon me fit
signe de ne pas m'approcher. Puis il me dit :
- Après avoir parlé au "Capitaine", nous reviendrons ici. Tu seras surpris par cette
visite. Attends un peu, s'il te plaît. J'ai alors senti que l'Esprit voulait d'abord me donner
une vue panoramique de l'océan lumineux.
Les algues et les rochers brillaient aussi partout. C'était un monde fantastique !
Ma vision s'est troublée comme si des larmes d'émotion coulaient le long de mes yeux
spirituels. Bien que l'esprit voie à travers toutes les parties du corps et que, selon leur
évolution, les esprits voient plus ou moins bien les uns par rapport aux autres et qu'ils
développent d'autres possibilités de perception, moi, dans l'état où je me trouvais, je
sentais avec les mêmes yeux que ceux que j'avais toujours utilisés sur la Terre.

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Neptune, l'Homme-Poisson
Soudain, nous avons remarqué que l'océan bougeait, comme si une grande vague
venait rouler violemment dans ces profondeurs. J'étais inquiet et Aglon, lui, restait calme,
comme s'il n'avait rien remarqué. Une tranquillité totale. Cela m'a rappelé Orcus et
Atafon. Les Esprits Supérieurs sont ainsi : parfois ils semblent ne pas réagir du tout.
Percevant mon malaise, il m'a serré tendrement dans ses bras, ce qui m'a calmé, et je suis
devenu calme.
C'est alors qu'apparut un être énorme, mi-poisson, mi-homme, comme s'il
s'agissait d'une sirène masculine. J'ai eu peur. Il m'a regardé d'un air féroce.
- Qui êtes-vous et que faites-vous dans notre domaine ? Monsieur, je vous connais
! - Il se tourna vers Aglon. - Vous êtes venu plusieurs fois dans notre domaine ! Mais
qu'en est-il de lui ? Est-il encore une âme vivante ?
Si le premier traitement avait été grossier, le changement pour vous, adressé à
Aglon, montrait qu'il le respectait.
- Je suis Neptune - Et en disant cela, un trident brilla, que je n'avais pas vu
auparavant dans ses mains. - Je suis Neptune, dieu et roi des océans ! Et je veux que cet
être inférieur, qui descend sur mes territoires, m'obéisse immédiatement, ou je l'emmène
dans les Prisons des Eaux, comme l'exige la Loi ! Je respecte votre autorité, monsieur ! -
Il se tourna à nouveau vers Aglon. - Mais ici, dans ces régions maritimes, je règne et
j'obéirai à la Loi qui est au-dessus de vous, monsieur !
- Je sais... - dit humblement Aglon. - Le Seigneur Dieu a divisé l'Univers en
grandes zones et a réparti l'autorité selon les besoins de la justice ! Je le sais et je respecte
les déterminations du TOUT-PUISSANT. Je te demande cependant, dieu de la mer, de
permettre à mon élève, déjà autorisé par les Sphères Supérieures, de parcourir les
labyrinthes des océans sous ta direction ironique, afin de savoir comment tu administres
et de porter aux Hautes Autorités et au Monde les premières nouvelles de la façon dont
on gouverne et administre ici !
Neptune sourit de plaisir et répondit avec sollicitude :
- S'il en est ainsi, monsieur, vous pouvez l'emmener où vous voulez. Si vous avez
besoin de moi pour visiter les Grandes Prisons des profondeurs, appelez-moi.
Et il s'élança vertigineusement dans les eaux.

Le Capitaine du Navire
Lorsque nous sommes retournés au navire, nous avons trouvé le capitaine très
attentionné. Cependant, il ne nous a pas bien reçus. Il semblait méfiant. En effet, il l'était :
- Monsieur - - Il s'adressa respectueusement à Aglon - vous avez dit que tous nos
corps sont morts physiquement, comme on l'entend communément, n'est-ce pas ?
Aglon confirma d'un hochement de tête.
- Eh bien, dans ce cas, pourquoi sommes-nous restés ici ? Alors pourquoi
sommes-nous restés ici tout ce temps sans le savoir, si nous n'étions pas inconscients ?
Nous sentons-nous toujours vivants, comme nous le sommes toujours ? Ou bien ne
faisons-nous que rêver et ne sommes-nous qu'un rêve que nous rêvons ? Aglon sourit et
dit :
- L'idée est ingénieuse, mais ce n'est pas un rêve. C'est une réalité qu'il vous
faudra comprendre et accepter pour continuer à évoluer comme tous les esprits, au fil des

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siècles et des millénaires ! Nous marchons sur le chemin de l'évolution, toujours en
évolution, pour nous rapprocher de l'éternité de Dieu ! Tant que nous subirons des
transformations, nous ne serons pas éternels ! L'éternité suppose la permanence éternelle!
Je vis que le capitaine était surpris par les paroles d'Aglon et j'eus l'impression que
le Grand Esprit avait oublié notre incapacité à les comprendre...
Mais Aglon, montrant qu'il avait saisi ma pensée, prit la parole avec affection :
- Pardonnez-moi cette digression, mais vous vous souvenez de Jésus : "Je vous dis
ces choses pour que, lorsque cela arrivera, vous vous souveniez que je vous l'avais déjà
dit !". C'est à peu près ainsi qu'il parlait à ses disciples. Le capitaine fit silence au moment
où Neptune réapparut avec son trident phosphorescent comme un navire en flammes.

Navire-Prison
- A votre service, Monsieur. - dit Neptune sans qu'Aglon ait demandé quoi que ce
soit.
L'Esprit, cependant, comprit que Neptune connaissait ses intentions, ou se doutait
de quelque chose, car il clarifia immédiatement :
Je vous remercie, dieu de la mer, prince des océans.
Il y a un bateau-prison ammaré près d'ici, au fond de l'océan. Je veux le parcourir
avec mon protégé.
Neptune acquiesça et repartit rapidement.
Traversant la masse océanique à la vitesse de la pensée, Aglon, me prenant par la
main, glissa comme le plus rapide des poissons, et bientôt nous divisâmes un vaisseau
déjà ancien, installé comme un château au milieu des rochers sous-marins dans les
profondeurs. Au milieu des eaux phosphorescentes, il ressemblait à un monstre sacré et
ténébreux, entouré de milliers de poissons phosphorescents et de plantes marines qui
émettaient également une lumière prodigieuse. A la porte du navire, un personnage coiffé
d'un casque de guerre grec, rappelant les anciens et athlétiques soldats de la vieille
Hélade, nous arrêta. Aglon lui fit part de l'autorisation accordée par Neptune et dans
l'heure même, la porte du vieux navire s'ouvrit à nous.
Nous sommes entrés. J'accompagnais le gardien. J'ai remarqué qu'il portait des
bottes et qu'il marchait d'un pas ferme.
- Par où voulez-vous commencer, monsieur ?
- Comment dois-je vous appeler, monsieur ? - Demanda sur le même ton, Aglon,
avant de répondre.
- Holopherne, monsieur.
- Holopherne ? - s'étonna Aglon.
- Oui, Holopherne !
- Je voudrais commencer par l'aile des condamnés légers.
- Condamnés ? Comment se fait-il qu'il y ait eu condamnation ici ? Et qui
condamnait ? - me suis-je exclamé avec stupeur. - Mon Dieu ?
- Non. - répondit Holopherne. - Nous ne savons même pas si Dieu existe. C'est
toujours la Cour qui condamne ici ! L'Amiral, sous les ordres de Neptune, s'exécute.
Face à ma profonde admiration et à ma surprise, Aglon précise
- Dans toutes les régions de la terre, dans le ciel tel que les hommes l'entendent
physiquement, mer et air, dans les régions inférieures, il y a des Tribunaux et des

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jugements permis par les lois et les ordres des Sphères Supérieures qui représentent la
volonté de Dieu.

Esprits Prisonniers
Nous commençâmes à visiter le bateau-prison, conduits par Holopherne qui, tout
en nous indiquant les cellules où étaient enfermés les esprits inférieurs, nous observait et
nous surveillait d'une certaine manière.
Dans la première cabine, ample, qui avait servi autrefois au commandant incarné
du navire, remplacé maintenant par une prison pour des créatures encore vêtues des
habits de l'époque à laquelle elles appartenaient dans leur vie terrestre dans la chair, se
trouvaient des esprits intellectuellement plus avancés ; les autres fonctionnaient comme
des prisons plus petites avec des esprits vulgaires et intellectuellement arriérés, parmi
lesquels se trouvaient de nombreux marins.
A mon interrogation mentale, Aglon répondit :
- Ici, il y a beaucoup d'esprits qui ont perdu leur vie terrestre en mer, mais la
plupart viennent de la surface et là, ils sont emprisonnés et restent dans l'attente d'une
modification et d'une amélioration mentale pour pouvoir remonter. L'évolution se
poursuit inexorablement, consciemment ou inconsciemment, et la Loi supérieure qui la
régit conduit les êtres inférieurs et même supérieurs, où qu'ils se trouvent, à avancer sous
la force inexorable de l'évolution, qui est en réalité la force de la Loi divine à avancer.
Sous cette impulsion, les inférieurs descendent et les supérieurs montent, mais le moment
vient où les inférieurs qui sont sur la terre, dans l'air ou au fond de la mer, recommencent
obligatoirement et ressentent le désir d'évoluer et d'atteindre les positions qu'ils
occupaient auparavant et qu'ils ont perdues par invigilance. Ce n'est pas le crime qui nous
entraîne dans le déséquilibre, mais le déséquilibre qui nous jette dans le crime. Si nous ne
veillons pas sur nous-mêmes, nous tomberons dans la roue vivante et passerons du
déséquilibre aux échecs, aux fautes et au crime. Du crime nous retournerons au
déséquilibre et là nous roulerons dans la roue des réincarnations dont parlait le Bouddha
et dans ce va-et-vient fou nous resterons pendant des siècles et des millénaires, dont nous
ne sortirons guère par nous-mêmes, dépendant qu'une force extérieure, fruit d'un amour,
d'un ou de quelques Esprits amis qui nous aiment, nous sauvera. En dehors de cela, sans
l'intervention de ces âmes aimantes et aimées, nous resterions entre les mains
indifférentes du hasard qui nous laisse abandonnés, tombant sans fin dans l'ABIME de
nous-mêmes; De telle sorte que, apparemment, il s'agit d'une chute éternelle dans le sens
de l'atteinte de l'être qui tombe, la désintégration totale par manque d'énergie, que nous
pourrions appeler énergie vitalisante pour l'entendement de l'homme, et que nous avons
déjà appelée, pour l'entendement actuel de l'homme, désintégration ou rétrogradation,
lorsque nous disons que le périsprit se dégrade, mais que l'Esprit ne rétrograde pas. Ce
sujet sera évidemment clarifié lentement par la Spiritualité Supérieure, ou par son ordre,
au fur et à mesure que l'être humain évoluera et sera capable de comprendre, de recevoir
et d'assimiler de plus en plus, graduellement, des charges de connaissances supérieures.
J'étais en extatique et stupéfait, sentant que j'entendais là, au fond de la mer, la voix d'un
"ange" qui ouvrait les portes de ma compréhension mentale à des connaissances que les
êtres humains et même des trillions d'esprits ne connaissaient pas encore.

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Holopherne, lui, totalement incapable de comprendre, nous attendait pour la visite
programmée, peut-être ennuyé, comme il arrive à certains hommes d'écouter des
dialogues philosophiques ou scientifiques qui, croient-ils, ne les concernent pas.

Sous-marin-Escort
J'étais encore sous l'impression extatique et euphorique des paroles d'Aglon,
lorsque nous entendîmes un bruit étrange qui, vibrant, se dirigeait vers le Bateau.
Holofemes murmura comme pour lui-même :
- C'est le Sous-marin-Escort qui arrive avec une nouvelle cargaison, des "gens"
condamnés qui viennent de la surface vers les prisons !
- Oui, ce sont des esprits de prisonniers qui descendent. Lorsqu'un navire coule,
les coupables de la catastrophe, sur décision de la Cour d'En-Haut, purgent leur peine
dans ces prisons sous-marines...
- Pourquoi cela ? me suis-je écrié.
- Parce que l'impact - dit Aglon - conserve les images de la catastrophe qui, dans
ce cas, se trouvent dans ces régions, dans la mer, et enchaînent l'esprit coupable au lieu de
la catastrophe. Le sentiment de culpabilité est partout le même.
Je me suis tu pensivement.
Chaque mot d'Aglon était un nouvel enseignement. Le sous-marin arriva bientôt
et nous restâmes silencieux, prêts à regarder et à apprendre.

Prison dans la Mer


- Tous les nouveaux prisonniers savent-ils qu'ils sont des esprits dont le corps est
déjà mort ? demandai-je timidement.
- Non, répondit Aglon, mais ils savent qu'ils sont coupables. Ceux qui ne sont pas
morts au moment de la catastrophe le sont généralement avant de venir ici, bien sûr,
avant d'être jugés et condamnés par les Tribunaux : celui d'en haut, celui de la surface et
celui d'en bas, si l'on peut dire ; ils ont déjà été dans des hôpitaux pour se rétablir ?
J'ai regardé le sous-marin et j'ai vu que les prisonniers en sortaient et étaient
conduits vers le "Bateau-Prison". Ils avaient l'air de gens ordinaires. Devant, à la manière
d'un geôlier, venait une créature à l'expression et à la physionomie dures et d'autres qui
marchaient comme des soldats de terre, en tenue militaire, mais aquatique. Bientôt
apparut Neptune, avec son casque et son trident à la grecque.
- Les hommes du désastre arrivent. Cinq cents - Il s'adressa à Holopherne, après
avoir fait un signe de tête respectueux à Aglon -. Certains ont commandé le navire et ont
été condamnés par le tribunal à purger leur peine ici. D'autres ont commis des fautes
mineures, car ils ont contribué d'une manière ou d'une autre au naufrage du navire.
Remarquant mon grand intérêt pour la conversation et voulant peut-être que je sois
éclairé directement par Neptune, recevant des instructions directes, Aglon s'adressa à
Neptune et commenta :
- D'après ce que je vois, Monsieur, votre administration est parfaite....
Se sentant flatté par un personnage aussi important qu'Aglon, et s'attendant
certainement à un rapport fidèle aux sphères supérieures, Neptune l'informa avec
insistance :

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- Ici, dans les mers et les océans, monsieur, nous respectons fidèlement les Lois
de la Justice Divine. Fidèlement et sans relâche. Car la Justice s'accomplira partout !
- Et l'amour ? - esquissa Aglon.
- L'amour ? Nous ne ressentons ni ne connaissons l'amour dans nos territoires ! Ici
domine l'implacable et intègre Justice des Dragons ! L'amour, nous dit-on, est une affaire
de fidèles de l'Agneau, dont il ne nous appartient pas de discuter.
Après cela, Neptune fit un autre signe à Aglon et partit... Nous sommes restés là, à
regarder les prisonniers entrer.

Loi des tribunaux Punition mentale


Nous avons fait le tour du navire et nous avons vu que c'était une prison presque
comme celles de la Terre, avec des cellules séparées qui, aux yeux des prisonniers,
semblaient barrées, résultat de leurs vibrations douloureuses, lentes et denses. Le
sentiment de culpabilité de certains d'entre eux restait fixé dans leurs sentiments, dans
leur mémoire et dans leur esprit.
Ils trouvaient étrange de se trouver ensemble dans une région poissonneuse, alors
qu'ils avaient déjà traversé une phase de guérison et souffert de la situation dans laquelle
ils se trouvaient. Ils savaient qu'ils étaient au fond de la mer, mais ils ne savaient pas
combien de temps ils y resteraient.
Je méditais silencieusement sur tout cela, quand Aglon me réveilla:
Toute Justice s'accomplit en chacun, dans le domaine de la conscience, en
principe, mais l'application de la loi, considérant la culpabilité comme une faute, vient
des Tribunaux et s'applique dans la région où la faute a été commise....
Si ce n'est pas dans la même vie, ce sera dans une autre, mais ce sera accompli.
Neptune ne représente ici que la volonté du Tribunal, car, en réalité, chacun se punit lui-
même. Le crime ou la faute, le degré et la peine sont même dans la sphère de la
conscience du coupable. C'est la conscience qui juge en réalité sous l'empire inexorable
de la loi qui obéit à la volonté de Dieu. Et Dieu a établi des lois pour tous les êtres de
l'univers également et non pour un seul en particulier. Pour une même faute, la même
peine est due ; ce qui vient, c'est le degré du dosage et de la sanction, de même que sur
Terre chacun souffre plus ou moins longtemps en fonction de son sentiment de
culpabilité, plus ou moins grand, qui lui infligera une souffrance plus ou moins grande.
Évidemment, pour les esprits restés dans les eaux, cette immense masse aquatique
avait une autre structure. C'était la structure spirituelle et les constructions de cellules et
de prisons, organisées selon la quintessence de la matière du monde spirituel. Cette
matière était manipulée au gré de leurs pensées et des suggestions quasi hypnotiques de
ceux qui exécutaient les ordres des Juges. Sur le plan spirituel, l'esprit plastifie dans la
matière existante les images élaborées par les pensées. Comme ces esprits venaient de la
surface ou de la croûte, l'idée générale était celle d'une prison ou d'une cellule - ils étaient
en vérité esclaves d'eux-mêmes. Lorsque leurs corps tombaient et qu'ils étaient noyés
dans les eaux, ils restaient généralement inconscients plus ou moins longtemps, selon leur
évolution et l'impact de leur propre culpabilité, et ils modelaient mentalement
l'instrument de leur condamnation et de leur culpabilité.
Jetés dans les salles du navire, ils y voient des chaînes et sous la pression du mal
qu'ils ont commis, ils se sentent prisonniers. Les geôliers mentalisent la même chose et la

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durée de leur peine dépend beaucoup du sentiment de culpabilité, qui en fait fixe
automatiquement le temps. En réalité, il ne s'agit partout que d'un concept mental de
l'être, qu'il s'agisse d'un homme ou d'un esprit.

Dieu est Père et Mère


Je méditais sur ces choses, me rappelant les explications qu'Orcus et Atafon
m'avaient données en d'autres occasions, quand Aglon, me tapant affectueusement sur
l'épaule, prit la parole :
- Mon fils, la plupart ou presque tous les hommes croient que Dieu, à la manière
d'un maître d'école, récompense ou punit chacun dans chaque cas et descend du Seuil de
Sa Majesté pour juger chaque acte de chacun et punir personnellement chaque pécheur.
Non, l'Univers ne fonctionne pas ainsi ! Dieu est Loi et Dieu est Père. Pour
Ramakrishna, Dieu est même Mère, tu te souviens ? Le Seigneur a établi l'Univers et ses
lois et c'est en leur sein et sous leur force que vivent les Esprits et tous les êtres. C'est
pour les alléger ou les adoucir que le Seigneur utilise sa miséricorde et son amour. C'est
alors qu'il est Père et même Mère. Les idées que les saints et les fondateurs de religions
utilisent sont conformes à leur interprétation et à leur manière de sentir et de percevoir
Dieu. Aglon m'a encore serré affectueusement dans ses bras et m'a dit : - Allons-y, le
temps presse.

Les Netunos
- Y a-t-il beaucoup de prisons comme celle-ci au fond de la mer ? - demandai-je à
l'Esprit.
- Il y en a d'innombrables. Mais il y a aussi la Maison de l'Administration où se
trouvent l'Administrateur Général et le Grand Tribunal de la Mer... Les Neptunes y
travaillent.
- Les Neptunes y travaillent. - m'exclamai-je, étonné. - Il y a plus d'un Neptune ?
Aglon rit.
- Oui, il y en a. Il y en a des centaines ! Celui-là n'est qu'un élément d'une
hiérarchie plus élevée que les autres dans l'organisation aquatique des mers et des océans.
Tous se présentent comme des Neptune, et Neptune est l'administrateur général, et même
le Neptune célèbre depuis la plus haute Antiquité. Partout, dans les choses de Dieu,
prédominent le sérieux et l'ordre, qui établissent l'organisation et le travail, en profitant du
degré d'évolution de chaque être.
J'ai contemplé Agion, profondément surpris, et je me suis souvenu qu'un jour
j'avais entendu un enfant dire : "L'Univers n'est pas chaos, l'Univers est ordre". Et là, j'ai
compris ce qu'il voulait dire.

La haute hiérarchie dans la mer


Bien que j'aie déjà parcouru l'ABIME dans certaines régions et que j'aie entendu
les enseignements d'Esprits Supérieurs comme Orcus, Atafon et d'autres, j'ai été surpris
par les surprises que la Mer me réservait ainsi qu'aux créatures que je rencontrais. Aglon
était un Esprit qui semblait similaire à Orcus, lié aux problèmes de la mer et des océans.

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Étaient-ils dans les régions surveillées par des Esprits inférieurs de haut rang dans
leur classe et contrôlés par des Esprits Supérieurs de haut rang, également dans la classe à
laquelle ils appartenaient ? Aglon entendit ma pensée, car il corrigea aussitôt :
- "Tu raisonnes juste, en partie ; en l'autre, tu te trompes. Nous, ceux d'En Haut,
ne sommes que des messagers du Seigneur, comme les courriers de la poste terrestre...
Ceux d'en bas, comme Neptune, l'administrateur général, sont en position de
commandement, donc supérieurs à leurs subordonnés, également de leur classe. Ce sont
des esprits qui croient accomplir réellement la volonté des Dragons et exercer une justice
qui, d'une certaine manière, correspond à la Justice de Dieu. Mais ils ne parlent pas et
n'aiment pas entendre parler de Dieu et encore moins de Jésus, qu'ils détestent, parce que
Jésus personnifie l'amour et qu'ils pensent que l'amour est faible... Ils l'appellent
"l'Agneau", car pour eux la mort sur la croix est un signe de faiblesse et de manque de
pouvoir, puisque pour eux le pouvoir est centralisé dans les DRAGONS de la Terre et de
la Mer.....
J'ai senti que la sagesse d'Aglon était plus grande que je ne le pensais...

Lorsque la connaissance s'acquiert


Depuis longtemps, j'ai remarqué que les Esprits Supérieurs transmettent les
enseignements petit à petit, ce qui dans notre langage du Monde de Surface pourrait être
appelé, ou est appelé par certains, un langage au compte-gouttes.
Ils respectent le degré d'évolution dans lequel nous nous trouvons, même s'ils
tiennent compte de notre incapacité à comprendre et à assimiler.
Un Esprit ami dit qu'on ne reçoit pas plus que ce que l'on peut comprendre et
assimiler ; si l'enseignement est plus profond, soit on ne comprend pas et on n'assimile
pas, soit on fait du désordre "dans sa tête et dans la tête des autres", c'est pourquoi toute
nouvelle connaissance venant d'en haut est un enseignement initiatique, du moins accordé
à ceux qui sont sur le chemin de l'initiation. Vous souvenez-vous de cette affirmation ?
"Quand l'apprenti est prêt, l'instructeur apparaît" ; donc pas avant. En fait, je ne
parle pas pour moi. C'est ce que j'ai déjà appris sur le plan spirituel.

Le vice des consciences humaines


Aglon écoutant et ressentant en moi les pensées d'un apprenti qui apprend et qui,
naturellement, a déjà assimilé quelque chose, ajouta :
- Mon fils, "tout ce qui vient d'en haut est un don parfait", comme l'a dit l'apôtre.
Il arrive cependant que les hommes, nos frères par l'Esprit, lorsqu'ils n'ont pas encore
atteint le stade évolutif nécessaire, confondent le sens intime de l'enseignement qui,
comme un bolide, se perd dans le cosmos de la conscience humaine et, parfois, il faut des
siècles et des millénaires pour que l'homme le retrouve, pur comme il l'était à l'origine. La
Spiritualité Supérieure, depuis les hauteurs, envoie en permanence des centaines
d'enseignements comme des rayons plus sûrs, sous forme de mots, d'images, de pensées
et de vibrations, aux milliers et aux millions de consciences stationnées sur la Terre,
obéissant à la volonté de Dieu. Cependant, les consciences qui ne sont pas en harmonie
avec le Supérieur, n'ont pas la capacité de perception et ne les perçoivent pas, pas plus

17
qu'elles n'ont les conditions pour les recevoir, et ce matériel supérieur se perd. Lorsque
certains médiums les perçoivent, ils les tronquent ou les déforment, et ils poursuivent leur
chemin, désormais impurs et imparfaits. Ce sont des hommes au mental incontrôlé qui
remettent à l'humanité une matière déjà dépendante. D'autres fois, le monde, pour des
intérêts inférieurs, confond volontairement le sens des messages et des enseignements,
dans le but de servir de manière égoïste et intéressée ses rêves de grandeur humaine de
faible qualité.
Aglon s'arrêta de parler et je vérifiai avec extase, à chaque pas, comment les
Esprits de sa classe connaissaient le coeur des hommes.

Désintégration de l'esprit
J'avais remarqué que certains de ces esprits emprisonnés par eux-mêmes dans le
mécanisme complexe de leur maison mentale, gisaient inconscients dans le bateau.
D'autres semblaient fous, les yeux, comme on dirait à la surface, là où vivent les hommes,
vitreux, incapables de voir ou de comprendre les images ou ce qui se passait là ou dans le
monde aquatique dans lequel ils vivaient. J'ai demandé à Aglon :
- Maître...
- Mon fils, ne m'appelle pas Maître, tu connais la précision de Jésus : "Vous ne
voulez pas être maîtres...".
- Pardonnez-moi, mon ami. - dis-je avec humilité. Aglon sourit, compréhensif. Et
puis il a précisé :
- Es-tu surpris de voir des esprits presque ou complètement inconscients ? Ici,
nous sommes dans une région spirituelle relativement calme et sereine, car en réalité il y
a des centaines d'esprits qui arrivent dans le monde spirituel complètement fous...
- Mais qu'en est-il de la réincarnation ? - demandai-je avec étonnement.
- Non, ils ne se réincarnent pas complètement fous, mais ils subissent un
processus, ou un traitement spécial, pour pouvoir s'associer à nouveau et s'intégrer à la
chair et dans la chair. C'est peut-être là que commence pour eux le terrible processus qui
les conduira lentement, un jour, à la désintégration finale.
La désintégration de l'esprit n'est pas un mystère, mais pour l'instant seuls les
savants spiritualistes pourront la comprendre et l'accepter. L'être humain, cependant, en
est très loin ; il y a des millions d'années-esprit, si l'on peut utiliser ces images
comparatives d'un tel événement.
Mais le commencement peut être aujourd'hui, ou peut-être a-t-il déjà commencé
auparavant. Une pensée déséquilibrée conduit de plus en plus au déséquilibre. On
descend ou on monte à l'intérieur de soi. Vous l'avez déjà appris. Lorsque l'être a déjà
atteint l'état de conscience, il doit veiller à son intégrité, le patrimoine sacré de chacun.
Je voyais qu'Aglon m'avait conduit sur des chemins de compréhension difficiles,
et qu'il commençait soudain à lever le voile qui recouvrait certains mystères de la
Sagesse.

La méditation profonde d'Aglon


Aglon continua à parler :

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Tu dois aussi te rappeler que dans l'introduction de "L'Évangile selon le
Spiritisme", il est écrit : "L'âme devient extravagante et troublée quand elle se sert du
corps pour considérer un objet quelconque : elle a des vertiges comme si elle était ivre,
parce qu'elle s'attache à des choses qui, par leur nature, sont sujettes à changer : tandis
que, lorsqu'elle contemple sa propre essence, elle se tourne vers ce qui est pur, éternel,
immortel, et, étant de même nature, elle y reste liée aussi longtemps qu'elle le peut ; alors
ses égarements cessent parce qu'elle est unie à ce qui est immuable, et cet état de l'âme
est ce qu'on appelle la sagesse.

C'est ainsi que se trompe l'homme qui considère les choses d'en bas, de terre à
terre, du point de vue matériel ; pour les voir avec justesse, il faut les voir d'en haut, c'est-
à-dire du point de vue spirituel".
Je vis que les milliers de particules phosphorescentes autour d'Aglon
augmentaient d'intensité et que l'Esprit commençait à rayonner une intense luminosité qui
se répandait autour des eaux, où des milliers de poissons multicolores jouaient la
sérénade.
Soudain, Aglon, qui semblait en état d'extase, comme réveillé , prit la parole, un
peu surpris de lui-même :
- Pardonne-moi, mon fils, je me suis laissé emporter inconsciemment par la
méditation profonde qui vient d'en haut. Je t'ai oublié.
Immédiatement après, tout s'est éteint, il m'a pris dans ses bras et nous avons
continué.

D’autres Esprits dans les Bateaux


J'ai encore été impressionné par le Bateau-Prison que nous avons visité. Cette
histoire que chacun emprisonne en soi était déjà de mon savoir théorique, mais là je
l'avais vue en pratique, dans la réalité de l'enseignement concrétisé. Ce n'était pas de
l'imagination ou des nouvelles, c'était la pure réalité, d'ailleurs, difficile, pensais-je, que
les hommes de la terre, de la surface et même plusieurs milliers d'Esprits, de petite
évolution comme moi, puissent croire à l'existence d'Esprits au fond de la mer. Je me
souvenais encore de la surprise et de la résistance certaine de quelques-uns lorsque nous
donnâmes la première nouvelle de l'existence des Esprits au sein de la terre dans
"L'abîme"... (2)

(2) Livre traduit en français

Les hommes accepteraient-ils cette nouvelle information ?


Je raisonnais encore sur ces idées quand Aglon me dit, devinant ma pensée, peut-
être, en voyant vraiment, ou en lisant :
- Nous allons maintenant visiter les "bâtiments" de l'Administration Générale de
la mer, qui se trouve dans cette partie de l'océan... En l'écoutant, j'étais satisfait.
- Merci, Aglon. - lui dis-je respectueusement. A ce moment de la conversation,
nous glissions déjà sur les eaux à une certaine vitesse. Tout continuait à briller et je
remarquais que je montais à la surface des eaux. La phosphorescence était encore intense
et nous avons vu des bateaux stationnés ici et là et, de temps en temps, de beaux paysages

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formés par des plantes, que l'on pourrait qualifier d'exotiques, à la surface ou sur la croûte
terrestre, de couleurs et de beautés jamais vues là. Le rouge vif et le jaune, parfois
saupoudré de blanc, y prédominaient.
J'ai remarqué que sur certains bateaux, il y avait des esprits sur le pont, qui nous
regardaient avec surprise.
Aglon m'expliqua :
- Ils nous prennent pour de dangereux monstres marins ou, qui sait, pour
d'étranges poissons. Des poissons étranges. ... Ils sont issus de la croûte terrestre et n'ont
pas encore appris les secrets de la volition. Beaucoup d'entre eux se prennent pour des
hommes et ne comprennent pas leur situation. Ils sont souvent terrifiés lorsque des esprits
semblables à nous passent dans ces parages.

Plantes Aquatiques
Maintenant, nous suivions toujours à une vitesse régulière et égale. Le paysage
variait d'un instant à l'autre, et changeait. La végétation était soudain différente. Il y avait
des endroits où tout devenait complètement rouge, d'autres fois blanc ou jaune. Le vert et
le bleu apparaissaient plus au loin.
Soudain, nous avons vu au loin, très loin, une sorte de château médiéval, entouré
de beaux jardins de plantes aquatiques.
- Est-ce que c'est le fond de la mer spirituelle, ou est-ce que ce sont des plantes
terrestres? - demandai-je.
Il y a un peu de tout - répondit Aglon. -Elles sont mélangées. Des milliers sont
spirituelles et des centaines sont des plantes aquatiques que l'on pourrait qualifier de
"marines" depuis la Terre elle-même. Avec le temps, tu distingueras les unes des autres.
Ta vision ne te permet pas encore de les distinguer. Bientôt, ta vision spirituelle s'élargira
et tu verras la différence.
- Combien de temps ?
- Pour ce qui est de la croûte terrestre, cent ans. Mais une centaine, si vous
continuez à voyager "avec nous" dans les régions du Monde des Esprits.
- Pourquoi pas plus tôt ? Aglon sourit :
- Ce n'est qu'une question d'adaptation. Il ne s'agit pas d'évolution spirituelle.
Seulement d'adaptation.

Materialisation de la Pensée
Pour nous, la mer était toujours sereine, même si, à la surface de l'eau, les vagues
pouvaient être houleuses. Notre esprit, sur le fond, était empreint de sérénité.
De temps en temps, nous apercevions des bâtiments. Il est intéressant de noter que
le style de chacun d'entre eux changeait.
Face à ma surprise intime, Aglon, naturellement, avec sa grande perception
spirituelle, me dit :
- Oui, mon fils, ils changent de style, parce que chaque esprit peut modeler le type
de maison, ou d'abri, qu'il veut ou peut...
- Peut, pourquoi ? - demandai-je avec étonnement. Aglon précisa :

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- Selon les gammes de son évolution déjà conquise et par le bien pratiqué en
faveur de ses semblables, chacun acquiert le droit et la possibilité d'aller accomplir
certaines choses...
- Mais cela ressemble à de l'argent sur Terre ! - m'exclamais-je, euphorique de la
découverte.
- D'une certaine manière, oui. Vous, sur Terre, vous reprenez certaines de nos
idées et vous faites des choses similaires ; dans la plupart des cas, vous les déformez et
vous faites des choses qui sont non seulement inférieures mais aussi nuisibles à
l'humanité elle-même.
- L'argent est-il ainsi ?
-Non. C'est l'attachement à l'argent et, comme vous le dites, l'"attachement" à
l'argent qui devient un mal. C'est son application au mal et sa non-application au bien qui
font de l'argent une arme extrêmement dangereuse pour l'homme lui-même. Sur Terre,
mon fils, tu demandes et l'architecte crée une belle et bonne maison comme tu le
souhaites, il l'imagine et l'exécute, et n'est-ce pas là le travail de la pensée ?
C'est seulement la matérialisation de la pensée ou, si tu veux, l'exécution qui varie
un peu. Vous dessinez d'abord, vous le faites sur papier et nous le modélisons
directement sur place, mais, en fait, tout n'est que le travail de la pensée, qu'elle soit
humaine ou spirituelle.
Nous avons vu des constructions plus spirituelles qui passaient vite face à notre
vitesse.
Je redevins pensif. Aglon resta silencieux.

Le Château de l’Administration Générale


Malgré le silence de l'Esprit, nous glissions rapidement comme des flèches à
travers les vibrations de la mer. Cependant, la distance qui nous séparait de
l'Administration Générale de la Mer diminuait et nous voyions déjà des créatures
spirituelles à forme humaine marcher ou stationner dans d'immenses jardins, et au milieu
de ceux-ci il y avait aussi un immense bâtiment d'une extension gigantesque.
Aglon indiqua :
- C'est le bâtiment de l'Administration. Lorsqu'il a été "réalisé" il y a de très
nombreuses années, c'était avec la coopération de centaines de mentalistes de la mer, des
techniciens spécialisés, qui sont venus ici et qui, pendant longtemps, se sont concentrés
sur le travail et l'ont construit.
J'ai vu que l'Esprit utilisait des mots terrestres pour que je les comprenne.
Nous arrivâmes bientôt dans la cour de l'immense bâtiment qui, de près, avait une
architecture étrange : la façade ressemblait à des châteaux médiévaux, mais elle prenait
ensuite une forme très moderne et même ultra-avancée, avec des lignes aérodynamiques,
semblables à celles des avions gros porteurs actuels.
Aglon explica :
-La partie initiale a été modelée sur ordre d'un Neptune qui vivait, ou plutôt
stationnait, à une époque similaire au Moyen Âge de la croûte terrestre, mais le second
Neptune a obéi aux conseils très avancés qu'il avait apportés d'un autre monde...
La conversation s'était esquissée et avait suggéré de nouvelles idées, mais j'avais
été impressionné par cette construction stationnaire...

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- Maintenant, dit l'Esprit, ne crois-tu pas qu'il est plus juste de dire que l'esprit
immortel s'est garé que de dire qu'il meurt. S'il ne meurt pas, à moins qu'il ne descende au
bout de l'inconscience humaine jusqu'à un stade qui est une stagnation au portail de la
seconde mort ?
- La seconde mort ?! - m'exclamai-je presque en criant. - J'en ai déjà entendu
parler, mais je n'ai pas compris !
- Tu n'as pas compris, parce que l'humanité ne peut pas encore comprendre, et
encore moins assimiler. Car après avoir compris, il faut assimiler, et les hommes n'ont
pas encore les conditions pour assimiler tous les enseignements spirituels. C'est pour cela
qu'ils ne reçoivent pas les enseignements, ou que les Esprits n'enseignent pas. Quand ils
auront les conditions, ils recevront. Mais regardez dans vos archives sur le sujet et vous
verrez que celui qui vous l'a dit a presque tout dit... Voilà... C'est presque mourir...
Je ne savais pas quoi dire...
- C'est vrai, mon fils, Jésus a parlé de la seconde mort.

La Segonde Mort
En effet, Jésus a parlé de la seconde mort : "Il y aura donc une seconde mort".
Mais qu'est-ce que la Seconde Mort !?
Aglon posa sa main diaphane et transparente sur mon épaule et, presque dans un
doux murmure, chantonna :
- La seconde mort, mon fils, on dit que c'est une chose terrible ! Seuls ceux qui
l'ont approchée de près pourraient l'expliquer ! Ceux qui sont plus "sages" que nous et qui
ont déjà atteint les plus hautes sphères de la pensée nous donnent des nouvelles qui sont
encore loin de la réalité ? mais ils le font. Ils précisent que notre esprit, qui est encore
l'esprit humain, ne pourra pas supporter l'impact de la révélation. Au fur et à mesure de
notre évolution, nous comprendrons les choses et l'esprit les assimilera.
Sans évolution, il n'y a pas de possibilité de compréhension, et encore moins de
compréhension et de capacité d'assimilation.
Nous grandissons spirituellement par l'amour et la charité que nous pratiquons,
qui est aussi une forme d'amour, pas la plus avancée ; notre esprit s'élargit et se
restructure, grandissant en connaissance et en perception. C'est le mécanisme de
l'évolution. Peu à peu, consciemment ou inconsciemment, nous conquérons de nouvelles
structures mentales et même de nouveaux organes spirituels, comme l'homme de la
caverne qui se mit soudain à entendre la radio, où l'homme civilisé qui acquit un
microscope ou un télescope...
J'ai compris la nouvelle d'Aglon avec étonnement.

Le langage des Esprits de la Mer


Nous sommes entrés par la porte du bâtiment, qui ressemblait à la bouche d'une
baleine. Le matériau ressemblait à de la matière plastique ou à du verre transparent bleu-
vert. Un large couloir menait à l'arrière et on y voyait un grand mouvement d'esprits
semblables à des hommes, qui ressemblaient à des créatures de toutes les nationalités
présentes sur la surface de la terre. Aglon sourit :

22
- Ici, comme à la surface, les esprits conservent pendant un certain temps leur
physionomie et la langue qu'ils parlaient à la surface.
J'étais étonné.
- Comment ? - m'écriai-je.
- Ne t'étonne pas, mon ami, "la nature ne fait pas de bonds", n'est-ce pas ainsi que
l'on parle dans ton pays ?
- Oui, c'est ainsi que l'on parle dans votre pays.
- Ne t'étonne donc pas qu'ils utilisent encore le même langage... Ils reviendront
bientôt à la surface et se réincarneront pour continuer à évoluer là où ils se sont arrêtés.
Ils ne pourraient même pas changer de langue et il ne leur conviendrait pas d'oublier leur
langue habituelle pour en adopter une autre ici. Ce n'est que dans des cas particuliers que
les esprits changent de langue dans les plans de l'au-delà, au-dessus ou au-dessous de la
surface. Ce serait un grand inconvénient. Il faut qu'ils continuent à s'entraîner dans la
langue d'où ils viennent...
- Eh bien... - balbutiais-je, gêné - mais pourquoi n'utilisent-ils pas la télépathie ?
Je croyais que c'était le cas !
- Non, pas ici, comme dans la plupart des endroits situés post-mortem, non. Cela
mettrait l'Esprit lui-même dans l'embarras à l'avenir. Le langage n'est qu'un instrument de
communication, ici comme dans le monde. Seuls les Esprits les plus avancés, ou les
Esprits chargés d'une mission ou d'une tâche particulière, peuvent changer en retrouvant
la possibilité d'utiliser la télépathie. La plupart utilisent la langue de leur origine.
Ceux qui renaîtront dans des nations ayant d'autres langues effectuent
généralement une période de formation parmi les natifs d'autres langues.
Ils se préparent ainsi à renaître en parlant le français, l'anglais, l'italien, le chinois,
etc.
La conversation télépathique dans ces régions du monde n'est pas encore
habituelle. Elle devrait l'être, mais elle ne l'est pas. Une question tantôt d'évolution, tantôt
de nécessité.
Je vis qu'Aglon avait l'impression d'avoir beaucoup parlé. Je n'ai donc pas insisté.
Nous sommes arrivés dans une grande salle remplie d'esprits qui discutaient,
comme dans le salon d'un paquebot moderne... D'une manière générale, ils parlaient tous
comme s'ils étaient à la surface.
Certains portaient des uniformes d'officiers de marine. Moi, dans mon ignorance,
je restais étonné.
Aglon sourit à nouveau de façon énigmatique.

Esprits Officiers de Marine


L'un de ces officiers de Marine s'est bientôt approché de nous.
- Qui es-tu, mon frère ? - demanda Aglon. - Que cherches-tu ici ? J'ai tout de suite
trouvé étrange le langage cérémonieux dans lequel il s'exprimait.
- Nous souhaitons parler au grand Neptune. - répondit Aglon, faisant preuve d'un
respect qui me surprit.
- Je suis un officier de la marine des pays européens, mais je veillerai à ce que
l'ordre d'entrée arrive. Qui êtes-vous, mes frères ?

23
Je fus à nouveau surpris : il nous traitait à nouveau avec cérémonie, mais en
même temps il nous appelait familièrement frères.
- Nous sommes des messagers de la surface et nous sommes en mission pour la
Justice Divine. - précisa l'Esprit. L'officier, bien informé, s'en alla.
- Ici, guida Aglon, ils reçoivent des "gens" du monde entier et la plupart d'entre
eux jouissent d'une éducation terrestre, en général, ils sont instruits, puisque la plupart
d'entre eux sont des voyageurs, toujours les plus riches. Cet officier est originaire du pays
que vous appelez aujourd'hui, à la Surface ou sur Terre, la France....
Très vite, un autre officier est venu nous inviter à voir Neptune. Nous avons
commencé à monter un large escalier semblable à du marbre blanc, mais qui devrait être
immensément léger s'il était placé dans un navire, parce que pour moi, ce bâtiment
devrait être un navire.
- Non. - dit Aglon. - Il s'agit bien d'un bâtiment, modelé sur les eaux ou le fond de
la mer. Ne t'ai-je pas déjà dit que les Esprits, ici aussi, modèlent mentalement la pensée,
et que l'idée, ici comme là-bas, est une force et une puissance spirituelles.
Jésus n'a pas dit :
"- Je vous le dis en vérité, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous
diriez à cette montagne: Transporte-toi d'ici là, et elle se transporterait; rien ne vous serait
impossible."

Neptune Général, l’Administrateur de la Mer


Nous suivîmes l'officier et nous nous trouvâmes bientôt devant Neptune Général,
Administrateur de cette mer qui faisait partie des océans du monde.
Étrange personnage, il portait une sorte de casque brillant de couleur argentée et
sa physionomie ressemblait à celle d'un vicking. À côté de lui, comme un porte-drapeau,
énorme, posé sur le sol, un trident qui ressemblait au symbole des neptuniens. Deux
neptuniens plus petits, au visage serein comme celui du chef, se tenaient à côté de la
table, faite du même matériau transparent vert-bleu que tout ce qui se trouvait là, y
compris le bateau.
- Qui êtes-vous en réalité - demanda Neptune - et que voulez-vous ?
- Nous sommes des messagers de l'Agneau et nous sommes venus étudier vos
augustes domaines et faire un rapport avec le résultat de nos observations, qui sera
envoyé aux Seigneurs de la Grande Justice de l'Univers, après être passé par les différents
Départements Supérieurs de Justice d'EN-HAUT.
Neptune nous a longuement observés et a semblé satisfait, car il a dit ceci :
Grand et respectable messager - Et esquissa un sourire heureux - Nous n'avons
rien à opposer, sauf en ce qui concerne votre compagnon, que nous devons soumettre à
une rapide fouille par appareil, car à première vue il nous semble différent des messagers
du Haut.
Aglon acquiesça et expliqua :
- Par loyauté, Neptune, je veux dire qu'il vient de la Surface....
- Ah ! s'exclama Neptune, satisfait d'avoir identifié d'emblée notre infériorité.
- Malgré tout, monsieur, j'aimerais le soumettre à l'appareil... N'est-ce pas,
monsieur ?

24
- Bien, -dit Aglon- dans notre rapport, je mettrai l'accent pour les autorités
supérieures, sur le zèle et le dévouement de l'affaire.
Neptune sourit et le remercia d'un hochement de tête.
A son signal, les netunos de garde nous invitèrent à les accompagner. Aglon me
fit comprendre que je devais les accompagner et je suivis.
Je compris aussitôt que j'étais pris au piège.

Pris pour la recherche laboratoriale


Peu après, un des gardes est entré et m'a dit : " Votre supérieur m'a dit de vous
dire de ne pas vous inquiéter, que tout va bien et que vous devez attendre avec patience et
compréhension :
Quand le temps du recueillement sera terminé, vous reviendrez.
Je me suis senti plus calme et j'ai commencé à observer la cabine-laboratoire où je
me trouvais. C'était en fait une cabine presque ordinaire, avec des appareils que je ne
connaissais pas, mais je voyais bien que c'était un "appareillage" de médecin. J'ai
immédiatement remarqué beaucoup de sérénité dans l'environnement et soudain j'ai
commencé à entendre dans ma conscience et à travers mon esprit, la voix d'Aglon qui
parlait doucement :
- Mon fils, ta situation est celle d'un prisonnier. Nous pourrions te libérer de là
immédiatement, mais ce n'est pas pratique. Si nous te faisions sortir, nous perdrions
l'occasion d'apprendre ce dont tu as besoin. Neptune s'alarmerait. Avec de la patience et
de la compréhension, nous atteindrons nos objectifs.
L'aide d'Aglon, utilisant les facultés télépathiques qui étaient les siennes et mes
propres perceptions, bien qu'encore inférieures, me remonta le moral et m'apporta le
calme. Il entendit l'appareil et me demanda : Y a-t-il quelqu'un ici ?
Non, répondis-je.
Non... ? - Il a été surpris. - Nos appareils à l'intérieur ont identifié une voix
étrange !
Je n'en sais rien. - m'exclamai-je. - Je n'ai entendu personne. Bien, a-t-il dit. - Ce
n'est pas grave. De plus, ton séjour ici n'est que pro-formel. Et il repartit.

Secours d’Aglon
Nous sommes entrés dans une sorte de laboratoire, où j'ai été accueilli par un
officier de marine en uniforme. Il avait l'air de quelqu'un des temps modernes.
Les gardes lui ont communiqué l'ordre de Neptune et il s'est immédiatement mis
au travail.
Tout d'abord, sans poser de questions, il a placé sur ma tête un appareil relié par
des fils, semblable à celui qui se trouve à la surface et qui sert à mesurer les courants
cérébraux. Puis il a fait d'autres recherches, encore rudimentaires par rapport aux nôtres à
la surface. Il a semblé satisfait car il a appelé le gardien et lui a dit :
- Dites au chef que c'est un être ordinaire, rien d'extraordinaire, comme tous ceux
qui sont venus ici ! Il donna au garde un document à remettre au général de Neptune :
- Et dites-lui qu'il doit rester ici encore soixante-douze heures à partir de la surface
au cas où quelque chose de nouveau se produirait, afin d'éviter de futurs désagréments.

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Il dit cela et sortit par une autre porte. Je restai seul et inquiet.

Peu après, un des gardes est entré et m'a dit : " Votre supérieur m'a dit de vous
dire de ne pas vous inquiéter, que tout va bien et que vous devez attendre avec patience et
compréhension :
Quand le temps du recueillement sera terminé, vous reviendrez.
Je me suis senti plus calme et j'ai commencé à observer la cabine-laboratoire où je
me trouvais. C'était en fait une cabine presque ordinaire, avec des appareils que je ne
connaissais pas, mais je voyais bien que c'était un "appareillage" de médecin. J'ai
immédiatement remarqué beaucoup de sérénité dans l'environnement et soudain j'ai
commencé à entendre dans ma conscience et à travers mon esprit, la voix d'Aglon qui
parlait doucement :
- Mon fils, ta situation est celle d'un prisonnier. Nous pourrions te libérer de là
immédiatement, mais ce n'est pas pratique. Si nous te faisions sortir, nous perdrions
l'occasion d'apprendre ce dont tu as besoin. Neptune s'alarmerait. Avec de la patience et
de la compréhension, nous atteindrons nos objectifs.
L'aide d'Aglon, utilisant les facultés télépathiques qui étaient les siennes et mes
propres perceptions, bien qu'encore inférieures, me remonta le moral et m'apporta le
calme. Il entendit l'appareil et me demanda : Y a-t-il quelqu'un ici ?
Non, répondis-je.
Non... ? - Il a été surpris. - Nos appareils à l'intérieur ont identifié une voix
étrange !
Je n'en sais rien. - m'exclamai-je. - Je n'ai entendu personne. Bien, a-t-il dit. - Ce
n'est pas grave. De plus, ton séjour ici n'est que pro-formel. Et il repartit.

Nous sommes entrés dans une sorte de laboratoire, où j'ai été accueilli par un
officier de marine en uniforme. Il avait l'air de quelqu'un des temps modernes.
Les gardes lui ont communiqué l'ordre de Neptune et il s'est immédiatement mis
au travail.
Tout d'abord, sans poser de questions, il a placé sur ma tête un appareil relié par
des fils, semblable à celui qui se trouve à la surface et qui sert à mesurer les courants
cérébraux. Puis il a fait d'autres recherches, encore rudimentaires par rapport aux nôtres à
la surface. Il a semblé satisfait car il a appelé le gardien et lui a dit :
- Dites au chef que c'est un être ordinaire, rien d'extraordinaire, comme tous ceux
qui sont venus ici ! Il donna au garde un document à remettre au général de Neptune :
- Et dites-lui qu'il doit rester ici encore soixante-douze heures à partir de la surface
au cas où quelque chose de nouveau se produirait, afin d'éviter de futurs désagréments.
Il dit cela et sortit par une autre porte. Je restai seul et inquiet.

Étrange figure, presque un poisson


Le silence s'est installé dans la cabine. Une étrange sérénité m'envahit et je me
sentais, en fait, dans un autre monde. Se pourrait-il que les eaux contribuent à maintenir
la tranquillité dans l'environnement ? Je pense que oui. L'un des bienfaiteurs de notre
colonie, Nosso Lar, me l'avait déjà dit.

26
Les appareils existants avaient des tubes qui semblaient être en caoutchouc,
comme sur Terre, en surface, mais les appareils, à proprement parler et sans équivalent
là-haut, étaient faits d'un tout autre matériau. Ils n'étaient pas en plastique, mais
ressemblaient à du plastique. J'ai tout examiné avec les yeux, je n'ai pas mis les mains
dessus. Ils semblaient trop délicats.
J'étais absorbé par mes études lorsqu'une créature profondément étrange est entrée
! Les yeux obliques, elle ressemblait vraiment à un poisson. Je vis que ses pieds et ses
mains ressemblaient à ceux des canards, avec de larges nageoires reliées par une pellicule
transparente. Son visage pointu descendait de la pointe d'un triangle jusqu'au menton, le
bec fin . Il sourit et parla :
- Je suis le gardien du navire et je surveille tout ce qui se passe ici.... Mais tout de
suite, je vais préciser : bien que nous soyons des " enfants des Dragons " et que nous
obéissions à leurs lois qui, en réalité, viennent du " Très Haut ", nous ne sommes pas
méchants. Nous veillons seulement à la tranquillité des mers. L'eau a des vibrations
curatives qui donnent à chacun plus de paix et de tranquillité. Les Neptuniens forment
une race unie et aspirent à progresser et à s'améliorer. Dans cette guerre contre les fils de
l'Agneau, nous sommes avec les Dragons, c'est certain, mais en temps de paix, nous
servons les deux, en mer et à notre manière...
J'ai été surpris parce que, par le langage de cet esprit, j'ai tout de suite vu que, bien
qu'il ait déclaré n'être qu'un "gardien de navire", il montrait qu'il avait des connaissances
et qu'il savait de quoi il parlait.
- Comment cela se fait-il ? - demandai-je. - Vous n'êtes donc pas mauvais ?
- Non, en général, nous commençons déjà à grimper. La plupart d'entre nous
acceptent déjà que Là-Haut, il y a des êtres plus avancés que nous. Le fond de la mer est
un stade de tranquillité et de faible possibilité d'évolution... Puis, de manière inexplicable,
Neptune et Aglon sont apparus dans l'environnement, et j'ai remarqué que leur relation
était cordiale.

Créatures hibernantes ressemblant à des poissons


- Nous avons entendu votre conversation dans le hall. - dit Neptune...
C'est alors que j'ai remarqué que le Neptune Général avait lui aussi les yeux
bridés et ressemblait aux yeux d'un poisson. Aglon n'a rien dit. Il était silencieux et
sérieux.
Ici, ce n'est pas exactement un vaisseau - expliqua-t-il ; et je me rendis compte
qu'il corrigeait délicatement le " gardien ". "C'est le bâtiment de l'administration, construit
il y a quelques siècles par des esprits liés à la mer. Il a tout d'un navire échoué au fond de
la mer, mais ce n'est pas tout à fait un navire. Nous en avons des semblables, en plus
petit, éparpillés sur les mers du monde. Nous sommes encore gouvernés par la justice des
Dragons, mais nous nous en libérons déjà, car beaucoup d'enfants de l'Agneau se noient
dans la mer. Au début, les Esprits anciens la gardaient comme une prison. Les êtres
actuels qui habitent ces régions ne sont pas aussi féroces que ceux qui habitent la Terre,
ni que les créatures qui se noient dans les eaux...
- Ceux qui perdent leur corps physique dans les rivières ou dans les lacs - ajouta
Aglon - obéissent aux mêmes lois...

27
- Nous ne sommes pas si mauvais - continua Neptune - et nous essayons de
rétablir l'équilibre des âmes qui viennent ici, par des procédés psychologiques
modernes...
Ces précisions m'ont surpris.
Bientôt Neptune nous invita à nous rendre dans une autre pièce, une salle énorme,
semblant être une salle de sciences naturelles, où il y avait une infinité de créatures
semblables à des poissons, mais immobilisées comme des pièces dans un musée.
- Sont-elles mortes ? - demandai-je craintivement.
- Non. - précisa Neptune. - Elles sont immobilisées dans le temps et garées dans
l'espace. C'est alors qu'Aglon compléta la clarification :
- Elles sont comme hibernées ; leur apparence est mobile, elles se déplacent. Elles
pensent, se souviennent et raisonnent.
Alors, très étonné, montrant qu'il n'avait aucune connaissance du sujet, Neptune
interrogea Aglon, avec une profonde humilité.
- Monsieur, je suis ici depuis des siècles et je n'ai jamais su cela !
- Mon fils, - lui dit le Grand Esprit avec générosité et affection. - C'est l'une des
différences entre les fils de l'Agneau et les fils du Dragon.
Et, indifférent à l'esprit de Neptune, il posa sa main droite sur le front de l'être en
forme de poisson qui était le plus proche de lui et immédiatement, comme s'il s'agissait
d'un écran vidéo, apparurent les scènes d'un vieux brick, plein d'hommes en chemises
rayées qui se battaient avec beaucoup d'autres en habits de nobles seigneurs, qui avaient
été envahis par des pirates de l'ancienne piraterie d'un pays lointain.
Sur le pont, un homme étrange se battait, tuait et donnait des ordres, comme un
véritable démon.
Aglon ajouta :
- C'est lui. - Et il le montra du doigt. Neptune ne peut cacher sa surprise et son
admiration :
- Comment, Seigneur, comment obtenez-vous cela ? J'aimerais aussi avoir cette
faculté. Aglon lui répondit avec modestie et humilité :
- Cela ne peut s'obtenir que par la prière et le jeûne comme l'enseigne l'Agneau, ce
qui signifie à l'époque moderne : avec l'évolution, quelque chose qui est dans les
possibilités de tout être.... Il suffit de changer l'aiguille de la boussole du destin et de
chercher une autre direction. La direction d'En Haut.
- Et comment faire ? - demande encore Neptune.
- Cherchez le Royaume de Dieu et sa Justice, et tout vous sera donné ! dit le
Seigneur.

Esprits en forme de poisson


J'ai tout de suite compris que Neptune n'avait pas très bien pris les paroles de
l'Agneau, craignant peut-être qu'un émissaire des Dragons ne l'écoute et ne le mette dans
l'embarras à l'avenir... C'est peut-être pour cela qu'il a dit ensuite :
- Respectable Monsieur, bien que nous respections votre présence et la mission
dont vous êtes investi, nous n'aimons pas entendre les paroles de notre ennemi millénaire
prononcées en guise d'enseignement dans ces lieux.
Puis il s'éloigna et s'approcha d'un grand cétacé qui dormait là lui aussi.

28
Et celui-ci, que voit-il dans son rêve ?
Neptune avait pris plaisir à regarder ces scènes et voulait revoir le fonctionnement
de la vidéo.
Aglon n'hésita pas et posa sa main puissante sur le front du cétacé, qui s'illumina
bientôt et de nouvelles scènes de mer apparurent.
Il s'agissait maintenant de scènes d'une offensive de l'être lui-même sous la forme
d'un énorme poisson qui s'attaquait à un navire pour le détruire. De nombreuses
personnes se trouvaient à bord et tentaient de se sauver. Elles couraient d'un bord à l'autre
et certaines s'enfuyaient dans de petites embarcations.
Neptune montra qu'il connaissait la scène, car il a dit :
- Je me souviens bien de cette scène, j'y étais ! C'est lorsqu'il a été endormi de
force par nos techniciens, car sa férocité causait des troubles dans les mers!
- Mais il avait la forme d'un poisson à l'époque ? répondit Neptune :
-Il l'est toujours. Il s'est endormi férocement et s'il se réveille maintenant, il
retrouvera sa férocité d'antan !
- Et pourquoi ces êtres aquatiques, bien que des esprits, gardent-ils la forme de
poissons ais-je un peu bégayé.
Il semble que la question ait surpris Neptune, car il afficha une physionomie
d'étonnement et d'admiration. Mais Aglon vint à son secours, car il dit :
- Comme nous le savons tous, à partir d'un certain moment de l'évolution de l'être
sur le chemin de la forme humaine, l'évolution, qui remonte déjà à loin, commence dans
la mer ou dans les eaux.... Vous avez entendu parler de l'amibe qui s'est transformée
jusqu'à atteindre la forme humaine. Kardec, par exemple, guidé par les Sages d'En-Haut,
a fait ses études en vue de l'instruction de l'humanité, préférant étudier les Esprits et leur
communication à partir de la forme humaine ou du règne animal. Mais c'est d'ici que l'on
part, à travers la forme physique, à la conquête du vaisseau de la forme humaine. C'est
pourquoi beaucoup d'êtres, comme celui-ci, se placent sous la forme de poissons et dans
le monde aquatique, où ils restent longtemps. Nous n'avons pas ici la dégradation de la
forme, au contraire, nous avons ici la forme qui va en évoluant dans ce que l'on pourrait
appeler, pour la compréhension, une évolution ascendante, dans laquelle l'être va
conquérir des formes de plus en plus perfectionnées, plus belles et dotées d'appareils
capables d'abriter des facultés plus parfaites, plus élevées, dans des conditions permettant
de plus grandes perceptions du Royaume de Dieu et de l'Univers !
Aglon s'illuminait au milieu de l'océan et je vis qu'il lui était arrivé quelque chose
de fantastique, mais ensuite, comme s'il avait perçu ma pensée, il s'éteignit et tout
redevint silencieux.

Dettes envers la Mer


Nous avons fait le tour du navire, qui était en réalité le siège central des royaumes
de Neptune. J'ai remarqué qu'à côté des bâtiments, il y avait d'énormes algues qui se
projettaient vers le haut, comme de gigantesques palmiers impériaux, ainsi que des
plantes plus petites, de couleur rougeâtre. Les algues étaient d'un vert foncé. Aglon m'a
bientôt invité à sortir et nous sommes partis.
C'est alors qu'Aglon m'a raconté que Neptune avait insisté pour me garder
prisonnier là-bas pendant quelques siècles, sous le prétexte très juste que, d'après les

29
examens de son laboratoire, je m'étais avéré être un type inférieur en ce qui concerne les
dettes envers la mer. D'après leurs archives millénaires, j'avais, dans le passé, pratiqué
des actes de piraterie au sein de bandes de pirates qui ravageaient les mers. En tant que
chef pirate, j'avais causé la mort de nombreuses personnes, en plus de m'approprier des
pierres précieuses et des richesses appartenant à d'autres nations, vers le sixième siècle,
selon la croûte de la Surface.
Étonné, je demandai à Aglon comment cela était possible, si nous avions pénétré
la mer dans les temps anciens.
L'Esprit, serein, me répondit :
- Mon fils, à la vitesse des vibrations de la pensée, nous sommes venus d'un
certain passé au présent. Nous naviguons en effet vibratoirement dans les mémoires de la
mer.
Quand j'ai parlé de Kardec, j'ai parlé conformément à ce qui est inséré dans
l'introduction de "L'Evangile selon le Spiritisme".
Selon le Spiritisme", qui se lit comme suit :
- « En cela il n'est rien qui doive surprendre, si l'on considère que les grandes
vérités sont éternelles, et que les Esprits avancés ont dû les connaître avant. »
 Après cela, je n'ai rien dit de plus. Et nous avons continué.

L'infini mesure l'éternité


Le silence qui tomba sur nous fut rapide, car Aglon reprit la parole :
- Ne t'étonne pas, mon fils, les Esprits qui ont atteint mon âge spirituel lisent
quelquefois, par la bonté de Dieu, dans les mémoires du Temps, en avant et en arrière,
c'est-à-dire dans le passé et dans l'avenir, sans perdre de vue que le temps, tel que les
hommes le conçoivent, n'existe pas en réalité. Ce n'est qu'une question de mesure
terrestre, raison pour laquelle l'homme ne peut pas encore mesurer ou comprendre
l'éternité qui, selon les Grands Esprits de l'Univers, ceux que les hommes appellent les
Anges, pour comprendre la hiérarchie, peut être mesurée par l'Infini, c'est-à-dire que
"seul l'Infini mesure l'éternité". En effet, "Infini et Eternité" se ressemblent et se
mesurent. Le temps pour les hommes sur Terre ne serait aujourd'hui et ne sera dans le
futur que des parcelles capables d'être conçues par l'esprit humain encore dans un état
d'évolution très rudimentaire.
Aglon ne dit plus rien non plus.
De grands poissons passaient devant nous ; je voyais que je n'avais presque rien
compris à ce que l'Esprit avait dit et je me tenais au centre de ce maelström de courants
vibratoires colorés en pensant : "Tous ces esprits de grands poissons étaient-ils
emprisonnés en eux-mêmes, parqués dans les mémoires intégrales de leurs vies
antérieures ?"
C'est alors qu'Aglon, souriant, m'a pris dans ses bras et m'a dit :
- Non, mon fils, tous ne sont pas dans cet état. La plupart vivent maintenant dans
une paix relative du présent qui leur est propre, comme les poissons eux-mêmes !

30
L'égoïsme - Maladie de l'âme
La discussion sur le temps et sa mesure m’avaient inquiété. Aglon avait réglé la
question si facilement ! Tout semblait si simple ! Et pourquoi les philosophes de tous les
temps, à la Surface, ont-ils créé tant de complications pour la compréhension ?
Nous avions quitté la zone d'attraction de Neptune et, conformément à la décision
d'Aglon, nous traversions la mer. Ici et là, nous trouvions des créatures immobilisées,
comme mortes, flottant au milieu des eaux. Beaucoup étaient blanches, blanches comme
du marbre blanc. En réalité, elles ressemblaient à du marbre, à des statues sans vie...
- Des êtres humains ou des esprits ? - demandai-je. - Des esprits. - répondit Aglon.
Devant mon étonnement, peut-être, il ajouta
- Je vais te conduire à la grotte de ceux qui dorment, si tu veux donner une
dénomination à l'endroit où nous allons. Je sentis que nous descendions et que
commençait à apparaître une obscurité que je n'avais jamais vue auparavant. Il me
semblait que la phosphorescence des eaux avait diminué. Peu de poissons passaient à côté
de nous et une végétation différente flottait, de couleur sombre, avec de grandes feuilles
découpées, semblables à ce que l'on appelle la côte d'Adam à la surface.
Soudain, une silhouette étrange et bizarre est apparue, comme tout est étrange et
bizarre au fond de la mer. La région était jonchée de rochers comme je n'en avais jamais
vus. Des roches spongieuses, d'un vert sombre, parmi des myriades de particules d'une
matière égale à l'or, qui émettaient des rayons dorés. Comme elles étaient minuscules, la
luminosité était faible, mais elles ressemblaient tout de même à des roches aurifères et
jetaient une certaine luminosité dans l'environnement.
- Est-ce de l'or ? - demandai-je.
- Oui, répondit Aglon. - La mer est pleine d'or. Pas seulement de l'or, mais aussi
des pierres précieuses, d'une qualité que les hommes ne connaissent pas encore. Quand ils
le sauront, ils se battront pour elles et il y aura une guerre en mer. Timidement, j'ai
demandé :
- Et pourquoi cela ?
- Par égoïsme. L'homme qui est encore dans le domaine de l'assimilation, de la
même manière que les animaux carnivores se disputent la viande, se dispute aussi les
biens de la terre. Ce n'est qu'un instinct de survie qu'à la surface on appelle égoïsme.
- Mais... L'égoïsme n'est-il pas un péché ?
- C'est une phase de la nature qui doit être surmontée. C'est un fait naturel dont le
dépassement doit être provoqué par l'esprit. Les grands Êtres de l'Univers ont toujours
alerté les hommes, en utilisant une technique d'éducation, dans le langage que les
hommes pouvaient comprendre. Ils ont préféré, d'une certaine manière, parler des dangers
auxquels conduit l'égoïsme, en effrayant presque les hommes de manière véhémente et
dure, parce que les créatures sont encore des êtres enfantins, incapables de comprendre
les douces leçons de l'Esprit.
Surpris, je contemplais le grand Esprit ! Face à cela, Aglon ajouta :
- Tout est loi, mon fils ! N'y a-t-il pas un temps dans le monde pour la rougeole, la
coqueluche et d'autres maladies qui apparaissent dans l'enfance et parfois même à
l'adolescence ? Dans le Royaume de l'Esprit, que l'on soit incarné ou désincarné, les
maladies de l'âme commencent à apparaître. L'égoïsme est l'une d'entre elles, et s'il n'est
pas combattu par l'homme lui-même, il se poursuit jusqu'à la vieillesse et affectera encore
les autres, jusqu'à ce que, dans cette lutte de dépassement spirituel, la créature tombe sous

31
la domination d'une autre loi de Dieu, plus bénigne et supérieure. Les êtres, mon fils,
vivent toujours sous l'empire des lois. Dieu ne récompense ni ne punit, il livre les êtres
aux lois qu'il a créées.

Découvrir et redécouvrir
La vitesse de descente commença à augmenter et bientôt nous atteignîmes une
sorte de tunnel sombre, qui débouchait sur une clairière, ou une large et énorme place,
créée de pierres très blanches et pointues qui couvraient le sol depuis le fond de la mer.
Partout il y avait des êtres statufiés, ou apparemment transformés en statues de marbre,
comme la femme de Lot apparemment transformée en statue de sel. Sous l'effet d'une
impulsion impérieuse, je suggérai :
- Maître, ne serait-ce pas l'énergie atomique qui se déchaîne ? Aglon sourit et dit :
- C'est possible, mon fils, pour Dieu rien n'est impossible, même si l'on pense que
l'énergie atomique n'a été découverte que maintenant. De nombreuses civilisations sont
nées, ont vécu et ont disparu avec leurs connaissances millénaires, mais l'homme
continue à les découvrir et à les redécouvrir, jusqu'à ce qu'il se transforme moralement et
spirituellement pour le Bien. Nous sommes en marche dans le véhicule de l'Infini, à
travers l'Eternité, et nous allons à la rencontre de Dieu.

Sommeil réparateur
La pensée d'Aglon m'avait transporté à travers l'Infini, et je recommençais à
ressentir la grandeur d'Aglon, la petitesse et l'ignorance de l'homme, et l'immensité des
mystères de l'Univers. Ce serait à nous, esprits et hommes, de les découvrir et de les
redécouvrir ! Aglon sourit et dit :
"Je suis content de voir que tu apprends vite !
C'est alors qu'un gentil jeune homme avec l'expression et les yeux bridés des
Neptunes, nous a reçus et favorablement, en disant ;
— J'ai déjà reçu une communication du quartier général, vous pouvez entrer.
Suivez-moi,
Nous le saluâmes courtoisement et entrâmes, A l'intérieur tout brillait, Des
milliers de créatures dormaient sous la forme de marbre,
- Elles sont mortes ? — ais-je demandé à Neptune,
- Non, me répondit-il.
— Elles dorment ici du sommeil de l'innocence, ou du péché, cependant, du
sommeil réparateur, qui leur donnera dans l'avenir la tranquillité et la paix pour continuer.

Des êtres comme des statues de marbre


Nous continuames à visiter la grotte. Dans une sorte de carré, ou d'immense salle,
nous trouvames le plus grand nombre de créatures sous forme de statues. Des poissons y
circulaient.
- Depuis combien de temps sont-ils là ?
- L'heure ne peut pas être précise. - dit Holopherne...

32
- Eh bien, - dit Aglon. - le temps, tel qu'il est compris sur Terre, ne compte pas ici.
Ils ne vivent que dans une sorte de rêve dont ils se réveilleront brusquement un jour, sans
savoir ce qui s'est passé, mais ils reviendront lentement à la conscience. Cela ne diffère
guère du sommeil réparateur dont on parle sur Terre. Ici, il y a plus de tranquillité et de
paix. Leur sommeil n'est pas agité et ils jouissent d'un calme relatif.
Je regardai ces créatures et vis qu'elles n'avaient aucune différence avec le marbre,
mais d'une blancheur diaphane ; la phosphorescence des eaux, cependant, leur donnait un
aspect étrange. En fait, nous tous, en ce lieu, avions l'apparence de fantômes illuminés par
les eaux multicolores. Holopherne exhibait maintenant une sorte de lanterne qui éclairait
de plus près les niches où reposaient les êtres presque momifiés.

Lutte entre Pirates


Soudain, nous entendimes des cris au-dessus de l'eau, avec la rumeur d'un combat
à armes froides se croisant. Holopherne nous regarda en détresse, les yeux étonnés, la
physionomie étrange, et il dit :
- Est-ce qu'ils se battent là-haut ?
- Se battent-ils ? Qui se bat ? - demandai-je, également effrayé.
- Je ne sais pas, dit-il, mais je sais que c'est un combat ! Aglon nous invita à
l'accompagner et nous grimpâmes vertigineusement, par la force de la pensée.
A la surface de l'eau, nous apercevons un bateau immobile et des dizaines
d'hommes habillés à la mode du temps de la piraterie. Un bateau ancien.
- Les pirates : des esprits ou des hommes ? - ais-je voulu savoir et Aglon m'a
répondu :
- Des esprits.
- Tous des esprits ?
- Tous des esprits. Des deux côtés. Ils ne savent pas que leurs corps sont morts et
ils se battent !
- Comme s'ils étaient des hommes !
- Comme s'ils étaient des hommes.
- Et ils meurent ?
- Ils semblent mourir. Ils sentent les coups d'épée et les tirs des bacamartes, ils
subissent les impacts des armes à feu.
- Quelle absurdité ! - m'exclamai-je avec étonnement.
- C'est ça, mon fils ! - précisa Aglon. - Sur terre, sur mer et dans les airs, les
sensations sont similaires ! Sur terre, n'as-tu pas entendu parler de l'impression des
amputés ? Amputé, l'opéré continuera à ressentir dans le bras ou la jambe qu'il a perdu, la
même sensation que s'il avait un corps de chair vivant. C'est ce qui se passe dans les
hôpitaux et les services d'urgence de la planète, comme le prouve la science. Ce n'est
donc pas nouveau si vous le ressentez ici aussi.
Je regardais avec admiration le sage Aglon et la lutte qui se poursuivait.

Transformation intime
Extatique, je contemplais le spectacle.
Le combat était aussi ardent que s'ils étaient à la surface.

33
- Eh bien, - remarqua Aglon. - N'avez-vous pas entendu dire à la surface qu'il
existe un combat permanent entre le bien et le mal ? Krishna en a parlé et les Babyloniens
le savaient déjà. Et vous n'avez pas vu depuis tout ce temps que vous étiez dans un corps,
spirituel ou astral, mais bon ! Et n'avez-vous pas senti que vous aviez les mêmes
impressions qu'ici sur terre ? Très peu de choses ont vraiment changé. Vous avez
seulement changé d'environnement. Tant que la créature ne se change pas, intimement, ne
se transforme pas, rien ne change. Elle change seulement de place dans l'espace et perd
de la densité et un certain type de poids.
Le fait le plus important qui existe dans la vie de l'Esprit est la transformation
intérieure. Sans elle, nous resterons de simples pèlerins, des voyageurs dans l'espace ou
depuis l'espace. Nous resterons indéfiniment en train de créer des situations pour nous-
mêmes et stationnaires dans le temps.
Nous n'allons nulle part, nous restons là où nous sommes. L'esprit reste paralysé
et ne vibre pas sur un terrain plus élevé que celui où il se trouve. En réalité, "pour
l'instant, évoluer, c'est se transformer pour le meilleur...". Aglon s'arrêta de parler et je
m'aventurai ;
- Pourquoi dites-vous "pour l'instant" ?
L'Esprit me regarda, plein de miséricorde, et me donna des éclaircissements :
- Parce qu'au fur et à mesure que nous nous rapprochons vibratoirement de Dieu,
la vibration de l'esprit s'intensifie et les transformations diminuent, lorsque les
transformations seront presque nulles et que la vibration de l'esprit atteindra une intensité
infinie, alors nous serons éternels.
Les paroles du grand Esprit atteignirent mon cœur et je sentis que je pénétrais
dans l'univers spirituel d'Aglon sous une tempête émotionnelle de vibrations
indescriptibles !

Désir de tuer
Le combat sur le navire est toujours aussi intense. Les armes s'entrechoquaient
dans un bruit terrible et la bataille reprenait de plus belle. Aglon en tête, nous traversions
le milieu de ces créatures qui se battaient comme si elles avaient encore un corps charnel.
Leurs visages féroces exprimaient le désir de tuer. Des deux côtés, les capitaines criaient
et donnaient des ordres de guerre, mais personne ne nous remarquait. Aglon murmura :
- Comme tu le sais, dans le monde spirituel, les moins éclairés ne voient pas les
plus éclairés. Je compris la subtilité d'Aglon. En fait, il voulait dire que les moins évolués
ne voient pas les plus évolués, sauf si ces derniers le souhaitent et se mettent en condition
d'être vus. Et ils ne perçoivent ni n'entendent même ce qu'ils disent. Je ne me considérais
pas comme plus évolué, mais j'admettais que les autres membres de l'équipe d'Aglon
l'étaient. A l'exception, bien sûr, d'Holopherne.
Il semble que ce dernier ait compris ma pensée, car il me dit directement :
- Bientôt ils seront tous dans les prisons de la mer !....
- Ils cherchaient, naturellement, ce combat qui devait provoquer le naufrage du
navire et la mort effective de tous.
- Oui, la mort des corps. Ils le paieront. Aglon acquiesça. Et je me suis interrogé.

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Rêves
Je ne méditai qu'un instant, car nous quittâmes bientôt l'endroit infesté de
créatures qui gisaient comme "mortes".
- C'est étrange. - commentai-je à l'intention d'Aglon.
- Tu te poses la question, mon fils ? Eh bien, ne se passe-t-il pas la même chose à
la surface que dans les rêves ? Le rêve semble au rêveur une réalité... Et tout se passe
comme si c'était réel, alors que cela ne se passe plusieurs fois que dans l'esprit du rêveur.
Pour lui, c'est réel, cela se passe vraiment jusqu'à ce qu'il se réveille et voie que ce n'était
qu'un rêve ?
J'ai compris ce que le Grand Esprit voulait dire. Aglon sourit gentiment.
- Mais... -Pourquoi a-t-il dit plusieurs fois ?
- Parce qu'il y a différentes sortes de rêves, par exemple : le rêve peut être le
produit de ce qui s'est passé pendant la journée, ou les jours précédents, ou quelque chose
qui nous a impressionné davantage. Le rêve peut être des choses que l'esprit voit ou
ressent en contact avec l'extérieur du véhicule ou du corps, en contact avec d'autres
esprits, et il peut aussi s'agir de faits relatifs à une incarnation antérieure. Le rêve n'est pas
toujours le résultat d'une élaboration de l'esprit, ni même d'une confusion mentale.
Je regardais Aglon de plus en plus émerveillé par sa sagesse. Et je lui souris.

Freud et Einsteín
Nous entendions encore le craquement des coups de bacamarte et le choc des
épées et des armes froides. Nous écoutions parce que, aussi, pour comprendre, selon
Aglon, il fallait se mettre à l'unisson des vibrations de l'environnement dans lequel ces
esprits vivaient ou se trouvaient, et en consonance, donc, avec les armes qu'ils
possédaient.
- Et Freud ? - me dis-je.
- Freud ? - dit l'Esprit, en "entendant" naturellement ma pensée. Parce que, d'après
ce que j'avais appris, les esprits entendent ce que l'on pense, ils ne se contentent pas de
lire les pensées.
- Freud - poursuit Aglon - étudiait les rêves pour résoudre les problèmes des
infirmités humaines, surtout nerveuses. Il n'a donc pas compris beaucoup de choses qu'il
aurait pu comprendre, et en particulier la réincarnation. S'il avait compris et accepté la
réincarnation, il aurait résolu quatre-vingt-dix pour cent des problèmes qu'il étudiait. Pour
autant que je sache, jusqu'à très récemment, il n'avait pas encore accepté la spiritualité en
tant qu'esprit, mais il était déjà enclin à étudier le sujet... Je ne sais pas s'il a terminé ses
études commencées en 1966 sur la réincarnation. (3) Sans l'institut de la réincarnation, il
ne pouvait pas comprendre la plupart des questions, bien qu'il soit une intelligence
respectable parmi nous.
- Et Einstein ? - demandai-je avec anxiété.

(3) Note du médium : Le passage fait référence à une étude que FREUD en tant
qu'esprit aurait commencée en 1966.

- Einstein est un génie dans le monde et Freud aussi. Seulement Freud ne se


préoccupe pas encore de Dieu, alors qu'Einstein aime Dieu. C'est pourquoi il est plus

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génial que l'autre. Cependant, nous les respectons tous les deux en tant que grandes
figures de l'humanité sur Terre. Mais nous ne les aimons pas comme des saints. Ce sont
des frères pour lesquels nous prions pour l'amour de Dieu et la sainteté.

Hipnotisme Collectif
La lutte continuait toujours aussi intense. Les pirates tombés ici et là semblaient
morts. C'est une chose étrange ! Aglon sourit :
- Mon fils, comme toujours, tu restes incrédule ! Je t'ai déjà dit que ces créatures
se sont hypnotisées elles-mêmes. C'est une sorte de choc mental.
- Les hommes de la surface ne se fixent-ils pas eux aussi sur une seule chose ? Sur
un seul motif et y restent-ils longtemps ? S'ils sont conditionnés, ils peuvent même tuer,
dans un état d'inconscience apparente ? Qu'en est-il des somnambules ? Ne se promènent-
ils pas la nuit et ne rendent-ils pas des services dont ils ne sauront rien à leur réveil ? Et
bien... Mais voilà, il y a bien des créatures... l'hypnotisme collectif ?
- On peut le classer ainsi, si l'on veut.
Ce serait un hypnotisme collectif provoqué par un groupe d'esprits qui restent
figés dans une lutte ancienne et lointaine dont ils ne se sont pas encore libérés.
Moi, encore émerveillé, j'écoutais Aglon, lorsqu'un énorme cri de victoire éclata
dans tout le navire !
- Hourra ! Hourra ! -- crièrent les pirates aux bandes bleues et blanches, tandis que
l'autre faction rouge était à terre, et leur capitaine enchaîné et prisonnier.
Le capitaine vainqueur, habillé à la manière anglaise de l'époque, donnait de
nouveaux ordres : jeter certains, pour lui, morts à la mer et en arrêter d'autres, ou
ramasser les blessés.
- Mais... - demandai-je. - Et cette scène, s'arrêterait-elle ici ?
- Non, elle se répète en général indéfiniment, jusqu'à ce qu'ils commencent à se
réveiller.
- Tous ?
- Non, petit à petit, un, deux, trois ou plus à la fois. Puis les scènes de réveil se
succéderont, ce qui peut être pour diverses raisons : intercession de la famille de chacun ;
ou en plus grand nombre par des intercesseurs de l'Administration Générale, vu que les
événements d'une même époque, le réveil, auront lieu presque en même temps ou dans la
même période.
Aglon rit à haute voix et expliqua :
- Pour que tu comprennes, parce que le sujet est vraiment difficile et complexe.
Imagine des poussins dans une couveuse électrique, ou même des œufs sous la poule : en
peu de temps, ils commencent presque tous à sortir de leur coquille. C'est là que j'ai
compris. Et Aglon s'est mis à rire.
- Mon fils, la nature est la même partout.
L'Esprit s'éloigna et moi aussi je me suis mis à rire de ma naïveté !

Veiller sur Soi-Même


J'étais encore sous l'impact de l'illumination du Grand Esprit. La scène fantastique
de ces créatures somnambules vivant seules des événements révolus m'a fait penser à

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l'éternité de l'enfer créée, ou inventée, par certaines religions ! Qu'est-ce que c'était pour
ces esprits ?
Tant qu'ils ne se réveillaient pas, ils n'étaient rien, mais lorsqu'ils commençaient à
se rendre compte qu'ils vivaient dans un passé apparemment disparu, ils devaient souffrir
intensément. Cependant, si nous sommes éternels, ce que nous appelons le temps ici et là,
sur la croûte terrestre, dans l'espace ou au fond de la mer, n'a pas d'importance. La
permanence du non-être deviendrait également indifférente pour ceux qui vivraient dans
l'inconscience.
Ces pensées dominaient ma maison mentale quelque peu agitée, ou pleine de
malaise, pour mon incapacité à résoudre quoi que ce soit, quand Aglon me toucha
l'épaule et dit :
- Mon ami, le monde spirituel peut éterniser le mal ou le bien, cela dépend de
chacun. Car se surveiller toute la journée, en permanence, est une nécessité. Être
stationné dans le temps et le mal, ou dans le temps et le bien, comme on veut ; être
esclave ou maître, aussi, cela dépend de chacun. La vie nous donne du mouvement et de
l'énergie, mais la décision de vivre de telle ou telle manière est une décision personnelle
et incessible.
Personne ne vivra pour nous, nous prenons la direction qui nous conduira à la
disgrâce ou à la gloire, c'est le droit que les forces qui gouvernent l'univers nous
accordent. Le Seigneur nous montre le chemin, mais comme le disait un vieil ami
spirituel, "chacun vit pour soi".
Aglon s'éloigna encore un peu et je restai là, pensif.
-Ici aussi. Partout dans l'univers, il y a une intelligence supérieure et une
intelligence inférieure, le bien et le mal ; une intelligence qui grandit et une intelligence
qui se fane et meurt, ou qui stagne ; une intelligence qui s'élève et une intelligence qui
tombe. À mesure qu'elle s'élève, elle acquiert des formes de plus en plus belles, et à
mesure qu'elle tombe, elle s'assimile à des formes de plus en plus laides, voire
monstrueuses et mauvaises. L'intelligence se manifeste dans l'Univers selon la direction
que nous lui donnons. Le véhicule, ou le corps, qu'il soit physique, terrestre, aérien ou
aquatique, possédera toujours ce véhicule conformément au Bien et au Mal qu'il porte en
lui et à l'intelligence qui s'est élevée ou qui est tombée en lui. Tu comprends ? J'étais
absorbé, ne sachant toujours pas comment penser.

Monstres spirituels. Croissance déséquilibrée


J'étais encore en extase lorsqu'un étrange poisson est passé à côté de nous. Il avait
des ailes et volait, mais il était de très grande taille. En fait, il avait la taille d'un homme.
Holopherne, qui s'approcha, dit aussitôt :
- Ce sont des êtres étranges, ils raisonnent, pensent et parlent, mais ils ne sont pas
agressifs. Je regardai étonné et de loin je vis que les ailes étaient faites de membranes,
nues. Peu après, d'autres comme eux sont passés. C'est alors qu'Aglon s'est approché et a
précisé :
- Mon fils, nous sommes encore dans une bonne zone, mais nous approchons déjà
de régions où il y a aussi des monstres marins...
- Des monstres ? Sont-ils des esprits ?
- Oui, des monstres qui sont des esprits.

37
- Oui, des monstres comme ceux de l'ABISME mais des monstres spirituels.
- Mais ici aussi ?
Nous nous sommes éloignés du lieu du combat. Les pirates portaient encore des
armes et essayaient, dans leur inconscience, de se détruire. Ils étaient dans le monde de
leurs rêves sans fin. Moi, je m'étais arrêté, la pensée fixée et dilatée sur les formes
aquatiques de ces monstres que je commençais à connaître.
- Partout - précisa Aglon. - la forme extérieure suit la pensée intérieure, c'est-à-
dire la force vitale qui dirige l'être dans sa croissance harmonieuse, ou dans sa
dégradation, ou dans sa croissance désordonnée, conséquence de sa désorganisation
aveugle. C'est-à-dire qu'il peut s'agir d'une croissance déséquilibrée. Tu comprends ?
Je dist non. Je n'ai vraiment pas compris !
- Patience, mon fils, avec le temps tu comprendras ; allons-y lentement, petit à
petit. Connaître est aussi un long voyage ! Soudain, à l'improviste, tu comprends et tu
assimiles. Parfois, il suffit d'un instant, parfois il faut un millénaire. Mais Dieu te donnera
du temps et de la patience.
Et Aglon sourit.

Sur un beau Transatlantique


Aglon prit une autre direction et les pirates combattants restèrent en arrière. Nous
glissames dans l'obscurité de la mer. D'énormes vagues clapotantes passaient à côté de
nous ou nous à côté d'elles. Nous vîmes d'autres navires. Certains anciens, d'autres
modernes. Un transatlantique très moderne avait un beau salon, où des centaines de
couples dansaient le boléro à la lumière du jour et d'autres nageaient dans une piscine.
- Que des esprits désincarnés ?
- Non, répondit Aglon. - Des gens de la surface qui ne sont pas encore morts. Ils
se promènent dans le monde, sur le navire de croisière. Mais il y a parmi eux des esprits
désincarnés qui dansent avec eux.
Aglon m'en montra quelques-uns. Il n'y avait pas de différence avec les autres.
- Savent-ils qu'ils sont désincarnés ?
- Non, ils ne le savent pas non plus. Ils vivent encore dans le monde de
l'inconscient.
- Et ressentent-ils l'amour ?
- Oui, ils ressentent l'amour de la chair et les émotions des instincts.
Je me suis approchée des couples que l'Esprit m'avait indiqués et j'ai vu que leur
cœur émettait des vibrations d'un ton rouge, comme les régions sexuelles.
- Chez eux aussi, le sexe prédomine encore.
- Et ont-ils des désirs ?
Les mêmes que les créatures de la surface. En fait, ils sont encore de la surface.
Ils sont jaloux, ils ressentent la douleur, la colère et la haine...
J'étais impressionné.
- Et ils ont des relations sexuelles ?
- Comme dans les rêves, oui. Ils font l'amour et se sentent comme s'ils vivaient
dans la chair. Pour eux, la vie est la même jusqu'à ce qu'ils se réveillent et comprennent la
vraie vie.

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- C'est évident : ce sont des créatures éminemment matérialistes, n'est-ce pas ? -
risquais-je craignant d'entendre une réponse douloureuse.
Aglon sourit et a dit :
- Non, pas nécessairement. Beaucoup croient en Dieu et fréquentent sincèrement
les maisons religieuses. En vérité, ils ne sont pas encore suffisamment spiritualisés et ne
se sont pas libérés de la chair. Une grande masse religieuse qui, en réalité, ne suit qu'à la
lettre les écritures religieuses et non la partie spirituelle qui existe dans les
enseignements... -et à ce moment-là, Aglon poussa un profond soupir -Mon fils, il m'est
pénible de le dire : ils sont encore profondément matérialistes.
- Qu'est-ce que cela veut dire ? - me suis-je étonné. - Et même les chrétiens ?
-Même les chrétiens, ou les esprits qui se croient chrétiens, catholiques,
protestants, évangéliques, spirites. C'est-à-dire qu'ils se croient religieux. Mais ils ne se
sont pas libérés de la chair, de l'amour de la chair, des biens, de l'argent, du pouvoir, et ils
restent dans le monde, ou après la mort, absolument matérialistes. Surtout le sexe et le
pouvoir l En disant cela, Aglon me conduisit doucement loin du beau paquebot.

Dans l'obscurité ou dans la lumière


Dans l'obscurité ou dans la lumière
Sereinement, nous continuames à glisser, à la surface de la mer. Le monde d'En
Haut nous paraissait plus léger à présent. Je méditais sur ces faits étranges. Comme
l'Univers est étrange et comme la nature est étrange !
- La vie se manifeste partout... - murmura Aglon. - La force divine s'exprime dans
tous les êtres. Les formes ne sont que des véhicules de l'étincelle divine et éternelle qui,
en réalité, est "l'être éternel et immortel". Seul le véhicule est presque construit ou est
construit, qui se déforme ou se détruit, par le déséquilibre qu'il établit en lui-même
intérieurement. La pensée est la boussole. Lorsque la pensée est balbutiante, c'est
l'instinct qui domine, qui est en vérité une intelligence élémentaire, si l'on peut la
qualifier ainsi. Car, en vérité, tout est manifestation des forces divines de l'Esprit.
Au ciel, en enfer, dans l'air, sur la terre et dans la mer, c'est toujours la même
force qui s'exprime. Nous marchons dans les ténèbres ou nous marchons dans la lumière
selon que notre esprit est équilibré ou déséquilibré. Dieu permet à son intelligence et à sa
puissance de se manifester chez l'être pour autant qu'il s'inscrive dans ses lois.

Tout vient en son temps


Je regardai Aglon avec respect, je vis qu'il entrait à nouveau dans le domaine de
l'éducation et qu'il se remettait à m'enseigner, à moi, le seul élève présent. Et cela me
semblait une immense considération qu'en réalité je ne méritais pas. Seul l'intérêt d'un
grand ami ou d'un père pouvait l'y conduire. L'Esprit sourit. Manifestement, il lisait dans
mes pensées.
- Je te dédie une grande amitié, dit-il, parce que je vois en toi, à côté du pécheur,
comme nous tous, le disciple attentif et dévoué qui veut apprendre et l'amour que tu as
dans ton cœur pour Jésus.
Je le remerciai et, d'une certaine manière, je compris Aglon.

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- Je sais qu'il n'est pas facile d'atteindre les subtilités de l'âme. Mais lentement et
avec une observation constante, on en vient à comprendre et à apprendre. On ne peut pas
tout comprendre en un jour. Nous ne sommes pas non plus autorisés à tout enseigner.
Nous ne pouvons enseigner que lorsque le disciple a atteint le niveau de compréhension
qui lui permet de comprendre davantage.
- Jeter des perles devant les porcs ? - ai-je osé.
- Non, je ne dirais pas cela. Ce n'est pas non plus ce que voulait dire le Seigneur.
L'image était si bonne et nécessaire à l'époque. Aujourd'hui, nous utiliserions l'adaptation
de Paul : "on donne du lait aux petits enfants". Pas de la nourriture solide. Tout vient à
point nommé. C'est une question d'évolution, mon fils. L'enseignement doit être vécu
pour être assimilé et compris. La lettre tue, l'Esprit vivifie. N'est-ce pas ce qu'enseignait
l'Apôtre ?
Je fus absorbé. Des millions d'étoiles, qui étaient la phosphorescence des eaux,
nous entouraient dans la mer.

Espíritos Diáfanos
Les mots simples d'Aglon pénétrèrent doucement mon âme. Je sentis qu'il n'y
avait chez lui aucune prétention à une sagesse forcée. Tout était naturel et spontané chez
lui.
Je sentais qu'il était le sage et l'ami qui enseigne avec affection et amour.
Cependant, nous sommes arrivés dans une région maritime où des êtres, ou des
esprits diaphanes, transparents à nos yeux, glissaient doucement... Ils semblaient avoir
des ailes délicates d'une blancheur incomparable.
- S'agit-il d'anges ? - demandai-je.
- Non, ce ne sont pas des anges. Ce sont des esprits très purifiés qui viennent ici
pour prendre de nouvelles énergies. En réalité, ils viennent de la surface.
- De la surface ? - m'exclamai-je, surpris.
- Oui, de la surface.
- De la Terre ?
- Oui, de la Terre. La mer émet des énergies d'une grande puissance, qui sont
absorbées par ces créatures, tout comme nous les absorbons. Elles s'assimilent et se
fortifient.
- Mais... Cette énergie est-elle matérielle ?
- Oui, le périsprit est semi-matériel et assimile les énergies originelles des forces
matérielles. Elles viennent de la mer, des arbres, de la terre, de l'air, de partout. Ces êtres,
même s'ils semblent infiniment spirituels, sont toujours matériels. L'évolution donne de
nouvelles formes de beauté à l'esprit. Grandir vers Dieu, c'est grandir vers le beau et le
parfait. Ne connais-tu pas la libellule qui sort de son cocon et acquiert des ailes, alors
qu'elle n'était qu'une larve ?

Enseignement au fond de la mer


Je fis un léger signe de tête et Aglon poursuivit :
- Comme tu le vois, dans la mer, comme dans tous les domaines de la Création
divine, la beauté et la variété prédominent. La quantité d'espèces n'a pas de fin. Formes,

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couleurs, différents moyens de locomotion et de propulsion. Les ailes transparentes
tressées comme des filets dans leur structure, les nageoires courtes et longues, les pappus
qui se gonflent et assurent plus de vitesse et de flottabilité, n'ont pas de fin... C'est la
nature qui se manifeste dans toute sa force et sa puissance, exprimant Dieu.
Étonné, je regardais passer ces êtres étranges, encore surpris qu'ils soient dotés
d'intelligence.
- Oui, ils le sont - m'expliqua l'Esprit - et beaucoup d'entre eux manifestent des
sentiments...
- Des sentiments ?
- Oui, des sentiments et de l'affection.
- De l'affection ?
J'étais de plus en plus impressionné. Et Aglon continua à enseigner :
- Nous n'attendons pas encore des hommes qu'ils acceptent cette information. Ce
serait trop demander à la race humaine. Mais un jour, qui n'est pas loin, ils l'accepteront.
La mer est un immense réservoir de connaissances inconnu.
Ce n'est que la première excursion d'enseignement spirituel au fond de la mer ;
d'autres viendront et alors le Monde sera ébloui. En vérité, seules les formes ont changé,
mais l'intelligence continue. Par loi d'affinité et de construction spirituelle, l'Esprit
agglutine les substances et les forces à mesure qu'il évolue, dans le périsprit qui, sous
l'empire de l'esprit, vient se réorganiser spontanément, sous des formes aussi belles et
architecturales que le permet la puissance de l'esprit. L'aimant ne fait-il pas cela avec la
limaille de fer ? Et c'est ainsi qu'est né le spectre magnétique. Le principe est le même.
Devant mon étonnement, Aglon me tapa sur l'épaule amicalement et me dit :
- Allez, mon ami, toujours en train d'apprendre. Dieu est l'Architecte Suprême de
l'Univers, n'est-ce pas ce que disent les spiritualistes de la surface ?

Intelligence, Amour, Bonté et Compréhension


Nous glissions sur la mer immense et les êtres étranges, que nous rencontrions par
milliers, ne cessaient de passer devant nous. De formes et d'expressions les plus diverses.
Beaucoup étaient des esprits, selon Aglon, et beaucoup étaient des créatures physiques de
la mer. "Dieu était l'architecte suprême de l'univers", ai-je pensé. Et en effet, les formes
architecturales, les ailes, les couleurs et les moyens de locomotion le démontraient, dans
tous les domaines. "Mais le principe est le même ! avait dit Aglon. Lisant ma pensée,
Aglon a eu la gentillesse de préciser :
- Je sais ce que tu penses... Il est le même, mon fils, mais il évolue toujours et
devient plus grand. L'évolution, qui au début est inconsciente et naturelle, s'accélère par
la suite sous l'influence de l'être lui-même. À mesure que la créature atteint une plus
grande conscience, elle conquiert de plus grandes possibilités intellectuelles.
L'intelligence, l'amour, la bonté, la compréhension représentent le pouvoir qui est
conquis, qui est en marche et qui grandit...
- Et Dieu ? - pensai-je.
- Dieu, mon fils, nous le croyons, parce que nous n'avons pas encore la possibilité
de le connaître. Il ne change pas, il ne grandit pas, il est toujours le même, immuable et
intransformable, c'est pourquoi il est éternel.

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Je vis qu'Aglon était redevenu excessivement illuminé et je m'extasiai, émerveillé,
devant les notes de l'Esprit.

Des esprits plus avancés


Soudain, nous apercevons au loin un vaste château médiéval gris, plein de tours
pointues, d'où, d'espace en espace, sort à grande vitesse un appareil effilé, aux lignes
aérodynamiques, qui semble se diriger vers la surface des eaux.
- Qu'est-ce que c'est ? - demandai-je, effrayé. Aglon me calma :
- Ce sont des esprits marins d'une classe plus avancée, qui possèdent déjà des
appareils de transport exceptionnels, capables d'atteindre l'espace terrestre et de rejoindre
la Surface, après avoir traversé la surface de la mer.
- Et là-haut, se mêlent-ils aux autres ?
- Oui, ils se mélangent. De même que les hommes fouillent l'espace pour essayer
de connaître l'Univers et les autres mondes, les Esprits de la mer, les plus avancés,
fouillent la surface de la Terre.
- Sont-ils plus avancés que les Neptuniens ?
- Techniquement, peut-être, de la même manière que les hommes de la Science de
la Terre le sont des autres hommes dans le domaine scientifique auquel ils se consacrent.
Quant à l'évolution, peut-être pas. Puisque l'évolution est un problème de chacun. Pour
nous, Esprits, l'évolution s'exprime par l'amour déjà conquis que nous possédons.
Rappelle-toi Dante : "L'amour qui fait bouger le ciel et la haute étoile".
A ce moment-là, je vis un léger sourire compatissant sur les lèvres d'Aglon.

L'amour en mouvement
Aglon, cependant, continuait à regarder le château d'où sortaient les appareils.
Tout en contemplant de loin, il dit :
- Un de nos amis, du Plan Spirituel, a répété une pensée de la Science de l'Esprit
qui dit que "l'Univers est de la Lumière Coagulée". J'ai dit, sans aucun désaccord avec
cette pensée scientifique, que l'Univers est plutôt de l'amour en mouvement. Si je disais
que "l'Univers est de l'amour coagulé", vous ne comprendriez pas. L'inertie dans nos
sphères n'a pas la même signification que dans les postulats de la science de la Terre. Il
s'agit plutôt d'une sorte de Nirvana que d'une mobilité physique. Dans l'Univers, presque
tout est mouvement et quand ce n'est pas du mouvement, c'est de la pensée. L'Esprit vit
davantage dans ces vibrations qui ne cessent pas que dans ce que, sur Terre, certains
religieux ont décidé d'appeler la contemplation de Dieu. La vie contemplative pure
n'existe pas. Ce qui existe, c'est la vie en mouvement vibratoire dans les sphères
inférieures et, au fur et à mesure que l'on s'élève, la pensée vibre toujours et l'on va à la
conquête de l'Univers de l'imagination, où les symboles prédominent et qui sont, en
réalité, le langage des Esprits hautement spiritualisés, des Esprits purs, ou comme le
disaient certaines civilisations anciennes : le langage des dieux ! Et plus récemment : le
langage divin.

42
Pensées en vol
Je regardais Aglon, enchanté. Je remarquais qu'il m'ouvrait lentement les portes
de la Sagesse et de la Connaissance spirituelles. Il me permettait d'entrevoir les sphères
supérieures. En fait, les symboles sur Terre ont été le langage des prophètes. Je me suis
souvenu que Jésus enseignait en paraboles.
- C'est cela. - ajouta l'Esprit, qui voyait ma pensée. - L'humanité elle-même a
commencé à accepter inconsciemment les symboles, ou le Langage Symbolique, à travers
ce que tu as appelé la Télépathie...
Je vis qu'il avait raison. Je n'y avais pas encore prêté attention.
- Car c'est le début d'un nouveau langage sans mots articulés pour l'Homme. Mon
fils, nous sommes sur Terre à la porte d'une Nouvelle Humanité.
Un profond sentiment d'amour emplit mon âme.
C'est alors que j'ai vu des milliers d'espèces de hérons quitter le Château et
s'éloigner en masse. Stupéfait, je demandai :
- Aglon, est-ce un banc de poissons ou des esprits ?
- Qui sait ? - dit Aglon en riant. - C'est peut-être l'un ou l'autre. Nous le saurons
bientôt. - Et en souriant, il m'interrogea :
As-tu déjà pensé, si par hasard ce n'était pas des pensées ? Un tas de pensées en
vol ? Et il rit, franchement et joyeusement.
J'ai alors senti que je ne savais encore rien.

43
AGLON ET LES ESPRITS DE LA MER
II PARTIE

44
Paris
J'étais à Paris. Je me promenais sur le boulevard à côté d'Alexandre Dumas.
Alexandre, peut-être considéré comme l'un des plus grands écrivains du monde. À côté
de Victor Hugo, qui partageait avec lui les gloires littéraires de la France devant
l'humanité.
Alexandre affichait toujours son physique de géant bronzé et ses bras nus, qui lui
permettaient d'arpenter les rues de Paris en attirant tous les regards, ce qui était sa vanité.
Maintenant, esprit, il gardait sa physionomie sérieuse, même s'il faisait quelques rires de
temps en temps ; nous avons donc parlé joyeusement ce matin-là, sous le soleil pâle.
Soudain, comme je l'avais promis, arriva Aglon, un autre géant, mais blond,
contrairement au vieux Dumas, qui avait été sur terre, dans ce même Paris, avec Victor
Hugo, mes initiateurs et mentors dans la vie littéraire.
Aglon m'embrassa en disant : - Je suis ici, mon ami, à ton service.
Nous avions convenu d'un nouveau voyage en mer. Alexandre comprit et nous
partîmes en direction de Marseille.
Là, nous trouvâmes Kaliclates, qui nous accompagnerait et serait chargé de
décrire le voyage. Ce qu'il a commencé à faire.
Je connaissais déjà Jules Verne, qui avait été un célèbre écrivain français sur
Terre dans sa dernière incarnation et qui, comme d'autres écrivains, avait entrepris de
divulguer la Doctrine sous forme de manifestations artistiques, comme des livres.
D'autres l'ont manifestée par la musique ou la peinture. À mon tour, j'avais pris sur moi
de lui raconter les épisodes d'une certaine manière. Il avait commencé à faire quelques
voyages spirituels dans des régions qui correspondaient à ses désirs et à ses compétences,
à son évolution et aux limites de sa compréhension et où il était autorisé par les Sphères
Supérieures à voyager, selon une programmation déterminée et sachant qu'il était
également autorisé par le Département en charge des Communications. Dans quelle
mesure pouvais-je donc lui dire ce qu'il ne devait pas voir ? Certains endroits qu'il ne
pourrait pas visiter, certains faits qu'il ne devrait pas connaître et certaines connaissances
qu'il ne pourrait pas acquérir. Ensuite, je l'informerais d'une manière adaptée à ses
possibilités et à sa capacité d'écrivain qui transmettrait à la Terre également dans un
langage raisonnable et à la compréhension de ses futurs lecteurs. Pour les transmissions
des deux sphères, Physique et Spirituelle, le langage et la transmission obéissaient aux
systèmes et aux formes adéquats aux possibilités humaines. Jules était considéré sur
Terre comme un génie littéraire dans le domaine de la science-fiction et celui que le
public lui a donné le plus d'acceptation et d'intérêt parmi les hommes, un genre littéraire
qui est d'ailleurs né avec lui.
***

Ainsi, dans le prolongement de ses premiers mots, je vais maintenant décrire le


voyage avec ses dialogues et autres événements.
Nous atteignîmes bientôt une certaine hauteur, volâmes dans l'espace, puis
cherchâmes la mer et y plongeâmes. Aglon nous guidait. En quelques instants, nous
avons vu un petit village marin et, sur une petite élévation, la figure majestueuse de
Neptune, avec son trident brillant dans la main droite et, autour de lui, des dizaines de
petits Neptune avec de petits tridents, qui l'entouraient comme s'ils étaient des guerriers.
En réalité, il s'agissait de sa garde. Il nous reçut avec sérieux. Ils avaient tous une

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physionomie humaine, des visages barbus et, à partir de la taille, ils avaient la forme de
poissons, comme les centaures, et ils nageaient à une vitesse stupéfiante. Sur un simple
geste ou signe de Neptune, ils adoptaient la posture agressive des guerriers, tout en
respectant l'attitude sérieuse du chef. Jules admira et trouva intéressant ce spectacle et me
conseilla de l'enregistrer de la meilleure façon possible. Neptune salua attentivement le
Grand Esprit.
Je continuais à sentir que dans les zones inférieures, surtout les plus basses,
régnait toujours une Justice rigoureuse et que les êtres qui y vivaient, les esprits, ne
comprenaient pas l'Amour et ne s'y intéressaient pas.
« Ici, dit Aglon, on respecte, comme dans l'Abîme, la Justice et la Douleur. C'est
sous n'importe quelle manifestation. Les Pouvoirs qui viennent d'en haut seront respectés
dans tous les cas car à la fin ils signifient aussi la douleur, que la personne qui vient à leur
manquer de respect subira. Ils n'acceptent pas non plus l'Agneau car c'est le symbole de
Dieu qui demande tout et a même la possibilité de les effrayer avec le fouet de la terreur
et de la Justice qui, au nom de Dieu, distribue la douleur à chacun.
Je remarquai que Julio était surpris d'entendre ces mots.
- Alors, même avec la Justice, Dieu n'empêche-t-il pas l'erreur et n'établit-il pas
l'harmonie? demanda Jules.
- Non. Dieu a instauré le LIBRE ARBITRE et laisse chacun légiférer en lui-même
afin d'évoluer consciemment, rien d'autre. Si les bons peuvent atteindre l'harmonie totale
avec l'aide et le travail des leurs et d'eux-mêmes. Mais le respect harmonieux et
exponentiel des lois et l'harmonie avec Dieu, qui est en réalité un ensemble de Lois
justes, harmonieuses et bonnes, après tout l'Univers entier est Loi et l'Univers est Dieu.
Comme l'a dit un jour un sage philosophe terrestre : "L'univers est le corps structurel de
Dieu".
Comme nous manifestions une certaine admiration pour la formation presque
militaire des petits Neptune, ces créatures mi-poisson, mi-homme ou femme, arborant des
queues de poisson et une vitesse énorme, Neptune nous convia gentiment à visiter sa
quartier. Aglon accepta l'invitation et nous expliqua :
- Comme vous le savez déjà, dans les zones inférieures, bien que récupérées, la
Justice et le Pouvoir prévalent. Dieu, pour ces créatures, est le Pouvoir, ainsi que le
Diable. Elles pensent que le Diable a le droit de s'opposer à Dieu, mais elles croient que
Dieu est un peu plus grand et que si les Neptunes ne surveillent pas bien son Royaume, le
Diable le gagnera. Ils n'ont pas encore pris conscience de l'AMOUR. Ils croient que leur
devoir est de gagner la justice et ils le font rigoureusement car ils respectent les
Messagers du Royaume et acceptent leurs ordres qui viennent au nom des Sphères
Supérieures.
Aglon se tu et nous sommes partis. Jules, toujours à côté de moi, observait tout.
Bientôt, je vis que nous descendions en volition rapide vers les zones les plus basses de
l'océan et que nous rencontrions les êtres les plus étranges de la Création. Nous sommes
descendus correctement escortés par les Netuniens et nous avons bientôt atteint les eaux
sombres qu'Aglon appelait CAVITE. Nous entendîmes bientôt le son d'une corne, si l'on
peut dire, plutôt le son étrange d'une corne de bœuf terrestre, et une centaine de
Neptuniens gardaient les portes de la caserne de Neptune, véritables sentinelles, armées
de tridents. L'être qui élevait la trompette ou la comète annonçait, comme dans les
régions militaires, l'arrivée du chef ou du commandant. Cela ne tarda pas et, au signal

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d'un Neptune qui ressemblait au sous-commandant, ils se postèrent en formation
militaire, en rangs, l'un devant l'autre, après Neptune flanqué de deux lieutenants de place
(devant sur un pied d'égalité avec Aglon). Nous autres, nous suivimes derrière. Le
bâtiment de la caserne, construit en matière plastique et en verre vert clair, était plongé
dans une semi-obscurité. Là aussi, il y avait des ogives par lesquelles entraient les
neptunes. Tout obéissait à une forme ovale, qui reflétait le vert de la mer ou de l'océan.O

Naufrage
Nous sommes bientôt descendus, volitant vers le bas et nous avons atteint une
région où les Neptunes planaient toujours en formation militaire, mais comme des bancs
de poissons. Des visages de créatures humano-terrestres avec des visages et des queues
de poissons. C'était un spectacle étrange, différent et magnifique. C'est alors qu'un
sifflement retentit dans les eaux. Cette énorme quantité d'hommes-poissons, qui se
déplaçaient sur un plan horizontal, s'est soudain arrêtée et s'est tenue silencieusement
dans l'expectative. Devant eux, commandant d'une flotte aérienne, un imposant Neptune
donna un signal avec son trident et un petit groupe partit, se détachant du bloc, vers la
surface. Aglon me donna un ordre discret, presque imperceptible, et avec Jules nous
partîmes derrière. Neptune ne s'y opposa pas. A la surface, je vis un bateau en train de
couler. Des centaines de personnes se noyaient. J'ai alors compris que le groupe que nous
accompagnions était un groupe de sauvetage, qui s'est rapidement mis au travail pour
essayer de retirer les esprits des corps noyés. Ils étaient emmenés inertes. L'un ou l'autre
s'éloignait de leur corps inconscient. Un autre groupe arriva bientôt, une sorte d'intendant
qui, dans un bateau spécial, se préparait à emmener les personnes récemment
désincarnées. J'ai remarqué qu'ils procédaient d'une manière sereine et calme.
Rapidement, ils nous ont ramenés d'où nous venions.
Le grand paquebot se débattait comme une grande baleine blessée à mort, ouvrant
l'énorme blessure dans les eaux de l'océan comme un immense tremblement de terre
déchirant la Terre. L'océan, lui aussi, sembla un instant déchiré et blessé à mort. En
réalité, une bataille s'engageait entre la mer et le navire. Sur le plan spirituel, les Neptunes
luttaient aussi d'une certaine manière. Nous regardions simplement entre les bandes
tourbillonnantes des deux mondes.
Neptune arriva peu après avec Aglon, en tant que général en chef après la bataille.

***

D'autres groupes de Neptune se srendirent sur le lieu de l'accident et


commencèrent à amener à l'hôpital de la Communauté Neptune les esprits qui venaient de
se désincarner. Beaucoup reçurent des médicaments adaptés à leur cas et furent plongés
dans un sommeil réparateur. D'autres, à demi-conscients, reçurent des médicaments dont
le but était de les réveiller plus rapidement. L'un d'entre eux, qui s'était réveillé, s'est
immédiatement écrié
- Je suis coupable ! Je suis coupable ! Aglon s'approcha de lui et lui demanda :
- Pourquoi te sens-tu coupable ? Mon ami, pourquoi et de quoi ?

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- Je suis le commandant ! Ne devrais-je pas être coupable ? J'ai conduit le navire
dans des eaux dangereuses et je savais que c'était mal ! Je suis coupable et c'est à ce titre
que je serai jugé !
- C'est vrai, pensa Aglon, c'est ce qui devrait arriver !
Le commandant se sentit apaisé par cette information. Elle sembla le rassurer, lui
qui, jusqu'alors, était assailli par le désespoir.
- Et où serai-je jugé ? Où ? Je ne vois pas de tribunaux !
- Tu verras bien assez tôt. Tu verras, ici même.
Neptune, comprenant que c'était à lui de jouer ce rôle et qu'Aglon avait pris les
devants, s'approcha et s'adressa respectueusement à l'esprit encore affligé :
- Voilà, nous avons tout, Cour et Justice ! Ne t'inquiète pas !
- Mais je veux être puni ! Pour le mal que j'ai fait à tant de gens !
- Tu le seras ! - répliqua Neptune - Mais nous ne renoncerons pas à la justice ! Tu
seras sévèrement jugé, mais ce que tu as fait contre la Loi de la Justice sera apprécié et tu
seras payé selon les proportions réelles de tes erreurs !
J'ai été surpris par le bon sens de Neptune. Aglon expliqua :
- Mon fils, ici on suit strictement la justice qui vient d'en haut. Comme je te l'ai
déjà dit : tu n'as pas encore conquis l'Amour, mais tu as atteint la justice. On ne connaît
pas Dieu et on ne l'aime donc pas. On sait qu'Il existe et on obéit fidèlement à Ses lois de
justice et on respecte Son Pouvoir. Dans presque toutes les zones inférieures de l'Univers,
les esprits qui les habitent craignent ou respectent la puissance de Dieu. Ils sont en
marche vers l'Amour qu'ils atteindront un jour.
Je restai pensif, méditant sur la sagesse d'Aglon.

Mort en Mer
Le travail de salut se poursuit. Les groupes se renouvelaient, ils allaient et
venaient, prenant sans cesse ceux que la mort avait laissés entre leurs mains. Le second
quitta lui aussi le corps en poussant des cris de lamentation car il se considérait lui aussi
comme coupable du désastre et ne pouvait accepter la perte du navire. Mous regardions
tout cela avec nostalgie et pitié. -
Tu sais, mon fils, expliqua Aglon, la différence ici n'est que l'environnement. Le
reste est identique sur la "Terre" ; l'Eau, l'Air et la Terre sont des choses semblables. Tout
est le même monde ! L'Esprit est toujours l'Esprit partout, c'est le véhicule physique qui
diffère selon les besoins et l'environnement. Des organes différents pour des
environnements différents, afin que l'Esprit puisse avancer sur le chemin de l'évolution
spirituelle.
Les Neptuniens se sont courageusement déployés dans la fureur de sauver. Le
nombre de ceux qui désincarnaient était très élevé et chacun apportait avec lui une série
de problèmes.
Des entités maléfiques les accompagnaient. La mort dans les eaux était différente
de la mort sur terre. Elle était plus douce, il est vrai, mais elle restait angoissante. En
général, le corps descendait à une certaine profondeur et quelques heures plus tard,
parfois quelques jours, il remontait et flottait au milieu de l'océan, voire à la surface.
Les Neptune apparaissaient alors et enlevaient les corps, les emmenant à
l'hôpital Neptunien.

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Le Neptune, dont la position correspondait à celle d'un gouverneur ou d'un
grand secrétaire de police, présidait à tout avec efficacité et rapidité.
Nous avons dû y rester environ trois jours. Ensuite, Neptune nous invita à une
inspection plus longue des désincarnés de l'hôpital. Aglon accepta et nous invita à y
aller à son tour.
En pénétrant dans l'hôpital, nous rencontrâmes certains d'entre eux en proie au
désespoir et à la culpabilité. Les petits-enfants, en effet, se sentaient presque tous
coupables et s'en voulaient. Remarquez la différence entre les hommes et les Esprits
de la Terre et de la Mer : alors que dans les catastrophes de la Terre, les Esprits et les
hommes ne se sont jamais sentis coupables, ceux de la Mer se sont immédiatement
accusés de l'être.
Aglon s'empressa de nous informer : la conscience des marins pèse moins
lourd, semble-t-il. Mais c'est parce que l'eau absorbe les vibrations les plus violentes,
cependant tout est égal.
Le second pleurait convulsivement. Il se sentait coupable, bien qu'il ne soit pas
le capitaine du navire.
Les Neptune, bien que sérieux et rigoureux, travaillaient dur et parlaient
toujours de justice.
Aglon, comme nous, se taisait et ne parlait que du strict nécessaire.
Le mouvement était incessant. L'hôpital était plein. Les malades désincarnés
étaient confiés aux infirmières qui, à leur tour, avec une profonde patience, se
donnaient au service. Une immense salle remplie de meubles, étranges pour
l'entendement terrestre, jouait le rôle de lits. Le matériel ressemblait à du plastique.
Nous nous approchâmes, avec Neptune et Aglon devant chaque esprit qui
subissait l'intervention des infirmières et nous écoutâmes et vîmes chaque cas.
C'est ainsi que nous sommes arrivés au lit d'un esprit masculin qui avait une
expression angoissée. Il parlait et pleurait en même temps :
- Et mon argent ? Et mon argent ? J'ai tout perdu ! Mon Dieu, que dois-je faire
maintenant ? Comment faire ?
Aglon explica:
- Il pense qu'il n'est pas mort physiquement et qu'il est juste tombé dans la mer,
mais bien qu'il soit encore confus, il sent qu'il a déjà perdu ou qu'il va perdre ses
biens!
C'était un homme riche !
Dans le lit à côté de lui, une femme réclamait ses bijoux....
- Comme vous le voyez - précisa l'Esprit -, il s'agissait d'un navire à passagers...
Un paquebot transatlantique effectuant une croisière autour du monde... Il était plus ou
moins sur la côte norvégienne. Une mer glacée... Ce qui a facilité la mort presque
instantanée. De lit en lit, on trouvait de l'angoisse et de la peur. Neptune s'empresse de
parler en son nom, s'adressant à Aglon :
- Comme vous pouvez le constater, nous rendons ici de grands services à
l'humanité terrestre en accueillant ceux qui viennent de là-bas par naufrage ou accident de
mer.
- Oui, je comprends, répondit le Messager, je vais inclure votre dévouement et
celui de vos subordonnés dans la Sphère Supérieure pour les archives.

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Neptune sourit de satisfaction.
- Merci, monsieur", dit-il avec révérence. La visite, cependant, se poursuivit.

Les Régions du Purgatoire en Mer


Après la visite de la salle de réveil de l'hôpital marin pour les naufragés, Neptune,
peut-être enthousiasmé par les nouvelles qu'Aglon lui avait données sur la
communication de son travail aux sphères supérieures, lui parla seul, à distance, et le
consulta sur la possibilité de voir de près les régions purgatoriales de la mer. Aglon
accepta.
- Vénérable Monsieur, dit-il, nous partons tout de suite !
Nous partîmes donc en groupe, à travers les couches spirituelles de l'océan,
dépassant rapidement l'atmosphère aérienne de la mer où je me trouvais, qui, même là,
n'était qu'une partie de l'océan. Les eaux commençaient à s'assombrir. Des milliers de
poissons de formes et de tailles diverses nous suivaient dans l'espace marin et nous
commencions à avoir l'impression que tout était normal, quand des êtres aux formes
étranges apparurent. De petits êtres aux jambes étonnamment laides, dont les pieds
ressemblaient à des pattes de canard, et sur la tête desquels brillaient deux yeux
phosphorescents rouges comme le feu et une bouche dentée semblable à celle des
requins. La poitrine était poilue et entre la tête et le corps, ils présentaient une sorte de
cou taurin. Mais le plus impressionnant, c'étaient les mains aux griffes féroces et
adunculaires, aux ongles aussi grands et durs que le fer.
Neptune avait pris la tête d'un groupe militaire composé d'êtres Neptune, tous
tridents en main. Ils affrontèrent bientôt un immense groupe d'êtres rouges et poilus, car
ils étaient en fait rouges et poilus comme des animaux terrestres. Ces êtres étranges
attaquèrent férocement les infirmières des groupes de salut et disputèrent les esprits en
désincarnation, essayant de les arracher. Les Neptunes attaquèrent et les Rouges, à leur
tour, les affrontèrent. Les Rouges essayaient de les déchirer avec leurs ongles qui
ressemblaient à des pinces en fer. Ils leur déchiraient la poitrine sans pitié. De leur côté,
les Neptune réagissaient avec leurs tridents et le combat devint bientôt terrible, avec une
férocité de part et d'autre. Certains tombèrent inconscients, descendant lentement au fond
de la mer, ce que je ne comprenais pas parce que je croyais que les esprits n'étaient pas
sujets à cela. J'espérais cependant qu'Aglon me l'expliquerait ensuite calmement. Je
remarquai que les autres compagnons, surtout Jules, étaient eux aussi peinés par le
spectacle.

Agresseurs et agressés
Ces êtres étranges et bizarres, même dans la mer, qui présentaient des formes
étranges, ressemblant plus à des animaux terrestres qu'à des poissons dans un combat,
maintenant, avec les Neptune pour leur arracher leurs esprits récemment désincarnés,
nous impressionnèrent profondément, surtout Jules.
Nous étions stupéfaits par le fait que, dans le combat, ils déchiraient le corps
spirituel des autres êtres. Comment cela était-il possible ? N'étaient-ils pas des créatures
spirituelles ?

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Aglon, comme il l'avait promis, nous l'a expliqua :
- Ces êtres parcourent les mers à la recherche de ceux qui viennent du plan
physique et qui, encore enveloppés par les fluides denses et semi-matériels, conservent un
corps d'une consistance proche de la substance physique et qui se sentent souvent eux
aussi semi-hypnotisés pour quitter le corps physique et abandonner la sphère terrestre. À
leur tour, les autres agissent et se battent comme des humains dans les batailles et les
luttes de la Terre. Les Neptuniens utilisent leurs tridents comme de grandes fourches pour
les effrayer ou les immobiliser. Aux yeux des rouges, ce n'est qu'un combat physique,
comme une bataille qui se déroule dans un rêve, et ils essaient d'empêcher les autres de
prendre possession des désincarnés, ce qu'ils parviennent toujours à faire en raison de leur
apparence d'anciens dieux. En effet, ces griffes maniées avec une violence maudite
creusent des sillons dans les formes des adversaires. En observant de plus près, on
s'aperçoit que de part et d'autre, les Neptuniens et les Rouges rayonnent et projettent des
vibrations et des rayons. Les rouges, sorte de matière semi-électrique ou d'électricité
différente, qui frappent les adversaires, surtout les naufragés venus par bateau, les
enveloppent comme des bombes de gaz et les rendent longtemps inconscients, les laissant
comme morts. Cela donne au combat l'apparence d'une bataille. Les Neptunes envoient
également des éclairs. Ce combat se déroule sur tout l'océan où les rouges rencontrent des
êtres qui, dans la mer, sont désincarnés. D'ailleurs, les rouges sont de véritables vampires
de la mer, car ils absorbent les déchets des naufragés dont ils se nourrissent. Les Neptune,
quant à eux, sont les gardiens de la mer. Les rouges, comme les scorpions sur Terre, ont
comme poison ces rayons et radiations : le hérisson pique avec ses épines, les scorpions
et les serpents venimeux, le tamanoir.
Nous comprîmes immédiatement ce que voulait dire Aglon. Cependant, nous nous
sommes approchés de ce lieu et avons suivi Neptune qui disait à Aglon : " Comme vous
le voyez, monsieur, notre travail est immense et l'exercice de la Justice dans ces plaines
est sacrificiel !
! Nous étions déjà en route lorsque quatre Neptune s'approchèrent en portant un
rouge. Nous vîmes, à notre grande surprise, que l'être était poilu, avec des poils roux sur
la poitrine, un visage plat, une large bouche, quelque chose comme un nez plat, et un
front plein de trous comme une pomme de douche, par lesquels il inspirait des éléments
d'air comme s'il respirait. Cela nous intriguait. Aglon nous expliqua:
- Ces êtres qui ressemblent à un mélange d'animal et de poisson sont des ennemis
naturels des autres êtres et n'ont pas une intelligence avancée, mais ils ont un système
d'alimentation avancé qui se fait par des voies aériennes installées dans le front. Ce sont
des êtres de transition.
J'ai aussi vu que l'être capturé avait deux jambes et des pattes semblables à celles
d'une grenouille. Nous sommes restés un certain temps à l'examiner et à apprendre les
leçons de l'Esprit quand nous avons été surpris par un groupe de rouges qui sont venus
pour s'emparer de la nouvelle proie. Un groupe de Neptune, préparés à une telle attaque,
les affrontèrent courageusement. Les rouges attaquèrent et vinrent se lamenter. Un être
plus grand s'approcha et grogna dans une langue étrange qu'Aglon traduisit :

- Maître Neptune, juge en chef des mers. Rendez-nous nos compagnons ! Nous
nous battons loyalement. Il n'est donc pas légitime que vous preniez possession de nos
guerriers !

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Neptune, visiblement irrité, répondit :
- Vous n'êtes pas des guerriers, vous êtes des pirates des mers, qui doivent être
réprimés et expulsés de nos eaux ! En fait, vous êtes des criminels ! Si vous connaissiez
la Loi et la Justice et les respectiez, vous ne feriez pas ce que vous faites ! Je ne vous
rendrai pas votre guerrier. Allez-y, désistez-vous, adressez-vous au tribunal le plus
proche devant nos juges et dégagez de notre chemin, ou je vous arrête tous ! Devant cette
décision sévère, le Rouge fit demi-tour et partit à la tête de sa horde de guerriers.

En mer
Après l'inutile diatribe des êtres rouges, nous nous sommes promenés sur la mer,
volant en groupe. Neptune, imposant comme un général, ouvrait la marche avec Aglon.
Nous suivions avec le peloton militaire. Ici et là, nous retrouvions les mêmes combats ;
les Neptune réprimaient l'action criminelle des rouges qui, lorsqu'ils s'emparaient des
naufragés dont nous arrachions l'esprit à leur corps, s'enfuyaient avec eux, ou bien
fuyaient eux-mêmes les Neptune. En fait, presque toujours, lorsque les Netunes
approchaient, c'était des combats et des escarmouches. Il était rare qu'ils attrapent un
rouge. Désespérés, ils s'enfuyaient. En réalité, nous comprîmes qu'Aglon, par
l'intermédiaire de Neptune, voulait seulement nous faire connaître la structure, les
dangers et l'organisation de la mer. Jules voyait et notait tout, nous aussi. Nous n'avions
jamais pensé que la mer serait ainsi sur le plan spirituel. En peu de temps, nous arrivèrent
à une zone pleine de pierres et de plantes marines, qui ressemblaient à des palmiers
étranges et différents, avec une forte couleur verte et un sable épais. Un bâtiment de
forme ovale allongée, d'un matériau identique au plastique vert transparent, aux lignes
simples mais somptueuses. C'était la cour de la mer, la 26e, selon une grande plaque
lumineuse qui surmontait la porte. Neptune murmura :
- Ce rouge va être jugé....
- Déjà ? - demanda Jules - Si tôt ? Neptune répondit gravement :
- Ici règne la dure justice des Dragons ! Et tout est rapide, strict et équitable ! Puis
il sourit triomphalement :
"Nous ne sommes pas lents et indifférents!" La justice des hommes est lente,
paresseuse et injuste ! Du fait du long délai, elle devient injuste et l'espace d'attente
devient une peine à part, qui est illégale et injuste, soumettant l'accusé à de nombreuses
souffrances que le législateur n'a pas et n'a pas voulu inclure dans la peine ! Ça n'a pas de
sens. La loi ne le prévoyait ni ne l'exigeait ! Justice strictement due doit être rendue !
Aglon hocha la tête et nous dit :
- Il a raison. En matière de justice, Neptune est maître, c'est un expert et un parfait
connaisseur et applicateur de la loi ! Nous devons le respecter, le reconnaître et
l'apprécier à sa juste valeur. Après tout, sans justice, l'Amour n'existerait pas
parfaitement. La tranquillité de l'Amour sur tous les plans de l'Esprit repose sur l'Eternité
et la parfaite Justice de Dieu !

52
Le Tribunal
Nous entrâmes dans le palais de justice. Aglon, Neptune, Jules et moi-même. Les
Neptune militaires ne sont pas entrés. Ils sont restés à l'extérieur.
Aglon précisa doucement :
- Partout dans le monde, c'est comme ça : le garde, à moins d'être en service
spécifique, n'entre pas. L'accusé doit toujours être calme, autant que possible. Il ne doit
pas subir de pression ni la craindre. Dans toute l'Œuvre de Dieu, la justice doit être juste
et sans pression.
Nous le comprenions en parfait accord.
Une salle d'audience semblable à celles de la Terre, sauf que le mobilier est en
plastique vert clair. Le juge, accompagné de six autres juges, était au bureau. Tout était
rigoureux. Un petit groupe de Neptune et un autre petit groupe de rouges étaient les
assistants dans la salle.
Aglon et Neptune s'installèrent dignement. Nous les suivîmes. Neptune murmura
à Aglon :
- Comme vous le voyez, monsieur, les rouges sont des êtres inférieurs et
déséquilibrés ! Aglon fit un léger geste d'acquiescement, mais ne manqua pas de réfléchir
:
- Avec tout le respect que je vous dois, Neptune, dans vos paroles, la charité fait
défaut. Neptune recula, surpris et agacé.
- Excusez-moi monsieur, au Royaume des Dragons, nous n'acceptons ni la
gentillesse ni l'amour. Ici, seule la justice existe et nous la comprenons ! Pour des
animaux comme ceux-ci, il n'y a que la justice, qui sera plus ou moins rigoureuse, c'est
tout ! C'est en cela que l'on mesure l'étendue du péché !
Dieu, si Dieu existe, Dieu est la Justice Suprême !
Cela dit, Neptune nous regardait la tête haute et le regard triomphant ! Ce qui lui
était propre. Mais docilement, Aglon lui rappela :
- Dieu aussi est la Miséricorde Suprême ! Neptune inclina la tête et acquiesça sans
enthousiasme. Nous vîmes d'un coup d'œil que la Miséricorde et la Justice allaient
s'affronter !
La salle était maintenant bondée. Les Neptune et les rouges se donnèrent des
coups de coude en silence. Le juge fit un signe et la séance commença. D'une voix
sereine, il prit la parole :
- La Justice des Mers contre l'agression d'un rouge.
Immédiatement après, un être égal au juge prit la parole et dénonça le délit de
l'accusé.
Puis un autre être, différent des rouges et des Neptune, prit la parole. Après avoir
écouté respectueusement les parties adverses et la défense, le juge, sans plus attendre,
rapporta les faits et dit :
- Neptunes et rouges, dans le cadre de la Loi respectant leur propre conscience,
sont libres de vivre le Bien ou le Mal, cependant ils en répondront devant la Loi Suprême.
Nous sommes ses fidèles adeptes et nous lui obéirons.
Puis, de façon surprenante pour nous, l'accusé lui-même prit la parole, dans des
grognements qu'Aglon nous traduisit :
- Excellence, puisqu'il m'est permis, selon les coutumes de ces lieux, d'ajouter
quelques mots à ma défense, si brillamment faite par mon jeune avocat, je souhaite

53
rappeler à Votre Excellence que la Justice des Mers assure à tous les rouges une vie égale
pour tous les habitants des océans et de la nourriture pour tous.
- Mais pas de maltraiter et même de dévorer les substances de ceux qui tombent
dans les mers !
- Monsieur, ce sont des substances d'êtres qui n'en ont plus besoin puisqu'ils
quittent leurs formes primitives pour vivre dans une autre dimension.
- C'est un vampirisme spirituel que les lois de la mer interdisent également ! Le
rouge se tu et le juge proclama :
- Nous vous condamnons à deux cents années terrestres à la ségrégation des mers
en exil pour la méditation et le silence loin de la convivialité des vôtres pour l'exemple.
La séance fut close et nous nous retirâmes en silence, méditant sur cet étrange
jugement et ce non moins étrange tribunal.

L'étude des tribunaux et des navires-prisons


- Aglon - demanda Jules -, ces prisons de la mer sont-elles une fiction ou une
réalité ?
- Mon ami - dit Aglon -, comme toutes les prisons du monde, ce sont des prisons
de la conscience : la créature souffre dans ce qu'elle a créé pour elle-même. Et elle ne se
libère que lorsqu'elle sent qu'elle a racheté le mal qu'elle a fait devant sa propre
conscience. Personne n'attend nulle part un paradis qu'il n'a pas construit lui-même !
Quelqu'un l'a déjà dit, n'est-ce pas ?
Et il nous sourit sereinement. Évidemment, nous ne pouvions qu'être d'accord !
Toute cour véritable est toujours en nous-mêmes et se situe dans notre propre
conscience.
Comme la barque des pharaons, que l'on trouve dans les pyramides, notre
véhicule physique, qu'il s'agisse du corps physique ou du corps physico-spirituel, est
notre Bateau-Prison. Pensons-y.
Ces notes étaient vraiment opportunes et sages ! Il était commode de les méditer !
Cependant, le sage Aglon partit accompagné de Neptune, qui écouta tout en silence mais
ne se manifesta pas, naturellement, devant la profondeur des paroles d'Aglon, pour
lesquelles il n'aurait pas de réponse, dont le contenu était le désaccord. Peut-être même ne
comprenait-il pas, et le mieux était de faire silence.

***

Aglon parlait toujours avec savoir et sagesse.


Neptune, quant à lui, malgré son air triomphant et imposant, et son apparence
fière, restait attentif à la conversation d'Aglon, respectueux. Le grand Esprit semblait dire
beaucoup de choses qui lui étaient adressées, comme le maître à l'élève. Néanmoins, ils
l'appréciaient, même si tout le monde ne comprenait pas.
Néanmoins, nous faisions peu à peu connaissance avec la mer sur le plan spirituel.
Nous comprenions de plus en plus que dans toute la Création divine, dans l'Univers, il y
avait le Bien et le Mal et qu'il y avait toujours une lutte entre l'un et l'autre, que nous ne
comprenions pas encore. La Loi de Dieu était toujours inexplicablement combattue par
ceux qui étaient en dehors de la loi. Il y avait une sorte de subordination naturelle.

54
Nous étions en train de méditer ainsi, lorsque Jules qui méditait lui aussi, nous
surprit :
Moi aussi, je ressens cela ! Et pourquoi cela ? Ne sommes-nous pas tous frères ?
- Nous le sommes", déclara Aglon. N'y a-t-il pas eu le drame de Caïn et Abel ? Au
commencement... Ce point demande des études plus approfondies et vous pourrez le
comprendre plus tard, quand viendra l'Autorisation Supérieure, en vue d'un plus grand
stade d'évolution et d'une plus grande compréhension de vous.
Je compris alors pourquoi nous avions été mal informés. Avec délicatesse et
charité, l'Esprit nous rappela à la réalité de notre ignorance. Nous étions en train de
réfléchir à cela quand Aglon ajouta
- Mes enfants, nous sommes tous ignorants et nous devons accepter cette
condition qui est toujours notre état naturel. Il nous faut cependant parvenir à l'humilité,
ce qui est un problème difficile à résoudre et très difficile à conquérir. Il s'agit d'un
combat intérieur. Il dépend de chacun de gagner cette lutte intérieure en soi. Chacun a les
possibilités nécessaires. Dieu donne à chacun les armes pour combattre et pour gagner !
Luttons donc, et nous serons édifiés par le simple fait d'avoir lutté. L'Esprit éternel que
nous sommes a le pouvoir de vouloir et de combattre. Mais Aglon n'avait pas encore fini
de parler que nous vîmes s'approcher une bande de rouges à l'allure étrange et maléfique.
Nous nous sommes mis en garde. Aglon gardait une telle apparence de simplicité que je
ne pouvais pas le distinguer de nous, et les rouges attaquaient, lançant des balles rapides
et sonores. C'est alors qu'Aglon, étendant sa main droite, envoya des rayons lumineux de
défense. Les rouges, recevant les premiers rayons, reculèrent craintivement. Aglon
menaça à nouveau et Neptune leva son trident et leur envoya également une autre sorte
de rayons de couleur argentée et de capacité d'amortissement. Ils reculèrent et s'enfuirent,
terrorisés. Certains titubèrent comme s'ils avaient le vertige. Nous glissâmes, à notre tour,
vers la mer ou vers l'intérieur de la mer, en choisissant l'expression qui, dans le langage
de la surface de la Terre, peut être le mieux comprise, et nous montâmes un peu plus loin.
C'est alors que nous avons rencontré un groupe d'êtres différents, de couleur jaune et de
structure très différente des rouges et des Neptunes, puisque les Neptunes présentaient la
physionomie humaine d'un regard tiré vers le bas et oblique, d'un visage allongé et d'une
queue de poisson, mais d'une intelligence proche des zones humaines et les rouges,
apparemment semblables à des grenouilles, surtout au niveau des jambes et des pieds.
Cela nous a fait un peu peur, à moi et à Julio qui ne possédions pas l'évolution d'Aglon et
l'adaptabilité des Neptunes. Les jaunes, comme nous les appelions, n'étaient ni agressifs
ni féroces. Ils nous regardaient de loin, comme curieux, et nous observaient. Aglon sourit
et nous dit :
- " Ne craignez rien, ils sont inoffensifs :
Neptune approuva d'un simple geste d'accord. De temps en temps, des courants
vibrants passaient devant nous comme une rivière aussi colorée ou multicolore et des
feuillages aussi colorés. Les jaunes se perdirent au loin et nous ne les vîmes plus.
Soudain, nous avons entendu un grand grondement venant d'en haut, de très loin.
En même temps, Jules et moi demandâmes ce que c'était et Aglon répondit : - Ce n'est
rien :
- Ce n'est rien. Nous sommes sur une distance très éloignée en termes terrestres,
dans la région maritime qui se trouve en dessous de ce que l'on appelle la Terre du Japon
et c'est un paquebot qui passe, égal ou plus grand que celui qui a coulé, mais celui-ci n'est

55
pas sujet à couler, son voyage sera paisible. Calmez-vous. Peu après, nous entendîmes
des bruits plus petits mais similaires et l'Esprit clarifia la situation :
- Ce sont des bateaux plus petits, bientôt vous en verrez des centaines. Nous
commencâmes à observer attentivement. En effet, quelques instants plus tard, nous
entendîmes un grand nombre de bruits de bateaux.
Cependant, nous poursuivons notre route. Nous volitâmes à toute vitesse. D'autres
groupes de créatures passèrent à côté de nous. Des créatures physiques de la mer, et des
créatures spirituelles dont les formes sont inconnues sur terre et dans les régions
spirituelles dans lesquelles nous vivons.
Nous fûmes surpris par tout cela. Des êtres étranges et bizarres. De temps en
temps, nous tombions sur d'immenses grottes où se pressaient des foules d'êtres spirituels
aux formes les plus diverses. Certains étaient simplement des êtres aquatiques. D'autres,
spirituels, intelligents et issus du plan spirituel.
Soudain, nous tombèrent sur un personnage étrange, avec une physionomie
bizarre et de grandes ailes, semblables à des ailes de chauve-souris, complètement lisses
et pleines de nervures, de couleur grise, qui parlait une langue étrange que nous ne
comprenions pas, mais qu'Aglon comprenait. L'esprit nous dit de suite : - Ne vous laissez
pas impressionner, il s'agit d'un homme qui n'a rien à voir avec la réalité :
- Ne vous laissez pas impressionner : il s'agit d'une créature différente, mais
sensée. Il vient d'une autre galaxie. Voyons ce qu'il fait ici, puis il s'approcha de
l'étranger:
- Mon ami, que faites-vous ici ?
De suite, Aglon, nous dit en traduisant :
- Je viens d'une autre galaxie et j'étudie le fond de la mer, car nous avons
l'intention d'installer une base aérienne de notre monde dans les océans terrestres. Nous
commençons à descendre vers le monde Terre où des créatures physiques venant de notre
monde se sont déjà installées dans la mer ! Nous aussi, Esprits qui habitons les mers des
nouvelles sphères, nous voulons connaître les régions spirituelles de la planète Terre,
dans les régions de ses mers. Il faut connaître les mers des autres mondes.
C'est en voyageant que l'on connaît l'Univers !
Aglon était d'accord et nous aussi. La conversation se poursuit néanmoins. Aglon
continua à entretenir la conversation cordiale et dit délicatement
- Nous comprenons l'intérêt de vos Supérieurs, mais nous pensons être plus
avancés que les Esprits de la Terre !
- Non, répondit l'autre. Nous venons de Vénus, à peu de chose près. Nous en
savons plus sur certaines choses, mais pas sur d'autres. Par exemple, nous connaissons
mal l'eau, et encore moins l'eau de mer et le fond de l'océan. Notre eau est une très petite
quantité et différente dans son contexte par rapport à celle d'ici. Nous n'avons pas
exactement de masses d'eau, comme les océans de la Terre.
Et nous n'avons donc pas de fonds marins, en fait, nous avons besoin de les
connaître, ainsi que les êtres étranges qui les habitent. Ce qui est beau pour les hommes
est monstrueux pour nous ! Face à cette affirmation, j'écoutais l'avis de Jules qui était
encore sur la terre ferme et qui disait
- Pour nous aussi, il ressemble à un monstre !
- Oui - ai-je précisé -. Chaque monde a son propre type de beauté ! Peut-être que
pour les Vénusiens, il est un type de beauté de leur race.

56
Jules était d'accord :
- J'accepte votre raisonnement. Je crois aussi que la beauté et la laideur ne sont
que des concepts temporaires d'une race ou d'un peuple, qui changent avec l'évolution et
même le progrès. Je suis resté méditatif un moment, en pensant à Jules, qui me paraissait
très sensé et sage.
Il sentit ma pensée, car il tint immédiatement à la préciser :
- Non, mon cher, je ne suis pas sage, au contraire, je ne sais encore rien ! Selon
Aglon : "On n'acquiert vraiment la connaissance qu'après l'avoir vécue". Tu sais, parce
que j'ai appris avec toi, qu'il ne suffit pas de connaître la lettre mais d'assimiler l'esprit qui
vit dans le mot !
J'étais d'accord et j'ajoutais :
Tu as raison : la connaissance est comme le propriétaire d'une maison. La maison
que serait la parole Terre a des portes qui seront ouvertes par le propriétaire de la maison,
sinon on n'entre pas. Nous connaissons la maison de l'extérieur, mais nous n'entrons à
l'intérieur que lorsque nous connaissons le propriétaire et qu'il nous ouvre les portes.
Toute connaissance réelle est en principe hermétique.
Je pris simplement des notes et je les enregistrai pour que Jules puisse s'en servir
plus tard. Il me montra qu'il appréciait le voyage et les rencontres éclairantes.
Sur un signe de Neptune, Aglon nous prévint que nous serions bientôt dans
d'autres régions de la mer.
A un autre signe, celui d'Aglon, nous adoptâmes la position horizontale. Neptune
et ses compagnons, en queue de poisson, partirent également à l'horizontale, comme
c'était généralement son habitude. Cependant, ils atteignirent bientôt une région plus
calme et plus sereine. Ils abordèrent près d'une nouvelle construction et virent un nouveau
navire échoué. Il s'agissait maintenant d'un vieux navire naufragé, dans lequel se
trouvaient, jetés à l'eau, quelque quatre-vingts marins tombés à la mer et qui touchaient le
fond. Navire pirate, mais l'ombre d'un autre navire anglais ou pirate, qui était resté à la
surface, restait au dessus des flots et dérivait lentement. Neptune nous rapporta qu'il y
avait eu une échauffourée et que les deux navires s'étaient éloignés. Il y a eu une lutte et
les hommes entrèrent en conflit. Le premier coula et celui qui se trouvait au-dessus
survécut. Bientôt, les marins plongèrent pour s'emparer de tout le trésor qu'il y avait. Il
s'agissait de pirates anglais et hollandais, de pirates de la reine d'Angleterre et de pirates
du roi des Pays-Bas. D'autres pirates de la couronne anglaise sillonnent également les
mers. Les Neptune sont déjà en train d'enlever ceux qui doivent être recueillis d'urgence.
L'œuvre de salut se poursuit. Beaucoup furent sauvés par les Neptune. Sauvés au sens
humain, en réalité, emmenés à l'hôpital dans un état d'inconscience. Peu à peu, ils se
rétablissent. Certains se noyèrent, embrassés dans la lutte. D'autres, vivants dans leur
chair, plongeaient à la recherche de trésors, de perles, de diamants, de colliers ou
tentaient d'ouvrir de vieilles valises qui contenaient de l'or et des pierres précieuses
conservés là depuis la nuit des temps. En fait, la cupidité et l'ambition subsistent au fond
des eaux. Parfois, les Esprits affrontent sur leur route des navires coulés remplis de
trésors des temps les plus anciens. Devant les Argonautes, Aglon s'arrêta. Neptune voulut
savoir de quoi il s'agissait, et le Grand Guide répondit :
- Pour nous, l'important est l'enseignement des maîtres, mais malgré cela, nous
voulons connaître et montrer à nos amis les trésors de nos ancêtres qui gisent au fond de
la mer et que les hommes de la Terre recherchent encore aujourd'hui avec ardeur.

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Neptune trouva tout cela très étrange et fit une expression de sérieux en même
temps qu'il exprimait peu d'inquiétude.
- Nous ne nous intéressons qu'à la Justice et à l'application de la Justice !
Aglon, lui aussi, fit preuve d'étrangeté et d'indifférence et monta dans le bateau,
accompagné des autres.
Le bateau est vieux et usé par le temps.
Les valises entreposées dans la cabine du Capitaine témoignaient de l'existence de
vieilles choses, verrouillées par des chaînes.
Elles avaient traversé les siècles !
Aglon, en tête, fit le tour du bateau. Ses compagnons le suivirent, attentifs.
Presque tout était abîmé, les pierres et l'or, eux, étaient intacts. Attachés aux pièces
anciennes, d'anciens esprits, là, gisaient comme emprisonnés ou asservis. Dans les
chaînes, des figures en position d'esclaves, restaient, des squelettes qui avaient vécu sous
la condition des galères, et, souvent, incrustés en eux les esprits qui les avaient animés sur
terre sous l'emprise de cette attraction qui les liait à la chaîne et à la barque. Aglon donna
quelques explications :
- Mes enfants, le passé essaie toujours, avec ses puissants tentacules, de lier le
présent et l'avenir, et il y parvient presque toujours. En vérité, personne ne s'échappe de
lui-même. Notre maison mentale est la prison de chacun et la conscience est le geôlier de
nous-mêmes. Il est inutile d'essayer de s'échapper. Plus fort que notre lutte est souvent le
mal que nous avons pratiqué autrefois et que nous n'oublierons jamais. Comme un
courant de feu qui nous dévore et qui vibre dans notre propre âme, il nous fait face tous
les jours et, presque toujours, nous abat et même nous détruit. Et le mal qui est en nous
est notre plus grand ennemi. Seul le Bien nous sauvera ! Le mal est autant un produit de
l'âme que le bien. Ce sont deux forces puissantes qui, d'une certaine manière, contrôlent
l'Univers et la stabilité émotionnelle et vibratoire de l'Univers. Nous marchons sur la
route des mondes vers une évolution toujours plus grande.
Jules Verne était ébloui par la mer, il n'avait jamais imaginé que la mer était
pleine d'Esprits, de choses, y compris de trésors aussi anciens qu'elle. Il lui semblait
maintenant qu'elle l'était au même titre que le firmament. C'était une révélation pour lui.
Le ciel et la mer lui paraissaient si semblables. Jules étaitt enchanté par le spectacle. La
vie est partout, animale, humaine et spirituelle. La création divine défie l'intelligence et la
perception humaines ? Tout parle de Dieu et le firmament est toujours un livre ouvert,
immense, qui dévoile les secrets de la vie et ouvre les portes de l'Univers à ceux qui
savent voir et voir. Celui qui voit avec l'Esprit voit avec le cœur de l'âme. Parce que l'être
voit avec les facultés cachées qui vibrent dans la partie intime de lui-même. Il suffit,
comme l'a dit le Seigneur, d'avoir des yeux et des oreilles pour voir et comprendre, et,
ajouterions-nous, un sens pour comprendre. Car pour nous, comprendre n'est pas toujours
comprendre.
C'est alors que nous remarquâmes que l'Esprit qui nous semblait être le capitaine
du Bateau, comme enveloppé dans un immense filet, qui ressemblait à une immense toile
d'araignée, emprisonné dedans, était connecté et emprisonné à tout le bateau, et à des
centaines d'êtres, de créatures spirituelles du passé qui essayaient de vampiriser ses
mémoires. Des choses étranges, pour nous. Comme s'ils se nourrissaient d'elle d'une
manière formelle, profondément étrange. Nous avions déjà vu et entendu parler de
vampires spirituels ou d'êtres qui agissaient comme des vampires, qui aspiraient des

58
substances ou des résidus de créatures spirituelles, mais pas de suceurs ou de preneurs de
pensées et de souvenirs ! Des voleurs d'idées d'autrui, d'esprits ou de personnes sur Terre
ou sur la Croûte, nous en avons vu beaucoup ! Les amis qui s'approprient indûment des
œuvres d'art. Peintures, musiques, livres ou œuvres littéraires existent. S'approprier
l'esprit de l'esprit, sur le plan spirituel, directement de l'esprit et de la mémoire d'un autre,
comme un chien dévorant le cerveau d'un autre, nous n'avions jamais vu cela! Nous nous
souvenons de quelqu'un dans l'Enfer de Dante.
Serait-ce cela ? C'est possible... Naturellement, les cas de ce genre sont nombreux
en Enfer, mais Dante en a mentionné un qui était un exemple pour le monde parce qu'il
était aussi une personnalité connue dans son pays. Dante lui a montré ce qu'il en était et
comment cela se passait sur le plan spirituel. Voler les idées des autres, c'est en fait
dévorer leur cerveau. C'est peut-être l'un des crimes les plus célèbres sur Terre et dans
l'Univers. Crime contre la conscience, comme on pourrait l'appeler ! Dans certains cas, il
s'agit d'une atteinte aux gènes et dans le cas mentionné, d'une atteinte à l'Esprit. Le
vaisseau irradiait toute cette toile qui, depuis le passé, reliait tous les anciens êtres qui
étaient là et qui, dans les temps anciens, vibraient avec le vaisseau, parce que les êtres et
les choses s'identifient et vibrent à l'unisson les uns des autres, qui ont existé, vécu et
vibré ensemble. Quand on se souvient, on revit. Les créatures qui se souviennent du passé
revivent beaucoup. C'est aussi la loi de la vie. La Mémoire Intégrale est la fonction qui
rétablit dans l'Esprit le Passé comme si hier était aujourd'hui. Le bien et le mal que nous
avons fait y sont stockés de manière indélébile et, à travers ces archives intimes et
personnelles, nous sauverons le passé et tracerons de nouvelles lignes directrices pour le
futur lointain.
Le bateau fut bientôt recouvert. Nous en sommes sortis, qui était stationné là
comme une immense araignée entourée d'êtres au milieu de la mer. C'est alors qu'Aglon
se souvint, comme d'un ordre de retour à la croûte
- Maintenant, il faut retourner à la Surface et y rester quelque temps, nous
sommes déjà dans les profondeurs depuis des jours et je vous parlerai. En outre, nous
devons encore visiter ces jours destinés à l'excursion, selon la programmation Supérieure,
et il est plus facile de voliter de la Terre au-dessus de la mer et de plonger ensuite dans
d'autres régions sous-marines que, comme nous sommes en train de le faire, dans la mer.
Nous verrons et trouverons des paysages et des êtres différents. Nous enrichirons notre
apprentissage. Neptune accepta et prit congé.
- Nous nous reverrons ensuite - dit-il -. Je serai prévenu de votre arrivée.
Aglon se sépara du groupe et Neptune s'éloigna à grande vitesse, trident en main,
et les Neptunes le suivirent, dans la même position horizontale et trident en vue. Ils
ressemblaient à une flotte d'avions terrestres ou à un groupe de sous-marins atomiques en
évolution de guerre. Je pris des notes et enregistrai les faits. Julio enregistrait tout sur son
prodigieux écran mental, dans son inconcevable mémoire informatique. Nous sommes
partis pour la surface. Nous n'avons pas tardé à atteindre la croûte terrestre, à revenir sur
les côtes françaises, puis à rejoindre Paris. Atterrissage, en langue terrienne, près de l'Arc
de Triomphe. Les voitures roulaient sur l'asphalte et nous ressentîmes immédiatement la
différence entre la mer et la croûte terrestre. Ici, la pollution physique et spirituelle est
énorme. Les voitures expulsaient leur fumée et les hommes les irradiations des choses les
plus étranges, principalement le gris et le rouge... Le gris, résultat d'irritations, de
contrariétés et de maladies et le rouge de la violence qui rongeait leurs âmes : toutes

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nerveuses et haineuses. Dans la mer, les êtres qui la peuplaient commettaient des fautes
ou des amours et étaient bientôt jugés, condamnés ou acquittés ; sur Terre, les pires
violences étaient commises et les jugés restaient impunis. L'atmosphère était presque
toujours trouble et, après les crimes, la police battait violemment le criminel et, dans le
plan spirituel, ces criminels mettaient des mois et même des années à se rétablir à cause
de la confusion de l'esprit qui avait commis la violence et qui mettait beaucoup plus de
temps à se défaire à cause de l'agitation des vibrations plus denses que dans la mer où
l'eau les absorbe rapidement.
Tout était pire. En général, dans les restaurants, on consomme des boissons
alcoolisées et la sexualité et le sexe prolifèrent et s'exercent à un haut degré.
À Paris, la sexualité est alors vécue presque entièrement librement. Hommes et
femmes vivent dans la rue en toute liberté. L'amour physique n'est pas contrôlé, ce qui se
répercute de façon permanente et intense dans le corps spirituel en causant des
impressions indélébiles, avec des dilacérations qui mettent longtemps à se réparer.
Sur les boulevards de Paris, la foule était si abondante et les créatures vibrant aux
ondes sexuelles étaient si nombreuses que les choses les plus inattendues se produisaient.
On cherche l'amour avec désespoir ! Des étreintes, des baisers et même des actes sexuels
commis dans la rue, avec des gestes et presque toujours avec des femmes nues ! Mais
personne ne s'en soucie et personne n'y accorde la moindre importance, considérant ces
choses comme parfaitement naturelles. La figure humaine avait déjà perdu sa
respectabilité et sa dignité. C'est ainsi que des centaines de créatures spirituelles au
comportement étrange ont été attirées !
Aglon, peut-être en guise de leçon, demanda à Neptune, qui s'était approché :
- Cher Neptune, comment vois-tu ces comportements de nos sœurs ? Neptune,
surpris, répondit :
- Comme une immoralité qui ne devrait pas être tolérée ! Malheureusement, seule
la Loi peut les ramener à l'harmonie de la création !
Aglon, qui naturellement savait tout, dans le même sens de nous instruire, ajouta :
- Avec le temps, vous sentirez le poids de la Loi ! Comme vous l'avez dit : Pas
une feuille ne tombe d'un arbre dans l'univers si ce n'est par la volonté de Dieu : la Loi est
la Loi ! La folie d'aujourd'hui peut être harmonie et gloire demain. C'est à chacun de se
trouver et de s'intégrer dans la paix et l'harmonie. Dieu guide ceux qui le cherchent. Se
connaître soi-même est une Loi qui n'abdique pas le travail de l'esprit lui-même. L'esprit,
à l'intérieur ou à l'extérieur de l'être, est un artifice naturel de lui-même ! Et chacun
construit et rectifie, progresse et évolue dans l'intense travail sur sa propre âme. Dieu aide
et soutient, mais l'être lui-même est le sculpteur qui se perfectionne. Personne ne reçoit le
ciel gratuitement. "Cherchez et vous trouverez ! Frappez et l'on vous ouvrira. Demandez
et il vous sera donné !"
Neptune regarde avec émerveillement et joie Aglon exalter la Loi !

Momartre et Monparnase parmi les artistes


Nous passions devant Momartre, lorsque nous vîmes s'approcher un Esprit
lumineux qui brillait intensément et qui, avec un grand respect, prit la main d'Aglon et lui
dit :
- Mon cher Maître, c'est une joie de vous revoir ! Aglon l'embrassa avec effusion.

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- Cher ami, il y a longtemps que je ne vous ai pas vu, et je suis heureux de vous
revoir ! Jules Verne, me murmural :
- C'est Rembrandt qui revient. Ô grand Esprit lui dit-il :
- Ami, j'ai été informé par des nouvelles d'en haut que tu vas bientôt te réincarner,
n'est-ce pas ?
- Oui, c'est certain, je reviendrai dans la sphère de la chair pour conquérir plus de
Lumière et de Compréhension et je suis prêt à essayer, mon cher Aglon ! Et vous, venez-
vous de la mer ?
Il sourit à Aglon, comme quelqu'un qui ressent la surprise et ajouta :
- J'en ai entendu parler à Paris. Des compagnons ont répandu la nouvelle et
admiré son courage et son dévouement ! C'est vrai, j'ai été convoqué avec ces
compagnons pour des recherches scientifiques et des services des sphères de la science.
Et depuis quelques jours, nous enquêtons sur la mer, avec Neptune en tête, qui est l'un
des gardiens de la mer.
Le vieux Rembrandt contempla avec admiration la figure olympienne de Neptune
avec son trident et s'exclama :
- C'est la première fois que je le vois en personne ! Je n'en avais entendu parler
que dans la mythologie. A Paris, Maître Aglon, on parle beaucoup de vos voyages avec
lui.... Ce sont des nouvelles secrètes qui ne parviennent pas aux hommes... Seulement les
esprits. Les chroniqueurs ou reporters de notre Plan les commentent dans les gazettes
spirites.
- C'est alors que Jules Verne entra dans la conversation !
- Mon cher Rembrandt, peignez-vous toujours ?
- Oui, répondit l'autre, je n'ai jamais cessé. C'est une nécessité pour mon âme ! Je
peins toujours !
- Travaillez-vous en ce moment à une œuvre particulière ?
- D'une certaine manière, oui. J'ai été appelé au Ministère de la Communication et
invité à travailler dans le domaine de la transmission médiumnique. Pour le moment, je
communique précisément avec de vieux amis français et d'autres étrangers qui ont vécu
dans d'autres races. Tous romantiques ou spirituellement d'origine romantique. Dans
l'avenir, nous a-t-on dit, nous serons chargés de les regrouper.
- Parce que - poursuit Jules - tu ne sais pas tout ?
- Non, ici, on n'apprend les choses que progressivement, avec patience.
- Là-bas aussi ? - demanda Jules.
Et, je crois, sur le plan spirituel et partout ailleurs.
- Je crois bien, ajouta Jules.
J'écoutais et Aglon, sérieux, suivait la conversation, laissant les deux amis
échanger leurs impressions sans être interrompus. Neptune n'y prêtait pas grande
attention, il regardait au loin, comme d'une distance immense, écoutant la mer. Soudain,
Rembrandt dit à Aglon : La Gazette de ces jours-ci rapporte que votre caravane
scientifique visitera MASCAREU ! en compagnie de Neptune. C'est bien cela ?
- C'est la détermination Supérieure. - dit l'Esprit.
- Mais ne s'agit-il pas d'un monstre piégé depuis des millénaires au fond de la
mer!
- C'est ce qu'on dit.
- Et vous n'avez pas peur ?

61
- Mon fils, l'ordre est l'ordre. Ce qui vient d'en haut, d'une autorité reconnue et
respectée, ne peut et ne doit pas être refusé !
Mais Jules et moi, qui ne connaissions pas cet ordre, étions inquiets. Quoi que
Dieu ait voulu et quoi qu'Aglon ait déterminé, le nom de MASCAREU nous donnait la
chair de poule !
Très vite, Rembrandt nous dit délicatement au revoir et s'en alla. Nous
continuâmes à glisser le long de l'avenue, à proximité de l'Arc de Triomphe.
Nous rencontrâmes bientôt le vieil Hugo qui, au cours de sa promenade
habituelle, se remémorait les jours de la terre et ses luttes pour la race humaine. Figure
vénérable, il était toujours regardé avec amour et affection et il n'était pas rare de le voir
comme un enfant que l'on prend par la main. Ami des écrivains, des poètes, des
musiciens, des artistes et des pauvres.
Il aimait Paris et n'avait pas encore le courage de quitter cette terre.
Il embrassa Aglon avec chaleur et un amour profond et l'on pouvait voir qu'ils
étaient de vieux compagnons. Aglon l'aimait aussi.
- Mon cher Aglon, dit-il, Oscar m'a dit là-bas que Paris ressemblait aux Limbes !
Ils rirent tous les deux.
- Pourquoi cela ? - demanda Aglon.
- Parce que la plupart d'entre eux veulent aller au paradis !

Mascareu
- Eh bien, rétorquA Aglon, le paradis est un beau concept. La paix, c'est le paradis
! Et la paix se construit en soi, par le renoncement, le dévouement et l'amour !
- C'est vrai mon ami, il n'y a pas d'autre voie ! ajouta Hugo :
- La sérénité, la paix, la compréhension, la sagesse, l'amour sont des constructions
laborieuses de l'Esprit lui-même et le ciel est l'heureux résultat de ce travail. L'ensemble
de ces conquêtes sont les clés qui ouvrent les portes de la Loi que nous avons en nous-
mêmes, dans nos cœurs et nos esprits. Comme l'a dit un jour un grand compagnon :
"Personne n'attend un ciel qu'il n'a pas construit lui-même ! Chacun construit son propre
ciel et son propre enfer intérieur !
Après ces paroles divines, Hugo fit ses adieux à tout le monde :
- Que Dieu vous accompagne à travers la mer et les difficultés du voyage !
Nous le remerciâmes pour ses adieux et continuâmes à nous promener dans le
quartier des artistes. C'est alors qu'apparut Baudelaire qui nous salua joyeusement
Quelques jeunes l'entouraient. Respectueusement, il serra la main d'Aglon,
comme un disciple à son Maître bien-aimé.
- Comment vas-tu, petit Baudelaire, demanda Aglon.
- Comme toujours, mon Maître, j'essaie de racheter mes anciennes erreurs. Ceux
qui ont beaucoup erré paieront douloureusement pour leurs propres fautes, n'est-ce pas ?
N'est-ce pas ainsi que vous m'avez enseigné, monsieur ?
- Regardez mes pupilles ! Et il montra les les jeunes gens.
- Ils font partie de ceux que j'ai conduits sur les chemins du suicide et de la mort !
confirma sérieusement Aglon. Je connaissais déjà Beau depuis que, par la main de
l'Esprit Altino, il avait transmis médiumniquement à la Croûte le livre Fleurs du Bien, un
joyau littéraire du monde spirituel, encore pratiquement inconnu sur Terre, qui contient

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de nombreuses clés de l'Esprit qui ouvrent de nombreuses portes et qui sera très aimé
lorsqu'il sera bien connu et étudié, selon ce que disent nos guides spirituels.
Quand une plus grande maturité viendra, l'humanité le comprendra... Alors les
hommes l'aimeront. J'ai donc regardé Beaudelaire avec une profonde affection. Nous
avions là quelqu'un qui aimait beaucoup et qui souffrira beaucoup !
J'ai remarqué qu'il me souriait subtilement.
- Tu travailles dur ? - demanda Aglon.
- Un peu, répondit le poète. Je prépare modestement dans ce plan quelques notes à
transmettre bientôt à la Terre, et, je me consacre encore, dans le domaine pratique, et
avec ces jeunes, à aider ceux qui sont au bord du suicide ? Nous ne parvenons pas
toujours à les arrêter.
J'ai vu qu'Aglon l'observait avec affection car il lui a dit ;
- Aie confiance, Beaudelaire, tu atteindras bientôt ce que tu attends.
Jésus aussi attend beaucoup de toi !
Puis nous nous nous éloignâmes.
Soudain, nous remarquâmes le silence d'Aglon qui semblait recevoir des
informations, par l'ouïe, de la Sphère Supérieure, ce qui nous fut confirmé.
- Nous devons partir. J'aimerais parler à d'autres compagnons qui restent ici en
voyage d'étude. Ce serait bon pour moi et pour eux. Un échange d'idées dans le sens
d'apprendre et d'aider tout le monde, n'est-ce pas ?

De nouveau la Mer
Nous nous sommes éloignés vers le rnar. Nous étions toujours en groupe. Neptune
(trident en main), maintenant en tête. Puis Aglon. Nous étions heureux d'être avec eux.
Nous pénétrâmes à grande vitesse, d'une mer à l'autre, à travers les vibrations
spirituelles marines. Les eaux se coloraient au fur et à mesure que nous avancions et des
milliers d'êtres d'une forme et d'une nature différentes de tout ce que l'on peut imaginer
étaient laissés derrière nous !
Aussi bien sur le plan spirituel que sur le plan matériel ! Nous voyagions entre
deux mondes : Nous voyagions dans une direction horizontale mais légèrement inclinée,
cherchant le fond de la mer à une très grande vitesse !
- Bientôt - expliqua le grand Esprit -, nous atteindrons le fond de l'océan où se
trouve MASCAREU !
- De quelle nature est ce MASCAREU ?
- Ce n'est pas encore un esprit humain ni un animal, c'est un être presque sans
forme, mais intelligent, intelligence rudimentaire, être en évolution, ni mauvais ni bon,
forme primitive qui vient du bas vers le haut ! Il est en transformation, sous la domination
tyrannique de la nature elle-même, développant des instincts primitifs et atteignant une
intelligence à peine supérieure à celle initiale et primitive. D'après les informations de nos
ancêtres, nous sommes venus de la mer et nous retournerons à la mer.
A l'exception d'Aglon, nous ressentîmes tous un véritable impact ! Une sorte
d'horreur et de peur nous envahit soudain. En même temps, nous pénétrions dans un
immense tunnel ou couloir ou même une étrange rivière dans la mer !

63
Notre vitesse était prodigieuse et nous emmenait dans des régions inconnues,
pleines de plantes marines à l'aspect et à la contexture plastiques, avec de longues feuilles
larges d'un doigt et demi qui semblaient flotter au passage des ondes.
Nous marchâmes rapidement sur ce chemin d'ombres et atterrîmes bientôt dans un
endroit ressemblant à une large clairière. Au fond, accroché à une carrière, se trouvait un
être énorme, ressemblant à un être vivant de gélatine vibrante, vert clair. Une matière qui
bougeait, attachée à la pierre et secouée de mouvements rapides, sous l'impulsion de
vibrations produites par une puissante énergie subatomique. Percevant peut-être notre
peur, Aglon nous rassura :
- Ne vous laissez pas impressionner. Il est intelligent mais il n'attaque que
lorsqu'il est provoqué ou menacé !
J'eu l'impression que cet être pouvait nous voir à travers chaque organisme car à
chacun de nos mouvements, il se rétractait, avançait ou reculait et tremblait de tous ses
membres. Tout comme nous avions l'étrange sensation qu'il percevait nos sentiments !
Aglon clarifia !
- Il n'attaque pas pour rien, mais à distance il influence ou agit contre d'autres
êtres... Par exemple, vous savez que la planète Terre est pleine d'êtres de matière
physique, toute la vie animale l'est. Le corps spirituel de tous les êtres vivants, l'un est la
chair de l'homme, un autre, presque identique, est celle des animaux, un autre, celle des
oiseaux, et ainsi de suite. Le corps spirituel de l'homme porte différents noms : Esprit,
corps astral, corps éthéré, réseau psychologique, au fond il est toujours le même. Les
animaux, les oiseaux et les autres suivent une ligne similaire, dans le concept des initiés...
mais le corps spirituel est toujours physique ou semi-physique. L'Esprit et l'âme vibrent
dans la matière ou la quintessence de la matière, ou sont de contexture immatérielle ou
atomique ou électromagnétique selon la forme sous laquelle ils se présentent, jusqu'à la
dernière phase qui a été l'identité la plus similaire avec Dieu, qui est l'essence avec la
matière qui forme le corps des esprits ou avec le corps spirituel ou corps éthéré. Le
Mascareu a une contexture électro-magnétique et la possibilité d'envoyer des éclats
vibratoires capables d'irriter d'autres êtres et d'attaquer des créatures différentes d'eux et
de leurs semblables. Ils ont la possibilité d'agir sur les monstres marins non spirituels qui
rôdent assez souvent sur l'écorce terrestre. Certains apparaissent de temps à autre sur les
côtes d'Angleterre ou d'Écosse. Des monstres qui terrifient généralement les populations
des petits villages situés en bord de mer et précipitent les petits navires au fond de l'eau.
C'est ce qu'on appelle le Mascaréu. Les peuples anciens connaissaient et parlaient de ces
monstres fabuleux... qui font partie des légendes de la mythologie et qui sont aujourd'hui
considérés comme des fables ou de simples fantaisies mais que les recherches
scientifiques modernes rétabliront et expliqueront de manière raisonnable dans un avenir
proche.
Nous contemplâmes l'être étrange en silence, écoutâmes le guide spirituel avec
respect et gratitude pour nous avoir donné de telles explications : pratiques et précieuses.
Aglon comprit et sourit. Autour de Mascaréu, des milliers de poissons se déplaçaient et
d'autres êtres de formes différentes. Aglon expliqua encore :
- Il y a des milliers d'êtres en transformation, passant d'une forme à une autre sous
l'impulsion des lois évolutives de notre monde.
Je restais à méditer sur les merveilleuses lois de la vie et de la création divine !

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Encore le Mascareu
Aglon nous invitait à nous rapprocher de cet être qu'était le Mascareu. Nous nous
approchâmes. Plus près, nous vîmes la transparence cristalline de l'être. Nous
remarquâmes à l'intérieur une sorte de réseau magnétique électrique (probablement) qui
maintenait cette forme gélatineuse agglutinée.
Il en émanait un rayonnement froid, si froid qu'il éloignait les autres êtres. On
aurait dit qu'il ne parlait pas. Il était toujours silencieux, mais des ondes vibratoires en
sortaient et voyageaient dans l'eau, et d'en bas elles montaient vers les êtres et les choses
d'en haut.
Soudain, nous vîmes un étrange requin (était-ce un requin ?) que Neptune
interpella aussitôt :
- Voici l'Asmadeus ! Serviteur des forces du mal qui viennent des ténèbres et
poursuivent les indifférents !
Puis il poussa un sifflement vibrant qui attira des milliers de petits Neptune armés
de tridents, ainsi que des milliers d'autres petites créatures marines !
Les eaux étaient remplies de ces êtres qui étaient en mesure de défendre Mascaréu
et d'attaquer Asmadeu !
Asmadeu se mit lui aussi en position de défense acharnée, mais il fut
immédiatement attaqué. Avec ses pattes qui ressemblaient à celles d'un requin
traditionnel, il résista, mais fut bientôt frappé par les petites créatures du fond de la mer.
Aglon resta serein et ne se battit pas, ni ne donna d'ordre en ce sens, bien que,
pensions-nous, tout le monde obéirait à sa décision.
Des étincelles apparemment incendiaires jaillissaient des petits êtres tentaculés et
plats qui couraient vers et contre les autres.
La pénombre dans laquelle nous nous trouvions était éclairée par la
phosphorescence des petits êtres sous-marins qui formaient un fabuleux firmament
aquatique inondé d'étoiles !
Cette petite bataille dura un certain temps.
La végétation vert clair, semblable à du plastique, maintenant illuminée, se
balançait comme des lames d'épée ! Elle donnait un éclat argenté aux eaux de la mer et
effrayait d'une certaine manière les petits êtres qui se cachaient dans l'ombre. Asmadeus,
se croyant seul, s'éloigna lentement. Mascaréu, se croyant vainqueur, commença à
gonfler et à grandir, une taille gigantesque ! Sa toile intérieure grandit dans les mêmes
proportions et nous remarquâmes qu'il y avait beaucoup d'énergie en lui. Aglon
s'approcha de lui, nous montra et clarifia :
- Mascaréu se situe parmi les êtres qui sont ceux qui, d'une certaine manière, ont
commencé l'évolution à partir des premières manifestations de la NAISSANCE.
Il est issu de l'Amibe, mais des millénaires se sont écoulés. La forme gélatineuse
indique ce fait : en réalité, nous étions face à une phase d'évolution matérielle et
spirituelle de la forme. Cela nous intéressait beaucoup, car d'une certaine manière, nous
nous souvenions qu'un jour, nous aussi, nous étions passés par cette phase. Jules Veme
s'intéressait peut-être plus que quiconque à ce phénomène ! Il avait passé beaucoup de
temps à étudier le Mascaréu ! Il pensait que c'était une espèce insolite qui le faisait
méditer sur les millénaires les plus anciens ! J'ai tout de suite compris qu'il en savait
beaucoup plus que moi ! Modeste et simple, il ne montrait pourtant jamais ostensiblement
qu'il savait, mais son intérêt prolongé montrait bien qu'il s'agissait d'un sujet de l'un de

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ses domaines d'étude. De temps en temps, il faisait une observation ou une autre qui nous
impressionnait beaucoup ! De plus, Aglon lui témoignait toujours beaucoup d'affection et
d'attention. Il était pour moi un compagnon précieux. J'avais été séduit par son amitié, sa
disponibilité et son goût de l'aventure. Le côté scientifique des choses l'a toujours
intéressé. Étudier, discuter, commenter, rechercher, connaître, c'était la voie. La
sympathie, l'affection, l'amour étaient son comportement normal et sa façon de procéder.
C'est pourquoi, sur Terre, on disait qu'en plus d'être un grand écrivain, il était un grand
homme !
Nous avons tous examiné le Mascareu sous le regard fixe et vibrant d'Aglon
dominé par son supermagnétisme. L'être ne bougeait pas et nous pouvions le voir de près.
Sous la matière gélatineuse, des courants vibratoires intenses circulaient.
Aglon expliqua :
- Des transformations inimaginables s'opéraient ! La nature exprimait alors ses
nouvelles formes et il accédait à de nouvelles possibilités de vivre.
- Est-ce que cela prend du temps ? - demandai-je.
-Quelques millénaires", répondit Aglon. Selon l'impulsion initiale qu'il a reçue.
- De quelle impulsion s'agit-il ?
- L'impulsion de la vie !
- Et toutes les impulsions qui engendrent tous les êtres ne sont-elles pas égales ?
- Non, dit l'Esprit.
- Je ne peux le dire que maintenant.
- Pourquoi ?
- Parce que maintenant, tu ne peux pas en savoir plus et je ne peux pas t'en dire
plus. Dans l'avenir, tu le sauras.
- Cela semble même être un mystère !
- Et c'en est un ! - dit Aglon - et il resta silencieux. Je restais pensif, tout comme
mes compagnons. Pour la première fois, j'avais reçu un non définitif. Un silence s'abattit
sur nous, comme l'ombre de la nuit enveloppant le jour.
Nous continuâmes cependantà regarder Mascaréu. Nous étions heureux de voir
l'évolution en cours. D'autres êtres en transformation passaient rapidement et nous les
remarquions chacun dans une phase différente, naturellement, mais pas tous aux
dimensions de Mascaréu. Beaucoup plus petits, les êtres en transformation. A ce stade, ils
étaient petits et ressemblaient à des poissons, mais dans cet endroit, ils étaient tous d'une
substance gélatineuse et animés bioélectriquement ou électro-magnétiquement. La grotte
était maintenant remplie de ces petits êtres qui se déplaçaient à très grande vitesse ! Ils
différaient les uns des autres par leur forme.
Soudain, Mascaréu se mit à bouger comme une immense limace irradiant une
lumière incandescente qui ressemblait à un feu dans la grotte.
Les petits êtres semblèrent effrayés et s'éloignèrent en cherchant l'embouchure de
la porte de sortie de la grotte. Nous nous éloignâmes également pour laisser la place à cet
être qui ressemblait à un monstre ! Il ne s'est pas battu et ne nous a pas attaqués. Il était
effrayant par sa simple présence.
Soudain, nous sentîmes que l'eau de la grotte changeait de couleur et vibrait et,
étonnés, nous vîmes Asmadeus entrer lentement, comme une petite barque, à la vue de la
taille du Masque, qui était énorme ! Nous remarquâmes qu'il commençait à vibrer
différemment à l'intérieur et qu'il était secoué par des courants internes ? et il commença

66
aussi lentement une marche laborieuse, lentement et lentement. Asmadeus, par des
mouvements rapides, traversait toute l'immense grotte. Les milliers d'êtres qui occupaient
l'espace quittaient rapidement la grotte. Comme un combattant qui s'approche lentement
de son adversaire, Asmadeu s'approchait de Mascaréu. Je commençais à entrevoir un
combat, et en même temps je remarquais qu'Aglon s'abstenait de participer à la lutte, et
semblait même vouloir regarder le combat, ce qui me surprit ! Cependant, vu la nature et
la taille d'Aglon, nous conclûmes immédiatement que toute attitude ou même sa pensée
dans ce sens serait impossible !
Asmadeus avançait, Mascaréu gardait son calme. Jules Verne, très intéressé,
voulait tout observer et tout savoir ! Son attention était redoublée ! Son intérêt se
multipliait ! Il était tout près ! Je ne supportai pas l'inquiétude et je demandai à Aglon :
- Aglon, mais est-ce qu'il y a des combats ici aussi ?
- Oui, il y a des combats - répondit-il -. Le combat, en tant que défense, fait partie
de la nature de tous les êtres depuis les premières manifestations de la vie dans l'Univers.
Ne te souviens-tu pas de la légende d'Adam et Eve, de Caïn et Abel, avec toutes les
manifestations primitives ?
C'est l'être qui commence à naître et à vivre !
Les premiers initiés des temps les plus reculés l'ont reçu par médiumnité, presque
directement, et au fil du temps, il est devenu une légende et s'est transformé en une
histoire incompréhensible et inconcevable. Les hommes de la terre ont perdu le contact
avec la médiumnité, avec leur source primitive et pure de Connaissance, ce qui les amène
souvent à penser que Dieu les a abandonnés ! Mais cela n'est pas arrivé et n'arrivera pas.
La chute des anges joue également un rôle dans cette histoire !
Julio et moi regardâmes Aglon avec stupéfaction !
Les eaux étaient maintenant rouges, sous l'incandescence de Mascaréu, elles
devenaient comme le soleil couchant d'un pays tropical !
Sous cette lumière phosphorescente, Asmadeu avançait et Mascaréu, serein,
attendait ! Le silence était absolu !
Je sentais, maintenant, que c'était la marche des deux. Lentement, lentement. Pas
à pas, en utilisant le langage du monde !
On avait l'impression que dans la matière gélatineuse du corps de Mascaréu, mille
yeux brillaient. Dans la majesté sereine de cet être, on sentait le PRINCIPE DE LA
CRÉATION ! S'agissait-il du pouvoir rudimentaire de l'Instant du Commencement ? Ou
bien le pouvoir inconnu du commencement était-il concentré en lui ? Tous deux
semblaient conserver en eux cette force qui était en réalité la Lumière du commencement,
cette force et cette puissance de l'origine que les hommes ne connaissent plus !
Mascareu se déplaçait lentement dans les eaux, laissant les pierres derrière lui.
- Cet être est esprit
- S'agit-il d'un esprit, d'un poisson, de quoi s'agit-il ? demandai-je.
Aglon répondit :
- En fait, c'est un esprit, à un stade d'évolution spirituelle. Il n'a pas encore de
forme définie. Il est presque uniquement dominé par les instincts qui émergent. C'est une
matière plus ténue que la matière physique initiale du monde. Il traversera les millénaires
à la recherche d'une forme car dans l'Univers l'Esprit cherche ou s'adapte à une forme. Le
moderne et l'ancien n'est qu'un combat de forme. Rien d'autre ! Tout se réduit à une
question de forme. Dans ces conditions, on en conclut qu'il y a Principe et Fin. On

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pourrait dire, en imitant le poète : "Avoir ou ne pas avoir de forme, telle est la question."
Au début, on naît apparemment sans forme et à la fin, ou aux points les plus élevés de
l'évolution, on devient sans forme ! Mais la beauté de la création pour les yeux des
hommes et la vision des esprits est toujours la forme ou l'idée.
Ce sujet demande beaucoup de méditation et de compréhension. Et cela devra
encore attendre les millénaires et le doublement des millénaires sans fin ! Ne te souviens-
tu pas des sages paroles d'Emmanuel : "Le temps est le trésor de l'homme". C'est
pourquoi, mon fils, il est nécessaire d'attendre, d'attendre avec patience et d'accepter le
temps aussi comme Messager de Dieu et ami de l'homme. Dans ce labeur de travail
permanent et de méditation, nous trouverons un jour Dieu, disent les sages spirituels, en
nous-mêmes. Il faut travailler et vivre en nous-mêmes. Nous sommes le commencement
et la fin ! La nature est l'artisan universel qui anime nos forces intérieures. Il y a
gestation, travail et progrès comme il y a évolution mais en oubliant tout, nous nous
endormons en nous-mêmes ! Ne penses-tu pas que la Belle au Bois Dormant peut être
une petite histoire pour nos esprits éternels nous alertant de nous réveiller d'un long
sommeil qui accomplit en nous un laborieux travail d'éternité ? Quand l'homme
comprendra qu'il a en lui les forces naturelles et le pouvoir de la nature d'éveiller les
facultés éternelles qui lui donneront la connaissance totale de l'Univers et que c'est lui-
même qui dort en son intérieur un être fabuleux semblable à Dieu et qui vit et repose en
Dieu ? Quand cela arrivera, mon fils, il verra que Jésus avait raison quand il dit : "Vous
êtes des dieux".
Aglon s'était illuminé et avait donné un étrange éclat rose-bleu aux eaux de la
grotte, ce qui avait étonné les milliers de poissons terrestres et d'êtres spirituels qui y
avaient séjourné. Neptune ressemblait à une statue pétrifiée recouverte de lumière bleue.
Nous nous inclinâmes, humbles et terrifiés, voyant à cet instant qu'en vérité, Aglon devait
déjà être presque un dieu !
Les eaux commencèrent à s'éclaircir et les algues subirent d'étranges changements
de couleur sous l'eau invisible des êtres d'autres sphères !
Cela clignota deux ou trois fois dans la Grotte et nous frissonnâmes quand Aglon
s'agenouilla au milieu des eaux phosphorescentes et, joignant les mains, s'écria :
- Seigneur ! Aie pitié de moi ! Aidez-moi, Seigneur ! Pardonne mes erreurs et mes
fautes ! Aide mes frères !
Un nouvel éclair illumina les eaux et nous vîmes qu'autour de nous, dans les eaux,
dans toute la grotte, dans le plan spirituel au-delà de nous, des centaines d'êtres
agenouillés, vêtus de tuniques, illuminés et confus, les mains croisées, dans une attitude
d'humilité, demandaient : Aidez, Seigneur, nos frères ! Et une voix puissante est venue
d'en haut et a dit :
"C'est mon fils bien-aimé !
- Celui-ci est mon fils bien-aimé ! En lui je place mes espoirs, tout mon amour et
ma puissance ! L'amour que vous lui portez en mon nom, c'est par moi qu'il sera donné et
reçu, et c'est par lui que sera fait tout ce que vous demanderez, dans cette génération ou
dans les générations futures ! Car en mon nom, il est le Saint des Saints pour l'éternité !
Et ceux qui croient en moi à cause de mon nom vivront pour les siècles des siècles ! Il est
en moi et je suis en lui ! C'est un mystère éternel !

***

68
D'autres éclairs illuminaient les eaux de la grotte et je compris que cette lumière
accélérait la transformation de ces êtres et collaborait intensément. Pour nous, du monde,
ce serait comparable à une immense couveuse électrique ! Seulement, les esprits en
formation reçoivent, au lieu de la chaleur, une force vitale intense qui vient des sphères
supérieures par l'intermédiaire d'un être supérieur, comme Aglon dans ce cas, et par
l'intermédiaire de Jésus, comme dans le cas de la transformation et de la nouvelle
orientation du monde et de la pensée universelle, qui est renouvelée de temps en temps,
appelés millénaires, par d'autres Initiés, parce qu'ils travaillent dans le même but, qui est
de libérer progressivement la conscience humaine, pour que l'homme comprenne et vive
progressivement de nouvelles expressions ou visages de la Connaissance Universelle.
Pour acquérir la connaissance, il faut d'abord la vivre. Rien n'est connu en ce monde si
nous ne vivons pas l'enseignement qui l'annonce. Ne vous trompez pas en croyant que
nous allons conquérir l'enseignement sans le vivre ! Tous les êtres intelligents de
l'Univers reçoivent l'Enseignement par la parole d'un Maître, mais ils doivent le vivre
pour le comprendre et l'assimiler.
C'est pourquoi Jésus a dit : "Prenez et mangez, ceci est mon corps. Prenez et
buvez, ceci est mon sang". Les enseignements de Jésus sont le sang, le corps et la vie !
Nous devons l'absorber. Nous devons l'assimiler afin de ne faire qu'un avec Lui. Il n'y a
pas d'autre voie ni d'autre chemin. Celui qui ne le comprend pas de cette manière ne le
comprendra et ne l'aimera jamais. Nous devons l'absorber complètement, l'avaler tout
entier et le sentir dans toute sa plénitude avec le Père. Pour lui, il n'y a pas de demi-
mesure. Tout ou rien, Jésus ne se donne pas à moitié et n'accepte pas de moitié. Il en est
de même pour tous les vrais initiés. Il voulait et devait être aimé avec intensité, avec
voracité, avec courage et avec amour. Ceux qui ne l'ont pas encore fait devront le faire
parce qu'Il nous attend encore éternellement. En Lui se trouve le Père et le vrai Seigneur.
Ce n'est qu'en lui que nous trouverons la porte qui existe pour nous, enfants de son
amour. Il nous a choisis pour le suivre et avec nous, il s'engage, bien que d'autres initiés
s'engagent avec d'autres créatures. Comme la poule a ses poussins, les initiés ont leurs
enfants spirituels. Chacun s'occupe des siens avec affection et amour. Dans la sphère de
notre monde qui comprend la région solaire, Jésus dirige, selon les plus anciennes
traditions du soleil, tout le système solaire, avec ses dieux, ses anges et ses Initiés.
C'est pourquoi il a également dit : "Personne ne vient au Père si ce n'est par moi.
Je suis la Porte..." La porte du salut et de la compréhension. Et nous pouvons ajouter :
"Frappez et l'on vous ouvrira.... Demandez et vous recevrez."
On ouvrira à quiconque frappe. À quiconque demande, il sera donné. A
quiconque cherche, il trouvera."
Nous serons toujours transformés et passerons de sphère en sphère et en nous-
mêmes sous l'impulsion de la pensée et des vibrations de notre Seigneur Jésus-Christ,
dans la sphère de notre création spirituelle. Et c'est en Jésus-Christ que nous avons été
engendrés et en Lui que nous vivrons éternellement.
La parole d'Aglon résonna comme une cloche dans nos cœurs et pénétra
profondément dans notre âme !

69
Dans la sphère au-delà de la nôtre, on voyait encore cette immense quantité
d'Esprits qui écoutaient et accompagnaient sa sage parole en même temps qu'en haut elle
s'étendait et pénétrait tous les cœurs.
Bientôt nous nous éloignâmes lentement de là, Aglon en tête, sous l'impression
formidable et sublime de ces paroles. L'air semblait embaumé d'un parfum indescriptible,
la couleur des choses donnait à tout, la conformation d'un monde fantastique. Nous
suivîmes le chenal et en peu de temps nous atteignîmes l'immensité de la mer et la
surface, et bien que nous fussions dans la sphère astrale, nous contemplâmes le bleu du
firmament du monde et vîmes l'éclat des étoiles du matin.
Aglon nous invita à nous poser sur une belle falaise que nous apercevions de loin.
Comme des oiseaux de mer volant très haut, nous avons entraperçu des îles, des falaises
et des plages qui apparaissaient çà et là.
Dans les anfratuosités de la falaise, nous reçûmes des instructions directes
d'Aglon qui nous retransmettait de sérieuses recommandations, disant qu'il nous avait été
permis de connaître certains aspects spirituels de la mer et de certains personnages qui
l'habitent, mais que les mers et les océans étaient riches d'êtres que l'humanité terrestre ne
connaissait pas encore, qu'il s'agissait en réalité d'un monde inexploré, tant du point de
vue terrestre, de la Croûte, que du point de vue spirituel des choses et des êtres qui y
existaient et qui habitaient le Monde ignoré ainsi que les autres créations de la nature
dans le Monde Spirituel. La vie existe partout dans l'Univers.
Ce sont des êtres différents quant à leur forme et à leur manifestation à travers
diverses possibilités, mais ils ont un principe qui est le même et qui évolue avec un seul
objectif, qui est d'atteindre l'évolution suprême et finale. Selon certains, les êtres les plus
avancés viennent de Dieu et retournent à Dieu. D'autres disent quelque chose de
semblable en affirmant que nous sommes des étincelles divines qui retournent à Dieu.
Cependant, tous affirment l'éternité de ces êtres. Ils sont nés de Dieu, en Lui ils vivent et
en Lui ils meurent, dit l'apôtre Paul.
Après cet exposé, Aglon ajouta :
- Nous allons partir d'ici et parcourir l'Orbe et nous arrêter dans certains endroits
où nous trouverons des créatures qui vivent encore au bord de la mer, liées par un
magnétisme qui les retient et les maintient là pendant des siècles et des millénaires.
Et en disant cela, Aglon s'envola et nous entraîna avec lui, emportés par sa
puissance et son magnétisme.
***

Nous traversâmes vertigineusement l'atmosphère qui entourait le monde et où les


êtres les plus étranges habitaient et vivaient, dans l'air ou dans d'autres formes de matière
qui existent et dont l'homme n'a même pas eu connaissance. L'ignorance humaine dans ce
sens n'a pas de limites. En réalité, l'homme ne connaît même pas l'endroit où il se rend.
Le sage Socrate avait raison
Socrate avait raison : "Connais-toi toi-même" ! L'homme commence à peine à se
connaître lui-même ! Il n'a même pas encore bien compris les régions du monde dans
lesquelles il vit. Aujourd'hui, il commence à explorer vraiment le pôle et il essaie de
connaître la Lune et les planètes voisines. Il y a quelques jours, il a fait le premier pas
vers la découverte de l'Univers et il ne sait rien. En réalité, l'homme est encore l'inexploré
et l'inconnu pour lui-même. Il vit vraiment dans les ténèbres intérieures et extérieures.

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Faire le bien, pour lui, est encore un but à atteindre et un grand objectif que la quasi-
totalité de l'humanité ignore. Agir conformément à la loi et à l'honnêteté est encore
considéré comme un acte exceptionnel, alors qu'il devrait s'agir de quelque chose de
normal et de banal. Il faut vivre le Bien comme un acte de respiration. Être bon envers
l'homme est encore inhabituel et digne de louanges et d'admiration, alors que cela devrait
être la procédure de tout être dans la vie normale.
Nous méditâmes sur ces choses et nous survolions d'immenses étendues de masse
liquide, lorsque nous aperçûmes au loin quelques îles. Aglon fit un virage et nous le
suivîmes. Au-dessous, la végétation composée d'arbres et de palmiers se balançait dans le
vent et la beauté était indescriptible. D'un plan spirituel raréfié, nous pouvions voir la
beauté paradisiaque de la croûte où vivaient des êtres humains et où demeuraient encore
de nombreux esprits qui, bien que dépourvus de corps de chair, ne souhaitaient pas quitter
la Terre. Ils l'aimaient trop pour la quitter. Ils étaient imprégnés de liens millénaires. Je
remarquai cependant que nous descendions et que nous atterrissions sur une île. Et nous
marchions sur le sable. Neptune nous accompagnait, silencieux. Nous vîmes bientôt des
indigènes qui dansaient joyeusement et jouaient d'instruments qui émettaient des sons très
terreux. Sans que nous le demandions, Aglon dit :
- Ce sont des autochtones, mais ce sont des esprits désincarnés comme nous. Ils
restent ici, où ils sont nés et morts dans leur dernière incarnation, parce qu'ils aiment cette
Terre. Ils ne la quitteront pas de sitôt, ils renaîtront à nouveau sur ces terres et y resteront
encore pendant de nombreux siècles. Ils sont imprégnés de la Terre et du lieu, des
coutumes et de la race. Ils conservent encore leur propre langue dans le royaume
spirituel. L'évolution, mes enfants, se fait lentement, lentement. Il faut parfois des
millénaires et des millénaires pour faire un simple pas... La nature est sage mais elle est
lente et c'est aussi cela la sagesse. L'être avance peu à peu dans le silence des siècles et
des millénaires. Mais c'est à chacun de comprendre les besoins de progrès de sa propre
âme lorsqu'elle s'éveille aux sublimes facultés de l'Esprit Éternel.
En nous-mêmes, nous devons travailler avec intensité pour progresser chaque fois
davantage. Dieu nous donne les facultés et les instruments, mais c'est à nous de travailler
et de continuer. Nous sommes en quelque sorte notre propre œuvre et l'œuvre de notre
propre âme. Chacun est le bâtisseur de lui-même sous la miséricorde de Dieu.
Il n'y a pas d'improvisation dans la nature. Ce que l'on considère comme un être
vivant s'est laborieusement créé et réalisé au fil du temps. Nous apportons de Dieu le
principe de vie et la force de renouvellement évolutif, mais il dépend de chacun de nous
de grandir, de se transformer et d'évoluer davantage dans une meilleure direction. Pour
cela, nous avons en nous, dans notre propre être, les graines qui, développées, dessinent
dans notre propre âme les nouvelles facultés qui doivent naître et se développer, avec des
possibilités encore inconnues qui gagneront en vie et en expression. C'est à l'intérieur de
notre être que nous trouvons les possibilités de l'avenir qui s'éveilleront et ouvriront les
portes de la vie éternelle qui s'y trouve. En réalité, nous sommes tous des créatures encore
embryonnaires qui attendent le lendemain qui repose au plus profond de notre être,
n'attendant que la touche magique d'un Être supérieur qui nous appellera à une vie
meilleure et plus grande. Tout en nous est éternel et immortel, et tout en nous n'attend
qu'un nouvel éveil. Nous entendions encore l'écho de ces sublimes méditations.
Lorsque nous trouvâmes devant nous, sur le bord de la plage, une vaste hutte,
remplie d'indigènes en état de travail.

71
A la porte, une grande figure bronzée, à demi nue, nous regardait d'un air de défi.
Jules Verne murmura :
-C'est Gauguin.
Aussitôt après, l'Esprit nous dit : - A qui avons-nous l'honneur de cette visite à
cette heure ?
- Je suis Aglon. - dit l'Esprit.
- Je suis Gauguin, répondit le personnage de la porte avec une certaine fierté, le
peintre. Aglon, serein, plein d'humilité, clarifia :
- Je suis Aglon, venu visiter avec quelques amis la Zone Maritime et les îles qui
en font partie. Nous sommes venus vous rencontrer, si possible, ainsi que vos disciples.
Gauguin sembla ne pas comprendre et Jules et moi estimâmes qu'il n'avait
certainement pas réalisé qu'il ne possédait plus de corps matériel et qu'il était déjà un
simple esprit. D'un air dédaigneux, il répondit
- Oh ! Le gouvernement s'est-il souvenu de moi ? Je me moque du gouvernement
et je me moque de la France !
Les hommes ne sont pas bons ! Ce sont tous de pauvres diables ! Il y a bien
longtemps que j'ai quitté la civilisation et je refuse toute proposition gouvernementale !
Mon art est au-dessus des gouvernements ! Je ne peins que pour moi et pour mon plaisir !
Depuis quelques années, je ne me soucie même plus de mes amis !
Voici ma famille ! - Et il désigna les natifs - Les hommes de mon pays ne m'ont
jamais accepté ni compris ! Le seul homme qui m'ait compris et que j'ai aimé, c'est Van
Gogh, mais il était fou ! Aglon entendit ces paroles et ne dit rien. Il demanda seulement :
- Pouvons-nous entrer ?
Toujours à voix basse, Gauguin prit la parole :
- Allez-y, entrez ! Voyez ce que vous voulez, mais ne mettez pas la main sur mes
toiles !
Aglon, d'un signe de tête, acquiesça et nous entrâmes. A l'intérieur, une quinzaine
d'indigènes à la mode des îles peignaient des toiles rudimentaires d'un matériau grossier
et inconnu.
Ceux-ci, nous dit fièrement le Maître Peintre, sont mes disciples et ils m'aiment !
Je suis content d'eux et plus que de leur malheureuse et mauvaise civilisation ! C'est
pourquoi j'ai préféré vivre à l'écart du monde !
Nous continuâmes lentement à visiter la cabane et à regarder les toiles du Maître.
Aglon prononça quelques mots d'admiration qui flattèrent le peintre :
- Vous n'allez jamais en France ? - demanda-t-il.
répondit Gauguin :
- Non. Ni là, ni ailleurs ! Je ne pars jamais d'ici ! Je suis heureux ici ! La cabane
était pleine de toiles aux couleurs vives : bleu, jaune, blanc, argent avec des coups de
pinceaux directs et des dessins fermes comme il en avait l'habitude, donnant des
contrastes et des beautés imprévues et extraordinaires !
En fait, elles étaient encore extravagantes comme celles de leur époque dans le
monde. Elles n'avaient et n'ont aucun sens spirituel ni aucune révélation. Elles n'étaient
que Gauguin et rien d'autre. Ses disciples cherchaient à reproduire sa technique et
certaines femmes semblaient très attachées ou magnétisées par lui. Des fils de couleur
rouge ou brun-gris les reliaient. Ils venaient de leur cœur et l'enveloppaient. Il percevait
qu'il existait entre elles de profonds liens d'amour charnel ou physique et le peintre

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entretenait pour elles un amour terrestre. Une sympathie physique se dégageait de leurs
visages, bien que tous, et même les garçons, aient gardé un air de candeur enfantine.
Ils vivaient en réalité comme une grande famille du monde vivant dans la paix et
la tranquillité. Il ressemblait au chef de famille ou de foyer, avec rigueur et rigidité.
Beaucoup de sérieux et de rigueur, mais aucun signe de spiritualité ou d'amour spirituel
n'était perceptible.
Aglon essaya de l'attirer dans une conversation qui éveillerait en lui l'idée de
l'immortalité et de la survie après la mort, mais en vain. Il ne parlait que d'art, de haine
envers les gouvernements qui l'avaient abandonné, de choses matérielles, en somme.
Jules vit qu'il ne reconnaissait personne ni son état spirituel. Il fut très impressionné, ému
de pitié pour lui, et s'interrogea
- Aglon, n'y a-t-il pas d'espoir pour lui ?
- Oui, il y a de l'espoir pour tout le monde. Mais il devra attendre longtemps. -
Beaucoup de temps ? Combien de temps ?
- Il n'y a pas de délai précis pour l'éveil de l'âme. Un jour, un mois, un an, cent
ans, un millénaire ? Cela dépend de chacun ! De ce qu'il a fait de bien ou de mal. C'est
l'état de l'âme qui détermine son éveil aux choses spirituelles.
Il y existe les ténèbres extérieures et des ténèbres intérieures dans la parole du
Seigneur !
Jules regarda Aglon cherchant à comprendre la leçon, mais le grand Aglon sourit
avec tendresse et murmura
- Mon fils, l'Être est esclave des millénaires et l'amour et la compréhension
peuvent naître à tout moment dans le cœur de la créature ! Personne n'est orphelin, il faut
seulement lutter en soi avec courage pour que le Bien l'emporte sur le Mal et que la
conscience s'éclaire à la lumière du grand monde. Le Père nous attend toujours, il dépend
de nous de le chercher et de le trouver !
L'éternité est en chacun de nous, comme un oiseau, il faut l'éveiller ! Je compris
Aglon et je vis que tout le monde comprenait. Et je compris aussi que l'âme de la créature
était la forteresse à dominer et à libérer !
Julio me dit doucement : "Que de choses nouvelles il nous reste à apprendre !
Semblant entendre nos inquiétudes, Aglon ajouta modestement
- Nous sommes des grains de sable dans l'immense Univers !
Pour nous, tout est mystère et silence ! Malheur à ceux qui croient déjà tout savoir
! Le savoir et la connaissance sont infinis ! Pour l'homme et pour les âmes comme la
nôtre, Dieu n'est pas seulement l'Infini mais l'Inconnu, même s'il est proche de nous et en
nous, s'il nous parle et nous comprend, seulement nous sommes encore sourds à ses
paroles et à ses pensées.
- Comment pouvons-nous comprendre les paroles de Dieu ? - ai-je demandé avec
effroi !
- Dieu parle dans toutes les choses de la création ! Ses sages paroles sont partout,
mais il parle davantage dans le cœur et l'esprit de l'homme dans le monde, et des êtres en
général partout ! Dieu se sent plus qu'il ne s'entend. Plus nous ne faisons qu'un avec lui,
plus nous le comprenons. Il faut essayer de l'aimer pour le comprendre car l'AMOUR unit
les êtres dans l'intimité de l'Univers et dans l'essence des choses ! Aimer c'est sentir et
sentir c'est comprendre ! Nous perçûmes qu'Aglon s'illuminait. ,. Qui, en réalité, était
Aglon ! Mais le savoir avait-il de l'importance ? Je ne crois pas. La lumière qui rayonnait

73
de lui disait tout et répondait à mes questions d'enfant. Les autres compagnons
regardaient image par image ou bavardaient avec les indigènes ici et là. Gauguin restait à
la porte, indifférent à notre visite. Le soleil éclatant illuminait la hutte et tout le monde
travaillait joyeusement. On voyait bien que le peintre ne connaissait pas la spiritualité et
ne s'intéressait pas à Dieu, mais il était heureux à sa manière. Il était dans le monde qu'il
s'était choisi et il ne le quitterait pas de sitôt ! Car ce sont les pensées, les sentiments,
l'égoïsme, la haine ou la douleur qui imprègnent la créature de choses. "Tu seras là où est
ton cœur" ! En effet, Gauguin avait jeté son dévolu sur ces îles et ses sentiments y étaient
et y resteront. J'étais absorbé par ces pensées, lorsque je fus réveillé par la voix d'Aglon :
- Mon fils Gauguin a beaucoup pensé à Dieu, mais il ne l'a pas trouvé tel qu'il se
voyait et tel qu'il voulait ou attendait qu'il soit, et dans ces méditations, il s'est perdu.
Aujourd'hui encore, il le cherche et ses pensées vagabondent dans ces recherches qui le
laissent, comme tu le vois, le regard lointain et intérieur. Cette fuite de la civilisation dont
il se vante n'est rien d'autre qu'une recherche désespérée de Dieu. Plusieurs fois dans son
art, il a exprimé ces sentiments à travers des figures religieuses et même Jésus, mais c'est
cette recherche fantastique qui n'aboutit toujours à rien. En lui, comme en chacun de
nous, le Bien et le Mal, la Matière et l'Esprit, le passé, le présent et l'avenir se sont
affrontés ! Ce qui était en lui, c'était le cri de la création qui proclame Dieu et qu'il
n'acceptait pas.
Le sexe, pour lui, n'était qu'une satisfaction et non la fin à laquelle il aspirait. Ce
qu'il voulait vraiment, c'était Dieu !
Dans ses toiles, ici et là, il y avait de temps en temps des motifs de la mort ou de
la résurrection de Jésus. Mais au fond, il gardait toujours le sentiment matérialiste,
attaché qu'il était aux choses de la terre et qu'il symbolisait dans cette pauvre île où il
collait ses idéaux. Il centralisait ses sentiments et les sédimentait dans ces humbles
créatures sans idéaux et y plaçait son âme. Pour cela, il était prisonnier de lui-même, et
inconsciemment leur esclave. C'est là qu'il avait mis son cœur et il ne pouvait pas s'en
échapper ! Il n'a pas cherché à se renouveler mentalement dans le domaine de l'Esprit. Il
ne cherchait que des voies dans l'ART et cela, il ne le montrera que dans des
réincarnations futures, maintenant il ne se soucie que de l'ART. Il ne comprend toujours
pas l'ESPRIT. En fait, il n'a pas encore souffert pour cela, comme tous les peintres ou
presque. Le peintre est généralement immobile dans le temps. Le musicien et l'écrivain
sont plus agiles et se renouvellent plus rapidement parce qu'ils s'occupent presque
exclusivement de la pensée. Le peintre se bat avec l'image et met plus de temps à se
décider. La pensée en tant qu'image prend plus de temps à se matérialiser.

Van Gogh
Van Gogh
Mais avant de partir, nous surprîmes une conversation entre Jules et Gauguin :
- Mon cher Maître, demanda Jules à l'Esprit Gauguin, j'aimerais avoir des
nouvelles de Van Gogh. Vous ne le connaissez pas, Maître ?
Gauguin sembla s'éveiller d'un long rêve, car le regard perdu dans l'immensité de
la mer, il répondit :
- Je ne l'ai pas vu depuis un certain temps, après son drame il a disparu...
- Vous ne l'avez pas revu depuis ?

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- Non, jamais plus. On m'a dit qu'il était devenu fou, qu'il voulait se tuer, et je ne
l'ai pas revu depuis !
- Pourquoi voulait-il se tuer ? - demanda Jules !
- Je ne sais pas, il était déjà fou ! Rien ne pouvait calmer son désespoir ! Il était
envahi par un désir insensé de mourir ! On aurait dit qu'il était enfin mort ! Pauvre
homme ! C'était un malheureux ! Génie, c'est indéniable, génie et l'un des plus grands du
monde de la peinture et de l'art ! Génie comme peu, mais fou ! Fou aussi comme peu
d'autres.
- On aimerait le voir... - insista Jules.
- Difficile, très difficile ! Peut-être impossible ! Vous ne le trouverez pas, il est
parti ! Je ne l'ai jamais retrouvé ! Nous vivons ensemble, grand peintre ! Mais
positivement fou ! Fou de tout ! Je me suis rendu compte que Gauguin n'avait pas encore
senti ni même eu l'idée qu'il n'était plus un homme à la surface de la Terre, ni qu'il n'était
plus qu'un simple esprit, enfermé dans les souvenirs de son passé. Van Gogh pour lui
était le même Van Gogh, un peintre pauvre, misérable, sans le sou, qui ne possédait que
le génie de l'artiste !
Je m'interrogeais sur la situation de tous ces génies de l'Humanité qui, sur le plan
de l'Esprit, vivaient sans connaître la réalité. En vérité, ils étaient nombreux parmi les
morts ! Ils ne savaient rien. Ils étaient enfermés en eux-mêmes, esclaves de
l'inconscience, perdus dans leur propre âme ! Qui viendrait les réveiller ? Aglon, sentant
sans doute mes interrogations intimes, me répondit
- L'Esprit reste ainsi jusqu'à ce que quelqu'un qui a eu un grand amour pour eux
les fasse s'éveiller. Seul l'amour a la force de les appeler à la réalité spirituelle. L'amour
est la seule force capable de les ramener à la vie réelle.
C'est presque toujours l'amour d'une mère qui accomplit ce miracle, comme
diraient les hommes.
Nous sentîmes combien les sages paroles d'Aglon étaient vraies et c'est avec une
immense affection que nous nous souvenions de notre chère maman !
Il n'a pas fallu longtemps pour que nous cherchions l'espace infini comme des
aigles. Dans la mer, quelques bateaux et navires traversaient les eaux. Des centaines d'îles
apparaissaient ici et là et quelques Esprits marchaient le long des rivages battus par les
eaux vertes des mers. Mais nous pensions à ces êtres qui vivaient partout dans cet
Univers de Dieu où l'immortalité existait en tout et en chacun et où la force divine
animait tout, les choses et les êtres indépendamment de leurs croyances, ceux qui
acceptent et ceux qui refusent.

L'adieu
Le temps imparti pour ce voyage d'étude était compté. C'était la première nouvelle
sur la vie des Esprits dans les régions marines que nous allions envoyer à la surface de la
Terre ou de la croûte. Nous savions que les hommes, comme toujours, trouveraient cela
étrange : des Esprits dans la mer ? Mais nous savions aussi que les hommes trouvaient
déjà étranges les théories des astronomes qui affirmaient l'existence probable de la vie sur
d'autres mondes ! Nier ou accepter était le droit de l'homme et de tous. La science
humaine revient souvent en arrière ou se modifie presque tous les jours ! Et elle avait
raison dans cette attitude. C'était même un devoir. Rester dans l'erreur, c'est le mal. Ne

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pas se modifier et s'adapter aux nouvelles connaissances et corriger ce qui est faux ! Il n'y
a aucune raison dans notre entendement de ne pas admettre d'autres formes de vie dans
l'Univers, naturellement, dans d'autres structures. Dieu qui a créé les formes de vie,
soumettant ces formes à la Loi de l'Evolution, donnera à chaque monde et selon les
possibilités que chaque monde a été construit, les formes et le mécanisme de
fonctionnement qu'Il a voulu. Pourquoi aurait-Il dû faire tout pareil dans des mondes
différents ? La création appartient à Dieu et non aux hommes !
Nous croyons que Dieu a créé les lois qui créent et organisent l'univers.
Naturellement, il ne créerait pas des êtres et des choses tous les jours. Il a organisé un
système universel qui fonctionne de lui-même, sans même son intervention divine,
chaque jour et chaque heure ! Comme s'il était un bâtisseur terrestre construisant sans
cesse et jouissant de ses œuvres. Nous sommes, certes, le résultat de Sa création et de Sa
construction mais sous l'impulsion de Ses lois. Tout comme une machine fabrique
automatiquement sous la technique qui l'a créée pour fabriquer. La vache fait des veaux
et la poule des poussins automatiquement sans que l'intervention personnelle de Dieu soit
nécessaire dans chaque cas. Il est logique que Dieu soit là à travers ses lois immortelles et
éternelles.

***

Nous étions déjà partis et avions atteint une certaine hauteur quand Aglon s'arrêta
à une certaine position dans l'Espace et nous donna une direction :
- Mes amis, nous devons maintenant nous séparer, cherchant chacun son destin. Il
est certain que nous serons désignés par nos supérieurs pour accomplir d'autres travaux et
études, pour acquérir d'autres connaissances qui contribueront à ce que chacun d'entre
nous progresse et grandisse davantage.
En disant cela, Aglon nous embrassa avec affection et immédiatement nous
partîmes tous. Je quittai Aglon avec une profonde nostalgie dans le cœur, et Jules Verne,
en lui donnant un baiser d'adieu et de remerciement, partit également.
Nous contemplèrent tous les deux l'espace, pleins de joie pour ce que nous avions
appris et acquis. Devant nous, les étoiles brillaient comme les yeux étincelants de Dieu.

Médium - Ranieri Ovo Azul


17 de abril de 1987
Guaratinguetá - SP FIM

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Livres de l’auteur en portugais

1. RECORDAÇÕES DE CHICO XAVIER, 7.a edição, Editora da Fraternidade,


Guaratinguetá (SP), 1986.
2. O ABISMO, 4.a edição, Editora da Fraternidade, Guaratinguetá (SP), 1986.
3. FLORES DO BEM, edição da LAKE, 1946.
4. JOÃO VERMELHO NO MUNDO DOS ESPÍRITOS, edição da LAKE
(infanto-juvenil).
5. NO CASTELO DO EGO, edição LAKE, (infanto-juvenil).
6. A HISTÓRIA DE CRISTO PARA AS CRIANÇAS, editora LAKE, (infanto-
juvenil).
7. NO PALÁCIO ENCANTADO DA MEDIUNIDADE, edição LAKE, (infanto-
juvenil).
8. LUZ DA OUTRA ESFERA, Editora Liberdade.
9. CHICO XAVIER — O SANTO DOS NOSSOS DIAS, Editora ECO, Rio de
Janeiro.
10. CHICO XAVIER E OS GRANDES GÊNIOS, edição LAKE.
11. O PRISIONEIRO DE CRISTO, edição LAKE.
12. ASSIM ESTAVA ESCRITO, Editora LAKE.
13. MATERIALIZAÇÕES LUMINOSAS, l.» edição da Editora LAKE, 2.a edição
em Espanhol da Editora LAKE, distribuído nas três Américas. (América do Sul, América do
Norte e América Central), 3.a edição da F.E.E.S.P. (Federação Espírita de São Paulo).
14. FORÇAS LIBERTADORAS, Editora ECO, Rio de Janeiro.
15. O SEXO ALÉM DA MORTE, l.a, 2.a, 3.a, 4.a, 5a e 6.a edição ECO, Rio de
Janeiro.
16. SONETOS IMORTAIS, Editora Liberdade.
17. O SEXO ALÉM DA MORTE - - reedição v. Orientado pelo Espírito André
Luiz, psicogra-fado por R. A. Ranieri.
18. O TRABALHO DOS MORTOS E A TOLICE DOS VIVOS — inédito. De
Nazareno Tourinho, 1987.

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