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Electricité et électronique appliquées Grifasi F.

Electromagnétisme
L’électromagnétisme est l’étude des phénomènes résultant de l’interaction des courants
électriques et des champs magnétiques.

1. Rappels de magnétisme

Définition : le flux magnétique à travers une surface donnée est l’ensemble des lignes de force
(ou lignes de champ) qui traversent cette surface.

Symbole :  Unité : Weber (Wb)

Définition : l’induction magnétique est une mesure de la densité de flux magnétique.

Symbole : B Unité : Tesla (T)

 = B.S.cos

où  = flux magnétique [Wb]


B = induction magnétique [T]
S = surface traversée [m²]
 = angle entre la perpendiculaire à la surface S et les lignes de champ

Figure 1

Flux à travers une bobine de N spires (champ parallèle à l’axe de la bobine)

Chaque spire est traversée par  = B.S et le champ est uniforme

  = N.B.S
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2. Propriétés magnétiques du courant

Tout conducteur parcouru par un courant s’entoure d’un champ magnétique semblable à celui créé
par un aimant. Par suite de la relation avec le courant, on parle de champ électromagnétique.
2.1. Champ électromagnétique créé par un courant dans un
conducteur rectiligne

Voici une expérience illustrée à la Figure 2.

Figure 2

Lorsque le courant traverse le conducteur, les limailles qui représentent les lignes de force,
forment autour du conducteur des lignes concentriques. Le pôle Nord des aiguilles aimantées
indique le sens des lignes de force. Ce sens dépend du sens du courant.

Pour déterminer le sens des lignes de force, on applique soit la règle de la main droite, soit la
règle de Maxwell (règle du tire-bouchon).

Main droite : (Figure 3). Maxwell : (Figure 4)

Figure 3 Figure 4

Inversement, si on connaît le sens du champ magnétique, on peut, à l’aide de la même règle,


déduire le sens du courant qui le produit.
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2.2. Induction magnétique ou densité de flux

Lorsqu’un conducteur rectiligne porte un courant, les lignes de force qui entourent le conducteur
deviennent de plus en plus espacées à mesure qu’on s’éloigne du conducteur (Figure 5). En effet, le
nombre de lignes de force par mètre carré diminue. Le flux magnétique est donc moins dense
au point B qu’au point A.

Figure 5

Comme ordre de grandeur, signalons qu’un courant de 10 A produit à 4 cm du centre d’un


conducteur une induction magnétique ou densité de flux de 50 µT, soit environ celle du champ
terrestre.

Le champ magnétique présent autour d’un conducteur rectiligne parcouru par un courant est
caractérisé par le vecteur induction magnétique, tangent aux lignes de force, de même sens et
dont le module est donné par la formule suivante :

I
B  2.10 7.
d

où B = induction magnétique en teslas [T]


I = courant, en ampères [A]
d = distance par rapport au centre du conducteur, en mètres [m]
2.10-7 = constante tenant compte des unités.

L’induction magnétique est indépendante du diamètre du conducteur et de la nature de celui-ci.

2.3. Champ créé par plusieurs conducteurs

Le champ magnétique autour de plusieurs conducteurs est égal à la somme des champs créés par
chacun d’eux. Ainsi, un faisceau de 100 conducteurs portant chacun un courant de 5 A produit
le même champ qu’un seul conducteur parcouru par un courant de 500 A (Figure 6). Cela
permet de créer des champs intenses avec des courants relativement faibles.
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Figure 6

Par ailleurs, deux conducteurs voisins portant des courants égaux mais de sens contraires,
produisent ensemble un champ négligeable à quelques millimètres de distance (Figure 7).

Pourquoi ? Les courants créent des champs de sens contraires de sorte que le champ résultant
est faible, même pour des courants élevés.

Figure 7
Applications :

En utilisant un câble coaxial formé d’un fil central entouré d’un conducteur de retour cylindrique
(Figure 8), on peut éliminer complètement le champ à l’extérieur du câble. Ce montage est utilisé
dans les câbles de soudure à l’arc afin de les empêcher de se coller contre des pièces de fer
lorsqu’ils portent des courants intenses.

Les câbles coaxiaux trouvent aussi une application dans les circuits à haute fréquence, ce qui
permet d’éviter les interférences électromagnétiques avec les circuits voisins.

Figure 8
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2.4. Champ électromagnétique créé par un courant dans une spire

Réalisons la même expérience que ci-dessus en remplaçant le conducteur rectiligne par une spire
(Figure 9). On voit apparaître des lignes de force.

Figure 9

Si on applique la règle de la main droite à cette spire, on trouve le même sens pour les lignes de
force que sur la Figure 9. Le spectre des lignes de force est semblable à celui produit par un
aimant permanent en forme de disque. Par analogie avec les aimants, on peut donc aussi parler de
face nord et sud pour une spire parcourue par un courant (Figure 9).

La Figure 10 montre qu’on peut remplacer la spire de la Figure 9 parcourue par un courant de 500
A par une bobine de même forme de 100 spires parcourues par un courant de 5 A.

Figure 10

2.5. Force magnétomotrice

Définition : la force magnétomotrice d’une bobine est le produit du courant par le nombre de
spires de la bobine. L’unité SI est l’ampère (elle s’exprime aussi en ampères-tours).

Exemple : une bobine de 50 spires porte un courant de 8 A. Quelle est sa force magnétomotrice
(FMM) ?

Une telle bobine crée le même effet magnétique qu’une seule spire portant un courant de
…………..
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2.6. Champ électromagnétique créé par une bobine longue


(solénoïde)

Un solénoïde est une bobine formée d’une rangée de spires. Lorsqu’un courant traverse cette
bobine, on observe des lignes de champ parallèles à l’axe de la bobine à l’intérieur de celle-ci
(Figure 11).

Figure 11 Figure 12

Pour déterminer le sens des lignes de force, on peut à nouveau appliquer la règle de la main droite
à chaque spire ou appliquer la règle adaptée au solénoïde (Figure 12).

Le spectre magnétique d’un solénoïde est le même que celui d’un barreau aimanté. Un solénoïde
alimenté possède donc un pôle nord et un pôle sud (Figure 11) et on peut l’utiliser comme un
aimant.

On peut calculer le module du vecteur induction magnétique en un point intérieur d’un solénoïde
par la formule :

N.I
B  4.π .10 -7.
l

où B = induction magnétique en Teslas [T]


I = courant, en ampères [A]
l = longueur de la bobine, en mètres [m]
N = nombre de spires
4.10-7 = 0 = perméabilité du vide [Tm/A]

N.I
Remarque :  H = le champ magnétique en ampère par mètre
l
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2.7. Electro-aimants

La combinaison d’une bobine avec un noyau de fer doux inséré à l’intérieur de celle-ci est
appelée électro-aimant. Malgré une FMM faible, on parvient à générer des flux aussi intenses que
ceux des aimants permanents de même dimension.

L’intérêt de ces électro-aimants est qu’on peut faire varier l’intensité des flux générés en jouant
sur la valeur du courant continu dans la bobine.
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3. Circuits magnétiques

3.1. Réluctance

Définition : la réluctance dans un circuit magnétique est la résistance au passage des lignes de
force.

l

µ.S

où  = réluctance en [A/Tm²]
l = longueur de la ligne d’induction moyenne [m]
µ = perméabilité absolue [Tm/A]
S = section du tore ou du circuit magnétique [m²]

3.2. Perméabilité relative

Définition : perméabilité relative est le rapport entre le nombre total de lignes de force (ou flux
magnétique) dans un matériau et celui dans l’air.

Elle indique donc combien de fois le matériau laisse passer plus facilement les lignes de force que
dans l’air ou le vide.

Les matériaux non magnétiques ont tous une perméabilité relative sensiblement égale à 1.
L’air, par exemple, possède une perméabilité relative de 1,000 000 4, ce qui indique qu’il est à
peine plus perméable que le vide.

La perméabilité relative n’est pas constante. Elle varie avec la densité de flux magnétique B,
comme nous le verrons plus loin.

La perméabilité absolue, aussi dénommée simplement perméabilité, dépend de la perméabilité du


vide (ou de l’air) 0 et de la perméabilité relative r du matériau du noyau.

μ  μ0 .μr

où  = perméabilité [Tm/A]
0 = perméabilité du vide [Tm/A]
r = perméabilité relative [/]

La formule obtenue au paragraphe 2.6. devient donc :

B =  . H = 0 . r . H
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Où B = densité de flux [T]


H = champ magnétique [A/m]
3.3. Aimantation d’un matériau magnétique

3.3.1. Matériaux magnétiques doux

Les matériaux ferromagnétiques doux (alliage Fe-Si, fer doux, alliage Fe-Ni, …) sont des
matériaux qui ne conservent l’aimantation que pendant la circulation du courant. Après coupure du
courant, il subsiste une très légère aimantation appelée aimantation rémanente (très très faible).

Applications : relais, contacteurs, moteur, génératrice, …

3.3.2. Matériaux magnétiques durs

Les matériaux ferromagnétiques durs (acier, alliage Al-Ni-Fe, alliage Al-Ni-Co, …) sont des
matériaux qui conservent les propriétés magnétiques après coupure du courant. Ces matériaux
servent à la fabrication d’aimants permanents.

Applications : haut-parleurs, appareils de mesure, …

3.4. Courbe d’aimantation d’un matériau magnétique

Rappelons qu’une substance magnétique est constituée d’aimants élémentaires (dipôles


magnétiques), qui, lorsque la substance n’est pas aimantée, s’orientent au hasard. Ils ne
produisent pas d’effet magnétique puisque leurs actions se compensent.

Lors de l’aimantation, les aimants élémentaires s’orientent et forment des files régulières.
Ils créent un champ magnétique qui s’ajoute au champ magnétique d’excitation H. La
substance est alors aimantée.

Rappel : dans un circuit magnétique, c’est le champ magnétique H qui donne naissance au flux.

On obtient la courbe d’aimantation grâce à l’essai illustré à la figure 13.

Figure 13
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Utilisons un anneau de fer doux n’ayant jamais été aimanté et sur lequel on a bobiné quelques
spires.

Connaissant les dimensions de l’anneau, le nombre de spires et le courant qui circule, on peut
calculer :

N.I
H
l

où H = champ magnétique en ampères par mètre [A/m]


N = nombre de spires
I = courant dans la bobine [A]
l = longueur de la ligne de force moyenne [m]

Sur l’anneau, on a bobiné quelques spires d’un fluxmètre.

En faisant varier la valeur du courant I par l’intermédiaire du rhéostat, on calcule H et on mesure


φ
B par l’intermédiaire du fluxmètre puisque B  (Nf = nombre de spires du fluxmètre).
Nf .S

On en déduit la courbe d’aimantation B = f(H)

La figure 14 donne les courbes d’aimantation de trois matériaux employés dans les machines
électriques : acier au silicium (1%), fonte et acier coulé.
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Figure 14

Lorsque I augmente, on observe jusqu’à une certaine valeur de H, différente selon les matériaux,
que l’induction augmente de façon plus ou moins proportionnelle : B = f(H) est plus ou moins une
droite.

Ensuite, B augmente moins vite que H, on dit que le fer ou le matériau magnétique se sature. Les
aimants élémentaires s’orientent de plus en plus. Lorsqu’ils sont tous bien orientés, le fer est
saturé, l’induction n’augmente plus même si on augmente I (donc H).

Remarque ! : on a vu plus haut que B =  . H = 0 . r . H et que r n’était pas une constante. Ceci
est confirmé par la courbe que nous venons d’obtenir.

3.5. Cycle d’hystérésis

Reprenons la courbe d’aimantation d’un matériau magnétique et l’expérience qui avait permis de
l’obtenir. Elle correspond à la portion 0a de la Figure 15.

Figure 15

Lorsqu’en partant de la valeur maximale de I, on fait diminuer I (donc diminuer H), on constate
que (Figure 15) :
 Les valeurs de B sont toutes supérieures à celles prises à un champ croissant (courbe ab).
En réalité, il reste une induction (ou densité de flux) à cause du frottement interne des
aimants élémentaires. Tout se passe comme si il y avait un retard à la désaimantation. Ce
retard est appelé hystérésis.

 Quand on annule le courant (H = 0), l’induction ne s’annule pas, elle conserve une certaine
valeur appelée induction rémanente : Br.

 Pour annuler cette induction, il faut inverser le sens du courant pour produire un champ
inverse appelé champ coercitif : Hc. C’est la courbe bc.
Les transformateurs et la plupart des moteurs électriques fonctionnent à courant alternatif de
sorte que le flux circulant dans leurs parties en fer doux change continuellement de valeur et de
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sens. Les domaines doivent donc s’orienter tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, et ceci au
rythme de la fréquence du réseau.

La courbe de la Figure 16 porte le nom de cycle d’hystérésis. Elle décrit les variations de B en
fonction de H. Le cycle suit la séquence abcdefa ….. à raison de 50 fois par seconde en Europe.

Figure 16

Idéalement, les matériaux utilisés pour la fabrication des aimants permanents doivent donc
posséder à la fois une induction rémanente, Br, élevée et un champ coercitif, Hc, de grande
intensité.

3.6. Types d’aimants permanents

Pour fabriquer des aimants permanents puissants, on a recours à divers alliages de substances de
toutes sortes: fer, aluminium, cobalt, cuivre, platine, yttrium, oxygène, carbone, etc. Parmi les
aimants à base de métaux, on connaît depuis longtemps l'acier trempé (1 % carbone, 0,5 %
manganèse, 98,5 % fer) maintenant supplanté par des alliages tels que l' alnico V (8 % aluminium,
14 % nickel, 24 % cobalt, 3 % cuivre, 51 % fer). Un aimant permanent en alnico V est presque 25
fois plus petit qu'un aimant en acier trempé créant le même champ. Découvert par hasard en
1932 par le physicien japonais I. Mishima, l'alnico, par sa dureté magnétique 1, a révolutionné
l'industrie des dispositifs magnétiques. En effet, pour la première fois, on pouvait réaliser un
aimant permanent plus petit qu'un électro-aimant de même force. L'alnico est extrêmement dur
et cassant si bien que l'on peut seulement changer sa forme en meulant les pièces coulées.

Les aimants à céramiques, une autre classe d'aimants, sont plus légers et possèdent une
résistivité électrique équivalente à celle des bons isolants. Ces aimants, portant des marques de
commerce telles que Indox, Arnox, Vectolite, Ferroxdure, sont des ferrites composés
d'un alliage d'oxyde de fer (Fe203), d'oxyde de baryum (BaO)6, d'oxyde de zinc, de cobalt, etc.
Ces aimants à céramiques possèdent une densité de flux rémanent Br plus basse que celle de
l'alnico, mais développent des champs coercitifs Hc très élevés, de sorte que l'énergie requise
pour annuler le flux rémanent (proportionnelle à la surface sous la courbe dans le 2 ème quadrant)

1
La dureté magnétique d’un matériau est d’autant plus élevée que le matériau conserve l’aimantation après disparition du
champ magnétique.
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est du même ordre de grandeur. On rencontre ces matériaux dans les pièces polaires de certains
moteurs, dans les bandes de caoutchouc servant à sceller les portes de réfrigérateurs et
dans les bandes magnétiques pour enregistrement.

Enfin, depuis quelques années, les aimants les plus puissants sont ceux fabriqués avec du cobalt
allié avec l'yttrium ou une des terres rares, comme le samarium. Notez, par exemple, les
propriétés du Recoma. Pour un même volume, ils sont 3 fois plus puissants que les meilleurs
aimants en alnico. Le seul inconvénient est leur coût relativement élevé.

3.7. Avantages et inconvénients de l’hystérésis

Avantages : - amorçage des machines à courant continu


- production d’aimants permanents

Inconvénients : l’hystérésis produit un dégagement de chaleur, donc une perte d’énergie à cause
de la rotation continuelle des aimants élémentaires lorsqu’ils sont soumis à des
flux alternatifs. Ces pertes sont appelées pertes par hystérésis.

Elles sont proportionnelles à la surface du cycle (qui dépend du matériau), à la fréquence


d’inversion du courant et au volume de matière.

Pour réduire les pertes dans les matériaux destinés à supporter des flux alternatifs, on a donc
intérêt à choisir des matériaux dont la surface du cycle d’hystérésis est petite. Par exemple, on
utilise l’acier à grains orientés dans les noyaux des transformateurs.

Les courbes de la Figure 17 permettent de comparer les cycles d’hystérésis de l’alnico V et de


l’acier Silectron utilisé dans la fabrication des transformateurs.

Figure 17
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3.8. Flux de fuite

Dans les circuits magnétiques industriels, les lignes de force ne restent pas toutes canalisées
dans le circuit magnétique. Dans la Figure 18, une partie des lignes passe en dehors du noyau de
fer et de l’entrefer. Le flux correspondant à ces lignes qui s’échappent dans l’air se nomme flux
de fuite. Lors de l’étude des transformateurs, nous verrons l’effet de ces flux de fuite.

Figure 18
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4. Force électromagnétique- Loi de Laplace

4.1. Rappel

Tout conducteur parcouru par un courant et placé dans un champ magnétique transversal est
soumis à l’action d’une force électromagnétique. Le sens de cette force dépend du sens du
courant et du sens du champ magnétique.

La force est perpendiculaire au plan défini par le courant et le champ. Son point d’application est
le milieu de la portion du conducteur soumise au champ.

Le sens de la force est déterminé au moyen de la règle des 3 doigts de la main droite.
Droite comme démarreur (moteur).

Figure 19

Loi de Laplace
F = B.I.l.sin

où F = force électromagnétique agissant sur le conducteur, en Newton [N]


B = induction magnétique [T]
l = longueur du conducteur actif dans le champ [m]
I = courant circulant dans le conducteur [A]
 = angle formé par B et I

4.2. Force entre deux conducteurs

On a vu, d’une part, qu’un courant traversant un conducteur s’entoure d’un champ magnétique, et
d’autre part, qu’un conducteur parcouru par un courant est soumis à une force lorsqu’il est placé
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dans un champ. Il doit donc naturellement s’exercer une force sur deux conducteurs voisins
parcourus chacun par un courant.

Les Figures 20 et 21 montrent que si les courants vont dans le même sens, les conducteurs sont
soumis à des forces qui tendent à les rapprocher, tandis que si les courants sont de sens
contraires, les forces tendent à repousser les conducteurs l’un de l’autre.

Figure 20
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Figure 21

Remarque : sur les Figures 20-c et 21-c, on peut observer la résultante des lignes de force dues aux
courants dans les 2 conducteurs. On aurait pu trouver le sens des forces qui s’exercent sur les
conducteurs en imaginant que les lignes de force sont comme des fils élastiques tendus.

Valeur de la force
Démonstration :

I1
La densité de flux créée par un conducteur rectiligne vaut : B  2.10 7.
d

Si on remplace B dans la formule de Laplace, on obtient :


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F = B . l . I2
I1 .I2 .l
F  2.10 7.
d

Où F = force sur chacun des 2 conducteurs parallèles, en Newton [N]


I1, I2 = courant circulant dans les conducteurs [A]
l = longueur active des conducteurs [m]
d = distance séparant les conducteurs [m]

Exemple : deux barres omnibus cylindriques de 3 mètres de long portent un courant normal de
1000 A. Calculer la force d’attraction lors d’un courant de court-circuit de 60 000 A
sachant qu’elles sont séparées par une distance de 10 cm.

4.3. Cas d’un cadre rectangulaire

Soit un cadre conducteur ABCD (Figure 22), parcouru par un courant et placé entre les deux
pôles d'un aimant. La densité de flux provenant de l'aimant est uniforme. En appliquant à chacun
des conducteurs AB et CD, la loi de Laplace, on voit que les forces électromagnétiques F1 et F2
sont égales, mais agissent en sens contraires. La force est nulle sur les côtés AD et BC car ces
conducteurs sont orientés dans la même direction que les lignes de force.

Figure 22

Le cadre est donc soumis à un couple tendant à le faire tourner. Si l'on change le sens du
courant dans le cadre, celui-ci cherchera à tourner dans le sens contraire. Ceci illustre le
principe du moteur à courant continu.

La valeur du couple est donnée par l'expression

C = 2.F.r

Où C = couple, en newtons-mètres [Nm]


F = force agissant sur chaque conducteur actif, en newtons [N]
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d = distance séparant le centre de rotation des conducteurs actifs, en mètres [m]


Si le cadre possède N spires au lieu d’une seule, le couple sera N fois plus grand, soit C = 2.N.F.r.

Exemple : soit une bobine rectangulaire qui possède 40 spires et porte un courant de 10 A. Les
côtés AB et BC du cadre ont respectivement une longueur de 10 cm et de 6 cm. La
bobine se trouve dans l’entrefer d’un aimant de telle façon que les grands côtés de la
bobine sont perpendiculaires aux lignes de force. Sachant que la densité de flux dans
l’entrefer de l’aimant est de 0,5 T, calculer le couple agissant sur le cadre.

4.4. Conséquences des forces entre les courants

4.4.1. Force sur deux conducteurs parallèles

Normalement, les forces qui s'exercent sur les deux conducteurs alimentant une charge sont de
faible intensité. Cependant, dans le cas d'un court-circuit, elles peuvent atteindre des valeurs de
plusieurs kilonewtons si les conducteurs sont parallèles sur une grande distance (cas des lignes de
transport) ou si les intensités des courants de court-circuit sont énormes (cas des barres
omnibus dans les centrales et postes électriques). Pour éviter que les barres omnibus soient
déformées par l'action de cette force, on les ancre solidement à une structure et quelquefois
même, on les fixe ensemble au moyen d'isolateurs rigides (Figure 23).

Figure 23

4.4.2. Force sur les spires d'une bobine

Les spires de la bobine de la Figure 24 sont parcourues par des courants parallèles et de même
sens. Il en résulte des forces d'attraction entre les spires qui tendent à comprimer la bobine.
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Figure 24
D'autre part, les courants circulant en sens inverses dans les sections diamétralement opposées
d'une même spire (comme a et b de la Figure 25) se repoussent mutuellement, ce qui tend à
déformer la spire en l'élargissant.

Figure 25

C'est pour éviter les effets destructifs de telles forces de compression et de dilatation lors d'un
court-circuit que l'on prend soin de cheviller solidement les spires des enroulements d'un
transformateur.

4.5. Applications des forces électromagnétiques

L'application la plus importante des forces électromagnétiques est le moteur électrique qui sera
vu plus tard dans l’année. Les appareils de mesure à aiguille utilisent également les effets
électromagnétiques. Parmi les nombreuses autres applications de ces forces, citons le haut-
parleur et le soufflage magnétique d'un arc électrique.

Le haut-parleur électromagnétique (Figure 26) est composé essentiellement d'une bobine légère,
solidaire d'un diaphragme, et logée dans l'entrefer d'un aimant permanent.

Figure 26

Lorsqu’un courant circule dans la bobine, une force électromagnétique agit sur celle-ci et entraîne
le déplacement du diaphragme. Ce déplacement suit les variations rapides du courant dans la
bobine et il est d’autant plus grand que ce courant est plus intense.
Les mouvements successifs du diaphragme provoquent la vibration de l'air environnant et, par
suite, la production d'un son.
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L’action d'un champ magnétique sur un arc électrique (passage du courant dans l'air) est mise à
profit dans les disjoncteurs du type à soufflage magnétique (Figure 27).

L'arc créé à l'ouverture est ainsi soumis à une force électromagnétique qui allonge l'arc et le
pousse vers une série de séparateurs qui en provoquent l'extinction. Étant donné que cette force
intense agit sur un arc dont la masse est très faible, il s'ensuit que cet arc se déplace
extrêmement vite, dépassant même la vitesse du son. Le «soufflage» de l'arc est donc très
efficace.

Figure 27

5. Induction électromagnétique – Loi de Faraday

En 1831, Michael Faraday découvrit par hasard un des phénomènes les plus importants de
l’électromagnétisme. Ce phénomène, appelé loi de l’induction électromagnétique, énonce le
processus fondamental de l’induction d’une tension dans un circuit.

5.1. Rappel

Loi de Faraday

Lorsqu'un conducteur se déplace dans un champ magnétique de façon à "couper" les lignes de
force ou lorsqu'un conducteur est soumis à une variation de flux, il apparaît une différence de
potentiel entre ses extrémités appelée tension induite.

Par définition, lorsque le conducteur coupe le flux ou que le flux varie à un taux de 1 weber par
seconde, une tension de 1 volt est induite entre les extrémités du conducteur càd


E
t

où E = tension induite, en volt [V]


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 = flux coupé, ou variation du flux sur l’intervalle de temps, en weber [Wb]


t = intervalle de temps, en seconde [s]


Si la bobine comprend N spires ou s’il y a N conducteurs : E  N .
t

Si on connecte une résistance aux bornes de la bobine ou du conducteur, la tension induite


produit un courant induit dans ce circuit fermé.

Nous verrons que le principe de fonctionnement des générateurs repose sur cette loi de
l’induction.

5.2. Tension induite dans un conducteur rectiligne

Si un conducteur rectiligne coupe les lignes de flux à angle droit, on constate que la valeur de la
tension induite est proportionnelle à :
1. la longueur du conducteur,
2. la densité de flux,
3. la vitesse de déplacement.

D’où la formule :

E = B.l.v

où E = tension induite, en volt [V]


B = densité de flux, en teslas [T]
l = longueur du conducteur dans le champ, en mètres [m]
v = vitesse de déplacement du conducteur par rapport au champ, en mètres par secondes [m/s]

Exemple : les conducteurs d’une grosse génératrice ont une longueur de 2 mètres et ils sont
coupés par un champ de 0,6 T qui se déplace à 100 m/s. Calculer la valeur de la tension
induite dans chaque conducteur.

Figure 28
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5.3. Direction et sens de la tension et du courant induits

Loi de Lenz

Le sens du courant induit est tel que les effets qu'il produit s'opposent à la cause qui lui donne
naissance.

Expérimentalement, on constate que le sens de la tension induite dépend du sens de déplacement


et du sens des lignes de force.
On peut trouver le sens de la tension et du courant au moyen de la règle des 3 doigts de la main
gauche.
Gauche comme générateur.

Comme dans tout générateur, le sens du courant induit est le même que celui de la tension
induite.

Figure 29
Quelques applications…

5.4. Conducteur fermé sur une résistance

Revenons un instant à l’expérience décrite précédemment. Cette fois, le conducteur est relié à
une résistance (Figure 30).
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Figure 30
Le conducteur se déplace, une tension induite apparaît à ses bornes.
Le circuit étant fermé, un courant peut circuler.
Ce courant se trouve dans un champ magnétique, il est donc soumis à une force électromagnétique.
Quel est son sens ?

Par la loi de Lenz, le sens de cette force va être tel qu'elle s'oppose toujours au déplacement du
conducteur.
Pour faire circuler un courant dans cette résistance, il faut donc vaincre la force qui
s'oppose au déplacement du conducteur. En d'autres termes, pour produire de l'énergie
électrique, il faut accomplir un certain travail mécanique. Remarquons que lorsque le
conducteur qui se déplace n'est relié à aucune résistance, il ne faut fournir aucun effort pour
déplacer le conducteur dans le champ magnétique.

Attention, ne jamais oublier que c'est la tension qui est induite et non le courant. C'est la
tension induite qui donne naissance au courant lorsque le circuit est fermé.

5.5. Inductance mutuelle

La variation du courant dans une bobine peut induire une tension dans une autre bobine.

Soient deux bobines A et B enroulées sur le même noyau d'acier (Figure 31). La bobine A peut
être raccordée à une batterie de piles au moyen d'un interrupteur. À la Figure 31a, le flux dans le
noyau est nul car l'interrupteur est ouvert.
Dès que l'interrupteur est fermé (Figure 31b), un courant commence à circuler dans la bobine A
produisant des lignes de flux dans le sens indiqué. Le flux dans le noyau passe alors de la valeur
zéro à une valeur  ; il y a donc variation du nombre de lignes de flux traversant la bobine B.
D'après la loi de l'induction, une tension est induite dans cette bobine.

Cette induction d'une tension dans une bobine par la variation du courant dans une autre bobine
porte le nom d'induction mutuelle. Il est donc possible, par couplage magnétique seulement
(aucune liaison électrique), de transmettre de l'énergie électrique d'une bobine à une autre.
Application : c'est sur ce principe que fonctionnent les transformateurs.
On peut remarquer que l'ouverture rapide de l'interrupteur produit une variation rapide du flux;
il en résulte une tension induite E2 très élevée (Figure 31c).
Application : ce principe est mis à profit dans la bobine d'induction reliée aux bougies d'allumage
Electricité et électronique appliquées Grifasi F.

d'une automobile. La tension produit une étincelle qui amorce l'explosion d'un mélange d'essence
et d'air.

Figure 31
5.6 Self-inductance

Considérons une bobine portant un courant I et produisant un flux . Si le courant varie d'un
montant I, cela produira un changement correspondant de flux . Cependant, une variation de
flux à l'intérieur de la bobine induit une tension entre ses bornes. Nous en venons à la conclusion
que le courant variable dans une bobine induit une tension entre ses propres bornes. C'est le
phénomène de self-induction.

L'ouverture des gros enroulements à courant continu peut créer un arc assez intense pour faire
fondre les contacts de l'interrupteur. On devra donc prendre des précautions particulières
lors de l'ouverture d'un circuit qui contient un enroulement. En effet, la tension induite au
moment de l'ouverture du circuit peut atteindre plusieurs milliers de volts. Cette tension
pourrait causer une rupture de l'isolation sur l'enroulement, ou même donner un choc électrique
fatal. De plus, l'arc abîme les contacts de l'interrupteur.

Le problème de la self-induction est particulièrement grave dans les circuits de commande où des
relais électromagnétiques sont alimentés et désalimentés plusieurs milliers de fois par jour. L'arc
créé lors de la séparation des contacts doit être réduit par des méthodes spéciales que nous ne
décrirons pas ici.

5.7 Courants de Foucault

On peut tirer parti des courants de Foucault dans certains cas.

Voici un exemple illustré à la figure 32.

Un poids entraîne par l’intermédiaire d’un fil un disque en cuivre pouvant tourner entre les pôles
d’un électroaimant.

 Lorsque l’électro-aimant n’est pas alimenté, le disque tourne rapidement.


 Dès que le courant traverse l’électroaimant, le disque se met à tourner plus lentement. Il
est fortement freiné.

La tranche du disque qui passe entre les pôles coupe le champ et est le siège d’une tension
induite. Le disque est comme un circuit fermé, des courants induits circulent donc
Electricité et électronique appliquées Grifasi F.

perpendiculairement aux lignes de champ. Ce sont des courants de Foucault. Ils sont dirigés
de telle façon qu’ils s’opposent à la cause qui les a créés c’est à dire au mouvement. Des
forces électromagnétiques apparaissent donc de manière à ce que le disque freine.

Chercher le sens des tensions induites, des courants et des forces électromagnétiques si le
disque tourne dans le sens anti-horlogique.

Conclusion : lorsqu’une masse métallique se déplace dans un champ, il apparaît dans cette masse
des courants de Foucault qui s’opposent au déplacement.

Figure 32

6. Un peu de culture

Pour se représenter ceux de qui on a parlé dans ce chapitre ….

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