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Anthropologie

d’une pandémie

La Colombie au temps du coronavirus
Olga L. González1

L’auteure de cet article est étroitement liée à la Colombie, pays où elle est née, où
réside sa famille, où elle se rend souvent pour y effectuer des séjours et où est
situé son principal « terrain » de travail.

Elle commence la rédaction de ces lignes en été et en vacances : deux concepts
qui sont loin des Colombiens. L’été, en effet, n’y existe pas : le pays est traversé
par la ligne équatoriale, reçoit verticalement les rayons du soleil. La Colombie ne
connaît pas les saisons. Le soleil se couche toute l’année à la même heure, la
neige n’y tombe pas, les arbres ne perdent jamais intégralement leurs feuilles.
Aussi, c’est dans l’immobilité des saisons que les Colombiens ont vécu le
confinement et le déconfinement.

Dans ce pays, août est un mois comme les autres. Alors que le gouvernement
français (comme ceux de la plupart des pays européens) avait assoupli les
normes pour garantir les vacances aux Français, la Colombie, comme la plupart
des pays du continent américain, connaissaient une explosion des cas et des
morts par Covid.

Ainsi, au mois d’août, le pays dépassait le Brésil et les Etats Unis en termes de
flux de décès par million d’habitants, comme le montre le graphique ci-dessous :



Le moral était au plus bas, alors que le confinement avait commencé fin mars.
Comment expliquer qu’un si long confinement n’ait pas réussi à limiter la
pandémie ?

1 Docteure en sociologie, chercheure associée à l’Urmis, Université Paris Diderot. Page web :

https://olgagonzalez.wordpress.com/ contact : olgalu(at)free(dot)fr



Cet article examine les décisions prises par le gouvernement, ainsi que les
réactions de la société. Il montre comment la gestion de la pandémie a accentué
la forme de gouvernance de l’actuel régime, à savoir un néolibéralisme
décomplexé favorable au grand capital et aux grands propriétaires terriens,
accompagné d’une politique autoritaire et inefficace en termes de sécurité. Il
montre également que les profondes failles du modèle colombien (mais cela
s’étend aussi à la plupart des pays latino-américains) ont eu des conséquences
néfastes que la pandémie a contribué à révéler. Il montre que les violences
exacerbées qui se sont développées pendant la pandémie sont un prolongement
des violences que la Colombie subit depuis plusieurs années. Enfin, il s’interroge
sur la question des résistances collectives.

Un confinement précoce, long, épuisant et… inutile ?
Le premier cas de Covid remonte au 6 mars. Le gouvernement colombien a mis
en place le confinement strict très tôt (24 mars), alors qu’il n’y avait qu’environ
200 cas, la plupart suite à des contacts avec des migrants en vacances dans leur
pays, ou après des contacts avec des touristes (en phase 1).

Cependant, ce confinement précoce n’a pas été accompagné des mesures
nécessaires pour endiguer le coronavirus (identification précoce des malades,
isolement des clusters, etc). C’est comme si le confinement, mesure spectaculaire
et relayée par les médias du monde entier (tous ont à l’esprit les images des
villes désertes de Lombardie), suffisait à rassurer les gouvernants, et les
gouvernés, quant au contrôle de l’épidémie.

Des mesures de suivi ciblé, comme en Corée ou à Taiwan (contrôle de la
température corporelle, contrôle dans les ports et aéroports, suivi des patients,
port du masque dès le début de la pandémie, utilisation d’applications) ne font
pas partie du répertoire colombien de gestion de crises. Le pays a connu
pourtant de nombreuses crises sanitaires (chikungunya, paludisme, dengue, zika,
choléra…) et des crises liées aux phénomènes naturels (tremblements de terre,
éboulements de terrain) ou causés par des activités humaines (explosions dans
les mines, rupture de barrage). On pourrait s’attendre à une gestion plus
professionnelle de ce genre de situations. En fait, malgré leur relative fréquence,
ces crises sont davantage vécues comme des accidents, des malheurs du destin
ou envoyés par le ciel, que comme le résultat de la gestion irresponsable
d’acteurs (privés ou publics). Ainsi, il est rare que des responsables soient
sanctionnés pour des situations qui, dans d’autres pays, seraient considérées
comme des négligences ou des fautes et donneraient lieu à l’ouverture de
procès2.


2 Les cas sont nombreux : ainsi, en 2019, les fonctionnaires responsables de l’erreur de

construction d’un immense barrage (mégaprojet Hidroituango) qui a mis en danger une vallée
entière ont fait une messe publique pour invoquer dieu et les prières des Colombiens, afin
d’éviter la rupture de la digue. Ou bien : alors que l’amiante a largement été utilisée en Colombie
et que des cancers ont été relevés en lien avec ce matériau, il n’y a jamais eu de débat public à ce
sujet, de recherche de responsabilités politiques ou des sanctions aux entreprises.
Très tôt, cependant, les syndicats patronaux ont émis de sérieuses réserves et
préparé des documents alternatifs pour un confinement sélectif. Ainsi, c’est
possiblement sous la pression de ces puissants syndicats patronaux que le 27
avril le gouvernement prolongea une quarantaine qui comportait de nombreuses
exceptions, notamment pour le secteur industriel et pour celui de la
construction. Ainsi, le confinement strict (comme celui qu’a connu la France) n’a
duré qu’un mois. Puis, en avril et en mai, des décrets d’« état d’urgence
économique », permettant de mettre en place une série de mesures sans
discussion parlementaire, ont été publiés par le gouvernement. Ces décrets ont
permis l’ouverture partielle de l’économie.

Le président Duque s’est adressé aux Colombiens tous les soirs par télévision.
Cependant, la rhétorique de la « guerre » analysée par Jeanneney (2020) pour le
cas de Macron a été complétement absente du discours (la guerre est réservée,
dans l’esprit des Colombiens, à des questions autres qu’un virus). C’est au nom
de la reprise économique et d’un soi-disant contrôle de la pandémie que le
président justifie ses décisions.

En mai, l’ouverture ciblée de l’économie (poursuite des chantiers, ouverture des
usines) n’a pas suffi à ralentir la grave crise économique. Les secteurs les plus
forts de l’économie, comme le pétrole, le gaz et le charbon, ont connu une chute
inédite de leur production (même si celle-ci avait été entamée avant la
pandémie). Par ailleurs, les secteurs qui emploient le plus de main d’œuvre,
comme la filière du textile, n’ont pas pu écouler leurs marchandises (faute de
demande interne). Enfin, hormis les commerçants, notamment de produits
alimentaires et d’hygiène, qui pouvaient livrer leurs produits à domicile (un des
rares secteurs en expansion), l’économie est restée en berne. Le 1er août et alors
que les contagions augmentaient, le gouvernement a élargi encore plus le
nombre d’exceptions à la quarantaine. A partir de cette date, une cinquantaine
d’exceptions ont été ajoutées : outre les filières de l’alimentation, la construction,
l’industrie, les activités de l’hôtellerie, nettoyage, loto, salons de coiffure, musées,
etc, ont ouvert.

Le chômage officiel3 était de 20% en mai juin 2020, soit 2 fois plus que les mois
précédents, tandis que le PIB connaissait une chute historique (il a baissé de
15% pour le second trimestre par rapport au trimestre antérieur). Les failles
structurelles de l’économie colombienne se sont révélées au plein jour. Le
modèle, basé sur le maintien d’un salariat précaire, une part grandissante des
revenus du capital par rapport à ceux du travail, un désinvestissement de l’Etat
dans le secteur public (notamment la santé) et une faible redistribution de la
richesse… s’érode en période de crise.


3 Il n’existe pas de recensement des demandeurs d’emploi en Colombie. Le Départements de

statistiques (le DANE) réalise des enquêtes (sondages, par échantillon) pour déterminer leur
nombre. Suivant l’OIT, certains critères sont retenus : est « occupé » (c’est-à-dire non-chômeur)
celui qui est rémunéré ou obtient des bénéfices en échange d’activités de services ou production
de biens, indépendamment du nombre d’heures. Il est évident qu’une telle définition sur-estime
le nombre d’individus occupés selon les critères d’un pays comme la France.
La précarité a appauvri les couches moyennes et l’extrême informalité a frappé
de plein fouet les classes populaires. Rappelons que les travailleurs colombiens
ont, dans leur très grande majorité, des contrats précaires qui n’ouvrent pas des
droits au chômage4. La plupart des salaires étant bas, ils n’ont pas des économies
(c’est l’inverse de la France, où l’épargne des ménages a beaucoup augmenté
pendant le confinement et où la demande reprend progressivement).

Les études dont on dispose montrent que la mort par Covid a frappé dix fois plus
les tranches les plus pauvres de la société que les tranches les plus riches.
D’ailleurs, ce sont les classes les plus défavorisées qui cumulent les amendes
(elles sont très chères) pour non respect du confinement (Universidad de los
Andes, 2020). Ces données, qui sont le propre d’une société fragmentée, ne font
pas véritablement l’objet d’un débat public, tant l’exclusion de fractions entières
de la population est naturalisée.

Les secteurs politiques d’opposition se sont concentrés sur la proposition
d’établir un « revenu de base » pendant 3 mois, pour garantir un minimum de
ressources, résister à la pandémie et relancer la demande. Ce type de
proposition (établir un « revenu de base » sur la longue durée) est devenue
centrale en Espagne et dans plusieurs pays d’Amérique latine. En Colombie, où
les indemnités de chômage sont inexistantes, et où le chômage affecte
cruellement les jeunes, elle jouit d’une grande popularité. Cependant, aucune
suite n’a été donnée dans un Congrès dominé par les forces politiques du
gouvernement.

Celui-ci entend la politique sociale d’une autre manière : fin 2019, en
contrepartie d’une réforme des impôts extrêmement régressive, il avait promis
« trois jours sans TVA ». La pandémie lui a donné l’occasion de tenir ses
promesses. La première de ces journées a été tenue « exceptionnellement »,
alors que les cas de Covid progressaient et que les villes s’efforçaient de
respecter le confinement. Dans le bras-de-fer qui oppose le président aux maires
(par rapport, par exemple, à la fermeture ou non de l’aéroport ; à la tenue ou non
du « jour sans TVA »), c’est le président qui a « gagné ». Ce 19 juin a donné lieu à
des ruées dans les magasins de vente de produits électroménagers (une
télévision dernière génération, une chaîne Hi-Fi, etc), en dehors de toutes les
recommandations de distanciation physique et à la grande satisfaction des
commerçants. La presse a fortement critiqué ces « Covid Friday », de sorte que la
troisième journée promise n’a pas encore eu lieu.


4 Il y a très peu de salariés avec des droits dans le pays : sur la masse des actifs colombiens,

seulement 49% sont des salariés (mais la grande majorité ont des contrats précaires), le reste
survit dans l’informalité ou est au chômage. Sur la totalité des actifs, seuls 32% ont des droits liés
au travail (santé, retraite et risques liés au travail).

Foule durant le « Covid Friday », journée sans TVA et ruée vers les magasins d’importation
d’électro-ménager

Dans la même ligne, fin août, le gouvernement décida de donner un grand appui
financier à une entreprise aérienne originellement colombienne (Avianca). Cette
compagnie s’est déclarée en faillite aux Etats-Unis et a son siège dans des paradis
fiscaux… mais la sœur du président y occupe une haute fonction. La décision de
prêter à cette compagnie, plutôt qu’aider les milliers de petits entrepreneurs
colombiens lésés par la crise, confirme les priorités du gouvernement. Certes,
d’autres aides ponctuelles ont été mises en place pour 9 millions de Colombiens
parmi les plus pauvres, à raison de 300 pesos par jour (moins de 10 centimes
d’euros) contre 370 millions de dollars pour la compagnie aérienne en faillite et
basée dans des paradis fiscaux.

Tout en maintenant ce régime favorable au capital, le gouvernement, relayé par
les maires dans les villes, a imposé un confinement sévère (environ 3 sorties
autorisées par semaine pour des courses de très courte durée). Les infractions
étaient lourdement pénalisées (amendes de 1 million de pesos, c’est-à-dire
l’équivalent de 1,5 salaires minimum). S’ajoutent, en plus, d’autres prohibitions,
comme l’interdiction absolue, aux personnes de plus de 70 ans et aux moins de 7
ans, de sortir dans la rue, des couvre-feux la nuit, l’interdiction de la vente
d’alcool, etc. Ces mesures, peu expliquées et souvent peu fondées, ont donné lieu
à des expressions autoritaires spontanées. Ainsi, de nombreuses personnes ont
voulu faire du zèle : les syndics ont interdit les visites (même de membres de la
famille) aux résidents des immeubles privés ; des propriétaires de magasins ont
enfermé leurs employés pour « éviter la contagion », etc. Et alors même qu’un
groupe de personnes de plus de 70 ans a du recourir aux tribunaux pour
contester ce confinement total, la majorité de la population désapprouvait leur
démarche. Ainsi, alors même que la justice autorise les personnes âgées à sortir
dans la rue, selon des horaires établis par les Mairies, ils se font insulter dans les
rues, des restaurants leur interdisent l’entrée, etc.

Conformisme ou peur, rares ont été les tentatives d’organisation collective pour
contester les mesures ou leur lisibilité. On observe plutôt la tendance inverse : là
où, en France, les réseaux sociaux s’enflamment en raison de mesures qui
semblent incompréhensibles ou autoritaires, en Colombie chacun a une
interprétation personnelle des mesures en vigueur et l’explique volontiers à son
voisin. Alors qu’en Allemagne ou aux Etats-Unis les anti-masques manifestent
contre le gouvernement, en Colombie on organise des chaînes de distribution
clandestines du « remède miraculeux ». Le masque, lui, n’est pas véritablement
contesté, au contraire : il est jugé insuffisant pour lutter contre le menace. Il en
est de même avec le protocole pour les écoliers. Ceux-ci sont autorisés à
retourner dans leurs établissements depuis la fin du mois de septembre. Le
protocole, élaboré par le ministère de l’éducation et très strict (port du masque
obligatoire et permanent dès la maternelle, prise de température, un tiers
d’occupation des établissements), est néanmoins jugé insuffisant par de
nombreuses écoles, et renforcé (port de casque pour les enfants, enseignants en
tenue spatiale, etc).

Réouverture des crèches en Colombie (24 septembre 2020) et protocole de sécurité (port du
masque, bonnet, capuche, prise de température, enseignants en tenue spatiale). Photo : RCN

Les médecins et les personnes travaillant dans le système sanitaire, pourtant
publiquement qualifiés de « héros » par le gouvernement et par le pouvoir, sont
très maltraités. 90% d’entre eux travaillent pour le système privé de santé, et
80% d’entre eux ont des CDI précaires. Dans les hôpitaux publics, les salaires
sont souvent impayés –parfois, depuis des mois. Divisé, le corps sanitaire peine à
s’organiser collectivement. Les réseaux sociaux deviennent l’exutoire des
professionnels, comme c’est le cas chez une médecin licenciée d’une clinique
privée parce qu’elle a réclamé de meilleurs masques, ou chez une infirmière,
licenciée de la clinique privé et dont elle était contractuelle, parce qu’elle avait un
masque (acheté par elle-même) que seuls les docteurs étaient autorisés à porter.
Le personnel soignant est soumis à la gestion d’administrateurs privés qui
établissent leurs normes, économisent des coûts, veillent aux hiérarchies.

Pour cette raison, la discussion sur le sous-équipement hospitalier et les
conditions de travail extrêmement pénibles des soignants, qu’on a vu en Europe,
est loin d’occuper le devant de la scène en Colombie. La pandémie ne fait que
montrer les piètres résultats des décisions prises dès le début des années 1990,
quand la santé est devenue un business. Il y a peu de suivi sur leurs conditions de
travail (pour commencer, il n’y a pas un registre précis du personnel soignant
décédé dans la lutte contre le coronavirus).

De fait, la pandémie rend difficile la contestation sociale. Cinq mois après le
début du confinement, les grandes manifestations dans la rue de novembre 2019
contre la réforme des retraites et du code de travail paraissent d’une autre
époque. Sans passer par le Congrès (grâce à l’état d’urgence économique), le
gouvernement a publié en septembre un nouveau décret relatif au code du
travail afin de baisser le salaire minimum et de permettre l’embauche pour
quelques heures.

Sans possibilité de convoquer à des manifestations, sans média pour relayer ses
demandes, les syndicats ne réussissent pas à se faire entendre. D’autant moins
qu’ils sont faibles : le taux de syndicalisation est très bas (moins de 5% des
travailleurs étaient syndiqués en 2019). En somme, peu de forces organisées
peuvent faire part de leurs difficultés.

La faiblesse des mouvements sociaux est augmentée par la très grande violence
qui subsiste en Colombie. Les expressions de colère ou de détresse, nombreuses,
ne parviennent pas à une forme d’organisation. Dans l’espace public, elles sont
visibles par exemple dans les drapeaux rouges qui sont accrochés devant les
maisons des quartiers pauvres pour signaler la pénurie alimentaire.


Le drapeau rouge est devenu un des marqueurs pour signaler la situation de détresse de la
population. Ici, dans un quartier résidentiel des classes moyennes à Bogota, un homme dort avec
son chien et le drapeau où c’est écrit : « Faim ». Photo : Claudia Lancheros

Côté gouvernement, les interventions de caractère religieux pour contrer la
pandémie sont fréquentes. Le président en appelle régulièrement à la « patronne
de la Colombie », la Vierge de Chiquinquirá (du nom de la « ville sanctuaire » en
Colombie depuis plus de 200 ans). En août 2020, alors que les écoles
continuaient à être fermées, de nombreuses exceptions existaient pour les lieux
de culte.

Le président et ses ministres ont d’ailleurs enfreint les règlements de la ville de
Bogota en participant à une messe célébrée par l’Archevêque à la Cathédrale de
la ville. Afin de contrer l’épidémie, la statue de 150 kg du Christ blessé, qui
domine Monserrate, la colline-lieu de pèlerinage de Bogota (à 3200 m), est
« descendue » en ville (à 2600m). Dans les 364 années de son histoire, cette
statue n’a été descendue que 7 fois, et toujours pour des occasions
exceptionnelles (en 1916, pour contrer une épidémie de variole, en 1998, pour
invoquer la paix dans le pays). La statue a été portée en pèlerinage dans
plusieurs zones de la ville.

Les invocations magiques se manifestent également dans la profusion de
médicaments miraculeux. En particulier, la solution diluée d’eau de javel
(appelée dioxyde de chlore ou hypochlorite de sodium selon les sources), et
« inventée » il y a une vingtaine d’années par un ingénieur états-unien ayant
séjournée en Amazonie et fondateur d’une église, connaît un grand essor.
D’autant plus que les « garanties » du remède (il est censé guérir le cancer,
l’autisme, l’asthme…) sont données par un Allemand (Andreas Kalcker). En effet,
il est possible que si les vidéos de promotion provenaient d’un gourou africain,
elles auraient eu moins d’adeptes. Le succès de ce médicament (nom
commercial : MMS, « Supplément Minéral Miraculeux ») s’alimente de la
méfiance vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique et du succès des théories du
complot. Le Ministère de la Santé colombien, tout en émettant des alertes sur la
dangerosité de ce produit, évite de monter la chose en épingle et de trop attirer
l’attention sur le sujet. Peut-être est-ce pour éviter de provoquer des réactions
extrêmes, comme à Lima, où l’interdiction du produit a donné lieu à de grandes
manifestations dans la rue ?


Pour la 7ème fois dans son histoire vieille de 364 ans, le « Señor Caído de Monserrate » est
descendu en pèlerinage à Bogota. Photo : EFE

La violence augmente avec la pandémie (ou ce que signifie la mort dans un
contexte de mort)

Dans les pays du Nord, les discussions sont très souvent centrées sur les
changements que le confinement, la crise économique ou la pandémie
provoqueront (il suffit de regarder les titres de la « rentrée littéraire » des essais
parus en France : « Le monde d’après » « Qu’est-ce qui doit changer ? »
« Maintenant, on fait quoi ? »). Ces questions, qu’elles nourrissent l’espoir ou la
résignation, placent les débats dans le domaine du nouveau. En Colombie, les
discussions dans les médias et les réseaux sociaux ne se placent pas dans ce
champ. Comme l’analyse Thomas Friedman (2020) pour le Liban et les Etats-
Unis, la vie politique « polarisée » domine les discussions –ou, autrement dit,
toutes les discussions, sont ramenées à une opposition entre deux pôles. Les
turbulences de la vie politique acquièrent, dès lors, ont une importance
exacerbée : la nomination de tel fonctionnaire, le tweet de tel leader politique, les
agissements de l’ancien président Uribe, mais aussi des phénomènes a priori
éloignés de la vie politique deviennent un arsenal dans la bataille entre « eux » et
« nous ». Les choix sanitaires (qui peuvent être bons ou mauvais) n’existent pas ;
Il n’y a que des choix politiques.

In fine, ce qui importe, ce n’est pas tellement d’avoir une clarté sur les processus,
de savoir si une mesure est utile ou non ou d’analyser le mieux possible la
progression de la pandémie, mais de montrer qu’ « eux » ont tort, sont des
corrompus, des criminels, etc. Ainsi, quatre ans après le processus de paix entre
les Farc et le gouvernement, la société colombienne (en tout cas celle qui
s’exprime dans les médias et les réseaux sociaux) apparaît plus divisée que
jamais : elle réactualise, au jour le jour, les résultats du plébiscite de 20165, à
savoir une quasi égalité entre personnes favorables au processus de paix et
opposants à celui-ci, avec des positions tranchées des deux côtés.

Le deuxième phénomène dans ces jours de pandémie est la violence. Hormis une
chute première des violences homicides dans les grandes villes6 en raison du
confinement, celles-ci ne connaissent pas de réel répit. Avant même la
déclaration officielle du confinement, 23 prisonniers ont été tués par les gardes
armés (dans un pays avec un taux de surpopulation de 50% à 100%, ces détenus
craignaient les effets du Covid et avaient organisé une révolte).

Cependant, les violences les plus impressionnantes sont celles qui touchent les
populations rurales éloignés des grands axes de communication et où se
concentrent les « acteurs armés illégaux » : guérilla ELN, anciens guérilléros des
Farc n’ayant pas accepté le processus de paix (ils sont appelés « dissidents ») ;
groupes paramilitaires ; groupes de mafieux ; bandes criminelles… Ces groupes
imposent la loi dans les contrées qu’ils « dominent ». Des disputes âpres pour les
corridors stratégiques, pour le marché de la coca ou d’autres produits légaux ou
illégaux, enfin pour l’accès aux ressources publiques sont extrêmement
ravageurs pour la population civile. Les assassinats ciblent les leaders sociaux, et
notamment les représentants de la communauté au niveau du quartier, au
niveau local. Ce sont eux, les principales victimes. Ces personnes sont des
défenseurs de l’environnement (ils peuvent, par exemple, s’opposer à
l’exploitation minière dans leurs territoires). Ce sont également des défenseurs
des droits humains. D’autres cibles sont des anciens des Farc, c’est-à-dire des
personnes démobilisées. Depuis la promulgation des accords de paix en 2016,
plus de 200 démobilisés ont été assassinés. Enfin, les commerçants qui ne se
plient pas aux règles de ces pouvoirs illégaux, ou qui refusent de payer « le
vaccin », c’est-à-dire l’« impôt », sont également la cible de ces violences.

Dans ce contexte, le confinement et les mesures de distanciation physique ont
servi de motif à ces groupes pour commettre leurs meurtres : le site
journalistique cerosetenta rassemble les données des ONG colombiennes et


5 Rappelons que les accords de paix, signés en août 2016, devaient être entérinés par un

référendum, mais les Colombiens ont, à une faible majorité, voté contre ces accords de paix. Voir
Gonzalez, 2016.
6
La Colombie reste un pays extrêmement violent, et ce malgré une baisse indiscutable de la violence
homicide ces dernières 15 années. En 2018, le taux d’homicides a été de 24,3 pour 100 000 habitants
(contre 1,3 en France).
estime qu’une trentaine de meurtres ont été commis pour non respect de ces
règles ».


15 juin 2020 : un groupe armé (ici, les paramilitaires) fait une libération d’un enfant kidnappé, en
présence de la Comité International de la Croix Rouge. Photo : EFE

Le mois d’août, en particulier, a connu une recrudescence des massacres7 dans
ces zones et dans les quartiers périphériques des villes. Selon la mission de
l’ONU sur place, 42 massacres avaient été commis entre janvier et octobre 2020.
48 militants et défenseurs des droits humains avaient été assassinées, dont 9
personnes appartenant à des communautés ethniques. Alors que les analystes et
les ONG sur le terrain réclament une série de mesures sociales et le
renforcement des institutions locales, les réponses du gouvernement vont dans
le sens inverse (aspersions aériennes avec des produits chimiques sur les
cultures de coca, militarisation) et risquent d’aggraver la situation, en plus
d’avoir des effets néfastes sur l’environnement.


7 Dans le vocabulaire colombien, on parle de massacre quand au moins 4 personnes sont tuées

dans un même lieu, et en dehors de tout combat.



Cérémonie publique lors de l’enterrement de cinq adolescents assassinés dans un quartier
périphérique de la ville de Cali, en août 2020. Photo : 90minutos.co

D’autres violences « nouvelles », directement en rapport avec la quarantaine,
sont celles qui touchent les personnes ayant subi des attaques des forces de
l’ordre, soit pour faire respecter la quarantaine, soit pour « contrôler » les
débordements. Signalons que les aides du gouvernement sont effectives, pour
une grande partie, en espèces (produits alimentaires). De nombreuses plaintes
se sont fait sentir en raison d’une distribution clientéliste et il y a plusieurs
enquêtes pour corruption associées à ces aides. Dans le département du Cesar
(nord du pays), un jeune homme de 17 ans est décédé suite à d’altercations avec
les forces de l’ordre, venues en renfort lors de la distribution de colis de produits
alimentaires. Des cas comme celui-ci se sont produits dans plusieurs régions du
pays, mais ne font pas l’objet d’un suivi détaillé de la presse ou des ONG,
occupées par des violences plus flagrantes dans d’autres contextes.

De même, plusieurs ONG ont signalé une augmentation des violences contre les
femmes, les enfants et les personnes âgées. Si l’on ne dispose pas encore de
données consolidées, on sait qu’il y a eu une impressionnante augmentation des
appels aux lignes dédiées aux femmes (de l’ordre de 155% de plus entre le 25
mars et le 25 juin 2020). Ceci, dans un pays qui connaissait déjà, avant la
pandémie, une grande violence contre les femmes (il y a 4 fois plus de meurtres
de femmes en Colombie qu’en France), et où, officiellement, 21 mineures sont
violées tous les jours (alors qu’un grand nombre de cas ne sont pas déclarés aux
autorités).

Très peu de dispositifs spécifiques ont été affectés pour prévenir les situations
de violence pendant la quarantaine. Il n’y a pas eu, notamment, d’ouvertures de
refuges ou de nuitées payées dans des hôtels pour les femmes ou enfants devant
fuir les violences domestiques (on est très loin des mesures françaises : 20 000
nuitées payées pour les femmes par le gouvernement et un million d’euros alloué
aux associations de lutte contre ce type de violences ; récolte de 2 millions
d’euros par la Fondation des femmes et destiné également aux associations ; on
est loin aussi d’un pays comme la Tunisie, où le Fond des Nations unies pour la
population a financé des locaux pour des femmes puissent être à l’abri).
Quelques cas paraissent dans la presse. Parmi ceux-ci, citons la visibilité
qu’acquièrent, petit à petit, les violences au sein des communautés indiennes. En
Colombie, celles-ci ont leur territoire, leurs autorités et leur législation. En raison
d’une somme de facteurs liés à l’évolution des idées (critique du colonialisme,
critique du capitalisme, idées de retour aux sources), ces communautés sont
parfois idéalisées et vues comme égalitaires et non violentes. Aussi, les
dénonciations d’abus sexuels de ces mêmes autorités indigènes, exprimées par
les femmes autochtones, marquent un tournant.


Extrait d’une vidéo envoyée sur les réseaux sociaux par des femmes indiennes du groupe
Arhuaco en août 2020, où elles dénoncent les abus sexuels sur les mineures de leur communauté,
commis par le nouveau gouverneur du Cabildo (territoire administratif indien). Images : Sumario
TV

Fin du confinement et déferlement de violences policières

Le confinement a pris officiellement fin le 1er septembre 2020. Dans les jours qui
ont suivi le déconfinement, une nouvelle série de violences, cette fois-ci
policières, a frappé la ville de Bogota. Les événements gardent une certaine
ressemblance avec ceux qui sont survenus aux Etats-Unis deux mois avant, au
moment du contrôle policier meurtrier de George Floyd. A Bogota, le chauffeur
de taxi Javier Ordóñez (il n’était pas de service) a été victime de violence
policière la nuit du 9 septembre. Après plusieurs coups de pistolet électrique
« taser », il a été tabassé à mort8. Une partie de ces violences ont été filmées avec
des téléphones portables et relayées via les réseaux sociaux. Ces images ont
provoqué l’indignation. Les deux nuits suivantes, des manifestations pacifiques,


8 Les raisons du contrôle ? Le policier avait maille à partir avec lui. Il l’a attaqué sans qu’il y ait eu

délit. Javier Ordóñez était chauffeur de taxi et étudiant de droit. Voir Gonzalez, 2020.
ainsi que des actions violentes contre les stations de police, ont émaillé la ville.
La police a répondu avec des armes à feu. Treize personnes sont mortes les nuits
du 10 et 11 septembre. De nombreuses vidéos mettent en cause directement les
forces de l’ordre, ainsi que des hommes cagoulés à leurs côtés (forces
paramilitaires urbaines).

Comme dans d’autres cas de figure, la preuve a été apportée par l’image filmée.
La mobilisation est la réaction à ces images, reproduites par des « influenceurs »
sur twitter. Cependant, ce genre de violences, s’il n’est pas toujours filmé, n’est
pas exceptionnel. L’ONG colombienne Temblores les comptabilise depuis 2017.
Selon cette source, entre 2017 et 2019, il y a eu 639 homicides avec participation
de la police.

Les victimes ne sont pas principalement, comme aux Etats-Unis ou en France,
des personnes appartenant aux minorités ethniques. Une pancarte brandie par
une manifestante la nuit du 10 septembre le disait à sa manière : « Etre
Colombien en Colombie, c’est comme être noir aux Etats-Unis ». Il reste que la
plupart de ces victimes sont des personnes issues des quartiers populaires : la
police sait qu’elle peut intervenir plus « librement » dans ces zones, y effectuer
des contrôles, enfermer et violer les femmes (voir Ocampo, 2020). Ainsi,
l’appartenance de classe et sa traduction géographique dessinent la
configuration des abus de la police.


« Etre Colombien en Colombie, c’est comme être noir aux Etats-Unis ». Manifestante à Bogota, la nuit du 10
septembre 2020. Photo : AFP

Devant ces graves exactions de la police, la réponse du gouvernement a été… de
soutenir l’action des policiers. Le président Duque a été jusqu’à enfiler le gilet de
la police et de faire une visite de soutien et remerciement dans un poste de police
de la ville. En rendant ces hommages aux forces de l’ordre, en refusant la
responsabilité de l’Etat vis-à-vis de ces meurtres, le gouvernement renforce le
caractère policier de l’Etat. Dans les jours suivant les violences policières, un
haut commandant de l’institution a affirmé, sans être inquiété, que la police
n’obéissait pas à des ordres des autorités civiles, et pouvait tirer selon sa
perception du danger ressenti. L’aire d’influence des forces armées est élargie. Il
s’en dégage un message d’impunité d’Etat, accompagnée d’une division de la
société entre « bons à côté des policiers » et « méchants qui contestent la
police ».

Dans les semaines qui s’ensuivirent, la réaction de larges couches sociales fut
d’entourer les stations de police où tant de crimes ont été commis dans le passé.
Sous le slogan « Nous, les bons, nous sommes plus nombreux »9, le
gouvernement colombien jouait la même partition que le président Trump aux
Etats-Unis (pour rappel, celui-ci érigea les « anarchistes casseurs » en uniques
responsables de la violence). En Colombie, le registre religieux est mobilisé : en
plus des dons aux policiers, des messes ont été organisées dans les postes de
police. Ce manquement à la loi et à la Constitution colombienne (l’Etat est
officiellement laïc) correspondait néanmoins au pied de la lettre à la devise
officielle de la police, « Dieu et patrie ».


Des fidèles catholiques organisent une messe dans un poste de police de Bogota, quelques jours après les
émeutes (septembre 2020). Photo : Page Facebook de la Police de Bogota

Conclusion
Il est devenu banal de constater que l’épidémie sert de révélateur, qu’elle met au
grand jour les fractures sociales (Fassin, 2020). L’Amérique latine, avec ses
grandes inégalités, son économie très dépendante du commerce international, sa
faible marge de manœuvre vis-à-vis des organismes internationaux (Ventura,
2020), sa pyramide d’âges vieillissante (13% des personnes ont plus de 60 ans) a
été particulièrement vulnérable.


9 En opposition aux « méchants » censés être la minorité dissidente, c’est-à-dire les manifestants,

identifiés aux « casseurs ».



En octobre 2020, malgré un confinement précoce et très long, neuf pays latino-
américains figuraient dans la liste des quinze pays les plus touchés, en termes de
mortalité par habitant, par la Covid (le Pérou, la Bolivie, le Brésil, le Chili,
l’Equateur, le Mexique, le Panama, la Colombie, l’Argentine10). Seuls deux pays,
Uruguay et Cuba, avaient réussi à endiguer la pandémie… Ces deux pays
partagent plusieurs caractéristiques : ils sont de petite taille, avec une population
de 3,5 millions et 11,3 millions d’habitants respectivement. Ils ont été gouvernés
par des dirigeants qui soutiennent l’Etat-providence, on des système de santé
solides (pour Cuba, parmi les plus réputés dans le continent américain). Tous les
deux ont mené une politique massive de dépistage, grâce à des tests produits
nationalement. Bien qu’ils connaissent des problèmes (inégalités, voire pénurie
de biens de première nécessité pour Cuba), ils ne sont pas confrontés au niveau
de violences d’autres pays, comme la Colombie.

Avec déjà plus de 26 000 morts par Covid en octobre 2020, la Colombie faisait
donc partie des 15 pays les plus atteints dans le monde par million d’habitants.
Cependant, au-delà de ces données brutes, la question d’ordre anthropologique
est la suivante : que signifie la mort par Covid dans un contexte de mort par
violences politiques et mort par violences homicides urbaines ? Que signifie la
mort par Covid dans un pays où les homicides sont une des trois premières
causes de mortalité de la population dans son ensemble11 ?

Cette épidémie a été, pour la plupart des pays, un moment de confrontation avec
la mort, comme l’exprime par exemple le sociologue Bruno Latour : « La crise
sanitaire est une question de vie ou de mort » ou comme l’explique, par
contraste, l’anthropologue Martin Julier-Costes : « Depuis le milieu du XXème
siècle, notre société a créé des générations qui n’ont pas peur pour leur vie. Cela
ne veut pas dire qu’ils ne craignent pas la mort ou qu’ils ne se la représentent
pas. La violence de la mort est d’autant plus exceptionnelle sur une période
courte. On devient donc un peu plus mortel que d’habitude »12.

De toute évidence, les choses se passent autrement en Colombie, où la mort par
Covid a moins focalisé l’attention et où d’autres morts, notamment celles qui
surviennent par la violence, suscitent beaucoup de commentaires dans les
champs journalistique et universitaire. La mort par Covid est-elle perçue comme
une mort « naturelle », et donc nécessitant un travail de deuil différent du deuil
traumatique associé à la mort traumatique, produite dans la violence ?

Sur un autre registre, celui de l’indignation politique en relation avec la gestion
de la pandémie, les choses se présentent sous une optique particulière en
Colombie. Il n’y a pas eu, comme dans plusieurs pays d’Europe ou aux Etats-Unis,


10 Voir : « Coronavirus (COVID-19) deaths worldwide per one million population as of October 8,

2020, by country », Statista 2020.


11 Les trois premières causes de mortalité en Colombie sont les maladies cardiovasculaires, les

maladies vasculaires du cerveau et les homicides (chez les hommes, certaines années, c’est la
deuxième cause). Cependant, en septembre 2020, 11% de tous les décès étaient dus au Covid.
12 Martin Julier-Costes, socio-anthropologue : « Cette pandémie marquera des générations de

soignants et de personnels funéraires », L@ Semaine, avril 2020.


une forme de contestation organisée à l’égard des mesures des autorités. Ainsi, le
confinement (pourtant très long, partiel mais somme tout inefficace, comme on
l’a vu) ou le port du masque (obligatoire, et sa non utilisation sanctionné très
fortement socialement) ont pas donné lieu à des manifestations. L’indignation
politique est toujours là, mais elle couvre répertoire de la contestation qui
existait préalablement, comme par exemple la responsabilité de l’Etat dans les
massacres, les violences policières, la présence de statues des colonisateurs
Espagnols dans l’espace public ou les drames de la misère (comme l’explosion
d’un camion citerne accidenté sur le bord de la route le 6 juillet 2020, et qui
causa la mort d’une cinquantaine de personnes venues s’approvisionner
gratuitement et dangereusement en essence).

A l’heure où nous écrivons ces lignes, la pandémie et son cortège d’incertitudes
ne sont pas finis. Si la pandémie est mondiale, l’examen de la Colombie montre
que chaque formation historique, politique et sociale garde ses spécificités
proprement anthropologiques. La Colombie de la pandémie ressemble à la
Colombie d’avant la pandémie, avec une exacerbation de ses problèmes.


Ouvrages cités

European CDC, Coronavirus Pandemic (COVID-19) Statistics and Research. URL :


https://ourworldindata.org/coronavirus

Fassin, Eric, « La pandémie est un révélateur, ce sont toutes les inégalités qui
sont à nu », Les Inrocksuptibles, 23 mai 2020.

Friedman, Thomas L. “Beirut’s Blast Is a Warning for America”, The New York
Times, August 9, 2020.

Gonzalez, Olga L, « Les partisans du “oui” au référendum en Colombie ne veulent


pas se laisser confisquer la paix », Le Monde, 6 octobre 2016.

Gonzalez, Olga L, « Septembre violent à Bogota », Migrations et altérités, 2020.


URL : https://www.urmis.fr/septembre-violent-a-bogota/

Jeanneney, Jean-Noël, « Virus ennemi » : discours de guerre, histoire de


guerres », Tracts Gallimard, 2020-10-01

Ocampo, Ana Sophia, « #9S y #10S: los números de la violencia policial »,


Cerosetenta, septiembre de 2020

Universidad de los Andes, Grupo de Investigación en Macroeconomía de la


Facultad de Economía, “El patrón socioeconómico del COVID: el caso de Bogotá”,
Nota Macroeconómica N° 23, 11 de agosto 2020

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