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DES
PLANTES MÉDICINALES
INDIGÈNES
OUVRAGES DE M. GAZIN PÈRE.
Des Vers ascarides lombricoïdes, et des Maladies que ces animaux causent,
ACCOMPAGNENT OU COMPLIQUENT. Mémoire couronné (médaille d'honneur), en 18Zi9,
par la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles. 1850, in-8°. (Épuisé.)
Prix : 1 fr.
PLANTES MlîDICINALES
INDIGÈNES
AVEC UN ATLAS DE 200 PLANCHES LITHOGUAPUIÉES
PAR
F.-J. CAzm
Chevalier de la Légion d'honneur
Lauréul et Membre correspondant de la Société impériale de médecine de Marseille, de l'Académie impériale de Reims
TROISIEME EDITION
REVUE ET AUGMENTÉE
PARIS
p. ASSELIN, SUCCESSEUR DE BÉCHET JEUNE ET LABÉ
LIBRAIRE DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE
Place de PÉcole- de -médecine
1868
.C5
PltÉFACE
DE LA PHEMIÈHE EDITION.
>
^
Après vingt années de pratique à Calais, j'ai dû, pour de§ raisons
^ Il m'a suffi de jeter un coup d'œil sur Tétat comparé des villes
Dans les villes, Fétat social forme un corps dont toutes les parties
'^
distinctes, mais intimement liées, agissent et réagissent les unes sur
^ les autres. L'aspect de la misère agglomérée y excite la pitié, et
Les villes ont des hospices, des bureaux de bienfaisance, des caisses
dispensaires, etc.
tendre aux mêmes bienfaits. Dans les communes rurales, plus qu'ail-
des nombreux habitants qui n'ont d'autres biens que l'emploi de leurs
forces. vSi l'ouvrier des campagnes est moins à plaindre que celui
des villes tant qu'il se porte bien, il est bien plus pauvre, plus écrasé
VI PntFACK ^
«
l'autre ,
prodiguant avec désintéressement les secours et les conso-
commune.
Cet état déplorable de nos campagnes, qui réclame toute la solh-
sité d'y faire de la médecine à bon marché. J'ai donc renoncé, dans
mique des plantes que la nature fait naître avec profusion autour de
nous. « Sur nos rochers les plus stériles, dit M. Munaret, au fond
« des ombreuses vallées, aux pieds de nos balsamiques «apins, sur
« dont les marchands se piquent. Les drogues les plus chères sont
« les plus maltraitées. L'abus est poussé à un tel point, que certains
« articles quadruplent de masse en sortant de Marseille. On vend,
« par exemple, cent fois plus de quinquina que l'Amérique n'en peut
« fournir ; on vend cinquante fois plus de manne qu'il n'en arrive à
« Marseille. Les résines les plus précieuses, les aromates, les bois
« sont presque tous contrefaits; pour y parvenir on ajoute des bois
natal, à leur, arrivée dans nos ports et chez les droguistes, mais
encore, quand elles sont d'un prix élevé, chez les pharmaciens avides
et peu consciencieux.
(2) Je ne fais d'exception qu'en faveur du quinquina, qu'il est impossible, quant à
présent, de remplacer dans le traitement des fièvres pernicieuses.
chôteK 1772.
VIII l'IlliFACE
dans tous les temps aussi il s'ei trouvé des hommes assez dévoués à
indigente (1).
(1) Ulceri pnrvo medkina à mari rubro impiUaiur, vam remédia vcra qnolidie pauper-
rimiis quisque tenet. (Pline, lib. xxiv.)
(2) Recueil des piaules (en allemand), Francfort, 1588. Cet auteur étudiait les vertus
des plantes indigènes au lit des malades, et les employait de préférence aux exotiques.
(3) De medicina Danor. domeslica, etc. Copenhague, 1606.
(/i) Inlrodaciio ad medicin. indigen. Leyde, iQkk-
(5) Medicina pauperum, etc. Francfort, 16Zii; Lyon, 16/i3; Paris, 165à; i'avie, 1660;
id., 1718.
(6) Quels sonl les véijélaiix indigènes que l'on pourrail subslitucr dans les Pays-lias
aux végt'laux exotiques relativement aux différents usages de la vie? Bruxelles, 173/i.
(10) Histoire des plantes qui naissent aux environs d'Aix,e\c. Paris, 1723.
(11) Essai botanique, chimique et pharmaceutique sur les plantes indigènes substituées
avec succès à des végétaux exotiques. IVancy, 1776; Paris, 1793. Couronné par l'Acadé-
mie de Lyon.
(12) Cours de botanique médicale comparée. Paris, 1810.
i\.o) y
Recherches et observations sur l'emploi de plusieurs plantes de France qui, dans
la pratique delà médecine, peuvent remplacer un certain nombre de mbstances exotiques;.
— 2° Manuel des plantes usuelles indigènes. Paris, 1819,
l)K L\ l'r.KMIl'I'.K KDll'ION. IX
tives, diurétiques, etc., tout aussi actives (pie celles que nous
taisons venir à grands frais des régions lointaines; que nous avons
valériane, etc.
tions, etc. •
leurs facultés, par des femmes qui n'ont d'autre instruction que la
quand elles n'ont pas été vendues au marché précédent, et, dans
lion(l). Les malades les emploient d'habitude sans les faire exa-
dans le terrain qui leur sont propres. On cultive souvent dans les
du soleil.
dans lequel sont tombées les plantes qui croissent sur notre conti-
(Ij La racine crasaret, par exemple, sera considérée comme le meilleur succédané de
Pipécacuanha par le médecin qui l'emploiera dans les six premiers mois de la récolte,
tandis que celui qui la mettra en usage après un ou deux ans ne lui trouvera qu'une pro-
priélo [Miipntivp, mi simplement diurélique.
DE LA PUEMIÈIIE ÉUITIO?<. xi
d'autant plus facilement tirer parti, que l'homme des champs lui-
précieux, mais d'un emploi trop vulgaire, que la nature fait croître
saire de répéter des essais déjà tentés sur les propriétés de beaucoup
de plantes, afin déjuger par moi-même de la réalité et du degré de
leur action sur l'organisme (2). Egalement éloigné de la crédulité
(2) Lihernm profilcor medicinam. ver 'b miHijuis stim, r.ec a iioris .- ulroaqnc, ubi vcri-
latem colxmt, sequir. (Baolivi.i
-
J'ai cru devoir exposer en tête de chacpu; arlicle les divers modes
(2) In morbis curandis vuujni scmper moment i est opporlnuilatis. (Fernkl, Method.
medend., lib. i.)
prévision d'un concours. Mon seul désir était de me rendre utile aux
indigents et aux cultivateurs peu aisés du canton dans lequel j'exer-
çais. Je suis déjà payé par le bien que j'ai pu faire, et par le suffrage
courent.
AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.
plan que fut établie la deuxième édition. Les modifications qui y furent
employées avec plus nu moins de succès; puis, se livrant avec soin à l'étudr
XVI AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.
plus obscures ou les plus controversées. Inutile de dire qu'il ajoute à ces
recherches un grand nombre de faits nouveaux, dont la plupart lui sont
propres et ont été recueillis dans une pratique de plus de quarante années.
N'oublions pas de dire que souvent, et sans sortir de son cadre, l'auteur, à
l'occasion d'une plante de notre pays, complète son travail en consacrant
quelques lignes à l'examen des plantes exotiques de la môme espèce, dont
il compare les propriétés à celles de l'individu indigène.
L'ouvrage se termine par des notions générales sur la conservation et la
dessiccation des plantes, un calendrier floral, uue classification des plantes
d'après leurs propriétés médicinales, une table des matières pathologiques
et thérapeutiques, une table alphabétique des plantes contenant leurs noms
scientifiques et vulgaires, leurs produits naturels et pharmaceutiques.
Un Atlas de deux cents plantes lithographiées complète la partie descrip-
tive des plantes les plus usitées.
eiassilicalion botanique a été revue avec le jilus grand soin. Pour beaucoup
de plantes, on a indiqué la sous-famille en plus de la famille naturelle déjà
désignée. A la fin de chaque article, on a mentionné les variétés avec leur
nom partieuliiM', leur description rapide et les proportions dans lesquelles
plante-type habituellement employée.
elles i)euvenl être substituées à la
La partie desniplive, qui demande une netteté d'expression si concise, a
été mise au courant des recherches les plus récentes, et la valeur de chaque
caractère a été scrupuleusement discutée.
Au lieu de donner quelques indications sur
la culture de certaines plantes,
linflucnce sur la plante et sur les effets qu'on en peut obtenir de l'habitant
et de la nature du soîqui la nourrit; on trouve aussi quelles sont les modi-
fications que la culture elle-même imprime à telle ou telle espèce.
Tout ce qui concerne la pharmacologie a été l'objet de corrections et de
remaniements; pour la seconde moitié du livre, le nouveau Codex et la
nouvelle édition de V Officine -Doi'vault ont été mis à contribution; par sa
position dans une ville mixte, anglo- française, le docteur H. Cazin s'est
trouvé à même d'étudier la matière médicale et la pharmacologie anglaises,
et a fait entrer dans l'article Préparations pharmaceutiques et doses les prépa-
rations de plantes les plus répandues en Angleterre.
La partie chimique, qui, dans l'édition précédente, ne consistait qu'en
des notions, est actuellement aussi complète que l'étendue de l'ouvrage le
elle a été analysée l'énumération détaillée des corps qui en ont été extraits
;
l'action physiologique sur les animaux, sur l'homme sain, puis sur l'homme
à l'état de maladie; en dernier lieu, la thérapeutique appliquée et rai-
sonnée.
Pour mettre celte partie au niveau de lélat actuel de la science, on a mis
ù contribution toutes les productions récentes, monographies, publications
XVIII AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.
médicales.
Eu résumé, la présente édition, avec les améliorations que nous venons
d'énumérer, peut être considérée comme un véritable Compeudium de bota-
nique médicale indigène, comme un Traité complet de thérapeutique natio-
nale; elle ne s'adresse plus aussi exclusivement que ses aînées au praticien
des campagnes; quoiqu'elle lui soit particulièrement destinée, tous les mé-
decins indistinctement y trouveront les recherches des anciens, les tradi-
tions et ies travaux modernes sur tout ce qui concerne l'art de guérir à
l'aide des végétaux de notre pays.
I^TRODICTIOK
A LA TROISIÈME ÉDITION.
mon père, tel est mon but; perpétuer son nom en perpétuant son
de pratique.
vera dans les additions qu'il y a répandues en trop petit nombre cet
H. CAZIN.
(1) Toutes les addilinns l'entérinées entre les signes [ ] appartiennent à Réveil; toutes
celles qui sont marquées des signes ( ) doivent être attribuées au docteur H. Cazin.
-O VIAS^ ÎC>-
li\DEX lini!JOr,!{A!>ilIQL'h]
.
Cet index est loin de représenter nne bibliographie complète. Les
sources auxquelles il a été puisé ont été en grande partie mentionnées
en note au bas de chaque page. Nous réunissons seulement ici les ouvrage
fcités fré([uemmenl sans indication directe traitant pour la plupart de ,
-0-C»r»_S>-
Aldrovande (Ulysse). —
Dendrologia naluralis, scilicet arborum liisloriaî libri duo.
Bologno, I6/18, in-folio; 1665, in-folio. l-Yancforl, I6/18, 1671, 1692, in-
folio.
Alexandre (\e
"
bénédicUn Nicolas). — La médecine et la chirurgie des pauvres. Paris '
171/1, in-12.
Alpin (Prosper). —De medicina /Egypliorum, libri iv. Venise, 1591, in-Zi°; Padoue,
1601, in-h"; Paris, 16Zi6, in-/i°.
— De plantis .(Egypli liber. Venise, 1591, in-4°.
Bergius. — Maleria medica e regno vegelabili sislens simplicia officinalia, pariter atque
culinaria. Stockholm, 1778, 2 volumes in-8°; 1782.
Bcrtin. — Quels sont les végétaux indigènes que Ton pourrait substituer dans les Pays-
Bas aux végétaux exotiques, relativement aux diiTérents usages de la vie.
Bruxelles, 1784 (mémoire couronné en 1783 par l'Académie des sciences
de Bruxelles.)
Candolle (De). — Essai sur les propriétés médicales des plantes, comparées avec leurs
formes extérieures et leurs classifications naturelles. 1804, in-4°.
Dodoens (Dodonicus). — Slirpium historiai pempladcs sex, sive libri xxx. Anvers, 1583,
in-lolio; 1612-1616.
DuNAL. — Histoire naturelle, médicale et économique des solanum et des genres qui
ont été confondus avec eux. Monlpcilier, 1813, in-Zi" avec 26 planches.
Frank (J.). — l'athologie interne, traduit par Bayle. 6 volumes in-8", 1837-18/i5.
Garidel (P.-.].), — Ilisloire des plantes qui croissent aux environs d'Aix et dans plu-
sieurs autres endroits de la Provence. Aix, 1715; Paris, 1723, in-folio.
Gaterau. — Description des plantes qui croissent aux environs de Montaulian ou qu'on
cultive dans les jardins, rangées d'après laméthode sexuelle, avec l'indi-
cation du lieu où elles viennent et les vertus principales des usuelles.
Montauban, 1789, in-8°.
Gerhardt — Traité de
(Ch.). organique. 1853-1856,
cliiniie volumes Paris, !i in-8°.
Gdibourt. — Histoire naturelle des drogues simples. Zi" édition, 18/i9-1851, h volumes
in-8°.
Lassaigne. — Abrégé élémentaire de chimie, /i^ édilion, 2 volumes in-8°, atlas, 18Û6.
Lemery (Nicolas). — Dictionnaire universel des drogues simples. Paris, 1698, in-Zi°.
Matthioli. — Commentarii in sex libros Pedacii Dioscoridis, etc. Venise, 1556, in-folio.
Traduction française de A. de Pinet. Lyon, 1561, in-folio, et de J. Des-
nioulins, Lyon, 1572.
MÉRAT et Delens. —
Dictionnaire de matière médicale et de thérapeutique générale.
7 volumes in-8°, 1829-1846. - •
MURRAY (Jean-Adolphe). —
Apparalus medicaminum tnm simplicium quam pizepara-
torum coniposilorum in praxeos adjunieiitum consideralus. Gœltingue,
et
1776-179->, 6 volumes in-8°.
Raipail. — Nouveau système de chimie organique, 2« édilion. Paris, 1838, 3 forts vo-
lumes in-8° et allas.
Sc.iiwiLGiiÉ. — Traité de matière médicale, 2'= édition, revue par Nysten. Paris, 1809,
2 volumes in-8°.
ScopOLi (J.-A.). — Flora Carniolica. Vienne, 17C0, in-8''.
ToDRNEFORT. — Histoirc des plantes qui croissent aux environs de Paris, avec leurs
usages dans la médecine. Paris, Imprimerie royale, 1698, in-12; 1725,
2 volumes in-12, revue par Bern. de Jussieu.
— Traité de la matière médicale, on l'hisloire et l'usage des médicaments, et
leur analyse chimique, ouvrage posthume de Touruefort, mis au jour par
M. Besmer. Paris, 1717, 2 volumes in-12.
Tragds (Ilyer.) et Bock. —
De Stirpium, maxime earum quœ in Gerraania nostra nas-
cuntur commentariorum lib. m. Trad. Kyber. Argentinae, 1552, in-4*.
— Neues Kreuterbuch, von Unterscheide, etc. Strasbourg, 1572, in-folio.
ViCAT. — Matière médicale Urée de avec norahre d'additions fournies par Tau-
Ilaller,
PLANTES MÉDICINALES
LNDIGÈNES.
( Cet arbre
fruitier, originaire de l'Orient, est cultivé dans les jardins, en
espalier et en plein vent. 11 en existe en France plusieurs variétés; l'abricot
de Briançon croit à l'état sauvage dans le Dauphiné.)
IDeseription. — larges cordifornies, limbe à l'extrémité d'un pétiole
l-'eiiillos
(1) Bertherand, Matière niédicale arabe (dans la Ga-^ette médicale de VAhjérie., J8J0'.
1
2 ABSINTHE.
[La grande absinthe a clé appelée par Lamarck Absinthium vulgare, el
par A. Richard A. officinale. Elle était alors regardée comme le type d'un
genre distinct. On l'a aujourd'hui réunie aux artemisia, où Linné l'avait
placée.]
Description. — Souche
supérieurement et portant de nombreuses ra-
raniifiéo
cines grêles et cylindriques. —
Tige droite, de 60 à 70 centimètres, dure, cannelée,
rameuse, d'un gris cendré, remplie d'une moelle blanclie. L'euilles alternes, pétiolées, —
molles, d'un vert argenté les inférieures tripirniatifides, celles dii milieu bipinnalilîdes.
;
et la décoction d'absinthe ce principe amer a été obtenu pur par Mein et Luck el
:
nommé par eux absinthine; 2" les préparations qui ne contiennent que le principe vo-
latil ou essence: telles sont l'eau distillée et l'essence; 3" enfin, celles dans lesquelles
ABSINTHE. 3
les deux |)riiici|)os sont n'-iinis : coiiinic la poiulro, l'intiisioii, \o suc frais, le vin, la bière,
la tf'iiitmc, i'imilc fixo, les conserves. |
Les |)ié|)arali()ns les plus convenables de rabsinilie sont le suc incorporé dans une
conserve, le vin, la teinture aqueus»' l'aile à l'rnid et la poudre. La jilante fraîcbe est
|)lus active que la sèclie, cette dernière ayant jjerdu une partie de son liiiile essentielle,
lui décoction et Texlrait acpieux, jiai' la niônie laison, sont moins actifs que la simple
(1) Plusieurs auteurs pensent que la véritable crème d'absiuthe, ou absinthe suissp, est pré-
paiée avec différents nrtemisia \oisins des génépis, et surtout avec VA. alpestris. On y ajoute
souvent de l'angéliciiic, de la badiane, etc., poui- l'aromatiser davantage. Marcé assure (|ue, sur
100 litres d'alcool, il y a dans la liqueur jusqu'à 20 grammes d'essence d'absintlie officinale. Ce
qui augmente eiic<iie le danger de cette boisson, ce sont les sophistications, les falsifications
nombreuses dont elle est l'objet. Elles ont sui-tout pour but d'arriver à une belle coloration;
différentes substances, et surtout le sulfate de cuivre, sous le nom de bleu éteint, s'ajoutent à
la liqueur pour lui donner les apparences qui lui manquent. Les moyens de reconnaître ce sel
sont nombreux. Nous citerons seulement le plus simple évaporation jusqu'à consistance d'ex-
:
trait, incinération, reprise des cendres par un acide, addition d'ammoniaque. Il se produit une
coloration bleue qui dénote l'existence du peison. D'après Stan. Martin, on aurait poussé la
sophistication plus loin encore, en ajoutant du chlorure d'antimoine à l'aljsinthe!
(2) Sur Vakoolmne et plus particulièrement des effets toxiques de la liqtieur d'absinthe.
Thèse inaugurale de Paris, 18.}9.
(3) Empoisonnement par V absinthe. 1862.
(4) Liqtieur d'absinthe et ses effets. 1863.
(5) (2omptes-rentlus de l'Académie des sciences, avril ISG^j.
(6) Jiecueil de mémoires de médecine et de chirunjie militaires, juillet 186li.
ABSINTHE. r>
employé cette plante avec succès pour la cure des fièvres intermittentes de
tous les types lorsque j'avais à traiter une simple tierce, je me contentais de
:
prescrire une légère infusion des feuilles et des sommités: s'agissait-il d'une
quotidienne ou d'une quarte, je faisais prendre chaque jour 30 grammes de
vin d'absinthe, et si je remarquais des obstructions abdominales, je dimi-
nuais la quantité de vin et j'administrais tous les matins 2 grammes d'ex-
trait. » Bodart a subjugué plusieurs fièvres intermittentes rebelles au moyen
du suc d'absinthe fraîche aromatisé avec un peu de jonc odorant, à la dose
d'une demi-cuillerée, administrée à plusieurs reprises dans un véhicule vi-
neux.
J'ai souvent employé l'absinthe dans les marais du Galaisis contre les
fièvres intermittentes, quand l'état des voies digestives me le permettait.
Elle m'a surtout réussi dans les cas de récidive, après un long usage des
préparations de quinquina, et lorsque l'atonie générale, l'engorgement de la
rate, la décoloration de la peau, l'infiltration du tissu cellulaire se présen-
taient comme symptômes consécutifs de l'intoxication miasmatique. Entre
autres faits, je citerai celui d'un manouvrier âgé de quarante et un ans, d'un
tempérament lymphatique, habitant une chaumière basse, non aérée, sur
le bord d'une tourbière, et qui, depuis deux ans, était atteint d'une fièvre
intermittente, plusieurs fois suspendue par l'usage du sulfate de quinine, et
reparaissant ensuite sous divers types. Je vis ce malade en novembre 1832.
tique chez les sujets pauvres, lymphatiques, détériorés par la misère, habi-
tuellement vermineux ou soumis h l'influence délétère des marais. Je donne
aussi avec avantage le vin d'absinthe auquel j'ajoute les Ifleurs ou les fruits
de tanaisie. L'huile fixe d'absinthe à l'intérieur, à la dose d'une ou deux
cuillerées à bouche et en topique sur le bas-ventre, lue promptement les
vers. Sylvius préconisait la poudre des feuilles étendue dans du miel. Ce
mélange, épaissi en consistance convenable et employé en suppositoire, est
très-efficace contre les ascarides vermiculaires, de môme que la décoction
concentrée de la plante en injection dans le rectum.
(( Lorsque le taenia donne lieu à des accidents graves, le moyen qui les
apaise avec le plus de promptitude, dit Hufeland, est une cuillerée à bouche
de teinture d'absinthe. »
J'ai mis en usage avec succès un vin fait avec l'absinthe et l'écorce de
saule blanc. Il m'a offert, dans la plupart des cas, le même avantage que le
vin de quinquina. Je l'ai employé dans la débilité des organes digestifs, et
dans la leucorrhée chronique causée ou entretenue par cette débilité, dans
l'épuisement des forces à la suite de longues maladies fébriles, d'hémor-
rhagies utérines, de suppurations abondantes, etc. Dans ces cas, j'en fais
prendre une ou deux cuillerées à bouche trois ou quatre fois par jour.
Comme fébrifuge, j'en administre 80 à 150 gr. dans l'intervalle des accès.
Lorsque les circonstances nécessitent un long usage de l'absinthe, on doit
en suspendre de temps en temps la prescription. Ses effets thérapeutiques
deviendraient nuls par l'habitude. Cette plante peut d'ailleurs, à la longue,
donner lieu à une irritation permanente de la muqueuse gastrique, agir sur
le système nerveux, et amener les phénomènes que nous avons signalés en
parlant de ses effets physiologiques.
(S'il faut en croire l'école de Salerne (1), le mal de mer trouverait dans
ral)sinthe un remède infaillible.)
(Les vétérinaires donnent l'infusion aux moutons frappés de cachexie
aqueuse, en poudre incorporée dans du miel (8 à 16 gr.); elle est utilisée
dans les cas d'hydroémie ou pourriture.)
A l'extérieur, l'absinthe est puissamment détersive et antiseptique. Elle
arrête la dégénérescence putrilagineuse des plaies, la pourriture d'hôpital,
la vermination dans les nlcères, la gangrène. J'ai eu l'occasion de l'em-
tersive et antiseptique. —
(Les Arabes broient la plante dans l'huile ou le
miel, et l'appliquent sur le crâne préalablement rasé, dans le but d'arrêter
la chute des cheveux.)
L'acanthe (PI. I), que l'on cultive dans les jardins pour l'agrément, croît
naturellenienl dans le midi de la Finance, dans les terrains pierreux, sur le
hord des chemins. Le nom de branche ursine vieid de la prétendue ressem-
blance de ses leuilles avec les pieds antérieurs de l'tjurs. Elles servent de
modèle d'ornement en archilecture, où elles ont été introduites par Calli-
ma(itie, scnlpl(>ur j;rec.
DeHcriptioii. — lîacinc ('paisst', filMciise, liorizoïilalc, de 50 .'i 70 centiiiiMres,
droite, feiiiie, un peu anj;iileuse el piibescenlp. —
Feuilles radicales, liès-grandes, pin-
n.ititides, siiuiik's, anjj;iileiises, niolles, lisses et d'un vert loncc', enil)rassant la partie
inlc^rieure de la tige.— Fleurs grandes, d'un blanc jaunâtre ou rougeàtro, sessiles,
formant un bel t^pi; chaque fleur munie d'une bractée ovale, épineuse, qui la soutient
(de juillet à octobre). —
Calice de (pialre divisions dont deux latérales, la supérieure
plus grande, tenant lieu de lèvre supérieure k la corolle, qui a un tube court el qui
s'allonge en une seule lèvre large el trilobée; quatre étamines didynames h filets gros,
style les dépassant.— Fruit: capsules ovales ;\ deux loges, dans chacune une seule
graine roussàtre.
[Ciiltiire. —
L'acanthe n'est guère cultivée que comme plante d'ornement; à peu
près indilTérenle sur le sol, elle préfère cependant une terre profonde, douce et légère,
el une exposition chaude; on la sème de graines vers la tin de mars, on éclaircit en
mai en espaçant de 0"'.10, en automne on transplante, elle exige une grande surface:
on peut aussi la propager par œilletons plantés h la fin de l'hiver, d'ailleurs elle se pro-
page d'elle-même.]
Parties usitées. — Les feuilles, les fleurs et les racines.
Récolte.— Les feuilles, que l'on emploie de préférence vertes, doivent être cueil-
lies avant la floraison, quand on veut les conserver.
Les fleurs ont une odeur forte, désagréable. Les feuilles sont mucilagi-
neuses, émollientes, et sont employées comme telles en cataplasmes, en
fomentations, en lavements, dans les irritations, dans les phlegmasies viscé-
rales. « Son suc, dit Gilibert, est admirable dans la dysenterie, les ardeurs
d'urine, le ténesme, les hémorrhoïdes, les irritations d'entrailles. On le
donne aussi, avec avantage, dans les maladies de la peau accompagnées de
prurit, d'ardeur, comme les dartres. » La racine, qui a de l'analogie avec
celle de la grande consoude, a été employée dans les mômes cas. Cette
plante n'est pas, en réalité, plus émoUiente que les malvacées, que l'on
trouve partout en abondance.
[Les anciens médecins faisaient grand usage de la branche-ursine contre
les «ruptures, desnoueures et bruslures; » ils la considéraient, en outre,
comme diurétique, antidysentérique et comme prévenant la phthisie (Fuchs).
L'acanthe épineuse {A. spmosus, L.), également vivace comme la précé-
dente, s'en distingue par ses feuilles plus fermes, pubescentes et épineuses,
et par son épi floral velu et plus serré.]
L'ache (PI. I), plante bisannuelle, croît partout dans les lieux humides,
est cultivée dans les jardins, où elle a acquis, sous le nom de céleri ou ache
douce, des qualités qui en font tme des plus précieuses plantes potagères.
10 ACHE.
III a produit, à son tour, une sous-variété appelée céleri-rave, caractérisée
par des feuilles étalées, des pétioles plus courts, et surtout par une racine
arrondie et charnue.] L'ache n'est point rejetée par les animaux les chè- :
vres, les moutons et les vaches s'en nourrissent, mais les chevaux n'y tou-
chent pas.
Description. —Racine (épaisse, courte, pivotante, rameuse, roussàtre en de-
hors, l)lancliàtr(' on dedans, quelquefois chargée de plusieiu'S têtes. —
Tige de 60 à
80 centinièlies, di-oites, creuses, glabres, rameuses, sillonnées, noueuses. Fouilles —
une ou doux fois ailées, solides, larges, lol)éos, incisées ou dentées, luisantes, glabres,
les radicales opposées, celles de la tige alternes. —
Fleurs jaunâtres, petites, en om-
belles terminales ou axillaires. —
Coi'olle de cinq petits pétales disposés en roue, pas
d'involucre ni d'involucelles, rayons des ombelles courts et inégaux (juillet). [Les —
fruits sont des akènes, ovales, oblongs, striés et grisâtres.]
[Culture. — Les modifications que Tache subit par la culture sont toiles que
quelques autours n'hésitenl pas à regarder le céleri comme une espèce dis^tincte Miller :
la désigne sous le nom d'Apium dulce; on l'a aussi appelée A. (iraveolens sotivum par
opposition avec le type sauvage auquel on réservait le nom d'A. graveolens sijlvcfitre.
Ilothen a fait une espèce du genre sium sous le nom do Siiim apiuïti, et pour Sco-
poli, c'était une espèce de seseli. Le céleri est multiplié par semis que l'on i-epique, en
osses, et que Ton chausse fortement du pied.]
Parties usitées. — Les racines, les euilles et les fruits.
Récolte.— La racine, qui est bisannuelle, doit être récoltée la seconde année;
ses propriétés sont moins actives dans la première année. Elle perd son odeur désa-
gréable et comme vireuse par la dessiccation. Los feuilles sont employées fraîclies.
Propriétés physiques et clGimic|ues. —
L'ache, d'une odeur aroma-
tique sui generis, d'une saveur acre, a des principes qui sont h peu près les mêmes
que ceux du céleri, où Vogel a reconnu une huile volatile incolore laquelle la plante
.'i
doit son odeur, une huile grasse mêlée de chlorophylle, un peu de soufre, de la basso-
rine en dissolution dans un acide faible qui forme une gelée tremblante, une matière
gommeuse et une matière brune extractive, de la mannilo, du nitrate de potasse en
quantité considérable, de l'hydrocblorale de potasse. Le fruit de l'ache est la seule par-
ie de la plante d'où la distillation extraie l'huile volatile.
[Le céleri contient, dit-on, de la mannite. On coimaît dans le commerce deux sortes
de racines d'acho, la vraie, colle des marais, appelée Paludnpium, est très-rare en
France, elle vient d'Allemagne, elle est coupée en tronçons de la grosseur du pouce,
souvent fendus longitudinalemont, d'un gris jaunâtre en dehors, blanchâtre on dedans,
elle présente une odeur aromatique qui résiste h la cuisson, sa saveur est amère, puis
acre. On lui substitue presque toujours la seconde sorte qui est produite par l'ache des
montagnes ou livêche [ligusHcum levislicum) qui est plus petite et plus aromatique.]
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A l'intérieur.— Suc des feuilles, 30 à 60 gr., |
Feuilles, quantité suffisante en cataplasme.
comme diurétique; 100 à 200 gr., comme Suc en lotion, gargarisme.
fébrifuge. L'acheenti'ait dans plusieurs préparations po-
Infusion ou décoction des racines, 30 à 60 gr. lypharmaqucs des anciens, telles que l'or-
par kiJogr. d'eau. viétan, l'électuaire de psyllium, le phylo-
Sirop, 30 à 100 gr. seul ou en ptition. niuni romanum, les pilules dorées, la poudre
Conserve, 30 à 60 gr. lithontriptique de Renou, la bénédicte laxa-
A l'extérieur. — Infusion ou décoction des tive, l'emplâtre de bétoine, l'onguent mon-
feuilles et des racines, 50 à 100 gr. par kilogr. j
dificatif d'ache, etc
d'eau
( Cette plante était fort estimée des anciens; ils en tressaient des cou-
ronnes pour leurs convives. Horace dit quelque part :
L'aconit napel (PI. I), plante vivace, croît dans toute l'Europe, particu-
lièrement dans les lieux ombraircs et humides des montagnes du Dauphiné,
,
12 ACONIT NAPEL.
de la Provence, du Languedoc, de l'Auvergne, du Jura, des Pyrénées, des
Vosges, des Alpes. On la rencontre dans la forêt de Crécy, dans toute la
ligne de Villcrs-Golerels à Mcaux, dans les environs de Verviers. Je l'ai vue
sur les remparts de Lille. Elle est cultivée dans les jardins, ce qui est très-
imprudent.
Desei*i|itioii. —
Racine épaisse, fibreuse, noiràlro, épaisse, napifornio, h rlii-
zomes latéraux, courts, terminés chacun par trois racines pivotantes. Tige — droite,
simple, glabre, cylindrique, liante d'environ un mètre. — Feuilles alternes, pétiolées
jusqu';\ la base en sopl ou huit lobes allongés, profondément incisés en lanières étroites.
— FleiH's violettes, bleues, grandes, disposées en épi terminal (de juillet en septembre).
— Cahce pétaioïdc, irrégulier, formé de cinq sépales inégaux, pubescents en dedans ;
pétales sont cachés sous le sépale suj)érieur. — Étamines au nombre de trente environ,
égales, beaucoup plus courtes que le calice, à filets serrés les uns contre les autres. —
Ovaire ù trois cai-pelles surmontés de trois filets. — Fruit formé de trois (rarement de
cinq) follicules glabres, olilongs, h bec aigu, divergents dans leur jeunesse. —
Semences
anguleuses, noires, chagrinées.
[Culture. — Cette plante vient dans tous les terrains et à toutes les expositions,
et préfère les sols pierreux plutôt secs qu'humides; on la propage soit de graines semées
après leur maturité à mi-ombre, soit par division des toulTes à rautomne; elle se ressème
d'elle-même.
Les A. spicaliim, macroslachium, nenberrjense, variétés du napellus, el les A. varie-
gcttum, rostralum, panicnlatum, stœrkaimm, intermedium espèces ou variétés de
,
i'.'l. cammrtrum, sont souvent subtituées au napcUns. VA. nnlhora est le type d'une
première section des aconits, le cammariim celui d'une seconde et l'A. lycoclonum
celui d'une troisième.]
Parties usitées. — Les feuilles et les racines.
Récolte. — On récolte cette plante dans le mois de juin. Après l'avoir mondée et
disposée en guirlandes, on l'expose au séchoir. Elle perd de ses. vertus par la dessicca-
tion; toutefois, desséchée avec soin et ayant conservé une belle couleur verte, elle garde
ses propriétés acres et narcotiques pendant longtemps. Elle est plus active dans le Midi
que dans le Nord, h l'état sauvage qu'à celui de culture, recueillie dans les pays mon-
tagneux que dans les contrées basses et humides. L'aconit des montagnes de la Suisse
doit être préféré. [La racine d'aconit doit être récoltée à l'automne, on la lave pour la
débarrasser de la terre et on la fait sécher à l'étuve; on la conserve dans un endroit
sec et h l'obscurité. Il est peu de plantes sur les propriétés desquelles la culture, le
climat, le choix des espèces aient plus d'influence que l'aconit; il faut toujours repousser
les espèces cultivées. D'après Sohroff, de Vienne, qui a fait de belles recherches sur les
aconits en 186'2, ils devraient être classés par rang d'activité dans l'ordre suivant: 1° VAco-
nitum ferox; 2° l'A. nnpeUus et ses sous-espèces ou variétés; 3° l'A. neomonlanum
l'A. tanrlcum el VA. variabile; à" les Aconituiii vnnef/alum, cainmarum, paniculatum el
anthora. Les jeunes pousses de l'A. lycoclonum sont inolfensives Linné dit qu'elles
;
sont mangées par les Lapons. Les racines, au contraire, se rapprochent par leur acti-
vité de celles de l'.l. ferox WnUicli qui croît sur l'Ilymalaya, dont on trouve la racine
dans le commerce elle renferme en moyenne deux fois plus de principe actif que l'aco-
;
nit napel.j
E. Hottot, etc. Selon Stahismidt, l'aconitine peut être représentée par C"°I1*' Az. O"
D'après les recherches récentes de Morson, l'aconitine est mélangée quelquefois avec
une substance étrangère moins active qu'il désigne sous le nom de iiapelline; quant h
YaconelUne, découverte par G. et ïl. Smith el qui présenterait tous les caractèi'es de la
nicotine, son existence nous paraît très-douteuse.
Plusieurs procédés ont été proposés pour préparer l'aconitine; celle du commerce est
généralement impure; elle agit, d'après E. Ilottot el Liégeois, dix fois moins que lors-
qu'elle est pure et obtenue par le procédé suivant, qu'ils ont indiqué: faire macérer
ACOMI' WI'KL. 13
cher et que l'on reprend par l'idlier; on l'ait ("vaiiorer une seconde l'ois, on snifalise et
on |)iécii)ite de nouveau par l'ammoniaipie ajoiUé goutte à f^outte, en ayant le soin
de sépaicr les premières parties (pii sont colort'es; on lave aloi's le précijjilé l)lanc à
l'eau distillée cl on lait sécher. 10 kilo^r. de racine d'acoiul ne donnent pas plus
de U h f) gr. d'aconit ine.
L'aconiline ainsi ohteiuie est pulvérulente, blanche, incristallisahle, légère, très-
amère, elle contient 120 |)our 100 d'eau (pi'elle perd à 85 degrés et devient anhydre;
(die esl peu soluhle dans l'eau froide, ti'ès-soluhle dans l'alcool, l'iMlier et le chloro-
forme; elle bleuit le tournesol rougi, forme avec les acides des sels incristallisaliles ;
l'acide sullurique la colore en rouge, puis en violet; le tannin et l'iodure ioduré de po-
tassium la précipitent de ses dissolutions.]
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'I^TÉRlEljI\. —
Extrait alcoolique (2 sur 7 Teinture alcoolique, 1 à 8 gr. en linimcnt.
d'alcool à 21 degrés), 2 centigr. k 25 ceiitigr. Poudre, 10 centigr. à 60 centigr., en pom-
en i)ihiles. made, etc.
Extrait aqueux, 5 centigr. à 30 centigr. en Aconitine, 1 à 3 milligr. (avec poudre de ré-
pilules, potions. glisse et sirop smiple), en 12 et 16 pilules :
Extrait avec les feuilles vertes, 5 à 20 centigr. 1 de trois en trois heures.
Teinture alcoolique (1 sur 5 d'alcool), 56 cen- [Formule de E. Hottot : aconitine, 1 centigr.;
tigr. à 3 gr. poudre de réglisse, 2 gr.; sirop, Q. S. Pour
Teinture éthérée (1 sur d'éther), 10 centigr. 50 pilules, chacune d'elles contiendra un
à 1 gr. 50 centigr. cinquième de milligramme, 2 à 10 par
Teinture avec feuilles fraîches, alcoolature jour.]
(t sur 1 d'alcool à 33 degrés), 25 centigr. à Teinture d'aconitine (aconitine, 5 centigr.; al-
1 gr. 50 centigr, cool à 56 degrés, 100 gr.), 20 centigr. à 1 gr.
[On a proposé de faire l'alcoolature d'aconit 50 centigr. en potion.
avec parties égales de suc frais et d'alcool [Chaque gramme de teinture représente 1 mil-
à 88 degrés ; mais il vaut mieux faire agir ligramme d'aconitine. (E. Hottot.)]
le même alcool et dans les mûmes propor- Pommade (Brockes). —
Aconitine, 10 centigr.;
tions sur les feuilles fraîches contusées. Pas- alcool, Q. S. Pour dissoudre, axonge, 8 gi-.
ser, exprimer et filtrer après huit jours. F. S. A.
Boiichardat propose de faire l'alcoolature Embrocation. —Aconitine, 1 gr.; alcool rec-
de racines avec parties égales. Cette prépa- tifié, 250 gr, en frictions.
ration est très-active; elle ne doit ûtre déli- Liniment. — Aconitine, 1 gr.; huile d'olives,
vrée que sur ordonnance formelle du mé- 2 gr.; axonge, 32 gr.
decin.] Gouttes d'aconitine. — Aconitine, 1 gr.; al-
Poudre, 2 centigr. à 20 centigr. cool rectifié 10 gr. Pour instiller dans
,
A l'extérieur. —
Extrait, de 2 à 4 gr. l'œil.
de sahlc ou à lavapeur il est moins noir et conserve une i)artie de son piincipc aclif.
Stoerlv se servaitde l'extrait pr(^paré avec le suc récent non dépuré de la plante fraîche,
évaporé au soleil cette préparation doit être préférée. Connue le principe de l'aconit
:
se dissout dans l'alcool, la teinture et l'extrait alcoolique sont les préparations les plus
énergiques, celles qu'on doit préférer, et qui demandent le plus de circonsi)ection dans
les premières doses à administrer. L'extrait aqueux se trouve, par rapport à l'exli-ail
alcoolique, dans le rapport de l k k, mais encore faut-il que la préparation de l'extrait
îUcoolique soit accnm|)af,Miée de quelques précautions, et Scluoff donne la préférence au
procédé de Pacli, pharmacien à Aiennc la plante est coupée en moi'ceaux, contusée et
:
mise à infuser avec partie égale en poids d'alcool à 36 degrés; on l'abandonne ainsi,
pendant trois jours, <i la température ordinaire, en la remuant de temps en temps; puis
on exprime, on filtre et on évapore au bain-marie, jusqu'i'i consistance d'extrait.
Dès la plus haute antiquité, l'aconit napel a été mis au nombre des poi-
sons les plus violents. Les poètes l'ont fait naître de l'écume de Cerbère et
ont prétendu que Médée en fabriquait ses poisons :
(Action physiologique. —
Sur les animaux : Entre les mains de Wepfer,
Courtois, Sproegel, Yiborg, Hillefeld, Ehrar, Brodie, Orfila, Pereira, Fle-
ming, Eades, Schroff, Hirtz, l'aconit administré à dose toxique a produit
des effets dont la concordance, jointe à l'autorité des observateurs, assure
la réalité. Les chiens, les chats, les loups et les rats, éprouvent des vomis-
sements, du hoquet, de la dyspnée, avec ralentissement de la respiration et
delà circulation; puis l'insensibilité générale et spéciale (organe des sens)
apparaît, la paralysie la suit de près. Tous les phénomènes susmentionnés
augmentent d'intensité, et l'animal, après quelques convulsions, meurt par
les progrès de la paralysie et l'asphyxie, qui en est la conséquence.
Les lésions cadavériques se rapportaient, dans plusieurs cas, à une gastro-
entérite générale; on a trouvé le sang très-fluide. Brodie a rencontré le
poumon gorgé de sang, mais pas d'inflammation dans l'estomac, ni dans
les intestins. Les expériences tentées par Rayer (1) confirment ces résultats.
Les mômes accidents surviennent lorsqu'on met le suc ou l'extrait de la
plante en contact soit avec la membrane interne du rectum, soit avec le
tissu cellulaire, ou quand on rinjecle dans les veines.
dont quelques-unes sont de violents poisons pour les bestiaux, peuvent, à l'état sec, ûtre man-
gées par eux sans danger.
Il est donc de tonte nécessité que l'extrait de cette plante soit préparé à une basse tempéra-
ture. Grandval {Bulletin de thérapeutique, 1851, p. 399) a fait connaître, il y a six ou sept
ans, un appareil qui permet l'évaporation à siccité dans le vide, non-seulement de l'extrait
d'aconit, de celui de ciguë, mais de tous k-s extraits. Maldan, de l'hôpital de Reims, qui, sous
Isi direction d'Andral, avait expérimenté l'extrait d'aconit dans des cas trùs-nombreux, à des
doses élevées, et avec des résultats presque négatifs, a constaté raction énergique des extraits
d'aconit et de ciguë préparés à l'aide de l'appareil de Grandval. Celui de Bcrjot, qui évapore
aussi dans le vide, produit les mêmes effets.
(1) Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques, t. P^, p. 293.
ACOiMT NAPEL. 15
l)ré(U)nisaicnt le vin pour corri^cM- les cllcts de l'aconit, ainsi que cela nous
est laissé écrit par Macrobe, par Pline et pai- Cclsc. Les Italiens ne se sont
pas éloif^iiés de ces préceptes en prescrivant les éthers, l'alcool cl l'opium,
d'après conn'aissance de la vertu controsfimulanU^ de l'aconit. »
la
Un publié récemment par la lievic iliùraju'uiiqnc du Midi (18.14),
lait,
vient à l'appui de celte manière de voir. 11 s'agit d'une malade qui avait
avalé une cuillerée h café de teinture d'aconit. Après trois heures de l'em-
ploi de divers moyens, qui apportent un peu de soulagement, teinture
d'opium, "10 gouttes de temps en temps. Dès que la malade eut pris ce der-
nier médicament, elle se trouva beaucoup mieux; les symptômes se cal-
mèrent. Kn qnekjucs heui'cs tout paraissait rentré dans l'ordre, et le len-
demain il ne restait aucune trace de cet accid(Mit.
(Depuis qu'on a étudié avec soin l'antagonisme des substances toxiques, il
a été publié bon nombre de laits tendant à établir solidement celui qui
existe entre l'aconit et l'opium.)
Pour Teissier (1), dont les expérimentations sur les efFcts de l'aconit sont
très-nombreuses, le caractère essentiel de cette plante est d'agir sur la
peau. 11 a, dit ce médecin, une propriété éliminatrice spéciale sur celle
membrane, qui le rend utile comme mé lication principale ou comme
simple élément de la médication dans toutes les maladies (>ù la perturba-
li(jn de l'activité cutanée joue un grand rôle.... L'aconit n'est point, selon
l'opinion de Teissier, un médicament franchement anliphlogistique; seule-
ment, dans un assez grand nombre de maladies, il diminue la fréquence
du pouls en calmant les douleurs qui produisent la fièvre, ou bien en favo-
risant l'élimination du principe morbide qui rentretient.
Suivant Trousseau et Pidoux, l'aconil exerce seulement sur l'économie
une action stupéfiante en vertu de laquelle il peut calmer les douleurs né-
vralgiques et rhumatismales « Cette propriété, toutefois, disent ces auteurs,
:
en quelque sorte trivial. Sans doute aussi il peut provoquer des sueurs, en
modiûant certaines autres sécrétions; mais, en cela, il n'a rien qui le dis-
tingue de la ciguë, de la jiisquiame, de li scill ', etc., etc. »
C'est faire à l'aconit une part trop rc^streinte. Si les plantes narcotiques
ou stupéliantes ont des propriétés qui leur sont communes, chacune d'elles
eu possède qui lui est propre. L'une ne saurait être substituée à l'autre
d'une manière absolue. L'aconit a guéri des névralgies et des rhumatismes
contre lesquels on avait inutilement employé l'opium, la jusquiame et la
belladone. L'aconit combat efficacement les douleurs phlegmasiques, parce
qu'il agit non-seulement contre les douleurs comme tous les stupéfiants,
mais aussi contre l'élément fébrile par une propriété qui lui est particu-
lière; tandis que l'opium, par son action excitante sur le système sanguin,
augmente la fièvre et la maladie dont il ne fait qu'en-
peut ainsi aggraver
gourdir momentanément un
des symptômes.
Il résulte de l'expérimenlation physiologique et des faits thérapeutiques
bien observés, que l'aconit est un remède anliphlogistique dont racliou
dans les malaiiesà caractère hyperslh nique ne saurait être contestée. Ce-
pendant, nous ne dirons point avec les homœopalhes qu'il peut, dans tou^
les cas d'inflammations aiguës ou de congestions sanguines, renipl cer effi-
cacement la saignée. La raison et la dignité professionnelle ont l'ait justice
de la thérapeutique lilliputienne d'H ihnemann, que le crédule amour du
merveilleux accueille encore, et que le charlatanisme sait si bien exploiter.
Même à dose allopathique, l'aconit ne saurait être substitué d'une manière
dernière avait échoué. J'ai aussi employé dans cette aflection, souvent si re-
doutable par ses complications ou ses suites, l'extrait alcoolique et la tein-
ture d'aconit, administrés avec prudence et en commençant par des doses
très-minimes (1 milligram. à 1 cent.).
(C'est surtout dans les affections nerveuses des voies respiratoires qu'on
pourra sérieusement compter sur les effets de l'aconit il a une action non
;
de certitude, repose sur des faits assez encourageants, sur des probabilités
assez grandes, pour qu'on y ait recours toutes les fois que cet accident est à
craindre. Sa vertu curative plus positive lui donne le premier rang dans la
médication, sans exclusion des autres moyens susceptibles de remplir des
indications spéciales. » Tessier attribuait le succès de l'aconit à une action
controstimulante et sudorifique mais, ainsi que le fait observer Isnard,
;
comme ces deux classes d'agents n'ont donné que des résultats incertains,
il faut bien reconnaître à l'aconit, sans faire abstraction de ses vertus éli-
observé dans le service de Grisolle, l'autopsie a révélé toutes les lésions ap-
partenant à la fièvre puerpérale abcès multiples, pus dans les sinus uté-
,
rins, etc. ; enfin, chez la troisième femme entrée dans le service de P. Dubois,
la maladie, après avoir présenté tous les symptômes de l'infection purulente,
et notamment de nombreux abcès qui se sont ouverts à. l'extérieur, s'est
terminée d'une manière heureuse, et la malade est sortie complètement
guérie.
Une guérison sur trois cas de fièvre puerpérale, et un retard dans la ter-
minaison si constamment funeste des deux autres, sont des résultats qui en-
couragent à de nouvelles tentatives.
Ce n'est point avec ces faits, bien certainement, que l'on portera un juge-
ment définitif sur l'influence de l'aconit dans le traitement de la fièvre puer-
pérale. Le praticien non prévenu sait combien il est difficile de faire la part
du remède et celle de la nature dans le traitement des maladies.
Decaisne (3) a employé l'aconit à l'hôpital militaire de Namur, chez des
malades atteints de farcin, et cette médication a produit une amélioration
tellement évidente, que si ces farcineux eussent été soumis à ce traitenient
au début de la maladie, on eût pu espérer une guérison complète. Decaisne
n'a pas employé dans ce cas l'aleoolature, mais bien l'extrait d'aconit à une
dose d'abord minime, en augmentant progressivement jusqu'à 0,75 et même
2 gr. 23 centig. par jour.
L'observation suivante, recueillie dans ma pratique, et que je considère
comme très-remarquable, trouve ici sa place :
d'une bonne santé, se fit, le 3 décembre 1834, une petite écorchure entre
l'ongle et l'extrémité du pouce de la main gauche, en débouchant l'égout
d'une écurie où se trouvaient des chevaux morveux qu'il soignait lui-même
depuis quelque temps. Cet égout, dans lequel il avait trempé la main, était
rempli de l'urine de ces animaux.
Dès au matin, Lefèvre éprouva des frissons suivis de chaleur et de
le o
fièvre. En même tempsle pouce blessé devint douloureux, s'enflamma, se
tuméfia, prit une teinte rouge-brun qui s'étendit bientôt le long des vais-
seaux radiaux jusqu'au tiers inférieur de l'avant-bras. La suppuration s'éta-
blit dans la petite plaie et autour de l'ongle, qu'elle détacha.
Deux ou trois jours après (le 7 ou le 8), une tumeur du volume d'un œuf
(1) Considérations sur les fièvres puerpérales. Thèse inaugurale. Paris, 1850.
(2 Gazette des hôpitaux, 1853.
(3J Archives belges de médecine militaire, 1852.
2a ACONIT NAPEL.
de pigeon se montra au point où se terminait, à l'avant-bras, la traînée
phlegniasiquc de la peau. Cette tumeur ofl'rail déjà de la fluctuation. On en
remit l'ouverture au lendemain. La fièvre eontinuail; elle était accompagnée
de soif, d'anorexie, de nausées, d'irritation gastrique.
Le lendemain (le 8 ou le 0), l'abcès que l'on se proposait d'ouvrir avait
disparu mais une douleur assez vive s'était fait sentir pendant la nuit dans
;
tout le pied gauche, que l'on trouva enflé jusqu'au-dessus des malléoles, et
oDranl sur le dos une rougeur érysipélateuse très prononcée. Le docteur
qui avait été appelé au début de la maladie, fit a[)pliquer quinze sangsues
sur cette dernière parlie; les piqûres saignèrent abondamment; l'inflamma-
tion et la douleur se calmèrent. Un mit des cataplasmes émollients.
Au bout de ou quatre jours (vers le -12 ou le 13,, la tumeur présentait
trois
de la lluetuaiion dans une assez grande étendue sur le dos du pied. Le doc-
teur l'ouvrit largement et donna issue à une grande quantité de pus
sanguinolent, épais, semblable à de la lie devin. La fièvre diminua considé-
rablement et le malade put goûter quelques instants de repos cependant
;
est mamelonné, recouvert, dans des sillons irréguliers, d'une couche blan-
châtre , membraniforme épaisse. La suppuration abondante souvent
, , ,
sanieuse, exhale une odeur sui gênais rendue insupportable parle réduit
obscur et non aéré dans lequel Lefèvre est constamment couché, et qui
forme un véritable foyer d'infection.
ACO.MT NAPEL. 25
Après avoir fait placer lo malade dans une chambre spacieuse, je prescris
le liailtMiUMilsuivant :
1" Fiictions sur tout le corjjs avec une tlancllc imbibée d'eau de savon
Aloès 4 granunes.
Sulfate de quinine .... gramme 50 centigrammes.
I
indolente, devient bientôt de la môme couleur que celle du pied, semble faire
corps avec les muscles, et présente, après une quinzaine de jours, sur divers
points, des tubercules qui s'ouvrent spontanément, fournissent un pus rous-
sâtre môle de sang, restent ouverts avec un décollement circulaire de la
peau, et continuent de suppurer.
(1) Je n'ai jamais vu l'ulcère farcincux du cheval. Malgré les dénégations du malade,
je n'ai
pu me défindre du soupçon de l'existouce d'une syphilis latente se révélant occasionnellement
dans la plaie en suppuration après l'ouverture de l'abcès farcincux.
26 \œM r \ AI'KL.
(1) Cet extrait avait été préparé par M. Dausse, pharmacien, dont la spécialité est avanta-
geusement connue.
(2) Dictionnaire Je médecine en 21 volumes, t. I, p. 321.
ACOMT iNAl'EL. 27
(Une application nouvelle ili' ce niédicanienl a élé faite en 1858 par Long,
professeur à l'école de médecine h Liverpcjol il l'ordonne contre les accès
;
l'aconit, narcotico-âcre.
Hottot et Liégeois, avec un produit complètement pur (voyez Prépara-
tions),ont obtenu des effets semblables, mais très-exagérés; ainsi, une dose
de 1 milligr. amène déjà des manifestations physiologiques; à celle de
3 milligr., des phénomènes d'une grande intensité. Nous croyons devoir re-
produire ici les conclusions du travail de Hottot et Liégeois (3) :
L'actée (pi. I), |)1 mtc vivacc, croit dans les bois omhraj^ôs et montuciix
de prcsciue toute la F'rance. Un la rencoiitic assez l'réqtieminent à Saint-tler-
main, à Villers-Cotlcrcls, ;\ Compiègne, dans les forêts du Boulonnais et
très-aboiidaiiinient dans le Languedoc,
Desrriptioii. — Tigo de AO 80 centimètres, dressée, le plus souvent simple,
.'i
Cette plante, d'une saveur acre et amère, d'une odeur désagréable quand
on la froisse entre les doigts, est toxique administrée à forte dose et à l'état
frais. Elle paraît agir à la manière des végétaux narcotico -acres. Linné
a vu ses baies exciter un délire furieux suivi de mort. Lemercier, de Ro-
chefort (1), dit qu'elles ont produit une sorte d'ivresse, une grande per-
turbation dans les fonctions cérébrales, l'irritation du tube digestif. Les
ânes, les chèvres, mangent cette plante verte sans en être incommodés. Elle
tue les poules, les canards. Cependant Orlila, qui, probablement, a employé
la plante sèche, a administré sa décoction à la dose de 123 à 185 gr. sans
produire le moindre accident.
La racine de cette plante, surtout quand elle est fraîche, est un purgatif
violent, employé dans la médecine vétérinaire, ayant une action analogue à
celle de l'ellébore noir. Elle est peu usitée dans la médecine hunuiine, à
cause de l'incertitude où l'on est sur ses véritables effets.
Cependant, Haller dit, d'après Matthiole, qu'elle est considérée comme
un remède efficace contre l'asthme et les scrofules. Lejeune, de Verviers, au
rapport de Dubois, de Tournai, fait usage de cette plante pour calmer
la toux des phthisiques. Il l'administre en infusion théiforme, à la dose de
2 gr. par jour. Cette propriété serait analogue à celle de l'actée à grappes
{Actœa racemosn), plante de l'Amérique septentrionale, employée aux Etats-
Unis pour combattre la toux et diminuer la fréquence du pouls. On pour-
rait donc substituer l'actée en épi à cette dernière.
( Burnett reconnaît à la souche de la plante qui nous occupe une certaine
môme l'épilepsic. Comme puig.ilir, (;e médieamciiL agil d'une manière in-
certaine, et produit, dil-on, de vives douleurs intestinales, souvent des nau-
sées et des vomissements. Je ne l'ai jamais emiiloyé, attendu que je n'ai
jamais manque de purgatifs plus doux, plus sûrs et suilout moins dange-
leux. Les vétérinaires en font usage; Huzard le rceommandait dans les
affections catharralcs, dans la dysurie, et surtout dans l'espèce de coma
appelée immobilité. Les habitants des montagnes du Piémont prennent
l'agaric blanc dans du lait, comme éniélo-cathartique, contre la plupart des
maladies, sans distinction. Associé au poivre, ils U; considèrent comme un
moyi'n infaillible de dissiper les accidents qui surviennent aux hommes et
aux animaux ([ui ont avalé la petite sangsue des Alpes.
L'agaric blanc, au ra|)p()rt de Pallas, (;st employé dans plusieurs con-
trées de la Russie comme éniétiquc dans les fièvres intermittentes, et
conmie révulsit dans la Icucfjrrhéc. De Hacn, Berbut (I),Burdach, An-
(Iral (2), Max Simon (.'{), lUiyer, (iuérard, ont eu à se louer de l'emploi
de l'agaric blanc contre les sueurs des phthisiqucs. Philippe (i) l'a ad-
ministré avec avantage à la dose de oO centigr. dans lo gr. de sirop dia-
code. Hufeland le prescrit en pareil cas à la dose de 50 centigr. à 1 gr. par
jour. Je l'ai moi-même employé avec succès quand les sueurs n'étaient pas
accompagnées de diarrhée. Cependant, Quarin (5) assure que ce médica-
ment n'a jamais produit aucun effet salutaire aux phthisiqucs auxquels il l'a
administré, et qu'il a paru au contraire augmenter l'oppression pectorale.
De nombreux faits combattent cette assertion. Toutefois, l'agaric doit être
employé avec discernement. Bisson (6) conclut, d'une série d'observations
cliniques exposées avec détail 1" que l'agaric blanc peut être employé
:
je cessai. L'irritation du drastique avait été assez vive, cependant, pour ré-
veiller, du côté des intestins, une manifestation tuberculeuse latente, qui,
sans cela, n'aurait peut-être pas éclaté.)
Description. —
Il est sans pédicule, attaclié par le côté, arrondi en sabot do
clioval. liss(\légèrement convexe au-dessus, présenlant des zones de dilTérentes cou-
leurs, dont le> principales sont l)runes el rougeàtres ;, d'une teinte jaune à l'intérieur;
d'une consistance tenace et su])éreuse. Ce champignon croît sur les troncs du chêne,
du pommier, du hètro, du noyer, du tilleul, etc.
que le précédent.]
L'agnns castus ou gatilier (PI. II), arbrisseau d'un aspect agréable, sur-
tout à l'époque de la floraison, croît dans les lieux humides, le long des
ruisseaux, dans le midi de la France. On le cultive dans les autres contrées
pour l'ornement des jardins, et on le propage de graines, de boutures, de
marcottes.
Deseriptioii. —
Tiges flexibles, formant par leur réunion un buisson de 3 à
k mètres de hauteur. —
Feuilles opposées, pétiolées, digitées, à cinq, sept folioles
étroites, lancéolées, pointues, d'un vert foncé au-dessus, blanchâtres et légèrement
cotonneuses au-dessous.— Fleurs violettes ou purpurines, quelquefois blanches, verti-
cillées, en épis nus, terminaux (juillet-aoûl). —
Calice court, 5-denlé, lanugineux. —
Corolle à tube deux lois plus long, limbe à six divisions, quatre étaniines didynaraes,
saillantes filets à deux stigmates.
;
—
Baie globuleuse, noirâtre, dure, de la grosseur
d'un gros pois, enveloppée à sa base par le calice de la fleur, et divisée intérieurement
en quatre loges monospermes.
Pikrtieis usitées. —
Fruits et semences.
[Culture. — Le gatilier est souvent cultivé comme plante d'agrément on le pro- ;
page par semis de graines ou par éclats des pieds en terre très-légère.]
[Récolte.— Les fruits du gatilier nous viennent de la Sicile, de Ttlalie, du Levant
et de la Provence, ils sont ronds, un peu oblongs, de la grosseur du poivre, ils portent
le calice qui a persisté, qui donne un aspect gris cendré à Tépicarpe qui est brun noi-
râtre ; ils ont quatre loges k leur intérieur.]
Propriétés pliysiques et rliiniiques. — Les d'agnus castus se
fruits
font remarquer par une odeur douce, mais lorsqu'on les écrase, ilsen dégagent une
acre, df^sagréable; leur saveur est acre et aromatique. (Ces propriétés sont dues à la
présence d'une huile volatile.)
f(On le met, dit Licutaud, dans la classe des remèdes anlihyslériques et des
sédatifs; enfin, on lui reconnaît la vertu de dissiper les ennbarras des vis-
cères; mais il est rare, si je ne me trompe, qu'on s'en serve pour remplir
cette indication, puisque nous avons divers médicaments qui peuvent pro-
duire plus cerlainement cet heureux edet. La semence d'agnus castus si;
prescrit en substance depuis l/:2 gios jusqu'à 1 p,ros; il en entre le double,
et même davantage, dans une émulsion et dans une infusion. Quant aux pro-
priétés de cette semence comme médicament externe, elle entre quelque-
fois, en qualité de résolutive, dans les fomentations et les cataplasmes. »
ireprription. —
Tige de 60 centimètres environ, dioite, dui'e, veine, fouillée,
onlinaircnuMit simple. —
Feuilles alternes, pinnécs. à folioles lancéolées, dentées, pu-
bescenles et blanchâtres on dessous, entremêlées de folioles trés-potites. FK^urs —
jaunes, en épi terminal (juin, juillet, août). —
Corolle k cinq pétales ovales, douze à
vingt étamines courtes. —
Calice il cinq divisions aiguës deux akènes renfermés dans;
Les anciens médecins ont célébré les vertus de l'aigremoine. Ils l'ont sur-
tout vantée comme propre à combattre les maladies chroniques du foie,
les engorgements des viscères abdominaux, l'ictère, les flux muqueux, l'hé-
maturie, la cachexie, etc. Alibert la croit utile dans les écoulements chro-
niques, les hémorrhagies passives, les ulcères de la gorge, les engorgements
des amygdales. Becker (i) assure avoir guéri des gales invétérées par l'usage
d'une infusion théiforme d'aigremoine, ce qui est peu probable. Pallas
a vu employer cette plante comme anthelmintique chez les animaux do-
mestiques. Huzard l'a recommandée pour déterger les ulcères sanieux et
farcineux, le mal de taupe, celui de garrot. Forestus en conseille l'usage
à l'intérieur, en décoction dans le vin ou le vinaigre, contre les inflamma-
tions du scrotum ou des testicules. Hortius assure que la décoction d'aigre-
moine est un remède très-effictce contre l'hydropisie. Agirait-elle ici comme
diurétique, ;\ la manière de la reine des prés, dont elle se rapproche par ses
principes chimiques, et qu'un curé de village a récemment tirée de l'oubli?
L'aigremoine, si vantée autrefois, aujourd'hui à peine employée en garga-
risme dans les inflammations légères de la gorge, sera-t-elle aussi heureuse-
ment réhabilitée que l'ulmaire? Je ne le pense pas.
vent à un état général dont elle n'est que l'expiession, pour qu'un moyen
simplement topique puisse en avoir raison d'une façon durahlt; et con-
stante. )
en mars. Une tète d'ail coutienl seize cayeux; chaque cayeux fait sa plante dans Tannée
même. L'ail des provinces méi-idionales est beaucoup moins acre que celui qu'on cultive
dans le i\ord. On le l'écoUe en novembre, en lui conservant un peu de tige, pour en
faire de petites bottes après dessiccation, qu'on conserve dans un lieu sec.
exliaite de la tige et delà bulbe de celle plante, est très-volatile passe avec les i)re-
mières portions d'eau, et tombe ensuite au lond d(^, celle-ci. Sa couleur e>t jaune, son
odeur pénétrante, sa saveui- forte et acre. .\|)|)liquée sur la peau, elle produit une d()u-
lenr violente; elle biùle en donnant beaucoup de suie cl répandant une odeur d'acide
sulfureux Elle est tiès-soluble dans l'alcool.
Celle huile est tellement difl'usible et pénétrante, qu'on a vu l'odeui- de l'ail trans-
pirer par la surface des plaies ou des cautèies quatre heures après l'ingestion de ce
bulbe. Si l'on frotte la surface exlérienr(^ du corps avec de l'ail, on ne larde jias h être
infecté de son goût, et Tlialeine exhale bientôt une odeur alliacée. Le lait des vaches
qui ont mangé des plantes alliacées est imprégné de Todeiir de ces végétaux. Desséché
au point de perdre plus de la moitié de son poids, l'ail, dit Bodard, ne perd presque
lien de sa saveur et de son odeur mais cuit dans Teau ou dans le vinaigre, il perd
;
Tune et l'autre et se réduit en un mucilage très-visqueux, qui peut rendre les plus
grands services comme émolliont, et remplacer les gommes arabique et adragant.
[L'ail peut être excitant, rubéfiant ou émollient il doit les deux premières propriétés
;
fure d'allyl ou essence de moutarde ; celle-ci traitée par le potassium est transformée
en sulfure d'allyl ou essence d'ail. En effet :
gousses pour avoir plus de force et de courage. Chez les Romains, le peuple,
les soldats les moissonneurs
, se nourrissaient d'ail. Les esprits faibles
,
croyaient même qu'il avait la vertu d'éloigner les maléfices, comme aujour-
d'hui le peuple lui attribue la propriété de préserver des maladies épidé-
miques et même de la peste. Cependant l'ail était rarement admis dans la
cuisine raffinée de Rome. Horace l'a comparé aux plus affreux poisons. De
nos jours, les habitants des provinces méridionales en mettent presque tous
dans leurs ragoûts. Dans ces pajs, où la chaleur rend les fonctions di-
gestives moins actives, ou sent le besoin de ranimer l'estomac par l'usage
des stimulants. Les habitants robustes de la haute Auvergne, des Alpes et
des Pyrénées, qui vivent d'aliments grossiers, de pain mal fermenté, de
viandes presque crues, font aussi beaucoup usage de l'ail, et s'en trouvent bien.
Quelle est l'action physiologique de l'ail? De tout temps, ce bulbe a été
considéré comme stimulant; mais aujourd'hui on révoque en doute cette
propriété. « On le regarde comme un excitant, parce qu'il pique sur la
langue et sur la muqueuse en général. N'est-ce pas là un effet chimique dé-
pendant du contact immédiat de l'huile alliacée, et qui ne décide rien sui-
la véritable action dynamique de ce végétal? Cette action dépend de l'im-
pression du principe en question sur l'organisme entier, après qu'il a passé
dans le torrent de la circulation. Or, qu'observons-nous chez les campa-
gnards, par exemple, qui font habituellement usage de l'ail dans leurs ali-
AIL. 3î^
peut dire, pour cela, qu'il soit excitant; car le vinaigre qu'on met dans la
salade, et qui est, certes, loin d'ôtre excitant, facilite également la di-
gestion.... Un fait ([ui semble démentir la présomption de l'action excitante
de l'ail, c'est que les buveurs préviennent l'ivresse en faisant infuser quel-
ques gousses d'ail dans le vin qu'ils boivent, ou bien en mangeant de l'ail
sur leur pain (Merat et Delens). »
On peut opposer à celte manière de voir l'action fébrigène de l'ail, que
tout le monde connaît. On sait que les prisonniers, les conscrits, se pro-
curent momentanément la fièvre en se servant de l'ail en suppositoire. J'ai
fréquemment constaté ce fait chez des militaires qui désiraient obtenir leur
entrée à l'hôpital. Ici, l'action primitive, instantanée et excitante de l'ail
sur le système sanguin, par suite de son action locale irritante, ne laisse
point de doute. Mais une action spéciale, simultanée ou secondaire de l'ail
pris à trop grande dose, et due à la dilfusibilité de son huile essentielle,
peut s'exercer sur le système nerveux. « Verùm usus ejus frequcniior molesfas
est et noxius, partim oh fœtorem intole rabilem prœcipue vcrd quia dolorcm ca-
sensuumque omnium instrunientis (Hay). »
pitis infert, sitim excitât, oculis nocet,
Haller, cilé par Bulliard, regarde l'ail comme suspect, et dit qu'il n'a pas
de peine à croire Spigélius, lorsqu'il assure que cette plante trouble l'esprit.
L'ail, pris à dose ordinaire, augmente l'appétit et favorise les digestions.
Il est généralement considéré comme un excitant énergique, d'une action
six cuillerées ùbouclu' dans les vinj;l-qualre heures) li d'une l'oile déeo(;lion
(l'écorce de saule p«jur boisson, onl amené la guéi'ison en deux mois.
Devees (I) vante liaitement de la coqueluehe. Il l'ail donner,
l'ail dans le
malin, midi el soir, aux enfants de six à se])l ans, le liers, ei aux enianls de
onze ans la moilié d'une frousse d'ail, en augnienlanl graduellement la dose;
il fait friclionner en même temps toute la colonne vertébrale avec un Uni-
ment préparé avec; du sue d'ail. Il est à remar(|uei' ([uc ce médecin nv, le
prescrit pas aux enfants du premier ûge, auxfjuels d'ailleurs le sirop d'ail,
administré avec prudence, conviendrait mieux. « Le liniment d'ail, dit Bu-
clian, est im lemède Irès-conmi en Ecosse contre la coqueluche. On le
prépaie en pilant de l'ail tlans im mortiei'. avec jjartie égale de saindoux :
on en frotte la plante des pieds deux ou trois fois par jour. Mais la meilleure
manicM-e de remployer est de l'étendre sur du linge et de l'appliquer sous
forme d'emplâtre. On le renouvelle soir et m;;tin, parce que l'ail perd prompte-
mcnt sa vertu. C'est un excellent remède contre la coqueluche et contre les
toux opiniâtres. Cependant il faut prendre garde de l'employer quand le ma-
lade est échaulfé ou qu'il y a de la disposition à la fièvi'e, parce qu'il aug-
mente ces symptômes. » Cette dernière remarque vient à l'appui de ce que
nous avons dit plus haut sur les précautions qu'exige l'emploi de l'ail chez
les enfants.
J'ai fréquement appliqué à la plante des pieds, contre la coqueluche, un
mélange d'axonge, de feuilles de jusquiame et d'ail, réduit en pommade.
Une légère rubéfaction avait lieu, et l'action de la jusquiame se faisait re-
marquer par une diminution marquée dans la fréquence des quintes. Cette
diminution était moins prononcée par le simple mélange de l'ail et de
l'axonge, employé comme révulsif, bien que la rubéfaction fût plus prompte-
ment produite.
W. Turnbull, au rapport de Buchan, employait avec avantage dans le
croup la décoction suivante ail et vinaigre, de chaque 20 gr.; eau d'hyssope,
:
un double décilitre. Broyez l'ail dans le vinaigre, versez peu à peu l'eau
d'hyssope, et ajoutez miel 90 gr.: faites bouillir sur un feu doux
;
passez. ;
A prendre par cuillerées plus ou moins répétées suivant l'âge et les forces
du malade. Le croup n'était pas alors considéré en Kcosse comme franche-
ment inflammatoire. Les travaux de Bretonneau sur la diphtérite ont con-
firmé cette opinion après un demi-siècle d'incertitude et de tâtonnement.
Dans une lettre adressée par Michel, médecin à Avignon, au Bulletin de
thérapeutique (année 1849), nous trouvons les passages suivants relatifs à
l'emploi de lail dans le choléra épidémique " Assurément, ce n'est point
:
un spécifique contre le choléra; mais à l'aide de cet agent nous avons ob-
tenu, nous le répétons, de si beaux résultats, que nous croyons utile de l'in-
diquer à nos confrères, faute jusqu'ici de médicament plus énergique contre
cette maladie régnante. »
Lange, de Porancy (Marne) (1), se fondant sur les propriétés fébrigènes
de l'ail, employé ce bulbe contre le choléra. Plusieurs de ses ma-
a aussi
lades moururent; quelques-uns qui semblaient très -gravement atteints
résistèrent, et Lange crut pouvoir attribuer la guérison à la réaction déter-
minée par l'emploi de l'ail. Comme cette réaction peut arriver spontané-
ment, ainsi qu'on l'a observé chez des cholériques qui n'avaient été soumis
à aucun traitement, des faits répétés et bien appréciés peuvent seuls donner
une certitude thérapeutique. Voici, du reste, le mode administratif employé
par Lange en boisson, 3 ou -4 gousses d'ail crues, écrasées et lavées dans
:
un verre d'eau froide. En topique, l'ail cru, écrasé et réduit en pulpe, appli-
qué par plaques sur la peau, et contenu par une compresse de papier gros-
sier, la matière gluante de l'ail le faisant d'ailleurs adhérer à la peau ces :
giques.]
posés d'un ovaire uniloculaire, libre, surmonté d'un style à stigmate dilaté après la ;
floraison chaque ovaire produit sur son dos une expansion en forme d'aile et devient
ainsi une samare contenant un embryon foliacé entouré d'un albumen peu abondant. Il
y a des fleurs où les pistils deviennent rudimentaires, d'autres où les étamines restent
stériles.]
Ull AlUELLE.
de belladone, qui sont Ires-vénéneux. Ceux-ci sont plus noirs, plus gros, plus luisants,
d'un goût fade et nauséabond, tandis que les baies d'airelle ont une saveur aigrelette et
n'ont pas de calice pci'sistant.
Propriétés pliys^iqvies et cliiniifiiirs. —
Les baies ou fruits, soumises à
la fermentation avec une certaine quantité de sucre, fournissent une liqueur vineuse
agréable. On s'en sei't pom- colorer le vin. et même pour fabriquer, avec d'autres ingré-
dients, des vins que l'on débite comme naturels. On en l'ait des contilures et un sirop.
La propriété colorante de ces baies les rend fort utiles à l'art tinctoiial et même à la
peinture. |Les feuilles d'airelle sont assez riches en tannin, on emploie pour les rem-
placer celles de l'aiielle ponctuée et de la canneberge on peut également substituer
;
fois il enq)l()yait la poutlre de ces baies à la dose de \ gr. toutes les deux ou
trois heures.
Reiss (.'{) considère les fi-uits de l'airelle comme une ressource d'autant
plus précieuse dans la diarrhée chronique, que les autres moyens restent
souvent sans effet, tandis que celui-ci procure au moins une améliora-
tion momentanée dans les plus graves circonstances, '^t que, sans jamais
être nuisible, il suffit quelquefois pour amener une guérison inespérée. Il
administre l'extrait seul, sous forme de pilules de 20 centigr.. que l'on prend
de 4 à par jour.
Bergasse (4) rapporte l'observation d'une diarrhée chronique extrêmement
grave guérie par l'administration intérieure de 30 gr. de baies d'airelle.
Cette plante bisatmuelle (PI. III), originaire de l'Orient, ayant le port d'un
arbrisseau, se trouvant dans quelques forêts, sur les montagnes, au milieu
des rochers de la Provence australe, fait Tornement des jardins par la beauté
de ses fleurs, qui s'épanouissent vers la fin de l'été et durent pendant une
partie de l'automne.
Deseri|itioii. —
Tiges s'élevant à plus de deux mètres, droites, velues, pleines
d'une moelle blanche. —
Feuilles semblables à celles de la mauve, mais bien plus
grandes, lobées, sinuées, stipulées. —
Fleurs entourant la partie supérieure de la tige,
grandes, formant un épi lâche et allongé, blanches, roses, pourpres, jaunes, panachées,
souvent doubles, peu pédonculées. —
Calice double, persistant, l'extérieur à six divi-
sions. — Umwe do cinq pétales cunéiformes, connés à leur base, plus grands
Corolle
que le calice. —
Etamines nombreuses, réunies inférieurement en une colonne cylin-
drique et corolifère. —
Fruit, se compose d'un grand nombre de capsules monospermes.
pique' on septembre; on peut aussi semer sur couche en juillet et août. Couvrir le plant
en hiver et repiquer en place en avril dans leur jeune âge elles demandent de Teau.]
;
donnent beaucoup de farine sucrée. La tige offre une substance fibreuse, textile, avec
laquelle on peut fabriquer des fils, des cordages, des tissus divers et d'excellent papier.
[Sirop (/'«///KEfl. —
Le sirop qui porte ce nom
-
A L'EXTKniEin. De 30 à 60 gr de fcinlles
par kilogramme d'eau, pour lotions, fomen-
.
[allhœa otficinalix L.), mais on prépare dans tations, injections, bains, gargarismes, cata-
certains pays, de la même manière, c'est- plasmes, lavements.
prés, dans les bois, etc. Elle fournil une nourriture saine aux bestiaux. Elle
augmente le lait des vaches et des chèvres.
Description. —
Racine épaisse, brune, ligneuse, garnie de fibres capillaires,
contenant une espèce de moelle jaunâtre. —
Tiges de 25 centimètres environ, cylin-
driques, rameuses, légèrement velues. - Feuilles alternes, d'un vert jaune en dessus,
blanchâtre en dessous, velues sur les bords et sur les nervures, dentées les radicales ;
longuement pétiolées et à sept ou neuf lobes, les caulinaires à courts pétioles et à cinq
loi, es. —
Fleurs petites, pédonculées, verdàtres, disposées en coiymbes terminaux
(juin-juillet-aoùt). —
Calice a huit divisions, dont les qua re inférieures paraissent for-
mer la corolle. —
Quatre etamines très-courtes. —
Ovaire surmonté par un style à
deux stign)ates. — Une semence nue, arrondie, jaunâtre, ])rillante.
[Culture.— L'alchimille vient dans tous les sols, et h toutes les expositions,
mais elle pi-élère les terrains frais et une exposition un peu ombragée; elle
humides et
est multipliée par semis ou par division des pieds; la médecine n'emploie que la plante
sauvage.
Récolte.
)
pendant la floraison.
\LISIKU. — VLKl^kKNC.K. kl
la graine en pots à l'aulomne ou au prinlemps ou repique lorsque les pieds sont assez
;
RéroKe. - L'alkékenge ne
doit être récollée qu','^ l'époque de la maturité des
fruits, depuis la lin d'août jusqu'en septembre. Les tiges et les baies ac-
c'est-à-dire
quièrent une couleur rouge ou jaune qui indique leur malurilé. La dessiccation sera
plus pronqUe si l'on sépare les baies des calices, car la transpiration des premières
enlnlient l'Iiumidilé des secondes. Les baies se dessèchent lentement, se flétrissent, se
vident en les bioyant, on en sépare facilement les graines. La dessiccation en plein
;
air n'est jamais sullisante pour obtenir une division ou pulvérisation facile de la plante.
Il est nécessaire de la passer à l'éluve ou au four chaulfé à UO degrés, de l'y laisser de
huit à douze heures avant de la soumettre à l'action du pilon.
Propriétés physiques et cliiniic|ues. — La poudre d'alkékenge est
d'une amertume franche et persistante. Celle des baies a de plus une acidité marquée
qui n'est pas désagréable. Dessaigne et Chautard, en traitant les feuilles par l'eau froide,
agilant l'iiydrolé avec du chloroforme, séparant celui-ci, reprenant le résidu de l'évapo-
ration de celui-là par l'alcool additionné de charbon, et précipitant après filtration par
l'eau, ont obtenu une matière cristalline, anière, non alcaline, qu'ils ont nommée Phy-
siiline.
Dans certains pays on colore le beurre avec le suc de baies de coqueret.
m'ont été très-utiles comme à la fois diurétiques et anodines. Dans ces cas,
je les fais piemlre on décoction. Kilos dôtorminonl un flux abondant d'urines
sans trop stimuler les organes. Contre les iiydropisies passives, je fais écraser
sept ou huit baies dans un verre do vin blanc, que le malade prend à jeun,
en y joi^^nant l'intiision ou la décoction pour boisson.
Les feuilles, les tif-cs et les calices, sont également diurétiques, et con-
viennent surtout, ;\ cause du principe amer qu'elles renferment, dans les cas
d'asthénie que nous venons d'indiquer, (!t notamment dans la cachexie palu-
déenne. Les elfots physiologiques de la poudre (feuilles, tiges, capsules) ont
été sensibles chez les malades faibles, anémiques, et particulièrement chez
les fournies chlorotiques. Plusieurs de ces dernières ont ressenti peu d'in-
stants après son administration, môme à petite dose, des bourdonnements
d'oreille, un peu d'ivresse et un ralentissement assez notable du pouls. Les
ellets consécutifs étaient le retour du pouls h son type normal, la coloration
du teint, le développement dos forces musculaires. L'action diurétique a été
de nouveau constatée. A forte dose, le médicament pioduil un sentiment
de pesanteur à la région gastrique, et de la constipation. Après plusieurs
jours d'emploi, il a occasionné chez deux malades quelques coliques
suivies de diarrhée qui a disparu promptement. Administrée plusieurs fois
après le repas, même à forte dose, cette poudre n'a nullement troublé la
digestion.
Gendron, médecin à Château-du-Loir, a publié une série d'expériences
sur les propriétés fébrifuges de la poudre de calices et de baies d'alkékenge.
Plus tard les feuilles et les tiges ont été employées avec le même succès. Ces
expériences, répétées à l'hôpital de Vendôme par Gendron et Faton, ont
presque toujours réussi à guérir des fièvres intermittentes, si communes
parmi les soldats casernes aux bords du Loir, et au niveau des prairies sub-
mergées, a J'ai recueilli depuis, dit Gendron, un assez grand nombre d'ob-
servations qui confirment les premières, et malgré plusieurs échecs de la
médication sur les fiévreux, pendant l'automne dernier, nous n'hésitons pas
à conclure que la poudre d'alkékenge, convenablement administrée, guérit
un grand nombre de malades atteints de fièvres intermittentes. Ce médi-
cament n'a ni la promptitude ni la sûreté du sulfate de quinine; mais, ne
coûtant rien à nos cultivateurs, ils s'astreignent aisément à continuer son
usage après l'interruption de la fièvre, et ils sont moins exposés aux réci-
dives.
((Lorsque le troisième accès de fièvre n'est pas supprimé par l'alkékenge,
ou du moins très-notablement amoindri , on doit peu compter sur son effet
fébrifuge.
« Toutefois, les individus aux prises avec la cachexie fébrile, qu'il y eût ou
non tuméfaction de la rate, reprenaient sensiblement de la force et de la
coloration, même lorsque les accès n'étaient pas complètement interrompus.
Une dose de sulfate de quinine suffisait alors pour couper la fièvre, et à la
suite deux doses par jour d'alkékenge prévenaient les récidives et complé-
taient la guérison Dans les fièvres larvées et les névralgies intermit-
tentes, l'alkék nge a constamment réussi à éteindre les accès Plu-
sieurs ont été guéris de fièvres intermittentes dès la première dose ; c'est
le petit nombre. Ordinairement les accès décroissent sensiblement; le
troisième est réduit à un simple malaise ; le quatrième manque complè-
tement.
« Nous avons eu l'occasion de l'employer avec succès contre une fièvre
tierce algide Depuis ce fait, qui m'avait donné une grande confiance
dans l'alkékenge, je dois avouer que la médication a subi plusieurs échecs.
J'ai appris à mes dépens, ou, si l'on veut, aux dépens des malades,
que de fortes doses d'alkékenge, données une fois par jour, ne valaient pas
des doses moindres et répétées plusieurs fois dans les vingt-quatre heures.
50 ALLELUIA.
Celte plante vivace (PI. III), commune dans presque tous les pays de l'Eu-
rope, croit abondamment dans les bois, an pied des ail)res, dans les lieux
ombruf^'és, le long des haies.
De0cri|ition. —
Hac.iiie fibres qui parlciil de rciidciiicrits d'uiuî lige souterraine
:
rampante.— nées d' rexliéin -i' de la souclic par cinq ou six, longuement
Feuilles
ptUiolees et l'oi-manl gazon, Iril'oliees, folioles ol>e()rd('es, [juliescentcs surloul en dessous,
où leur couleur est blancliàire. —
i-'leurs hlanelics, solitaires sur des lianij)('S droites et
Sabslnnces incomp'tlibles. —
Les sels de chaux qui, mêlés au sel d'oseille, forment
de suite un oxalate insoluble.
L'acide oxalique s'obtient en décomposant Poxalate de potasse par l'acétate de plomb;
on traite le précipité par l'acide liydrosulfurique, et on fait cristalliser la liqueur. Mais
celui du commerce est obtenu par la reaction de l'acide azotique sur le sucre ou
l'amidon.]
PRÉPARATIOiNS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'iNTÉRiEin. —
Décoction, 30 gr. ou une Plante fraîclie, mangée en salade, dans les
poignée dans 500 gr. d'eau ou de petit bouillons.
. lait Oxalale de potasse, 1 à 2 gr. dans 500 gr.
Suc exprimé, de 30 à 60 gr. d'e;iu ,avec Q. S. de sucre pour limon.>de.
Sirop, de 30 à 60 gr. dans une potion. [L'oxalite do potasse entre dans les pastilles
Conserve, de 2 à 8 gr. contre la soif.
plus d'avantage, la petite oseille sauvage, conseillée ;)ar Pinel. Elle est plus
active, et se trouve partout dans les pâturages et le long des haies.
L'oxalate de potasse et l'acide oxalique pris à haute dose produisent l'em-
poisonnement. L'action corrosive de l'acide oxalique a été constatée en
Angleterre, où, pendant longtemps, on s'en est servi pour faire des limona-
des. Royston rapporte l'observation d'une femme qui mourut au bout de
quarante minutes après avoir pris 15 gr. d'acide oxalique pour du sulfale de
magnésie. Thomson publia ensuite l'histoire d'un semblable empoisonne-
ment. Dès lors, on ne douta plus que cet acide ne fût un poison, et cette
opinion fut encore confirmée par les observations et les expériences de
Percy, Orfila, Christison, Goindet et Dupuy, La quantité d'acide oxalique
qui a produit les empoisonnements variait depuis 12 gr. jusqu'à 60 gr. et ,
avait été ordinairement prise ;\ jeun. Sur onze cas, deux individus seuls ont
été sauvés, trois survécurent une heure à l'ingestion de l'acide, les autres
moururent en beaucoup moins de temps. Une personne qui avait avalé 24 gr.
de cet acide périt au bout de quinze minutes une autre vécut à peine dix ;
est toujours en rapport avec la dose d'acide et le temps qu'il séjourne dans
l'estomac.
Les symptômes de cet empoisonnement sont les suivants quelquefois :
restant tel pendant plusieurs heures; froid glacial, sueur gluante; doigts
et ongles livides. Quelquefois engourdissement et sentiment de fourmille-
ment aux extrémités longtemps après la disparition des symptômes vio-
lents d'autres fois, insensibilité quelque temps avant la mort, ou agitation,
;
de minutes.
Les expérimentations de Christison et de Goindet ont porté ces médecins à
conclure l"que l'acide oxalique très-concentré, introduit à haute dose dans
:
est absorbé et porte son influence sur les organes éloignés il n'agit ni en
;
L'oxALATE DE POTASSE (scl d'oscillc) avait déjà été signalé par Welti comme
pouvant être employé efficacement dans la métro-péritonite puerpérale,
lorsque Von Brenner (I) publia deux observations dans lesquelles l'emploi
de ce sel neutre fut suivi d'un succès remarquable.
Le même médicament a été prescrit par l'auteur, avec non moins d'effi-
cacité, dans des cas de métrite et de péritonite simples, dans l'inflammation
des ovaires, ainsi que dans les menstruations difficiles.
vient, suivant ce médecin, dans les douleurs qui accompagnent les affections
inflammatoires, notamment dans celles de l'angine, de la gastrite, de la sto-
matite son usage pourrait même rendre les saignées moins nécessaires.
;
principalement aux lieux couverts, le long desJiaies, sur le bord des fossés.
DeMcriptiOii. —
Racine blanche, ayant la forme d'un petit navet. Tige her- —
bacée, droite, de 60 à 70 centimètres, tantôt siniple, tantôt légèrement ramense, terme,
velue A sa partie inférieure. —
Feuilles alternes, pétiolées, cordiformes, presque glabres,
les inférieures plus obtuses, rénilormes, portées sur de plus loiigs pétioles, les supé-
rieures aiguës et presque sessiles. —
Fleurs petites, blanches, soutenues par de courts
pédoncules, en grappe terminale lâche, ayant les caractères de la famille des cruci-
fères. - Calice à quatre sépales étroits, caducs. —
Corolle a quatre pétales unguiculés,
cruciforme. —
Six étamines dont deux plus courtes. —
Ovaire allongé, style gros, stig-
mate bilobé. —
Fruits: siliques étalées, grêles, quadrangulaires, striées longitu-
dinalemenl.
Parties usitées. — Les feuilles, les sommités fleuries et les semences.
[Culture. — très-abondante h l'état sauvage; elle croît a l'ombre
L'alliaire est
des arbres on la multiplie par semis faits au printemps lorsqu'on veut la faire ramper
; ;
dans les bosquets pour couvrir la nudité du sol, on doit couper les tiges aussitôt que
les fleurs sont passées.]
que maculés de points glanduleux, tandis que dans la varJélé douce !'•
les pétioles sont
style est beaucoup plus long que lesélaiiiinos, et que les glandes, au lieu d'ètif sur los
pétioles, sont à la base des dents des feuilles.
Les amandes douces servent à faire des loochs, et concurremiuenl avec les amandes
améres, à composer le sirop d'orgeat. —
Je prescris souvent le bouillon de veau et
d'amandes douces coupées par morceaux, comme adoucissant et raliMicliissant. On pré-
parait aussi, par la distillation des amandes non écorcées, une eau mucilagineuse ayant
l'odeur de la fleur d'acacia. |L'am;uidé ou éinulsion d'amandes se fait dans les ménages
en privant l'amande douce de son enveloppe (épispeime) pour cela, on la fiiit tremper
;
dans de l'eau tiède; après quelque temps la pellicule s'enlève par simple pression entre
les doigts ; l'amande est alors fortement pressée dans un mortier de marbre avec un
peu de sucre, et lorsque la pâte est bien homogène, on délaye dans l'eau et on passe ;
on t'administre pure ou mélangée.]
quehiche (1), ot il conclut de ses essais qu'administrée dès que l'état spas-
modiqiio commence h rédominer, elle diminue la violence des quintes.
|.
C'est lu non un agent euratif, mais un sédatif dont le concours peut être
avantageux.)
A re.xtéricur, d'amandes douces amollit, adoucit les tissus. Elle
l'huile
est utile en d;nis q lehjues névralgies, dans les inflammations
emhrocation
externes, les brûlures au premier degré, sur certaines tumeurs, (et pour di-
minuer la tension de la peau dans les érysipèles de la lace. Scouttelten en
fait,dans la scarlatine et la rougeole, des frictions sur tout le corps. Elles
diminuent les démangeaisons et préserveraient de l'anasarquc, suivant cet
observaleui) (2). Charles Leroy en tirait un grand avantage en frictions sur
le bas-ventre dans les inflammations abdominales et dans les constipations
opiniâtres. On trempe la main dans l'huile ehauffée à un certain degré, et
on en frotte le ventre en tous sens. Quand l'huile de la main est absorbée,
on la trempe de nouveau, et l'on refrolte. On continue cette opération pen-
dant un quart d'heure ou une demi-heure, d J'ai vu, dit Duphinil, cité par
Buchan, le ventre se lâcher à la première tentative; mais souvent il faut
réitérer cette opération trois ou quatre fois, à une heure de distance l'une
de l'autre. » Les bains tièdes, pris dans l'intervalle des frictions huileuses,
rendent l'effet de ces dernières plus efficace et plus prompt.
Les parfuuieurs vendent, sous le nom de pâte d'amandes, le résidu des
amandes qui ont déjà servi à l'expression de l'huile desséché et réduit en ,
Les propriétés toxiques des amandes amères étaient connues des anciens.
De nos jours, les travaux de Wepfer, d'Orfila, de Brodie, Cullen, Christison,
Villermé ont démontré que l'action de ce poison est tout à fait la même que
celle de l'acide cyanhydrique.
Cette action varie suivant l'idiosyncrasie des sujets. Une petite dose peut
produire des effets toxiques. Christison rapporte que le docteur Gregory ne
pouvait manger la moindre quantité de ces fruits sans en éprouver les effets
d'un véritable empoisonnement, auxquels succédait une éruption semblable
à celle de l'urticaire. Une femme, sujette à des p;dpilalions de cœur, fit, par
les conseils d'une commère, usage des amandes amères; elle commença à
en manger une par jour, et en augmenta ensuite le nombre par degrés. Arri-
vée au n" 7 par jour, elle éprouva des faiblesses générales, des évanouisse-
AMANDES AMÈIIES. 59
raents et une anxiété extrême (I). Vircy (2) parle des nccidenls que pro-
duisent souvent les macarons dans la composition desquels entnînt beaucoup
d'amandes amèrcs.
Il faut ordin.irement une plus grande quantité d'amandes pour causei-
l'empoisonnement. Une l'emmc {'^) a donné à son enfant, âgé de quatre ans.
le suc d'une poignée; d'amandes amèrcs pour le guérir des vers. A l'instant,
coliques, gonflement du ventre, vertiges, serrement des mâchoires, écume à
la bouche, convulsions, mort dans l'espaee de deux heures.
Orfila a fait périr un chien en lui faisant avaler vingt amandes améres.
We[jfer a tué un chat en lui donnant 4 gr. d'amandes pilées. Cet auteur fait
observer que l'eaipoisonnement est beaucoup plus actif, si l'on ne dépouillr
pas les amandes de leur enveloppe.
Le tourteau d'amandes amèrcs, contenant tous les prineipos nécessaires à
la formation de l'huile essentielle, est très-vénéneux. On lit dans les Epliémé-
rides des curieux de la nature (déc. t, ann. 8, p. 18i), que plusieurs poules
périient pour avoir mangé de ce résidu.
L'huile essentielle d'amandes amères est beaucoup plus active. Davios (4)
a fait périr un serin en deux minutes en lui déposant dans le bec une goutte
de cette huile. La môme quantité, mise dans la bouche d'une grenouille,
causa immédiatement des accidents nerveux graves, et ce reptile n'échappa
à la ntort qu'en se plongeant dans l'eau.
Villermé, essayant le mode d'action des deux principes de l'huile essen-
tielle d'amandes amères, reconnut que la portion cristallisable était douée
de propriétés vénéneuses extrêmement actives, tandis que l'autre était tout
à fait innocente. Une gouttelette de la première fit périr un moineau en
vingt-cinq secondes et un cabiai dans l'espace de dix-huit minutes (o).
Brodie (6), faisant des expériences sur ce poison, en mit une petite quan-
tité sur la langue, et é|)rouva des accidents nerveux assez graves. Merlz-
doff (7) rapporte l'histoire d'un hypocondriaque qui prit 8 gr. d'huile essen-
tielle d'amandes amères, et périt en une demi-heure.
Un droguiste, éprouvant une vive attaque de douleurs néphrétiques, boit
d'un seul trait, au lieu d'esprit de nitre dulcilié, 15 grammes d'huile essen-
tielle d'amandes amères. Tous les symptômes de l'empoisonnement sont
portés au plus haut degré syncopes, anxiété, faiblesse générale, pâleur mor-
:
une dose à prendre une heure avant l'accès. Il dit avoir guéri par ce moyen
dix-sept malades dans l'espace de deux mois; pour quelques-uns, il n'a fallu
que trois doses, d'autres en ont pris jusqu'à onze.
Frank, de Poscn, qui a répété avec succès les expériences de Bergius el
de Mylius, ajoutait à émulsion 4 à 8 gr. d'extrait de petite centaurée.
1
Cette plante, qu'on croit originaire du Mexique, cultivée dans les jardins,
[Culture. — On
sème sur couches au printemps, à une exposition chaude, dans
la
une terre légère, substantielle et quand les plants sont assez forts on les repique en
;
place sous les climats tempérés, la graine mûrit en automne et se ressème toute
;
seule.]
Réeolte. —
Soit qu'on la cultive dans les jardins, ou qu'on la récolte dans les.
champs du Midi, celte plante doit être séchée avec soin et préservée de l'humidité, qui
lui fait perdre ses propriétés.
Propriétés physiques et cliiniiques. — Son odeur est aromatique et
Irès-agréable : sa saveur est acre et araère. Son parfum lui a valu le nom de Thé du
Mexhjae. (Kley^l) y a trouvé du gluten, de Thuile volatile, de la lihyteumarol'e, un
grand nombre de sels.) |0n en retire par distillation une huile essentielle qui est regar-
dée comme anthehnintique, et on en prépare dans le Midi une liqueur très-aromatique
dédiée à Moquin-ïandon, auteur de la monographie des Chcnoijodiacées et que l'on dé-
signe sous le nom de Moqaiue.]
L'annui feuilles glauques (A. Qlniiàfolmm, L.), qui n'est peut-être qu'une variété du
.'i
précédent, se distingue par les divisions de ses feuilles qui sont toutes linéaires.
Kérolle. — On récolte les fruits à leur maturité, on les fait sécher à Tomltre :
persistant, ayant le bord partagé en cinq dents pointues et couvert do poils. Corolle —
papilionacée, remarquable par sa carène fort allongée, ainsi que son pavillon très-court
et un peu réfléchi au-dessus.
—
Elamines au nombre de dix t librs. Ovaire oblong,—
chargé d'un style de la longueur des étamines. —
Stigmate simple et pubescent, termi-
nant Tovairo. —
Kruit gousse de la longueur du doigt, presque cylindrique, recourbée
:
à son extrémité et renfermant trois à cinq graines réniformes, violettes, qui deviennent
blanches en mûrissant.
Parties usitées. — Les feuilles et les semences.
cinquième année.]
Propriétés physiques et cltiniiques. —
Toutes les parties de Tana-
gyre exhalent une odeur fétide quand on les froisse entre les doigts les feuilles ont ;
une saveur amère très-prononcée. Tous les animaux s'en éloignent. Du fromage fait
avec le lait de brel)is ou de chèvre qui, pressées par la faiUi, avaient brouté celle
plante, a produit de violents vomissements et même rempoisonnement. Il n'y a aucune
analyse chimique de l'anagyre.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
Infusion des feuilles, 12 à 16 grammes pour 150 à 200grammes d'eau bouillante, édulcorée avec
du sirop, du sucre ou du miel.
L'ancolie que l'on cultive dans les jardins pour la beauté de ses
(PI. IV),
fleurs, croit spontanément dans les bois et le long des haies, en France et
dans la plupart dos autres régions de l'Europe. Les chèvres sont les seules,
parmi les bestiaux, qui broutent cette plante, qui appartient d'ailleurs à une
famille où les poisons acres abondent.
llescription. —
Racine vivace, fd)reuse, blanchâtre. — Tige s'élevanl de 60 à
80 centimètres, grêle, rameuse, feuillée, velue, rougeàtre, droite. —
Feuilles grandes,
péliolées, composées, deux fois ternées folioles arrondies, trilobées, crénelées, vertes
;
foncées en dessus, glauques en dessous les feuilles qui naissent sur la lige sont
;
proches, poiiilus, S(> loiiiiiiunil cliacuii par un slylc cii alèin-. — Fruil coinposci de cimi
lolliciiles droites, prescpic cylindriciiics, poiiiliies, iiiiilocidaii'es iinivalvcs, et polyspeinies.
— Graines ovales, atlacin'es aux deux l)ords de la suture de cliaquc l'ollieule.
Parties usitée». — Les racines, les feuilles, les Heurs et les giaincs.
iCultiire.— l'iante (ra^'r('nienl (pii vient dans tous les sols, exee|»t(' dans les fonds
aigilcux cl humides, se |)ro|)aj-'c par semis laits au printemps ou par division des |)ieds
praticpiée à la ineni(! épocpie. J
Kécolte. — La dessiccation des (leurs exijj;c des soins pour la conservation de leur
couleur, cpii s'altère par l'Iuiniidilé.
U gr. ou en émulsion. |
1 d'acide sulfurique), 15 à 30 gr. en po-
Infusjon des semences, 4 à 7 gr. par demi- tion.
Iviiogranuiio d'eau bouillante. A l'extérielir. — En cataplasmes, fomenta-
Sirop (1 gr. de fleur sur 2 d'eau et 2 de sucre), tions.
30 ;\ 50 gr. en potion.
Cette plante vivace (PI. IV) est très-commune long des haies et dans les
le
bois,où elle montre sa fleur dans les premiers jours du printemps.
Ueseriptioii. — Puiciiio longue, rampanio, ])riuie en dehors. — Tige de 30 cen-
liinètips au plus, simple. — Feuilles radicales péliolées, dressées, à trois folioles inci-
sées, quelquefois nulles jiar avoitement de Tinvolucre semblables aux radicales
feuilles
—
;
(on voil seulemonl sur le dessin les trois feuilles caulinaires). Fleurs blanches,
rosées en dehors (rarement bleues), un peu penchées sur le pédoncule, qui est radical
(mars-avril). —
Carpelles velus, nombreux, imltriqués, disposés en capitules. Styles —
eouils. —
Fruits akènes comprimés, un peu velus, ovoïdes, terminés à leur sommet par
une petite pointe recourbée.
par la dessiccation: aussi ne remi)loie-l-ou qu'à Fétal frais. Dans ce dernier état. Peau,
l'alcool et l'acide acétique s'emparent de ses principes. [Iléger et lîrunswick ont extrait
de l'anémone un principe neutre qu'ils ont nomnK' a né mon lue, auquel Lewig et Weid-
mann assignent la fornude C' II" 0'*. C'est une matière blanche ciistalline qui se ra-
mollit à 150 degrés, solid)!e dans l'eau, Palcool et l'élher la potasse la transforme en
;
acide anémomiiuc ; elle est ti'és-vénéneuse ; Swartz a trouvé en outre dans la même
plante une huile volatile acre, et un acide qu'il a appelé acide anémonique volatil, qui
paraît être de l'acide acéti([ue.]
,
ANETil. 67
convexes et cannelées d'un côté, aplaties de l'autre, [et marquées de cinq côtes longitu-
dinales, d'un jaune pàlej.
Récolte. — La même que celle de l'anis. {Voy. anis.)
Parties usitées. — Les fruits, les feuilles et les sommités.
[Culture. — L'aneth est cultivée dans l'Europe méridionale et en Orient comme
plante de condiment on sème la graine aussitôt sa maturité en terre chaude
; et bien
meuble; les semis du printemps manquent souvent.]
I*roprié»és pliysitiiies et c*liiini(|iies. D'une odeur aromatique plus—
forte et moins agréable que celle du fenouil, sa saveur est plus prononcée quand elle a
été récol ée dans un lieu plus sec. Ses principes actifs sont à peu près les mêmes que
ceux du fenouil.
PP.Él'ARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A l'im'èiukir. —
Infusion des fruits, 4 à 8 gr Huile essentielle, 25 ccntigr. à 1 gr. en po-
kilo^i'ummc d'eau.
p;ir tion.
Eau distillée, de 50 à 100 gr. en potion. A i/iiXTKRiEUR. — Infusion pour fomentations,
Poudre, 1 à 2 gr. lotions, cataplasmes, etc.
meuse, rougeàtro. —
Fouilles Irès-grandos, h\ on liipinnt^os, verlps en dessus, l»Ian-
chàtres en dessous folioles oppos(Vs, sessiies, ovales, denlf^f^s en scie, souvent lobées,
;
2 mètres les uns des autres, afin qu'ils soient assez éloignés pour ne pas se nuire; plus
éloignés ils ne conserveraient pas assez de fraîcbeur. Les plantations d'automne, favo-
risées par les pluies, reprennent sans autre soin que le sarclage celles du printemps
;
exigent des arrosenients s'il y a sécheresse. Lorsque tous les pieds d'angéli(iue sont
bien repris, la plantation dès lors esl assurée, et elle peut durer plusieurs années,
pourvu que l'on répande tous les ans sur le terrain des engrais abondants avant que
la plante commence à faire de nouvelle pousses et que l'on pratique quatre labours ou
binages. Le premier labour, qu'on fait h la fourche, a lieu au printemps, lorsque les
pieds de la plante commencent à montrer leurs premières feuilles; les autres, qui se
font par intervalles dans le courant de la belle saison, peuvent être plus superficiels.
les enferme dans des boîtes de bois. Les plus estimées sont celles dont l'odeur se rap-
proche le plus de celle du musc. On doit préférer les racines qui n'ont pas plus d'un
an de récolte.
Les feuilles perdent presque toutes leurs propriétés par la dessiccation. Les fruits
conservent leur saveur aromatique et leur àcreté.
Propriétés physiques et cliiniiqiies. — L'angélique a une odeur
forte, aromatique, et une saveur piquante, un peu amère. Il est facile de distinguer le
lait des vaches qui s'en nourrissent.
L'analyse a constaté dans la racine de l'huile volatile, de l'acide angélicique, de l'an-
gélicine (résine cristallisée),une résine amor])he, une matière amère, du tannin, des
malates, de l'acide pectique, de la gomme, de l'amidon (Buchner). L'eau et l'alf^ool
dissolvent ses principes actifs.
[D'après Mayer et Zeuner, l'angélique renferme trois acides volatils, dont l'un serait
l'acide valérianique, et résulterait de la transformation
d'un autre corps.]
Par incision des tiges et du collet de la racine d'angélique faite au commencement du
printemps, découle un suc gomme-résineux qui exhale une odeur fortement aromatique.
Ce suc pourrait, dans certains cas, remplacer le benjoin et le musc, quoique moins
énergique. On peut encore, en faisant fermenter les racines et en les distillant ensuite,
en retirer une sorte d'eau-de-vie qui a, dit-on, la même odeur que la plante. Les tiges
sèches sont très-riches en alcali ; elles donnent presque 10 pour 100 de potasse.
79 ANGÉLIQUE.
PRÉPARATIOXS PHAR^MACEUTIQIES ET DOSES.
A L'iNTÉRiEin. — Infusion des racines ou des j
Teinture (1 de racine sèche sur 6 d'alcool, 2 à
jeunes tiges fraiciics, de 10 à 30 gr. par kilo- 10 gr., en potion.)
gramme d'eau bouillant(ï. Vin (2 sur ;s2 de vin), 50 à 100 gr.
Infusion dos fruits, 8 à 15 gr. par kilogramme |
Conserve (1 sur 2 de sucre), 10 à 50 gr.
d'eau bouillante. j
Extrait (1 sur 5 d'alcool), 1 à 4 gr., en bols,
Eau distillée des racines, de 30 à 100 gr., en pilules, etc.
potion. !
Poudre, h à 10 gr., en bols, pilules, dans du
Eau distillée des fruits, 30 à 60 gr., en po- vin ou dans un véhicule quelconque.
tion A L'EXTÉRiErn. —
Vinaigre d'angéliquc, en lo-
tions, fomentations, frictions, etc.
être aussi meuble que possible. On sème à la volée, et on ne recouvre la graine que
légèrement. On
aide la germination par des arrosements, qu'il faut continuer autant
que possible saison est sèclie. On sarcle dès que la graine est levée
si la un second ;
sarclage est nécessaire avant l'époque de la floraison. Quelquefois les racines repoussent
encoi'e la seconde année, bien que cette plante soit ordinairement annuelle.
On commence ordinairement la récolte des fruits d'anis au mois d'août mais elle a ;
lieu successivement. Il faut cueillii- les bouquets à mesure qu'ils brunissent, en choisis-
sant pour cela un beau jour et sans attendre la chute de la rosée on les bat au fléau ;
comme le blé. Le fruit est ensuite vanné, pour le rendre bien net ; et pour lui con-
server son arôme on le préserve de l'action de l'air en le renfermant dans des sacs
que l'on place dans un lieu sec.
Ces fruits sont l'objet d'un commerce très-étendu ; on en distingue plusieurs variétés.
L'anis de Touraine est vert et plus doux celui d'.Albi est plus iDlanc; et plus aroma-
tique ; celui de Malte ou d'Espagne est le plus estimé.
L'anis entre dans l'eau générale, le sirop d'Érysimum composé, le sirop d'armoise
composé, le sirop de roses pâles composé, l'électuaire lénitif, la confection Hamech,
la Ihériaque, l'aniso, les pilules de Alorton, et écossaises d'Anderson, l'esprit carminatif
de Sylvius, etc. L'huile essentielle d'anis entre dans le baume de soufre anisé.
Dans certains pays du Nord, les fruits d'anis entrent dans la fabrication du pain.
En Angleterre on mêle au pain d'épices. En France, ce sont principalement les con-
les
fiseurs qui s'en ils en font des dragées excellentes (anis de A'erdun), des
servent ;
S'il faut en croire le rapporl de 'l'rew, une eu deux gouttes d'huile essen-
tielle d'anis peuvent doinier la mort ù un pigeon, et quelques gouttes ont
produit chez un homme tni délire subit qui n'a été dissipé que par l'usage
des éniétiques (i).
(Pour Foussagiives, il sullil d'en inlioduirc (juelques gouttes dans l'estomac
de chiens de diverses tailles, j)our déterminer chez ces animaux des acci-
dents quelquefois foudi'oyants. J5f)U(har(lat avait déjà jjrouvé que 2 gouttes
dans { litre d'eau sidlisent pour tuer un giand nombre de poissons. Une
dose un peu plus forte fait périr les grenouilles, les salamandres, etc.) (i).
L'anis a toujours occupé une i)lace distinguée dans la matière médicale.
Dioscoride mentionne sa qualité échauffante ci le proclame comme diuré-
tique, excitant, carminalif, ajjhrodisiaqiie, galactopoïélique; il le dit propre
à calmer la céphalalgie, ;\ modérer les flueurs blanches, à élancher la soif
des hydropiques, à corriger la mauvaise haleine. En sait-on davantage au-
jourd'hui?
Il faut néanmoins distinguer dans les affections du tube digestif qui pro-
duisent les flatuosités, les coliques, la dyspepsie, etc., celles qui sont essen-
tiellement phlegmasiques ou sous la dépendance de l'irritation fixe de la
muqueuse, de celles qui sont atoniqucs ou nerveuses. Dans les premières,
les excitants, tels que l'anis, l'angélique, le fenouil, la menthe, etc., sont
évidemment nuisibles; tandis que, dans les secondes, ils sont d'une effica-
cité (jui justifie tout ce qu'ont dit les anciens en faveur de ces plantes, et
notanmient de Tanis.
On associe souvent la semence d'anis aux purgatifs, pour en rendre la sa-
veur et l'odeur moins désagréables, et aussi pour diminuer les coliques, les
flatuosités, le spasme intestinal. Elle était un des aromates avec lesquels
Mesué corrigeait l'action du momordica elateriiim.
« Nous avons vu, disent Trousseau et Pidoux, des nourrices calmer les
coliques de leurs nourrissons en buvant elles-mêmes une infusion d'anis, et
nous nous sommes assurés que le lait de ces femmes avait une odeur d'anis
assez prononcée. »
L'anis est généralement regardé comme ayant la propriété d'augmenter la
quantité du lait chez les nourrices. Peut-être, disent les médecins que nous
venons de citer, n'est-ce qu'en rendant leurs digestions meilleures et plus
promptes. Virey présume que cet effet est dû à la secousse légère impri-
mée h tout le système vasculaire. En effet, ajoute ce médecin, on observe
que toutes les ombellifères augmentent le lait chez les animaux, et que
même ce fluide en retient souvent l'odeur.
L'action expectorante de l'anis est faible. Cependant on l'a souvent admi-
nistré dans les catarrhes chroniques, oii il agit aussi comme légèrement dia-
phorétique. Les asthmatiques se soulagent en fumant des fruits d'anis.
Dans les cas d'atonie des reins et de l'utérus, cette semence peut exciter
la sécrétion des urines et la menstruation. Elle purge bien les enfants nou-
veaux-nés à la dose de 1 gr. 20 centigr. Je l'ai quelquefois mêlée avec autant
de magnésie pour purger doucement et neutraliser en même temps les
acides des premières voies chez les enfants.
L'usage de l'anis, selon Mérat et Delens, donne une mauvaise odeur aux
urines.
A l'extérieur, cette semence est vantée comme résolutive contre les en-
Petite plante herbacée, que l'on trouve dans les terrains calcairo-argileux,
secs et sablonneux; fiènéralement peu commune dans le Nord. La beauté
du reuillafj;e et les tôtes de lleurs de cette plante la rendent propre à l'orne-
ment des jardins. Elle est manj;ée par les moutons, les chèvres et les
bœufs. La vulnéraire parait propre i\ utiliser comme fourrage les sols les
plus ingrats.
Rariiio ])ivolaiito, assoz prolondc —
Tigo courliée, vcliio, de i à G déciiiK-tres de
longueur. —Fouilles ailées avec impaiie plus grande. —
Fleurs jaunes, disposées en
lête (mai-septembre). — Calice renflé. —
Fruil arrondi, 1-3 sperme, rccoiivorl par le
calice.
On
attribue ;\ cette plante des propriétés astringentes et vulnéraires. Pilée
et appliquée en to|)ique, cl prise en décoction aqueuse, on la considère dans
les «'ampagnes comme propre à cicatriser les plaies, à résoudre les contu-
sions et à prévenir les suites des chutes et des commotions.
ARABETTE.
Arabis Thaliana. L. — Sisymbrium Thalianum. Gay.
Crucifères. — Arabidées. Fam. nat. — Tétradynamie siliqueuse. L.
[Culture. — Les araliellos sont cultivées dans les jardins l)0laniques ; on les mul-
tiplie par graines; elles aiment un sol un peu humide.
Parties usitées. — Les sommités fleuries, les graines.
Récolte. — Les feuilles et les tiges ne sont employées que fraîches; on les cueille
à l'époque de la floraison ; les graines sont ramassées au moment de la déchirure du
fruit.
de la chélidoine les graines fournissent par expression une huile grasse un peu acre
;
Cette plante vivace (PI. IV), très-commune, croît partout sur les terrains
J
ARr.ENTlNE. 77
humides, au boni des chemins et des ruisseaux. Elle gâte les prairies, et se
MJiilliplie considri'abU'iueut dans les endroits où l'eau s(!!'journc. Les porcs
rn sont lrès-(Viands; ils l'ouillent axidenient le sol où elle croît pour dévorer
les racines. Les oies aiment également celte plante, ce qui lui a valu le nom
iWinscritui.
lle!!ici*i|»tîon. —
Racine noirâtre, fibreuse, longue, garnie de nombreux ranius-
<niles. —'ri|j;e de 30 ccnlinif'lres eiiviioii, iniiu'O, i'aiblf, ranipanlo et sloloniRTO, un peu
velue. —Feuilles naissaiU des stolons (|ui s'eiuaciueiit de distance en distance, grandes,
piiuK'es, conii)()sées de quinze à dix-sept l'olioles sessiles, ovah-s, oblouî^ues, dentées en
scie, couvertes d'un duvet blanc, soyeux, argentin. —
Fleurs jaunes, solitaires, axillaires,
|)ort('es sur de longs pédoncules (tout l't'té). —
Calice soyeux, à 10 lolioles, dont cinq
uiteiiies et cinq externes. —
Corolle de cincj pélal(\s ouverts, arrondis. —
Etan)ines
n()nd:)ieuses, à anthères en croissant. —
Ovaires supéi-jeurs surmontés de stigmates
obtus. — Fruit composé de graines nombreuses nues, acuminées, fixées ;i un réceptacle
comnuin et contenu dans le calice persistant.
FartieM usitées. — L'Iierbe et la racine.
iCiiltiire. —
Cette i)lanle esl assez abondante pour suffire à la consommation
médicale on ne la cultive que dans les jardins de botanique, on la multiplie par semis
;
temps en place.
d'argentine dans du lait mélangé dun peu d'eau, d'un peu de fleur de fro-
ment et de noix muscade, avec addition de jaunes d'œufs, d'huile d'olive
et de sucre.
Dubois, de Tournai, rapporte cinq observations en faveur des propriétés
antidiarrhéïques de cette plante. La maladie a cédé en peu de jours à la
décoction aqueuse (une poignée dans 1 litre d'eau). Ce remède est vulgai-
rement employé dans nos campagnes; je l'ai vu souvent réussir. Il agita
peu près comme la décoction de renouée et celle de bourse-à-pasteur.
Les propriétés fébrifuges, antiphthisiqucs, diurétiques, lithontriptiques,
attribuées à cette plante par Withering, Rosen et Bergius, sont illusoires ou
très-exagérées. Elle n'a' ])oint justifié, comme fébrifuge, le titre de poten-
tille (de -potentiel, puissance, vertu), bien que l'illustre Boerhaave l'ait con-
sidérée comme l'égale du quinquina dans le traitement des fièvres inter-
mittentes :
quinte-feuille, etc. « C'est une chose avouée de tous les gens de l'art, dit
Lieutaud, que la plupart dos parties de cotte plaute sont fébrifuges. Malgré
cela il est rare qu'on s'en serve pour guérir la fièvre. Ceux qui la prennent
comme fébrifuge peuvent boire depuis trois jusqu'à quatre onces de suc de
cette plante. »
Révolte. — r>es aristoloches se récoltent comme toutes les racines vivaces. Celles
des espèces longue et ronde, choisies dans le commerce, doivent être grosses, bien
nourries, nouvellement séchées, pesantes, d'un goût extrêmement amer. La racine —
de la petite (pistoloche) doit être bien nourrie, touffue comme la racine d'ellébore
noir, récemment séchée, de couleur jaunâtre, d'une odeur aromatique, d'un goût amer,
(îuibourt en possédait un échantillon qui était sucré; il pensait que cet elfet pouvait
tenir à la vétusté.
Douée comme les aristoloches longue ou ronde (qui nous viennent des
,
pays méridionaux), d'une saveur acre, amère, d'une odeur forte, péné-
trante, elle parait jouir des mômes propriétés que ces dernières, et a pour
nous le précieux avantage, comme indigène, d'être commune au centre de la
France. Les anciens faisaient grand cas de cette aristoloche, si négligée de nos
Jours. Paul d'Œgine l'employait comme purgative à la dose d'un gros (4 gr.)
en poudre dans du vin doux. Aëtius prescrivait deux gros (8 gr.) du fruit
AUISTOLOCHE (XfcjMATITE. 79
de celle plante dans la môme indicalioii, surtout dans les affeclions bilieuses
el pituiteuses.
JN'ayantsur les ellcts de celle [)Linl(,', adniinislrée ;\ rinlérieur, aucune oh-
servalion qui nie soil propre, je ne puis mieuA faire que de citer l'opinion
de Giliberl. ^'oici comme il s'exprime :
—
«Toutes les aristohjchcs, môme
notre aristoloche clématite, cachent un principe médicamenteux très-péné-
trant, répandant une odeur forte, d'une saveur vive, amôre, aromatique, qui
laisse une longue impression sur la langue. L'infusion des racines, édulcorée
avec le miel, est un remède énergique qui augmente le flux des urines, dé-
termine plus abondamment les menstrues. On en donne; aussi la poudre dans
du vin. Ce remède a réussi dans les pAle couleurs, les fièvres intermittentes,
l'asthme humide, l'anorexie dépendante d'une atonie avec glaires. C'est un
puissant adjuvant dans la paralysie, la goutte sereine; appliqué extérieure-
ment, il délerge les ulcères sordides. Toutes ces propriétés, ajoute le môme
autciu', sont constatées par des observations spéciales. Aussi doit-on être
étonné, dit-il, qu'une plante aussi énergique soit presque abandonnée. Nous
nous sommes toujours servi de l'aristoloche clématite, d'après notre prin-
cipe, ajoute-l-il, que l'on doit préférer les plantes indigènes, lorsqu'elles
offrent les mômes principes médicamenteux que les exotiques. »
Alston rapporte qu'en Ecosse on emploie l'aristoloche clématite de préfé-
rence aux autres espèces, surtout comme antigoutleuse. Selon Helde, admi-
nistrée en poudre ou en extrait, et principalement en essence simple ou tein-
ture alcoolique, elle a prévenu les accès de la goutte. On lui attribue même
lafaculté de calmer les spasmes que les goutteux éprouvent fréquemment
dans les jambes avant le paroxysme mais n'esl-il pas à craindre que ce pré-
;
tendu spécifique ne produise des rétrocessions funestes, ainsi qu'on l'a ob-
servé par l'administration de la fameuse poudre de Portland, dont la racine
d'aristoloche ronde fait la base, et que je l'ai vu moi-même par l'usage des
préparations de colchique ?
On lit dans les Ephcrnérides d' Allemagne (1) que la décoction aqueuse de
racine d'aristoloche clématite, à prendre par verres dans la journée, ou la
teinture alcoolique de la même racine, à la dose de 7 à 8 gouttes, à prendre
dans du thé le matin à jeun pendant quelque temps, est un remède efficace
contre la goutte.
Toutes les espèces d'aristoloches, et particulièrement l'aristoloche cléma-
tite, peuvent, à une dose trop forte, causer des crampes d'estomac, de vives
douleurs intestinales, des vomissements, des superpurgations, et même, si
l'on en croit quelques auteurs, occasionner des perles et desavortemcnls (2).
Ces divers accidents, résultant de l'administration imprudente d'un médi-
cament, loin de démontrer le danger de son emploi thérapeutique, prou-
vent au contraire son énergie. D'un autre côté, des médecins dignes de foi
ont regardé l'aristoloche clématite comme une plante faible et douteuse,
malgré les éloges que lui ont accordés les anciens (3). Ces diverses opinions
viennent sans doute du lieu où a été récoltée la plante, de la saison où elle
a été recueillie, el surtout de son degré d'ancienneté. Il ne faut pas oublier
que Gilibert l'a employée dans les environs de Lyon, et que la même plante
.croissant dans les départements du centre de la France est souvent beau-
montré que cette espèce, qui passe pour la plus faible de toutes, possédait
une grande énergie dans plusieurs indications, surtout lorsqu'il importait
de ranimer les fonctions vitales de l'utérus. Je combinais alors ce médica-
ment avec le sirop de nerprun, ou avec tout autre purgatif approprié. Cette
combinaison m"a réussi dans bien des cas où les aloétiques auraient présenté
beaucoup d'inconvénients. Je ne l'ai point encore essayée en France. »
les caiactères de l'absinthe. Les fruits sont des akènes cylindriques, obovales, lisses,
terminés par un disque très-étroit.
Parties usitées. — La racine, les feuilles et les sommités.
[Culture.— L'armoise est très-abondante à l'état sauvage, quoiqu'elle vienne
partout elle préfère cependant les terres légères et les expositions découvertes ; on la
;
multiplie par semis et par division des pieds que l'on pratique au commencement du
printemps.]
Récolte. — au mois de juin ou au commencement de juillet, suivant
Elle se fait
l'époque de Après l'avoir mondée, on en fait des guirlandes et on la porte
la floraison.
au séchoir. Les racines exigent des soins pour prévenir la moisissure. La plante récoltée
dans les jardins et dans les terrains gras el humides est beaucoup moins active que celle
qui se trouve dans les lieux secs, arides, sur les masures.
Propriétés pitysiqties et cliiniiques. —
L'odeur de rarmoise est aro-
matique; saveur des feuilles et des tiges est un peu amère celle delà racine est
la ;
douce. L'infusion aqueuse de riierl)e récente est rougeàtre elle noircit par Taddition ;
du sullale de fer. Sou suc rougit le papier bleu. Cette plante contient, d'après Draconnot,
une matière azotée, amère, et de l'huile volaille. L'eau et l'alcool dissolvent ses prin-
cipes actifs.
Substances incompatibles. — Les sulfates de fer et de zinc.
ques de myrrhe.
prendre 30 à 80 gram. à jeun pendant les dix jours qui précèdent le moli-
men utérin ou l'époque habituelle des règles. —
Lorsque les malades ré-
pugnent à prendre le suc, je leur donne une forte décoction des sommités,
tiède, le matin, pendant le môme espace de temps. Je pourrais citer un
grand nombre d'observations qui constatent l'effet emménagogue de l'ar-
moise ainsi administrée les limites qui me sont tracées par la nature de
—
:
chaude d'armoise surtout chez les femmes qui n'allaitent pas. J'ai remar-
,
qué que l'écoulement muqueux utérin est plus abondant par l'effet de l'ar-
moise, et que cette dérivation contribue à la diminution de l'afflux du lait
dans les mamelles. Une longue pratique comme médecin-accoucheur m'a mis
h même de vérifier ce fait un grand nombre de fois. Il est d'ailleurs expli-
qué par les relations sympathiques qui existent entre deux appareils d'orga-
nes qui concourent au même but. C'est par un effet inverse, et en vertu de
>ces mômes relations, que les ventouses appliquées aux mamelles font cesser
cum aqua stillalitia florum tÙiœ aut florum lilior. Convallium ebibcnda o/fcratur,
protinus cegrum ab epilepsia liberalum tri. n
Et dans Ettmuller :
((Nolum est, quod circa feslum santi Johannis Baptistœ siib radice hujns,
carbones reperiantiir multce taudis in epilepsia. Hi carbones non sunC fabula uti
Hoffmannus vohni, sed nihil aliud est quam radiées artemisicB annosœ dcmor-
tuce, qucB in epilepsia rêvera juvant. »
(2) cite cinq cas oîi ce médicament a produit les plus heureux
Burdaeh
effets a remarqué que ce moyen s'était surtout montré efficace chez des
; il
—
herbe à étcrnuer.
Sy^anthérées, tribu des Corymbifères. — Syngén. polyg. superf.
L'arnica (PI. V), plante vivace qui aime les lieux élevés, froids et om-
,
Description. —
Racine fibreuse, brune en dehors, blanchâtre en dedans, ram-
pant obHquement à une petite profondeur dans le sol, jetant de nombreuses fibres. —
Tige cylindrique, pubescente, de la hauteur de 30 à /|5 centimètres, simple ou donnant
en liaut deux rameaux à fleurs, indépendamment de la fleur terminale. Feuilles —
sessiles, ovales, entières, nervées comme celles du plantain, le plus souvent au nombre
de quatre, formant une rosette couchée au bas de la tige deux autres feuilles cauli-
—
;
naiies opposées, plus petites et lancéolées. l-'leurs grandes, d'un jaune doré, radiées,
belles, terminales; la principale accompagnée de deux autres plus petites (juillet); in-
volucre évasé, composé d'écaillés velues, lancéolées fleurons du disque réguliers,
;
éclats des racines, que Ton replante dans la terre de bruyère mélangée d'un peu de
bonne terre de jardin.]
Récolte. — On récolte les fleurs au mois de juillet, les racines en septembre. On
les monde et on les fait sécher à l'étuve.
Propriétés pliysiques et cliiniiques. —
Les fleurs d'arnica sont peu
odoiantes quand elles sont desséchées fiaîches, surtout quand on les écras;', elles
;
ont une odeur aromatique pailiculière, assez forte pour déterminer l'éternuement.
Leur saveur est chaude, acre et amère. Lassaigne et Chevallier en ont retiré une
résine odorante, une matièi-e amèie nauséabonde et vomitive (cyti-iue), de l'acide
galli(|ue, une matière coloi'ante jaune, de l'allnmiine, de la gomme, et enfin des sels h
bases de potasse et de chaux. Weber y a ti()U\é une huile lileue, et Rucliolz de la sa-
ponine. Toutes les parties de la plante cèdent leurs principes actits à l'eau bouillante
et à l'alcool.
Suivant Dorvault, la composition chimique des diverses parties de l'arnica est mal dé-
terminée. Tout fait présumer, dit-il, qu'elles contiennent un principe particulier.
l'Iîucholz assure avoir trouvé de la sapoiune dans l'arnica et Wéber une huile bleue:
en 1851, P.astick en a extrait un alcaloïde mal défini qu'il a nommé arnicine; sa saveui-
J
AIINICA. 85
csl aiiu'Mc; il loiiiic, tlil-il, avec Pacidi' clilorliytlriqnc un sel ciislallisé on éloiles ; Mali'
a trouvt' dans la racine : Iniilc volalilr 1.5', résine. (i.O, niatièrcs exlraclives IJ'J.O,
{j^omnie 9.0, liqiieui 51.2.
Subslances incompaliblcs. — I.cs sols de Tel', de zinc, de plomb, les acides niiniTauN.
fleurs), en électnaire, bols, i)ilules, etc. sucre blanc, 750 gr.; vin de Madère, 500 gr.
Eau distillée, 50 à 100 gr. en potion (quel- F. S. A. sirop à froid 30 gr. représentent
:
Les elfets primitifs de l'arniqne, administrée à une assez forte dose, ont lien
sur les voies digestives, qu'elle irrite plus ou moins les effets secondaires se ;
produisent par une excitation sur le cerveau et le système nerveux. Les pre-
miers se manifestent assez promptement par un sentiment de pesanteur, de
l'anxiété dans la région épigastrique, de la cardialgie, des démangeaisons à
la peau, des nausées, des vomissements, des coliques, des évacuations al-
vines, une hypersécrétion salivaire, des .sueurs froides les seconds par des ;
gération, elle est repoussée avec dédain par les autres c'est ce qui a eu lieu :
pour l'arnique. Introduite et préconisée depuis plus d'un siècle par Fehr,
cette plante ne tarda point à acquérir une grande réputation en Allemagne;
mais on lui contesta bientôt les propriétés merveilleuses qu'on lui avait ac-
cordées {{). »
Si l'on a célébré sans réserve les vertus de l'arnica, la raison et l'expé-
rience nous disent qu'on l'a rejeté sans examen : Perkulosum est crcdere et
non credere.
L'arnique est douée de propriétés réelles. Il s'agit seulement de bien pré-
ciser les cas où son emploi thérapeutique peut être utile et ceux où il peut
nuire. C'est par son ai)plication empirique ou irrationnelle que cette plante
énergique est tombée dans le discrédit.
Il eût iallu, dans tous les cas, tenir compte, comme sources d'indications
phlogistiques qu'à ces prétendus vulnéraires, qui n'ont souvent d'autre action
que celle qu'ils exercent sur Timagination des malades? Toutefois, nous de-
vons dire que dans certains cas, qu'il est nécessaire de distinguer, l'arnica a
pu être utile.
Quand, à la suite d'une chute sur la tête, dit Desbois, de Rochefort, on
«
craint un amas de sang ou de sérosité, on peut employer ce remède avec
confiance, après une ou deux saignées, si elles sont nécessaires ; il convient
même quand les dépôts séreux ou purulents sont formés. On en fait beau-
sueur froide, un pouls petit et fréquent, des mouvements convulsifs dans les
membres alternant avec le tremb'ement de tout le corps tels étaient les
, ,
88 ARNICA.
surveiller l'elfet.
Murray recommande l'arnica associé au camphre lorsque la gangrène,
aliis fcbrifiKjis fucrit adjuncta, cquidcm slalxierc valcmus ah ca non multum boni
in his fcbribus cxjicctanduni esse.
trouvé (pie, dans les fièvres intermittentes et rémittentes, l'ar-
tiiliberl a
nica diminue seulement l'intensité des accès et augmente les sueurs criti-
ques. Je n'ai pas été beaucoup [)lus heureux que ce praticien. Toutefois, je
dois dire que dans un cas de fièvre double-tierce par récidive, avec œdé-
matie des extrémités inférieiu'es gonflement de la rate, débilité, sans irri-
,
Los rétentions d'urine par ntonie de la vessie, ehoz les vieillards, ont été
cfficacenienl eombaltues par l'arnica. Klnyskens en a obtenu le succès le
plus complet chez trois malades dont l'inertie de la vessie durait depuis
quatre-vingts à cent jours. Remer (1) s'est bien trouvé du môme médica-
mcnl dans des cas analogues.
Colin prétend avoir guéri plusieurs amauroses au moyen de l'administra-
tion des fleurs d'arnica. Murray, Scarpa, ont obtenu de grands succès de la
teinture d'arnica dans les amauroses légères et nerveuses. Suivant Schmuc-
ker, il échoue constamment dans l'amaurose arrivée peu à peu ;\ son plus
haut degré d'intensité. Il est bien difficile, jjour une maladie dont le dia-
gnostic était alors entouré de tant d'obscurité, d'avoir des données exactes
sur l'efficacité d'un traitement.
Escolar (-2) a publié trois faits tendant h prouver les propriétés de l'arnica
contre l'héméralopie; mais comme ce médicament a été employé concur-
remment avec d'autres moyens, tels que les frictions mercurielles cam-
phrées et belladonées, la valériane, l'oxyde de zinc, etc., il n'est pas pos-
sible d'en distinguer ici les effets.
L'arnica a guéri, suivant Murray, le tremblement des membres ou de la
langue, l'opislhotonos, les convulsions de la tète, le spasme cynique, les
soubresauts des membres. Vitet prescrit le traitement suivant comme le
plus efficace contre la chorée « Fleurs de bétoine de montagne (arnica) de-
:
puis 10 grains (50 centigr.) jusqu'à 30 (1 gr. 50 centigr.), à délayer dans une
petite verrée d'infusion de fleurs de tilleul, à prendre le matin à jeun ;
réitérez pareille dose sur les cinq heures du soir; infusion de bétoine de
montagne depuis 1 drachme (4 gr.) jusqu'à 2 (8 gr.), dans 1 livre (500 gr.)
d'eau pour lavement, à administrer avant la première prise de bétoine. Ne
soyez point étonné de voir les fleurs de bétoine exciter, les premiers jours,
un léger vomissement; l'estomac se fait à l'action de ce remède, et le vo-
missement cesse; alors augmentez par degrés presque insensibles, en bois-
son, la dose des fleurs de bétoine jusqu'à 1 drachme 1/2 (6 gr.) au plus par
jour.... Toutes les méthodes proposées jusqu'à ce jour, dit Vitet, ne l'em-
portent point sur la bétoine de montagne. » C'est là un jugement trop
absolu; tout est relatif en médecine. Si aux désordres* nerveux qui caracté-
risent les affections dont nous venons de parler se joint l'asthénie des or-
ganes, l'arnica pourra réussir; mais s'il y a prédominance du système
sanguin, congestion cérébrale, angioténie générale ou irritation phlegma-
sique occupant un organe ou un appareil fonctionnel important, ce médica-
ment sera évidemment nuisible.
Nous nous dispenserons de retracer l'énumération des diverses maladies
de poitrine dans lesquelles Murray vante la vertu incisive et résolutive de
l'arnica mais nous dirons, avec Roques, que les propriétés nauséeuses de
;
ce végétal ont plusieurs fois triomphé de catarrhes opiniâtres. Dans ces cir-
constances, on mêle avec avantage une certaine dose de fleurs d'arnica aux
fleurs pectorales, de manière à produire des effets nauséeux. On doit conti-
nuer ce moyen avec quelque persévérance. L'arnica n'a pas été moins heu-
reux, selon le médecin que nous venons de citer, dans quelques cas de
pneumonie où les forces vitales abattues font craindre que la crise ne soit
importante, comme dans la pneumonie alaxique. On administre alors, dit
Roques, l'infusion ou la décoction des fleurs avec l'extrait de quinquina;
cette composition excite le système général des forces, ranime l'action pul-
monaire et favorise l'expectoration. Dans le catarrhe suffoquant, Hufe-
land, après la saignée et le vomitif, employait avec succès la décoction
de racine d'arnica. J'ai guéri promptement un catarrhe pulmonaire chro-
Liedbec'k, d'Upsal (1), prescrit avec avantage, conlre les varices des
femmes enceintes, l'arnica à l'intérieur. Il fait infuser 1 gr, de fleurs d'ar-
nica dans 250 gr, d'eau, et y ajoute quelques grammes d'alcool. Il fait
prendre une cuillerée à bouche de cette infusion quatre fois par jour.
L'effet ordinaire de celte médication est, dit-on, la diminution des douleurs
qu'occasionnent les varices et la disparition graduelle de ces tumeurs. Il faut
convenir que c'est là une propriété aussi merveilleuse qu'inexplicable.
L'arnica est mis en usage à lextérieur comme résolutif, stimulant, anti-
septique, sternutaloire, etc. La fomentation résolutive de Rosas, conlre les
ecchymoses des paupières, est composée d'une infusion de fleurs d'arnica
et de sommités de romarin dans le vin rouge. Hufeland prescrit, contre
l'induration du tissu cellulaire des nouveau-nés, des fomentations avec l'in-
fusion d'arnica. (Pendant mon internat à l'hôpital Sainte-Eugénie, dans le
service de R. Marjolin, nous avons très-fréquemment obtenu avec rapidité
(trois semaines environ) la résolution de cœphalamatomcs volumineux par
l'application bi-quotidienne d'un linge imbibé de teinture d'arnica.) Szer-
lecki vante la teinture alcoolique étendue de quatre fois son poids d'eau, en
application sur les tumeurs hémorrhoïdales douloureuses. Cette teinture
doit être préparée avec le suc fraîchement exprimé de la plante. J'ai appli-
qué avec avantage sur les ulcères sordides et gangreneux le mélange de par-
ties égales de poudre de racine d'arnica et de camphre.
(Talley (2), a recours aux embrocations d'arnica dans les douleurs articu-
laires et musculaires.)
Les paysans des Vosges se servent des feuilles et des fleurs sèches d'ar-
nica en guise de tabac.
L'extension que j'ai donnée à cet article est jusliftée par le désir de réha-
biliter une plante qui est loin de mériter la proscription dans laquelle elle
languit depuis longtemps. Si les médecins allemands ont exagéré les pro-
priétés de l'arnique, les médecins français l'ont trop dépréciée. Trousseau
et Pidoux ne l'ont pas jrgce digne de figurer dans leur excellent traité de
thérapeutique et de matière médicale (o** édition).
(Actuellement, il se fait une réaction en sa faveur, et son emploi tend à se
généraliser.)
L'arrête-bœuf (PI. V) est une plante vivace qui croît partout en France,
surtout dans les lieux incultes, les pâturages médiocres, les terrains sablon-
neux, les champs incultes, sur les bords des chemins. Les moutons, les
chevaux et les cochons la refusent; les vaches et les chèvres la broutent,
ainsi que les ânes, qui, dit-on, aiment en outre à se vautrer sur cette plante.
Deseription. —
Racine brune à rextérieur, présentant des rayons médullaires
Irès-apparents, pouvant atteindre la grosseur du doigt, longue de 6 centimètres et
plus, rampant sous le sol, et par son extrême ténacité arrêtant parfois tout court la
charrue, de là le nom (Varrèle-bœuf. —
Tiges de 30 à 60 centimètres, dures, coucliées
ou étalées, à rameaux avortés-épineux, puljesccntes et légèrement visqueuses. —
Feuilles inférieures tritoliées, pélioiées, composées d3 folioles ovales-obtuses, dentées,
striées, vertes, légèrement pubescentes, les supérieures simples, stipidées et finement
dentées. — Fleurs roses, quelquefois blanches, axillaires, à pédoncules courts, soli-
réelles. Cependant cette plante ne mérite pas l'oubli dans lequel elle est
tombée. Je l'ai souvent mise en usage dans les tisanes diurétiques. Je l'ai vue
seule, en décoction concentrée, dissiper une anasarque contre laquelle on
avait inutilement employé les diurétiques les plus puissants, tels que la scille,
la digitale, l'acétate de potasse, etc. Elle peut être très-utile dans tous les
épanchements séreux, les infiltrations cachectiques, les engorgements hépa-
tiques et spléniques, l'ictère, etc. Hildenbrand recommande une tisane anti-
néphrétique composée de racine de bugrane, 30 gram.; eau, 500 gr. réduits
:
à 400 gr. avec addition de 15 gr. d'oxymel scillitique; à prendre une demi-
tasse toutes les heures dans la gravelle, le catarrhe chronique de la vessie,
la cystite à sa période de chronicité, l'engorgement de la prostate. Cette for-
mule peut être employée aussi dans l'albuminurie chronique, les hydropisies,
et dans tous les cas où les diurétiques stimulants sont indiqués. Je la rem-
place tiès-bien chez les pauvres par une décoction d'arrète-bœuf et d'oignon
édulcoréc avec le miel.
94 ARROCHE.
possédons, pour combattre ces derniers, des moyens plus énergiques et sur-
tout mieux éprouvés.
Cette plante, originaire de l'Asie, est cultivée dans les jardins pour l'usage
culinaire. On la sème ordinairement en mars et avril. Elle croît rapidement.
Description. —
Racine droite, fibreuse, longue de 10 à 12 centimètres. 'lige —
de 60 h 80 centimolrcs de liauleur, dressée. —
Feuilles alternes, pétiolées, oblongues,
presque triangulaires, molles, d'nn blanc jaunâtre, rougeàtres dans fespèce rubra.
—
Fleurs petites, verdàlres, unisexuées, dioïques, disposées en grappes terminales ot
axillaires (juin-juillet). —
Cinq étamines, deux styles. —
Fruit comprimé, petit akène
recouvert par le calice, valves des périgones ovales-arrondies, un peu aiguës et connue
réticulées.
Parties usitées. — Les feuilles et les fruits.
[Ctiltiire. — I/arroclie est cultivée dans les jardins, on elle est connue sous le
nom à'épinards rouf/es ; on en mange les feuilles ; on la propage par graines semées en
terre légère au printemps.]
PRÉPAR XTIOÎN'S PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'iNTF.RiEcn. — En
décoction, de 30 h 60 gr. A L'EXTÉniEUR. En cataplasmes, en — lave-
par kilogiamme d'eau. ments, etc.
Fruits (comme éméto-cathartique), de 2 à Le fruit entre dans la poudre de guttète.
8 gr.
Les feuilles d'arroche sont émollientes ces feuilles d'une saveur douce,
; ,
dans d'antres cas, il a été moins régulier dans ses elfets il a ])ro(luit de l'an- ;
fromages. [On emploie plus souvent à cet usage la chardonnette ou fleur du cynara
le
rardiiiiculus, (\on\ on mange les pétioles sous le nom de cardons; en traitant les feuilles
d'arlicliaul par l'eau à l'ébullition et faisant évaporer, reprenant l'extrait par l'alcool
à 33" C. et faisant réduire en consistance pilulaire, on obtient une masse ressemblant
à l'aloès, ayant son goût, sa cassure vitreuse et formée en grande partie d'une matière
analogue à Taloétine que (luitteau, qui l'a découverte, nomme cynarlne.]
Substances incompatibles .-
le sulfate de fer.
cuisson leur fait perdre leur àpretc et leur consistance trop solide.
Lartichaut se digère facilement et nourrit assez bien. Loin d'engendrer
des sucs bilieux et mélancoliques, comme le prétend Galien, il ramène l'ap-
pétit, convient à l'homme sédentaire, aux convalescents, aux valétudinaires.
L(!s racines d'artichaut ont été signalées comme diurétiques et apérilives.
J'ai vu des paysans employer avec succès, comme recette de famille, la dé-
coction de racine d'artichaut dans le vin blanc contre l'hydropisie, la jaunisse
et les engorgements abdominaux qui accompagnent ou suivent les fièvres
intermittentes. Le suc des feuilles, à la dose de 3U à lOOgram. dans un verre
de vin blanc, est aussi mis en usage dans les mêmes cas. Wilson(l) affirme
avoir obtenu de bons effets du suc épaissi d'artichaut dans les hydropisies
provenant d'une affection hépatique, et qui avaient résisté à beaucoup d'au-
tres remèdes.
Montain (2) a employé l'extrait d'artichaut avec succès comme fébrifuge.
Trousseau et Pidoux ont vu employer la poudre des feuilles contre les fièvres
intermittentes, par les paysans du Berry, mais ils n'en ont pas constaté
eux-mêmes les propriétés. Fournier et Vaidy (3) ont obtenu des succès
assez constants de la décoction de queue d'artichaut dans une épidémie de
fièvres quotidiennes et tierces qui régna à Valcncay et dans les campagnes
environnantes. Cependant Bailly a fait un rapport "peu favorable a l'Acadé-
mie de médecine sur l'extrait d'artichaut que Montain avait présenté, sous le
nom d'extrait cynarique, comme amer et fébrifuge. La commission ne lui a
pas reconnu les vertus fébrifuges qu'on lui avait attribuées ce n'est qu'à la ;
dose de plusieurs onces que l'on est parvenu, dit-elle, à supprimer les accès
de fièvre mais son amertume est tellement insupportable, qu'à cette dose
;
30 gram. trois fois par jour. « Les faits, disent Trousseau et Pidoux, ne
nous semblent nullement probants, et il est bien probable que l'artichaut
n'est guère plus utile dans le rhumatisme que dans la fièvre intermittente. »
Il faut tenir compte ici de la prévention de Trousseau et Pidoux contre les
fébrifuges indigènes.
Levrat-Perroton a publié quelques faits qui constatent l'efficacité du suc de
feuilles d'arlichaut dans le traitement de l'iclère chronique. (De nouveaux
faits publiés depuis (5) et les expériences de Capenas (de Norwich) semblent
corroborer ces résultats.)
Otterbourg a communiqué à la Société médico-pratique de Paris trois
observations qui ont donné lieu à Aubrun et Charrier de signaler une mé-
thode de guérir la diarrhée, qui est mise souvent en usage dans toutes les
affections chroniques des intestins par un médecin distingué, Moissenet.
(i Chez un enfant de sept ans, ayant un cours de ventre depuis six mois, il
prescrivit de manger quatre artichauts crus à la poivrade. L'enfant en man-
goa pendant cinq on six jours la diarrhée avail (Iis|)aiu. Chanier a vu une
;
diarrhée qui avail deux ans d'exislenee cesser sous rinllncnce du môme
moyen. L'artichaut agit-il (;ommc astringent, ainsi que llomolle paraît le
croire? Le phosphore qu'il renl'ermc scrail-il pour quelque chose dans celte
propriété curative, question soulevée par Dreyfus? JJornons-nous à signaler
le fait sans en cherchei- l'explication (1). » (En Allemagne on a préconisé
l'artichant contre les névi-algics, le scorbut, etc.)
Celte plante vivace(Pl. VI) est très-commune dans les lieux humides, le
long des haies, sur le l)ord des chemins, dans les bois ombragés.
nesci'iption. —Rliizonio arrondi, gros à peu près comme im œuf do pigeon,
luhéroiix , garni de quelques fibres , brunâtre extérieurement , blanc, à Tintéi-icur,
cliarnn et imprégné d'un suc laiteux. —
Tige de 15 h 20 cenlimètres, cylindrique,
lisse, radicale, cannelée, uniflore, tendre, spongieuse, enveloppée intérieurement par
les gaines des pétioles. —
Feuilles longues de 25 à 30 centimètres, sagittées, à oreilles
peu divergentes, engainant la tige par leur pétiole, luisantes, d'un beau vert, souvent
marquées de taches blanchâtres ou brunes qui lui ont valu son nom spécifique, bien
que ce caractère manque quehjuefois. —
Fleur terminant la tige, et présentant : 1° au
lieu de calice, une spatbe monopbylle, membraneuse, très-ample, droite, terminée en
oreilles d'âne, verdàtre en dehors, blanche en dedans; 2° un spadice très-simple, beau-
coup plus court que la spatbe qui l'environne, d'abord blanc-jaunàlre, puis l'ougeâlre
ou pourpre-livide, fleuré à sa partie inf(''rieure, nu à son sommet ou chalon, lequel est
cylindrique, ressend)lant h \m |)ilon, se fléti'issant et tombant avant la maturation (mai).
— Anthères nombreuses, sessiles, létragones, disposées sur plusieuis rangs au centre
du chaton et au-dessous de deux ou trois rangées de glandes aiguës. —
Ovaires très-
multipliés, à stigmate barbu entourant la base du chaton. —
Fruits ou baies globu-
leuses, devenant rouges en nuuàssant, succulentes, uniloculaires, contenant une ou
deux semences dures et arrondies, et formant un bel épi serré.
Parties usitées. — La racine (rhizome) et les feuilles.
[Culture. —
L'arum n'est cultivé que dans les jar.lins de botanique; on le pro-
page de graine ou de cayenx, soit encore par séparation des pieds, dont on plante les
éclats en teri-e un peu ond)ragée et abritée les essais de culture en grand n'ont donné
;
à des ébuUitions répétées. On obtient par ces procédés une fécule blanche très-nour-
rissante, et avec laquelle, suivant Cirillo, on peut faire de fort bon pain. Il y a évidem-
ment une grande analogie entre l'arum et le manioc, avec lequel on se nourrit aux
Antilles dans l'un comme dans l'autre, la matière nutritive se trouve mêlée au poison
;
L'arum est un poison violent. Mâché, il est d'abord presque insipide; mais
il développe bientôt une saveur acre et brûlante; des douleurs vives et lanci-
nantes se font sentir dans tout l'intérieur de la bouche, auxquelles succèdent
inmiédiatement de violentes douleurs d'estomac, des vomissements, des coli-
ques, des convulsions, des crampes, des évacuations alvines, le refroidisse-
ment des membres, la petitesse du pouls, la rétraction des muscles, etc. Ces
symptômes s'accompagnent du gonflement excessif de la langue, d'une in-
flammation intense de la bouche et du pharynx qui s'oppose à la déglutition,
et qui rend très-difficile l'administration des remèdes. (Dans un cas publié
dans la Gazette médicale de Porto (1860, n^ 0), on ne put même pas intro-
duire une sonde œsophagienne, tant était grande la tuméfaction des par-
ties.) La mort, plus fréquente chez les jeunes sujets^ arrive par surexcita-
tion nerveuse ou par asphyxie.
L'empoisonnement récent réclame l'emploi des vomitifs les plus prompts.
On tloit se titiller l'arrière-bouche avec les doigts pour provoquer le vomis-
sement. Lorsque l'inflammation a lieu, il faut lui opposer les saignées géné-
rales et locales, les bains tièdes. Pour calmer les douleur^ gastriques et intes-
tinales, on aura recours aux préparations d'opium. Le vinaigre, conseillé par
Vicat, serait funeste au début en dissolvant le principe vénéneux de la plante,
et en la présentant à l'absorption sous une forme plus assimilable encore.
Il ne doit être administré que plus tard, lorsqu'à la réaction ont succédé
provençal, à l'imitation de Mesué conseille aussi dans ces cas des potions
ou des pilules d'arum avec le jus d'origan, d'absinthe ou desauge. Cette
composition, dit-il, à la dose de quatre scrupules, purge efficacement et sans
violence. Les moyens employés dans ces formules pour corriger le principe
trop actif de la racine d'arum administrée à l'état frais sont à remarquer.
AUUM. 99
Ils viennent à l'appui de l'opinion (''mise par Martin Lauzer (1) sur l'effica-
cité présumée des huiles essentielles dr lliyin ou de menthe dans rcnipoison-
ncment causé par cette plante.
Gesner dit avoir guéri trois hommes et une femme atteints de phthisie
commençante, et en avoir soulagé phisieurs autres en leur administrant l'ex-
trait vineux des feuilles et des racines de cette phinte, en parties égales.
L'ell'et de ce remède était de produire des expectoi-ations abondantes. Ilor-
tius rapporte l'observation d'un enrouement très-invétéré guéri au moyen
d'un looch composé de poudre de racine d'arum mêlée avec du sucre candi
et un sirop approprié.
J'ai fait cesser en dix jours une bronchorrhée chez un cultivateur qui en
était atteint depuis un mois, par suite d'une bronchite aigiie, en administrant
trois fois par jour 1 gramme (le racine de cette plante mêlée en forme d'élec-
tuaire avec q. s. de miel. Je l'ai employée aussi avec succès chez un enfant
de trois ans, atteint d'une coqueluche qui menaçait de se terminer par une
pneumonie chronique. Je faisais prendre 30 centig. de cette racine pulvérisée
trois fois par jour, et ensuite cinq fois. Elle produisait quelquefois le vomis-
sement, et toujours quelques évacuations alvines. Après douze h quinze jours
de son usage, la guérison était complète. Dans d'autres cas, je l'ai associée à
la poudre de racine de belladone. Son effet me paraissait analogue à celui de
l'ipécacuanha, qu'elle peut, je crois, remplacer comme expectorante, ayant
la même action sur les muqueuses bronchique et gastrique. Je n'employais
que la racine de l'année.
(L'usage de l'arum dans les affections chroniques des voies respiratoires
trouve une consécration dans celui que les praticiens américains font de
l'arum triphyllum.)
J'ai administré la racine d'arum dans l'asthme humide, la cachexie suite
de fièvres intermittentes prolongées, Thydropisie, comme purgative et diuré-
tique. Je commençais par la dose de 2 à3 gram. en poudre dans de la tisane
d'orge j'étais souvent obligé de diminuer cette dose pour l'augmenter gra-
;
c Quel malheur, dit le médecin béarnais, qu'un homme qui parait avoir été
Cette plante vivace (PL VI) se rencontre dans les lieux ombragés et vient
spontanément dans toute l'Europe. Je l'ai cultivée dans mon jardin. Je l'ai
trouvée dans la forêt de Boulogne-sur-Mer et dans les bois environnants.
Descriiition. —
Rhizome briin-grisàlre extérieurement, jaunâtre à Tintérieur,
tortueux, genouillé, luherculeux, quadrangulaire, dense et comme ligneux, jetant de
nombreuses rd)res radicales, blancliàtres. —
Tige très-co irte, simple, garnie d'écaillés
membraneuses, se terminant par deux feuilles. —
Feuilles portées sur de longs pétioles,
rénit'ormes, coriaces, d'un vert foncé et luisant en dessus, d'un vei-t pâle en dessous,
recourbées eu dedans. —
Fleurs liermaplirodites, régulières, solitaires, petites, d'un
pourpre noirâtre, portées sur un court pédoncule, et dont tous les organes pcrsisîent
jusqu'à la maturité (avril-mai). —
Calice campanule pétaloïde, à limbe trifide, a lobes
égaux, velus en dehors. —
Corolle nulle. — ,
[Culture.— L'asarel n'est cultivé que dans les jardins de botanique; d vient
dans tous les teriains, mais il préfère une exposition ond)iagée ; on le propage par
éclats des rhizomes.]
Récolte. —
La récolte de l'asaret doit se faire au printemps avan! la floraison, ou à
l'autonme pour la racine, pendant tout Tété pour les feuilles. En récoltant la racine
aux deux époques indiquées, on l'a de bonne qualité pendant toute l'année, puisqu'on
l)eut ainsi la renouveler deux fois par an. Quand on la prend dans le commerce, il faut
la choisir belle, entière, bien nourrie, grosse comme une moyenne plume d'oie, récem-
ment séchée, d'une odeur agréable et pénétrante, camphrée et téréhenthinée. On la
mélange souvent avec les racines d'arnica, d'asclépiade, de fraisier, de poiygala, et
principalement de valériane sauvage l'odeur forte et particulière de cette dernière
:
suffit pour la distinguer. On confond aussi assez souvent dans le commerce la racine
d'asarum avec celle d'une autre plante nommée asarine, antirrhinum nsarina. L.
Propriétés physiques et chimiques. —
La racine d'asaret exhale une
pu'gation.)
L'asaret a été regardé, de tout temps, comme un des meilleurs vomitifs.
Dioscoride, Galicn, Mesué, ont reconnu ses propriétés. Ettmuller, Fernel,
Kranier, Hoffmann, iJocrhnave, AYillis, et un grand nombre d'autres méde-
cins, en ont fait le plus grand éloge. Rivière le considérait comme le vomitif
par excellence dans la lièvre quarte. Linné a reconnu que les feuilles d'asa-
rum, réduites en poudre Irès-fine, avaient des propriétés vomitives plus éner-
giques que l'ipécacuanha.
Yenel se plaignait de ce que les théories des docteurs anodins avaient
banni de la pratique de la médecine cette précieuse plante. Burtin a re-
cueilli un grand nombre d'observations qui prouvent que l'asarum ne le cède
en rien à l'ipécacuanha. Les expériences de Coste et Wilmet sur ce vomitif
indigène ne sont pas moins concluantes. Hanin le regarde aussi comme le
meilleur succédané de la racine brésilienne, et Wauters s'exprime ainsi
sur cette plante Principiis suis consiitue^itibus cum ipecacuanha coinciderc
:
L'asarum, dont les anciens faisaient grand cas, a été négligé depuis la dé-
couverte de l'ipécacuanha mais les gens de la campagne, plus atlaeliés aux
;
traditions populaires (pu- les citadins, ont conservé l'usage de C(î remède.
Ils recourent à l'iidusiou des feuilles [)our provoquer le vomissement et la pur-
gation. Je dois dire (pie je l'ai toujoui's vu emidoyer avec avantage, et (ju'il
n'a produit, dans certains cas, d'autres accidents que ceux que tous les
éméto-cathartiques excitent quand ils sont pris ù dose trop élevée ou intem-
peslivcment administi'és ; (!0 ù HO centig. de poudre de racine d'asaret font
aussi Lien vomir que la même dose (l'ipécacuanha, et ne fatiguent pas davan-
tage. J'ai employé cette poudre fi la dose de 10, ITi ou 20 ccntig., comme
altérante, dans la bronchite chronique, la coqueluche, et surtout dans la
diarrhée. Elle m'a réussi aussi bien que l'ipécacuanha. Je la môle quekjue-
fois i\ la belladone pour combattre la coqueluche.
Des auteurs, et notamment Gilibert, ont avancé que l'énergie des feuilles
est moins puissante que celle des racines. Je n'ai pas cette opinion les feuil-
;
les m'ont paru jouir d'une action tout au moins aussi prononcée. Loiseleur-
Deslongchamps a môme constaté, par une série d'expériences, que la force
émétique était plus développée dans les feuilles que dans les racines; ces
feuilles, dit le zélé défenseur de la matière médicale indigène, offrent un
émétique qui l'emporte sur tous les autres.
Longtemps gardée, cette racine n'est plus vomitive; après six mois, elle
n'est que purgative; après deux ans elle ne purge presque plus, même à la
dose de 1 gr. 50 cent. Elle acquiert alors la vertu diurétique, et peut être
employée comme telle dans les tisanes. 11 faut donc avoir égard à son plus
ou moins de vétusté pour en régler les doses ou remplir telle ou telle indi-
cation.
Il est bon de remarquer que l'administration de l'asarum sous forme
mais elle a plus d'activité sur la peau et sur les voies urinaires.
(Le nom de Cabaret provient, dit-on, de ce que les ivrognes employaient
cette plante comme vomitive, afin de recommencer à boire. En Russie, elle
a la réputation d'être un excellent remède contre les effets des liqueurs al-
cooliques. Y a-t-il simplement dyspepsie à crapula, Smirnoff (1) lui attribue
la propriété de relever l'appétit défaillant et de neutraliser le besoin fac-
tice, mais irrésistible de l'alcool. Quand l'eau-de-vie ne peut être aban-
donnée par les buveurs invétérés, c'est ce liquide lui-même qu'il prend pour
véhicule l'asaret soutient alors la résistance du malade et on voit augmen-
;
ter l'intervalle qui sépare les attaques de deUrium tremens habituelles; pen-
dant l'ivresse elle-même, traitement en tout identique, par la décoction
d'asarum.)
Rondelet dit avoir employé avec beaucoup de succès la décoction aqueuse
d'asaret contre la sciaiique.
Quelques auteurs rapportent que l'asarum a été souvent employé dans le
but coupable de provoquer l'avortement.
Les maréchaux qui, dans nos campagnes, exercent la médecine vétéri-
naire d'une manière toute traditionnelle et routinière, regardent le cabaret
comme un bon purgatif, propre au traitement du farcin et à l'expulsion des
vers chez les poulains ils donnent la racine en poudre à la dose de lo à
:
l'autre d'un style coiul que termine un stigmate commun, chainu, cylindroïque, cou-
ronné par les anthères, au moyen des écailles dont chacune d'elles est munie à son
sonmiet. —
jFruit deux follicules géminés, oblongs, ventrus, longuement acuminés,
:
ment après la maturité des graines, ou par éclat de pieds, de drageons ou de rejetons
plantés en mars. |
Récolte. —
La racine d'asclépiade ])eut (Mre lécoltée depuis l'automne jusqu'au
j)rintemps. La dessiccation fait perdre à cette racine une grande partie de ses qualités.
Propriétés physiques et cliinii«|ues. —
La racine récente exhale une
odeur nauséabonde, analogue a odeur s'alfaiblit et
celle de la valériane sauvage. Cette
se dissipe même par la dessiccation. La saveur, d'abord douceâtre, ne tarde pas à de-
venir Acre et amère.
Cette racine contient une matière vomitive différente de l'émétine (asclépiadine),
une sorte de résine, du muqueux, de la fécule, une huile grasse et consistante, i)resque
cireuse, une huile volatile, de l'acide pectique, du ligneux,"des malates de potasse et de
chaux, et plusieurs sels minéraux (^'E^EULLE).
Les ("frets (lo cotte planlc sur nos organes varient suivant les doses aux-
quelles on l'administre. A ^l'ande dose elle <'st vomitive et [jurgative, elle
peut même devenir toxique (c'est prol)al)lement une de ces hyi)othèses er-
ronées si conununes dans l'ancienne médecine qui a valu à l'asclcpiade le
nom de vincc tovicum); ;\ petite dose elle agit principalement sur les voies
urinaires et sur le système cutané. On l'a conseillée dans les aflcctions
scrofuleuscs, dartreuses et syphilitiques; dans l'hydropisic, les engorge-
ments hépatiques, l'ictère, etc. Ses feuilles sont employées par les paysans
comme résolutives dans les engorgements lymphatiques et glanduleux, les
abcès froids, etc.
Coste et Wilmet rapportent que les habitants du pays de Liège prennent
comnumémenl, à titre de vomitif doux, 30 à 40 grains (1 gr. 50 cenligr.
à 2 gr.) de feuilles il'asclépiade blanche infusées flans un verre d'eau. Aussi
les auteurs que nous venons de citer conseillent-ils de substituer cette plante
à l'ipécacuanha. Wauters indique aussi comme succédané de ce dernier la
racine de vincc toxicum.
((Quelques auteurs, dit Gilibert, condamnent l'usage de cette racine.
Cependant la décoction, que nous avons souvent ordonnée à haute dose, n'a
jamais causé le moindre accident nous l'avons trouvée utile dans les dartres,
;
ou la quatiiéme année ;,une bonne aspergière produit pendant douze h quinze ans.]
Kécolte. —
Les racines se récoltent au printemps, lors de la plantation. En se des-
séchant, ces racines se sillonnent longitudinalement et ont l'aspect de la salsepareille.
On les a quelquefois mêlées avec ce pi'oduit exotique. Il est aisé de les distinguer en ce
que les racines d'asperge sont blanchâtres, et que les autres sont brunes, et qu'en les
coupant loiigiludinalenient elles n'offrent pas ce qu'on appelle le cœur de la salsepareille
[et en ce que l'épiderme s'en détache facilement].
tion dévie le plan de polarisation vers la gauche (lévogyre), tandis que dissoute
dans les acides elle le dévie vers la droite (dextrogyre); sous l'influence de l'eau elle se
transforme en asparinate d'ammoniaque l'acide azotique forme avec elle de l'acide
;
La racine d'asperge, que l'on range parmi les cinq racines apcritives ma-
jeures, communique
à l'urine, ainsi que les jeunes pousses, une odeur très-
dcsagréable, et paraît en activer la sécrétion. L'absence ou la présence de
cette odeur a servi à Corlieu à différencier l'albuminurie idiopathique de
l'albuminurie liée à une altération des reins. Dans le premier cas, les as-
perges donnent à lurine cette odeur particulière; il n'y a aucune modifica-
tion dans ce liquide, lorsqu'il provient de reins altérés (i).
La racine d'asperge est employée comme diurétique dans les hydropisies,
les obslruclions abdominales, l'ictcre, les maladies des voies urinaires, etc.
Les propriétés diurétiques de la racine d'asperge sont contestées par quel-
ques auteurs, et entre autres par le sceptique Chaumeton. Cependant il ré-
sulte d'une série d'expériences entreprises par Gendrin, que l'extrait des
il les a vues, dans deux cas, amener une rechute. Chairétès, directeur du
Jardin botanique d'Athènes (7), a proposé l'asperge, sans s'appuyer sur des
faits concluants, comme propre à combattre la rage, contre laquelle, mal-
heureusement, tous les moyens employés jusqu'à ce jour ont échoué.
[Les propriétés sédatives de l'asparagine ont été constatées par le docteur
AIlcn-Dédrick, de la Nouvelle-Orléans; 40 centigr. ont fait tomber le pouls
de 72 à 5G au bout de cinq ïiiinutes. Cette sédation de la circulation est ac-
compagnée de douleur frontale vive, avec exaltation de la vue et faiblesse
musculaire marquée. Mais les expériences faites en Allemagne ont donné des
résultats complètement négatifs.]
muguet des trouve dans tontes les forets. Les chevaux, les vaches, les
bois, se
montons chèvres en sont friands. Elle rend plus abondant et i)lus sa-
et les
voureux le lait des vaches elle communif[ue aux liqueurs alcooliques un
;
L'aspérule, inodore quand elle est fraîche, d'une odeur fort agréable quand
elle est sèche, légèrement excitante, astringente et surtout diurétique.
est
On l'a employée avec avantage dans la dyspepsie, l'ictère, lagravelle, les
hydropisies. « Elle n'est pas, dit Chaumeton, sans efficacité. » J'ai constate
sa propriété diurétique dans un cas d'œdème des extrémités inférieures avec
engorgement splénique, suites d'une fièvre inlermittente négligée, chez un
jeune garçon âge de dix ans, et pl.icé, par la misère, dans les conditions
"hygiéniques les plus défavorables sous le rapport de l'habitation comme sous
celui des soins. L'infusion de cette plante sèche (4o gr. pour un kilogr. d'eau
bouillante), prise à la dose de trois ou quatre grands verres par jour, a pro-
duit une diurèse abondante qui a dissipé en peu de jours l'infiltration séreuse
et diminue l'engorgement de la rate. La bière d'absinthe a complété la gué-
rison en moins de quinze jours. L'aspérule, par sa propriété diurétique, se
rapproche du grateron {Galiuni aparine, L.).
On a donné à cette plante le nom d'hépatique à cause de l'usage qu'on en
a fait dans la jaunisse et les engorgements du foie, (tant à l'intérieur qu'à
l'extérieur en cataplasmes. Simon Pauli recommande de laver la peau des
dartreux avec sa décoction.)
Cette belle plante croît en Espagne, en Italie, et dans les provinces méri-
ASTIIAGALE. 109
dionalcs de la France. Elle abtjnde dans les hauts pâturages des Pyrénées. La
grâce de sou porl l'éclat de ses fleurs, eu l'ont une des plus belles jjarures
,
des parterres. Les Grecs et les Uouiaius plaulaienl l'asphodèle dans le voisi-
nage des tombeaux, avec le lis, la rose, la violette, le narcisse et l'amaianthc.
Ils voulaient que la dernière denu'ure de leurs pères lut constamment par-
fumée par ces fleurs odoriférantes.
Description. — narines hiilhciisos et fasriculéos, ohlongucs, cliarnuos, —
Tige
(le 60 ceiitiiiK'Ires à 1 iiièlro, droite, cylindriciiH", nue, plus ou moins ranieii-e supé-
rieurt'nient. —
l-'eiiilies radicales, nombreuses, tn'S-lonf;nes, ensifoi'nn'S, d'un vert
foncé. —
Flenrs blanches, ouvciles m
t'ioih' cl Iravcrst-es d'une ligne brune ou rou-
geàlre (Juin-juillet turmant un ix-rianllie piolondc-menl découpé en six divisions
,
ovales, lanci'olées. —
Ktamines au nombre de six, dont les filaments sont dilatés à leur
base, et recouvrant l'ovaire en forme de voùle. l"'ruil —
capsule un peu charnue, :
|)resque ronde. —
Semences anguleuses.
{Parties iisitét'S. — Les racines.
Culture. — On cultive
asphodèles comme plantes d'ornement; elles viennent
les
bien dans la mais il leur faut l'exposition au midi ; on siMiie au prin-
terre ordinaire,
temps en place ou en pépinière, ou on reproduit par éclat de racines ou par rejetons.]
La culture en grand de cette espèce d'asphodèle offrirait une ressource |)récieuse si
la pomme de terre, A cause de la maladie dont elle est atteinte, venait à manquer.
Les bulbes desséchés fournissent une substance amylacée très-nourrissante. On
peut en faire une sorte de pain, ou la mêler au pain de froment comme la pomme de
terre.
En Espagne, on donne aux bestiaux les bulbes crus ou cuits de l'asphodèle ra-
meux. Dans une ferme de ce pays, dit Roques, une partie des animaux fut nourrie
«
seulement avec du foin et de la paille, et l'autre partie avec des racines d'asphodèle.
Les premiers furent incommodés par un hiver très-humide et très-inconstant, tandis
que les autres le supportèrent parfaitement et engraissèrent pour la plupart. »
[Coni|»ositioii eliiniique. —
Les racines d'asphodèle renfeiment un principe
acre que l'eau bouillante enlève ou détruit, et une matière féculente l'inutme), principe
qui se rapproche de l'amidon, mais qui s'en distingue en ce qu'il ne fait pas empois
avec l'eau, en ce qu'il jaunit pai- l'iode au lieu de bleuir on le transforme facilement;
en sucre qui, par fermentation et distillation, donne Valcool d'asphodèle, que l'on
fabrique aujourd'liui en grand en Afrique.]
L'astragale, plante vivace (PI. VI), est commune en Europe, dans les bois,
les prairies, les buissons. Les bestiaux en sont très-friands. Ou pourrait,
dans les terrains les plus stériles, en former d'excellentes prairies artificielles.
Uegcription. —
Racine ligneuse, produisant de nombreux rameaux qui^ se ré-
pandent au loin. —
Tiges diffuses, couchées sur le sol, glabres, longues d'environ
6'0 centimèti es. —
Feuilles alternes, ailées, avec une impaire, composées de cinq, six
ou sept couples de folioles ovales, d'un jaune pâle un peu verdàlre, en épis ovales-
oblongs, pédoncules, axillaires^ bractées linéaiies, lancéolées; étendard dépassant a
110 ATHAMANTE DE CRÈTE.
peine les ailes. —
Calice monophylle, tubufé, à cinq dentelures aiguës ; dix étamines ;
—
un ovaire supérieur surmonlé d'un style recourbé, que termine un stigmate obtus.
î'ruit : gousse allongée, pointue, arquée, divisée intérieurement en deux loges renfer-
mant des semences réniformes.
Gilibert a employé avec succès l'astragale réglissier contre les dartres, la
strangurie, les coliques et autres maladies qui exigent l'usage des adou-
cissants.
La racine de l'astragale sans tige, qui est d'une saveur amère et astrin-
gente, a été vantée comme antisyphilitique par Winterln; Quarin (1) ;
End-
fer (2) Wegerich (3); 11etz (4)
; ;
Cette plante est spontanée dans l'île de Crète, et se trouve aussi dans le
département de la Drôme, sur les montagnes du Bugey, dans les Pyrénées.
« On croit vulgairement, dit Bodart, que cette plante ne croît que dans les
pays lointains; mais, h l'instar de l'acoruscalamus, qui a son congénère dans
Vacorus vulgaris de Hollande, cette espèce de daucus est spontanée dans nos
départements méridionaux. » On pourrait la multiplier dans les sites conve-
nables de la France.
Description. — Racine blanchâtre. — Tiges vivac^s, de 30 centimètres environ,
droites, striées, pubescentes, deux, trois fois ailées folioles profondément divisées en
;
deux segments étroits, linéaires, pointus; pétiole embrassant la tige par une gaîne
membraneuse sur les bords. —
Fleurs flosculeuses, blanches, disposées en ombelles de
dix à quinze rayons, pétales en cœur. —
Fruits oblongs, hérissés.
[Culture. — KilonVsl cultivée que dans los jardins do ])ofanir[uo ; ollo doniando
un(M'\|)()silion cliaiulc, nii sol légor ol scr on la propago par semis l'ails iinniédiate-
;
cimus, (lisait Baglivi et ce préjuge existe toujours. Les anciens, qui appré-
!
ciaient mieux que nous cette plante, lui attribuaient la faculté d'exciter la
sensibilité nerveuse. On l'a employée avec succès, dit Gilibert, dans quel-
ques coliques spasmodiques, et pour accélérer la sécrétion des urines chez
les sujets dont les reins et la vessie sont dans un état d'atonie, et laissent
accumuler des glaires et des graviers.
L'athamante oréoséline se trouve dans les prés secs et dans les bois des
montagnes en Suisse, en Angleterre, en Allemagne, en France, dans nos
départements méridionaux.
Description. — Racine fusiforme, succulente. — Tige de 60 centimètres de hau-
—
teur, glabre, cylindrique, rameuse. Feuilles ressemblant un peu à celles du persil,
trois fois ailées, à folioles cunéiformes, incisées, trifides ou pinnatifides pétales comme
brisés ou interrompus dans leur — Fleurs direction. blanches, en ombelles
(juillet-août)
;
terminales; assez garnies; collerette générale formée de Juiit ou dix folioles linéaires,
pointues, étalées ou réfléchies.
Parties usitées. — Les racines et les fruits, rarement l'herbe.
[Culture. — Comme la précédente.]
Propriétés physiques et eliimiciues. —
La racine contient un suc
laiteux, amer, gluant, qui, par l'évaporation, donne une résine brillante, aromatique,
d'une couleur jaune à peu près comme la gomme-gutte. L'eau, le vin et l'alcool se
chargent de ses principes actifs. L'infusion aqueuse des semences, des tiges, des feuilles,
est très-aromatique. Cette racine récente, distillée, fournit une eau aromatique distillée ;
Cette plante, dont on ne fait plus mention dans les traités de matière mé-
dicale, mérite pourtant toute l'attention des praticiens. Murray se plaint du
peu de cas qu'on en fait.
Dodonéc (1) attribue à celte racine la faculté d'augmenter la sécrétion de
l'urine, de résoudre les obstructions abdominales, de provoquer une saliva-
tion abondante quand on l'emploie comme masticatoire. Schmiedel (2) re-
garde l'extrait vineux comme un excellent stomachique. Gilibert attribue à
la racine de persil des montagnes la propriété de faciliter la sueur, le cours
des urines, de rétablir les menstrues, d'enlever les obstructions commen-
çantes. Elle a, dit-il, réussi dans la jaunisse, la fièvre quarte, dans l'ano-
rexie. 11 préconise l'infusion de l'herbe dans les faiblesses d'estomac.
ATHAMANTE des cerfs {Athamanta cervaria. L.). Croît dans les monta-
gnes du Languedoc, de la Provence, du Dauphinc, du Jura, de l'Alsace, etc.
On la trouve également dans les bois des environs de Lyon. Elle est très-
recherchée des cerfs, d'où lui vient le nom de cervaria.
Desieript ion. — Ou espèce à sa lige terme, striée, garnie de
l'oconnaît celte
t'eiiilles deux fois ailées, grandes, lancéolées, pointues, inégalement
composées de folioles
dentées en scie, veinées en dessous, d'une couleur glauque. —
Fleurs hlanclics, en
ombelles terminales, à huit ou dix rayons collerettes ayant six à huit folioles lancéo-
;
Cet arbrisseau, très-commun, forme à lui seul plus des deux tiers des
haies.
[Description. — Arljrisseau très-rameux et épineux. — Feuilles glabres, lui-
santes, plus ou moins profondément lobées. —
Fleui-s ])lanches ou roses disposées en
corymbes, d'une odeur très-agréable. —
Etamines nombreuses insérées sur le calice. —
Les fruits sont petits, ovoïdes, d'un beau rouge, couronnés et non entièrement recou-
verts par le calice, ils contiennent deux graines nommées nucules.
Parties nsitées — Les fleurs, les fruits.]
(Propriélés physiques et eltiniif|nes. —
Les fleurs répandent une
odeur pénétrante, analogue à celle de l'amande amère. On y a découvert par l'analyse
la présence de la propylamine. Par la fermentation des fruits on peut obtenir une espèce
d'alcool.Les feuilles, douceâtres, contiennent quelques principes mucilagineux.)
[La propylamine ou propyliaque est une ammoniaque composée, qui peut être repré-
sentée par de l'ammoniaque ordinaire dans lariuelle un équivalent d'hydrogène est rem-
placé par un équivalent du radical alcoolique de l'alcool propylique C« U', soit poui' =
la propylamine Az ] H
( H
On la trouve dans la saumure du hareng, dans les fruits du sorbus acuparia et dans
la vulvaire. Nous y reviendrons en parlant de cette plante.]
L'aune, commun dans toutes les forêts, et connu de tout le monde, se plaît
dans les terrains humides, au bord des rivières, dans les marais. Il croit avec
tant de rapidité ((u'on peut le couper tous les ans. On devrait le multiplier
dans les marais lanycux, ([u"il dessèche et assainit. On sème les graines au
printemps sur une terre légère mêlée de sable, et on le recouvre peu.
Les anciens connaissaient les usages économicjucs de l'aune. Pline dit que
les pilotis d'aune sont d'une éternelle durée, et qu'ils peuvent supporter
d'énormes poids. On le plantait le long des rivières pour les contenir dans
leur lit. Il est, en ellet, prouvé par l'expérience que son bois se conserve
dans l'eau pendant des siècles sans s'altérer. On en l'ait des pilotis en ÏI(jI-
lande, à Venise, etc.
Descriiition. — Arl)ro de 12 à 15 inèlres de liauleur.
•
—
Tronc droit, revêtu
d'une écoroe gorecf, d'ini litiin olivâtre— Uamoaux portant des feuilles ovales, obtuses,
connue tronquées au sonnnel, fiénoiées sur les bonis, visqueuses, enduilcs d'une sorte
de vernis et d'un vert soin])ie; |)rc's(;nlant en dessous, à l'angle de leurs jMincipales
nervures, des touffes de poils lanugineux court jjétiole.
: —
Fleurs naissant avant les
l'euilles diatons mâles cylindriques, pendants clialons femelles courts, serrés, droits
;
;
nu AUNÉE.
Murray a vanté les feuilles d'aune appliquées sur le sein, comme un moyen
pour arrêter l'écoulement du lait chez les nourrices. On les expose
efficace,
préalablement à la chaleur du feu, et on renouvelle ce topique deux ou trois
lois par jour.
Buchner (1) a employé ces feuilles avec succès en pareil cas, et pour ré-
soudre les engorgements laiteux des mamelles. A l'exemple de Murray, il
les hache, les fait sécher dans une assiette jusqu'à exsudation d'un liquide,
et les applique sur le sein plusieurs fois par jour. Ce moyen m'a réussi dans
un cas de galactorrhée, qui durait depuis un mois.
L'année (PI. VI), plante vivace, grande et belle, ayant l'apparence en petit
des hélianthes ou soleils, croît naturellement dans les prairies grasses et
ombragées de l'Italie, de l'Angleterre, de la Hollande, de l'Allemagne, de la
France. Elle est assez abondante dans les bois de Montmorency, de Senart,
de Meudon, de Chevreuse. Elle est plus rare dans les départements du Nord,
011 on la cultive souvent dans les jardins, à cause de la beauté de ses fleurs.
Elle tire son nom du mot aiinaic, lieu planté d'aunes, où elle se plaît. Les
anciens la faisaient naître des larmes d'Hélène, d'oiLi son nom û' Helenium.
Dei^ei'iptioii. — Racine grosse, cliarnuo, rameuse, fauve ou brune à l'extérieur,
blanclio inlt'iiein'oment. — Tige de à 2 mètres,
1 pou ra-
ferme, pnliescente,
droite.,
meuse. —Fouilles raelicalcs (non représentéos sur la figure) très-amples, longues do
30 conlinièlros ol plus, ovalos-allongéos, molles, crénelées, vertes et ridées en dessus,
nerveuses, cotonneuses, blanchâtres eu dessous feuilles caulinaires moins grandes,
;
ovales-pointues, scssiles, pétiole canaliculé, un peu araplexicaules, Los unes et les autres
alternes. —
Fleurs jaunes, solitaires, radiées, terminales sur chaque division de la tige
(juillet-août). — Involucrc composé de plusieurs rangs de imbriquées, ovales, folioles
cotonneuses. — Réceptacle convexe, nu, alvéolé; fleurons d'un beau jaune, Iiermaphro-
diios au centre, luhuloux, quinquifides, ayant leurs anthères terminées chacune à leur
base par deux fdcts libres et pendants demi-fleurons de la circonférence nombreux,
;
femelles, ligules ; réceptacle nu, légèrement convexe, présentant de petites alvéoles rece-
vant les fleurons. —
Fruit consistant en plusieurs akènes oblongs, couronnés d'une
aigrette simple, scssile et poilue.
Parties usitées. — La racine.
[Culture. — terre franche et même humide, elle se propage par
Demande une
semis, plus souvent on on recueille les pieds dans les montagnes et on les transplante;
le
on peut aussi les multiplier par division des pieds opérée au printemps.]
Récolte. —
La racine doit être récoltée h la deuxième ou troisième année. Quand
elle est très-grosse, il faut la fendre, avant de la faire sécher, pour rempècher de pourrir.
La couleur et l'odeur de cette racine se modifient par la dessiccation : elle devient gri-
sâtre et prend l'arôme de la violette ou de l'iris ; mais ces changements n'altèrent en
rien ses propriétés.
tile, un stéai'optèno [hélénïne, camphre dUxnnéc], et une fécule particulière qui ne forme
pas gelée avec l'eau, qui est soluble dans l'alcool bouillant, et qui ne prend pas la cou-
leur bleue par l'iode {inuline, alantine, TronisdorlT), et environ 37 pour 100 d'exlrac-
lil' aiiRT, (1(^ la pomme, de l'alhiimiiif cl des srls .'i haso de polassc, do chaux cl do lua-
giK'sic. li'oaii ol l'alcool dissolvent Ions ses j)iiiici|)Os aclifs.
(fi'inulino existe dans phisieui-s plantes et piciid alors un nom lir<^ d'elles : dalisoine
{dalisca caunabina), daliline [dahlia), etc.)
A i.'iNTKiiiEin. — Décoction
ou infusion, de 15 Vin (1 de racine fraiclic sur 20 de vin blanc),
à 30 gr. par kilogi'annne d'eau ; la dccoc- de GO ;\ 100 gr.
tion, (|ui dissout la rcsino, est très-Acre; Kxtrait, de 1 à 10 gr. en bols, pilules, etc.
l'infusion est trcs-uioniati<|uc, ce qui iciul (iDUservc, de 5 à 10 gr. en bols, pilules.
la prcniicrc plus convenable pour l'exté- Poudre, de 2 à 10 gr. en bols, pilules ou dans
rieur, et la seconde pour l'inlcriiur. du vin.
Siro]), do 30 à 100 gr. en potion. Peu em- A i.EXTiiniian. —
Décoction concentrée, pour
ployé. lotions, fomentations.
Teinture, de 5 à 15 gr. en potion ou dans le Poudre, 1 à 5 d'axonge, pour onguent, pom-
vin. mades, en frictions.
cas. La même infusion, à laquelle j'ajoute 30 gr. de suc d'oignon pour 180 à
230 gr. d'infusion, avec une suffisante quantité de miel, forme une potion
expectorante et diurétique très-ellicace dans le catarrhe pulmonaire à sa
période d'atonie, dans la bronchorrhée, qu'elle tarit promptement, dans
l'hydrolhorax et l'anasarque.
Knakstedt (1) a publié dans les mémoires de l'Institut de Saint-Péters-
bourg, une notice où il établit que l'usage de cette racine, tant à l'intérieur
qu'à l'extérieur, serait un remède Irès-elfîcace contre les dartres, la gale, et
d'autres aîfections cutanées.
Amatus Luzitanus dit avoir employé avec le plus grand succès contre
la gale un onguent composé d'une demi-livre (230 gr.) de racine d'aunée
fraîche, et de 3 onces (150 gr.) de graisse de porc, et avec lequel il faisait
frictionner tout le corps Est enim admirandœ virtiitis unguentum hoc, ut in-
:
cantamcnto cjus opus siiiiile videaiur, dit cet auteur. Contre la gale, chez les
<(
en fait chaque jour des frictions sur les parties qui sont le siège de l'érup-
tion. ))Ce médecin se servait de la formule suivante 3 onces (1)0 gr.) de
:
^Yolf (3) vante l'emploi extérieur de cette racine contre la maladie qui nous
occupe. Rayer assure que dans plusieurs contrées la racine d'aunée, réduite
en pulpe, et incorporée avec de la graisse, est employée en frictions contre
la gale. Les lotions avec une forte décoction de cette racine sont aussi anti-
psoriques. La racine fraîche, julée et réduite en pâte fine, a été employée
avec succès par Bodart, pour déterger les ulcères anciens, et surtout les ul-
cères indolents, causés par la diathèse scrofuleuse.
Je n'ai qu'un seul cas de gale guérie par des lotions faites avec une forte
décoction de racine d'aunée, chez un gai\'on de dix ans. Ces lotions étaient
faites tons les soirs pendant un quart d'heure. La guérison fut obtenue en
huit jourh. Cette gale n'existait que depuis un mois environ.
(L'extrait d'aunée en injections a présenté quelques avantages dans l'otite
chronique et l'otorrhée.)
Les vétérinaires emploient l'aunée dans les affections chroniques de la
poitrine, et lui reconnaissent des vertus excitantes dans certains parts labo-
l'ieux) ((Ml pondre do 04 à 128 gr. pour les grands animaux; de IG à 32 gr.
pour les moulons).
Conysa média, asteris flore luleo. DioscoR., lîAUii. Cnnysa média vulgaris. —
Cluc. —
Aster autumnalis pralensis conysœ folio. Toinirs. ,
chaude et un abri pendant l'hiver, il est môme prudent d'en rentrer quelques pieds dans
l'orangerie; il lui faut uneterre légère, substantielle on la multiplie de graines ou de
;
un pou nulcs au tourlior, oiipaînanlos.— Flours (>n i)aiii(nilp hiclio, quelquefois Uuila-
coniposOd'i'pillcts pciulauls, à doux fleurs, dont los l)allos, jilus courtos que les
U'i'al,
glunios, ont uuo arèto longue, torso vers la base. Celte arcMo se perd souvent i)ar lu
culture. — [Ktamines ti'ois à anthères alloiifiV'os.— Style Ijifide, terminé par deux stig-
mates ])lunicuN. — ]''ruil
: caiyopse, long, larineux, pointu aux deux exliémités.]
Partie:^ iisitéeM. — La semence.
[Culture. — La culture de celte ])lanle csl essentiellement du domaine de T.igri-
cnlluie.]
[Le gruau est à peu près la seule partie de l'avoine employée en médecine; on roblieut
en passant los grains d'avoine entre deux meules pour les d6])arrasser do l'épicarpe,
coranie on le l'ait pour l'orge; le gruau ainsi obtenu est employé en décoction à la dose
de 30 h 60 gr. sous la forme de tisane. Ce n'est pas avec celle avoine que l'on fait le
])ain de luxe connu sous le nom de pain de gruau. Celui-ci est préparé avec la plus belle
farine de froment.
(L'avoine était la base du dccoctum avenactim Loiveri.)
on prétend qu'elle fatigue les organes digestifs par l'irritation que cause son
enveloppe corticale en contact avec la muqueuse, et qu'elle abrège ainsi la
durée de la vie de ces animaux. (On a conseillé, pour obvier à cet inconvénient,
de faire macérer l'avoine avant de la leur donner.)
Divers peuples regardaient l'avoine comme une des principales plantes
alimentaires. La bouillie d'avoine, au rapport de Pline, servait à la nourri-
ture des anciens Germains. Les pauvres habitants de la Norwège, de la Suède,
ceux de quelques provinces de l'Angleterre, de l'Allemagne et de la France,
mangent du pain d'avoine, surtout quand les autres céréales sont rares. Ce
pain est gras, visqueux, foncé en couleur, amer et indigeste.
Il a été constaté que des concrétions intestinales singulières peuvent être
120 AVOIXE.
dans l'espère humaine que parmi les gens qui font leur nourriture habituelle
de la farine d'avoine (1). »
La semence d'avoine, dépouillée de sa pellicule, forme le gruau, qui est
émollient et nutritif. Il est Ircs-employé en décoction dans les maladies de
poitrine, les catarrhes, les toux sèches, l'hémoptysie, les phlegmasies du tube
digestif et des voies urinaires. Avec le lait il forme une nourriture douce,
rafraîchissante, calmante, qui convient surtout aux enfants. Pendant tout le
cours des fièvres typhoïdes, je nourris les malades avec l'eau de gruau, plus
ou moins épaisse, le jaune d'œuf étendu dans l'eau, le bouillon, à mesure
que le malade approche de sa convalescence, pendant laquelle je donne la
bouillie faite avec le gruau concassé, les soupes grasses, etc. 11 est de toute
nécessité d'alimenter les malades dans les fièvres. Si l'on n'avait pas oublié
à cet égard les préceptes d'Hippocrate, on n'aurait pas vu tant de malades
mourir d'inanition au déclin de leur maladie. L'application pratique de la
doctrine de Broussais en a fourni de nombreux exemples. J'ai vu, vers la fin
des maladies aiguës, l'irritation de l'estomac, la persistance de l'état fébrile,
avec sécheresse delà peau, urines rouges, etc., cesser comme par enchante-
ment sous l'influence d'une alimentation douce et graduellement augmentée.
En Angleterre on fait un grand usage, comme nourriture, de la bouillie
de gruau. Cette bouillie est plus délicate si l'on y ajoute des amandes douces
et du sucre. Ce mets est restaurant et d'une digestion facile. On le donne aux
enfants, aux valétudinaires et aux femmes en couche.
(Hippocrate, Galien, Paul d'Egine, Alex, de Tralles, Oribase, Hoffmann,
Boerhaave, prescrivaient la décoction d'avoine brute comme celle d'orge dans
les affections aiguës et inflammatoires.)
Dans ma pratique rurale, j'employais généralement la tisane d'avoine telle
qu'elle est, c'est-à-dire non dépouillée de ses enveloppes. Je lui ai quelque-
fois reconnu une propriété diurétique assez marquée, mais irrégulière et
inconstante. Thémonl, d'Ath (2), a vu des hydropisies rebelles cédera l'usage
de ce remède populaire. Il l'administrait à la dose de deux fortes poignées,
en décoction, dans un litre et demi réduit à un litre. Dubois, de Tournai, a
connu un charretier qui s'est guéri d'une infiltration générale de tout le
corps en prenant la même décoction. Elle lui a aussi parfaitement réussi
chez une femme de soixante-cinq ans, d'une constitution débile, qui avait,
depuis plusieurs semaines, les extrémités inférieures fortement infiltrées.
Ce médicament provoqua une diurèse très-abondante, qui fit disparaître le
gonflement en quarante-huit heures. Dans deux autres cas d'hydropisie, ce
remède ne produisit aucun bien.
L'eau aigrie sur la farine d'avoine forme, avec le sucre et une petite dose
de vin blanc, une limonade antiseptique et stimulante, dont Pringle a con-
staté les avantages pour arrêter les progrès du scorbut.
On prépare, avec l'avoine torréfiée et réduite en poudre, un café laxatii qui
soulage les personnes atteintes dhémorrhoïdes ou sujettes à la constipation.
Deux ou trois tasses prises le matin à jeun, pendant deux ou trois jours,
produisent ordinairement un effet salutaire. On peut y ajouter quelques cuil-
lerées de lait et un peu de sucre. (Roques.)
La balle d'avoine, qui est douce et souple, est employée dans les coussi-
nets pour les appareils de fracture, dans les paillassons pour les enfants au
berceau, et pour les oreillers dans les affections de la tète où les oreillers de
plume causent trop de chaleur. —
En cataplasme, la farine d'avoine est émol-
liente, légèrement résolutive et maturative. J'ai employé a^ec avantage, sur
les ulcères putrides, un cataplasme composé de farine d'avoine et de levure
de bière l'eflet antiseptique de ce cataplasme est très-prompt.
;
—
Japplique
vinaitirc, sur les poinisde colé [ilcurf'-tiques et sur le loinhago; mais je leur
préfère l'aclion d'un ruhrfianl.
Cet arbrisseau (PI. Vil) croît ualurellenicnt sur les montagnes de la Suisse,
daps quelques loealilés des dcparlenienls méridionaux on le trouve dans les ;
préserve les jeunes plants des limaces, et on les repique en pépinière au printemps sui-
vant, pour être mis en place à rautomne.]
Réeolte. — la fin de Tété ou en septembre. On les
Les feuilles se récoltent vers
monde et on l'ombre. Coiime ces feuilles ressemblent à celles du séné à
les fait séclier à
largos feuilles, on les môle quelquefois frauduleusement enseml)le dans un but de falsi-
fication. Elles différent du séné en ce qu'elles sont ordinairement plus grandes, plus
minces, plus vertes, plus tendres, qu'elles ne sont pas rétrécies h leur base, et qu'elles
n'ont pas à leur extrémité cette petite pointe qu'on remarque au bout du séné obtus.
[Rropriétcs ehiiniques. —
Les folioles et les fruits du baguonaudior sont
on tannin d'après E. Baudrimont, l'air renfermé dans les gousses contient moins
riclios ;
Les feuilles du baguenaudier ont une saveur acre, nauséeuse; elles sont
purgatives, ainsi que les semences. Boerhaave, Gesner, Garidel, Tablet,
regardent ces feuilles comme pouvant remplacer le séné. Coste et AVilmct
ont administré ce purgatif à la dose de 30 à 100 gr. en infusion dans 1 kil.
d'eau, avec addition de feuilles de scrofulaire et d'un peu de semence d'anis,
à des pauvres de la campagne, dont plusieurs étaient atteints de fièvres in-
termittentes. Ces malades ont eu constamment sept à huit selles abondantes,
sans aucune fatigue. Ces auteurs lui supposent un effet tonique secondaire.
Bodart dit avoir toujours employé avec succès la formule suivante feuil- :
semence de fenouil sucré d'Italie, deux pincées faites infuser sur les cen- ;
dres chaudes pendant une nuit dans 1 kil. d'eau faites bouillir légèrement ;
gènes qui ont sur le baguenaudier l'avantage de produire le même effet à une
dose quatre ou cinq fois moindre. La tisane purgative dite royale, il est
j
tées colorées et disposées en épi ; les graines noires, pirilormes sont très-recherchées
par les pigeons, elles servent, dit-on, de balle de fusil ; on en retu-e une couleur rouge,
et on en fait des cliapelets.
Parties usitées. — La souche, les graines.]
(Propriétés eliiniiciiies* — La souche contient une si grande quantité de
principes mucilagineux qu'une sorte de gomme se ramasse à son collet.
planlc acquiert parce qu'elle n'est cultivée que comme plante d'ornement,
elle rendrait de grands services et détrônerait la racine de guimauve.)
La ballote noire, plante vivace, est très-commune le long des haies, des
chemins cl des murs, dans les lieux incultes. Le bétail n'y touche point.
Description. — Racines grêles allongées, jaunâtres, fibreuses, chevelues. — Tiges
droites, carrées, rameuses, un peu rougeâtres. — Feuilles ovales, crénelées et ridées,
un peu cordées, pétiolées, opposées, aiguës au sommet, sinueuses et un peu pubes-
ccntcs. —
Fleurs purpurines, disposées en verlicilles serrés, multiflores, axillaires,
opposés (juin-septeni])re). —
Calice campaniforme, à limbe 5-denté, h 5 plis. Corolle —
hilabiée, à tube presque renfermé dans le calice lèvre supérieure droite, entière lèvre ;
[Culture. — La ballote fétide vient dans tous les sols ; elle préfère les expositions
cliaudes ; on la propage par éclats de pieds pratiqués à la fin de Diiver ou par semis
faits sur place.]
Récolte.— On récolle cette plante pendant les mois de juillet et août. Elle n'exige
pour sa dessiccation aucun soin particulier.
Propriétés physiques et —
La ballote est douée d'une
cliinii<iues.
odeur très-fétide et d'une saveur chaude. Elle contient une huile volatile, un
amère et
principe amer et de l'acide gallique. L'eau et l'alcool dissolvent ses principes chimiques.
Siibslances incompatibles. —
Le sulfate de fer.
{Matlhiole employait cette plante contusée appliquée sur les ulcères de mau-
vaise nature.)
Sibérie, cultivée dans les jardins en Allemagne, et que l'on pourrait cultiver
en France Irès-éncrgique. Elle contient du tannin, une matière résinoïde
;
Le décocté de 15 gr. de celte plante dans 500 gr. d'eau réduits à 250 gr.,
est recommandé ])ar les médecins allemands et russes comme très-efficace
dans la goutte, elle agirait à la fois comme diurétique, sudorifique et
où
dissolvant de l'acide urique. On le recommande aussi dans le rhumatisme,
l'hydropisie. Rehman prescrit, dans ce dernier cas, d'ajouter au décocté de
la teinture d'écorce d'orange et de l'éthcr nitrique. Brera et Luzzati, cités
par Mérat et Dclcns, ont constaté l'efficacité de cette plante dans le traite-
ment de la goutte et du rhumatisme. (L'usage de ce médicament détermine
au bout de quelques jours du prurit; les urines se chargent d'acide urique;
puis, si l'emploi est continué, le corps se couvre d'une éruption miliaire, des
sueurs abondantes ont lieu; ces phénomènes annoncent un prompt amen-
dement dans les symptômes. (Ghidella.) Qui sait si le marrube noir, vanté
contre ces dernières maladies par Tournefort, ne produirait pas le même
effet?
La ballote odorante {Ballota siiaveolcns) a été préconisée comme emména-
gogue et anlihystérique.
Cette plante (PI. VIT) vient spontanément dans plusieurs parties de l'Eu-
rope, dans les lieux incultes du midi de la France. On la cultive dans les
jardins.
Seseriiition. — Racine vivacc, traçante, fibreuse. —
Tiges diessées, très-
—
rameuses, ))lanoliàtres et comme pulvérulentes, de 60 95 centimèlres de liauleur.
.'i
124 BALSAMITE.
Feuilles ovales, elliptiques, dentées, d'un vert pâle et pulvérulentes, les radicelles h long
pétiole, les caulinaires sessiles. —
Fleurs jaunes en nombreux capitules, formant une
sorte de corymbo terminal. —
réceptacle plan et nu. —
Involucrc liéniispbérique,
ouvert, composé d'écaillés imbriquées; fleurons lubuleux, tous liermapluodites, à cinq
divisions très-serrées les unes contre les autres. —
Fi'uits : akènes allongés, couronnés
d'une pelile membrane peine sensible et unilatérale.
.'i
[(^laltiire. —Elle préfère une exposition chaude, mais elle croît dans tous les ter-
rains on In propage par rejetons et par éclats de pieds, ou par semis faits en place au
;
printemps ou à Tautomne.]
Récolte. — La balsamile se récolle comme toutes les plantes aromatiques. A cause
d'une ressemblance de nom, des herboristes ignoranis confondent cette plante avec la
balsamine dos jardins {impriticns baluainina), piaule herbacée qui passe pour vulnéraire,
ou avec la balsamine des bois [impalieus noli laïujere), plante acre et vénéneuse, ou même
avec la balsamine pomme de merveille, qui est aussi vénéneuse.
Profiriétés physiques et ehiiuiciiies. — La balsamite exhale, surtout
quant on la presse entre les doigts, une odeur i)énéliante, suave sa saveur est chaude,
;
aromatique et un peu amére. Ces qualités décèlent la présence d'une huile volatile et
d'un principe amer, comme dans la plupart des plantes aromatiques.
coïdes, après trois jours de son usage, chez un enfant de quatre ans. Ce mé-
dicament peut remplacer le semen-contra. C'est un puissant vermifuge.
La balsamite est une plante vraiment utile et trop négligée. C'est un médi-
cament fort énergique, dit A. Richard, et que l'on n'emploie pas autant
qu'elle le mérite, de même que plusieurs plantes de la même famille.
Jadis on préparait l'huile de baume, très-employée dans les plaies et con-
tusions, en faisant macérer les feuilles dans l'huile d'olives. Les campagnards
font encore usage de cette préparation, qu'ils considèrent comme un excel-
lent vulnéraire.
petites fleuis jaunes, flosculeuses, et dont tous les fleurons sont bermaphiodiles. —
lUceptacle un peu convexe.
BARBAUKi:. - HAUDA.M:. 125
Plante bisannuelle (IM. VII) que l'on trouve dans les bois, le long des ruis-
seaux, dans les terrains humides. Elle est cultivée dans les jardins, où ses
fleurs doublent.
Dospription. —
Tiyo droite de 30 conliiiièlros de liant onviron, glabi'o, canne-
lée, simple en lias, ranicn^^ie supéi'ieurenienl. —
Feuilles sessiles, les i)ilëi'ienros gr;uides,
])iinia!ilides, dont le lobe lerniinal est ])Uis grand, arrondi, denté, l(\s lah'ianx ellip-
tiques, presque entiers reuillos supérieures plus petites, lyrées.
; Fleuis jaunes, pe- —
tites, en grappes terminales. —
Calice égal, non bossu à sa base, à quali'e sépales diessés,
caducs. —Corolle à un p(Hale en croix. —
Six élamines, dont deux plus couile.s quatre
petites glandes à la base des filets staininaux. —
Fruit: siliques allongées, télragoncs.
;
Parties — Les
ii!«itées. semence. feuilles et la
— Connue ])eauconi) de crucifères,
[CiiHiire. demande un leirain un
la ])ar])arée
peu humide on multiplie par semis ou
; la de i)ai: éclats jjicds.]
Cette plante (Pl.YII), commune dans presque tous les climats, croit le
long des chemins, sur les terrains incultes, au voisinage des masures. Cette
126 BARDAiNE.
plante est un mauvais fourrage. Virgile (1) recommandait d'en purger les
agronomes de nos jours suivent le môme conseil.
prairies; les
Ilesri'iiitioii. —
Racine bisannuelle, grosse, longue, cylindrique, l'usifornio, noi-
râtre en dehors, blanche en dedans, garnie de filaments çà cl \h, surtout vers le bas.
— Tige herbacée, dure, annuelle, striée, rameuse, de 60 h 90 cenlimélres. iMHiilles —
inférieures lrt>s-aniples, cordil'ornies, péliolées, crénelées, vertes en dessus, légèrement
cotonneuses en dessous les supérieures successivement moins grandes, simplement
,
simple sessile.]
Parties usitées. — La racine, les feuilles, quelquefois les fruits.
[Culture. — Elle n'est cultivée que dans les jardins de botanique ; on la propage
de graines semées en place et en toute saison.]
Récolte. —On récolte la racine de Ijai'dane de la première année en octobre ;
dedi dccoclum radicwn hardanœ ; qiuc Icvi pretio ubiquc hahcri possunt, '!t siini-
lem effectum imo majorem quam a dccocio chince potato, vidi. » Wauters a eu
recours plus de cent fois à ce médicament pour combattre l'affection dont
il s'agit, et il l'a toujours vu produire les mêmes effets que la squine. Car-
curari non poterat. j\foniliis fuit Pciinm tune tcinporis /Aitctidniedicinavi facicn-
tcin muUos ab hoc inorbo libcravc rcnicdio pccidiari quod a quodaui Turco didi-
cerat iUum vocnri jussit : ab coque curntus est. Jicnicdium taie crat :
;
exto'iorc et duo juxta humeras, probe teijcndo cegrum ; sudores eopiosi cxei-
,
tantur pcr horam unam eum dimidia et circa vcsperam alviis solvitur bis aut
ter : hoc remcdium pr(tmissis univcrsalibus usurpabalur per spatium quin-
decim aut viginti dicrum. Postea eapicbat manc singidis dicbus dccoctiim bar-
danœ sine scnna et sine ullo regiminc per mensem intcgrum aut dics quadra-
ginta. »
On que les sueurs provoquées ont été très-
voit, d'après cette observation,
utiles, et qu'elles ont pu, après plusieurs traitements mercuriels, amener la
guérison de la syphilis dont était atteint Henri III. Il est à remarquer que ce
n'est guère que dans ces circonstances que les végétaux dits sudorifiques
guérissent la vérole. (Je lis dans Baglivi (2) Badix Bardanœ apluribus doctis-
:
nom d'herbe aux teigneux qu'on donne vulgairement à cette plante. Il re-
commandait surtout un onguent, espèce àc, nutritum qu'il faisait préparer
avec un demi-verre de suc de feuilles de bardane non clarifié et autant
d'huile qu'on triturait et qu'on agitait à froid avec plusieurs balles de
,
un peu d'oxyde de plomb, qui sans doute ajoutnit encore aux propriétés du
suc de bardane. La plupart de ces ulcères atoniques variqueux, si opiniâ-
tres, aux jambes, guérissent très-facilement en les recouvrant d'un plumas-
seau trempé dans cet onguent, et par-dessus, d'une feuille de bardane. Il
est rare, dit Percy, de les voir résister à ce puissant topique il en ramollit
:
les bords calleux, y attire une suppuration de bonne qualité. Enfin, cette
pommade a été souvent appliquée avec succès sur des tumeurs scrofuleuses
ouvertes, et même sur des cancers, dont elle a ralenti la marche et calmé
les douleurs.
Les cataplasmes de feuilles de bardane soulagent dans les gonflements
articulaires chroniques, suite de l'arthrite aiguë. J'ai vu un engorge-
ment de cette nature au poignet se dissiper au moyen de cataplasmes de
feuilles de bardane avec une sutfisante quantité de son, appliqués soir et
matin pendant quinze jours, et recouverts avec des feuilles fraîches de la
même plante.
Hufeland conseille contre l'alopécie des lotions fréquentes sur la tête
avec une décoction de bardane. D'après Guersent (1), les cataplasmes pré-
parés avec les feuilles de cette plante soulagent beaucoup dans les engorge-
ments hémorrhoïdaux et dans les engorgements articulaires produits par
la goutte.
Les feuilles vertes de bardane, légèrement froissées et appliquées sur les
tumeurs blanches, à l'envers, excitent une exhalation cutanée qui soulage
beaucoup. Pour provoquer la transpiration aux pieds dans les affections ca-
tarrhales, j'ai vu des paysans se les envelopper avec de larges feuilles de bar-
dane. Gela m'a donné l'idée d'en appliquer sur la poitrine et entre les épaules
dans les maladies des voies respiratoires, ce qui m'a parfaitement réussi.
11 est plus facile de trouver ce moyen à la campagne que de se procurer un
BASILIC. 12y
lueux ? Toutes les Ibis que je goûle I.i lacinc de bardane, je suis étonné
de ne pas la rciiconliei' plus souvent dans les cuisines que dans les phar-
macies. Elle i)eul s'apprêter de même (jue celle de scorzonèro, tandis que
les jeunes pousses, cueillies au printenq)s, se manf^ent connue les aili-
chauls, les cardons et les asperges (I). » A ce conq)le la salseijareille, dont
la saveur est si peu piduoncée, devrait être aussi hannii; de la matière mé-
dicale.
Récolte. —
Le basilic commun est l'espèce qu'on cultive de préférence pour les
usages économiques et médicinaux, fl lui faut une bonne exposition et une terre sub-
stantielle. On l'arrache avant la floraison, et on en fait des paquets qu'on met sécher
à l'ombre, dans un lieu bien aéré. On l'enferme ensuite dans des boîtes, et on le pul-
vérise loi'sqn"on veut s'en servir dans les ragoûts avec les autres épices, ou comme
sternutatoire.
Propriétés ehimiques.
|»liysi<|ues et Tonte la plante exhale une—
odeur agiéable, qu'on aime à retrouver dans la plante desséchée. Sa sa\eur forte,
et
picpiante, agréable, l'a fait placer au rang des meilleuies épices.
Les feuilles donnent, par la distillation, une assez grande quantité d'huile essentielle
très aromatique.
rose, ttc.
Le beccabunga, plante vivace (Pl.YIII), est très-commun sur les bords des
ruisseaux et des fontaines. Il a bien moins d'analogie, sous le rapport médi-
cal , avec les véroniques qu'avec la famille des crucifères. Le bétail broute
cette plante avec avidité.
Descriptioit —
Racine Ijlanclio, verdàtre, fibreuse, traçante.— Tige cylindrique,
couclu^e, rougoàlro et stolonifére inl'érieurement, se redressant ensuite, prenant une
teinte verte, et s"élevanl jusqu'à la liauleur de 20 à 30 centimètres et plus. — Feuilles
opposées, courteuKMit pétiolées, ovales, glabres, un peu charnues, denticulées. — Fleurs
en grappes latérales, axillaires, tHalées (juin), cliacune portée sur un pédicelle très-
grèle et garni à la base de deux bractées. —
Calice persistant, à quatre divisions. —
Corolle bleue, nionopétale, en roue, dont le limbe est partagé en quatre lobes ovales. —
Deux étamines insérées au tube court de la corolle, et dont les filaments sont terminés
par des anthères oblongues, subsagitlées. —
Un ovaire supérieur, compi'imé latérale-
ment, surmonté d'un st^io filil'onno et d'un stigmate simple, comme tronqué. —Fruit :
capsule piTscpie coi-diloi'me, a deux loges, renfermant beaucoup de petites graines arron-
dies et noirâtres.
Parties usitée!!».— L'herbe.
[Culture. — Le beccabunga vient mieux dans l'eau et dans les endroits inmiides,
mais il est alors moins actif que lorsqu'il a poussé dans un endroit sec on le multiplie
;
par semis faits au printemps ou par éclats des pieds opérés à la même éj)oque ou à
l'automne.]
R^'i'olte. — Il faut (iioisir le beccal)iinga qui croît sur le bord dos ruisseaux et
qui est expose au suicil. Celui i|tii |)lou|j;e (Mi enlifr daus l'eau ou qui croît à roiiibre
contient moins de jiiincipi's actil's. Celle ])laiilc doit èlir employée fraîche.
Pi*o|»i*i<{'t^'H |ili^'Mic|iieH vt cliiiiii(|iieH. Dès le premier piinteniits,—
lorscpTelle commenci' à pousser, et vers la lin de l'élé, pendant la Irnclification, cette
plante est seulement aqueuse on astrin;j:ente, et peu sapidc ; mais lorsqu'elle est déve-
loppée et prOite fleurir, elle oll're <lans toutes ses parties une saveur d'abord légère-
.'i
ment acerbe et amére, |)uis ensuite acre et piquante comme celle du cresson, avec lequel
elle a la plus fj;rande analogie, ainsi qu'avec d'aulres crucifères. Elle fournit un j)rin- —
cipe volatil, du sulfate de cliaux et de l'albumine vég<Uale.
Cette plante (PI. VIII), commune dans les climats chauds et tempérés,
plupart (les forêts des environs de Paris et dans celles du centre et du midi
de la France. Je l'ai rencontrée dans les taillis du Boulonnais. Elle est cul-
tivée dans les jardins.
plus loiit^ ()u'elles un ovaire supérieur, sphéroïde, surmonté d'un stylo un peu incliné,
;
s'étale alors en étoile, biloculaire et contenant plusieurs graines rénitormos fixées sur un
placenta à épisperme chagriné.
[Parties usitées. — Los racines, les feuilles, les fruits, les graines.
Két'olte. —
On récolte les feuilles dans le mois de juin, les baies dans les mois
d'août, les racines de mai en juin. La racine recueillie en mars est moitié moins éner-
gique; celle do fautomne possède \me activité intermédiaire (Sclioff). Ces différentes
parties se sèchent à l'étuvo : les feuilles et les sommités disposées en guirlandes, les ra-
cines, tpii sont grosses et longues, coupées en rouelles.
dans falcool, soluble dans l'eau, précipitablo par la noix de galle; une matière résineuse
soluble dans l'alcool, et qui paraît être le principe actif; do l'acide acétique libre beau- ;
A la dose de 1 centigr. pour début, elle dosage ne nous paraît pas aussi exact ni
peut pi'oduirc de graves accidents. aussi facile qu'avec les papiers gradués: il
Teinture d'atroi)iiie, 1 goutte dans un demi- est bien entendu que cette Au'mc d'admi-
verre d'eau comme proi)hylacti(|ue de la nistration des médicaments peut être appli-
scarlatine pour un enfant de cinq ans; — quée à toute autre substance active (cala-
2 g'iuttes â dix ans, 3 à quinze ans. — bar, csérine ou calabarine , morphine,
[Mais on emploie i)lus souvent, pour le même strychnine, etc.), et qu'on po'. rrait l'appli-
usage, la teinture de belladone à dose pro- quer à la méthode endermi'i' •.]
gressive de 6 à 20 gouttes dans un verre
La belladone entre dans le baume tranquille (vulg. huile verte) et dans Tongiienl po
on
puleiim, prép;irati(»iis qui contiennent les |)rincii)es narcotiques des solanées, que l'or
emploie trop rarement, et qui étaient autrefois d'un usage fréquent.
Parmi les préparations désignées pour l'usage interne, la poudre des feuilles ou de la
racine, l'extrait de suc non clarilié, l'extrait alcoolique (lorsque ces deux extraits ont
été bien préparés) et la teinture éthérée, paraissent être celles qui doivent mériter la
préférence. Toutefois l'atropine, employt'c avec prudence, devra l'emporter sur toutes
134 BELLADOiNE.
les autres preporalions connue principe aclif de la plante, elle offre plus de certitude et
:
Effets toxiques. —
La belladone est un poison narcotico-âcre.
Avant de parler des effets de ce poison chez l'homme, nous devons faire
connaître ceux qu'il produit chez les animaux. Si l'on en croit Giacomini,
les chèvres paraissent pouvoir prendre impunément cette plante. Un lapin
fut nourri de belladone pendant trente jours sans en éprouver le moindre
effet, même sans dilatation des pupilles (1). (Cl. Bernard s'est élevé avec
force contre cette idée' d'immunité acceptée sans contrôle sérieux, et qui a
cours de])uis trop longtemps dans la science. Mon.compatriotc, ami et an-
cien collègue Lcmattre, dans son mémoire sur les alcaloïdes des solanées,
couronné par l'Institut, s'exprime ainsi à ce sujet « Les animaux dont il est
:
cite des exemples. Boucher (3) a réuni les cas cités dans les anciens auteurs
botaniques. Bulliard rapporte le fait de quatorze enfants de la Pitié qui
s'empoisonnèrent au Jardin du Roi, en 1773, avec les baies de belladone.
L'exemple le plus remarquable est celui de cent cinquante soldats français
qui furent victimes d'une semblable méprise (i).
On lit dans le liuUeiin des sciences médicales de Ferussac (5) deux faits qui
tendent à prouver que ces fruits ne sont toxiques qu'à une dose un peu éle-
vée. Selon Gigault (G), de Pont-Croix, en Bretagne, les paysans mangent les
fruits de la belladone, qu'ils appellent guignes de côte, et depuis trente ans
D'antres laits, bien plus noudjrcux, déposent contre cette innocuité des
baies de belladone prises i\ petite dose. On lit dans Valmont de liomare ce
qui suit De deux jeunes gens (pii, dans le Jardin des Plantes de Leyde,
: <(
ou irrégulière H
oppressive, stertoreuse; pouls fréquent, lort, vif ou rare,
faible et irrégulier; aversion pour les liquides; chaleur delà peau, éruption
scarlatineuse, taches gangreneuses; incontinence d'urine, dysurie, ischurie;
enfin, syncope ou convulsions, soubresauts des tendons, rire sardonique,
tuméfaction et sensibilité du bas-ventre; pouls petit, filiforme; froid des
extrémités, chute des forces, prostration, mort.
Ces symptômes n'existent pas au même degré, ni tous à la fois. Ils se
succèdent ou alternent entre eux. Les principaux, tels que les nausées, le
vertige, le délire, les spasmes, la difficulté ou l'impuissance de la station
debout, la dilatation des pupilles, l'assoupissement, etc., sont variables dans
leur invasion. L'assoupissement qui suit quelquefois le délire, se montre
près de sept heures, que les suites que je viens de rapporter et que je re-
garde comme heureuses, eu égard à la cessation instantanée du spasme
vésical, je m'abstiens de toute médication. Une abondante transpiration, qui
138 BELLADONE.
dure toute la uuit, dissipe l'assoupissement. A mon arrivée, le lendemain
13 au matin, je trouve M. Moleux ayant seulement les pupilles dilatées, la
vue un peu trouble, de la propension au sommeil, mais, du reste, enehanté
d'une cure aussi prompte qu'inespérée.
Cette dose toxique de laudanum et de belladone, qui a guéri à l'instant
môme M. Moleux, l'aurait infailliblement empoisonné s'il avait été dans son
état normal. La dépression des forces circulatoires et de la vie organique
par les émissions sanguines, d'une part, et la persistance du spasme local
porté à un haut degré, avec exaltation de la vie nerveuse, d'autre part, ont
fait d'un poison un remède énergique et prompt.
L'action simultanée de l'opium et de la belladone, dont les effets sur l'or-
gnisme ne sont point identiques, n'a-t-elle pas pu aussi apporter quelque
modification dans le résultat de leur ingestion?...
(Cette dernière interprétation des faits ne laisse dans l'esprit aucune es-
pèce de doute; comme le dit Behier(l), en citant le fait précédent, la tolé-
rance ne peut s'expliquer que par une neutralisation réciproque des deux
<(
« En rappelant ces derniers faits, dont l'un recueilli en 1839 est rapporté
dans la première édition de cet ouvrage, et l'autre a été observé en 18i8,
j'ai moins pour but de revendiquer une priorité à laquelle j'attache peu de
prix, que d'appuyer une découverte thérapeutique importante, n
(Depuis, de nombreux travaux ont été publiés à ce sujet, de nouveaux
faits sont venus établir l'action réciproque en véritable loi. Nous men- —
tionnerons le mémoire de B. Bell, lu à la Société médico-chirurgicale d'E-
dimbourg et traduit dans V Union médicale (17 et 26 février 1859); la note
de Behier déjà citée enfin un travail des auteurs des Archives résumant
;
médico-physiologiques, il ressort :
1" Il existe dans les deux substances des propriétés opposées; la dilatation
de la pupille pour la belladone, la contraction pour l'opium, sont une des
manifcstii lions les plus apparentes de ces oppositions d'action;
2" La belladone peut être utilisée dans l'empoisonnement par l'opium, et
l'opium dans celui par la belladone.
3" L'âge du malade n'est pas une contre-indication à l'emploi de cet anti-
dote (4).
4" La première indication à remplir dans l'empoisonnement par l'une ou
lautrc substance est d'évacuer l'estomac par les vomitifs ou la pompe aspi-
rante la seconde d'administrer l'agent antagoniste fi dose élevée et frac-
;
(Ccl anlafionisnic s'cxerrc de niôinc IdcalciiK ii( ; ainsi, ^^lla^l()Ii Jdiics (i)
a trouvé qu'uiio artère dans la niembranc iiilcidi^'ilalc d'une grenouille,
sous le microsenpe, se ressci'rait [)resque jus(|u'à rohliléralion, lorscju'on y
apjjlicjuait une solution de sulfate d'atropine; le sang, dans les capillaires
ror-iespondanls et les radicules veineuses, devenait dans un état voisin de la
stagnation. Il versa une certaine quantité de liqueur sédative d'opiuui de
Baltley; l'ellet fut une dilatation complète du vaisseau et l'élan vigoureux
d'une ondée de sang. Tne nouvelle application de sulfate d'atropine ramena
la contraction du vaisseau.
La présence simidtanéc de l'opium et de la helladone dans un collyre
diminue l'action dilatante de cette dernièic (Fano) aussi avons-nous em-
;
Effets physiologiques. —
(Dans ce paragraphe nous aurons aussi bien en
vue l'action de la belladone et celle de l'atropine, son principe essentiel. En
traitant des effets toxiques, nous avons déjà pu donner une idée des sym-
ptômes causés par leur administration. Mais, à dose thérapeutique ou in-
suffisante pour amener des désordres graves, le tableau, pour avoir des
points communs avec celui que nous avons tracé, n'en a pas les couleurs
sombres. Le plus souvent, l'influence de l'agent ne se manifeste que par la
sécheresse de la gorge, les troubles de la vue et la mydriase à une dose plus
;
forme, mais agit davantage sur le sens du tact proprement dit. Appliqué sur
la surface du derme dénudé par un vésicatoire, il produit une sensation de
que celte action laisse après elle une effusion sanguine qui en circonscrit les
limites et l'étendue.
L'influence sur le système musculaire se traduit par le relâchement des
sphincters, spécialement ceux de la vessie et du rectum. Combien de consé-
quences thérapeutiques n'aurons-nous pas à déduire de ce fait? Elle se mani-
feste aussi par la contraction des muscles vaso-moteurs. (Voyez plus haut
l'expérience de Wharton Jones, à propos de l'antagonisme de l'opium et de
la belladone.) Cette excitation des vaisseaux tend h diminuer la quantité de
sang dans les organes et produit une diminution relative de leurs propriétés
vitales, surtout de celles de la moelle et des nerfs (Brown Sequard). C'est h
cette oligaimie de la moelle (Sée) qu'il faudrait rapporter le ralentissement
du cœur" et du pouls, la faiblesse des pulsations et l'abaissement marqué,
quoique passager, de la pression du sang. Suivant Schroff, après ce ralen-
tissement, il se produirait une accélération du pouls allant beaucoup au delà
de l'état normal. « Le resserrement initial des vaisseaux peut contribuer pour
sa part à l'affaiblissement cardiaque qui est incontestable La respiration
devient plus rapide, stertoreuse. n (Sée, in Bull, de thérapeutique, 15 juillet
18G5.)
Secondairement à la contraction artérielle, il se produit une stase veineuse;
le visage est livide; l'œil congestionné, etc., etc.
A dose thérappulique, l'appareil urinaire est souvent peu inQuencé l'é- ;
Tout le monde ou ;\ jx'u près admet maintenant cpie l'iris est constitué
par deux ordres dv (Direscontractiles, très-prohahh'ment mnscidaires :
doniquc point due à une paralysie; elle est due à une contraction
n'est
nnisculaire, contraction qui porte à la fois sur les fibres rayonnées et les
fibres niuscidaires vaso-motrices de l'iris. »
Graefe a établi que l'action de la belladone s'étendait au delà de l'iris et
affectait, en les excitant, les fibres rayonnées du muscle de l'accommodation;
la contraction de ces fibres radiées correspondrait au relâchement de l'ac-
commodation et au minimum de convexité du cristallin; les malades se-
raient presbytes. (Voyez Belladone, § Maladies des yeux.)
Sans oublier que la belladone peut porter son action sur d'autres points
des centres nerveux, nous sommes en droit d'établir, d'après le raisonne-
ment et nos expériences personnelles, que cette solanée vireuse est un agent
excitant du système du grand sympathique.)
Or, le grand sympathique n'agit que comme un conducteur qui transmet
une infiuence dont le point de départ est dans une région de la moelle, nom-
mée par Bndge et Wallcr région cilio-spinale. La b: lladone aurait donc la
propriété d'exciter ce point du système nerveux.
Terminons en citant quelques-unes des conclusions du mémoire de Le-
mattre, relatives à l'étude analytique de l'action de l'atropine, conclusions
qui s'appuient sur des expérimentations nombreuses et très-habilement con-
duites.
L'atropine agit en détruisant l'excitabilité des nerfs et en conservant l'ir-
ritabilité musculaire quelquefois affaiblie; l'excitabilité sensitivc disparaît
d'abord la destruction de la sensibilité des nerfs disparaît de la périphérie
;
gner les doses, car on verrait hientôt se manifester du délire, qui, jxjur
n'avoir rien de grave, n'en doit pas moins être évité, ;\ moins que la (hjuleur
ne puisse ôtre calmée autrement. Nous continuons ainsi pendant plusieurs
jours, jusqu'à ce que le malade n'éprouve plus aucun accident névralgique.
C'est surtout dans les névralgies de la face ({ue nous avons lait usage de ce
moyen. Il ne nous a pas, à heaucoup prés, aussi hien réussi dans la scia-
tique. Nous devons dire que, même f)our les névralgies de la i'ace, la hella-
done seule n'a pas toujours suffi h la complète curation, et qu'il a été qiud-
quefois nécessaire, poiu- piévenir le retour de la maladie, de donner de
fortes doses de quinquina ou de préparations martiales. Toutefois, dans Isa
névialgies fugaces, il est inutile d'avoir recours h ces derniers moyens. »
Suivant les auteurs que nous venons de ci 1er, Tapplicalion de la helladonc
sur la peau revêtue de son épidémie jouit d'une efficacité inconteslahle
lorsqu(> le nerf malade est situé superficiellement, u Nous avons vu, disent-
ils, plusieurs névralgies sus-orhitaires guéries dans l'espace d'une demi-
heure, par l'application de l'extrait de belladone sur l'arcade sourcilière et ;
branches du maxillaire inférieur, il faut recourir aux frictions sur les gen-
cives et la face interne des joues, en recommandant au malade de ne point
avaler l'extrait.
Quand la névralgie occupe le cuir chevelu, on fait raser la tête en tota-
lité ou en partie pour appliquer l'extrait de belladone. Si le malade ne veut
pas faire le sacrifice de ses cheveux, on imbibe ces derniers d'une décoction
de .'}() gr. de feuilles, de tiges ou de racine de belladone pour 1 kilogr.
d'eau ; on recouvre la partie d'une compresse très-épaisse imbibée de la
même manière, et l'on enveloppe la tête d'un bonnet de toile cirée. Trous-
seau et Pidoux ont vu des névralgies qui duraient depuis longtemps céder à
l'emploi de ce moyen.
Quand la névralgie est profonde, comme dans la scialique. Trousseau et
Pidoux ont retiré de bons effets de l'extrait de belladone en application sur
le derme dénudé, à une dose qui ne doit jamais dépasser 30 centigr. Plu-
sieurs sciatiques récentes ont cédé en peu de jours à l'emploi de ce moyen.
IZiZi BELLADONE.
Rhumatisme, Goitte. —
Plusieurs praticiens ont conslalr lutililé de la
belladone dans le Iraitemenl. du rlninialisiue. Miiuch a fait connaître, en
1781), les bons cll'ets de cette plante dans les allections rhumatismales. Zié-
gler, au rapport de Murray, en aurait aussi obtenu des résultats heureux
dans les mômes cas. Blackett rapporte qu'un rhumatisme aigu de la plus
grande violence, après avoir résisté i\ la saignée, aux purgatifs, aux sudori-
fiqncs, etc., fut guéri en peu de jours par des bains dans lesquels on faisait
dissoudre 30 gr. d'extrait de belladijne. Chevalier (1) a obtenu d'excellents
cdets dans les rhumatismes aigus partiels, de frictions faites sur le point
douloureux avec une pommade composée d'extrait de belladone (I H" i\ 1/4)
et d'axonge, et de ([uelques gouttes d'huile de lavande.
Quelques praticiens combattent le rhumatisme articulaire aigu au moyen
de l'extrait de belladone, à la dose de 1 centigr. '//, ('•" quart de grain) cha-
que heure. Le délire ai)parait ordinairement le second jour de cette médi-
cation. (Juelle que soit l'intensité des accidents cérébraux, on continue
l'usage du remède jusquà la cessation complète de la douleur et de la tumé-
faction. Lebreton, qui a eu de fréquentes occasions de recourir à cette mé-
dication, affirme qu'elle guérit en huit jours les rhumatismes aigus, et que
jamais il n'a vu les désordres cérébraux avoir aucune suite fâcheuse (2).
Trousseau et Pidoux, qui ont obtenu de bons effets de cette médicatfon,
administraient en môme temps des purgatifs journaliers, afin de prévenir la
constipation.
La belladone n'a jamais été proposée pour le traitement de la goutte pro-
prement dite, où, comme tous les stupéfiants, elle pourrait causer de graves
accidents. Dolor in hoc morbo est omarissimum natures pharinacnm ; qui quo
vehementior est co cilius prœter labitur paroxysmus (Sydcnham).
Épilepsie. —
Bon nombre d'auteurs ont vanté la belladone contre l'épi-
lepsie. Nous citerons Mùnch (3) Stoll, Evers (i), Theden (o), Greding (6)
: ,
Lal[emand(7), Leuret et Ricard (8), Guyault (9), Séguy (10). Bretonneau (11),
estparvenu àdiminuerlamaladie, et dans quelquescasà la guérir entièrement.
Il emploie la racine en poudre, et l'extrait de la plante. Les premiers jours
10
146 BELLADONE.
tout héroïque qu'elle est, les accès augmenter chez une femme qui était épi-
lepti(|ue depuis près de vingt ans. Il a fallu absolument y renoncer. »
Suivant Hufeland l'usage à trop forte dose ou trop longtemps prolongé de
la belladone, i)0urrail, dans certains cas, transformer l'épilepsie en imbé-
cillité.
Convulsions. —
Bergius, Stoll, Lallemand (3) ont traite avec succès, à l'aide
de la belladone, des affections convulsives violentes et qui avaient résiste
à tous les autres antispasmodiques. Le professeur Chaussier combattait les
convulsions qui arrivent pendant l'accouchement par des onctions de pom-
made de ])elladone sur le col utérin.
L'expérimentation clinique prouve chaque jour ce fait depuis longtemi)s
reconnu par Debreyne, que la belladone est le spécifuiue du phénomène
convulsion, et qu'elle est l'antispasmodique par excellence. — Trous-
seau (-4) prescrit la poudre des feuilles à la dose de I, 2 et 3 centigr. dans
les vingl-qiialrc heures chez les enranls alleiiils de ((HiMilsions; ilen (loiiiic
môme lenips le d'éUKM' ;\ celle de J.'J ;\ 20 k'"-; '' ^"'l aussi IVictioiiner
sir()[)
les gencives avec une solution lé{^ère d'cxlraiL de Ixîlladonc, (|uand la den-
tition est la cause des convulsions. Tout en conihatlanl le phé.iomène con-
vulsion, ou doit s'occuper des causes. Aux convulsions veruiiuenses on
oppose les anlhelminliques, ;\ celles qui tiennent à une conslipati(jn o])iniàlre,
ù une surchar;;(' f;astri(pie, l'aduiinislralion des lavements, des purgalifs, etc.
(( Nous avons eu à nous louei', diseid Trousseau et Pidf^iix, de la belladone
daus le traitement des maladies convulsives, mais surtout dans celui de
l'cclampsie des entants et des l'emmes en couches; nous ne comptons .mièrc
sur ce Ujoyen au début des convulsions; mais lors(|u'elles se renouvellent
plusieurs ibis par jour ci plusieurs joins de suite, la bellad(jne, administrée
;\ faible d(»se, amène (|uei(|U!'l'ois des résultats inespérés. C'est surtout dans
les convulsions éiiileplilbrmes, unilatérales ou partielles que nous avons
eu à nous louer de l'administration de la belladone, bien entendu lors-
que ces convulsions n'étaient pas symptomatiques d'une grave lésion orga-
uique.
TÉTANOS, TniSMi'S. —
Suivant Debreyne, la belladone doit être considé-
rée comme le meilleur remède à opposer aux aflcctions tétaniques. Vial (1) —
cite trois cas de guérison par ce médicament. Ce médecin prescrit la poudre
traîche à la dose de 10 à 20 centigr., suivant reflet du remède et l'âge du
malade il conseille en même temps les fomentations ou les frictions avec
:
Rage. —
Mayerne (1) préconisa, au commencement du xvi" siècle, l'em-
ploi de la belladone contre la rage. —
Théodore Turquet, dans un ouvrage
publié en 1G!)6, avait annoncé la décoction de baies de belladone comme
un spécifique contre l'hydrophobic. —
Schmidt, ministre protestant, publia
ce remède dans le Journal de Hanovre en 1763. —
Les deux Miinch (2) pu-
blièrent plusieurs cas de guérison. Ils faisaient préalablement saigner les
malades jusqu'à la syncope, et administraient ensuite l'extrait de belladone
à la dose de 5 à 70 centigr. tous les deux jours. —
Buchols, Jahn, Ilufeland,
Sauter, Schaller, Locher-Balber, Rau, Neimecke, ont aussi rapporté des faits
à rai)pui de la vertu antilyssi(fue de la belladone. Cette plante a été admi-
nistrée à cent quatre-vingt-deux malades, qui tous avaient été mordus par
des chiens enragés. Sur ce nombre, cent soixante-seize avaient été blessés
depuis peu de temps, et n'otlVaient aucun symptôme de rage; chez les six
autres rhydroi)hobie était confirmée. Voici les résultats du traitement les :
Hystéiue —
On a cité des faits qui prouvent l'efficacité de la belladone
dans certains cas d'hystérie. En général, dans l'hystérie, la sensibilité est
augmentée, surtout au début des accès. « Quel médecin n'a vu, dit Lan-
douzy (3;, chez la plupart des hystériques, le moindre bruit, la moindre
CiionÉE. —
La belladone s'est montrée efficace dans la danse de Saint-Guy
essentielle et sans complication, llul'eland (3) dit s'en être bien trouvé dans
cette maladie. —
Ivetterling (A) a guéri un individu affecté de choréc au
moyen de la poudre des feuilles de cette plante, donnée à la dose de 10 à
15 cenligr. par jour. —
Seguy(o) rapporte deux observations de chorée guérie
en peu de temps par l'extrait de belladone, à la dose de 5 h 13 cenligr. par
jour. —
Debreyne a vu l'extrait de belladone i)rodnire les meilleurs effets
dans cette aberration nerveuse; il emploie ordinairement les pilules formu-
lées plus haut contre l'hystérie. —
Mault (6), dans un cas très-intense, chez
un choréiquc de quatorze ans, et qui avait résisté à diverses médications,
appliqua sur la colonne vertébrale un vésicatoire de huit pouces de long, et
pansa douze heures après le derme dénudé avec un linge recouvert d'une
légère couche d'extrait de belladone. Ce linge ne fut laissé qu'une heure en
place. Au bout d'une demi-heure, il y avait déjà un mieux sensible, et
quatre heures après il restait à peine quelques traces de convulsions. Qua-
rante heures après, quelques convulsions s'annoncent à la face, on recom-
mence à panser avec l'extrait de belladone, et l'on obtient le même résultat
que la première fois. Le cinquième jour, comme il était revenu quelques
mouvements convulsifs dans le bras gauche, on applique un nouveau vési-
catoire et l'on panse comme auparavant. Les convulsions s'arrêtent encore
et ne reparaissent plus.
Trembleaient nerveux. —
Suivant Debreyne le tremblement nerveux
,
Delirium tremens. —
Griève (7) a fait cesser comme par enchantement
les accidents du delirium tremens portés à un haut degré (surexcitation ner-
veuse, hallucinations optiques, pouls au-delà de 120 pulsations, transpira-
tion froide et visqueuse, contraction considérable des pupilles) chez un
homme de quarante-neuf ans, d'une constitution robuste et qui s'était eni-
vré régulièrement depuis trois semaines, en faisant des frictions sur les pau-
pières avec la pommade de belladone. Aussitôt que l'effet physiologique du
médicament se manifesta par la dilatation des pupilles, les hallucinations
Folie. —
La belladone a été employée avec succès dans ce cas par Mùnch
fils(l), Miinch père (m Murray), Ludwig (2), Greding (3),Murray, Evcrs,
Schmalz (i), J. Franck, Schmidtmaun, David Scott (5).
On sait que la belladone administrée ;\ une certaine dose produit une Iblie
momentanée. Son efficacité dans les maladies mentales semble justifier ce
principe de Hahncmann Similia shnilibus ciirantur. On puise quelquefois
:
dans les systèmes les plus absurdes des vérités utiles les doctrines oppo- :
Paralysie. —
(6) a préconisé la belladone dans la paralysie.
Jahn —
Schmuckcr conseillée contre l'hémiplégie.
(7) l'a —
Murray cite le cas d'une
liémiplégie sérieuse qui a cédé à la poudre des feuilles de biîUadone, à la
—
dose de 25 centigr. h 1 gr. par jour. Les docteurs Forstern et Yerschuir (m
Szcrlecki) ont employé ce médicament avec succès dans un cas de paralysie
spasmodique des muscles de la face. —
Bretonneau a obtenu, à l'aide de la
belladone, des guérisons aussi inespérées que peu explicables dans plusieurs
cas de paraplégie. ((Mais lorsqu'il s'agit d'une hémiplégie, disent Trousseau
et Pidoux, à moins qu'il n'y ait en même temps spasmes convulsifs, il n'ob-
tient rien en général. » —
Tessier (8) cite un cas d'hémiplégie qui céda à
l'usage du suc éthéré de belladone, à la dose d'une goutte par jour.
matin et soir; le second jour trois, matin, midi et soir; on augmente chaque
jour d'une pilule, jusqu'à six en vingt-quatre heures en trois fois, un tiers
matin, midi et soir.
Gastralgie. —
La belladone réussit ordinairement dans la gastralgie.
L'extrait de la racine, associé à l'eau de laurii r-cerise, à la dose de 1 centi-
gramme 12 à 2 centigr. 1/2, a été employé avec un succès remarquable par
Schmidtmaun dans un cas de gastralgie contre laquelle on avait en vain
mis en usage les médicaments appropriés à ce genre de maladie. Hauff (9), —
Hufeland(lO) se sont très-bien trouvés de la belladone en pareil cas. Le der-
nier prescrit 30 gouttes trois fois par jour du mélange de 30 centigr. d'ex-
trait de belladone et de 15 gr. d'eau de laurier-cerise. — Caizergues (H)
heures; le malade esl soulagé après en avoir pris une, deux ou trois. S'il —
y a constipation, ni'clunncau {in Trousseau et Pidoux) fait prendre une
très-petite (piantité de belladone, soit en mangeant, soit le soir, an moment
où le malade se couche; s'il y a, au contraire, tendance à la diari'hée, il
proscrit l'emploi de ce médicament et a recours ù l'opium. C'est là une
jndicalion judicieusement formulée pour le traitement de la gastralgie cl de
l'entéralgic.
Entkralgie. —
Suivant Schmidtmann, la belladone serait un excellent
remède contre Tentéralgie, tandis ([ue l'opium produirait de mauvais effets
dans cette affection, sans doute ;\ cause de la constipation qui l'accompagne
presque t(nijours. —
Sandras obtient un soulagement immédiat dans l'enté-
ralgic. au moyen de quelques centigrammes d'extrait de belladone étendu
dans un lavement émollient peu abondant et répété au besoin.
M. B..., directeur des postes, âgé de quarante-sept ans, d'un tempéra-
ment bilioso-sangnin, d'une forte constitution, était atteint depuis plusieurs
mois d'une douleur llxe et continue à la région hypogastrique, sans cause
connue, et n'apportant aucun changement dans les fonctions intestinales
ni dans celles des organes iirinaires. Cette douleur, plus incommode que
vive, avait résisté à l'usage des bains, à l'application des sangsues ;\ l'anus,
aux cataplasmes et aux linimcnts opiacés. Je prescrivis un suppositoire de
beurre de cacao avec 3 centigr. d'extrait de belladone à introduire malin et
soir. Dès le second jour d'emploi de ce moyen, la douleur diminua. J'aug-
mentai la dose d'extrait de belladone graduellement jusqu'à celle de 12 cen-
tigrammes. Dès lors la douleur disparut complètement. Après deux mois
que le malade a cessé l'emploi du suppositoire belladone, aucun symptôme
de récidive n'a eu lieu.
Iléus. —
Rosati(2) a employé avec succès, dans l'iléus, des frictions faites
sur l'abdomen avec la pommade de belladone. Plusieurs praticiens, au rap-
port de Szerlecki, tels que Pages, Magliari, Spenciori, Duponget, Albers^
Marino, Méola, Frœnkel, auraient aussi obtenu de bons effets de l'usage ex-
térieur de ce médicament dans la môme maladie.
Stannius et Becker (3) ont employé avec succès un lavement composé
dime infusion de 4 gr. de racine de belladone dans 200 gr. d'eau. Ce re-
mède a guéri le malade sans produire d'effet stupéfiant. 11 faut néann)oins
se défier d'une dose aussi élevée je commence toujours par un lave-
:
cluants, que belladone est une excellente, une précieuse ressource contre
1^'.
Colique iœ i-lom». —
Malherbe (1) déclare avoir obleiiii de la hdladone
(les résuUals avaiilageux dans viiigl-neuf cas de eollcjue de ploinl). I.c plus
grand nondjre des malades a éjjrouvé un soulagement du premier au troi-
sième jour. Chez la plupart d'entre eux les douleurs cessaient plus ou
moins de tem[)s avant l'ajjpaiition des selles. Dans la moitié des cas, la heila-
done n'a été prise qiw, pendant (jualre ou ciiuj j(jurs... « Nous pensons,
conclut Malherbe, que. la belladone est destinée à pro('urcr des guérisons
plus rapides ({ue les autres nn-thodes de trailemeiil. l'ille s'attaijue d'ailleurs
aux deux principaux symptômes de la maladie la douleur et la constipa-
:
lion. La belladone peut, dans ce cas, être donnée à doses beaucouj) plus éle-
vées que dans les maladies non douloureuses. On commence par 5 centigr.
d'extrait nuMé à 10 centigr. de poudre de racine; on augmente ou l'on dimi-
nue suivant qu'il y 'i <>" non ellels toxiques. (Jn prescrit en même tcuq)s
chaque jour un ou deux lavements avec 2 à 5 centigr. d'extrait, et l'on fait
des onctions sur le bas-ventre avec la pommade de belladone. —
Le docteur
Blanchet a aussi employé avec succès la belladone contre la colique de
plomb, mais il l'a unie à la Ihériaque. »
Palpitations. —
a II est des palpitations nerveuses, dit Martin Lauzer
(3),
que j'ai pu arrêter au bout de quelques instants, en faisant appliquer sur la
région du cœur un emplâtre fait avec i gr. d'extrait de belladone. »
Je suis parvenu à faire cesser des palpitations de cœur très-violentes chez
une jeune fdle de dix-huit ans, devenue chlorotique par suite de frayeur, en
faisant frictionner deux fois par jour la région prccordiale avec un Uniment
composé d'un jaune d'œuf, de 2 gr. de suc de belladone et de i gr. de suc
de digitale. Ces palpitations étaient purement nerveuses. —
J'ai obtenu un
soulagement prompt dans les palpitations et les douleurs causées par l'hyper-
trophie du cœur, en employant le même Uniment ou la pommade de bella-
done. Il est à remarquer que, dans ces cas, l'usage de la belladone à l'inté-
rieur ne produit aucun soulagement.
15/, BELLADONE.
Mais c'est surtout Wetzler (1) qui, dans une épidémie de coqueluche qui
ré"na en 1810 à Augsbourg, a vérifié les elfets héroïques de la belladone
dans celte affection convulsive des organes respiratoires. Trente enfants aux-
quels ce médecin administra ce remède guérirent tous du huitième au quin-
zième jour. Il donnait, matin et soir, 1 centigr. et demi de racine en poudre
aux entants au-dessous de deux ans; o centigr. à ceux de deux à trois ans;
7 centigr. et demi aux entants de quatre fi six ans. On augmentait celte dose
au bout de deux à trois jours, sans toutefois dépasser celle de 1 centigr. et
demi en vingt-quatre heures chez les plus jeunes, et celle de l.o centigr.
chez les plus âgés.
Depuis, un très-grand nombre de médecins se sont servis de la belladone,
et s'en servent journellement avec succès contre la coqueluche. Cette sola-
née, suivant Laennec (2), diminue le besoin de respirer, et par conséquent
la dyspnée, plus constamment qu'aucune aulre plante narcotique.
Blache (3) pense avec Hufeland que c'est du quinzième au vingtième jour
de la maladie qu'il faut employer la belladone, pourvu toutefois qu'il n'existe
aucune inllanmiation thoracique, car alors il considère ce médicament
comme plus nuisible qu'utile. Au reste, il ne l'a vu réussir que lorsque la
dilatation de la pupille a eu lieu, et il n'a pas été besoin, dit-il, de dépasser
la dose de 20 à 2o centigr. —
Suivant Duhamel (4) la coqueluche présente
deux nuances ou variétés distinctes l'une est apyrétique, et l'autre est ac-
:
Bruxelles,
r.KLLAnO.NK. 155
Toux NERVEUSE. —
La toux purement nerveuse on convulsive, et celle qui,
sans avoir spécialement ce caractère, n'est pas déterminée par une inflamma-
tion des organes de la respiration, peuvent être avantageusement combattues
par la belladone. —
Lenkossek (m Szerlecki), Delhaye (3) et Mouremans (4)
quarante-huit heures, une cuillerée à bouche toutes les deux ou trois heures.
— L'espèce particulière de toux qu'on nomme tussis maïutina vomitoria
(pituite) et qui attaque ordinairement les vieux ivrognes, surtout les buveurs
d'eau-de-vie, se guérit, suivant Hufeland, par l'usage de la belladone avec
l'eau de laurier-cerise. —
Cruveilhier (2) a plusieurs fois diminué l'inten-
sité de la toux des phthisiques, en leur faisant fumer des feuilles de bella-
done qu'on avait fait infuser dans une forte solution d'opium. Un fume de
deux à trois pipes par jour.
Dans la toux qui tourmente les phthisiques et les malades atteints de
catarrhes pidmonaires anciens, j'ai souvent obtenu, par l'administration de
l'extrait ou de la racine pulvérisée de belladone, un soulagement qu'au-
cune autre médication ne pouvait procurer. L'usage de la belladone n'a pas,
comme celui de l'opium, l'inconvénient de supprimer l'expectoration.
Asthme. —
La belladone, administrée à l'intérieur contre l'asthme essen-
tiel, cest-à-dire sans altération organique autre que l'emphysème pulmo-
naire, a presque toujours apporté du soulagement. Lenkossek (m Szerlecki),
Barbier, d'Amiens, Sandras ont obtenu de bons effets de la racine en poudre
dans l'asthme. Mais les résultats que produit la belladone ainsi administrée
contre cette affection ne peuvent être comparés , suivant Trousseau et
Pidoux, à ceux qu'on obtient en faisant fumer la feuille sèche, soit seule,
soit mêlée à du tabac. « JNous avons vu deux fois, disent ces médecins, des
dyspnées intermittentes, durant depuis longtemps et revenant chaque nuit
avec une opiniâtreté désespérante, se guérir complètement par l'usage de la
fumée de belladone ou de datura stramonium. Souvent nous avons, sans gué-
rir parfaitement le malade, produit une amélioration qu'aucune médication
n'avait obtenue.» —
Magistel (3) préconise, dans le traitement de l'asthme,
l'emploi des fumigations de feuilles de belladone en décoction. Sur cinq
malades traités par ce moyen, quatre ont guéri, et le cinquième, vieillard
âgé de soixante quinze ans, a éi)rouvé de l'améli(;iation. De tels succès ne
s'observent guère que dans les hôpitaux, où l'on ignore, après la sortie du
malade soi-disant guéri, s'il y a eu ou non récidive de la maladie. — Breton-
neau [in Trousseau et Pidoux) se trouve très-bien de l'administration de la
belladone à lintérieur contre l'asthme nerveux pour prévenir le retour de
la maladie; mais il compte plutôt, pendant l'accès, sur les cigarettes de
belladone ou de stramoine. Le traitement dure plusieurs mois et môme plu-
CoNSTU'ATioN. —
La constipation dépend souvent de la constriction spas-
modique du sphincter de l'anus, lors même qu'iln'y a point de fissures.
C'est surtout dans ce cas que la belladone est employée avec succès.
La constipation qui accompagne la gastralgie a été combattue par Bre-
tonneau au moyen d'une très-petite dose de belladone prise au moment du
repas, ou le soir au moment du coucher. (Voyez Gastralgie, p. 150. ) —
Blach(» (4) emploie à peu près le même moyen dans les constipations les
plus rebelles. 11 donne le matin à jeun, ou le soir, trois heures après le sou-
per, une pilule composée de i/2 centigr. à 1 centigr. d'extrait et de 1 à
2 centigr. de pondre de belladone.
Fleury (5) fait introduire dans le rectum, pour combattre la constipation,
des mèches enduites de pommade de belladone (4 gr. sur 30 gr. d'axonge)
que l'on change une fois par jour. La défécation s'obtient en deux ou trois
jours, même dans les constipations les plus opiniâtres.
Je rapporterai, comme assez remarquable, le fait suivant Maillard, pro- :
lemcnl consiipé, nie fail ajjpclcr le 10 février 185i. Je le trouve dans l'étal
suivant face pâle, traits altérés, (lécourai;t'ni('nl, anxiété, pouls peu déve-
:
comme dans raulre cas, la belladone est d'une efficacité devenue vulgaire.
D'après Dupuytren (1), on peut guérir l'ulcération allongée qui existe dans
la fissure de l'anus, en faisant cesser la contraction du sphincter dont elle
n'est qu'un phénomène. Pour cela, il faut introduire dans l'anus, plusieurs
fois dans la journée, une mèche enduite d'une couche épaisse de la pommade
suivante Axonge, 6 gr. extrait de belladone, 1 gr. acétate de plomb,
: ;
—
;
11
IG2 BELLADONE.
Phimosis et PARAiniiMOsis. —
Dans un cas de paraphimosis, Mazade, d'An-
dusc (2), fit recouvrir le gland et la partie étranglée avec 2 gr. d'extrait de
belladone. Le gland se réduisit avec facilité au bout de douze à quinze
heures. — Debreyne combat le [)araphimosis au moyen d'onctions faites plu-
sieurs fois le jour sur la partie affectée avec une pommade composée de
4 gr. d'extrait de belladone et de 1.5 gr. de cérat. —
«Dans le paraphimosis,
dit de Mignot (3), l'extrait de belladone dilate peu à peu le cercle de con-
striction formé par le prépuce; il enlève l'inflammation et surtout la dou-
leur, et, après l'emploi suffisamment prolongé de ce topique, la réduction
est généralement possible et l'incision presque toujours inutile. » De Mignot
fait des onctions toutes les heures sur les parties affectées avec une pom-
made composée de 30 gr. de cérat simple, de 12 gr. d'extrait de belladone
et d'une suffisante quantité d'eau distillée.
faits observés par Soma, que dans beaucoup de cas on pourrait substituer
l'extrait de belladone au seigle ergoté 1° parce qu'il est plus agréable à
:
prendre que le seigle ergoté; 2" parce que les cas de vomissements spasmo-
diques, qu.inesontpas rares, empêchent l'absorption des médicaments, tandis
que la belladone calme en môme temps ces vomissements par ses propriétés
antiémétiques; 3" parc(> que ce médicament paraît agir avec plus d'énergie
et de promptitude que le seigle ergoté, dont l'action est toutefois plus pro-
longée; 4" parce que les accouchées ne conservent pas, à la suite de l'extrait,
ces contractions utérines qui se prolongent quelquefois plusieurs heures et
môme plusieurs jours après l'accouchement, dans les cas où le seigle ergoté
a été administré, bien que, à vrai dire, on puisse observer quelquefois ces
contractions dans des accouchements où la malade n'a pris aucun médica-
ment.
Affections utérines. —
Dans certaines douleurs utérines qui dépendent
de la rétention des menstrues, Trousseau et Pidoux obtiennent des effets
avantageux de l'application extérieure de la belladone. Brctonneau, qui —
attribue ces douleurs à la rigidité du col utérin s'opposant à l'écoulement
menstruel, emploie avec succès l'extrait de la môme plante porté sur cette
|)arlie. —
Rousseau (3) se sert, dans les douleurs névralgiques de l'utérus,
les méiriti's douloureuses, etc., d'un topique composé de 0,10 d'extrait al-
coolique de belladone, de 0,05 d'opium. Ce mélange est placé au milieu
d'un plumasseau de charpie; on noue celui-ci d'un fil, et on l'introduit dans
le vagin jusqu'au col de l'utérus. On le laisse en place pendant vingt-quatre
heures. Dans les métrites douloureuses accompagnées de leucorrhée, on y
ajoute 30 centigr. de tannin. —
Bérard {A) cite un cas de constriction dou-
loureuse de la vulve, analogue à celle du sphincter de l'anus dans la fis-
sure, et qui s'opposait à l'acte du mariage. 11 prescrivit d'introduire dans le
vagin dos nicchos do plus on pins grnssos, ondnitos (]c pnmniado do bclla-
dono. On faisait, en onlro, dos injections ;\ l'onlrôo dn vaj^in avoc la solution
de ralanhia. Il no Jallnt (jne ti'ois semaines pour (lissi[)or eclte oonstriclion
doulonronso. —
Mostler, de Seholostadt (I), considérant le rélrécissonicnt
dn col ntéiin conune une cause IVôcpionte de storililé, [)roi)osc, pour y ro-
nicdior, la dilalalion an nioyon d'une é[)oniie endnile de ponnnade de Ijolla-
done. (À'tle opinion n'est pas dénuée île rondement. Jai eu l'occasion de
mettre ce moyen en piati(pie, non pour remédier à Tétroitessc de l'orifice
utérin, mais [jour cond)attre l'oxtri'me irritahililé d(î cette partie, qu(; je
considéiais conune la cause de la stéiûlité chez une jeune ienime mariée
depuis quatre ans. Gomme chaque mois il y avait plétliore lo(;ale et dysmé-
norrhée, je proscrivis, en outre, don.x ou trois jours avant l'époque men-
struelle, une saignée du bras de 500 gr., l'usage des bains tièdes généraux,
et une grande modération dans le coït. Celte jeune femme devint enceinte
après un mois de ce traitement. —
J'ai fait cesser des douleurs utérines
ti'ès-inlonses, suite il'un eilbrl et annonçant un avortcment presque inévi-
table, au moyen de la pommade de belladone a[)pliquée à plnsieni-s reprises
sur le col utérin.
Scarlatine. —
C'est à Hahnomann (û) que l'on doit la découverte de la
pro|)riélé prophylacti([uo de la belladone contre la scarlatine. Ce médecin
ayant remarque, après l'administration ù l'intérieur de i)etites doses do bel-
ladone, l'apparition sur la peau de plaques rouges analogues à celles de la
scarlatine, en a conclu, d'après la loi homœopathique des semblables,
qu'elle devait être un préservatif de celte maladie. Il faisait prendre deux
ou trois cuillerées par jour du mélange de 10 centigr. d'extrait de belladone
dans 500 gr. d'eau. —
En 1808, une épidémie de scarlatine exerçait ses ra-
vages dans le bailliage de Hilschenbach; déjà un grand nombre de personnes
en étaient mortes; Schenck (3) fit prendre le préservatif de Hahnemann à
cinq cent vingt-cinq personnes. Sur ce nombre cinq cent vingt-deux furent
préservées. —
Hufoland dit que dans une épidémie des plus violentes, tous
ceux qui ont fait usage de la belladone en furent préservés.
(Nous pourrions multiplier les citations sans grand profil pour le lecteur;
il trouvera dans la monographie de la belladone de Cazin père, la liste
jn-esque complète des observateurs qui ont publié des faits d'immunité con-
<'luants.)
Mais nous devons mentionner Stiévenart connue le médecin qui a fourni
en faveur de cette propriété les preuves les plus incontestables (i). Dans une
commune des environs de Valenciennes où l'épidémie avait déjà fait
,
vos, à l'exccpUon d'un soûl qui fut fuiblemcnl atleinl. II est ;\ remarquer
que CCS enfants couchaient pôle-niêlc avec les malades atteints de scarlatine.
Malgré tous les faits que nous venons de citer, on a contesté à la belladone
sa vertu préservatrice. Joseph Franck lui refuse cette jjropriélé par la seule
raison qu'elle émane de l'honucopathie. « Je n'ai point employé la bella-
done, dit-il, comme moyen iirophylactique contre la scarlatine^ parce que
le sens commun s'opposait à ce que je me servisse de ce remède aux doses
minimes et ridicules de Hahnemann. n —
Giacomini regarde connue dou-
teuse la propriété préservatrice de cette plante; il se fonde sur ce qu'on ne
pourrait pas s'assurej-, selon lui, que les enfants qui ne furent pas atteints
de la scarlatine en prenant le médicament, l'auraient été en ne le prenant
pas. D'après ce raisonnement, toute expérimentation devient inutile, et la
vacccine même eût été rejetée par Jenner. —
Souvenons-nous que Dupuv-
tren ne voulut jamais, malgré l'évidence, admettre les propriétés obstétri-
cales du seigle ergoté, et que Magendie se prononça à priori et irrévocable-
ment contre l'emploi du chloroforme. —
« Quelque imposantes que soient
les autorités qui vantent la vertu prophylactique de la belladone dans le cas
qui nous occupe, disent Trousseau et Pidoux, nous avouerons que nous ne
pouvons que rester dans le doute, attendu que nous ne savons jusqu'à quel
point les praticiens, dont nous récusons ici presque enlièrem'ent les con-
clusions, avaient justement apprécié tous les ellcts des influences épidé-
miques. »
Eh quoi! il s'agit d'im moyen simple qui peut rendre les plus éminents
seivices, cl, avant de récuser fresque entièrement les conclusions de prati-
ciens éclairés et de bonne foi qui ont vu, Trousseau et Pidoux ne veulent
pas voir, ne cherchent pas à s'éclairer, à se convaincre par l'observation? et
pourtant, tliérapeutistes consommés, est-ce là la marche qu'ils suivent ha-
bituellement dans la recherche des vérités pratiques qui distinguent leurs
travaux? Non, bien ceriainemeut. Ils réfutent eux-mêmes, par l'expérience
qu'ils invoquent tous les jours contre des raisonnements que rien ne jus-
tifie, l'opinion qu'ils ont si légèrement émise sur la vertu prophylactique
de la belladone. In vicdicina majorcm vim hahet experientia quàm ratio^
(Baglivi.)
INIais voici des objections plus sérieuses. Raminski (I) affirme avoir eu de
trop fréquentes occasions d'observer les mauvaises effets de la belladone
pour croire à sa vertu préservatrice. —
Lehmann (i2), dans une épidémie de
scarlatine qui régna à Toi'gau en '182o, ne put obtenir le moindre avantage
de remjjloi de ce médicament. —
Les observations de 'J'cuffel (3) viennent à
l'appui de celles de Lehmann. Ce sont là des faits exceptionnels qui ne peu-
vent en rien détruire les faits bien plus nombreux qu'on leur oppose. On
peut encore se demander si le médicament était bien i)réparé, s'il n'avait
pas perdu sa vertu par la vétusté, si les enfants l'ont régulièrement pris...
La belladone a été aussi employée comme moyen curatif dans la scarla-
tine. IJarthez (4) a eu recours à la fumée des feuilles de celte plante dans
une épidémie de scarlatine accompagnée de bronchite. Ce moyen, qu'il fai-
sait toujours précéder d'émissions sanguines abondantes, lui a été très-
avantageux. —
(Socquet (o) profite de l'action astringente de la belladone
("SVharton Jones) sur les vaisseaux capillaires, qui amène la siccité et la pâ-
leur des muqueuses, pour combattre l'angine scarlatineuse.)
doués d'une vive sensil)ilité, oîi l'élément douleur domine, il est incontes-
table que la belladone peut être d'une grande utilité, quod scdat ciirat ; mais
alors c'est plus ordinairement à l'extérieur qu'à l'intérieur qu'on l'emploie.
Au reste, l'idée d'opposer la belladone aux phlegmasics n'est pas nouvelle.
On trouve dans Tragus le passage suivant « Hcrha hujus solani una cum
:
flore, et fructu suo inaturo, in fine maii dislillata, omnis gencris intCDus ardo-
rihus et inflaunnalionlbus prccscntissiino est reincdio, si singuUs vicibus men-
sura II mit III cochlearium ca aqua bibatiu\ et foris etiam linicoJis lincis excepta
iniponalw. »
Dysenterie. —
Le sirop préparé avec les baies de belladone, à la dose
d'une petite cuillerée, a offert à Ges«ner un moyen rapide de guérison dans
une épidémie de dysenterie. « Vt vel ligidœ, aut cocldearis parvi mensura
somnuni inférât, fluiiones sislat, dulores tollat, dijscnleriam curet ; (jratus est
plane, sed cavenduni ne umjdiùs detur (i). »
Leclercq (5) fait appliquer au-dessus du pubis un large emplâtre quadrila-
tère d'extrait de belladone. Chaque emjdàti'C doit être renouvelé toutes le.*?
vingt-quatre heures chez les malades gravement atteints, ou chez les dysen-
tériques ([ui n'ont été soumis au traitement qu'après le huitième jour de la
maladie. Chaque emplâtre de belladone doit être composé d'au moins oO gr.
d'extrait préparé au bain-marie. L'emplâtre de datura produit le même
effet. Dans les cas graves, il est bon d'alterner l'emplâtre d'extrait de da-
tura, et vice versa. Les résultats obtenus de l'enqîloi de la belladone à l'in-
térieur dans la dysenterie n'ont pas été assez décisifs pour que Leclercq
puisse conseiller ce mode de traitement. Toutefois, il est persuadé qui.' cette
affection, combattue dès le début par les solanées vireuses convenablement
administrées à l'intérieur, céderait à leur action.
(J'ai combattu avec le plus grand succès le ténesme si pénible de la dys-
enterie par des lavements répétés de belladone. Toutes les deux heures, je
faisais pratiquer une injection anale avec loU gr. d'eau et :2 à 5 centigr.
d'extrait. Malgré l'élévation relative de la dose, je n'ai jamais constaté de
Blenn(iiuuiagik. —
Hliiekett (1) conseille, surtout dans la blennorrha;^i(!
cordée, les Irietions sur le canal de l'urètre avec l'exli-ait de belladone. J'ai
plusieurs fois employé ce moyen avec succès. On peut administrer c<jncur-
rcnimenl à l'intérieur la lupuline, dont les ellVls anaphrodisiiKfucs ont été
récemment constatés. {Voij. l'art. IIoliilon.)
MÉTUOimiiAGiE. —
Dubois, do Tournay (I), rapporte l'obsorvatiou d'une
métrorrhafiie abondante, ayant quinze jours de durée, avec douleurs grava-
tives dans les lombes, pilleur, ailaiblissenienl, eonirc laquelle on avait inuti-
lement employé le ratanbia, et (jui diminua au moins des trois quarts des le
second jour de la médication suivante Frictions sur la région utérine avec
:
Fièvres contjni'es. —
Graves (t) considèro la bi.'lladoiic comme un remède
cflicacc dans certaines fièvres alaxiques ac(()in[)ai;nées de rélrécissemcnl de
la ijupille. L'action de la belladone .seml)le jiisliller celte opinion.
AFFECTIONS OCULAIRKS. —
(La belladon.', agent mydriatiquc par ex-
cellence, est fréqnenimenl employée dans les affections oculaires. I.'inlro-
dnction d'une solution ati()|)inée dans l'œil amùne la dilatation pupillaire
dans un espace de temps qui varie entre dix et vingt minutes, et qui, dans
tous les cas, est en rapport avec l'intensilc de la dose. En môme temps, la
vue se trouble, pour deux raisons; d'abord, une plus grande surface de la
lentille venant fi cMre mise h découvert, un certain nomjjre de rayons diver-
gents pénètrent dans l'œil, et, comme le foyei- de tous ces rayons ne se
forme pas au même point, il en résulte que le contour des objets paraît
moins net. En second lieu, la belladone paralyse l'appareil accommotlatcur
de r<i'il, qui ne i)eut plus s'acconnnodei' aux petites distances (:2). Sous ce
rapport, on observe des différences notables entre les divers individus; il y a
des youx qui sont disposés di' telle façon qu'ils peuvent encore voiries objets
placés ù une certaine dislance, tandis que d'autres ne voient pas les objets à
quelque dislance qu'ils soient placés.
L'instillation belladonée produit quelquefois un phénomène Irès-curicux,
consistant à faire voir tous les objets plus petits que nature, que Donders,
qui l'a signalé le premier et observé sur lui-rnéme, a désigné sous le nom
parfaitement approprié de vncro])ic{3).
Cette particularité, observée depuis par Warlomont, Cornaz, de Neuf-
châtel, Sichel, van Roosbrœck, parait, vu sa rareté, n'être liée qu'à une
idiosyncrasie du sujet.
La belladone ou l'atropine maintiennent la pupille dilatée pendant quatre,
cinq et quelquefois huit jours. —
Nous avons vu que l'opium et la solution
d'extrait de calabar i)ouvaienl abréger cet espace de temps.)
(Il résulte des recherches de Lem;;ttre que l'atropine a un pouvoir my-
PiiLEGMASiES. —
L'cmploi de la belladone dans Voplithalmic n'est pas
nouveau. — Tragns
en parle ainsi d Siiccus albumine ovi tcinperatus ociilis
:
d;' rose, de mélilol, de l.duet ou de plantain, 120 gr. On instille entre les
paupières une certaine ({uantité de ce collyre trois ou quatre fois i^ar jour.
Velpeau regarde ce collyre comme plus nuisible qu'utile dans la kératite su-
perficielle et dans la kératite ulcéreuse.
Dans la pholophobie scrofuleuse, j'obtiens en quelques jours les plus
heureux résultats par l'euqjloi de la décoction de la belladone ou de jus-
quiame en collyre, et l'usage, en môme temps, de l'hydrochlorate de baryte
à lintérieur.
Sannders a, le premier, fait connaître les bons effets de la belladone dans
l'iritis. Cette substance, dit-il, appliquée convenablement sur l'œil pen-
((
scille l'usago (le la holladcno pour dilatci- la pupille cl cnipêchor, aulaiU qi;e
possible, Cftto cxsudalion do nuire ù la vision. (Jnand elle a établi des adbé-
renccs outre la ooinée cl l'iiis. ou cuire celle-ci cl la capsule cristalline, ou
forme des filanuiils (jui vont d'un cùlé de la pupille à l'autre, cet habile
ophthalniolo^isle considère encore l'apjjlicalion de la belladone comme étant
d'un iirand secours. —
Siebel a vu plus d'une l'ois les phlejimasies anciennes
de l'iiis, avec obsirucliot) complèle de la pupille, cédei- à rem[)loi de ce
métlicament. —
Suivant (^aron du Villards, la belladone doit être em[)Io}ée
dés début de la maladie, u Car elle a, dit-il, le double ellet de calmer les
l(^
modique (le la pupille, comme dans celui qui survient après avoir lonp,lciiips
fixé lesyeux sur des corps brillants et lumineux, Ilimly (1) conseille l'usage
de la belladone. —
Stct'ber prescrit les frictions de belladone ou de juscpiiame
dans le rétrécissement de la pupille dépendant de Ihabitude.
Adhérences de l'iris. —
Pour s'assurer si l'iris est adhérent, et pour pré-
venir cette adhérence, Himly {in Merat et Delens) conseille l'emploi de la
belladone. Il suspend de temps en temps l'usage de cette plante, a(in de
produire alternativement des resserrements et des dilatations. —
Velpeau
emploie contre les adhérences qui ne sont pas trop anciennes une solution
de quelques grains d'extrait de belladone dans une cuillerée ;\ café d'eau,
qu'il fait instiller matin et soir entre les paupières, 11 laisse reposer l'œil
pendant deux ou trois jours. Lorsque la pupille a repris son état primitif, il
l'ait recommencer la même opération, et ainsi de suite jusqu'à ce que ces
adhérences aient été détruites par les tiraillements modérés et répét''s que
produit le médicament sur cette membrane. —
Gunier (2) a remporté
•
Hernie de i.'iris. —
Beaucoup de praticiens ont employé la belladone
dans le traitement des hernies ou des procidences de l'iris. —
Quand on
n'a pu réduire au moyen d'un stylet mousse, la hernie récente et pro-
,
belladone. —
Dans un cas de vaste procidence de l'iris à travers une iilc('-
ralion perforante de la comt^-e, Florent Cunier (I) a obtenu les résultats les
plus salislaisants d'une solution de HO rentier, de sulfate d'atropine dans
i gr. d'eau distillée, en instillati(jn dans I'umI, matin, midi et soir.
cet accident arrive très-souvent à Roux, ainsi qu'on peut s'en convaincre
en lisant le travail de Maunoir jeune et les observations de Furnari, c'est que
Roux n'emploie jamais la dilatation préalable de la pupille. » Ce dernier,
en cela en désaccord avec tous les praticiens, prétendait que l'usage de la
belladone communiquait à l'œil une disposition plus grande à s'enflammer
par suite de l'opération.
Tonnelle {in Trousseau etPidoux) réserve l'emploi de la belladone pour
l'opération de la cataracte par abaissement; il le rejette d'une manière abso-
lue dans le procédé par extraction, parce que la dilatation artificielle de la
pupille, inutile pour favoriser la sfu'tie du cristallin, expose l'iris, pendant
l'opération, au tranchant de rinstrument, et, après l'opération, à des adhé-
rences vicieuses de la cornée.
Tonnelle parvient presque toujours à éloigner la catai-acle secondaire,
qui, suivant lui, est le résultat constant des fausses membranes qui se for-
ment à la suite de l'iritis, au moyen de la solution d'une partie d'exirait de
belladone dans deux parties d'eau distillée de la même plante, qu'on appli-
que sur l'œil malade, ayant soin, comme il est indiqué à l'arlicle Iritis,
p. 150, de la rcnouvolcr de deux heures en deux heures. Comme c'est ordi-
naiiement vers le qualrièuie jour de l'opération que se forment les produits
membraneux, c'est alors, suiv;mt Tonnelle, qu'il faut recourir à celle pré-
paralion plus tard, il est plus difficile de réussir. Cependant le chirurgien de
:
nous avons, il y a trente-six à trente-sept ans, fait voir au bout d'une demi-
heure une personne atteinte de cataracte centrale depuis vingt ans, avec
ronslriclion habihicllc des pupilles. Lo l'.iil fut rcfiardé |)arl(' publii- roiuuic
]»-o(li(/icu.c.Aujnuid'luii, vu riuiuicuso vul^'aiisalicu de remploi de la hclla-
doiu', le prestig(> ne Icrail plus (di-luuc nulle pari. »
Taviiiuot (I) se seii avec sueeès, dans les nif'uios ras, d'une snluliim di-
'i {xv. d'exliait de helladon;? dans 1:25 gr. d'eau, doiil on inslille elia(p:e jour
Blépii.vrospasme. —
Bérard coml)at la contraction spasmodique du uuisilc
orbieulaire des paupières, qui accompagne fréquemment la blépharitc, par
des frii'tions avec l'onguent mercuricl belladone, et en inslillant dans l'œil
quelques gouttes de solution concentrée d'extrait de belladone.
12
!78 r.ELLAI)OM<:.
M. D. qnodà noiiiiiie anlehac qiiod sciam prodituin publicœ iitilitalis causa, sine
invidia comminiicaniiis. » —
Au rapport de Miirray, Brummen, médecin de
Gotha, employa la belladone au commencement du xviii'-' siècle contre les
tumeurs réputées squirreuses ou cancéreuses. Brummen transmit son secret
î\ Spact, médecin de ^Yisbade. (Voyez dans la monographie de la belladone
Scrofules. —
La belladone a été employée pour combattre certains sym-
ptômes scrofuleux. Hufeland la recommande principalement dans les tu-
meurs glaLululeuses qui menacent de s'indurer dans les ulcères chroniques
et calleux. —
Chevalier (2) a employé avec avantage la pommade de bella-
done dans les engorgements scrofideux, dans les aîfections scrofuleuses des
os et des surfaces articulaires, et dans plusieurs cas d'ulcérations scrofu-
leuses très-rebelles.
Baumes regarde l'oxyme! de belladone comme tiès-avantageux contre
pendu alors pendant huit jours, et repris ensuite pendant quinze jours; inter-
rompu de nouveau, et recommencé ch;!que mois pendant huit jours, quel-
ques mois de suite. Cette longue durée du traitement n'est pas toujours
nécessaire; mais, suivant la remarque judicieuse de Trousseau et Pitloux, il
vaut mieux pécher par excès que par défaut de précaution, a Dans certains
cas rebelles, disent ces médecins, il faut porter la dose d'extrait et de pou-
dre à 13 et 20 centigr. en une seule fois, au moment de se mettre au lit; en
même temps, on fait sur l'hypogastre des frictions avec une mixture aqueuse
d'extrait de belladone. » Suivant Trousseau (4), on obtient neuf guérisons
sur dix, quand on a le soin surtout d'employer la poudre de belladone,
dont l'action, dit-il, est plus énergique et plus sûre que celle de l'extrait.
Mais il faut pour cela s'assurer que la poudre, qui est moins employée que
On a obtenu da'ns l'incontinence nocturne d"ni-ine des sncès constatés de emploi de l'ex-
(1) 1
trait de noix vomique, dont l'action est opjjosée à celle de la belladone. Ne poiiiiait on pas con-
clure de ces faits que l'atTectinn dépend trntot d'un défaut, tantôt d'une augmentation de sen-
sibilité du col de la vessie? Xaliiram morborum rural ioiies iistendiiiit,
(2) Journal de médecine et de chirunjie pratiques, t. XVI, p. 199.
(3) Bouchardat, Annuaire, 18'|0, p. fi.i.
(4) Journal de médecine et de cliiiuryie pratiques, 1850.
180 BELLADONE.
devenue inerte par vétusté, et i)ar conséquent inefficace,
l'exlrail, n'csl i>as
surtout à une dose aussi uiininu^ que celle qu'on prescrit en pareil cas.
Cette réflexion s'applique ù plus lorte raison à la poudre de racine de bel-
ladone, qui, bien que plus active, est encore moins employée que celle des
feuilles. —Le mélange de la poudre et de Texlrail, ainsi que le pratiquait
—
Brclonneau, est plus sûr. Cauvin (I) a vu chez une petite tille ûgée de sept
ans une incontinence nocturne cl souvent diurne, suite d'une anas trque, et
dont la durée datait de quatre à cinq mois, céder à l'us.ige de la belladone
ainsi administrée pilules composées chacune de 1 centigr. de poudre et
:
i'.i;r;i.\i)ONE. 181
fricliuns avec le suc de racine de belladone ont ûù iHic laites an cou, sous
des cuisses, etc. Quelquelbis aussi ce suc doit
les aissellt's, à la i)aiiit' interne
être donne en lavement à la dose de lo h !20 gouttes dans une euilleree d'eau
tiède, et à l'aide d'une seringue d'un très-i)elil calibre.
Dans tous les cas, sans exception, la rougeur de la face et celle delà peau,
en général, ont indiqué ;\ î.eclerc; ([ue la Ixîlladonc; devenait toxique. Il faut
ilonc diminuer le nomhi-e des pilides aussil(M (ju'a[)parait la rougeur, et les
donner alois toutes les dcMix, trois ou (piaire liemcs, suivant les indications
fournies par l'étal du n)alade. Il no faut pas ce[)endant cesser soudainement
celte médication. Il suflit de mettre un intervalle convenable entre l'ad-
ministralion des pilules pour (jue leur ellet toxique soit évité. Je le répèle,
ajoute ce médecin distingué, la rougeur de la peau devra guider le pra-
ticien à cet égard; et si celte rougeur devenait générale et très-intense,
il faillirait suspendre la belladone à l'instant. —
Il faut renouveler les em-
toutes les deux, trois ou quatre heures, suivant la fréquence des évacua-
tions. Leclerc emploie aussi, pour faire cesser la diarrhée, la décoction de
quinquina en lavement et le vin de quinquina par faibles cuillerées.
L"auteur rapporte plusieurs observai ions à l'appui de cette médication, et
peut, dil-il, fournir la preuve qu'elle a sauvé les cinq sixièmes des choléri-
ques qui y ont été soumis.
Ptvalisme. —
Erponbeck (I) croit, d'après plusieurs faits personnels, que
la belladone constitue un bon moyen prophylactique contre la sali\alion
mercurielle (2). —
Dans un cas de'plyalisme rebelle, Yanoye (3), se rappe-
lant qu'une des propriétés de la belladone consiste à diminuer nolablement
les sécrétions de la partie supérieure du tube digestif, prescrivit l'extrait de
cette plante à l'intérieur à la dose de 5, puis de 10 cenligr. par 'our. Le
même médicament fut employé en gargarisn:ie, dans de l'eau de son ou une
décoction de guimauve, et sans autre addition que quelques gouttes de lau-
danum. Sous l'influence de ce traitement la sécrétion salivaire diminua pro-
gressivement, et la guérison eut lieu en huit jours. Dans un autre cas où le
ptyalisme reconnaissait pour causs une intoxication hydrargyriquc, Yanoye;
l'a également arrêté avec l'extrait de belladone.
Speumatdruiiée. —
Lcpri (1) s'est demandé, en présence d'un cas de sper-
nialorrhée qui avait résii^té à un grand nombre de moyens, pourquoi la bella-
done ne ferait pas cesser cette incontinence spermatique. Le résultat a été
conforme ù son attente.
(Je n'ai pas été aussi heureux chez trois malades où j'ai essayé la bella-
done. L'affection me paraissait se raltaeher à une excessive irritabilité des
organes génitaux, et surtout des conduits éjaculateurs; c'est ce qui m'avait
conduit t\ mettre cet agent en usage.)
HÉMORRiioïDEs. —
Suivant Grœnendael's (.3), la belladone est, comme anti-
phlogistique et i-clàchant, un remède Irès-efficace dans les affections hémor-
rhoïdales; il calme la douleur, facilite la dilatatiou du sphincter anal, fait
cesser la constipation, cause principale de la stagnation du sang dans les
vaisseaux du rectum. On fait, trois ou quatre fois par jour, des onctions à
l'anus avec une pommade composée de 2 gr. d'extrait de belladone pour
30 d'onguent rosat.
gr.
Dans les cas de tumeurs hémorrhoïdales volumineuses, enflammées,
étranglées, très-douloureuses, je fais appliquer des linges fins imbibés du
mélange suivant Eau de laitue, 300 gr. extrait de belladone, 8 gr. extrait
: ; ;
(Atropine. —
Pendant tout le cours de cet article, nous avons entendu
parler de la plante, et de son alcaloïde dont les effets, à l'énergie d'action
près, sont identiques; quelquefois môme, nous n'avons pu séparer complè-
tement 1 histoire de l'une et de l'autre substance; nous n'y revenons ici
qu'à cause des a[)plications particulières dont l'alcaloïde a été l'objet. On l'a
cmplo/é à l'extérieur, dans les névralgies, déposé sur le derme dénudé pai-
un vésicatoire, ou introduit sous la [)eau par inoculation à l'aide d'une l.m-
cctte.
Nous signalerons surtout les injections hyi)odermiqnes par la méthode de
AYood, d'i'ldimbourg, que flehier a surtout vulgarisées en France.
C'est à l'aide de la seringue de Pravas que l'on introduit une dissolution
titrée d'atropine dans le tissu cellulaire sous-cutané, oii son absorption est
excessivement rapide. On commence jiar un '1/2 milligr., et on peut aller
V.VLÉRIANATE d'atrgpine. —
Michéa (4) a fait une heureuse application des
principes actifs de la valériane et de la belladone (valérianate d'atropme)
1" Le valérianate d'atropine est un nouveau sel végétal qui, quand il est
pur, bien préparé, et exclusivement ;\ l'état de sel acide, peut rendre les
plus grands services dans le traitement de l'épilepsie, de l'hystérie, de la
chorée, de l'asthme nerveux, de la coqueluche;
2" Il la valériane et la belladone l'avantage d'être un produit fixe,
a sur
id('nli(iuedans sa composition, susceptible d'être dosé avec exactitude, in-
variable dans ses effets thérapeuti([ues ;
Récolte. —
Celle racine se récolte en autonuie. Celle récollée dans le -\ord est
moins active que celle qui croît dans le Midi, Ciilii erl a observé qu'elle purgeait fort
bien à Lyon, taudis qu'eu Lilbuanie ele pui-geait tort peu. En général, les plantes ori-
ginaires des pays chauds perdent de leur énergie dans les pays froids.
Propri^'tés l»liy»$iciues et cltiinf(|«ies. La racine de l;ellc-(ie-nuit, —
d'une odeur nauséeuse, d'une sa\eur acre, c(jntienl Ijeaucoup de principes gommeux el
résineux. Coste ei \Vilmel ont obtenu, de 120 gr. de celte racine récoltée en (ctobre,
el médioci'emenl séeliee, '28 gr. d'e\lrail aqueux. 60 gr. traites par l'alcool ont pro-—
duit près de 12 gr. d'extrait résineux.
[Les fleurs exhalent le soir une odeur suave]
quatre à six selles chez trois adultes auxquels je lai administrée à la dose
de 4 gr. à doses proi)orlionnées à l'âge, elle a agi à la fois comme i)urgatif
;
(i) La racine que j'ai employée avait été récoltée dans mon jardin.
18G BL.\01TK.
tout le monde, excepté le pauvre ouvrier des campagnes pour qui tout est
cher, surtout quand il doit encore ajouter au i)rix du mé(licament la perte
du temps employé à l'aller cherchera la ville ou au chef-lieu de canton plus
ou moins éloigné de son village.
plus étalés. Corolle nyaiil le liihc lomonlciix. et les cinq segnionts du bord plus ou-
verts —
Pislil plus long (pic les él.iniines. —
Odeur Ircs-suave.
Les espèces suivantes jonisscMit des mêmes pi'opriélés.
BENOITE. Gcunnirbanum. L.
Caryopinjlldta vulgaris. C. Bauii. — CuryopinjUata vuhiarisflore parro luteo.
J. Bauit. — C'injoplifilldld urhdua Sco?. —
Ili'rbu benedicUi. Brunf.
C'.nijopInjÙiitti. 1)01).; Off. —
Cortusa. Dioscou.
LniioplitalmiiH.
Bonoitc ofTiciiialo, — liorbc de Saint-IJoiioît, — caryoj)liylléo, — herbe bénite, — gaiiot, — ga'iotc,
récisc, — racine de girofliio, — saiiiclc de montag.ie.
ROSACKF.S. — Dr.VADKES. FuiH. nat. — JCOSANDRIK l'OI.YGVMF,. L.
gales, accompagnées de deux stipules (pii les r<'ndenl aniplexicaules à b'ur base,
de\enant d'autant plus simples (pi'elles se rapprochent davantage du sommet. —
l''leurs jaunes, petites, rosaeees, pedonculées, terun'nales (juin, juillet, août). Calice —
monopliylle, à demi divise en dix segments pointiis, dont cinq alternes plus petits que
les autres. —Corolle de ciii(| pétales entiers, arrondis, ouverts en rose. Trente à —
soixante-dix (Mamines, dont les liiaments altacliés au calice soutiennent les anthères glo-
Duleuses. —
Pistils nombreux formant un ca|)ilule serré au centre de la Heur, ii:séres sur
un gynopliore globideux, portant do petits akènos ou biiils lorminés par. une longue
pointe crociiuo.
Culture. —
[On multiplie la ])onoito par semis de graines faits à Pondire ou par
division des pieds que Ton lail iui printemps ou à Faut nuie en lerro légère et à uno ex-
position fraîche.]
Récolte. —
On l'ocueillo la racine de benoile à l'automne pour la conserver; mais
il vaut mieux reni|)loyer fraîche, et alors on peut la récoller en juin, juillet et août. H
faut choisir celle qui végète sur les montagnes, dans les teri'ains secs, sablonneux el
bien exposés. Elle est plus ou moins énergique suivant le sol où elle croît, l'exposition
et la saison où on la récolte. —
Son odeur aromatique disparaît peu à peu et sc^ perd
après une année de conservation. C:'pendant, si on la fait sécher à l'ombre, à uno cha-
leur douce, elle conserve luie partie de son ai'ome.
tile, 0.39; adraganline. 92; matière gommeuse, J58; ligneux, oOO. Les principes actifs
digérer, poiulant vingt-qiialrc heures, 8 gr. dans 125 gr. devin ou de bière,
et celte préparation était administrée au début de l'accès. La macération
vineuse de racine de benoite a été recommandée par Chomel, qui la prescri-
vait au commencement de l'accès dans l'intention de provo(iuer la sueur et
de rompre ainsi la période algide.
C'est à Buchhave, médecin danois, que la benoite a dû sa célébrité. Ce mé-
decin, dans un ouvrage pid)lié sur cette plante (1), cite plus de trois cents
observations de fièvres intermittentes vernales et automnales, guéries par
son seul usage. Weber et Kock, son élève {-2), l'f mployèrent avec succès
sur plus de deux cents nia'ades atteints de fièvres intermittentes de tous les
types, de toutes les saisons, et dont ([iielques-unes avaient résisté au quin-
(juina. Ciilibert, qui a eu de fréquentes occasions d'employer ce Icbriluge,
s'exprime ainsi « Nous avons, dit-il, employé en Lithuanie celte racine sur
:
nos malades; nous l'avons reprise sur ceux de Lyon, et nous pouvons affir-
mer que nous avons autant procuré de guérisons avec la benoite qu'avec le
(juinquina. Nous n'ignorons pas que plusieurs médecins ;;llemands se sont
élevés contre les assertions de Buchhave, mais noussavonsquc l'on a vendu,
pour la racine de benoite, d'autres racines, ou cette racine elle-même mal
desséchée, altérée, etc. Au reste, depuis deux ans, nous avons vu guérir
plus de cent cinquante malades qui n'avaient pris d'autres fébrifuges que
la benoite, le chardon étoile ou le scordium. »
Al'armée du Rhin, en l'an IV et en l'an V, où le quinquina était très-rare,
Gros-Jean et plusieurs de ses confrères ont guéri un grand nombre de sol-
dats atteints de fièvres inlcrmiltcnles, au moyen de la racine de benoite. —
Frank (3j eut occasion d'administrer cette racine à un grand nombre de fié-
vreux, et il en obtint des résultais tellement favorables, qu'il affirme que,
dans tous les cas où l'écorce du Pérou est indiquée, on peut lui substituer
avantageusement la racine de benoite.
A côté de ces témoignages en faveur des propriétés anlipériodiques de
cette plante, viennent se placer ceux de praticiens habiles qui lui sont con-
traires. Les malades traités par Lund {in JNIurray) ont éjjrouvé des nausées,
des vomissements, et n'ont point été délivrés de la fièvre, que l'écorce du
Pérou a ])romptement dissipée. Les résultats obtenus par Hallcr, Brandelius,
Christopherson, Barfoth, Acrel, Dalberg, n'ont été guère plus favorables.
Cullen, ne jugeant à priori des propriétés des plantes que d'après leurs qua-
lités sapides et odorantes, suivant la méthode de Galien, regarde la benoite
comme peu énergique. Broussais {in Flor. mcd.) n'a retiré de cette plante
que des avantages très-faibles.
Entre l'enlhousiasmc des uns et le dédain des autres, il n'y avait qu'un
parti à prendre, celui de l'expérimentation. Or, j'ai déclaré dans la première
édition de cet ouvrage que la racine de benoite m'avait fait complètement
défaut comme fébrifuge. Depuis, et notanuiient pendant l'été de I8'i8, lors-
que la fièvre internjitlente régnait é|)idémiquem(nt dans la vallée de la
Liane, j'essayai de nouveau cette racine, fraîchement récoltée, sur trente
malades atteints de fièvre intermittente tierce, double tierce ou quotidienne.
Je l'administrai en décoction concentrée (80 à 120 gr. dans 1 kilog. d eau ré-
duit à 700 gr. environ). Dans onze cas de fièvre tierce, la guérison eut lieu
du troisième au (cinquième jour inclusivement. Huit malades, atteints de la
même fièvre, guérirent du cinquième au huitième jour, avec diminution
graduelle des accès. Six autres malades, ayant le même type fébrile,
n'éprouvèi-ent aucun soulagement, et furent guéris au moyen d'une forte dé-
coction d'écorce de saule et de feuilles de calcitrape. Deux cas de fièvre
(1) Oljserv. rirra radie, ijci iirhani, sen ranjopInjUalœ ('/;7., 1781.
(2) De iwniuilor. jehril'utjiir. virlule, et si:ecialim gei iirbuni rad. effirciciu. Killiu, 1782.
(3) Juiinuil de Jhifelaïuf, 180/|.
l!i;\()ITK. 189
lien(»iU! lui employée Iraiclie el à dose l)eaueoup plus élevée rjue celles que
j'avais inlruclueusenienl administiées dans mes premiers essais
J'ai souviMil associe avec avantage la racine de benoile à l'écorce de saule
el à l'hydrochlorale d'ammoniaque dans le Irailement des fièvres intermil-
tcnles. (Voyez Tari. Saulk.)
La benoih' a été em[)loy6c comme tonique astringent vers la (in de la
(lys(Miterie el dans les diarrhées atoniques. Seopoli jjrescrit celle racine en
jujudre à la dose de 1 gr. 50 ccnligi-. ;\ 2 gr. à la fin des dysenteries, ^îais
il ne faut pas oublier que ces maladies piMivent élre dues, môme dans leur
étal ehroni(|ue, à une iriilation phlegmasique |)ers;stanle de la muqueuse
inle^linale, et s'aggraver sous l'influence des astringents. L'absence ou la
(limiiHiliitn de celle irritation, et de tout mouvement fébrile, la débilité gc-
iiéi'ale, indiiiuent la médication tonique dans laquelle la i-acine do benoite,
par les princi|)es qu'elle recèle, tient un rang distingué. Cucbhavc a préco-
nisé celle racine dans les fièvres muqueuses, putrides, pétéchiales, etc. On l'a
employée aussi avec ])lus ou moins de succès dans les finx muqueux. Dans
la leucorrhée bénigne, récente el peu abondante, Vilet prescrivait une infu-
sion concentrée de racine de benoite, dont il faisait prendre la plus grande
quantité le matin à Jeun. Il adminisliait aussi une forte décoction de cette
racine, acidul-'e avec l'acide sulfurique, dans les hcmorrhagies utérines pas-
sives. Weber l'avait déjà donnée avec succès dans les mûmes cas et Mat-
thiole contre les hémo,<tysies. Plusieurs praticiens ont encore préconisé la
l)enoite dans d'autres maladies, telles que les affections goutteuses et rhu-
matismales chroni(fues, la gastralgie, la dyspepsie les engorgements chro-
niques des viscères abdominaux, les cachexies, le catarrhe pulmonaire
chroni(iue, la coqueluche, etc. J'ai employé le vin de benoile dans la dé-
bilité gasli'ique el sur la fin des maladies aij^uës, pour rétablir les forces
digestives. Chaumelon la considère comme analogue à l'angélique par son
action thérapenli((ue. Hoifmann et Vanderlinden {in Bodart) lui attribuent les
mêmes pro[)riétés qu'au sassafras.
liKNOITE AQUATIOt^K [Gcum virale, L.), croit dans les bois humides, au
bord des ruisseaux. Llle est commune dans les prairies et les lieux arrosés
des Pyrénées. On la trouve aussi dans le centre de la France, aux environs
de Paris et de Lyon.
Harinc fibreuse, brune, fauve, do grosseur d'une plunio (Foie.
la Tiges droites de —
30 à Z|0 coiiliuiètres. un peu velues presque simples.
el —
l'>uilles cauliiiaires, assez
poliles, aliernes, distantes, li'ois lobes dentés el poinlus; les l'ailicalos longues, à pin-
nules latérales, poliios el pfu nouilaeuses; mais la ternn'nale grande, arrondie, dentée,
souvent Irilolice. —
Deux ou trois fleiu-s pédonculées, penchées, terminales (juin). Ca- —
lice d'un rouge-brun. —
Pétales un peu écliancrés, un peu ouveils, d'une couleur de
rouille. — tîarbes des semences tordues dans le milieu, légèrement pluraeuses dans
loule leur longueur.
lés thérapeuliqiu's? Quoi qu'il ou soit, suivant Bergius, des fièvres quo'ii-
dienncs, tierces, quai tes, ciilîn des fièvi-es réi'râetaires à d'autres remèdes, ont
cédé à l'emploi de la racine de beuoile a([uatique. Cependant sa vertu lebri-
fuge a clé plus constante à l'égard des lièvres vernales, qui se terminent
souvent sans médication.
L'action styptique et corroborante delà benoite aquatique a été utile dans
les flux sanguins, séreux ou muqueux. La poudre de la racine s'emploie ex-
térieurement sur les ulcères atoniques. Swediaur [in Roques) a particulière-
ment recommandé ce topique.
BENOITE DES MONTAGNES [Geum moninnwn, L.), croît dans les Alpes,
les Pyrénées, les Cévennes, etc. Elle est commune dans les pâ-
Vosges , les
turages, près des sources froides, au port d'O, au Pic du Midi (Lapeyrouse).
Tige droite, simple, cylimlriqiio, légèrement veluo, do 30 centimètres. —
Feuilles dis-
tanles et très-|ielile.s sur la tige; les radicalos grandes, ailées, veines, à pinnules, augmen-
tant gradnellemenl de grandeur vers le sommet de cliaqne lènillc. —
Fienrs grandes, ou-
verl<'s, d'un beau jaune, à pétales un peu éclianci'és. —
13arbes des semences plumeuses
et non loi'dues.
Cette plante (PI. VIII), qui aime les pays froids, croît en abondance dans
nos bois, dans nos champs et dans nos prés, dont elle détériore les foins.
Les vaches, les chèvres, les moutons, les lapiiis et les ânes la broutent; les
chevaux la négligent. Les plus savants agronomes l'indiquent comme une
plante à fourrage des plus précieuses sa racine, s.'s feuilles et ses liges,
:
comme celles du jjanais, sont pour les vaches à lait une excellente nourri-
ture. Il y a lieu de s'étonner qu'elle n'ait point été cultivée depuis long-
temps.
Description. —
Racine fusiforme, cliarnue, Mancliàlre, imprégnée d'un suc jau-
nâtre. — Tigeparvenant sur un sol favorable à hauteur d'homme, mais ordinairement
de 10 à 20 décimètres; robuste, droite, fortement sillonnée, creuse, velue, rameuse su-
périeuremeid. —
Feuilles allornes, grandes, amplexicaules, ailées, à folioles lobées et
•créni'léos, vertes en dessus, d'un vert pâle en dessous. —
Fleiu's blanches, quplqrefois
rougpàtres, en larges ombelb's planes et terminales de dix à vingt rayons. Involucre —
nul ou formé de une à deux folioles, involucelles de quatie à dix-sept folioles (juin-sep-
tembre). - Calice à limbe 5-denté ou entier velu. —
Corolle de cinq pétales écliancrés.
— Cinq étamines. —
Deux styles plus courts. —
Fruit formé de deux akènes ovoïdes ou
ovoïdes oblongues, comprimes, striés.
Parties usitées. — La racine, les feuilles et les fnu'ls.
pour lecouvrir le tdiit; ;ii»ivs un mois, vous roUrcipz une masse d'iinp savour aciilul*'
agroahlo. Si vous s umolloz oc marc A la dislilialion au luonicnl de la ronuonlalion vi-
ncuso, il vous donnera un cspiil ardcnl plus aciil ipic d'Iiu' de ;.'rain ((lilihcrl). » Les
lîusses lonl usaj^'c de celle eau-de-vie. La denoclinn reriiienlée des leudles lieul lieu de
l)ière aux pauvirs gens en Pologne, eu Lilluiaiiie el an Kaniisclialka.
Fraîche, celte plante coti lient environ 10 pour 100, el son loin 7'i pour 100 de parties
ntilrilives. I,es Suistes reslimenl Ixanconp |)oni' leur iK'Iail. (;nlti\ee comme le panais,
avec leipiel elii' a ipielque analogie, la racine de berce poinrait l'onrr)!!' i\ l'Iionnue un
aliment saind). Ses IVuits ont luie saveui' acre cl iUoniali(pii' (pii diTcle la [jix'SCnce
«Punc huile volaille ou essentielle.
Cette plante vivace (PI. Vlll), très-commune, croit dans les ruisseaux,
dans les fossés humides, sur le bord des fontaines et des étangs.
Deiaeriptioii. — Racine blanche, fibreuse, rampante, noneuse. — Tige droite, de
Zi 8 décimètres, cylindrique, fisluleuse, rameuse.
à —
Feuides atteignes, à segments
ovales aigus, incisées el à lobes dentés; les inférieures longuement petioiees. Fleurs —
blanches, eu ombelles de huit à douze rayons (jnillel-seplembre). — Corolle à cinq pé-
tales, subcoidil'ormes, réfléchis en dedans. —
Calice à cinq dents trés-peu apparentes.
— Cinq élamines à anthères globuleuses, deux styles courts. —
Fruil sphéroïde, strié,
composé de deux akènes piano-convexes striées, appliquées Tune conlre l'autre.
[Parties usitées. — Les racines, les feuilles.
192 betoim:.
CiaKiire. — Los Iiorles, qui no sont ciillivéos que dans les jardins bolaniqacs, exi-
^'enl une leire liuinide cl do liéqiionls ;uTosoinonls. Kii juin el juillet, en pépinière ou
en pi mclies, pour les repiquei plus laid en place, du les piupage également par éclats
des pieds.
It >fol<e. — On rf'colte les racines vers la (la de la seconde année; on les coupe par
tranclie et on les lait secliei' avec soin. Les l'euilles ne sont employées que tVaiclies.
La licrle possôdc à pou près les mêmes propriétés que l'acho, aussi lap-
pelle-t-on oïdinaireinent ackc d'eau. Son suc et sa décoction, autrefois plus
employés que de nos jouis, ont été vantés comme anliscorbuliqu.'s, fébri-
fuges, apéritifs, diurétiques, emménagoyues, etc. Les graines, d'une odeur
aromatique et d'une saveur piquante, sont plus actives. J'ai souvent fait
manger les feuilles de berle en salade dans le scoi-l)ul, dans la cachexie pa-
ludéenne, el les inllllrations séreuses. J'en ai aussi donné le suc coumic ceux
de cresson et de beccabunga, avec lesquels on peut le mêler. Comme ces
dernic!-es plantes, la berle est plus active à l'état frais, et pi-rd aussi de ses
propriétés par la décoction. Cette plante a réellement une action stimu-
lante et diurétique assez prononcée, surtout chez les sujets alfaibiis, ayant
des engorgements abdomina.x atoniques, suite de fièvres intermittentes.
Dans ces cas, je lui ai associé avec avantage les sucs de pissenlit, de chico-
rée, de cerfeuil, de fumeterre, etc. (Le suc est employé à l'extérieur dans
l'impétigo et les affections cutanées sécrctan es.)
(La Berle à larges feuilles [S. latifoliimi, L.) présente des propriétés ana-
logues à la précédente: il faut pourtant noter que la racine, non nuisible au
printemps, est, dit-on, très-délétère en automne. Elle produirait chez —
l'homme, comme chez les animaux, des anxiétés, des vertiges et quelque-
fois un délire fiu-ieux.
Citons pour mémoire la berle nodiflore ou petite berle (5. nodif., L.) que
des personnes peu attentives pourraient confondre avec le cresson et que
Morisson considère comme diurétique.)
Beule cuervi {Sinm sisariuiiy L.) — (Voyez CiiEiivi).
Cette plante vivace (PI. IX) se trouve dans les bois, les li(>ux ombragés, les
taillis, les pi'airies.
[C'iilliire. — Kxposilioii onil)ragée, vient dans tous les sols, mais olle préfère ! i
terre Iraiclie, se propaf;c |)ar semis en place fails an priiileiiips ou à raiilomiie; on penl
la miilli|)lier [lar division (les pieds opérée aux mêmes épotpies.]
IlôroKe. — On béloinc en tout lemiis. Cependant elle a [)lus d'é-
peut lécoller la
nci^ie an moment où les lleuis conmiencent à s'entr'ouvrir. On dit (pie ceux qui récol-
tenl la beloine éprouvent des élourdissemcnls, des vertiges, une sorte d'ivresse, ce (pii
send>lL' iiidi(iuer l'élat frais rexistence d'un principe narcolico-Acre.
.'i
Rien de pins vague, de plus incertain, de plus exagéré que tout ce qui a
été dit et répété sur la bétcjine. Dioscoride et fîalien exaltent ses vertus.Lu-
cius Apulée (1) la regarde comme un remède infaillible C( ntre quarante-six
maladies, dont plusieurs sont très-graves, ou incurables, telles que la paraly-
sie, la rage, la phthisie. Les Italiens et les Espagnols ont considéré longtemps
la bétoine comme une panacée. Pour signaler une personne ou une chose
douée de qualités rares, ont dit proverbialement Ha piii virtùchc hettonica. :
Les médecins anglais, allemands et fran(^'ais ont été plus réservés, bien que
peu d'accord sur les propriétés de cette plante. Cullen la juge indigne de
figurer dans la matière médicale. Hildenbrand ne la cite pas. Murray adopte
avec hésitation les observations de Scopoli sur l'emploi avantageux de la
bétoine dans les afiections muqueuses et dans les catarrhes atoniques. Gili-
bert dit en avoir éprouvé l'utilité dans ces dernières affections; mais il n'a-
joute guère de confiance fi la propriété émétique et purgative de la racine,
d'accord en cela avec Bodart, qui ne recommande cette plante que comme
propre à remplacer le tabac par sa vertu sternutatoire. Néanmoins, suivant
Coste et Wilmet, la raci'ie de bétoine, qu'ils ont soumise à l'expérimen-
tation, excite des nausées, des vomissements et même des évacuations al-
vines.
L'incrédulité est aussi contraire aux progrès de la thérapeutique qu'une
confiance aveugle. N'ayant jamais eu l'occasion de vérifier l'action émétique
et purgative de la bétoine, j'aime mieux croire avec Coste et "SVilmet, qui
ont vu, que nier avec Gilibert et Bodart, dont la manière de voir ne s'appuie
sur aucun lait bien observé.
On a administré comme fébrifuge populaire, surtout dans les fièvres inter-
mittentes automnales et rebelles, la poudre de feuilles de bétoine, à la dose
de 3 à 6 gr., dans un jaune d'dHif, quatre heures après la fin de l'accès.
Cette dose, agissant comme éméto-cathartique, nous parait devoir produire
une assez forte révulsion. Gr. Horlius recommande, contre les fièvres tierces,
la
19/j BETTE eu POIIIEE.
l'iiltmre. — Celle plante a produit par la culture deux variétés principales, culti-
vées, pour ses l'euilles alimentaires (belle ou poirée à cardes), l'autre pour sa ra-
l'une
cine charnue, alimentaire et saccharilére, répandue dans les champs et les jardins.
Récolte. — Les feuilles et les pétioles de la belle ne sont employés que frais. Ces
derniers sont bouillis à l'eau el mangés comme des asperges.
l»poïïrié*és plty iniques et cliimic|ue@. — Les feuilles de la belle con-
liennenl beaucoup de niaticie mucilagincub^e el du sucre.
La
poirée, d'une saveur douce, aqueuse, est émolliente, rafraîchissante.
On en fait des bouillons tempérants avec le veau ou le poulet. Ces bouillons
remédient à la constipation, calment l'irritation des voies urinaires; ils con-
vicnnrnl aux graveleux, aux personnes d'une constitution sèche, d'un lem-
l)éramenl bilieux. (»n mêle souvent la poirée avec l'oseille pour en modci'cr
la saveur acide.
La racine de poirée, dépouillée de son écorcc, a été quelquefois employée
conune suppositoire pour lâcher le ventre des enfants. Le suc de celte ra-
cine passe pour sternulatoire. On emploie les feuilles à l'extérieur pour le
pansement des vésicatoires.
Leclerc indique le remède suivant contre les croûtes de lait Frottez les :
gales avec du beurre frais ou de l'huile d'amandes douces; mettez par dessus
des feuilles de belle, que vous changerez deux ou trois fois par jour. Vous
continuerez ce remède jusqu'à parfaite guérison, en ayant soin d'attacher
les mains de l'enfant de peur qu'il ne se gratte. —
« Quand, dans les dartres,
dit (lufeland, les douleurs sont très-rives, on a recours à des applications frc-
queumient reiiouveiées de poirée ou de plantain pilé, sorte de cataplasmes
BETTERAVE. 1<J5
que j'ai vus giicrir los ])Ins adVciiscs darlros siippnranlos cl rongeantes à la
l'a Cf. ))
lîouch'.irdat el Sandras avaient, drs IH'MJ (I), avancé que le sucre rolardail
l'absorplion. (l'esl i)robablenient à ce litre qu'il a i)U ôtre utile pour ainHcr
les profères de l'ivresse (•(»mnien(;anle ou diniiiiuer la ra[)idilé et la gravité
des syuiplùuics alcoolicfues.) (2i
Le sucre, et surtoul la cassonade, pris en grande quantité, est laxatil'. Kn
calmant lirrilalion des voies digeslives, il a |)U remédier à des gaslro-
entériles chroniques ou à <les engorgemenîs abdominaux accompagnes.de
plilegmasie, de consli|)alion, de chaleur lebrile, elc, sans j)0ur cela agir
par unt; vertu résolutive (|ue ffuehiues auteurs ont cru lui reconnaîtr.'. t^est
à celte action adoucissante, et p(Md-èlre aussi à une combinaison chimicjue,
(|a"il laut rapporter les succès qui' Lobb (.{) lui a attribués dans les afléc-
lions artliriti(pies et calculeuses. C'est un lait h noter que l'iu'inc des chiens
sur lescpicls expérimentait Magentlie, analysée par Clievreul, était alcaline
et ne contenait pas tivice d'acide uriquc. Le sucre est employé avec avantage
dans les irritations intern<'S en général, et en particulier dans celles de la
poitrine, des intestins et des voies urinaircs.
Heccher, Pringle, Magbride, Targioni, se fondant sur des expériences
constatant que le sucre retarde la i)utréraction des matières animales pri-
vées de vie, l'ont considéré connue antiputride. Coinme tel, ils l'ont pres-
crit dans les ftvvrcs ttjiilioïdcs, Icti/pJius, le scorbut. C'est évidemment plutôt
connue substance adoucissante et alimentaire qu'il peut être utile dans ces
maladies.
On croit vulgairement que le sucre favorisa la production des vers chez;
les entants. Mais des vers plongés dans le sucre, sijit en ptjudre, soit en so-
lution, ont éprouvé en assez [)eu de temps, d'après les expériences de
lledi (-4), les eflets d'une action délétère. Méral (o) range le sucre au nombre
des substances qui agissent comme anlhelminliques en tuant les vers par
indigestion. J'emploie fréquemment les lavements de décoction de graines
tle lin dans le lait, avec addition de cassonade et d'huile d'olives, de lin ou
d'œiliette. Ces lavements sont surtout convenables quand la douleur, une
irritation vive ou un état ijhlegmasique des intestins se joint à l'affection
vermineuso. Je les mets aussi constamment en usage dans les convulsions et
dansions les accidents sympathiques qui, par leur invasion soudaine, ne
permettent guère que l'admiiiistraiion des moyens que l'on peut toujours
trouver sous la main. Je fais ordinairement succéder à l'usage de ces lave-
ments, que je considère i)lutùt comme préparatoires que comme curalifs,
l'emploi à l'intérieur de vermicides appropriés ;\ l'état du sujet, et quelque-
fois même, quand il n'existe pas de contre-indication, l'usage de lavements
vermifuges-purgatifs faits avec la décoction de gratiole, de racine de bryone,
de mercuriale annuelle, de liseron des haies, etc.
(Le hasard a signalé à Debout l'action délétère du sucre sur les en-
lozoaires (0). Placés dans de l'eau sucrée, les oxyures vermiculaires s'y tor-
dent, s'y crispent et tombent rapidement sans vie au fond du vase. De cette
observation à l'application thérapeutique il n'y avait i)as loin. Les lotions et
les lavements d'eau fortement sucrée ont admirablement réussi à cet habile
praticien, contre ces parasites. La vie des animaux respirant dans l'eau est
incompatible avec la présence d'une quantité ])lus ou moins grande d'une
substance sucrée. Nous faisons appel clia([ue jour à ces propriétés toxiques
l>our faire tomber les sangsues. L'action topique n'est pas douloureuse comme
excitée par leur ingestion l'eau des tissus en contact avec elles se trouvant
,
séciii'i- a roniiii'c; la dcssiicalidn Icin' cnli'xr inic [larlic i\r Icm's propi'iétés.
l*i'0|»i*i<^l6M |iliy><i«iii<'.ot <>t rliiiiiiiiiieN. Les hidcns, roninie les spilnn-—
Ihus, renici'ineni une Iniile csscnlicllc cl une iiialiére résineuse àcie cl l)rùlanle.
Le l)i(lent est une ))l;iiile Acre ([wi mâchée, excite la saliviition ù la ma-
,
Celte espèce a les mômes propriétés que la précédente. Elle sert pour la
teinture en jaune.
(Cet arbre élevé est originaire de l'Amérique boréale et cultivé dans les
jardins d'agrément et les parcs.)
[Uesci'iption. —
Arbre remarquable par son port, la fraîcheur de son feuillage et
la licliessede ses Heurs. Celles-ci sont blanches, tachetées de pourpre ou de violet, rayées
de jaune. —
Calice à deux divisions courtes, arrondies et concaves. Corolle carapanu- —
lée, lind)e irrégulier. —
Cinq étauiines, dont une, deux ou trois l'estent stériles. Les —
fruits sont des capsules longues, cylindriques, à deux valves el à deux loges, renfermant
un grand nombre de semences élroites, munies d'ailes membraneuses.]
(Parties usitées. — Les capsules, le suc de l'écorce de la racine.)
[Propriétés |iliysif|iies et €liiiiiif|iies. L'analyse du B. — catalpa n'a
pas él(' laile. On du B. cldcn (ilum])ohU) une malièie colorante couleur d'ocre,
retire
dont les naturels du Chili se servent pour se colorer la peau.]
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
Décoction, 10 à 15 gr. d'écorce pour 1 litre 1 Teinture, alcool et suc d'écorces de racine»
d'eau. j
panies égales.
Celle plante vivace (PI. IX) est commune dans les pâturages et les prés.
(In la cultive quelquefois dans les jardins. Les bestiaux brout'Mit la bistorte
avec avidité; les chevaux seuls la négligent.
lleseriptioii. — do ligo soulorraino do la longu-^ur du doigl^ dure,
H.u'ine, sorte
filird-liilH'n'uso, niarq'K'c d'iiitersortions annulaiios qui joltont ç<i et là des raniuscuios
di'lios et n()iid)roiix; coiilournéo doux ou trois lois sur cilo-mènio et torse, do là le nom
<\o historié; l)nuiàtio en doliors, rou2;oàtro en dedans. —
Tij^o de 35 à 50 centimètres,
luMbarée, droilo, cvliniliique, noueuse, sIrii'O, lislulouse, glabre. I-'ouillos alternes, —
ovales-lancéolôos, à liniho dorurront sur le [xMiol»', les supi-rieuros jtlus petites, sossiles,
s'Mni-ainpIt'xi'aulos; les radicales ])()itéos par un long iK'tioio formant une gaine à sa par-
tie iiiterieiuc. —Fleurs roses, petites, disposées on épi terminal serré, cylindroïdo, de la
longueur de 5 cenlimèlres environ, garni (Fécailles luisantes sé(arées, |)ointues, situées
<Mitre les tieurs, qui sont tr6s-uond)ieuses (mai). —
Calice coloré, pétaioïde, quinquéfide.
— Corolle nulle. —
Huit élamines blaudiàtres plus longues que le calice. Ovaire Iri- —
gone, surmonté de trois styles filiformes à stigmates simples. —Le fruit est un akène
evojde, triangulaire, pointu, environné par le calice porsistaid, [lenfermant une seule
graine dressée. Chaque ileur est accompagnée à sa base de plusicui-s bradées sca-
rieuses.
Los tanneurs oui employé la racine de bislorlo. Dépouillée do sa slyplicil(' par la ma-
cération et la décoction, celte racine sort de nourriture aux liabitanis do la Sibérie. On
eu relire au.ssi on Ijussio une fécule qui, mêlée a\ec la farine de froment, n'altère point
la qualiU' du |)ain. La graine pourrait servir à la nouiiiluie des oiseaux de basse-
cour.
l'RÉl'.VIîATIOXS PHARMACKUTIQUES ET DOSES.
A L"iNTi':niEi 1!. —
Décoction, de 30 à CO gr. Extrait (l sur G d'eau), ] à /j gr., en po;ioii,
par kiiogiainmc d'eau. bols, jii
flans le vin l)!anc, clic m'a rcnssi conlrc les Icm-oirhccs sans initalion. Je
lais prendre 2 onces de oc vin par jonr.
à 'i
Cette plante croît abondamment dans nos moissons, où elle réjouit la vue
par ses fleurs d'un beau blen-de-ciel, en capitules solitaires, prenant par la
culture diverses couleurs. Autrefois on employait le bluet contre une foule
de maladies plus ou moins graves, et notamment contre l'hydropisie. On lui
reconnaissait une vertu diuréticiue. Les fouilles bouillies dans la bière ren-
daient, dit-on, celle boisson apéritive. Cette plante, presque inerte, ne sert
plus que comme léger astringent, en collyre. On en prépare encore quelque-
fois une eau distillée.
Le Bolet ou Champignon du saule {Bolcius snlicinus), qui croit aussi sur les
saules comme l'espèce précédente, possède, dit-on, les mêmes propriétés.
KôeoKe. — Les feuilles se récollent avant la floraison. Plus taid, elles deviennent
dures el coriaces.
Proiirîétéî* pSiyj^iqiies et eliiaiiiqiBes. —
Les feuilles sont très-imicila-
gineuses el se rapprocheiil \)\\.v leui' nature de celles de l'épinard.]
Cette plante annuelle (PI. IX) ci-oil dans les lieux sablonneux du midi de
la France; on la trouve dans les lei'i'cs iru'ultes aux environs de Perpignan
et de Toulouse, dans la Provence, etc. Lejeune, de Yerviers {in Dubois), dit
l'avoir rencontrée en Belgique, à Ensival, à Yerviers, à Liège. On la cultive
dans les jardins pour l'odeur balsamique de son feuillage.
I>eseri|itioii. — llacine peu volumineuse, cliarnue. grisàti'e h TeNtéiienr, blanche
à rinlérieur, s'enlonçant jierpendicnlairement dans le sol en s'amincissanl i)ar degrés,
—
BOUCAC.E. 203
JPni'licN iiMÏt^H'iK. —
l>es lenilles et les sommités.
[CiiKiir*'. —
lîarement cultivée, demande une exposition chaude. On la sème en
place l'u mars el avril; mais il vaut mieux semer en mars sur couches, pour repiquer en
mai. On arrose modér<'menl pendant les chaleurs.]
l{«'*c*olfe. —
On doit l'aire sécher la plante entière avec ses fleurs; elle est ahjrs jjIus
odorante el cons<>rve ses princii)cs ri'sineux. VAW ne |)erd aucune de ses qualités par la
dessiccation.
I*i'«»|irM''t«"H |iliy!i)i<i«ieN «'< c*liiiuif|ii«'$«. —
Le hotrys est remarquable par
son odeur l(»rle, lialsamique, et sa sa\eui' cliaiide, piquante el un peu amère. Son aromc
approche beaucoup de celui du cyste ladauifère. Frappées des l'ayons du soleil, ses
feuilles sécrètent abondanuuenl le suc balsamique qui les rend visqueuses, bi'illantes,
aromatiques. H se l'oi-me, en outre, à leur surface (le petits cristaux blancs comuie le
Jiilre, et qui, connue lui, fusent, s'enflanuiient et détonnent sur les charbons ardents.
Exiiniu' fra(]r(tutiœ firatià eliam diis ex})clUa fuisse ûicilur hœc planta. Iîokcl.
D'après Carllieuser, celle plante contient une certaine quantité d'iiuile volatile. Le —
botrys préserve les étoffes de la piqùi'e des teig.-.cs.
PRÉI'AP.ATIO.NS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A i.'i\Ti';niEiiR. — Infusion, 15 à 30 gr. dans Vin (1 partie sur 16 de vin), 30 à 100 gr.
1 d'eau boiiillanto.
i<ilogr. Poudre, 2 à 8 gr. en étectuaire ,
pilules,
Eau 30 ;\ 100 pr. en potion.
distillée, bois, etc.
Sirop, 30 à GO gr. en potion.
Celte plante croît sur les pelouses el dans les pâturages des montagnes,
dans presque toutes les parties de l'Europe. Les chevaux et toutes les hèles
à cornes aiment cette plante.
2<>4 r,OLILLO.N-BLANC.
Description. —
Wiu-ino mince, pivotante, longue. Tiîj;o grêle, ranicuso, peu —
garnie de feuilles, liante de 30 ceijtiniètres environ. —
lùniilles ail-'cs, cinq à sept t'o-
[Culture. — Celte
plante est comprise dans la grande culture comme plante four-
ragère; elle omît dans les leri'ains calcaires et arides. On la cultive surtout dans les ter-
rains crayeux de la Cliauipagne.]
Kécolte. — La racine se récolte en autonme; les semences lorsqu'elles sont parfai-
tement mûres.
Propriétés pliysiïiMes et cliiiti ici lies. Cette omliellilérc se distingue—
](arune odeur forte, par une saveur cliaude, stimulante, amére. Sa racine est suitout
imprégnée d'une huile volatile très-active. C'est principalement dans la racine et les se-
mences que résident ses propriétés. L'eau, le vin et Talcool s'emparent de ses principes
actifs.
les bois, les prés couverts, le long des ruisseaux, a les mômes propriétés
que la précédente. Elle conlicnt une huile essentielle très-forte, de couleur
bleue, ainsi que son eau distillée. Ce principe colorant ajoute encore à son
ùcreté.
1>< fiiC'i'iptioii. — lî;ic:ii(' |)iv(ilaiil(\ dure cl (•(uiiiiic ligiiPiiso, l/lancljàlie, jctaiil çii
calice, dt'liiscenl. —
draines très-petites, oblongues, iubeicideu.es, cliaj^'riiiées, à pi'ri-
spernie épais, charnu. —
lùnbryon droit.
Pt«i*tieH iiixif^'e!^. — I.es l'euilles et les fleurs.
[CiiKiire. —
l.e Iiouillon-blanc spontané suflit h la consoiinnalic n pour la iiiédc-
cine; demande un lerraiu s(!c el une exposition chaude. On le propage de graines se-
il
Kériilto. —
Les fleurs de bouillon-l)lanc doivent être cueillies aussitôt qu'elles sont
é|)anouics el séchées le plus proniptemenl possible, afin de les empêcher de brunir, La
culture de celle plante demande une teire légère, chaude, el un lieu sec el sans
ombre.
l»po|>ri<''<^'» i>liyii>if|ues <'t eliiiiiifiiiei^. —Les fleurs de molène contien-
nent nn(> huile volatile jaunàlie, une nialière yrasse, acide, ayaid quelque analogie avec
:
parce qu'il existe sur les fleurs de petits poils qui, s'arrêtant h la gorge,
pourraient causer de l'irritaiion et provoquer la toux. Cette remarque pa-
raîtra minutieuse à ceux qui, peu familiarisés avec la pratique, ne savent pas
combien la médecine riche en principes et en aperçus généraux, manque
,
[Culture. — l'eu dilTicilo stn* le choix du sol, lo ])ouloau végète bien dans les
creux, les sables, dans les lenains arides cl pierreux; il pousse jusqu'au fond du Groen-
land; il résiste à toutes les intempéries; on le propage par graines semées en p;'pinière,
que Ton repique plus tard, ou par boutures, qui prennent assez difficilement.]
Récolte. — L'écorce et les feuilles se récoltent comme celles des autres arbres.
La sève se tire au printemps, avant le dévelo|)pement des feuilles, de la manière sui-
vante « Dès les premiers jours de mars, on va dans la forêt voisine choisir un bou-
:
leau de moyenne taille, on y fait avec une vrille grosse comme une plume à écrire, un
Irou horizontal la hauteur de 3 ou h pieds du sol
.'i dans ce trou, un peu profond, on
;
place un tuyau de paille qui sort de trois ou quatre travers de doigt, pour servir de
conducteur à Peau qui va s'écouler au-dessous et à terre; on dispose un récipient
quelconque que l'on couvre d'un linge clair et propre, afin d'arrêter les petits insectes
ou les ordnres qui pourraient y tomber. Ce récipient se remplit bientôt; on ne fait cette
perforation qu'une ou deux fois sur le même arbre, et, au bout de peu de jours, on
passe à lui antre, afin de ne pas trop le fatiguer. On a soin, quand on fait ce change-
ment, de boucher le trou avec un fosset, sans quoi le bouleau, continuant h donner
plus ou moins d'eau, souffrirait, sans toutefois en périr, tant cet ai'bre est dur et vi-
vace. » (Percy. Quelquelois on se contente d'inciser verticalement le tronc ou bien on
)
coupe l'extrémité des bi-anclies, et on laisse couler la liqueur dans des vases destinés à
la recevoir. L'arhre doime d'autant plus de sève que l'hiver a été plus rigoureux.
l'étal d'un vérital)le sucre. L'extrait qui se trouve en outre dans cette sève doit être
considéré comnKî une matière colorante.
[D'après Biot, la sève de la partie inférieure du tronc du bouleau dévie à gauche le
plan de polarisation de la lumière, tandis que les parties supérieures le dévient a droite.]
En Suède, on prépare avec la sève du bouleau un sii'op qui peut remplacer le sucré
pour plusieurs usages domestiques.
BOULEAU. 1207
prcstpre du vin de Clianq)a|^ne. j'oiuquoi ii"en lai)rique-t-oii pas on iMance (^onimc dans
le Nord, où l'on s'en réf^ale pendant l'été?
I,es Suéddis et les Lapons tirent un faraud paili du honjeau. Son écorcc, qui souvent
survit longtenq)s à la destruction conqilète de lintérieur de l'arbre, sort à la couver-
ture des cabanes; on en l'ait des corbeilles, des cliaussures nattées, des cordes, des
filets, des bouteilles, des assiettes. Lorsciu'elle est encore remplie de ses sucs à demi
résineux, elle lonruil des torclies (pii éclairent bien; on en retire, à l'aide du l'eu, une
Iniile poisseuse (pii dom)(> aux cuirs de Hussie une qualité supc-rieure et une odeur par-
ticulière. Kniin. les l\auitcliadales trouvent dans cette écoice un aliment et une bois-
son ils la mêlent à leur caviar, et en pi('parent une sorte de bière. L't'piderme sert
;
à relier des cuves, et les gros sont mis en œuvre par les sabotiers. Les menues brandies
sont enqiloyé'cs à faire des l)a!ais et des verges.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A i.'iNTKRiEin, —
Sève 100 gr. aux enfants; Ecorce en poudre, 15 à ,'|5 gr. par jour, en
180 à 20;t }ïr. aux adultes. éicctuaire, dans le vin, etc.
Feuilles en décoction, 30 à GO gr. par kilo- A i,'extéiuei'r. —Décoction de l'écorcc ou des
grammed'eau. feuilles en lotions, fomentations, etc.
Ecorce en dccoction, 30 à GO gr. par kilo- Huile empyreumati(|uc, en frictions, embro
gramme d'eau. cation, etc.
Sans croire aux merveilleuses vertus que les peuples du Nord ont accor-
dées i\ la sève du bouleau, on ne peul. non plus les révoquer tout à fait en
doute. Cette sève, qui est Irès-abondanle, a été vantée, comme dépurative,
contre les éruptions cutanées, darlreuses et psoriques, par Salzmann, Ricd-
lin, Pauli, AVerg; comme diurétique et lithonlriptique, par Matthioli, Char-
leton, liartholin, Davel, Bo}ie,A'an Helmont, Lange; comme vermifuge, par
Roscn et Bergius. Percy en parle en ces tm-mcs :
[Culture. — La bourgéne des bois et des haies sulfil aux besoins de la médecine
et de l'indusliie; on la cultive souvent dans les parcs d'agrément, elle préfère une
terre humide et ombragée; on la propage par graines semées immédiatement après la
maturité, ou encore par boutures et marcottes.]
Récolte. — On récolle l'écorcc moyenne pendant la floraison, pour la faire sécher.
Klle conscivc longtemps ses propriétés.
(1) Journal de la Société des sciences médicales de Bruxelles, vol. XXI, p. 155, année 1855.
(2) Deutsche Klinik et Gazetle médicale de Paris, :85/j.
ROI i!(;i:\n;. 209
ni odeur ni saveur, l/éeorce moyenne, (|ui esl jaune, inodore, (ruiic saveur ani^ro,
slyplique, nauséabonde, lournit à la teinlnre une coideiir jaune, ainsi que les haies;
mais les leinluriers prérèrent les baies du rhaiiiiius infeclorius, connues sous le nom
do (iniiiies d Avifiuon, [et celles du rlitnnuus aiinjiidaiinus ou {graine de l'erse. Nous
|iarlerons de celte matièr<' colorante jaune en traitant du nerprun (voyez ce mol),
lieiber, qui a analysé la bourdaine, y a trouvé de l'huile volatile, di; la cire, de Tcx-
tiaclir, de la j,'onime, de Palbuniine, un principe colorant et des sels.]
u
210 BOURUACHE.
résulte de nos expériences, dit Dubois, de Tournai, que ces baies ne sont
rien moins que purgatives j'en ai avalé jusqu'à cent; j'en ai fait prendre de
;
•
BORRAGiNÉES. — BoRRAGKES. Fam. nal. — Pentandrie MGISOGY^'IE. L.
[Culture. — La hourrache croît dans tous les terrains, mais elle préfère les lieux
exposés au soleil on la propage par graines semées au printemps, on transplante les
;
mucilagineuse, 18; matière azotée, soluhle dans l'eau et insoluhlo dans l'alcool, 13;
acétate et autres sois végétaux de potasse, 12; sels de chaux, 05; et nitrate de po-
tasse, 05. L'eau dissout tous ses principes actifs.
Toute la plante contient un suc visqueux et fade. [I est si visqueux, si épais, que
souvent, pour l'ohlenir par expression, on est obligé d'ajouter de l'eau. Ce suc, déféqué
par le blanc d'œuf et évaporé en consistance do sirop, donne des cilstaux de nitre au
refroidissement. La décoction dos feuilles, réduite à consistance de sirop au hout de
quelques jours, présente aussi une quantité de ces cristaux. La chaleur sépare du suc
une substance miiquouse qui f)araîl avoir de l'analogie avec rall)umine. On prépare
avec le suc épaissi ou avec la plante dessécliée un extrait qui, délayé dans l'eau dis-
tillée, permet de loproduire en tout temps du suc de
bourrache, —
L'art tinctorial n'a
»,.i'ollo
qii cruil dans los lioiix un pou onil)rafj;(''s ol iinniidos, ollo osl lr('S-Mnicilajj;iMoiiso et
aloi's ti'ès-oniollionto pins lard, lorstprollo est on lloni's, il so dovoloppo un principe
;
oxtraclil' ;d)()ndant, ot ollo est alors icj^ardôo conuno apôrilivo, (li'pnraiivo ol sndoii-
fî(pio. Kniin, lorscpi'ollo a pass(' (loiii' ol à IV'poquo où los frni's niùrissonl, ol lorsque
snituul la planlo cioil dans dos lorrains socs, elle osl liclie en nitralo de potasse, el esl
alors oniployoe avec raison coninio dinrotique.]
A i.'i.xTKnuxu. —
Infusion des fleurs, 20 à Kxtrait, 2 à 8 gr. (inusité).
GO gr. par kilogramme d'eau. Kaii (tistillôc, 30 à 100 gr. en potion (inerte).
Décoction des feuilles et des jeunes tiges. — —
A i/K\TKiUKiin. Décoction de toute la plante,
Mêmes dosi-s. 50 à 100 gr. par kilogramme (J"eau, pour
Suc exprimé, 50 à 100 gr. I fomentations, fumigations, etc.
Los reiiillos do hourraclie entrent dans le sirop d'érysiinuni composé, dans le sirop
de poniine conq)osé.
Dicit borrayo : gaudia cordis ago (la bourrache dit Je mets le cœur en :
liesse). Le mot latin horago ou harrago paraît être une altération des mots :
corrago, corago, cor ago. « Les anciens, dit Roques croyaient que la bour- ,
des anciens; mais est-ce avec raison? Connaissons-nous les autres moyens
qu'ils employaient en même temps? Qu'on purge doucement ces malades,
qu'on leur ai)plique quelques sangsues à l'anus; s'ils éprouvent des conges-
tions hénionhoïdales, qu'on leur prescrive im doux exercice, une alimenla-
lion simple, tempérante, et qu'on leur donne tous les matins quelques verres
d'une décoction de bourrache édulcorée avec du miel ce traitement aura :
peut-êlre du sticcès, et l'on sera plus indulgent pour les anciens. Ils
n'avaient pas tous nos médicaments, mais ils avaient bien autant de philo-
sophie que nous. »
212 r.OLI\SE A PASTKLR.
linéaire, étroite. —
Graines oblongues, comprimées, rougeàtres, nombreuses, sans
périsperme emhryon huileux, plié, à cotylédons plans ; radicule dorsale. [Cette plante
;
[C'iiltiii-e. —
La bourse à ])asteur est tellement répandue, que celle que Ton trouve
à Tétat sauvage est plus que snllisante pour la consonnualion on la propage par gi'aines ;
et elle pousse dans tous les terrains elle est plus active et plus tàcre loisqu'elle est
;
jeune.]
JKécolte. —
La bourse ù pasteur doit être récoltée avant la floraison, et emjjloyéc
verte. La dessiccation lui fait perdre ses propriétés.
l*ro|triétés iilàysiques et cliintitiues ; usages éconoini<ities.
— L'i deur debourse à pasieur est nulle, et sa saveur lappelle faildemenl celle des
la
crucifères. Elle ne noircit i)as le sulfate de fer. Elle renferme un principe résineux amer.
L'eau, et surtout falcool, s'emparent de ce principe de la plante employée fraîche.
(Neuberger (1) s'occupe de Pintroduction de l'huile de tlilaspi dans le commerce. Il
a, dans ses essais, obtenu un rendement industriel de 21 pour 100. Cette huile s'épure
facilement et brûle bien. Les tourteaux, qui renferment 3.56 pour 100 d'azote, sont
mangés par les moutons. La variété de thlaspi qui fournit le plus est celle à graine
brune et ronde.)
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'iNTÉniELR. — Suc froid, 100 à
préparé à Vin (herbe fraîche, 180 gr.; vin de Bordeaux,
180 gr. 1 litre; alcool de thlaspi, 00 gr.; huit jours
DLCoction, 30 à /iO gr. par kilogramme d'eau. de macération, passer avec expression et fil-
Infusion, herbe fraîche 100 gr.; au bouillante, i trer), une cuillerée à bouche d'heure en
1 kiiogr.; deux heures d'infusion, à prendre heure.
en un jour. Bière (500 gr. pour 2 litres de bière, six jours
Alcoolat, plante fraîclie 5 kiiogr. alcool rec- de macération, exprimer et filtrer), propre
tifié à Cl" Cartier, k litres distillés au bain- ;\ remplacer le vin de thlasj)!.
marie jusqu'à obtention de 3 litres d'al- Conserve (feuilles radicules, 1 partie; sucre,
coolat. 3 parties; piler et réduire en pulpe).
Teiniuie (alcoolat de thbspi, 1 litre, herbe Sirop (suc dépuré, 1 partie; sucre blanc, 2 par-
fraîche, 500 gr. huit jours de macération),
; ties), 30 à 100 gr. en potion.
préparation représentant bien les princii)cs Extrait de suc, 2 à, 10 gr. en pilules, dans du
actifs du thlaspi, 60 à 1?0 gr. par jour. vin, etc.
Ces diverses préparations, indiquées par Ilannon (2), constituent un luxe phar-
maceutique inutile dans la thérapeutique indigène. Le suc, l'infusion ou la décoction,
lo vin 0»! la bu^re dp llilaspi poiivfiil suffiro, à loiis les besoins cl allnindio
lo lui! qu'on
se propose la médecine a lion niarclK'.
:
L:i bourse î\ pasteur est aslriii-iciile. Kilo peut èli'c einiiloyée dans les diar-
rhées, les dvseiiteries, les héinurrha{;ies passives, lorscin'on ne veut \m)-
duire qu'une astriiigence modérée et graduée, pour ensuite lairc usage des
médicaments plus aelifs.
Les anciens faisaient grand cas de la bourse ;\ pasteur. Dioscoridc la
recommande dans le traitement de l'hémoptysie. Dodoens considère le suc
ou la décoction de celte plante administrés ;\ rinléiieur ou en cataplasme,
,
bouillir une demi-poignée de la plante entière dans trois tasses d'eau jus-
qu'à réduction d'un tiers. Le malade en prend une tasse h la fois. Or, il
arrive qu'au bout d'une heure l'hémorrhagie diminue h ce point qu'il de-
vient inutile de recourir à une seconde tasse. S'il s'agit d'une menstruation
trop abondante, Lange parvient souvent à modérer l'écoulement sanguin, et
môme à le prévenir, en administrant le médicament dès le début. 11 suffit,
en général, d'user de cette médication à deux ou trois époques menstruelles
pour qu'après cela le flux périodique reparaisse dans des conditions nor-
males. Lange croit, d'ailleurs, devoir faire observer que la bourse à pasteur
n'a donné ïieu à aucun accident, et qu'elle s'est montrée utile alors qu'on
avait employé inutilement les astringents de toute nature (2).
J'ai eu l'occasion, l'année dernière, de vérifier les bons effets de la bourse
à pasteur chez une demoiselle âgée de dix-huit ans, lymphatique et ner-
veuse, dont les menstrues, très-abondantes et ayant une durée de dix à douze
jours, amenait un état de débilité que les toniques et l'usage du fer dans les
intcrv.illes ne pouvaient combattre, à cause du peu de temps laissé entre les
pertes utérines. La décoction de bourse à pasteur (une poignée d'herbe
fraîche pour 1 kil. d'eau), prise par tasses de deux heures en deux heures,
arrête peu cà peu l'écoulement dans l'espace de deux jours. On peut ensuite
opposer avec succès à la chloro-anémie, le régime analeptique et l'usage du
fer réduit par l'hydrogène.
Lange prétend "que la bourse à pasteur provoque les règles, si leur retard
dépend de l'inertie de l'utérus. Comme rien ne décèle dans cette plante une
La brunelle est très-commune dans les prés, les bois, au bord des che-
mins, etc. Le bétail et surtout les moutons la mangent. Ses fleurs sont mel-
lifères.
I>e!!ici*i|itioii. —
Racine nicnuo, fibreuse. —
Tige simple, de 1 à /i dccimèfrcs,
cnurliéo, puis di'essée, carrée, légèrement velue, roiigcàtre.— l'"euilles pétiolées, ovales,
puhescenlcs en dessous, entières, opposi'es. —
Fleurs purpurines ou ])feuàfrcs, verti-
ciltées, en épi court et tei-minal, muni d'une paire de feuilles à la base, cliaque verti-
cillc présenlant deux bractées larges, cordiloriiies, velues (juillet-août). Calice tubu- —
leux, à deux lèvres, la su|>('iieure trideiiti'c, riuféi'icure bident(''e, plus petite. Corolle —
bilal)iée, à lèvre su|)(!rieurc eiUièie, deutée, concave, recourbée sur Feuli'ée du tube ;
l'intérieure trilobée et peucliée sur le calice. —
Quatre étamines didyuan)es à filaments
t'ourcbus au sommet, cachées sous la lèvre supérieure, que dépasse le stigmate bifide.
— Fruit tétrakènc, lisse, glabre, à trois angles mousses.
Cette plante, d'une odeur presque nulle, a été considérée comme astrin-
gente, détersive, vulnéraire. On l'employait autrefois dans les hémorrhagies,
les diarrhées chroniques, le scorbut; en gargarisme, dans les angines Ic-
L.v Brunelle a grandes fleurs (J5. Grandi flora Jacq.) jouit des mêmes
,
Cet arbrisseau, que tout le monde connaît, croit abondamment dans les
landes, dans les bois sablonneux, dans les terrains incultes et arides de
l'Europe.
Sesei'iittioii. —Tig(^s lortiioiises, rameuses, rccouvorles d'une écorrc dure cl
rougcûtri^ t()!niaiit dos touffes (Maléos, dllfiisos. —
l>>iiillcs lrès-i)Olilcs, scssiles, d'un
vert tendre, rapproclK^es, h base sagilt(^c ou bifide, tout à fait appliqiK^es sur les ra-
meaux. — Fleurs petites, presque sessiles, d'un ronge vif, quelquefois ])lanclies, en
grappes simples et terminales. —
Calice double. —
Corolle dont le limbe ollVe quatre
divisions profondes, droites, pointues. —
Etamines insérées sur la corolle, quelquefois
216 BRUYÈRE.
adlicnMilos par la liaso, on nombre égal ou tl()til)ie des ilivisions de la corolle, alternes
avec elles, incluses on oxerles. —
Stigmate saillant, quatre lobes.
<'i —
Ovaire libre ou
senii-inlère. —
Finit: capsule couronnée par le calice entier.
Parties usitées. — Les feuilles et les fleurs; quelquefois toute la plante.
Propriétés pliysi«|iies et e1iinii<|iies; usages économiques.
— La bruyère, d'une saveur astiingente, un peu amère, contient une assez grande
quantité de tannin et se rapproche beaucoup, par ses pi'incipes actifs, de quelques
plantes de la même famille, i)arliculièrement de la bussei'ole (arbnius uvn ursi^. Elle
sert au tannage. En Danemai'ck on en tait une sorte de bière qui n'est pas désagréable.
Les abeilles cueillent sur les fleurs les matériaux d'un miel jaune qui conserve la saveur
un i)eu âpre de la plante. Les paysans du Nord font avec cette plante des couchettes
qui, certes, sont moins douces que nos lits de plumes, et sur lesquels ils reposent plus
tranquillement que nous.
vage le matin et le soir, au poids de cinq onces, trois heures devant le repas
durant trente jours, rompt la pierre de la vessie, et la fait sortir dehors;
mais après cela il faut que le malade se baigne en la décoction de bruyère,
et, pendant qu'il sera dans le bain, il faut qu'il soit assis dessus ladite
herbe; il faut faire souvent ce bain (1). »
On a traité un peu légèrement les opinions émises par nos prédécesseurs
sur les vertus de la bruyère. En ne voyant que la gravelle dans les petits
morceaux de la picr7'e brisée dont parle Matthiole, on sera dans le vrai. Au
lieu de rejeter comme absurdes les exagérations des anciens sur les proprié-
tés de nos végétaux, il faut les examiner et les réduire à leur juste valeur.
Le dédain de la science moderne pour tout ce que l'observation leur avait
fait acquérir, nous a privés de ressources thérapeutiques réelles. « La
bruyère, par ses propriétés chimiques, dit Roques, se rapproche beaucoup
de quelques plantes de la même famille, particulièrement de la busserole,
à laquelle on ne peut contester une action spéciale sur l'appareil urinaire;
celte analogie nous dit de ne pas la confondre avec les végétaux inertes.
Nous la recommandons aux hommes spéciaux qui s'occupent des maladies
de la vessie. » Sans m'occuper spécialement des maladies des voies uri-
naiies, j'ai tenu compte de la recommandation. J'ai substitué avec d'autant
plus de raison la bruyère à la busserole que celte dernière ne croît point
,
rurgie des pauvres, Paris, 17J4, 1 vol, in-12; Diclionmire botanique et pharmaceutique. Paris^
1710, 1 vol. in-8".
HUYONE. 217
nopétale, canipanulée, à cinq divisions protondes, ovales cinq étamines en trois fais-
;
ceaux par leurs filets; anthères linéaires. Femellea : ovaire globuleux, infère; style
court, trifide, dont les stigmates sont échancrés. Fruit —
baie globuleuse, de la gros-
:
seur d'un pois, d'abord verte, devenant d'un rouge vif à l'époque do la maturité, conte-
nant trois à six graines ovoïdes, enveloppées dans une pulpe mucilagineuse.
Parties usitées. — La racine et quelquefois les jeunes pousses.
[Culture.— La bryone se propage avec la plus grande facilité par ses graines
etpar ses racines ; elle vfent dans tous les sols, elle n'est cultivée que dans les jardins
de botanique.]
Kéeolte. — La racine
do bryone, étant vivace, peut être employée fraîche toute
Tannée. Je conservée dans du sable comme on le fait pour les carottes. Pour la
l'ai
faire sécher, on l'arrache dans l'automne ou dans l'hiver, jusqu'au moment où elle
jette sa pousse au commencement du printemps on la lave, on la coupe en rouelles
;
minces, que l'on l'ait sécher à l'air en les étendant sur des claies d'osier, ou mieux, en
les suspendant après les avoir enfilées en forme de chapelet, do manière que les
rouollos soient un peu espacées entre elles. On peut aussi les faire sécher h l'étuve.
Cotte racine conserve une très-grande amertume après la dessiccation. On doit rejeter
celle qui est picpiée des vers.
La l'acino de bryone a quelquefois été vendue pour celle do méchoacan.
Propriétés pltysiciues et cliiniiciues; usages éeouoniiques.
— La saveur de racine de bryone est amère et nauséabonde. D'après Dulong, d'As-
la
taforl, elle contient la bryonino, une grande quantité de fécule, une petite quantité
de
d'huile verte concrète, un peu de résine, do l'albumine végétale, do la gomme, beaucoup
de sous-malate de chaux, un peu de carbonate de chaux, un malate acide et dos sels à
base de chaux et de potasse (1). L'eau et l'alcool s'emparent de ses principes actifs;
Si, après avoir laissé déposer le suc de la racine de la bryone on épuise le précipité
par l'eau pour dissoudre toutes les matières solubles, il ne reste que la fécule amylacée,
semblable h colle qu'on extrait du manioc, do l'arum, etc., et qui peut être d'autant
plus utile dans les cas de disette, que celte racine est al)ondante el acquiert un grand
volume. (Outre cet usage économique, Furnari, qui propose la culture de la bryone
eau I kilogr. faites bouillir, passez, puis ajoutez à la colature partie égale
;
Cette plante vivace (PI. X) croît abondamment dans les bois, les lieux
humides, le long des fossés, dans les pâturages, etc. Elle est nuisible aux
prés; les moutons et les chèvres la broutent; les chevaux la négligent.
De8cri|ttioit. — Racine menue, fibreuse, blanchâtre. — Tige droite, simple,
"
llécolfe. — Elle peut être récollée pendant tout l'été. Elle ne perd rien de sa
saveur par la dessiccation. Les lierborisles la confondent souvent avec la biigle pyrami-
dale ((ijufjn pjjriimk'alis, L.), donl les fleurs sont bleues, à lube un peu plus long que
dans la bugle rampante, et dont la lèvre inférieure est beaucoup plus grande et plus
velue. L'erreur est sans inconvénient.
[Le genre (ijuçiu fait exceplion dans la famille des labiées, en ce qu'il renferme dos
plantes inodores ou |)eu odorantes.
La BucLE PYRAMIDALE {A. (jeuevcims, L.; A. piiramidalis, Duby) se distingue de la
précédente par ses tiges velues sui- ses quatre laces et ])ar l'absence de slolons des
rejets stériles; elle jouit des mêmes propriétés.]
D'une odeur nulle, d'une saveur amcrc peu prononcée, la bugle est légè-
rement astringente. Elle occupait aulrcl'ois une place cniinente et usurpée
dans pharmacologies. On l'employait comme vulnéraire et astringente
les
dans hémorrhagies, la dysenterie, la leucorrhée, etc. Ellmuller et Ri-
les
vière l'ont recommandée dans la jjhlhisie pulmonaire et l'angine; Gamera-
rius et Dodoens la donnaient dans les obstructions du foie, etc. Le nom de
petite consolide lui a été donné à cause de sa i)rétenduc propriété de souder
les ])laies des vaisseaux sanguins, et, à ce titre, elle entrait dans l'eau d'ar-
quebusade. On appliquait ses feuilles hachées sur les coupures, les ulcères,
les contusions. La bugle a perdu toute sa renommée; on ne l'emploie,
comme la brunelle, que dans les maux de gorge, en gargarisme. Son eau
distillée, dit Gilibert, ne vaut pas l'eau commune, et ce vulnéraire si vanté
guérit uniquement les plaies que la nalure seule conduirait très-bien à cica-
trice.
limbe, ouvert en rosette, se partage en cinq décoi pures arrondies. Cinq élaniines —
courtes, alternes avec les écailles. —
Ovaiie quadrilobé. Style fiiifoime. — Stigmate —
bilobé. —
Fruit quatre t-kènes r.us, ovoïdis, ridés, attachés au fond du calice.
:
BUIS. 223
traiciic ot une exposition chaude ; on les pntpaye par semis ou par éclats de pieds laits
au connnencenient de l'hiver.]
[Rérolte. — On cueille les fleurs au moment de la floraison, on les substitue
souvent aii\ Meurs de bourrache; elles s'en distin;j;uent par leur coloi'ation moins bleue
et i)ar leur coidlle rolact'c. |
qualie étaminos, corpuscule vordàtre et obtus qui est l'ovaire avorté. Fleur fomelle —
unique entourée de plusieurs fleurs mâles, contenue dans les mêmes enveloppes que
les mâles. —
Ovaire dans la fleur feniolle, gros, obtusément trigone, surmonté de trois
styles éjjais, écartés, terminés par des stigmates hispides, sillonnés. Fruit capsule — :
(1) An account of ihe hritish Trade ovev tlie Caspian sea, vol I, p. 191.
(2) Ou a vu, près de Gcuèvc, un buis dont le tronc avait 2 mètres de circonférence.
224 BUIS.
aiTondio, rouroniu'e par trois espèces de petites cornes, s'ouvrant par trois valves, cl
divisée intérieuienient en trois lof^cs contenant cliacunc deux graines.
/lO degrés, et on ajoute h la solution, par petites portions, de l'acide sulfurique pour for-
mer du sulfate de buxine. L'on traite ce sulfate de Inixine par de l'acide azotique qui
précipite les matières résineuses. Ou évapore cette dernière substance et on ajoute de la
magnésie calcinée à la solution du sulfate de buxine. On recueille le précipité magnésien
sur un filtre; on le lave k l'eau froide et on le traite par de l'alcool à ZiO degrés et bouil-
lant. Après avoir filtré, l'on concentre la liqueur, et l'on obtient par le refroidissement
des cristaux blancs de buxine pure.)
il est des brasseurs qui font entrer les feuilles de buis, au lieu de houblon, dans la
fabrication de la bière. Comme ces feuilles ont une saveur amère et nauséeuse qui
persiste au palais et sur la langue, cette fraude est facile à reconnaître. Cette bière,
ainsi falsifiée, est en outre plus colorée et presque toujours trouble. AKais il est difficile,
sinon impossible, de constater juridiquement cette fraude, hors le cas de flagrant déliL
Avec le bois et la racine de buis, on fait des ouvrages de tabletterie et de tour qui
prennent un beau poli et sont très-recherchés. On en a fait des peignes, des instru-
ments de musique, des cuillers et des fourchettes, des spéculums, des plessimètres, des
stéthoscopes, des tabatières remarqua])les par les accidents qi.e présente le ])ois sous
le tour.On y dessine h l'eau forte des portraits, de petits tableaux. On grave sur le
buis c'est le plus inaltérable et le plus pesant de nos bois indigènes, le seul qui se
;
moins de s'y livrer au sommeil car son odeur avait, suivant eux, un in-
;
lui acheta son secret 1,500 florins et le fit publier. Dès lors, dépouillé de son
prestige, ce médicament tomba dans l'oubli.)) (M. Neydeck (cité par Bazoche)
présenta, en 18o9, au congrès des naturalistes et des médecins allemands h
Carlsrnhe une courte monographie, intitulée le Buis, rcmcde le plus efficace
:
J5
2'_>6 BUIS.
(La lUxiNK et ses sels n'ont |)as, que je sache, ('lé encore cmpIov(5s.
Frai)pé des résultats ohteiuis pai- Ha/.oclie, J'ai l'ail (}ue!(|ues essais qui, j'es-
|)ère, seront iuiilés; j'ai préparé inoi-niénie de la huxiiie et l'ai e\()éiiincn-
lée ;\ l'étal de sulfate, à cause do sa soluhililé plus grande.
.le nie suis d'ahord occupé de son action pliysiologi(|uc, et j'en ai admi-
iiislié riO centigi'. ;\ un lapin; aucun eirel appréciahle ne s'est jjroduil; j'ai
triplé la dose; l'animal, au honl de deux heures, a paru ctoiu-(li; ses mou-
vements étaient hésitants; il me semhlail l'aligné; il eut deux à trois évacua-
lions alvines, puis tout rentra dans l'ordre. Même elfet sur des chiens, J"ai
porté la dose à 4 gr. ; il y a en superi)nrgalion suivie de sonmieil quo j'ai
attrih-c ù la l'aligne, mais la mori n'est pas arrivée; l'ouverture des corps
m'a permis de constater un état inllammaloiie marqué de l'estomac, et sur-
tout de 1 intestin grêle el du gros intestin. Sur un chien il y a eu des vomis-
sements ahondants; un antre a présenté une légère contracture des nuiscles
du col. J'ai moi-même, étant dans un état de parl'ailc santé (pouls, 12 pul-
sations), et, apiès avoir vidé l'intestin, pris le malin à jeun 50 centigr. de
sult'ate de hnxiue dans un peu d'eau sucrée :légère sensation de chaleur à
l'épigastre; une demi-heure après, nausées non suivies de vomissements;
au hout de deux heures, conrhature, malaise, céphalalgie peu intense,
fatigue (78 pulsations), puis chaleur douce, suivie au hout d'un quart-
d'hem-e de moiteur générale; avec elle, la gêne momenlanée que j'avais
éprouvée cessa; le pouls devint plus large, plus mou (74 pulsations). Bienlôl
tout etfet avait disparu; aucune douleur de ventre; pas de selles. Mon appé-
tit était éveillé, je pus manger comme d'hahitudc. Il ne me restait plus que
gne, près de la Liane, rivière à sec pendant presque tout le mois, à cause des
travaux qu'on y exécute, méfait appeler poui' une lille à son service, atteinte
d'une alfection que je ne larde pas à reconnaître pour une fièvre d'accès de
type tierce. J'ordonne les amers et je fais prendre devant moi (3 janvier) un
peu avant l'accès qui revenait enlre huit et neuf heures du malin el durait
jusqu'à quatre heures du soir, 50 centigr. de sulfate de huxinc l'accès se;
[Culture. —
Les buplévres se cultivent en terre Iraurlie, humide, mi-soleil ; on
les multiplie par graines^ marcottes et boutures.]
Les de buplèvre mâchées sont âpres. Cette ûpreté est plus pro-
feuilles
noncée dans Suivant Solenander, Simon Pauii, Welseh, Bœcler,
les graines.
Choincl, cette plante est un excellent vulnéraire et le plus efficace de tous
les astringents, puisqu'il prévient et guérit même les hernies. Schulze dit
que les feuilles cuites dans le vinaigre; et appliquées chaudes sur les ganglions
les dissipent comme par cnchanlemcnt. Les éloges prodigués au bui)lèvre
sont réduits à bien peu de chose au creuset de l'expérience. Linné l'avait
déjà Jugé infidèle et superflu.
Le buplèvre falciforme {buplevrum falcaium L.), considéré par Haller ,
comme fi brifuge, est aussi tombé en tiésuétude. Ses vertus sont tout aussi
illusoires que celles du buplevrum roiundifolium.
iiaiis de pelits pois qiroii expose an levaiil el tproii lenlre en liiver pendant les pie-
mièies années, lorscpi'ils soiil assez loris on les plante à demeure on peut aussi les ;
propa-er par hontnres on jiar niaivolles (pi"on ne levé que la si'conde on la tioisit-me
anné'e. !
[D'apiès cet auteur, l'arbutine est un glycoside ; elle peut être représentée par
O-',
C.'- Il-* et sous l'influence de la syaaptase elle se dédouble en glycose et en
arbuvine :
sauf de temps en temps des urines muqueuses. Rechute six mois après, gué-
rison par le même moyen. Dans une seconde observation, on voit un calcu-
leux ilans un état le plus déplorable, presque entièrement rétabli pendant
six mois, à l'aide de ce moyen; et une troisième observation nous montre,
à la suite de l'opération de la taille, les urines purulentes et fétides se trans-
formant en quelque sorte sous l'influence de Vuva ursi.
(( Concluons, avec Dehaen, avec Prout, et beaucoup d'autres aut(>urs,
ajoute Debout, que l'emploi de Vuva ursi, en poudre surtout, à la dose de
2 h i gr., continué pendant un temps assez long, constitue l'un des meilleurs
nioyer.s modificateurs des inflammations des voies urinaires, avec sécrétion
abondante de mucus ou de muco-pus, et qu'il serait regrettable que cet
agent thérapeutique tombât dans un oubli immérité, aussi préjudiciable aux
malades qu'aux médecins (1). »
« Divers praticiens se sont assurés, dit Gilibert, que si les feuilles en dé-
coction et en poudre ne dissolvent pas le calcul, cependant elles calment
les douleurs. La plupart des malades ont été évidemment soulagés quel- :
A l'aidede cette plante, Murrny (2), Girardi (3), Bergius, Cullen, Hu-
fcland, ont réussi à calmer les douleurs spasmodiques causées par les calculs
urinair(>s. Planchon (i) a obsei'vé que cette plante avait guéri l'incontinence
d'urine survenue après l'opération de la taille. C'est une observation, dit-il,
que j'ai faite «'liez un petit garçon. Depuis qu'il a pris environ 10 à 12 gros
(iO à i8 gr.) (Vuvaursi, il retient constamment ses urines. Kluyskens affirme
que c'est dans la cysthirrée (jue Vuva ursi est particulièremcnl utile, qu'elle
lui a paru arrêter l'écoulement muqueux de la vessie beaucoup plus effica-
était trop lard; sa conliance dans les vertus de Vuva ursi lui a été fatale.
(Le raisin d'ours agit-il en modifiant heureusement les maladies des voies
nrinaires comme im simple astringent? nous ne le pensons pas. Avec de
Beauvais (2), nous sommes portés à admettre une sorte de spécilicité d'ac-
tion, dont le résultat est une excitation puissante des fibres de la vie orga-
nique, excitation qui rend la force et la contractilité aux organes alfaiblis et
leur i)ermet de réagir contre des corps étrangers et des tumeurs obstruant
leur cavité.)
'
(L'action excitante spéciale est si évidente que, dans certains cas, l'usage
de la décoction de cette plante détermine du ténesme. Racle a pu guérir,
par son emploi, une paralysie vésicale consécutive à des accès d'hystérie.
C'est au même titre que Vuva ursi réussit dans les incontinences d'urine,
comme la strychnine.
. Une nouvelle application de Vuva ursi est appelée à rendre de grands ser-
vices. De Beauvais annonça en 18G3 son utilité comme agent obstétrical.
D'après quelques expériences d'ILarris, entre ses mains, la busserole a pro-
rt'llc (le trois pic'cos momljiunciiscs, quinze h vingt (leurs, nuaiir/'is do roso (juin-juillfl),
compostées de six divisions ovales, étalées. —
Calire à six divisions. Ncul' élaniines —
plus courtes que le péiiyone. —
Six carpelles. —
Six styles. —
Capsules [tolyspei mes.
Celte plante (PI. XI) est très-commune dans les prés secs, sur la lisière
des bois. Son nom lui vient de la propriété illusoire qu'on lui attribuait de
cailler le lait. Les sommités fleuries sont un bon foiuM^age pour les chèvres
et les moutons.
Desci*i|»tio». —
Racine vivace, traçante, longue, brune.— Tiges grêles, carrées,
rameuses, de 30 à 50 centimètres, noueuses, articulées, velues à la base. Feuilles —
linéaires-étroites, à bords rouges en dessous, par verticilies de six ou huit, face infé-
rieure pubescente, blancbàtre, lace supérieure luisante, rude. —
I-Meurs jaunes, petites,
nombreuses, en panicule allongé, à rameaux multiflores opposés, pédoncules munis à
leur base de plusieurs feuilles florales aiguës (juin à Oi^to])re). —
Calice k quatre <lents,
limbe presque nul. —
Corolle rotacée, plane, à quatre lobes ovales pointus. Quatre —
étaniines h anthères glolaileuses, dressôcs, saillantes. Style bifide. — Stigmates arron- —
dis. —Ovaii-e didyuie, se changeant en un IVuit lisse, glabre (diakéne).
l'arties iisiilées. —
Les feuilles et les soiimiilés fleuries.
[Cisltiire.— Les gallium ne sont cultivés que dans les jardins botaniques; on les
multiplie par semis ou par séparation des pieds.]
ll^roSle. — On doit le récolter lorsqu'il est en fleur et par un beau temps. Dis-
Les propriétés du caille-lait blanc sont les mêmes que celles du caille-lait
jaune.
Miergues fils (:>) dit qu'il a signalé en 1840, ;\ l'Académie des sciences,
l'emploi du (jaÙium ricjidum et du (jnllium molliujo contre l'épilepsie. Son
grand-père avait appris de Gouan que Jourdan, recteur de l'Université de
Tain, lui avait donné la formule d'un remède antiépileptique conservé de-
puis longtemps dans sa famille. Ce remède était le gaUiiim nwUugo, tant
vanté par les anciens, et désigné sous le nom de galUuri palustre album la-
tiorc folio, etc. «Les auteurs modernes, dit Miergues, signalent à peine cette
plante, qui jouit de propriétés antispasmodiques irrécusables, et qui, dans
l'état actuel de l'art médical, peut être considérée comme l'antiépileptique
le plus fidèle. L'expérience m'a pleinement confirmé l'opinion de Garidel,
observant que lorsque le suc de cette plante évacue, l'effet en est plus cer-
tain. »
jNous ne doutons nullement de la bonne foi de Miergues; mais on peut
observer avec prévention, avec enthousiasme. Si la vérité est dans les faits,
elle ne se présente pas sous le môme aspect h tous les yeux. Le concours
simultané de divers moyens peut faire attribuer au remède de prédilection
les résultats obtenus, ce que n'eut garde de faire en pareils cas Bonafons,
cité plus haut. Ouelques faits rigoureusement observés et bien circonstan-
ciés, fournis par Miergues, eussent été, dans un objet aussi important, le
plus ferme appui de ses assertions sur les propriétés antiépileptiques du
gaillet blanc.
son exemple fnt suivi par Desfontaines, Wildenuw, Lamaick, Brown, etc. de Candolle ;
en fit le type de la sixième tribu des crucifères qu'il appelle cnkUidées. Cette plante est
caraotérisc^e par un calice dressé à deux bosses à la base. —
Corolle à quatre pétales, à
limiie oboval. —
Six étamines tétradynames. Fruit —
silicule lomentacéc, comprimée,
:
dont l'articulalion inférieure a la forme d'un cône tronqué, renversé, à deux dents, la
supérieure est uniforme et couroiuiée par le stigmate sessile; cliaque loge ne renferme
qu'une graine à cotylédons accombants.
Partie!^ iii^itées. — Toute la plante; on doit la préférer fraîclie.]
(Pro|ïE'ié4é.^ l>lBys9<ifl«ie.«i et eliiiuifiiiei^. — D'une odeur excessivement
pénétrante, qui rappelle celle de l'iode et du brome, le cakile a une saveur slyptique,
saline et amère très-désagréable.)
Plaiilo viv.ioe qu'on rciicfinlrc sur les coloaux arides, dans les pâUiragcs
secs et nioiiluiMix, les buissons, etc.
lle(!iC*i'i|itioii. — lîaciiKi : soiiclio'l'igfs. de
Iraçaiilo. —
à 6 (N'ciiuùlics, dies-
.'}
[Culture. —
Le calament propagé par graines; on
est le sème au piintem|)S en
terre très-légère; on le nudtiplie encore par éclats des pieds.]
La camelée (PI. XI), petit arbuste toutl'u et toujours vert, est indigène de
l'Italie, de l'Espagne et des départemcnls méridionaux de la France. On la
trouve sur certaines montagnes des environs de la Méditerranée, et particu-
lièrement près de Narbonne, sur la montagne dite Pas-de-loup. Elle est si
commune dans cette contrée qu'elle sert pour chauffer les fours. On la cul-
tive pour l'ornement des bosquets d'hiver.
au printemps suivant. Celles qu'on destine à la pleine terre doivent être placées à
l'ombre, et surtout enqiaillées pendant les froids rigoureux; il est même prudent de
conserver quelques pieds en orangerie.
238 CAMELIAE.
Récolte. — Celle jilante peut êlre récoltée pendant toute la belle saison.
qu'on a renoncé aux purgatifs très-violents, dont les anciens faisaient beau-
coup i)lus d'usage que nous. J'ajouterai que celte pratique s'est conservée
traditionnellement dans la médecine populaire, et que nos docteurs anodins,
pour me servir de l'expression de Gilibert, ont vu plus d'une fois des hydro-
piques, doucement et infructueusement traités par eux, guérir en quelques
jours au moyen d'un violent purgatif administré par un guérisseur de Ci;m-
pagne. Les feuilles de la camelée, appliquées à l'extérieur en cataplasme,
sont, dit Bietl(2), un des meilleurs rubéfiants que l'on connaisse.
ilisoUo. Oiiand la ti^^'o de rollo plante osl halliio, dôpoiiilléc de sa graine el S(?ch(''e, elle
serl au cliauU'age et à la couverluic des cliaiunières.
La graine peut ôtrc employée en médecine comme relâchante dans la
constipation, l'irritation intestinale, les hémonhoïcies, etc. A l'exlérienr elle
convient dans les ^ci'çiii'es de la |)ean. Les gens de la campagne renijjloient
dans la brûlure en la mêlant avec autant de blanc d'ojnr, ce qui forme un
enduit (jui s'oppose ;\ l'action de l'air et pi'évient les douleurs. Ln cataplasme
lait avee la plante tout entière, dit Chaumetoii, a [jIus d'une lois calmé des
inllammations locales assez graves.
Cette plante vivacc (PI. XI), très-commune dans les climats chauds el tem-
pérés, croit sur le sol de la France, dans les lieux secs, sablonneux, le long
des grandes routes, sur les rives de la Loire, de l'Indre, du Cher, de la
Mayenne, etc. On la trouve aux environs de Paris, à Meudon, à Terres.
llei«eri|>tion. — Racine fd^reiise, chevelue. — Tiges de 30 à 35 centimètres,
étalées, presque couchées, rarement dressées, nom])reuses, faibles, anguleuses, un peu
alternes, sessiles, composées de beaucoup de découpures linéaires, coui'les, aiguës,
vertes. —
Fleurs ])Ianches, groupées en capitules, solilaires à rextrémité des lameaux,
à réceptacle lrès-l)ombé, longuement pédoncuiées (juillet-septembre). Calice com-—
mun, hémisphérique, imlti'iqué d'écaillés linéaires, serrées. —
Corolle radiée, dont le
disque, formé de (leui'ons jaunes, liermaphrodiles, tubulés, k cinq dénis, est entouré
el comme couronné par des demi-lleurons blancs femelles, ordinairement 3-dentés,
<il posés, ainsi que les fleurons, sur un réceptacle conique, alvéolé, garni de paillettes
lamelleuses. —Fi'uil consistant en plusieurs akènes oblongs, nus, sans aigrettes, situés
sur le réceptacle commun, el environnés par le calice persistant.
Parties usitées. — Les capitules ou les fleurs; quelquefois l'herbe entière.
Culture. — C'est la variété à Heurs doubles que Ton cultive
elle se multiplie par
;
marcottes enracinées au printemps. Les sarclages, répétés jusqu'à ce que la plante soit
parvenue à étouffer les herbes parasites, sont les principaux soins qu'elle demande.
iMantée au conunenceinenl de mars, la camomille fournit dès les premiers jours de juin
une récolte qui se continue jusqu'en septembre. Les premières fleurs sont scmi-(lnul)lfs:
mais à mesure que le terme de la récolte approche, elles deviennent tout à l'ail doubles,
el sont alors beaucoup plus recliei'chées dans le commerce à cause de leur blancheur,
acquise cependant au |)réjudice de leurs propriétés.
Récolte. —
Quand on récolte les fleurs, ce qui a principalement lieu en juin et
juillet,on ne doit donc pas choisir les plus belles ni les plus grandes, mais les plus
petites et les moins blanches. L'épanouissement des fleurs influe beaucoup sur leur
l)lancheur. Cependant, en général, il vaut mieux les cueillir aux trois quarts ouvertes,
surtout (|uand on craint un orage. Ordinaiirment on les récolte sur jjlace. Les cultiva-
teurs en font de pelites hottes en conservant les tiges, et les vendent aux lierl)oi'istes
el aux pharmaciens, (pii les font sécher en couches très-minces, à l'éluve ou au soleil.
On se sert avec avantage, pour celte opération, de châssis l'cvèlus en toile, à la surface
desquels on a collé du papier gris, l'our les conserver, le mieux serait probablement de
comprimer les fleurs dans des tonneaux garnis intérieurement de papier bien collé,
placé dans un lieu sec, b'ais et obscur.
Un des avantages de la culture de la camomille en plein champ est de n'être pas
attaquée par les bestiaux.
La camomille à fleurs simples, récoltée dans les lieux arides, où elle croît spontané-
ment, est préférable, sous le rapjjort des propriétés thérapeutiques, à celle que l'on
obtient par la culture et dont les fleurs doublent.
2/i0 CAMOMILLE ROMAINE.
On su!)slitiio qnclquolbis à la camomille romaine les fleurs de matricaire, celle de
camomiiU' IVliile ou inaroule, de camomille des champs. Pour reconnaître celte fraude,
il suffit (le se rappeler que la camomille romaine a des |)aillt'ttes entre les fleurons, que
le tube du lleuro.) se prolonge sur l'ovaire, et qu'elle u\i pas d'appendice jaune à la
base du demi-fleuron,
Propriétés pltysiqiies et cltiiiiif|ues. —
Les fleurs de camomille,
telles (iifdu les trouve dans le commerce, (juand elles ont été bien récoltées et bien
conser\ees, sont blaiiclics, d'une odeur aromatique a,-sez ngiéal)le et d'une saveur trôs-
amère, chaude et balsami(|U('. Elles contiennent une huile essentielle d'une belle cou-
leur bleu céleste, un princi|)e 1,'ommo-résineux, du camphre et un peu de tannin.
L'eau et l'alcool dissolvent les pi'incipes actifs.
(l'attori (1) a trou\é dans les capitules un acide qu'il a nommé anlhémiqite el une
base, Vanlhcmine. Cette Jjase présente des cristaux inodoi'es et insipides, à réaction
alcaline, |)eu soluble dans l'eau froide, insoluble dans l'alcool et l'élber, ti'ès-soluble
dans l'acide acétique.)
qualités des toniques lixes et des excitants dilfiisibles; à cause de leur ac-
tion sur le système nerveux, elles tonifient les organes sans produire d'éré-
thisme. Elles conviennent dans les langueurs d'estomac, les digestions diffi-
ciles, les coliques venteuses, la dyspepsie, l'hypocondrie, la diarrhée
atonique, les fièvres muqueuses, putrides, continues ou intermittentes,
l'aménorrhée, l'hystérie, la chlorose, les allections vermineu^es.
Lini'usicn de camomille favorise l'action des émétiques. A grande dose,
cette infusion est elle-mêniv vomitive. Les Anglais et les Suédois la boivent
chaude coup sur coup pour se faire vomir.
La camomille romaine est un des meilleurs fébrifuges indigènes. Galicn
dit que les sages de l'Egypte la dédièrent au soleil à cause de son efficacité
contre les fièvres. Du temps des Grecs, disent Mérat et Delcns, c'était sous
le nom de panhenion, le remède employé contre les fièvres intermittentes,
le quinquina de cette époque. Dioscoride reconmiande la poudre des fleurs
pour àtcr les accès de fiî'vrcs. Prospor Alpin (1) a Idil l'cloge de ce fébii-
liif;o. Hay rcconiiuaiulc le mélange suivant pour arrêter les Accès de fièvre
inlerniillente Succi chavuvnwli cochivaria duo vcl tria envi guttalis (diquot
:
camomille en poudre. Morton rapporte ([uc son collègue Coylh avait fré-
quemment fi se louer de la fleur de camomille finement pulvérisée dans les
lièvres intermittentes, et qu'il considérait ce remède comme l'égal du quin-
quina. Morton lui-même affirme avoir guéri des fièvres intermittentes au
moyen de ce médicament, associé à l'antinjoine diaphorélique et au sel
d'absinthe, dans les prop(n'tions suivantes Fleurs de camomille finement
:
16
2U'2 CAMOMILLE ROMAINE.
lonylemps. (Barillcaii (1) a traité grand nombre de fébricilants avec succès
par rinlusion de canioniille iodée) (30 gouttes d'iode pour lUO gr.).
« Ce qu'il y a de bien singulier dans l'histoire de quelques l'ébriluges indi-
gènes et de la camomille en particulier, disent Trousseau et Tidoux, c'est
qu'ils manifeslenl leur puissance dans le cas où l'anlipériodique par excel-
lence, le quinquina, a complètement échoué. On aurait tort de conclure de
ces faits exceptionnels que la camomille et ses analogues comballent plus
cnergiquement les fièvres d'accès que le quinquina, et doivent lui être pré-
férés; mais il faut avouer que certains organismes ou certaines fièvres ne
sont pas modifiables par cet agent thérapeutique et ne résistent pas à tel ou
tel, la camomille, par exemple; non que celle-ci soit plus héroïque, mais
])arce qu'elle est autre, et que l'inertie apparente du quinquina n'est ici que
relative à une idiosyncrasie, de même que l'activité apparente de la camo-
mille n'est relative qu'à cette même idiosyncrasie. C'est ainsi qu'un simple
changement d'habitation, une légère émotion morale, font cesser une habi-
tude fébrile que n'avaient pu atteindre les plus fortes doses de sulfate de
quinine. »
Je mets fréquemment en usage l'infusion de camomille noble dans le trai-
tement des fièvres typhoïdes. Je fais verser oOO gr. d'eau bouillante sur 8 à
lo gr. de fieurs, et j'ajoute quelquefois à cette infusion 3(1 à GO gr. de bon
vin blanc ou un peu d'eau-de-vie, d'eau de fleurs d'oranger, ou quelques
gouttes d'éther, suivant l'indication qui se présente.
L'infusion de camomille est vulgairement employée dans la colique ven-
teuse ou spasmodique. Légèrement sucrée et prise chaude par petites tasses,
elle calme les accès d'hystérie, dissipe les flaluosités, les Ijàillements, les
spasmes qui les accompagnent, et provoque une douce moiteur, presque
toujours salutaire. Elle est également utile dans la g(,utle vague, surtout
quand celle-ci se porte à l'estomac. En pareil cas, je me suis très-bien
trouvé de l'administration derinlusion de camomille avec addition d'un peu
de racine d'angélique ou de semence d'anis. Cette même infusion convient
aussi dans le trouble des digestions, les douleurs nerveuses de l'estomac. Un
malade (2), après avoir éprouvé dans l'estomac des douleurs périodiques ou
crampes, pendant plusieurs années, fut guéri par l'emploi de l'huile essen-
tielle de camomille que lui donna le docteur Budig, à la dose d'une goutte
soir et malin sur du sucre de lait. Dès le quatrième jour le mal avait cessé.
Lecointc (3) a employé avec un succès remarquable contre certains cas de
névralgies faciales, à type périodique ou non périodique, la camomille en
poudre ou en infusion concentrée, après l'essai infructueux d'autres médi-
cations préconisées.
« La camomille, dit Lecointc, est un médicament précieux produit indi-
:
gène, elle est d'un prix plus modeste, et peut dans certains cas supplier
avantageusement l'écorce du Pérou; elle lui est même préférable dans les
afieclions névralgiffues qui ne reconnaissen.t pas pour principe une fièvre
l)aludéenne. Mais, pour en obtenir les efiets, il faut la prescrire en poudre
au moins ;\ la dose de i gr. ou bien en infusion concentrée, et ne pasgorger
les malades d'une eau chaude à i)eine aromatisée par quelques fleurs parci-
monieusement déposées au fond d'une théière. »
L'huile de camomille par digestion n'est usitée qut\ l'extérieur, en fric-
lions et en embrocalions sur l'abdomen, contre le météorisme, celui surtout
(les fièvres graves, où l'on craint l'emploi interne des excitants. On en fric-
tionne les membi'cs all'aiblis par la goutte et le rhumatisme. On l'emploie
aussi comme véhicule de liniments calmants, antispasmodiques, camphres,
Celte plante, trop négligée, et que l'on peut se procurer si facilement, peut
éti-e employi'e avec avantage dans les névroses, et surtout dans l'hystéi'ie, la
gastralgie, l'entéi^algic. Peyrilhe l'ordonnait avec succès, à forte dose, contre
les fièvres intermittentes rebelles au quinquina. On sait que .quelquefois ces
fièvres sont entretenues par un état nerveux qui cède à l'emploi des sédatifs
et des antispasmodiques, après avoir résisté aux fébrifuges amers et astrin-
gents, et môme au quinquina. L'infusion des fleurs donnée avant le frisson,
dit Roques, guérit les fièvres intermittentes simples aussi bien que l'absin-
the, la camomille romaine, la petite centaurée, etc. Zimmermann place
l'infusion de la camomille fétide après l'opium pour dissiper les douleurs
de la dysenterie. 11 la considère aussi comme antiseptique. Gilibert l'a con-
seillée contre les scrofules. On l'emploie souvent pour provoquer l'écoule-
ment des règles, et pour combattre les accidents nerveux, particulièrement
ceux qui ont leur point de départ dans l'utérus. Bodart la regarde comme
Tun des meilleurs succédanés de l'assa-fcetida. Elle m'a réussi dans la dys-
ménorrhée nerveuse et dans la gastralgie qui s'accompagne de flatuosi'té,
qu'elle dissipe très-promptcment. Dubois, de ïournay, s'est aussi très-bien
trouvé de l'infusion de cette plante dans des pnenmatoses des voies digcs-
tivcs qui avaient résisté pendant longtemps à tous les remèdes appropriés.
CAMPANULES.
— CVMPANL'LÉES. Fum.
CAMPAMLACKF.S. — PeNTANDRIE MOiXOGYNlE.
nat. L.
(Quoique très-van tées autrefois contre la rage, les campanules sont inusi-
tées; on les disait vulnéraires, astringentes et anliphlogistiques apéritives.
La raiponce passait pour être propre à augmenter le lait des nourrices.)
renleinié dans le calice et renfermant une seule semence ovale, comprimée, noirâtre,
luisante.
[Ciiltiipe. —
La campliif'i' n'est cultivée que dans If Nord; olle dcniando nno, Ioitr
sahloniii'iisc et une oxposilion cliandc. On peut la profjagor par fj;rain('s ou par i-clats des
[lieds laits au priidenips. On duii la rentrer à Tu lan^'e rie ou tout au moins l'abriter pen-
dant l'lii\er. )
Kérulte. —
On ne doil i-ecoliei' ipie la caniphn-e sanva^'e, dont la dessiccation
cl conservation n'oll'renl rien de particulier. I/odeur de camphre (pii sVxiiale de
la
la camphrée sauvage, l'roissi'e entre les doij;ls, se pei'd par la cidiure. Altérf'e par nos
soins, par nos engrais, elle de\ient insipide, inodore, et ne possède plus les mêmes
vertus.
Le capillaire (PI. XI) croît abondamment dans les lieux humides et om-
bragés des départements m'Tidionaux de la France.
De.sri'îption. —
souche brunâtre, obliqucniont coucliée, longue de 8 à
llacine :
sa longueur, garni ensuite de nomlii'euses folioles allei-nes, minces, glalnes, lobées, cu-
néiformes, pétiolées, d<jnt une poui- chaque pétiole partiel dans le "haut, deux ou trois
sur le péliolule dans le bas. —
Fructification composée de petites graines contenues dans
des capsules situées au sommet des frondes, dont les bords se replient en dessous poul-
ies envelo|)per.
siastes ou crédules, le capillaire n'en est pas moins une plante insignifiante
sous le rapport de ses effets thérapeutiques. (Voyez l'oLiTiac et Dokadille.)
fait perdre cette particularité dont on a fait un caractère spécifique, ïurpin a propo^i avec
raison de douner à cette plante le nom de capparis saliva, qui le désigne comme un objet de
culture.
CAi'i'.irj;. 2^7
RéroKe. — On •ipiicllc cj'iinvs les houloiis ou l<'s fleurs non encore (ijanoiiics.
Confits dans le servent à rassaisonncnicnl des aliments ladcs
vinaigre, ils les j)iiis :
l)elils et les |)lus tendres sont les plus reclicirlii's. I.c malin est Tinslant le plus fa-
vorable pour cueillir ces boutons, (pii, dans leur étal de l'raiclicur, ••xlialenl une faible
odeur et imjjriincnt sur la langue une saveur légèrement pifpianle. Ou les met dans un
l)aril ou dans un vase rempli de vinaigre foil et de bonne qualité, en y ajoutant un |)eu
de sel. Connue les câpres les plus vertes sont les plus estimé-es, et qu'elles se décolorent
en vieillissant, on les colore (piclquefois au moyen d'un sel de cuivnï, ce qui jieul causer
des emiioisonnements.
On laisse veuir à graine' l(>s boulons qui écliappenl el tpii fjeiu'issent, et quand les
capsules eucoie vertes sont grosses connue une oliv(\ ou les cueille et on les confit.
Elles Ibrinenl un mets agréable conune les câpres, et que Ton appelle cornichons du
câprier.
La racine de câprier, dess('cliée et telle (pi^on la trouve dans le commerce, se roule
en i)etits cylindres connue la cannelle; elle est ridée, d'iuie couleur grisâtre ou cendrée,
marqu('e de lignes Iransvci'sales i)eu saillantes; sa cassure est blanche, celluleuse, avec
de petits points jaunâtres; sa saveur est amère, piquante, un ])ea acre à la gorge, et
inodore. Klle perd de ses propriétés en vieillissant, el acquiert alors une saveur el une
odeur qui se rapproclienl du lanre, sans doule à cause de la grande quantité d'huile
qu'elle conlienl.
Sennert. Elle a été utile dans les cachexies, la chlorose, les paralysies, et
quelques affections du système nerveux. Barthez l'employait connue tonique,
excitante et diurétique. Tronchin la mit en vogue dans le traitement de
l'hysiérie et de l'hypocondrie, où elle ne pouvait réellement être utile, comme
tonique et astringente, que lorsque ces maladies étaient accompagnées ou
entretenues par l'atonie générale. Mais, à cette époque, on avait abusé de
la méthode débilitante de Pomme (^), qui consistait dans l'usage abondant
des boissons tièdes, du petit-lait, du bouillon de poulet et des bains. Tron-
chin, homme habile, sut profiter de la position en employ^mt une méthode
tout à fait opposée, qui nécessairement devait réussir chez des malades que
la diète et les délayants avaient affaiblis.
Ce médicament, dit Guersant (3), tombé en désuétude, n'est pas, à beau-
coup près, dénué d'action.
Le vinaigre dans lequel ont macéré les câpres a longtemps passé pour
un l)on résolutif, pour un astringent précieux.
éclairs instantanés qui s'écha])penl des parties sexuelles de cette plante, et que la fille
de Linné observa la première, à une production de phosphore qui brûle et s'acidifie à
mesure qu'il est formé.
[Cloéz a signal»' dans la capucine l'existence d'une essence sulfurée analogue à celle
de la moutarde; il est même probable que, comme dans cette dernière plante, l'es-
sence ne préexiste pas, car on ne perçoit l'odeur forte dans la capucine que lorsqu'on
la froisse.]
On confitau vinaigre les jeunes boulons el les h'uits verts, comme ceux du câprier,
qu'ils peuvent renii)lacer.
I>RKrAr..\TIOXS PIIAKM.\C1:L TIQUES ET DOSES.
« L'usa}j;e de cette plante, dit cet auteur, n'est pas aussi répandu qu'il de-
vrait l'être. C'est un stimulant énergique, et (jui peut être comparé aux
meilleurs anliscorl)uti(pies produits par la lamille des crucifères. .';
Le suc ex|uimé des feuilles, seul ou mêlé avec la conserve de roses, a été
préconisé contic la phthisie pulmonaire. On entend ici, h ce que je crois,
<(
phalico-sanguin, avait été prise d'une bronchite très-intense dans les pre-
miers jom-s du mois d'août, h la suite de travaux pénibles, et après avoir bu
de l'eau froide étant en sueur. Cette allcction l'ut négligée, devint chronique
et prit toutes les apparences d'une phthisie pulmonaire au second degré.
C'est dans cet état que je vis la malade vers la fin de septembre 1842. Elle
avait perdu tout son embonpoint, avait des sueurs nocturnes, toussait beau-
coup, et expectorait abondamment des crachats épais et muqueux, princi-
palement le matin. Avant d'avoir percuté et ausculté la poitrine, je la croyais
moi-môme phthisique. L'exploration la plus attentive ne m'offrit que l'exis-
tence d'un râle muqueux très-prononcé. Je fus rassuré, sans cependant an-
noncer une guérison à laquelle je n'osais croire, malgré les signes favorables
fournis par l'examen local, tant l'état général était peu satisfaisant. Je saisis
cette occasion d'essayer l'usage du suc exprimé de capucine. J'en fis prendre
d'abord une once dans une tasse de petit-lait. J'augmentai la dose peu à
peu, jusqu'il celle de 3 onces en deux fois, dans la journée. Dès les premiers
jours la toux diminua, ainsi que l'expectoration les sueurs cessèrent peu à
;
s'ouvrent avec facilité en se roulant sur elles-mêmes de bas en haut, et divisées par
une cloison en deux loges qui renferment des giaines nombreuses et arrondies.
Parties usitées. — La plante et les sommités fleuries.
[Culture. — La cardamine spontanée suffirait grandement aux besoins de la mé-
decine. Dans les jardins, elle demande une terre franche, humide; on la propage par
graines semi-es au printemps en place ou en pépinière, soit encore par boutures ou par
éclats de ])ieds.]
Récolte. — Comme toutes les crucifères, elle est plus énergique à l'état frais qu'à
celui de dessiccation.
[Propriétés iiliysicpies et eliiB«tif|iies. —
La cardamine des prés jouit
des propriétés que le cresson, et paraît avf)ir la même composition, l-llle en a
mêmes
l'odeur et la saveur. La cardamine amère (C. amara, L.) renferme un principe amer.
Les graines sont oléagineuses.]
l'RÉPARATIO^S PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'iNTÊRiEin. —
Décoction ou infusion, 30 à Feuilles pulvérisées, 1 à i gr.
GO gr. par Icilogramme d'eau.
Suc expiimé, 30 à iOO gr., en potions, dans A L'EXTÉniEun.— Suc délayé ou décoction, en
un bouillon, dans la tisane, etc. gargarisme antiscorbu tique.
Celte plante (PI. XII) eroit dans les climats chands et les lieux élevés. On
la trouve en France dans le Languedoc, la Provence, sur les collines sèches
de IWuver^ne. Les chèvres la recherchent, les vaches et les autres bestiaux
la néiili^eul.
de 12 degrés. Elle est peu soluble dans l'ean, très-soluble dans l'alcool et dans l'élher.
Le sucre contenu dans le suc est du sucre de canne; si on fait fermenter ce sucre, on
obtient un résidu de sucre- de manne. Vauquelin et AVackenroder assurent qu'ils n'ont
pu découvrir de sucre de manne dans le jus avant la fermentation du sucre de canne.
La substance analogue au gluten que fournil la carotte difiere du gluten oi'dinaire par
son insolubilité dans l'alcool bouillant.
On rùlil la racine de carotte poui' la mêler au café ou à la chicorée en diverses pro-
portions. Cette même racine, conq)rimée, séchée ou réduite en poudre, se conserve pour
en faire des potages et des ragoûts.
Torsler, liunter, llorby, etc., ont retiré de bonne eau-de.-vie de la carotte.
Le tV\iit de la carotte est aromatique et contient une Iniile volatile abondante. Il est
une des quatre semences cbaudt'S mineures; sa décoction offre un principe amer et
du tannin. Il comnnmique à la bière une saveur piquante et une qualité supérieure.
On substitue parfois la semence de carotte à celle de Daucus de Crète {atkumauta
cretcnsis, L.], quoiqu'elle soit fort diflérente.
A i.'iNTÉniEiR. — Décoction des racines, 30 à ! Suc des racines, 30 à 100 g-, pur ou délayiî
100 gr. par lùlogramiic d'eau. | dans l'eau.
CAIlOTTi:. 1253
Sirop (1 de suc sur 2 d'eau et h do siirrcj, tient lien de sucre et de miel, et se prend
do 30 ;Y 100 f;r. par cuillerées. Il peut être trt-s-utile clioz
Infusion dos tVuits, comiiu.- colios d'auis, du les indigents des campagnes.
fenouil, etc. A —
i.'k\ti-;iiikiii. Pulpo en cataplasme, suc
On |)out faire un sirop pectoral avec la suli- pour injection, etc. (Il faut employer la
stauce sucrée seule d(^ la carotte; on la ré- pulpe fraiclienienl faite; car il ne tarde pas
duit cil i)àte, on en oxprinie le jus, et on il s'y |)roduire de la fermentation acétique,
fait évaporer à une douce chaleur. Ce sirop lorsqu'elle est un peu vieille.)
l'ait cuire deux ou trois carottes rouges dans l'eau pendant un quart d'heure.
d'un sillon marginal, divisée par des cloisons transversales remplies d'une pulpe succu-
lente, dans laquelle on trouve une graine, elliptique compiimée, à tissu clair el lui-
sant.]
Le connu sous le nom de caroiuje, d'une grande dureté, d'une couleur rouge,
bois,
est utiledans la menuiserie. L'écorce el les feuilles peuvent servir au tannage. Elles
renferment du tannin.)
(Les fruits du caroubier étaient connus des anciens sous le nom de siliquœ
dulccs. Les propriétés médicinales de la pulpe la rapprochent de celle de
la casse. Elle est laxative, adoucissante et se donne dans les all'cetions in-
flammatoires bénignes du tube digestif, des voies respiratoires, etc. Elle est
du reste peu employée.)
Cette algue des mers du Nord est conmume sur les côtes de Bretagne, de
Dunkerque, etc.
Description. — Ce fucus,
de couleur pourpre, brune ou verte à l'état frais, est
formé d'un pédicule en une fronde plate, dicbotonie, ix segments
aplati, se dévelo])paut
linéaires, cunéiformes, sur lesquels on remanjue quelquefois des capsules hémisphéri-
ques, scssiles el concaves en dessous. Sa longueur est de 5 à 8 centimètres, sa forme est
variable, plane ou toute crispée, élargie ou filiforme, obtuse ou pointue.
plus mucilagineiiscs que l'on connaisse. Plongée clans Toaii, elle se gonfle presque aus-
sitôt, et devient blanche et gélatineuse. Elle se dissout presque coniplclenient dans
l'eau bouillante et donne une gelée trés-consislante et insipide. Elle fournit à Tar.alyse :
gelée 79.1, mucus 9.5, deux résines 0.7, matière grasse et acide li])re,des traces, sels
(Héberger); Fiode y a été reconnu.
ensuite on jette l'eau et on fait bouillir dans 700 gr. de lait nouveau, jusqu'à
consistance d'une gelée chaude; on passe et on édulcore, suivant le goût,
avec du sucre blanc, du miel, du sirop de capillaire, etc. Si le lait ne con-
vient pas à l'estomac, on le remplace par la même quantité d'eau. On peut
ajouter, suivant les cas, des zestes de citron ou d'orange, de la cannelle, des
amandes amèrcs, etc. La décoction aqueuse de mousse d'Irlande, édulcorée
avec sucre de lait, convient également comme pectorale. (Dans ce cas,
le
je la fais souvent entrer pour un cinquième dans la gelée de lichen d'Is-
"lande.) Dans la dysenterie et la diarrhée chroniques, on peut associer à la
décoction, s'il y a indication, la racine de tormentille ou celle de bistorte,
séparément décoctéc, ou tout autre astringent, le sirop diacode, etc.
Dubois, de Tournay, ayant constaté que la gelée de carragaheen raidit le
linge
liiigcà ui
u manière uc
la iiiiiiiieic de ui gomme et de l'amidon, a pensé qu'elle pourrait
la fi,L
servir au traitement des fractures dans les localités où ce fucus est très-
répandu.
Cette plante annuelle (Fl. XII), espèce de chardon qui nous est venue de
l'Egypte, est cultivée eu Espagne, en Allemagne et dans les parties méri-
dionales de la France. Les tiges et les feuilles sont mangées par les chèvres
et les moutons.
description. —
Racine fnsifornie. —
Tige droite, dure, cylindrique, glabre, de
GO à 75 centimètres. —l<'euilles alternes, sessiles, sinijiles, entières, veineuses, ovales-
pointues, bordées de quekiues dentelures piquantes. —
Fleurs solitaires, terminales, l'or-
nianl de gro.-ses et jolies loufTes d'un beau rouge de safran ((in de juillet, août el môme
plus tard). —
Calice commun, ovale, imbriqué d'écaillés foliacées, ap|)endiculées et dont
les extérieures sont années d'épines latérales et terminales. —
Fleurons tons liernia-
phrodiles, infundibuliformes, réguliers, quinquéfides, posés sur un réceptacle cliargé de
poils, et environnés par le calice commun. —
Fruit consistant en plusieurs akènes soli-
taires, luisants, quadrangulaires, cunéiformes, dépourvus d'aigrettes.
coumiuniquant aux ('lolles de soie, de laine et de colon, les couleurs lose, cerise el poii-
ceau. Il esl la hase du rouj^'C vé^^tMal, rouge des toilettes ou vermillon (rKspagne, lard si
connu parmi les cosmétiques. Celle matiéic {carlhaniiiie, acid(> cartlianiiqiie) prend jiai
la dessiccation l'aspecl cuivré; on |)cul la conserver indéfiniment; une parcelle sullil
|)(»ur donner ;\ l'eau une couleur rose Irés-fonci'e, insoluble dans l'eau, les a ides, les
liuiles fixes el essentielles; elle se dissout en petite (|uanlilé dans l'alcool el l'étlier, cl sur-
tout dans les alcalis j)urs ou l'étal de carbonates. I,a solidion est jaune, el on l'en |)ri''-
;'i
cipile par les acides végétaux avec la belle couleur rouge qui lui est [)iopre. Il parait
que dans celte solution elle joue le rôle d'un ai-ide.
Pour pn'paier le lougo vég<'tal, il siifTlt de la hioyer exactement av<'C du talc réduit en
poudre fine et passé au tamis de soie. On ajoute en même temps un peu d'eau pour
iaciliter le mélange el le rendre [ilus intime, puis on introduit la pâle dans de petits
vasos de porcelaine où elle se desséche. Ce louge esl le plus innocent des cosmétiques.
On sait combien sont dangereuses la plupart des préparations de ce genre, dans les-
quelles enlrent des substances minérales dont l'activité esl ledoutable. Les fruits de
carthame, que les oiseaux, surtout les perroquets, mangent malgié l'amertume de leur
amande, ce qui les a fait appeler grniites de prrroquel, fournissent une huile fixe. l-:n
Egypte, on fabrique avec le marc qui piovicnt de son extraction une sorte de chocolat.
En Kuro|)e, on n'emploie pas l'huile de carthame; on se sert en médecine du huit en-
tier. Les feuilles de carthame, desséchées el réduites en poudre, coagulent le lait. Les
Egyptiens s'en servent pour la fabrication de leurs fromages.
l'RÉP.VRATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A l'intéhieur. —Décoction do la semence, 1 Emulsion, 8 gr. de semence pour 124 gr. d'eau.
12 à 30 gr. pur kilogramme d'eau. | Extrait alcoolique de semence, 2 à /i gr.
2 gros (8 gr.) ce que Burtin a aussi constaté, ainsi que Wauters, qui pro-
:
17
,
graine, plus grosse, plus huileuse, exhale un arôme et acquiert une saveur
plus agréable.
nescri|i<ioii. — Flacine fusiformo, cliannic, de la grosseur du pouce, garnie, de
nonilirousos filirillos. — Tiges droites, fortes, cylindiiques, glabres, striOos, tîstuleuses,
do 30 à 60 ceiilimèlres de liauleur, sioiplos ou bas, rameuses en haut. Feuilles ])ipin- —
iiatilidcs, longuement pélioloes, allernos, dont les premières divisions sont comme ver-
licillées autour du pétiole conunun rcuillcs radicales beaucoup moins finement décou-
:
plées, leurs l'dlioles plus larges se divisant seulement en lobes anguleux. Fleurs en —
ond)elles terminales, làclies, étalées; involucre de 2-/i folioles petites, linéaires, pas
d'involucclle à la base des ombelles; cinq pétales égaux munis d'une petite languette
au sommet, qui est repliée en dessus. Fiuit —
deux petits akènes bruns, accolés,
:
Le fruit de carvi possède à peu près les mêmes propriétés que celui de
CASSIS. 259
I aiiis. Il a Hé
proposa par AVaulcrs comme propre à remplacer le cumin.
(»n l'emploie avec avarila^^e dans la débilili'' des voies dij;es(ives, la car-
lescolicpies venleusi's, lorsque louLelbis celles-ci proviennent de l'a-
(lial;;ie,
l(inie; car lorscpi'elles sonl l'ellet d'une iirilalion pliie^Muasirpie, il ne j)0ur-
rail (prajouler ;\ la cause ([ui les occasionne. Il a élé aussi employé comme
anllielminllii(|ue cl comme emménagof^ue. Dans ce dernier cas on donne
rimile essenlielle en potion. Celte même huile, mC-léc à l'imile d'amandes
douces, en endjrocalions sur le ventre, convient dans les douleurs nerveuses
on venteuses ûr^^ inteslins, surfont chez les enlants; mais il ne serait pas
sans (iai)|;er, dit IJédor (1), d'en introduire dans les oreilles, comme l'indique
Vogel, pour taire cesser la surtiitc. Administré en lavement, on joint quel-
quel'ois la racine de carvi à son fruit.
Cet arbrisseau, cultivé dans tous les jardins, est trop connu pour qu'il soit
nécessaire d'en donner la description.
Parties iiisUées. — Les fruits, les feuilles et les sjramilés.
[Culture. — Le cassis se cultive en grand dans
cliamps; il demande une terre
les
h^gere. On
propage par éclats de pieds laits à raulomne ou par semis faits au prin-
le
temps, que ron repique à deux ans. On en connaît une variété à feuilles réniformes et
lomenteuses, et a fruits petits.]
Proprictés |i1tysiciue« et c1tinii(|ues; usages écononiuiues.
— Les surtout les sommités, ont une odeur aromatique agréable et sui gene-
fouilles, et
ris; leur saveur est un peu acerbe. Les fruits, un peu acides, renferment un:" huile volatile
amère qui se trouve principalement dans l'enveloppe. Le suc de cassis seul, obtenu sans
expression, se rapproche de celui de groseille; joint h l'enveloppe dans une pi'éparation
quelconque, il devient aromatique. On fait avec le suc de cassis une confiture et un sirop
que les Anglais emploient dans les maux de gorge, comme celui de mûres. (Ils en fabri-
quent des saccharolés solides {b!ack currenls lozenges) sous forme de pastilles.) On fait
aussi un ratafia de cassis et une liqueur de fleurs de cassis dont Bouillon-Lagrange donne
le mode de préparation, et qui est stomachique et stimulante.
260 CATAIRE.
cryptes niuqueux. Je l'emploie aussi avec avantage clans les hydropisics ac-
conipagnécs d'une soif intense, qu'elle calme tout en favorisant la sécrétion
des urines. J'ai conseillé aux moissonneurs du nord de la France, qui trop
souvent ne font usage que de l'eau froide pendant leurs travaux, de se désal-
térer avec l'infusion ù froid de feuilles de cassis, ;\ laquelle on ajoute quatre
cuillerées d'eau-de-vie par kilogramme d'infusion. C'est de tontes les bois-
sons la plus convcn;;ble et la moins dispendieuse pour se désaltérer pendant
les chaleurs de l'été et les pénibles travaux de la récolte.
CATAIRE. Nepetaeataria. L.
Cataria major vulijaris. C. Bauh., Tourn. — Mentha cataria. J. Bauh.
Herbe aux chats, — chataire, — menthe de cliat.
Description. —
P.aciiie ligneuse, se divisant en nombreuses ramifications.
Tige droite, qiiadrangulaire, rameuse, pubescenle, d'un vert glauque, de 60 à 80 centi-
mètres de liaiiteur. —
Feuilles opposées, péliolées, ovales-cordiformes, molles, pubes-
cenlos, dentées en scie, blancliàtres en dessous. —
Fleurs blanclies ou purpurines,
ponctuées de rouge, courlement pédonculécs, disposées en verticilles terminaux, ac-
compagnées de petites bractées sétacées (juillet-septembre). —
Calice tuhuleux, velu,
quinquédenlé, tomenteux. —
Corolle labiée, monopétale, à tube cylindiique, courbe, à
limbe bilabié; lèvre supérieure relevée, écliancrée, un peu concave; lèvre inférieure
trilobée, à lobe du milieu très-grand, arrondi, crénelé; les deux latérales figurant des
ailes. — Quatre étamines didynames rapprochées. —
Style à stigmate bifide. Fruit —
consistant en quatre akènes ovoïdes, lisses, au fond du calice, qui leur sert d'enve-
loppe.
Parties usitées. — Les sommités fleuries.
[Culture. — La
cataire vient dans tous les terrains et h toutes les expositions. On
la propage par éclats de ses toufi^es.]
pIoYcr celle piaille dans la pliipai'l dos maladies ((ue je viens de nientifinncr,
et nolaniinenl dans la dyspei)sie et dans les alleclions catarrhales pulmo-
naires chroniques, où elle produit le mOme edel que l'hysopc, le lierre ter-
restre, le marrube blanc, etc. Nous [)ossédons sans doute dans le môme
genre beaucoup d'autres plantes utiles; mais il importe, ainsi que le fait re-
marquer IJodart, de connaître toutes celles qui s(jnt congénères en vertus,
parce (pie, dans certains cas urgents, la seule plante consacrée à telle ou
telle maladie ne peut ])as se trouver sous la main, et le malade manque de
secours l'aule d'avoir employé le végétal qui eût pu remplacer le premier.
Gaspar Iloirmann vante la propriété antipsorique de la décoction de ca-
taire. Cetle plante est un remède po])idaire en lUissie contre les névralgies
dentaires. ()n en prend queUiucs l'cuilles dans la bouche et on les mâche; il
on résulte anssilôt une sécrétion très-abondante do la salive, à la suite de
laquelle les douleurs de dents disparaissent souvent très-rapidement (1).
La grande centaurée (PI. XIII), i)lante vivace, croît sur les montagnes des
Alpes, d'Italie et d'Espagne.
Deseription. — Racine
grosse, longue de 80 à 90 centimètres; brune à l'cxté-
rieur, rougeàlio intérieurement, succulente. —
Tige droite, ferme, cylindrique, rameuse,
glabre, de 1 mètre 50 centimètres environ. —
Feuilles alternes, amples, pennée^, à fo-
lioles lancéolées et finement dentées, un peu déciu'rentes sur leur pétiole commun, à
pétioles aplatis en dessons. —
Fleurs d'un rouge ])ourpre, grosses, globuleuses, dispo-
sées en capitules terminaux (août). —
Calice commun, imbriqué d'écaillés lisses, ovales,
convexes, entières. —
Corolle flosculeuse; fleurons tubuleux, quinquéfides, liermaplu'o-
dites au centre, stériles à la circoni'érence. —
Fruits: akènes ovoïoles, lisses, couronnés
d'une aigrette sessile, et environnés par le calice commun.
Parties usitées. — La racine.
[Culture. — La grande centaurée est annuelle et se propage par graines semées
au printemps en ])Iace ou, mieux, sur couche; on les repique avec précautions.]
La racine de grande centaurée est tonique. Elle est tombée dans un oubli
non mérité. Elle peut prendre rang parmi les amers indigènes. On l'a recon-
I>eseri|ition —
Racine blanchâtre, ligneuse. —
Tige grêle, lisse, de 30 centi-
mètres environ. —
Fouilles opposées, lancéoléos, sessiles, ovalos-aiguôs, les radicales
disposées en rosdlo. —
Fleurs roses, petites, disiwsées en corynihc au sommet dos ra-
niilications (juin-sop(ombre). —
Corolle monopétale, inl'nndibuliforme, à limbe qninqué-
partilo. —
Cinq élaminos. —
Anthères roulées en spii'ale après la fécondation. Ovaire —
allongé, presque linéaire, uniloculaire. —
Style bifurqué à son sommet, à lobes rappro-
cliés. —Fruit capsule allongée, enveloppée par le calice et la corolle qui persiste.
:
—
Semences très-fines.
Réeolte. —
Cette plante se récoUe en juillet et août, époque de sa plus grande
vigueur ilorale. Sa dessiccation doit s'opérer rapidement. Il faut renvoloppor dans des
cornets de papier, afin de conserver la couleur et les propi'iétés do ses Heurs. Henry (1)
a observé que, parmi nos amers indigènes, la petite centaurée est d'autant plus active
que sa floraison est plus avancée.
Propriétés |iliysi(|ues et cliiniîques. —
Les sommités fleuries de la
potiti'centaurée jouissent d'une amertume tios-inlense et contiennent, suivant Mo-
relli (2), un acide libre, une matière muqueuse, une substance extractive amère et
que](|ues sels. Dulong d'Astafort (3) y a découvert un principe qu'il nomme cenlaurine,
et qui serait, s'il faut l'en croire, le principe actif de la plante.
[La petite centaurée a été récemment analysée par Méliu {h); il en a extrait une ma-
tière cristallisée qu'il a appelée érythro-cenlaurine; il y a trouvé de plus une matière
céroïde dont il a extrait une matière résineuse qu'il appelle ccnlauri-ntine. La cen-
taurée renleimoiait encore une matière amèrc que les dissolvants partagent en deux,
une uKitière sèclio et une matière molle; c'est celle-ci qui, d'après .Méliu, donnerait
l'odeur ii l'eau distillée.
L'érytbro-centaurine cristallise parfaitement; elle se dissout dans des dissolvants ordi-
naires; elle devient d'un beau rouge sous l'influence de la lumière solaire sans que l'air
participe en rien à ce cliangement. L'érytliro-centaurinc n'est pas azotée.]
Cette plante annuelle est cultivée dans nos jardins pour les usages culi-
naires. Plusieurs animaux, et notamment les lapins, en sont très-friands.
Descrî|>tioii. —
Racine fusifornie, de répaisscur du pelit doigt, roussAIre en de-
hors, blaïK'lio au dedans, garnie, \fis son extrémité, de fdjres assez nombreuses. —
Tiges dressées, cylindriques, rameuses, fistuleuses, glabres, de oO à 60 centimètres.
— Feuilles alternes, plusieurs fois ailées, à folioles pinnatilides, etc. Fleurs disposées —
en om])elles latérales, blanches, petites (mai-juin), [dépourvues d'involucres, mais ayant
des involucelles à Irois folioles. —
Calice presque nul. —
Cinq pétales ouverts en rose.
—
]
loujiiuis (le frais, il est bon d'en semer tous les huit jours. Ses propriétés diminuent
considérablement par la dessiccation.]
une quotidienne, et une double tierce, ont été guéries, sans récidives.
De tels succès m'ont engagé h essayer cette écorce. Je l'ai administrée en
poudre en 1819, pendant le règne d'une épidémie de lièvres intermittentes
sévissant à Frelhun. Huit malades en ont fait usage à la dose, en poudre,
de 4, 8, ou 12 gr. dans l'apyrexie. Six étaient atteints de fièvre tierce, deux
de fièvre quotidienne. Chez trois malades ayant le type tierce, qui ont pris
la poudre de cette écorce à la dose de 8 gr. en deux fois, dans l'intermit-
tence, l'accès a disparu dès le lendemain; chez trois autres, dont un était
atteint de fièvre quotidienne, et deux de fièvre tierce, la maladie a diminué
graduellement pendant l'usage, i\ la môme dose, de la poudre de putiet; ils
n'ont été guéris qu'au bout de huit fi douze jours. Les deux derniers, at-
teints, l'un d'une fièvre tierce, l'autre d'une fièvre quotidienne, n'ont pu
268 CHANViiE.
guérir, bien que la dose du médicament ait été portée à 1:2 gr. en trois fois,
dans rinlcivallo des accès. L'occasion élail ravoral)lc pour l'essai comparatif
de l'écorc^e de saule blanc. Celte dernièie fut administrée à la dose de G gr.
seulement, dans l'apyrexic; dès le lendemain, celui (pii avait la fièvre tierce
en fut délivré. L'autre éprouva une amélioration notable, continua de pren-
dre le médicament et fut débarrassé graduellement dans l'espace de cinq
jours.
Bien que cbanvre soit originaire des Indes orientales, il croît sponta-
le
nément sur les bords de la Neva, du Borysthène et du Volga. On le cultive
dans nos cbamps pour l'emploi industriel de la partie textile de sa tige, et
pour son l'ruit connu sous le nom de chcncvis.
Ilesci*i|>4ioii. — Racine blanclic, ligneuse, fusiforme, garnie de fdjrilles.
Tige —
droite, oriliiiaireinent simple,nulp, vohio, dont la hauteur varie suivant le
fistuloiiso,
climal de 1 à (i uieiros. —
Feuilles opposées, digilees, composées de cinq sept folioles, .'i
ovales-allongées, dentées en scie, et dont les iniérieures plus petites, celles du milieu
plus grandes. —
Fleurs (lioiqnes d'un jaune pàk' ou \erdàlies (quekpies individus sont
monoïques). Les fleurs mâles disposées en petites grappes lâches, axillaires (juin et juil-
let), présentant un calice {!(> cinq folioles ohlongues, fgérenient arquées et concaves. —
Cinq étamines, dont les (ilanients, très-courts, portent des anthères ohlongues cl tétra-
gones. I^es Heurs lénudles, également axillaii'cs, presque sessiles, ofl'ient un calice mo- :
nophylle, conique, spathifoinie; un ovaire supérieiu', surmonté de deux styles longs, tu-
bulés et velus. Fruit —
akène ovoïde, crustacé, suhglohuleux, hrun ou gris, lisse,
:
Partie» iti^itée^. — I>a tige, les feuilles, l'iidloiesccnce et les fruits, dits impro-
prement (j rai ne s.
C'iiltiii'e et récolte. —
I^a culture du chanvre, qui réussit presque partout,
ainsi que sa r('colte, est du domaine de l'agriculluie, et se trouve parlaitement traitée
dans la Mitison ruslifini' du A7.Y'' sicclc. Le chènevis, pour être de bonne qualité, doit
être gros, lisse, noiràtie et j)esant.
Propriétés |iliyii4if|iie$^ et rliiini(|iie»; «tirages éronoinîf|iies.
— Tout le momie sait (pie le cliaiivio pi(''paré et sous forme de lilassc est employé à l'a-
])iiqner des cordages et des voiles pour les navires, et qu'on en compose aussi des tissus
])lus délicats, dont la ])lancheur, la finesse le disputent aux étoffes de lin. La graine con-
vient à la volaille cl à ])lusieurs oiseaux. L'huile de chéncvis est bonne pour l'éclairage
et pour la ])eiiiturc à l'huile; elle entre dans la préparation des onguents, des cérals, du
savon vert. Kn Lillmanie, les pauvres s'en nourrissent. Les tourteaux dont l'huile a clé
exprimée servent à engraisser le bétail. Sou uns au l'otu-, ils pioduisent. lorsqu'ils sont
réduits en jioudre, une substance ayant l'aspect du poivie, et avec laquelle on falsifie ce
dernier. Connue les sommités du clianvrc, très-odoi'antes et Irés-aclives quand elles sont
fraiclies, peident pai' la dessiccation une giande |)artie de leurs propi'iélés, on est porté
à admettre dans celle plante la présence d'une liuile essentielle. D'après l'.atier (1), notre
clianvrc ordinaire a des principes cl une action analogue à celle du cannabis indica.
Tout porte à croire, avec lliisson, professeur de botanicpie h l'école du Caire, malgré
l'opinion du botaniste Lamark, que le cannabis indica avec lequel les Oricnîaux prépa-
rent le haschisch des Ismaéliens, le hangue des Ishecks, le maslac des Turcs, composi-
tions exhilaranles, enivrantes et a|)hrodisiaqucs, n'est autre chose que le cannabis saliva
rendu plus éneigicpic par l'intluenee du climal. Cette plante, connue tant d'autics, dimi-
nue d'activité à mesure qu'on avance dans le ^oi'd, et, si l'on en croit iîergius, les chan-
vres de la Suède sont tout l'ait d<'pourvus de la proi)riélé enivrante, quoicpie provenant
<'i
lixe.]
(La cnniiiibine est d'une couleur vert lirunàtre, d'une odeur na\is('MMise el pénétrante,
d'une saveur Acre et persistante; elle est soluhle à l'roid dans l'étlier, l'alcool conceulré,
les huiles lixes et volailles, les corps yras, et insolidde dans l'alcool diluc' et dans
l'eau.)
A L'l^T^:nIF.lIR. — Infusion
des feiiilles, 30 à Huile do clièncvis , en embrocations , lini-
60 par kilof^rammo d'oaii t^ouiiUinte.
t;r. nirnt, etc.
Infusion lies semences concassées, 30 à 00 '^r. (Lxtiait do chanvre, en pilules, do 5 à 20 cen-
par l<ili'^raninic d'eau bouillante. lifiranimes.
Lniulsion de clièncvis, 30 à 00 gr. sur 500 '^v. Tiintuic de clianvre (3 à 4 gr. d'extrait pour
d'eau bouillanlo éduicorée. 30 gr. d'ail ool (J5oucliul), de 5 i\ 20 gouttes.)
A i.'EXTiiniEtR. —
Feuilles fraîclics, en cata- Cannabine, en teinture (1 paitio sur y d'al-
plasme. cool), de 5 à 20 gouttes) (Villcniin).
cette action est prompt;'. ^2" L'huile de chènevis doit être récente, oljtenue
par expression, sans odeur marquée à froid; il convient de l'employer
chaude, en embrocations abondantes toutes les deux ou trois heures; les
seins doivent ensuite être recouverts d'ouate. 3" L'extrême prudence con-
seille de surveiller l'elfet trop rapide sur la sécrétion et d'associer à son
emploi un révulsif intestinal ou une dérivation sudorale à la peau.
[L'huile de chènevis et l'émulsion ont été proposées, il y a peu de temps,
contre la galactiri'hée, la première en frictions sur les seins, et la seconde
à l'intérieur.]
Ne pourrait-on pas, eu médecine, substituer l'huile de chènevis à celle
d'amandes douces? (Bouchardat l'emploie lorsqu'elle est exprimée à froid
pour remplacer l'huile de foie de morue) (4).
(CANNABINE. —
Nous réunissons sous ce même titre les travaux publiés
sur l'extrait, teinture de chanvre et la cannabine, parce que c'est à la
la
cannabine que l'action doit être en grande partie attribuée. — Cette résine,
étudiée tout spécialement par de Courtive (o), existe en moins grande quan-
tité dans notre cannabis que dans Vindica ; mais son action est la même :
C'est de tous les moyens connus celui (pu jiroduit un narcolisme i('m|)laçanl
le sonuueil naturel, sans occasiomu'r l'excitation outrée des vaisseaux, sans
suspension paiticulière des excrétions, sans faire (raindre une fatale réac-
tion, sans paralysie consécutive; il peut eue doiuié dans toutes les mala-
«lies inllammatoires ai^Miës et dans les affections typln([ues; il est propre à
ôtre employé alternalivementavec l'opium, lorscpu- celui-ci n'aciil plus; dans
tous les cas, il est moins violent, mais moins sûr que ce dernier aj^cnt (2).
L'elfet |)rimaire de la cannabine, que nous avons expérimentée sur nous-
méme, est une excitation passagère des centres nerveux; l'cfl'ct secondaire,
celui qu'il faut exploiter en thérajjeulique, est celui d'un stupéfiant. Klle sera
donc utile dans toutes les affections où le phénomène douleur prédomine
(névralgies, rhumatismes (3), goutte), et dans celles où il y a surexcitation de
l'élément nerveux (convulsions, tétanos (i), choréc (o), hystérie, hydropho-
bie, dcliriuin trcmcns, épilepsic, etc.).
Dans l'aliénation mentale avec hallucination, Moreau, de Tours, l'a expé-
rimentée, «afin, dil-il, de modifier i)ar substitution d'un état passager
d'hallucinations h un état constant, la situation des malades. » Nous ne pen-
sons pas que des résultats Ijien favorables soient venus répondre à son at-
tente. Brierre de IJoismont a, avec le même insuccès, essayé d'opposer les
idées riantes dues à l'administration des préparations du chanvre aux p.cn-
sées tristes des mélancoliques.
Signalons pour mémoire l'action du haschisch dans l'obstétrique comme
agent excitateur des contractions utérines (6) ; celle que Villemin, médecin
sanitaire du Caire, lui a reconnue dans le traitement du choléra (7), l'effica-
cité de l'extrait de chanvre sauvage de la Crimée contre les fièvres intermit-
tentes (8).
CAXNABKNE. —
C'est à ce principe volatil que sont dus les phénomènes
enivrants produits par les fumigations et par le voisinage des chènevièrcs;
phénomènes dont nous avons déjà parlé.
La vapeur respirée ou l'introduction dans l'estomac produisent dans tout
l'organisme un frémissement, un besoin étonnant de locomotion, puis de
l'affaissement souvent sui\i de syncope. L'impression produite sur le cerveau
csti)énible; il y a plutôt stupeur qu'hallucinations agréables ou extraordi-
naires. L'action est plus fugitive que celle de la résine, elle est aussi moins
énergique. Nous ignorons si le cannabène a été mis en usage par la théra-
peutique. On peut par avance supposer qu'il jjourrait se montrer efficace
dans certains cas comme succédané du chloroforme.)
27'2 CMAnDON-JîKMT.
glabres.
Il ne faut pas confondre celle planle avec celle que Ton connaît sous le nom de char-
dou-bniil di's Paiisicifi [Carlhninus lanutm, L.), et qui croit aux environs de l'aris, el
notamment à Don iy. On n'y trouve point celle dont il est ici question. Le carlliame lai-
neux se dislingue par ses feuilles sèches et découpées en pinnules presque linéaires à la
base de la tige; ces feuilles sont ovales, simplement sinuées et dentées vcis la partie su-
périeure. On le donne ordinaiienient dans les officines pour le vrai chardon-bénit; ses
propriétés sont analogues.
Parties usitées. — Les feuilles, les fleurs et quelquefois les fruits.
[Ciilttire. — Le chaidon-bénit n'est cultivé que dans les jardins botaniques; on le
propage par graines en terres légères.]
Kéeolte. — Elle se récolte en juin, avant l'entier épanouissement des fleurs. Alors
la planle contient un suc rougeàtre el actif. On rassemble les feuilles et les sommités
fleuries; on en fait des paquets minces que l'on fait promptenicnl sécher au soleil ou à
Tétuve.
Proiirié<és iiliysiques et rl«iniic|iies. Douée d'une amertume Irés-—
prononcee, mais non persistante, cette planle contient, d'après Morin (1), du malale acide
de chaux, une matière grasse verte formée d'huile fixe el de chlorophylle, de l'buile vo-
latile, un princi[,c amer particidier, une substance résineuse, du nitrate de potasse, du
sucre liquide, de la gomme et de l'albumine, plusieurs sels minéraux et quelques oxydes,
des traces de soufre. Une matière particulière y a été découverte en 1837 par ^'ati-
velle, qui l'a nommée cniciii ou cnicine. Ce principe s'obtient avec facilité. Il se présente
sous forme de belles aiguilles blanches; il est d'une excessive amertume; fort peu so-
luble dans l'eau et les acides dilués, il se dissout très-bien dans l'eau alcalim'sée, en per-
dant sa saveur amère.
Les feuilles du chardon-bénit peuvent fort bien remplacer le houblon dans la confec-
tion de la bière.
l'RÉPARATlONS PHARMACEL'TIOL'ES ET DOSES.
A i/iNTÉRiEin. — Infusion
ou décoction, 15 à Fruits en émulsion, 2 k f^ gr.
CO gr. par kilogramme d'eau. Kxtruit, 2 à /j gr., en pilules, bols, ou délayé
Suc exprimé, 30 à 100 gr. dans du vin, de la bière, etc.
Infusion vineuse, 30 à 50 gr. par kilogramme
de vin (15 à 100 gr.). A 1,'EXTÉRiEi'n. —
Infusion ou décoction des
Eau distillée, GO à 120 gr. on potion. feuilles, en romcntations, lotions, etc.
Teinture, 2 à 5 gr. en potion. Poudre, en tojjique.
(1) Asyluin lan(]uenthim, seu cnrdum sanctus, vulgd benedictus, medicina patrum-familias^
polijcresta, vcruinqm' paiipeniin tliesaurus^ etc. léiia, 1GG9.
(2) De Carduo bcncdklo, diss. inaïuj. Argent., 1738.
(3j Ginefie médicale, 1859.
18
27Zi CMAUDON-MAIUK.
décoction de 250 ou tcinluro de 8 à 20 goullcs) régularise la circulation
gr.,
abdominale d'une façon favoiablc dans les métiorrliagies et les trou-
et agit
bles de la menstruation. Le premier cllet du traitement est quelquefois une
surexcitation assez vive; aussi est-il bon de le diriger avec prudence et en
commençant par de petites doses. Dans les cas où on avait C(jnstat6 une hy-
pcrtiophie hé()atique par la percussion, il y a eu évidemment résolution et
amendement dans les j>hénomèncs d'inappétence, de douleurs, dirrégula-
rité dans les selles et de troubles menstruels qui se rattachaient à cette alté-
ration.)
La décoction des feuilles de cette plante est détersive, tonique, et peut
être employée avec avantage sur les ulcères atoniques, sur les ulcères gan-
greneux et même cancéreux. On peut aussi employer la poudre dans les
mêmes cas. La décoction ou l'eau distillée a été très-recommandée par
S. Pauli sur les ulcères chancreux, qu'il saupoudrait ensuite avec la poudre
des feuilles. Arnaud de Villeneuve a vu guérir par ce moyen un homme dont
la chair de la jambe était rongée jusqu'à l'os par un vieil ulcère.
Le cnicin, à la dose de 20 à 30 cenligr. produit des nausées et des vomis-
,
akènes anguleux, lisses, couronnés d'une aigrette simple très-longue, et renfermés dans
le calice comnmn.
Parties usitées. — La racine et les fruits.
CHAr.DON-nOLANn. 275
(le s|)(''cifique contre les maladies de pnilrine.)Triil('r (I) rcjcite avec raison
comme illusoire la vertu sp(''eifi(|ue attribuée h des semeuces presque inertes.
Leur propriété anfihydrf)])hohi(iuc, annoncée par Lindaïuis, est depuis lon^^-
temps vouée au ridicule. Les pi-étendues vertus désobstruantes, apéritives et
emménaj^o^ues du eliardon-marie seraient dues, suivant une ancienne su-
perslitioii, ;\ i\o:> gouttes de lait, qui, tombées du sein de la Vierge, auraieiit
taché les feuilles de cette plante.
(Lnback atliibue aux Iriiits de ce chaidoii les mêmes propriétés (\n'h ceux
du chardon-bénit. Lange (2) vient conlirmer cette assertion et apporte à
l'apiMii de son opinion onze observations d'hémori'hagies diverses guéries
par la décoction de 30 gr. de fruits pour 180 gr. d'eau, prise par cuillerées
à soupe toutes les heures.)
nâtre à l'intérieur; son odeur, assez marquée, n'est pas agréable; sa saveur est douceâtre
amèie.l
La racine de panicaut marin est beaucoup plus active que celle de char-
Cette plante vivace ( PI. XIV ) croît dans toute la France, sur le bord des
chemins, dans les terrains secs, autour des villes et des villages. Les Juifs
assaisonnaient l'Agneau pascal avec les feuilles de la centaurée étoilée, et
les Egyptiens mangent encore aujourd'hui ses jeunes pousses.
CIIAUSSE-THAPE. '277
[CiiKiiro. — La cliaiissc liajx' ii'csl ciiltivf'i' (|U(' dans les jai-diiis do bo'aniiiuo ;
soluhlo dans l'alcool ol dans l'ollier; peu soluhle dans l'eau, luènie bouillante; formaiil
avi'C les bases solubles, telles que la potasse, la soude et l'auinioniaque, des sds so-
lublos dans l'eau, mais incrislallisables. J/alcool (pii le tient eu solution devient très-
difficile à distiller, même à fou nu. Lue liès-i)olile quantité dissoute dans ce véhicule
suffit pour lui communiquer une amertume très-iuleuse.
qui croit chez nous, nous n'estimons que ce qui s'achète, ce qui couste et
s'apporte de dehors (5). »
Dans ces circonstances, Berlin, professeur agrégé de la Faculté de INIonl-
pellier, a lu devant rAcadémie des sciences et lettres de la même ville un
mémoire Irès-intéressant sur les propriétés fébrifuges de la chausse-trape (C).
Ce médecin avait eu le soin de dégager les fièvres de toute complication,
278 CHÉLIDOINE.
Au début, il administra le médicament sous forme d'extrait aux doses aux-
quelles il aurait i)resciit le sulfate de quinine, et de la même manière que
pour ce dernier, c'est-à-dire le plus loin possible des accès. Le succès fut
prompt et durable de nombreuses fièvres quotidiennes, tierces et quartes
:
guéiirent par ce remède. Le même résultat fut obtenu dans les fièvres
inlernuttcntes larvées et dans les maladies compliquées d'un élément in-
termittent.
Ces faits, aussi nombreux que bien constatés, prouvent l'incontestable
efficacité de l'extrait alcoolique de chausse-trape dans les fièvres intermit-
tentes non pernicieuses, môme dans celles d'origine paludéenne. Bertin n'a
pas cru devoir s'en rapporter à ce médicament dans les fièvres perni-
cieuses, où la certitude du danger réclame impérieusement l'emploi de
l'antipériodique par excellence. Les bons effets de la cbaussc-trape lui ont
paru si constants, que, dans -la prison cellulaire de Montpellier, il préfère,
par économie, l'extrait de cette plante au sulfate de quinine. Ses malades
n'ont point eu de rechutes; et cependant plusieurs d'entre eux étaient venus
des rizières du château d'Avignon ou des bords marécageux des étangs.
On peut, sans inconvénient, administrer de fortes doses d'extrait de
chausse-trape. Cependant Bertin n'a jamais dépassé la dose de 1 gr. 20 cen-
tigr., qu'il prescrit en pilules de 20 eentigr. chacune.
De tels succès convaincront-ils les médecins qui refusent à nos fébrifuges
indigènes la faculté de combattre les fièvres intermittentes d'origine palu-
déenne? La vérité se fait difficilement jour à travers les préjugés.
Je regarde le chardon étoile comme un de nos meilleurs fébrifuges indi-
gènes. J'ai employé jdusieurs fois avec succès son suc dans les fièvres inter-
mittentes. Cette préparation m'a réussi dans deux cas oii la décoction avait
échoué. J'ai souvent ;;ssocié avec avantage cette plante à l'écorce de saule
et à l'absinthe dans les fièvres automnales cachectiques. Dans tous les cas
où les toniques fixes sont indiqués, la chausse-trape peut remi)lacer les
amers exotiques. Je l'ai substituée au (juassia amara. Elle m'a réussi complè-
tement dans la leucorrhée atonique, soit en décoction, soit infusée dans le
vin blanc, avec addition d'un peu de racine d'angélique.
La semence de calcilrape est certainement très-diurétique. Dodonée dit
qu'elle provoque l'urine jusqu'au sang si on ne modère son usage. Celte
assertion nous paraît exagérée. Je l'ai fait prendre en poudre avec du vin
blanc, dans des cas d'hydropisie, où elle a produit une abondante sécrétion
d'urine. La racine ne m'a pas paru avoir une action aussi marquée sur l'ap-
pareil urinaire. i']lle faisait partie, suivant Desbois, de Rochefort, du remède
dj Baville, qu'on regardait comme très-efficace contre la gravclle.
Celte plante vivace (PI. XIV) se trouve dans toute la France, dans les
fossés humides, dans les haies, sur les vieux nnirs des jardins, dans les lieux
incultes, dans les ruines et sur les rochers.
Ilesci*i|»tioii. —
Racine fiisirormo, fi])reiise, clievohio, d'ini ])rnn loiigoàlrc.
Tige de 3 à 7 décinièlics do liaiiloiir, cylindriqno, raniousc, grêle, fragile, pultoscente,
à longs poils épnrs, nions, étalés. —
Foiiiilos alternes, molles, glabres, glauques au-
dessous, pétiolces, à 3-7 segments ovales, à lobes incisés, crénelés, pétiokilés ou dé-
curronls sur la tige. —
Fleurs jaunes, liernia[ilu'odites, disposées en oniljelies pauciflores
à la partie supérieure des ramifications de la tige (avril-septembrej. —
Calice à deux
CIll'LinOINE. ^7'J
{CiiKiire. — ha ché'lidoine cultivi'e, (pie Ton ne liouve que dans les jardins Ijola-
nicpies, est niiiins active (|Ue celle qui vient s|iontan('menl dans les campagnes ; on la
propage par division des pieds.]
K^'colle, — ha cIk'1 dans un terrain sec ou sur de vieux
idoine qui a ('té n'coltée
nuirs est beaucoup jjIus active dans des lieux humides et ombragés.
que celle qui a ciù
On ne doit la choisir ni Iroj) jeune ni tiop grande. Il ne l'aul pas la recueillir api'ès la
floraison, ha dessiccation lui l'ait perdre une partie de son arrêté, tandis qu'elle aug-
mente au contraire son amertume, ha racine, qui est consich'rée comme plus active que
les autres |)arlies de la plante, devient presque noire par la dessiccation.
la chélidoine d'une auti'e base hichcL'nithrine, découverte ])ar Piobst et i'oliex; d'api-ès
Schiel elle serait analogue à la sanguinarine extraite dç la lacine de sanguinaii'e du Ca-
nada et aurait pour foriuule =
C"'''il'" AzO^. C'est un alcaloïde pulvérulent qui se colore
en rouge par les vapeurs acides.
Probst a également trouvé dans la chélidoine en combinaison avec la chaux un acide
qu'il a a|)|)elé c lie lirlo nique, dont la formule =
C'*ir-0"' 3H0; il cristallise en aiguilles
incolores allongées, elllorescentes, soluldes dans l'eau, l'alcool et les acides; il est triba-
sique on l'y trouve avec les acides malique et citrique d(''j;i signalés par Chevallier et
;
hassaigne .
môle ù une égale quantité de miel. La dose de ce mélange, qui d'abord est
de 8 gr., est graduellement portée à 16 gr. délayés dans une à deux cuille-
rées d'eau. Au printemps et en automne, je n'emploie que le suc de la ra-
cine, el, en hiver, je donne l'extrait de la plante tout entière, dont je forme
des pilules de 10 ccntigr. je commence par en donner deux; puis j'arrive
;
tion était sensible. Je fis alors prali([iu'r des onctions avec une pommade
composée de suc de la menu- plante bouillie dans du saindoux jusqu'à con-
sonq)lion de ce suc, d'après le conseil d'un curé qui avait employé cette
pommade dans des cas semblables. Au bout d'un mois de ce traitement,
aussi simple que peu coûteux, la darire était entièrement guérie. Ce jeune
homme, que j'ai revu depuis, jouit d'une très-bonne santé.
Le suc de chélidoine, à la dose de 5 h Ogr. délayés dans 700 gr. de petit-
lait, à prendre chaque jour, est un bon dépuratif contre les affections cuta-
nées chroniques, les scrofules, etc. Ce même petit-lait, auquel on ajoute
4 gr. de crème de tartre et 30 gr. de sirop de chicorée, m'a réussi dans un
cas d'ictère, qui, pendant six mois, avait résisté ;\ un traitement rationnel-
lement dirigé.
On attribuait jadis à la chélidoine, non-seulement une action stimulante
et diurétique, mais aussi une propriété sudorifique. Palmarius (1) dit que le
suc de la racine de cette plante, exprimé et mêlé avec un peu de vin blanc
ou du vinaigre rosat, a été d'un puissant secours pour quelques-uns, et a
chassé le poison par les sueurs. Le fameux Julien Paumiers, de la Faculté
de Paris, faisait grand cas du suc de la même racine dans la fièvre jaune.
La chélidoine est un purgatif prompt que le médecin d(; cam-
et certain
pagne peut employer dans presque tous où ce genre de médication
les cas
est indiqué, et surtout dans les maladies chroniques. Cette propriété est due
à la présence de la gomme-gutte. Moins active que cette dernière, la chéli-
doine en a tous les avantages sans en avoir les inconvénients. Ce purgatif
indigène est le plus efficace de tous ceux que l'on a proposés comme suc-
cédanés des évacuants exotiques. S'il nous venait de l'Amérique ou des
Indes, on le trouverait dans toutes les pharmacies, et tous les médecins le
prescriraient. Quand donc finira cette cxoticomanic, qui rend la médecine
inacessible au pauvi-e, et la France tributaire de l'étranger pour des res-
sources qu'elle possède et dont elle pourrait user à si bon marché?
Le suc ou l'extrait de grande-éclaire, mêlé avec le jaune d'œuf, le muci-
lage de semence de coing, de racine de guimauve ou de graine de lin, dans
suffisante quantité d'eau sucrée, forme la base d'une potion purgative,
légèrement laxative ou altérante, suivant la dose à laquelle on l'administre.
J'ai quelquefois employé avec succès comme vermifuge l'extrait de chéli-
doine en pilules avec le calomel. L'usage de ces pilules, continué long-
temps, m'a réussi dans quelques affections scro'fuleuses et dartreuses pré-
sumées d'origine syphilitique par hérédité, dans les engorgements chro-
niques du foie et de la rate, et dans les constipations opiniâtres dues à
l'inertie des intestins. L'effet laxatif produit par la chélidoine permet d'ad-
ministrer le protochlorure de mercure à petites doses, sans craindre son
action sur la bouche. On sait qu'une petite quantité de calomel répétée et
qui séjourne dans les jjremières voies, où elle est absorbée, cause plus faci-
lement la salivation qu'une dose plus forte de cette substance déterminant
des contractions intestinales et la purgation.
J'ai aussi employé avec avantage, comme vermifuge, le suc de chélidoine
pur ou en émulsion avec le jaune d'œuf et une suffisante quantité d'eau et
Une petite tille de M. Delapoterie, Jïgée de trois ans, i)àle, faible, ayant
les membres };ièles, le ventre gros sans être dur ni tendu, les pujjilles dila-
tées, de la salivalion, le bout de la langue rouge, des grincements de dents
pendant le sommeil, avait rendu, dans une diarrhée (pii avait duré deux
jours, un lombric vivant. Je lui fis prendre le matin 10 gouttes de sue de
chélidoine dans un peu de j.ume d'ceuf délayé avec deux cuillerées d'eau
sucrée. A midi, le même jour, l'enfant avait rendu, avec deux selles demi-
liquides, cinq lombrieoïdes deo;\ G pouces de longueur; une seconde dose,
donnée le lendemain (de lo à 18 gouttes), procura l'expulsion de douze
autres vers de même longueur.
(C'est ;\ titre de purgatif drasticjuc que la chélidoine peut avoir une cer-
taine influence dans l'aménorrhée) (1).
La chélidoine doit être maniée avec prudence. Administrée inconsidé-
rément comme remède, elle a quelquefois produit l'empoisonnement. Pollet
a observé un empoisonnement de ce genre (:2) chez une femme qui, malgré
ses soins, succomba sous la violence du poison.
Les anciens pi-éparaient dans un vase de cuivre un collyre composé de
suc de chélidoine et de miel. Je ne dirai pas, avec certains enthousiastes,
que l'on a prévenu la cataracte et guéri des amauroses par l'usage interne
Cl externe de cette plante; mais je puis affirmer que nos paysans ont souvent
guéri des ophthalmies chroniques qui avaient résisté à toutes les ressources
de l'oculistique, par la décoction de ses feuilles employée comme collyre.
Ce moyen est tout fi fait populaire et a dû être connu de temps immémcjrial,
ainsi que l'annonce le nom de g tande- éclaire fondé sans doute sur une
,
avec la conjonctive, i)eut déterminer une vive irritation et même une inflam-
mation grave de l'organe de la vue. Je pense néanmoins que le suc des
feuilles de chélidoine, plus ou moins étendu dans l'eau et même pur, con-
viendrait, instillé entre les paupières, dans l'oijhthalmie purulente des nou-
veaux-nés; c'est un moyen à essayer.
J'ai appliqué la racine fraîche de grande-éclairo sur les tumeurs scrofu-
leuse*ulcérécs; elles ont eu un effet marqué et à peu près semblable à celui
que produit la racine d'arum employée de la même manière. Le suc des
feuilles et des racines de cette plante, pur ou mêlé avec plus ou moins
d'eau, selon qu'on veut lui donner plus ou moins d'activité, appliqué avec
de la charpie sur les ulcères de mauvaise nature, les modifie avantageu-
sement, les déterge et les met dans des conditions qui en favorisent la
cicatrisation. J'ai eu plusieurs fois l'occasion de constater les bons effets
•de ces applications. Les injections de ce suc dans les ulcères sinueux
Cet arbre tient le premier rang parmi ceux qui croissent dans nos forêts,
où il s'élève parfois jus([u'à près de 100 pieds de hauteur. Il est assez connu
pour n'avoir pas besoin de descripliou. Son bois l'emporte sur celui de
tous les autres arbres par la solidité, par la force et par la durée. Aussi
est-il le plus recherché pour la charpente des bâtiments, la construction des
navires, le charronnage, la menuiserie, .etc. Les glands (le chêne sont avide-
ment recherchés par les oiseaux de nos l)asses-cours, et par les cochons,
auxquels ils procurent un excellent lard.
Parties iisitérs. — L'écorco, les fruits, les galles et les feuilles.
Récolte. — Il prendre Técorce de rliène pour l'usage ni(^dical sur des branches
faut
de trois k quatre ans, un \>c\\ avant la floraison (pu a lieu en avril-mai. Les feuilles se
récollent pendant rét(} et les glands dans rautonino.
dehors; relie des arbres et des brandies jt-uiies est lisse, pi-esque sans crevasses, d'un
rou^e pâle au dedans, el d'un blanc verdàtre an deiiors. D'une odeur fade, elle a un
goùl acre et Irés-astrinyenl dû h la grande quantil('' d(^ tainiin el d'acide gallique (|u'elic
contient, ce qui la rend plus pi()j)re (pie Imtes les auti'es subslances au tannage des
peaux, beduile en poudre pour cet usjige, elle prend l(! nom de tan. l/ecorce des jeunes
arbres el des jeunes b;anclies esl \tU\s cliargi^e de tannin. Après avoii' servi A la [ivé-
paralion des cuirs, le tan penl Ibrnier de bonnes couches pour les serres chaudes, ou
Olre brûle sous l'oi'nie de molles. D'aprc's les essais de iîraconnot, celle (.'corce contient
en outre du sucre inciistallisable, de la {)ectine, du tannate de chaux, du lannale de
niagnc'sie, du laïuiale de potasse, etc. Le tannin (|u'el!e louinil paraît i-Uv uni, en outre
de l'acide galliipie, à quel(|ues antres luati^i'es a un ('lai de cond)inaisoii inexaniiné.
Braconnol a lait reni;ir(iuer (pu' ['(Worce de cliiuie ne (l(}pose pas d'apolliéine par des
évaporalions el dissolutions successives; ce (pii ne nian(pi(! [jas d'ari'iver avec le lannin
de la noix de galle. Ce chimiste n'a pas non plus trouv(i de corlicine dans celle é'corcc
(in Soubeiran). Les glands renrernienl de la lécule en grande quantité. Ils oui été ana-
lysés par Loewig, qui les a ti'ouvés lorniés d'huile grasse /l'î, de résine 6'i, de gomme
au, de tannin <J0, d'extractil' amer 5'2, d'anùdon ,'585, de ligneux 31!), de sels de potasse,
de chaux, d'alumine, des traces, etc. {!)• Suivant llourlel, on emploie en 'l'urquie les
glands connue aualepti(iues on les enfouit dans la lerre pendant quelque temps poin-
;
leur faire perdre leur amerlume; puis on les sèche el ou les loiréfie. Leur pondre, mê-
lée à du sucre el h des aromates, consliluerail le palamoiul des Turcs et le racahoul des
Arabes ce sonl des aliments de facile digestion, mais auxquels on subslilue babiluel-
:
lernent chez nous un mélange dans lequel le gland de chêne esl remplacé par le cacao
el des fécules [in Soubeiran).
[Les glands de diUei'ents cIkuics sont torréfiés el servent à préparer le produit que
l'on vend sous le nom de Café de gland doux, mais il arrive souvent que l'orge el
l'avoine torréfiées dominent dans ce pi'oduit.]
(La qiwrcine, matière cristalline, voisine de la salicine, a été trouvée par Gerber dans
l'écorce du chêne. Elle esl soluble dans l'eau et l'alcool, très-soluble dans rétlier.)
[La quercite que Braconnol a extraite du gland du chêne se rappi'oche de la mannile,
elle cristallise en prismes transparents, inallérables à l'air, solubles dans l'eau el dans
l'alcool ; elle a pour formule C'= 11'- 0'°.
La quercitrine = C"
H" 0^ HO, extraite j)ar Clievreul du quercitron ou Q. nifiru ou
lincloria, esl une matière co'orante jaune, cristalline, peu soluble dans l'eau; c'est un
glycoside, les acides étendus le liansl'ormeul en glycose et en quercéiine (l'.igaud).]
(Clievreul a aussi découvert dans colle écorce un corps moins soluble que le querci-
trin,la quercilrêïne (C''- il' "'0'^). Elle se présente sous forme de poudre cristalline jaune
foncé; la solution (l partie pour U d'alcool absolu, ou 300 d'eau bouillante) est acide.)
Subslances incomjjuUbles. —
Les carbonates alcalins, l'eau de chaux, les sels de fer
et de zir.c, de plomb, de mercure, la gélatine.
Galles, —
On désigne sous le nom générique de galles, des excroissances qui se
forment sur divers arbies h la suite de la piqùie d'insectes qui déposent leurs œufs
dans une cavité où ils éprouvent toutes leurs métamorphoses.
Les galles que Ton trouve sur divers chênes sonl produites par un insecte du genre
Cytiips. La plus couuuune esl celle du chêne à galles qui vient principalement d'Alep.
Celles de notre pays sont l'ormées de la même manière, elles sont moins employées et
renlerment moins de lannin. Elles sonl entièrement sphériques, poli(îs, rougeàlres.
Lorsqu'on cou[)e une noix de galle en deux, on trouve 1" au cenlix» une petite
:
cavité lenlérmanl la larve ou ses débris 2° une couche spongieuse jaunâtre, destinée
;
branches la galle hongroise ou gallon du Piémont vient sur le chêne rouvre avant la
;
du poids du produit par l'alcool à 56" G., on ne relire que 95 pour 1000 d'extrait.]
;
.un cheval en a pris 10 kilogr. en un mois, et on a trouvé son sang plus vis-
queux, plus rouge, plus consistant il s'est conservé deux mois mort sans :
qu'elle donne lieu ;\ (les anxiétés épigastriques, à des spasmes, etc. Aussi,
n'administre-l-on l'écorce de chêne qu'avec une certaine retenue, ou bien il
faut la nièler à des substances qui modèrent l'action qu'elle exerce sur la
surface interne du canal alimentaire. » Quoi qu'il en soit, l'écorce de chêne,
qui faisait partie de la matière médicale dllippocrate, de Galien, de Diosco-
ride, etc., et que les médecins de nos jours prescrivent rarement à lintc-
rieur, a été conseillée dans les métrorrhagies atoniques, les flueurs blanches,
sans irritation; vers la fin des blennorrhagies, la blennorrliée, les hémor-
rhagies passives, l'incontinence d'urine, les diarrhées, les dysenteries chro-
niques, les flux uintjuenx aloniqucs en général, et surtout dans les fièvres
Cet extrait, introduit dans la matière médicale par Weber, d'Illen, sous le
nom d'extrait antiphlhisique, est employé dans les affections pulmonaires
chroniques, et spécialement dans la phlhisie il a pour elfct de diminuer
;
(1) Manoury, Journal analytique de médecine et des sciences accessoires, mars 1828,
p. 461.
(2) Traité pratique des maladies vénériennes.
(3) Mvsciim der fleilkunde, t. II.
19
290 CHÊNE.
Parmi les modernes, Tragus, Scopoli, Kosen, etc., s'en sont servis dans les
tliixen général, et surtout dans les diarrhées muqueuses et les dysenteries
chroniques. Au rapport de TourneforI, les glands torréfiés sont usités en
Languedoc et en Provence contre la diarrhée et la dysenterie. D'après Hu-
feland (I), le gland toriéfié et moulu, et pris en décoction, s'est montré
très-eflicace dans la coqueluche h l'Institut polyclinique de Berlin; c'est
surtout vers la fin de cette maladie, quand il y a débilité, que ce remède
convient.
Le même auteur regarde le café de glands de chêne comme un véritable
spécitique dans les indurations, les engorgements abdominaux, le carreau,
le rachitisme. Schroeder parait être le premier qui ait découvert les pro-
priétés du gland dans ces cas. Baumes, Thuessing et Stoltc (2), Aven-
brugger, etc., l'ont vanté après lui. Barras (.'}) assure que l'infusion sucrée
de glands de chêne torréfiés et réduits en poudre lui a procuré de nom-
breux succès pour faciliter la digestion, prise en guise de café à la fin des
repas; il a guéri dis douleurs d'estomac et des dyspepsies par son emploi.
Suivant Trousseau et Pidoux, l'infusion caféiforme de glands est fort utile
aux enfants après le sevrage, aux personnes dont les digestions sont labo-
rieuses et qui éprouvent du dévoiement, aux malades irritables, dont les
fonctions digestives sont entravées par une phlegmasie chronique.
L'usage du gland râpé contre la colique venteuse est traditionnel chez les
gens de la campagne. Les Flamands, dit le bénédictin Alexandre, en
avalent dans du vin pour guérir les coliques que la bière leur cause. Du-
bois, de Tournay, étant atteint de violentes douleurs dans le ventre, fut
guéri comme par enchantement en avalant une certaine quantité de gland
râpé dans un petit verre d'eau-de-vie. Il se demande avec raison à laquelle
de ces deux substances on doit attribuer le soulagement qu'il éprouva.
Rademacher (4) recommande l'eau distillée de glands de chêne, comme
particulièrement efficace dans l'hydropisie provenant des maladies de la
rate, et, en général, dans la plupart des affections spléniques qui sur-
viennent pendant le cours ou le traitement d'autres maladies. Le café de
glands de chêne peut neutraliser l'amertume du sulfate de quinine tout
aussi bien et même mieux que le café ordinaire.
végétal qui existe dans tous les végétaux astringents, et qu'on retire ordinai-
rement de la noix de galle (A. gallotannique), de l'écorce de chêne (A. quer-
citannique), etc. C'est l'astringent le plus énergique, le plus puissant que
possède la matière médicale; il est, en masse résinoïde, de couleur ver-
dâtre; il se dissout dans l'eau, dans l'alcool faible, mais non dans l'alcool
absolu. Le tannin de chêne a une saveur tort astringente, et même nauséa-
bonde. Les substances incompatibles sont les mêmes que pour le chêne.
Le tannin, suivant Chansarel (o), serait le meilleur antidote des empoi-
sonnements par le vert-dc-gris et les autres préparations cuivreuses, le
plomb et les préparations saturnines, le tartre stibié et les autres pré-
parations antimoniales, les cantharides, l'opium et ses composés, la ciguë,
la jusquiamc, le stramonium, les alcalis organiques en général, les cham-
pignons, etc.
(L'albumine précipite le tannin; c'est le contre-poison naturel de ce der-
nier, qui, à son tour, peut servir de réactif pour déceler la présence de la
première substance dans les urines.
Usage externe. —
Toutes les lois que l'on veut avoir affaire à un astrin-
gent puissant, le tannin est indiqué, à un plus juste titre encore que la
poudre d'écorce de chêne.
Les indications de cette dernière, formulées plus haut, s'appliquaient im-
plicitement au tannin, en diminuant les doses bien entendu. 11 est pourtant
différents cas où, à cause même de l'activité et de la pureté de l'agent, le
tannin a été plus spécialement ordonné.
Introduit dans le nez, en prises, il a réussi dans l'épistfîxis rebelle, le coryza
chronique, l'ozène, les polypes muqueux; sa solution, plus ou moins con-
centrée, est fréquemment mise en usage en gargarismes dans les inflamma-
tions chroniques de la muqueuse buccale, de celle du phaiynx.
A riiùpilal Sainte-Eugénie, j'ai vu employer de l'eau tanninée dans l'an-
gine couenneuse, au moyen de la pulvérisation. Loiseau (4) lait faire des
gargarismes tanniques préventifs. Après la trachéotomie, la poussière mé-
dicamenteuse était aussi dirigée ])ar la canule jusque sur les altérations de
la trachée. Ce traitement donnait des résultats irès-médiocres.
divers cas.)
[Les crayons au tannin ont été très-enq)loyés depuis quelques années; ou
les introduit dans le col de l'utérus dans les cas de catarrhes utérins, d'ul-
cérations du col, etc. Voici comment on les prépare Tannin, 4 parties;
:
(1) Mémoire sur les effets physiques et tliérupeuliquev du lanniii. Bruxelles, 1861.
(2) Jouriud des connaissances médicocliirurgicalcs, mars 1850.
2y4 CIIÊ-XE.
[Tannate de plomb. —
Le tannate de plomb pur s'obtient en précipitant
une solution d'acétate de plomb par le tannin, ou une décoction astrin-
gente quelconque par un sel de plomb il est alors moins pur.
;
José Léon a préconisé le tannate de jjlomb contre les gerçures et les cre-
vasses du sein. Yalt et Antenrieth l'ont employé dans le traitement des ul-
cères gangreneux. Rieken le prescrit dans le décubitus des phthisiques et
des typhisés; on l'emploie sous forme de pommade. Van den Corput veut
que fe sel soit récemment pressuré; on en fait usage aussi dans les brû-
lures.]
[Tannate dezinc. —
Cette préparation a été préconisée récemment
contre gonorrhée, sous le nom de sel de Barnit; on l'obtient en saturant
la
une solution de tannin par l'oxyde de zinc récemment précipité et humide.
D'après Trousseau, cet astringent ne jouit d'aucune propriété spéciale.]
[Tannate de bismuth. —
Ce sel, qui a été proposé par Cap, s'obtient
comme précédent. D'après Aran, Bouchut et Demarquay, il possède des
le
propriétés astringentes marquées, et il produit de bons effets contre les
diarrhées; toutefois, il ne parait pas agir mieux que le sous-nitrate de
bismuth.]
[Tannate d'alumine. —
Le tannate d'alumine à peu près insoluble
est
dans l'eau. Rogers Harrisson, de Londres, qui le décrit comme étant cris-
tallin, jaune sale, et parfaitement soluble dans l'eau bouillante (2), et qui le
préconise contre la gonorrhée lorsque les symptômes aigus sont passés,
n'indique pas le procédé de préparation. D'après Rocher, ce serait un mé-
lange de tannin et de sulfate d'alumine.]
[Acide gallique. — L'acide galliqne s'obtient par plusieurs procédés; il
290
tannin.
I/acidc f;alIi([uo est lrès-enij)loyé en Anglelcii-e. Neale, \\'. iJcaf^es et
Garclner, Tout trcs-vanlé comme hémostaticjue, conti'c l'iiydropisie scarla-
tinouso, à la dose de 25 centij,M'. |)ar jour, conli'c l'hénialémèsc, l'alhumi-
nurio, les érysipcles, les hémonlioïdes. (Les médecins allemands ont préco-
nisé l'acide gallicpie uni ou non ;\ l'acide bcnzoïquc d,ms le li-ailenient de la
coqueluche ) Kn injection, on l'utilise contre les hémorrhagies utérines; à
l'extérieur, en topique, linimenl ou pommade contre les engelures.]
Cette plante, que l'on dit originaire de la Chine, est cultivée facilement
dans les potagers pour les qualités alimentaires de ses racines. On la mange
comme le salsifis.
d'une collerette formée de quatre ou cinq folioles simples, linéaires et inégales. Corolle —
rosacée de cinq pétales égaux, snbcordiformes. —
Cinq étamines plus longues que les
pétales. — Ovaire inférieui' chargé de deux styles courts. Fruit consistant en deux—
akènes accolés, convexes, striés d'un côté, plans de l'autre.
Parties usitées. — La racine.
2i)6 CHÈVRE-FEUILLE.
[Culture. — On
pomiail le mulliplior par pieds éclalés, mais on préfère les semis
iTune annt't» on sème au printemps ou en seplemi)re en terre douce, fraîche et pro-
;
tondc. Biner, bassiner, sarcler et arroser fréquemment ; on peut les récolter en hiver à
mesure du besoin.]
Propriétés physiques et cliiiMi«|ues.— La racine de chervi donne un
amidon d'une blanclieur éclalanle; soumise à la leiuienlation, elle fournil abondamment
de l'alcool ; de suc de cette racine, suivant Lieutaud, donnent .'15 gr. d'u.i excel-
'250 gr.
lent sucre; Margral' eu a extrait de Irés-heau sucre, Irès-blauc, et pres(|uc comparable
à celui de canne. [L'amidon du chervi n'est pas bleui par iode, il est identique h I
Vinulinc]
Cette plante se trouve dans les haies et dans les bois, oii elle offre trois
variétés tellement distinctes, que certains botanistes les ont désignées
comme de véritables espèces le chèvre-feuille velu des bois, le glabre, et
:
celui h feuilles de chêne. Les feuilles, broutées par les vaches, les brebis et
les chèvres, sont négligées par les chevaux.
inescription. —
Arbrisseau. —
Racines fibreuses, traçantes. Tige très-longue, —
volubile.— Feuilles oj)posées, sessiles, souvent conjuguées ou connées, obovales, obtuses,
arrondies, glabres. —
Fleurs très-odorantes, jaunes, nuancées de rose ou de rouge,
fasciculées à l'extrémité des rameaux. —
Calice globuleux, à tube adhérant avec l'ovaire,
limbe partagé en cinq jjetites dents. —
Corolle monopétale, tubuleuse, irrégulière, à
tube très-long, lindje divisé en deux lèvres, la supérieure large, plane, à quatre lobes
obtus, peu profonds, l'iulérieure est simple, allongée, obtuse et roulée en dessous. —
Cinq étamines, saillantes, lilets grêles. —
Ovaire infère globuleux, triloculaire. Style —
très-court. —
Fruit baie charnue, succulente, jaune clair.
:
funierio, on isole lo paifmii par In procédé d'enflcnrage à Taidc des corps gras ou par
lesulfure de carbone. )
[-a racine fournit, suivant Hcuss, une couleur hleii-cifl, et Surkow dit que les jeunes
branches peuvent aussi <Mre employées dar)s l'art tinctorial. On fait avec les liges et les
rameaux des dents poui' le> herses, des pei^'iies pour les tisserands, des tuyaux de pipes
h fumer.
\x chèvie-l'euillc est liès-pcii cinploy*^ en iiUMlccinc, bien (ju'il ait été ro-
j^ardé comme astriiijicnt, toiiitjue et lé>^èrcnient diuréliquo. Les lleiirs ont
été préconisées par Honiiolcl et llollmann comme cordiales, céphaliques,
antiaslhmati(iucs. On les emi)loie encore en infusion (4 à8^r. pour 1 kilo^T.
d'eau) dans les catarrhes pulmonaires, et je les ai quebjucrois prescrites
comme antispasni()(li([ues. Le Codex indique encore la préjjaration d'un
sirop de cliùvre-reuilU» ([u'on donne dans les toux, l'asthn e, le hoquet, etc.
L'écorce des tij^cs recommandée conmie sndoiilique contre la goutte
,
sylvestre. Lob.
Culture. — I.a chicorée, cultivée dans les jardins, y a pris dans toutes ses parties
un développement beaucoup plus considérable qu'à sauvage. Elle a produit, par
l'état
transformation, la chicorée frisée, la barbe de capucin, et peut-être la chicorée endive
ou scarole. [La chicorée se cultive en planches ou en bordures; on la sème au prin-
temps pour faire la barbe de capucin, qui n'est autre chose que de la chicorée étiolée,
;
que le dimanche. En France on mêle la chicorée au café, soit par économie, soit pour
ôler à la fève exotique ce qu'on lui croit de nuisible, soit en vue de la falsification. Ce
mélange a une belle couleur et n'est pas désagréable mais il n'a plus ce parfum déli-
;
cieux et cette vertu agréablement stimulante qui font rechercher le café pur.
On reconnaît la présence de la chicorée dans le calé en projetant le mélange sur de
l'eau le café reste h la surface, tandis que la pondre de chicoréi', que l'on décore du
:
nom de moka du .Nord, gagne rapidement le fond. [La chicorée torréfiée teint l'eau en
jaune, tandis que le café ne la teint pas mais les cafés enrobés, c'est-à-dire torréfiés au
;
(On ronconlic sur de la cliicon'c saiiva^o, dans le Midi ol les pays chauds,
los flriirs
un insoclc vi^sicant, le niylahro [M. cichorit. Falu. ); on s'en serl en Italie, en Grèce el
en Egypte, comme de la cantliaride.)
Plante vivace Irès-répandue dans les champs et les jardins, où elle nuit
aux autres végétaux en envahissant tout le terrain où elle se montre, si l'on
ne prend pas soin de l'arracher.
1leseri|if ion. lîacine —
lige soultTiaine ronsistaiU en des jels traçants très-
:
longs, cylindriques à rétal Irais, grêles, noueux, devenant anguleux et presque carrés
par la dessiccation jaune pâle et luisante à rexlérieur, hianclie à Finlérieur. Tiges —
—
;
[Culture. — Le chiendent, loin d'être cultivé, est regardé connue une plante
nuisible ; il se propage avec la plus grande rapidité les agriculteurs cherchent à le dé-
;
Kérolte. —
On récolte le chiendent en septembre. A la campagne, où Ton peut
pendant toute l'année se le procurer, on l'emploie à l'état frais, ce qui est préférable,
l'our le conserver, on le bat afin d'en enlever l'épidémie, el l'on en l'ait ensuite de
petites bottes que l'on expose au séchoir.
On confond souvent dans les magasins des herboristes et ilans les ofllcines deux végé-
taux différents. L'un est le chiendent ordinaire que nous venons de décrire. L'autre est
le chiendent pie(l-(le-|)oule Ipaïucnin darlylum, L., paspalam dnclyloii de De Gandolle,
cynodon daclijlon de I>ichard). Ce dernier est plus gros, la distance des nœuds plus
grande il part de ces mêmes nœuds des folioles scarieuses au nombre de trois qui en
;
recouvrent les intervalles. Sous ces écailles se trouve un épidémie dur, jaune, vernissé;
et a l'intérieur, une substance blanche d'une saveur farineuse et sucrée.
Propriétés |i1iysi(|ues et oliiniiques. I^e chiendent ordinaire est —
inodoie sa saveur est à la fois douce, farineuse, un peu sucrée el légèrenienl slyptique.
;
1 liilogr. d'eau. On
y ajoute souvent la ra- comme intermède dans la préparation des
cine de réglissf, du nitre, de l'oxj'mei, etc. pilules, bols, etc.
Il est nécessaire de contondre \v cliicndent Suc exprimé des jeunes tiges et des feuille",
avant de le faire bouillir. I 30 à 100 gr. et plus.
('.IHKNDENT. 301
Le chou, dont l'origine est est cultivé en grand dans tous les
peu connue,
jardins. Les bestiaux broutent ses feuilles avec avidité.
Je crois inutile d'en donner la description. Les variétés obtenues par la
culture sont très-nombreuses. Il ne sera ici question que du chou vert et du
chou rouge.
[Parties usitées. — Les feuilles.
Culture. — On a obtenu par la ruiturc un nomhre infini de choux ; on les repro-
duit par semis et on les repique en place.]
100 parties de choux frais 0.65 de fécule verte, 0.29 d'albumine végétale, 0.05 de
résine, 2.89 d'extrait gommeux, 2.8/i d'extractif soluble dans l'eau et dans l'alcool. En
outre, ce suc contient du sulfate, du nUrate et du chlorure potassiques, du nitrate et du
phosphate calciques, du phosphate magnésique, de l'oxyde ferreux et de l'oxyde manga-
neux. D'autres analyses ont démontré dans le chou la présence du soufre et d'un prin-
cipe animal plus abondant encore que dans aucune autre plante crucifère. jLe chou rouge
sert à prépaier un sirop d'un beau rouge pourpre, qui est le réactif le plus sensible des
acides.]
Réduit de nos jours h sa juste valeur comme médicament, le chou est con-
sidéré comme légèrement excilanl, antiscorbutique, pectoral. Le chou rouge
surtout est souvent employé comme béchique, et le nouveau Codex indique
deux préparations de cette plante, le suc exprimé et le sirop. On prépare
aussi une gelée de chou rouge qui s'em|)l()ie comme le suc et le sirop dans
le rhume, la bronchite aigui^ ou (chronique, la [jhlhisic, etc.
Suivant Detibois, de llochelorl, le chou et le navet doivent conifjosci' la
principale nonrrilurc des scorhiitiqucs, Kn y ajoninnt l'usage de la salade
<le cresson et des pommes de terre, ou poni'i'a se dispenser dun traitement
pliarmacenli([ne. t^helins conseille contre la croûte laiteuse la ilécoclion de
l()gr. de chou vert dans du lait, ([ne l'on administre matin et scjii-, ou 30 gi'.
de cette [)lante, desséchée et réduite en poudre, (jue l'on donne chaque
jour dans du lait ou dans de la bouillie. I.a décoction de chou a été em-
ployée avec ([uehpie succès dans le trailenn'nl des catarrhes pulmonaires,
contre l'enronemenl, les toux divei'ses et la phthisie pulmonaire. On le
joint alors au bouillon de veau, de poulet, de limaçons, de tortue, d'écre-
visses, de grenouilles, ou au sucre, au miel, ;\ la gomme, etc.; on le donne
en sirop, en marmelade. (Le sirop de choux rouges a été pendant le siècle
dernier jnéconisé comme rernède secret dans la i)hlhisie pulmonaire, sous
le nom de sirop de Bocrhaave.) Une dame, âgée de quarante-sept ans, était
atteinte d'une bronchite chronique contre laquelle j'avais inutilement em-
ployé sans succès i)endant plusieurs mois les traitements les plus rationnels;
on lui conseilla de pren<lre matin et soir une jatte de soupe aux choux
verts et de manger en môme temps ceux-ci elle guérit en moins de deux
:
avec des ciseaux la partie saillante de la grosse nervure qui occupe la partie
médiane on écrase les petites nervures collatérales. On superpose ensuite
;
l'une sur l'autre, trois, quatre et jusqu'à cinq de ces feuilles; puis on les fau-
file ensemble, afin qu'elles ne puissent pas se séparer. On les présente au feu
pour les flétrir un peu si le chou est un peu frisé, et si les feuilles réunies
:
La grande ciguë (PI. XIV) se rencontre dans les lieux frais, dans les ter-
rains gras et incultes, le long des masures et des haies, dans les décombres,
autour des villages et des habitations.
Description. —
r.acine bisannuelle, persistante, blanche, pivotante, épaisse, de
la grosseur du petit doigt, longue de 20 à 25 centimètres, presque pas ramifiée. Tige —
droite, fistuleuse, épaisse, glabre, légÎM-eraenl siricc, de la liauleur de 1 à 2 mètres, d'un
veil clair, parsemée, surtout à la partie inférieure, de laclies d'un pourpre violacé ou
d'un brun noirâtre.— Feuilles alternes, grandes, un peu molles, deux ou trois fois ailées;
les folioles petites, pinnatifides, aiguës, d'un vert sombre, un peu luisantes, assez sem-
blables à celles du persil sauvage. —
Vh'ms blanclies, petites, en ombelles terminales,
nombreuses, de dix à douze rayons, munies d'un involucre à quatre ou cini folioles
rabattues; [les ombellules sont munies d'invokicelles formées de deux ou trois petites
folioles, aiguôs, soudées à la base] (juin-aoijt) —
Calice trés-courl, à cinq dents. —
Corolle à cinq pétales inégaux, en cœur, réflécliis en dessus. —
Cinq étamincs saillantes.
— Ovaire simple, surmonté de deux styles courts, peisistants. Fruit court, ovale, —
presque globuleux, comprimé par les côlés, composé de deux akènes convexes exté-
rieurement, relevés de cinq côtes légèrement crénelées, tuberculeuses, et offrant sur
leur face commissurale un sillon longitudinal. Au moment de la maturité, ces fruits se
détachent l'un de l'autre de bas en haut, el restent suspendus par le sommet, h l'extré-
mité d'une anse filiforme nommée carpophore.
[Culture. — La ciguë
officinale est tellement abondante à l'état sauvage, qu'il est
inutile de aussi ne la Irouve-t-on que dans les jardins botaniques; elle pré-
la cultiver,
tère les terres fraîches et substantielles; on sème les graines au commencement du prin-
temps el on repique les jeunes plantes en mai à 1 mètre de distance.
CIGUË. 305
riiellandrie,
Cipuë virense,
CifïUi' offuinalc. C\f;»(i aqiiatii|ne. Petite ciguë.
Noms Coiiiiim muciiliilum. L.
cifîufi il'pan.
l'Iielliinilii. m uqua- .Elhusa Djiidiiiutn. L.
Cifula virosii, L.
liciim. L.
TiK'P Mai'iiléo ili' poiirjirc. Sans laclics. .Sans tailii'S. Violette à la base,
Involiicic . . l'ii invulucre. l'as d'invnlncre. l'as d'invnlncip. un in-
l'as d'iiivnhicre,
volucclle unilatéral.
Fruits Globukux, strii-s, cré- Ovoïdps, sirips lis.ses. Allongés sans stries. Globules, stries lisses.
nelés.
Dnréc Bisanniipllp. Vivace. Vivace. Annuelle.
Ilahilalion... I.ii'iix stiTilfs. Uord de; Dans l'eau. Les lii'ux cultivés.
Propriét^'M —
'l'oiilc la plante rc^piind, surtout
oliiniiC|iie!i4. quand on la
froisse, nno odcMic ou de cnivio, (m'on a coinpaif^e à celle de riiiine de
Iclido, uiiisquce
chat. iVaprès jiiaiidos, la grande ciyiie conlieiil une siilislancc i)artie,iilièie alcaloïde
qu'il nomma Ciciiline, une huile (rès-odoiaiile, de ralhuniinc, de la r('sine, une matière
colorante et des sels. l/('lliei' et Talcooi s'<'mparenl de ses principes actifs.
Kn t8,')'2, ('.eiger isola le piincipe alcalin de cette piaule, el lui donna le nom de
Coui'iiw. Depuis, celle suhsiance, eludii'e par Henry, Oïliiçosa, lîoulron cl Chrislison, a
reçu les noms de Coiiini\ Coui'nic el cnlin de Conicnw. Suivant I.ii'liig, la conicine est
compnsiV» de: carbone, t>(5.î)l; hydrogène, 12; oxygène, 8.28; azote, 1-2.80. |Klleest
représenlée par C" H"' A/..] Elle est liquide, huileuse, jaunâtre, [plus légère ([ue l'air,
sa densité est do 0.89, elle bout h 170 degrés], sa saveur est acre, son odeur foi'le,
rappelant celle de la ciguë el du tabac; peu soluble dans l'eau, tres-soluble dans
l'alcool et léther; neutralise les acides, et forme des sels cristallisables qui s'altè-
re.il facilement. Au contact de l'air, la conicine donne naissance h de l'ammoniaque
et A une matière résineuse, suivant (ieiger. Ce principe est éminemment volatil et dé-
composable. [Sous l'intluence de l'acide clilorhydrique, elle prend une teinte pourpre
qui passe bientôt au bleu.] (leiger, Chrislison el Liébig ont constaté que les feuilles
sèches de ciguë, et quelques exlraits de cette plante, ne contenaient pas de conicine.
Ces pré|)aralinns, en ellet, soumises h l'action de la chaleiu-, perdent leur conicine, qui
se transforme en ammoniaqtie et en matière résineuse. Celle décomposition se produit
<iussitôl que l'e.xlrail est arrive à la consistance de sirop liien cuil. Les extraits bien pré-
parés, même ceux qui sont évai)orés dans le vide, perdent aussi, au bout de quelque
temps, toute leur conicine, el par conséquent leurs propriétés actives. Sloerck, qui, le
premier parmi les médecins modernes, a appelé l'attention sur les vertus thérapeu-
tiques de la ciguë, préparait lui-même les exlraits de cette plante à l'aide d'une douce
chaleur et les administrait à l'étal récent; ce qui explique les avantages qu'il en retira t
et que nous n'avons pu obtenir avec nos préparations inertes ou peu actives.
Bien que toutes les parties de la ciguë aient fourni de la conicine, c'est cependant
dans les fruits qu'on l'a trouvée en plus grande quantité. (Von Planta et A. Kekulé ont
fait observer que la ciculine du conuuerce était un mélange de deux alcaloïdes homo-
logues, la ciculine et la vuHhylcicudue. —
T. ^Vertheim a en outre obtenu par la dis-
tillation des fleurs fraîches, un principe cristallisable, soluble dans l'eau, léther el
l'alcool, qu'il a dénommé la conkydriiie) (1).
20
306 CIGUË.
Pommade (1 partie de suc sur ti d'tixongo), 5 centigr. (poids des pilules n" 2) donnent
pour frictions, onctions, emplâtres, etc. 1/2 milligramme.
Hiiile (civile fraîclie,500; liuilc d'olives, 1000), A i.'ixTKRiEun. — Baume de conicine. Après —
sur un feu doux jusqu'à évaporatioii de avoir épuisé les fruits de ciguë par l'alcool,
l'eau, on embrocations. et avoir séjiaré, autant que possible, la co-
Kmplàtre de ciguë (Codex), comme fondant nicin a\i nioyen de l'étlier et de la potasse
sur les tiuneurs de ditl'ércnte nature; sur cau>ti(iue, on prend étlier cicuté prove-
:
A L'iNTÉRiEin. —
Pilules cicutées n" 1. Pre- — chaux, 900 gr. Filtrez au bout de quelques
nez 1 gr. de fruits de ciguë récemment pul- instants.
vérisés; fuites avec quantité suflisantc de Dans cette préparation, on doit préférer
sucre et de sirop une masse que vous divi- l'eau de chaux à l'eau ordinaire, parce que
serez en 100 pilules, et que vous recouvri- la conicine, étant dégagée par la chaux de sa
rez de sucre à la manière des dragées, du combinaison saline, reste à l'état libre en dis-
poids de 10 centigr.; 2 pilules le premier solution dans l'eau.
jour, et l'on va jusqu'à 10, 15, 20, en aug-
mentant d'une chaque jour. Alors il convient Mode d'administration très-simple de la graine
de ciguë.
d'employer les suivantes :
Nous devons faire remarquer qu'il est de la plus grande importance de ne pas con-
fondre les pr(?parations désignées par Devay et Giiillemiond sous le nom do conicine,
et qui ne sont en résumé que des piépai allons faites avec les fitiils de ciguë, avec
,
,
la conicine ou cuuliiic proprement dite, qui est un principe immédiat e.xlrèmement vé-
néneux.
(1) Rerherrhes nouvelles sur le principe actif de la ciguë (conicine). Lyon, !852.
(2) Bulletin général de tliérapculique, t. XLIV, p. 313.
C.lC.l'K. 307
peut ne pas avoir lieu. Matihiole iap|)oil(U[ue des Anes ayant brouté de cette
plante, tombèrent dans un tel état léthargique qu'on les crut morts, et qu'ils
n'en sortirent (jne Iors(pron voidul les écorcher. Le cheval est incommodé
par la cigni', mais pas (lanjj;ereusemenl. Julia-Fontenelle (!) rapporte qu'im
cheval atteint du lai-cin en fut ^'uéri en quinze jouis environ, après avoir
manj;é avec avidité de la ci};u('. Moiroud en a fait manger i,7r)0 gr. à un
cheval de trait sans qu'il en pai'ùt sensiblement incommodé.
La {grande cii;uë en poudre est peu énergi(jue. Chez un chien qui en avait
pris liO gr., la mort n'est venue qu'au bout <le trois jours; o(K) gr. de suc
exprimé de racine fraîche, mêlée ù 30 gr. de racine en substance, n'ont pas
amené la mort celte partie de la plante est donc aussi bien peu délétère.
:
Cependant N'icat rapporte le cas d'un vigneron italien qui alla se coucher,
après avoir mangé ;\ son souper et avec sa femme une racine de grande
ciguë tous deux se réveillèrent au milieu de la nuit entièi'cment fous, se
:
mirent courir par toute la maison, dans des accès de fureur, se heurtèrent
it
extrême des membres convulsés. On peut dire seulement que les mouve-
ments cloniques ou de relâchement l'emportent sur les mouvements to-
niques. Les inspirations deviennent plu> fréquentes et gênées; les animaux
ouvrent la gueule et semblent vouloir avaler l'air qui manque à leurs pou-
mons enfin, ils périssent asphyxiés. Chez tous, on trouve des lésions ana-
;
iapenti([iie, nons nons (cnons rarement dans les limites d une ri^onrcuso
ohservalion des lails, I.c cancer, a dit l'école analomique, est incnrahle de
sa nature; donc, Sloerek n'a pu guérir que des lnmcm"s ressemblant au
cancer, mais qui n'élaienl cl ne pouvaient être de véritables cancei's. Ce-
pendant, Ouarin, Loclier, Palucci, Liber, Collin, et une l'oule d'antres mé-
decins (2), sont venus confirmer par leur propre expéiicnce les succès ob-
tenus par l'illustre archi;\lre de Vienne. D'un autre côté, Anrlrv, dans la
thèse qu'il soutint, en 17GÎ{, fi la Faculté de Paris, dans laquelle il rendit
compte (l(>s résultats de ses essais sur cette.' plante, en conclut qu'elle est un
remède iusullisant contre le cancer. Dehaen n'a jamais obtenu la guérison
d'un cancer ni d'un squirre par le moyen de la ciguë. Gesner, Schmuckcr,
Farr, ne lui ont reconnu aucun avantage. Henry Lange cite des cas d'adec-
tions cancéreuses où la ciguë a été nuisible. Alibert dit avoir traité plus de
cent cancéreux par ce moyen, et ne lui avoir trouvé que peu d'eldcacité.
D'autres auteurs, moins exclusifs, observateurs moins prévenus, on ayant
employé de nieilleurcs préparations du médicament, ont accordé à la ciguë
un certain degré d'action contre les allections cancéreuses. Forthergill dit
qu'il n'a jamais guéri de cancer avec l'extrait de ciguë; mais que ce moyi n
a souvent diminué les douleurs, qu'il a arrêté les progrès de l'ulcère et
amélioré la suppuration sous le rapport de l'odeur, de la couleur et de la
consistance. Cullcn avoue que la ciguë calme les douleurs, qu'elle a guéii
des ulcères survenus à des tumeurs squirrheuses, quelquefois même des ul-
cères approchant de la nature du cancer. Suivant Desbois, de Rochefort,
quand le cancer est nouveau, et quand il n'est pas trop ulcéré, elle en
arrête les progrès et calme les douleurs; mais quand il a acquis un certain
volume, fru'il est ancien, la ciguë réussit moins. Gruelman (3) rapporte deux
observations constatant les propriétés sédatives de l.i ciguë dans l'ulcère
carcinomatcux.
Les bains de ciguë ont été employés avec succès par Hoffmann dans le
cancer des mamelles, et par Hufeland dans le cancer utérin et dans les
scrofules. ((Bien souvent je me suis contenté du cataplasme de farine de
graine de lin seule, dit Halle, mêlée avec le saindoux, mais couvert de la
poudre de ciguë (i).» Trousseau et Pidoux, aujourd'hui moins incrédules
que lors de la première publication de leur ouvrage sur le comj)te de la
ciguë, ont employé avec avantage des cataplasmes analogues (trois quarts
de poudre de ciguë et un quart de farine de graine de lin, ou bien, comme
moins coiiteux, un cataplasme de graine de lin avec nne couche de bouillie
faite avec de la poudre de ciguë et de l'eau de graine de lin très-épaisse).
Chez une vieille dame de soixante et onze ans, l'usage de ces cataplasmes
arrêta les progrès d'une tumeur au sein, dont Cloquct et Gérard avaient
constaté le caractère cancéreux et dont l'ulcération leur semblait immi-
nente. La ciguë ne fut point employée intérieurement. Mais, concurrem-
ment, on fit sur la partie des frictions, deux fois le jour, avec la pommade
d'iodure de plomb, et des lotions avec la teinture diode; on donna à l'in-
(1) Libelliia quà (Irnionslraliir : ciciilnm non soliim, iisii interno^ luthsimè exhiheri, xed el
simul reniediinu rallié ulile in niulli^ niorlns, etc., 17()0-170l.
(2) Marteau de Grandvillior {Ar.cien Journal de nidtleciiic, t. XIV, p. 121), Décotes fils {ibid.,
t. XVI, p. 35), Porte {ibid., t. XVII, p. 340), LaiTanturo [ibid., t. XX, p. 502), Renard {ihid.,
t. XXIIl, p. 411), Masars de Caselles {ibid., t. XXXIV, p. 255), Lemoine {ibid., t. XXXVII,
p. 129 BiiissoniKit {ihid., t. LXX, p. ,V'i9).
,
saient mieux que celles faites partout ailleurs. On crut dès lors que l'extrait
de ciguë préparé par Sloerck lui-même devait réussir en France comme en
Allemagne. Antoine Petit s'en procura et n'en retira cependant aucun
avantage. Les praticiens disposés en faveur du médicament en tirèrent la
conséquence que, sans doute, cet extrait ne se conservait pas. Mais la plu-
part furent d'avis que Stoerck, dans son enthousiasme, avait pris de simples
engorgements glandulaires ou lymphatiques pour des tumeurs squirrheuses
ou cancéreuses, On ne peut point ignorer, dit Pinel, les heureux effets
(c
genre. »
La découverte du piincipe actif de la ciguë, la conicine, est heureuse-
ment venue expliquer ces opinions si diamétralement opposées chez des
médecins dont le mérite scientifique et la bonne foi ne pouvaient être con-
testés. On sait maintenant (jue ce princi[)e très-volatil se dissipait par l'ébul-
lition et se conservait dans l'extrait préparé avec tant de précautions par
Stoerck. On sait aussi pourquoi cet extrait ne réussissait plus ailleurs il :
avait perdu dans le voyage ou par la vétusté son principe actif. Aujourd'hui,
les préparations de Devay et Guillermond peuvent, avec beaucoup plus
d'efficacité, remplacer tous les modes d'administration de la ciguë. On lit
dans l'ouvrage de ces auteurs que la plupai t des tumeurs où ces prépara-
tions ont triomphé présentaient des caractères assignés au cancer.
Le traitement des affections cancéreuses de la matrice est plus compliqué
que celui des tumeurs. « S'il y a des douleurs excessives, si la sensibilité
est trop exagérée, dit Devay, ont fait pratiquer matin et soir des injections
selon la fornude indiquée (voyez Préparations et Doses) :il (>st rare de n'en
les surfaces ulcérées, soit [)ar le vagin, serait à craindre. Dans l'intervalle,
on se trcjuvera bien de pratiquer des cautérisations, soit avec le chlorure
d'or, soit avec l'acide malicjue.
Les effets physiologiques que Devay a observés chez les malades soumis
ù ces nouvelles préparations sont de trois sortes 1» céphalalgie, lourdeur
:
de tête; 2" coliques; 3" tremblement léger de tout le corps et surtout des
CIGUË. 3il
membres supérieurs. Ce (leriiiei' phénomène u'ii été observé que deux fois
chez les malades (jui étaient arrivés ;\ prendi'e (> ou H pilules du u" 2; il dé-
note le premier indice de l'iidoxicaliou, et il est prudent alors d'abaisser la
dose de [dusietu-s pilules, sauf ;\ rcuiouler ensuile. La céphalalj^Me et les co-
liques sont des syiuplùnics plus Iréqiu'rniucnt observés, siutf)ut dès les pre-
mières doses du médieanu'ut, lorsqu'on est arrivé à la dose de 8 à 10 pilules
du n" 1. La céphalalgie est <:;ravative les coliques sont souvent accompa-
;
312 CIGUË.
gonflements et même des caries des os, des ulcères fistulcux de formes di-
verses, etc. On a attribué la résolution des engorgements glanduleux, des
tumeurs lymphatiques, etc., à l'augmentation des sécrétions urinaiie et cu-
tanée, et à un certain degré de réaction fébrile, causée à la longue par
l'action de la ciguë. (Sans cheicher h se rendre compte du mode d'action
du médicament, Bazin emploie la ciguë de deux manières. S"il désire obte-
nir un effet résolutif, c'est-fi-dire la fonte des engorgements ganglionnaires,
il a recours à de petites doses (alcoolature de 50 centigr. à 4 gr. par jour;
de pulpe de ciguë étaient applicjués h froitl Ions les soirs sur la légion épi-
gastri([U(\ La malade, dont l'état s'était graduelb'ment amélioré à mesure
que doses du médicament s'élevaient, n'avait [)lns de vomissements, les
les
douleurs étaient dissipées, la digestion s'opérait lacilement sous l'influence
d'un régime doux, dont le lait et les lecules formaient la base. Le rétablisse-
ment était complet après deux mois de traitement. La ciguë fut donnée à
dose décroissante pendant les vingt derniers jours. L'eczéma reparut h l'en-
trée de l'automne, mais avec moins de prurit, d'irritation et d'exsudation.
La ciguë s'est montrée elficace dans le traitement des ulcères. Bayle rap-
porte que sur vingt-trois malades qui prirent de la ciguë, dix-sept furent
guéris, deux furent notablement soulagés, et quatre restèrent sans amen-
dement. La plupart de ces ulcères étaient très-anciens, et avaient résisté à
un grand nombre de remèdes, beaucoup étaient de nature atonique.
La ciguë a été recommandée dans les reliquats de maladies vénériennes,
tels qu'ulcères, tumeurs, exostoses. Zeller la considère comme un excellent
topique dans les ulcères syphilitiques. Ilunter, Quarin, Gullen, Swediaur,
l'ont vue réussir, donnée à l'intérieur dans les cas où le mercure avait
échoué. Darrieu (1) l'a employée avec succès. Cazenave s'est bien trouvé
de la ciguë associée au mercure. Kluyskens pense qu'elle favorise l'effet de
ce dernier dans le traitement des ulcères vénériens. Hanin cite le cas d'un
montagnard suisse qui était couvert d'ulcères vénériens, et que l'usage exté-
rieur de la ciguë a guéri complètement. uLa ciguë, dit Samuel Cooper, peut
étie regardée comme un remède excellent dans les cas d'ulcères scrofulcux
avec irritation et douleurs; elle pourra même compléter la guérison de beau-
coup d'ulcères dans lesquels, après que l'on est parvenu à détruire l'action
syphilitique à l'aide du mercure, la plaie ne marche pas d'une manière favo-
rable vers la cicatrisation. Cette plante est également utile pour combattre
plusieurs ulcères invétérés de mauvais caractère, particulièrement quelques-
uns de ceux que l'on rencontre de temps en temps sur la langue. Pearson
fait observer, relativement à la ciguë, que l'on en peut réellement prescrire
avec un évident succès la poudre et l'extrait dans les cas d'ulcères iiritables
et rongeants, soit qu'ils tiennent à l'action présente du virus vénérien, soit
qu'ils subsistent encore ajjrès l'emploi d'un Iraitement mcrcnriel régulier...
Pearson établit en principe que la ciguë est presque un spécifique contre les
ulcères syphilitiques qui attaquent les orteils dans leur point de jonction
avec le pied, lesquels se gangrènent quelquefois. —
Giovani Pellegrini {-2) a
employé la grande ciguë avec le plus grand succès dans le traitement de la
gale. Il laver cinq ou six fois les parties couvertes de boutons avec le suc
fait
exprimé des feuilles de celle i)lante. Il a fait quelquefois usage îles feuilles
pulvérisées, d'autres fois de l'extrait et de la décoction (le suc doit être pré-
féré) dans tous les cas il a réussi ù guérir promptement la maladie.
:
(La CicuTiNE, dont nous noiis sommes déjà occupé en même temps que de
la ciguë (307), est douée comme poison d'une effrayante énergie, soit qu'elle
soit administiée à linlérieur, soit qu'elle soit appliquée sur une surface ab-
sorbante (muqueuse, derme dénudé) 1 goutte versée sur la conjonctive
:
(1) Observations sur la dysenterie qui a r<'(jné en 4779 dans la ville de Caen et ses environs.
Caen, 1780.
l'i) Journal des connaissances tnédico-cliirurgicalei, mars 1851.
injectés dans le tissu cellulaire d'un chien, l'ont périr en deux ou trois
(ait
secondes, après des convulsions et des mouvements de
rotation.
Le premirr eflet est une iiritation locale suivie de conf,'eslion; puis,
comme phénomènes secondaires, apparaissent la |)aralysie des muscles res-
piratoires de la poitrine et «le l'abdomen, en dernier lieu du diaphragme,
d'où la mort par asphyxie. (>'est par épuisement de l'éncr;,MC des l'onetions
de la moelle (pie la cieutine a};it. ((^hri>tison.) (C'est en eflet un modilicateur
des centres nerveux. En dernière analyse, ainsi qu'il résulte de travaux ré-
cents et spécialement de ceux de Lemattre (1), le principe actif de la ciguë
paralyse les terminaisons des nerfs moteurs.)
Cet alcaloïde est |)eu usité en France. Kn Allemagne et en Angleterre, il
n'en est pas de même. Fronmuelh'r l'a substitué à la ciguë dans tous les
cas où celte |)lante était indicpiée. D'après la (connaissance de l'action séda-
tive sur les agents de la respiration, on i)eut déjà penser ([ue les maladies
qui frappent les organes qui concourent à Ci'lte fonction ont dû être com-
battues |)arla conicine. Je citerai la coqueluche (FronmucUcr, Sprengler),
l'asthme même avec emphysème, l'angine de poitrine (Krlcnnieycr), lesbron-
chites chroniques. De lii ;\ son emploi dans lesalfections purement nerveuses
il n'y avait pas loin. OEsterlen (-2) dit qu'on l'a essayée en Angleterre contre
PETITE CIGUË, ÉTuusE, gigue des jardins, faix persil, aciie des chiens.
— jEihusa —
Cicuta minor, petroscltno similis, Bauh., Tourn.
cijnapiinn, L.
(PI. XIV.) Omhellifères. —
Sesélinées. —
Cette espèce croit dans les lieux
cultivés, le long des murs, dans les jardins, parmi le persil, auquel elle res-
semble beaucoup, ce qui a donné lieu à de funestes méprises. Elle accom-
pagne aussi le cerfeuil, dont il est facile de la distinguer.
Deseriptioii.— Iiacine petite, fiisifornie, allongée, blanclie, pivotante. — Tige de
/i5 à fiO cenlinièlresau plus, droite, rameuse, striée, glabre, cannelée. — Feuilles toutes
semblables, d'un vert foncé en dessus, plus pâles en dessous, tripinnées, à folioles poin-
tues el incisées. — Fleurs blanches, en ombelles planes, très-garnies, dépourvues d'in-
volucres (juillet). — Involucelles de 1-5 folioles linéaires, unilatérales, triphylles, rabat-
tues. —Calice h cinq dents, très court, —Pétales inégaux, à bords oboyés, fléchis en
dedans. —Fi'uit diakène, ovoïde, sU'ié ou sillonné.
On dislingui; cette plante du persil aux caractères suivants La petite ciguë exhale
:
une odeur nauséeuse (celle, du persil est agréable et connue); sa racine est petite, sa
tige est ordinairement violette ou rougoàti-e à la base, et couverte d'un enduit glauque;
ses feuilles sont d'un vert noii'àlre, ses involucres partiels et caractéristiques; ses fleurs
blanches et non jaunâtres comme dans le persil; —
Le cerfeuil se dislingue de l'éthuse
(1) Du mode (Vaclion phijsiologique des alcaloïdes. Paris, 1865. Thèse inaugurale.
(2) Manuel de matière médicale, 1845, p. 782.
(3) Répertoire de pharmacie, 1858.
318 ClGUE.
par son odeur aromaliqiie, agréable, rappelant celle de Tanis, par ses feuilles trois fois
ailées, par ses folioles élargies et courtes.
La i)ctite c\gn'c a les mftmes propriétés que la grande ciguë. Son action
toxique a été constatée par Vicat, par Halle, Ortlla, etc., et par les nom-
breux accidents auxquels elle a donné lieu. BuUiard i-apporte plusieurs cas
d'empoisonnement causé par cette plante; il cite entre autres l'exemple d'un
jeune garçon qui avait cru manger du persil tout son corps s'enfla et se :
beaucoup d'autres auteurs. C'est ainsi que Chaumeton l'a nommée dans la
Flore médicale. Le nom de ciguë aquatique a été aussi donné au phcllan-
drium aqiiaticum. Cette confusion peut donner lieu à de graves erreurs
contre lesquelles l'herboriste, le pharmacien et le médecin doivent se te-
nir en garde. —
La ciguë vireuse croît dans les eaux stagnantes, sur le bord
des ruisseaux, principalement dans le nord et l'est de la France. On ne la
trouve ni dans le Péloponcsc ni dans la Grèce, ce qui prouve que cette ciguë
n'est pas celle qui fit périr Socrate.
Description. —
J'.acine épaisse, napiforme, cylindrique, charnue, pivotante,
remplie d'un suc jaunâtre, creuse en partie, garnie de fibres nombreuses. Tige de —
60 à 90 centimètres, droite, glabre, cylindrique, fistuleuse, striée, verte, dressée, ra-
meuse. —
Feuilles grandes, alternes, pétiolées, à pétiole cylindrique, creux, slrié^ à
segments lancéolés, étroits, aigus, dentés les inférieures très-longuement pétiolées.
:
—
Fleurs bhinclies, en ombelles lâches, à rayons nombreux presque égaux; invohicre nul
ou à une seule foliole: involucelles de plusieurs folioles linéaires très-longues, égalant
ou dépassant en longeur les onibellules (juillet-août). —
Calice à cinq dents. Corolle —
à cinq pétales presque égaux, ovoïdes, eclumcrés au sommet. —
Fruit diakène, globu-
leux, court, arrondi, contracté sur le côté, à cinq petites côtes très-entières et non den-
tées ou tuberculeuses.
Propriété.*^ pliysiciues et cliiniicfiies. —
La ciguë vii'euse répand, sur-
tout dans félal uno odeur analogue à celle de Tache, mais un peu plus piquante,
frais,
plus nauséeuse. Sa saveur se ra|>proche un peu de celle du persil. Sa racine, plus acre,
plus active que les aiUres parties de la plante, contient une substance charnue, cellu-
iense, blanche; dont la saveur se rapproche de celle du panais, avec lequel on l'a sou-
vent confondue. Outre le suc acre, jaunâtre, que son écorce contient, \Vepfi'r a remar-
qué suf les blessures des grandes liges de petites agglomérations d'une matière bleuâtre,
visqueuse, transparente, légèrement acre. D'après Gadd la ciguë vireu.-e fournit par la
distillation un principe volatil narcotique d'une odeur très-désagréable, très-pénétrante,
et un résidu à peu près inerte. On a remarqué que celle plante communique a\ix eaux
stagnantes dans lesquelles elle croît, un liquide gras et huileux qui paraît très-véné-
neux. Je ne connais aucun travail chiuuque sérieux sur cette plante.
La ciguë vireuse est plus délétère que la grande ciguë. 'J'rois bœufs ont
péri en Suède pour en avoir njang(^; deux aiilrcs bœufs ont péri en Finlande
pour avoir bu seulement l'eau cbargée du Hcpiide huileux émané de sa tige.
Linné semble lui atliibucr la grande morlalilé (pii eut lieu à Tornéo, en
Laponie, parmi les bestiaux. KUe est toxitpie pour les chiens. Ses feuilles,
bien que moins vireuses que sa racine fi-aiche, ont donné la mort à des oies.
Bocihaavc citait dans ses léchons l'histoire d'un j.wdinier rpii éprouva des
vertiges pour en avoir coupé une cei-taine quanlilé. Sclienck, Hiedjin, Wep-
fer et plusieurs aulres observatein-s, oui rapporté des exemples d'empoison-
ncmenl par la racine de celte plante, soi! chez les adidlcs, soit chez des en-
fants. Les syniplùmes de cet rmpoisf)tin('ment sont les suivants sécheresse :
Cet arbre, qui paraît être originaire de la Médic et de l'Assyrie, est cultivé
en Kurope, et surtout en Espagne, en Portugal, en Italie, dans le midi delà
France, etc. Il ne parvient dans nos jardins qu'à une hauteur médiocre :
dans l'état sauvage son tronc s'élève quelquefois jusqu'à soixante pieds, et
ses branches sont hérissées d'épines.
Ilescription. —
Racinos fortes, ramifiées, l)lanclios en dedans, couvertes exlé-
rieuronieiil iFiine ocorco jaonAlro. —
Tronc droit, revèlu d'une ôcorre d'un vert pâle,
divisf^ pn rameaux nombreux, avec ou sans épines
étalés, bois blanc et dur.:
—
Feuilles oval(>s-lancéol('os, aiguës, entières, d'un vert luisant, allornos, simplement et
courlenieni pétiolees. —
Moins blanches ou rougos violac<''es en dehors, d'une odeur
suave, remues en bouquets terminaux. — Etamines nombreuses, souvent libres. —
Ovaire globuleux. — allongé, rempli d'une pulpe follement acide, terminé au som-
I-'ruit
met par un petit mamelon coinque, recouvert d'une écorce épaisse, ridée, raboteuse,
d'un jaune pale, connue sous le nom de zeste de citron.
Partiesi usitées. — Le fruit, la graine, l'écorce, les feuilles.
[Culture. — Le
citronnier se reproduit par semis, non pas pour multiplier l'es-
pèce, mais dans l'espoir d'en obtenir de nouvelles variétés; les semis se font d'une ma-
nière particulière dans du marc de citron que l'on se procure chez les confiseurs,
auquel on ajoute des graines et que l'on sème dans des pots; on les élève sous bâche
pendant la première année, ;i la seconde on les change de pot ; on peut les greffer de-
puis trois mois jusqu'à dix ans; enfin, on peut aussi multiplier le citronnier par bou-
ture et par marcotte.]
chaude, aromatique, très-amère. Ses semences sont acres, et (l'inie amertume qui se
rapproche un peu de celle de l'acide cyanhydriqiie. I^e suc de citron contient, suivant
Proust, acide citrique, 1.77; |)iincii)e anier, gomme et acide malique, 0.7'2; eau, 97.51.
C'est k l'acide citrique, dt'couvert par Scheele, en 178i, que les citrons, les oranges,
les cédrats, les bigarades, les fruits rouges, etc., doivent leur agréable acidité. C'est
prticulièremenl du citron qu'on le relire. Cet acide est solide, en cristaux prismatiques,
transparents, d'une saveur f.\(:<'ssi\i'nieiil acide, mais agr('al)le; il est inodore. Il se dis-
sout dans lr(»is (piarls de son poids d'eau froide, et dans heaiKioup moins d'eau l)0uil-
lante. Il est solulile dans l'alcool. Chaull'e, il se tond d'ahord, puis, par une ék-vation de
ten)pérature, il se (N'compose en donnaid naissance h trois a<'ides pyro{;én(''s qui sont
les acides citraconique, ilaconifpie e| aconili(iue.
(L'acide citricpie qui est trihasiciue peut être représentf'' par C* II* 0" 3 IIO, les trois
équivalents d'eau peu\enl tire remplaces par trois ('quivalenls d'une môme base ou de
trois bases dilTérenles; le citrate de ma^inesie neutre employé comme i)urgalif est rc-
présenlc par ('.'- Il ()' 3 MgO, il ciislullise en |)rismes rliomboïdaux.
' '
L'Imile volaille de citron, que l'on l'ail avec les /estes, où des j^landes spéciales la sê-
crèlenl, est, d'après l'analyse de Dumas e! celles de Hlancliel et Sell, composée de 88.5
de carbone, et de II. 5 d'liydrof;ène. (Klle es! repn'sentée par (VIP
pour le volume;
elle dévie le plan de polarisation de la lumière de 80 degrés vers la droite. Klle se com- |
bine avec l'acide clilorliydrique, eu lormant deux combinaisons ditTérentes, l'une solide,
l'autre liquide.
(On obtient, par la distillation de 6 parties en poids d'alcool à 80" centésimaux sur
1 partie d'écorce Iraiclie, l'esprit ou alcoolat de. citron.
Lebietou a trouvé dans l'enveloppe blanche et spongieuse du citron un princi|)e
amer, Vhi'speridine. Les pépins couliemieut aussi un principe amer que Bernays a dé-
nommé liinonine.)
A.ssocié au sucre,au vin, à l'eau-de-vie, le citron sert à préparer des limonades, du
punch, des sorbets, des glaces. Les confiseurs en font des sirops, des conserves, divers
genres de contitures, des espèces de candis secs ou des tablettes acidulés pour calmer
la soif, etc.
Substances incompatibles. —
Les acides sulfurique, nitrique, tartrique, oxalique les :
::i
322 CITRONNIER.
pour saturer le suc; filtrez; dose une cuillerée d'heure en heure. Ce mé-
:
que l'on introduit (lans une bouteille de vin blanc, et, suivant la saison, on
expose le tout au soleil ou à l'action d'une chaleur artificielle jusqu'à ce
qu'il y ait eu fermentation. On filtre en exprimant avec soin le résidu. Dose :
tact est douloureux; mais les malades ne tardent pas à s'y habituer) (1).
On a aussi employé avec avantage le suc de citron en frictions sur les
dartres furfuracées.(Duchesne-nuparc (2) en frotte le cuir chevelu des sujets
atteints de pityriasis; il a obtenu, lorsque la maladie est récente, des succès
constants.)
Evrat a proposé de répandre le suc d'un citron dans l'intérieur de la ma-
trice chez les nouvelles accouchées atteintes d'hémorrhagie utérine, ce qui
stimule cet organe, augmente ses contractions, fait revenir ce viscère sur
lui-même et cesser l'écoulement sanguin (Mérat et Delens).
Le gargarisme avec le jus de citron est d'un usage vulgaire contre toutes
les variétés d'angine.
L'écorce de citron, dépouillée de la partie blanche qui se trouve au-des-
sous, est chargée de glandes remplies d'huile volatile. A l'état frais, il sutfit
de presser cette écorce entre les doigts pour en faire jaillir ce liquide inflam-
mable. Cette écorce a une saveur chaude et piquante. Appliquée sur la peau
par sa partie extérieure, elle y produit la rubéfaction. Elle est tonique, ex-
citante, et un peu diaphorétique. On la prescrit en poudre lorsqu'elle est
desséchée, et en fusion théiforme lorsqu'elle est fraîche. On en prépare un
sirop, une teinture et un alcoolat.
[Le buis du citronnier, qui est très-dur et aromatique, peut servir à faire
des pois à cautère pour remplacer les pois d'oranges; les petits citrons de
la grosseur d'un pois ont été quelquefois aussi employés aux mêmes usages.]
L'écorce de racine du citronnier n'est pas usitée en Europe; mais, à la Gua-
deloupe, d'après Lhcrminier (3), on l'emploie sous forme de poudre ou sous
celle d'extrait pour combattre les fièvres qui sont si communes dans cette île.
Les feuilles de citronnier ont les mêmes propriétés (|ue celles d'oranger;
brics, les sangsues, les batraciens. Bouchardat a prouvé qu'elle tuait les
poissons) (3).
Werlitz a proposé (4) l'application de l'huile essentielle de citron dans
différentes affections des yeux. D'après les expériences de ce médecin, elle
peut spécialement être employée avec avantage dans les ophthalmies qui
tendent à passer à l'état chronique et qui ont leur siège dans les membranes
extérieures de l'œil, surtout dans les cas où les petits vaisseaux présentent
des dilatations variqueuses, dans les ophthalmies rhumatismales, bh'nnor-
rhéiques et scrofuleuses dans le pannus et le ptérygion, dans plusieurs cas
de taies de la cornée, enfin lorsque le tissu de cette membrane est ramolli
et prend un aspect spongieux. On applique cette essence de la manière sui-
vante :on coupe une tranche d'écorce de citron d'environ 3 centimètres
(1 pouce) de long sur 12 milligrammes (6 lignes) de large, et, par une légère
pression, on fait jaillir dans l'œil affecté les petites gouttelettes d'huile vola-
tile qui remplissent les glandnles dont est parsemée cette écorce; ces goutte-
lettes s'en échappent sous forme d'un petit nuage, et l'impression qu'elles
produisent dans l'œil est quelquefois très-vive. Dans le cas où la douleur
produite serait trop forte, on pourrait recourir à des fomentations froides
pour la calmer. Cette instillation d'essence peut être réitérée de cinq à dix
fois dans les vingt-quatre heures.
Le citron forme trois sous-espèces le cityms medica dont nous venons de
:
est d'une odeur très-suave, plus dense (0.880) que celle du citrus medica;
étant hydratée, elle contient de l'oxygène; à la longue, elle dépose un stéa-
roptène cristallisé, le bergaptène.
Brunct (1) dit avoir employé vingl-cinq ou trente fois ce remède avee suc-
cès depuis sa preruièrc comnnuHcation h la Sociétf''. Sarraméa (2) a égale-
ment réussi dans un grand nombre de cas, mais il a dû quelquefois revenir
une seconde et même ime troisième fois à l'emploi du moyen. Ce médecin
cite deux cas dans lesquels la racine de gi-enadier et môme le cousso avaient
échoué.
Il y a plus de trente années que le Journal universel des sciences médicales
signalait les bonsque Mongenay avait obleiuis, dans les cas de ta-nia,
effets
avec uiu* pâte composée de IK) gr. de citrouille fraîche et 180 gr. de miel
donnés en trois doses ;\ la distance d'une heure, A l'aide de ce moyen, ce
médecin avait constamment réussi à chasser le ta'uia dans le laps de six à
sept heures, alors même que dans plusieurs cas tous les remèdes connus
avaient échoué Notre matière médicale indigène, dit à cette occasion le
rédacteui' du Journal de médecine de Bordeaux, n'est pas aussi pauvre qu'on
mettait à son étude le soin ([u'on apporte à celle des pro-
l'a fait, et si l'on
duits que le commerce nous
livre à grands frais, cette vérité n'aurait pas
besoin d'être rappelée.
Le lils de M. Lamirand, de Wierre-aux-Bois, âgé de cinq ans, lymphatique,
pâle, amaigri, ayant les yeux ternes et cernés, éprouve depuis un an envi-
ron des douleurs vives et instantanées dans l'abdomen avec boursouflement
de cette région; des accès fréquents de dyspnée, des alternatives d'inappé-
tence et d'un appétit vorace, des troubles dans les digestions, des nausées,
des efforts de vomissement, et, pendant la nuit, le réveil en sursaut, des
grincements de dents, des tintements d'oreilles , de la salivation. Depuis
longtemps, cet enfant rend des vers contre lesquels on a administré un grand
nombre de vermifuges. Ces prétendus helminthes, que l'on avait pris pour
des vers d'une espèce particulière et inconnue, et que j'examine, ne sont
autre chose que des portions désarticulées de t?enia.
Le 15, je fais administrer au malade, à huit heures du matin, 30 gr. de
semence de citrouille pilée avec autant de sucre. A huit heures du soir, une
portion de ver de la longueur de iO centimètres est rendue dans une selle.
On n'avait observé jusqu'à ce jour que les petites portions désarticulées dési-
gnées plus haut.
Le lendemain 16, à neuf heures du matin, on répète la dose de semence
de citrouille et de sucre. A neuf heures du soir, le même jour, c'est-à-dire
douze heures après, comme la première fois, le malade expulse cinq mètres
environ de taenia, accompagnés d'un grand nombre de petites portions déta-
chées. Cette portion, que j'ai fait voir à mes honorables confrères MM. Gros
et Perrochaud, offre à l'une de ses extrémités un cou non articulé, mince,
étroit, aplati, déprimé, se terminant par un petit renflement. Ce renflement,
examiné à la loupe, offre les points noirâlres indiquant les suçoirs; ce qui
prouve l'expulsion de la tête, et par conséquent de l'animal tout entier.
Le malade, resté faible, est mis à l'usage des amers, des ferrugineux et
d'un régime analeptique; son sommeil est paisible, ses fonctions digestives
s'améliorent peu à peu, et tout fait espérer un prompt rétablissement.
L'humble citrouille, avec tous ses avantages, l'emportera-t-elle sur le
cousso? Non, elle n'a pas le bonheur d'être étrangère, et le préjugé que
« nul n'est prophète dans son pays » persiste encore, malgré le progrès des
lumières. Si elle se présentait métamorphosée en flacons de 20 fr. élégam-
ment étiquetés, nos citadins atteints du ver solitaire s'empresseraient de
l'acheter et d'en louer les heureux effets. Les médecins de campagne, aux-
quels je destine plus particulièrement le résultat de mes efforts pour la pro-
pagation des remèdes indigènes, se serviront de la semence de citrouille
telle quV'Ilo est, et leurs clients, dont le bon sens n'a pas été faussé par
l'imagination, l'accepteront avec reconnaissance comme tout ce qui se rap-
proche de la simplicité de la nature.
[Pour l'administration des graines de citrouille, comme vermifuge, on
reconmiande de ne pas passer l'émulsion de semences faites avec du sucre
etde l'eau, mais bien de faire tout prendre au malade. Debout propose d'a-
jouter à cette émulsion de 123 gr. faite avec 60 gr. de graines, 2 gr. d'ex-
trait alcoolique d'écorce de racine de grenadier.
On a essayé aussi les amandes de courges dragéifiées contre les ascarides
lombricoïdes, on en fait manger une quinzaine par jour aux enfants au :
Cette plante (PI. XV) croît dans toutes les haies de la France, de l'Europe.
— —
Description. Racine grosse, fibreuse, rougeàtre. Tige sarraentcuse, s'enlre-
laçant avec les plantes voisines, s'étendant en longs lestons et retombant en guirlandes.
— Rameaux nombreux, rudes, anguleux, quelquefois longs de 2 mètres. —
l-'euilles de
formes variables, opposées, péliolees, toutes ailées, composées ordinairement de cinq
folioles pedicellées, cordiformes, presque ovales, aiguës à leur sommet, vertes, glabres
à leurs deux faces, h grosses dentelures, presque lobées, quelquefois entières. I^étioles—
roulés en l'orme de vrilles. —
Fleurs d'un blanc un peu c 'iidié, disposées en panicule,
à l'extrémité des rameaux (juillet-août). Quatre ou cinq sépales pélaloïdes, allongés,
obtus et pubesccnts. Environ vingt étamines. —
Antbètes allongées. Ovaires nom- —
breux surmontés d'un long style soyeux auquel succèdent autant de capsules ovales,
comprimées, terminées par une longue queue plumeuse formée par le style persistant.
— Fruits composés d'akènes nombreux, toulfus et oiïranl l'aspect de plumets blancs,
soyeux et abondants.
Parties •sitées. — Les feuilles, les fleurs, l'écorce.
[Culture. — La clématite n'est guère cultivée que dans les jardins botaniques et
d'agrément; on la multiplie de graines ou de marcottes qu'on ne sépare qu'à la
deuxième année, les clématites d'ornement se grellènl sur la commune; elles de-
mandent une terre franche, légère, mêlée de teire de bruyère, et une exposition chaude
et sèche; on doit, autant que possible, garantir les fleurs du soleil.]
Récolte. — Elle doit éUo faite .ivant bien qiie les fleurs soient aussi
la Horaison,
très-activcs. LWcrflé de celle piaule diminue roiisidf'iahlfuieiil par la dessiccation.
mais en huit ou dix jours on était débarrassé de la gale, même la plus invé-
térée.
11 est à regretter que les médecins aient laissé tomber dans l'oubli une
plante aussi énergique, et qui, bien étudiée dans ses effets, peut être d'un
grand secours à la thérapeutique.
(Les rameaux frais sont introduits sous la peau, en médecine vétérinaire,
comme moyen révulsif.)
Celte plante (PI. XV) croît spontanément dans les lieux humides, au bord
de la mer, sur les hautes montagnes. On la rencontre sur les côtes maritimes
du nord de la France. On la cultive pour l'usage médical. Les moutons —
broutent le cochlearia avec avidité, et en deviennent plus gras, mais leur
chair acquiert un goût désagréable.
Description. —
Racines allongées, fusifornies, blanchâtres, un peu épaisses'
garnies de fibres nombreuses, capillaires. —
Tiges faibles, inclinées, cylindriques,
vertes el glabres. —
Feuilles radicales longuement péliolées, nombreuses, arrondies,
épaisses- celles de la lige plus petites, un peu anguleuses; ks supérieures sessiles, am-
plexicauies, ovales, pourvues à chaque bord d'une languelle aiguë, Feurs blanches, —
petites, disposées en bouquets ou en grappes à l'extrémité des rameaux (mai-juillet).
— Calice glabr.', à quatre folioles demi-ouvertes, caduques. Corolle beaucoup plus —
grande que le calice, formée de quatre pétales. —
Six étamines télradynames, à anthères
comprimées. —
Style court, persistant, h stigmate obtus. —
Fruit: petite silique courte,
à deux loges polyspermes, un peu globuleuse, ordinairement entière à son sommet.
il est plus beau, son fruit est plus gros et plus charnu; la taille du coignassier ne con-
siste qu'à le débarrasser des petites branclies superflues et desséchées; les arboricul-
teurs distinguent le coignassier à fruit en forme de pomme ou nialiforme, et celui à
fruit en foime de poire ou py ri forme.]
douce, imicilagineiiso, tcIIcmoDt ahond.inle que U gr. de ces semences donnent la con-
sistance du blanc d'ceuf à 1*20 gr. d'eau. (Pereira considère ce mucilage comme une
substance i)ai'liculi<''re <|ii'il nonuiic cydouin.) (^'t'st ce mucilage que les coilleiiis appellent
baiuloline. Cependant ils substituent aujourd'hui aux semences de coings, celles de
|)sylliuni (lu le cariagalieeii, qui sont d'un prix beaucoup moins élevé; de plus ils y
îjoutenl de l'alcool aromatisé.
Les coings sont astringents et conviennent dans les diarrhées et les dysen-
teries chroniques, l'hémoptysie, la métrorrhagie, les flux hémorrhoïdaux,
la leucorrhée atonique, la faiblesse des organes digestifs, etc.
Cette plante (PI. XV) croît dans les prairies, oii elle montre ses fleurs vers
la finde l'été. On la trouve dans presque toutes les parties méridionales de
laFrance, en Normandie; je l'ai rencontrée dans les prés humides des envi-
rons d'Abbeville. Son nom lui vient de ce que la plante était très-commune
dans la Colchide, pays célèbre dans l'antiquité par ses poisons. Les trou-
peaux n'y touchent pas.
Ileseriiition. —
Rticines composées d'un grand nombre de fibres loulTues, entre-
lacées, placées sons un bulbe arrondi, diarnu, blancliàtre on dedans, enveloppé de
quelques tuniques d'un brun lougeàire. —
l<^'uillcs radicales, grandes, ne se montrant
qu'après les Heurs, sont planes, glaltres, ovales, lancéolées, d'un beau vert, longues de
12 à 20 cenlimètres, larges d'environ 2 centimètres et demi, amplexicaules à leur base
et réunies trois ou quatre ensemble. —
Fleurs d'un lilas tendre, composées d'un long
tube cylindrique, sortant du l)ull)e, terminé par un limbe campanule à six divisions pro-
fondes, lancéolées, obtuses, longues d'environ 3 cenlimètres (aoùl-oclobre). Six éta- —
mines saillantes attachées à l'orilice du lube, à filets lilil'ormes. Anthères allongées —
et vacillantes. —
Ovaire situé au fond du lube, sur le bulbe. Trois styles fdiformes —
terminés par tinis stigmates crociuis. Fruit —
capsule Iriloculaiie, trilobée, renfer-
:
tion de la malièie amère, qui, en aulonme, est de 2 pour 100, va jusqu'à G en mars, tl •
paraît certain qu'après la floraison, les propriétés du colciiique diminuent. Il faut donc
le cueillir avant celte époque, et, afin qu'il ne moisisse point, le faire seolier au soleil,
ou mieux à l'éluve, el le placer dans un lieu sec. "Wigan pense que le meilleur moyen de
prévenir la déperdition de ses propiiétés est de le réduire, lors de sa récolte, en poudre
très-fine avec deux ou trois fois autant de sucre de celte manière il oll're toujours le
:
de véralrine, matière grasse, niali(;ie colorante jaiuie, gonnne, amidon, inuline, ligneux.
(Geiger el Messe ont fait voir que le princi|)e immédiat renfermé dans cette plante dilVé-
rail de la véralrine el ils l'ont nonmié colchicine. Sa saveur est acre el amère; elle est
cristallisable, solnble dans l'eau (la véralrine ne l'est pas); elle se dissout dans l'alcool;
elle sature les acides et forme avec eux des sels cristailisables dont la saveur esl âpre et
amère. Elle réagit très-l'aiblement nicalin. l'(Hir Oberlin (1), la véraliine n'existe ni dans
les bulbes du colchique, ni dans les aiUres jiarlies de la jjlante la colchicine esl un prin-
;
cipe immédiat neutre el incristallisable, non susceptible de former des sels définis. Sous
l'influence des acides, elle se dédoublerait en un coips particulier cristallisé, la colchi-
céiiie, et en une substance de nature lésineuse.
ti(|ue (tilleul, mélisse, menthe, etc.) édulcoi'ée avec b' sirop d'orange ou de
limon. Lorscpu' l'estomac ne peut supporter celte préparation, il l'admi-
nistre dans un (piarl de lavement. Dclasiauve, médecin de l'iiospice de Bi-
cètre (i), a rapporté cinq observations à l'.ippui de l'emploi de la teinture de
colchique, h la dose de 25 à :]0 j;oulles, dans le tiaitcrnent du rhiuDatisme
articulaire aigu et de la goutte. 11 faisait presque toujours précéder la saignée.
La guérison était obteruic beaucoup plus promptcment (jue pard'aulres médi-
cations, notamment par les émissions sanguines seules. Contrairement à ce
(jui est dit dans les ti'aités de matière médicale, cette substance n'a produit
ni colicjircs, ni déjections alvincs, mais seulement un ralentissement des
baltements du cœur. Les doses de teintur-e de colchique ont été assez faibles,
et cependant le succès n'a pas fait défaut. Elle a donc agi comme antiphlo-
gistique et sédatif. Beaucoup d'autr'cs médecins, tels que Battley, Consbruck,
Armslr-ong, Bang, Locher-Balber, Kuhn, Chelius, Cloquet, Mojon, etc., ont
obtenu les mêmes résultats. Après des témoignages aussi irrécusables, je me
ci'ois dispensé de rapporter les faits qui me sont particuliers, et qui m'ont
pleinement convaincu de l'efficacité du colchique contre les affections gout-
teuses et rhuiuatismales, lorsqtre, toutefois, l'état du malade ou des compli-
cations n'en contre-indiqirent pas l'usage.
Le professeur Chelius (o) s'est assuré que l'urine de ceux qui prennent du
vin de semences de colchique C(>ntient plus d'acide urique qu'elle n'en ren-
fermait avant l'emploi de ce médicament. Ainsi, chez un goutteux auquel il
administr-ait ce vin, l'urine, avant qu'il en fit usage, contenait 0.069 d'acide
uri([ue libre ou combiné avec l'ammoniaque; quatre jours après, la propor-
tion était de 0.070; le huitième, de 0.091, et le douzième, de 0.0102. Ce
résultat explique le soulagement qu'en éprouvent les goutteux. Maclagan (6)
a vérilié les assertions de Chelius, et il en a conclu que le colchique pourrait
être tr-ès-efficace dans les cas où l'urine et l'acide urique sont en proportion
moindre qu'à l'état normal, et r-emplacés, comme cela arri^e souvent, par
d'autres matériaux organiques. Cette diminution de l'urée et de l'acide
irrique s'observe à un très-haut degré dans de certaines formes d'anasarque,
et notamment dans celles qui succèdent à la scarlatine; les urines sont
alors presque supprimées l'urée et l'acide urique sont remplacés par l'albu-
;
mine, dont la présence se fait remar^pier par des accidents plus ou moins
gr-aves. L'expéiimentation clinique est venue confirmer ces idées sur les pro-
|)riétés ur'ogènes du colchique.
Stoer'ck dit que le colchique convient dans tous les cas où il y a surabon-
dance et stagnation des humeurs; il le regarde comme un incisif fondant,
et le recommande dans les catar-rhes muqueux et chroniques :« Il fait, dit-
il, cesser la toux et provoque l'expectoration. 11 pr-éfère l'oxymel de colchi-
que employé à petites doses.
22
338 COLCHIQUE.
et il élève cette dose jusqu'à 25 centigr. Pendant que la malade suit ce trai-
tement, elle doit s'abstenir de liqueurs alcooliques 25 centigr. de colchique, ;
pris trois fois par jour, suffisent ordinairement pour guérir la leucorrhée en
dix jours. Quelques cas exigent trois semaines et même un mois de traite-
ment. Ce moyen m'a réussi contre une gonorrhée qui avait résisté à l'emploi
du cubèbc et du copahu. Il avait déjà été employé avec succès en pareil cas
par d'autres praticiens. En général, le colchique agit efficacement dans les
affections chroniques des membranes muqueuses produisant une sécrétion
abondante.
Le colchique s'est aussi montré efficace dans les aflections nerveuses.
Goss. de Dowlich (7) a guéri trois névralgies rebelles au moyen du vin de
semence de colchique, à la dose de 30 gouttes trois fois par jour. Une jeune
fille (8), atteinte d'accès hystériques, fut guérie par l'administration de
30 gouttes de teinture de colchique toutes les huit heures. Trois enfants (9)
furent délivrés de la chorée, en trois ou quatre jours, par 10 à 20 gouttes de
la même préparation.
Clulterburck (10) a administré le colchique avec avantage dans l'inertie de
l'utérus, tenant à une vive irritation de son parenchyme et de ses ligaments.
Il a vu le bulbe en poudre produire cet effet chez quatre femmes en couche.
{l) Guide pratique pour Vétude et le traitement des maladies des yeux, t. II, p. 574.
(2) Revue médicale, 1825, t. III.
(3) Bulletin général de thérapeutique, t. XLV, p. 219.
(Il) Journal des connaissances médico-chirunjicales, 1835.
(S) Archives qénérales de médecine, 1828, t. X\'l, p. 290.
(0> 6'fli-. eclcltira di Verona, 1835.
COLCHIQUE. 339
celle de 15, 20 gouttes et plus, trois fois par jour, jusqu'à manifesta-
tion de phénomènes physiologiques ou toxiques, c'est-à-dire jusqu'à pro-
duction de diarrhée, de nausées, ou autre symptôme imprévu, point auquel
je voulais m'arrôter. J'ai trouvé que la dose qui produit ordinairement le
relâchement du ventre est, en moyenne, celle de 3 grammes (20 gouttes
trois fois par jour). Cependant, j'ai pu porter la dose beaucQup plus haut,
témoin notre observation 3", où la teinture fut portée à 9 et 10 gr., sans
autre résultat qu'une diarrhée forte, mais passagère. Lorsque je dépasse la
dose de 20 gouttes, trois fois par jour, gouttes que j'administre dans une
cuillerée d'eau sucrée, je prescris une potion, ce qui épargne la peine de
compter un si grand nombre de gouttes. Ainsi, je formule :
— , . a —
{\) In KiJhn, Dissertation sur les colchicac.ées.
(2) Ilullelin (jévéral de thérapeutique , t. XLV, p. 217.
840 COLCHIQUE.
Teinture de fleurs de colchique /i grammes.
Eau 100 —
Sirop de fleurs d'oranger 30 —
à prendre en trois fois, ou bien par cuillerées, tle deux heures en deux heur<>s.
Forgcl résnmo ainsi le résultat de ses recherches sur les ellets thérapeu-
tiques de la teinlure de Heurs de colchique dans le rhumatisme articulaire,
simple ou j^outteux, et les névralgies io La teinture alcoolique des fleurs
:
grammes suffisent pour tuer un chat en deux heures. J.-F. Albers, de Bonn,
a expérimenté ce principe et est arrivé aux résultats suivants La colchi- :
__ —_ f
cino a^Ml d'une manirro sjXM-iliqiic sur la peau, <t cm diniinuo considérable-
ment ou nu^nie en élcinl complélenieiil la scn.xiliililô; le niouvenicnt mus-
culaire est entièremont paralysé, sans ([uc la p.iialysie ait élé précédéi; de
crampes et de secousses d'aucime nature; le niouvcmcnl du cœur n'éprouve
ancmi chanfïcmcnt; l'acliou est leiUc, circouslaucc qui rend compte de l'edet
tardif des préparations de colchifiuc) (1). On l'a employée, petite dose, î'i
Celle plante annuelle {V\. XV), originaire de la Syrie, d'Alcp, des îles de
l'Archipel, est naturalisée et cultivée en France.
lle!4c*ri|>tioii. —
llacines épaisses, blanchâtres, h peine rameuses, garnies de
lihres nombreuses. —
Tiges l'ampanlos, grêles, toi'lneuses, ramifiées, anguleuses, liéris-
sées de poils couils, munies de vrilles. —
T'euilles alternes, péliolées, vertes en dessus,
hiaiic.liàtirs et parsemées de poils courts à leur face inféiieiire, divisées en cinq lobes
dentés et obtus. —
Fleurs iteliies, monoïques, jaunâtres, S(»litaires, pédonculées, axil-
laires; les mâles pourvus de cinq (Maniines, dont quatre soudt'es deux à deux et une
libre; les femelles renfermant un ovaire infci'e, ovoïde, surmonté d'un style court, trifide
el de trois stigmates fouirlms. [Les fleurs femelles portent trois appendices ou rudiments
d'étaminesl. —
Fruits spliéritpies, de la grosseur d'une orange, d'abord verts, puis jau-
nâtres, quelquefois panachés de jaune et de vert, revêtus d'une écorce mince, légère,
coriace et glabre, i-eiifermant une pulpe blanche, spongieuse, très-amère, et des graines
nombreuses, ovales, comprimées et sans reliord.
Parties «isitée^!). — pulpe du
I.a fruit.
contient de Tliuile grasse, une résine amère, un principe amer particulier, de l'cxlrac-
lif, de la gomme, de l'acide |)ectique, de l'oxlrait gommeux el des sels. L'eau et l'alcool
dissolvent très-bien ses principes actifs. L'eau fioide n'enlève à la coloquinte que
16 pour 100 de matière, tandis que l'eau chaude en prend /|5.
[La colocijnlhine est une matière amorphe, brunâtre, translucide, friable, amère, so-
luble dans l'eau, l'alcool et Péther; sa dissolution aqueuse est tioublée par le chlore, les
acides, l'acétate de plomb; les alcalis n'y forment aucun préci()ité.]
(1) [il Guibert, flistoire naturelle el médicale des mé'liranienls noureaii.v, 2* édition, p. 299.
3i2 COLOOLINTE.
U cr., progressivement, dans un véhicule froide), de 5 à 60 centigr., en bols, pi-
approprié. lules, etc.
V!m vin sacré) (1 sui' 6 de vin blanc), de 8 à A L'EXTÉuiEi'n. — Pulpe, appliquée sur l'oni-
30 gr. comme purgatif et
bilic, vermifuge.
Antre vin (Bourliardat). Coloquinte, S gr.-, vin Pommade purgative 4 , gr. pour 32 gr.
de Malaga, 150 gr. (quatre jours de macé- (I axoiige.
ration), une cuillerée toutes Is heures ou La cohxiuinte entre dans plnsieui-s prépa-
tontes les deux heures, jusqu'à effet pur- rations pharniaceuti(|nes. Associée à la gomme
gatif. arabique, ell" constitue li^s trochisqucs d'Al-
Extrait aqueux (1 de chair sur 7 d'eau froide), handal; elle entre dans la composition des
de 5 à io centigr., en bols, pilules, etc. piluli^s cochées de Rhasis, cathartiques de Cha-
Extrait alcoolique (2 sur 3 d'alcool et 9 d'eau ras, ex iluobus de l'ancienne pharmacopée de
Londres, etc.
pendant trois jours de sniie, prend à jeun 8 gr. de cette teinture dans 60 ou
1)0 gr. de vin d'Espagne il se repose
; le quatrième, recommence pendant
trois jours encore, pour rester tranquille encore un jour, et ainsi de suite,
jusqu'à 20 ou 25 doses. On boit, une heure après l'administration du médi-
cament, deux ou trois verres de tisane d'orge ou de chiendent; s'il survient
des coliques, on donne des lavements émollients. Cette médication, très-
efficace dans les blennorrhagies un peu anciennes, mérite d'être tii'ée de
l'oubli dans lequel elle est tombée.
(Les lavements avec addition de teinture de coloquinte ont été préconisés
comme purgatifs révulsifs dans la sciatique, —
il s'ensuit une vive inflam-
mation (lu rectum : —ce sont là des moyens qui doivent être proscrits.)
Le canal digestif n'est pas la seule voie par laquelle la coloquinte puisse
être administrée. En appliquant sur le bas-ventre l'infusion aqueuse ou la
teinture alcoolique, la pulpe fraîche ou la pulpe délayée dans l'eau pure ou
alcoolisée, ou mêlée à l'axonge, on obtient la purgation. Ceux môme qui
manient et triturent la coloquinte sont purgés (Herniann). a Si on mêle, dit
Lieutaud, de la pulpe de coloquinte avec du fiel de taureau, et qu'on l'ap-
plique sur le ventre des enfants, ce topique peut rendre le ventre lâche
et faire st)rtir les vers. J'appliquesouvent sur l'abdomen des enfants, comme
purgatif vermifuge, un mélange d'extrait de coloquinte, \ gr. d'aloès pul-
;
prescrit, mais on ne put parvenir àle faire pén/^trer. Le coma persistait de-
puis trente heures, quand ii me vint à \''\(\6i' de proposer l'emploi de vermi-
fuf^es |)urgalirs par la méthode eiideruiiijue. Apiès avoir produit, au moyen
de l'eau chaude, dans im vcnc à Ii(iu(Mir, nue vésication au-dessous de
l'ombilie, nous appli(|u;\m('s sur la peau dôtiudée 25 cenligi'. d'aloès et
18 eenli^'r. de colcxiiiiiilc pulvérisés, et étendus sur un petit liri^e recouvert
de eérat. Deux heures eldemieaprès cette ap])lication, une selle abondante,
précédée de horhory^nies et de niouvenieiils de l'enfant, eut lieu avec ex-
pulsion de dix lombrics, les uns morts, les autres ^ivanls une seconde ;
en entraîna douze entrelacés les uns dans les autres et formant une pelotte.
Dés lors, la petite malade ouvrit les yeux, cria et put boiic lo centigr. de :
mines, quatre soudées deux'à deux; une seule anthère convergente; femelles avec ru-
3ù6 CONSOLDE.
diments; ovaire infère, ovoïde, avec trois gros stigmates. — Fruits, péponides, trois
placentas pariétaux; graines nombreuses sans albumen.]
[Culture. — On
en cultive plusieurs variétés; on le s^nie 1° sur couches à me-
:
lon, de décembre en mars; onle replante ou étale sur de nouvelles couches; 2" en place
sur couche sourde en mars; 3" fin avril et mai en pleine terre et en place en terreau.
Le cornichon ne se sème qu'en place.]
Parties usitées. — Le fruit, les semences.
Propriétés pliysiques et cliiiiiiques; usages économiques.
— La chtir du fruit du concombre est fade, très-aqueuse, d'une odeur sui (jener'is,
légèrement nauséeuse; on la mange crue en salade; cuite, on fait usage de cette pulpe
dans les pays chauds.
Les semences, huileuses, éniulsives, étaient comptées au nombre des quatre se-
mences froides majeures.)
Pommade de concombre, faite avec panne de Suc, en lotions contre les démangeaisons dar-
porc, graisse de veau, concombre baume , treuses.
Celte plante (PI. XVI), très-commune, se trouve dans les prés, sur les bords
des ruisseaux.
Description. —
Racine épaisse, à peine rameuse, d'un brun noirâtre extérieu-
rement, blanche et visqueuse à l'intérieur, fibreuse, pivotante, allongée. Tiges de —
/ifl à 70 centimètres, très-rameuses, un peu anguleuses, hérissées de poils rudes, légère-
entières, ovales, lancéoh^cs, aij^uës; les inférieiiies plus grandes, péliolées; les supé-
rieures presque sessiles, [)liis «Uroilos, d'un vert foncé, rudes au toucher. Fleurs —
disposées on cimes scorpioidos, coiirles, lâches, pédoiiculécs, les unes purpurines ou
routteilres, les autres (ruii hiaiic jauiiAtrc (mai-juin). —
Calice [lersislanl, h cinq décou-
pures lancéolées. —
Corolle liihnli'c, un peu en cloche. —
l.imhe ventru, à cinq lohes
courts, mutii son orilice de cin(| ('ciilles tuhulees, allernanl avec cinq elaniines alla-
<'i
ICiilfiire. —
La consoude est sauvage, elle n'est cultivée
liés-ahondante k l'état
que dans les jardins botaniques; elle graines (pie l'on sème aussitôt
est profiagée i)ar
après leur nialurilé ; elle se ressème d'elle-même, souvent au point de devenir incom-
mode. ]
If érolte. — On se procurela racine de grande consoude en tout temps pour l'em-
ployer ce qui est préférable, l'our sa dessiccation et sa conservation, on la
fraiclie,
coupe par tranches longitudinales; les surfaces divisées deviennent jaunes, puis brunes,
et l'écorce oll're des stries dans le sens de leur longueur.
[Culture. — La coriandre
est cultivée dans les jardins et dans les champs; elle
demande une exposition chaude et une terre légère et substantielle; on la propage par
semis faits en avril, elle ne demande ensuite que quelques sarclages légers.]
Réeolte. — Comme ceux de l'anis, de raneth, etc.
fras, de chaque 180 gr. eau 3 kilogr. faites bouillir; doses 360 gr. dans
;
grossesse, Canaday (1) affirme avoir obtenu les meilleurs résultats d'une dé-
coction aqueuse, ù parties égales d'écorces de cornouiller et d'igname sau-
vage, froide, et par grandes cuillerées, toutes les deux ou trois heures.)
Les fruits (cornouillers), d'un beau rouge à leur maturité, et d'une acidité
agréable, étaient jadis employés comme astringents; on en faisait un rob
et une conserve. On les mange en Allemagne, crus ou confits dans le sel et
dans le vinaigre.
[Le Cornouiller fleuri (C. florida, L.), et le Cornouiller sanguin {C. san-
guinea) désigné communément sous le nom de Cornouiller femelle, de san-
guine, sangiiignon, donnent des écorccs astringentes; mais les fruits ne sont
pas si bons à manger.] (Les graines de ce dernier fournissent une huile em-
ployée pour l'éclairage et la fabrication des savons.)
Cette plante (PI. XVI) croît spontanément dans les climats tempérés de
l'Europe, dans le midi et le centre de la France, dans les haies et dans les
lieux ombragés. Elle est assez abondante aux environs de Montpellier. On la
cultive dans les jardins. Pauqui (1) l'a trouvée en Picardie. Elle fournit à la
teinture une matière colorante bleue.
Description. —
Racine ligneuse, rameuse. —
Tige de 1 mètre 50 centimètres
environ; rameaux verts, anguleux, tortus, fail)les; écoroe ridée. Feuilles alternes,—
ailées avec impaire; folioles péliolées, Irès-entiores, coidiformes, opposées, d'un vert
gai. — Fleur papilionacée, onglets plus longs que le calice; étendard cordiforme, ren-
versé, à peine plus long que les ailes, qui sont ovales, obtuses, réunies par le liaul;
carène aplatie, aigué, relevée, souvent plus couite cpie les ailes. —
Calice petit, à quatre
divisions égaies. —
Corolle d'un beau jaune, marquée de stries rouges, rassemblée.^ au
sommet des jeunes liges en forme de petites couronnes, d'où vient le nom de Coronille
(mai-juin). —Fruit gousse cylindrique, à articulations monospermes.
:
Colle plante annuelle croit abondamment dans les lieux humides, incultes,
le long des rivières et des chemins.
nesrriplioii. —
Tige ranipnso, ôlaloo. —
Foiiillos longuos, pinnalifidps, h lo])es
oblus, |)iiiiialiti(I('s cl incisés. —
l-'leiirs l)laiiclics, pclilcs, en î,Ma|)|)cs coiulcs, axillaircs,
Stachide droit.
parait posséder à peu près les mômes propriétés que le laniiuin album, L.,
ou ortie blanche.
clies, en grappes terminales, quatre pétales oblongs, Irés-ouverls, ])lus longs que le
l'i
•se tient par ses racines traçantes. On le cultive aussi dans des baquets ou dans des
mares; on met de la terre sur des claies en bois et on y sème des graines ou on y
plante des racines; on les couvre de lin, que Ton renouvelle souvent, car sans cela Teau
se corromprait bientôt et deviendrait une cause d"insalubrilé.| (Le semis expose à la re-
production de cresson dégénéré. On trouvera dans la monographie de Cliatin (1) tous
les détails sur la cultuie du cresson, qui, par des soins particuliers, donne trois races,
le cresson charnu, le gaufn'', le cresson à feuilles minces.)
[Nous citerons encore les cressons sauvage [nasturtiiim sylvestre, R. Br.), et ambigu
(IV. anceps, D. C).
Quant aux autres plantes auxquelles on donne encore le nom de cresson, telles que
le cresson des prés {cnrdamine pratensls, L.), le naxton, ou cresson des jardins (lepidium
sativum), le cresson de terre ou mare (sisymbrium erysimum precox) Smith, et le
cresson du l$iésil ou de ]'ai-is, dont il sera question plus loin; ils appartiennent ou à
d'autres familles ou à d'autres genres.]
Récolte. —
Le cresson est employé à l'état h-ais. On peut en faire usage pendant
toute la belle saison; mais il est plus actif en mai et juin. (La dessiccation lui fait perdre
ses propriétés, mais seulement en partie.) (Chatin.)
Propriétés pliysiques et cliiiniciucs. Le cresson contient : —
(1° Une sulfo-azotée, réunissant les caractères de l'essence sulfurée de l'ail à
Imile,
Tesscnce sulfo-azolée des crucifères. La plante sauvage en est un peu plus riche que
celle cultivée; mais celle qui est bien fumée en contient autant. Elle est plus abondante
jjendant la floraison et chez les sujets exposés au soleil.
2" Un extrait amer, contenu dans le suc, ])Our une moyenne d'environ 5 j)Our 100.
3" De l'iode. Déjà découvert par Millier (in Lindley, Veaetable lutigdom), il y a été
démontré par Chatin; mais il varie suivant sa quantité dans les eaux qui baignent le
cresson. Chaque botte de cresson ordinaire (275 gr.) en contient 1 milligr., celles qui
proviennent de la source Marie, à Davy, en contiennent jusqu'à 3 milligr. (Chatin.)
U" Du fer. Les cendres du cresson donnent 1/2 pour 100 de fer. Dans les sources fer-
rugineuses, la ])roportion s'élève jusqu'à 3 pour 100.
5" Des matières salines, à la tête desquelles il faut ])lacer les phosphates.
Il résulte de cette analyse que l'on devra, pour l'usage thérapeutique, préférer le
cresson des sources feiro-iodurées, qui présentent comme une exagération naturelle des
principes actifs de cette crucifère.
Le cresson est fort riche en suc, 70 pour 100 par simple contusion et expression;
'
l'huile siilfo-a/.oléo, Piodo cl l'extrait amer y restent. Les 30 i)Our 100 de marc retien-
nent le ter cl les phospliales.)
du suc exprimé de cresson mêlé avec autant de lait chaud. Dès les premiers
jours de l'emploi de ce moyen, l'amélioration fut sensible; la toux et l'ex-
pectoration diminuèrent, l'appétit revint, les sueurs nocturnes cessèrent;
les forces se rétablirent si promptemcnt qu'au bout de quarante à cinquante
jours de traitement le malade fut complètement guéri.
Je pense que les prétendues cures de phthisie pulmonaire par l'emploi du
cresson et des autres antiscorbutiques, souvent donnés sous forme de sirop
dans la pratique urbaine, ne se rapjjortent qu'à des affections catarrhales
bronchiques ou à la phthisie commençante qu'elle peut réellement combattre
avec efficacité. Il était souvent difficile de distinguer le catarrhe pulmonaire
chronique de la phthisie avant la découverte de l'auscultation médiate.
On trouve dans les Éphémérides d'Allemagne (I) le remède suivant contre
servir du lait de beurre pour boisson ordinaire. Swinger (1) a vu une toux
rebelle céder au suc de cresson mêlé dans du bouillon. Ce médecin préco-
nisait sur tout ce môme suc dans la néphrite calculeuse, où bien certaine-
ment il ne pouvait être utile (ju'autant que l'irritation ou l'inflammation
était peu intense. Selon Haller, l'usage prolongé de ce suc a fondu des
obstructions abdominales. On l'a conseillé aux hypochondriaques, aux mélan-
coliques, et môme aux hystériques, lorsque des désordres nerveux ont leur
source dans l'atonie générale des organes. Vitet recommande le suc ex-
primé de cresson mêlé avec une forte infusion de baies de genévrier, dans
l'ascitepar cachexie. J'ai employé ce mélange avec succès dans l'anasarque,
qu'il a dissipée en peu de jours, en agissant puissamment comme diuré-
tique.
(Suivant Chatin, la purée de cresson est le meilleur légume pour les dia-
bétiques; il contient très-peu de sucre et de substances amylacées.)
A l'extérieur, j'ai employé le cresson comme résolutif et détersif, en cata-
plasme froid ou seulement pilé. Il convient sur les ulcères scorbutiques,
scrofuleux, sordides, etc. Le cresson pilé, réduit en magma, auquel on
mêle du sel commun (30 gr. pour 500 gr. de pulpe) pour en former un cata-
plasme qu'on renouvelle de douze en douze heures, est un excellent réso-
lutif que j'ai plusieurs fois mis en usage avec succès sur les tumeurs
glandulaires ou scrofuleuscs, les engorgements lymphatiques ou œdéma»-
teux, rhygroma,etc. Dans deux casd'hygromaassez volumineux, j'ai obtenu
la résolution dans l'espace de quinze h vingt jours, au moyen de ce topique.
Le badigeonnage de teinture d'iode n'agit guère plus promptement et est
d'ailleurs trop dispendieux pour l'ouvrier et l'indigent. J'ai vu des paysans
débarrasser leurs enfants de la teigne (favus) en leur faisant manger abon-
damment du cresson, et en appliquant sur la tête cette herbe pilée avec du
saindoux, après avoir fait tomber les productions crustacées au moyen d'un
cataplasme émollicnt, et couper les cheveux le plus près possible de la peau.
L'application du cataplasme de cresson était répétée matin et soir, et on
lavait chaque fois la tête pendant six à huit minutes, en frictionnant assez
fortement avec de l'eau de chaux, de la lessive de sarment de vigne, ou avec
de l'urine. La guérison avait lieu au bout de quinze à vingt-cinq jours. Ce
traitement, que j'ai vu souvent réussir, n'est pas plus infaillible que tous
ceux qu'on emploie contrôla teigne. Le mélange de 60 gr. de suc de cresson
et de 30 gr. de miel, passé à travers un linge, et dont on se frotte bien le
visage, enlève, dit-on, les éphélides, les taches de rousseur, lentilles, etc.
Cette plante croit parmi les rochers. On la trouve entre les fentes des ro-
chers qui bordent la Méditerranée et l'Océan, dans les Pyrénées, h Collioure,
à Bagnols, à Port-Yendres, sur les côtes maritimes des départements du
Pas-de-Calais, du Nord, de la Somme, de la Seine-Inférieure.
Deseription. — Tige droite, cylindrique,
lisse, verte, simple ou peu rameuse.
— Feuilles deux à folioles élroiles, lancéolées, linéaires, un
lois ailées, peu aplaties,
charnues et d'un vert foncé. —
Fleurs blanches, disposées en ombelles médiocres et
terminales; pétales entiers, courbés au sommet, presque égaux. —
Fruit ovoïde, com-
primé, strié; collerette à plusieurs feuilles.
(1) In Bodart.
CnOISETTE. 357
Ce mince «vantage peut Cire obtenu plus efficacement par d'autres plantes
mieux connues que la croisetle, dont je n'ai parlé, au reste, que parce que
les herboristes et les pharmaciens doivent l'avoir pour satisfaire au préjugé
populaire qui en perpétue l'usage.
absorltant deux molécules d'oxygène, se transforme en acide cuminique C-° IV- O* (1). =
Les Anglais, les Alh'mands el les Hollandais se servent de ces fruits comme condi-
ment, h la manière du carvi. Les Anglais en mettent dans leurs fromages. (Les Paisses
en confectionnent une liqueur stomachique excellente.)
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'iKTÉr.iEun. — Infusion
à vase clos, 10 à
,
A l'extérieup.. —
Huile essentielle, Q. S. pour
20 gr. par kilogramme d'eau. embrocation sur le bas-ventre dans les coli-
Eau distillée (2 sur 15 d'eau), 50 h 100 gr., ques venteuses, l'hystérie. —
Cataplasmes,
en potion. sachets, lavements.
Teinture élhérée (1 sur 8 d'éther siilfurique), On composait autrefois un emplâtre de cu-
50 centigr. à 1 gr., en potion. min.
Huile essentielle, 10 à 30 centigr., en potion, Le cumin fait partie des quatre semences
julep, ou oléo-sacchai'um. chaudes majeures.
Poudre, 1 5 gr., en pilules, dans nn liquide,
;'i
est employée comme celle d'anis. On compose des cataplasmes avec ses
fruits pour résoudre les engorgements des mamelles et des testicules, les
Les éloges prodigués à cette plante supposent des propriétés que l'expé-
rimentation réduirait à leur juste valeur.
Le cyclame (Pi.XYI) se trouve dans les lieux ombragés, les haies, les
fossés, les bois frais. Je l'ai rencontré dans nos bois humides du Bas-Bou-
lonnais; il est assez abondatit ;\ Compiègnc, à Villers-Cotterets. Il est cul-
tivé dans nos jardins pour la beauté et la variété de ses fleurs.
Descrigitioii. —
lîacinc (rliizome) : souche cliarnue, épaisse, très-volumineuse
(quelquefois ^tossc comme le poing), londe, aplatie, ou irrégulière, noirâtre en deliors,
blanclie intérieurement, garnie de fil)res fines et ramifiées; point de tiges. — t'euilles —
portées sur de longs pétioles sortant immédiatement des racines, épaisses, ovales-
aiTondies, cordées à la ])ase, dentées, entières, tachées de blanc en dessus, rouge^Ures
en dessous, glabres. —
Fleurs odorantes, blanches ou légèrement purpurines, solitaires
et penchées sur de longs pédoncules radicaux de 10 12 centimètres de long, ayant
.'i
leur disque tourné vers la terre, et les divisions du limbe repliées et redressées vers le
ciel (septembre), [s'enroulanl en spirale après la fécondation J, cinq divisions allongées,
rabattues sur le calice. —
Cinq étamines. —
Anthères rapprochées, cuspidées. Ovaire —
supérieur, globuleux, uniloculaire. —
Style allongé. —
Stigmate aigu. Fruit capsule — :
Récolte. —
Cette racine se récolte en automne. Pour la faire sécher on la coupe
par tranches, et on l'expose ensuite au soleil ou à Tétuve. On la trouve chez les her-
boristes sous l'orme de tubercules durs, raboteux, brunâtres, resseinbbint à des hgues
desséchées. Elle est plus active à l'état frais; le [irincipc acre se dissipe en partie par
la dessiccation.
—
Proprirtés |ilty(^i<|tie(^ et eliiia&iqiies. Cette racine est inodore, d'une
saveur acre, l)rûlaiite et amère. La torréfaction lui enlève toutes ses propriétés. L'eau
s'empare de ses principes actifs.
[De Luca a trouvé que les rhizomes de cyclamen contiennent 80 pour 100 d'eau par
l'incinération, et laissent '/-j pour 100 de cendres; il y a constaté une matière sucrée
fermentescible, de raniidon,"des sul)stances acres, irritantes et toxiques, dont une, par-
faitement définie, a reçu le nom de ajclamine.
La cyclaminc, appelée aussi arlhaniline, est une substance amorphe, blanchâtre, in-
colore, opaque, friable, ])ouvaiit absorber jusqu'à Z|5 pour 100 d'eau à l'air, se gonflant
dans l'eau et devenant transparente, soluble dans l'alcool; par évaporation de cette solu-
tion, il reste une masse amorphe qui brunit au contact de la lumière, qui se dissout dans
l'eau en produisant une mousse abondante par l'agitation, et qui possède la singulière
propriété de se coaguler par la chaleur, comme le ferait l'albumine celle coagulation ;
lapin (jui peut en recevoir !2 k'"- dans l'estomac sans ellet toxi([ue, 1 cenli-
nièlre cube mêlé dans 3 centimètres cubes d'eau entraine la mort des pe-
tits poissons) (de Luca).
Les pro|)riétés de cette racine varient suivant qu'elle est verte ou sèche.
Verte, elle est purj^alive, vermifuge, emménagogue, résolutive. « Sa racine
fraîche, à la dose de :2 gros en décoction dans un demi-septier d'eau, peut
purger violemment par haut et par bas un homme d'une; constitution ro-
buste. Dans les provinces septentrionales de la France, où cette plante est
connnune, on l'emploie assez fré([ucnmient pour se purger; mais souvent,
;\ de grands vomissements, on voit succéder des sueurs froides accompa-
gnées de tintement d'oreilles, de tournoiements et de mouvements convul-
sifs; souvent aussi le malade rend le sang par le vomissement et par les
selles et quelquefois à tous ces accidents succède encore une superpurga-
;
trium snbdiicct alvum et aquas cdticci {\). » Je regrette que l'on ait abandonné
elle produit sur les animaux le même elfet que le jus de cyclamen. (Les ex-
périences de de Luca, confirmées par celles de Claude Bernard, tendent à
faire admettre entre le principe actif du cyclamen et le curare une certaine
analogie d'action; ainsi, de l à 4 gr. de jus du rhizome a produit, injecté
dans le tissu cellulaire des lapins, des oiseaux, des grenouilles, des phéno-
mènes presque semblables à ceux déterminés par le curare, mais bien moins
énergiquement. On a cru remarquer en outre qu'elle agissait fortement sur
la peau.)
—
dans leur longueur. Semences aigretlées, oblongues, imbriquées.
[Culture. — On ne cultive celte plante que dans les jardins botaniques; elle de-
mande un sol meuble et une bonne exposition; on la propage de graines ou d'éclats de
pied.
Celte plante, d'une saveur acre, d'une odeur peu remarquable, produit
un suc laiteux, épaissi, qui est purpatif fi rinl(''rieur ;\ la dose de 1 gr. à
1 gr. riO ecntigr. Il a ôiO. proposé par AVaiitcrs cl par Hodart connue succé-
dané de la scaninionéc d'Alep. Bodarl a émis, en 181 0, le vœu de voir la
plante indigène délrùncr l'exoliqne, et la scammonéc d'Alep, en sa qualité
d'étrangère, est encore cxelusivcniont employée, malgré les jjropriélés bien
connues de la scammonée de Monl[)eIlier!... La vérité est fille du temps
[L'arguel, arycl ou arghel, Cynanchuvi argel, Del.; Solenostema arghel de
Hayn; Ascléi'Iadées. .— Cynanchées; Pentandrie digynje, L., produit des
feuilles (ju'on mélange frauduleusement avec les folioles de séné; on les dis-
tingue en ce qu'elles sont plus épaisses, pins rugueuses, d'un vert blan-
chiilre, peu ou pas marquées de nervures transversales; leur odeur est forte,
nauséeuse; elles possèdent des propriétés purgatives très-énergiques et trop
irrilantes. Quelquefois on trouve aussi les fruits de l'arguel mêlés au séné ;
ce sont de véritables follicules, contenant des graines aigrettées; tandis que
les fruits du séné sont des gousses avec graines sans aigrettes.]
CYNOGLOSSE.
Cynoglossum majus vuhjare. G. Bx\uh., Tourn. — Cynoglossum viilijare.
J. Bâuh.
La cynoglosse, plante bisannuelle (PL XYI), croit dans les lieux incultes
et pierreux ou sablonneux.
DesiCi'iptioii. —
Racine grosse, pivotante, rameuse, gris-noirAtre en dehors,
blanche en dedans, s'enibnrant jusqu'à 30 centimètres dans la terre. —
Tiges herbacées,
striées, épaisses, velues, rameuses, de 60 centimètres environ. —Feuilles alternes, allon-
gées, lancéolées, pubescentes, douces au toucher, d'un vert blanchâtre; les radicales
pétiolées, sessiles. —
Fleurs d'un rouge violacé, légèrement jjédonculées, réunies au
sommet des rameaux en cymes scorpioïdes (mai-juillet). —
Calice presque campanule, à
cinq découpuies. —
Corolle monopétale, infundibulilorrae, à tube un peu plus court que
le calice. —Cinq étamines, plus courtes que la corolle. —
Quatre carpelles. Un style —
persistant. — Fruit consistant en quatre akènes comprimés, attacliés au style latérale-
ment, chargés d'aspérités à leur face supérieure.
Parties u»$itées« — La racine et les feuilles.
[diltiBre. — La
cynoglosse est très-abondante à l'état sauvage; on ne la cultive
que dans les jardins botaniques; elle exige un sol sec et une exposition chaude; on la
sème au printemps ou à l'automne en place; elle supporte mal la transplantation, même
lorsqu'elle est jeune.]
Récolte. —
On récolle la racine au piin temps, lorsqu'elle est à sa seconde année.
On doit en séparer le cœur, qui est ligneux et sans vertu; l'aire sécher promptement
l'écorce coupée par petits fragments et la conserver dans un lieu bien sec. Les feuilles
sont meilleures la première année, avant l'apparition de la tige. Elles perdent de leurs
vertus par la dessiccation.
posita. Cet arbre est trop généralement connu pour en donner la des-
))
cription. 11 produit dans les climats dont nous venons de parler une espèce
CiiKiire. — F.i' cyitn's .liinc les sols Icgt'is et chauds; on lo sèmo on Iciiincs ou
(Ml |)li'im' icirc ,'ui priiilcinps (|ui suit la if-rollc , on n'|ti(|\i(' plan à
le la seconde année,
et de prelV'rence en pois; il sii|t|)oile diflicilenieiit la liansplanlalion.
des sépulcres pour les ni(iiiiies,et les diccs des statues des dieux; les Iruits, ou noix de
cyprès, doivent Olre cueillis lorsqu'ils sont encore verts.
Propri^'t^'H |iliyi!ii<|iieM et eliiniit|ue8. Toutes les parties de la plante —
répandent une odeur terehenlliacée des plus prononc«'es; on jx'ut en ohlenir, par inci-
sion, une résine analogue à celle du pin, qui, soumise à la distillation, jjroduirait une
essence et laisserait pour résidu une résine analogue à la colophane.]
bouillante, 750 gr.; sirop simple, 1,000 gr alcool, 60 gr. Faites infuser les ;
DAPHNES.
Daphxackes. — Thymeléks. Fam. nat. — Octa>drie monogyme. L.
Parties usitées. — L'écorce, quelquefois Les Anglais les feuilles, les fruits.
emploient de préférence l'écorce de la racine; la partie ligneuse de cette dernière est
inerte.
ovoïdes.
qu'une laihle sapidité, puis elles deviennent anières, el Menlol enfin elles déteruiinenl
une sensation Inùlanles, caustique, tenace, insn|)|K)rtalile, qui s'étend au pharynx pen-
dant plusieurs heures. Les feuilles Iraîches et les Irnils frais ou secs produisent les mêmes
effets que l'écorce. —
D'après l'analyse de ("lUiclin et IJaer, elles contiennent, entre
autres substances, du sucre, de la cire, d<; l'acide niali(|ue, une niatièn; colorante jaune,
une matière neutre cristalline (daphiiinc) analo;^ue à l'asparayine, el une lésine très-
Acre. C'est ;\ celte dernièie (pi'elles doivent leurs propri(''lé's vésicantes. Dublanc a —
retiré de l'écorce du garou une matière cristalline, une matière n-sinoïde sans àcreté,
une sous-résine une matière verte demi-lluide, très-àcre.
insi|)ide, et
Soixante grammes de mézerénm, mac(''i(''e dans l'eau, donnent 10 granmies
d'c'corce
d'extrait gommeux l'extrait alcoolique doime des grains d'une résine très-pure; l'eau
;
[Le bois des divers garous sert à faire des pois h cautères très-irritants.]
A haute dose, les daplinés sont des poisons irritants. Introduits dans
l'estomac, ils déterminent une ardeur brûlante qui s'étend du pharynx au
cardia, la cardialgio, de violentes tranchées, la superpurgation, la chute
des forces, et quelquefois même la mort; à l'inflammation locale se joint
une irritation sympathique du système nerveux. 15 gr. d'écorce de garou
administrés à un chien ont déterminé les effets suivants bouche écu- :
(1) Essai sur l'usaije et les effets de l'écorce de (jarou. Paris, 17G7, in-12.
(2) lioucliardat,Annuaire de thérapeutique et de matière médicale, 1851.
(3) Essai sur les épispastiques. — Journal des conna'ssances médico-chirurgicales , t. III,
p. 92.
DENTKl.Air.i:, 371
Parties — La racine
limitées. et les feuilles.
Bien que Wedelius, cité par Peyrilhe, ait considéré le plumbago comme
éméto-cathartique et antidysentérique, et qu'il l'ait même décoré du nom
à'ij)ccacuanlia nostras, je n'ai jamais tenté de l'administrer â l'intérieur. Ce-
pendant, « si l'expérience, dit Chaumeton, confirme à ce sujet les faits an-
noncés par Wedel, on pourra peut-être la placer un jour au rang des succé-
danés de l'ipécacuanha. » Peyrilhe la croit vomitive et purgative à la dose
de lo à 50 centigr.
Cette racine caustique a été longtemps employée en Provence pour la gué-
fond souvent; car si on pratiquait des frictions avec les préparations dont
nous venons de parler sur le prurigo fonnicans, cette éruption, au lieu de
guérir, en deviendrait plus rebelle.
Toutes les parties de la dentelaire peuvent être employées à l'extérieur
comme vésicatoires l'effet en est prompt. On s'en sert avantageusement
:
dan« les ulcères atoniques, pour réprimer les chairs fongueuses et activer le
travail de la cicatrisation dans les i)laies anciennes pâles et blafardes.
,
Cettte plante vivace, si célèbre dans les temps héro'iqucs de la Grèce, croît
spontanément dans File de Crète, sur le nionl Idii. Illlc est cidlivi-c dans nos
jardins pour la Ix'aulc de ses fleurs v.l pour son oduni- suave.
lleNri*i|»<i4>ii. — narines yrùIt.'S, (riiii hlaiie. giisàlre,e(iiii|)Os<''i's de fibres noiii-
Le dictame jouissait chez les anciens d'une grande céléljrité comme vul-
néraire. Les chèvres sauvages, selon Arislole, blessées par les flèches des
chasseurs , mangent du dictame pour se guérir. Dioscoride rapporte le
même t'ait. Pline, Gicéron, Apulée, r.iconlent qu'il suffisail aux cerfs blessés
d'en manger pour l'aire sortir les dards de leurs blessures et les guérir
presque sur-le-champ. Virgile (I) nous a laissé une élégante description
de cette plante cueillie par Vénus sur le mont Ida pour panser la blessure
d'Enée.
On sait aujourd'hui à quoi s'en tenir sur les merveilleuses propriétés at-
tribuées an dictame de Crète. L'action évidemment stinmlaiite de cette
plante sur l'estomac, sur la matrice et sur le système nerveux, l'ont fait em-
ployer avec avantage dans l'atonie des voies digestives, dans la gastralgie,
dans l'aménorrhée asthénique, etc. INIais elle ne mérite aucune préférence
sur la mélisse, les menthes, le romarin, la sauge, qui sont plus communs et
moins difficiles à cultiver. Toutefois, l'opinion des anciens, qui attribuent
au dictame la propriété d'accélérer les accouchements difficiles, de favo-
riser l'expulsion du placenta, et de provoquer les menstrues, révèle des pro-
priétés beaucoup plus énergiques, dues, suivant Peyrilhe, au pays où cette
plante croit spontanément. Hippocrale parait en avoir fait usage soit ,
Cette plante bisannuelle (PL XVII) croit spontanément dans les bois des
•environs de Paris (Mcudon, Saint-Germain), et surtout dans la Normandie
et la Bretagne. On la rencontre aussi dans la foret de Cressy et dans les
bois montueux de la Picardie. Elle se plaît dans les terrains secs, sablon-
neux, siliceux, élevés. On la cultive dans les jardins comme plante d'orne-
ment et pour l'usage médical. Elle se sème d'elle-même. Fuschius (1) est le
premier qui ait donné à cette plante le nom de digitale, et en ait exposé les
véritables caractères.
Ilesci*i|ition. —
Racines fusiformos, ])run-rongoàlro, fdireuscs. Tige droite, —
'iier])acéo, velue, cylindrique, de 60 à 80 centinièlros.
siiiiplc, I"'euilles grandes,—
altoi'iies, ovales ou lancéolées, vertes et un peu ridées en dessus, biancliàlres et coton-
neuses en dessous, dentées en leurs bords; les iulerieures pétiolées, les supérieures
presque sessiles. —
Fleurs d'un rose purpurin, épi lerniinal penché d'un côlé de la tige,
à p{'(l(incules courts et pu])esrents, à ieurrelte d'une liractée ovale-aiguë (juin-aoùl). —
Corolle canipai)ul(''e ou tuhuleuse, ressemblant à un dé à coudre (d'où le nom de digi-
Idlc], quatre divisions au limbe, parsemée de taches roussàtres et connne tigrées à
l'intérieur. —
Calice à cinq folioles lancéolées. —
Qii'ili'e étamines didynames, plus
courtes que la corolle. —
Anthère l)il()bée. —
Style à stigmate bifide. Fruit capsule — :
qui croit sur les lieux élevés et qui a reçu l'influence du soleil est plus active. Les
feuilles, disposées en guirlandes, doivent être séchées promplement dans une étuvc,
•ensuite conservées en lieu sec, sinon elles noircissent et se détérioient; il en est de
même de leur poudre, qu'on doit tenir soigneusement dans un flacon bien bouché et à
l'abri de la lumièie. Quand on pulvérise les feuilles, on doit s'arrêter aux deux tiers
environ; jusque-là il y a augmentation dans l'intensité de la nuance verte; ensuite, il y
a, au contraire, dégradation de teinte, de sorte que la dernière poudre obtenue est la
plus pâle de toutes.
Les feuilles vertes ont moins d'efficacité que les feuilles sèches, bien que celles-ci
perdent tout à fait leur odeur vireuse par la dessiccation. Leurs vertus diminuent par
la vétusté; il est bon de les renouvelci- tous les ans. La dessiccation leur fait perdre de
trois quarts à quati'c cinquièmes de leur poids.
Il y a un grand choix à faire dans la digitale par rapport aux provenances. Celle que
l'on lécoltc en Suisse est legardée comme la plus active. Quand on la cultive, il faut se
rapprocher le plus possible des conditions de terrain, d'exposition, etc., qui lui con-
viennent sous le rapport de ses vertus.
(1) De Itistor. slirp. commentarii, etc., traduit en français par CI», de l'Ecluse.
|
On trouve quelquefois dans les magasins d'iieihorislcrie, par erreur ou par fraude.
des feuilles de f^irande oonsoude ou de bouillon I)liinf parmi celles de dij^ilalo. Ces
fciiillt's, elanl velues sur les deux lares et d'une saveur mucila^'incuse, en serunl facile-
nn'nl distiuf^MK'cs. [Mais ce sont surtout celles de la connzx sq narre use (\ni s'y trouvent
frauduleuse iiienl inélan;.;(''es. Elles se dislin|.,Mient en ce (ju'elles sont rudes au toucher,
pre.scpie entières, non dentées, et qu"(dles présentent une odeur sèclie lorsqu'on les
froisse.
DIGITALINE. —
La digilaUne (C^O"^H^) (Walz), (C'MI^^O^o) (Kosmann), a été iso-
lée à l'état de pureté par Ilomolle el Quevenne. Elle se présente sous la forme d'une
poudre blanche, amorphe, inodore, d'une saveur excessivement amère, sensible surtout
à l'arrière-gorge. A peine soluble dans l'eau froide, un peu idus soluble dans l'eau
bouillante, elle se dissout en toute proportion dans l'alcool faible ou concentré; l'éther
pur en dissout à peine. Elle est neutre aux papiers réactifs. (Chaulfée, elle se décolore à
180 degrés et se décompose à '200 degrés.) L'acide clilorhydrique concentré lui com-
munique une couleur vert-émeiaude. L'acide sulfurique concentré la colore en rouge-
hyacinthe et la dissout. Ce soluté, étendu d'eau, verdit. L'acide azotique la jaunit. L'am-
moniaque et la soude caustique la colorent en jaune brun. (La digitaline n'est pas un al-
caloïde; Kossmann l'assimile à un glvcoside, se décomposant en sucre de raisin et un
alcaloïde, la digitaléritine) (C5on-"*Ô'"o).
[Suivant Grandeau et Lefort, les digitalines du commerce varient beaucoup dans leur
tale, suc de cette plante fraîcbe, n'offrent aucun avantage pour l'extraction de la
le
digitaline; que ces j)roduits, au contraire, sont inlerii'uis sous ce l'apport aux feui-Ilos
de la |)lanlc sèclio; 2° que les racines n'ont donné qu'une faible piopoition de digita-
line; 3" que les semences n'ont pas fourni une ])roportion de digitaline telle, que, pour
cette raison, ou doive leur accorder la pi-éférence dans les usages tliérapeuti(iues. Il ne
saurait y avoir avantage à les utiliser poui- l'extraction de la digitaline, à cause de leur
faible proj)ortion, de leur volume exigu et de la difficulté de les récolter.
d'eau bouillante et 1,000 gr. de swcrc), 15 à aqueux et même l'extrait alcoolique, comme
COgr. oflVant trop de chances d'altération pendant
Sirop d'alcoolature (2 d'alcoolature ou tein- leur évai)oration, attendu que la chaleur est
ture de suc sur 7 d'eau et 15 de sucre), 15 à au nomlire des choses que redoutent le plus
100 gr. les préparations de digitale. La teinture éthé-
[Extrait aqueux par lixiviation, 2 à 20 centi- rée proi)ortionnellement assez peu chargée de
grammes.] principe actif, variant d'ailleurs suivant le de-
Extrait aqueux (opéré par évaporalion avec gré de l'éther, est tout aussi incertaine dans
le suc dépuré), 2 à 30 centigr. ses eflets. La teinture alcoolique, qui offre,
E\trair alcoolique (J de feuilles sur /j d'alcool), ainsi que la teinture éthérée et ralcoolature,le
parties égales do feuilles fraiclies et d'al- plus de chance de conservation, n"a de garan-
cool :\ 80" G. Laisser macérer huit jours et tie qu'autant que le préparateur est vigilant
filtrer. et soigneux et l'on n'en a aucune si elle pro-
;
Suc épaissi ou extrait de suc non dépuré, 2 à vient d'une source inconnue. L'alcoolature a
50 centigr. contre elle de ne pas offrir de dosage propor-
Tcintui'e alcoolique (1 de feuilles sur 5 d'al- tionnel certain entre l'alcool et la plante,
cool à 80 degrés), 16 centigr. à 1 gr. Six celle-ci renfermant des quantités inégalesd'eau
parties de teinture représentent un peu de végétation. On doit donner la préférence
moins d'une i)nrii(î de digitale. à la poudre, bien qu'elle n'offre pas les chan-
Teinture étliérée, dose 1 à 5 centigr. ces de bonne conservation des teintures et des
Alcoclature, 25 centigr. à 2 gr. alcoolatures; mais elle a pour elle un avan-
A L'EXTKiuELr.. —
Poudrc en frictions (macé- tage très-grand, c'est qu'on est sans cesse à
rée dans la salive ou dans l'eau, ou par la même d'en vérifier la qualité elle est d'ailleurs
;
[Il est extrêmement important que le médecin sache que les digitalines du commerce
sont rnremont pures; c'est d'ailleurs un principe mal défini, et beaucoup de praticiens
prél'èrenl encore aujoiiid'hui avoir recours à la poudre de digitale. En etret, de l'avis
(le liomolie et Oi'fvenne, la digitaline a contenu ])endant longtemps du digitalin et de la
digilalose, et nous venons de voir qu'encore aujourd'hui les dissolvants rpie l'on faisait
agir sur les diverses digitalines produisaient des eiïets diflércnts; d'ailleurs, les diiré-
renls prix de la digitaline, établis par la concurrence, sont un indice pour se mettre
en garde contre leur pureté.]
(l) Tranbc,.! /i/i. de la Chnrilé, t. II, p. 56; Stannius, Wierorth's arch., 1S51 Black, Edimb. ;
Jonrn.. 1859; Homolle et Quevenne, Sandras et Bouchaidat (1845), Bouley et Heynal, Cl. Ber-
nard, etc.; Dybkonski et Pelikan, m
Comptes-i-eiidus de la Société de biologie, 186G.
378 DIGITALE POURPRÉE.
En effet, une dose fortement toxique foudroie un animal, quant aux l)alte-
ments de son cœur, qui sont anéantis; tandis que la sensibilité, la myotilité
générale, la respiration persistent encore pendant un ti'mps variable. L'irri-
tabilité du cœur se perd tellement vile, que Stannius, dans ses expériences
sur les chats, l'a vu cesser immédiatement de répondre aux excitations gal-
vaniques. Le ventricule du cœur s'arrête toujours en état de forte contrac-
tion; il reste complètement vide et pâle, tandis que, la fonction respiratoire
survivant à celle de la circulation, les oreillettes sont distendues et gorgées
de sang oxygéné. En dernier ressort, celte extinction de la vitalité du cœur
s'expliquerait par l'action du poison soit sur les nerfs régulateurs (Traube),
soit sur les nerfs musculo-moteurs (Stannius), soit enfin sans l'intermédiaire
du système cérébro-spinal (Dybkonski et Pelikan). La fibre cardiaque est
lésée dans sa fonction, mais non dans sa structure et sa composition chi-
mique (Lemattre).
A dose plus ménagée, l'effet est plus graduel et l'on peut suivre les phases
de l'intoxication. Laissons parler Bouchardat et Sandras :
« 5 centigr. ont été dissous dans très-peu d'alcool et dans 60 gr. d'eau
distillée. Cette solution a été injectée dans l'estomac par l'œsophage ouvert,
et ce conduit a été lié au-dessous de l'ouverture. Avant l'expérience, les
pulsations du cœur étaient à 128 par minute. ])eux heures après, il y avait
seulement 58 pulsations le chien faisait beaucoup d'efforts pour vomir et
;
(Aussi, quand, après l'emploi de ces divers moyens, on aura réussi à conju-
rer les premiers accidents, tout ne sera pas fini. Bouchardat cite (1) un cas
où la mort arriva le septième jour; il faut, ;\ cause des dispositions aux syn-
copes dans lesquelles l'action élective de la digitale met le sujet, recomman-
der le décubilus dorsal prolongé. Mazct, d'Aiulusi (2), rapporte un fait de
mort subite le cinquième jour; la malade, qui entrait en convalescence, se
levait pour uriner; elle mourut de syncope.)
A moindre dose, la digitale stimule l'estomac, augmente quelquefois,
mais instantanément, l'aclion du cœur, et devient secondairement contro-
stimulanle. Lorsque l'estomac est dans des conditions normales, l'action sé-
dative de la digitale, même ;\ dose assez élevée, est le plus souvent primi-
tive, directe, spéciale. Dans un essai fait sur lui-même, Homolle (3) a vu
son pouls baisser successivement, sous l'induence de la digitaline, de 72, 64
à 50, avec irrégularité, intermittence. Ce ralentissement du pouls s'est pro-
longé deux jours entiers après l'expérience. Il y a eu diminution de la sécré-
tion urinairc pendant l'expérience, et notable augmentation après la cessa-
tion du médicament.
A petite dose répétée (dose thérapeutique), la digitale diminue incon-
testablement la fréquence du pouls d'un quart, d'un tiers ou même de
moitié, active les fonctions du système absorbant, et augmente la sécrétion
urinairc. On l'a vue quelquefois, chez certains sujets, exciter la salivation et
même la sueur.
Introduite à petite dose dans un estomac irrité, elle produit les mêmes
eflets que lorsqu'on l'introduit à dose élevée dans un estomac sain. L'effet
direct de cette plante sur la circulation est donc d'autant plus facilement
obtenu que l'estomac, qui en reçoit l'action primitive, est moins irrité.
Broussais a le premier remarqué que lorsque l'irrilation gastrique est pro-
noncée, la sédalion n'est point opérée, ce qui peut, jusqu'à un certain
point, expliquer la diversité des opinions émises sur les effets de la digitale.
CependanI, lorsqu'il n'existe point d'irritation gastrique amérieure, et qu'on
n'élève point les doses au delà de 15 à 30 centigr. dans les vingt-quatre
heures, l'excitation que cette substance détermine d'une manière fugace, et
à diverses reprises, dans les premières voies, ne l'empêche pas de produire
le ralentissement du pouls. J'ai rencontré des sujets chez lesquels je n'ai ja-
mais pu produire la sédation par la digitale, administrée sous toutes les
formes et avec toutes les précautions possibles. J'ai quelquefois môme con-
staté une accélération soutenue du pouls par son usage, sans qu'il se mani-
festât la moindre irritation d'estomac. Orfila rapporte qu'ayant fait usage
pendant un mois de la poudre de digitale, dont il avait graduellement aug-
menté la dose, son pouls n'a présenté aucune diminution dans le nombre de
ses vibrations. Ces cas exceptionnels se rencontrent très-rarement; quoiqu'il
soit plus facile de les observer que de les expliquer, il n'est pas inutile d'en
fairemention.
Quelquefois il y a intolérance complète de la digitale administrée même
aux doses les plus minimes. Elle cause alors de l'irritation, de l'ardeur à
l'estomac, le pyrosis, la dispepsie, etc. Il faut alors l'administrer avec pru-
dence, en suspendre l'usage de temps en temps, ou même le proscrire. J'ai
vu la digitale en poudre, donnée à la dose de 25 centigr. en trois prises
dans la journée, à une j(;une femme atteinte de palpitations par suite de
chagrins domestiques, causer des vertiges, des étourdissements, suivis de
vomissements, d'anxiété précordiale, et d'un ralentissement si prononcé
dans la circulation, que le pouls ne donnait plus que 3i pulsations par
minute. Ces accidents se dissipèrent peu à peu, et je pus de nouveau, et
était tombé à C5. L'état des voies digeslives me le permettant, j'ai pu en-
tretenir ce ralentissement en donnant au malade l'extrait aqueux de digi-
tale ;\ la dose légère de 2 centigr. trois l'ois par jonr, et progressivement
à celle de 10 centigr., que je n'ai point dépassée. Le malade, dont l'affec-
tion morale était grande, par la crainte d'un anévrisme, était guéri le
trentième jour.
J'ai cru devoir, dans ce cas, suspendre l'administration de la digitale
quelques jours après l'émission sanguine, afin de m'assurer de la réalité de
son action sur le C(Eur. Dès le troisième jour de cette suspension, le pouls
était revenu à 80 pulsations la reprise du médicament l'a ramené de nou-
:
(1) Essai sur la digitale pourprée, traduit de l'anglais par F.-G. Murât, 1812.
382 DIGITALE POURPRÉE.
(Nous verrons plus loin que ces nausées ont pu être attribuées, depuis la
publicalion de la deuxième édition de cet ouvrage, à l'action nauséeuse de
l'acide diyitoléique.)
3" Mais, sîtivant certains auteurs,
(( l'accoutumance peut s'établir pour
l'action sur les centres nerveuxéblouissomcnts, etc., sans doute
(verli{j;es,
quand ces accidents sont léi^ers), et l'on voit ordinairement ces inconvé-
nients disparaître après quelques jours de l'usage de la digitale (1).
« Il est rationnel, cependant, disent ailleurs tfoniolle et Quevenne (2), de
rendre l'usage du remède intermittent, par suite de celte considération que
l'action de la digitale et de la digitaline persiste, s'accroît même après le
temps de l'administration, et que dès lors il y a tout avantage à laisser des
temps de repos au malade.»
La manière d'agir de la digitale, comme celle de beaucoup d'autres sub-
stances, laisse encore beaucoup de praticiens dans l'incertitude. Plusieurs
médecins allemands ou anglais, tels que Joerg (3), Sanders, Hutchinson (4),
admettent dans la digitale une propiiété d'accélération primitive sur le
centre circulatoire, qu'elle ne déprimerait que consécutivement. Suivant
Rasori, la digitale ne diminue pas seulement la fréquence et la force des
pulsations, mais elle produit encore sur la circulation toutes sortes d'irré-
gularités. Cet agent, dit ce médecin, mériterait plutôt d'être appelé pertur-
bateur exclusif ûu système sanguin. La plupart des médecins français et an-
glais considèrent celte plante comme ayant une action sédative directe sur
la circulation. Suivant le professeur Bouilland (5), ce qui distingue surtout
la digitale des autres plantes usitées en médecine, c'est la faculté, en
quelque sorte spécifique, de narcotiser le cœur. La persistance de cet effet
après la cessation de l'usage de la digitale a été constatée par presque tous
les observateurs. Jorel (G) a même rapporté des exemples de l'accroissement
d'action en pareil cas. Sanders admet aussi implicitement cet accroisse-
ment lorsqu'en pai'lant du grand affaissement que peut produire l'adminis-
tration trop prolongée du médicament, il dit « Le pouls, loin de s'élever
:
dij;ilale chez une personne dont cet organe fonctionne régulièrement, s'ac-
compagne toujours d'une certaine augmcntaliou dans leur force d'impul-
sion, et ne peut ôtre assiniilre à uni; yrrilahli! srdalion. Celle-ci, pour se
m;tiiiresler, suppose» né(;essaireiiienl un niouNcmeiiL désordonné, une per-
luil);ilion fonctionnelle du e(eur, i)rée.\isl;uil à l'emploi de la digitale, et
n'est en réalilé (pie le reloui- ;\ l'élal normal.
« La digitale, administrée à dose tliéi;ipeuli(juc, ne dépiime donc pas
Taelion du cœur, ne lait pas baisser le diapasou de sa conlractilité; le ra-
lenlisseuienl (pi'elle détermine dans les mouNcments de cet oigane ne doit
pas être i)ris pour synonyme de ralentissement de la circulation, et cepen-
dant nous devons faire oljsi>rver que, dans l'esprit d'un grand nombre de
praticiens, les idées de sédation et de i-alentissement de la circulation sont
synonymes et corrélatives de celles de diminution de fré([uence du pouls.
« La modification imprimée à la circulation par la digitale et la digita-
line ne doit donc pas ùtre considérée comme déprimante mais plutôt ,
rait que dans certaines conditions mal connues son action sur les reins....
Enfin, il faut dire encore, ajoutent-ils plus bas (1), que l'on considère fiéné-
urée, chlorure sodique, phosphate et sulfate; l'acide urique seul est aug-
menté, quoique l'acidité reste la même. Le poids spécifique de l'urine est
aussi diminué) (3).
Nous sommes porté à croire que l'action diurétique est intimement liée
;\ la dose donnée est-elle toxique?
: il y a anurèse; est-elle thérapeutique?
l'elfet désiré est obtenu.
D'après les Corvisart (i), de Laroche (5), de Brug-
observations de L.
mans (6), la une action spéciale sur les organes génitaux.
digitale exerce
Cette action, suivant Brugmans, est hyposthénisante. (Pour Stadion, la digi-
tale doit occuper le premier rang parmi les antiaphrodisiaques.)
11 y a aussi à mentionner l'action altérante ou de résorption interstitielle,
plante. Mon ancien collègue et ami Ferrand, dans une remarquable étude
publiée dans le BuUctin de thérapeutique juin 18Go, s'exprime ainsi
, « La :
digitale doit être rapprochée des altérants. Elle va chercher dans le sein des
tissus les produits épanchés pour les faire rentrer dans la circulation, dont
elle accroît ainsi la tension, jusqu'à ce qu'une diacrise vienne, comme la
diurèse, rétablir l'équilibre avec le taux normal de la tension vasculaire. Son
action primitive serait donc cellulaire et non vasculaire. » Signalons enfin
l'action sur les organes sécrétoires autres que ceux de l'urine, tels que ceux
de la sueur, de la salive, et qui, pour être plus rare, n'en a pas moins ap-
pelé l'attention des observateurs. (Stadion cite comme un symptôme carac-
téristique de l'usage prolongé de la digitaline une affection particulière de
la muqueuse nasale se déclarant sous la forme d'un violent coryza.)
En résumé,
l'action physiologique de la digitale a lieu :
3° Sur les reins, où, bien que moins constante, et souvent subordonnée
à un état particulier ou morbide de l'organisme, elle se manifeste par une
7" Sur des organes sécrétoires autres que ceux de l'urine, tels que ceux
de la sueur, de la salive, du mucus nasal, etc., cette action a été plus rare-
ment observée.
(Jusqu'il présent, nous avons confondu la digitale et la digitaline, aux-
quelles Homolle et Onevenne accordent des propriétés identiques. Il faut
pourtant i-econnaitre, avec Hirtz, que la digitaline ne représente pas toutes
les propriétés de la digitale. L'un des auteurs de la découverte de l'alca-
loïde a bien vu cette diflerence; mais la digitale pourprée et ses diverses
préparations ne possèdent, selon lui (1), aucune action physiologique utile
qui n'appartienne en propre à la digitaline. La digitale contient, au point
de vue physiologique et thérapeutique, deux principes actifs l'un, la digi-
:
Thérapeutique. —
C'est principalement en vue de son action sur la circu-
lation et sur la sécrétion urinaire que la digitale est aujourd'hui em|)loyée
en thérapeutique. « Et si ce n'était, disent Trousseau et Pidoux, l'école
contro-stimulante d'Italie, qui en a fait un usage héroïque et plus puissant
que la saignée dans le traitement des fièvres et des phlegmasies aiguës, les
traités de matière médicale moderne devraient se borner à la mentionner
exclusivement dans le traitement des affections organiques ou non organi-
ques du cœur et des épanchements séreux. » C'est trop restreindre l'emploi
thérapeutique de la digitale des faits nombreux ont attesté son utilité dans
:
d'autres maladies.
Dans les affections organiques ou non organiques du centre circulatoire,
la digitale agit très-efficacement en régularisant les battements tumultueux
et trop fréquents du cœur. Le soulagement que ce médicament procure est
tellement remarquable dans ces aflections, qu'il a pu faire croire à la gué-
rison dans des cas où la persistance des signes matériels d'une lésion or-
ganique ne permettait pas au médecin de l'espérer. Toutefois, l'emploi
de la digitale, indiqué quand il y a hypertrophie, contractions énergiques
des ventricules avec ou sans dilatation, est évidemment nuisible dans la di-
latation des cavités du cœur avec amincissement des parois, débilité géné-
rale, teinte violacée de la face, froid des extrémités, menace d'asphyxie, etc.
Dans les palpitations résultant d'une surexcitation primitive du système
nerveux, l'effet de la digitale sur le cœur est bien moins marqué et même
souvent nul c'est directement sur la cause première qu'il faut agir, et non
:
sur le cœur, qui n'est que sympathiquement atteint ou seulement sous l'in-
fluence d'une concentration essentiellement vitale.
25
386 DIGITALE POURPRÉE.
Après avoir établi dans les maladies du cœur une division principale
entre les troubles fonctionnels ou dynamiques et les atrections organiques,
AVittfield (1) pose, comme contre-indication à l'emploi de la digitale, l'état
hypcrsthénique aussi bien que l'atonie profonde du cœur. « La saignée,
dit-il, devra précéder son administration, s'il y a turgescence de la face,
dureté et plénitude du pouls, forte impulsion du cœur, vertiges, etc. » Et
plus loin «Lorsque les forces sont très-déprimées, surtout avec répulsion
:
même auteur, en cela d'accord avec tous les praticiens, réussit souvent à
soulager l'horrible anxiété des malades.
De tous les sédatifs auxquels on puisse recourir, dit Bouillaud, le plus
efficace, le plus direct, le plus spécifique, c'est incontestablement la digi-
tale, ce véritable opium du cœur.
Pour Beau, au contraire (2), la digitale est un tonique spécial du cœur :
effet devient lui-même une cause qui tue le malade avant que la lésion
essentielle soit arrivée à sa dernière période. Dans ce dernier cas, la digi-
tale agit à la. fois comme sédative et comme diurétique contre les palpi-
tations et contre l'hydropisie. Gomme diurétique elle est si énergique
qu'après quatre ou cinq jours de son usage, les hydropiques rendent quel-
quefois 6 litres d'urine en vingt-quatre heures, quoique dans le même
temps ils n'aient pris que l litre de boisson. Cette diurèse ne commence en
génértil que trois à cinq jours après l'emploi de la digitale, et elle est
annoncée par la limpidité des urines, lorsque celles-ci étaient auparavant
troubles et sédimenteuses. Quand ce changement a lieu, lors même que la
sécrétion urinaire n'est pas augmentée, je puis pronostiquer avec certitude
le succès désiré c'est un fait de séméïolique que j'ai constamment ob-
:
dans lesquels j'en ai fait usage, l'albumine, au lieu d'augmenter, a été rapi-
dement et convenablement en diminuant. Dans un cas, elle avait disparu
entièiement et en quelques jours, et elle n'a pas reparu tant que le malade
est resté en convalescence, soumis à mon observation. Dans l'autre cas,
elle avait disparu également; mais, quelques joiu's après, elle reparut,
quoique en moindre proportion. La digitaline, qui provoque la sécrétion
exagérée de l'urine, n'a donc pas, plus que la digitale et les autres diuré-
tiques, l'inconvénient d'aggraver l'irritation rénale particulière qui carac-
térise comme cause ou comme effet la maladie de Bright. »
J'ai souvent employé avec avantage, dans les affections organiques du
cœur et les hydropisies, la digitale associée à la scille, au colchique ou à
l'azotiilt' (!(' potasse. Ces ni(''laujics aclivcnt l'adion (iiiirrticiiic, parfois assez
lente ;\ s'élahlir par le seul ciiiploi de la di^^ilale.
(( II l'iddiix, de voii- des malarles rpii,
n'est pas caie, disenl Trotisseau cl
à la d'attaques de ^'oiitle inipiiidernnienl traitées \),u- les |)iinies de
suile
Lartif;ne, le sirop de Honhée, l'eau de \'i(hy trop lon}i;teinps continuée, les
pui'^alil's drastiques, Unissent par toinhei' dans utu! cachexie déplorable,
Hcconqiatrnée d'oppiession habituelle d'inlillration des extrémités inlé-
,
(1) Cité par Bidault de Villicrs: Essai sur les propriélcs médicales de la diijilale^'l" cdit., 1812.
(2) HihlioUièque thérapeutique de Baj'le, t. III, p. 99.
(3) In Bidault de Villiers, p. 19, 21, 87.
(U) Journal des connaissances médico-chirurcjicales, iain 18Ji.
(5) Bulletin de thérapeutique, 185G, t. LI.
(6) Annuaire de Doudtardat, 1800, p. 129.
390 DIGITALE POURPRÉE.
comme un remède souverain contre la cardite. Son emploi m'a été très-
utile dans le rhumatisme aigu pour prévenir, par son action ralentissante
sur le cœur, la rétrocession phlegmasique du principe rhumatismal sur cet
organe. L'opium, administré à l'intérieur ou appliqué sur les articulations
douloureuses, favorise cette rétrocession, d'un côté par son action stimu-
lante sur le système sanguin, de l'autre par son action locale stupéfiante. La
digitale, associée au nitre, contre-balance ces effets de l'opium, et permet
l'usage de ce dernier, de manière à concilier les avantages de ces agents
médicamenteux sans en redouter les inconvénients. Je fais prendre d'abord
le mélange de 2 à 4 gr. de nitrate de potasse et de 20 à 40 centigr. de
poudre de digitale, divisé en six doses à prendre de quatre en quatre heures.
J'augmente graduellement la dose de digitale, suivant l'intensité des sym-
ptômes, l'état de l'estomac, la tolérance, etc., et j'arrive souvent à 73 centigr.
dans les vingt-quatre heures. Une pilule de Ti centigr. d'extrait gommeux
d'opium est administrée dans l'intervalle de chaque prise de digitale et de
nitre, et seulement une matin et soir dans les cas les plus simples. Lorsque
l'estomac du malade ne peut supporter la pondre de digitale, je donne la
teinture alcoolique de cette plante dans l'eau de laitue édulcorée, ou la di-
gitaline en granules à dose relative et progressivement augmentée. Par
cette médication, les douleurs se calment, la concentration irritative du
cœur diminue, le pouls se ralentit, devient mou, régulier, développé, une
diaphorèse générale s'établit et se soutient pendant tout le traitement. La
guérison est ordinairement obtenue du septième au quinzième jour.
Chez les sujets vigoureux, à tempérament sanguin, une ou deux saignées
du bras sont nécessaires au début de la maladie, surtout quand la réaction
IV'brile est intense, le gonflement articulaire considérable et les douleurs
très-vives.
Shot et Dierboeh employèrent la digitale contre la péritonite puerpérale ;
(Delpech, dans son service de la Maternité de Paris, a essayé avec un certain
succès la digitaline, que Serre avait préconisée contre les fièvres puerpé-
rales. Les cas où elle parait indiquée sont ceux où il y a prédominance de
phénomènes généraux, et peu ou pas encore de phénomènes locaux.) Thorn-
ton et Nieman ont mis la digitale en usage contre la scarlatine compliquée
de congestion cérébrale; Mac-Lean, dans les rougeoles graves accompagnées
de toux, de difficulté de respirer, d'une fièvre intense.
(Plus récemment. Durât, médecin à la Louisiane, a associé la poudre de
digitale à celle de belladone pour obtenir la manifestation cutanée chez
les enfants dont le travail exanthéniateux se fait mal ou est nul; dans les
cas où il y a répercussion. Sous l'influence du traitement (toutes les heures
un paquet contenant 3 centigr. de poudre de belladone et o centigr. de
poudre de digitale), il se produit une éruption artificielle favorable.
L'une ou l'autre plante, employée isolément, est bien moins hé-
roïque) (1).
Reil {in Giacomini) loue beaucoup la digitale contre les fièvres qui sont
accompagnées d'une surexcitation très-prononcée du système circulatoire.
J. Frank la préconise aussi dans le traitement des fièvres accompagnées
d'éréthisme et de chaleur brûlante. Haase l'a prescrite contre les fièvres
angioténiques. Currie, Thomas, Piasori, Glutterbug, l'ont proposée contre
les fièvres continues.
(Depuis ces derniers temps, surtout en Angleterre, on emploie la digitale
dans la période d'éréthisme de la lièvre typhoïde et dans toutes les maladies
inflammatoires.)
Cette plante paraît avoir été efficace contre les fièvres intermittentes entre
pecta digitalis; Icgo tamcn mipcrum tcstimoniuin de usu dccocli propter scro-
fidas, in despcrato pctie casu, diu sumpti, qiiod cutis pcr squamvias dcflueret.
Ce médecin rapporte des observations de scrofules dans lesquelles la digi-
tale a été employée avec succès.
Merz donne dans son opuscule (o) trois observations qui sont loin
, ,
(2) Cette médication paraît avoir pour origine une pratique populaire suivie depuis un temps
immémorial dans les campagnes d'Irlande, où les fair^j vomen (fées ou guérisseuses) ont par-
fois guéri l'épilepsie en administrant l'infusion de digitale jusqu'à elTct éméto-catliartique.
Cette infusion se préparait ainsi Feuilles fraîches de digitale, 120 gr. (équivalent en moyenne
:
à 25 gr. de plante sèche), pilées et infusées dans une pinte de bière ^5G7 gr.). On donnait tous
—
les trois jours 120 gr. de cette infusion, ce qui représentait environ /i.72 de digitale. D'après
un autre mode d'administration, on réitérait cette dose toutes les trois heures jusqu'à vomis-
sement.
(3) The Lancet, 1832.
DIGITALE POURPRÉE. 395
alarmé sur son compte, dit-il; car l'heure qui suivit l'administration de la
potion se passa sans vomissements, ce qui est extraordinaire. La prostration
était excessive, le pouls très-irrégulier, intermittent, à peine sensible,
à 4-4, etc. Mais heureusement le vomissement survint, et elle ne cessa de
vomir pendant trois jours. »
Il est étonnant que de tels succès n'aient point appelé davantage l'attention
(1) Consultez à ce sujet: Corrip;an {Lond. and Ed. Journ. of med. se, 15 mars 1855), Nc-
ligan (Medicmes, thcir use and mode ofadm., 3* édition, p. 311. Dublin, 1851), Corneille {Re-
vue médico-chininiicale, l»'' août 1858, p. 404), et un intéressant article de Duclos [Bulletin de
théraprulique, ISOO, t. LIX, p. 337"!.
(2) SuUecert. délia di(jit.,nellealienaiioni ment., et suUa suaaiione in générale. Padova,
1812.
396 DIGITALE POURPRÉE.
prompte par cette voie que par la peau (2). Je préfère ce moyen à la mé-
thode endermique, qui nécessite l'application répétée et plus ou moins dou-
loureuse d'un vésicatoire et produit toujours de la phlogose. L'introduction
de ce médicament dans le gros intestin n'exige pas moins de précaution que
son administration parla bouche. J'ai plus d'une fois observé, dans le cours
de ma pratique, que les substances énergiques données en lavement avaient
un effet aussi prononcé et quelquefois môme plus prononcé que par leur
ingestion dans l'estomac. L'emploi de ces substances doit faire exception à
la règle générale établie dans tous les livres de thérapeutique, et qui con-
siste à doubler ou tripler les doses qu'on injecte dans le rectum. L'expé-
rience m'a dicté à cet égard des précautions dont je ne m'écarte jamais.
Radcmacher, de Berlin, emploie la digitale à lextéricur dans les cas de
croup où il est impossible de l'aire avaler quelque médicament que ce soit
aux petits malades. Ce médecin met en usage une ])ommade composée de
8 gr. d'extrait de digitale et de 30 gr. de cérat; il lait recouvrir toute la
partie correspondant à la trachée-artère, depuis l'os hyoïde jusqu'à la partie
supérieure du sternum, avec des compresses largement enduites de cette
pommade il fait réitérer ces applications très-souvent dans les vingt-quatre
:
morbides; 2° injecter une petite quantité d'un liquide irritant plutôt qu'une
grande quantité d'un liquide affaibli; 3>* tenter d'abord la ponction simple,
puis l'injection d'un liquide à la dose de quelques gouttes; à une deuxième
ponction, augmenter, s'il le faut, la quantité, sans altérer la qualité. Il est
à désirer que d'autres faits viennent confirmer l'efficacité de ce moyen dans
le traitement des kystes ovariques, contre lesquels les injections iodées ont
compté quelques succès. —
(Il reste, en outre, à se demander quelle part
doit être assignée dans le résultat à la digitale, et si l'alcool n'a pas été, dans
cette circonstance, l'agent principal, sinon exclusif.)
de (lij;ilaline contre les palpitations «lu cd'nr. L'efl'et produit n'est pas plus
certain que celui obtenu par le médicament pris ;\ l'intérieur, et le procédé
a le grand inconvénient d'être dangereux. Ki'lenmeycr a plusieurs lois in-
jecté la digitaline i\ la dose d'un soixantième de grain, et chaque lois il a
remarqué comme IMctzer que rinjcction était suivie de vomissenuînt et de
sensation de brûlure i\ la gorge; cncoi-e l'action sur le cœur se l'ait-elle at-
tendre deux ou trois jours. La solidjilité variable des difréi-enles digitalines
dans l'eau lui a lait [choisir la glycérine; pour excipient. Il emploie la l'or-
nude suivante Uigitaline, ri cenligr.; glycérine, de A à G gr. eau distillée,
: ;
8 gr.
Nous pensons que ce mode d'introduction de la digitaline dans l'écono-
niii-doit être formellement rejjoussé i\ cause de son peu de supériorité sur
l'emploi à l'inlérieur et surtout en vue des dangers qui peuvent s'en suivre.)
Careno, de Vienne, dit avoir reconnu à la digitale jaune des vertus diuré-
tiques plus prononcées que celles de la digitale pourprée, sans en avoir les
inconvénients. Giulo l'a administrée en frictions, avec le plus grand succès,
dans un cas dhydropisie générale accompagnée de dyspnée et d'autres
symptômes graves. (Roques.)
(En médecine vétérinaire, la digitale, donnée à la dose de 4, 8 et 10 gr. de
poudre de feuilles, aux chevaux atteints de la pousse due à l'emphysème
pulmonaire, atténue beaucoup et fait même disparaître momentanément la
respiration entrecoupée qui caractérise cette afî'ection.)
Cette plante (PI.. XVII) est très-commune sur les rochers, dans les mu-
railles des puits, des citernes, dans les lieux humides et à l'ombre.
Description. —
Racine fibreuse, très-forte. —
Feuilles en faisceau, à pétioles
courts, étalées en rosette, airondies à leur sommet, vertes eu dessus, couvertes en des-
sous de paillettes blondes, imbricpiées, scarieusos et brillantes, recouvrant la fructifica-
tion. Les pétioles oITrcnt à leur partie supérieure une espèce de feuille découpée alter-
nativement d'un côté et d'autre jusqu'à la côte du milieu.
Les feuilles sont usitées. Elles sont d'une saveur un peu acerbe, laissant un arrière-
goùt de suit.
[La doradille, rue des murailles, ou sauve-vie {A. ruta muraria, L.); la
doradille polytrée {A, n^ichomanes, L.); la doradille noire {A. adianthum ni-
gnim, L.) ou capillaire noir, jouissent des mêmes propriétés.]
Le cétérach, fort usité jadis, n'est pas, comme on le croit aujourd'hui,
dépourvu de propriétés. Il est diurétique et astringent. On l'emploie dans la
diarrhée, le catarrhe pulmonaire, l'hémoptysie, le catarrhe de la vessie, la
néphrite, la gravelle, et la plupart des maladies des voies urinaires, où un
ZiOO DOlïOMC.
Le doronic, plante vivace, croît dans les bois montagneux des Alpes et des
Pyrénées, en Allemagne et même en France. Pauqui {Flore du département
de la Sotnme) l'a trouvé dans les bois couverts et monlucux de Picardie.
Descriptioii. — Hacino un pou épaisse, un peu tubéreuse, oblongue, noueuse,
brune on deliors, blanclio on dedans, rampante, fibrouso, ayant en quelque sorte la
forme d'un scorpion. — Tige droite, simple, rameuse on liant, pubescente, cylindrique,
de 60 conlimèlros à 1 métré de liauteur. —
I-'euilles assez grandes, un peu velues, à
pétiole poilu, presque glalires, crénelées à leur contour, légèrement ciliées; les radi-
cales très-amples, longuement péliolées, ovales; les caulinairos amplexicaules, les
moyennes à base largo, les supérieures ovales-lancéolées. — Meurs radiées, en capitules
tei'minaux, grands; fleurons liermaplirodites tous jaunes, ceux de la circonléronce rayon-
nants (mai); les demi-fleurons femelles et fertiles. —
Calice h plusieurs folioles égales.
— Cinq étamines syngénèses, couronnées par une aigrollc simple. — Fruits akènes,
oblongs, cylindriques, puboscents, qui manquent quelquefois sur ceux de la circonfé-
rence.
Cette plante offre avec l'arnica de telles analogies, que I.amarck a cru devoir les réu-
nir. Linné les a séparés.
[Culture. — Los doronics sont propres aux grands parterres; on les multiplie
d'éclat; toute terre et toute exposition leur conviennent.]
Les auteurs ont porté sur l'action physiologique et sur les propriétés thé-
rapeutiques du doronic les jugements les plus contradictoires. Maranta,
Costœus, Matthiole, Aldrovandc, Dessenius, Jean Bauhin, le Collège de Flo-
rence et celui d'Ctrccht, le regardent comme délétère opinion qui vient,
:
avoir souvent mangé avec plaisir, et sans on ('proiivci' aucun accident, des
feuilles fraichcs de ce V(''gi''lal. Johnson eu a éf^'aleuieut mangé en grande
quantité, sans aucun inconvénient. Toutefois, Linné considère le doronic
comme suspect. En attendant, dit (illiaumetoii (I), (pie des observations
<(
iirécusahles aient assigné ;iu doronic la place qu'il doit occn[)er dans la ma-
tière médicale, je me borne à signaler les rai)ports fiap[)auls et midlijjliés
de cette plante avec l'ai-nica, qui |)orte vulgaiicmenl le nom de doronic d* Al-
lemagne. En attendant (pie nous puissions nous-mème fournir des faits sur
))
PLANTAGiNEiM.
l)ou(tN'ic.i:M —
Espècc voisiuc dc la précédente, qui croît
dans pays moulueu.\ des environs de Taris (Montmorency, Saint-Ger-
les
main), dans les bois couverts du centre de la France.
Description. — Tigo simple, iinifloro, piiliesccnle vers le sonimol. Keiiilles—
ovales, larges, les cauliiiairos ohloiiguos, aniploxicaulcs. —
Fleur terminale assez
faraude.
Description. —
Racines grêles, fibreuses, ramifiées. —
Tige cylindrique, glabre,
quelquefois pubesoente, sarmcnteuse, grimpante, atteignant environ 1 mètre 60 centi-
mètres de liauleiir. —
Feuilles ovales, cordit'onnes, alternes, pétiolées, entières, aiguës,
glabres ti leurs deux laces, quelquefois molles et pubescenles en dessous; les supérieures
souvent divisées en trois segments, le moyen très-ample, ovale, lancéolé, les latéraux
situés à la hase de la feuille beaucoup plus petits. —
Fleurs disposées vers le sommet
des tiges en corymbes rameux, opposés aux feuilles, latéraux, longuement pédoncules
(juin-septembre). —
Calice gamosépale, à cinq divisions courtes, triangulaires. Corolle —
rotacée, le plus souvent violette, quelquefois blanche, h cinq lobes un peu étroits, aigus,
rabattus en dehors, caduque. Cinq élamines s'inséranl sur la corolle. Anthères bilo- —
bées, d'un beau jaune. —
Ovaire à deux carpelles, h deux loges multiovulées. I"'iuit: —
baie glabre, arrondie, biloculaire, rouge a l'époque de la maturité, accompagnée du ca-
lice persistant, contenant quelques petites graines réniformes.
26
Û02 DOUCE-AMÈRE.
l'àcrelé ot la propriété vésicanle qui a valu à cette dernière le nom dlierbe aux gueux.
Il est facile de distinguer, par leurs caractères extéiieurs, les tiges de ces deux genres
réduite à moitié. Carrèrc en donnait 8 gr. en pendant huit jours, ce qui fait en tout six se-
décoction, en augmentant cette do?e d'autant maines. — Diminuer successivement les doses
tous les six jours. Quarin la porta à GO gr. dans la même proportion, c'est-à-dire de 8 gr.
Crichton en conseillait 30 gr. par jour en trois par semaine, pour terminer par 8 gr. par jour
fois, dans 45 gr. d'eau réduits à 30 gr., et dans la dernière semaine. —
Lorsqu'on atteint
Gardncr (1) en prescrit jusqu'à 90 gr. qu'il la dose de 40 gr. dans 1 litre d'eau, la douce-
fait prendre aussi en trois fois chaque jour. amère détermine ordinairement (|uelqncs
Quoique la douce-amère ne puisse occasionner étourdissements, quelques troubles dans les
aucun accident dangereux, il est bon cepen- idées. Ces phénomènes indiquent qu'il con-
dant d'en commencer l'usage par la dose de vient de s'arrêter et de diminuer progressive-
4 à 8 gr., et d'augmenter progressivement jus- ment les doses.
qu'à CO gr. et plus, s'il ne sur\ient aucun
Donnée à grande dose, celte plante produit des nausées, des voniissemenls,
de l'anxiété, des picotements dans diverses parties du corps, quelquefois un
l)rui'il des orp;anes j;énilaux, des évacuations alvines, une abondante sécré-
tion d'urine, des sueurs, des crampes, de légers mouvements convulsils dans
les ])aupières, les lèvres et les mains, (l(! l'agitation, de la |)('sanl(.'ur de tète,
de rinsouuiie, des vertiges, des élonrdisscmenls, en un mot, la série des
symptômes qui annoncent évidemment un principe; vénéneux tel que celui
qu'on rencontre dans d'.mtres i)lantes du même ^cnre, mais moins actil'que
dans la belladone et auli-es solané(>s. (]bez certains individus, ce principe ne
produit nu-MUe aucun ellet. Cinersent rai)]iorle avoir pris juscfu'à 15 gr. d'ex-
trait de (louce-amèr(! sans avoir éprouvé la moindre influence. Cependant
Schlc{:;el rapporte (I) un cas dans lequel l'emploi dans les vingt-quatre
heures d'une décoction faite avec les tiges fraîches de douce-amère, addi-
tionnée de 32 gr. d'extrait de la même plante, détermina l'obscurcissement
de la vue, des vertiges, un tremblement de tous les membres, la paralysie
de la langue, et une sueur froide partout le corps. Ces symptômes cédèrent
pronqitement à l'emploi d'une potion dans laquelle entrait le carbonate de
potasse. En mentionnant ce fait, Orfila ajoute judicieusement lîaranon sunt
:
artis.
Floyer dit que trente fruits de douce-amcre ont fait périr un chien dans
l'espace de trois heures; mais Dunal fait avaler à des cabiais et à des chiens
de moyenne taille, de 30 à toO de ces fruits, sans qu'il soit arrivé le moindre
accideiit à ces animaux. D'après les dernières expériences, il est reconnu
aujourd'hui que les baies de douce-amère n'ont aucune action vénéneuse sur
les animaux, et que la niort du chien dont parle Floyer doit être attribuée
;\ une cause accidentelle n'ayant eu d'autre relation avec l'injection de ces
baies, que la coïncidence de deux faits distincts.
Les feuilles de douce-amère n'ont pas plus d'action que les fruits; les tiges
sèches de cette plante sont les seules parties qui jouissent d'une énergie
généralement reconnue.
La douce-amère est stimulante, sudorifique, dépurative, légèrement nar-
cotique. On la conseille dans les affections rhumatismales et vénériennes,
les dartres, la gale, les ulcères de mauvais caractère, les engorgements des
viscères abdominaux, les scrofules, les inflammations latentes du poumon,
laphthisie, la goutte, les affections catarrhales chroniques, l'ictère, l'asthme,
les convulsions, la coqueluche, etc.
11 n'est rien de plus vague, de plus contradictoire que tout ce que les auteurs
On a trop vanté ses vertus; les plus belles espérances ayant été déçues, on
lui a refusé trop légèrement la place qu'elle doit occuper dans la matière
médicale. Les observations de Razoux, de Bertrand de la Grésie, de Starke,
de Poupart, de Swediaur, de Carrère, et de plusieurs autres médecins, ne
laissent aucun doute sur l'efficacité de cette plante contre les dartres; et si
Desbois et Alibcrt n'en ont obtenu que des succès médiocres, il faut, suivant
la remarque de Guerscnt, en attribuer la cause à ce qu'ils ne l'ont pas em-
ployée^à dose assez forte. L'usage que j'en ai fait dans les affections cutanées
chroniques vient à l'appui de celte dernière opinion. J'ai vu chez un marin
de Calais, Agé de quarante et un ans, d'un tempérament lymphatique, un
eczéma occupant les deux tiers de la jambe droite, avec exsudation séro-
purulente, et qui avait résisté pendant un an à divers traitements, guérir
dans l'espace de deux mois par l'usage interne d'une forte décoction de
rameaux de douce-amère. Les premières doses (12 gr., en augmentant tous
les jours d'un gramme jusqu'à 00 gr. par jour), ont produit des maux de
tête, des vertiges et des étourdissements. J'ai persisté et ces symptômes
;
ont disparu pour faire place à une excitation de la peau, à des sueurs pen-
dant la nuit et quelquefois à des évacuations alvines. Le succès obtenu dans
ce cas m'a paru d'autant plus remarquable, que l'on n'a pu l'attribuer à
aucun autre médicament: car le plus souvent la douce-amère étant admi-
nistrée en môme temps que d'autres substances, on ne peut en distinguer
les effets.
Je dois dire, cependant, que Wauters cite plusieurs observations rappor-
tées par Althof, et qui prouvent aussi incontestablement que cette plante,
donnée à grande dose et sans autre médicament, a guéri des affections her-
pétiques graves, des leucorrhées acres, des ulcères invétérés d'origine sus-
pecte, etc.
William a mis la douce-amère en usage dans vingt-trois cas de lèpre, dont
deux seulement, dit-il, résistèrent. Chrichton a publié un travail fort inté-
l'cssant surson efficacité dans cette maladie. Bertrand de la Grésie et Car-
rère préconisent dans l'eczéma. Gardras (1) la regarde comme le meilleur
la
remède qu'on puisse employer dans cette affection. Gardner le conseille
surtout dans les dermatoses accompagnées d'une vive irritation, telles que
l'ichthyose, le prurigo, le psoriasis. Gucrsenl (2) a cru remarquer que plu-
sieurs dartres squammeuses ou croiitcuses, qui affectent une grande partie
DROSÈRE.
Drosera rotundifoUa. L. — lias salis. — Rorella.
Rosée du soleil, — licrbe de la rosée, — herbe aux goutteux.
Droserackes. Fani, nat. — Pemaxdhie tricynie. L.
(Le drosera, plante annuelle, croît dans toute la France; les bestiaux n'y
touchent pas. Les alchimistes en faisaient grand cas; le nom c\c liosée du
soleil lui vient des gouttes dont la surface de ses feuilles est parsemée, et
qui sont le produit d'une glande spéciale.)
[Dei^ei'îption. —
r.acines filîreuses, capillaires; feuilles toiUos radicales, arrondies,
fi couvert sur les ])ords cl en dessous de poils glanduleux rouges, mêlés de glandes
liinl)o
sessilcs; liauipe porlanl au soniuiet des fleurs peliles, blanches, en gi'appes unilalérales
•et roulées en crosse avant répanouissenienl. —
Calice sans sépales soudés, Ovaire —
uniloculaire, nudliovulé, à cinq ou six placentas pariétaux, surmonlés de trois à cinq
styles libres et bifides. —
Fruit : capsule uniloculaire, graines à tête très-làche.
(Le drosera a été bien peu employé; on l'a préconisé dans l'hydropisie, la
phthisie, les lièvres intermittentes (1), en un mot, dans ces affections contre
lesquelles presque toutes les plantes ont été mises en usage. Dans ces der-
niers temps, on a tenté de le réhabiliter dans le traitement des tuhercules
pulmonaires. Currie (-2) le préconise sous forme d'alcoolatnre à dose gra-
duée de 15 à 200 gouttes et plus. La dose du reste varie suivant la période,
et est d'autant plus élevée que la maladie est plus grave. Le traitement doit
durer au moins deux ans. C'est une plante à expérimenter.
(1) Hermann, fi/ss. de rore solis. Erfurth, 1715. — Sigisbccck, De rorella. Witt., IGIO.
(2) Note à l'Institut, septembre 18G1.
408 ELLEDOIIE BLA.NC.
Vin (1 sur 15 de vin blanc ot I d'alcool A Solution (sulfate de vératrine, 5 centigr.; eau
21 degré»), 20 à hO gr. (inusité). distilléi-, tiO centigr.), proposée pour rem-
A i.'kxtéiukih. —
Di'coclioii, 10 à 12 gr. pnr placer l'eau médicinale de Husson, par cuil-
kildgraniino d'oau, pour lotions anti|)S()ri- lerées à café.
qucs, etc. Teinture (1 sur 150 d'alcool), de 5 centigr. à
DiToction composée (15 gr. sur 1 kilogramino 1 gr., en i)Otion.
d'oau); ajoutez, tcintui-e d'cllubore blanc,
12r> gr. (Swediaur). A i.'extéiiielii. — 'irinture, fi à 8 gr., en fric-
Vinaigre (1 sur 100 de vinaigre), jmur lotions tions.
autilier])éliqu<'s. Huile, fi h H gr., en frictions, embroca-
Ponnnade sur :V2 d'axonge. avec 3 gouttes
(/i tiiuis, etc.
d'essenci' de citron ou de berganiotte), im Huile coui|)osée (viratrii»!, /j; liuile de jus-
frictions autipsoriciues, etc. (|uiame, 500), 4 à 8 gr., en frictions, 'l-lo-
reiit.)
Vl'.nATRINE. —A
i.'iMiauKi n, comme purga- Pommade (vératrine, 5 centigr.; axonge (Cave)
tif, 1 à 2 ccntigr.; comme altérant 1 njilligr. ou glycéroli'' d'amidon, /( gr.).
à 3 centigr. très-progressiveuient. L'azotate ot l'iiydrocliloratf! de vératrine
Pilules de vératrine (vératrine, G centigr.; peuvent rtre employés comme la vératrine, et
gomme nrahique ])ulvérisée, 3 gr.; sii'O]), ont la même action.
Q. S. pour 2^1 pilules), comme purgatives,
3 pilules jiar jour.
les muscles des membres postérieurs, et quelquefois dans ceux des membres
antérieiu's alors la circulation et la respiration peuvent s'accélérer; sortie
:
pendant un mois dans 170 gr. de vin spiritueux, que l'on administre à la
dose de 1 gr. 25 centigr., non dans l'intention de purger, mais de résoudre
les embarras des viscères. Gilibert indique ce remède comme un des meil-
leurs fondants; sous celte forme, on l'a employé dans les dartres, la teigne,
la lèpre et l'éléphantiasis.
Roques pense que celte plante mérite d'être conservée parmi les plantes
héroïques; il ajoute que ses propriétés vénéneuses ne sauraient être un
motif de réprobation, lorsqu'on emploie tous les jours les poisons métalli-
ques les plus violents. La vératrine, d'ailleurs, est aujourd'hui adoptée
comme médicament.
La racine d'ellébore blanc a été mise en usage à l'extérieur contre cer-
taines maladies chroniques de la peau. Swediaur employait dans ]c prurigo
et le porrigo farosa, la lotion suivante Racine d'ellébore blanc, 15 gr. eau
:
;
135 gr. de teinture d'ellébore l3lanc. Riet s'est servi dans le traitement de la
gale, chez les personnes qui redoutaient les préparations sulfureuses, d'une
pommade composée de 4 gr. de poudre de racine d'ellébore blanc, de 32 gr.
d'axonge et 2 gouttes d'essence de bergamote, pour deux frictions, matin
KLLÉBORE IJLA.NC. Zill
et soir. Quarante malades ont 016 guéris en treize jours (durée moyenne) sans
accidenls. Ce moyen est trrs-usili'' en Allcnia^iic et en Angleterre.
(Ilarlmann (1) a obtenu un eilet reinarciiiahie de la décoction concentrée
d'elléhorc blanc contie le piiiril de la vulve.)
Dans le cas de nieiisliiialidn dirfieil(\ Stevenson (;2) conseille de praticfuer
des frictions sur le sacrum avec une ponuuade de vératre (15 gr. pour
IHO gr. d'axonge.)
La teinture d'ellébore blanc a été employée en frictions avec l'.n succès
reniai'([uable contre les laclies lié|)ali(iues. Ou coiuiait l'exlrèmc ténacité du
jntijriasis vcrsicolo7\ et rinetlicacité des moyens généralcnient employés
contre celte all'ection. Spenglcs (.'i) est parvenu ;\ la guérir en quelques jours
au moyen de l'emploi à l'extéi-ieur de la teinture d'ellébore blanc. Trois cas
remarquables rapportés par l'auteur ne laissent aucun doute sur l'efficacité
de ce moyen, dont on chercberait en vain à ex|)Iiquer le mode; d'action.
Plistonicus faisait des supi)ositoires avec l'ellébore blanc, et excitait ainsi
le vomissement. Dioclès en faisait des pessaires pour introduire dans le
vagin, et produire le même eiret. Dans les aireclions goutteuses des extré-
mités, les médecins de l'antiquité arrosaient les pieds avec l'ellébore en
décoction dans l'eau de mer; ces lotions produisaient des vomissements qui
diminuaient les douleurs des articulations.
[ Quelques auteurs ont pensé que
le veratriim viridc ou ellébore d'Amé-
rique, que l'on a tant vanté dans ces derniers temps, sous la forme de tein-
ture contre les maladies inflammatoires, telles que la pneumonie, la
pleurésie, le rhumatisme aigu, la manie aiguë, et surtout la péritonite
puerpérale, et enfin contre les palpitations du cœur, l'éclampsie, la cho-
réc, etc., etc., n'est qu'une variété du V. album; mais la racine de l'elléljorc
d'Amérique ou veratrum viridc, qu'il faut bien se garder de confondre avec
ce que nous appelons ellébore vert {ellcborus viridis, renonculacées), qui a
été décrite par K. Cutter, diffère essentiellement de notre racine d'ellébore
blanc; mais il est très-probable qu'elles jouissent toutes les deux des mêmes
propriétés.]
YÉRATRINE. —
D'après les expériences de Magcndie, la vératrine exerce
sur l'économie animale une action analogue à celle des végétaux d'où on la
relire.
(Appliquée ù l'extérieur, elle agit comme rubéfiant; introduite dans les
fosses nasales, elle détermine de violents éternuments souvent suivis de cé-
phalalgie; à petite dose ;\ l'intérieur, elle excite des nausées, des vomisse-
ments, des selles abondantes.)
résulte des expériences de Faivrc et C. Leblanc (i) que la vératrine-
Il
exerce trois actions distinctes sur l'organisme animal, suivant les doses plus
ou moins fortes de cette substance la première action a lieu d'une ma-
:
nière bien marquée sur le tube digestif; la seconde sur les organes de la
circulation et de la respiration, et la troisième sur le système nerveux et les
muscles de la vie animale. —
Première période. Augmentation de la sensi-
bilité, de la contractilité et des sécrétions du tube digestif; coliques plus
ou moins violentes, suivant les doses employées; vive agitation chez les
chevaux et les chiens; phénomènes de contractilité musculaire, intestins
contractés, mouvements péristaltiqucs notablement accélérés augmenta- ;
condaire.
La thérapeutique a cherché à les mettre t\ profit; on a tenté de provo-
quer vomissement par la vératrine, dans les cas d'empoisonnements, etc.;
le
mais, outre que le résultat désiré n'est pas constamment obtenu, l'absor-
ption du médicament peut ajouter dans certains cas à la gravité de l'acci-
dent que l'on veut traiter. Comme purgatif, on l'a essayée contre les hydro-
pisies; l'action secondaire sédative du système circulatoire trouve ses
applications dans toutes les maladies hypersthéniques de ce système, les
affections fébriles, les phlogoses en général.
L'influence sur le système nerveux a été utilisée dans les altérations qui
ont ce système pour siège, dans les névralgies, les paralysies, etc., etc.
On a en outre reconnu i\ la vératrine une action expectorante bien pro-
noncée (Xorwood) et une action altérante au moins égale à celle du calomel
et de l'iodure de potassium).
En résumé, la vératrine a été préconisée dans certaines affections ner-
veuses, dans la paralvsie, les névralgies, le rhumatisme, la goutte, l'otite,
l'otalgie, l'iritis, etc.^ et, par une action analogue à celle de la strychnine,
dans les paralysies, l'amaurose récente, l'opacité de la cornée, la cataracte,
laparacousie, la surdité, etc.
Cet alcaloïde est souvent employé concurremment ou alternativement
avec l'aconitine.
Aran (3) a non-seulement mis en usage avec succès la vératrine dans le rhu-
matisme mais aussi dans la pneumonie, en la donnant jus-
articulaire aigu,
qu'à la tolérance comme dont l'emploi, mieux connu, doit
le tartre stibié,
être préféré. (Elle a été, depuis cette époque, fréquemment usitée dans ce
cas. Ghiglia (i) associe 5 milligr. de vératrine à 5 centigr. d'extrait thé-
baïque, et forme une pilule dont il répète l'administration de six à douze
fois dans les vingt-quatre heures.)
Bardsley, de Manchester (5) a tenté quelques essais thérapeutiques avec
les sels de vératrine. L'acétate de cette base, administré par 123 milligr.
(1/4 de grain) d'abord, et porté par degrés jusqu'à 73 ou 100 milligr.
(1 grain 1/2 à 2 grains par jour) en plusieurs fois, lui a réussi dans un cas
d'hydropisie, et lui a paru aussi utile dans le rhumatisme chronique, la
sciatique et la goutte, que le colchique. Sur vingt-quatre rhumatisants, sept
ont été guéris, dix soulagés, sept autres n'en ont éprouvé aucun bien. Après
l'ingestion de ce médicament, le pouls devenait plus lent et plus faible, et
quand on forçait la dose, il survenait des nausées, des vomissements, enfin
des selles séreuses, abondantes, salutaires surtout dans la goutte.
La teinture, l'huile simple ou composée et la pommade de vératrine sont
employées en frictions dans les névralgies, le rhumatisme articulaire aigu,
(les allections oculaires d'origine nerveuse, les cataractes, les iritis, etc.
dans les douleurs de la dysménorrhée. Vannaire (G) a obtenu de bons effets
de la pommade de vératrine (10/100") employée avec frictions sur la région
ombilicale. Lafarge a expérimenté la vératrine (1/10 à 1/13 de milligr.)
Cette plante vivace (PI. VIII) croît dans les montagnes d'Italie, de la
Suisse et dans le midi de la France, les Pyrénées, etc. On la cultive par-
tout ailleurs, dans les jardins, pour la beauté de ses fleurs hyémalcs.
I>ei^ei*i|itioii. — Racino: souclie noirâtre d'où parlent dos fi])rcs épaisses, cliar-
mu'S. — Tiges liainpes di'oiles, nnos, épaisses, cylindriques, quelquefois un pou ron-
:
[Culture. —
L'ellébore noir demande un terrain sec et découvert, une terre
franche, légère, exposition h mi-spleil ; on la cullivo par éclats, ou de graines semées
aussitôt après leur maturité; elles donnent des variétés plus ou moins rares qui fleu-
rissent la troisième année.]
Kéeolte. — On peut recueillir en automne la racine d'ellébore noir que l'on cul-
tive dans du commerce est oi'dinaii'oment envoyée sèche de la Suisse.
les jardins. Colle
Elle doit êlre séchée promptomonl. Los effets plus ou moins prononcés de cette racine
déi)ondent de son dogi'é de traîchoui' ou do siccilé. Si l'on vont compter sur son efficacité,
il faut, pour ses diverses pn'paralions, Femidoyer à l'étal frais, ou du moins no pas
attendre que la vétusté l'ait privée do hos principes les plus actifs. La poudre d'ellébore
doit èlro enfermée dans dos vases bien bouchés, car elle s'altèi-e facilemonl.
Dans le commerce, l'ellébore noir est souvent mêlé avec plusieurs autres racines qui
lui sont ainsi suhsliluéos à l'insu du médecin qiu le proscrit. On y trouve celles de
Vhelleborus fœliduft, de Vhellelwrus viridis, dos vcrairum album et nitfrum, de Vostran-
tiiim major, do ['adonis vernalis, de Vaconititm napellns, de Variiica viontana, de Vactœa
spicata, etc. Cette falsilicalion, ou plutôt colto iK'gligenco, est sans doute la cause piin-
cipale do la diversité dos opinions sur les effets de l'olléhoro noii-ot sur les doses auxquelles
il convient de l'administrer. l>a racine de ce dernier, dans le commerce, est d'un brun
dilatation des pupilles; sommeil lourd et agité, troublé par des rêves; ralen-
tissement du pouls, lassitude, anxiété, etc.; 2° parfois augmentation de la
sécrétion salivaire et urinaire, vomissements, douleurs stomacales et intes-
tinales, la diarrhée est exceptionnelle; l'effet drastique qu'on attribue à cette
plante n'a pas été constaté parSchroff.
La première catégorie de faits se rapporte à l'action d'un principe narco-
tique présumé; la seconde à celle d'une substance acre. L'extrait aqueux,
moins actif que l'alcoolique, contient surtout le principe narcotique; le se-
cond les contient tous deux.
Dans le cas où l'ellébore noir entraîne la mort, celle-ci paraît être due à
Li paralysie du cœur. Schroff a observé qu'alors l'excitabilité de cet organe,
de l'estomac et de l'intestin grêle s'éteignent très-rapidement. C'est donc
un poison cardiaque. Jamais il n'a observé l'inflammation gastro-intestinale
admise en général. Dans le cas d'empoisonnement chronique, il y avait
même une anémie remarquable des organes digestifs.)
A petite dose, les anciens comme les modernes ont employé l'ellébore
noir dans les affections mentales non fébriles, dans les fièvres intermittentes,
les aflections vermineuses, la paralysie, l'hypocondrie, l'apoplexie, la léthar-
gie, l'épilepsie, les céphalalgies nerveuses, l'hydropisic, le rhumatisme, la
goutte, la chorée; dans les maladies chroniques de la peau, telles que la
lèpre, l'éléphantiasis, les dartres; la suppression des règles ou des hé-
morrhoïdes, etc.
A très-petite dose et comme altérant, l'ellébore noir paraît exercer une
action spéciale sur le système nerveux. On l'associe souvent, en celte qua-
lité, à l'extrait de valériane et à la jusquiame dans les névralgies.
Les anciens faisaient grand cas de la racine d'ellébore contre la folie.
Hippocrate la regardait comme le remède par excellence contre celte affec-
tion. Les historiens et les poètes ont célébré de tout temps les cures mer-
veilleuses opérées par l'elléborisme dans l'île d'Antycire. On pense que la
plante dont se servaient Us anciens était Vlicllcborus orientalis, dont les
propriétés peuvent être très-différentes de celles de notre ellébore noir.
Quoi qu'il en soit, l'action perturbatrice de ce dernier peut être efficace
dans cerlains cas d'aliénation accompagnés d'une sorte d'inertie, de torpeur
du canal digestif, et d'un état du cerveau et du système nerveux indiquant
la nécessité d'une forte révulsion.
Musa, Brassavole, Lorry, Vogel, ont fait l'éloge de notre ellébore noir
contre les affections mentales. Gozzi (1) l'a vu réussir chez trois individus
atteints de folie. Il administrait matin et soir une pilule de 10 centigr. d'ellé-
bore en poudre. Roques a obtenu des résultats avantageux de l'extrait de
cette plante dans le délire fébrile, où il a paru agir comme hyposthénisant
direct. Miquel, au rapport de Roques, a dissipé, comme par enchantement,
un délire frénétique au moyen du même remède, administré à la dose de
15 centigr. toutes les trois heures.
La puissante dérivation attribuée à l'ellébore noir sur les organes diges-
tifs l'a fait employer avec succès dans les hj'dropisies passives, lorsque, tou-
tefois, il y avait absence de phlegmasie péritonéale ou de lésions organiques
avec irritation. Freind et Brunncr, d'après Avicenne, l'ont employé dans
cette indication. Brunner faisait infuser une once (32 gr.) de racine fraîche
de cette plante dans 4 livres (2 kilogr. ) de vin généreux, avec une poignée
d'absinthe; il en faisait prendre un verre le matin à jeun.
Tous les médecins savent que l'ellébore noir fait la base des pilules toni-
ques et antihydropiques de Bâcher, lesquelles sont composées de 30 gr.
d'ellébore noir, de pareille quantité d'extrait de myrrhe à l'eau et de 12 gr.
de poudre de chardon bénit, dont on fait des pilules de 2 centigr. et demi.
J'ai employé ces pilules avec avantage dans quelques cas d'anasarque où il
n'existait aucune irritation inflammatoire des organes digestifs, et lorsque
la maladie avait un caractère passif bien évident.
Hildanus s'est guéri lui-même, avec la racine d'ellébore noir, d'une fièvre
quarte, et a obtenu le môme succès sur d'autres malades, 11 est quelquefois
utile de rompre, par une violente perturbation l'habitude morbide qui
,
entretient les fièvres intermittentes anciennes. Au reste, dans ces cas, tout
autre drastique produit le môme effet, ainsi que je l'ai observé à l'occasion
de l'emploi de la chélidoirie chez une jeune fille atteinte depuis longtemps
d'une fièvre quarte. (Voyez Chélidoine.)
Les anciens employaient fréquemment l'ellébore dans les maladies cuta-
nées chroniques. Aréléc et Celse, Halles cl Hildanus le recommandent dans
la lèpre, l'éléphantiasis, les affections herpétiques et psoriques.
J'ai fait prendre plusieurs fois, avec un succès remarquable, la mixture de
Rosenslein dans les affections vermineuses. Cette mixture se compose de
1 gr. 20 centigr. d'extrait d'ellébore noir, de 50 centigr. de sulfate de fer,
noir ont une propriété rubéfiante très-marquée; ces flours, écrasées et appli-
quées au bras pendant deux heures, y ont développé une plaque d'un rouge
vif. recouverte de vésicules norLbreuses, analogues à celles que produit la
renoncule. Ce médecin a essayé sur lui-môme l'application extérieure de la
racine et des feuilles, et, dans aucun cas, il ne les a vues produire la moindre
apparence de rubéfaction. (C'est sans doute à cause de cette propriété rubé-
fiante que Dioscoride faisait confectionner des pessaires emménagogues avec
les fleurs d'ellébore noir.
Les médecins vétérinaires font avec la racine d'ellébore noir des trochis-
ques irritants qu'ils introduisent sous la peau, dans les ouvertuies d'un sé-
ton, par exemple ils ont i)our but de déterminer une inflammation dériva-
;
L'ellébore fétide croît dans presque toute la France, sur les lisières des
bois, dans les lieux stériles, ombragés et pierreux.
nesrriiition. — Racine sinueuse, ;\ fibres de coulenr sonijire.—Tiges de kO à 60
cenlimètrcs, fortes, dressées, nues inféricurenient où elles présentent les niaïques des
07
—
Cet ellébore, d'une odeur fétide, d'une saveur àcrc et amcre, si on l'em-
ploie sans précaution, est aussi vénéneux que les deu.x espèces dont je viens
déparier, ayit de la njcme manière, et l'empcjisonnement qu'il cause réclame
les mêmes moyens. Il peut être très-utile comme purgatif et vermifuge
quand il est manié avec prudence. A l'exemple des anciens, qui excellaient
dans l'art de diminuer l'action trop véhémente des substances les plus délé-
tères, on peut faire macérer modérément ses feuilles dans le vinaigre, ou
les humecter sinqjlement avec cette liqueur, en exprimer ensuite le suc
pour en faire un sirop avec le sucre ou le miel. Ainsi piéparé, l'ellébore
fétide ne cause ni nausées ni vomissements. On en administre une moyenne
cuillerée le soir, et une ou deux le matin, pendant deux ou trois jours de
suite, pour un enfant de cinq à six ans. Un augmente ou l'on diminue la dose
selon l'âge ou l'état du malade. Comme cette dose produit rarement des
selles, on peut prendre ensuite un léger purgatif. J'ai employé la poudre des
feuilles de cet ellébore à la dose de 50 à 80 centigr. dans quantité suffisante
d'eau miellée, pour expulser les vers intestinaux. Ordinairement celte dose,
proportionnée à l'âge des enfants, et que l'on répète tous les deux ou trois
jours, purge suffisanmient, tout en agissant très-efficacement comme ver-
micide. On peut aussi donner les feuilles en décoction (2 à 4 gr. pour 180 gr.
d'eau), en diminuant ou en augmentant la dose suivant l'âge et les circon-
stances morbides , mais toujours en plusieurs fois et en observant ses
effets.
Bisset dit que c'est un remède qui ne lui a jamais manqué à titre de ver-
mifuge ; mais, ainsi que le fait remarquer Pinel (1), à cause des qualités
très-àcres de cette plante, il faut commencer par de très-petites doses pour
éviter l'effet irritant qu'elle peut produire sur des individus délicats et sen-
sibles.
Cette propriété vermifuge était connue depuis longtemps. Ray en parle
aussi d'après un autre auteur Folid siccata et in imivcre exhibita cum mellc
:
ELLP^BORE VERT. —
Elleborus viuidis, L. —
Ellébore noir de beaucoup
d'hcrbonsres, des jardins ; herbe à séton. —
Croît aux environs de Paris, du
Mans, en Picardie, etc., dans les haies et les vergers.
Ilesc*i*i|>tion. —
lîacine l)rune en dehors, blanchâtre en dedans, chevelue. —
Tiges annuelles, de 30 à .^0 centimètres, droites, un peu rameuses supérieurement,
feuillées seulement à partir des rameaux. —
Feuilles coriaces, grandes, lancéolées,
linéaires; les radicales longuement péliolées, celles des rameaux sessiles, à dents pro-
fondes et écartées. —Fleurs d'un vert jaunâtre, 2-5, un peu penchées (mars-avril). —
Calice un peu fermé.
L'épiairc se trouve dans les haies, les buissons, les bois couverts et un
peu luunides. Elle exhale unv odeur de i)unaise que la dessiccalion fait dis-
parailri'.
Ile.wrriplion. —
lîacinc dure cl fibrée. —
Tigo (Irf)ilf', un itfMi velue, anguleuse,
liautr ion 7.") centiniélres.
tl"eii\ —
Feuilles opposées, peliolées, eordil'ftrnies, dentées et
velues. —Fleurs puipurines, laclielées de lilane, réunies au nornbie de irois ou quatre
soutenues cliacune p.ii' une bractée el l'orniant une sorte d'é|)i lernnnal (juin-août).
— Calice velu, j:landideux. —
Corolle ])eaucou|) plus longue (pie le calice, présentant
cpiekpies taches lilanclies. —
{Onalre <''laniiiies did\iianies, a antlières blanches. Ovaire —
composé de quatre carpelles unioxuli'cs. —
Slylc lililornie. —
Slignialc bilide. Fruits —
tétrakènes, ovoïdes et glabres. )
[Culture. — On propage
aisément l'épiaire par des graines semô«s aussitôt après
leur malurile, ou par éclats de pieds opéiés au printemps.]
I9e!8cri|itioii. —
Racine ligneuse, jaune, rampante, rameuse. Tiges un peu —
pliantes, jaunâtres, hautes d'environ 2 mètres et même plus, produisant des rameaux
diffus, recouverts d'une écorce glabre, de couleur cendrée el armés à leur base de une
<à trois épines Irès-aiguës. —
Feuilles pétiolées, ovales, obtuses au sommet, réunies par
paquets alternes, dentées en scie à leur contour. —
Fleui'S d'un jaune pâle, disposées
à faisselle des leuilles en grappes pendantes, simples et allongées, accompagnées d'une
petite bractée (mai-juin). —
Calice d'un vert jaunâtre à six sépales caducs, présentant le
plus souvent un petit calicule formé de trois petites bractées. —
Corolle composée de
six pétales jaunes arrondis. —
Six étamines opposées aux pétales, munies d'anthères
bivalves s'ouvrant de la base au sommet. —
Ovaire simple, cylindrique, uniloculaire. —
(1) Les fleurs de berbéris présentent un phénomène curieux. Les étamines sont douées d'une
irritabilité telle qu'au plus léper attoucliement elles se comiactent et se portent aussitôt vers
le pistil, où elles demeurent fixées pendant un certain temps, couime pour le garantir de toute
atteinte extérieure.
Autre sini;ukuité : On regardait comme un préjugé Topinion généralement répandue que
les ém;in.itien-< de la fleur de l'épinc-vin' tte font naître la rouille et môme la carie sm- les cé-
réales. Mais Yvart, dans un mémoire lu à l'Académie des sciences en 1815, a pronv(\ par une
suite de r^ cherches et de nombreuses expériences, que cette opinion était fondée. Les expé-
riences d'Yvart ont été vérifiées par 13osc, Sageret et Vilmorin, qui ont reconnu que le- fro_
ments, les siigles et les avoines voisins d'un pied d'épine-vinette étaient infectés de rouille
^20 ÉPINE-VINETTE.
Ciilliire et réeolle. — Cet arbrisseau pi'ospèi'o dans presque tous les leri-ains.
On le multiplie de boutures, de niarcotles, de boui'geons enracinés, et de graines qui
ne poussent oïdinaireniont (|ue la seconde année. On récolte les fruits à la lin de Tété
pour les conserver entiers; ils ne perdent en se desséclianl ni leur volume ni leur
saveur.
Pro|irit*lé§i |i1iy»«i<|«ies vt e1tiiiti(|«ie<^: iij«ar|e!^ écoiioinicgues.
— 1/écurce de racine de bei'béris est Irès-auiére. kllle conlicnl deux principes égale-
la
ment amers, cristallisables, dont on a proposf" remjjloi en médecine : la berberine et
Vo.rjidcanlhiue. Les baies conlieiinent de l'acide ni;ilique et de l'acide citrique. Elles ont
la saveur et les avantages réunis de la groseille et du limon. On en prépare un rob, un
sirop, une gelée. On confit, jjour l'usage de la table, des gi'appes d'épine-vinette dans le
sucre. Les fruits encore verts remplacent les câpres. Les baies fermenlées avec de l'eau
miellée fournissent un bydromel aigrelet et fort agréable.
La racine et les tiges sont employées pour teindre en jaune la laine, le coton et le fil,
pour colorer les ouvrages de menuiserie. En Pologne, on se sert de son écoi'ce pour la
teinture des cuirs, qu'elle rend d'un beau jaune. Le suc des baies; mêlé avec l'alun,
donne une couleur d'un rouge éclalant.
[La berberine a été découverte par P)Uclmer et Herberger; Flectmann a constaté
ses propriétés alcalines, elle se dépose de sa solution aqueuse sous la forme d'aiguilles
jaunes déliées, elle ramène au bleu le tournesol lougi par un acide, forme avec les
acides des sels cristallisables: elle fond à 120", sa formule C*- 11'^ AzO''.=
Voxydcunthine a été découverte par Polex; elle a une saveur acre et amère, elle
est peu soluble dans l'eau froide, plus soluble dans l'eau bouillante, solublo dans l'alcool
et l'étlier; elle forme des sels iucristallisables.]
froide, trois verres; faites cuire jusqu'à ce que l'eau soit bouillante, retirez
alors de dessus le feu; ajoutez du sucre et laissez refroidir l'infusion; pour
une dose à prendre en cbaque jour le matin. Quelques praticiens
trois fois
ont recommandé même
écorce m^icérée dans du vin blanc, contre l'ictère,
la
sans préciser l'indication de son emploi, comme si la coloration symptoma-
tique de la peau, qui caractérise cette maladie, tenait toujours à une seule
et môme cause eflicientc
La décoction des feuilles de berbéris, avec addition d'un peu de miel, a
été employée dans le scorbut et dans quelques espèces de dysenteries.
On emploie avec avantage la limonade faite avec le suc des baies de cet
arbrisseau dans l'angine, les fièvres inflammatoires bilieuses et tyohoïdes.
Cette limonade, comme celle d'alléluia, est à la fois simple, agréable et éco-
nomique; elle est supérieure à celle que l'on prépare avec le citron. Prosper
Alpin rapporte que les Kgypiiens Uml un usage très-fréquent du fruit de
berbéris dans les fièvres malignes et pestilentielles, les flux de ventre, etc.
Ils jettent seulement une livre (oOO gr.) dans un vase contenant trente litres
d'eau ils ajoutent quelques graines de fenouil et un morceau de pain, et
;
ils laissent macérer pendant une nuit et un jour; ils passent cette infusion
i:siii.\r.0N. /j2i
causé par un trouble de-; fonctions du foie. A dose plus élevée, elle fléter-
mine ordinairement quelques évacuations alvines, sans toutefcjis agir connue
drastique. En solution dans le vin de Malaga, elle forme un tonique dont
quelques praticiens allemands ont obtenu de bons ellcts dans le traitement
des fièvres adynamiques. Koch a confirme les expériences de Bucbner, et a
en outre vanté particulièrement cette substance dans la convalescence du
typbus, du cboléra, etc. Ce médicament, préparé en grand, serait peu coû-
teux, et pourrait être employé avec avantage dans la médecine des pauvres.
L'amertume prononcée de l'oxyacanlbine et ses propriétés organolcp-
tiques, analogues à celles de la quinine, pourraient assigner à cette sub-
stance, de même qu'à la précédente, une place utile parmi les toniques
amers indigènes.
(Ces deux principes ont été préconisés comme fébrifuges.)
Cette belle plante (PI. XYIII) se trouve partout, sur les bords des eaux
stagnantes, dans les prés humides, les marais.
Description.— Racines l)lancliàtres, o])li(|nes, un peu épaisses et fibreuses. —
Tige d'une teiule roiigeàlre, pubescenle, moelleuse, anguleuse ou striée, liaute de
1 mèlrc à 1 mètre 50 centimètres, à rameaux opposés et axillaires. —
Feuilles oppo-
sées, médiocrement péliolées, dentées, divisées en trois segments lancéolés, les supé-
rieures quelquetois simples. —
Fleurs nondjreuses, disposées en corymbes terminaux à
Textrémité des rameaux et des liges (juillet-seplemlire). —
Calice lormé d'écaillés
oblongues, obtuses, imbriquées, contenant chacune cinq fleurons lubuleux, liermapliro-
dites et quinquélides. —
[Corolle monopetale, glanduleuse, à cinq dents. Cinq éta- —
mines, soudées parles anthères, qui se piolongenl au sommet en un appendice lancéolé,
obtus. —
Ovaire inl'ère, uniloculaii'e, uniovulé. —
Style persistant, dépassant le tube de
la corolle, houppe de poils à sa base, divisé au sommet en deux bi'anches sligmatifères
pubescentes, cylindracées, obtuses, ar(|uées, convergentes.] l-'ruits —
akènes, presque
:
Réi'olte. —
La plante doit être lécoltée un peu avant la floraison, et la racine au
printem|)s. Celte i-acine, peu usitée de nos jours, et qu'on trouve rarement dans le com-
merce, est plus active à l'état liais ou loi'squ'elle est jécemment desséchée.
Propriétés pliysiffiies et eliiniif|iies. —
Toutes les parties de cette
plante ont une odeur faiblement aromatique, une saveur amère, aromatique et piquante.
Les racines contiennent, d'apiès Coudel (1), de la fécule amylacée, une matière animale,
une huile volatile, de la résine, un principe anier, àcie, du nitrate de potasse, du malate
et du ])hosphate de chaux, et des atomes de silice et de fer. liighini ('2) a ti'ouvé dans
les feuilles et les fleurs un alcaloïde qu'il désigne sous le nom d'eupalonne. [C'est un
principe mal défini; il se piésenle sous la foi'ine d'une poudre blanche, d'une saveur
amère et piquante, insoluble dans l'eau, soluble dans l'éther et l'alcool absolu; elle
forme, avec l'acide sulfuiique, un sel qui cristallise en aiguilles soyeuses.]
PRÉPARATIONS PUARMACKLTIQUKS ET DOSES.
A l'intéhieur. —
Infusion ou décoction des dans le vin ou dans la bière, de 30 à 60 gr.
feuilles, de 30 à 00 gr. par kilogramme par kilogranmic.
d'eau. Suc des feuilles, de ?0 :\ 120 gr.
Décoction des racines dans l'eau, ou infusion A —
i,'i:\TK.i!nan. Feuilles en cataplasmes, dé-
coction pour fomentations, lotions, etc.
contre le choléra, se dirigera aussi, nous l'espérons, sur notre modeste eu-
Cette plante (PL XVIII), une des plus belles espèces d'euphorbe parmi
celles de l'Europe, se trouve sur les lisières des grandes routes, dans les
terrains sablonneux et boisés, et est plus abondante dans les parties tempé-
rées de la France que dans les départements du Nord. Je la cultive dans
mon jardin ; elle se sème d'elle-même.
Deseriptioii. —
Ilacines droites, pivotantes, iiisil'ormes, pi'ésonlant quelcpies ra-
meaux allcrni's. — Tiges
dressées, cylindriques, lisses, d'un vert un peu rougeâlre,
ramifiées au sonuiiet en forme d\)ml)eile, liantes d'enviion 1 mètre 50 centimètres. —
Feuilles opposées, sessiles, noniljieusos, lisses, oblongues, lancéolées, linéaires, d'un
vert glauque, les paires alternant en fbiine de croix. —
Fleurs solitaires, monoïques,
presque sessiles, d'un jaune vei-dàlir, pliisie\n's mâles et une femelle placées dans les
bifurcations des rayons de rombelle (juin-juillet). [Le fout eniermé dans un involucre
caliciforme, composé de feuilles de même forme que les caulinaires, soudées à la base,
et de bractées, dont cinq extérieures en Ibrme de croissant à cornes glanduleuses, cinq
intérieures dressées, minces et frangées; l'ombelle est tiès-ample, ordinairement à quatre
matièi'e cristalline, une l'ésini^ ])rune, une matière colorante exiraclive, de l'albumine
végétale. L'huile biune acre parait être le princifie actif; elle a une odeur el une sa\em-
désagn-aldes, (pii la lapprochenf beaucoup de l'Iiuile de croton, bien que son analogie
avec cette (lei'nièi'e |)ùt le l'aire supposer, Fliuile d'épurge n'esl pas soliible dans ralcool.
On prépaie l'huile d'c'purge, 1" par exjji'ession, 2" par l'alcool, .3" jiar i'é'fher.
Le Codex a ad(q)té l'huile obtenue par sinqtle expiession. Le médecin qui voudrait en
employer une autre devrait la pi'escrire d'une manière sp<'ciale. 'Martin Solon a reconnu
que celle (pi'on oblienf par rélher purge comme celle obtenue par l'alcool, mais qu'elle
ne donne j)as autant de nausées. L'huile d'épurge par expression est celle que j'ai adop-
tée dans ma pratique ruiale comme étant plus lacilement obtenue. Le procédé consiste
à diviser les graines par la contusion, et mieux encoie par le moulin, à les exprimer
ensuilc dans une toile de coutil, à soumelire le pioduit à la fillration. On obtient ainsi
une liuile d'un jaune clair et Irés-fluide, d'une saveur acre.
PRÉPARATIONS PHARMACELTIQLKS ET DOSES.
A i-'iNTÉniEiiR. — Semences, G à 12, entières, Lavement : huile d'épurge, 1 gr.; décoction de
comme catliarticiiie, éméto-catliartique ou mt rcuriale, 500 gr.; amidon, 5 gr.
drastique.
Suc (inusité), quelques gouttes. Bulliard conseille d'administrer l'épurge de
Huile dess('mences par exjjression, 30 centigr. la manière suivante « Vous faites infuser
:
à 1 gr., en pilules, ])otion, etc. 8 gr. de feuilles, des tiges ou des fruits de
Mixture, eau distillée de laitue, 100 gr. eau ; tithvmale encore vert, dans une livre d'eau
de menthe, siro)) de roses, d^- chaque 25 gr ;
tiède, dans laquelle on délaie une cuillerée de
huile d'épurge, 8 à 15 gouttes, ;\ prendre en miel, et l'on prend de cette eau d<; la même
deux fois h peu d'intervalle. (Reis.) manière que l'eau (''métisée, c'est-à-dire que
Autre : Huile d'épurge, 8 à 12 gouttes; sucre, l'on en prend d'abord deux cuillerées, une
gr.; infusion de guimauve ou de semences
ti heure après deux autres cuillerées, et de demi-
de 100 gr.
lin, heure en demi-heure une nouvelle ruillerée,
Pilules, huile d'épurge, 8 à 15 gouttes, ma- jusqu'à ce que ce remède produise l'etlet qu'on
gnésie calcinée, Q. S., pour 5 pilules. en attend. 11 fait, à chaque fois que Ton
Pastilles chocolat à la vanille, 10 gr., sucre,
: prend de cette eau, avaler un petit bouillon
5 gr.; amidon, 2 gr.; huile d'épurge, 30 gras.
gouttes; mêlez exactement et faites 30 pi-
lules que \oMs aplatirez sur une ])la(|uc de A L'EXTÉniEtn. — Huile en frictions, 1 à 2 gr.;
fer-blanc cliautVéc; 8 à 10 pilules pour une feuilles et suc on topique.
purgation. (Bailly.)
l'ai vue déterminer unc^ diarrhée rebelle chez un cultivateur qui en avait
pris quinze semences dans im jaune d'œuf. Ce ne fut qu'après un long usage
des mueilagineux et des opiacés que je parvins à le guérir. Au reste, dans
les circonstances où l'énergie de l'épurge est indiquée, le médecin n'a d'au-
tres précautions à prendre que celles que réclame l'enjploi de la scammo-
née, de la scille, de la g'omme gulte, etc.
Les feuilles fraîches d'épurge et de quelques autres espèces d'euphorbe,
avec lesquelles on frictionne la peau, produisent aussi la rubéfaction; mais
je leur préfère les frictions huileuses préparées avec la semence conmie je
l'ai indiqué plus haut. Le prix élevé de l'huile de croton et de celle d'épurge
obtenue par l'alcool ou l'éther n'en permet pas l'usage à l'extérieur dans la
médecine des pauvres.
On a employé l'épurge pour faire disparaître les verrues. Le suc en
topique a réussi dans le traitement de la teigne c'est sans doute à sa pro-
:
priété épilatoire qu'il faut attribuer son efficacité dans cette affection. J'ai
connu une femme de la campagne qui se chargeait charitablement de guérir
tous les teigneux du canton au moyen 1" d'un cataplasme composé de
:
EUPHORBE CYPARISSE. —
Petite ésule, —
eithoriîe a feuilles de
cvrr.Ès, des paysans ,
iiiiiiiAuiiE —
elimiorde a feuilles linéaiues. Ell- —
pJiorbia cijparissias (L.); Tiihxjmnlus f»y/^armifl5 (C. Bauh., Tourn) Tithymahis
—
;
minimus angustifolius annuus (J. Bauh.); Esida minor (offic). Cette i)lante
croît partout, sur les lisières des chemins et des bois, dans les lieux in-
cultes.
]te^i>ri|)tioii. — Racines un peu presque simples.
giêlos, —
Tigos di'oitcs, lier-
liacccs. liantes de 25 à /lO cenliiiièlres, des rameaux stériles chargés
donnant naissance ci
[CiiKiii'e. —
La plante sauvage suffit grandement à la consommation; on la pro-
page de graines semées au printemps.]
Ainsi que d'autres espèces de la même famille, la petite ésule a des
propriétés analogues à celles de l'euphorbe épurge. Sa racine avalée, même
en très-petite quantité, excite de violents vomissements et purge abondam-
ment. C'est à sa vertu drastique qu'elle doit le nom vulgaire de rhubarbe des
paysans. Cette plante est jilus active encore que l'épurge; elle enflamme,
corrode et ulcère la membrane muqueuse du tube digestif. Orfda a fait
périr un chien en lui administrant loO gr. de suc de petite ésule. Toutefois,
son àcrcté peut être corrigée soit en la faisant macérer pendant vingt-quatre
heures dans le vinaigre, dans le suc d'oseille ou toute autre liqueur acide,
soit en la faisant dessécher selon le procédé de Coste indiqué pour l'épurge.
Dans cet état, on peut l'administrer comme drastique en substance à la
dose de 50 centigr. à 1 gr. Geoffroy l'employait même à la dose de l gr.
25 centigr. à ï gr. On en a quelquefois donné les feuilles en décoction dans
le lait ou dans l'eau de racine de guimauve, à la dose de 8 gr.
EUPHORBE RÉVEILLE-MATIN. —
Euplwrbia hclioscopia (L.); Tithyma-
his hcJioscopius Bauh, T.).
(C. —
Plante annuelle très-commune dans les
terrains cultivés et principalement dans les jardins, qui doit son nom fran-
çais à ce que, lorsqu'on se frotte les yeux après l'avoir touchée, on y
éprouve des démangeaisons qui empêchent de dormir.
])e.*m*ri|itioii. — Tige dressée, ronde, de 20 à 30 centimètres de hauteur.
lisse,
— Feuilles alternes, spatulées. glabres, dentf'cs dans moitié supérieure. —
leui' T'ieurs
jaunâtres, ombelles à cinq rayons ou bi — Involucres à cinq
trilides. ovales, folioles
grandes, dentées. — Bractées opposées ou ternées, (juin-août). etc.
vient dans la sy[)lnlis dans le cas où le nicrcnir ne peiil èlie donné sans
inconvénient.)
fl) f(ecliei(hes et abservalions sur la possibililé de remplacer l'ipécacuanha par les racines
de plusieurs euphorbes indigènes, 1811.
Û30 EUPHRAISE OFFICINALE.
dans les maladies atoniqucs, des drogues étrangères qui ne sont que des
sucs résineux plus acres dans leurs plantes \ivaces que celui de nos tithy-
males. »
« Les anciens, dit Coste (1), n'avaient ni la connaissance du tartre slibié,
ni les ressources de l'ipécacuanha ils se servaient fréquemment des ra-
:
que l'on a plus d'une fois substituée aux diverses espèces d'ipécacuanha du
commerce.
J'ajouterai à ces considérations thérapeutiques, que les drastiques sont
supportés plus facilement dans le Nord que dans le iNIidi, dans les cam-
pagnes que dans les villes, dans les lieux bas ot aquatiques que sur les mon-
tagnes. De là, les opinions diverses ou opposées des praticiens sur l'action
plus ou moins véhémente de nos euphorbes et des autres drastiques indi-
gènes. J'ai été plus d'une fois à même d'observer que tel médicament de ce
genre, administré sans inconvénient aux paysans, occasionnait chez les cita-
dins, où le système nerveux est habituellement surexcité, des superpurga-
tions et dos accidents sympathiques très-graves. L'action des médicaments
énergiques est évidemment subordonnée à l'état du système nerveux.
Cette jolie plante croît sur les pelouses, sur la mousse, au bord des ruis-
seaux. Son nom Euplirasia exprime la joie, le plaisir. [Elle est considérée
connue parasite par Decaisne].
1teii«cri|ition. — nacinos coni])OSCPS de ri])i'cs ])lancliàtres, Irès-moniics. —
Xiges
de 10 à 20 centimèlios, souvent lanieiises, quelquefois simples, pubcscenlcs, d'un bnm
foncé. — Feuilles petites, ovales, sessiles, alternes, quelquefois opposées, dentées, d'un
joli vert. —Fleurs Ijlanclies. quelquefois bleuâtres, marquées de lignes violetes, axil-
laires, presque sessiles, rapprochées vers la partie supérieure des rameaux en une sorte
d'épi (juillel-aoùl). — [Calice monosépale, velu, glanduleux, divisé en quatre lobes, à
tube marqué de cinq côtes saillantes. — Corolle un peu velue, monopétale, à deux
lèvres, la supérieure en casque, rini'éiieure à trois lol)es maculés de jaune à la base].
— Quatre étamines didynanies plus comtes que la corolle, qui est tachée de jaune en
dedans. — Ovaire libre^àdeux loges, surmonté d'un style filiforme ternu'iié par un stig-
i
—
mate en tète]. Fruit capsule lenfermant des semences tort petites, d'un brun foncé,
:
fCiiltiire. —
La culture de l'euphraise, comme toutes celles des plantes parasites,
présente de grandes difficultés; il faudrait semer les graines dans un endroil où, préa-
lablement, on aurait fait venir des espèces sur lesquelles elle croît, ce qu'on ne sait
pas encore d'une manière positive: mais l'espèce sauvage suffit à la consommation.]
(1) Essai botanique, chimique et pharmaceutique sur les plantes indigènes, etc. Paris, 179G-
FAUX ÉB^iMIîR. liU
lâche jaune qu'on observe sur ses fleurs est reniaiffuable on lui a trouvé ;
la l'orme d'un œil, dit Chaumeton, et, à une époque où l'absurde systèm(i
des signatures élail (M1 vigueur, on en a conclu ({ue i'cujjluaise devait être
un remède inlaillible contre les maladies des veux.
Le cytise des Alpes (Cytis, nom d'une île de l'Archipel, selon Pline, où
cet arbVe abonde) est cultivé dans nos bosquets, dans les promenades pu-
bliques, quelquefois naturalisé dans les bois ou les haies. Les chèvres et les
moutons mangent avec plaisir ses feuilles et ses rameaux. Son bois dur,
pliant, servait autrefois à faire des arcs, et on peut l'employer en cerceaux,
en échalas, en treillage, etc.
Ses«*i*iptioii. —
Tronc de 5 à 7 mètres de hauteur et mftnie davantage écorce ;
d'un gris-\erl. —
Feuilles trifoliées, péliolées, à folioles ovales-oblongues, velues en
dessous. —
Fleurs jaunes, en grappes pendantes, munies de petites bractées vers le
sommet, axiliaires (mai-juin). —
[Calice pubescent soyeux, tube campanule couit, linihc
divisé en deux lèvres très-courtes. —
Corolle à étendard ovale dépassant les ailes et la
carène. —
Dix étamines monadelphes. —
Ovaire simple, terminé par un stigmate oblirpie.
— Fruit gousse [lubescente, soyeuse, comprimée, bosselée, à bord supérieur, épais,
:
La semence de cytise des Alpes, prise aune certaine dose, irrite fortement
le tube digestif, produit des vomissements, des déjections alvines abon-
dantes, la superpurgation, et, secondairement, des synq)tùmes nerveux plus
ou moins graves caractérisant une véritable intoxication.
Des personnes ayant essayé l'emploi de ces semences comme aliment,
ont été' prises dc^ vomissements, de coliques violentes et de flux de ventre
très-abondants (:2). Haller avait déjà signalé les propriétés vénéneuses du
heures plus tard, la mère apporta le reste des pois dont la fille avait mangé,
et qui n'étaient autres que des graines de cytise. On administre une forte
dose d'huile de ricin. Le soir, les spasmes musculaires reparaissent avec
plus de violence, surtout à la face chaque muscle de la face paraissait se
;
Le fenouil croit en France, en Italie, etc., dans les terrains pierreux, les
décombres; en France, on le cultive dans les jardins.
nesri*i|i4ioii. — Uaciiin ,'illong(^o, rusil'oriiio, épaisso, do la grossour du doigt. —
Tiiios di'oitcs, cvliiidiiqiics, raniouscs, d'tni vcrl assoz l'oiicô, liantes
de 1 à 2 mètres. —
{"('uillos à découpures noinhieuses et presque capillaires, à pelioles ampicxicaulcs. —
J''leurs disposées on omliellos teniiinales, à rayons nonihroux soutenant des ombellules
courtes et ouvertes (jiiin-juiilei). —
Calice ù cinq dents trés-pelitos. Corolle a cinq —
pétales jaunes. —
Cinq elainines très-longues, étalées. Ovaire simple, à deux lose*—
uniovuléos. —
Deux styles courts. —
Fruits consistant en deux akènes petits, .-':':^.
ovales, marqués de trois nervures en dehors.
[Culture. —
Quoique le fenouil vienne bien dans tous les sols, il préfère une
terre sèche, légère et chaude; on le propage de graines semées en place, il so ressème
do lui-même; le fenouil d'Italie se cultive comme le céleri, mais il devient bientôt acre
el très-aromatique en France aussi est-il bon de faire venir des graines tous les ans.]
;
Propriétés physiques
et eliimiques. Le fenouil exhale une odeur —
agréable, aromatique très-prononcée; sa saveur est vive, piquante. Il contient une
huile essentielle incolore ou jaunâtre. Son stéaroplène a la même composition que celui
d'anis. —
Les confiseurs se servent des semences de fenouil comme de celle d'anis. —
[L'huile liquide, d'après Cahours, ne contient pas d'oxygène, et elle a la môme composi-
tion que l'essence de térébenthine.]
23
Zl3i FENU-GREC.
'M) gouttes.)
Description. —
Racines grêles, allongées, fibreuses. —
Tige droite, herbacée,
fistuleuso, liante de 50 à 70 centimètres. —
l-'euilles médiocrement pétiolécs, composées
de o loliolcs de forme ovale, arrondies à leur sommet, rétrécies à leur base. Fleui's —
jaunâtres, axillaires, solitaires, qneltjuefois géminées (juin-juillet). —
Calice tnhuleux
presque diaphane, a cinq sépales égaux. —
Corolle papilionacée, à caréné très-courte,
à ailes un peu ouvertes. —
Quarante élamincs diadelphes. —
Ovaire simple à une seule
loge nuilliovulée. —
Un style et un slygmale simples. —
Fruit gousse étroite, longue
:
[Ciilitire. —
Le fenu-grec est plutôt cultivé comme plante fourragère que comme
plante médicinale; il demande une bonne exposition et une terre légère et chaude; on
le sème en place au printemps, il ne demande ensuite que des soins ordinaires.]
lat^ineiise à .')(!() jj;r. d'eau. Klles recclenl en oiilie, en pelilc quanlilé, un principe légè-
renieul aciil' d'où pmvienl leur odeur. [Ci! principe esl le niènic que celui que Ton
Uduve dans la lève louka, le n)élilot, elc, on le nomme coiuiuivinc] (C"'11''0-).
l'UÉPAnATIONS l'IIAKMACKUTIQUES ET DO.SES.
\ L'iNTÉniEun. — Semences, décoction, 30 gr. Farine, eu cataplasme.
par 500 gr. d'eau pour tisane. Les principales compositions où Ion fait en-
trer lo funu-giec stmt \c sirop de niarrube
\ L'EXTKniKiii. —
Semenros , décoction GO :\ blanc, riiiiiie do iinicil;ine, les farines émol-
120 gr. pur 1,000 ^r. d'eau, pour lotions, 1 lieiites, l'onguent (l'alllK-a, lo niondilicatif de
lavements, injections. I
résine, l'onguent iiiarlialian.
La gr.inde
qiiantilé de mucilage que contiennent les graines do fenu-grec
les rond adoucissantes, émollicnlcs, lubrifiantes. On peut employer leur
décoction avec avantage à l'intérieur et en lavement, pour apaiser rirrilalion
de rapp;irc'il digestil' dans les diarrhées, la dysenterie, l'empoisonnement
produit par des substances corrosives, la gastro-entérite chronique, elc.
Mais c'est surtout à l'extérieur qu'on emploie les semences de fenu-grec,
en décoction dans l'ophthahnie, les aphthes, les gerçm-es de lèvres et du
mamelon. Kn cataplasme, la graine de fenu-grec convient pour calmer la
douleur et favoriser la résolution dans le phlegmon et autres inflammations
e.xternes.
Celte plante est cultivée dans les potagers et dans les champs pour son
fourrage et pour sa graine. On la croit originaire des bords de la mer Cas-
pienne.
Sescription. —
Tige blanchâtre, carrée, vigoureuse. —
Feuilles grandes, ailées,
à quatre tbiioles ovales, entières, d'un vert glacé de blanc à leurs deux faces. Fleurs —
réunies cinq à six sur un pédoncule lorl court. —
Corolle blanche, marquée d'une tache
noire et veloutée au milieu de chaque aile. —
Calice à cinq dents. Gousse grande, —
coriace, un |jeu rcnllée. —
Semences oblongues ; ombilic terminal. La grosseur et la
forme des semences durèrent suivant les variétés.
[Culture. —
I>a fève se sème de février à la fin d'avril
;
pour en avoir de bonne
heure on sème en décembre et en janvier, en rayons ou en loutTes; lorsqu'on les ré-
colle vertes pour les manger, on peut, en coupant la tige du pied, espérer une seconde
récolte.]
Les fèves, considérées comme aliment, sont difficilement digérées par les
personnes délicates. On leur a attribué une action aphrodisiaque qui. sans
doute, est sympathique de l'irritation qu'elles peuvent causer dans les or-
ganes digestifs.
consommation elle vient dans tous les sois, et se propage facilement par graines, par
;
tanner les cuirs. Cette plante est donc douée d'une certaine astringence. Les racines,
|
cueillies à. la fin d'automne, exhalent une odeur analogue à celle des fleurs d'oranger.
Uàpées fraîches, elles communiquent à Feau une couleur rosée, et déposent une fécule
amylacée dont Bergius a obtenu une colle excellente. Ces racines ont fourni dans les
temps de disette une ressource alimenlaire. Gilibert en a retiré une farine de bonne qua-
lité, après les avoir fait cuire et pulvériser.
Les médecins savent aujourd'hui a quoi s'en tenir sur la vertu lithontripti-
que qu'on leur attribuait autrefois. Mais elles sont diurétiques, ainsi que les
leuilles, et se rapprochent, sous ce rapport, de la reine des prés ou ulniaire,
et peuvent être employées comme celte dernière dans Thydropisie. Leur
astringence léfière les fait utiliser en décoction (30 à 60 gr. par kilogr.
d'eau) dans les diarrhées et la dysenterie, après la période d'irritation, et
avant d'en venir à des astringents plus énergiques. (Thomas Burnet les pla-
çait « inter specifica » contre la ménorrhagic.)
Cette fougère (PI. XTX), placée d'abord parmi les polypodes, ensuite dans
les aspidions {aspidium), est aujourd'hui rangée dans la tiibu des polystics
Z,38 FOUGÈRE MALE.
(polystichiim) on nephrodes {ncjyhrodium). On la rencontre partonl, dans lo?
lieux incultes, dans les bois, les haies, les lieux montueux, etc.
I9e$$«>i*i|»tion. —
rdiizôme, improprement nommé racine, long de 15 à 20 centi-
mètres, de la grosseur du pouce, noueux, ecailleux et brun à l'exlérieur, blanchâtre à
l'intérieur. — Feuilles amples, lisses, d'un beau vert, cassantes, deux lois ailées, à pé-
tiole court, brun et couvert d'écaillés caduques folioles alternes, rapprochées, profon-
;
l'extrémité, qui ne présente plus qu'une pointe pinules de ces folioles nondjreuses,
;
[Ciiltaive. —
La fougère mâle est assez commune pour qu'elle puisse suffire aux
besoins de la médecine on ne la cultive que dans les jardins de botanique et d'agré-
;
Il lésulte des recherches de Tinibal-Lagrave que l'on vend dans le commerce, sous
le nom de fougère mâle, les rhizomes de toutes les fougères qui croissent dans nos
campagnes, telles que Vaspid'uim augiUnre, Vaspidium uculeatiim. Valhjrmm filix fce-
mina, etc. « Sans doute, dit Tiinbai, l'analogie des caractèies botaniques peut bien
« faire supposer l'analogie des propriétés thérapeutiques; mais cela n'est vrai que dans
« un certain nombre de cas. Les exceptions sont nombreuses et concluantes. »
Le principe médicamenteux des plantes varie, de quantité au moins, d'individu à in-
dividu, suivant qu'il a poussé dans un endroit sec ou humide, qu'il a été cueilli dans
telle ou telle circonstance d'âge ou de saison. Souvent même toutes les parties du même
végétal ne contiennent pas la même quantité du principe actif qui le caractérise. Com-
ment donc en serait-il autrement dans des échantillons pris |)armi des espèces voisines?
Timbal, connaissant les difficultés qu'éprouve le pharmacien ordinaire à bien choisir
parnn les fougèi'es du commerce fougère mâle, trace ainsi qu'il suit leur
la véritable
diagnose difTérentielle :
« Le rhizome de la fougère mâle est de moyenne grosseur; les racines qui l'accom-
« pagnent sont très-noires, fines les restes des pétioles sont assez ramassés, un peu
;
Du travail de Timbal l'on doit tirer cette conclusion pratique qu'il ne faut pas :
dos subslances exotiques Irés-coùleuses, avant ciin' des cxpéneiices comparatives aient
établi sa valeur exacie (1).
cristallisé (pi'il avait appelé jUicUw. Lucke a repris l'élude de ce composé qu'il nomme
acide filiciqne. il se dépose sous la lornic de ci-oùles j;uines dans l'extrait élhéré. On
peut le pui-ifier en le lavant avec de l'alcool étliéré, et en dissolvant le résidu dans
î'élhcr bouillant, qui le laisse déposer ))ar le refroidissement sous la forme d'une poudre
blanc jaunâtre et cristalline. Cet acide est insoluble dans l'eau, l'alcool faible et l'acide
acétique. Il se dissout dans l'alcool absolu bouillant et dans l'élher. Il fond à IGl degrés
cl se piend par le refroidissement en une masse transparente el d'un vert jaunàtie ; à
une lempéralure plus élevée, il se décompose en dégageant une odeur d'acide butyrique.
La dissolution étliérée possède une réaction acide. L'extrait éthéré de la racine de fou-
gère mâle lenferme, irdépendanuuent de l'acide fdicique, une huile verte qu'on en
extrait en le délayant dans un peu d'alcool et d'étlier, el en précipitant par l'eau. Cette
huile verte est saponiflablc el fournil un acide gras liquide, que l'auteur appelle acide
filixoide(1).
[Toutes ces recherches auraient besoin d'être confirmées; d'après Desclianips (d'.\ val-
lon) el Collas, le principe actif de la fougère racâle serait une matière résineuse qui est
extraite par l'alcool et lepréscnlée par l'extrait alcoolique; quant à l'extrait éthéré ou
huile éihérée, elle est inaclive ou à peu près.]
Allard, pharmacien (3), a trouvé dans le rhizome de fougère niàlc un produit astrin-
gent qui lui parut propre à remplacer le cachou, le l'atanhia, etc.
Les bourgeons frais, suivant l'analyse de Peschier, de Genève, contiennent une huile
volatile, une résine brune, une huile grasse, une matière grasse solide, des principes
colorants verts et vert-brun rougeàtre, de l'extractif.
C'est le mélange des corps gras el de la résine avec l'huile volatile qui donne à la
souche de fougère niàle la propriété vermifuge.
U kilogr. l/'2 de feuilles sèches de cette plante ont donné, par la com])Ustion, 380 gr.
de cendres, qui ont produit 60 gr. de carljonate de potasse. La cendre de fougère entre
dans la composition de la porcelaine de la Chine : elle sert aussi à la verrerie el à la
fabrication du savon.
En INorvége el dans les contrées septentrionales de l'Europe, on mange les jeunes
pousses de fougère mâle comme les asperges. Les habitants de la Sibérie font bouillii- la
racine dans la bière, ce qui donne à cette dernière, suivant Plenck, une odeur agréable
el un goût de framboise. [Vndè yrutiis oiior snporqne rubi.) Cette racine a, dit-on, servi
à faire du pain en 169/i dans les montagnes de l'Auvergne. Dans quelques confiées, on
la donne aux porcs pour les engraisser. Pendant les grandes sécheresses de l'été, quand
les pâturages manquent, on peut aussi donner aux vaches el aux bœufs la fougère verte
el tendre. Alèlée à la paille, elle olfie une bonne nourriture pour les troupeaux.
Les feuilles de fougère servent, dans nos campagnes, à composer la couche des en-
fants. Les coussins et les matelas qu'on en fait sont beaucoup plus sains que ceux qui
sont faits avec la plume. On les recommande surtout aux scrofuleux et aux rachitiques.
[Nous avons parlé ailleurs de rassoclalion des graines de cilrouille avec rexlrait al-
coolique de fougère inàle. (Voyez Citrouille.)]
La fouyère était connue dès la plus haute antiquité comme plante médici-
nale, et notamment comme vermifuge. Dioscoride, Galien, Pline et Aëtius
la signalent comme téniluge, et Avicenne ajoute qu'elle provoque l'avorte-
raent.
A une époque plus rapprochée de nous, on a en outre préconisé la souche
de cette plante comme adoucissante, tonique et astringente; elle a été em-
ployée contre la goutte, le rachitisme, le scorbut, les embarras viscéraux.
Un a été jusqu'à lui attribuer la propriété d'activer la sécrétion du lait, de
rappeler l'écoulement des règles, et de provoquer, ainsi que l'avait dit
Avicenne, l'expulsion du fœtus.
Les auteurs des siècles derniers, à l'exception de Simon-Pauli, F. Hoff-
mann, N. Andry et Marchand, ont révoqué en doute la vertu ténifuge de la
fougère mâle. Cullen la regarde comme inerte, parce que, dit-il, l'estomac
en supporte des quantités considérables sans malaise, comme si cette sub-
stance ne pouvait agir d'une manière spéciale et toxique sur les cntozoaires
en général et en particulier sur le taenia, .sans porter sérieusement atteinte à
la muqueuse gastro-intestinale. Alibert et Gucrsent disent n'avoir retiré au-
cun avantage de cette racine employée seule, et attribuent aux drastiques, à
la gomme gutte, à la scammonée, les effets du remède de M"" Noulfer (Voyez
Préparations pharmaceutiques et doses), remède que Louis XV acheta 1,800 fr.
et dont rimportancc diminua dès qu'il fut connu.
^
Cependant des observateurs judicieux tels que Gmelin, Hufeland, Went,
Kroll, attestent que le rhizome de cette plante a pu .seul, et sans l'associa-
tion d'aucune substance, tuer et expulser le Uvn'nx. Ilouzel (1), de Saint-
Etienne-aux-Claux (Corrèze), dit avoir administré ce ténifuge avec succès
plus de cent cinquante fois pendant une pratique de quarante ans (Voyez
Préparations pharmaceutiques ci-dessus). Ce praticien cite deux cas de réus-
site où la racine de grenadier avait échoué. Daumerie, de Bruxelles (2), a
rapporté quatre cas de succès, dont deux dans lesquels le ver a été expulsé
en entier sans le secours d'aucun autre médicament. Un de mes amis. —
(1) Revue médicale, octobre 1840.
(2) Archives de la médecine belge, septembre 1841.
FOLT.l-RE MAF.K. 'l^l
La fougère femelle a été aussi préconisée comme ténifugc. Malgré les as-
sertions de Hallcr, d'AlsIon et d'Andry, qui ont élevé sa vertu anthclmin-
thique au-dessus de celle de la fougère niàlc, les effets réels de ce médica-
ment sont encore à constater, attendu qu'on l'a presque toujours associé à
diverses substances résineuses et purgatives plus ou moins énergiques. La
vertu abortive qu'on lui a attribuée de temps immémorial mérite, comme
celle de la fougère mâle, l'examen attentif des praticiens.
Tout le monde connaît cette plante vivacc et surtout les fruits agréables
qu'elle porte.
Ile6cri|i4ioii. —
Racines noiràfj'es, filireusos, cylindriques, rameuses. Tiges —
herbacées, stolonilères, velues. —
Feuilles radicales, tVifoliolées. —
Fleurs blanches,
terminales (au printemps et en été). —
[Calice à cinq divisions, étalé, acconqingné d'un
calicule aussi à cinq divisions. —
Corolle rosacée à cinq pétales entiers. i-Llamines —
Irès-nombrouses insérées sur le cilice.]— l'Yuit akènes petits, durs, portés sur un ré-
:
[Culture. — Le
haisier est peu difficile sur le choix du terrain cl il exige peu de
clialeur pour arriver à maturité. Le nombre considéraliie de variétés de fraises a été
divisé par Porteau en six classes que Ton distingue par leur pojt, leur couleur, la gran-
deur el la structure des fleurs et aux qualités de leur fruit; toutes aiment une terre
douce, chaude, substantielle, riche en engrais bien consommé sans être trop forte; elle
ia\isirii\. /ifi3
on le jette sur un tamis en crin, au travers duquel le jus s'écoule. Ce jus est mis en
bouteille et chaulle d'après le procédé Appert. Ainsi préparé, le sirop de fraises est
d'une belle couleur, d'une odeur agréable el d'une saveur qui rappelle celle de la fraise.
Il |)eul être conservé d'une année à l'aulre sans s'altérer. »
[O'après Buignet, la proportion el l;i nature des sucres varient beaucoup dans les
fraises; ainsi les fraises Colline d'Elirlutrell l'enferment, pour 100 de matière sucrée, 56 de
sucre de canne el 64 de sucre intervei'li; les fraises renferment encore de la pectine,
de. l'acide peclique, de l'acide malique, etc.]
La racine de fraisier est d'une odeur nulle, d'une saveur amère et astringente. S.'
décoction est d'une couleur rouge. Elle contient du tannin et de l'acide gallique.
Substance incovipalible. — Le sulfale de fer.
Filtrez. On administre
cette boisson par cuillerées h bouche toutes les trois
heures jusqu'à ce que les symptômes alarmants aient disparu. Blackburn
cite plusieurs observations desquelles il résulte que, dans des cas de dysente-
rie où les moyens ordinaires avaient échoué, il a suffi de dix cuillerées de la
décoction de feuilles de fraisier pour produire une amélioration qui, bientôt,
a fait place à une ^uérison complète.
Malgaigne a publié dans le Journal de médecine et de chirurgie j)ratiques,
t. XIX, une observation très-intéressante de diarrhée chronique, avec ané-
Ecrasées dans l'eau ou en sirop, les framboises forment une boisson ra-
fraîchissante qui convient dans les fièvres inflammatoires, bilieuses, l'an-
gine, le scorbut, etc.
Les feuilles du framboisier, inodores et légèrement styptiques, ont les
mêmes propriétés que celles de ronce. On s'en sert en gargarisme dans les
irritations phlegmasiques de la gorge et comme détersives. Suivant Mac-
quart, ses fleurs sont sudorillques comme celles de sureau.
La fraxinelle (PL XIX) est une belle plante vivace qui croît spontanément
sur les collines pierreuses et dans les bois élevés de la France méridionale,
de la Suisse, de l'Italie, de l'Allemagne, etc., et cultivée dans les jardins
pour la beauté de ses fleurs. Elle résiste aux hivers les plus rigoureux de
nos climats, et elle prospère dans presque tous les terrains et à toutes les
expositions.
nescription. —
Racines blanches, épaisses, rameuses. —
Tiges simples, cylin-
driques, rougeàtres, velues, glanduleuses, droites, de la hauteur de 60 à 80 centi-
mètres. —
Feuilles alternes, pétiolées, ailées, avec une impaire, ressemblant en quelque
sorte à celles du frêne (d'où le nom de fraxinelle) ; folioles ovales-aigués, d'un vert lui-
sant, denticulées. parsemées de points transparents. —
Fleurs alternes, pédonculées,
formant une belle grappe terminale blanche ou purpurine (juin-juillet). —
Calice pubes-
cent, glanduleux, visqueux (ainsi que le pédoncule), d'un rouge-brun. —
Comlje à cinq
pétales dont quatre supérieurs et un inférieur. —
Dix étamines, [longues, inégales, dé-
clinées vers la partie supérieure de la corolle, à filets pubescenls à la base, glanduleux,
rougeàtres et recourbés au sommet; anthères obtuses. —
Ovaire stipité, globuleux, à
cinq angles arrondis, couvert de poils et de glandes d'un rouge foncé, à cinq loges trio-
vulé*s, surmonté d'un style court.] —
Fruit : capsule à cinq loges et à cinq côtes.
Parties usitées. — La racine.
[Culture. —
Le dictame blanc demande une terre franche et une exposition
chaude ; onpropage de graines semées en terrines ou en plates-hlandcs ; aussitôt
le
après leur maturité on les repique en pépinière et on les multiplie aussi par éclats de
pieds.]
médicale, est celle de fraxinelle, tandis que les feuilles de dictanie désignent les feuilles
du diclame de Crète. La partie ligneuse de la racine du diclame blanc est inerte on la ;
de 1 à 2 gr. en potion. I
Cet arbre croît dans toute l'Europe et est connu de tout le monde. Les
émanations délétères de son feuillage sont très-nuisibles aux végétaux qui,
par le voisinage, en reçoivent l'influence. La cantharide ordinaire {lytta
vesic.) habite le frêne dans le Midi, et en est avide au point de laissera peine
à ses ieuilles le temps de se développer. Les feuilles de frêne sont Ijroii-
tées avec avidité par les chevaux, les bœufs, les chèvres et les moutons.
Elles donnent au lait des vaches qui s'en nourrissent une saveur désagréa-
hlo. On rnnnait l'iitililo cin lirnc dans los arts et flans l'économie rurale cl
(lonies(i([ne.
II('i4«*i*i|itioii. —
Tronc droit, élevé, revêtu crime écorrc unie et de couleur cen-
drée br.iiK'lit's ()|)|)()s('m's, rameaux vcrdAtres.
; —
Feuilles opposées, ailées, composées de,
neuf à treize folioles imparipcniK-es, ovales, lancéolées, dcnti-N'-es, filalnes, d'un vert un
peu l'onré en dess\is; pétiole renll(' à son inserlion. —
Fleurs sans pf'-lales, lieniia|)Iiro-
dites on l'emelles sur des pieds sépai'i's, queliincfois sur le même pied; les licrmapliro-
dites ayant deux élamines, un pistil conitpie, tendu an sommet. Fruils: samares meni- —
l)rane\ises, ol)lonj;;nes, un peu compiimi'es, lerniini'es pai- une lan;j;nelte mendjiatiense,
ce qui les lait appeler langue d'oiseau (Uiujiia avis); ayant une loge lonlermanl une se-
mence allongée, comprimée, roussàtre.
[CiiKiire. — Le
frêne croît dans les terrains les plus secs comme dans les plus
marécageux ; on le pro|);ige aisément par ses graines qui lèvent spontanément dans les
lieux frais et ond>ragés cette espèce a donne |)liisieui-s variétés parmi lesquelles nous
;
citerons les //v/x/hk.s jaspidea, Dest. ; aiirca. Willis; avfjenlea, Desl.; peitdula, Ail.;
horiumtalis, Dest.; verrucosa, Dest.; munopItijUa, Dest.; atrovirens, Desl., et cris-
pa, 15osc. I
RéeoKe. — Les
de frêne doivent être cueillies lorsqu'elles laissent suinter
feuilles
une es|)éco de gomme
visqueuse, ce qui a lieu, selon les climats, au mois de mai ou de
juin. On les fait sécher à l'ombre. Ces feuilles valent mieux sèches que vertes. Les
écorces doivent êli'e prises au printemps de préférence sur des branches de trois à
quatre ans, séchées promptenienl et conservées dans un lieu sec.
Pi'opriélés |>liy!<>iif|iies vt ciiiniiqiiej^. —
Les feuilles et l'écorce ont
une saveur amèro, acre el astringente. Leur diîcoclion noircit par le sulfate de fer. La
quantité de tannin que conlienl l'écorce la rend ])ropre au tannage des cuirs. On relire
de celte écorce une couleur vert pomme, d'aj)rès Dandjourney, el de son bois, à l'état
frais, une couleur vigogne. —
Les semences onl une saveur acre et piquante. Elles recè-
lent un principe amer el un peu aromatique el du tannin. En Anglelei're le j)euple les
cueille avant leur malurilé pour les confire dans le vinaigre et les employer comme as-
.saisonnemenl culinaire.
.Mandet, pharmacien à Tarare (1), dans l'élude qu'il a entreprise de nos fébrifuges in-
digènes, a concentré ses recherches sur l'écorce du frêne. Afin de rendre l'expérimen-
talion clini(|ue plus facile, il a eu l'idée d'en isoler le principe actif, auquel il a donné
le nom de fntxiiiini', el que .Mouclion, qui a aussi obtenu le même principe, a appelé
fraxinïie. On l'obtient en agitant le décodé de l'écorce avec du cbarbon el traitant en-
suite par l'alcool; ,000 gr. d'écorce à son maximum de développement (de 1 centimètre à
1
A l'extériei'r. —
Décoction de l'écorce, 15 à Décoction ou infusion des feuilles, comme laxa-
60 gr. par icilogramme d'eau. tif, 8 à 15 gr. pour 250 gr. d'eau.
Poudre do l'écoice, 10 à 24 gr., comme féljvi- Décoction ou infusion des semences, comme
fuge. Cette dose c--t répétée trois ou qu'itrc toni<|ue et diurétique, 10 à 30 gr. par kilo-
fois par jour dans l'intcrmission, pendant gramme d'eau.
plusieurs jours. Poudre des semences, comme tonique et diu-
Extrait aqueux de l'écorce, comme fébrifuge, rétique, 4 à 15 gr. en substance dans le vin,
i à 8 gr. en électuaire, etc.
Extrait alcoolique de l'écorce, comme fébri-
fuge, 2 à û gr. A l'extéiiieur. —Décoction des feuilles ou de
Décoction de l'écorce de la racine, comme pur- la racine, en lavements, fomentations, lo-
gatif, 45 gr. pour 750 gr. d'eau (Martin- tions, cataplasmes, etc. — Feuilles sèches
Solon). cliaulïées.
lx'4S FRÊ-NE.
Fraxinine, comme fébrifuge, de 1 à 2 gr., en faites infuser pendant trois heures dans deux
L^lectuaire, pilules, etc. tasses d'eau bouillante (100 gr.); passez à tra-
crée et aromatisée (avec une pincée de feuilles l'autre le matin au lit ou en se levant, et la
de menthe), par tasses à thé, toutes les trois troisième au milieu de la journée, entre les
heures, ou seulement le matin à jeun, et le deux repas. On continue cette médication une
soir après la digestion des derniers repas, sui- huitaine de jours après la disparition des
vant l'intensité de l'aficctiou; 2" en lavements symptômes, à la dose seulement de 1 gr. en
fractionnés, au nombre de deux ou trois par poudre pour deux tasses d'infusion. —
Dans
jour, ayant pour base la même formule que la goutte chronique, on peut se contenter de
la tisane; 3" feuilles appliquées et mainte- deux tasses d'infusion par jour, une le soir et
nues, pendant un temps plus ou moins long l'autre le matin mais le traitement doit être
;
(quelques heures), sur les points douloureux, continué pendant plus longtemps. —
En ayant
d'autres fois sur tout le rorps, le visage ex- recours à ce même mode de traitement tous
cepté, après les avoir préalablement fait chauf- les mois, pendant huit à dix jours environ, les
fer un peu dans une étuve quelconque (Dela- attaques peuvent être éloignées plus ou moins
rue). indéfiniment. (Pouget.)
Feuilles sèche de frêne en poudre fine, 1 gr.;
Hehvig (1) rappelle le quinquina d'Europe. Kniphof, dans son Examen des
fébrifuges, publié à iM^fnrt en 17i7, place cette écorce à côté de l'écorce du
Pérou. Costc et AVilmet l'ont administrée en poudre, à la dose de 8 gr.
réitérée de quatre heures en quatre heures, à douze malades atteints de
fièvres d'accès; huit ont été guéris; les autres n'en ont éprouvé aucun effet.
Burtin la prescrite avec succès à la même dose que le quinquina dans une
fièvre tierce. Murray (2) dit qu'on peut en donner jusqu'à 45 gr. entre
deux accès.
D'un autre côté, ïorti (3) n'en a obtenu aucun effet fébrifuge. Linné la dit
fort inférieure au quinquina, et Chaumeton assure l'avoir employée sans
succès. Ces résultats contraires ne sauraient infirmer les faits cités plus
haut et observés par des praticiens distingués et dignes de foi; mais ils
prouvent seulement que l'écorce de frêne, comme le quinquina lui-même,
ne réussit pas toujours. Ne voyons-nous pas quelquefois des fièvres inter-
mittentes céder à l'usage des fébrifuges indigènes, tels que l'écorce de saule,
la centaurée-chausse-trappe, la gentiane, la camomille, etc., après avoir ré-
sisté au sulfate de quinine?
J'ai employé l'écorce de frêne dans six cas de fièvre d'accès, tierce ou
double tierce. J'en faisais prendre la décoction à la dose de 30 gr. dans
500 gr. d'eau, répétée une et quelquefois deux fois dans l'intervalle apyré-
tique. Les accès furent coupes chez trois malades du troisième au cin- ,
quième jour de traitement. Je dois dire que chez l'un d'eux la maladie avait
déjà diminué d'intensité. Des trois autres malades, deux guérirent au moyen
d'une forte décoction d'écorce de saule et de feuilles de calcitrape, après
avoir inutilement pris l'écorce de frêne; et le troisième, dont l'état s'était
seulement amélioré, ne fut complètement débarrassé que par l'emploi de
quelques doses légères de sulfate de quinine.
eu lieu dans le Nord, ne peuvent infirmer les résultats obtenus par Bodart
sous l'infiuence vivifiante du ciel de l'Italie. Mais il n'en est pas de même des
assertions de Tablet, de Coste et Wilmet, qui ont, comme nous, expéri-
menté en France. Ici le désaccord dans les résultats ne peut s'expliquer.
Petetin, médecin de Lyon, a eu à se louer de l'emploi des feuilles de frêne
dans les scrofules. Gilibert dit avoir guéri plusieurs affections scrofuleuses
commençantes, et arrêté les progrès de cette maladie chez d'autres sujets,
au moyen de bains faits avec les feuilles de cet arbre, et par l'usage de ces
mêmes feuilles à l'intérieur. On sait que tous les toniques amers con-
viennent dans ces affections, sans pour cela posséder une propriété qui leur
soit spécialement applicable.
Delarue, de Bergerac (4), a, dans ces derniers temps, appelé Tattention
29
450 FRÊNE.
nouveauté.
— Semences planes.
[Culture. — Lorsqu'on veut obtenir des variétés, on fait des semis. Il lui faut
du non une teri-e fumée qui la ferait périr. Tous les trois ou quatre ans, vers
soleil et
la fin de juillet ou en août, on relève l'oignon pour le nettoyer; on en sépare le caïeux
et on le replante de suite à O^.SO ou O^.SS de profondeur, si l'on veut avoir la fleur
Tannée suivante elle peut passer les hivers dehors.]
;
vienne assigner à cette plante énergique la place qu'elle mérite dans la ma-
tière médicale indigène.
excoriations, les dartres avec prurit et irritation vive, les brûlures, etc.
(La thérapeutique moderne s'est enrichie d'un nouvel empois, le glycé-
rolé d'amidon (:2 à 3 gr. d'amidon pulvérisé, mêlez à poids égal avec 30 gr.
de glycérine; chauffez légèrement, jusqu'à consistance d'empois). Ce gly-
cérolé est calmant; il réussit dans les affections inflammatoires de la peau,
les gerçures des mains, du mamelon, etc.; dans les affections des pau-
pières, etc. C'est le meilleur excipient des agents actifs qu'on peut appliquer
sur la peau; contrairement aux substances grasses, il ne met aucun obstacle
à l'absorption.
La propriété de durcir par évaporation de l'eau qu'il contient a suggéré
à divers chirurgiens l'idée de se servir de l'empois d'amidon comme moyen
contentif des fractures. Seutin est celui qui a le plus contribué à la vulgari-
sation de ce moyen, et l'a érigé en méthode dite amovo-inamovible.)
J'ai adopté la méthode amovo-inamovible de ce professeur. Comparée h
toutes celles qui ont été mises en pratique jusqu'à ce jour, elle m'a paru
réunir le plus d'avantages. Les résultats heureux que j'en ai obtenus dans
une fracture du col du fémur dont fut atteint M. le capitaine de vaisseau de
Rosamel, résultats que je n'avais jamais pu obtenir jusqu'alors dans des cas
U5!i FROMENT.
semblables, m'autorisent à émettre cette opinion et me font un devoir de
rendre hommage à la vérité.
On falsifie quelquefois le saindoux avec l'amidon, ce qui lui donne de la
blancheur. Cette fraude, peu connue, est cependant assez fréquente.
( L'amidon a été proposé comme contre-poison de l'iode en présence de ;
insoluble dans l'alcool concentré elle ne bleuit pas par l'iode, n'est pas
;
Bandage dextrine. —
Dextrine, iOO gr.; cau-de-vie camphrée, 60 gr.; eau
tiède, Q. S., environ40 gr.
On fait une pâte bien homogène on y plonge les bandes, et on les roule
;
(Le prolessi-ur Sliilla avancé que la doxlriuc est un puissant di^'cslif, fa-
vorisant la l'oruialicjn de la |)C'psinc. Hecker a retiré de grands succès de
son administration dans la dyspepsie, sous la l'orme suivante Dextrine, :
Chlorure de zinc 30 30 30 30
Farine de froment. .. 60 90 125 155
Faire une pâte très-dure avec la farine et de l'eau, et y ajouter le chlorure
<le zinc en poudre.
CAUSTIQUE DE CAXQUOL\ AXTIMONIAL.
Protoclilorare d'antimoine (beurre d'antimoine) 30 grammes.
Chlorure de zinc 60 —
Farine de l'roment 100 —
Comme le précédent; seulement le chlorure d'antimoine s'incorpore à
l'état de pâte, puisqu'il ne peut être pulvérisé.]
125 gr. du meilleur pain dans 1 kilogr. d'eau; après avoir bien brisé et
passé ce mélange, rcmcttez-Ie au feu pour le faire cuire jusqu'à consistance
d'une crème légère; ajoutez-y 30 gr. de sucre et 10 gr. d'eau de fleurs
d'oranger.
L'usage du pain fait avec la farine grossièrement moulue et non blutée, à
cause de la grande quantité de son qu'il contient, est le meilleur moyen à
employer contre la constipation habituelle. Dans ce cas, on est quelquefois
obligé d'employer le pain de son presque pur.
La décoction de pain (eau panée) est adoucissante, rafraîchissante elle;
convient dans les maladies aiguës. La mie de pain entre dans la décoction
blanche de Sydenham. On corrige la crudité de l'eau en y mettant tremper
une croûte de pain rôtie deux heures avant de la boire. J'ai vu maintes fois,
à la campagne, des malades atteints de fièvre typhoïde, n'avoir d'autre res-
source que cette boisson, refuser toute autre médication, et guérir tout
aussi bien et peut-être plus facilement qu'avec le concours des nombreux
moyens employés contre cette maladie, et tour à tour vantés ou dépréciés,
suivant la prédominance de telle ou telle doctrine.
La mie de pain sert à lier les pilules, à étendre les substances actives.
On compose des cataplasmes émoUients avec la mie de pain mêlée à l'eau,
au lait ou à une décoction mucilagineuse, telle que celle de semence de lin,
de feuilles de mauve, de racine de guimauve, etc. J'ai vu employer avec
succès comme remède populaire dans les blessures, les plaies, les inflam-
mations traumatiques et autres, une tranche de pain tendre trempée dans
l'eau froide, appliquée sur la partie malade, maintenue au moyen d'une
bande de linge, et entretenue continuellement humide.
(Dans le département du Nord, des tranches de pain imbibées de vinaigre
chaud sont appliquées aux extrémités inférieures comme révulsif, surtout
chez les enfants. Le peuple appelle cela mettre les pâtes aux pieds.)
serve plus longtemps, et l'humidité n'a pas d'action sur l'énergie de ses
propriétés. Il est assez abondant pour suffire aux besoins de la thérapeu-
tique.
En 1830, Mialhe constata que ses propriétés étaient les mêmes que
(1)
celles de l'ergot deVinrent ensuite les travaux de Grandclément (2)
seigle.
et de G, Leperdriel (3), qui établirent la valeur réelle de cet agent. Depaul
en emploie la poudre avec succès, et la recommande comme la meilleure
préparation.)
îlannon la
, fumaiune est niodérrnicnl oxcilanle; à plus haute dose,
20 centij^r., elle irrite d'abord, puis elle pr(jduil des ellets contro-sliinu-
lauts. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que la lumeterre csl, suivant le
môme auteur, un hyposthénisant à la manière du quinquina et du sulfate
de quinine. Les mois ne chanf;ent point la nature des choses. On conti-
nuera donc de l'administrer comme dans tous les temps et d'après les
mêmes indications.
Je fais un usage iunu'terrc dans les tisanes dépuratives.
IVètiuciit de la
L'été, j'emploie de i)rélerence le sucde cette plante comme elle est beau-
;
sées, labiées, obtuses; ses fleurs plus grandes, ayant un éperon plus allongé, et des
bractées; l'époque de sa floraison (lévrier-avril).
Propriétés physiques et eltiniiqiies. —
Sa racine contient de fami-
don; de nourriture aux Kalmoucks et autres peuples de la Iliissie.
elle sert
[Wackenroder a isolé de la fumeterre bulbeuse un principe immédiat qu'il a nommé
corydaline. C'est une poudre blanche, insipide, incristallisable au-dessous de 100 de-
Zi60 FUSAIN.
grés; peu soluble dans l'eau, soluble dans les alcalis et l'élher; elle forme avec les
arides des sels crislallisables; elle a été trouvée dans la serpentaire de Virginie. Ruick-
lioklt la représente par C*=*ll-"0'8.]
Le fusain est un arbrisseau très-commun, qui habite les bois, les haies.
Il orne nos bosquets par ses fruits d'un rouge éclatant.
Description. —
Tiges à rameaux opposés. —
Feuilles ovales lancéolées, glabres,
péliolées, finement denticulées, un peu pendantes. —
Fleurs blancliàtres, disposées
comme en corymbe au sommet de pédoncules axillaires (mai-juin). Calice à quatre ou —
cinq divisions, muni d'un disque.— Corolle formée de quatre pétales oblongs. Quatre —
étamines insérées sur un disque épigyne.— Un style terminé par un stigmate simple.
Fruit : capsule trois ou cinq loges et à trois ou cinq angles, dont la forme est un
.'i
Les auteurs sont loin d'être d'accord sur les effets malfaisants de ce vé-
gétal. Clusius dit avoir appris, pendant son séjour en Pannonie, que les
chèvres broutent ses feuilles avec plaisir. Linné et Wellich affirment qu'en
général les bestiaux en mangent volontiers les feuilles et les jeunes pousses.
Théophraste, Maflhiole, Euilliard, Gmelin, Duhamel, prétendent qu'elles
sont un poison pour ces animaux.
Le principe ùcre qui existe dans l'écorce, les feuilles et les fruits du fu-
sain, produit sur le luho dif^cslil' uik* vive irritation qui peut amener les
symptômes les plus graves et mêmemort. Si les médecins ont dillV-ré
la
d'oi>inion sur les ellels de cette parce que son énergie est plus
|)laute, c'(!st
ou moins prononcée suivant la saison où elle est recueillie. Au printemps,
il n'en faut (pi^me petite dose pour provocpier le vomissement, tandis que
dans d'aulies saisons elle est moins active; les jemies pousses surtout sont
drasticpies ;\ un tel degré qu'on n(! les emploie presque; jamais à l'intérieur :
elles sont mortelles pour les moutons, les chèvres et môme les vaches,
quand elles produisent une vive irritation sans évacuations, ou qu'elles
superpurgent jusqu'il déterminer une; violente inllammation du tube digestif.
Les fruits, en quelque temps (ju'on les emploie, sont fortement émétiques
et purgatifs. Dodoens, et, après lui, une foule d'auteurs leur ont reconnu
cette propriété. Les paysans anglais, au rapport de Wilmet, se purgent en
prenant trois ou ([uatre de ces fruits.
(Lepage, cité plus haut, a administré l'huile de fusain à plusieurs chiens,
?i la dose de 10 à 15 gr., et cette dose a paru produire un léger effet pur-
gatif.)
J'ai vu des paysans robustes les prendre à cette dose sans inconvénient,
en buvant abondamment du bouillon de veau, de la tisane de mauve ou de
graine de lin. iMartin, ancien chirurgien-major de l'hôpital de Dunkerque,
m"a dit avoir vu, en 1808, un cultivateur des environs de Bergues, âgé de
trente-cinq ans, se débarrasser du taenia après avoir inutilement mis en
usage tous les moyens jusqu'alors connus, en prenant pendant six jours une
graine de fusain dans 3 onces d'huile d'oeillette, et en se purgeant le septième
jour avec cinq semences de la même plante, lesquelles firent rendre la der-
nière partie de cet entozoaire après dix selles accompagnées de violentes
coliques, de vomissements et d'une syncope. Ce traitement n'a été suivi
d'aucun accident; l'usage du lait a suffi pour rétablir complètement le ma-
lade dans l'espace de quelques jours.
La décoction aqueuse de jeunes tiges et de feuilles de fusain est un dé-
tersif très-énergique dans les ulcères invétérés, sordides, atoniques, œdéma-
teux, scorbutiques ou gangreneux. Une partie de cette décoction et deux
parties de décoction de feuilles de noyer, mêlées et employées en lotion et
en application, au moyen de la charpie, sur un ulcère scrofuleux, blafard
et engorgé, situé au-dessous de l'angle de la mâchoire inférieure, l'a avan-
tageusement modifié en quelques jours.
La décoction des fruits et des capsules de fusain (15 à 30 gr. par kilo-
gramme d'eau), à laquelle on ajoute un peu de vinaigre, est d'un usage po-
pulaire contre la gale. Les vétérinaires emploient la décoction des feuilles,
de l'écorce, des capsules et des graines dans le vinaigre, en lavage contre la
gale des chevaux et celle des chiens et autres animaux domestiques. On en
îiiit aussi une pommade (8 gr. de poudre sur 30 gr. d'axonge). Répandue
Cette belle plante vivace habite les prés, le bord des ruisseaux, où elle
forme des touffes de verdure d'un aspect fort agréable. Dans certaines con-
trées, elle sert de fourrage aux bestiaux. Les chèvres la recherchent. On la
culti\>e dans les jardins.
662 GALÉOPSIDE ou CHANVRE BATARD. — GARANCE.
neisei'i|ition. — Racines grêles,
blanchâtres et rameuses. —
Tiges droites, fislu-
lenses, striées, rameuses. — Feuilles
ailées avec impaire, composées de quinze à dix-
sept folioles, glabres, oblongues, obtuses, souvent écliancrées et mucronées h leur
sommet, longues de 2 à 3 centimètres et plus, accompagnées à la base du pétiole de
stipule en 1er de flèche. —
Fleurs blanches, rosées ou bleuâtres, en grappes axillaires
longuement podonculées, nnuiies de bractées sétacées. —
Fruits: gousses redressées,
grêles, linéaires, aiguës, à peine longues de 5 centimètres, contenant trois ou quati'e
semences oblongues, un peu rénilormes.
[Culture. — Le gah'ga se multiplie de graines semées au printemps, dans une
terre fraîche. 1
il presque insipide. Celte plante, dont l'action esta peu près nulle
est sec, est
sur nos organes, a pourtant joui d'une grande réputation. On la considérait
comme sudorilique, alcxipharmaque, antivénéneuse, vermifuge, etc.
Cette plante vivace, que l'on cultive pour la teinture, est spontanée dans
la Zélande, aux environs de Montpellier et de Lyon, en Suisse, etc.
Deseription. — Racines longues, rameuses, rampantes, articulées et rougeàtres.
— Tiges noueuses, longues de CO centimètres à 1 mètre, hérissées
faibles, tétragones,
de petites pointes. —
Feuilles sessiles, lancéolées, disposées par verlicilles de quatre
ou six feuilles. —
Fleurs petites, jaunâtres, disposées en panicules axillaires termi-
nales. —
Calice campanule Ix cinq dents. —
Corolle divisée en quatre ou cinq lobes pro-
fonds. —
Cinq étamines. — I-'ruil composé de deux petites baies noirâtres.
liI)Io (rinifïalion, prôpairo par do bons labours cl bien Iuiik-o; Ios nif'lbodos de cul-
tiiro vaiiciil selon les pays ; elle cxiyc dans tons les cas des soins assidus.]
Hollande et en Oiienl, etc. On la sèclie au moyen des poêles; en cet état, et séparée
de la terre, elle est nommée ali:ari.
Propriôt^'W |iliyNi<|iioH et rliinii(|iioH. —
I/odeur de cette racine est
lorte et sut ijcncris; elle a une saveur amaresoente d»'saf;réable et léfçérement stypti(pie.
Klle contient une matière colorante rouge, pour ia(|nelle elle est lecbercliée dans les
arts, et (pii a la pro|)ri('té de colonM- en rouge les os des animaux qui en l'ont usage
|MMidai)t (iuel(|ue teni|)s. Ilobiipiet et Collin ont isolé cette substance et lui ont donné le
nom {\'ali:(irine. Illle est sons lorme de cristaux, d'un louge orangé, inodore insipide,
Irès-volatile et très-soluble dans l'eau.
[L'alizarine peut être rei)résentée par C'^IPO". L'acide azoli(|ue faible la transforme
en acide alizarique, idenliiiue, d'après derbardl, avec, l'aiMde pblalique; à la distillation
séclie, il donne l'acide pyro-alizarique que Cierbardl considère connue de l'acide pbla-
lique anbydre.
n'après Scbnnck, la garance contient sept substances différentes, qui sont deux :
résines; l'acide pectique, et une substance brune qui est très-probablement un produit
d'oxydation.]
On administre la racine de garance en décoction (15 h 30 gr. par kilogramme d'eau),
en poudre, dose de 1 à ^ gr. L'extrait alcoolique se donne en pilules ou dans un
à la
vébicule approprié, à la dose de 1 à 2 grammes.
(1) Mem. sive arc. omnis gêner, etc. Ceniuriœ, 1572, p. 161.
(2) Théorie expérimentale de la formation des os.
Ù64 GENÊT A BALAI."
[Culture. — Le genêt est très-commun dans les bois, mais il reprend très-diflici-
lement; on le propage de graines semées en pépinière.]
Récolte. — Les jeunes pousses se récoltent aux mois de mai et juin pour les con-
server. Les fleurs seules changent un peu par la dessiccation.
Propriétés physiques et cliiniiques; usages économiques.
— Toutes les parties du genêt offrent une odeur désagréable, une saveur amère et
nauséabonde. Stenhouse (3) a récemment recherché les principes particuliers auxquels
cet arbuste doit ses propriétés. Ce chimiste a trouvé que la décoction aqueuse du genêt,
réduite à un dixième, fournil une masse gélatineuse, qui consiste principalement en un
principe impur qu'il désigne sous le nom de scopariue. La scoparine est une matière
jaune qui, à l'état pur, se présente sous forme de cristaux étoiles, soluble dans l'eau
bouillante et l'alcool sa formule chimique est C-°H*'0*°. Stenhouse dit s'être assuré
;
par de nombreuses expéiiences que c'est bien la scoparine que sont dus les effets que
t'i
1/2 litre d'eau, voilà, dit Bouchardat (1), une préparation employée par
Rayer, et qui m'a rendu des services dans quelques cas d'albuminurie, n
Dans un cas très-grave de néphrite albumineuse, chez un jardinier âgé de
quarante ans, Grazia y Alvares (2) a obtenu une guérison complète par
l'emploi de l'infusion de fleurs de genêt.
L'infusion et le sirop de fleurs de genôt, à dose altérante ou légèrement
laxative, ont été conseillés dans le rhumatisme chronique, la goutte, l'œ-
dème, les scrofules, les maladies chroniques du foie, les engorgements mé-
sentériques, les affections cutanées chroniques, etc. Administré ainsi, le
genôt active les sécrétions et notamment celle des urines. Borellus {in Le-
clerc) recommande contre la jaunisse la décoction d'une poignée de fleurs
de genêt et de souci dans 1 kilogr. de vin blanc ou d'eau, à la dose d'un
verre, chaque matin.
Le vin préparé avec la cendre du genêt est un excellent diurétique q'ue
j'emploie fréquemment dans l'anasarque, l'albuminurie, etc. Ce remède agit
promptement et sin-ement. Il di'-barrassa le maréchal de Saxe d'une hydro-
pisie contre laquelle on avait inutilement mis en usage les ordonnances des
plus célèbres médecins de l'armée et de la Faculté de Paris. Sydenham a
guéri des hydropiqnes qui se trouvaient dans l'état le plus déplorable, au
moyen d'un vin préparé avec 500 gr. de cendre de genêt dans 2 kilogr. de
vin du Rhin, avec addition de deux poignées d'absinthe. On donnait ce vin
à la dose de 125 gr. chaque matin.
La lessive de cendre de genêt se prend par verrées dans l'hydropisic, la
gravellc sans irritation phicgmasique des reins, la néphrite albumineuse
chronique, les engorgements viscéraux, suite de fièvres intermittentes; dans
tous les cas, en un mot, où le bicarbonate de potasse est indiqué. On lit,
dans les Mémoires de V Académie des sciences de Stockholm, qu'en 1757, l'ar-
mée suédoise, ayant beaucoup souffert d'une épidémie catarrhale qui se
terminait par l'anasarque, dut sa guérison à une infusion lixiviellc des cen-
30
466 GENÊT A BALAI.
drcs de genct, donnée à la dose de 1 pinte par jour. Sumeire, médecin à
Marignan (I), a employé le même moyen avec succès chez plusieurs ma-
lades atteints d'anasarque par suite de la scarlatine et de la rougeole. On
ignorait alors l'existence de l'albumine dans ces cas.
On a utilisé à l'extérieur les diverses parties du genêt. Les branches
tendres, les fleurs et les gousses peuvent être appliquées, comme résolu-
tives, en décoction, en cataplasme, sur les abcès iroids, l'œdème, les tu-
meurs scrofuleuses, etc. Les fumigations avec les fleurs ont été regardées
comme efficaces dans l'œdème des extrémités inférieures. Levret se servait,
contre les engorgements lymphatiques et laiteux des mamelles, de la les-
sive de cendres de genêt ou de sarment, qu'il considérait comme un des
plus puissants résolutifs. 11 faisait entretenir sur le sein malade, après quel-
ques douches, une compresse suffisamment imbibée de cette liqueur chaude,
et recouverte d'un taffetas ciié. J'ai employé ce moyen avec succès, non»
seulement dans les engorgements des mamelles, mais aussi contre l'œdème,
les engorgements scrofulcux, l'hydrotharse, les tumeurs blanches; on un
mot, dans tous les cas où les fomentations, les douches et les bains alcalins
sont prescrits.
Cette espèce dont les fleurs ont une saveur sucrée recherchée des
, ,
abeilles, possède les mômes propriétés que le genêt à balai, mais à un plus
haut degré. Des enfants, trom|jés par le goût des fleurs, en mêlèrent une
assez grande quantité dans une omelette, et la mangèrent. Quelques heures
après, ils éprouvèrent des nausées, des vomissements, de la faiblesse, de
l'anxiété, avec mal de tête; un d'eux en fut purgé. L'eau chaude donnée
abondamment, puis l'oxicrat, les guérirent (3). L"infusion de 8 gr. de fleurs
de cet arbrisseau purge très-bien; on en fait un fréquent usage à la cam-
pagne. Cette même infusion, donnée par cuillerée dans la journée, agit
comme diurétique. Levrat aîné (4) a prescrit avec avantage, dans un cas
chatons globuleux, les écailles épaisses, aiguës, disposées sur quatre rangs. Un —
ovaire sous chacune d'elles, surmonté d'un petit stigmate. Ces écailles croi^sent, de-
viennent charnues, se soudent ensend)le, et forment une prétendue baie arrondie de la
grosseur d'ini i)ois, glabre, luisante, verte d'abord, puis noirâtre à la maturité. Ces
fruits, improprement désignés sous le nom de baies de genièvre, sont, comme nous ve-
nons de le voir, de véritables cônes à trois écailles soudées entre elles, renfermant trois
noyaux osseux à une seule loge.
[Ciilttire. — genévrier
I.e spontanément
croîtsur coteaux stériles, et végète
les
bien sur le sable et sur la craie; il a plusieurs variétés, i)ai-mi lesquelles nous citerons
les G. oMoiujn, obloïKja pendulu, liibernica, etc. On le multiplie de n)arcotlcs ou de
boutures en aoùt.l
Récolte. —
Les fruits du genévrier restent verts pendant deux ans; ce n'est qu'à
la troisième année qu'ils mûrissent et deviennent d'un brun noirâtre. C'est à cause de
la lenteur de leur maturité qu'on voit
constamment sur les genévriers des fruits verts
et des miirs. La récolte de ces fruits se fait dans les mois d'octohre et de novembre; on
les sèche facilement en les étendant clair-semés dans un grenier, et les remuant sou-
vent. On doit les choisir gros, bien nourris, noirs, luisants, pesants, d'un goîit sucré et
un peu acre. Ils doivent être aussi récents que possible, parce qu'il est piouvé qu'avec
le temps ils perdent leur arôme et leurs vertus.
GENÉVniEn. l^59
L;i n^collc i-l la conscivaliini (li>s soinuiilf's uf ir-claiiicnl (|iic les soins ordinaires.
liqueur a acquis une saveur vineuse par la fermentation, on la soutire. On fait infu- —
ser les fruits de genévrier dans l'eau-de-vie pour en confectionner des liqueurs de table
ou médicinales, etc.
PRÉP.\R.\TIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A l'i^térieir. —
Infusion des fruits concas- Extrait (par infusion, 1 sur !i d'eau), de 4 à
sés ou des sommités (à vase clos), de 1.5 à 8 gr., en pilules ou en solution dans un li-
;{0 gr. par kilogramme d'eau ou de vin quide approprié ou seul.
blanc. Huile essentielle (1 sur 8 d'eau), de 10 à
Décoction du bois en copeaux, 30 à 00 gr. par 15 centigr., en potion, on oleo-saccharum,
kilogramme. pilules, etc.
Eau distillée (1 sur
d'eau), do 50 à 123 gr.,
tt Poudre, de 2 à 8 gr., en bols, pilules, ou dans
et pour masquer l'odeur
et la saveur dés- un liquide approprié.
agréables de diverses préparations purga- Alcoolat, à la mrnie dose et de la même ma-
tives. nière que la teinture.
Vin de fruits (30 à 60 gr. par kilogramme de Fruits entiers, 15 à 20 à la fois.
vin blanc), 00 à 100 gr.
Vin de cendre de genêt (150 gr. par kilo- A i.'EXTKRiEun. —
Infusion des fruits, décoc-
gramme de vin blanc), 60 à l'iO gr. tion des sommités, en lotions, fomentations,
Teinture (1 sur 2 d'alcool ;\ 33 degrés), do 2 à bains.
8 gr., en potion ou mélangée à la tisane, à Teinture, en frictions.
du vin, etc. Poudre ou fruits entiers sur des charbons ar-
A dose plus élevée, ils agissent sur toute l'économie, provoquent l'exha-
lation cutanée, moditient les sécrétions mu(ineuses et excitent i)lns spécia-
lement les organes sécréteurs de l'urine, à laquelle ils communiquent une
odeur de violette. On les emploie dans les adections catarrhales pulmo-
naires et vésicalcs chroniques, la phthisie, la leucorrhée, la blennorrhée, la
néphrite calculcuse, la chlorose, l'aménorrhée par débilité, Thydropisie,
l'albuminurie, l'asthme humide, la bronchorrée, le scorbut, les engorge-
ments des viscères abdominaux, les cachexies, les affections cutanées chro-
niques, rhumatismales, etc.
Les praticiens de tous les temps ont employé avec succès les cônes de ge-
névrier dans les diverses maladies que nous venons d'énumérer. On peut
lire à ce sujet Van Swieten, Hoffmann, Vogel, lîosenstein, Meckel, Schmidt,
Hecker, Loiselenr-Deslongchamps, Lange et Demangeon. Ce dernier a fait
insérer dans le Journal de médecine (1800) deux observations remarquables
constatant leur action particulière sur l'appareil urinaire.
En employant préalablement ou simultanément l'infusion de fruits de ge-
névrier et les frictions de pommade de belladone, dont Teffet est de dissi-
per le spasme et la douleur, on pourrait favoriser l'expulsion des calculs,
dans les cas où ces symptômes, au lieu de fliminuer, augmenteraient par
l'usage des diurétiques. (Voyez Belladone, p. KiG.) On sait que les cônes de
genévrier excitent à tel point les organes sécréteurs de l'urine, que celle-ci
devient quelquefois sanguinolente, quand on les administre à trop grande
dose, ou à des sujets trop irritables, ou qu'on en fait usage trop longtemps.
Il est donc rationnel, dans les affections calculeuses, de s'assurer du tempé-
rament du malade, et surtout de l'état des voies urinaires, avant de prescrire
ce médicament.
On a retiré de grands avantages des fruits de genévrier comme diuré-
tiques dans les hydroi)isies. On se sert alors le plus ordinairement de l'in-
fusion simple ou nitrée, aqueuse ou vineuse. Hegewisch (1) préférait la
décoction dans la bière à tous les autres diurétiques dans le traitement de
l'hydropisie. Van Swieten faisait prendre quatre à huit fois par jour une
à deux cuillerées à bouche du mélange de 120 gr. d'extrait délayé dans
1 kilcgr. d'eau distillée des baies, avec addition de 00 gr. d'esprit de ge-
nièvre. Vitet prescrit contre l'ascite par cachexie le suc exprimé de cresson
mêlé avec une forte infusion de fruits de genévrier. Alexandre (2) met au
premier rang des remèdes employés contre l'hydropisie, l'huile essentielle
de genièvre, h la dose de quelques gouttes seulement dans une infusion de
thé vert. L'infusion aqueuse on vineuse m'a réussi dans un grand nombre de
cas. J'y ai souvent ajouté la racine de persil ou celle de raifort, surtout dans
les hydropisics succédant aux fièvres intermittentes on accompagnant l'al-
buminurie chronique.
Dans les pays bas et humides, l'usage de l'infusion des fruits de genévrier
dans l'eau, la bière ou l'eau-de-vie (ratafia relève les forces, favorise les
,
iiil'iision rcrnu'iilrc de celle iii("^mc praiiie, iikivoms aussi faciles <[ue peu
coûleiix. Le vin composé de Iruils de f,'eiiévrier cl d'alisiidlic m'a réussi dans
(les fièvres inlerniillenlcs anloninales avec engor^^cment splénique el ca-
chexie, après l'usage inlVuclucux du sullale de quinine. J'ai souvenl vu des
paysans se guérir proni])lcmenl de ces fièvres en prenant avant l'accès 4 à
G gr. de baies de genévrier en poudre. Ce remède excite la transjjiration,
que le malade favorise en s'enveloppant de couvertures de laine dans un lit
])réala!)lcmenl imprégné de la \apeur de cette même poudre jetée dans une
bassinoire, sur des charbons ardents.
L(>s rameaux et les sommilés du genéviier jouissent de propriétés ana-
logues i\ celles des cônes de cet arbrisseau. IVocjues (1) a eu à se louer d'un
vin composé de GO gi'. de fruits, de 30 gr. de rameaux et de 1 kilogr.
de vin blanc, avec addilion, après trois jours d'infusion, de GO gr. de
sucre. 11 augmentait parfois l'action de ce vin en y ajoutant une bonne
pinc(''e d'al)sin(he et .'50 gr, de racine de raifoit. Deux ou trois cuillerées,
administrées de temj^s en temps, suffisaient pour ranimer les tissus orga-
niques, pour exciter rai)pélit, réveiller les fondions digeslives, pour pro-
voquer le cours des urines, etc. « Ce vin stimulant, dit l'auteur que nous
venons de citer, a quelquefois guéri des bydropisies rebelles, des fièvres
intermittentes automnales que le quinquina rendait encore plus opiniâtres,
des allections scorbutiques, etc. »
Auguste-Frédéric Hecker (2) a guéri, au moyen de l'extrait de genièvre,
un grand nombre d'individus affectés de blennorrhagie. Jourdan (.'{) a con-
firmé, par de nombreux essais, les observations de Hecker. Suivant le doc-
teur Plagge (i), 5 gouttes d'huile essentielle de baies de genièvre, avec
•4 gr. d'esprit (le nitre doux, dans une mixture, seraient nn des meilleurs diu-
parties ulcérées, celte cuisson esl un peu plus Idilc, mais elle ne dure pas
davantage environ un quart ou une dcini-uiiuute. Elle ne d 'termine pas de
:
474 GENTIANE.
tant dans les scrofulules que dans les affections cutanées, telles que gale,
lichen agrius, psoriasis, couperose, où les applications de cette huile, pure
ou adoucie par un mélange avec l'huile d'amandes douces, la glycérine,
produisent des eflels remarquahles, sinon très-durables. (Consultez, à ce
sujet, Bazin, De la scrofule, p. 202; et Annales de tluhajwutique, 1852, p. 102
et suiv., Gibert, Ucmarques sur l'emploi de l'huile de cade, etc.)
On a tenté l'administration de cette huile à Tintérieur dans les mei mêmes
affections, quand elles sont rebelles à l'usage exleine (Bazin); mais cette
pratique ne s'est pas généralisée. C'est un insecticide efficace à ce titre, :
Fleurs uond)reuses, jaunes, l'asciculées, et presque verlicillées dans les aisselles des
feuilles supérieures (juin-juillel). — Calice membraneux, déjeté d'un seul côté, fendu
longiludinalement, à cinq dénis courtes, subulées el inégales. —
Corolle monopélale, en
roue, à cinq divisions profondes, quelquefois huit. —
Cin(| étamines insinuées sur le tube
de la corolle, k antlières oblongues. —
Ovaire surmonté de di'ux stigmates pi'esque ses-
siles et divergents à la base de l'ovaire; cinq nectaires glancfuleux arrondis. Une —
capsule uniloculaire, plurisperme; [graines noudtreuses attachées sur deux placentas
pariétaux, aplaties et mcm])ianeuses sur les bords.]
térieur, spongieuse et élastique à rinléricur. Son odeur r.ipproclu' un peu celle des
miels comnnins, sa saveur esL tit's-anièrf. il l'aiil I;i clinisir saine cl nnkliocrenionl
grosse.]
coniiailre d;ins celle racine \m princiiic odorant fugace, dn genlianin, de la glu, une
matière huileuse verdàtre, du sucre inerislallisahle, de la gomme, de Tacide p(!eiif|iio,
une matière colorante fauve, de Tacide organiiiue. —
l'Ianclu^ y a reconnu rexislence
d'un piincipc nauséabond volalil, (pii doiuic l'eau dislillçc de cette racine, iraîclie-
;i
meul recollée, la propriété' de causer des nausf'cs et une sorte d'ivresse. Si Ton ne
s'aperçoit ])as de faction de ce principe, dans l'emploi de la plu[)arl des préparations de
gentiane, c'est (pi'il s'y trouve en trop faihies |jroportioiis dans la racine sèclie.
Henry el Cavenlou considéraient sous le nom de (j<-nli'inui, fj'tilidnine, substance
jaune, Irès-amère, cristallisant (mi aigreltes, connue le principe amer de la genliane, la
matière cristalline (pi'ils n'avaient obtenue qu'A l'état impur. Mais Leconte et Tronnns-
dorf ont l'ail voir, depuis, que la matière cristalline est une simple substance coloiante,
dépourvue d'amerlume, qu'ils ont nomnn'e ijcnimn, el qui est mélangée dans la gentia-
nine avec des proportions vaiiables de principi' amer el de matière grasse,
La mat .'ère anière de la gentiane n'est pas encore ])ien connue. Klle s'est piésenlé-e ;i
Leconte sous la l'orme d'ime matière extractive, d'un brun jaunâtre, incrislallisable,
Irès-soluble dans l'eau et dans l'alcool. —
Dulk, qui s'est depuis occupé de celle ma-
tière, ne parait pas non plus l'avoir obtenue à l'état de pureté.
(in vin tiède une heure avant l'accès: à l'état frais, ainsi que nous l'avons
vu plus haut, cette racine possède tous ses principes. Boerhaave dit que sa
décoction convient dans toutes les fièvres inlerniitlentes. En Pologne, on
l'administre en poudre dans du vin avant l'invasion de l'accès. Vicat assure
que ce remède réussit dès la première prise, et que, bien qu'il n'ait été
précédé d'aucun médicament préparatoire, la maladie n'a eu jamais de
mauvaises suites. Willis, Eller, Alibert, l'ont vanté. Julia de Fontenclle,
étant médecin en chef de l'hôpital de convalescence italien de l'armée de
Catalogne, lorsque le quinquina était à un prix exorbitant, traita tous les
fiévreux, avec beaucoup de succès, par la racine de gentiane en poudre. Il
adressa à ce sujet un mémoire à la Société royale de médecine de Marseille,
qui. reconnaissant déjà les avantages de l'emploi des plantes indigènes, lui
décerna une médaille d'encouragement.
D'un autre côté. Trousseau et Pidoux se prononcent ainsi sur la gentiane :
remarque faite par Cullen, et que j'ai été à même de vérifier. Je l'associe
quelquefois à celle de saule dans les fièvre intermittentes accompagnées
d'un état cachectique.
On a obtenu des avantages incontestables de la racine de gentiane dans
le traitement des affections scrofuleuses. Plenck et beaucoup d'autres au-
teurs l'ont vue produire de bons résultats. Cette racine entre dans l'élixir
amer de Peyrilhe, pendant longtemps vanté comme anliscrofuleux. Ainsi, ((
dit A. Richard, chez les enfants pâles, dont la figure est bouffie, les lèvres
et le nez gonflés, en un mot, qui offrent les caractères d'une constitution
scrofuleuse, l'emploi de la teinture de gentiane, aidée de l'usage de bons
aliments, de vêtements chauds, de l'exercice, et de Thabitation dans les
lieux bien aérés et exposés aux rayons du soleil, en agissant lentement sur
toute l'économie, préviendra le développement de la maladie. Il est vrai
que, dans cette circonstance, le régime aura eu une très-grande part au ré-
sultat obtenu; mais la gentiane y aura aussi puissamment contribué. Son
usage est également avantageux, suivant un grand nombre d'auteurs, quand
la maladie est déclarée, lorsqu'il y a gonflement et même suppuration des
glandes lymphatiques du cou et de quelque autre partie. Néanmoins, il faut
en suspendre l'usage quand il y a irritation des voies digestives, ou que les
glandes du mésentère sont enflammées et très-douloureuses. On a observé
que les enfants qui font usage de la gentiane sont, par le même moyen, dé-
barrassés des vers intestinaux ce médicament peut donc être regardé
:
tiibue ù un principe vireux existant dans tous les amers, son eniploi, long-
temps continué, linit par produire une gaslril(^ chronique qui détruit la
lacullé digestivc, et exige un trailenu'iit antiphlogistique.
La racine de gentiane seit en cliiiurgie, comme l'éponge préparée, pour
agran:lii' les orifices lisiuleux et dilater certaines ouvertures, parliculière-
meul canal de l'urèlhre des leimnes adeclées de la pierre. On ra[)pli(iuc
le
aussi, en poudr-e ou en décoction, sur les plaies gangreneuses, aloiii(pies,
scoi-l)uti(|ues, etc.; on en lait même des pois cautèic, (ju'on emploie de
j'i
Le Gentianin convient dans les mômes cas que la gentiane. J'ai souvent
administré, dans ma prali(|ue urbaine, le sirop de gentianin contre l'hel-
minliase cIhv. les entants, et comme tonique chez les sujets lymphatiques,
pour ('(unbatti'c la tendance scroluleuse.
Ivuchenmeisler i)résente la gentiane impure, c'est-à-dire non cristallisée,
comme ])ouvant être substituée au sulfate de quinine; ses conclusions sont:
1" la gentianine agit au moins aussi criicaccmenl sur la rate que le sulfate
de quinine; 2" son action n'est pas moins rapide; 3" il suffit de l'admi-
nistrer à la dose de 1 à 2 gr., deux fois par jour; la gentianine constitue
probablement le succédané le plus précieux du quinquina (1).
L'addition du tannin à la gentianine, dans la proportion de 1 partie pour
2 parties de cette dernière, constitue un mélange plus actif et qui m'a
réussi tout récenmient dans un cas de fièvre intermittente quotidienne,
datant de deux mois, avec engorgement de la rate, chez un sujet qui, pré-
cédemment, avait été atteint de fièvre tierce coupée avec le sulfate de qui-
nine, dont on avait trop tôt cessé l'usage. Le mélange de 1 gr. de gentianin
et de 50 centigr. de tannin, donné deux fois dans l'intervalle des accès, a
suffi pour les faire disparaître dans l'espace de quatre jours. L'usage de ce
fébrifuge a été continué à la même dose, deux fois par semaine, pendant un
mois, pour prévenir la rechute.
(Les petites espèces alpines offrent une plus grande abondance du prin-
cipe actif; de sorte qu'en recourant à de plus faibles doses, on pourrait
arriver aux mômes résultats qu'avec la gentiane jaune. Nous citerons la
G. acaulis, dont la racine contient plus de gentianin et beaucoup moins de
matière mucilagineuse.
La gentiane, vu son prix modique, est le tonique par excellence de la
médecine vétérinaire; on l'emploie en poudre décoctée ou môlée au son, à
l'avoine, etc., à la dose de 30, 04 et 130 gr. par jour.)
[Parties usitées. — La plante entière, les fouilles, les fleurs, rarement les
racines.
Culture. —Le géranium hoc de grue ou lierhe h no])ert est très-commun sur
les l)ordsdes chemins, il n'est cultivé que dans les jardins botaniques; on le nniltiplio
do graines ou de boutures; il vient dans tous les sols.
Propriétés |>liysi<|ues et eliiiiiicgvies. —
L'herbe à Roberl ofTi-e une
odeur désagréable, comiiarée à celle de Furino des personnes qui ont mangé des as|)Orges,
et une saveur un peu amère et légèrcmenl austère Les géranium, les pélargonium elles
érodium répandent des odeurs très-fortes qu'ils doivent à des huiles essentiollos; ainsi
Verodtum moschulum, Willd. si répandu dans les lieux sabloimeux du midi de la
France , exhale une odeur do musc très-prononcée. Nous citoions encoie comme
très-odorants les pi'largonlum zonale , odoralissimuin ficifirans , peltatum
,
cucul- ,
extrait de ce dernier une essence ti'ès-estiméo, mais qui, malheureusement, est em-
ployée à falsifier l'essence de roses. Redienljachor en a isolé un acide qu'il a appelé
pélarfioiiique, qui a pour formule C'^H'"0^ HO et qui se produit, d'après Gerhard,
par l'action de l'acide azotique sui' les corps gras et sur l'ossence de rue; c'est un
liquide incolore, d'une odeur faible et désagréable, peu soluble dans l'eau, très-soluble
dans l'alcool et dans l'étlior; il bout à 260 degrés.] (.Millier a extrait du géranium pro-
tense, espèce voisine de la plante qui nous occupe, un principe amer, la géranhne.)
France, sur les coteaux arides, dans les bois nionliiciix, calcaires, les lor-
rains sablonneux et secs.
[Ciilliire. —
La germandrée croît peu i)rès dans tous les sols; on la propage de
<'i
graines semées en place ou sur couche, ou jiar séparation des pieds faite au printemps
ou à l'automne.].
Kéfolte. — On doit cboisir celle qui est courte, garnie de feuilles nombreuses On
la rei'olteau mois de juin, et on la l'ait sécher comme toutes les autres plantes. Lors-
qu'elle est bien sécliée, elle conserve sa saveur, sa couleur verte et ses vertus.
A L'iNTHiiiECR. — Infusion, de
30 ù GO gr. par Eau distillée , de 50 à 100 gr., en po-
Icilogramnie d'eau. tions.
Poudre, de 2 à 10 gr., en bols, pilules, ou Extrait, de 1 ;\ 8 gr., en bols, pilules, ou dans
dans ua liquide approprié. du vin.
(luaiul celte (ideiir est coiupIt'U'menl dissipt'c, Co|)('iid;iiit, elle consorvc son ameilmiie.
Le scordiuin (iiii cioil dans le Midi est considt'ié comme jtlus actil que celui des aiilies
pallies de la France.
l*i*o|»i*i4-'IÔM |»li>Hi(|iieM 4't rliiiiii«|iieM.— Le scordium exhale une odenr
lorle, peiit'lraiilc , alliacée, sinloiil (|uaiid nu le Iroisse entre les doij^ts. Le pi-jncipe
alliacé d<' cette jjlante est si pf'iietianl qu'il infecte le lait df-s vaches. Le heniie |ii<'-
pai(' avec ce même lait a un j,'oùt delestahle. —
Le scordinm c<tnlieiit un principe
fionnno-résineux am<'r, di'pnsitaire de son a(;lioM stimulante. Winckelh (1) y a sij:na|i' —
un principe amer particulier. (La .s<y/7/////H(' est jaune de corne, ar(Mnati(iiie, soluhle dans
les alcalis et l'alcool), insoluhle dans Tean froide, donnant une saveur tres-amère à Peau
houillanle, etc. —
Selon Newmann et Carlheiiser, l'extrait alcooli(iue (pTon retire de
celle piaule est moins abondant, mais phis amer et plus actif que celui (|u'on obtient par
l'eau.
Cette planle, presque cntièrcmont oubliée de nos jours, et que des pro-
pritHés non équivoques recouiniaiidcnt, élait employée dès le temps d'Hip-
p(>erat('. Ses vertus out été l'objet d'une sorte de culte. On fit honneur à
Mithridate de sa découverte, de ses merveilleuses proi)riétcs, et les flatteurs
du roi de Pont donnèrent même à cette plante le nom de mithridation. Ga-
lien rapporte qu'à la suite d'une bataille, les morts qui étaient casants aux
endroits où cette plante était abondante, se corrompaient moins vite, et
qu'ainsi l'ut découverte sa propriété antiseptique. Dès lors elle devint une
des plantes les plus estimées de rantiqnilé elle fut surtout préconisée ;
31
482 GERMANDREE MARITIME.
l'asthme humide, etc. Je me suis bien trouvé de l'usage de l'infusion de
scordium dans les fièvres muqueuses-vermineuses qui régnent fréquemment
en automne dans les campagnes marécageuses du Cahiisis et de l'Ardrésis.
Dans lés lièvres putrides, après l'administration de quelques purgatifs sa-
lins, ou mieux de la crème de tartre, je me suis souvent contenté, pour
tout traitement, de la décoction concentrée d'écorce de saule et de som-
mités de scordium, à laquelle je mêlais quelquefois un peu de vin ou de
teinture d'angélique. Par ce traitement simple et pourtant très-efficace,
le pauvre ménager n'était pas dans la triste obligation de dépenser en
quelques jours, pour des drogues officinales, le fruU des pénibles travaux
de la moisson.
Le scordium a toujours été considéré comme anthelminthique et comme
fébrifuge. Son amertume et son odeur alliacée, suivant Roques, mettent
promptement en fuite les vers lombricoïdes. Sa propriété vermicide m'a
paru plus faible qu'on ne le croit généralement, et celle qu'on lui a attri-
buée comme fébrifuge est douteuse. Elle ne m'a pas réussi dans trois cas de
fièvres intermittentes où je l'ai emphjyée, et comme vermifuge je l'ai mise
en usage sans en éprouver un succès bien constaté. Entre autres faits, je
citerai celui d'un enfant de quatre ans qui, après en avoir pris en infusion
concentrée pendant cinq jours, ne put être débarrassé de plusieurs asca-
rides lombricoïdes que par l'emploi de l'ail bouilli dans le lait. Il est vrai
qu'on ne peut rien conclure de ce seul fait, attendu que tel vermifuge qui
réussit chez un sujet ne réussit pas chez un autre.
Sans attacher au rapport de Galien sur les vertus antiputrides du scor-
dium plus d'importance qu'il nen mérite, on peut employer cette plante à
l'extérieur comme stimulant antiseptique, soit en lotion ou cataplasmes,
soit en poudre, contre les ulcères sordides ou atoniques, la gangrène, la
pourriture d'hôpital, etc. Je l'ai appliquée sur un ulcère qu'il a parfaite-
ment détergé. L'infusion ou la décoction de scordium dans le vin ou le
vinaigre, avec addition d'un peu d'alcool camphré ou d'acide hydrcchlo-
rique, ou tout simplement une suffisante quantité de sel commun, est un
des meilleurs topiques que l'on puisse opposer à la gangrène.
[Culture. — Il laiil cultiver le inarimi en pol suspendu, sous giillage, ou sous une
rage de fer; on le nnilliplie do graines et de boutures.]
K«><>«»lte. —
On le recueille pendant tout TiMé. La dessiccation ne lui l'ail rien
perche de ses (pialités. Il laut continuer de le préserver des atteintes des cliats.
ralhuniine, du phosphate de chaux, du gluleii, <'lc. L'eau, le vin <?l l'alcool s'emparent
de ses j)rincipes actii's.
plante « Elle mérite le premier rang parmi les cordiaux. Son parfum
:
faire usage après son extraction; il ne repullula point, et l'odorat, qui était
perdu, revint Cet auteur cite aussi un cas de guérison de polype nasal par
le même moyen (3). Il est probable que ces polypes étaient muqneuv. La
propriété d'empêcher la reproduction de celte maladie doit surtout fixer
l'attention des praticiens.
Comme le marum ne croît ni dans le centre ni dans le nord de la France,
et qu'on le trouve rarement dans les officines, on peut lui substituer, dans
la plupart des cas, la petite sauge, le romarin ou la menthe poivrée.
(Nous signalerons les diverses espèces du genre leucrium, que l'on peut
substilucr les unes aux antres, dans la plupart des maladies ciù l'emploi en
est indiqué.)
France, diffère de la précédente par ses feuilles ovales, dentées, plus velues;
par ses fleurs roses, son odeur plus aromatique, etc.
regarde aussi comme antihydropique. Elle est mise en usage dans nos cam-
pagnes contre Tanasarque; on la fait infuser dans le vin blanc (30 gr.
par kilogr.), et l'on donne un verre de ce vin trois ou quatre fois par jour.
Ce remède convient, en effet, dans les cachexies, l'œdème et Tanasarque qui
suivent ou accompagnent les fièvres intermittentes, le scorbut et autres
affections qu'une atonie manifeste caractérise. C'est peut-être parce qu'elle
a pu réussir dans certaines dyscrasies syphilitico-mercuriellcs qu'on l'a con-
sidérée comme antivénérienne. L'examen de ses effets, sous ce rapport, n'est
point à dédaigner.
r.KSSE. m,
(IKUMANDriKE DE MONTAONK. rcucrium monlnmim, L. — PnUtim lavan-
diila- folio, (]. |{;mh., 'roiiiii. — Cioil en loiillrs daiis les pAUii-afics sfcs et
siii' li's p('l(iiisc>. Klle c^l as>('/. irpaiidiic dans les Pyi-i'iit-cs, dans rAiijcm, à
Fniilaiiu'hlcaii, à Saiiit-dciiiiaiii, aux cm irons d'Orl/'ans, sur les collines
sèches et |)ieir(Mises de la Picardie, etc.
Dearriptioii. — Tiges f;r6los, scini-ligtifiiscs, niriieiiscs, coiirlM'r's sur la Icrn»,
ItMimics (le l'J à I.") — Feuilles
ci'Mlitnètit's. opiiosi^es, un pou
()l)l(inj:ues-lanc*^ol(^es,
obtuses ou lineaiii's, \erles en dessus, hiancliàires et coloiuieiises eu dessous, h bords
roulés connue cellis du romarin. — Fleurs crun blanc jaunâtre, firou[iées ci un peu
serrées en lûtes, aplaties à rextréuiilé des lij;es et des rameaux (juin-juillet.)
llc8ri*i|ilioii. —
Tiges semi- ligneuses, cylindriques, rameuses, blancliàlres,
eotonneuses, ordiiiairi'mi>iit un peu couchées à leur base. Feuilles opposées, sessilcs, —
oblongues. un peu oliluses, d'un vert blanchâtre et cotonneuses, surtout à leur revers.
— Fleiu's petites, blanches ou d'une couleur purpuiine, icunies à rcxtréiuilé des ra-
meaux en léles arrondies ou ovales (juin-septendjre). Calice recouvert d'un duvet —
blanchâtre.
(La gesse n'est pas et n'a pas été, que nous sachions, usitée en médecine.
Nous ne l'avons admise qu'à cause des qualités nuisibles qu'on lui attribue.
Duvernoy (:i) la regarde comme vénéneuse et l'accuse de produire une sorte
de paralysie. Dow, dans son Dictiotmairc du Jardinier, dit que, mêlée par
moitié avec celle de blé, la farine de cette légumineuse détermine la rigidité
des membres. Vilmorin a publié le cas d'une femme jeune et bien portante
chez laquelle l'usage du L. cicer, continué pendant plusieurs semaines,
base. —
Ovaire muni de deux dents glanduleuses. .Silique comprimée. —• Semences —
plaines, entourées d'un rebord membraneux.
(1) Cité par la Gazette des hôpitaux, février 18G1, à laquelle nous empruntons les détails
qui suivent.
(2) Académie de médecine, 2 juillet 1839.
GLOBCLAIRE. 487
Récolte. —
Les feuilles doivent être récoltées au moment de la floraison; les in-
florescences, rarement employées, doivent être cueillies à l'époque de l'épanouissement,
on les fait sécher au soleil.
J. la globulaire herba terrihilis, frutex terribilis; c'est sous ce nom
Batdiin nonuuait
qu'elle est désignée dans les ouvrages de Lobel, de Valescbamps, etc. Clusius (de Lé-
cluse), qui l'employait et qui l'avait observée en Espagne, l'apjjelait coroniUas de los
frayles (petite couronne des moines).]
Propriétés pliysif|ues et eliintiques. — Les feuilles ont une saveur
amère désagréable. L'analyse n'a pas encore
et fait connaître la nature de leurs prin-
cipes chimiques.
en rosette, spatulées. —
Fleurs dioïques, blanches ou rougeàtres, disposées en corymhes
serrés, terminaux (mai-juin). —
Fleurs niàles plus laiges que les fleurs femelles, qui
sont munies d'un involucre cylindrique. —
Calice imbriqué d'écaillés ovales, inégales,
souvent colorées sur les bords. —
Fleurs fertiles, oblongues, à calice commun, renfer-
mant des fleurons lierniaplirodites, à cinq étamines. l-'ruit—semences oblongues,
:
Gnapiialie germanique, —
Heure a coton, Herre velue. —
Filago ger- —
vianica, L. —
Filago, seu gnaphaliuvi vulgarc majus, C. Bauh. Gnaphalium —
germanicum, J. Bauh. —
Filago sive hcrba impia, Ger. Plante molle, co- —
tonneuse, qui croit aux lieux stériles, sablonneux, dans les champs négligés
où elle est très-commune.
Description. —
Tige assez forte, simple ou rameuse inférieurement, dichotorae
vers le rameaux plus ou moins ouverts, mais un peu flexueux.
haut ; —
I«'euilles lancéo-
lées, un peu spatulées, presque obtuses et couvertes d'un duvet court, blanchâtre ou
r.OKMONS. — ORATEHON. Û89
jaimàtre. —
Fleurs nu nombre de liuil, dix à (|iiin/.e coiiipos.iiil une lète terminale. —
Involucie peu cotonneux ou presque glabre veis le sommet des écailles.
GOEMONS.
(Sous ce nom, les marins désignent tons les fucus. Les habitants de la
Bretagne et de la Normandie leur donnent le nom de Brai ou Brochons.
Nous renvoyons, pour l'étude de certains d'entre eux, aux articles Caiir.\-
GAiiEEN, Laminaire, Mousse de Corse, Varech yésiculelx, etc. mais nous ;
dans cet état, il est insipide et inodore, il craque sous la dent, mais par le
séjour dans la bouche il se ramollit et gonfle. Le tissu du goëmon est con-
stitué par des cellules emprisonnant une substance propre, qui par ébulli-
tion dans l'eau forme une dissolution mucilagincuse, qui par refroidissement
se prend en gelée. Celte substance neutre, que Blondeau (1) propose d'ap-
peler gocmine, n'est point de la gélatine, n'ayant aucune des réactions pro-
pres à ce corps. Ce qui différencie la goëminc des substances cellulosiques,
c'est sa sokibililé dans l'acide chlorhydrique, l'acide azotique et la potasse.
Analysée, elle a fourni carbone, 21.80; hydrogène, 4.87; azote, 21,36
:
2.51; oxygène, 49. 4G. Gomme la gélatine, la goëmine n'en esl-elle peut-être
pasjdus nutritive malgré la présence d'une grande quantité d'azote. Il y au-
rait des recherches à faire dans ce sens.
Nous n'insistons pas sur les usages du goëmon conmie source de soude,
d'iode, etc.; les détails en sont exposés aux articles que nous venons de
citer.
Laennec a tenté de faire un air maritime artificiel dans le centre de la
France, en déposant des goëmons dans la chambre des phlhisiques. Il crut
d'abord (2) obtenir de brillants avantages de ce traitement; mais on ne tarda
pas (3) à être éclairé sur son peu de valeur.)
Û90 GRATERON.
jardins, etc., est connu de tout le monde par l'importunité de sa présence.
llrseription. —
Racines gnMes, un peu quadrangulaires, garnies de fibres
courtes, menues. —
Tiges longues de 75 centimètres à 1 mètre, grimpantes, noueuses,
tendres, tétragones, peu rameuses, liérissées d'aspérités cruciuies sur leurs angles.
Feuilles étroites, lancéolées-linéaires, lui peu rélrécies à la hase, pubescentes en dessus,
glabres eu dessous, mucronées au sommol, verticillées par six ou huit, hérissées, cro-
chues à leur l)ord et le long des nervuies. —
Fleurs d'un blanc sale ou d'un jaune ver-
dàlre, peu nombreuses, à pédoncules axillaires longs, ramifiés (juin-juillet). Corolle —
en rose, à quatre divisions, quaire elamines. —
Ovaire intérieur h deux lobes. Style —
bifide, deux sligmales globuleux. —
Fruits akènes pisilormes, accolés deux à deux,
:
présenté par les uns comme un remède contre les maladies aiguës (2). D'a-
près Martius (3), les Cosaques de l'L'krainc s'en servent en infusion pour se
préserver de la rage. Enfin on a vanté le grateron dans la jaunisse, la gra-
velle, les dartres, la petite vérole, la pleurésie, les fièvres malignes, etc.
A l'extérieur, Dioscoridc l'employait écrasé avec de l'axonge sur les scro-
fules, ou à l'état de suc sur les gen;ures du mamelon, et Gardane(4) dit en avoir
vérifié les bons effets en pareil cas. Suivant quelques anciens auteurs, on l'a
appliqué sur le cancei- ulcéré pour en modérer les progrès, sur les ulcères
pour les déterger. ^Vilmet dit quon se sert de ce topique avec succès à
Epinal sur les ulcères, et suiloiit sur les panaris.
A ce concert de louanges on a opposé l'opinion de Cullen et celle de
(1) Trealise on Ihe rjronse-rjrass or cliners and its pfficacy in Ihe cure of the mosl invele-
, ,
tasses d'hcuro on heure. Dès lors, diurèse tellement abondante que la ma-
lade me dit le lendemain que sa nuit s'est passée à uriner copicusemenl el ù
chaque instant. Après huit jours de l'emploi du grateron, l'anasarque a dis-
paru, les urines sont de moins en moins albumineuses, et le rétablissement,
favorisé par la chaleur et les soins hygiéniques convenables, se complète en
quelques jours.
Hydrothorax et anasarquc. —
Scillier, ;\gé de soixante-quatre ans, char-
pentier, d'une taille moyenne, iortcment constitué, faisant habituellement
abus des spiritueux, atteint d'hydropisie depuis trois semaines etiviron, me
fait appeler le 1() juin 1853. A mon arrivée, le malade présente l'état sui-
vant anasarque générale portée au plus haut degré, anxiété, oppression
:
La gratiole (PI. XXI), plante vivace, se trouve dans les lieux humides,
au bord des ruisseaux, sur les chaussées des étangs et des moulins. Elle est
assez rare dans nos départements du nord. On la rencontre plus fréquem-
ment aux environs de Paris (Ville-d'Avray, Gentilly, Melun).
1l4''Colte. —
Se lait peu de temps avani ou pendant la floraison. Elle perd peu
de ses cpialites par la dessiccation. On prélére même l'employer sèclie, parce qu'alors
son énergie est \n\ peu mitigée,
[Culture. — La gratiole pousse dans tous les terrains; mi la pro|)age par graines.]
ProiiriétéH |»liyMi(|ueH et cltiiiii«jiiei>i. — La gratiole est inodore mais ;
sa saveur est ainère, nauséeuse, (b'sagréable. l'Jie cunti<'nt, d'après Vauquelin (Ij, une
matière résinoïde d'une forte amertume, éméto-catliartique violent et j)rincipe actif de
la plante (auipiel Aliberl a i)roposé' de donner le nom de (jratioUne), une gomme Inune,
un acide, du nialate de chaux et de soude, du phosphate et de l'oxalate de chaux, de
la silice, du ligneux. —
Marchand, de Fécamp, y a trouvé une substance neutre parti-
culière qu'il a nommée (jratioUn, auquel il attribue les propriétés de la plante.
A L'iNTKiuEin. —
Décoction ou infusion, de k Teinture (1 sèche sur 8 d'cau-de-vic), de 50
à 12 gr. pour 120 gr. d'eau ou de vin par centigr. à 2 gr., seule ou en potion,
cuillerd'es.
Poudre, de 50 centigr. à 2 gr., en pilules, A L'EXTÉniELR. —Eu lavcment , 2 à k gr.,
potion, etc. comme vermifuge; 10 à 15 gr., comme pur-
Extrait (1 fraîche sur 1 d'eau par décoction), gatif.
de 10 centigr. à 1 gr. On suppose que la gratiole fait la base de
Vin (1 sur 30 de vin), de 50 à 100 gr. l'eau de Meunier contre les hydropisies.
Icxlrait de j^ialioli; à r()[)iiini dans celle maladie (juaiid elle esl violente et
qu'elle s'aeconipaf^ne de Ixiaueonp d'inilalion.
Wolff (1), ayant observé danslagonlle les hons e(ret> de l'eau médicinale
d'Hudson, dans laquelU» il soui)çunnail la présence de la f,Maliole, lit macé-
rer gr. de tVuilles, 10 j,'r. de la racine de celle piaule dans i kilogr. de
.'{()
vin d'Kspaf,'tu\ Il donna ce vin à des goulteux qui s'en Irouvèrenl très-bien.
Scudamore n'eu a retiré aucun avantage dans celte maladie.
A pelile dose et comme alléiant, la graliole a été utile dans les engorge-
menls froids des viscères, la cachexie, les maladies chioniques de la peau,
la syphilis, elc. Dans ces cas, c'est surtout son exlrail qu"(jii emploie on le :
énergiques que notre plante indigène, et dont l'emploi n'exige pas moins de
précautions. Que l'on soumette à l'observation clinique les efîets de la gra-
tiole, et elle reprendra bientôt le rang quelle a si injustement perdu dans
la matière médicale.
/i96 GKEMIL.
Cette plante vivacc se trouve au bord des chemins, aux lieux incultes,
dans les bois secs et élevés.
Ilescriptioii.— Tiges droites, rameuses, rudes, de 60 centimètres environ.
Feuilles lancéolées, alternes, sessiles, rudes et munies de plusieurs nervures, d'un vert
foncé, celles du liant de la tige plus petites et plus étroites. —
Fleurs blanchâtres, axil-
laires, solitaires, courtement pédonculées (juin-juillet-aoùt). —
Galice à cinq divisions
profondes, linéaires.— Corolle un peu plus longue, à cinq lobes arrondis; gorge dé-
—
pourvue d'appendices. — Cinq étamines courtes. —
Style plus long, stigmate bifide.
Quatre akènes osseux, petits, luisants et d'un blanc de perle.
[Parties usitées. — Los fruits.
lo gr. sucre blanc, .30 gr. Triturez dans un mortier, en y versant peu à peu
;
Pai'tieM iiMïtées. —
Les fleurs (balaustes). —
Les fruits (grenades). L'écoice —
du buil (malicoiium). —
Les .semences. La racine, —
L'écorce de la racine. —
[Ctiltiire. —
On multiplie les grenadiers de graines ou de greffes; ils exigent une
])onne ex|)osilion, on peut les cultiver au pied d'un mur, au midi on les couvre Phi- ;
ver de feuilles et de litière; ils demandent une terre légère et substantielle qu'il faut
renouveler souvent; les fleurs naissent sur les pousses de Tannée; il faut tailler court
pour obtenir du jeune bois, arroser beaucoup et souvent. On préfère l'écoice du gre-
nadier sauvage.]
Récolte. —
Les fleurs de grenadier, simples dans le grenadier sauvage, sent
doubles dans le grenadier cultivé. Ce sont ces dernières qu'on livre ordinairement au
commerce sous le nom de balausles, bien que les premières aient les mêmes propriétés
médicales. On les récolte pendant tout le temps de la floraison. La dessiccation ne leur
fait pas perdre leur belle couleur rouge. L'écorce du fruit se trouve dans le commerce
de la droguerie en fragments secs, durs, coriaces, rougeàtres en dehors, jaunes au
dedans.
La racine sèche pouvant être tirée en abondance de l'Espagne, du Portugal, de la
Provence, il y a avantage économique k la choisir. La racine fraîche, recueillie souvent
sur de maigres arbustes élevés dans des caisses, est habituellement moins riche en
tannin, et n'offre pas les mêmes avantages sous le rapport thérapeutique (1). L'écorce —
de racine de grenadier de Portugal est beaucoup plus grosse que celle de France.
Mérat regardait la racine fraîche comme beaucoup plus efficace que la racine sèche.
Ce médecin était dans Thabitude de faire acheter un grenadier vivant, de huit à dix
ans au moins (plus jeune il ne pourrait fournir la quanlilé d'écorce de racine suffisante)
et d'en faire séparer l'écorce chez le malade même, le jour, ou, au plus tard, le len-
demain du jour où des anneaux de taenia avaient été expulsés; il le faisait employer
immédiatement. 11 est reconnu aujourd'hui que la racine sèche est tout aussi efficace,
lorsqu'on a eu la |)récaution de la faire macérer pendant vingt-quatre heures dans l'eau
qui doit servir à Téhullilion.
Cette écorce se trouve dans le commerce en petits fragments cassants, non fibreux,
d'un gris jaunâtre à l'extérieur et jaune à l'intérieur. Elle est inodore.
Dans la droguerie on remplace quelquefois l'écorce de la racine de grenadier par celle
de buis ou d'épine-vinette. L'amertume de ces deux dernières racines suffit à la dégus-
tation, pour déceler la baude. —
« Une falsification plus fréquente que celle que nous
venons de mentionner consiste à mélanger l'écorce de la tige avec celle de la racine.
On peut reconnaître cette substitution à l'absence totale de toute production cryplo-
gamique sur Fécorce des racines, tandis que l'on rencontre à l'aide du microscope, sur
Tépiderme des écorces caulinaires. un grand nombre de cryptogames, tels que Vojogra-
pha serpentlua, le verrucaria leinilotu, etc. —
On peut la con'ondre avec les écorces
d'angusture. Le sulfate de fer donne avec l'infusé d'écorce de grenadier un précipité
noirâtre, avec l'angusture vraie, un précipité gris-jaunàtre, avec l'angusture fausse, un
précipité vert bouteille. (Dorvault.)
32
498 CHENADIER.
cnntioniient une iirandc quaalilô dv tannin cl do Tacido galliqiio. L'écuiTO do la racine
do gronadior osl d'nno savoiir Iros-aslringonle, sans aniorlunio; liunioctoc avec un pou
d"oau ei passôe sur un paj)ier, elle y laisse une trace jainio qui di'viont d'un bleu ioncé
par le contart du suHale de l'or. Cotte- racine a été analysée (fahoid pai- Milonart (1),
qui on a lotin* une malioro grasse assez abondante, du ianniii. do Tacido galli(|ue, une
uiatièro n'siiieuso, do la mannito, du sucre et du ligneux; puis par Latour de Trié (2),
qui en a obtenu de la cbloropliylle, boauooup de résine, du tannin, do la matière grasse,
et une substance cristalline sucrée qu'il noninio (jren'tdine, Ia(]uolle est blanclio, sans
odeur, cristallisée on choux-fleurs et ne païaît pas'conslituor le princi[)o actif du végé-
tal (c'est tout sinq)lenicnt de la niannite). —
Landerer, cité par Souboiran, a retiré des
l'ruits non lu'irs une matière amore cristalline qu'il a nommoc (jrfuifiline. (Highini a —
extrait de l'écorce un principe acre auquel il a donné le nom de ptinicine.)
Poudre de la racine, de 5 à 15 gr., en pi- 500 gr. deau distillée; au bout île deux jours,
lules, bols, ou dans du vin, comme astrin- exprimez fortement. Remettez sur le marc
gent. 500 gr. d'eau bouillante et laissez en contact
pendant vingt-quatre heures, passez et expri-
MÉDICATION TÉMFUGE.
mez; réunissez l'infusé au macéi-é, filtrez et
Suivant Mérat, qui assure n'avoir jamais abandonnez la liqueur pendant d' ux jours à
vu manquer la racine de grenadiiT contre le une température de 30 degrés dans un vase
tifida, le succès est lié à l'observation indis- ouvert, passez au liltr'-, tro s verres par jour,
pensabU? certaines conditions, et ces con-
di- le matin, à midi et le soir. Latour cite un
ditions sont les suivantes : cas d'expulsion d'un twnia par cette prépara-
i° N'administrer le médicament que le jour tion.
même ou le lendemain du jour où des anneaux Chez les sujets faibles, neneux, et surtout
de tîeira auront éié n ndus. chez les enfants, on ne doit administrer l'é-
2" Faire |)rendre en trois fois, à une demi- corce de racine de gienadie <|u'à doses frac-
•
lioure de distance les unes des autres, le pro- tionnées. On peut, dans ces cas, faire prendre
duit de la décoction de GO gr. d'écorce de ra- pendant huit à (piinze jour , tantOi par l'es-
cine fraîche d(; grenadier cultivé, dans 750 gr. tomac et tantôt en lavemtmis, une décoction
d'eau réduite à 500 gr. par l'ébulliiion. de U gr. de cette tcoice. C'-pendant ces demi-
Suivant Mérat , les insuccès que l'on a moyens sont loin n'amener un lésultat aussi
ï'eprociiés à ce mode de traitement sont dus satisfaisant que le mode ordinaire d'adminis-
uniquement ù ce qu'il n'a pas été fait conve- tration.
nablement, et ils doiv. nt toujours être consi- L'administration de l'érorce do la racine de
dérés conmie résultant soit de la faute du grenadier sous forme de poudre, conseillée
par lîrcton, qui la faisait prendre i\ la dose est fiaichemenl récoltée. Trois faits publiés
de 00 ceiitigr. toutes ! s dcnii-iieiires pendant par Grisolle, (Jiscaro (2) et Dechainbre vien-
trois heures de suite, est moins certaiiK; dans nent i\ l'appui de cette o|)inion. li'j i:v. de cette
déroclion.
ses elïets (|ue la L'extrait alronli- racine sèche, qu'on avait fait mnci'rer [jendant
que, proposé par Desiaiutes (1) romnie possé- vinut-(|ualr(; hein-es dans 7.')0 f.'r. freaii et ré-
dant une elliciicilé Icnifiiyc jiius |)ronoiiCL'e duire ensuite à 500 ^r., ont fait rendre au
que de l'écorce ellc-inénie, est i)lus fa-
celle malade di' Giscaro, une demi-heure; aj)rés la
cili-A adniinistrei-, répugne moins aux ma- troisième verrée, le tiunia solium qui causait
lades, et mérite d'être adopté, iion-seulcnient tous les accidents, et 1") p;r. de cette incinc
enmine propre ;\ aj^ir spécialement rontre le ont snlli chez le jeune enfant dont parle De-
laMiia, mais aussi contre les autres es|)èces de cliamliie. Dans les deux cas, ra:tministration
vt!is intestinaux. de la dc'cociion de racine de frrenadier avait
Connue nous l'avons dit plus haut, l'écorcp été précédé'e, vingt-quntre heures auparavant,
sèche n'est pas moins efticacc que celle qui d'une purgation avec l'huile de ricin.
terie chronique, les pertes utérines, les flueurs blanches et les fièvres inter-
mittentes. L'écorce du fruit du grenadier est regardée par les médecins
persans et thibélains comme succédané du quinquina et employée contre
les fièvres intermittentes (3).
La propriété vermifuge de l'écorce de racine de grenadier, que l'on n'a
mise à profil que depuis une trentaine d'années, était connue des anciens.
Caton le Censeur la conseille contre les vers, et Dioscoride recommande la
décoction de racine de grenadier prise en breuvage pour tuer les vers larges
et les chasser du corps. Dans llnde, ce téniluge était employé de temps im-
mémorial. Ce fut Buchanam qui le remit en usage en Europe vers 1807.
Laissant de ctJié, comme inutiles dans un travail exclusivement consacré à
la thérapeutique, les autres détails historiques concernant ce précieux re-
mède, nous nous contenterons de dire que le mémoire de Gomès, publié en
18:2:2, et traduit par Mérat (4), a le plus contribué à en répandre l'usage en
France.
Ce qui frappe le praticien dans l'emploi de l'écorce de racine de grena-
dier comme téniftige, c'est le défaut de proportion entre son action immé-
diate sur le tube digestif et le résultat qu'on en obtient. Introduite à dose
légère dans l'esti mac, elle ne produit aucun effet sensible en quantité plus ;
nombre de selles. ()n sait d'ailleurs que les purgatifs, même les plus éner-
giques, n'ont pas, par cette seule propriété, l'eUet vermifuge. L'amertume
de cette racine n'esl pas assez prononcée pour que l'on puisse lui attribuer
sa vertu anihelminthique tout à fait dépourvue d'arôme, sa décoction a seu-
;
sitrs, je tue décidai à lui lairo prondro on lavcmonl une décoction (\c 20 av.
d'ôcorce de racine de grenadier dans 8()() ^r. d'can rédnils par Pf-ljullition
à riOO iiv. environ. Un (jnart d'hciu'O après celle injeclion, nne ^Mide-iobe
amena le ver tonl entier, il était assez épais, opaque, roulé en peloton, de la
longueur «le ([nati'c nièlres enviion, et de l'espèce non année. J'ai pu, à
l'aide d'une lorte loui)e, distinguer les papilles latérales, et, entre elles, la
protubérance indiquant le suçoir central de ranimai.
Ce lait, ([uc j'ai cru devoir rapporter, vient se joindre* au grand nombre
de ceux (pii sont consignés dans les journaux de médecine, et qui prouvent
incontestablement que l'écorce de racine de grenadier est, de tous les an-
thelminliiiipies indigènes connus, celui qui jouit au plus haut degré de la
lacidlé de luei- le ta-nia solium (1). C'est le succédané du kousso. ,
Récolte. — Lorsqu'on veut manger les fruits on les récolte à leur nialinilé, et un
peu avant cette époque lorsqu'on en prépare le sirop ou les gelées.
bouture; en liiver on coupe le bois mort et ou i-ahat les brandies ; on les multiplie
aussi d'éclats de pieds, ils doivent èti'e renouvelés tous les cinq ans.]
(1) Voyez Arcliives qénérales de médecine, 1" sC'rie, t. VI, p. 293; t. VII, p. J.")3, G03; t. XIV,
p. 285. 37/j, 603; t. XV, p. l'J.'j; t. XVI, p. 208; t. XVII, p. 130; t. XVIII; p. 438. —Journal
'jénéral de médecine, t. XXVII, 2' série, ji. 329, etc.
502 cm.
embarras des viscères désignés sous le nom d'obslrnctions, le scorbut, les
allections cnlanécs reI)cllos. Ces IVnils convicnneiil surtout aux jeunes gens^
aux tempéraments sanguins et bilieux, dans les jjays chauds et secs; chez
les personnes faibles et délicates, elles troublent les digestions quand elles
sont ingérées en trop grande ([uaulité. La gelée, le sucre et l'acide que ren-
ferment les groseilles, les rendent nutritives, rafraîchissantes et diurétiques.
Le suc et le sirop, pris eu limonade, sont très-propres h apaiser la soif et
conviennent dans les fièvres iulIamnuUoires bilieuses, putrides; dans la gas-
trite, l'entérite, l'angine, la rougeole, la scarlatine, les phlegmasies des voies
urinaires, le scorbut aigu, le purpura hemorrhagica, etc.
La gelée de groseille, appliquée immédiatement après une brûlure du
premier. ou du second degré, apaise la douleur, prévient l'inflammation et le
développement des phlyctènes,
(xS'ous avons traité du groseillier noir, page 2ol); il nous reste îi signaler
le groseillier épineux {I\ih"s ura crispa, L.; ){, grossolarià); l'emploi de ses
fruits verts pour l'assaisonnement (lu maquereau lui a lail donner le nom
vulgaire de groseillier à maqucreoiix. Les fruits verts sont laxatifs et rafraî-
chissants; mûrs, ils perdent en grande partie ces qualités.)
Réeolte. — Il faut recueillir le gui à la fin de rautomne, le l'aire sécher avec soin,
en séparer l'écorce, la pulvériser et la renlermer dans un vase opaque hermétiquement
renne et pljicé dans un lion sec. Le gui de clii^ne ne jr)nil pas de pio|»iielês jiliis reiuar-
qiiahles (|iie les aiilics; railtre sur lequel celle piaule croil n'apjioile aucune dliFérence
dans sa Cduiposition chimique.
l*ro|ii*i^*ti>M plijMiqiK'M et cliiiiiiqtK'H. — I.o gui est inodore, d'une sa-
\eui' viscpieuse et lui jteii auslere ;i Ti-lal Irais, el d'un goût
(i"une odeur d<'sa,L;réal)le
acre el amer quand il osl sec. On
y trouve une
grande quaulité de matière gluliiieuse,
trt's-analoguc au dans l'oau el dans l'alcool, un extrait
caoutclioui'., insolultle ;i froid
résineux, un extrait nuKpieux et un principe astringent, l/oxtrail n-sineux est beaucoup
plus aliondaiit (|ue l'exlrait aqueux. C'est dans l'ecorce que ri^side la plus grande partie
des principes actifs du gui.
(On pense encore assez gént'ralenienl qu'inie piaule [)arasile [larlicipe de la composi-
tion cliimi(|ue de l'arhre aux dt'|)ens duquel elle vil. Coilialcli, dès 17'i7, assure que les
principes composanis du gui sont idenli(|ues (juel (|ue soil le végétal sur le(|uel on le
reiueille. Ou cile le gui comme étant plus riche en launin quand il croil sur le cliône
que sur le peu|)lier, ou le ponnnier, etc.; celle assertion est teliemenl inexacte que Châ-
tia (1) affirme n'avoir jamais rencontré dans le gui de chéue la moindre trace de vrai
tannin.)
Henry {2^ a trouvé dans les fruits du gui une petite quantité de glu, de la cire, de
la gonune, une matière visqueuse insolultle, de la chlorophylle, des sels à base de po-
tasse, de chaux, de magnésie; de l'oxyde de fer.
Toutes les p.wlies verles du gui, tiges el feuilles, contiennent beaucoup de glu. Pour
l'extraire, ou mel une certaine quantité de celle plante pendant huit ou dix jours dans
un lieu humide; quand elle est pourrie, on la pile jusqu'à la réduire en bouillie; on la
place eusuile dans une leriine avec de l'eau fraîche, el ou l'agile fortement jusqu'à ce que
la glu s'attache à la spalule. On lave alors celle su])slauce dans un autre vase avec de la
nouvelle eau, et on la conserve pour l'usage —
Celle glu contient un principe particu-
lier auquel Macaire (3) a donné le nom de visciiie. (Elle peut être représentée, selon
Reiusch (/i), par C-''H-''0®.) — En France, la glu se prépare plus volontiers avec
l'ecorce de houx.
l'RKPARATIONS PHAr.MACKUTIQL KS ET DOSES.
A L'iNTÉRifiCR. —
Décoction, de 30 à 60 gr. A l'extérieur. —
En cataplasmes.
par Itilogramme d'eau. Le gui entre dans la pondre antiépileptique
Poudre, de 2 à 12 gr., en bols, pilules ou de Guttèle, mélange de pivoine, de dictame,
dans un liquide, dans les vingt-quatre de gui, d'arrocho, de corail rouiio, dliyacinilie,
heures. d'ongle d'élan, de cràup humain, de musc et
Extrait aqueux ou vineux, de 1 à 8 gr. on pi- de feuilles d'or. On l'administre à la dose de
lules, potions, etc. 10 ceutigr. à 2 gr.
Nous avons peu de chose à dire sur l'action physiologique du gui. L'ecorce
en poudre, i\ la dose de 8 gr. par jour, produit sur le tube digesliCdes ellels
excitants, et provoque souvent quelques selles. La décoclion et l'exlrail al-
coolique de cette écorce ne paraissent pas être aussi laxatifs que la poudre.
On croil généralement que les haies sont laxatives cependant, j'en ai avalé ;
quelques jours sans résultats appréciables, les accès devinrent moins fré-
quents, et cessèrent complètement au bout de six mois.
quatre i'ois par jour. Bradley loue ses effets dans l'hystérie, les vertiges, la
paralysie (sans doute la paralysie hystérique). Franck a connu à Wilna un
médecin italien qui avait obtenu les résultats les plus heureux de l'emploi
ilu gui dans plusieurs cas de toux rebelle lui-môme en obtint un plein suc-
:
cès dans des cas analogues. Plus récenmient (3), on en a véi-itié les bons
effets dans certaines toux convulsives. Dumont (4), l'ayant expérimenté dans
plusieurs cas de coqueluche, affirme que son action est tellement prompte
qu'on peut la constater an bout de vingt-quatre heures. Deux faits recueillis
par Dubois, de Tournai, viennent à l'appui de cette assertion. Je n'ai pas été
aussi heureux que lui. Cette écorce, que j'avais récoltée et préparée moi-
même, donnée en poudre à la dose de -2 gr. matin et soir, amena, au bout
de quatre à cinq jours, une diminution sensible dans la fréquence et l'inten-
sité des quintes; mais ensuite les symptômes restèrent les mêmes, malgré
l'augmentation progressive des doses du médicament, jusqu'à celle de 6 gr.
donnée en trois fois chaque jour. La maladie ne céda qu'à l'usage de la
poudre de feuilles d'aconit. —
Ce fait, observé pendant l'épidémie de coque-
luche qui régnait à Boulogne en 18.j5, avec complication d'affection catar-
rhale fébrile permanente, ne peut en rien diminuer l'importance d'autres
faits qui militent en faveur de l'emploi du gui dans cette névrose car, ainsi ;
que je l'ai fait remarquer à l'article Aconit, p. 22, la belladone et les anti-
spasmodiques en général n'apportaient dans cette épidémie que peu ou
point de soulagement. Il faut, pour apprécier l'effet des médicaments, non-
seulement s'assurer du caractère spécial de la maladie, mais aussi tenir soi-
gneusement compte des modifications qu'elle subit sous l'influence des cir-
constances générales ou particulières dans lesquelles se trouve le malade.
Le gui a été recommandé par divers auteurs dans d'autres affections de
nature plus ou moins dissemblable, telles que la diarrhée; et la dysenterie,
les pertes utérines, les écoulements hémorrhoïdanx, lagoutlc, l'apoplexie, etc.
{Ray vante comme ayant toujours raison des fièvres quartes, le gui, visais
o.vijacantlio innatiis.) Nous ne donnerons pas une telle extension aux vertus
de ce parasite mais nous ne lui refuserons pas, comme l'ont fait Tissot.
;
Cette plante croit dans les lieux frais et humides de l'Italie, de la France
et de Hollande; on la cultive dans les Jardins,
la et en grand dans lescham[js,
surtout aux environs de Paris (Saint-Denis).
Ilesicriptioii. —
llacines longues, pivotantes, hianclies, contenant un mucilage
gtuanl et très-doux. —
Tige de 1 mètre à 1 mètre 50 centimètres, droites, nond)reusos,
pul)('scenles. —
iHniilles alternes, pétiolées, molles, d'un vert hlancliàlre, coidi formes,
à trois ou cinq lobes peu mar(|uès ou dentés. —
Meurs presque sessiles, d'un ))lanc
rosé, disposées en panicules axillaires (juin-juillet). —
Calice double, rextétieur à six ou
neuf divisions, rinlérieur à cinq plus longues. —
Cinq pétales cordiloiines réunis à la
base. —
Etamines monadeiplies, à anthères nombreuses. —
Ovaire surmonté d'un style
court et d'un pinceau de stigmates sétacés. —
Truit orbiculaire, composé de plusieurs
carpelles monospermes, lomenteux, verlicillés autour d'un axe.
Culture. — I^a guimauve n'est pas diflicile sur la natiu'è du terrain mais celui
qui convient le mieux est une terre tranche, légère, profonde et un peu humide.
lui
;
—
Quand on ne la plante que pour les besoins de la maison, et il faut toujours à la cam[)agne
en avoir quelques pieds dans son jardin, on peut la multiplier en arrachant en no\embre
on décemltre de vieux pieds qu'on éclate, qu'on divise en plusieurs et qu'on replante im-
médiatement. Mais quand on veut cultiver cette i)lante pour en fournir au commerce de
riierborisli'rie, jj laul en récolter la semence à l'automne, et la semer au piintemps dans
une terre bien labouré(\ tVndanl l'été on sarcle le jeune semis, et on lui donne au
moins deux binages. A l'automne, on enlève le jeune ])lant avec la bêche, afin de ména-
ger les racines, el on le replante aussitôt dans un teriain convenable et bien labouré,
en dis|)osant les pieds en quinconce el espact's à la distance de ^0 centimètres envi-
ron les uns des tutres. L'année suivante, on donne deux binages au moins pendant le
printemps et l'été.
Récolte. —
La racine de guimauve se lécolle à l'automne et pendant l'hiver sui-
vant on arrache successivement les pieds pour les porter au marché, ou au séchoir
;
conserve dans des sacs en lieu sec. Les rouilles se récoKonl au mois de juin, avant la
floraison; elles ne ])oi-dont pas de leui'S qualités par la dessiccation.
Propriétés oliiiiii<iiieia. —
La racine de guimauve contient de la gomme, de
l'amidon, une malièie colorante jaune, de l'albumine, de l'asparagine, du sucre de
canne, de l'huile fixe. L'eau bouillante s'empare de ses principes..
Poudre (de 6 à 15 gr.), en bols, pilules, pâte, douce température (20 à 30° centigrades); trop
potions, loochs (pour en augmenter la ton- froide ou trop chaude, elle deviendrait exci-
sistance) on s'en sert aussi pour préparer
; tante. La décoction, épaisse, trouble, n'est
des poudres médicinales adoucissantes, pour '
ordinairement employée qu'à l'extérieur en
étendre diverses substances qui auraient i
fomentations, lotions, bains, lavements, et
une action trop énergique si on les em- !
pour délayer la mie de pain, le son ou la fa-
ployait ù l'état de pureté. rine de graine de lin dans la préparation des
—
A l'extkriki;r. Décoction des feuilles ou des cataplasmes; on use de la décoction des
racines, pour bains locaux, fomentations, feuilles de la même manière,
lotions, lavements, gargarismes. i
Colle plante croît sur les bords des loiUaiiies el des i)uils; elle s'allache
aussi aux arbres cl au.\ rochers, entre les pavés des cours, et lornie coiiinie
une espèce d'écaillé.
Veiiirriiilioit. —
Se présonio sous forme d'expansions noni])reiises ou de croûtes
vertes, phincs. clalces, loliées, transparenN's, ponctuées en dessus, traversées en dessous
par des radicelles lr(''s-nienues. Sur la lace su|)érioui'e, des conoeptacles sessiles, en
t'oi-nie de coupe, contenant les capsules, et des concepiacles mâles en tonne d'ondjelles,
dont le contoui' uiric cini| lohes |)eu niar([ués, arrondis-oblus.
'R^*rolte. — On peut récolter riiépatique des fontaines dans tontes les saisons,
mais de préférence dans l'été, la plante étant alors dans toute sa vigueur. On en sépare
les feuilles mortes, on la lait sécher au soleil ou à l'étuve, et on la conserve dans un lieu
sec et à l'abri du contact de l'air.
Lhéi^atique des fontaines était regardée par les anciens comme propre à
combattre les maladies du foie de là le nom qu'elle porte. (Juoique rare-
;
dant douze beiu'es deux poignées de feuilles d'hépatique dans l'eau il les ;
broie ensuite à l'aide d'un pilon, y joint une quantité égale de farine de
graine de lin, et en forme un cataj)lasme qu'il étend sur le ventre des ma-
lades. Ce cataplasme est renouvelé deux fois par jour il produit une abon- ;
Dans le premier cas, aucune action sensible n'a été produite dans le se- ;
ellet ne s'est soutenu que pendant cinq à six jours. J'ai alors essayé l'usage
interne de cette plante; j'en ai fait broyer et infuser GO gr. dans un kilogr.
de vin blanc. Cent gr. de ce vin, administrés deux fois par jour, produisirent
un effet diurétique prononcé au bout de quinze jours, rinfiltration séreuse
;
«lu tissu cellulaire était entièrement dissipée. Cette infiltration était survenue,
que ces derniers sont souvent impuissants dans des cas où il réussit.
Depuis longtemps, Gensoul, collègue de l'auteur, employait le marchantia
.comme diurétique il n'a eu qu'à s'en louer. Cette plante a été connue des
;
anciens. Pollini dit d'elle: Apud mcdicos olim in usu erat (marchantia) m
morhis hcpatis. et vcsicic. Les dictionnaires de médecine moderne l'ont ou-
bliée, voire même la Phaî-viacopcc unicerscllc de Jourdan.
Le marchantia employé par Levrat-Perrotton est le conica; le marchantia
polymorpha, ayant^
les mêmes habitudes, a les mêmes propriétés médi-
cales (I).
Cette plante annuelle (PI. W\) est commune dans les lieux incultes et
sablonneux, dans les champs en friche, etc.
—
Uescriptioii. Racines grêles, biancliàtros et très-peu ramifiées. —
Tiges d"envi-
ron iO à 50 cenliinotres de long, rampantes, Irès-rameuses. —
l-'euilles petites, glabres,
ovales, ol)longues, opposées d'abord, puis alternes après la floraison par la ciiiUe de
celles qui se trouvaient du côté du rameau fleuri. —
Fleurs sessiles, petites, verdàlres,
réunies en pelotons formant une sorte d'épi (mai-septeniljre). —
Calices glabres et ver-
dàtres, pétaloïdes à quatre ou cinq divisions ])rofondes. —
Quatre ou cinq étamines à
antliéres jaunes. —Un ovaire supérieur. —
Deux styles courts. —
Fruit: capsule petite,
monospernic, indéinscenle, enveloppée par le calice persistant. —
Semences luisantes.
Parties iisitéeM. — L'herbe.
Récolte. — On ])eul cueillir cette plante pendant tout l'été, mais plus particu-
lièrement en jnillet et août. à conserver. Il suffit de la
Elle est très-facile à sécher et
préservei- de riiumidil*'.
hernies, d'où lui vient son noiri. On a avancé, d'après MatHiif)Ie, (jiie, con-
luse et appliquée sur les hei-nies, elle les f^^uérissait i-adiealenient, en en don-
nant en même lemps la déeoelion ou la poudre. Pei'sonne, aujourd'hui, ne
parviendra à réduire la hernie la |)lus simple par un semblable moyen.
Mais faul-il coriclure avec Spii'lmann, |{('r;;ius, Muii-ay, Mri;i! cl Delcns,
que celle plaide doit vive regardée comme nulle, cl ([uc l'on peut sans incon-
vénienl rélimiuer de la malicie médicale?... Non. Ilerpain, de Mous (1), a
dénionlré par la puissance des laits que la herniaire est un de nos diuré-
tiques les plus puissants cl les plus ceilains cl, maijiré les critiques e.xaj^é-
;
Le hêtre, connu de tout le monde, est un des plus beaux arbres de nos
forêts ; il se plaît particulièrement sur les coteaux et au pied des montagnes.
L'écorce et les fruits (faînes) sont usités.
L'écorce de hêtre est astringente elle a été placée parmi les fébrifuges
;
Cotte vivacc (1*1. XXI) crdil le. loii^ dci; fossos, iwi Ixjrd des clioniins,
i)l;int{'
dans les cliainps luiniidcs, elle est conimunc eu Franec,
lle!>(rri|i<ioii. —
nacincs alion^iées, rameuses, (le la ^'losseur du doigt, d'\m
blanc saie. — 'l'ip't's droiles, lieibarces, canneli' s, liantes d'environ 1 mètre.
^ Feuilles —
opposées, péliolées, ailées, cuniposi-cs de sept à neiil fnlioies lancéolées, denté-i's en scie
h leurs bords. - Fleurs blanches tormant une cime ou une sorte d'ombelle ample et
louirne, acrompaf^iK'e de bractées liliformes (juin-jinllel). —
Calice à cinq divisions
eourtes. —
Corolle en roue à cinq lobes. —
Cin(( elainiiies. —
Trois stijrmales sessiles,
olitus. —
Fruit ])aie inférieure noire, pul[»euse, à une seule lojre contenant trois se-
:
tenir les mêmes ()rincipes chimiques {voy. Slreal). Les baies d'hièble, en les écrasant
entre les doigts, doniienl une couleur rouge celle de sureau est feuille-morte. (Lut (1)
;
a trouvé dans la racine du sambucus cbnlus les acides tannique, acétique, valériaiiique,
de la inalière grasse, un principe acre et amer lik'bline),de la saponine, de la résine, de
la fécule, du sucre, de la gomme, de ralbumine végétale et quelques traces d huile
volatile.) Ces baies sont en usage dans la teinture pour colorer diiïérents tissus en vio-
let. Suivant Muiray, les feuilles vertes, répandues dans les greniers, niellent les souris
en fuite. On croit aussi qu'elles font périr les cliarençons, qui dévorent si souvent les
graines céréales.
PRÉPARATIOXS PHARMACELTIQUES ET DOSES.
A l'i\tériei R. —
Infusion vineuse ou décoc- dans du vin blanc ou dans un autre vélii-
tion aqiieu'-c de la racine ou de l'écorce cule, ou en électuaire.
(12 k 30 gr. par kilogramme), 30 à 100 gr. Infusion des fleurs dans l'eau, de à 8 gr. /j
petites doses les feuilles jouissent à peu près des mêmes propriétés que
;
par la vétusté. Quand Haller lui refusait cette propriété que Scopoli lui at-
tribuait, on peut croire que tous les deux avaient raison.
Les feuilles dhièble et celles d'absinthe, cuites ensemble et appliquées
sur le bas-ventre d'un enfant de dix-sept mois, ont procuré quatre évacua-
tions alvincs abondantes, avec expulsion de six lombrics vivants. J'ai em-
ployé la semence verte d'hièble, pilée et mêlée de la môme manière, avec
de l'absinthe et un peu d'ail, chez un petit garçon de l'âge de deux ans. Ce
topique a déterminé trois selles copieuses et la sortie de trois ascarides lom-
brico'ides et d'une grande quantité d'ascarides vcrmiculaires.
HOUBLON. 513
composés (le nombieuses folioles d'un jaune roussàtre chacune de ces folioles est mu-
;
nie d'un ovaire supérieur et de deux styles, qui plus tard deviennent la semence.
bouchés, où elle se conserve pendant j)lusieurs années. (Sa couleur varie du jaune ver-
dàlre au jaune orangé); sa saveur est très-amére. Suivant l'analyse de i^ayen et Cheval-
lier, elle contient de l'huile volatile, une matière amère, d'un blanc jaunâtre, appelée
plus lard par Pelletan lupulile, de la résine, de la gomme, une matière extractive, des
traces d'osmazôme, une matière grasse, de l'acide raalique, du malale de chaux et des
sels.
(D'après Yves, de .\ew-York, sur V20 parties, le lupulin contient : tannin 5, matière
extractive 10, principe amer 11, fécule 12, résine 36, ligneux /|G) (1).
L'huile volatile de houblon, contenue dans le lupulin, dans la proportion d'environ
2 pour 100, est d'une couleur jaunâtre, d'une odeur alliacée et d'une saveur acre qui
prend à la gorge. Elle est assez soluble dans l'eau et se dissout mieux dans l'alcool et
gées, plus désagrénldes que la poition de poussière jaune qu'ils supportent, ce qui
prouve qu'ils lournisscnt des piiiicipes indépendants de celte matière, [-,'eau, le vin,
l'alcool s'emparent des principes aclil's des cônes du houblon. Leur infusion aqueuse
brunit par le conlaci du sulfate de fer.
On connaît l'usjige des cônes de houblon dans la fabrication de la bière. Malheureu-
sement il parait que cet ingrédient, ordinairement d'un piix élevé, est souvent l'emplacé
par des plantes amères, telles que le buis, l'absinllif, le Irètle d'eau, le quassia, etc. Les
feuilles et les pointes des saunents servent à faire de la petite bière on pouirait les :
pâles, bouffis, qui habitent des lieux humides, et chez lesquels, sans irrita-
tion phlegmasique des voies digcstives, il y a inappétence, assimilation
viciée. En général, les afTections lymphatiques et scrofuleuses, le dépérisse-
ment et la détérioration constitutionnelle résultant de l'état de pauvreté de
la plupart des manouvriers de la campagne, réclament l'emploi fréquent
des amers et surtout du houblon, que tout le monde connaît et prend sans ré-
pugnance. Ce précieux médicament est souvent employé dans la médecine
rurale. C'est un excellent tonique fébrifuge contre les fièvres automnales. Je
l'administre en infusion ou en décoction dans l'eau, h laquelle je mêle quel-
quefois une certaine quantité de vin. Il combat efficacement les affections
vermineuses. Je le donne souvent en décoction concentrée sous forme de
lavement contre les ascarides vermiculaires. Mathiole dit qu'un demi-gros
(2 gr.) de fruits de houblon piles, avalé le matin à jeun, tue les vers.
Selon les expériences de Desroches (4), l'emploi du houblon à l'intérieur
produirait le sommeil dans les affections rhumatismales, syphilitiques et
pulmonaires. Barbier, qui a employé fréquemment ce médicament sous
forme d'extrait et de poudre, dit n'avoir jamais observe^ cette action narco-
tique. Ce médecin ne s'est sans doute servi que des cônes dépouillés de lupu-
lin ou n'en ayant plus qu'une petite quantité.
Freake (1)regarde le houblon comme un des meilleurs remèdes contre la
goutte ; il en parle en ces termes « Si prccmùim dcccrnerctur ci qui inoeniret
:
cérél)iaiix cl nerveux plus ou iiioiiis |ti'(iii()iic(''s, (»ii l'a domié à dose <';lovée
dans les états palholo^ifiucs (|iii (ii léclaiiiciit remploi, sans occasionner
(laecidenls notables. Dans IV-lat sain m(''nie, Hehout (1) l'a expérimenté sur
lui-même, sans ellets nuisihies, à des doses doubles et triples de celles que
liaihier présente connue danj^erenses. Cependant, ce denuer, en cela d'ac-
cord avec Majieudie (2), n'accorde au lupulin aucune propriété sédative ou
hypnoli(iue sou adminisiralion, dit-il, n'est jamais suivie d'un état de soni-
;
uoleuce. Il lui recounait cei)endant une action puissante sur le cerveau, sur
la moelle épinière et sur les plexus nerveux, manirestée par des engourdis-
sements pénibles dans les membres, de la pesanteur de léte, de l'accabie-
ment, etc., sans céphalalgie, sans étourdissements ni éblouissements.
A dose thérapeutique, le lupulin |)assc pour ôlre à la fois aromatique,
Ionique et narcoti(pie iii'o|)riélés, dit Yves (3), dont aucun médicament
;
n'oflie l'heureux concours. Son action narcotique a pain à cet auteur d'au-
tant plus précieuse, (pi'elle n'est accompagnée ni de constipation, ni d'allai-
blissement du ton de l'estomac. S'il faut en croire Mill (4), qui l'a donnée
en teinture alcoolique à la dose de M) h 60 gouttes par jour dans les affec-
tions nerveuses, il ne produit i)as de congestion cérébrale. D'après Freake,
il a procuré de grands soulagements dans la goutte, quand d'autres médica-
ments avaient été sans effet. liarbicr le considère comme un bon fébrifuge;
il cite deux cas de fièvre intermittente guérie par l'emploi de cette sub-
stance.
Mais c'est principalement sur les organes génitaux que le lupulin exerce
une sédation élective très-remarquable. Page (5) annonça qu'il suffisait d'ad-
minisli-er 25 à 50 centigr. de poudre de ce produit végétal pour suspendre
complètement les érections, faire cesser les accidents inflammatoires de la
gonorrhée, etc., et cela sans faire courir le risque de la céphalalgie et de la
constipation, qui suivent souvent l'emploi de l'opium et du camphre. Plus
tard. Page constata l'efficacité du lupulin dans les pertes séminales. Hats-
hornc (fj) assure avoir mis un terme à un onanisme opiniâtre par l'emploi
répété du lupulin. Debout (7) a constaté l'action de cette singulière sub-
stance sur l'érélhisme génital.
(Il résulte de la pratique de Ricord (8) que dans ces circonstances il réus-
les érections ont diminué peu à peu et sont enlin deveimes imi)ossiblcs vers
le quinzième jour. Alors seulement les accès épileptiques, qui étaient vio-
lents et ne laissaient que deux ou trois jours d'intervalle, diminuent peu à
peu d'intensité et ne reviennent que tous les cinq :\ six jours. L'elfet anaphro-
disiaque persiste; la dose de lu|)ulin est réduite fi 2 <^r., et chaque jour di-
minuée jusqu'à cessation conqjlète de son usage, avec intention de revenir
à l'administration de cette substance au bout de huit jours, on plus tôt s'il
y a apparence de reproduction de l'orgasme génital. Cette épilepsie excen-
trique cessera-t-elle avec la cause probable qui l'a i)roduite, la masturbation?
L'axiùme suhlaia causa tolliiur cffcctus, ne peut être admis d'une manière
:
absolue que lorsque l'ellet, soit par l'influence de l'habitude morbide invété-
rée, soit par le désordre ou les lésions qu'il détermine, ne devient pas lui-
même une cause secondaire, isolée et persistante.
Le doute n'est plus permis sur l'action du lupulin. « Si par son principe
amer cette substance jouit d'une action tonique générale, par l'huile essen-
tielle qu'elle contient elle possède une propriété sédative incontestable, et
celle-ci s'exerce spécialement sur l'éréthisme génital » (1).
( Quelques auteurs ont avancé que la substance que nous étudions avait
une action sédative sur le système circulatoire. Barbier s'en est bien trouvé
dans les lièvres intermittentes. Nous ne faisons que signaler ces opinions
sans avoir par devers nous des preuves sulflsantes pour établir leur réalité.
11 serait à désirer que la part d'action de l'huile essentielle et celle de la
lupulite fussent déterminées. Walter Jauncey s'est engagé dans cette voie
de recherches pour cet auteur (2), l'huile est purement anodine et séda-
:
tive; l'autre principe, la lupulite, ne possède qu'une action tonique sur les
organes digestifs.)
Le houx, arbre toujours vert, s'offre partout à nos yeux, dans les bois,
dans les haies, etc. On en ftiit des palissades, des clôtures solides, etc.
Description. —
Tiges de 1 mètre environ, quelquefois plus, ti rameaux lisses,
souples ol d'un be;iu vert. —
l<'euilles persistantes, alternes, pétiolées, coriaces, luisantes,
garnies à leurs bords d'épines tories et longues. —
Fleurs petites, blanches, nom-
breuses, axillaires, ordinairement liermaphrodiles, auxquelles succèdent de petites baies
sph('ri([ues, d'un rouge vif, renfermant quatre semences cannelées.
Parties usitées. — Les feuilles, Técorce, les fruits.
posablo par les acides et les alcalis, mais bien par l'alcool; une matière colorante jaune,
de la gomme, de l'acétate de potasse, du muriato de potasse et de chaux, du sulfate et
du phosphate de chaux, du ligneux. Deleschamps, (pu a repris ce travail, a extrait des
feuilles de houx un produit auquel il a donné le nom d'ilicine, et qu'il regarde comme
le principe actif de la plante. Ce produit est d'une couleur brune, |)0U foncée il absorbe ;
cher de la peau. I.c pouls reste calme. 11 n'y a pas de nausées, mais fré-
quemment des coliques, bien qu'en général les selles restent dm-es. Si
l'estomac est irrité ou très-susceptible, il survient des douleurs, des rap-
ports acres, des vomituritions glaireuses, etc. (Barbier).
Les baies de houx exercent sur l'appareil digestif une excitation qui pro-
voque le vomissement et la purgation.
Les feuilles et ont été considérées aussi comme
de houx sont toniques
sudorifiques. On
a prescrites dans la pleurésie, le catarrhe chronique,
les
la variole, les affections rhmnatismales. l*aracelse les employait en décoc-
tion dans les alfections arthritiques. Mais c'est surtout comme fébrifuges
que les feuilles de houx ont été préconisées vers la fin du siècle dernier.
Durande, médecin de Dijon (1), les ayant vu employer contre les fièvres iii-
termittentes par un homme étranger à Fart de guérir, les a administrées
avec succès, il a rapporté ])lusieurs cas de guérison par leur emploi quand
les fièvres avaient résisté au quinquina. Cependant ce fébrifuge était tombé
dans l'oubli quand lîousseau (:2) le soumit à de nouveaux essais et consigna,
dans un mémoire coiu'onné par l'Institut, les nombreux succès qu'il en
avait obtenus. Cet auteur rapporte, non-seulement ses propres observations,
cependant je les crois un peu plus acres. Quelques auteurs ont vanté la
décoction de la racine et de l'écorce intérieure de la tige contre les toux
opiniâtres.
On considère dans nos campagnes les feuilles de houx pilées et appli-
quées fraîches, comme un puissant résolutif dans les tumeurs blanches, les
engorgements scrofuleux, l'œdème, etc. Je n'ai pas eu l'occasion de vérifier
cette propriété.
La glu a été recommandée dans plusieurs ouvrages de matière médicale
comme émolliente, maturative, résolutive.
(Dioscoride recommandait contre les brûlures de la glu trempée en eau
chaude. Elle remplissait les mômes indications que, de nos jours, le col-
lodion.)
en l'absence de toute mali^re tannante, peut raisonnablement
(L'iLiciNE,
Être considérée comme représentant l'aclivité du bonx; clic peut donc rem-
placer la pondre des feuilles; la lacililé pins ^^ande d(> son administration
constitue un avantage eu sa laveur. Iterlini, suis vouloir la eum|)ari'i' au
quin([uina et ;\ ses dérivés, croit cependant ([u'elle doit leur être prél'érée
dans certains cas de fièvre légitime et simple, surtout chez les sujets irri-
tables) (1).
Lejeune, sur les murs de Liège; Dubois, à ïournay. On la cultive dans les
jardins, où l'on en forme souvent des bordures.
Denicriiition. —
Racines dures, ligneuses, un peu ramifiées, Tiges ligneuses, —
presque simples, hautes de GO à 80 cenlimèlres. —
Feuilles vertes, opposées, linéaires,
lancéolées, aiguës. —
Heurs presque sessiles, réunies par paquets et formant des épis
de fleurs bleues, roses ou blanches (juillet-se| tembre). —
Calice tubulé à cinq dents.
Corolle bilal)iee. —
Quatre étamines didynames. —
Ovaire supérieur h quatre lobes. —
Un style. —
Un stigmate bifide. —
Quatre akènes placés au fond du calice.
Parties usitées.— Les sommités Oeuries et les feuilles.
Réeolte. — Elle se récolte comme toutes les planles aromatiques, pendant la flo-
raison. La conservation et la dessiccation sont très-faciles.
[Culture. —
On cultive l'hyssope pour les besoins de la médecine et de la parfu-
merie; elle demande une bonne exposition et une terre légère et calcaire, on la sème en
planches ou en terrines drainées au commencement du printemps; on la propage en-
core de boutures ou d'éclats de pieds faits k la même époque, on repique de bonne
heure en place, et on renouvelle les planches tous les trois ou quatre ans en éclatant
les pieds au printemps et à l'automne.]
il agit ici tout à fait comme les sommités de romarin et d'aurone, qu'on
bouillie dans l'eau; on fomente avec l'eau sur le sachet appliqué. J'ai vu
employer ce moyen avec succès. Il est évident que ce résolutif peut con-
venir dans les contusions des autres parties du corps. Son analogie avec le
camphre explique ses effets.
nues charnues, succulentes, sphérique, d'un rouge vif, contenant en grande partie un
noyau monospcrnie.
[Parties ii(«itéeis. — Les feuilles, les bois, les fruits.
Révolte. — Les feuilles d'if se conservent parfaitement; elles peuvent être récol-
tées toute l'année ; bois est coupé l'hiver,
le il est très-rcclierclié des luthiers, des ébé-
Culture. —L'if est propagé de graines et de marcottes; il est cultivé dans les
jardins d'agrément où on le tourmente de mille manières pour lui donner les formes les
plus bizarres.
Pi*o|iriétéis iiliyjiii(|iies et cliiniic|iie!!i. — Le principe toxique de l'if
n'est pas connu; Chevallier et Lassaigne ont trouvé dans le fruit une matière sucrée
IK. 523
de la f^omnio
li'riii('iilescil)l<>
, , dos acidrs iiiali(|iii' et |)lios|)li()iiqii(> cl une matière
grasse d'un rouge carmin) (1).
mités.
Dujardin, médecin-vétérinaire à Bayeux (li), appelé pour constater la
mort de deux juments qui avaient péri la veille, pendant qu'elles étaient
attelées à la même voilure, reconnut, par l'autopsie, qu'elles avaient suc-
combé pour avoir mangé des feuilles d'if. Dujardin ayant fait manger à
un cheval des feuilles du même arbre, vit l'animal tomber comme fou-
droyé, environ une heure et demie après avoir commencé à manger, et
lorsque de légers signes de coliques s'étaient à peine manifestés. Il a été
porté à la connaissance du môme vétérinaire que des moulons, des vaches
et autres bètes à cornes, des ânes, onl péri subitement dans des herbages
où se trouvaient des ifs.
Chevalier, Duchesne et Reynal (4), citent un grand nombre de faits re-
cueillis par divers auteurs, et établissent les preuves incontestables de l'ac-
tion toxique de cette plante sur les animaux et sur l'homme. Mais l'if était
encore inconnu dans les fastes judiciaires comme substance abortive, et
n'avait pas été signalé par les auteurs comme ayant cette propriété. Cheval-
lier, Duchesne et Reynal, rapportent deux faits très-intéressants de tentative
d'avortement qui ont amené la mort, sans que l'action abortive ait eu lieu.
Les auteurs que nous venons de citer se proposent d'essayer de nouveau
cette substance à moindre dose, afin d'établir si l'on doit redouter la décou-
verte d'une nouvelle préparation propre à faciliter les avortemenls.
acres et irritantes.
((Le deuxième effet, très-f^aractérisé, c'est l'action narcotique et stupé-
fiante produite par le poison, aussitôt que l'absorption commence à se faire.
On observe alors l'action sur le système nerveux inquiétude vague, altéra-
:
mùme bois contre la rage, et Kluiickei', dapi'^s (iooltseliedys, dit que les
paysans de la Silésie se servent de|)uis lon^lenips avec avantaf,^' de la dé-
coction du bois d'il' dans du lait conlrc la morsure (b.'s chiens em'agés.
Ouehjues pi-aliciens rran(;ais ont atli'ibur'' ;\ l'eau distillée des feuilles d'if
des i)ro|)iiétés sédalives aiiaioj^iu's ;\ celles de la dif^ilale. Eu Italie (1), des
médecins ont cherché dans le régne végétal une plante qui eût des pro-
priétés contro-stiunilantes seud)lables à celles de la digitale, mais d'un effet
plus constant. Ils oui constaté que le fruit d'if pouvait, avec avantage, lui
élre substitué, llempinelli de Bergame ,
en a obtenu des résultats qui
,
pides. » Si l'impératoire n'est pas d'un usage plus fréquent, c'est probable-
ment parce que nous possédons un grand nombre de plantes qui jouissent
de propriétés analogues.
On a appliqué à l'extérieur de la racine d'impératoire pour déterger les
ulcères de mauvaise nature, pour guérir la gale. Cullen l'a vantée comme
un masticatoire très-utile dans l'odontalt^ie et dans les fluxions dentaires.
Cette belle espèce d'iris vient spontanément dans les lieux incultes et
arides, sur les vieux murs, les toits de chaume. Elle est cultivée dans nos
jardins pour ses fleurs. Elle est vivace.
mis COM.ML'.N ou mis GEllMAMQLE. 527
IleNri*i|itioii. — Uacinc
: souclic (iliizùmol ()l)li(|iie, noiioiiso, (épaisse, cliaiiuic,
Idaiicliàlic, rmiriiissant sa pailie inférieure l»f-aiic<)U|) cli- pclitcs racines creuses.
<i —
Tiyes de 50 à 70 eenlinièlres, presque simples, droiles, cyiindrifjues, glabres, nues dans
leur partie supérieure, enlouiées de feuilles leur parlie infeiieure.
.'i —
FeuilliiS ensi-
formes, aijiues, planes, engainanles la base,
j^i succulentes, un peu épaisses, plus
courtes que les tiges. — Fleurs d'un bleu violet, veinées, Irés-grandes, deux à six au
soniniel de la lige, la supérieure terminale, les itdérieures pédoncuh-es (avrd-mai), nai-
nies h la base de bractées persistantes en Inrine de spathe. —
l'érianllie a six divisions,
dont tiois extérieures renvers('es, munies vers leur onglet d'une raie de [loils ])lan(;9 ou
jaunàlies, |)t'taloïdes; trois intérieures dressées, [)lus petites. —
Tiois élamines libres,
ayant leurs anilières adliérentes au bord des filets. —
Style court, portant Imis lanières
l)étaliiï(les, écliancn-es, d'un violet mèl(' de blanc, (|ui tiennent lieu de stigmate et re-
couvrent les étamines cacln'es entre elles et l'onglel barbu de clia{pie division n'djécliie
du perianllie. — Ovaiie inlére, devenant plus tard un fruit ou capsule triloculaire, à
trois valves et à trois logi's polyspermes.
Culture. — Se piopago par divisiijii des rliizùmes ; il aime les lieux bas et
liuiiiidi's.
La culture en France n'a pas l'ait perdre à l'iris de Florence sa constitution chimique
propre. — Slan. Martin (I) a constate dans le nôtre, comme Vogel l'avait fait pour
l'exolique, de la gomme, un extrait brun, de la lecule amylaci'e, de l'huile grassi; amère,
acre; (le riiuile. volatile, ayant la l'orme de paillettes blanches (pouvant être représentée
par ('.''irO); des rd)res végétales. —
Stan. Martin a rencontré en plus une matière rési-
neuse (jui a beaucoup de l'aspect physique (b; la glu du houx.
La parfumerie utilise le parbnn des rhizomes et extrait de deux manières le résinoîde
aromati(pie: la distillation aqueuse et la distillation alcoolique.
Les tumeurs, afin de faire perdre leur haleine l'odeur du tabac, mâclienl quelques
.'i
en rose les pois d'iris, ce qui n'arrive pas pour les autres substances.
Les rhizomes du commerce se présentent sous la forme de morceaux cylindriques
aplatis, tuberculeux, d'un blanc rosé.
amère, une matière colorante, une matière sucrée, de la gomme, un acide libre, de la
cire, des sels, du ligneux. (Lecanu.) —
L'huile volatile paraît être le principe le plus
actif; viennent ensuite les matières résineuse et amère.
34
—
Les anciens employaient les capsules de cet iris pour teindre en pourpre et en cra-
moisi , on se servait du lait, suivant Vilruve, pour retirer cette teinture.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
Le suc se prescrit à la dose de 2 à /i gr. On se donne ;\ la dose de 15 à 30 gr. par kilo-
peut, d'après Iloqucs, aller jusqu'à 30 gr. gramme d'eau ; la racine sèclie pulvérisée à
(jC suc se prend dans l'eau miellée ou l'in- celle de .'i
:\ 8 j:r. pour 1 kilogr. de vin
fusiou de racine de guimauve. blanc, comme altérant.
La décoction de la racine ou de la semence
La racine d'iris fétide est stimulante et purgative, ainsi que les semences.
On a considérées comme hydragogucs, diurétiques, sédatives, anti-
les
spasmodiques, apéritives. Tout ce que nous avons dit des propriétés de la
racine de l'iris germanique est applicable à celle de l'iris letide. Ce qu'il y
a de mieux constaté ce sont ses propriétés hydragogucs. J'ai vu des
,
paysans prendre le suc de cette racine (12 gr.) contre l'hydropisie, qu'elle a
souvent réussi à dissiper. On l'a conseillée dans les scrofules. L'impression
manifeste que cette racine exerce sur le système nerveux par sa fétidité a
pu, comme la plupart des substances fétides, la faire employer avec avan-
tage dans l'hystérie. Bourgeois (I) en administrait souvent la décoction en
bain chaud dans l'atrophie des membres. La racine sèche, ayant perdu une
grande partie de ses propriétés, peut être donnée comme diurétique, fon-
dante, emménagogue, etc.
nus JAUNE. Iris des marais, Iris faux acore. Iris glayeul, acore
ADULTÉRIN, FLAMME RATAllDE, GLAYEUL DES MARAIS, FLAMME d'eAU {Iris pseiulo-
acorus, L.; acorus adiilteriniis, C. Bauh.; Iris jHtlustris lutca, Tourn.).
Cette espèce d'iris croît dans les lieux aquatiques, sur le bord des étangs,
des rivières et des fossés, où ses fleurs jaunes la font aisément remarquer.
Description. — Racine: souche charnue, tubéreuse, horizontale, garnie de
grosses fibres cylindriques. —
Tige de 50 à 90 centimètres, rameuse, pluriflore, un peu
fléchie en zig-zag aux nœuds, où les feuilles s'engainent. —
Feuilles radicales égalant
environ la longueur de la lige, toutes ensiformes. —
l''leui's jaunes au sommet de la
Elle contient une matière extiactive biune, une huile grasse, acre et amère, et une
huile volatile qui se concrète en lames brillantes. Elle contient une plus grande propor-
tion de iirincipe astringent que les autres iris; sa décoction lui doit la ])ropriété de se
colorer en noir par le sulfate de fer. Cette racine, bouillie avec de la limaille de fer, sert
aux montagnards de l'Ecosse pour l'aire de l'encre. —
^Villiam Skrimshire a présenté les
graines de cette plante comme pouvant remplacer le café. Ces graines acquièrent par la
torréfaction un parfum qui a, dit-on, jdus d'analogie avec ce dernier que toutes les
graines qu'on a jusqu'à présent tenté de lui substituer ('2).
La racine d'iris des marais, lorsqu'elle est récente, est au moins aussi ac-
tiveque celle des espèces précédentes. Ramsay, Plater;, et d'autres auteurs,
ont eu à se louer de son emploi contre l'anasarquc et l'ascite. Etmuller l'a
mise en usage comme vermifuge, et Blair, au rapport de Murray, attribuait
au suc qu'elle fournit de bons effets contre les scrofules. Cette racine, à la
fois tonique, astringente et purgative, selon la dose à laquelle on l'admi-
nistre et l'état des organes soumis à son action, peut, en eifet, être utile
dans les diverses maladies que nous venons de citer; mais peut-on admettre
son criii'acili' (quand clic est sèclic) dans la diai'iliéc et la dysenterie, contre
lesquelles on l'a i)réconis(''e, sans [iréciser les circonstances où elle convient
et celles où elle pourrait Ctre nuisible? Si son usage est contre-indiqué dans
l'état ai^;u de ces aflections, il ne l'est pcul-c^tre jjas moins parfois dans l'état
clironique. Dans ce dernier cas, en ellet, il est plus difficile de juger de
l'opporlunitL' d'une inédicali(jn astringente que ne le pensent ces praticiens
routiniers (pii , prenant leur aveugle empirisme pour de l'expérience ,
Cette plante annuelle (PI. XXII) croît dans les champs cultivés, les mois-
sons. Elle est surtout abondante dans les céréales, aux semences desquelles
on la trouve souvent mêlée.
Description. — Racines composées de fdM'es grisâtres, cotonneuses. — Tiges
cylindriques, droites, striées, articulées, de 30 h hO centimètres. —
Feuilles linéaires,
aiguës, formant une longue gaine h leur base, glabres en dessous, finement striées,
rudes en dessus. —
Fleurs disposées en un épi terminal, long de 15 à 20 centimètres, for-
mé d'épillets distants, composés d'un calice, de deux écailles glumacées, inégales, dont
l'extérieure beaucoup plus grande, opposée à Tépi, contenant cinq à sept fleurettes glu-
macées, à deux valves, dont la plus extérieure ordinairement terminée par une arête ;
chacune de ces fleurettes a trois examines et un ovaire surmonté de deux styles. —
Graine ovale, comprimée, noirâtre, enveloppée par la valve extérieure de la corolle.
[Parties usitées. — Les fruits.
Récolte. — C'est à l'époque de leur maturité que les fruits de l'ivraie ont le plus
d'action : d'après Loiseleur-Deslongchanips il vaudrait mieux les cueillir avant leur ma-
turité.
les teintures bleues végétales.) Le pain qui en contient est bis et sans amertume la fer- ;
mentation panaire est empêchée lorsque la farine est viciée par un neuvième d'ivraie.
Elle s'efl^ectue avec un dix-huitième, mais alors le pain est vénéneux. Il paraît que c'est
principalement dans l'eau de végétation de cette plante que résident ses principes
toxiques car, dit Loiseleur-Deslongchamps, on a observé que les e!lèls produits par ses
;
graines sont beaucoup plus violents lorsqu'elles ont été cueilles avant leur pariaile ma-
turité. (La dessiccation leur fait perdre de leur àcrelé, et diminue l'intensité de leu"
action.)
l'armentier a donné le conseil d'exposer les graines d'ivraie à la chaleur du four
532 IVRAIE.
avant de les faire nioiulro, pour les dépouiller de leur qualité nuisible on doit ensuite ;
faire bien cuire le pain et attendre qu'il soit coniplélenient icIVoidi pour en manger.
(De temps immémorial, on fait avec cette fanne une pâle pour engraisser les vo-
lailles, qui, nous le verrons plus loin, ne ressentent |)as l'ellel du poisson. Ce poison
paraît résider tout entier, si Ton en croit l'article Iviîaik du Dictionnnire d'histoire na-
turelle de d'Orbigny, dans un principe particulier, la lotiiiie. OMte analyse dont on ne
cite pas Fauteur était presque oubliée, lorsque Filhol et lUiillet ont étudié cette grami-
née. Kn traitant le grain par l'étlier, on en sépare une luiile verle;) [ces cliiniistes ont
vu que riiuile verte contenait de la cbloropliylle et de la xanthine; qu'elle n'était pas
complètement saponifiable; la partie qui ne se saponifie pas est solide, molle, de cou-
leur jaune orangé, neutre, incristallisal)le;] (ce corps, qu'ils dénomment matière jaune,
avait été considéré par eux comme donnant h riaiile d'ivraie toutes ses propriétés ;
mais des recberches plus récentes leur ont prouvé que celle matière n'élait pas isolée
à l'état de pureté; ils y ont re.icontré des proportions variables de cliolesterine) (1).
[L'étlier laisse un résidu qui, étant épuisé par l'eau, donne du sucre, de la dextrine, des
matières albuminoïdes, une substance cxtractive (l'.eveil et Dui)uis).]
(Tel est résumé des recberclies chimiques de Filliol et BaiUet. Si on traite la farine
le
par prend bientôt une coloration verdàtre, devient de plus
l'alcool (35 degrés), celui-ci
en plus vert et offre un goût désagréable, astringent et répugnant; si on évapore à sic-
cité, on a pour résidu une matière résineuse, jaune et verdàtre (2); c'est là un moyen
de reconnaître la faiine d'ivi-aie mêlée à celle de froment; cette dernière ne change en
rien la coloration de l'alcool.
Ludwig et Stabl (3) viennent de publier une nouvelle analyse de l'ivraie ; outre la
cellusose, le gluten cl l'amidon, ils y ont trouvé :
1° Une matière grasse, blanche, neutre, brûlant avec une flamme fuligineuse ; 2" un
acide oléagineux brûlant sans donner de suie et dont la dissolution alcoolique est préci-
pitable par l'acétate de plomb; 3" une huile h saveur acre, brûlant avec une flamme
fuligineuse et répandant une odeur d'encens; /i" une matière grasse huileuse à saveur
acre et amère, donnant par la saponification et une précipitation par l'acide chlorhy-
drique une matière blanche, rance, solutilisable à la faveur de la vapeur d'eau; l'ivraie —
contient une partie de celte substance à l'état de savon solublc dans leau; à l'élat —
libre ces matières ne sont solubles que dans l'alcool et l'éther; 5° une autre, également
soluble dans l'eau, i;onslitue une matière jaune visqueuse, d'une saveur acre et amère
qui, au contact de l'acide sulfurique affaibli bouillant, se transforme en sucre et en acides
volatils; 6" un sucre incrislaliisable; 7° de l'acide lannique verdissant les sels de fer;
8° un acide semblable au mélapectique. L'extrait aqueux contenait: 9" du sulfate de po-
tasse; 10" des substances résineuses. Suivant ces auteurs, le principe actif de l'ivraie
réside dans les huiles Acres ainsi que dans le principe amer mentionné sous le n" 5.
On voit que le résultat de ce travail est en beaucoup de points conforme à celui de
Filhol et Baillet et vient le confirmer.
(Ces deux auteurs f^i) ont analysé les autres espèces du genre lolium.
Le lolium linicola leur paraît contenir les principes actifs en quantité égale, sinon
supérieure, à celle du lolium lemulentum. Ces graines existent quelquefois dans la graine
de lin des pharmacies; il faut l'en purger soigneusement; pourtant aucun danger sé-
rieux ne pourrait résulter de ce mélange en si minim.'s proportions. Le lolium îlalicum
est à peu près sans action dans son huile verte, commti dans sa matière extractive; il
en est de même du lolium perenne. Cependant, l'huile extraite du grain de cette der-
nière espèce n'est pas absolument inactive.)
(Les anciens i)cnsaient que les graines de lolium enivraient; ils les consi-
déraient comme un poison. Virgile dit infelix lolium, et dans Plante on
trouve lolin victitare, pour avoir mal aux yeux, à cause des troubles visuels
qu'on avait déjà observés après l'ingestion de la farine de cette plante. Dans
les campagnes, par une coupable plaisanterie, on en fait macérer dans les
boissons destinées aux personnes que l'on veut mystifier en les enivrant.
Nous avons (l('jù (lit qiu' la présence d'une ceilaiiu' (|iiaiilitC' de cette farine
dans le pain amenait des accidents plus ou moins sciiiMix.)
Elle a occasionné chez ciiui [jcisonncs, au iap[)Oit de Sec^^er (1), une pesan-
teur de léte avec douleur au Iront, des vertit^es, des lintemenls d'oreille, le
tremblement de la langue, de la gène dans la prononciation, la déglutition
et la respiration; des douleurs ;\ l'épigastre, des vomissements, la perte de
l'appétit, des envies d'iuinei-, un tremblement général, une sueur froide
sur tout le corps, une grande lassitude et l'assoupissement. Seeger consi-
dère le tremblement général comme le symptôme le plus certain. « Un
honmie, qui mangea du pain lait avee les quatre cinquièmes d'ivraie, mou-
rut le quatrième jour ;\ la suite de violentes coli(]ues (2). ;>
rieur; 2" des contractions spasmodiques ayant leur siège dans les muscles
du tronc, du cou, de la face, et imprimant souvent à tout le corps des se-
cousses comparables h celles que pourraient produire des décharges élec-
triques; 3° une inquiétude plus ou moins marquée, mais toujours évidente;
•4"des mouvements cadencés et comme saccadés pendant la marche, qui,
parfois, a été chancelante et mal assurée; 5" une station quelquefois diffi-
cile et caractérisée par l'écartcment des membres pour élargir la base de
sustentation G" une période de somnolence plus ou moins prolongée, qui,
;
Culture. — On propage très-facilement cette plante par semis et par bulbes, elle
aime los lioux humides-ol ombragés.]
Propriétés iilsysicflues et cliiHiicfues. —
Leroux (1) a tiré des bulbes
de jacinllio des bois une substance gomnicuse ayant les propriétés pbysiques et chi-
miques de la gomme ara])ique, et pouvant par conséquent servir aux mêmes usages.
Celle plante étant partout Irés-abondante, la gomme qu'on en pourrait extraire serait
d'un prix très-pou élevé, et partant, de nature à fixer rallention des économistes. Le
procédé pour l'obtenir est des plus simples on prend des bulbes frais de jacinthe; on
:
les écrase dans un mortier on verse sur la pulpe une quantité d'eau suffisante pour
;
dissoudre en totalité la gomme qu'elle renferme puis on passe au travers d'un tissu de
;
laine ou de toile psu ^erré, afin de séparer le marc de la solulion gommeuse on fait ;
tant à la pression des couches de fleurs préalablement séparées par des couclies de coton
imbibé d'huile de lin. Il suflit de presser de nouveau le coton joul, pour obtenir une-
huile rendue odorante par l'essence de jasmin.
Récolte. — Il faut choisir les feuilles les plus fortes des rosettes dont la tige n'est
pas encore montée. Cette plante est ordinairement employée fraîche.
[Culture.'— Cette plante se propage avec la pins grande facilité par graines, par
drageons, [lar éclats de loulfos elle pousse sur les toits et les chaumes, elle ne de-
;
de ce mélange sur du sucre trois ou quatre fois par jour. On peut prescrire
en même temps pour tisane une infusion de quelques feuilles de la plante
fraîche, associée à des plantes aromatiques, telles que la mélisse.
Selon Tournefort, rien n'est meilleur pour les chevaux fourbus que de
leur faire avaler une chopine (500 gr.) de suc de joubarbe.
L'usage de la joubarbe, à l'extérieur, a été recommandé dans diverses
affections. On s'en est bien trouvé dans la surdité qui a pour cause l'endur-
cissement du cérumen, ou une exsudation inflammatoire, que la maladie
soit ou non accompagnée d'un écoulement de mauvaise odeur. On instille
dans ces cas, plusieurs fois par jour, quelques gouttes du suc dans les
oreilles, et on les y maintient avec un petit bourdcnnct de coton ouaté.
Forestus employait en onctions sur les ulcérations serpigineuscs de la face
(serpigo), chez les enfants, un mélange de suc de joubarbe et de craie pul-
vérisée, en consistance de Uniment. J'ai employé ce liniment avec a\anlage
dans l'eczéma aigu avec exsudation séro-purulente abondante. Leclerc re-
garde comme un excellent remède contre l'ophthalmie commençante la jou-
barbe pilée avec autant de feuilles de fenouil et appliquée sur les yeux.
Boyer appliquait sur les irritations de la peau, sur les dartres vives, ron-
geantes, les fissures, les ulcérations profondes, une pommade adoucissante
composée de suc de joubarbe, 90 gr.; d'axonge lavée, de chaque, 90 gr.;
d'huile d'amande douce, 120 gr. Le suc de cette plante, mêlé à parties
égales d'huile de millepertuis, d'eau de chaux et d'axonge, forme une pom-
made employée avec succès contre les affections prurigineuses des pailies
génitales.
J'ai vu employer le suc de joubarbe étendu dans une suffisante quantité
d'eau, en gargarisme, avec du miel, dans l'angine tonsillaire. Il m'a paru
produire un très-bon effet dans cette alléction, où, comme on sait, les
astringents réussissent beaucoup mieux que les émoUients. Ce même suc,
seul ou battu avec de l'huile d'olive ou de noix, appliqué sur les brûlures
du premier et du deuxième degré , apaise les douleurs et prévient les
K<'C4ilte. — Elle est sonvonl employée fraîche on la trouve verte pendant toute
;
Tannée; )uais elle n'a accpiis toute son énergie qu'en septembre ou octobre. Quand on
veut la conserver, on la fait ordinairement sécher au four.
[Ciillure. — Comme la précédente.]
Propriétés |iliysi<iiies et cltiii>t«iiies. —
Cette plante est inodore et
d'une saveur chaude, piquante et acre. Son àcrelé, qui paraît résider dans le suc, se
perd presque en entier par la dessiccation. Sa décoction aqueuse, jaunâtre, inodore,
acre et nauséeuse, n'é|)rouve aucun changement par le contact du sulfate de fer. Le
principe acre de cette plante accompagne une matière grasse que dissout Téther; l'eau
JOUBARBE. 539
en digestion sur le résida étliéré de celle solution se cliarge du principe acre, d'après
Cavcnlon. Co principo consislo, suivant ce cliiniiste, on une niatièro qui a quelque rossem-
blanre avec la l)ili' cysliiiiic, (rmic àcrcli' cxlrruip, (]ui pcrsislc longtemps dans TaiTière-
l)cuclie. 30 gr. 12 de scdum arre lui a l'ourni environ 2 gr. de cette matière jaune, de
sorte que 10 centigr. de celle-ci équivalent à 2 gr. de vermiculaire.
Le sotlon brillant est un poison Acre. Le suc des liges et des feuilles, pris
i\ dose de .'JOgr., provoque d'abondantes évacuations et rinflamniation du
la
tube digestif. Orlila a conslalé par des expériences qu'à la dose de l8o gr.
ce suc devient un véritable poison pour les chiens. Il a trouvé la membrane
muqueuse d'une couleur rouge de feu dans la moitié qui avoisine le py-
lore; le canal intestinal parut sain. Dans le cas d'empoisonnement par ce
végétal, on aurait recours au traitement indique aux articles Bryone, Ciieli-
DOiNE, etc.
Considérée au point de vue thérapeutique, cette plante est un éméto-
cathartiquc violent, et que l'on ne doit administrer qu'avec une extrême
prudence. A dose modérée, elle a une action secondaire ou consécutive
sur différents appareils organiques qui lui a fait donner les qualifications
de diurétique, apéritive, fébrifuge, fondante, etc., etc.; et, comme beau-
coup d'autres plantes actives, elle a été employée dans le traitement de
plusieurs maladies, et particulièrement contre le scorbut, les fièvres inter-
mittentes, l'hydropisie, l'épilepsie, la chorée, etc.
Linné (1) dit qu'on donne la vermiculaire en Suède contre le scorbut.
Gunner, Borrichius (2), prétendent avoir guéri des milliers de scorbutiques
avec cette plante. Below (.3), médecin suédois, l'administrait à l'intérieur
en décoction dans le lait ou la bière contre cette affection, et l'appliquait
sur les ulcères et sur les contractures des membres qui surviennent quel-
quefois dans certaines périodes du scorbut. Pour l'usage interne, il faisait
bouillir à vase clos huit poignées de vermiculaire dans 8 livres de vieille
bière, jusqu'à réduction de la moitié, et en faisait boire chaque jour, ou de
deux jours Tun, 100 à 120 gr. le matin à jeun. Les malades qui vomissaient
les premiers jours étaient plus tôt guéris. Chez ceux dont les gencives
étaient gâtées, et dont les dents vacillaient, il ordonnait un gargarisme
composé de cette décoction, à laquelle il ajoutait un peu d'alun et de miel
rosat. Lange, dans les mômes indications, mitigeait cette plante en la fai-
sant bouillir dans du lait de chèvre.
Dans quelques parties de la Suède, au rapport de Linné, cette plante est
employée contre les fièvres intermittentes; on fait prendre, une heure
avant l'accès, la décoction d'une poignée des feuilles dans 1 kilogr. de
bière réduite à moitié, divisée en plusieurs tasses; ce qui suffit pour couper
ces fièvres. Il est à remarquer que ce remède produit un ou plusieurs vo-
missements. Les gens du peuple de Brunswick, pour se guérir des lièvres
intermittentes, se fout vomir en avalant une demi-cuillerée de suc exprimé
de cette joubar])e mêlée avec du vin. Boerhaave avait déjà fait connaître
qu'un charlatan employait l'infusion de celte plante pour guérir la fièvre
quarte et d'autres alfeelions chroniques.
Journal de médecine de Leroux (;}); Peters (i) le Journal des progrès, année
;
sont mal pris en général dans les hôpitaux, oi^i les expériences sont presque
toujours peu suivies. » Le défaut de vomissement, et par conséquent de
révulsion, me paraît une cause suffisante de non-réussite, et vient à l'ap-
pui de l'opinion que j'ai émise plus haut sur l'action de la vermiculaire
dans l'épilepsie. Néanmoins on peut conclure, avec Mérat et Delens
, :
1° que le scduvi acre a presque toujours été utile contre cette maladie;
2o qu'il a le plus souvent éloigné les accès et diminué leur intensité;
3° que quelques malades ont été complètement guéris.
Déjà Ouesnay (7) avait employé avec succès la vermiculaire fraîche en to-
pique dans le cancer, lorsque Marquet (de Nancy) (8) vint fixer de nouveau
l'attention des praticiens, en publiant un assez grand nombre de faits sur
cette plante dans le traitement des affections cancéreuses, des plaies gan-
greneuses, des ulcères de mauvaise nature, de la teigne. Ce praticien faisait
piler la plante dans un mortier, et après l'avoir réduite en pâte, il y ajoutait
un peu d'huile d'olive, et en faisait un cataplasme qu'il appliquait soir et
niatin sur la partie malade. Dans les ulcères fistuleux, il pratiquait des in-
jections, soit avec le suc, soit avec la décoction. Plusieurs autres praticiens,
tels que P. Em. Hartmann (9); Doron, médecin de Saint-Diez; d'Arbois,
chirurgien à Réthel; Tournin, chirurgien de l'empereur d'Autriche; Robert,
bcr toutes les croûtes, sans causer aucune douleur. Doron a guéri des tei-
gnes qui avaient résisté h tous les moyens employés en pareil cas, en appli-
quant sur la tète un mélange de parties égales de vermiculairc et de beurre
fondu.
Le suc et la pulpe de petite joubarbe jouissent de beaucoup de vogue
dans le peuple pour le traitement des cors et des durillons. On alterne l'em-
ploi de cette dernière avec celui de la grande joubarbe, qui est môme plus
fréquemment employée et qu'on applique entière, après avoir enlevé la pel-
licule qui la recouvre.
La vermiculairc, plante vulgaire, presque abandonnée, et pourtant très-
énergique, doit appeler l'attention des praticiens.
le climat de Paris.]
Ileseri|itioii. —
Arbre de grandeur moyenne, à racines drageonnantes. Tige —
haute de 6 à 10 mètres, tortueuse; écorce brune, raboteuse; rameaux très-nombreux,
grêles, filiformes, ('pineux, flexueux. —
l"'euilles alternes, à trois ou cinq nervures lon-
gitudinales, saillantes. —
Fleurs petites, d'un jaune paie, solitaires. Calice à cinq —
sépales. — Corolle ix cinq pétales. —
Cinq ètamines à filets courts; antlières rouges. —
Pistil composé de deux ovaires. —
Style simiile. —
Stigmate globuleux. Fruit: drupe —
ovoïde, chair jaunâtre, visqueuse; noyau allongé, dui', divisé en deux loges avec dcu.x
graines aplaties, jaunâtres.
Parties usitées. — Les huits, appelés jujubes.
Uécolte. — On les récolte à leur matuiité, on les fait sécher au soleil; elles nous
viennent d'Algérie, de Provence, surtout des îles d'Ilyères.
Culture. — Le jujubier est cultivé comme arbre d'agrément et comme arbre frui-
tier; on en fait des haies; on le multiplie de racines ou de graines semées sur couche
ou sous cliàssis ; dans le Nord il exige l'orangerie.
Propriétés iiliysiiflues et clkiniif|ues. — Les jujubes possèdent une
saveur mucilagineuse et sucrée, un peu astringente ; el es font partie des fruits pec-
toraux.
Plante vivacc, que l'on cultive dans les jardins pour la beauté et la bonne
JUSQUlAiME. 5/i3
odeur de ses fleurs. Elle vient spontanément dans les lieux couverts, les
haies, les bois.
]leMrri|ilÈoii. — Tige dioile, oriliiiairomciit simple, niiinif de poils (?pais, rudes
et Uibcrciilcux à la hase. — l-'ciiilles ovales-lancéolf'os, aiguC's, dciiliciiiécs, pul)Oseenles,
un pou r('|i('cl"s en pi'liolc. —
l'icuis jjlaiiciics ou vioh.'llfîs (iii.ii-juiii;. l'iHalcs oIjII- —
qucnu'iU tlt'cliis, loi^'èreniciil ('•ciiaiKucs; une petite poiiile dans l'éciiancrurc. Calice —
fermé. —
Cit'iti' iilanlc, d'un»' saveur piquante et un peu Acre, paraît contenir les munies
Ciiltiiiu'. — Celle plante dans tous cioît toutes les sols et ;'i les expositions; ou la
propage de graines ou
liès-facilenicnt de d'éclats pieds.
fait même quand on chauffe de l'hyosciamine avec de l'eau. Elle est précipitée par l'iode
en brun, par la noix de galle en blanc, par le chlorure d'or en blanc jaunâtre mais le ;
L'hyosciamine existe dans les feuilles et les semences de jusquiame. Elle est plus
difficile à obtenir que l'atrojjine, parce qu'elle est plus soluble dans Teau. Elle a, du
reste, la plus grande analogie avec cette dernière.
(Garrod ('2), comme nous l'avons déjà dit à l'article Belladone, pense que l'hyoscia-
mine est détruite en présence des alcalis caustiques, cl ne subit nul changement par la
présence des bicarbonates alcalins.)
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'iMÉniEtr,. —
Lifiision, de 2 à 3 gr. pour par kilogramme d'eau), en fomentations,
1,000 gr. d'eau. lotions fumigations
, et feuilles en cata-
,
(1) Sur lasubstance narcotique île la jusquiame, in Arcli. bot., 1832, t. I, p. ^75.
(2) liulletin de thérapeutique, 30 janvier 1858.
(3) Courrier médical, 20 août 1858.
JUSOll AMt. 5^5
pourquoi certains extraits de jusquianie, clioz servant aussi bien et ne pouvant ûtrc altérés
les pharmaciens, ne possèdent aucune vertu. jiar la chaleur. Les extraits secs sont très-
,L"rxlrait le mieux prrpnrt'' ne doit pas ùlro liygr(ini(''lri<|ues, et la petite 'juaiitité d'alcool
oniploy»' lors(pi'il a plus d'un an. (|ui se trouve; encore! dans l'extrait mou aide,
II résulte dos expériences de SrlirotT(l) (|U(? à préstM'ver de l:i d(';comi)osition. On ne peut
le
toutes les préparations de jusiiuiamc ont la donc être si^i- de l'extrait s(!c. Schroff a es- —
même aciion et didÏTcnt sculcmcnr vu iiicr- s lyé l'huile de jus(|uiame obteime par la dé-
gir. l,a j)lus faible esl la poudie di'N tVuilIcs, coriion (les feuilles et par expression des se-
la racine d'un an est plus active, mais cède le mences à froid. Klles sont peu actives; mais
pas aux extraits. L'extrait alcooliipK" et l'ex- la première l'cist jtlus que la seconde.
trait étiiéré alcoolique des semenrcs sont les La jus(|uiam(! noire entre dans les pilules
plus actifs. Il est trois fois plus énergi(|ue que de cynoglosse, dans baumer trau(|uill<!, dans
le
l'evtrait obtenu ]>ar l'évapoiatiou du suc, et l'onguent popnleum. Ses semeuces entraient
deux fois plus
(juc. l'extrait alrooli(|ue des dans lui grand nombre de pn'paratlons de
feuilles. L'huile grasse cpii surnage est plus l'ancienne ])harniacie, telles que le pliiloniutn
active que le fond mais l'extrait alcoolique
; roiniitium, \t' ri'qiiies de Mcolas iVlyre])sus, les
de semences, quoi(|Me jjIus actif que tous les trochiques d'alki'kenge, etc., relégués depuis
autres, présente plusieurs inconvi'nients: ainsi, longtemi>s dans la poussière de l'oubli.
sa saveur détestable, son peu d'homogénéité.
Il se sépare en deux couches d'ini'igali! action : (IIVOSCIAMIM:. — a l'intérifiu. — Solu-
la supérieure, huileuse, très-acti\e; l'infé- tion hyosciamine,
: 1 gr.; alcool, 10 gr.;
rieure, molle, moins énergique. —
Il n'y a au- eau, 100 gr.; de ii 5 gouttes. (SchrofT.)
— En
!i
cune raison, dit Schroflf, pour évaporer les ex- A i.'EXTi^niEUR. solution plus concentrée,
traits à siccité, les extraits humides se con- 5 à 15 centigr. pour 30 gr. de véhicule.)
ralysie d'im seul ou des deux côtés, agitation convulsive des bras, peti-
tesse et intermittence du pouls, carphologie, refroidissement des extré-
mités, mort.
D'après les expériences d'Orfila, la jusquiame ne détermine point l'inllam-
mation de l'estomac, tout en exerçanl sur le système nerveux cette violente
excitation qui cause l'aliénation mentale et consécutivement la stupeur. Sui-
vant Flourens, cette plante produit, comme l'opium, une effusion sanguine
dans les lobes du cerveau.
Le traitement de cet empoisonnement est le môme que celui qui est indi-
qué ;\ l'article Belladone.
Un lavement d'une décoction de 12 gr. de jusquiame causa des accidents
apoplectiques et convulsifs, qu'on ne lit cesser qu'au moyen des boissons
acides en abondance et des lavements de vinaigre.
« Pougens, l'auteur d'un Dictionnaire de médecine en cinq volumes, fort
en renom il y a une trentaine d'années, faillit être victime d'une semblable
méprise; s'étant administré un lavement préparé avec une assez forte dé-
coction de ce végétal, dont il n'indique pas la dose, il fut pris d'un engour-
dissement subit avec une tendance irrésistible au st)mmeil. Malgré l'emploi
du vinaigre et d'un excellent vin, il tomba dans un sommeil léthargique qui
dura huit heures; encore sa tète ne fut-elle parfaitement libre que vingt
heures après son réveil. Pendant ce dernier temps, il éprouva un sentiment
de bien-être indéfinissable; il s'exprimait avec vivacité; sa mémoire était
meilleure, son imagination plus vive; il récitait, il conq)osait des discours
(1) Wochenblali der Zeilschrift der k. k. Gesellsvhafl der AevAe t^u Witu, et Union médi-
cale, 1855.
35
546 JUSQUIAME.
et des vers beaucoup mieux quil ivjuirait pu le f;iirc dans toule la plénitude
de sa raison. (iQuel donimaj-'c, dit à ce i)i'opos un médecin liltéraleur, qu'un
(( semblable moyen mette la santé en péril On pourrait le conseiller h
!
avec raison Martin-Lauzer (I), suffirait déjà à nous faire supposer, à prioii,
une différence d'action. La belladone a peu d'odeur si on la compare à la
jusquiame; son principe vireux est fixe, celui de la jusquiame semble vola-
til; la jusquiame empoisonne en quelque sorte rien qu'à l'odeur, et nous
avons vu que ses émanations sont loin d'être inoffensives. Cette particula-
rité, qui semble donner la supériorité à la jusquiame employée à l'état frais,
la constitue en infériorité à l'état sec et dans ses préparations (en admettant
toujours l'identité d'action, qui n'est qu'une supposition). Aussi, s'est-on
toujours beaucoup plaint de l'instabilité des préparations de la jusquiame, et
l'on ne peut guère s'expliquer que de cette manière leur constante ineffica-
cité en de certaines mains. »
rance.
Waiitors cite un cils d'insomnie, par cause morale, où l'opium ayant été
sans ellct, l'extrait de jusquiamc, préparé par épaississement du sue au
moyen de la chaleur solaire, l'ut aussi employé h f^'rande dose avec un succès
r('Uiar((ual)l(>.
Celte observati(»n confiriue r^piiiinii émise par diveis auteurs, relative-
ment ;\ la nécessité, (piaud on \eul provocpier le sommeil, de doimer la
jus(juiame ;\ dose double et même triple de celle de l'opium. Pour une ap-
préi'iatiou exacte et comp.ualivc, W'.Milers aurait dû indiquer la dose à
latpielle il avait ])orté l'atlministiation di- ce dernier médicament avant
d'employer la jusiiuiame. S'il y a une fiiande analof^ie daclion entre la
jusquiame et ro|)ium, il y a aussi dans leurs elfets des dilir-rences lemar-
qnahles la ius(|uiame n'a pas, connue ce dernier, nous le ié|)étons, l'incon-
:
il serait imprudent de compter sur ce moyen, qui est fort infidèle, tandis
que la matière médicale nous en otfrc tant dans lesquels on peut avoir une
grande confiance. »
On a présenté aussi la jusquiame comme pouvant agir sur le système lym-
phatique et comme utile dans les engorgements glanduleux. Gilibcrt dit en
avoir retiré de grands avantages dans le squirrhe. Elle a été préconisée dans
la phthisie et les aifcclions tuberculeuses en général. Elle m'a été d'une
grande utilité chez les phthisiques, associée à l'acétate de plomb, tant pour
calmer la toux que i)our combattre les sueurs. (Tompson (3) combine dans
ce but l'oxyde de zinc à l'extrait de jusquiame, à la dose commune de
20 centigi'. Coxe (-4) en a retiré des avantages marqués, mais non constants.)
Pilée et appliquée fraîche sur les engorgements lymphatiques, les tumeurs
blanches, etc., elle y a produit des effets calmants et résolutifs analogues à
ceux de la belladone.
Cette plante vivace^Pl. XXIII) vient dans les dunes et les sables maritimes.
Elle est très-commune dans les dunes de la Picardie, de la Belgique, du
Languedoc, etc. elle ; est très-abondante dans les dunes des environs de
Boulogne-sur-Mer; elle fixe les sables.
Description. —
Racines : rhizome ou souche souterraine horizontale, rampante,
longue de 60 à 90 centimètres, articulée, recouverte de graines longues et noirâtres ou
de filaments verlicillés qui en sont les débris, blancliàtre intérieurement. Tige de —
3 à 5 décimètres, souvent courbée, triangulaire et rude sur les angles. Feuilles —
planes, un peu carénées, étroites et rudes en leurs bords et sur le dos. Fleurs lous- —
sâtres (mai-juin-juillel); six à neuf locustes (épillels), oblongues-lancéolées, aiguës,
alternes, rapprochées et disposées presque sur deux rangs; bractées ovales, aiguës,
roussàtres el scarieuses en leurs bords, dont riniérieure ou quelquefois les inférieures
prolongéos on nno l'oliolo solacoo ; los loctislos inléiioiiros l'cmcllcs, les supéi'ieurcs mâles,
les inleiiiK'di.iiifs androgynos. — Capsules ovoïdes, aiguës, un peu comprimées, munies
d'ailes ineiiilti'aiieuses vers le sommet el ciliées en leurs bords.
l»artie» iisit^'es. — La racine ou rlii/ôme.
KécoHe. — \e présenle rien de particulier. Klle sert souvent à falsifier la salso-
paicille, de laquelle on la dislingue par son écorce moins épaisse el moins ridée.
[Culture. —
La laiche exige des leirains très-légers, chauds el sablonneux; on la
propage par division de la souche.]
Propriétés cliinBiffues. —
La racine, d'une saveur nulle ou un peu cam-
phrée, est d'une odeur légèrement aromatique. D'après l'observation de Weldenow (1),
cette racine fraîche sent un peu la térébenlhine. Cdedilsch lui trouve l'odeur du pin.
D'après Murray, Reuss (2), Gleditsch;, la laiclio des sal)los serait supérieure
à la salsepareille, Jï laquelle Merz (3), qui lui donue de grands éloges, pro-
pose de la substituer. Suivant Sainte-Marie, les propriétés de cette plante
seraient absolument les mêmes que celles de la salsepareille de Portugal. 11
est à désirer que de nouvelles expériences viennent confirmer ces asser-
tions et affranchir la France des sommes qu'(dl(^ paye à l'étranger pour la
salsepareille, que l'on trouve souvent falsifiée dans le commerce.
aoùl) jaunes, ré'unies en grand nond)re sur un même capitule dont l'involucre est l'ornié
de bradées siu' |)lusieurs rangs imbriquées, souvent
et — Uéceplaclc
renflé à sa ])as(\
nu, lovéolé. — Fruits: akènes non prolongés en bec, comprimés, couronnés par une
aigrette sessile, molle, très-blanche, l'ormés de soies très-fines sur ]ilusieurs rangs, réu-
nies par faisceaux à leur base.
Pline dit que « le sonchus renferme un suc salutaire qui calme les dou-
leurs d'entrailles et augmente le lait des nourrices. » Un croit commuué-
uu'nt dans n(js campagnes qu'il active la sécrétion lactée chez les bestiaux.
Les Orientaux usent du jus de la plante cuite, en boissons laxatives et adou-
cissantes dans les alfections chroniques des organes digestifs et de leurs an-
nexes.
A l'extérieu!, la plante entière est émolliente; on peut l'employer en ca-
taplasmes; à l'île de Chypre, on frotte les alfections culanées chroniques,
dartrcuses (psoriasis, lichen, herpès, etc.), avec une étoffe de laine rouge,
jusqu'à ce que le sang sorte; on humecte alors les points malades avec le
suc laiteux de la plante, fraîchement exprimé.
Nous citerons les espèces voisines S. arvensis et S. maritimus.)
LAITUE. 555
l'i'isée,
KôcoUe. — Les lij^os ol les rcnilies sont eiii[)loyées fraîches; les semences sont
rèonljcis ,1 IiMii- iiialiirilé.
(iuel(|ues S(ds, —
l/eau dislilh'e de laitue précipite en grande partie Texlrait (Topinui, (|ui
se di.NSOul au contraire dans Peau (listillé(> siuiplc Ainsi, veisée dans une solution coiicen-
Irée d'extrait d'opiiun, Tean distillée de laitue y produit très-ahondamnienl une sorte
de i-ouijulum j;ris tbuc(', qui se déi)Ose au lond du vase. La solution aqueuse d'opium
brut éprouve un ellet analogue par le luènie mélange, quoique moins t'oileuieut que
l'extrait. Ce l'ail esl important à l'ecueillir |)Our les médecins qid prescrivent c<' mélange
et qui pourraient l'attribuer à la négligence du pharmacien ou à l'impui-eté de Topinm.
l'expose dans cet étal au soleil; il se dessèche l'apidement, en perdant 71 jiour 100 de
sou poids, et en se couvrant quelquefois d'eftiorescences de mannile. On hu donne la
forme de petits pains qui sont d'environ 30 à 50 gr. A l'intérieur, la teinte de ce pro-
duit esl |)lus ou moins l)rune; sa cassure est résineuse et jaunâtre lorsque ia dessicca-
tion a été rai)ide: dans le cas contraire, elle est d'un brun plus ou moins foncé. Il a
une odeur forte el caractéristique, une saveur très-amère. Divisé dans l'eau, le lactuca-
rium donne une solution qui prend sous rinfluence des alcalis une teinte rose caracté-
listique, et l'amerlnme ne tarde pas h disparaitic compléleuient, sans qu'un acide puisse
le faiie revenir. Autrement l'eau dissout peu de la substance du lactucarium, la matière
suluble étant forlenient retenue par de la cire et de la l'ésine. .Mais il n'en esl pas de
même avec l'alcool. J/alcool à 50 degrés, toutefois, est celui qui a paru à Aubergier le
plus apte à s'emparer de la maliei'e active du lactucarium. Le lactucarium contient ;
/flt'/MfJHe (matière aiuère neutre, crislallisalde); asparamide mannile (matière pi'enant ;
une couleur verle par les sels de 1er); résine indinérenle acide uhnique? cérine ? niyri- ;
cin; i)ectine; albumine. Oxalate acide de potasse; lualate de potasse; nitrate de po-
tasse; sulfate de potasse chloi'ure de potassium; phosphate de chaux; phos[)hate de
;
de quantité suf-
Eau distillôi sur 2 d'eau), GO ;\ 120 gr.
(1 fisante pour coll3a"e, topique sédatif, cata-
(doit être prùpaiôc avec la plaiitr en ilcurs) plasmes.
et couuue excipient de potions calmantes.
Suc exprimé, 8 à 15 gr. et plus. THllIDACE. — Prenez de la laitue montée,
Extrait , 2 à 8 gr. et plus , en potion, pi- près de lleui'ir; enlevez les feuilles, qui ser-
lules, etc. vent à iiréparer l'eau tlistiUé'^ de cette plante;
556 LAITUE.
pilez les tigesdans un mortier; passez le suc avec l'opium. C'est à celui-ci que les préten-
à travers un linge, et faites-le évaporer à l'é- dues piéparations du lactucarium doivent
tuve, en conclies minces clans des assiettes. leurs propriétés. Voici la formule du sirop,
A l'intérikir. —
Sirop de thridace (7 snr 00 qui a été adoptée par la commission du Co-
d'eau et 500 de sirop de sucre bouillant), dex sous le nom de :
lactuca ciborum.
Les propriétés calmantes de la laitue étaient connues des anciens. Hip-
pocrate en faisait usage. Celse la plaçait h côté de l'opium et la donnait aux
phthisiques. Galien, vieux et fatigué de ses longs travaux, la mangeait en
salade le soir afin de se procurer un bon sommeil. Cette manière de terminer
le souper fut longtemps en usage chez les Romains, et a pu être transmise,
pendant la guerre des Gaules, aux communes rurales de nos provinces du
Nord (ancienne Morinie), où elle existe encore. Suétone rapporte qu'on
éleva une statue à Musa, médecin d'Auguste, pour avoir guéri cet empereur
de la mélancolie, en lui faisant manger de la laitue. Elle est souvent l'exci-
pient des potions calmantes. Les vertus thérapeutiques de cette plante
étaient depuis longtemps oubliées lorsque Lanzoni, médecin du xvii*' siècle,
les remit en honneur. Ce médecin cite le fait d'un homme âgé de quarante
ans, qui s'était guéri d'une affection hypocondriaque invétérée, en mangeant
de la laitue à midi et au soir (1). On lit dans les Slcmoires de la marquise de
Créquy (2), qu'Emilie de Breteuil, marquise Duchàtelet, parvint à guérir
son fils d"ime affection convulsive en lui faisant avaler des flots de suc
de laitue. J'ai vu la décoction concentrée de laitue pommée ou de lai-
tue romaine, vulgairement appelée c/u'con, prise en grande quantité, produire
une diurèse qui faisait disparaître en peu de jours l'anasarque. Cette même
décoction m'a réussi dans la néphrite calculeuse et surtout dans l'ictère.
Une jeune fille, âgée de dix-huit ans, domestique, bien réglée, jouissant
habituellement d'une bonne santé, était atteinte depuis trois mois d'une
jaunisse très-prononcée, sans engorgement hépatique, mais parfois avec dou-
leur et tension à l'épigastre. Elle avait employé inutilement les laxatifs (la
crème de tartre, à la dose de io gr. tous les deux jours, l'eau de Sedlitz, la
magnésie), les diurétiqiu'S (tisane de racine d'asperge, de chardon-roland,
iiitrée), les fondants (pilules de savon, de rhubarbe, d'extrait de pissenlit).
Une forte décoction de laitue, prise chaque jour, à la dose d'un litre, dissipa
la maladie en moins de huit jours. Depuis le mois de juillet 1853, époque où
j'ai recueilli ce fait, cette jeune fille a continué de jouir d'une bonne santé.
— Les anciens croyaient que la laitue avait une propriété déprimante sur la
des propriétés de cette préparation, il faut avouer que ses effets n'ont point
été confirmés par tous les praticiens j'ai pu moi-môme la donner à dose
:
des propriétés qui méritassent les éloges qu'on lui avait donnés. Aussi ne
comprennent-ils pas pourquoi Martin-Solon (4), expérimentateur éclairé et
thérapeutiste habile, a pu dire que 30 gr. de sirop de laitue pouvaient équi-
valoir, pour les effets, à 15 gr. de sirop de pavot blanc.
Des observations recueillies par Caron, élève interne en médecine à l'hô-
pital Sainte-Marguerite, service de Marotte, ne sont pas de nature à donner
une haute idée de ce médicament. Caron a lui-même distribué et fait pren-
dre les pilules de lactucarium. Chacune de ces pilules contenait 10 centigr.
d'extrait hydro-alcoolique. Cet extrait avait été préparé à la pharmacie cen-
trale des hôpitaux par Aubergier, avec du lactucarium de sa récolte. Elles
ont été données en plusieurs jours à seize malades, et les effets produits et
scrupuleusement observés ont abouti aux conclusions suivantes « Ces ex-
:
20 centigr. d'extrait hydro-alcoolique ont été la plus petite dose qu'il eût
fallu administrer pour ohtenir un effet appréciable; bientôt on a été forcé
de doubler, de tripler et plus encore.
(( Pour obtenir le même effet avec le sirop préparé suivant la formule
qui a été adoptée par l'Académie de médecine, il faudrait faire prendre aux
malades 100, 200, 300 gr. et plus de sirop. Si l'on voulait avoir une prépa-
parce que, pendant longtemps et sans que l'on s'en doutât, l'opium était
associé j\ cet extrait].
(La Lactucine a été reconnue par les médecins de Lyon comme reprodui-
sant les propriétés du laclucarium).
Uesprîptioii. — Racino —
Tige dressée, glabre, cylindrique, se rami-
pivolaiilc.
fiant vers le sdmniel et un corynibc charge de fleui's.
l'orniant —
Feuilles alternes, ani-
plexicaules les inl'éi'icures grandes, arrondies et ondulées; les supérieures ])etiles,
;
algues et pinnalifides. —
Fleurs jaunes disposées en corynibe terminal, niédioci'emenl
pédiccllé-es (juin-juillet). —
Calice presque cylindrique, composé d'écaillés imbriquées,
membraneuses à leuis bords. —
llécepiacle glabie, ponctué, lecevant vingt à vingt-cinq
demi-fleurons liermaplnodilcs, à languette tronquée et denticulée au sommet. Cinq —
étamines. —
Un style à deux stigmates. —
Fruit : akènes ellipsoïdes couronnés par une
aigrette soyeuse, cajjillaire, pédicellée.
[Culture. — La laitue vireuse se reproduit par semis que l'on fait en pépinières et
que l'on repique en place.]
Propriétés pliysifities et eliiiniqiBes. —
Cette plante est d'une odeur
vireuse désagréable, d'une saveur amèie et acre, et contient dans toutes ses parties un
suc lactescent très-abondant. Ce suc, analysé par \\ alz, contient de la lactucine, une ma-
tière grasse fusible à 125 degrés, d'odeur de laitue une autre graisse fusible à 75 de-
;
grés, une résine insipide, une résine acre une matière brune analogue à fulmine une
; ;
autre matière biune qui jjarait avoir quelque propriété alcaline; de l'acide oxalique.
La lactucine est ci'istallisée, d'une saveur amère, soluble dans 00 h 80 parties d'eau
froide, plus soluble dans l'eau cliaude, solul)le dans l'alcool et dans l'étlier.
jioiir iiKKiilifr xtii acliuii, soil |hiiii' le .s(i|)Iiisli(|ii('i'. (Icllc |tlaiil(! ;i t(»iiJoiirs
passe'" pour vriiriicusc
mais les ('.\|((''ii('ii('(.'s récenics dOrlila pi(jiiVL'iit qu'il
;
laul «les doses (''uoruies de sou cxliail, pour causer i'iuloxicaliou, luèuie eliez
les rliiens «le ix'lile taille. Il laul, suivauL 'J'rousseau el Pidoux, l'aduiinislrer
à la dose de i à H j;r. |)our ohiruir uu ellel slupéliaul analogue ù celui ((ue
[U'oduil l'iugesliou de 2 eeulii-i'. l/ii à 5 ceuligr. d'opium.
Le su(t «'paissi de lailiu' vireuse, |)réparalion la plus aclivc, est moins
l'xcilaul (pu' l'opium, el n'a pas, conuni' ce derniei', l'inconvénienl (!<• pro-
duire la consli()alion. Cet l'xlrait est calmant, (liuréti(iue, diaphorétique et
légèreinent laxalil'. A dose assez Ibrte, il produit des nausées, des évacua-
lions alviues, et souvent, surtout dans les cas d"(edème ou d'iiydropisie, une
augmentation notable dans la sécrétion urinaire. Du l'a administre avec
avantage dans l'aseite et l'anasarquc, dans les engorgements des viscères
abdominaux, l'ictère, les pblegmasies chroniques des organes digestifs, les
lièvres intermittentes, les coliques hépatiques, l'angine de poitrine, l'asthme,
la toux, les irritations «le poitrine, le catarrlie pulmonaire, laphihisie, etc.,
el, comme succédané de l'opium, dans les névroses.
Durand (1) a pi'oposé la laitue vireuse, qui alors était presque oubliée,
comme un médicament enicaee contre une i'oule de maladies chroniques,
au nombre desquelles il signale particulièrement la colique hépatique, l'hy-
dr«)pisie, les fièvres intermittentes. Collin (i>) assure s'être toujours servi de
cette plante avec avantage contre les obstructions viscérales, l'ictère, et
surtout contre rhydropisie. Suivant cet auteur, elle excite les urines, souvent
la sueur, et lacilite les déjections alvines. Ouaiin (3), au contraire, n'en
obtint aucun succès dans Ihydropisic, et attribua les résultats heureux rap-
portés par ses prédécesseurs aux médicaments énergiques auxquels on
l'avait associée. Schelinger, de Francfort (4), a préconisé le suc épaissi de
laitue vireuse dans l'angine de poitrine; il rapporte six observations con-
statant les bons eifets de ce médicament contre cette affection. Il en donne
d'abord 10 centigr. plusieurs fois par jour, et augmente graduellement la
dose.
Toël (.")) a obtenu de grands succès de la laitue vireuse unie à la digitale
dans Ihydrothorax sym])lomalique d'une affection du cceur. Roques a
employé l'extrait de cette plante dans les irritations de poitrine, dans
l'asthme, dans certains cas de phthisie, de catarrhe pulmonaire chro-
ni(pie il
; lui reconnaît une action sédative mais inférieure à celle de
,
n'en a pas non plus les inconvénients, et doit lui être préférée dans certains
cas et chez certaines personnes. On peut l'administrer ;\ une dose beaucoup
plus élevée qu'on ne croit généralement. Je commence par celle de 20 cen-
tigrammes, et j'arrive promptement à celle de 60 centigr. Je suis parvenu à
en faire prendre 8 gr. par jour à une femme atteinte de douleurs gastral-
giques, et chez laquelle la plus légère dose d'opium provoquait le vomisse-
ment.
Je me suis toujours très-bien trouvé de l'extrait de laitue vireuse, préparé
avec le suc épaissi, dans tous les cas où l'opium est indiqué, mais non
supporté par les malades. Ce médicament convient aussi beaucoup mieux
que l'opium dans les inflammations chroniques doidoureuses, telles que
celles du foie, des intestins et surtout du péritoine; il agit à la fois comme
calmant et comme légèrement laxatif, deux qualités que l'on rencontre bien
rarement dans la môme substance. J'associe avec avantage l'extrait de laitue
vireuse à la digitale dans les cas d'ascite causée par la phlegmasie chronique
du péritoine, dans l'épanchement pleurétique, et toutes les fois que dans les
hydropisies il y a engorgement douloureux d'un ou de plusieurs viscères,
lésion des reins, ou néphrite albumineuse, irritation gastro-intestinale, etc.
J'ai retiré de grands avantages de ce médicament dans les lésions orga-
niques de l'estomac. M""= la vicomtesse de Montbrun, âgée de soixante-
quatorze ans, d'un tempérament sanguin, d'une bonne constitution, était
atteinte depuis huit mois environ d'une affection très-douloureuse de l'esto-
mac, d'abord avec digestions pénibles, ensuite avec vomissements des ali-
ments ingérés. Appelé, le 13 décembre 1852, je trouve la malade dans l'état
suivant: émaciation, altération des traits, teint jaunâtre, expression de
souffrance, affaiblissement, pouls régulier, assez développé, contrastant,
quoique non fébrile, avec l'absence presque complète d'alimentation; ha-
leine très-fétide, constipation opiniâtre, et parfois, depuis quelques jours,
déjections accompagnées de caillots sanguins, mélœniques, plus ou moins
abondants douleur à la partie supérieure de l'épigastrc, circonscrite, sen-
;
sible au toucher, occupant l'espace d'une pièce de 5 francs, s'étant fait sen-
tir graduellement depuis le début de la maladie, et que la malade compare
à une plaie, qui, dit-elle, lui fait vomir tout ce qu'elle prend. Cet état,
aggravé par l'abus des purgatifs et des toniques, est arrivé à tel point qu'une
cuillerée de bouillon provoque le vomissement et propage la douleur, avec
spasme, dans toute l'étendue de l'œsophage. Le lait et quelquefois l'eau
froide sucrée, pris par demi-cuillerées de deux heures en deux heures, sont
les seules boissons que l'estomac tolère le plus souvent. L'opium gommeux,
le sirop de codéine, donnés à faibles doses répétées, ont constamment
augmenté les douleurs et le vomissement. Je fais appliquer un emplâtre
d'extrait d'opium loco dolcnli, et je prescris 10 centigr. d'extrait de laitue
vireuse dans de l'eau sucrée. La dose de cet extrait est portée dès \v lendemain
à 30 centigr. sans occasionner de douleur ni de vomissement. J'arrive pro-
gressivement et en six jours à la dose de 1 gr. 25 centigr., à prendre en
deux fois dans la journée. Dès lors, la douleur diminue, les vomissements
deviennent plus rares, la constipation cesse, une selle molle a lieu chaque
jour; la malade peut tripler la quantité de lait et y ajouter môme parfois un
peu d'arrow-root. Après un mois, la dose d'extrait, graduellement augmen-
tée, est de 10 gr., et de 15 gr. au bout de quarante-cinq jours. A cette épo-
que, les vomissements ont complètement cessé, et la douleur se fait rare-
ment sentir. Les aliments féculents sont donnés par petites demi-tasses; le
jaune et le blanc d'œuf, battus avec du sucre, sont pris par demi-cuillerées
plusieurs fois par jour. Enfin, les fonctions digestives se rétablissent de
plus en plus; la njalade reprend peu à peu une nourriture solide (pain
et viande); ses forces reviennent assez rapidement, et la guérison se com-
plète dans l'espace de trois mois environ.
LAMIKH m. ANC. 5G1
Tout lail croire, dims ce l'ail iiilri-cssaiil, à l'exislCMicc (l'un ulcère simple
do rcslomac f;u(''ri par l'iisaj^e de l'cxlrail de lailiie vireuse, que je n'avais
d'abord ijrcscril (|ue eoiiiiiic ])allialir, eoiivaiiicii (pK' j'avais allaire à une
lésion incin'a])l('. Je dois i'aiic icniarcpier (pic (^riivcilliier (1) n'avait j)as en-
core public son iinporlanl travail sni- ce f^'cnre de; Icsion.
Dans les caiiccrcuscs, surtout celles de l'utérus, j'ai adopté
allcelions
l'usaj^e de ou plutôt du suc épaissi de laitue vireuse, de préférence
l'exliail
aux extraits de juscpiiaine, d'aconit, de stramoine. L'usat:(> piolon^é de ces
dernières plantes n'est |)as toujours sans inconvénient; il anéantit les lonc-
lions de l'estomac, qu'il irrite et enflamme à la longue. Les doses élevées
auxquelles on est obligé de porter ])rogressivcmenl ces poisons produisent
qnelquei'ois une véritable intoxication lente, nianilestéc par des douleurs
dans le tube digcslii", des vomissements, des tremblements, des vertiges,
des hallucinations, des rêvasseries, la stupeur, la congestion cérébrale, etc.
luis pai juur, à lu duse de deux lasses chaque fois, en conlinuant (rois ou
(jualrc semainos. Il assure que celte plante, oubliée des médecins et bannie
(les pharmacies, lui a réussi dans des cas où il avait employé inutilement
<les médicaments en apparence très-énergiques.
(Ray vantait déjà, dans ces cas, une conserve de ces Heurs.)
Zoospores.
Parties usitées. — La plante eutiéie, la tige.
avec les aulies corps. Ci'llc piaule a lavaiila^^^c «le ne pas (loiiucr lien à la
l'fUidilé cointiu' Tépou;;!'.
On s'en sert pour dilater le (•(»! dt; rulcriis, le canal de Inrèlhre, les ca-
naux laeivinanx, la lionipe dKnslaehe et toute espèce; de tra'pds fislnleux.
Klle a été employée pour a};randir la plaie sinueuse du général Garihaldi.
Avant (i'intiodnire les cylindres de latninaiix', il est nécessaii'e de les ra-
cler pour les déponiller de leur couche cxiérieure noire, puis de les faire
macérer (juekiues minutes dans l'eau tiède. On peut les diviseï-, les em-
ployer entiers, et même au nt»nd)re de deux, trois et plus, suivant l'indica-
lion. Ils ont un inconvénient, c'est (jue, une l'ois dilat(''s dans une tlslule, ils
t'orment piston, c'est-à-dire qu'en voulant les retirer on éprctuve la même
sensation ([ue produirait une ventouse sur laquelle; on exercerait des trac-
lions sans l'aire rentrer de l'air dans son intérieur. On peut obvier à cette
[)etite difliculté anuMiant souvent de vives douleurs, en glissant une sonde
cannelée le long de l'agent dilatateur et en tournant la cannelure de son
côté, de façon à permettre à l'air de pénétrei- au fur et ù mesure qu'on le
retirerait).
Plante annuelle qui croit dans les fossés, au bord des mares, le long des
liai(>s et sur le bord des chemins.
être de même de la lampourde. Cette raison suffit pour la rappeler aux prati-
ciens qui ne dédaignent pas nos plantes indigènes, et justifier la petite place
que nous avons cru devoir lui accorder. Il faut donner asile aux proscrits...
En médecine, ccjmme en politique, ce qu'on livre anjoiu'd'hui au mépris
»era peut-ètr(> demain loué avec exagération.
lique et an bain-marie, la laserpiline donne de l'acide angélique, plus une matière rési-
neuse, le laserol.
Outre la laserpitinc, celte racine contient une huile essentielle de saveur rance, mais
d'une odeur analogue à celle de l'essence de pelargonium.)
La racine de
cette plante est un purgatif très-énergique. Cette propriété
lui a valu le nom de turbith des montagnes. Peyrilhe dit qu'elle agit avec vio-
lence. Les paysans des montagnes s'en servent pour se purger. Bergius se
plaint de ce qu'on néglige ce puissant remède. Dans quelques pays on l'em-
ploie pour purger les bestiaux.
nonil)rc d'arbres, rollo qui croit sur celle du hôlre a joui d'une grande célébrité ; les
Jleiirs seules apparaissent à la surface du sol.
marcottes, par incisions, par rejetons ou de boutures difficiles à prendre pleine terre, ;
Décoction vineuse pour fumigations. l)ar cette méthode , on ne pou\ ait obtenir
Huile exprimée des baies, Q. S. pour fric- l'huile des baies fraîches, et je me suis assuré
tions. à plusieurs reprises qu'il en était de même
Onguent partie de feuilles récentes contuses
(j avec lesbaies sèches. (On \end quelquefois
et de baies sèches sur 2 parties d'axonge), pour cette huile un mélange d"axonge, de
en frictions, embrocations. curcuma, d'indigo, avec addition d'un peu
d'huile de laurier véritable. Ce pioduit, ainsi
Pour obtenir l'huile de laurier, réduisez les obtenu, communique à l'eau une teinte bleu
baies sèches du laurier en poudre, exposez-les verdàtre.) Dans les pharmacies, on substitue
;ï l'action de la vapeur d'eau assez longtemps souvent à cette huile l'onguent de laurier, qui
pour les bien pénétrer; mettez promptement n'est pas aussi cflicace. Cette fraude est facile
à la presse dans une toile de coutil, entre des à reconnaître par la solubilité de cette der-
plaques métalliques chauffées; exprimez forte- nière préparation dans l'alcool froid et l'éther.
ment; filtrez l'huile à chaud, si la tempéra- — L'onguent de laurier est le produit de la
ture de l'atmosphère est basse. Les baies four- macération à une douce chahïur d'une partie
nissent à i)i'ine le cinquième de leur poids en poids do feuilles de laurier récentes et
d'huile. Les pharmaciens du Midi peuvent ex- contuses, et d'une égale quantité de baies de
traire ce produit des baies récentes, qu'il leur laurier sèches concassées, dans deux partie^
est facile de se procurer.— « Toutes les phar- d'axonge.
macopées, dit Soubeiran, prescrivent de se
servir de baies fraîches, de les faire bouillir Les baies de laurier entrent dans l'eau thé-
dans l'eau et do recueillir l'huile qui vient riacale, lebaume de Fioraventi, l'esprit car-
nager à la surface. Ménigault a reconnu que, minatif de Sylvius, etc.
bois de laurier et bois de buis râpés, de chaque 'M) gr. faites infuser pen-
;
dant vingt-quatre heiues dans eau 1 litre 1/2; décoctez ensuite jusqu'à ré-
duction de 1 litre, ajoutez à la fin un peu d"écorce de citron doses, 3 verres :
[)ar jour.
L'huile essentielle de laurier, très-âcre, se donne comme carminative et
stimulante mais on ne s'en sert guère qu'à l'extérieur, enliniment, comme
;
niques et sordides, les dcterf,'c en pou de temps. Ces feuilles, qui lépandenl
une odeur suave lorsqu'on les hiùle, servent à prôpaivr des (umif,^^ti()ns qui
ealnienl les doulcnns rliuniatisiualcs.
Bodai't a projjosé de substituer le laurier à la eaïuicllc (l(iun(s rinnumo-
num) et au laurier eassie (lu eassie li;:;ncuse, eainiellc du Malahai' {lanuis
cassia, <nssi<i (iroituilica, cassiti syrin.v, xijlocassia, cassia Ii</nca). u Pouicjuoi
laul-il, dil (lililicil, (|im' les praticiens né^Ii^cnt un arbre (pi'ils ont sous la
main, pimr employei- avec mystère les eonj^énères des Indes?... » Cet au-
teur présume ((lie ce (|ui a l'ail né^lii;er le laurier, c'est qui' quehpies an-
ciens pharmacolof^isles ont avancé (|ue ses haies Faisaient avorter. On laisail
boire rinrusion \ineuse de cin(i ou six baies de laurier à une lemme pour
savoir si elle était enceinte. Si elle vomissait, on prononeait ariirmativement:
on déclarait le contraire quand le vomissement n'avait pas lieu. On sait au-
jouril'hui ùquoi s'en tenir sur cette épreuve, et l'on est bien convaincu aussi
que jamais les baies de laurier, même
à haute dose, n'ont produit Tavorte-
ment.
Cet arbre, originaire de l'Asie-Mineure, est cultivé dans les jardins pour
ses usages culinaires et médicaux. Ce fut Clusius qui en reçut le premiei
pied, qui arriva en Europe en 1576.
Des^eriptioii. —
Tronc ramotix, lisse, noiràlic, liant de 5 à 6 mètres, divisé en
rameaux nombreux d'une couleur cendrée. —
Feuilles alternes, médiocrement péliolées.
dures, luisantes, lancéolées. —
Fleuis blanches, en grappes axillaires pins longues que
les leuilles. Cliaque fleur pédicillée. —
Galice inférieur à cinq divisions profondes. —
Cinq pétales s'unissant sur le calice, ainsi que les étamines qui sont fort nondjreuses.
In style ])lus long que la corolle. —
Ln ovaire. —
I-'ruits à peu près sphériques, rouges
d'abord, puis noirs à Tépoque de la maturité, contenant un noyau orbiculaire, mono-
S|termc.
mais le principe amer paraît avoir des propriétés analogues. En le mêlant avec un lait
d'amandes douces, la saveur, après quelques heures, devient celle de l'amygdaline,
plus tard celle des amandes amères et de l'acide cyanhydrique.
Les feuilles de laurier-ierise fournissent à la distillation une huile volatile vénéneuse,
qui contient de l'acide cyanhydrique, dont les propriétés sont presque les mêmes
que celles de l'huile essentielle d'amandes amères (Voyez Amaxdes amères), et qui est
employée aux mêmes usages. La quantité d'huile volatile que ces feuilles peuvent four-
nir n'est pas la même dans toutes les saisons. Brugnalelli a dit qu'elles en fournissent
le plus au printemps. Cela peut être vrai en Italie, mais non sous le climat de Paris, oii
Carot a remarqué qu'au mois d'avril elles fournissent par rél)ullilion dans l'eau une
568 LVUniEll-CERLSE.
grande quantilé do ciio vogélale et pas d'imile volai ilo, tandis qiran mois d'août c'est
le contraire qui a lien. Les proportions cracide cyanliydriquc suivent les mêmes rap-
ports. C'est donc an mois d'août qu'il conviendrait de les n-colter iiour la préparation
de riiydrolat et de riiuile volatile. (En somme, le moment le plus lavorable est, pour
une même région géographique, de clioisir le moment de la floiaison et surtout la pé-
riode qui ])récè([e la Iructilicalion.)
I/liydrolat de laurier-cerise est toujours légèrement lactescent, à cause de la forte
proportion d'iniile \olatile qu'il contient. Il renferme, en outre, de l'acide cyanliydrique
en propoitions variables. Suivant la remarque de Iluiant-Monlitlard, l'IiydiohU conservé
dans des llacons l)Oucliés à l'énieril ne perd aucunement de l'acide qu'il contient.
Cette eau a d'autant plus de force qu'elle est plus récente, ])lus trouble, ce qui est
causé par riiuile essentielle qu'elle tient en suspension. Si on la filtre, comme le recom-
mande avec laison le Codex, riniile s'en trouve séparée, et il ne reste i)his qu'un licpnde
transparent, ])eau('oui) plus doux que celui qui ne contient (jue peu ou point d'iniile
essentielle, et qui |)('ul sans inconvénient être prescrit par onces. On doit se servir d'un
filtre mouillé, afin de séparer conqilétement l'iiuile essenliellc, qui pourrait rester en
suspension. Cette eau sera renouvelée chaque année et conservée dans un flacon recou-
vert de pai)ier bleu, à l'abii du contact de l'air et de la lumière. Si, au contraire, on la
laisse trouble, elle devient vénéneuse à la dose de 1 à 2 gros f/i à 8gr.); on ne peut la
donner à plus de 20 à 30 gouttes, en prenant la précaution de remuer le mélange pour
qu'il ne reste point d'huile essentielle en suspension; d'où il résulte que ce médica-
ment est inégal dans son action, variable suivant les jibarmacies où on les prépaie.
Il vaudrait mieux, ainsi que le conseillent Mérat et Delens, préparer extemporanément
l'eau de laurier-cerise en versant une goutte d'huile essentielle jiar 30 gr. d'une eau
distillée quelconque, que l'on prendrait en quatre doses à deux heures de dislance.
Substances incompaliblcs. —
Le calomel, qui, en rapport avec l'eau de laurier-cerise,
produit un poison soluble. On a vu des empoisonnements résulter de ce mélange.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A l'intérieir.— Eau distillée limpide (1 sur Conserve, de gr., on plusieurs fois.
— 3oHuile essentielle, 50 centigr.
[i ;\
cide cyanliydrique par 100 gr. d'eau distillée. laurier-cerise, 12 parties; liuilo d'amandes
(;et ouvr;ige doime en mOmc temps les procé- douces, 16 parties; cire blanche, k parties.)
dés employés à l'opération du titrage, p. Zil3.) Infusion des feuilles récentes, à vases clos,
Huile essentielle, 5 à 10 centigr. en plusieurs 125 gr. par kilogramme d'eau, avec addi-
lois, oléo-saccharum, potion. tion de 125 gr. de miel, en lotions.
ment par les narcotiques, les vaisseaux du cerveau injectés i)ar un sang
liquide. Cependant Fodéré trouva l'estomac légèrement enflammé chez un
homme et une femme que l'eau distillée de laurier-cerise avait fait périr
dans les convulsions. L'acide hydrocyanique anhydre, le plus actif des poi-
sons connus, cause si promptement ia mort, que tout secours est ordinaire-
ment inutile la mort arrive en une ou deux minutes et comme par
:
mais loujom's avec circ()nsp(>ction et à mesure que l'on s'aperçoit que son
action diminue par l'habitude.
I/ulililé du laurier-cerise, dans certaines maladies, ne fait point doute.
C'est paiticulièremenl dans les alicctions où l'irritabilité est accrue et où
l'indication patente est de diminuer cette irritabilité et d'enrayer consé-
quemment l'action des organes, ({u'on l'a employé avec succès. Il semble
diminuer la trop grande iriitabilité du cœur et favoriser, au contraire, l'ac-
tion des vaisseaux absorbants. Les médecins italiens le considèrent comme
un excellent contro-stinuilant, et l'emploient dans tous les cas où il s'agit
de combattre l'hypersthénic, les phlegmasies les plus aiguës, telles que la
pneumonie, la pleurésie, l'angine, etc. Les médecins français sont loin de
partager cette opinion, que l'expérience, du reste, n'a pas suffisamment jus-
tidée.
On a recommandél'usage de l'infusion des feuilles de laurier-cerise dans
la phthisie pulmonaire (Linné, Bayllics); la mélancolie, l'asthme, le rhu-
matisme, la fièvre hectique (BayÎHcs); les engorgements du foie et des
autres viscères de l'abdomen (Cameron, Ducellier, Thomacen); l'hystérie,
l'hypocondrie (Thilcnius). L'eau distillée des feuilles de cette plante a été
employée dans la syphilis et la gonorrhée (Mayer); dans les palpitations du
cœur, la pneumonie, l'angine, l'entérite, etc. (Cévasco); on a injecté cette eau
dans les veines contre la rage, mais sans succès (Dupuylren). On en a con-
staté l'efficacité en vapeur inspirée dans les affections spasmodiques des
poumons et des muscles de la poitrine à la dose de 4 ;\ 13 gr., versée sur un
vase chaud de manière à s'évaporer en dix ou douze minutes (Rrimer).
Enq)loyé à l'extérieur, le laurier-cerise s'est montré efficace dans les né-
vralgies. Broglia (1) assure que ce topique est sans danger, et que chaque
praticien doit se servir d'une substance dont l'application est facile, écono-
mique ci h la portée de toutes les classes de malades.
L'infusion des feuilles, ou l'eau distillée de laurier-cerise, est utile dans
les infiammations superficielles ou traumatiques de la peau, les brûlures,
les contusions douloureuses, les cancers ulcérés, les ad'eetions cutanées
chroniques avec prurit ou douleur, les engorgements laiteux des mamelles,
les hémorrhoïdes douloureuses. Appliquées par leur côté luisant sur les
plaies douloureuses, les feuilles de cette plante calment assez promptement
les douleurs et hâtent ainsi la cicatrisation. Si l'on veut avt)ir une action
1" acide prussique médical, \ gr.; eau distillée, 500 gr. suc pur, 45 gr. ; ;
ture de digitale 1 gr. TiO centigi'., niti-ate de potasse 2 gr., sirop de thridace
30 gr. Cette potion, prise par cuillerée ù bouche de demi-heuie en demi-
heure dans l'espace de i\c\\\ h trois heuics, n'apporla aucun soulagement.
J'administrai alors l'acide hydrocyanique médicinal ;\ la dose de \2 gouttes
dans quatre onces d'eau de laitue. Les deux premières cuillerées, données
fi dix minutes d'intervalle, diminuèrent la fréquence du pouls; une troisième
pu nous le procurer; nous savons seulement que pour cet auteur le principe actif est
un corps particulier qu'il appelle oléandrine. Landerer (2) admet dans les feuilles de cet
arbuste la présence de la salicine.)
Les principes de cette plante se communiquent à l'infusion, à la décoction, à l'eau
distillée.
(Le laurier-rose est Irès-délctère. Dans les environs de Nice, la poudre d'é-
corcc et du bois sert de mort-aux-rats.) Pris en très-petite quantité, il déter-
mine dans la bouche et le gosier un sentiment de picotement et d'âcreté
très-notable, et bientôt des vomissements. (La pulvérisation de la résine pro-
duit une action très-vive sur la muqueuse nasale.) Orfila a prouvé que cette
plante, môme cultivée à Paris, était un poison extrêmement violent, et dont
l'action analogue à celle des stupéfiants se portait sur le système nerveux et
spécialement sur le cerveau. Libantius rapporte qu'un individu mourut pour
avoir laissé, la nuit, dans sa chambre à coucher, des fleurs de laurier-rose,
et qu'un autre périt également après avoir mangé d'un rôti pour lequel on
s'était servi d'une broche faite avec le bois de cet arbuste. (Les faits qui ten-
dent à établir que les émanations seules du laurier-rose suffisent pour déter-
miner des accidents graves, et même la mort, nous paraissent devoir être
soumis à un sérieux contrôle. La fixité du principe toxique (Latour) nous
est une raison suffisante pour ne pas admettre leur réalité.) Morgagni rap-
porte que le suc des feuilles môIé à du vin fit périr une femme en neuf
heures; elle fut prise de vomissements affreux, suivis de syncope et d'apho-
nie; son pouls était petit, faible et tendu, ses lèvres noires. On ne trouva
que peu d'ulcérations intestinales. Loiseleur-Dcslongchamps (3) rapporte
qu'un malade qui avait pris en une fois 60 centigr. de laurier-rose en pou-
dre, au lieu de 15 centigr. qu'on lui avait prescrits, eut des vomissements
abondants, des défaillances et des sueurs froides. Ces accidents se calmèrent
au moyen d'une grande quantité d'eau sucrée et d'une potion éthérée. Loi-
scleur-Deslongchamps essaya sur lui-môme quelle pouvait ôtre la tolérance de
Ihomme pour ce poison. Le 15 avril 1811, il commença à prendre quatre
(1) Journal de pharmacie, t. XXXII, 1857, p. 332.
(2) W'iltstein's Vierleijahressclirifl, 1858.
(3) Dictionnaire des sciences médicales, t. XXVI, p. s/jt.
LAURIEU-nOSE. 573
la vie peut continuer plusieurs heures après que le cœur a cessé de battre.
Le poison du laurier-rose, par une élection spéciale, paralyse le muscle-
cœur, et les autres muscles restent actifs tant que la vie n'est pas éteinte).
La première indication à remplir dans l'empoisonnement par le nerion est
de faire vomir. On donne ensuite des lavements purgatifs, des évacuants,
tels que l'huile de ricin, le sulfate de magnésie, etc. Lorsque le poison est
absorbé, s'il y a adynamie, il faut, comme dans l'empoisonnement par la
belladone, recourir aux stimulants, tels que l'éther, l'eau menthée, le vin,
les alcooliques.
d'abord peu prononcée sur la pituitaire, mais ensuite elle fait éternuer vio-
lemment. En raison des dangers de son emploi, on devra même s'en abste-
nir de cette manière.
Cet élégant arbuste croît spontanément dans les lieux secs et pierreux du
midi de la France (le Dauphiné, le Languedoc, la Provence, etc.).
à deux lol)es, ])Iane, large, échancrée au sommet l'inférieure à trois lobes presque
•'gaux. —
Quatre élamines didynames. —
;
Kécolte. —
On doit la faire avant •l'épanouissement des fleurs; la plante jouit
.iluis (letoute sa vigueur, qui se conserve après la dessiccation. Celle qu'on récolle dans
les terrains secs, pierreux, arides, est plus active.
[Culture. —
Les lavandes ne sont cultivées que dans les jardins botaniques et
d'agrément. En Angleterre et principalement à IMicham, dans le comté de Sussex, la
••ullui'e de cette plante est d'une très-grande importance (voir Odeur, parfums et cosmé-
tiques, de Piesse et Réveil); on en plante des champs entiers, on la cultive en ligne on ;
la multiplie par éclats au printemps ou à l'automne, ou par semis. Elle est cultivée |
dans les jardins an moyen de plants enracinés ou de marcottes, qu'on obtient en but-
tant les vieux pieds de manière que la base de la plupart des rameîiux sont couverts de
Icii'e.
\ L"iNTi';r:iEi n. -
Infusion, G à 12 gr. par ki- A l'extéiueur. — Infusion, en lotions, fomen-
logramme d'eau. tations, fumigations.
Hau distillée (1 sur /| d'eau), 30 ;\ JOO gt-., en Teinture ou alcoolat, Q. S-, en frictions, et
potion. pour la toilette.
Huile essentielle, 10 ù 20 centigr., en potion, Vinaigre (l sur 12 de vinaigre), Q. S., en fric-
])ilule», etc. tions, et pour la toilette.
Teinture, 2 à 4 gr., en pntion, etc. (Glycûrolé glycérine, 200 gr.; essence de la-
:
Comme toutes les plantes du même genre, la lavande con\ient dans les
d'odenr que la précédente. L'huile essentielle qu'elle contient est aussi en grande pro-
portion, et lient elle-même en dissolution 0.25 de i'am])hre. —
Les préparations pliar-
macentiques et les doses sont les mêmes que celles de l'espèce précédente. Elle sert à
l'aire l'alcoolat ou eau-de-vie de lavande et le vinaigre de lavantle, usités pour la toilette.
Cette ])lante entre dans le baume tranquille, le baume nei-val, le vinaigre antiseptique
ou des quatre-voleurs, l'eau de Cologne, etc.
Les propriétés thérapeutiques de cette lavande sont les mêmes que celles
de la lavanda spica ; mais comme elle est plus abondante et plus facile à
cultiver, on l'emploie de préférence. Citons encore :
Cet arbuste, qu'on cultive dans les jardins pour ses ileurs croît dans h's ,
lieux humides du nord de l'Europe, dans les hautes njontagncs des Vos-
576 LENTILLE.
nescription. —
[Plante amiuelle à tige haute de 20 à ZiO centimètres, pubes-
ccnte, rameuse, à leuilles alternes, pétiolées, paripennées, heptajuguées, avec stipules
et vrilles simples ou ])ifurquées. —
Fleurs blanches, petites, veinées de violet. Calice —
à cinq dents égales, velues, longues, linéaires. —
Ovaire simple, allongé, uniloculaire,
pauciovulé. —
Style liliforme. —
Stigmate capité. —
Fruit: gousse glabre, jaune bru-
nâtre, terminée en bec, contenant une ou deux graines lenticulaires.
Cette petite plante vivacc flotte à la surface des eaux stagnantes, qu'elle
couvre quelquefois complètement en forme de tapis vert. Les canards man-
gent cette plante avec avidité. La forme de ses feuilles, arrondies et con-
vexes en dessus, ressemblant à une lentille, lui a fait donner le nom qu'elle
porte.
Deserii»tioii. — Feuilles au nombre de
trois, ovales, arrondies, obtuses, d'un vert
clair, munies en dessous d'une très-longue, simple, terminée par un ren-
lige radicale
llement tuberculeux, n'allant pas jusqu'à la terie, et qui semble servir de balancier pour
maintenir la piaule sur l'eau, dont elle se nourrit. —
Fleurs difliciles a voir, à cause
de leur ténuité, monoïques (mai-juin i; fleurs mâles : calice d'une seule pièce, deux éla-
mines; fleurs femelles : calice également d'une seule pièce. Un style. —
Capsule uni- —
locnlaire, cà deux ou quatre graines.
On trouve souvent sous les feuilles de cette piaule beaucoup de petits animaux aqua-
tiques, de petits crustacés ; on y rencontre aussi parfois le polype d'eau douce, animal
si singulier par la propriété qu'il possède de former autant d'individus complets qu'on
en fait de morceaux.
578 LENTISQUE.
Ce lichen en louHes sur la terre, dans les prairies et dans les bois
eioil
des nionla^ni's, sur les rochers; il abonde dans joui le nord de l'Europe,
l>arliculièrenienl eu Islande, où il l'orme une grande jjartie de la nourriture
du peuple. On le rencontre dans les Vos{^es,dans les Alpes, les Céveiuies, et
même aux environs de Paris.
lU'Mri'iplioii. — Ce liclicn esl composé do touiïes
foliacé, sec, carli!a{,M'iieux,
sern'cs el ciitiv'lacées ; roiifj;»» à la l)asc, gris-ltlanciiàlro à la
partie supérieure, quol-
(pirtois cilié sur les bonis de ses découpures, liaul de 7 à 10 coiitiuiètres; ses fructifi-
caliniis sont dos espèces d'écussons d'une couleur pourpre foncé.
Kéeolte. — N'offre rien de pai-ticulier. Jl faut le séparer des corps étrangers, des
juousses, etc. Kn séchant, ce protluil véi^étal devient encore plus dur. Dans Tlierhoris-
lerie, on y mêle souvent d'autres espèces du même genre. — Celui qu'on récolle dans
les prairies est plus développé.
Propriétf^s iiliysiffties et cl&iBnic|«ies; usages économiques.
— Ce liclien est inodoi'e, d'une saveur amère très-marquée, analogue à celle du quin-
quina, mais qui est un peu masquée par le goût mucilagineux de la planie. Il contient,
d'après l'analyse de Berzélius, un amidon particulier, une matière extractive amère
(cétrarine), du sucre incristallisable, de la gomme, de la cire verte, une matière colo-
rante extractive (apothème), un squelette amylacé, du tartrate et du lichenale de po-
tasse du tai'trate, du phosphate et du lichenate de chaux.
:
l'eau bouillante. Quand on évapore la dissolution h une douce chaleur, elle n'éprouve
pas (ralt('ration elle est détruite, au contraiie, à la tem|)érature de l'ébuliition
; il se ;
])n)duit une matière brune insoluble (apothème). Le cétrarin peut être obtenu en trai-
tant le liclien en poudre par l'alcuol, en acidulant celui-ci par l'acide chlorhydrique, en
étendant d'eau, recueillant et lavant les cristaux blancs qui se précipitent.
La fécule de lichen so dissout dans l'eau bouillante, et la liqueur so prend en gelée si
elle est assez concentrée mais elle perd cotte propriété par une ébullilion trop prolon-
;
reprises dans l'eau froide; faites-le bouillir chocolat dans im mortier chauffé. Incorpo-
ensuite pendant une heure dans ime sufli- rez exactement 100 gr. de sacchaiure de li-
sante quantité d'eau, et passez avec expres- chen , et distribuez la masse dans des
sion à travers une toile. Laissez reposer; moules.
décantez ajoutez le sucre et évaporez au
; Tablettes de lichen saccharure de lichen,
:
bain-marie, en agitant continuellement, jus- 500 gr.; sucre blanc, 1000 gr.; gomme ara-
qu'à ce que la matière soit en consistance bique pulvérisée, 50 gr.; eau, 150 gr. Faites
irès-ferme. Distribuez-la dans des assiettes, un mucilage avec l'eau et la gomme mé-
et achevez la dessiccation à l'étuvc. Rédui- langée préalablement d'un peu de sucre ;
sez le produit en une poudre fine que vous ajoutez le saccharure, puis le reste du su-
conserverez dans des flacons bien bouchés.) cre, et, lorsque la pâte sera homogène, di-
(Codex de 1806.) visez en tablettes du poids de 1 gr.) (Codex
Pâte de lichen : lichen, 500 gr.; gomme ara- de 1866.)
bique, 2,500 gr.; sucre blanc, 2,000 gr. — CÉTr.Ai;i\, 10 à 20 centigr. comme Jébrifuge.
les vieillards. 11 m'a rlé trôs-ulilc Ixniilli dans le lail ou en jioN'-e ehez les
enfants épuisés pai* la coffucltirhc d luuiiiiciitfs d un lolc d'il rilalioii hron-
ehiqiie,
Mai'ie Saiiil-rrsin cl lMd(»iir(l) oui piésciilé le liciicii dlsiaiidc eoniine
un bon succédaiu'' du (piniipiina, dans les (irvres inlcrniilU'ntcs, ('((nlre les-
quelles on pcul adniinislicr la ckihaiunk, (pii, essayée |)ai' plusieurs jjrati-
ciens, nolannueuL en ilalie, parait avoir réussi. Muller (ri), ((iii l'a eni|)l()yée
le premier contre ces lièvres, la donnée à la dose de 10 eenlij^r. mêlée au
sucre, et l'a trouvée moins eriicace (pie le cpiiiupiin;'.. (>elle dose était peut-
être trop laihle; dans de nouveaux essais on pouiiait aller avec prudence
et pi'Of^rcssivenienl jusiiuà 20 cl même 30 cenlif^r. Mouchon (3) iJiérèrc le
lichen lui-même, sinon toujours, au moins dans la généralité des cas; il
conseille la poudre Une, à la dose moyenne de à G gr. entre deu.x accès
.'{
:
IMUMONS, MÉrATIUlE DES liOlS, TUÉ DES FORETS, THÉ DES VoSGES {TJcJlcn ])ubnona-
riux, L. Muscns puhnonarius, C. U.
;
Pidmonaria rcliculata, Holl'. Lobariu
; ;
Cette espèce croit sur les troncs des vieux chênes, des hêtres, des sapins
et d'autres arbres sauvages, dans le centre et le nord de la France. On la
recueille ordinairement sur les chênes.
Deisci'iptioii. —
Fi'ondes tl'ini vert jaunâtre, glabres, un peu cartilagineuses,
divisées en lobes prolonds, anguleux, tronqnés au sommet oflVaid à leur l'ace supé-
;
rieure des cavités séparées [)ar des rides dispos 'es en réseau; leur face intérieure bosse-
lée, jaunâtre, velue dans les sillons correspondant aux rides; —
les scnlelles presque
maiginales, planes, d'un roux fauve, pourvues d'un retjord mince qui disparait peu à
peu.
Sa saveur ost un peu àero, Irès-anière. —
En Silérie, on 1(> niel dans la bière au lieu
de lioubiou jjlusieurs peuples en retirent une Ijclle teinture brune pour les toiles,
;
(1) Ga-^ellc
lie xaiité, 1808.
l'rucli-
lications d'un beau rouge le font remarquer.
Il n'existe (r.-uUre dilTéronco entre ros deux variétt^s, qu'on ce que les lul)crcules du
dernier sont d'un row^c vil', et qu'il est moins donté que lo pyxidalus, dont les tuber-
cules sont bruns, l/un et l'autre se conqjosent d'inie Ironde ronde, qui s'cMai-gil gra-
duellement, et qui est couronnf'e par une espèce de calotte liémispliérique dont les
bords sont couverts de tubercules bruns et souvent d"un beau rouge.
coninn, I). C; Muscus cinereus, Rai. ; Muscus caninus, Hoff.). On trouve fré- —
quemment ce lichen dans les bois, les pâturages, sur la terre. Il fleurit
en automne et au printemps.
Descriptioii. —
Expansions foliformes larges, coriaces, arrondies, lobées, d'un
gris cendré ou verdàtre, divisées en lanières plus ou moins allongées et ascendantes.
.Sculelles naissant au sommet de ces lanières, arrondies, d"un brun roux, verticales ou
inclinées. — Saveur amère et un peu nausé'euse. Ce liclien a ('té proclamé en Angle-
terre comme un remède spécifique conliv la rage. On le donnait pulvérisé et mêlé avec
le poivre, sous le nom de poudre antilysse. Ce remède, vanté par des esprits graves, est
tombé, comme tant d'autres remèdes antirabiéiques, dans un oubli bien mérité.
Mômes propriétés que les précédents.
LICHEN DES MURAILLES, Payelle des murs, Herpette des murs {Lichen
parietiniis, L. Imbrica parieiina, D. C).
;
—
C'est le plus vulgaire de tous les
lichens sur les murs, les pierres, les rochers, les écorces d'arbres; il se fait
remarquer de loin par sa belle couleur d'un jaune doré ou jonquille.
Description. —
Frondelles imbi'iquées, lobées, ondulées, connue frisées en leur
bord, larges, étalées, quelquefois décliiquelées et redressées. —
Sculelles jaunes ou un
peu roussàtres, orbiculaires, pédicellées, presque sessiles. —
Gumprecbt en a retiré une
liuile essentielle bulyreuse, analogue à celle de l'écorce du Pérou. Scbrader en a donné
une analyse qui n'y démontre aucun des principes des écorces fébrifuges.
Ce lichen suivant Haller, un astringent qui réprime les diarrhées invé-
est,
térées. Wilmet en avoir employé utilement la décoction contre les flux
dit
contagieux d'automne. On l'a présenté en Allemagne comme un Irès-bon
fébrifuge. Sanders (1) le regarde comme plus efficace que le quinquina,
surtout contre les lièvres d'automne et les fièvres quartes rebelles. ((Cette
assertion, dit Dubois, de Tournay, a grand besoin d'être confirmée par
des faits authentiques, d'autant plus que les propriétés physiques de ce li-
chen ne semblent pas annoncer en lui de bien grandes vertus, »
par tlo Barreau, lorsque Dassier publia, dans le Journal de vièdecine de Tou-
louse, les l'ésullats avaiila};cux qu'il en avait obtenus contre les fièvres inUîr-
inillenles, « IMus d'une lois, dit (•(; médecin, j'ai pu constater ses heureux
elle Is dans toutes les saisons, sur des malades (h; tout ûge, de tout sexe, de
tout ranj;; il m'a j)aru un remède sfu' contre la lièvre quotidienne, avanta-
j^cux dans la fièvre tierce, loil incertain contre la lièvr(! (piaile. n Dassier
administrait ce médicameid ;\ la dose de riOccîntigr. i f^r. pour les adultes,
;'i
assez violents durant environ douze heures, lanf;ue peu chargée, voies diges-
tives peu irritées; il y a appétit dans les intervalles apyrétiques. Je lui admi-
nistre le matin ;\ jeun, la veille du jour de l'accès, 1 gr. TiO centigr. de vario-
laire amère. Dinnnution considérable de l'accès suivant même dose du :
I
Culture. — liO liorie, qui est multiplié de graines semées aussitôt après leur ma-
turité, do boutures ou de rejetons enracinés, croit dans tous les sols et i\ toutes les
expfisitions; il préfère r()nd)i'e.
•opriétés |iliyj!ii(|ue.«i et cltiniiciiies. —
f.es leiiillos et les haies ont
une saveur amére, austère, iiaus('Ouse. Il découN' du tronc des vieux lierres on arhro,
dans le midi de Tl-^uropo et le nord de l'Afrique, une gonuue-r(>sine connue sous le nom
\ulgaire ol iui[)rnpre de nomme de- lierre, et qu'on désigne sous celui plus convenahle
iV hé'lérée on iVhcdàiiie. FJle est noirâtre, on morceaux iiréguliers; composée de gru-
meaux ou fragments luisants, hiun grisâtre ou rougoàtre foncé, non transparents, à cas-
sure nette et hiiliante, se luisant sous la dont, sans saveur niarqiu'e, ne hlanchissanl
jias la salive et ne s'y dissolvant pas, d'une odeur résineuse, hrùlant en répandant une
odeur d'encens. Klle contient Ijeaucoup de corps étrangers, l'ellelier (1) l'a trouvée com-
posée de gomme, de n'siiie, d'acide rnalique et de ligneux, {'"raiclio, elle laisse écliappei'
de l'huile volatile. Celte gomme-résine, (pii nous vient du hevant et même do l'Inde,
est souvent falsifiée, mêlée à une substance insoluble, analogue à la gomme de Bassora.
(Ciuibourt.) —
On dit que quelques pharmaciens se servent des feuilles de lierre pour
colorer certaines préparations.
FraiKH', se trouve le long des haies et des murs, dans les fossés humides, les
lieux frais et ombragés.
llescri|i4ioii* — Racines blancliàtrcs, grêles fibreuses. — Tiges menues, pres-
et
que siiiiiilos, rampantes à
qiiacirangulaircs, base letlressécs à
la partie supérieure,
et la
surtout au moment de la floraison. — Feuilles pétioléos, opposées, vertes, un peu ve-
Kies, réniformes, crénelées. —
l'étiolés des leuiilos inférieures très-longs et vclu-s. —
Fleurs bleuâtres ou rosées, réunies dans raisselle des feuilles au nondjrc de trois ou
quatre (avril-mai). —
Calice lubuleux, cylindrique, strié à cinq découpures inégales. —
Corolle à peu près doulde du calice, bilabiée ; la lèvre supérieure courte et bifide, la
lèvre inlé'rieuie trilobée, à lobe moyen écliancré et plus grand. Quatre ('lamines didy- —
names. —Anthères rapprochées deux à deux en tonue de croix. Ln style à stigmate —
bifide. —Un ovaire contenant quatre semences ovoïdes.
Parties iii^itées. — Les feuilles et les sommités.
[C'Ultiire. — Le lierre terrestre vient à toutes les expositions et dans les terrains ;
j
A l'extériel'r. Infusion, en lotions, fomen-
I
tations, cataplasmes, etc.
Cette plante, connue dans nos campagnes sous le nom de dricnne, est vul-
gairement employée dans un grand nombre de cas. Elle est excitante,
comme la plupart des plantes labiées; mais elle paraît plus particulièrement
exercer son action sur les organes de la respiration. Je l'administre toujours
avec confiance dans la période d'atonie des bronchites, dans la bronchorrée,
l'asthme humide et, en général, dans toutes les affections de poitrine où
une expectoration muqueuse ou purulente se manifeste avec une certaine
abondance. J'ai guéri, par le seul usage d'une forte infusion de lierre ter-
restre, des catarrhes pulmonaires chroniques qui, sans l'exploration des or-
ganes respiratoires, eussent été pris pour des phthisies. Les nombreux
exemples de guérison de phthisies attribuées à cette plante par EtmuUer,
Willis, Morton, Murray et beaucoup d'autres praticiens d'un grand mérite,
tels que Rivière, Scardona, Sauvages, elc, se rapportaient sans doute, dans
la plupart des cas, à des catarrhes pulmonaires chroniques. Toutefois, il est
H remarquer que Morton faisait le plus grand cas du sirop de lierre ter-
restre dans la phthisie hémoploïque, et que Murray rapporte qu'un de ses
parents, qui crachait du sang pur en abondance, fut guéri par l'usage du suc
de ce végétal associé à du lait ou à du pelit-lait. La circonstance des hé-
moptysies, disent avec raison Trousseau et Pidoux, donne de la valeur au
LILAS. 687
me pai-ait pas mieux jondé ([ue les opinions vulgaires. Il me semble absolu-
ment dénué de pi(d)abililé (pTeile ail la vertu île guérir les ulcères des pou-
mons et diirérenles espèces tic pblliisie. 1/autorité de Simon Pauli ou d'autres
auteurs n'a aucune valeur ù mes yeux, vu la nature de ces maladies et ladif-
liculté de les guérir en général. Son usage contre les calculs de la vessie
n'est pas appuyé de meilleures autorités ni plus probable, et je ne crain-
,
Cet arbrisseau, originaire de l'Asie-Mineure, que l'on cultive dans nos jar-
dins pour la beauté de ses Heurs, est connu de tout le monde. Les bestiaux
le refusent, et les insectes, excepté les cantharides, n'y touchent pas, à cause
de la grande amertume de toutes ses parties.
[Parties usitées. — Les feuilles, Técorce, les fleurs, les fruits, les semences.
ment on a été obligé de recourir à une troisième dose pour obtenir cet heu-
reux résultat.
J'ai administré en 1846 la décoction de capsules vertes de lilas (30 gr.
pour 700 gr. d'eau réduits à oOO gr.) dans quatre cas de fièvre intermittente
tierce. Trois fois elle a manqué son effet. Le seul cas où j'aie pu lui attribuer
la cessation des accès est d'autant plus douteux que ie malade avait déjà
éprouvé une diminution notable dans Tintensité du dernier paroxysme. Mais
les résultats obtenus par Gruveilhier, et le soupçon de la non-exécution
complète de mes ordonnances dans les cas que je viens de citer, m'enga-
gèrent à essayer de nouveau ce fébrifuge indigène. En 1851, pendant l'été,
j'eus l'occasion d'administrer l'extrait aqueux des capsules de lilas à quatre
personnes atteintes de fièvres intermittentes, dont trois ayant le type tierce
et un le type quotidien. Chez les trois premiers, la fièvre diminua sensible-
ment après l'administration de 4 gr d'exlrait de lilas délayés dans un peu
de vin. La même dose, prise le surlendemain, suffit pour l'aire disparaître
nient la guérison, qui l'ut complète après la cinquième dose. Hien que ces
quelques faits, comparés aux observations de Cruveilhier et Clément, aient
peu d'impoitance, je n'ai pas cru tlevoir les j)asser sous silence c'est une :
le laisse exposé au soleil pendant quinze jours. Un frictionne deux fois par
jour avec cette huile, jusqu'à absorption complète, les articulations affectées.
son sommet. — Feuilles éparses, glabres, d'un vert un peu glauque, entières,
sessiles,
dressées, pointues. — Fleurs bleues, pédonculées, unes les autres termi-
axillaires, les
nales — Corolle à cinq pétales. — Calice persistant cinq
(juin-juillet). ovales. à folioles
— Cinq étamines un peu soudées à leur base. — Cinq — capsule globu-
styles. Fi-uit :
leuse, à cinq valves rapprochées, et dont les bords rentrants forment autant de loges
qui paraissent être doubles. —
Une semence luisante, oblongue, dans chaque loge.
Parties usitées. — La semence et la tige.
Récolte. — La culture ot la récolte du lin, du domaine de la grande culture, sont
très-bien traitées dans la Maison ruslique du a'/-y« siècle.
[Culture. —
Le lin purgatif n'est cultivé que dans les jardins botaniques; le lin
usuel est l'objet d'une culture considérable que tout le monde connaît.]
Propriétés |iliysic|ues et cliiiniques; usages économiques.
— La semence du inodore, d'une saveur fade à Fétat trais, rance lorsqu'elle est
lin est
vieille. Elle contient, d'après Meyer, de Kœnigsberg (1), du mucilage, de l'extractif doux,
de l'amidon, de la cire, de la résine molle, une matière colorante, une matière rési-
neuse, de l'albumine, du gluten, une huile grasse, des sels, etc.
Le mucus {bassorine, suivant Dublanc), qu'on a aussi appelé linine, entre pour
10 pour 100 dans la composition de la graine de lin, et la gomme soluble pour 20
pour 100. On en retire par l'élher 35 pour 100 d'huile. —
Becquerel a reconnu, en
outre, dans cette semence, la présence d'un peu de sucre. L'amande a la composition
de toutes les semences émulsives, mais c'est dans renvelopi)e que se trouve le muci-
lage et les matières extractives et colorantes. —
Le mucilage du lin a été spécialement
étudié par Vauqueiin (2). Il l'a trouvé composé de gomme, d'une substance animalisée
analogue au mucus, d'acide acétique libre, d'acétate et de phosphate de potasse et de.
chaux, de sulfate et de muriate de potasse. La matière animalisée est unie intimement
à la gonnne.
La bonne farine de lin se tasse en une seule niasse dans la main fermée, et conserve
sa forme après la piession. Elle graisse instantanément le papier sur lequel on la presse,
l'orme une émulsion blanche avec l'eau. Le décocté de cette farine bleuira par la tein-
luro aqueuse d'iode si elle est falsifiée par le son ou des substances amylacées. L'eau
pourra faire apprécier l'abondance du mucilage. La calcination fera découvrir le mé-
lange de substances minérales. La farine de lin donne 3 à 6 pour 100 de cendres.
Les hommes, dans certains pays, ont fait usage de la graine de lin comme aliment.
On assure qu'elle servait à cet usage chez quelques peuplades asiatiques; mais elle
n'oiïre qu'une nourrilui'e visqueuse et indigeste, surtout jiour les estomacs délicats.
A .Middelbourg, une disette ayant, au rapport de J. lîauliin, contraint les hal)itanls de
faire une sorte de pain avec la graine de lin, un grand nomltre furent atteints de tumé-
factions dans les liypocliondres, h la face et dans d'autres parties; plusieurs en mou-
rurent. Les pigeons nourris de cette semence contractent, dit-on, une saveur rance el
désagréable.
L'iiuile de lin sert pour l'éclairage, pour la cojuposition de l'encre des typographes,
pour lubrifier les ressorts et pour adoucir les frottements des rouages mécaniques, pour
composer des vernis, etc. Bouillie avec de la lilliarge et épaissie par l'ébullilion prolon-
gée, cette huile sert à la fabiication des sondes, des bougies, des pessaires et autres in-
struments de chirurgie dits en gomme élastique. Le tourteau de lin sert à nourrir les
bestiaux, à engraisser la volaille.
Les fibres de l'écorce de la tige de lin fournissent, sous la main de l'homme, la filasse,
le fil, divers tissus, etc. Le papier, qui reçoit la pensée et transmet à la postérité, par
la merveilleuse invention de l'imprimerie, les productions de l'esprit humain, n'est que
du vieux linge converti en pâle et convenablement préparé. La filasse, mise au fond
d'un entonnoir, sert de filtre aux liqueurs qu'on y verse. Ce filtre est à la fois commode
cl laisse passer promptement le liquide. On connaît l'usage de la toile et de la charpie
en chirurgie.
L'eau dans laquelle on a fait rouir le lin devient vénéneuse pour l'homme et pour
les animaux. La poussière qui s'échappe de la filasse quand on la travaille dans les fila-
turcs, attaque les voies respiratoires, et produit l'hémoptysie, l'asthme, etc.
coûteux par coliii «le la f;iaino de lin. Il n'a pas, connnc celui de
laf,'os
goiume, l'inconvénient de i)iodniie la constipation, et est bien plus anti-
phlogislique.
L'huile de lin, que Gesnor cl AVaulers substituaient à l'huile d'amandes
douces, est tr6s-relAchante. Prise par cuillerées à bouche,;''» peu de distance
les unes des autres, elle a^il comme laxative. A des distances assez éloi-
gnées, et mêlée avec un siiop, elle est seulement adoucissante, (^e dernier
mode d'administration convient dans les cas de phlegmasie, et particuliè-
rement dans celles des organes de la respiration. Maglivi (I), Sydenham,
Gesner, Dehaen, vantent sou ellicacité dans la j)Ieurésie. D'autres auteurs la
recommandent dans riiémoptysie elle convient sm-lout, dans cette der-
;
nière maladie, lorsqu'il y a une vive irritation des bronches. Kn pareil cas,
je l'ai employée une fois avec un succès marqué. Dehaen et N'an Swieten la
préconisent, prise à grande dose, contre l'iléus et la (colique métallique.
Ruiand a giu''ri un paysan dont le ventre était devenu dur comme une pierre
par l'engouement stercoral, en lui administrant un lavement de 5 onces
(iriO gr.) d'huile de lin. Michel (2) l'a donnée aussi avec succès dans les
constipations opiniâtres. Suivant les Fpliénu'ridcs d'Allemagne (;j) l'huile de
lin, à la dose d'une cuillerée prise le matin à jeun pendant quelque temps,
guérit le carreau. Celte huile aurait-elle, ainsi qu'on l'a cru de toutes les
huiles, la môme propriété que celle de foie de morue? Yan Ryn (4) assure
avoir constaté l'efficacité constante contre les hémorihoïdes, pendant près
d'un quart de siècle, de l'huile de lin récente administrée à la dose dcGOgr.
malin et soir. Le traitement dure tout au i)lus une semaine. J'ai eu récem-
ment l'occasion de vérifier celte efficacité contre une all'ection hémorrhoï-
daire opiniâtre et fréquemment douloureuse.
Wauters, praticien trop peu connu, l'a mise en usage avec succès dans un
cas remarquable d'empoisonnement par la coloquinte chez un riche paysan
qui, par avarice, avait demandé une médecine à un maréchal-ferrant.
Murray a fait expulser par l'usage de cette huile une grande quantité de
vers du canal intestinal, et Heberden la préférait à toute autre huile pour
chasser les ascarides vermiculaires qui s'accumulent parfois dans le rectum
des enfants. Dans ce dernier cas, je l'ai administrée avec avantage à la fois
par la bouche et en lavement. Le mélange d'une cuillerée d'huile de lin et
de pareille quantité de suc de citron ou de vinaigre sucré, m'a souvent
réussi comme vermifuge chez les enfants.
Les bains généraux ou locaux préparés avec la décoction de graine de lin
conviennent aux vieillards qui ont la peau sèche et aride, aux enfants amai-
gris, souffrants, sujets aux convulsions, aux femmes nerveuses, irritables,
aux hypocondriaques, aux hémorrhoïdaires. Ils sont d'une grande utilité
dans les affections cutanées en général, et en particulier dans les dartres
douloureuses ou avec prurit insupportable, les inflammations, etc.
(On connaît l'usage si répandu des cataplasmes de farine de graine de lin,
comme agent émollient et anliphlogistique, en chirurgie, dans les affec-
tions phlegmoneuses, les inflammations de toute nature et de tout siège.
Dans les maladies inflammatoires du tube digestif particulièrement, on
les entretient sur l'abdomen pour ainsi dire d'une manière permanente,
toutes les fois que leur poids ne force pas de les remplacer par des fomen-
tations ou des embrocations.
Nous devons â ce sujet détruire une erreur trop répandue dans le vul-
(1) Oleum lini ab omnibus liiudatum pro maximo reir.odio contra plcuritidcni, quodque raro
fallet. (Baglivi, Opcra omiiia, p. 38. Antwcrp, 1715.)
(2) Journal de médecine, t. XVII, p. /jl et suiv.
(3) !• année, obs. 210, p. 2/iO.
(4) Annuaire de lioulers, 1851.
592 LIN.
Dans tous les cas, les cataplasmes s'emploient à nu ou entre deux linges
fins. On arrose souvent de laudanum, etc., etc.)
les
L'huile de lin, battue avec partie égale d'eau de chaux, forme un Uniment
employé avec succès contre la brûlure. C'est un moyen populaire qui,
comme tant d'autres, a été adopté par la science sous le nom de Uniment
olco-calcaire.
Je me sers souvent à la campagne de la fdasse ou de l'étoupe pour rece-
voir les cataplasmes ou autres topiques, tels que les sinapismes, le blanc
d'œuf battu avec de l'eau-de-vie camphrée, et l'alun, après les luxations, etc.
La filasse s'adapte et enveloppe mieux que le linge, qui, d'ailleurs, est rare
chez les pauvres. L'étoupe m'a été plus d'une fois utile comme remplissage
dans les fractures pour le premier appareil, quand rien autre chose ne se
présentait sous la main.
On a aussi employé le papier en médecine. On Fa recommandé en décoc-
tion dans la diarrhée et la dysenterie. J'ai vu des personnes atteintes de
diarrhées chroniques prendre avec avantage, chaque jour, une sorte de
soupe faite avec du papier blanc bouilli dans le lait. Mâché et appliqué sur
le lieu d'une hémorrhagie, le papier peut, à l'aide de la compression, arrê-
ter cette dernière. Appelé pour un cas d'hémorrhagie survenu à la suite de
l'extraction d'une dent molaire, et qui durait depuis quinze heures malgré
les moyens employés par le chirurgien qui avait fait l'opération, je pus faire
cesser cet accident à l'instant même en tamponnant l'alvéole avec du papier
mâché et en maintenant les mâchoires rapprochées pendant une heure, de
manière à exercer sur ce papier une compression suffisante. L'application
du papier dit de soie, du papier à cigarettes, constitue un bon moyen d'em-
pêcher l'accès de l'air sur les blessures superficielles, les brûlures aux pre-
mier et deuxième degrés, les excoriations. Il s'imbibe de la lymphe plastique
qui suinte, et forme un épiderme factice protecteur.
(Le papier sert de support à des médicaments destinés à l'usage externe;
nous citerons les papiers cantharidés, vésicants, épispastiques, atropi-
nes, etc. On le charge aussi de substances méiiicamenteuses devant agir
pendant la combustion, et on brûle ce papier sous différentes formes.
Trousseau recommande de fumer des cigarettes de papier et, après aspi-
ration,de faire passer lentement la fumée dans les bronches par une se-
conde inspiration. Les cigarettes peuvent être préalablement imbibées d'une
solution arsenicale, mercurielle, nitrée, belladonée, etc., selon l'indication.
Nous citerons pour exemple les différentes variétés de papiers antiasthma-
tiques, qui, presque tous, ont pour parties actives les solanées vireuses.)
Le carton sert à faire des attelles dans les cas de fractures des membres
chez les enfants, et même chez les adultes.
Ce serait sortir de notre sujet que nous appesantir sur les dispositions dif-
férentes qu'on lui donne soit dans les appareils de Seutin, soit dans ceux
de Burgraeve (ouate et carton), soit encore dans ceux de Sommé (carton
seul). Nous renvoyons pour cela aux traités spéciaux et aux journaux de ces
quinze dernières années.)
On connaît sous le nom de Pyrothonide une liqueur empyreumatique, ou
huile pyrogénée résultant de la combustion du linge de lin ou de chanvre,
ou du papier (huile de papier de Lemery). Ce liquide noirâtre, Irès-âcre,
LIN PURGATIF. 593
proposé commeagent Ihérapcutiquo par Haii(|ii(' (1), est, selon cet auteur,
un astringent dans les héniorrhagies utéiines, la leucorrhée, la blen-
efficace
norrhée, elc. Dans ces cas, on l'emploie dans la j)ro|)ortion de 30 à 50 gr.
par 120 gr. d'eau, en injections dans le vagin sept à huit fois par jour, ou en
compresses imbibées entre le prépuce et le gland. On l'emploie aussi contre
les engelures, en fomentation, et dans l'ofjhlhalmic chronique, en en instil-
lant (jueiques gouttes pures entre les paupières plusieurs fois dans les vingt-
quatre heures, et en bassinant ces mêmes paupières avec le liquide étendu
d'eau, llanque, plein de confiance dans le pyrothonide, croit qu'en en tou-
chant la vessie au moyen d'une sonde qui en serait enduite, on pourrait gué-
rir le catarrhe de cet organe, et qu'introduit dans l'estomac et dans les in-
testins il
, dissiix'rait certaines phlegmasies chroniques du tube digestif
qui résistent aux moyens anliphlogistiques ordinaires. Il n'est pas inutile de
faire remarquer que ce médecin recommande en même temps les boissons
adoucissantes et un régime sévère.
Le pyrothonide évaporé convenablement donne un extrait qui se conserve
très-bien et qu'on peut employer en dissolution dans une suffisante quan-
tité d'eau.
(Lorsqu'on met quelques gouttes d'huile de papier sur la langue, on n'é-
prouve aucun effet immédiat, mais la sensation du goût est totalement
abolie, de sorte qu'on peut alors avaler sans dégoût les substances les plus
désagréables) (Johnson).
Culture. — Le purgatif
lincultivé que dans
n'est jardins botaniques on les ; le
multiplie par graines,]
Propriétés pliysicfues et cliiiiaiqiies. — La saveur très-amère nau- et
s;éeusede cette plante décèle un principe acre. (Pagenstacher en a isolé une substance
pulvérulente, à laquelle il a donné le nom de liiiine, un peu amère, à peine soluble
dans l'eau, l'éther et les huiles, soluble dans Talcool, cristallisant dans la solution acé-
tique.)
PRÉPARATIONS PHARMACELTIQLES ET DOSES.
A l'intérieur. —
Infusion dans le petit-lait ou 1 l'eau chaude le lin cathartique desséclié, on
dans l'eau, 8 à 15 gr. par kilogramme. obtient un sixième de son poids d'un extrait
Poudre, 1 à 4 gr., en électuaire, pilules ou très-soluble dans l'eau. On doit préférer, dit
dans du vin. cet auteur, l'extrait à l'infusion de la plante,
Extrait aqueux, 25 à 30 centigr. dont l'odeur est nauséeuse et repoussante.
Suivant Butler-Lane (2), en épuisant par ]
38
594 LIi\Ali;E.
grandes et jaunes se l'ont remarquer eu été. Son nom lui vient de la ressem-
blance de ses feuilles avec celles du lin.
l>escri|itiuii. — Piaule Itisaniuicllc (1«^ /|0 à jD conliniètrcs do haulour. — Tiges
dr(iil<'s, lisses, peu laineiisos. — t'eiiilles scssilcs, ('[iaiscs, (Uroitos, liiic'siircs, |)Orlant
iiiu^ nciviii'c htiigitiulinalc. — t'IiMiis (riiii jaune pâle, avec le palais salVan, disposées
en épis — Calice persistant,
leniiiiiaiix (juiii-jiiiliel-aoùt-sepleiiilde). à cinq petit, divi-
sions. — en «'peron
C.oroilc iiic;;iilièi'e, tnlnih-e, \enliiie, leiiiiiM('esa hase, formée à
de deux lèvres d"nn pioi'inineni,
et |)alais la lèvre siipi'riein'e bilolx^e, riiilèrieiire tri-
lobée. — Quatre étaniines anllièros
diilyiianies à— — Ln stigmate Itilohées. l."n style.
oldiis.— capsule
i'"riiil : semencçs noires.
liildctilaiic à
Nota. — (jnelquelois corolle régulière, à cinq lobes,
la est se prolonge inférieure- et
iiieut en cinq éperons. Cette monstruosité a été désignée par lànné sous le nom de
piloria.
je lui préfère la jusquiame, dont l'elfet est bien plus marqué (1).
(Il .Ican Wolf, au rapport de Horst, faisait un secret de l'onguent de linaire. Le landgrave
de Hesse, qui en avait éprouvé de bons effets contre les hémoiTlioïdes dont il était tourmenté,
lui acheta ce secuct moyeiniant la rente viagère d'un bœuf gras par an. Le docteur, en faisant
connaître sa formule, afin que l'on ne confondît point la linaire avec l'ésule, à laquelle elle
ressemble avant la floraison, composa ce vers :
cancer des mamelles, et comme délersive sur les ulcères de mauvaise na-
ture; en lotion, sur les dartres et autres atTections cutanées chroniques.
Suivant Lobel et Ray, le suc exprimé de cette plante, employé tant ;\ l'in-
térieur qu'à l'extérieur, arrête et guérit les ulcères serpigineux et chan-
cre ux.
La velvote, si l'on en juge par son amertume, n'est pas dépourvue de pro-
priétés. Les assertions des auteurs qui en ont parlé sont de nature à provo-
quer de nouvelles recherches sur ses elfets thérapeutiques.
rance, que l'on voit représentée sur plusieurs médailles antiques, tenant
cette fleur à la main, avec ces mots Spes publica. « Ne semble-t-il pas, dit
:
(2) (Simple réflexion : Le premier volume du Diclionnaire des sciences médicales date de
1812; celui d'où est extraite cotte citation porte le millésime 1818. Inde Unis.)
I,ISEI10.\ l)i:s H VIKS. 597
Parties usitées* —
La racine et les feuilles.
Récolte. — On la récolte au mois de juillet, soit i)Our la conserver, soit pour on
extraire le suc.
[Culture. — Se sème en mars ou avril; on ne la cultive que dans les jardins bo-
taniques.]
(1) Burtin a produit, sur le liseron dos haies, un mémoire intéressant qui a été couronné
en 1783 par rAcadéniic des sciences et belles-lettres de Bruxelles.
598 LIVÈCHE.
Cette plante (PI. XXIV) croit sur les montagnes du midi de la France
(Languedoc, Provence, Dauphiné, etc.); elle est cultivée dans les jardins.
— Feuilles d'un vorl [icii roiirc, idaiidcs, deux lois .liir'os, à folioles dentées, incisées
on lobées. — jaunàlics,
l-'leiiis en ondx'llcs
(lis|ios<'('s Iciiiiinales (jnin-jnillfl). —
Calice
cinq dénis. — Corolle
l'i cimi pétales enlieis,
A en dedans au i(tul<'s soiiiinel. — Cinfi
étaniines. — Deux — Fruit
styles. lornié de deux akènes nus,
oldonjj; strié-s.
It^'t'olte. —
Ne réclame aucun soin particulier. C'est sa ra^inr' (pi'on vend dans
des pliannacies sous le nom de racine (Cache.
[Culture —
plante sauvap;e suflil aux liesoins de la médecine ; on ne la cul-
l.a
tive que botaniques; elle préfère une terre fraîche et profonde; on la
d.ins les jardins
niiilliplie de graines senu-es aussit(M après leur maturité ou bien d'éclats de pieds faits
au piinleinps ou à raulDuine.]
"•opri^'t^H giliyMi<|iieM et rliiiiii€|iiei!i. - La livèclic est douée d'une
odeur Inrie, d'une saveur acre et aiomaticiue. i:lle conlient, en abondance, un suc jaune
gommo-résineux, analogue à l'opoponax.
l'RKI'ARATIONS l'IIARMACKUTIQLKS ET DOSKS.
A i.'iMKiuEin. —
Infusion on décoction dos ra- Extrait, 2 à 4 gr., en pilules, potion, etc.
meaux, 15 à 20 gr. ])ar kilogramme d'eau. Teinture, 2 k U gr., en potion.
Infusion des semences, 8 à 15 gr. par kilo- Poudre des graines, 1 à 2 gr.
grannr.e d'eau.
qui explique les bons effets qu'en a obtenus Gilibert dans l'iiystérie avec
asthénie, dans l'aménorrhée et hi chlorose. P. Forestus avait déjà indiqué
la livèche comme un puissant emménagogue propre à rappeler les règles el
même à expulser le fœtus mort et le placenta retenu dans la matrice. Il en
faisait prendre le suc cxi)rimé dans le vin du Rhin ; l'hiver il se servait de
la semence confuse et bouillie modérément dans le même vin. La racine en
poudre donnée par petites cuillerées, et qu'on délaye dans du vin ou de la
bière deux ou trois fois par jour, ranime, dit Roques, les fonctions utérines
et rétablit le cours des règles. « La livèche, dit Loiseleur-Deslongchamps,
passe pour carminative, stomachique et emménagogue. On la recomman-
dait autrefois dans les cas de digestions difficiles. On l'a crue pendant long-
temps un remède spécifique contre la jaunisse. On a vanté l'usage de ses
feuilles, prises intérieurement, comme un excellent moyen de rétablir les
évacuations menstruelles supprimées. Mais aujourd'hui, sous aucun rapport,
on ne fait plus usage de la livèche On assure que ses feuilles, mêlées
avec le fourrage, guérissent la toux des bestiaux (1). » Horstius recommando
comme un l)on remède contre les engelures des lotions faites avec la décoc-
tion de livèche el de rave.
Cette plante ne mérite pas l'oubli dans lequel elle est tombée. Elle pour-
rait remplacer plusieurs substances aromatiques qui nous viennent de l'é-
tranger.
par semis en pépinière ou sur couche, par éclats de pieds ou par boutures des racines.]
—
Propriétés pliysi(|ues et clainiic|ues. Celle racine est d'une saveui'
d'abord sucrée, puis un peu acre et nauséeuse, laissant dans la bouche une impression
durable. Elle exhale une odeur vireuse. Boissel (1), qui a analysé celte plante, y a trouvé
une matière grasse de consistance bulyreuse, une matière sucrée, du mucilage, du ma-
iate de potasse, des traces d'une matière amère très-fugace, quelques sels inertes et du
ligneux.
(1) t. X, p. 623.
Journal de pharmacie, l'« s«5ne,
(2) Descripliun d'un spécifique conire le mal vénérien;; Mémoire de l'Académie de Stockholm,
t. XII, 1750; Ancien Journal de médecine, t. XU, p. iV.'j7'i.
lii Mayenne, où, dil-il, on poul la ruIUvcr dans les lieux Irais el humides (U;
cette conlirc.
Ueficriptioii. — r.iainc clicvcluo, filnfuse, jjlaiiclic — I-Viiillcs ladicalos, ('lli|)-
sessiles, ifun beau vert, très-él()it,Miées les nues des autres. Fleurs irn'guliéres, —
bleues, en ("iii. —
(lalice, h einq divisions éyales, rudes, snliulées, droites. Corolle —
inl'undiliulilurine, divisior.s de la lèvre intérieure étroites, lancéoN-es pendantes, Inije
anguleux. —
Cinq é'tamines n'unies par les anthères. —
|-"ruil au-dessous de la eoiolle,
,
au delà des mers des moyens de guérison la lobélie brûlante offre un des :
plus forts arguments que l'on puisse opposer à cette erreur. Loin d'être trop
peu active, nous sommes persuadé qu'elle ne le cède en rien à la lobélie de
la Virginie, et qu'on doit plutôt s'occuper d'enchaîner sa virulence que des
moyens de l'augmenter. »
Malgré ces judicieuses réflexions, la lobélie brûlante est restée dans l'ou-
bli, et aucun médecin n'en a fait le sujet d'expériences positives.
(On s'est beaucoup occupé, dans ces derniers temps, de la lobélie enflée
{lobelia inflata) et de son alcaloïde la lobéline. Leur étude ne peut entrer
(I;ms notre catlre, à cause de leur provenance exotique.)
noirâtre, oblongue ;
giaincs nommées lupins, arrondies, blanchâtres, comprimées.
Culture. — Le lupin est cultivé dans les champs comme plante fourragère et <lans
les jardins conmie vi'gétal d'agrément; on le sème en ])lace au printemps en terre
légère.
son diminiip, le lupin se rapiHOclio par sa naliiro dos graines do liaricoîs ot do lentilles.
La farine l'ait partie dos farines résolutives, elle ronfernie hoaucoiip do léguniine, ma-
tière azotée analogue à la caséine du lait.] (Suivant l-'ouirroy (1), les lupins contiennent
une huile amère qui donne à la farine ses propriétés, une matière végéto-animale
(nous Tavons mentionnée), dos pliospliates de chaux et de magnésie, des traces de phos-
phates de potasse et do fer, point d'amidon ni de sucre, ce qui les différencie des autres
semences des légumineuses. Cassola, de Naples, dit avoir isolé la lupinine, principe non
cristallisable, amer, soluble dans l'alcool h /lO degrés ot dans l'eau, solide loisqu'il est
desséché, devenant de consistance sirupeuse par l'exposition à l'air.)
(Les lupins, utilisés comme aliments par les anciens, et, de nos jours,
dans quelques pays méridionaux, étaient autrefois recommandés à l'inté-
rieur comme vermifuge, probablement à cause de leur amertume. Nous
passons sous silence la plupart des vertus dont on les a décorés. La farine
n'est guère plus employée actuellement que comme topique résolutif, cal-
mant, émollient. La décoction des lupins appliquée en lotions ou en fomen-
tations trouve son indication dans les maladies cutanées chroniques, eczéma,
lichen, etc., etc.
Cette plante croît dans les marais, dans les prairies aquatiques, au bord
des ruisseaux, le long des murs humides. Elle est commune dans presque
toute l'Europe.
Description. —: souche traçante.
Racine —
Tige quadrangulaire, souvent ra-
meuse, dressée, robuste. —
Feuilles pétiolées, ovales-o])longues, aigués, opposées,
glabres ou pubescentes, rétrécies à la base, fortement sinuées ou dentées. Fleurs —
petites, blanches, marquées de petits points rougoàlres, disposées en verticilles serrés,
petits et — Calice cinq dents lancéolées, subulées, presque
globuleux (juillet-août). à
épineuses. — Corolle évasée, à quatre lobes presque égaux,
tul)ulouse, supérieur plus le
large. — Quatre étamines quatre réduites
distantes, deux par l'avortement des deux
à
supérieures. — Fruits: quatre semences lisses et triangulaires.
D'après Linné, la décoction dos feuilles, traitée avec lo vitriol, donne une bonne
couleur noire.
sa racine est exlrènienient i)elile; sa chair, (ra])oid hianehe, ensuite d'un jaune verdàlre
ou d'un gris l)ruu, se change en une |)(»ussière d'un brun olivâtre. Son volume est va-
riable, mais souvent de la grosseur de la ttMe d'un homme. « J'en ai mesuré' plusieurs
de 18, '20 et même 23 pouces de diamètre, et des personnes dignes
ibis, dit ilulliiU'd,
de loi m'ont assuré en avoir vu dont le diamètre avait près de 3 ])ieds (1). » Il croît
en sc|)tend)r(^ et en octolire dans les lieux sablonneux, humides, sur la lisière des ])ois,
principalement a|»rès les pluies. H est rare dans nos départements du noid, mais on y
rencontre ]»lus IVc'quemmenl la vesse-de-loup verruqueuse ou commune [Lycoperdon ver-
rucosum) qui a les mêmes |)ropriétés.
(lia poussière du lyco|)erdon est douée d'une odeur pénétrante elle est càcre, elle
;
laisser sur la plaie jusqu'à sa chute spontanée, parce qu'il nuisait quand on
l'arrachait.
Frappé de l'accord d'un grand nombre d'auteurs sur la vertu hémosta-
tique du lycoperdon, je l'ai mis depuis longtemps en usage. J'ai plusieurs
fois arrêté l'hémorrhagie produite par les piqûres de sangsues au moyen
d'une couche épaisse de vesse-de-loup commune ou verruqueuse, comprimée
pendant quelques minutes par une petite pelote de linge. Introduite dans
les narines, cette poudre m'a réussi dans deux cas d'hémorrhagie nasale
abondante, après avoir inutilement employé l'eau de Rabel, l'eau alumi-
neuse, les applications réfrigérantes, etc.
Le fait suivant atteste la propriété du lycoperdon contre l'hémorrhagie
traumatique M. Duhauton, de Saint-Pierre-lès-Calais, ancien militaire, Agé
:
rences dans les excoriations. L'amidon, qu'on emploie aussi en pareil cas,
ne réussit pas aussi bien, à cause de sa viscosité, résultat de sa solution
dans les liquides. Le blanc de céruse, préparation de plomb, que les com-
mères mettent si souvent en usage, peut, par son absorption, causer des
accidents très-graves et même la mort. La poudre de lycopode convient
dans tous les genres d'érythème, l'eczéma des bourses et des seins, l'éry-
sipèle, et, en général, dans les affections cutanées qui ne supportent ni les
liquides, ni les graisses. On se préserve de la sueur des mains, quand on
veut travailler à des ouvrages que cette sueur peut tacher ou altérer, en se
les frottant souvent avec un peu de poudre de lycopode. Ce moyen ne nuit
en aucune manière à la santé.
Helwich {in Murray) a étendu l'usage de cette substance aux ulcères ser-
pigineux. Hufeland recommande contre les ulcérations des paupières, et
pour sécher quelques plaies superficielles, un cérat composé de cérat de :
pour faire, une émiilsion, csl dans les nirinos afloclions par les
(MMi)l()y<''('
<J(> gr,; eau, :2 litres laites réduire des trois quarts par la cuisson
; en :
])rendre une tasse toutes les dix minutes. Une telle dose, administrée comme
diurélicpie, laisse tout au moins du doute sur la propriété vomitive de
Iherbe de lycopode.
Tournai).
Ueseriptioii. — Tiges droites, hautes de 6 à 12 centimètres, divisées en ra-
meaux dicliotonies, couvertes de feuilles lancéolées, pointues, lisses, un peu rudes,
tiès-serrécs et comme imbriquées. —
Urnes ou capsules axillaires et éparses.
Propriétcs —
Saveur légèrement astringente, amère, détermi-
|iliysi(iiies.
nant un sentiment d'aslriction assez prononcé.
A à plus grande dose, elle
petite dose, cette plante est éméto-drastiquc ;
calma ces accidents. Zingler fut très- malade et tomba en syncope au bout
de quatre minutes pour avoir mâché une petite quantité de cette plante le ;
Plante annuelle qu'on trouve le long des bois et des chemins, dans les
terrains secs et pierreux, au milieu des moissons, au bord des champs. Le
nom de hjcopsis (œil de loup) lui vient de sa fleur bleue et arrondie, que
l'on a comparée aux yeux du loup, lesquels, comme on sait, sont bleus.
Description. —
lîacinc pivotante. —
Tige droite, de 30 à 60 centimètres, ra-
meuse, anguleuse, très-hispide. —
Feuilles étroites, lancéolées, allernes, sessiles, un
peu ondulées, quciquel'ois légèrement sinuées, liispides, un peu tu])ercul(Hisos dans leur
beau vert. —
Fleurs d'un jaune d'or, disposées en panicule terminale pédoncules pu-
bescents (juin-juillet). —
Calice bordé d'une ligne pourpre, à divisions lancéolées et
;
aiguës.
celles de faire mourir mouches. Pline (1) dit que cette plante,
les serpents, les
placée sous le joug, empêche les chevaux de se battre entre eux. « Pré-
cieuse, mille fois précieuse cette plante, dit Loiseleur-Deslongchamps, si,
des animaux, sa vertu conciliatrice pouvait s'étendre jusqu'aux hommes, et
entretenir parmi eux la douce paix et la bonne intelligence » !
—
Un style. —
Un stigmate long, fiiirorme, pendant. —
Fruits: akènes de cou-
leur jaune, vioiëtle ou rougo, gros, lisses, arrondis, disposés par séries longitudinales
el pour ainsi diie incruslés dans l'axe de l'épi.
Parties uBitées. —
La semence, les stigmates.
Culture et récolte.— Sont du domaine de l'agricullure. •
fécule 75.35; matière sucrée et animalisée 4.50; mucilage 2.50; albumine 0.30;
son 3.25; eau 12.00; perte 2.10. On n'y observe pas de gluten, quoique plusieurs
auteurs eu indiquent. Bizio et (Jraliam y ont découvert une snbstance particulière
qu'ils nomment .;««(?; elle en fait environ les trois centièmes et est probablement le
gluten de quelques auteurs elle paraît analogue à l'bordéïne, que Proust a découverte
;
pouvaient seules être invoquées comme point de départ de l'affection. Une récente
récompense accordée à Gostallat et le remarquable rapport fait h l'Académie des sciences
(186/i) par Rayer, paraissent cependant établir la réalité de l'inOuence du maïs altéré.)
La farine de maïs doit être fraîche ; conseivée longtemps elle pnmd une àcrelé qui la
rend moins agréable et moins saine. Les Indiens mangent les grains verts du maïs
comme nous mangeons les petits pois. En France, on les conlil au vinaigre ainsi que les
jeunes épis c'est un assaisonnement plus agréable que les cornichons. On a liié du
;
sucre des liges non mûres du maïs (3). Le sucre y existe en assez grande quantité, mais
il ne serait pas susceptible de cristallisation (.Mérat et Deleus). Copendanl, l'allas, alors
de 6 kilogrammes.
On l'ait avec les graines de maïs fermenlées des boissons alcooliques analogues à la
])ière. Elles peuvent, suivant l'armentier (2), remplacer avantageusement Torge pour la
préparation de cette dernière. On pourrait aussi en retirer de l'alcool et du vinaigre,
comme des autres graines des céréales.
Le maïs n'est pas moins utile, conmie aliment, aux animaux qu'à l'homme. On le
leur donne en fourrage, vert ou sec, en épis, en grains, en farine. Les chevaux, les
bœufs, les vaclies, les moutons, les porcs, la volaille l'aiment et le préfèrent aux autres
végétaux. Aucune substance n'engraisse mieux les dindes, les poulardes, les oies, que
la farine de maïs d<''layée dans du lait. Jeté dans un vivier, le maïs engraisse beaucoup
le poisson et lui donne une chair plus savoureuse. Desséchées, les feuilles de maïs
offrent d'agréa])les couchettes. Dans toute la Catalogne, où les chaleurs sont excessives,
on dort ])aisiblement sur des matelas de feuilles de n>aïs. Toute la plante peut servir
uUlemenl au chauffage ; ses cendres donnent de la potasse.
ovoïde à deux lo^^'es pluriovulé-es. Stylo sinq)le, lernu'né par un stifiuiate eu tète.
ruit baie ovoïdi'. charnue, molle, de la j^rosseur d'un petit œul de poule, renfermant
:
K<*c<»lte. —
Les racines, très-grosses et bifurqnéos, de la niandragoi'O lui ont fait
donner le nom (Winlhropomoriilion et de semihomo; on la récolte à l'autoume, les feuilles
u moment de la floraison, et les graines à la maturité des fruits. On distingue deux
variétés de uiandragore : l'une, la juandragoro mâle, a des feuilles longues et larges,
es fleurs blanches, son fruit est rond, uniloculaire ; l'aulio, dile mandragore femelle, a
es feuilles petites et étroites, les fleurs pourpres, le fruit est allongé avec calice persis-
tant à (livisi(tns aiguës.
Ctaltiire. —
La mandragore se propage par semis faits au printemps, en pleine
terre, en bonne exposition, avec couverture de feuilles ou de litière pendant l'iiiver.
Propriétés pliysicivaes et cliiiiiiciiies. — Par sa composition la man-
dragoi'c se rapproche tie la lielladoue.]
Dans ces derniers temps, on s'est servi avec un certain succès de la ra-
cine en poudre, à la dose de 8 décigr. en moyenne, contre l'aliénation
mentale. La dose la plus forte n'a jamais dépassé 1 gr.
A l'extérieur, Boerhaave conseillait l'usage des feuilles en cataplasmes,
sur les tumeurs scrofuleuscs.)
Cette plante vivace, originaire du midi de l'Europe, est cultivée dans les
jardins pour son odeur agréable et pour ses usages économiques. On rroil
que c'est Vamaracus des anciens, de Pline, de (latullc, etc.
Cinge tempera floribus
Suaveolenlis amaraci.
(Catui,., In niiplias Jitliœ.)
[Culture. — Cette plante demande une terre sèche, légère, une exposition chaude;
on la muiliplie par éclats de pieds ou de boutures faits au pi'intemps ou à l'autoiune,
plus larement de graines. Dans le Noid, on doit la coucher l'hiver ou la rentrer en
orangerie.]
•
Propriétés pliysitnies et ckiniifiues. La maijolaine répaud une —
odeur pénétrante, Irès-agrcaltle sa saveiu' est chaude, aromatique. Comme la plupart
;
des lol)iées, elle contient une matière extraclive et de Diuile volatile. Suivant l'rousl,
elle donne ci l'analyse du véritable camphre. (La formule de l'huile essentielle C^^ H* ° =
(Kane).
Dans le Midi, on emploie la marjolaine comme assaisonnement dans divers aliments,
et les confiseurs font des dragées fines avec ses semences.
plaros vl les avenues, orne les jardins publies et les ijaics. Ses leuilles des-
séchées plaisent aux cerfs. Les abeilles puisent en abondance dans ses Heurs.
Les fruits, quoique dune .Ipreté repoussante, sont mangés par les chèvres
cl les brebis.
I*arf ieM ii^Hôew. — I/écorrc cl lo fruit.
iKiis après Tavdir uiondcc. ou la porte au séclioir; lorsqu'elle est sèche et dé-
ans ;
pouillrc (le sou épidémie, elle est en morceaux roulés, assez épaisse, de couleur gris-
liiiniahv eu dehors, d'un jaune lauve en dedans, h cassure filti'euse. Les fruits sont
murs (Ml aulomiic
[CiiKiire. —
l'iaute tii'S-rustiqiie, se piopage f)ar graines ou pai- éclats de pieds,
xicnt partout, mais elle jinMère nii terrain h'ais el substantiel; on sème en place ou en
rigole pour lepiquer ensuite en pi'p.inière il supporte
;
la taille et la tonte; il y a une
cliissagoau lieu de savon. La laiine do ces marrons est quelquefois usitée comme cos-
métique en place de pâte (Painande. Elle sert aussi à taire une excellente colle dont
i'ameitume écarte les insectes rongeurs. Los bougies qu'on a essayé d'en l'aire en la
mêlant au suif, qu'elle rendait plus solide, éclairant mal et étant peu économiques,
n'ont eu qu'une vogue passagère.
A l'intérieur. —
Décoction , 30 ;\ GO gr. et che à jeun ou avant le principal repas, le
plus (écorco) par kilogramme d'eau. l)his souvent dans une tasse de tisane
Poudre, 1 à à ça: comme tonique, 15 à 50 gr. anicre. (Jobert, hoiùtal Saint-Louis.)
conmic fébrifuge. Élixir fébrifuge de Ueil extrait décorce,
: li gr.;
Extrait aqueux, 75 ccntigr. à 1 gr., en pi- eaude-vie, 30 10 gouttes toutes les trois
gr.;
lules, potion, etc. heures. (August., pharm. extcmp.)
Extrait alcoolique, 30 contigr. à 1 gr. et plus,
en i)ilul('s, potion, etc. A l'extérieur. —
En décoction, plus ou moins
Vin (30 à 00 gr. d'écorce par kilogramme de concentrée, pour lotions, fomentations, in-
vin blanc, en macération), 60 à 100 gr. jections, etc.
Teinture alcoolique écorcc, 12.^ gr.; alcool à
: (Esculine, 50 ccntigr. à 2 gr., comme fébri-
21 degrés, 500 gi. —Concassez l'écorce, met- fuge.
tez-la en contact avec le véhicule, agitez de Sirop (Mouclion) esculine en poudre, 125 gr.;
:
temps en temps, et après quinze jours de alcool à 56 degrés, 2,500 gr.; siiôp de
macération, filtrez. —
Une cuillerée à bou- gomme, 8,000 gr.)
passant pas le nombre de six; toutefois ils suffisent pour prouver 1" la :
que l'extrait de marron à la dose de 4 gr. que j'ai essayé deux fois. Peut-
être, en associant cet extrait au carbonate de soude, à la rhubarbe et au
tartre stibié, comme les anciens ont fait pour le quinquina, ajouterait-on à
son efficacité. On pourrait aussi l'administrer en électuaire, avec une pré-
paration ferrugineuse dans les cachexies paludéennes (1).
Cette plante vivace (PI. XXIV) croît spontanément dans toute l'Europe,
sur le bord des chemins, parmi les décombres, dans quelques lieux incultes,
autour des fortifications des villes de guerre, etc.
—
Des^eriptioii.— Racine ligneuse, fibrée. Tiges droites, dures, rameuses, couvertes
d'un duvet blanchâtre. —
l'einlles épaisses, opposées, péliolées, cotonneuses, d'un vert un
peu cendré, inégalement crénelées. —
Fleurs blanclies, petites, nonil)reuses, disposées
en verlicilles aux aisselles des feuilles, accompagnées de biaclées sétacées et velues
(mai-octobre). —
Calice tubulenx à dix dents crocluies dont cinq ])lus petites alternati-
vement. —
Corolle à deux lèvres, la supérieure linéaire, presque droite et bifide, l'inté-
rieure plus large à trois lobes dont deux latéraux, plus pelils, quelquefois nuls. —
Quatre étamines didynames. —
Un style. —
Un stigmate bifide. Quatre semences —
nues oblongues, situées au fond du calice.
Partie!! usitées. — Les feuilles et les sommités.
Récolte. —
Se lait avant ou pendant la floraison. Il vaut mieux la faire avant le
développement des fleurs. Elle perd de son odeur par la dessiccation, mais elle conserve
sa saveur; ses feuilles se rident et se courbent en dessus, de manière que leur face in-
férieure, qui est blanche, devient la plus apjiarente.
[Culture. —
Le mariube, très-commun à Télat sauvage, suflll aux besoins de la
médecine; on ne le cultive que dans les jardins botaniques, il vient dans tous les sols,
se propage jjar éclats de pieds plantés à la fin de l'hiver.J
rCultiare. —
Les massottes, qui sont très-rustiques, se propagent facilement par
graines semées au printemps on terre forte el humide, ou par division des souches que
Ton arrache à Fautomne. |
nattes, des paillassons qui durent longtemps on en rembourre les chaises. On n'a pu
;
tirer grand parli du duvet comme produit textile. Cependant on dit que, mêlé avec un
tiers de coton, on en a fait des gants et du tricot.
[Culture. — Celle dans tous les sois, pourvu qu'elle soit exposée au
]»lante croît
soleil et pas trop bumide; on la propage par graines semées au printemps ou à l'au-
tomne, ou d'éclats de pieds et de rejetons; elle se renouvelle souvent d'elle-même.]
Récolte. — L'berbe est souvent employée fraîcbe. Les fleurs se récoltent conïme
celles de la camomille. On cueille les sommités pour les conserver, avec une partie des
liges et des feuilles. La matricaire simple, suivant lîodart, est préférable à la double,
bien que dans le connnerce on ne trouve le plus souvent que celte dernière, que l'on
substitue frauduleusement à la camomille romaine. Selon îMérat et Delens, on doit pré-
férer les fleurs doubles, parce qu'elles ont |)Ius d'arôme et par conséquent plus de vertu.
(I) Ce reproclic peut s'adresser à la plupart des auteurs de botanique médicale, qui, dans de
gros volumes, nous apprennent que la rose est astringente, le nerprun purgatif, le pissenlit
apéritif, l'absinthe fébrifuge, l'angélique stimulante, etc., et attribuent, sans distinction de cas
et de circonstances, aux plantes qu'ils préconisent, des vertus merveilleuses contre telle ou
telle maladie. Les ressources surabondent pour remplir des indications qui, en réalité, nous
manquent ou sont difiicilement déterminées au lit du malade Afjendi giiaro ravam remedii
:
penuriain. (Svdenuam.)
622 MAUVE.
saveur fade et herbacée devient mucilagineuse en la mâchant. I<]lle contient une grande*
quantité de mucilage visqueux, doux et nutritif. La racine sèche, qui en renferme
moins que les autics parties de la plante, en a pourtant fourni, h l'état de dessiccation
complète, à Spielmann, le quart de son poids.
Les fleurs de la mauve sauvage donnent une assez belle teinture, qui peut, dit-on,
comme celle du tournesol, servir à reconnaître la présence des acides.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A l'intérieit.. — Infusion ou décoction légère forte, pour bains, lotions. Lavements, fc-
des fleurs, 10 à 10 gr. par kilogramme mentations , injections, gargarismcs, col-
d'eau. lyres, etc.
Infusion ou décoction légère des feuilles ou Pulpe, en cataplasme.
des racines, 15 à 30 gr. par kilogramme Les fleurs de mauve font partie des espèces
d'eau. pectorales, et les feuilles figurent parmi les
A l'extérieit.. —
Décoction , plus ou moins espèces émollientes.
La mauve est émolliente, adoucissante par excellence. Elle est d'un usage
ordinaire, tant à l'intérieur qu'fi l'extérieur, dans le traitement de toutes les
phlegmasies aiguës, surtout dans celles de la poitrine, des voies gastriques
et urinaires, de la peau, des yeux. Elle est, après la semence de lin et la
racine de guimauve, l'émollicnt le plus usité dans les atrections aiguës.
Dans les communes rurales, où elle se trouve sous la main, elle est plus
généralement employée que ces dernières.
Lorsque j'arrive chez un malade atteint d'une inflammation, je trouve de
suite, dans la mauve qui croît autour de la ferme, de quoi lui faire de la
tisane. A l'intérieur, je préfère la racine en décoction avec un peu de miel.
Cette plante, à peine employée dans les grandes cités, rend de grands ser-
vices à la campagne. J'ai vu manger les leuilles de mauve préparées comme
les épinards. Sous cette forme, elle convient dans les phlegmasies chro-
MfiLILOT. 623
Mai'VE musquée {Malva moschaîa, L.), dont les capsules sont velues, doit
son nom à la légère odeur de musc qu'exhalent ses fleurs. Hannon (1) a
retiré de celte plante, ainsi que du mimutus moschatiis, L., plante cultivée
dans nos jardins, et de la moscalelline, une huile essentielle à laquelle il a
donné le nom de musc végétal, qu'il propose de substituer au musc animal.
(Voyez l'art. Moscatelline.)
(On assure que la mauve musquée forme îa base des bonbons laxatifs de
Duvignau.)
Cette plante annuelle (PI. XXV), que l'on rencontre dans les prés et le
long des chemins et des haies, est très-commune dans toute l'Europe. Le
nom de trùfle de cheval vient de ce qu'elle plaît singulièrement aux chevaux.
Les anciens la cultivaient comme plante fourragère.
DescriBitioiii. —
Racine h fibres menues et conrtes. —
Tige droite, herbacée,
rameuse, creuse, atteignant quekpiel'ois 1 mètre 50 centimètres de hauteur. Feuilles —
alternes, pétiolées, glabi-es, d'un vert foncé, dentées, lancéolées, munies de deux sti-
pules h la base du pétiole. —
Fleurs petites, jaunes, quelquefois blanches, papilionacées,
disposées en une grappe allongée, axiliaires (juin-juillet). —
Calice à cinq divisions.
— Dix élamines diadelphes. —
Fruits: gousses pendantes, glabres, noirâtres, renfer-
mant une ou deux semences jaunâtres un peu arrondies.
Partit'S usitées. —
Sommités fleuries.
Kécolte. —
On la recueille au mois de juin oude juillet. On la porte au séchoir
en petits paquets on en guirlandes. Les fleurs conservent facilement leur couleur et
deviennent plus odorantes par la dessiccation.
Pi'0|»fiéi«-s iilaysiifiïies et clBinKicpies ; iisacge.»^ écoïBongiïîties.
— Le mélilol est d'une odeur suave et analogue à celle du miel et à la fève de 'J'onka,
d'une saveur herbacée el mucilagineuse, devenant amôre,un peuàcrc et légèrement slyp-
tique quand on le mâche. Yogel avait cru y reconnaître l'existence de l'acide henzoïque ;
mais Guillcmelte a ensuite constaté (1) que la matière cristalline do celle plante est un
principe inmic'diat neutre, jouissant de toutes les propriétés de la coumanne (principe
auquel la fève de 'l'onka, semence du coumarounn odorala, doil son arôme), cl qui, par
conséquenl, devia prendre ce nom. L'eau distillée de Miélilot lui doit son odeur et
ses propriétés. Elle est, en effet, fortement chargée de l'odeur caractéristique de ce
principe. Zwenger et Bodenhender ont établi (2) que ce corps n'existe dans le mélilot
(jn'à l'état de cond)inaison cristallisaltle en tables rliomhoïdales ou en aiguilles soyeuses
Irès-solubles dans l'alcool et l'étber, soluble dans l'eau plus à chaud qu'a froid, condii-
naison avec un acide nouveau, l'acide mélUolique. Ce dernier, d'une saveur astringente,
cristallise en prismes petits, incolores, transparenls, solubles dans l'eau, l'alcool et l'é-
Iher, d'une odeur faiblement aromatique. Il fond à 82 degiés, se volatilise sans résidu
en se déconqiosant en eau et en huile à odeur de ciinnclle, qui régénère l'acide méli-
lotique par un contact prolongé avec l'eau. Cet acide foime des sels presque tous solu-
bles et cristallisables.
On pourrait se servir des fleurs de mélilot comme de la fève Tonka pour aromatiser
le tabac. En "Moldavie, on place du mélilot parmi les pelleteries pour en éloigner les tei-
gnes. En Alsace (o) on s'en sert aux mômes usages, et l'on en met un fascicule dans les
vêtements pour les préserver de ces insectes destructeurs.
qu'on Irotivc dans les terrains incullcs, pcuvenl remplacer le mélilot olfi-
c'inal.
Cette plante vivace (PI. XXV) croît spontanément en Italie, sur les Alpes
et dans quelques parties des Pyrénées, aux lieux incultes, le long des haies,
sur le bord des bois. On la rencontre même aux environs de Paris (Auteuil,
Saint-Cloud, Prés-Saint-Gervais, etc.). On la cultive dans les jardins. Le
nom de mélisse donné à cette labiée vient de ce que l'abeille la recherche
de préférence pour en faire du miel.
Desci*i|ition. — Racines cylindriques , dures
grêles un peu rameuses et
— Tiges glabres, tétragones,
,
—
Feuilles opposées, pétioiées, ovales, quelquefois cordiformes, d'un vert l'once, dentées à
leurs bords. —
Fleurs petites, blanches ou d'un rouge violacé, demi-verticillées, pédi-
cellées à rextrémité d'un pédoncule commun, munies de quelques bractées (juin-juillet).
— Calice évasé au sonnnet, strié, quadrangulaire. —
Corolle cylindrique, bilabiée, la
lèvre supérieure bifide l'inférieure trilobée.
; —
Quatre étamines didynames. Un —
style. — Un stigmate bifide. —
Quatre semences nues situées au fond du calice.
Parties usitées. — Les feuilles et les sommités.
Réeolte. — La récolte de
mélisse se fait en mai, ou plus tard, pourvu qu'elle
la
soit encore on fleurs. Elle doit être bien garnie de fleuis et pas trop grande. On la sèche
entière (sans les racines), après l'avoir mondée et disposée en guirlandes. Son odeur
diminue par la dessiccation, mais sa saveur citronnée lui reste. l\)ur conserver aux
feuilles leur couleur et leur odeur, il faut les cueillir un peu avant la floraison, en déta-
cher les tiges et les pétioles, les faire sécher ensuite au soleil, ou mieux à l'étuve, et
les i)lacer dans un lieu sec. L'humidité les rend molles et noirâtres.
Eau distilk'c (1 sur k d'eau), 30 à 100 gr., en en fleurs, 900 gr.; zestes frais do citron,
potion, comme excii)ieut. 150 gr.; cannelle de Ceylan, 80 gr.; girofle,
Poudre (rarement), à 8 gr., en pilules,
/j élec- SO gr.; uîuscades, 80 gr. coria'idie, .'|0 gr.;
;
/:0
,
626 MELO.N.
Cette espèce possède, à un i)lus faible degré, les mêmes propriétés que la
mélisse officinale.
Celte plante, du genre courge ou citrouille, est trop connue pour néces-
siter une description.
Propriétés iiliysiffiies et cliiiniqfies. —
La cliair du melon, seule par-
tie employée, est recherchée comme aliment. Elle est savoureuse, douce, sucrée, et
convient, 'mangée avec modération, aux personnes irritables, d'un tempérament bi-
lieux ou sanguin, ayant Testomac robuste elle est nuisible aux individus délicats, aux
;
Simon Pauli, de qui nous empruntons cette anecdote, ajoute, d'après Louis Nonnius (1)
« que quatre empereurs sont morts pour s'être livrés avec trop peu de discrétion à leur
goût pour ce fruit. »
On rend le melon d'une digestion plus facile par raddition du sel, du sucre, du
poivre, de la cannelle, etc. (2). —
Les ménagères cueillent les melons avant leur maturité
pour les conserver dans le vinaigre à la manière des cornichons. La pulpe mûre de ce
(1) De re cibaria.
(2) Loiselcur-Dcsloiigcliampset Marriuis, Diclionnaire des sciences médicaleSy t. XX\ll, p. 204.
MENTHE l'OIVI'.f.E. Gli7
feuilles h coiilic-joiir,de l'cxlraclif, une matière ri^sineuse. L'eau distillée qu'elle fournit
laisse voir au bout d'un an dos cristaux blancs, diaplianes, luisants, ayant la saveur,
l'odeur, la volatilité et la fragilité du camphre, daubius et Proust ont cru y reconnaître
la présence de ce dernier. Depuis l'on a regardé ce produit comme un menlliène
(C-oil's) résultant de la cristallisation de l'iiuile volatile (1) {C-°W 2H0. —
Walter).
Substances incomjmliblcs.— Le sulfate de fer, le nitrate d'argent, l'acétate de i)lonib.
(i) Coniples-rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, Q avril 1838.
(2) Tlœs. tlteor. pract., p. 11G2.
MENTHE POIVnÉE. 629
survioniiont chez les enfants penrlnnt l'alIaitciTicnt et surtout après des se-
vrages prématurés, et qui produisent souvent une cachexie féconde en
phlegmasics et en ramollissements rapidement désorganisalcurs. L'infusion
théil'orme de menthe convient aux femmes enceintes qui éprouvent des
accid(>nts nerveux, de l'insomnie, de l'inappétence, etc.; elhî favorise le
flux mensuel chez les femmes d'mie coinpiexion faihle, délicate, ce qui l'a
fait considérer comme emménagogtie. Cette boisson est aussi indiquée dans
les fièvres typhoïdes de Ibrmc mucpieuse, [)our s'opposer au caractère pu-
tride et nerveux (juc prennent ces fièvres vers les dernières périodes; dans
celles reconnues adynami(iues, ou par débilité directe ou réelle, chez des
sujels détériorés par une mauvaise nourriture, habitant dans les lieux hu-
mides, soumis, en un mot, ;\ l'action de toutes les causes dépressives^ p'i}'-
siques et morales qui consliluent la misère et dégradent Thonmie. Dansées
cas, je fais prendre habituellement à ces malheureux la menthe poivrée en
guise de Ihé; et, pour cela, je la cultive dans mon jardin, où elle se propage
en abondance. J'ai vu cet usage produire l'expulsion des vers et ranimer
les forces chez des enfants faibles et languissants. La décoction de mousse
de Corse, dans laquelle on fait infuser une pincée de feuilles de menthe, est
un des meilleurs vermifuges pour les enfants. L'infusion convient également
aux vieux goutteux tourmentés par les vents, par les douleurs vagues, par
une goutte anomale. Barthez conseille l'eau de menthe poivrée et l'éther
comme des excitants efficaces dans les cas de rétrocession goutteuse, sur-
tout lorsqu'il y a débilité générale. J'ai eu de fréquentes occasions de véri-
fier les eflcts avantageux de cette médication.
Les anciens accordaient à la menthe, prise en infusion et appliquée en
fomentation sur les seins, une propriété anlilaitcuse. Cette propriété, signa-
lée par Desbois de Rochefort, mérite confirmation. Hippocrate attribuait à
cette plante une propriété anaphrodisiaque, et plus tard Dioscoride en par-
lait comme d'un breuvage qui incite au jeu d'amour. INIais il faut dire
qu'Hippocrate n'attribue l'effet anaphrodisiaque qu'à l'usage prolongé de la
menthe Si quis eam sœpe comeclat, etc.
:
pomiiKulo propre à remplacer les lotions employées par Asticr dans le trai-
tement de la gale.
MKNTHE AQUATini'E (PI. XXV). Mentha aguntica, L. Mcnîha rofttn- —
difoîia palustris, seu
aquafica major, J. iJauh., Tourn. Mentha hirsnta, —
herbe du mort. —
Espèce vivace qui croît abondamment sur les bords des
ruisseaux, des marais, dans les fossés humides, etc.
Description. — Racines longues, traçantes, fibi-euses. — Tiges nomJireuses,
droilcs, jMMi laiiiouses, lôgèrciiiont velues et rougeàtres. —
I-'euilles alternes, pétiolées,
glabres, ovalos, dentées en scie. —
I-'Ieurs nioiiopétales, purpurines, disposées en capi-
tules lerniinaux, arrondis (juillet-seplenihrel. —
Calice tubulé à cinq dents. Corolle —
(juadrilnbée un jieu plus \m'^uo (jue le calice. —
Quatre élaniines didynumes plus
longues ïpie la corolle. — L'n style, — Deux stigmates divergents. Quatre semences —
fort petites situées au fond du calice.
D'autres espè'ces de menthes ont des vertus analogues aux espèces dont
nous venons de parler et peuvent leur être substituées; telles sont la :
menthe des champs, iiuniha arvcnsis, L.; la menthe cultivée ou des jardins,
mendia sativa, L. la menthe à odeur de citron, mcntha citrata, L., qui croît
;
au bord des rivières, exhale une odeur qui se rapproche de; celle du citron;
on devrait la cultiver dans les jardins; la menlhe de cerf, menilia ccrvina,
qui croit en Provence, etc., etc.
vent donc être substituées les unes aux autres. La menthe verte, la menthe
crépue, la menthe sauvage, la menthe aquatique, et la menthe pouliot, sont
les espèces le plus ordinairement employées après la menthe poivrée, que
Ion remplace souvent par la menthe crépue ou la menthe verte.
La menthe pouliot active la sécrétion bronchique et favorise l'expectora-
tion. A ce titre on l'emploie vulgairement dans l'asthme, dans l'engouement
muqueux des voies aériennes chez les vieillards, où je l'ai vue agir comme
le serpolet, la sauge, l'hysope, etc. Sauvages a recommandé l'infusion
aqueuse de cette espèce de menthe dans la coqueluche, et Cullen dit qu'elle
lui a paru nuisible dans cette maladie, ainsi que tous les échauffants. Cette
dillérence dans les résultats tient, sans doute, aux circonstances diverses
dans lesquelles se trouvaient les malades, soit sous le rapport des périodes
de la maladie, soit sous celui des symptômes dominants ou des complica-
tions. 11 est, en effet, de la dernière évidence que s'il y avait dans les cas
observés par le premier, atonie, absence d'irritation et de phlogose pulmo-
naire, l'usage de la menthe a pu être avantageux, tandis que si, dans ceux
où Cullen administra cette plante, il y avait pléthore, orgasme des voies
respiratoires, vive sensibilité de ces voies, elle ne pouvait qu'augmenter ces
symptômes et produire même des accidents plus ou moins graves. Les
mômes remarques peuvent s'appliquer à ce qu'ont dit les anciens de la vertu
emménagogue du pouliot, vertu qui ne peut être que relative à l'état
d'asthénie, au défaut d'excitation, soit générale, soit locale. Haller l'asso-
ciait au fer et en composait un remède emménagogue très-chaud, très-
actif (1). La menthe crispée est aussi tellement emménagogue que, selon
Bodart, son huile essentielle a souvent causé des hémorrhagies utérines.
Le pouliot a été vanté contre la goutte, ce qui l'a fait appeler mentha po-
dagraria dans quelques anciens ouvrages.
Suivant Campegius, le suc de menthe (dont il n'indique pas l'espèce), mêlé
avec du vinaigre ou du suc de grenade, arrête le hoquet, le vomissement,
l'hémorrhagie, le choléra-morbus, et tue les lombrics. Boerhaave a em-
ployé utilement la menthe crépue dans la lientérie.
Selon Roques l'infusion vineuse de la menthe crépue ou à feuilles
,
(1) Ce remède est ainsi composé : pouliot, une poi^'néo; limaille de fer rouillée et pulvéri-
—
sée, 30 gr.; vin blanc, 1 kilogr., infusés à chaud pendant la nuit. On en donne un verre ma-
tin et soir, et tous les jours au diner on administre 5 centigr. d'alocs.
632 MÉNYANTHE.
non inflammatoires, l'œdème, et dans tous les cas où les aromatiques sont
indiques. On en fait un grand usage dans nos campagnes. On compose avec
ces plantes un vin aromatique pour l'usage extérieur comme résolutif.
La menthe crépue et la menthe aquatique sont plus souvent employées
en cataplasme sur les seins des femmes en couches, pour arrêter la sécré-
tion du lait, que la menthe poivrée. Selon Gilihert, l'huile essentielle de
menthe créi)uc, appliquée sur les mamelles, est très-efficace pour résoudre
le galactocèlc. Linné conseillait non-seidemenl les cataplasmes vineux de
cette plante sur les mamelles, et l'huile essentielle en linimenl sous les
aisselles des nourrices il leur faisait prendre encore intérieurement quel-
;
Cette plante vivace (PI. XXVI) habite les marais, les étangs, les fossés
humides, dans toute l'Europe. On la rencontre à Saint-Clair, à Villc-d'Avray,
près de Paris.
Deserigitioii. — Racine: souche épaisse, cylindrifiiio, rampante, marquée de
cicatrices provenant de la cluito dos feuilles et couverte de til)res presque simples, assez
nombreuses. —
l-'eiiilles longuement pcliolées, composées de trois tulioles glabres, ovales,
(1) (C'est les anciennes éditions de Nicandre que Linné a pris son naé-
par une erreur dans
nyantlie du mot Tliéopliraste et dans Dioscoride. il y a [iiv-javOcç, de |xivu;, petit,
[ATivuavOs;- Dans
et avOo;, fleur, à cause de la délicatesse de la fleur.)
MÉNVA.NTME. 633
Ti'inturc (1 sur 6 d'alconl), 2;\ gr.,on potion.
,'i
Poudre frnronient employi'e), 1 à gr., en
/j
l'alcool.)
Cette jilante fournit à la teintuie un principe colorant bleu, et son suc bleuit le papier
de tournesol. Cette couleur n'est pas de l'indigo,- d'après Chevreul.
A L'iNTÉniFxn. —
Décoction, 'JO à 50 gr. i):ir Suc, 30 à 00 gr., en lavement.
dunii-kiloRrammc d'eau. Di'cociion , en fomentations, lotions, lave-
Suc cxpriiiiL', ;!0 à 100 pr. ments.
Miel de incrcuriale simple, 30 à GO gr. (r;ire- Feuilles, en cataplasme.
lueiii par la bouche). Extrait, 10 gr., en lavement.
Miel de mercuriale composé (sirop de longue ((jlycéroli; (Surun): suc de mercuriale, gljcé-
vie), 30 à GO gr. rine, aà 500 gr.; chauffez lentement; passez
{Extrait, ù i\ 8 gr., comme purgatif.) au hlanchet pour s(';|)arfcr la chlorophylle et
A L'EMKniEUR. — Miel de mercuiiale en lave- l'albumine coagulée, et ramenez par la clia-
ment, 00 à 120 gr. l»;ur à 500 gr.)
avec le miel ou le vin cuit, pourront estre réservées en forme d'opiat, la-
quelle conviendra non seulement ù lascher le ventre, mais aussi pour déliurer
636 MERCURIALE.
(Cette plante est regardée comme vénéneuse. Sloane(l) lui attribue la pro-
duction de selles, de vomisscnients, suivis de chaleur brûlante, d'assoupissc-
nienl, de convulsions et de mort. Sun usaj^'c médical est nul).
Description. —
Racine traînante, noirâtre, ril)reuse. —
Tiges droites, velues,
cannelées, hautes de 50 à 60 centimètres. —
Feuilles longues et étroites, pubescentes,
à découpures nombreuses, sessilcs, alternes, d'une odeur aromatique. —
Fleurs blanches
ou rosées, en capitules petits et nombreux, formant des corymbes terminaux com-
pactes (juin-juillet-aoùt). —
Calice composé d'écaillés imbriquées, très-serrées, renfer-
mant dans le centre des fleurons lulnileux, hermaphrodites, ;\ cinq lobes, au nombre
de six à huit, et, à la circonférence, des demi-fleurons femelles terliles, peu nombreux et
à trois dents. —
Cinq étamines. —
Un style. —
Deux stigmates. —
Réceptacle presque
plan. —
Fruits : akènes ovoïdes dépourvus d'aigrette.
Récolte. — Elle doit être faite, pour les feuilles et les sommités, pendant la flo-
raison. La racine se récolte comme celle de toutes les plantes vivaces.
Propriétés physiques et citiinîqiies. —
La millefeuille a une odeur
aromatique très-faible; sa tige et ses feuilles ont une saveur astringente, amèi'e, et ses
fleurs un goût amer et légèrement aromatique, La racine h-aîche a une odeur de cam-
phre. Cette différence tient à ce que ces dernières contiennent une huile volatile d'une
odeur fragrante très-pénétrante et d'une saveur chaude, qu'on en retire facilement par
la distillation, tandis que les feuilles et la tige recèlent un principe résineux amer
styptique, uni à du mucilage. L'infusion de cette plante noircit par le sulfate de fer.
(Imeiin, Dubois de Tournai ont cheiché à plusieurs re[trises à vérifier ce fait, en faisant
macérer les feuilles dans de l'alcool de froment, et ils ont toujours obtenu un liquide de
couleur verte. L'eau, le vin et l'alcool s'emparent des principes actifs de la millefeuille.
Zanoni (1), chimiste italien, a analysé cette plante et y a trouvé un principe nouveau
qu'il nomme (ichilldine (Ce n'est point un alcaloïde, mais un extrait hydroalcoolique
d'une comjjosilion complexe, d'un jaune brunâtre, amer, d'une odeur spéciale, hygro-
métrique, soluble dans l'eau et l'alcool bouillant, insoluble dans Télher sulfurique.)
En Dalécarlie on substitue la millefeuille au houblon dans la fabrication de la bière ;
ce qui rend, dit-on, cette boisson très-enivrante.
mais qui observent attentivement l'effet des remèdes, nous ont dit avoir
employé avec un plein succès le suc exprimé de la plante fraîche pour arrê-
ter des hémoptysies rebelles à la saignée et aux boissons tempérantes.
Lorsque le suc ou la décoction ne suffisaient point, on les étendait dans une
eau alumineuse. » Hufcland prescrit l'infusion des sommités contre les flux
cccliaquc et hépatique pour fortifier les intestins après le melœna, et comme
traitement consécutif, cette même infusion en lavement pour prévenir les
récidives de cette affection. Thomas Burnet avait déjà recommandé la dé-
coction de millefeuille contre le flux hémorrhoïdal excessif. C'est surtout
dans les flux hémorrhoïdaux, dans les hémorrhagies du rectum que la mille-
feuille s'est montrée efficace. Trunk (i) en a recueilli un grand nombre
d'observations rapportées par différents auteurs; et tout récemment Teis-
sier (o) a publié un travail dans lequel il prouve par des faits irrécusables
que cette plante, si injustement dédaignée aujourd'hui, a une action réelle
et spéciale contre les flux hémorrhoïdaux trop abondants.
Teissier mentionne les opinions de Rivière, d'Alberti, de Stahl, d'Arnaud
de Villeneuve, de F. Hoffmann, de Ferrein, de Chomel, de Hufeland. De
l'ensemble de ces opinions il résulte que ces auteurs attriljuaient à la mille-
feuille des propriétés antispasmodiques dans les maladies nerveuses, toni-
ques et astringentes dans les hémorrhagies passives, principalement dans
les hémorrhagies passives du rectum et de l'utérus.
Après avoir rappelé qu'autrefois cette plante était fréquemment employée
son application dans certaines circonstances; mais il croit aussi avec raison
qu'il y a inconvénient à supprimer par des astringents très-énergiques, ap-
pliqués localement ou par des lavements d'eau glacée, des écoulements hé-
morrhoïdaux rouges ou blancs un peu considérables, lors même qu'ils sont
liés à une exhalation passive.
Il est préférable et plus rationnel, en pareils cas, de recourir à des moyens
2° pour rappeler les règles qui ont cessé de paraître sous l'influence d'une
diathèse, d'un état fluxionnaire vers les parties supérieures, ou d'un appau-
vrissement du sang; 3" eniin, ])our faire reparaître les lochies brusquement
suspendues. Ce médicament n'a paru avoir aucun effet chez les jeunes filles
dont la menstruation s'établit difficilement et offre des irrégularités dans
ses premières manifestations.
L'usage de la millefeuille comme antihémorrhagique et emménagogue est
vulgaire dans nos campagnes, non-seulement dans la médecine humaine,
mais aussi dans la médecine vétérinaire traditionnelle. Les cultivateurs l'em-
ploient en décoction concentrée dans l'hématurie et les flux de sang des
bestiaux, dans la rétention de l'arrièrc-faix chez les vaches, etc.
Les paysans emploient dans certaines contrées, pour combattre les fièvres
intermittentes, une forte décoction de millefeuille. Puppi (1) a fait sur lui-
même, et sur quelques malades, des expériences qui prouveraient que
l'AcHiLLÉiNE, à la dose de oOccntigr. à 1 gr. par jour, en solution dans l'eau,
constituerait un fébrifuge eflicace. Il serait utile, non-seulement de vérifier
cette propriété du principe actif de la millefeuille, mais encore de s'assurer
de l'action de ce j)rincipc dans tous les cas pathologiques où la plante est
employée.
La millefeuille a été préconisée dans diverses autres maladies, telles que
les alfections catarrhales chroniques, la dysenterie, la phthisie, l'asthme
humide, etc. Hufeland trouve fort utile dans les toux gastriques, après l'ad-
ministration d'un vomitif de faire prendre pendant longtemps au ma-
,
lade une infusion d'herbe de millefeuille, qu'il boit froide matin et soir.
Les sommités de cette plante peuvent suivant Hanin , dans bien des
,
sur les collines, dans les terrains un peu sablonneux. Parait un peu plus
énergique que l'espèce précédente.
Description. — Tige ronde, non sillonnée, piibescenle, haute de 30 36 centi- à
mètres. — Feuilles bipennées, cotonneuses, à lanières écartées, pointues, den- étroites,
tées en scie. — Fleurs en corymbc à Textrémilé dos rameaux disque jaunâtre, demi- ;
Description. —
Racine ligneuse, horizontale, brunâtre. —
Tige droite, simple,
pubesccnte, de 25 à 28 centimètres. —
Feuilles ailées, presque sessiles, glabres, com-
posées de folioles linéaires, aiguës, simples ou divisées. —
Fleurs portées sur des pédon-
cules pubescents, disposées en un corymbe terminal; disque jaune, rayons de la circon-
l'érence blancs; écailles de Tinvolucre entourées d'une large bande noire.
Klle répand une odeur aromatique qui se conserve longtemps, même dans l'herbier
<Iu botaniste. Sa saveur est Irés-amèro.
Les habitants des Alpes font un grand usage du génipi noir pour se forli-
6ûà MILLEPERTUIS.
(1) désigne aussi sous le nom de (irnipi ou génépi, l'armoise des glaciers [arthemisia gla-
On
cialis L.) et l'armoise des rochers {arihemisia rupeshis. L.),lesq' elles sont également amères,
cxcitan'es et toniques. On les emploie au-si dans les maladies aiguës, et notamment dans la
pleurésie, où elles sont tout aussi meurtrières.
Les faltrancks ou tliés suisses sont composés principalement de l'achillée musquée, de l'a-
chillée noire, de l'achillée naine et des armoises dont nous venons de parler. On y joint plu-
sieurs er-poces de labiées, l'aspérule odoranic, le millep-rmis, la reine des prés, l'arnica des
luontagn^ s, etc. Ce mélange de fiant s aromatiques et amères est stimubmt et employé vul-
gairement comme vulnéraire. Il peut être utili\ dans les cas oii les excitants et les toniques
fixes peuvent être employés. —
Les herborisies y mêlent indistinctement toutes sortes d'iierbcs,
même les débris hachés et les balavures de leurs magasins.
MILLEF'ERTLIS, (iV)
ture l'f'sineuse (analogue à rancliusine), soluble dans Talcool et dans riiuiie, el contenu
dans les stigmales el dans le l'ruit; tous deux sont utilis(''s dans la teinture, surfil,
laine el soie; les sommités lenreimenl, en outre, une luiil volatile! contenue dans des
utricules dont est parsemé le parenchyme des leuilles, et beaucoup de tannin (1).
l'UKI'AR.MIONS IMIARMACEUTIQLES ET DOSES.
A i-'iNTÉniEUR. —
Infusion tliéiforme , ]j à Les anciennes pharmacopées de Paris et
30 f;r. par kilogramme d'eau. d'Augshourg ont douné la formule d'un ratafia
Suc exprimé, 15 à 30 gr. et plus. de flems de millepertuis qui a été en vogue.
Extrait rcJsineux, 4 à 8 gr. Pour le préj)arer, on met 500 gr. d'eau-de-vie
Teinture alcooli(iue, 1 à 2 gr. en potion. , sur 25 gr. (le fleurs de milleportuifi dans un
Huile volatile, .'50 à ')0 ceiitigr. dans un véhi- vaisseau de verre bien bouché. On l'expose
cule approprié. au soleil pi'udant quinze à vingt jours, on
Poudre, 4 à 8 gr. (rarement). passe la liqueur et on y fait fondre 00 gr. de
Vin, 30 gr. par kilogramme de vin hhinc en sucre.
macération), 50 à 100 gr. Le millepertuis entre dans le baume du
romniaiideur, le baume tranquille et dans une
A l'extérieur, — Infusion ou décoction pour foule de préparations tombées en désuétude.
lotions, , vapeur , fomentations , injec- L(;s principales sont le sirop antiiiéfihrétique,
:
esl due bien évide mnent à un principe amer gommo-résineux dont la pré-
sence se révèle au goût. Cette infusion m"a surtout été utile dans les cas de
catarrhe vésical où un état d'irritation subsistait encore avec une sécrétion
muqueuse plus ou moins abondante. Lorsque l'eau de goudron, la térében-
thine avaient l'inconvénient de causer un surcroit d irritation, Tinfusion de
millepertuis plus ou moins rapprochée était supportée facilement, et ame-
nait, en peu de jours, une amélioration remarquable.
Dubois, de Tournai, a quelquefois administré l'infusion de celte plante à
des hydropiques, et il l'a vue, dans quelques cas, produire une diurèse abon-
dante.
Bauh., Tourn.). — Cette plante vivace croît dans les bois décou-
verts, montueux. On la cultive dans les jardins comme plante d'ornement.
Degicriptioii. —
Tige droite, cylindrique, nn peu ligneuse, à deux angles peu
marqués; ramifiée, rougeàlre, haute de 60 à 90 centimètres. —
Feuilles grandes, oppo-
sées, ovales, presque sessiles, d'un verl-brun folioles du calice inégales, obtuses. —
;
Culture. — Demande une l)onno terre un peu légère ; on le sème dans nos dé-
partements du Centre ou du ÎN'ord à la fin du printemps ou au commencement de Télé.)
Cette plante vivace croît spontanément aux lieux stériles et pierreux des
contrées méridionales de la France. On la cultive dtins les jardins plutôt à
cause de la singulière élasticité de ses fruits que pour l'usage médical.
—
Description. Racine épaisse, longue d'environ 30 centimètres, fibreuse, char-
nue, blanche. — Tiges tendres, succulentes, hispides, couchées sur terre, sans vrilles,
bractées suhulées. —Feuilles cordil'ormes, anguleuses, crépues, rudes au toucher. —
Fleurs mâles et fleurs femelles sur le même pied, jaunâtres, veinées de vert. Calice à —
cinq divisions. —Corolle à cinq divisions, monopétale, campaniforme, très-évasée, adhé-
rente au calice. — Fleurs femelles pistil trifide (juin-juillet).
: Fruit petite pomme— :
(le biyone, mais elle est moins grosse on les donne quelquelois l'une pour l'autre dans
:
le commerce.
3 milligr., toutes les trois heures, ou au plus toutes les deux heures. C'est
une préparation qui demande, dans son emploi, beaucoup de circonspec-
tion de la part du praticien, car Devergie avance, d'après Duncan, qu'il
suffit d'un seizième de grain de cette substance pour obtenir chez l'homme
les ellets ordinaires de l'élatérium.
cinq dents. —
Corolle à deux lèvres; la supérieure droite, entière, enveloppant les éta-
raines; l'inférieure réfléchie, plus large, à trois lobes. —
Deux élamines à anthères
oblongues, vacillantes. —
Un style à stigmate bifide.— [Fruit composé de quatre akènes
soudés et entourés par un calice persistant.]
Parties usitées* — Les feuilles et les sommités fleuries.
Culture. — Cette plante réussit parfaitement en pleine terre. Je l'ai cultivée dans
mon jardin. On la multiplie d'éclats de pieds tous les deux ans à l'automne. Il faut la
couvrir dans les grands froids.
—
Récolte. La récolte et la dessiccation de cette plante n'exigent d'autres soins
que ceux que réclament les labiées en général.
L'odeur suave et pénétrante que cette plante exhale décèle des propriétés
énergiques. Bodart, qui la propose comme succédanée de la muscade et du
macis, engage les médecins à la soumettre à l'expérience clinique et chi-
mique. Les Américains en préparent une sorte de thé qu'ils trouvent très-
agréable. Je l'ai employée plusieurs fois en infusion dans la débilité des
voies digestives, la gastralgie, et pour aromatiser des préparations toniques.
Elle parait jouir de propriétés analogues à celles de la menthe, de la sauge,
du romarin, etc.
de la maturité.
Parties usitées. — L'herbe entière, les baies.
Rérolte. — Elle doit se faire à l'automne, lorsque les fruits sont mûrs; la plante
jouit alors de toide son énergie. Cette énergie augmente même après la dessiccation. On
la lait sécher à l'étuve.
[Culture. — La morclle noire est très-commune dans les champs, sur les bords
des chemins ; on la propage par semis pratiqués au printemps.]
Propriétés pltysicfues et clssBiiiques. La morelle noire a une saveur —
lierbacée et fade; son odeur
légèrement fétide. Desfosses, de Besançon, a trouvé
est
dans le suc exprimé des baies mûres une substance alcaloïde à laquelle il a donné le
nom de solanine. (Voyez Douce-amère.)
PRÉPARATIONS PHARMACEITIOUES ET DOSES.
A l'intérieik. —
(N'a presque jamais été em- Pulpe des en cataplasme.
feuilles,
ployée.) Poudre ou extrait, 5 à 20 centigi-. Extrait, 4 à 8 gr. par 30 gr. d'axongi', en
A l'extérieit.. —
Décoction, 30 à 60 gr. par pommade.
Icilogramme d'eau, pour lotions, injections, Huile (l de feuilles sur 2 d'huile d'olive), 30 ;''
jusqu'à 8 gr. de son extrait sans qu'il en fût résulté le moindre danger.
L'infusion de celte plante, bue par Guérin (:2), ne produisit aucun effet
remarquable. Le suc de l'herbe, donné à la dose de 12 gr. à des malades, ne
parut pas en produire davantage; 8 gr. de suc des baies, administrés à trois
convalescents, ne firent qu'augmenter les urines. Dunal, qui a fait prendre
à différents animaux jusqu'à cent baies de morelle noire, et qui lui-même
en a pris un nombre assez considérable sans en éprouver le moindre incon-
vénient, pense que dans la plupart des empoisonnements attribués aux baies
de cette plante, les accidents ont été produits par les fruits de la belladone,
qu'on désigne aussi quelquefois sous le nom de morelle.
Cette différence dans les effets de la morelle sur l'économie vient, sans
doute, de ce que les expérimentateurs ont employé la poudre ou l'extrait
préparés avec la plante encore jeune, en fleur, ou avec des fruits non mûrs.
On sait aujourd'hui qu'elle contient un principe actif (solanine) après sa
complète fructification, en assez grande quantité pour causer les accidents
les plus graves, étant administrée à l'intérieur à dose toxique.
Quoi qu'il en soit, la morelle, autrefois employée à l'intérieur contre la
cardialgie, les tranchées et diverses aflections nerveuses, l'ischurie, la stran-
gurie, les douleurs néphrétiques, n'est plus mise en usage qu'à l'extérieur.
On applique les feuilles récentes pilées sur les ulcères douloureux, le cancer,
les fissures du mamelon, les hémorrhoïdes, etc. La décoction sert à laver
les parties enflammées, tuméfiées, irritées, douloureuses; on en fait des fo-
mentations, des lotions, on en baigne les parties malades, on en donne en
injection, etc. On s'en sert aussi en décoction ou en cataplasme sur les fu-
roncles, le panaris, le phlegmon, le chancre vénérien, les brûlures, les con-
tusions, la strangurie, et, suivant Alibert, sur les dartres vives et rongeantes.
Si, dans l'érysipèle qui survient aux plaies, il y a dureté, on broie, dit
Celse, des feuilles de solanum, on les incorpore dans l'axonge de porc, on
étend ce mélange sur un linge, et on l'applique sur le mal. Borie (3) est
parvenu à calmer entièrement un tic douloureux de la face qui avait résiste
à tous les autres moyens, par l'application de cataplasmes préparés avec la
morelle.
Dunal a remarqué que le suc de la morelle noire, appliqué sur les yeux,
occasionnait une légère dilatation de la pupille, et rendait, pendant plu-
sieurs heuies, l'œil insensible à l'impression d'une vive lumière. Quoique
cet effet soit moins prononcé que celui qui est produit par la belladone,
ou peut, à défaut de cette dernière, se servir de la morelle pour préparer
l'organe à l'opération de la cataracte.
Les anciens employaient à l'extérieur, dans les cancers, une pommade
faite avec le suc de morelle et d'axonge battus et mêlés dans un mortier de
plomb. Percy a renouvelé cette méthode pour les feuilles de bardane. Je
pense que cette trituration végéto-minérale peut être avantageuse. J'ai quel-
quefois mêlé le suc de morelle avec le jaune d'œuf comme tonique anodin.
J'ai aussi employé, faute d'autres moyens, la décoction et quelquefois le suc
tiède de morelle sur les hémorrhoïdes douloureuses. Je me suis bien trouvé,
MOSCATELLINE. 65u
iMUiillos (riiii vert jaunàlre, a\i nombre de deux, ternées, à l'olioles ialérales demi-lobées,
loliole moyenne l)irKle. — veidàlies, peliles, réunies au nond)ic de cinq, l'ormant
I-'ieurs
inie petite lêlecubique terminale (avril-mai). Calice trifide. —Corolle monopétale à —
(piaire ou cinq divisions. —
Huit ou dix étamines. —
Quatre ou cinq styles. Fruit — :
(1) Presse médicale hehje, août 1853, et DtiUelin de thérapeutique, t. XLV, p. 378.
654 MOURON ROUGE.
a lieu ordinairement après cinq ou six heures. Chez les personnes très-ner-
veuses et chez les chlorotiques, il se joint aux symptômes précédents de
Iréqucnts tremblements nerveux cl môme des vomissements. Le pouls con-
serve à peu de chose près son rhythme normal. Au réveil tout a cessé, et
l'organisme retrouve son calme habituel.
A l'état morbide et dans toutes les afiections où le musc est indiqué, dit
Hannon, l'analogie d'efCcts est encore plus marquée entre le musc végétal et
le musc animal. Ainsi, dans ces attaquesoii les rires et les pleurs s'entrecho-
quent, et oii l'on voit ces syncopes avec abolition de tous les sens, sauf
l'ouïe, le musc végétal agit merveilleusement il en est de même dans les ;
Cette petite plante annuelle (PL XXVII) abonde dans les champs et les
jardins. Les troupeaux ne la mangent pas, et ses graines empoisonnent les
oiseaux.
Ilescriptioii. —
Racine simple^ blanchâtre, fibreuse. —
Tiges faibles, anguleuses,
rameuses, courbées, tortueuses et glabres, hautes d'environ 30 centimètres. Feuilles —
opposées ou ternées, sessiles, ovales-aiguës, glabres. —
Fleurs rouges axillaires, lon-
guement pédonculécs (mai-septembre). —
Calice à cinq divisions aiguës. Corolle ro- —
lacéc h cin([ lobes, crénelés au sommet. —
Cinq étamincs courtes. Un style fililorme. —
— Sligniale simple. Fruit — pixide globuleuse.
:
C-ultiia*e. — Elle est très-aliondante à l'élat sauvage; on ne la cultive que dans les
jardins botaniques ; on la propage par semis.]
que chose de vrai, qu'il ne faut pas rejeter d'une manière absolue toutes
les propriétés que les anciens ont accordées au mouron rouge, et que des
MOUSSE COMMUNE.
La mousse {mu^cns vulgarissimus] comprend plusieurs espèces, telles que
les hypniim, le sphagmim palustre, arhoreum, etc.
L'odeur et la saveur de quelques mousses portent à croire qu'elles sont
légèrement astringentes. (Malthiole en reconmiandait l'inlusion vineuse dans
la diarrhée.) On prétend que la poudre de mousse est hémostatique, ce que
l'on a, dit-on, appris des ours, qui, étant blessés, arrêtent le sang avec cette
plante. Ce qui est mieux constaté, c'est que l'ours a appris aux Lapons à
enlever avec adresse les larges plaques du pohjiricum commune pour s'en
l'aire un lit et se préserver ainsi du froid penchmt la nuit. Les pauvres, dans
quelques contrées de la France, font des sommiers de mousse qui ont plu-
sieurs avantages sur les paillasses. Les souris, les puces et les punaises n'y
séjournent pas comme dans la paille. On choisit la mousse la plus douce, la
plus longue, aux mois d'août et de septembre; on la fait sécher à l'ombre;
on la bat sur des claies pour en détacher toute la terre. Ces couchettes
rustiques, qui tiennent lieu de matelas aux gens de la campagne, et qu'on
bat de temps en temps pour leur rendre leur première épaisseur, peuvent
durer au moins vingt ans. Le sommeil, qui fuit si souvent les lits de plume
et de duvet préparés par le luxe et la mollesse, s'abat avec délices sur la
mousse, qu'il arrose du suc le plus pur de ses pavots.
Non-seulement j'ai fait faire des coussins de mousse pour placer sous des
membres blessés, mais j'ai encore employé celte substance, à défaut d'autre,
pour servir de remplissage dans le traitement des fractures. Quand on ne
peut trouver ce que l'on désire, il faut savoir se servir de ce que l'on trouve.
Je fus appelé, dans le cours de mes visites à la campagne, chez un indigent
habitant une chaumière isolée, et dont le fils Agé de douze ans venait de
tomber du haut d'un arbre et de se Iracturer complètement la jambe droite
à sa partie moyenne. Je n'avais à ma disposition ni linge ni attelles. Après
la réduction de la fracture, des morceaux de bois de la grosseur du petit
doigt, rangés à côté les uns des autres, fixés à leurs extrémités au moyen
d'une ficelle, garnis ensuite de mousse au- dedans, appliqués autour du
membre et maintenus par deux jarretières de laine, composèrent tout l'ap-
liareil. Je n'en employai pas d'autre pendant les trente jours que dura le
traitement, et le malade guérit tout aussi bien et sans autant de gène qu'avec
le bandage classique.
Lorsque, dans certains cas, le poids des cataplasmes incommode le ma-
lade, comme, par exemple, dans les inflammations des viscères abdominaux,
je remplace ces derniers avec la mousse, que j'imbibe de décoction émol-
liente, et que je fais arroser de temps en temps.
J'ai vu, chez un campagnard âgé de cinquante ans environ, un ulcère
Irès-douloureux calleux, enflammé, occupant, à la partie interne et
,
Ce fucus croît sur les côtes de l'île de Corse, sur celles de Sardaignc et
de la Méditerranée. La substance que l'on trouve chez les pharmaciens, sous
MOUSSE DE CORSE. 657
lo nom (In mousse de Corse, no conlicnt, tout au plus, qu'un tiers do fucus
hcUninihocovton ; lo rt'sln se compose, suivanU)e(;an(lollc, d'environ vin^L-
ciuq espèces d'alf;(ies [parmi les(juelles domine le (jùjarlinia lielminthocorlon
(Lamk). (In y trouve encore \cs fucus purpurcus et ])lumosus, la corallina o/Ji-
cinalis, \ii co'nfcrvu satiiculata, etc.|. Ce méian^;!', (|u'il ne laul pas confondre
avec la coralline blanche {corallina ol/icinalis), dont les propriétés sont pres-
(jue nulles, a une odeur saumâtre et désagréable.
les autres, d'une consislance cornée, d'un jaune i)àle, (pieliiuelois d'un yris rougcdlre
ou un peu violet; se divisant en trois ou (jualro i;uneau\ icdressés, simples, alternes,
prcs(|ue sélacés quelquelois se ramifiant en une dicliotomi(; irrégidière, (incnient aiguë
;
au sommet.
Parties iigiU'es.— Toute la plante.
Kécolte. — On la récolte de la mousse
l'ait de mer en laclanl les rochers niaii-
linies, sur lescpiels elle croît.
Propriétés cltiiiiif|iies> —
La mousse de Corse a une odeur de marécage à
une o<Ieur d'eponge à l'état sec sa saveur est aniere, salée et nauséa-
l'état Irais, et ;
bonde. —
Selon une analyse de Bouvier (t), elle contient, sur 1,000 parties, 600 de gé-
latine, 110 de fibres végétales, du sulfate de chaux; du niuriale de soude, du carbonate
de chaux, du phosphate de chaux, des parties de fer, de silice, de magnésie. Gaultier de
Claubry (2) y a constaté la présence de l'iode.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A l'intkrieir. — Dt'coction de 6 à 15 gr.
, i Sirop (1 sur 2 d'eau ticdc et 6 de sucre), de
pour 150 à 200 gr. d'eau bouillante ou de |
30 à 100 gr., en potion.
lait. [
Poudre, dj 1 à 8 gr., en éiectuaire ou dans du
Gelée (04 de décoction concentrée sur 16 de lait, du vin, etc.
sucre, 10 de vin et 1 de colle), de 40 à
j
'
A l'extériedr. —Décoction dans l'eau ou le
h2
658 AIOLTARDE iNOIRE.
lum (Celse).
Il est à croire que c'est ;\ l'iode qu'elle doit la propriété fondante dont
(liiniiinc cl elle cesse nit^ine de se l'aire 7;") degrés. I/alcnol, les acides et les alcalis
.'i
—
nielliMil nitsiacle à sa pi'odnclion c'est poinqnoi il tant »'\ilei de laire des sinapisnios
:
avec dn vinaij^Me (1), et avoir soin de dt-layer la nionlarde d'nn pi-dilnvo avec de Teau
lioide (|nel(|iie temps avant d'y ajouter l'eau cliaude. On a |)io|K)sé d'exprimer la —
moutarde jionr en letirer l'hnile forasse, afin de la rendre [)lns active.
|l/essence de moutarde j)eul ôlre considérc^e connue un snllocxanure de sulfure
d'allvl. en elTet :
C- Az S + C" II •
+S = C** II •
S- A/
Sulfocyaiingi-nr. Allyl. .Snufrc.
Combinée avec l'ammoniaque, l'essence de moutarde forme une base organique nom-
mec ihiosinnaminc.
C» 11= Az S- + ir- Az = es ||8 A7.i s-
Ani)aoniafiU(^. Thiosinnainiue.
Celte Ibiosinnamine, traitée par l'oxyde de plomb, produit la sinnamine C^H" Az-0; =
enfin, l'essence de moutarde, désulfurée par l'oxyde de plomb liydialé, produit du sul-
fure de plomb el une troisième base, la fiiuapolinè C'''II'-Az'^S-.J =
L'buile grasse de moutarde, qui constitue environ les 2o centièmes de la graine, est
d'une couleur and)rée et d'une saveur très-douce. L'action de l'air sur cette buile n'est
pas aussi énergique que sur celle d'olive. Julia de I''ontenelle en a conservé pendant
deux ans dans un flacon qui n'était rempli qu'aux deux tiers, sans se rancir, far les
[)lus grands froids de 1808, dit cet auteur, l'buile de moutarde ne s'est point figée, mais
sinilement épaissie et décolorée, ce qui la rend piécieuse ponr riioi'logeric. Elle est so-
luble dans !i parties d'étlier et 1,000 d'alcool. Unie à la soude caustique, elle donne un
savon ferme et d'une couleur jaunâtre.
La farine de moutarde délayée dans une petite quantité d'eau froide ou cbaude, a la
propriété de détruire l'odeur du musc, du campbre el des gommes-résines fétides,
connue le fait la pâle d'amandes amères, qui atteint parfaitement le but. Des bouteilles
qui avaient servi à l'essence de térébentbine, de mcnllie, de lavande, à la créosote, à la
teinture d'assa-fœtida, etc., ont été rendues propres et sans odeur, en y introduisant de
la farine de moutarde sur laquelle on versait une petite quantité d'eau' froide ou tiède,
en agitant fortement la bouteille pendant quelques instants et en lavant à grande eau.
On connaît le condiment vulgairement connu sous le nom de moutarde, que l'on sert
sur nos tables comme assaisonnement. Ce condiment peut être utile aux pei'sonnes
faibles et lympbaliques, à celles qui vivent d'aliments grossiers et réfractaires à l'action
de l'estomac ; mais il est nuisible aux bommes robustes, sanguins, plétlioriques, aux
jeunes gens jouissant d'une bonne santé, aux tempéraments secs et nerveux.
[La bonne moutarde de table est faite avec la fleur de inoutarde noire, du vinaigre,
du curcuma, du gingembre, du girofle, de la cannelle, de l'ail, de l'estragon ou d'autres
aromates. |
Les feuilles vertes de moutarde sont un excellent fourrage pour les bestiaux et sur-
tout pour les vacbes.
(1)Les anciens savaient que le vinaigre diminue l'activité de la moutarde. Aëtius dit : Sed
el hoc 7ioscendi(ni ps/ ; .sj m
aceto macereliir siiinjti, inefj'warfus redditiir, dceUnn eiiini sinapis
fini disculil.
660 MOLTARDE NOI[\E.
quantité (rcaii,30 ù 200 gr., poiii- pédiluvc, ment imbii)é d'une solution d'huile volatile
niaïuiluvc, lavements, etc. dans un véhicule qui en empéclie l'évapora-
Pommade (poudre avec axonge, liuilc, etc.), tion. Il sudit de tremper le papier dans l'eau
en fi'ictioiis, topique, tiède et de l'appliquer sur le point à rubélicr.
lluilo fixe, en lininicnt. L'effet est lemime que celui du sinapisme.
liau distillf'e, en frirlions.
(Kau distillc'c alcoolique, en applications.) Pommade rubéfiante ( V«n den Corput ) :
iluilc volatile, dans l'alcool comme rubéfiant axonge, 30 gr.; essence de moutarde, 2 gr.
et vésicant, 1 partie sur JO ou 20 d'alcool Mélange rubéfiant pour mettre dans un bain
à G()0 C. à 30 degrés de très-courte durée (Réveil) :
([ualre seuleuuMit son atlente a été trom])ée; encore, chez l'im de ces
l'ois
malades, (pii mourut le dix-huitième jour, une jjhthisie parveime à son se-
cond degré parait-elle avoir eu heaue(jup de jjarl à celte terminaison.
Dans une épidémie de lièvre nmcoso-putridc-vei-mincuse qui régna chez
les hahilanls îles marais de Coulogne, près de Calais, duiant Tautomne de
\H22, jai employé avec le i)lus giaïul succès la décoction de moutarde laite
à vase clos. A l'aide de cette médication, des vers loiuhricoïdes nombreux
étaient exjjulsés, la langue, couverte d'un enduit muqueux et noirâtre, se
nettoyait, le pouls se développait, la diarihéi! diminuait peu à peu et les
l'orces se rétablissaient prom})lenient. J'ai pu par ce moyen, aussi écono-
mique que simple, traiter les indigents atteints de l'épidémie.
L'usage de la moutarde contre les fièvres intermittentes était connu des
anciens, ainsi qu'on peut le voir dans Dioscoridc. Bergius administrait
la graine entière de cette plante à la dose de quatre à cinq cuillerées par
jour pendant l'apyrexie. Cullen la prescrivait aussi de celte manière dans les
fièvres, les angines graves, le rhumatisme chronique, tioerhaavc donnait
aussi la semence entière de moutarde dans les mômes fièvres quartes et quo-
tidiennes automnales, et administrait aussi l'huile douce de cette semence
à la dose de deux onces (64 gram.), comme purgative. Julia-Fonlenelle (1) a
administré cette huile comme anthelminthique, et elle lui a paru remplacer
très-bien l'huile de ricin à la même dose que celte dernière. Je l'ai em-
ployée avec le même avantage. C'est une bonne acquisition pour la méde-
cine des pauvres.
J'ai eu l'occasion d'employer la semence de moutarde entière dans deux
cas de fièvres automnales intermittentes chez des sujets lymphatiques et
exempts d'irritation gastro-intestinale. L'un avait une fièvre quarte et l'autre
une fièvre double-tierce. Tous les deux avaient eu la fièvre tierce le prin-
temps précédent. Je leur fis prendre, dans l'apyrexie, une cuillerée à café
de semence de moutarde entière d'heure en heure, ainsi que l'indique Gili-
bert. Les accès allèrent en diminuant chez celui qui était atteint de fièvre
double-tierce, et cessèrent complètement le cinquième jour. Celui qui avait
la fièvre quarte éprouva une diminution notable dans l'intensité des pa-
ro.xysmes; mais, malgré la continuation de l'usage de la moutarde, il ne put
guérir. J'eus recours alors au vin concentré d'absinthe et d'écorce de saule,
avec addition de 18 gr. de cendre de genêt par litre de bon vin blanc. Après
huit jours de l'emploi de ce vin, que le malade prenait à la dose de 120 gr,
chaque jour, dans l'apyrexie, la fièvre disparut, l'appétit et les forces se ré-
tablirent. Je fis continuer pendant quinze jours le vin de saule et d'absinthe
sans y joindre la cendre de genêt.
Plusieurs auteurs ont vanté la moutarde dans l'hydropisie. On cite même
des faits qui tendent à faire croire qu'elle a fait disparaître l'ascite. Marie
de Saint-Ûrsin (2) conseille, à l'exemple de Mead, contre l'hydropisie, une
cuillerée à bouche de moutarde non broyée, le matin à jeun et le soir, et
par-dessus, un verre de décoction de sommités de genêt vert. (Voyez l'art.
Genêt a balai, p. 429). Van Rhyn (3) a mis en usage avec succès contre
tarde pilcc et de racine de raifort, 124 gr. écorcc de citron, 31 gr. eau,
; ;
2 kilogr. ; faites infuser pendant vingt heures dans un vase bien couvert.
Dose une tasse trois ou quatre fois par jour dans la cachexie paludéenne,
:
l'inertie des intestins, chez les hypocondriaques, les paralytiques, les vieil-
lards, toutes les fois que rien n'en contre-indique l'usage. En poudre, à la
dose d'une cuillerée à bouche dans un verre d'eau, elle est vomitive et agit
avec promptitude, ce qui peut la rendre fort utile à la campagne, où, dans
un cas pressant, le malade peut succomber en attendant l'émélique ou l'ipé-
cacuariha de la ville voisine.
Mais si la moutarde peut être utile chez les personnes lymphatiques, dé-
colorées, affaiblies par la misère ou de longues maladies, on se gardera bien
de l'administrer aux sujets secs, nerveux, irritables, disposés aux conges-
tions sanguines, à une irritation locale ou générale.
La farine de moutarde peut être employée en gargarisme dans l'angine
œdémateuse. J'en ai retiré de grands avantages dans les angines tonsillaires
manifestées plutôt par le gonflement que par la douleur et l'inflammation.
Je la fais délayer dans l'eau et le miel, et je donne à ce gargarisme un degré
de force proportionné à l'état local. Macartan (1), qui a le premier indiqué
ce moyen (2), employait la moutarde blanche. Parmi les cas nombreux d'an-
gine lonsillaire où j'ai mis la moutarde en usage, le suivant m'a paru devoir
être rapporté. Fabre, forgeron à Calais, âgé de vingt-trois ans, constitution
délicate, corps frêle, teint pâle, atteint d'angine depuis trois jours, était
dans l'état suivant, lorsque, le 17 janvier 1813, il me fit appeler impossi :
2" Les sinapismes préparés à l'eau chaude paraissent d'ahoid agir avec plus
de violence mais au bout de dix minutes la douleur est également cuisante
;
avec l'eau froide, et les résultats sont les mômes. 3" Le vinaigre affaiblit tel-
lement l'action delà moularde, que le sinapisme préparé à l'eau simple dé-
lerininc au bout de dix minutes une cuisson aussi violente que celui qui est
préparé avec le vinaigre au bout de cinquante minutes. Le vinaigre chaud n'a
pas plus d'action, ainsi que l'acide acétique concentré étendu d'une pareille
quantité d'eau, et même l'acide acétique concentré pur, dont l'effet est plus
lent qu'avec la moularde mêlée à l'eau simple. Cependant, l'acide acétique
applique avec de la sciure de bois produit un effet presque instantané, et
qui diffère de celui qui résulte des cataplasmes de moutarde, ce qui prouve
que celle-ci détruit l'action de cet acide. -4" Lorsqu'on lève le sinapisme,
rimjjression de l'air fait cesser la douleur; mais une cuisson douloureuse se
fait bientôt sentir, dure plusieurs heures cl quelquefois des jours entiers,
(juand l'application a été prolongée, elle détermine des ampoules qui se for-
ment lentement et les unes après les autres. Le sinapisme bien préparé ne
doit pas rester plus de quarante à cinquante minutes il y a de graves incon- :
les sinapismes appliqués plus d'une heure, quand ils sont préparés à l'eau
avec la farine de moularde sans mélange et récemment broyée. Cette règle
est sujette à de nombreuses exceptions, a En général, dit Deslandes (3), plus
la peau est fine, délicate, vivante, plus la sinapisation est facile. Ainsi l'effet
des sinapismes est, toutes choses égales d'ailleurs, plus rapide, plus intense
chez les enfants que chez les vieillards, chez les femmes que chez les hommes,
sur des membres pleins de vie que lorsqu'ils sont insensibles et glacés, sur
les parties fines de la peau que sur celles dont l'épiderme est épais, calleux.
Cependant, et malgré ces données, on ne peut prévoir que très-imparfaite-
ment l'effet qu'aura un sinapisme. Il ne faudra qu'un quart d'heure chez un
sujet pour que la rubéfaction ait lieu, tandis qu'il faudra deux, trois et même
six fois plus de temps chez un autre sujet qui cependant paraît être dans
des conditions analogues, (lu ne peut donc prescrire d'une manière absolue
le temps que doit durer l'application d'un sinapisme. A quoi donc recon-
naître qu'il faut la faire cesser? Ce n'est pas à la rougeur de la peau, car, le
plus souvent, ce n'est que postérieurement à l'enlèvement du cataplasme
que la rubéfaction se montre. Ce ne peut donc être qu'à la douleur, à l'irri-
tation locale qu'il cause; aussi, ai-je l'habitude dédire; «Vous retirerez
les sinapismes quand le malade les aura suffisamment sentis. » Cependant,
j'en conviens, cette indication est extrêmement vague le sinapisme, sui- :
comme un des moyens les plus el'ficaces et les plus rapides pour ramener la
menstruation, a appliqrré le sinapisme avec succès sur ces i)artics pour rem-
plir cetti; indication. A ce moyen il associe l'emploi des vêlements chauds
autour du tr-onc et des membres, et le bain de siège chaud renouvelé toutes
les douze heures. Il faut choisir, pour l'application des sinapismes, le mo-
ment où la congestion mensuelle semble s'opérer vers les ovaires. On —
guérit promptcment la crépitation douloureuse des tendons au moyen de
simples sinapismes. Deux hommes atteints de cette allection se sont pré-
sentés dans le sei'vice de Nélaton (3). Chez l'un d'eux, le mal avait son siège
dans la gaine du long extenseur du pouce, chez l'antre, dans une bourse
séreuse développée accidentellement au niveau d'une ancienne fracture de
l'avant-bras. Ces deux malades ont été traités par de simples sinapismes, et
bien que la crépitation dui-ât depuis quatre à six jours, elle a cédé comme
par enchantement à l'action rubéfiante de ces topiques.
On peut faire des semi-sinapismes en saupondi-ant les cataplasmes de fa-
rine de graine de lin avec celle de semence de moutarde. J'emploie avec
avantage une pâte composée de moutarde noire ou blanche et de figues
(1) Dans les maladies inflammatoires et dans les fièvres, il faut bien se garder d'employer
les sinapismes ou les pédiluvcs iinapisés, lorsqu'il existe une réaction fébrile, une sorte d'an-
gioténie générale, de pléthore, d'orgasme ou d'éréthisme; ils augmenteraient ces symptômes,
produiraient de l'agitation, du délire et autres accidents. On abuse communément de ce puis-
sant moyen, soit comme stimulant général, soit comme révulsif. Dans le premier cas, le ma-
lade doit se trouver dans cet état de relâchement de toutes les fonctions qui caractérise
l'atonie, l'adynamie; dans le second, pour opérer une sorte de métastase, diminuer ou faire
cesser une concentration morbide, une irritation ou une phlegmasie, il faut que tout le reste
de l'organisme ne participe en rien de l'irritation; qu'il soit, au contraire, dans des condi-
tions tout à fait opposées; sinon, l'action stimulante s'exerçani au profit de l'organe malade,
tous les symptômes s'exaspèrent au lieu de céder. Un exemple rendra cette vérité pratique
plus patente :Le petit garçon de M"" Cornille (de Boulogne), âgé de six ans, d'une constitu-
tion frôle, d'un naturel irascible, ayant été atteint plusieurs fois de bronchites assez intenses,
est pris le 3 avril 1847 de toux violente et presque continuelle avec fièvre, sentiment de stran-
gulation, oppression; ces symptômes augmentent vers le'soir, au point de faire craindre un
catarrhe suffocant. La rougeole régnant généralement, on considère ces symptômes comme
précurseurs de cette maladie et comme pouvant aussi, par leur intensité, s'opposer à l'érup-
tion. Dans l'intention de favoriser cette dernière, des bains de jambes sinapisés sont employés
à diverses reprises dans la nuit, et chaque fois les symptômes s'exaspèrent et présentent enfin
un danger imminent. Je suis appelé le 4 au matin; je fais appliquer six sangsues à l'angle
formé par les articulations sterno-claviculaires. Le sang coule abondamment pendant deux
heures; la toux diminue et se dissipe ensuite presque entièrement, ainsi que l'oppression; l'é-
ruption parait spontanément, et la rougeole suit sans complication sa marche ordinaire. Une
irritation phlegniasique intense appelait à elle le mouvement inflammatoire qui devait se por-
ter à la périphérie du corps il a sufîi
: de la combattre pour rendre à ce mouvement sa ten-
dance normale, sans le secours des révulsifs.
(2) Associai, med. journ., 1853, et Dullelin de thérapeutique, t. XLVII, p. 80.
(3) Journal de médecine et de chirurgie pratiques, janvier 1854.
666 MOUTARDE NOIIIE.
grasses piléos ensemble dans un mortier. Cette pâte est rubéfiante et réso-
lutive elle convient, étendue sur de la filasse, contre la sciatique, la pleu-
:
<hez des hommos qui se Irouvaiciil dans des eonditions exceptionnelles, ap-
préciables coniine causes de non-iéussile.
J'ai eiuphtyé avec succùs le bain grnéial sinapisé (1 à 12 kilo^r. de poudre
de moutarde pour un bain, suivant l'inlcnsité des symplùnies) dans le cho-
léra asiatique. Dans un cas observé à Calais en iH'.i2, chez une femme de
lrenle-<in(i ans, et où l'alf^idité et raiiéantisscnienl de la circulation à la
périphérie étaient extrêmes, la réaction lut si l'orte que je dus immédiate-
nienl [jratiquer au bras une saignée copieuse. Une abondante transpiration,
favorisée par la va|)eur de l'alcool reçue au moyen d'une lampe placée dans
une baignoire couverte, acheva de dissiper les symptômes cb(jlériques. Le
rélablissenii-nl lut pi-ompt. Gaujon, médecin à Clermont (I), cite deux exem-
ples de guérison de choléra sporadiquc par l'emploi des bains entiers de
moutarde (I kil. par baignoire) et des aspirations d'élher à l'aide d'un flacon
placé sous le nez des malades. (Mesnel(2),pour obtenir cette réaction, a été
obligé de joindre à l'action déji\ stimulante du bain des frictions faites avec
énergie pendant le bain même. Trousseau (3) se loue des bains généraux
sinapisés dans le choléra infantilis.)
Frank recommande un mélange composé de farine de moutarde, d'huile
d'amandes douces et de suc de citron, pour faire disparaître promptement
les ecchymoses. On peut l'employer aussi contre les engelures. On en fric-
tionne légèrement la partie malade une ou deux fois par jour. On trouve
dans la Mc'decine aisée de Leclerc (4) un liniment analogue contre les taches
scorbutiques; il est ainsi composé poudre de moutarde et huile d'amandes
:
ment un révulsif aussi sûr que puissant, qui a réussi là où les autres révul-
sifs étaient sans ellet. On peut l'employer sous forme de frictions dans la
paralysie, l'anaphrodisie, et dans tous les cas où une puissante excitation
est nécessaire. Dans les affections rhumatismales, on peut faire emploi en
liniment d'une pommade rubéfiante composée de 2 gr. d'essence de mou-
tarde et de 45 gr. d'axonge. On a aussi conseillé cette huile par gouttes dans
des potions excitantes. On emploie avec succès contre la gale une pâte faite
avec 30 gr. de moutarde en poudre et suffisante quantité d'huile d'olive. On
se frictionne une fois, rarement deux, le corps et les extrémités avec cette
préparation. Ce moyen m'a réussi plusieurs fois; il occasionne d'abord une
rubéfaction à la peau, mais qui ne tarde pas à se dissiper. L'eau distillée de
moutarde, proposée par Julia-Fontenelle, convient mieux pour lotions an-
lipsoriques. Dioscoride avait déjà indiqué la moutarde délayée dans le vinai-
gre comme un remède efficace contre les impétigos et les gales invétérées.
Peyrilh conseille cette graine en topique dans le traitement de la teigne.
Tissot l'employait en décoction dans les engelures, et Thode (G) contre les
douleurs arthritiques.
Le suc des feuilles fraîches de moutarde, seul ou étendu dans Teau miel-
57. 92; hydrogène, 7.79; azote, 6.9; oxygène, 19.68; et soufre, 9.65.) — la moutarde
blanche ne fournil pas d'huile volatile; mais il s'y développe dans certaines circonstances
un principe acre fixe, qui n'y préexiste pas plus que l'huile acre dans la moutarde noire,
et qui se forme dans les mômes circonstances. (Le i)rincipe acre fixe est un liquide onc-
tueux, de couleur rougcàtre, inodore, mais oITranl a\i goût une amertume acre. Il con-
tient du soufre. Faïue établit que le même corps se forme on itelite quantité, quand la
moutarde noire (>st traitée par l'eau. Vérucinc est un autre principe trouvé par F. Si-
mon, et qui se sépare du corps précédent au bout de quelques jours.) — La graine en-
tière communique au vin blanc une saveur et une odeur dé.sagréables, mais faibles, et
le rend visqueux. QniTid elle est concas.çée, le vin prend tm goût très-piquant.
On la cultive en Angleterre pour l'usage de la table, de préféience à la moutarde
noire.
Tout ce que nous venons de dire sur la moutarde noire peut se rapporter
à la moutarde blanche. Seulement, celle-ci a été particulièrement vantée
contre les maladies atoniques de l'estomac. Elle jouit d'une réputation po-
pulaire qui en a fait répandre, je ne dirai pas l'usage, mais l'abus. Adminis-
trée sans discernement, elle a donné lieu à des accidents graves, surtout
lorsque, prenant une gastrite pour une débilité d'estomac, on a, malgré ses
mauvais effets, persisté à la mettre en contact avec une membrane irritée
ou phlogosée. Employée à propos, elle peut, comme la moutarde noire,,
rendre de grands services à la thérapeutique.
Vers le milieu du siècle dernier, on avait, dit Cullcn, introduit à Edim-
bourg l'usage de cette semence, prise entière à la dose d'une cuillerée à
bouche. Cette substance, dit-il, stimule le canal intestinal et agit ordinaire-
ment à la manière des laxatifs, ou tout au moins entretient la régularité des
évacuations alvines, et augmente parfois le cours des urines. Macartan (1) a
présenté cette semence comme vomitive, sialagogue, etc., et la conseille
dans le rhumatisme, les fièvres intermittentes, les angines graves. John Tay-
lor entreprit un voyage en 1826 dans le seul but de faire connaître les bien-
faits de ce médicament, qu'il avait employé avec succès pour se guérir d'une
atrcclion des voies digestives ayant jusque-là résisté à tous les moyens qui
lui avaient été conseillés. Turner-Cooke dit en avoir obtenu des résultats sur-
prenants dans une foule de maladies, surtout dans la gastro-entérite et l'hé-
patite, soit aiguë, soit chronique. « Il est évident, disent Trousseau et Pi-
doux, que cette graine purge à la dose de 15 à 30 gr. On la donne non
concassée, à jeun ou le soir, au moment où les malades se mettent au lit.
On peut encore, sans inconvénient, l'administrer au commencement du re-
pas. La dose, qui varie d'ailleurs suivant chaque individu, doit toujours être
telle qu'elle sollicite une ou deux évacuations faciles dans la journée. Cette
ospèce de purgalion, qui ne; cause aucune colique, est surtout utile à ceux
bique, de chaque 2 gr. infusion de fleurs de sureau, 280 gr. mêlez, pour
; ;
Celte plante vivace vient spontanément dans les bois, dans les lieux om-
bragés. Elle est très-commune et très-connue; on en a obtenu par la cul-
ture des variétés à fleurs roses et à fleurs doubles.
neseription. —
Hampe grêle, striée, haute de 15 à 20 continiètres et portant k
son somniol une douzaine de potilcs fleurs suspendues à un léger pédoncule.— Feuilles
au nombre de deux, radicales, amplexicaules, ovales-lancéolées. Fleurs blanches, pé- —
donculées, en forme de grelot, alternes, dirigées tontes du même côté (avril-mai). —
Calice pétaloide à six dents. —
Six étamines insérées à la base du limbe. Un style. — —
Trois stigmates. —
Fruit baie sphérique, tacheté avant sa maturité, puis rouge quand
:
(Slan. Martin (1) a analysé les flenrs et y a trouvé: un alcaloïde, sous foime de poudre,
la nmialinc; un acide particulier, l'acide maïaliqiw ; une huile essentielle, un principe
colorant jaune, de la cire, du mucilage, de l'exliactif, de la fibre végétale.)
PRÉl'AP.ATIOXS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'iNTÉniEiR. — Infusion
des fleurs fraîclies, Extrait alcoolique des fleurs, 2 gr., en pi-
de 8 à 20 gr. par kilogramme d'eau. lules.
Eau distillée (1 sur 4 d'eau), de 15 à .'jO gr., Poudre des baies , 2 à IG gr. (antiépilep-
en potion. tiquc).
Sirop (1 sur 2 d'eau et [\ de sucre), de 30 à
CO gr., en potion.
sulté huit selles dont trois abondantes et trois petites avec épi^eintes, coli-
ques, nausées et même elforts de vomissement. Ce purgatif, bien étudié
dans ses effets, n'est point à négliger. Je n'ai point expcrimenlé la racine,
qui est, dit-on, éméto-calhartiqae.
Suivant J.-H. Schulze, qui l'a essayé sur lui-même et sm' d'autres, Tex-
Récolte. —
L'écorce de racine doit être recueillie avant la maturité des fruils
la .-
les fruits sont récoltés un peu avant leur complète maturité lorsqu'ils perdent leur cou-
leur brune rougeàtre pour en prendre une noire.
Culture. — Quoique très-rustique, le mûrier préfère une exposition abritée et un
peu ombragée, un tei-rain meuble et substantiel on le propage de marcottes, de graines
;
ou de boutures on transplante les jeunes pieds lorsqu'ils sont assez torts; la taille se
;
sement ou on vend à leur place les fruits du rubus frucUcoaus, L., ou ronce, que l'on
nomme mûre des haies; ceux-ci sont plus petits, moins acides, plus mucilagineux, et au
lieu d'être des soroses comme la niùre, ce sont de petites l)aics noirâtres réunies sur
un réceptacle commun.]
heure dans huit onces d'eau. La malade prenait cette décoction chaque
matin en deux fois, à une demi-heure d'intervalle. Le quatrième jour, elle
rendit le ver, après avoir eu trois évacuations précédées de coliques. Comme
il n'est pas aussi facile de se procurer la racine de grenadier (à laquelle
on substitue frauduleusement d'autres racines) que celle de mûrier, il serait
utile de vérifier, par de nouveaux essais, la propriété ténifuge de cette der-
nière.
On doit récolter l'écorce de la racine de mûrier avant la maturité des
mûres. Elle se donne en décoction ou en infusion à la dose de 5 à 15 gr., et
en poudre à celle de 2 à 4 gr. dans un liquide ou en élecluaire.
(Citons, à cause de l'emploi de ses feuilles dans l'alimentation des vers à
soie, le mûrier blanc, M. alba.)
Le myrte, non moins célèbre que le laurier chez les anciens, servait à cou-
ronner les amants heureux. Originaire d'Afrique, il croît en Espagne, dans
le midi de la France, et est cultivé comme arbrisseau d'agrément.
dures et blanches.
Parties) usitées. — Les feuilles et les fruits.
Kéeolte. — Les feuilles sont apportées sèches du Midi. Les baies doivent être choi-
sies récentes, assez grosses, bien sèches, noires, d'un goût astringent.
[Culture. —
Terre franche, légère, et mieux de ])ruyère ; exposition chaude ; on
le propage de graines ou de boutures, on le rentre l'hiver.]
Propriétés iiliysiques et eliiniiqiies. —
Le myrte fournit une huile
essentielle qui jouit de propriétés excitantes énergiques. —
On préparait avec celte
plante un extrait nommé myrlelle; ses feuilles et ses fleurs distillées donnent une eau
appelée eau d'ange, tant elle était estimée. D'après Dioscoride, on préparait par ébulli-
tion une sorte de vin appelé myrtedanum, avec les rameaux chargés de feuilles et de
fruits de cet arbrisseau. —
Dans quelques lieux de la Grèce, de l'ilalie et de la Pro-
vence^ les feuilles de myrte servent pour le tannage des cuirs.
ayant quatre élamines à anthères ovales et didymes; les fleurs femelles ayant un ovaire
supérieur k deux styles, grêles, à stigmate simple. —
Fruit baie arrondie, noire, à une
:
semence.
Celte plante, d'une odeur forte, aromatique, d'une saveur amère, passe
pour tonique, excitante, vermifuge et antipsorique. Elle paraît contenir
beaucoup de camphre; ses feuilles et ses jeunes pousses sont parsemées de
petits points qui, selon Peyrilhe, ont beaucoup d'analogie avec la cire. On
prétend que ses fruits fournissent, par la décoction dans l'eau, une huile
concrète semblable à la cire qu'on obtient de l'arbre à cire {niyrica ceri-
fera, L.). Silibert la recommande aux praticiens. Son odeur forte, dit-il, a
autant d'énergie que plusieurs autres plantes tant recommandées. Peyrilhe
lui supposait aussi de grandes vertus. Celte plante, dit Bodarl, est du
nombre de celles qui pourraient être muUipliées, en s'appliquanl à la pro-
pager dans les sites où nous la trouvons spontanée.
On trouve le narcisse sauvage partout, dans les bois, dans les prés, où il
43
—
lerniées, avaiil leiir dévoloppcnionl, dans une spathe persistante, s'ouvrant sur le côté
inars-avril). —
JVrianlho lultuleux, divisé en deux liinbes, l'extérieur à six languettes
jaunâtres, l'intérieur campanule, Irangé, formant une sorte de couronne d'un beau
jaune. — Six étamines plus courtes que couronne. — Un un peu plus long à
la style
stigmate — Fruit capsule subglobuleuse, trigone.
trifide. :
t'ile est trés-rustiquo ; on la multiplie par division des caïeux, elle croît dans tous les
sols. I
Récolte. —
Les bulbes se récoltent en tout temps, les fleurs quand elles sont
épanouies. Loisque la dessiccation a été négligée, que la plante a été lécoltée par un
temps de pluie, elles deviennent alors verdàlres. On verra plus bas que ces deux états
leur donnent des propriétés dilTéi'entes, également utiles.
Le bulbe,les feuilles et les fleurs de narcisse des prés ont été regardés
comme vomitifs et antispasmodiques. On les a proposés contre la coque-
luche, l'asthme, les lièvres intermittentes, la toux convulsive, diverses af-
fections nerveuses, etc., soit à la dose altérante ou nauséabonde, soit à dose
vomitive.
La propriété vomitive de cette plante n'explique pas tous les effets que
l'on on obtient. Tout porte à croire que la narcitine est un principe sédatif
ayant quelque analogie avec ceux des plantes vireuses. Le narcisse endort
les nerfs, dit Plutarque (3). Pline prétend que le mot narcisse vient du grec
vapy-r, (engourdissement) parce que l'odeur de ses fleurs porte à l'assou-
,
de narcisse des prés, une jeune fille de neuf ans, atteinte d'une chorée qui
datait de six mois. Le même médicament lui a réussi dans trois cas de né-
vralgies qui affectaient diverses parties du corps. Pichot (4) a obtenu de
l'emploi du narcisse des prés un résultat des plus satisfaisants dans un cas
d'épilepsie. «Quant à moi, dit à cette occasion Michea, j'ai retiré les plus
grands avantages de la poudre de fleurs de narcisse des prés dans plusieurs
cas d'épilepsie et d'hystérie. Je commence à administrer cette substance à
la dose de 3 décigr., et j'arrive graduellement à 1 gr. et demi par jour,
terme qu'on ne dépasse jamais sans provoquer des vomissements. Je sus-
pends la médication pendant quinze jours ou un mois, pour la reprendre
ensuite et la suspendre encore, et cela durant un temps prolongé d'une
manière suffisante, u Laennec est parvenu avec l'extrait seul, à la dose de
2 à 5 centigr. donnés à deux, quatre ou six heures d'intervalle, à guérir
plusieurs fois la coqueluche dans l'espace de quelques jours. Roques a ad-
ministré avec succès le même médicament dans la toux férine des enfants,
et surtout dans celle qui survient à la suite des exanthèmes. « Quelquefois»
dit cet auteur, il a produit, à très-petite dose, des vomissements douloureux,
des anxiétés, des tremblements qui m'ont fait renoncer à son usage; mais
le plus souvent, il a contribué à calmer la toux. Lorsque je l'ai uni au sirop
diacode, il a moins fatigué l'estomac. Je me suis assuré des avantages de
cette combinaison dans le traitement de la coqueluche elle m'a réussi dans
;
(1) Des caractères, du traitement et de la cure des dartres, des convulsions, etc. Paris^.
an VII.
(2) Journal de médecine, chirurgie et phartnacie, décembre 1808.
(3) Ephémérides médicales de Montpellier, t. III, p. 181.
(^i) Journal l'Observation, février 1851, p. 67.
.NAVET. — iNÉFLlKR. 077
Le navet, qui appartient au même genre que le chou, et qui est si géné-
ralement cultivé, croit aujourd'hui sans culture dans les champs, les mois-
sons, où il s'est naturalisé par la dissémination des graines. On emploie la
racine et la semence.
Le navet est plutôt cultivé comme aliment que comme médicament. On
lui a cependant reconnu une propriété émolliente et pectorale. On l'em-
ploie vulgairement dans les toux, la coqueluche, l'asthme, etc.
Les paysans font un usage fréquent, dans les affections de poitrine, d'une
forte décoction de racine de navet, prise chaude avec du miel. Les mères
préparent, pour leurs enfants atteints de rhume ou de coqueluche, un sirop
de navet en creusant en forme de tasse une racine de cette plante et mettant
dans la cavité du sucre candi en poudre. Le sirop qui passe à travers le
parenchyme du navet est donné par cuillerées fréquemment répétées. Ce
sirop est fort bon et calme la toux en facilitant l'expectoration. On emploie
vulgairement le navet cuit et réduit en pulpe sur les engelures il modère :
laquelle les religieuses de nos eouvcrifs faisaient iisaj^e de cette plante pour
réprimer des désirs que l'on ne parvient à éteindre que par l'absence de
toute excitation, soit morale, soit physique.
Magiiaquc subducto stipitc flanima pcrit.
(Ovide, De remed. amoris.)
Cet arbrisseau (PI. XXYIl) est très-commun dans les taillis, dans les
haies, dans les forêts de la France septentrionale, où on peut le multiplier
à volonté.
Descriiition. — Racine ligneuse. —
Tige droite, rameuse, à ])ranclies épineuses,
d'environ 3 mètres de hauteur. —
l-'euilles alternes, péliolées, d'un beau vert, arron-
dies ou ovales, finement dentées à leurs bords, à nervures parallèles et convergentes.
— Fleurs petites, d"un blanc lerne, très- souvent dioïques, réunies en bouquets dans
l'aisselle des feuilles (avril-mai). —
Calice à quatre ou cinq divisions. —
Corolle à quatre
pétales d'un blanc verdàlre. —
Quatre étamines opposées aux pétales. Un style.— —
Fruits baies de la grosseur d'un pois, charnuos, arrondies, vertes d'aliord, puis noires
:
prun fournissent un liquide vert, que les semences sont osseuses, qu'elles sont isolées
sur les pédoncules, gluantes et grasses au toucher, qu'elles ont quatre loges mono-
spermes au lieu de deux dispermes, tandis que celles de troène sont lisses et sèches, et
sont portées plusieurs sur un pédoncule commun.
[Culture. —
Le nerprun est cultivé comme plante d'ornement et pour faire des
liaies vives, vient dans tous les sols et à toutes les expositions, il est très-rustique; on
il
le propage par marcottes ou par graines semées en pépinière en octobre ; les sujets sont
repiqués en place à l'autonme suivant.]
Propriétés pltysic|ues et eliiniic|ues. —
Les baies de nerprun sont
remplies d'un suc vert devenant d'un rouge violet très-foncé, d'une odeur désagréable,
d'une saveur amère, acre et nauséeuse. Ce suc contient, d'après Vogel, de la rhamnine.
de l'acide acétique, du mucilage, du sucre et une matière azotée. —
fiC nuicilage est de
680 iXERPRUN.
nature itailiculière; Voj^tI, et depuis Hubert, ont vu qu'il disparait presque entière-
ment par la fermentation. Il est abondant dans le suc récent et il lui donne de la con-
sistance. —i""leury, de Pontoise, a extrait du nerprun et a nommé rhamnine une ma-
tière tort intéressante. Elle est sous la forme de flocons légers, larement en aiguilles,
d'un jaune pâle, d'une saveur très-fade, à peine soluble dans l'eau, dans l'alcool froid
et dans l'étlier, très-soluble dans l'alcool bouillant. Les dissolutions alcalines la dis-
solvent facilement la liqueur est d'un jaune safrané magnifique ; elle se décolore
;
quand on la salure en même temps la rhamnine se précipite elle se dissout dans les
; ;
acides sull'urique et liydrocblorique mais elle se dépose quand on étend l'eau. L'acide
—
;
nitrique la transforme, entre autre produits, en une matière jaune cristallisée. Une
analyse du nerprun, faite sous le point de vue de son principe purgatif, encore inconnu,
aurait un grand intérêt. Ce principe paraît exister dans la pellicule du fruit seulement
(épicarpe); aussi est-il indispensable, lorsqu'on prépare le suc, de le faire fermenter au
contact de celte pellicule. [D'après un travail plus récent couronné par la Société de
pharmacie, Fleury a extiait du nerprun une matière colorante jaune à peine purgative
qu'il nomme rhamnine, que Preisscr a étudiée dans les graines de Perse et d'Avignon;
celle qui a été exliaite des graines de Perse a été nonunée chrysorhamnine par Kane;
d'autres auteurs lui donnent le nom de rhamnéine et la formule C-''0"0"); celle-ci
(^
se transforme au contact de l'air en une autre matière jaune olive nommée xanthorham-
nine, qui païaît exister dans les fruits verts, tandis que l'autre se forme dans les fruits
mûrs. Pour Fleury, le principe purgatif et colorant serait l'acide rhamnique; pour Pi-
chon, d'Aix, la matière purgative dilléreiait de la matière colorante.]
En mêlant à 30 parties de sucre de fiiiits de nerprun, 8 parties d'eau de chaux et
l partie de gomme arabique, et en faisant épaissir, on a le vert de vessie, employé
pour la peinture en détrempe. Le même principe colorant, précipité du suc par l'alun
et la craie, constitue le stil de grain.
point usage, sa'^ns doute à cause de la facilité que l'on a de se procurer les
baies de cet arbrisseau.
mell. despumati an. une. i farina nigclla; une. i 1/2 vel Q. S. ut possint confici
pilules. Du mulieri 2 vel 3 singulis noctibus, quando nicnstrua debent venire, et
tune menstrua venient copiosc. Non solurn provoeant hœc pilulœ menstrua, scd
etiam prciparant ad eonceplum et matriccm mundificant (2)'. » Varandal (Varen-
daeus), au rapport de J. Dolœus (3), employait cette formule avec un succès
[On nomme
encore Nielle des champs ou Couronne des blés (yAgrostema
(jithago,\j.\Lychnis githago, Lam. Githago segetmn, D. C), de la famille
;
des caryophyllées, tribu des dianthées toutes les parties de cette plante
;
Cet arbrisseau, chanté par Virgile, est très-abondant dans les bois et dans
les haies. Ses fleurs mâles, en chatons, sont les premières qui annoncent le
retour du printemps; elles paraissent dès le mois de février. Ses jets flexi-
bles ont passé pour avoir la propriété, sous le nom de baguettes divinatoires,
Le nostoch est une algue gélatineuse qui parait sur la terre après les
pluies, et qui abonde dans les allées humides des bois, dans les jardins,
dans les prairies, dans les plaines voisines des lacs. Lorsqu'il est sec, on le
distingue k peine si on ne le cherche avec attention après les pluies, il re-
:
Il4'f<irri|itioii. —
Racinos lignousos. —
Cimo largo ot loiifTiio ; bois diii'. P.a- —
moaux d(> cnulciir vcidàlic ou condréc. —
Fcuillos grandes, alleriios, scssiles, glabres,
d'un beau vert. —Fleurs ni()n()ï(|iies, les mâles dis|)()s(''es en longs cli;Uons cylindriques,
pondaiiles, d'iui brun venlàlre ; les l'enielles axillaires, [)resqtie sessiles. situées à i'ex-
Irciiiilé des rameaux (juin-juillet]. —
Fruits : drupes ovales, un peu globuleux, renfer-
mant une noix à deux valves envelopp(^es d'un brou vert el épais.
l'artieM iiMîl^'es. — Les l'euilles, la drupe verte (brou), l'écorce des liges et des
racini's, fcpidernie de la noix, la noix, les fleurs.
Kérolte. —Les feuillt>s se roeollent pendant toute la bcll.' saison les fleurs et les ;
pour l'aspect au bitume de Judée, elle brûle sans flamme, elle se dissout dans la po-
tasse, el elle en est précipitée par les acides. —
Le brou frais laisse sur l'épiderme une
lâche d'un jaune-brun, qui oll're de l'analogie avec celle que produit l'iode, et qui
semble indiquer la présence de cette dei'nière substance. L'analogie de propriétés thé-
rapeutiques vient à l'appui de cette conjecture, qu'une nouvelle et intéressante analyse
est ajjpelée à vérifier.
L'épiderme jaunâtre, très-mince, qui recouvre le parenchyme de la noix, a une sa-
veur astringente el amère quand elle est fraîche elle jjerd celle saveur à l'état de des-
;
siccation elle contient beaucoup de tannin et une matière résineuse offrant l'odeur et
:
La racine du noyer et le brou de noix donnent une belle teinture fauve ou brune
aux aux cuirs. Le brou fournit aussi aux menuisiers le moyen de donner à des
eiïels et
bois communs la couleur du noyer. Les feuilles fraîches chassent les insectes, surtout
les punaises et les mites ; on s'en sert en infusion aqueuse pour détruire les fourmis ;
on éponge les chevaux avec cette infusion afin d'éloigner les mouches. On connaît
l'usage du bois de noyer dans la menuiserie et l'ébénistorie, où il le dispute par sa du-
jeté, par la beauté des veines, aux bois étrangers les plus recherchés.
La sève du noyer, qui est abondante et limpide, a fourni du sucre en 1811, à Banon,
pharmacien de la marine h Toulon (1). f'our l'obtenir, on perce l'arbre à 60 centimètres
«le terre au moins, du côté du midi, au printemps, on reçoit la sève qui s'écoule pen-
dant un mois environ, dans des vases de terre vernissés, apiès avoir successivement
percé pendant ce temps les trois autres côtés, ce (pii ne nuit nullement à la végétation
de l'arbre. Un quintal de sève donne 1,500 de sucre. Cette sève doit être évaporée
toutes les vingt-quatre heures plus taid, elle passerait à la fermentation, et on aurait
;
leux non ulcérés, les autres d'ophthalmies scrofuleuses, une troisième série
offrait des engorgements strumeux abcédés; enfin, les maladies des os étaient
réservées pour une quatrième catégorie. Il résulte de ses recherches que les
malades de la première série (engorgements strumeux non ulcérés), qui
guérison de son ophtbalniie, les trois autres sont guéris. 1! y avait vingt cas
d'engorgeiuenls sirumeux ulcérés; sur ce nombre six malades ont succombé,
dont quatre à la phthisie pulmonaire; les deux autres n'ont point été exa-
minés, mais il est j)robal)le qu'ils ont péri de la même manière. Les qua-
torze autres sujets ont vu leur guérisou se consolider. Enfin, les malades de
la quatrième série étaient au nombre de dix-neuf, la plupart très-gravement
allectés. Au mois d'avril ISil, buit étaient guéris, et tous les autres avaient
éprouvé de l'amélioration. Depuis cette époque, deux ont succombé à la
phthisie tuberculeuse, deux autres ont guéri. L'un d'eux offrait une carie de
la colonne vertébrale avec abcès par congestion. Les autres sont dans un
pu être retrouvés.
état plus satisfaisant et n'ont
L'auteur, dans le second mémoire (18i4), a cru pouvoir déduire les con-
clusions suivantes des diverses expériences auxquelles il s'est livré pendant
plusieurs années :
-4" Los sujets guéris par les préparations de feuilles de noyer conservent
Plusieurs médecins ont employé avec plus ou moins d'avantage les feuilles
de noyer dans le traitement des scrofules. Manthner, médecin de l'hôpital
des enfants à Vienne, s'en est bien trouvé. Il regarde ce médicament comme
très-utile dans les engorgements strumeux du cou, mais inférieur à l'huile
de foie de morue dans la carie scrofuleuse.
Sandras (1) a employé avec succès l'extrait de ces feuilles dans la même
affection. Le professeur Hanse, d'Olmultz (2), prescrit les feuilles et le brou
pour combattre certaines affections qu'il attribue au vice scrofuleux, telles
que les ulcérations plus ou moins opiniâtres qui ont leur siège au cou, avec
et causent l'émacialion.
Le frère Côme employait contre l'ictère 2 et 4 gr. de feuilles de noyer sé-
chées au four, pulvérisées et infusées du soir au matin dans 130 gr. de vin
blanc. Il donnait cette dose à jeun. Douze à seize doses, suivant ce prati-
cien, ont toujours suffi pour la guérison de l'ictère simple, et le soulage-
ment de l'ictère par cause organique. Souberbielle (1) a vu ce remède pro-
duire d'excellents effets.
Ce traitement a pu réussir dans certains cas; mais peut-on le considérer
comme spécifique quand on sait que la couleur jaune n'est que fe symptôme
commun d'affections dissemblables du foie ou de ses annexes? Le médecin
doit rechercher, autant que possible, la nature et le siège de la lésion dont
un symptôme peut n'être que l'expression vague ou incertaine.
Plusieurs auteurs anciens ont reconnu aux feuilles de noyer une propriété
vermifuge. Dumoulin (2) a fait rendre un taenia au moyen d'une infusion
préparée avec douze feuilles et bue par vcrrécs une le matin à jeun, la se-
:
Le Brou de noix peut Olrc euipk)yé dans les mC'Uies cas pathologiques que
les feuilles, Hi|)pocrale et Dioseoride le considéraienî eoniuie veiniiluge.
Fischer (1) taisait dissoudre S gr. d'extrait de noix verte dans 10 gr. d'eau
«listillée tle cannelle, et donnait aux enlanls, comme anlhelniinthique, 20 à
riO goultes de ce mélange, suivant l'ilge. J'ai adiuinislré contre les affections
vermineuses le vin de hroudc noix et d'ail. Ce vin, jjris à une certaine dose,
est ;\ la fois vermicide et laxatif. Peyrilhe rcgai'de le brou de noix comme
vermifuge, antisyphilitique et antigangréneux. llunezowsky (2) a vanté son
eflicacilé dans les ulcèi'Cs anciens.
Pierre ISorel (.'{) comme un excellent antisyphi-
regardait le hrou de noix
lilique. Uamazzini que de son tenips on le legardait vaï Angle-
('() ra[)i)orle
terre commi; un remède utile contre la syphilis. Swediaur (5) dit l'avoir vu
réussir dans beaucoup de circonstances où le mercure avait échoué. Mais
connue il renq)loyait ordinairement avec la salsepareille, la squine et le
sulfure d'antimoine, i)eut-on raisonnablement attribuer à cette écorce un
effet dû sans doute aux substances plus énergiques auxquelles elle était
jointe? Toutefois, nous devons dire que Pearson, Franck, Girtanner ont
reconnu des avantages réels au brou de noix dans le traitement des affec-
tions vénériennes. La tisane de Pollini dont la réputation est connue
,
60 gr. Ce topique fut si efficace que l'engorgement des amygdales était dis-
paru avant qu'on eût employé la totalité de la solution. J'emploie avec suc-
cès, dès le début de l'angine tonsillairc, la décoction de feuilles de noyer ou
de brou de noix en gargarisme. Je parviens souvent ainsi à arrêter l'inflam-
mation. Ce gargarisme- convient aussi vers la fin de l'amygdalite aiguë et
dans les angines chroniques.
Ray rapporte que le zeste qui sépare les lobes de l'amande du noyer,
desséché et pulvérisé, pris en petite quantité dans du vin, a guéri l'armée
anglaise d'une dysenterie très-grave qui avait résisté à tous les moyens jus-
qu'alors employés. Burtin (8) considère cette substance, administrée en
poudre à la dose de i gr, dans un verre de vin blanc, comme très-efficace
contre la gangrène. II l'a vue réussir dans trois cas dans l'un, il s'agissait :
.susccptil)Io d'agii' coniiiu' vrsicaloirc dans des cas iir^ciiLs. Waulers s'ex-
prime ainsi à ce sujet « Niltil ('jjicacius corlicc inlcrnu radicis jwjhindis re-
:
(cntis, vcl cum accto, rontuso : hum: sctjiius succcdcutcm vidi, dutn cantJiaridcs
mtllas produccbanl vcsicus. Imjcns ali<jnando milii jirwstilit obsctjuium ubi procid
a ii}uirm(icop(t'is, apud nisticos, jirompiis&imc vcsicato ojius crai (1). » J'ai été
à niônie de constater cet elfet vésicant il est sûr et prompt. :L'écorce du —
noyer blanc ou cendré (juylans cincrca), ])roposée par Macarlan (:2), séchée
et mise en pondre, parait aussi cKicace que les cantharides, et n'en a pas les
inconvénients. Ehrard d-e Nîmes (."{) a guéri des lièvres intermittentes re-
Itelles au moyen de l'épicarpe suivant Faites macérer, jicndant huit jours,
:
Cette plante vivace (PI. XXVIII) est très-comnmne dans les hois, les prés,
sur le bord des ruisseaux, qu'elle émaille de ses Heurs. Les brebis la recher-
chent. Ses feuilles arrondies, entières et disposées régulièrement comme des
pièces de monnaie, lui ont fait donner les noms d'herbe aux ccus, de
nummidaire {nummulus, diminutif de nummus, espèce de monnaie).
Description. — Racine fibreuse. —
Tiges rampantes, couchées, glabres, un peu
l'ameiiscs, hautes de 25 à ZiO ceiilhnèlres. —
Feuilles opposées, ovales, entières, courle-
nient pétiolées. —
Fleurs jaunes, grandes, axillaires, solitaires (juin-juillet). Calice à —
cinq divisions, ovales-aiguës. —
Corolle à cinq pétales. —
Cinq élaniines courtes à filets
soudés à la base. —
Un style filiforme plus long que les étamines. l-'ruit —
capsule :
Récolte. — Elle se l'ait pendant toute la belle saison. Sa dessiccation n'offre rien
de particulier.
Propriétés eliiiiiiciues. — La nummulaire a une saveur austère et un peu
acide. Elle paraît contenir du tannin. La dessiccation lui fait perdre une grande partie
de sa saveur.
PRÉPARATIONS PIIARMACELTIQUKS ET DOSES.
A l'intérieur. —
Infusion ou décoction, 30 à Feuilles en poudre, 2 à li gr., et plus.
60 gr. par kilogramme d'eau. Vin (30 à 00 gr. pour 1 kilogr. de vin), 60 à
Suc exprimé, 50 à 100 gr. 120 gr.
Les fruits étaient regardés par les anciens comme purgatifs. Gilibert est
étonné que les praticiens négligent les tagetes, tandis qu'ils emploient journel-
lement comme toniques et antispasmodiques des espèces bien moins actives.
Quelques auteurs les regardent comme sudorifiques, emménagogues ver- ,
(Plusieurs variétés d'œillet sont cultivées dans les jardins pour la beauté
et le parfum de leurs fleurs. Parmi eux, l'œillet rouge ou à ratafia est le seul
qui soit utilisé en médecine.)
Ses pétales ont une odeur suave, comparable à celle du girofle, ce qui a
engagé Bodart à les proposer comme succédanés de ce dernier, bien
qu'ils soient loin de l'égaler en saveur et en parfum. On les a employés
comme sudorifiques, excitants, cordiaux, etc. Leur peu d'énergie les a fait
abandonner. On en préparait une eau distillée, un vinaigre, un sirop. Ce
dernier seul est resté dans la matière médicale; il sert à édulcorer les po-
tions cordiales. (Le Codex de ISGG en donne la préparation, p, 467.)
Tome I, p. 840.
(1)
Dictionnaire des scietices médicales, t. XXXVII, p. 182.
(2)
(3) Les anciens, suivant Pline, donnaient le nom d'œnantlie à une plante dont
l'odeur était
celle de la fleur de la vigne la vigne sauvage était môme aussi quelquefois désignée sous ce
;
nom. D'autres auteurs ont cru reconnaître l'œnanthe des anciens dans la terre-noix, la fili-
pcndule, la pédiculaire fasciculée, le thalictruni tubéreux. Peut-être, disent Loiseleur-Deslon-
chanips et Marquis (*), l'œnanthe des anciens n'est-il rien de tout cela. forme des ra-—La
cines tuberculeuses de plusieurs œnanthes leur a fait donner le nom de filipendule. L'œnanthe
crocata est parfois appelée à tort cicula aqualica dans quelques vieux auteurs.
(*) Diclioniuiire des sciences mcdicalcs, t. XXXVII, p. 1S3.
696 OENANTIIE.
d"uu suc jaunâtre. — Feuilles inlérieures grandes, péliolé-cs, lii|)innées ; folioles ovales-
cunéil'ornies, profondémeul incisées à leur sonimcl, veiles el luisantes. — Fleurs blan-
ches, petites, très-rapprocliées (juin-juillet); pétales inégaux. — Fiuits ovoïdes, allongés,
striés, couronnés par cinq petites dents aiguës el par les deux styles.
résine en abondance, une Imile volatile également abondante, une autre huile concrète,
de la gomme, de la mannite, l)eaucoup de fécule, de la cire, des sels, etc. Il y a lieu de
croire que c'est la résine qui produit les accidents qu'on observe après l'ingestion de la
plante.
Ce végétal est l'un des poisons les plus dangereux pour l'homme ci les
animaux. Un morceau de la racine, de la grosseur d'une noisette, peut faire
périr dans l'espace d'une à deux heures. Les feuilles mangées en salade et
prises pour celles de persil ou de céleri, ont également causé la mort en peu
de temps, —50 centigr. de résine obtenue dans l'analyse faite par Corme-
nais et Pihan-Dufeillay, donnée à un lapin, l'ont rendu malade pendant
vingt heures, sans le faire périr; —
GO centigr. de cette résine ont fait vomir
un chien et lui ont produit des déjections, des anxiétés inexprimables mais
—
;
il a résisté à cette épreuve; 90 gr. d'eau distillée sur des racines de celte
plante, n'ont produit aucun incident à un lapin. La teinture alcoolique de
cette racine, étendue sur la peau, mais enlevée au bout d'une demi-licurc,
y cause d'e la rougeur, un prurit incommode, une éruption, etc.
Les auteurs mentionnent de nombreux exemples d'empoisonnement par
cette plante, arrivés en France, en Corse, en Angleterre, en Hollande, en
Flandre, etc. Les symptômes de C£t empoisonnement sont les suivants :
({u'un individu attaqué de lèpre, à qui on avait conseillé le suc d(; herlc
{siuin lahfolhim, L.), prit celui i\i} Vœnanihc crocata, L., et en éprouva des
accidents violents; mais ayant persisté à en i'aire usage, il guérit, quoique sa
maladie eût résisté à tous les autres moyens mis en usage contre elle jus-
(ju'alors. Ce serait un trésor qu'une pareille découverte, si de nouvelles ex-
])ériences confirmaient ce rapport; on pourrait les tenter dans le Midi, à
Auhagne, etc., où on ohserve encore cette maladie, reste de celle dont les
croisades couvrirent le sol de la France. Nous dirons seulement que ce suc
ne doit être pris qu'à petite dose, car Walson a vu périr un individu qui en
avait avalé une cuillerée à houche (3). Nous croyons qu'il ne faut pas dépas-
ser, en commençant, i20 à 30 gouttes par jour, en plusieurs doses, dans un
liquide approprié (4). » On manque de données sur les limites dans les-
quelles doivent ôlre renfermées les doses de l'œnanthe salranée.
sauva les autres. Le même moyen fut utilement employé dans un cas sem-
blahle pour d'autres militaires, dont un seul mourut sur trente-six (6). —
La décoction d'œnanthe fistuleuse, comme celle d'œnanthe safranée, est
employée, dit-on, dans quelques contrées, à la destruction des taupes, sur
l'habitation desquelles on la verse pour délivrer les jardins et les prairies
de ces animaux.
Cependant, l'œnanthe fistuleuse a été recommandée par une foule de ,
La plupart des autres œnanthes ont plus ou moins les propriétés redou-
tables des deux espèces dont nous venons de parler. Cependant I'oînanthe
piMPiNELLOïDES (Joaunettc, Méchon, Agnote, Anicot) a des tubercules fécu-
lents,d'une saveur douce et agréable, de la grosseur d'une noisette; ils sont
mangés par les enfants qui les récoltent après la coupe des foins, surtout aux
environs d'Angers et de Saumur. Mérat et Delcns en ont mangé fréquem-
ment dans leurs herborisations. La ressemblance de ces racines avec celles
de l'œnanthe safranée peut donner lieu à de fatales méprises. L'ananthe
pimpinelloïdcs est plus petite, i\ tige de moitié moins volumineuse, à feuilles
dont les folioles supérieures sont linéaires; elle n'a aucun suc surabondant;
ses tubercules sont rez-terre, au lieu de s'enfoncer comme dans l'œnanthe
safranée, et sont presque ovoïdes allongés, blancs, farineux, inodores, dou-
ceâtres.
mant inféiieiircmeiil une sorte de plaleau d'où naissent des radicules blanchâtres qui
sont les véritables racines. —Tige hampe fistuleuse, ventrue inférieurement, glabre,
:
L'oignon cru est un alinicnl lorl sain; mais il ne convient pas à tous les
estomacs; beaucoup de pci'sonnes ne peuvent h; digérer. 11 est nuisible aux
tempéiameuts sanj^uins ou bilieux, aux sujets irritables, aux personnes su-
jettes aux béinoirliagii's, aux adec-tions darti'euscs, etc. Comme médicament,
il possc^^de la plupart des propiiélés de Fail, mais i\ un moindre degré. Il
est excitant, diurétique, vermiluge. On l'emploie dans la gravelle, la réten-
tion d'urine alonique, les bydropisies, les alleclions scorbutiques, les scro-
fules, etc. Appliqué sur la peau, il y produit une légère excitation.
L'oignon cru possède réellement une propriété diurétique assez pronon-
cée. Son suc a été utile dans certains cas de rétention d'urine et dans les
hydropisies. Pilé et appliqué sur l'hypogastre, il agit comme excitant sur les
voies lu'inaires. Murray cite la guérison d'une anasarque due à la simple ap-
plication delà pulpe crue, soit à l'hypogastre, soit à la plante des pieds. «Vou-
lez-vous, dit Roques, un diurétiquepuissant ? ajoutez G onces (180 gr.) de suc
d'oignon à une livre d'infusion de thé vert.» J'ai vu l'anasarque survenue à la
suite de la scarlatine chez plusieurs enfants, disparaître en peu de temps par
l'administration de 30 à 60 gr. de suc d'oignon mêlé avec autant de vin
blanc sucré. Lanzoni rapporte que des sujets ont été guéris de l'hydropisie
ascite par l'usage abondant de l'oignon pendant plusieurs mois, soit en bois-
son, soit comme aliment. Il est bien évident que ce bulbe serait nuisible
dans l'ascite produite par une phlegmasie péritonéale plus ou moins dou-
loureuse. On oublie trop que l'hydropisie est le plus souvent une maladie
secondaire, subordonnée à une affection primitive qui doit avant tout attirer
l'attention du médecin. Serre, d'Alais (1) a trouvé dans l'usage de la diète
lactée et de l'oignon cru, et dans l'abstention de toute autre boisson et de
tout autre aliment que la soupe au lait, l'effet diurétique que l'oignon n'a-
vait pu produire aussi efficacement en compagnie d'autres substances, qui
pouvaient en neutraliser l'action. Le malade prend trois soupes au lait par
jour pour toute nourriture, en mangeant de l'oignon. Serre a guéri plus de
soixante anasarques par ce traitement. Quelle que soit la cause de cette af-
fection, qu'elle dépende d'une suppression de transpiration, de la scarla-
tine, de la rougeole, d'une maladie de Eright, d'un obstacle quelconque à
la circulation veineuse, d'une altération dans la composition du sang, ou
simplement de l'influx nerveux, l'infiltration séreuse, l'œdème des membres
abdominaux, la diminution dans la quantité des urines, cèdent à la diète
lactée avec accompagnement d'oignons, et à l'abstinence de toute boisson.
Au huitième jour, amélioration très-sensible, bien-être général indéfinis-
sable; au quinzième jour, flux abondant des urines; au trentième jour, gué-
rison dans l'immense majorité des cas, lorsque ce traitement simple est ap-
pliqué en temps utile. (On a même été plus loin, et on a prétendu que le
modeste oignon aurait ainsi raison des hydropisies de l'ovaire (2). Je ne puis
m'empècher d'avoir des doutes sur la précision du diagnostic. Cela serait
trop beau. Rœberlé et Spencer Wells n'auraient plus qu'à dire adieu à la
chirurgie.)
L'oignon cuit se digère plus facilement. Il est adoucissant, émollient,
pectoral. On l'emploie dans les catarrhes bronchiques et vésieaux, aigus ou
700 OLIVIER.
simple très-court. —Un stigmate épais bilobé. Fruit nommé olive, ovale, charnu,
vert d'abord et jaune à la maturité, renlérniant un noyau osseux, biloculaire.
lier {i) lui ont roiiiiii une ni;ili(''i(> ;tci(l(' roloninlf, de l'acide gailiqiie, une iiialiiTi'
grasse, do la (lildiopiiylle, de la cire végiHale, de l'acide niali(|ne, de la goiiinic, de la
libre ligneuse, l'allas ('2) a Irouv»', dans les l'euilles el dans Tecorce, une matière ciis-
lalline ou olivilc, dans laquelle resjdenl, suivant lui, les |)ropri<'|('s actives; un principe
amer acide, une n'-sine noire, un extrait goniiueux, une nialière crdoranle verte, du
ligneux.
L'olive une huile précieuse pour réconomie domestique et potu- la pliainiacie,
roiiriiil
siccative et rancit moins l'acilemenl que l'huile d'amandes douces. Sa pesanteur spéci-
lique est de 0.()ir>;j.
Outre son usage alimenlairc et pharmaceuliciue, on l'emploie dans la fabrication des
savons, dans l'éclairage, dans le lainage, etc. D'après l'omniier (3), battue avec le vin
el filtrée, c<'tte huile lui ôte son goût de fût.
(Sans sortir des linntes de notre travail, nous pouvons citer le principe doux des
luiihs, la ghicc'rhie, renvoyant jjour les détails sur cette substance si intéressante, au
point de vue médical el au point de vue chimique^ aux publications de Démarquay (4) et
de Cap et Carot (5).
L'acide olivique est un produit très-mal connu el ne consiste probablement qu'en un
extrait des fruits de l'olivier.)
Le tronc des vieux oliviers laisse exsuder une matière particulière d'un brun rou-
geâtre, nonunée gomme ou résine d'olivier, gomme lecca, presque entièrement formée
d'olivile, et contient une autre substance à iaquclle Pelletier donne le nom de résine
d'olivier.
(L'olivile (C-'^H'^^O'" ou suivant Pelletier G'-IPO'') est blanche, d'une saveur amère
douceâtre, cristallisable en lamelles ou aiguilles, fusible à +
70 degrés, neutre, soluble
dans l'eau et l'alcool chauds.)
Les feuilles d'olivier sont dans quelques pays employées au tannage des cuirs, ce qui
suppose la présence du tannin et de l'acide gallique, que l'analyse n'y démontre pas
d'une manière sensible. (Landerer en a extrait un corps particulier impi'oprement nommé
olivine (6). Ce corps, blanc, cristallisé est soluble dans les acides, mais ne forme pas
avec eux de sels cristallisables.)
PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A l'intérieur. — Décoction de feuilles, écorces, Sirop d'écorces (1 sur 16 d'eau et 12 de sucre),
olives vertes, 15 à 60 gr. par kilogramme de 30 à 00 gr., seul ou en potion.
d'eau. Huile d'olives, de 16 à 60 gr. et plus, pure ou
licorcc ou feuilles pulvérisées, de 4 à S/j gr. mêlée à l'eau par un mucilage.
dans un véhicule approprié. A l'extérieup.. — 30 à 120 gr. en lavement,
Teinture alcoolique d'écorces (1 sur 8 d'alcool frictions, Uniment, etc.; le marc en to-
à 32 degrés), de 2 à ^ gr., en potion. pique.
Extrait d'écorces (1 sur 3 d"alcool à 32 de- L'huile d'olive entre dans la composition
grés), 2 à /j gr., en pilules ou dans un li- d'un grand nombre d'emplâtres, onguents,
quide. pommades, liniments, etc.
(Nous devons signaler un extrait acide ol)lenu par Llioslc en traitant l'écorce, les
feuilles etles fruits d'une variété, Voléaster, par l'acide sulfurique, et en faisant éva-
porer à siccité. Nous n'avons aucune observation par devers nous qui nous donne con-
fiance dans ce produit peu expérimenté et pour lequel on a proposé le nom d'oleasie-
rium.)
foris olco. »
Les onctions d'huile étaient aussi fréquemment employées dans le traite-
ment de plusieurs maladies, Dioscoride et Celse parlent de leur usage contre
î'hydropisie. Forestus, Olivier, Storck, Gardane, rapportent avoir vu plu-
sieurs fois l'ascite et l'anasarque se dissiper par ces onctions répétées plu-
sieurs fois par jour. Bien qu'elles n'aient pas eu le môme succès entre les
mains de ïissot et de plusieurs autres praticiens, au nombre desquels je puis
me compter, on ne doit pas y renoncer avant de les avoir de nouveau es-
sayées.
(Chez les enfants à peau mince, je môle souvent à parties égales J'huile
pour atténuer l'effet trop irritant de cette der-
d'olives et l'huile de croton,
nière.
L'huile d'olives a été préconisée en onctions douces sur tout le corps,
après les fièvres éruptives elle modère le prurit, souvent si incommode,
;
Les feuilles de cette plante, écrasées, ainsi que son suc, en topique, ont
été vantées contre les ulcères chancreux de la face. Borellus dit avoir guéri
par ce moyen un paysan qui portait un chancre aux narines. Stahl {in Mur-
ray) auraitobtenu le même résultat en quatorze jours cordre un carcinome
commençant de la face. Timmermann, au rapport de Goelick et de Rosse, a
eu à se louer du môme moyen dans un chancre qui avait déjà ravagé une
partie de la lace. Goelick (1) prétend avoir guéri de la même manière une
femme qui avait un ulcère chancreux au cou, et un homme qui portait un
carcinome hideux à la lèvre supérieure. EUer (2) affirme que le môme re-
mède lui a réussi chez deux femmes atteintes d'ulcère chancreux à la face,
mais il observe que ce suc échoue dans le cancer du sein. Mœhring (3) l'a
employé avec beaucoup de succès dans les ulcères chancreux des parties
musculaires. Les affections dont nous venons de parler étaient-elles réelle-
ment des cancers? 11 est probable que non.
Poiret dit que la décoction de la racine d'onoporde est spécifique dans la
blennorrhagie commençante.
OnAN(JEU. 705
d'un jaune iloré en dehors, blanclie en dedans; rinterieui- divisé en plusieurs loges,
contenant chacune plusieurs semences cartilagineuses, un peu amères.
Parties iisitéed^. — Les i'euilles, les fleurs, les fruits (oranges), l'écorce des
fi-uils.
(Culture. —
Elle est du domaine exclusif de l'horticulture et réclame des soins
spéciaux, qui ont valu aux bâtiments où on les remise l'hiver le nom d'orangeries.)
Récolte, elioiv, etc. —
On fait sécher à l'ombre les feuilles que l'on cueille
sur les orangers et non celles qui, étant tombées, ont perdu une partie de leurs qua-
lités. On les fait sécher avec ])récaution, promptement, et de maidère qu'elles conser-
vent leur couleur verte, une partie de leui' odeur et toute leur saveur; on les conserve
dans un lieu sec, à l'abri de la lumière, il faut rejeter les feuilles jaunies ou tachetées.
Dans le commerce on ne les choisit pas toujours assez bien. Celles que l'on cueille sur
des arbres venus en pleine terre, dans le Alidi, ont beaucoup plus de vertus que les
i'euilles de nos orangei's élevés en caisse, et qui, souvent, sont recueillies lorsqu'elles
lombenl des arbres pendant leur transport des orangeries dans les jardins ces der- ;
nières ne contiennent plus de principes actifs. On peut employer les feuilles d'oranger
fraîches; le plus souvent on les emploie séchées et telles qu'on les trouve en abondance
dans le commerce.
Les fleurs se recueillent dans le climat de Paris vers la fin de juillet et en août, pour
être employées fraîches, en faire de l'eau distillée, des conserves, en préparer des li-
queurs de table, etc. Dans les pays chauds, la récolte des fleurs peut se faire pendant
la plus grande partie de l'année, parce que l'arbre porte toujours. I^es fleurs de l'oi-an-
ger amer, ayant une odeur plus suave, sont préférées à celles de l'oranger doux. C'est
resi)èce que l'on emploie à Paris, et c'est pourquoi l'eau de fieurs d'oranger qui y est
préparée est préférable à celle qui nous vient du Midi. Les fleurs séchées perdent une
grande partie de leur arôme et sont à peine reconnaissaJdes. On les piescril pourtant en
poudre, mais c'est une mauvaise |)réparation. Avant de les |)orler au séchoir, elles
iloivent èti-e dépouillées de leur calice elles demandent beaucoup de soins pour leur
;
consei'vation.
D'après Houelle, on peut conserver les fleurs d'oranger pour en préparer en tout
temps l'eau distillée, en les réduisant en pâte dans un quart de leur poids de sel, lors-
qu'on les récolte, et en renfermant ce mélange dans un flacon. Au bout de quelques
années, on peut distiller ces fleurs, et l'eau est aussi suave que si on la préparait avec
des fleurs fraîches, ainsi que l'a vérifié Chevallier (1).
A la fin de l'hiver, les oranges mûres nous arrivent de Mce, de Portugal, de Malte, etc.;
avant cette époque, elles sont aigres et mauvaises. —
I/écorce d'orange mûre s'emploie
fraîche ou se conserve pour servir à l'état de dessiccation. Plus elle est fine, plus elle
est estimée et plus l'orange qu'elle recouvre est recherchée. liant la débarrasser autant
I
k5
706 ORANC.ER.
cliyrao succulent. Cello précaution est souvent négligée clans le commerce. Il en résulte
que les préparations (récorce d'orange, contenant beaucoup de celte substance blanche,
sont plus anières sans être plus actives. Dépouillée de la nialièie blanche, Técorce esl
très-facile ù sécher, et conserve son odeur et sa saveur aromatiques, sans une grande
amertume.
On nonune petits grains et orangettes, les oranges tombées de l'arbre étant petites.
Sèches, elles sont très-dures et servent ;\ l'aire les mêmes pois à cautère dits A'oranges.
— L'orange amère se nonmie aussi bigarade. Les écoices vertes sont appelées curaçao
et servent à j)rêparer le ratafia dit curaçao de Hollande. C'est une variété petite de bi-
garade que l'on confit dans l'eau-de-vie et au sucre sous le nom de chinois. —
Risso a
l'ait une espèce distincte du bigaradier {citrus vulgaris).
llours d'oranger est acide, ce qui esl un inconvénient grave pour celle du commerce
que l'on expédie dans des estagnons de cuivre mal élamés (1), et qui dissout à la longue
une portion du métal. Boulay avait jjroposé d'ajouter dans la cucurbitc IG gr. de ma-
gnésie par kilogr. de fleurs ])0ur saturer cet acide. Je ne sache ])as que sa proposition
ait eu de suite, ni que son adoption eut amélioré le produit. » (Soubeiran.)
Le néroli contient une huile solide, k laquelle Plisson, qui l'a découverte, a donné le
nom (Vaurade ou anradine. Il la sépaiait en mêlant le néroli avec de l'alcool à 85 degrés
et a]}andonnanl au repos pendant quelques jours. (L^auradine se dépose sous la forme de
cristaux en écailles elle est soluble dans l'éther; à 55 degrés, elle fond en prenant l'as-
;
pect de la cire, pèse 0.913 et se volatilise à une température plus élevée. Sa formule
_ C85.7UI{15.0;,0«-16,)
L'écorce d'orange est amère, piquante et aromatique. Elle renferme des vésicules
nombreuses qui la rendent transparente, et qui contiennent de l'huile essentielle ana-
logue à celle des fleurs, mais ])lus puie. Si on presse une écorce d'orange devant la
flamme d'une lumière, l'huile qui s'en échappe s'enflamme en répandant une odeur
agréable. Cette écorce contient, en outre, une matière trôs-amèrc. L'eau et l'alcool
s'"emi)arenl des principes actifs. —La partie blanche de l'écorce contient une matière
encore peu étudiée, qui s'est présentée sous la forme d'un extrait amer, insoluble dans
l'éther et soluble dans l'alcool. On y a découvert également une substance cristalline
blanche, brillante, satinée qu'on a nommée hespcridinc ou aurauHine, et qui paraît se
rapporter à la séiie des résines cristallisal)les, insolubles ou peu sohiblcs dans l'alcool.
Les semences contiennent une matièie amère cristallisée, nommée par lîernays limo-
nine ou limone, insoluble dans l'eau et dans l'éther, et très-solublc dans l'alcool et dans
les acides étendus. (Sa formule =C*-ïl-^0'^.)
Les orangettes ou petits grains contiennent, d'après Lebreton (2), une huile volatile,
du soufre, de la chlorophylle, une matière grasse, un principe particulier cristalli-
sable, etc. lîrandes (o), dans une autre analyse, y indique un principe amer particulier,
qu'il appelle auranlin, de Tulmine, une sous-résine, etc.
Le suc des fruits est acide, plus ou moins sucré, et doit ses propriétés à l'acide
citrique.
(1) L'eau de fleurs d'oranger, conservée dans des vases de cuivre mCnic étaniés, est dange-
reuse.
(2) Journal de pharmacie, 1828, t. XIV, p. 377.
(3) Journal de chimie médicale, 1829, t. V, p. 532.
OF\A.\r.F.r.. 707
Substances incompatibles. —
Le siillalc de Ici, l'inliision do quinquina jauni.' cl
sont inconq)alil)les avec récorce d'orange.
passer avec expression, filtrer). Mêmes d'orange, 30 gr. infusion de feuilles d'o-
;
suite depuis 2 gr. jusqu'à 4 gr. de ces feuilles en poudre, une, deux, et jus-
qu'à quatre fois par jour, ou bien le decocuim d'une poignée de feuilles bouil-
lies dans une livre d'eau réduite à mcutié, en une fois le matin à jeun. De-
liacn, ^\'else et Slorek ont aussi employé avec succès les feuilles d'oranger,
soit en infusion, soit en poudre, contre des épilepsies qui avaient résisté à
708 OUANGER.
d'autres moyens. Hufeland a vu les feuilles d'oranger guérir l'épilcpsic,
quand elle était la suite de l'onanisme, en les donnant à la dose de 4 gr.
trois fois par jour, et par-dessus une infusion de feuilles fraîches. Tissot ne
leur accorde pas la même confiance comme antiépileptiques; mais il les con-
sidère comme très-utiles dans les afïcctions convulsives et rhyslcrie. Dehacn
en a retiré de grands avantages dans cette dernière maladie et dans la cliorée.
Le Journal de médecine de la Gironde, t. I, p. 117, cite un fait de guérison
de tic d(3ulourcux par l'usage des feuilles d'oranger. Dalberg rapporte trois
cas où ces feuilles en poudre et en infusion bue en abondance, ont complè-
tement réussi dans la toux convulsive. Trousseau et Pidoux les ont égale-
ment vu réussir en pareil cas. Je m'en suis très-bien trouvé dans l'hysté-
rie accompagnée de douleurs vagues et de spasmes de l'estomac, ainsi que
dans toutes les névroses par débilité. Elles paraissent, dans toutes ces affec-
tions, porter sur l'organisme en général, et sur le cerveau et les nerfs en
particulier, une influence à la fois calmante et tonique. J'ai souvent prescrit
par cuillerées, dans les névroses, le mélange de parties égales de poudre de
feuilles d'oranger et de poudre de racine de valériane, avec suffisante quan-
tité de sirop d'écorce d'orange. L'administration d'une tasse chaude d'in-
fusion de feuilles d'oranger, immédiatement après l'injection de l'huile de
foie de morue, est un excellent moyen de la faire tolérer chez les individus
les plus délicats, et qui réussit constamment dans le service clinique du
professeur Dupré, à Montpellier (1).
Les fleurs d'oranger, comme nous l'avons dit plus haut, sont rarement
employées en nature. L'eau distillée de ces fleurs (eau de fleurs d'oranger),
exerce son action sur le système nerveux comme antispasmodique et séda-
tive. On en fait un fréquent usage dans les spasmes, les convulsions, les pal-
pitations, les anxiétés précordiales, les coliques nerveuses, l'hystérie, et,
dans cette longue série de maux de nerfs qui, dans nos grandes cités, abreu-
vent d'amertume la femme incomprise, accablée sous le poids du bonheur
et de l'ennui, et dont la vie se consume soit à la lecture des romans du jour
ou à des broderies qui n'exercent que les doigts, soit à recevoir, mollement
étendue sur un divan, des visites que l'oisiveté procure, et qui ne sont plus
que le pâle reflet des délices de la société.
L'écorce d'oranges et les jeunes oranges sont toniques, excitantes, stoma-
chiques, carminatives elles conviennent dans toutes les maladies que ca-
;
1)1 us de môme ;\ une dose plus élevée ; elle irrite fortement l'cîstomac et
amène dans l'organisme des troubles variés décrits par Imbert-Goubeyre (2),
et consistant principalement en éruptions de diverse nature, et en phéno-
mènes nei'veux, tels que céphalalgie, névralgie faciale, bourdonnements
d'oreille, oppression thoracique gastralgies, pandiculations, agitations,
,
L'orchis mâle, plante vivace (PI. XXYIII) croît dans les bois et dans les
prairies himiides de toute l'Europe, avec plusieurs autres belles espèces
(l'orchis.
Descriptioii. —
Ilacine composée do deux tubercules cliannis, ovales, allongés,
inégaux, surmontés de ])lusiours fdjros radicales simples. —
Tige droite, simple, glabre,
cylindrique, nue dans la partie supérieure. —
Feuilles alternes, oblongues, engainantes,
(1) Journal de la Société des sciences médicales et naturelles de Brucelles, 185/», vol. XIX,
p. 2/,û.
on les enfile en manière de cliapelet, et on les expose au soleil, où elles acquièrent une
consistance cornée. Autre piocédé après avoir lavé et essuyé les bulbes, on les place
:
sur des plateaux de fer-blanc ou sur une claie couverte de papier, qu'on place dans un
four médiocrement cbaud, et qu'on a soin d(> retirer lorsqu'elles ont acquis une certaine
transpai'ence. Dans cet état, on les rt'duit aisénienl en poudre, et on en obtient une fa-
rine aussi blancbe et aussi ])ure que h\ salep qu'on fait venir à grands frais de la Perse
et de la Turquie, (leoffi'oy (1) obtint de nos orcliis un salep tout à fait seml)lal)le à celui
de Perse. Depuis, Pietzius, Moult, Coste et 'Wilmet, lîodart, ^Vauters, iîurtin, Desbois, de
Rocbefort, ont obtenu les mêmes résultats. « .l'en ai vu faire à Edimbourg, dit Cullen,
en parlant de la farine de salep, qui était aussi pure et aussi parfaite que celle qui nous
vient de Turquie. Le commerce, dit Fée (2), (irait autrefois le salep de la Perse, et
même encore aujourd'bui, que la France nous le fournit, on ne manque guère de lui
donner la Perse pour patrie, il serait bien temps de revenir à des idées plus saines et de
se persuader que nos productions indigènes valent, dans le plus grand nombre de cas,
les productions exotiques (3). »
Un bonnne peut en une journée récolter 6 kilogr. de bulbes, qui, par la dessiccation,
se réduisent ;\ 2 kilogr.
[Culture. —
On ne parvient à cultiver ces plantes dans les jardins qu'en les pla-
çant dans la terre et k l'exposition qu'elles trouvent dans les bois et dans les prés; on
peut espérer les réussir en les plaçant à Tombre, en les couvrant de mousse et en se-
mant entre elles du ray-grass que l'on arrose souvent.]
Propriétés fiBiysiques et eltiBUifsues; usages e-cononiiques.
— Les tubercules des orcbis offrent une légère odeur bircine, surtout quand ils sont ré-
duits en poudre. D'après les recbercbes de Berzélius et de Lindiay, le salep n'est pas de
la fécule, mais de la baasorinc, de la véritable gomme adi'agante. Il y a toujours un peu
de fécule que l'iode colore en bleu; mais c'est la partie de beaucoup la moins abondante,
et elle est emportée en grande partie par rimmersion des tubercules dans l'eau bouil-
lante pour leur préparation. Il existe en outre dans le salep, du sel marin, du pliospbate
de cbaux. Quelques teinturiers font usage du salep au lieu de gonune arabique, pour lus-
trer les étoffes. Il y a des pays où l'on mange les tubercules des orcbis sans aucune pré-
paration. Pérou (/i) rappoile qu'à la terre de Lewin, les natuiels ont pour toute nourri-
ture les bulbes des orcbis, dont ils sont très-avides. On poui-rait en user de même dans
nos campagnes en temps de disette. On laisse perdre cbaque année sur la surface de la
France une immense quantité de ces tubercules nouirissanls.
l'our les metti-e en poudre, il faut les bumecter un peu; sans cela leur substance
cornée permettrait difficilement de les y réduire. Pulvérisé, le salep se dissout dans l'eau
dans la proportion de 60 parties d'eau pour une de celte substance.
Lfe salep préparc s'emploie comme aliment en gelée, soit avec le bouillon,
soit avec l'eau ou le lail. Un en met dans le chocolat, on en fait des pâ-
les, etc., en y ajoutant du sucre et des aromates, suivant l'indication. Cet
aliment, adoucissant et restaui-anl, convient dans les irritations de poitrine,
la phlliisic, riu'nioijlysie, la fièvre liccliciiic, le marasme, l'épuisement pro-
<luit par l'abus des plaisirs vénériens, pai- de; grands travaux, par une diète
proloni^èe; dans la convalescence, l'iriitalion (les voies digestivcs, l'extrême
susccplihililc d(î l'estomac, la nèphrile, la cystite, etc., la diarrhée et la dy-
senterie chroni([ues, etc. La décoi'lion (4 y:,v. sur .jOO f,'r. d'eau) de salcp en
boisson est indiquée dans les mèines cas. Dumas (1) rcconmiande la
mixture suivante, contre l'hémoptysie; opiniâtre salep, 15 f^r., mucilage de
:
le mieux aux semailles faites tardivement, c'est-à-dire en mai et juin; on dit qu'elle
réussit mieux que les autres dans les terres médiocres.
Nous citerons encore l'orge carrée nue, petite orge, orge céleste, orge nue h six rangs,
llordeum vulgnre nudum, Hordeum cœleste, que l'on cultive beaucoup en iîelgique sous
les noms im|)ropres de blé de mai et de blé d'Kgypte.
J/orge de Ciuimalaya ou Nanito n'a aucun avantage réel, elle présente une variété vio-
lette ; enfin, nous citerons encore l'orge noire, l'orge chevalier, l'orge annat, l'orge
d'Italie, l'orge nue à deux rangs ou grosse orge nue, orge éventail ou orge riz, et l'orge
bifurqué.]
Propriétés pliysiques et cliiniiciiies: usages écononiiciues.
— non germée est composée, d'après Proust, d'anddon, de gluten, de suci'O, de résine
li'orgo
jaune, iVhordéine. On trouve dans l'orge germée plus d'anddon, do sucre et de gomme,
mais moins d'iiordéine. (Suivant certains autours, l'hordéine ne serait que du son très-
(livisé.) —La farine fl'orge est formée, suivant Einliof, de: amidon, 60; sucre, 5; glu-
ten sec, 3 5; albumine, 1; enveloppe, 19.3; eau, 11.2. —
(Le glutijn qu'elle contient
diffère de celui du froment et porte le nom de glutine. il est tellement adhérent à la fé-
cule, que la malaxation sous un filet d'eau ne les sépare pas.)
La germination de l'orge pi-oduit un principe particulier, un ferment azoté, nommé
diastase. Celte substance, pulvérulente, possédant des propriétés curieuses, peut s'ob-
tenir en humectant le malt avec la moitié de son poids d'eau froide, mêlant le liquide
exprimé avec la quantité nécessaii'o d'alcool pour détruire la viscosité, filtrant et ajou-
tant alors de nouvel alcool. Une quantité très-minime de cotte substance peut produire
la transformation d'une quantité considérable de fécule on dextrine.
celte scuKMice cnliric. IrWc (ju'on rciiiploic dans les iisaj^cs domesiiqucs.
Elle a (Hé sans cU'el dans deux cas d'aiiasafqiic; mais ces derniers laits ne
détruisent en rien ceux ([ui militent en laveur des propi-iétés diuiéliques de-
là semence hrule. Dans l'un de ces cas, la maladie avait également résisté h
la difiilaie et i\ une l'oide d'autres médicaments successivement employés.
Afin (|ue la malière amylacée de l'orge mondé ou perlé puisse se dissou-
dre entièrement dans l'eau et donner à la décoction divers degi-és fie con-
sistance, suivant les dilléi-ents états de la maladi(\ il faut [)rolonger l'ébiilli-
tinn ;\ un l'eu doux pendant sept à huit licui'cs. Sans celte précaution, cette
boisson est dénuée de vertu, ou bien elle est même un peu exeitanle, h
cause d(> la matière exiractive qu'elle a enlevée à l'enveloppe de la semence.
C'est ainsi que \cs anciens i)réparaient l'eau d'orge, qui alors fournissait
dans les maladies aigui's luie boisson nnicilagineuse et nourrissante, que nous
avons fi tort remplacée parles bouillons de viande.
Il résulte des expériences de Magbridge, de Lind, d'Muxam, de Pcrcy, et
d'autres médecins, que le malt et la décoction qu'on en préparc sont émi-
nenmient antiscorbutiques, et ont été comme tels employés avec succès dans
les voyages de long cours, tant comme préservatifs que comme curatifs.
Le navigateur Cook en a préparé une espèce de bière fort utile aux marins.
Macquart en a éprouve de bons ellets dans une épidémie de scorliut et de
dysenterie, qui régna sur la Hotte dcDorvilliers, en 1778. Quarin (i) a indiqué
la' formule suivante malt, 102 gr. faites bouillir pendant un quart d'heure
: ;
réglisse; laissez digérer pendant quatre heures. Rush dit avoir vu différents
symptômes, reliquats de la syphilis, céder à l'usage du malt, après avoir
résisté à tous les remèdes. Percival lui attribue de l'efficacité contre les
scrofules. Mais la bière, qui est composée avec le malt et le houblon, est
bien plus utile contre cette dernière maladie. Amère, nourrissante et to-
nique, la bière apaise la soif sans débiliter, augmente l'action de l'estomac
et excite les sécrétions.
Dans le Nord, où le vin est d'un prix trop élevé pour le pauvre, on em-
ploie souvent la bière pour faire macérer les plantes qu'on veut administrer
sous cette forme.
J'ai vu employer à la campagne, comme anthelminthique et purgatif, à la
dose d'un à trois verres, la bière qu'on avait laissé éventer pendant trois ou
quatre Jours. Ce moyen provoque souvent l'expulsion des lombrics dès le
premier jour de son usage.
La levure de bière a été considérée comme antiseptique et administrée
dans les fièvres putrides. J'en ai remarqué de bons etfets dans un cas de
fièvre muqueuse vermineuse chez une petite fille de dix ans, qui, pendant
le cours de cette maladie, n'a fait usage d'aucun autre moyen, h l'exception
de l'ipécacuanha, qu'elle avait pris au début comme vomitif. La levure de
bière était prise par petites cuillerées fréquemment répétées. Cette levure
s'est montrée, suivant Hufeland, fort salutaire dans le scorbut de terre, tant
à l'intérieur qu'à l'extérieur. Un médecin anglais, Moss (2), a eu recours avec
avantage h la levure de bière contre les éruptions furonculeuses, très-fré-
quentes dans les contrées occidentales de l'Angleterre. 11 administre cette
substance délayée dans l'eau, à la dose d'une cuillerée à soupe, trois fois
dans la journée. Dans un cas de diabète sucré, Bird Herepath (3) a employé
avec succès la levure de bière à la dose d'une cuillerée à bouche dans du
lait, deux ou trois fois par jour.
Dans les circonstances ordinaires, la glucose se convertit, comme on sait,
un des ferments digestifs qui a pour but d'opérer dans la bouche la saccha-
rification des fécules de même que l'on a cherché à suppléer au défaut de
:
c'est qu'on a poussé les choses à l'excès c'est ainsi que l'on associe à la
:
mac; mais on n'a pas soii^t'; que \ii pepsine ]ii pancrcatinc û:u\^ \o-
v\ canal
(lij;('stirn'aKi^^»'iit <!"*' successivi-nicnl, cl (jU(iloiscin'on les associe, elles dé-
Iruisent naUirellcment lems cllels. Kn voulant mieux l'aire, on a fait plus
mal. .
^
Enfin, rappelons (jue, depuis ({uel(|ucs années, les hières concentrées, les
bières de malt ont été emjjloyées avec quelque apparence de succès dans
certaines maladies de l'estomac.]
(Fremy regarde la poudre de malt comme un tonique analeptique puis-
sant, ayant une action modificalricc dans les affections jjulmonaires chro-
ni([ues,' et même
dans la phlliisie non pas que son action s'attaque à la
:
maladie elIe-mC'me mais cet a^^ent exerce une inlluence heureuse sur les
;
de sai)in, 2i:\ gr.; levure de bière, 25 gr.; sirop d'écorce d'oranger, 25 gr.;
Cette plante vivace (PI. XXYIIl), très-commune aux lieux secs et monta-
gneux, dans les bois et le long des haies, a beaucoup de rapport avec la
marjolaine.
ne^cription. — Racines nicinies, fibreuses, obliques.— Tiges dui'es, dressées, un
peu velues, quadiangulairos, rougoâlres, rameuses à la partie supérieure, à rameaux op-
posés, hautes d'environ GO à 75 centimètres. —
Feuilles opposées, péliolées, un peu ve-
hies en dessous, d'un vert foncé en dessus, cordiformes. Fleurs d'un rouge clair, —
blanchâtres, en petits capitules pédoncules, opposés, rapprochés à la partie supérieure
des rameaux et formant par leur réunion un panicule serré (juillet-août). Galice cylin- —
drique à cinq dents égales. —
Corolle lal)iée à tube grêle, cylindrique. Quatre éta- —
mines didynames, saillantes. Un style. — Un stigmate bifide.— Fruits : quatre —
akènes presque ronds, placés au fond du calice i)ersislant.
716 ORME.
de cette Iiuilc, pour en calmer les dou- I L'origan entre dans l'eau générale, l'eau
leurs. I vulnéraire, le sirop d'armoise, celui de stœ-
' clias, la i)oudre sternutatoirc, etc.
Récolte. — Celte écorce doit être détachée avant la floraison pour être conservée.
Les lleui's paraissent avant les feuilles.
[Culture. —
L'orme se multiplie par semis faits en pépinière ;
on le met en place
vers fàge de trois à quatre ans ; il vient dans tous les terrains.]
est très-répandu.
Description. —
La fausse oronge ressemble au premier abord à Vamanila tiu-
raniiaca ou cœsarea (amanite orange, dorade, endioguez, — —
jaune d'œuf, jase- —
rand, —cadran, —
oumegal, etc.] —espèce lrès-al)ondai>te dans nos bois du :\Iidi, que
Ton fait séclier dans le Périgord pour l'usage alimentaire, et avec lacpielle il est impor-
tant de ne pas la confondre. C'est pour cela que nous donnons la description comparée
de ces deux champignons.
A. muscaria —
fausse orongk. A. cœsarea — oro.xge
(vénéneuse). (comestible).
Chapeau Globuleux, couvert d'une pel-
.-
Chapeau Très-convexe, couvert d'une
:
rouge ou orangé
licule épaisse, glulineuse, pellicule douce, peu adhérente, non vis-
rouge, recouverte de la volve, circonci- queuse, jaune ou orangé jaune.
sée de bonne heure, séparée en verrues
blanches.
Marrie : Subslriée. Marqe : Droite, striée.
Feuillets .-
Blancs. Feuillels . Jaune -jonquille ou orangé
clair.
Chair .-
Jaunâtre. Chair .- Blanche.
Slipe l-'erme, blanc et pelucheux, muni Stipe : Orangé, jaune clair.
d'un collier.
Ces caractères dislinctifs sont d'autant plus importants que l'on se tromperait gran-
dement si on s'attaciiait seulement à la coloi-ation, que la pluie modifie plus ou uVoins.
La fausse oronge présente trois autres variétés qui se distinguent par la couleur du
chapeau l'.l. m. formosa, jaune ciliin, <à verrues l'arincuses teintées de jaune, fugaces;
:
La fausse oronge a les spores ovales, résistantes, grosses, avec un apiculo (Iiii2;é de
côté: elles mesurent ()""". 01 à 0"'"'.015 sur ()""". 008 à 0""".0085 de largeur "(Ber-
tillon) (1).
Parties usitées. — Toute la plante; suivant certains auteurs, la base du pé-
dicule.
cipe volatil, odorant, très-fugace obtenu par la distillation aqueuse. Cette eau distillée
peut être préparée en distillant t partie de champignon avec 2 parties d'eau, par trois
fois, afin d'avoir pour résultat 1 partie d'eau distillée. Elle est transparente, neutre; au
bout de quinze jours elle est inerte; 2" un principe extractif, solulde dans l'eau, se rap-
prochant de l'amaiiitine de Letellier ; un |)rincip(; résineux, soluhle dans l'alcol, inso-
,'3"
luble dans l'eau quand il est pur, mais pouvant s'y dissoudre à l'aide des malièi'es ex-
trac tives.
tombe à 80, état qui dure jusqu'à la douzième heure; au bout de dix-huit
heures,* le coma diminue, et l'animal se rétablit au bout de quarante-huit
heures.
3" Principe résineux. —
12 gr. d'extrait alcoolique de muscaria sont ad-
ministrés à un chien qui, le deuxième jour, meurt après avoir éprouvé des
évacuations fréquentes, sans désordres nerveux marqués; à l'autopsie, on
rencontre une phlegmasie intestinale des plus intenses.
Ainsi, trois principes le premier agissant comme les narcotico-âcres, le
:
oronge a des effets enivrants, fort bien décrits par Krachinonimkov (I); il
rapporte, et ces détails sont confirmés par Langsdorf (:2), que les habitants
du Kamtschatka coupent Vamanita muscavia en petits morceaux qu'ils font
sécher pour la conserver; ils en préparent aussi avec le suc du vaccinium
iiliginosum, ou en les faisant infuser avec les feuilles d'une espèce cïepi-
lobiuin, une boisson dont ils se servent au lieu de vin. Quand ils ont bu de
ces liqueurs ou manf;é le champignon sec, il se manifeste chez eux une
ivresse particulière, dans laquelle les facultés intellectuelles sont anéanties;
il survient des tremblements, des soubresauts dans les tendons, quelquefois
des convulsions. Les uns sont gais, chantent ou sautent; les autres, au con-
traire, sont tristes et abattus. Le plus souvent, les forces musculaires parais-
sent considérablement augmentées; puis, les malades tombent, le sommeil
s'en empare, calme cette étrange exaltation, et bientôt ils se réveillent dans
leur état naturel; quelques-uns même prolongent ce triste état par des liba-
tions successives. On a observé qu'il survient quelquefois des vomissements,
mais l'ivresse n'en est pas diminuée. L'urine de ceux qui se sont ainsi enivrés
jouit des mômes propriétés que le champignon; aussi voit-on les indigents
rechercher celle des personnes riches, afin d'y puiser cette ivresse, Langs-
dorf fait observer que ceux qui s'adonnent habituellement à ce genre de
crapule finissent par devenir fous.
A dose élevée, l'agaric moucheté cause des empoisonnements que l'impru-
dence rend trop fréquents, surtout dans le Midi. L'effet délétère se fait
assez souvent longtemps attendre après l'ingestion et ne se produit que 10
à 15 heures après le repas. Les jeunes sujets sont frappés les premiers. Il
est fréquent de voir mourir ainsi successivement une famille tout entière.
Cet porte tout d'abord sur le tube digestif; nausées, coliques
effet se
atroces, déjections abondantes, glaireuses, bientôt sanguinolentes; pnis,
secondairement, excitation, ivresse, vertiges, tremblements, titubation, res-
piration haletante, irrégularité des mouvements du cœur, quelquefois syn-
cope, pnpille dilatée ou contractée (suivant, comme nous l'avons dit, la
prédominance d'action d'un des principes), trouble de la vue, perte de l'in-
telligence, délire gai ou maniaque, pâleur, sueur froide, ralentissement
considérable du pouls, coma et mort. On voit que ces symptômes sont, pour
ainsi dire, calqués sur ceux que l'on peut faire naître à volonté par l'expéri-
mentation sur les animaux; à l'autopsie, même similitude d'observations.
Les sinus et les artères de la base sont distendus par le sang; l'arachnoïde
et la pie-mère sont congestionnées; ce tissu du cerveau est rouge dans un
cas rapporté par Christison (3) on a trouvé même un caillot sanguin dans le
;
cervelet.
On doit traiter l'empoisonnement au début par les vomitifs puis faire boire ;
de l'eau acidulée et salée; aucun neutralisant absolu n'a donné jusqu'à pré-
sent de résultat favorable. Bertillon (ij recommande les inhalations d'oxy-
gène pour s'opposer à l'arrêt de l'hématose, et les diurétiques pour faciliter
l'expulsion du poison.
Briand et Chaude, dans leur Traité de vu'decine légale, disent qu'aucune re-
cherche ne peut faire reconnaître l'empoisonnement par les chami?ignons.
Cependant on pourrait retrouver les spores de certains d'entre eux; celles
de VA. nuiscaria résistent à l'action des sucs digestifs et ont été observées
et reconnues dans les déjections. (Voyez Description, p. 718).
(1) Effets toxiques de l'agarirus muscarius, Lcmgo, 177G, in-/i" (en russe).
(2) Dissertation sur l'agaricus muscarius,
(3) (Jii poisons, p. 777.
L'orpin (Pi. XXVIII), plante vivace, abonde dans les bois, les vignes, les
lieux pierreux de toute l'Europe.
lleseriiition. — Tige
herbacée, droite, rameuse au sommet, simple inférieurc-
ment, haute de 30 à UO centimètres. —
Feuilies larges, sessiles, ovales-oblongnes,
planes, cliarnuos, dentées, d'un vert glauque. —
Fleurs hlanches, rougeàtres on purpu-
rines, disposées en \m corym])e terminal (juin-juillet-seplembrc). Calice à cinq dents —
aiguës. —
Corolle h cinq pétales aigus, disposés en étoile. Dix étamines. —
Cinq —
carpelles nectarifères à la base de l'ovaire. —
Fruits: cinq capsules, contenant un grand
nombre de petites semences.
[Parties usitées. Les feuilles. —
Récolte. — On emploie la plante fraîche pendant toute la belle saison. Il serait
difficile de conserver, à cause de sa vigoureuse végétation. Suspendues en bas, les~
la
fleurs restent fraîclies, s'ouvrent même, et la tige florale se redresse, jusqu'à ce que la
plante pourrisse. Les herboristes la conservent en macération dans l'huile. On la cultive
dans les jardins ; pour cela on en repique quelques éclats dans des pots ou en pleine
terre, à la manière des plantes grasses.
[Culture. —
Nous citerons encore l'orpin à larges feuilles, S. lalifolium, Bertol :
S. maximum, Sut; l'orpin rose, S. rhodiola, D. C. ; rhodiola rosea, L.; l'orpin cépée ou
faux oignon, S. cepœa; l'orpin acre, S. acre, L., ou vermiculaire brûlante (voyez PETcrj:
jolbarbe); lorpin blanc, S. album, L., ou trique-madame, et l'orpin réfléchi, S. re-
flesum, L.; on ne les cultive que dans les jardins botaniques ou d'agrément; on les pro-
page par semis faits sur couches ou en place au printemps, et les espèces vivaces par
éclats de pieds faits au printemps ou à l'autonme.]
722 ORTIE.
tubercules de la racine, dont le parenchyme est blanc et un peu amer. Le suc d'orpin
contient, comme celui de quelques autres espèces de sedum, du malate de chaux.
ORTIE. Urtica. L.
Urtica urens minor. G. Bauh., Tourn.— Urtico minor. Lam. — Urtic(f
minor acrior. Lob. — Urtica urens minima. Dod.
Urtica minor amiua. J. Bauh.
Ortie brûlante. — ortie piquante, — ortie grièche, — petite ortie.
Cette plante annuelle, que tout le monde connaît, croît partout, parmi
les décombres, aux lieux incultes et abandonnés, le long des haies, dans les
jardins.
— —
Description. Racine pivotante. Tige de 30 à 50 centimètres, carrée, simple,
garnie de poils biûlants. —
Feuilles opposées, pétiolées, ovales-oblongues, profondé-
ment dentées, couvertes de poils Irès-brùIants, à stipules caduques. Fleurs verdàtres, —
monoïques, tros-petitos, les mâles et les femelles réunies dans une même grappe (mai à
octobre). —
Calice quadriparti. —
Quatre étamines dans les fleurs mâles ; segments du
calice inégaux dans les fleurs femelles, avec un ovaire surmonté d'un stigmate sessile.
Akène recouvert par le calice. —
draines à tète soudée avec l'endocarpe, ovales (et non
ovoïdes), aplaties, de couleur de paille, luisantes et petites.
ORTIE DIOIQUP]. —
Grande ortie, ortie commune, ortie vivace. Urtica
dioîca, L. —
U?-tica vrens niaxima, C. Bauh., Tourn. Urtica comniunis, —
Lob. —
Urtica urens altéra, Dod. —
Croît partout dans les lieux incultes, les
buissons, etc. Elle est plus commune que la précédente.
Description. — Tiges de 60 à 90 centimètres, tétragones, pubescentes.
Feuilles opposées, lancéolées, cordiformes, marquées de grosses dents sur les bords, un
[Ciilttii'e. — piécédeiile.
('.(iiiuiie 1,1
]
elle supporte toutes les intemi)éries et se reproduit d'elle-même. On peut la couper deux
ou trois l'ois dans un été, et tandis qu'au printemps la nounilure manque pour le bétail,
celle plante est déjà en pleine croissance; on la coupe jeune pour la domiei' en vert, ou
on la laisse plus longtemps sur pied i)0ur l'employer comme Ibiirrage. Le lail des vaches
(pii s'en nourrissent est meiileui' et plus abondant. On la dit piopre <à préserver les bes-
tiaux des épizoolies. Les volailles, qui sont très-avides de ses graines, pondent davan-
tage si on en met dans leur pâtée. On mêle les feuilles bâchées à la nourriture des din-
donneaux. Dans certains pays on les donne bouillies aux cochons. Les maquignons en
mêlent une certaine quantité à l'avoine pour donner aux chevaux" un air vif et un poil
brillant.
La tige fibreuse de la grande ortie peut fournir un fil bon
et de bons tissus. Les
Daskirs, les Kamlschadales, remploient la fabrication
<'i des cordes, des toiles et des
filets pour la pêche. Les Hollandais en ont retiré, sous ce rapport, de grands avantages.
Il suffit de la couper au milieu de Tété, et de la faire rouir en la traitant comme le
chanvre. La racine, bouillie avec un peu d'alun, donne une belle couleur jaune. (La
décoction jaunâtre obtenue par l'ébullition des orties, exposée à l'action de l'air, devient
verte. La présence des alcalis favorise cette transformation. —
Cette matière verte pré-
sente les caractères du vert de chrome. On s'en sert, vu son innocuité, pour colorer la
liqueur d'absintlicj (2 . —
La semence de la grande ortie, ainsi que celle de l'ortie brû-
lante, est oléagineuse. Il paraît que les Egyptiens, autrefois, en tiraient de Tliuile pour
l'usage alimentaire.
rejectarunt, et a mcdicis tanquam deplorali sunt habiti, solo urticcû succo con-
raluenint. Post multa atitcm machinaia remédia, nuUum ita contulit ut sanguis
ac urticce succtis, qucm ad (juinqiie vcl sex dies ebihcrunt : singulis
cohibcrctiii',
sciliretdiebus une. ir jejuno stomacho : imo et ipsain urticam incoctam jure
jmlli aut vcrvecis sape comedebant (3). »
Lazcrnc, Scopoli, Geoffroy, Desbois (de Rochcforl) ont aussi vanté celte
plante eonlre l'hémoptysie; Peyroux et Lange contre la ménorrhagie. Ri-
vière (I) en faisait usage dans le Ikix immodéré des règles, à la dose de
IG gr. C'est, dit Ghomel, le remède le plus certain contre l'hémoptysie cl
((
tout, et que les hémoi-rhagies utérines ne sont pas rares dans une certaine
classe de femmes. »
Plus tard, Ginestet communiqua à l'Académie un nouveau fait constatant
la propriété hémostatique du suc d'ortie dans une hémorrhagie utérine qui
durait depuis deux mois, et qui avait résisté à tous les autres moyens em-
ployés. Ce pi'atieien assure avoir employé le même moyen avec succès dans
i'hématémèse, l'épislaxis et d'autres flux de sang. Ducàsse, de Toulouse (o)
s'est bien trouvé de l'emploi du suc dans les hémorrhagies utérines et dans
le traitement des leucorrhées chroniques. Ginestet {in Mérat et Delens) n'a
pas été aussi heureux que le professeur de Toulouse dans le cas de leucor-
hée. iMitin, Mérat a joint son témoignage aux faits rapportés par Ginestet :
d'ortie pilée, IG gr.; farine de seigle, GO gr. mêlez et faites, avec un peu
;
d'eau chaude ou froide et du miel, une pâte dont vous formerez six petits
gâteaux que vous ferez cuire au four ou au foyer, sur une pierre plate. On
fait manger un de ces gâteaux tous les soirs pendant huit, quinze ou vingt
jours.
Zanetti, d'Italie (3), assure avoir employé les fleurs de
médecin à l'armée
la grande et de en substance, infusées dans le vin, contre les
la petite ortie
fièvres intermittentes, tierces, double-tierces, quartes, et contre la fièvre
pernicieuse. Le succès, dit ce médecin, était souvent plus prompt qu'avec
ployer avec avantage dans la chirurgie vétérinaire pour satisfaire à ces di-
verses indications, et surtout comme résolutive et détersive, en cataplasme.
Tout le monde sait qu'on se sert de l'ortie pour produire sur la peau
l'urtication dans quelques maladies (apoplexie, léthargie, répercussions
exanthémateuses, rhumatismes chroniques, paralysie, anaphrodisie, choléra
asiatique, fièvres graves, typhoïdes, etc.). Ce moyen, regardé par les an-
ciens comme un puissant révulsif, a été conseillé par Celse (3) et par
Arétée (4), dans la paralysie, le coma, etc. Du temps de Pétrone {satyricon)
les libertins épuisés réveillaient les désirs vénériens par l'urtication et ,
tion, ce qui arrive aux filles de la campagne, qui, après un certain temps,
prennent et portent inqjunémcnt sur leurs bras nus ces mêmes orties qui,
les premiers jours, agissaient énergiqucment sur leur peau. En dernière
analyse, l'urtication, dans le catarrhe morhilleux des enfants, nous rend
quelques services, et nous en rend plus encore chez les adultes cela dé- :
non de l'épidémie, et, pendant quelques jours, dix à douze feuilles d'oseille,
matin et soir (le jus de l'oseille a la propriété, dil-on, de prévenir le mal);
Veseriptîoii. —
Racine : souche épaisse, rampante. —
Feuilles radicales,
grandes, hautes de 50 cenlimùlres, hipennées, à divisions opposées, ohlongues, lancéo-
lées, sessiles; à folioles alternes, péliolées, étroites, ovales, ohtuses, glahres, marquées
sur la surface inférieure de nervures assez apparentes ; folioles fructifères disposées en
panicule terminale (juin-septend^ro).
Partieii tisitées. — Le rhizome.
Récolte. — Comme celle des fougères.
[Culture. — Cette plante demande des endroits ombragés et un peu humides ; on
la multiplie par éclats de pieds; lorsqu'elle croit dans des lieux secs et rocailleux elle
est très-chétive.]
Cette plante bisannuelle, qui croit naturellement dans les jjrcs, les haies,
au bord des chanips, est cultivée comme plante potagère dans presque toute
la France. On en distingue deux variétés le panais long, le panais rond ou
:
de Siam. Les moutons, les porcs, les lapins mangent cette plante.
nescriptioii. —Racine charnue, fusiforme, blancliàtro, ou jaunâtre. Tige—
droite, cylindrique, cannelée, rameuse, haute de 90 k 120 centimètres. —
Feuilles
pubescentes, une fois ailées, composées de folioles ovales, assez larges, lobées ou inci-
sées. —Fleurs petites, régulières, jaunes, réunies en ombelles de vingt à trente rayons,
dépourvues de collerette (juin-juillet). —
Cinq étaraines ovaire inférieur.
;
Fruit—
diakène, elliptique, comprimé, un peu membraneux sur ses bords.
Parties uisiitées. — La racine et les fruits.
Récolte. —
La racine est employée à Tétat frais. Les fruits se récoltent comme
tous ceux des orabellifères. —
Les vieux panais, ayant quelquefois une àcrelé désa-
gréable, doivent être rejelés.
Propriétés physiques et eliianicfues ; usages économiques»
— La racine de panais, amélioiée par la culture, a une odeur et une saveur qui n'est
point désagréable. Elle contient J'2 |)Our 100 de sucre cristallisable, et, dit-on, une assez
grande quantité de fécule. L'analyse de cette racine, qui, je crois, n'a pas été faite, se-
rait d'une grande utilité.
Les Irlandais font bouillir et fermenter avec du houblon la racine de panais, et ils
obtiennent ainsi une boisson qui rem])lace la bière. En Thuringe, on retire des panais
une espèce de sirop dont on se sert au lieu de sucre. On fait bouillir les racines cou-
pées en petits morceaux, jusqu'à ce qu'elles s'écrasent sous les doigts. On les remue
pour les empêcher de brûler; on les broie ensuite pour en exprimer le suc, qu'on sou-
met encore ci l'ébullition avec d'autres panais coupés aussi en petits fragments; on fait
évaporer le jus et on l'écume. La cuisson peut durer environ quinze heures, et quand
la liqueur a pris la consistance du sirop, on la relire du feu. Si on la laissait cuire plus
longtemps on obtiendrait du sucre cristallisé. Ce sirop pourrait être employé au lieu de
sucre dans les campagnes pour édulcorer les tisanes.
La racine de panais fournil à l'homme un aliment doux et sain, et aux bestiaux une
bonne nourriUne. La fane est un excellent fourrage.
La semence de panais est fortement aromatique et amère. Le lait des vaches qui se
nourrissent de celte plante est plus abondant et plus crémeux, sans contracter aucun
goût désagréable.
Cette jolie plante, qu'on trouve en fleur pendant toute la belle saison»
orne les pelouses, les prés, les bords des chemins. Son nom {Bellis perennis)
annonce son élégance et sa durée. Cultivée dans les jardins, elle offre des
variétés donbles fort jolies.
Description. —
Racine rampante, menue, fibreuse. —
Hampe uniflore^ de 6 à
8 centimèlros de liauteur. —
Fouilles en apparence radicales, spatulécs, souvent cré-
nelt^es. —
Flouis radiées, blanriios ou rosées (avril-octol)re). —
Involucre velu, hémi-
sphérique. —
Deuii-flenrons de la circonférence femelles, le plus souvent blancs, quel-
quefois rouges à la pointe. —
Fleurons hermaprodites, tubuleux, formant un disque
jaune au centre de la fleur. —
Fruits akènes sans aigrette.
:
Cette plante, qui a joui autrefois d'une grande réputation, est aujourd'hui
rayée de la matière médicale. Les anciens thérapeutistes l'ont vantée contre
les affections strumeuses, la phlhisie pulmonaire, les douleurs goutteuses et
rhumatismales, les obstructions des viscères du bas-ventre et l'hydropisie.
Mais c'est surtout comme un des meilleurs vulnéraires qu'on l'a préconisée,
et que Cornuti (3) la considérait, sous ce rapport, comme une des plantes
les plus précieuses. Le vin blanc dans lequel on fait macérer la plante
fraîche (2 poignées par litre), dont on prend un verre chaque matin, est
encore vulgairement employé pour dissiper les douleurs de tête, suite de
chutes, de coups, de commotions du cerveau, etc. On met aussi ce vin en
usage dans les douleurs rhumatismales, l'hydropisie, la gravclle, les engor-
gements viscéraux, etc. On emploie aussi dans les mêmes cas le suc exprimé
de cette plante à la dose de 60 à 120 gr., avec addition de 15 à 30 gr. de
vin blanc. Quand le malade a avalé ce mélange, on le couvre bien pour le
faire suer.
J'ai vu des paysans employer la décoction chaude de celte plante fraîche
pour faire avorter la pleurésie. Comme alors on se couvre beaucoup, afin
de provoquer la sueur, peut-être l'eau chaude prise abondamment produi-
rait-elle le môme effet.
Schroeder et Garidel s'accordent h dire que le suc de pâquerette, à la
dose de 4 onces, lâche le ventre. D'.iutres auteurs assurent que la décoction
des fleurs, ou des feuilles et des racines, est diurétique et sudorifique. Mur-
ray ne croit pas à celle plante des prnpriélés bien actives. Cependant, on
remarque an nombre de ses [jan^'^^ristes deux bommcs célèbirs, Baglivi et
Fouqnet. Le premier remployait contre h; calai-ihe sudoquant; le second
la donnait aux phlhisicjucs, mêlée, il est vrai, avec le gland de chêne et le
miel rosat. l*our moi, loul en lui refusant l'énergie qiiNtn lui a supposée, et
que l'on peut, dans beaucoup de cas attribuei' aux seiUs ellbris de la nature,
je ne la regarde pas comme (lé|)ourvue de propriétés. La vertu tondante
que lui avaient recoimiie les médecins (pie nous venons de citer était sans
doute basée sur la douce excilalion qu'elle exerce sur la luiiqueuse intesti-
nale, et dont il résidte un ell'et laxatif plus ou moins prononcé. Non-seule-
mcn(, j'ai |)u, counni» Hocpies, (î.omballre des constipations opiniâtres, au
moyen de la p:\queretle mangée en salade; mais j'ai aussi donné avec suc-
cès le suc de cette plante dans les engorgements abdominaux et les infiltra-
tions séreuses, suite de fièvres intermittentes. Il m'a réussi dans un cas
d'ictère, avec douleur, empâtement au foie et constipation. Le mélange de
ce suc et celui du pissenlit ou de fumctcrre est très-approprié aux aflèc-
tions dont nous venons de parler.
Cette plante vivace (PI. XXIX) croît dans les fentes des vieux murs, dans
les décombres. Elle est très-commune dans toute l'Europe.
Description. —
Racines fibreuses, J)lancliàtres. —
Tiges d'environ 60 centi-
mètres, tendres, cylindriques, rameuses, quelquefois un peu rougeàtres. Feuilles —
pétiolées, alternes, simples, ovales-lancéolées, un peu kiisanies en dessus, velues en
dessous. — Deux fleurs hermapiirodiles et une femelle renfermées dans un involucre
commun, petites, axillaires, velues, d'un blanc verdàtre, réunies par petits pelotons,
presque sessiles, le long des liges et des rameaux. Chacune de ces fleurs, excepté les
femelles, renferme quatre étamines se redressant avec élasticité et laissant échapper de
leurs anthères un petit nuage de pollen lorsqu'on les touche avec une épingle ou un
eorps quelconque {fleurit tout l'été). —
Ovaire plus gros dans les fleurs femelles, fertile
dans les fleurs hermaphrodites. —
Fruit akène ohlong tétragone, contenant des graines
:
décombres, est plus riche en principes actifs. Elle doit être sécliée promptement et à
Fétuvo, si on veut la conserver.
[Culture. —
Le nom de pariétaire a été donné b celte plante parce qu'elle croît
sur les vieux murs la plante sauvage sutTit aux besoins de la médecine; on peut la pro-
;
calidœ vehicido trihues », dit Murray. Barbier la regarde aussi comme ayant
une action émollientc peu prononcée et incapable d'opérer dans l'état de
maladie des changements bien importants.
que dans jardins boUuiiciues; elle préfère une exposition ondtragée, une teiie fraîche,
les
légère et substantielle; on la jjropajj'c de graines semées au printemps; elle est difficile
à élever.]
Pro|>rU*t<'M |iliyNî<|ueM et rliinii€|iiei«. —
La parisette a une odeur vi-
reuse, narc,(ili(iue, une saveur faible. (On a isole le principe actif, nomm»' parine ou
yaridiue, il |)eul être représenté |)ar ('.'-11' "()'; c'est une masse cristalline blanche,
Drillante, sans goùl, épaississant la salive, soluble dans 100 parties d'eau et dans
50 d'alco(d insoluble dans l'élher.)
;
Les teiiduriers se servent des feuilles bouillies avec l'alun, pour quelques teintures.
La parisette est une plante vénéneuse qui n'a point été suffisamment étu-
diée, et dont l'emploi demande une certaine circonspection. La baie est la
partie la plus délétère de la plante. En Angleterre, la parisette se nomme
truc-love (amour vrai), i)arce qu'on en faisait dos philtres amoureux, comme
avec toutes les plantes qui endorment ou qui provoquent des idées erotiques.
Le nom (.Vclranglc-Ioup qu'elle porte en France indique son énergie. Les baies
emi)oisonnent les gallinacés et les chiens. Gilibert a éprouvé des anxiétés
après avoir avalé deux baies mûres. J'ai répété cette expérience d'abord avec
deux baies, ensuite avec trois. La première dose m'a produit un léger senti-
ment de conslriclion à l'épigastre, suivi de pesanteur de tête et de propen-
sion au sommeil; cet effet n'a duré qu'une demi-heure. La seconde dose,
prise deux jours après, m'a fait éprouver les mêmes symptômes, mais plus
prononcés et avec nausées, inquiétudes vagues, rougeur à la face, besoin de
repos, et enfin effort de vomissement sans effet. Cet état n'a cessé complè-
tement qu'au bout de deux heures, et n'a eu aucune autre suite qu'une irri-
tation gastrique légère qui a duré deux jours.
Comment concilier ce que Yicat a observé a^vec ce que GiUbert et moi
avons éprouvé par l'ingestion des baies de parisette? Cet auteur parle de
deux fous qui, dans l'espace de vingt jours, furent guéris par l'usage d'un
gros (-4 gr.) de graines de cette plante par jour. Ne peut-on pas attribuer,
comme pour l'opium, l'innocuité d'une dose aussi élevée à l'exaltation du
système nerveux de ces deux maniaques?
(Leblanc, pharmacien à Boulogne-sur-Mer, a préparé sur mes indications
une teinture alcoolique et un extrait de baies de parisette. A l'aide de ces
agents, j'ai entrepris une série d'expériences ayant pour but de connaître
d'une façon précise la véritable action de cette plante. Je me suis servi de
la méthode des injections sous-cutanées comme offrant le plus de garanties
d'exactitude.
De ces expériences sur les animaux et de mes essais sur l'homme, dont
la relation sera publiée plus tard, quand la question aura été étudiée sous
toutes ses faces, je puis dès à présent conclure :
fièvre quotidienne, qui ne vomit point, mais qui eut cinq selles (2). Nous
constatons ici l'effet vomitif et non une propriété fébrifuge de la parisette :
tout autre émétique, ainsi que cela se voit assez fréquemment, aurait pu
couper la fièvre.
On doit conclure de tous ces faits que la parisette produit sur nos organes
des effets divers selon la partie de la plante qu'on emploie, et, surtout, selon
les doses auxquelles elle est administrée. Narcotique et antispasmodique à
dose altérante, elle devient vomitive et purgative à dose plus élevée. Dans le
premier cas, elle reste en contact avec les organes digestifs, et transmet au
système nerveux, par absorption ou autrement, son action délétère dans ;
le second, elle concentre toute cette action sur restomac et les intestins, en
y déterminant des contractions musculaires.
Je me propose de me livrer à des essais thérapeutiques afin de détermi-
,
ner d'une manière précise les cas où la parisette peut être employée avec
succès à dose altérante. La propriété présumée de cette plante contre l'em-
peperitis. Park.
Passerage à larges feuilles, — grande passeragc, — moutarde des Anglais.
Crccifères. — LÉPiDiNÉEs. Fam. nat. — Tetradvxamie siliculeuse. L.
Cette plante vivaee (PL XXIX) croît aux lieux ombragés et humides, aux
bords des rivières. On la cultive dans les jardins potagers pour l'usage de la
table.
Descrifition. —
Racine de la grosseur du doigt, blanchâtre, rampante. Tige —
d'environ 1 mètre de hauteur, moelleuse, dressée, simple et arrondie en bas, anguleuse
et rameuse en haut, couverte d'une poussière d'un vert glauque. Feuilles glabres, —
ovales-oblongues, d'un vert glauque, les intérieures pétiolées et dentées en scie, les
supérieures plus petites, entières et sessiles. —
Fleurs petites, blanches, en panicule
terminale (juillet-août). —
Calice à quatre sépales caducs. Corolle à quatre pétales—
blancs, égaux, disposés en croix. —
Six étamines létradynames, à peu près égales. —
AT
738 PASSER AGE.
[Culture. — La grande passerage se propage par semis ; elle demande une terre
légère et substantielle.]
Propriétés pliysiques et rliin«if|ues. — La grande passerage a l'odeur
et la saveur des crucifères. La saveur est plus prononcée dans les feuilles que dans les
fleurs ; .elle est piquante et très-Acre dans la racine. Lorsqu'on mâche cette dernière,
elle stimule les glandes salivaires cl provoque leur excrétion comme la racine de py-
rètlue. Comme la plupart des crucifères, elle contient de l'ammoniaque et de l'huile
volatile.
On sert les feuilles de cette plante sur la tahle comme la moutarde et le raifort, après
les avoir arrosées d'un peu de vinaigre. On mange également les jeunes feuilles en sa-
lade, ou bien on les mêle avec le bœuf, comme assaisonnement.
PRÉPARATIONS riIARMACEUTIQUES ET DOSES.
A l'intérieur. — Infusion des feuilles, de 30 à Eau distillée (1 sur 1 d'eau), de 30 à 100 gr.,
60 gr. par Ivilograniiiie d'eau ou de vin, en en potion.
3 ou II prises.
Suc, 60 à 120 gr. A l'extérieur. — Fomentations, lotions, cata-
Décoction des racines, de 16 à 32 gr. par kilo- plasmes.
gramme d'eau.
Celle espèce joiiil ù un nioiiKlrc dc-^ré des mr;mos propriétf^'s que 1 grande 1
essais sur les propriétés de la passerage, qui a été rayée, on ne sait trop
pourquoi, de la liste des médicaments, après y avoir figuré avec honneur
pendant vingt siècles (1).
PASSERAGE DES DÉCOMBRES, cresson des ruines, puette {Lcpidiuni
ruderale, L.). —
Petite plante annuelle^ qui croît dans les décombres, les
lieux stériles et froids.
Descriiitioii. — Tige plus petite (10 à 30 centimètres), dressée, lameuse, rameaux
étalés. — l'euilles radicales étalées en rosette, pétiolées, pinnaliséquées, les inférieures
(le même forme, les supérieures sessiles, linéaires ; pétales très-courts, souvent nuls
(mai-septembre).
Cette plante, qui a une forte odeur de cresson, a fourni à l'analyse, faite par Cagnon
et Leroux, un principe qu'ils nomment lépidine et auquel ils attribuent la propriété fé-
J)rifuge (2).
CRESSON ALKNOIS. —
passerage, cresson alénois, cresson des jardins,
NAsiTOKT (Lepidinm sativum, L ). —
Croit naturellement dans les lieux sté-
riles. On le cultive dans les jardins potagers; sa saveur est chaude, un peu
acre, piquante et très-agréable. On le mêle comme l'estragon et la capucine
;\ la salade de laitue pour en relever le goût.
La germination du cresson alénois est si prompte que Ton peut se procurer cette
plante fraîche en tout temps et en tout lieu. Semée sur du coton ou sur de la laine imbi-
bée d'eau, elle pousse comme en pleine terre, dans un appartement, même en hiver,
.l'en ai fait germer et croître au mois de janvier sur une planche recouverte d'une
couche If'gère de mousse entretenue luimide.
Les passerages, comme toutes les plantes du même genre, n'ont une giande énergie
qu'à l'état frais.
Cette plante bisannuelle se trouve dans les lieux arides, pierreux, les
vieux murs, les carrières, les décombres. Elle est cultivée comme plante
tinctoriale. Elle est excellente comme plante fourragère et de pâturage.
Description» — îia'^ine longue et fusiformc. — Tige de 4 à 8 décimètres.
l'ATlENCE. lUi
dressée, raido, rameuse en liaut, glabrf, lierissée A sa base; lariieaiix disposes. Feuilles —
radicales ohlongues, allénuiH's en pclioles, entières, ordinairement velues, les cauli-
naires lancéolees-sayilUW's, sessiles-enibrassantes, à i)eu près plaines. l-'leurs jaunes, —
petites, en grappes lerniinales (mai-juin). —
Calice à s<''pales étales, réfléchis. l'élales —
crucifères. —
Six (Haniines dépouivues d'appendices. Fruit : silicule ohlongue-obtuse, —
atténuée à la base, presque pendante à l'exlremile de [tedicules allongées-rdilormes.
Parties iimitéeco. — Les feuilles.
lavolée, à raison de 10 kilogr. de graine par lieclaie ; cultive poiu' la teinture, il de-
mande un sol plus riche, bien préparé et bien amendé ; on sème clair en rayon et on
bine.]
Les feuilles de pastel ont été regardées comme antiscorbutiques. Elles ont
«té employées avec succès, en teinture, contre le scorbut, par Aymen, mé-
decin à Caslillonès (2). «Il y a, dit Desbois, de Rocbeforl, des observations
sûres de caries et de douleurs ostéocopes scorbutiques, qui ont cédé à ce
seul moyen, La dose est d'une demi-once (IG gr.) à une once (32 gr.) en
légère décoction à vaisseau fermé. » Le suc est préférable on sait que la ;
PATIENCE. Rumex. L.
Ihimex paîientia. L. Laimthum liortense, folio oMoncjO, secundum
Dioscoridem. G. Bauh. Lapathum sativum. Dod. —
Patience officinale, — patience commune, — patience des jardins, — grande patience,
parelle, — dogue.
POLYGONACÉES. Fam. Hat. — HEXANDRIE TRIGYiME. L.
Cette plante vivacc (PL XXIX) croît en France dans les pâturages des
montagnes, et est cultivée dans les jardins pour l'usage médical.
Description —
Racines grosses, fort longues, fibreuses, pivotantes, brunes en
.
7Zi2 PATIENCE.
dans la patience sauvage, qu'on trouve en abondance dans les fossés, le long
des ruisseaux et dans les eaux stagnantes (2). Cet auteur ayant souvent
prescrit la racine de patience comme dépurative, le hasard lui fit découvrir
qu'elle était vomitive à la dose de 4 gr. en poudre. Afin de rendre son effet
plus certain, il faisait prendre par-dessus et peu à peu une décoction d'une
poignée de feuilles de vincetoxicum ou dompte-venin. Plus tard, Wauters
vit dans un manuscrit laissé par Michaux, professeur de botanique à Lou-
vain, que ce dernier avait depuis longtemps découvert et constaté par de
nombreux faits la propriété vomitive de la racine de patience pulvérisée.
J'ai vu des paysans se débarrasser promptement de la fièvre intermittente
en prenant une ou deux fois, dans l'intervalle apyrétique, la décoction de
deux poignées de racine fraîche de patience sauvage dans un litre d'eau-
de-vie réduit au tiers par l'ébullition. Après l'administration de ce remède,
le malade se couche enveloppé dans une couverte de laine, excite la sueur,
s'assoupit et tombe dans un état d'ivresse qui, seul, suffit pour expliquer
l'interruption de la périodicité morbide. Cependant, De Beunie (3) dit avoir
souvent guéri des fièvres quartes par l'usage de la simple décoction de ra-
cine de patience, lors même qu'elles avaient résisté au quinquina. Je n'ai
jamais eu l'occasion de vérifier les propriétés fébrifuges de cette racine ainsi
74/j PATIENCE.
PATIENXE AQUATIQUE. —
Parelle des marais. Parelle d'eau. — —
Herbe britannique. — Oseille
aquatique, {liumex aquaticus, L. Lapathwn
aquatiritm folio cubitale, C. liauh., Tourn. •
—
LapatJawi maximum sive liydro-
lapalhum. —
Hydrolapalhmn magnum, Ger. Hcvha britannica, Off.) —
Cette —
espèce vivace se trouve dans les lieux humides, aux bords des étangs et des
rivières, au milieu des roseaux, à cùté de la salicaire ou de l'eupatoire, où
elle se fait remarquer par sa vigueur et sa taille élevée.
Descriiition. —
Racine très-grosse, jaunâtre à rintérieur. Fp-uilles radicales —
Ilès-grandes, longues (de 'ÔO à 60 centimètres), lisses, ovales-lancéolées, péliotées et
planes ou un peu ondulées, non écliancrées en cœur à la base. Fleurs lierbacées, —
assez grandes, nombreuses, semi-verticillécs et disposées en épis longs et rameux (juin-
juillet).
I ATIENCE. TUb
2 kilofîr. de hon vin; laites iid'user pendant une nuit dans le vin à vase clos;
laites bouillir au hain-marie, h petit l'eu, jusquïi consomption du tiers, ou
pendant une hem-e et demie; passez par un linge et conservez la colature
dans une bouteille i)ien bouchée. Dose 100 gr. le matin à jeun pendant
:
(juinze jt)urs. Le même auteur faisait appliquer sur les ulcères, une fois
«'haque jour, les feuilles vertes pilées, ou bien le suc exprimé de toute la
plante, épaissi à pelil feu en consistance de miel.
Les propriétés chimiques et l'expérimentation thérapeuti([ue placent la
racine de [)alience aquatique à côté des astringents les plus énergiques.
Dubois, de Tournai, l'a administrée dans plusieurs cas où ces derniers
étaient indiqués, et en a obtenu des résultats avantageux. J'ai employé avec
un succès bien constaté la racine de patience aquatique dans plusieurs cas
de menstruations trop abondantes, mais à une dose plus élevée que celle
indiquée par Dubois (1/2 once pour 2 pintes d'eau). Dans un cas, j'ai été
obligé d'augmenter progressivement jusqu'à la dose de 80 gr. par litre
d'eau. Ce remède n'est pas nouveau. Flamant (j) le mettait en usage contre
les llueurs blanches et les pertes. Il faisait bouillir dans 1 litre 1/2 d'eau,
jusqu'à réduction de 1 litre, oOO gr. de rouelle de veau, avec sept ou huit
racines de patience ratissée et coupée par morceaux. Le malade prenait la
moitié de ce bouillon chaque matin pendant huit jours.
PATIENCE SANGUINE, —
oseille rolge, sandragon, —
herbe aux char- —
pentiers. [Uttmex samiiiineus, L. —
Lapalhum folio actito rubente, C. Bauh.)
Cette espèce, que l'on croit originaire de Virginie, est acclimatée enF'rance.
On la cultive dans les jardins plutùi pour la couleur de ses feuilles que pour
l'usage médical.
llescrii»tio». — Feuilles rougeàlres, péliolées et nervures d'un rouge de sang.
Celte espèce est plutôt astringente qu'apéritive ou diaphorétique, comme
la patience commune et les diverses autres espèces dont nous avons parlé.
Ses graines passent surtout pour astringentes.
Cette racine, fraîche, puriic comme celle de rhapontic; mais elle devient
un peu astrinjjente par la dessiccation. Dans les contrées où elle croît, elle
est d'un usage familier en tisane. Elle peut, suivant Roques, remplacer la
rhubarbe pour les usages médicaux, pourvu qu'on la donne à des doses un
peu plus fortes. Ce médecin prescrit la décoction de 30 à GO gr. de cette
racine dans 500 à i,000 gr. d'eau réduits aux deux tiers, à prendre par
tasses. On en augmente l'action en y ajoutant un peu de sulfate de soude ou
de magnésie. Ce remède domestique a été salutaire dans les affections mu-
queuses des organes digestifs, les obstructions viscérales avec atonie, les
maladies chroniques de la peau, etc.
à deux sépales liès-glabres, concaves, caduques. — Corolle à quatre pétales grands, fort
arrondis, d'une couleur pourpre-violette ou blancbe, marqués vers leur base d'une
lâche noirâtre. — Etamines très-nombreuses à anthères jaunes. — Huit ou quinze stig-
mates disposés en rayons soudés au sommet de l'ovaire. Fruit capsules globuleuses,
et :
Récolte. — Le pavot sonmifère, cultivé en Orient pour le suc qu'on en retire sous
(1) Ona calculé qu'au bout de peu d'années, un seul pied de pavot couvrirait la surface de
la terre, si toutes les semences fructifiaient; ce qui justifie l'exclamation d'Ovide Quoique :
le nom à'opium, ost cultivé dans lo Midi pour l'usage pliarniaceutiquc de ses capsules.
Ces dernières (lèles de pavol blanc) doivent <Mie récoltées avant la inalurilé des graines,
lorsqu'elles sont encore trés-succulenles. Les cajjsnles du conuncrce sont récollées trop
lard, lorsf|u<' les ^'raines ord niiiri aux dépens du suc du |)éricar|)e elles contiennent
:
par consé(|ii('ul moins de |»rincipes aciils. I.a substitution des Iruils verts et succulents
du pavot aux capsules sèclies du conunercc a quclqnetois [iroduit des accidents graves.
On croyait autrefois que les IcMcs de pavot ex|)C(lices du Midi de la l'iance élaienl plus
liclies en principes inédicaTiicntciix (pic celles (pie Ton if'cojle dans les jardins du Nord,
et surtout dans les lieux humides. Aujourd'hui on eni|)l(iie indilléremment ces capsules,
sans distinction de provenance (quoique celles du Midi soient en ciTel plus actives).
[Culture. — Le pavol de graines semées en place dans tous les ter-
est inulli|)lié
rains. I.e semis (Taulomne en juin et juillet; celui de IV'vrier et mars, un peu plus
lleuril
lard. Il existe deux varities de pavol sonuiili-re Tune
: tète longue, l'autre à tôle
.'i
londe, di'pressum. La |)remière est, dit-on, plus active. Pour l'extraction de l'huile, on
cultive le pavol noir ou à u'ilielte, qui se dislingue par ses capsules, plus nombreuses,
plus petites, et qui sont déliiscentes. Pour la récolte de l'opium, le pavol doit être cul-
tivé en planches élroiles, sé[)arées par un espace sufTisamnient large pour permettre le
passage d'un ouvrier. l,es plaies-bandes ne doivent pas être trop larges il faut que ;
ceaux de plomb, des huiles, des résines et beaucoup d'autres substances s'y trouvent
mêlées en plus ou moins grande quantité. On y introduit quelquefois beaucoup d'extrait
de pavot cornu. « 31ais une fraude plus sérieuse, dit Dorvault, est celle qui consiste à
épuiser l'opium de la morphine et à lui rendre son aspect primitif. On a vu des opiums
lefaits qui imitaient les opiums vierges de manière à tromper les plus fins connais-
seurs. »
Les anciens (Dioscoride, Pline) appelaient meconium l'opium obtenu par la contusion,
l'expression des capsules et des feuilles de la plante. Ce produit, qui, dit-on, est encore
fourni seul ou mêlé à l'opium par incision, est plus failde et explique naturellement les
différences que l'on observe entre les opiums du commerce. On ne trouve guère en
France que trois espèces commerciales d'opium, qu'il est important de distinguer, à
cause de la différence très-grande de leur richesse en morphine l'opium de Smyrne,
:
qui est le plus pur et le plus riche en morphine; l'opium de Constantinople; celui
d'Egypte, qui a reçu le nom de thébaïque. L'opium a été analysé par plusieurs chimistes.
Il contient la morphine, la codéine, la narcotine, l'acide méconique, un acide exlractif
:
La NARCOTiNE AzO" ''), connue aussi sous le nom de sel de Derosne, du nom
(C**"'!!-*
du chimiste qui découverte en 1803, est une matière solide, blanche ou un peu jau-
l'a
nâtre, inodore et insipide, cristallisant on prismes droits k base rhomboïdale, fusible,
insoluble dans l'eau froide, très-soluble dans l'élher, l'alcool et les huiles volatiles; sa
solulion est neutre aux couleurs végétales. Elle se combine avec les acides, et forme
avec eux des sels très-amers. L'opium en contient de 1 <à 8 pour 100.
La THÉBAïNE (C-HI'''AzO'', suivant Kane; C^^H*^* AzO'', suivant d'autres auteurs),
découverte par Thiboiimory, forme des cristaux blancs en aiguilles courtes, solubles
dans l'eau, l'alcool froids ol dans l'élher. Elle est plus acre qu'amère, alcaline, fusible à
130 degrés; elle no rougit pas par l'acide nitrique, ne donne pas de coloration bleue
avec les .sels de fer ])eroxydés. Elle forme avec les acides dilués des combinaisons cris-
tallisables encore peu connues.
(1) tl faut noter qu'il existe entre les chiinistes de grandes dissidences pour les formules des
.'ilcaloides de l'opium. Le Codex de 180G donne la suivante à la morphine, C"H''AzO*, 2HO,
»t à la codéine C"H^' AzO", 2 HO. Ces deux cquivalenis d'eau indiquent que le corps a été ob-
tenu par voie aqueuse; mais la solution dans l'éthcr absolu laisse déposer dis cristaux
iinhydres.
(2) Voyez Annuaire de Dourliardat, IP.'jR, p. 5.
l'AVOr. 7'|(>
f)Our les iisngcs alimenlaircs, se rapproclienl de l'huile d'olive. D'une belle couleui
)londe, d'une saveur af^réaMo, elle ne raiicil pas et se conserve plus longtemps que
riiuilc d'olive, <^laquell<> on la nit"-!»' en plus ou nmins ^'landc (pianlil»'; on l'cniploif
tnùnie exclusivement dans le Nord, sans s'en douler II est liès-lacije de reconnaîlie celte
fraude. I/lniile d'olive se coagule d^s que le lliernioniètre est à 8 ou 10 degr(''s au-des-
sus de zi^ro, tandis que celle d'o'illette ne se congèle (|u';'i 10 degrés au-dessous de zéro.
Les traités de chimie indi(]uent plusieurs moyens de reconnaiire ces falsifications.
I/huile d'(rillellc, élanl siccative, ne peut ser\ir à l'éclairage; mais les peintres s'en
servent quel(|uefois et augmentent encore ses propriétés siccatives en la faisant cuire
avec un nouet contenant de la litharge. Le marc qui reste après l'expression de l'huile
sert h nouriir les vaches, les porcs et les oiseaux de hasse cour.
Les anciens rangeaient les semences de pavot [)armi les suhstances alimentaires. Elles
sont encore enq)loy('es dans différents mets à 'l'rente, en l'ologne, en Hongrie et dans
diverses parties de l'Orient. En Italie, et surtout (Jénes, on en faisait de petites dragées
.'i
que les dames, au rapport de Tournefort, aimaient heaucoup. Ces semences, puiement
oléagineuses et féculentes, pouiraient être enqiloyées comme alinn-nlaires. (Cependant,
selon Meurein (de Lille), elles cordiendraient de la morphine dans l'épisperme.)
Oj'itm iNoir.KNE. —
On peut (djtenir du pavot de nos contrées tenq)érées un opium
dont les (jualités ont été constatées par l'analyse chimique et par l'expérimentation thé-
rapeutique. Melon a eu la première idée de l'extraction de cette suhstance du pavot
somnifère. « Nous sonuues persuadé, dit Bodart, qu'il est possible d'extraire de l'opium
des tètes de pavot cultivé en France, et surtout dans nos départements du Alidi La
Calahre , certaines parties de l'Italie, la 'J'oscane où nous avons vu des champs
,
entiers de pavots portant des tètes extrêmement grosses; l'Espagne, le Portugal, les
départements du Midi, et surtout celui de Vaucluse, de la Drome, des Bouches-du-
Uhône, sont les lieux où il conviendrait de renouveler les essais avec la précision
convenable Les expériences de Falk, à Stockholm; d'Alslon, à Edimbourg, qui, dans
l'espace d'une heure, recueillit 1 gros d'opium; de Charas, de Dillen, de Ilaller, à Gol-
tingue; de Tralles, en Silésie, doivent encourager à tenter de nouveaux essais pour ob-
tenir UH véritable opium indigène, soit par le choix du terrain ou du climat, soit par la
manière de le préparer et de l'administrer. » Bella ou Bail, comme l'appelle Simpson,
présenta des échantillons d'opiiuu récolté en Angleterre, ;i la Soeiété d'encouragement,
en 1796, peu inférieur à l'opium oriental.
Loiseleur-Deslongchamps a conclu d'expériences nombi-euses, faites avec autant de
soin que d'exactitude 1" que l'opium indigène retiré du suc qui s'écoule des tètes de
:
pavot égalait en vertu l'opium gorameux, et pouvait être donné aux mômes doses;
2° que l'extrait retiré du suc provenant de la contusion et de l'expression des têtes de
pavot vertes et des pédoncules doit être employé à double dose de l'opium gommeux:
3° que l'extrait obtenu du suc vert des tiges et des feuilles du même pavot doit être em-
ployé à dose quadruple de l'extrait gommeux du commerce; li° que l'extrait des têtes
de pavot obtenu par décoction n'a pas plus de vertu que le précédent et exige une dé-
pense double pour la manipulation; 5° que l'extrait retiré par la décoction des têtes
sèches offre le même inconvénient et est encore plus faible; il en faut 8 grains pour
équivaloir à 1 grain d'extrait gommeux; cependant on peut en préparer pour utiliser les
tètes de pavot, qu'on jette après en avoir retiré la graine pour fabriquer l'huile d'œil-
lelte.
[Malgré de Petit (de Corbeil), d'Aubcrgier (de Clermont), de Bénard et de
les efforts
Descharmes (d'Amiens), etc., la culture du pavot, au point de vue de la production de
l'opium, n'est pas faite et est improductive. D'un autre côté, il est bien démontré au-
jourd'hui que le pavot pourpre, auquel Aubergier donne la préférence, pas plus que
tout autre pavot, ne donne l'opium à un litre fixe, et le prétendu opium titré à 10 pour
100 n'est qu'un opium fait de toutes pièces par le mélange de divers opiums. Ajoutons
enlln que nous ne voyons aucune nécessité à adopter le nom d'affium (nom persan de
l'opium) pour désigner l'opium indigène.
Hardy et d'autres expérimentateurs ont obtenu en Algérie de bons opiums du pavot
blanc, titrant 8 à 9 pour 100 de morphine. Quant à l'opium du pavot-œillelfe, il ré-
sulte des recherches de Descharmes, Bénard, Acar, iMialhe, Guibourt, Réveil, etc., qu'il
contient habituellement de 18 à 26 pour 100 de morphine.]
le sirop diacode avec l'extrait d'opium, en vinaigre, 600 gr.; safran, 8 gr.; muscades,
l'employant dans les proportions suivantes : 25 gr.; sucre, 50 gr. Pulvérisez grossière-
extrait d'opium, 50 centigr.; eau distillée. ment l'opium, les muscades et le safran;
Il gr. 50 centigr.; sirop de sucre, 995 gr.; 20 faites macérer huit jours avec les trois
gr. de sirop contiennent 1 centigr. d'extrait quarts du vinaigre chauffez une demi-
;
Vin d'opium composé ou laudanum liquide de distillée, 8 gr.; sii-op de sucre, 990 gr. (20
Sydenham (opium choisi, 64 gr.; safran, 32 ; gr. contiennent 4 centigr. d'extrait). Très- —
cannelle, 4; girofle, U; vin de Malaga, 500. usité.
Macérer quinze jours, passer, exprimer for- Sirop de Karabé (sirop d'opium, 100 gr.; es-
PAVOT. 751
prit volatil de succin, 50 cnntigr.), 20 h 500 gr.; acide citrique, Q. S. pour dissou-
30 gr., en potion. dre; 20 gr. contiennent 1 centigr. de nar-
<Liqiicur sédativo do IJaltloy. —
C'est une so- céine), de 1 à 10 centigr.
lution aquoiiso d'opium, trte-usitée en An- A l'extérieur. — Extrait d'opium , 10 à CO
gleterre, dont \d composition est secrète. centigr. par 30 gr. d'eau, pour fomentation,
On suppose qu'ellt! rtîpond à la suivante : injection, gargarisme, collyre, etc.; 1 à 2
Prenez, opium de Sniyrne en poudic;, 1 par- sur 30 d'axotige, pour pommade.
tic; sable bien lav('', U parties. Mêlez vt Teinture et laudanum de Sydenliam, de 3 à
mouillez avec de l'eau; introduisez dans 5 sur 30 de liquide, pour lotions, fomen-
un appareil k déplacement et versez eau tations, etc., ou de cérat, pour Uniment,
(listilii'c à 15 degrés, jusqu'à ce que l'eau pommade.
«pii passe ait perdu tniiie couleur et toute Morphine et ses sols en poudre, 2 à 10 centigr.
senteur. Kv!ii)orrz la li(|ueiir (;\ la vapeur par la méthode ciidornii<|ue ou en solution
ou au bain-marie) jusqu'à consistance pilu- dans 100 gr. d'eau, pour injections, lotions,
lairc. l'renez de cet extrait 3 onces ('JG gr.), fomentations; 1 sur 20 d'axonge, pour pom-
et eau distillée 30 onces fluides. Mêlez.— made.
— Faites bouillir deux minutes; laissez re- (Solution de chlorhydrate de morphine (le sel
froidir; fdtrez. — Ajoutez G onces d'esprit le plus soluble) au vingtième, pour injec-
de vin et eau distillée Q. S. pour faire en- tions sous-cutanées. On emploie aussi lo
viron 40 onces; doses, de 10 à /lO gouttes sulfate, mais plus rarement. On peut com-
(40 gouttes équivalent à GO gouttes de lau- mencer par 1/2 centigr. et aller à 5 centigr.,
danum). (Cooley.) et même au delà, suivant la tolérance ou
les indications.
MORPHINE. —
Acétate, citrate, sulfate ou Bricheieau (1) adopte une solution aussi
chlorhydrate, 1, 2 et pi'ogressivement 3, li, concentrée que possible : 20 centigr. pour
h cause de leur solubilité, 5 centigr., en gr. d'eau (1 goutte contient l//j de centi-
potions, poudre, pilules. —
Plus souvent
Il
La capsule du Pavot, ainsi que nous l'avons dit plus haut, contenant en
moindre proportion les mêmes principes que l'opium, jouit à un plus faible
degré des mômes propriétés, et est employée dans les mêmes cas que ce
dernier. Mais son action est plus incertaine que celle de l'opium, et il est
difficile d'établir avec certitude des rapports de thérapeutique entre eux, à
cause des variations -qui se rencontrent dans la composition des têtes de
pavot, suivant le climat oii la plante est venue (les pavois du Midi contenant
plus de principes actifs que ceux du Nord), l'époque de leur récolte, la
température plus ou moins élevée qui a régné, les soins apportés à leur
dessiccation, etc.
Je donne à l'intérieur l'infusion de têtes de pavot sèches à la dose de
2 à 6 gr. pour 500 gr. d'eau. J'augmente cette dose selon les eifets produits.
Cette infusion miellée ou sucrée est calmante, et convient, prise par demi-
tasses, dans les affections catarrhales, les toux nerveuses, les irritations in-
testinales, les diarrhées, la dysenterie, les vomissements spasmodiques, les
fièvres intermittentes et éruptives, les douleurs du cancer, la blennorrhagie,
le catarrhe, etc.
48
754 PAVOT.
tion. La face est pâle, la physionomie calme, les pupilles ordinairement con-
tractées, presque insensibles à la lumière; la peau a sa chaleur naturelle et
est môme quelquefois froide; le pouls est développé, plein, large, fort ou
petit, serré et très-accéléré. Des mouvements convulsifs ont lieu dans quel-
ques parties du corps, ainsi que quelques tremblements passagers. Dans
certains cas et surtout chez les jeunes enfants, on observe des convulsions
,
quatre heures, ehe/, une dame qui s'était introduit dans une dent cariée un
peu de colon imbibé de laudamnu liquide.
Des ar^eidents f^raves et même la mort ont souvent li(!U chez les enfants,
et surtout chez les nouveau-nés, |)ar la dose la plus légèic d'oi)ium; il pro-
duit chez eu\ l'assoupissenuMil, rinsensii)ililé et les convidsions.
((viande Bernai'd, dans des expériences dont nous reproduisons plus loin
(p. TSri) les résultats, a établi (pu* les jemies animaux étaient aussi beaucou[)
])lus sensibles aux ell'ets des alcaloïdes de i'opiuin. Dans ses leçons cliniques,
Trousseau insistait avec énergie sur l'ij^noiance où sont encore beaucoup de
médecins, quant ;\ cette e/ïcessive susceptibilité des cnlants pour l'opimu ou
ses préparations. On i};nore trop souvent, disait-il, qu'à l'ilge d'un an, par
exemple, une seule goutte de laudanum deSydenliam, c'est-à-dire un vingt-
deuxième de grain d'opium, est un narcotique (pii stupéfie l'enfant pour
deux jours. L'Annuaire de Bouchardat (I808) relate, page 7, un cas d'empoi-
sonnement mortel d'un enfant de quatre jours par environ deux gouttes d("
laudanum.)
Chez les vieillards, l'opium, même en très-petite quantité, favorise les
congestions cérébrales ou anéantit promptement le principe vital déjà très-
affaibli. J'ai vu le sirop diacode, donné le soir à la dose de^Ogr. à un vieillard
de soixante-dix-neuf ans, pour calmer la toux, causer promptement le nar-
cotisme et la mort.
De hautes doses d'opium peuvent être supportées quand on y est arrivé
par degrés, et que l'habitude a produit l'émoussement. (Cependant il arrive
un moment où l'organisme se révolte de ces perturbations. Nous trouvons
un exemple de cette non-tolérance dans la dégradation physique et morale
dans laquelle tombent les fumeurs et les mangeurs d'opium en Chine, où,
malgré les décrets condamnant à mort ceux qui fument ou vendent l'opium,
un bon fumeur en consomme environ 3 gr. par jour; mais quelquefois la dose
s'élève jusqu'à 100 gr. Suivant Libermann (1), la vie de ce malheureux se di-
vise en trois phases une phase préparatoire où l'économie se débat avant
:
éclatent les suites déplorables de cette funeste passion par une intoxication
lente, le narcotisme chronique, par une désorganisation graduelle, finissant
par amener la mort.
Nous regrettons que le cadre, déjà trop grand, de ce livre ne nous per-
mette pas de reproduire ici une partie de cette étude remarquable à plus
d'un titre. Lisez ce travail d'un médecin philosophe; suivez avec lui l'affais-
sement graduel de l'être, d'excitation en excitation, poussé à la déprava-
tion, au suicide, etc. Nous devons cependant tout particulièrement signaler
à votre attention l'insensibilité cutanée soutenue, qui succède à l'usage pro-
longé de la fumée de l'opium et se manifeste même en dehors de la durée de
l'ivresse opiacée. Des fumeurs parfaitement éveillés peuvent garder sur un
point de leur corps, pendant quelques minutes, un charbon ardent sans
s'en apercevoir. Nous aurons à établir un point de comparaison entre ces
phénomènes et l'application de l'opium à l'anesthésie chirurgicale).
Lorsqu'un état morbide particulier l'exige, les doses d'opium peuvent être
singulièrement élevées; dans ce dernier cas, les narcotiques sont d'autant
plus facilement supportés et produisent d'autant moins d'effet que la dou-
leur est plus vive, que le spasme est plus prononcé, que le système nerveux
est plus exalté. L'administration de l'opium à grande dose dans le tétanos
en est une preuve. On a donné dans cette affection jusqu'à 30 gr., et même
beaucoup plus, de laudanum liquide de Sydenham dans les vingt-quatre
heures, sans produire la sédation du système nerveux.
(1) Les Fumeurs d'opium en Chine. Paris, 1802, V. Rozier, gr. in-S".
766 PAVOT.
non scdat, s'écriait-il. Suivant cet auteur, la vive réaction qu'il provoque
amène l'épuisement des forces, la faiblesse indirecte. Ainsi que Brown,
l'école italienne considère l'opium comme hypersthénisant, et l'asthénie
apparente qu'il finit par produire, comme résultant de l'oppression des
forces. Suivant Wirtensohn et Barbier, d'Amiens, ce médicament affaiblit
la sensibilité, diminue la vitalité des organes, et s'il y a activité de la circu-
lation , fréquence et développement du pouls^ congestion sanguine au
cerveau, etc., c'est parce que le sang, ne pouvant plus franchir les capillaires
débilités, frappés de stupeur, reflue dans les vaisseaux, fait réagir le cœur,
qui, par des efforts redoublés, mais inutiles, le repousse vers ces mêmes
capillaires, où il devient de plus en plus stagnant. Brachet, comme CuUen,
attribue les effets de l'opium à la sédation exclusive du système nerveux.
D'après Stahl et Bosquillon, cette substance est à la fois stimulante et séda-
tive. Hufeland adopte et développe cette opinion : il distingue dans l'opium
Tout porte à croire que l'opium, regardé à tort par beaucoup de méde-
cins comme irritant primitivement le système entier, et produisant les effets
narcotiques comme conséquence de la surexcitation, est simultanément et
puissamment sédatif du système nerveux et excitant du système sanguin.
Celte opinion, fondée sur l'observation, n'est pas nouvelle. La propriété à la
fois sédative et excitante de l'opium n'a pu échapper à l'admirable sagacité
de Sydcnham Rudis enim sit oportet et ]}a7'uin compertam hahent hujus medi-
:
ment des pupilles, établit une différence bien tranchée entre les effets des
préparations d'opium et ceux des solanées, telles que la jusquiame, la bel-
ladone, la stramoine appliqué localement, il engourdit la partie, la rend
;
3° Sur les surfaces exhalantes du tube digestif et des voies aériennes, il dimi-
nue la sécrétion de ces surfaces, en engourdissant les vaisseaux excréteurs,
et donne ainsi lieu à la perversion des digestions, à la sécheresse de la
gorge, à la soif, à la suspension ou à la suppression de l'expectoration, à la
constipation à dose un peu forte, il produit le vomissement ou de simples
;
envies de vomir;
A" Sur le système cutané ou les vaisseaux capillaires, il produit, d'une
part, en raison de l'activité artérielle, l'accroissement du mouvement vers
la périphérie (manifesté souvent par un prurit insupportable et caractéri-
stique), et, de l'autre, par l'effet sédatif, la cessation du spasme de la peau,
le relâchement des orifices vasculaires; de là, l'augmentation de la perspi-
ration, la diaphorèse, l'éruption miliaire. Les sueurs sont toujours plus
abondantes chez la femme que chez l'homme ;
l'effet bien incertain de la lumée d'opium sur l'excilalion des organes géni-
taux.)
Favorise-t-il la sécrétion urinaire, ou ne lait-il qu'exciter la vessie, qui se
débarrasse alors de l'urine qu'elle contient? La diminution de l'urine
s'observe beaucoup plus souvent que l'augmenlation. Celte dernière a plus
l'honunc.
rré(pit'innieiil lieu clicz
(Ces variations dacliou, (pii pourraient inipli(pier une idéed'ellet contra-
dictoire, tiennent évideuuuenl aux doses employées h. baute
: dose, l'urine
devi<Mil rouge et rare; l'expulsion de ce liquide réclame souvent des eflorffs
considérables, tandis qu'une dose minime est souvent suivie d'un véritable
11 ux.)
L'exbalation menstruelle est quelquefois modiliée. Kn général, elle est
augmentée ou bâtée. On Ta vue, après avoir cessé depuis quelque temps,
se rétablir pendant l'usage de l'opium. Smith (1) signale cinq cas où les
règles furent supprimées pendant l'usage de cette substance; dans quatre il
avait été donné comme calmant, dans le cinquième pour remédier à une
menstruation trop abondante, et dans cinq cas la suppression ne fut suivie
d'aucun accident. Cbez deux les règles revinrent aussitôt qu'on cessa l'usage
de l'opium; dans le dernier, où cet usage fut continué un an à l'insu du
médecin, les règles, après avoir graduellement diminué, cessèrent complè-
tement au bout de l'année.
Tels sont les effets de la médication opiacée; ils sont tels, que l'un est
inséparable de l'autre, et que le médecin ne saurait les obtenir isolément.
Toutefois, ils n'ont pas une égale constance. La propriété narcotique, qui
est la plus remarquable, ne se manifeste pas toujours; certains sujets, au
lieu d'éprouver un effet sédatif, sont surexcités par l'opium, tandis que
chez d'autres, ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer, il détermine, à
très-petites doses, un narcotisme profond. Il produit parfois, sans autre ef-
fet, des vomissements violents ou un délire qui peut aller jusqu'à la fureur.
J'ai rencontré des femmes chez lesquelles il faisait naître des symptômes
d'hystérie. Ces effets exceptionnels, qui attestent, tantôt une réaction vive
et anomale, tantôt un système nerveux très-facile à déprimer, sont tout à
fait idiosyncrasiques, et n'infirment en rien ce que nous avons dit de l'ac-
tion ordinaire de l'opium,
(Nous verrons bientôt, en reproduisant les expériences de Claude Bernard
sur les alcaloïdes de l'opium, que cet illustre physiologiste a pu assigner à
chacun d'eux un rôle particulier dans la production des phénomènes si
complexes de l'action de l'opium.)
De cette action bien appréciée découlent les indications et les contre-
indications de l'emploi thérapeutique de ce médicament. Exposons à ce
sujet quelques préceptes généraux.
L'opium est indiqué :
1" Dans l'état morbide dit nerveux ou spasmodique, pourvu qu'avec l'exal-
tation de la sensibilité il y ait en même temps diminution de l'énergie du
système sanguin. Plus ce désaccord est prononcé, plus l'opium convient.
En conséquence, il est toujours donné avec succès dans les cas qui en récla-
ment l'emploi, lorsque des perles abondantes d'humeurs ou des émissions
sanguines ont préalablement amené l'affaiblissement de la vie organique;
2» Dans les douleurs, dont il est le spécifique, surtout quant elles sont
essentiellement nerveuses, comme dans les névralgies, la gastralgie, la
colique, etc. La douleur qui tient à toute autre irritation ou à linflamma-
NÉVROSES. —
Ici, l'action de l'opium est d'autant plus efficace qu'elle est
directement portée sur le système qui est le siège de la maladie. Ce médica-
ment est d'une grande utilité dans l'insomnie nerveuse, les névralgies, les
vomissements et les toux spasmodiques, en un mot, dans la plupart des
névroses. Cependant, certaines affections nerveuses résistent à l'effet de
l'opium, ou même empirent sous son influence telles sont, dans certaines
:
Hystérie. —
I/opium est regardé [)ar un assez grand nond)rc de i)raliciens
couiine généralement utile dans Thyslérie, surtout lorsqu'il existe des dou-
leurs aiguës, (elles que le clou hystérique, les crampes. Les topiques opia-
cés rendent alors de grands services. Uichat (I) conseillait, dans l'hystérie,
les injections vaginales avec des préparations d'opium. Uni aux antispa-
smodiques, disent Trousseau et Pidoux, roi)ium est évidemment utile dans
l'hystérie; une mixture dans laquelle entrent l'opium, l'assa lœtida etl'cther,
nous a paru convenir à la plupart des phénomènes hystériques. « De tous
les agents thérapeutiques, il n'en est aucun, dit Gendrin, qui soit plus ap-
{)roprié à la curation de l'hystérie que l'opium à haute dose. En commençant
par riO cenligr. par jour, on arrive à GO, 75 centigr., progressivement, avant
d'avoir un ellet narcotique des que cet effet se produit, tous les accidents
;
hystériques décroissent, et l'on est obligé de diminuer chaque jour les doses
d'opium qui provoquent alors la somnolence. Je guéris par ce moyen plus
de la moitié des hystériques (2). » Opposons à cette opinion celle de Lan-
douzy « J'ai vu, dit ce praticien, comme le médecin de la Pitié, des hysté-
:
l'opium a donc réussi complètement dans les quatre cinquièmes des cas de
délire général, et dans un peu plus de la moitié des cas de folie partielle.
Parmi les trois malades dont l'état fut seulement amélioré, il y avait deux
monomaniaques et un maniaque. Les sujets chez lesquels la médication a
échoué étaient des monomaniaques. Les préparations que Michéa a em-
ployées sont l'extrait gommeux d'opium et le chlorhydrate de morphine,
mêlés dans du vin, du chocolat, du café au lait, du bouillon ou des potages,
de manière à les dérober à la vue et au goût des malades. Les quantités les
plus fortes d'extrait gommeux d'opium, pour toute la durée du traitement,
ont été de 9 gr. 8 centigr. les plus faibles
; de 3 gr. 9 décigr.
, les ;
moyen, qu'au bout de huit à dix jours. Sur ces quatre-vingt-quatre cas, il
y a eu occasion d'observer cinq rechutes, quatre paralysies, trois encépha-
lopathies. Dans vingt-cinq cas d'intensité variable, la maladie a résisté à
cette médication; mais, dans huit cas de colique violente, et deux d'inten-
sité moyenne, les opiacés ont fait cesser en quelques jours la colique après
même le vomissement, dès qu'il survient par son usage quelques accidents
nerveux. On l'a vu produire cet effet à des doses bien minimes. Mais c'est
là une exception. En général, il réussit dans les vomissements nerveux et
dans ceux des femmes enceintes, bien que la belladone dans ces cas doive
lui être préférée.
Dysménorrhée, hystéralgie. —
Le laudanum, administré dans de petits
lavements, calme presque immédiatement les douleurs qui précèdent ou
accompagnent la menstruation, qu'elle favorise en même temps. Les dou-
leurs utérines en général, même pendant la grossesse, sont le plus souvent
calmées par ces lavements. Mais il faut quelquefois porter la dose à 20 et
30 gouttes pour obtenir l'effet désiré. Il est à remarquer que les femmes
enceintes, comme celles qui sont dans leurs règles, tolèrent plus facilement
l'opium.
Affections nerveuses traumatiques ; —
délire des blessés ; accidents divers; —
suites de hlessm-es. —
« Lorsque après avoir reçu une blessure grave ou
perdu beaucoup de sang, dit Hufeland, le malade est étendu sur son lit en
proie à des spasmes, raide et à demi mort, ou, lorsque, dans de semblables
circonstances, les douleurs deviennent excessivement violentes au second
ou au troisième jour le pouls et tout l'extérieur annoncent un état nerveux,
;
l'inflammation n'a point une couleur vive, et la suppuration est plus icho-
reuse que purulente; il n'y a que l'opium qui puisse changer la scène avec
rapidité, parce que, d'un même coup, il apaise la douleur, fait cesser le
spasme, relève la force vitale, et corrige le travail de l'inflammation et de
la suppuration par son action toute spéciale sur le système sanguin et la
plasticité du sang. »
Suivant Padioleau (2), Malgaigne (3) et Maclachlan (4), l'inflammation
traumatique, qui succède aux grandes opérations chirurgicales, se compose
de deux éléments l'élément nerveux, ou la douleur, et la fluxion sanguine.
:
Chez les opérés, comme clicz les blessés, pour calmer la douleur et
((
provoquer le sommeil dans les cas de diarrhées, et, en f^énéral, dans toutes
les circonstances où elles sont indiquées, Malgaigne administre les prépara-
tions d'opiunj de la manière suivante :
11
(( prescrit une pilule d'extrait gommeux d'opium de 5 centigr., de
trois heures en trois heures, et \)\us ordinairement de quatre heures en
quatre heures, jusqu'il production d'eflet; ou bien une jjotion de 120 gr.
contenant de 30 à GO gouttes de laudanum de Sydenham, à prendre par
cuillerées ;\ bouche dans les vingt-quatre heures
« Une chose singulière, c'est que l'opium h cette dose fait peu dormir;
il produit jjlutôt un sentiment de bien-ôtrc (jui se réfléchit sur la figure des
—
(De l'emploi de l'opium dans l'anesthésie chirurgicale. La pensée d'abolir
ou de diminuer la douleur causée par une action traumatique ou chirurgi-
cale remonte à une époque très-reculée. (Voyez Mandragore, p. 611.) L'usage
de l'opium, dans ce cas, n'a été sérieusement expérimenté que vers la fin
du dernier siècle. Sassard (1) est le premier qui l'ait proposé scientifique-
ment. Les faits se sont multipliés depuis. Hermann Demme (2) a pratiqué
une désarticulation coxo-fémorale chez une femme narcotisée à l'aide de
l'opium. La malade dormit tout le temps de l'opération et ne poussa qu'un
léger cri plaintif. Dauriol affirme, dans cinq cas, avoir obtenu une anesthé-
sie complète (3). En donnant l'extrait d'opium, pendant dix jours, à la dose
progressive de 5 à 50 centigr., Scrive (4) put disséquer une tumeur éléphan-
tiasique du scrotum, sans que le malade manifestât la moindre douleur.
Nous avons, du reste, signalé l'anesthésie particulière de la surface cutanée
chez les fumeurs d'opium depuis longtemps adonnés à cette habitude fa-
tale.
Jusque-là, les tentatives d'action anesthésique avec l'opium avaient eu des
résultats douteux, et l'infidélité même du moyen en avait empêché la vul-
garisation; mais où l'opium ne réussissait pas d'une façon constante comme
agent exclusif, Nussbaum l'utilisa comme adjuvant anesthésique. L'influence
prolongée du chloroforme présente des dangers; il tenta le premier d'y
suppléer en pratiquant l'injection sous-cutanée d'une solution de 5 centigr.
d'acétate de morphine. Il est bon de noter que, dans les cas cités par ce
praticien, ainsi que dans les expériences instituées par Rabot près de la
Société de médecine de Versailles (5), les injections, faites en dehors de
l'élat d'anesthésie chloroformique, ont complètement échoué, ou n'ont
amené qu'une ivresse, une torpeur momentanées, tandis qu'avec l'anesthésie
préalable le sommeil se prolonge plusieurs heures.
Liegard (6), pour obvier aux douleurs intolérables que détermine trop sou-
vent la compression digitale dans les anévrysmes, propose d'avoir recours à
l'anesthésie ainsi prolongée.)
Rhumatisme. —
Le rhumatisme articulaire apyrétique, quelque doulou-
reux qu'il soit, est rapidement guéri par l'application de la morphine sur le
derme dénudé. Deux ou trois pansements suffisent ordinairement. Ce moyen,
préconisé par Trousseau et Pidoux, est cependant peu employé. L'opium, à
l'intérieur et à dose élevée, produit souvent le même effet, mais avec moins
de certitude.
Trousseau et Pidoux ont vu le rhumatisme aigu céder quelquefois avec
une grande facilité aux applications locales de sel de morphine; mais il faut,
disent-ils, faire deux fois par jour des pansements avec le plus grand soin;
multiplier les vésicatoires ammoniacaux en raison de la multiplicité des
Ilhtanatismc aigu. —
Après la saif^mée répétée, et lorsque l'état inflamma-
toire est considérablement diminué, j'emploie toujours avec succès l'opium
dans le rhumatisme aip,u. Je donne 5 centigr. d'extrait aqueux de cette sub-
stance toutes les deux heures; il ne provoque pas le sommeil, mais il calme
la douleur et produit une transpiration continuelle qui donne quelquefois
lieu à une éruption cutanée, ordinairement de forme miliaire. Lorsque j'ai
trop à craindre l'action stimulante de l'opium sur le système sanguin, je
joins à l'usage de ce médicament celui du tartre stibié à dose contro-stimu-
lante. Je donne alternativement 5 centigr. de ce dernier et autant d'extrait
gommeux d'opium, toutes les trois heures d'abord, ensuite toutes les deux
heures, et môme toutes les heures. Lorsque le tartre stibié ne provoque pas
d'évacuations alvines, je fais administrer l'huile de ricin tous les deux jours.
Ce traitement, en diminuant à la fois l'activité du système sanguin et léré-
thisme nerveux, tandis qu'il stimule au contraire le système cutané, dont il
favorise les fonctions sécrétoires, prévient la rétrocession de l'affection sur
le péricarde, modère les symptômes et abrège considérablement la durée de
la maladie.
Inflammations internes. —
L'opium, en principe général, est nuisible
dans les inflammations. Cependant, ainsi que le fait judicieusement remar-
quer Hufeland, quand, après avoir convenablement insisté sur les émissions
sanguines générales et locales, on voit les symptômes de l'inflammation per-
sister, comme cela arrive quelquefois dans la pleurésie à l'égard du point de
côté, de la toux et de la difficulté de respirer, avec pouls fébrile, petit et
ne permettant plus la saignée, l'opium est l'unique remède: il éteint l'excès
de sensibilité, le spasme, et rend en môme temps aux vaisseaux le degré
d'énergie nécessaire à la résorption du sang stagnant dans la partie affectée.
Quatre saignées, au rapport d'Huxam, n'avaient pas guéri complètement
/i9
770 PAVOT.
une fièvre avec violente douleur de côté. Le laudanum et le sirop diacode,
à dose élevée, calmèrent la douleur d'abord, et ensuite les autres sym-
ptômes. « J'ai éprouvé, dans une multitude de cas, ajoute le même auteur,
que cette méthode est très-efficace et très-salutaire. » Quand, après les
émissions sanguines suffisantes, la douleur conservait son intensité, Sar-
conne donnait de l'opium toutes les trois heures jusqu'à ce que le calme
fût revenu. Mais il ne faut pas perdre de vue que les opiacés ne conviennent
que lorsque l'état purement inflammatoire primitif est presque entièrement
dissipé, et qu'il a fait place à la débilité générale, avec persistance d'un état
nerveux ou spasmodique. Toutefois, ne laissons pas ignorer qu'il y a des
pleurésies dans lesquelles l'inflammation est subordonnée, dès le principe,
à la douleur, à l'élément essentiellement nerveux, et qui sont efficacement
combattues par l'opium quand les saignées générales et locales ont été tout
à fait infructueuses.
Le praticien ne confondra point l'oppression des forces, que l'on observe
quelquefois dans l'inflammation portée à un haut degré, comme dans quel-
ques cas de pneumonie et de pleuropneumonie, avec la débilité réelle :
cette apparence de faiblesse est combattue rationnellement par la saignée,
tandis que l'opium ne fait que l'aggraver en procurant un calme trompeur :
Boudin ot Sandras (I) ont essayô l'opium à dos doses successivemont crois-
santes dans la niéningile épiiiéniitiue ou cérébro-spinale, maladie qui parait
avoir plus d'allinité avec les névroses qu'avec les inllaminalions. Ces méde-
cins alTiMuent avoir ohleiui la j;uérison de celte aUVction d'uiH! manière plus
rapide et |)lus complète (|ue ])ar tout autre médication. —
Dans deux épi-
démies qui euicnt lieu ;\ Avignon, à un intervalle de six mois, on ne (compta
presque aucune f,'uérison dans tout le cours de la premièie et de la seconde.
Chaullard (i/i Valleix) eut alors recours à l'opium ;\ haute dose; dès lors,
non-seulement dans la plupart des cas la nialadie lui {guérie, mais dans ceux
mêmes où l'on n'obtenait pas ce résultat favorable, il survenait du moins
uiu' amélioration marquée après Tadministralion du remède. —
Les obser-
vations (le Forget et Tourdes ne sont pas tout à l'ait aussi concluantes.
Cependant les laits observés par ces auteurs montrent (jue, sous l'inlluence
de cette médication, la mortalité a été im peu moindre ; mais les cas qu'ils
citent sont malheureusement très-peu nombreux.
J'ai vu les cris dits hydrcnccphaliques, causés par la méninf^ite tubercu-
leuse et arrachés au malade par la violence de la douleur, se calmer presque
immédiatement par l'eniploi de l'opium, après, toutefois, avoir diminué la
cong 'stion cérébrale au moyen des saignées locales, des allusions froides,
de la glace, etc. Chez une petite fille âgée de cinq ans et demi, atteinte de
méningite tuberculeuse depuis sept jours, et se trouvant dans les conditions
que je viens de signaler, le laudanum donné à la dose de 5 gouttes, de
trois heures en trois heures, a amené un soulagement tel que la malade,
après vingt-quatre heures de l'usage de ce moyen, avait recouvré sa con-
naissance; les symptômes nerveux et l'agitation étaient considérablement
diminués, le pouls plus développé, etc. Je donnais en même temps le
calomel, dont l'action s'opposait à la constipation, qui accompagne toujours
cette affection. La malade a succombé le quatorzième jour, mais avec beau-
coup moins de souffrance que si elle n'avait point été sous l'influence
sédative de l'opium. Je n'ai jamais vu, dans le cours d'une pratique de
quarante-cinq ans, un seul cas de guérison radicale de méningite tuber-
culeuse. Après avoir combattu l'inflammation, qui n'est ici qu'un effet, il
resterait toujours la lésion principale, incurable, la tuberculisalion des
méninges.
(Rn Angleterre, on emploie communément dans ces cas de méningite
avec cris hydrencéphaliques, le sel de Grégory (chlorhydrate double de mor-
phine et de codéine).
Graves, de Dublin (2), a obtenu les plus heureux effets de l'administration
des opiacés à hautes doses dans deux cas de péritonites très-intenses sur-
venues à la suite de la paracentèse. Dans un autre cas de péritonite causée
par la rupture d'un abcès du foie dans le ventre, le même médecin (3) vit
les symptômes de l'inflammation disparaître complètement et en peu de
jours par l'emploi de très-fortes doses d'opium et l'application de vésica-
toires pansés avec la morphine. Dans un rapport à la Société de médecine
de Boston (4), Jackson signale les succès qu'il obtint par l'emploi de l'opium
à hautes doses dans la péritonite. Les effets de ce médicament sont tels à
ses yeux, qu'il n'hésite pas à proposer l'application de ce traitement aux
autres maladies inflammatoires, telles que la pleurésie, le rhumatisme, etc.
Trousseau et Pidoux révoquent en doute les guérisons de péritonites dues
à la perforation de l'intestin, et que Pétrequin, de Lyon (3), et Slokes, de
la conséquence.
Fièvres éruptives. —
« Lorsque, dans une petite vérole maligne, ner-
veuse, la suppuration ne fait point de progrès, vers le cinquième ou sixième
jour après l'éruption, qu'elle dégénère en une sécrétion séreuse, ichoreuse,
que les boutons ne se remplissent point, qu'ils prennent même un aspect
livide, et semblent sur le point de tomber en gangrène, avec prostration ex-
trême des forces et violente fièvre typhoïde, je ne connais pas de moyen
qui soit plus apte que l'opmm à rétablir la suppuration, à compléter la crise,
et par conséquent à sauver la vie du malade. » (Hufeland.) Sydenham —
recommandait l'emploi de l'opium dans les varioles confluentes accompa-
gnées d'ataxie. Il donnait 14 gouttes de laudanum liquide, ou 1 once de
sirop diacode dans l'eau de fleurs de primevère ou autres, tous les soirs, de-
puis le sixième jour jusqu'à la fin de la maladie. Quand il y a en même temps
de la diarrhée, il vaut mieux le donner en lavement. J'ai vu plusieurs fois le
délire lo plus violent, les symptômes ataxiqucs les plus graves accompa-
gnant la variole confluenle, céder comme par enchantement à l'administra-
tion par la bouche ou en lavement peu volumineux, de 8, 15 ou 20 gouttes
de laudanum chaque jour.
La toux qui accompagne ordinairement la rougeole, cl qui est quelquefois
d'une i'réquence qui fatigue beaucoup le malade, est constamment calmée
et cesse môme par l'emploi de l'opium. Dans ce cas, je donne, à l'exemple
de Sydenham, le sirop diacode, surtout pendant la nuit.
La'nuMiu' médication convient lorsque la rougeole, ainsi que cela arrive
souvent dans la période de l'invasion de cet exanthème, s'accompagne d'une
forte diarrhée. Mais la diarrhée qui s'observe au début de l'éruption et qui
ne dure ordinairement qu'im ou deux jours, ne réclame l'usage de l'opium
que lorsqu'elle est par trop abondante ou qu'elle persiste au delà de qua-
rante-huit heures.
Dans la fièvre scarlatine, où l'éruption a presque toujours besoin d'être
plutôt modérée que favorisée, où des symptômes inflanmiatoires ou nerveux
les plus redoutables se montrent dès le début et persistent, l'opium serait
évidemment lunesle. Cependant, dans certaines épidémies et chez des sujets
débiles, atteints dès le début de vomissements, de diarrhée, et chez lesquels
l'éruption est irrégulière, compliquée de bronchile, de toux fréquente, de
divers symptômes nerveux, je me suis bien trouvé de l'opium uni à l'acétate
d'ammoniaque et aux boissons diaphorétiques, telles que l'infusion de
coquelicot, de sureau, de bourrache, etc. C'est surtout dans les épidémies
que les indications se modifient ou changent même complètement.
Fièvres intermittentes. —
Avant la découverte du quinquina, l'opium
passait pour un des meilleurs fébrifuges. Paracelse, Horstius, Wédelius,
Ettmuller, le donnaient un peu avant l'accès. Sydenham l'a employé à doses
plus ou moins élevées pour combattre les fièvres intermittentes, qui, à cause
d'un état nerveux plus prononcé, cèdent souvent à ce médicament après
avoir résisté au quinquina. Berryat (m Trousseau et Pidoux), qui, le siècle
dernier, a remis en vogue l'administration de l'opium comme fébrifuge,
donnait, une heure à peu près avant l'accès, 6 à 8 gouttes de laudanum de
Sydenham aux enfants de trois à cinq ans, 10 à 12 gouttes ;\ ceux de dix ans,
et 18 à 30 gouttes aux adultes. —
11 ne faut donner l'opium que peu de
temps avant le moment où le frisson- doit arriver (une, deux ou trois heures
au plus), afin d'agir sur l'éréthisme nerveux. Il serait très-nuisible, à grande
dose, s'il agissait longtemps avant l'apparition de la fièvre, lorsque !e sujet
est dans son état normal, a J'ai vu une femme, dit Mérat (1), à la clinique
interne de la Faculté, à qui j'avais prescris 80 gouttes de laudanum pour
combattre une fièvre intermittente grave malgré ma recommandation, on
;
les lui fit prendre aussitôt la distribution des médicaments, tandis que son
accès ne devait venir que le soir, et elle périt de narcotisme. » Fallope ayant
obtenu, pour ses dissections, le corps d'un homme qu'on devait supplicier
et qui avait une fièvre intermittente quarte, voulait le faire mourir avec de
l'opium 2 gros (8 gr.), que le condamné prenait vers l'accès, ne produi-
:
saient aucun effet la même dose, prise après le paroxysme, le fit succom-
;
ber (2). Ces faits s'expliquent par le degré d'éréthisme du système nerveux, et
rentrent dans ceux dont nous avons déjà parlé.
L'opium peut être très-utile contre les symptômes nerveux d'une fièvre
intermittente pernicieuse, tels que ceux, par exemple, qui simulent l'apo-
plexie et qui sont loin de céder à la saignée. Hufeland, en administrant pen-
dant l'apyrexie, 30 gr. de quinquina comme antipériodique, ajoutait toujours
S centigr. d'opium.
par causes débilitantes, ou survenue chez un sujet déjà nerveux, et qui n'offre
simultanément aucun signe d'inflammation 2° lorsqu'après avoir suffisam-
;
ment employé les émissions sanguines, le froid et les évacuants, les signes
de la congestion disparaissant, le délire persiste ou même dégénère en
fureur; dans ce cas, Hufeland conseille d'associer l'opium au calomélas ;
3° lorsque dès le principe il y a diarrhée, dysenterie ou choléra, afin de
calmer l'irritation du tube digestif et d'arrêter des évacuations qui épuisent
les forces lui seul, dit Hufeland, a été efficace dans le typhus qui ravagea
;
Ainsi parle la théorie, mais les faits disent autrement. Nous avons vu
Sydenham recommander l'opium dans le délire, même dans le délire coma-
(1) Bulletin général de thérapeutique, t. XLIX, p. 57.
PAVOT. 775
Ce lait rentre dans ceux que signale Mufeland comme devant être com-
battus par l'opium; mais dans la lièvre typhoïde, l'orme putride ou mucoso-
pulride, ce médicament est le plus souvent nuisible, tandis que les purgatifs,
en débarrassant le tube intestinal des matières acres et fétides qu'il contient,
enlèvent une cause secondaire d'irritation locale et d'intoxication qui aggrave
la maladie. J'ai vu maintes fois en pareil cas le météorisme se dissiper, la
tête se débarrasser, le pouls se développer après l'usage des purgatifs salins
ou acides. Dans la lièvre typhoïde, les éléments morbides étant très-variables,
et les symptômes qu'ils produisent très-dilférents, la plupart des nombreuses
médications proposées contre cette maladie ont pu réussir, suivant l'oppor-
tunité de leur application.
(1) Une accumulation considérable de matières fécales peut se former dans le dernier intes-
tin, provoquer un travail semblable à celui de l'enfantement et produire même un accouche-
ment prématuré. Je rapporterai, à cette occasion, comme très-remarquable, le fait suivant :
par l'humidit*^ et \o tVoid. (pii lit laiit de ravages dans l'armée prussienne
en i7'J2, laiil qu'on la eoud)altil, connue c'était alors l'usage, par la rhu-
barbe en poudre, ne redevint curable et ne cessa que quand on lui opposa
généralement l'opium. En Algérie, nos soldats atteints de dysenterie sont
traités, après que l'on a combattu l'inllanHuation, par l'ipécacuanha et
l'opium ce dernier médicament est le plus souvent administié en lave-
:
ment.
Sydenham, et, après lui, Senncrt, Brunner, Wepffer et Ramazzini, ont
préconisé l'opium dans le traitement de la dysenterie. Dcgner, Pringle,
Young, Zimmermann l'ont regardé connue dangereux dans cette maladie.
11 sut'lit de lire l'histoire des épidémies de dysenterie, observées par Stoll,
pour se convaincre que ces opinions contradictoires, émises par des méde-
cins également reconnnandables, tiennent h ce qu'ils ont eu à traiter des
dysenteries dont le génie épidémique était diflcrent.
nellement analysée. Suivant Grisolle (7), l'opium n'est qu'un palliatif, car il
n'existe encore, dit-il, aucun cas de guérison bien constaté, qui ait été
opéré par lui.
(Les uns expliquent l'action de l'opium en le considérant comme astringent.
Suivant Anstie (8), c'est par une paralysie du système nerveux et des nerfs
vaso-moteurs qu'elle se produit. Pecholier (9) affecte à l'opium la propriété
de ralentir, de retarder, d'arrêter le mouvement de désassimilation nutritive.
Donné à haute dose, n'arrêtera-t-il pas dans ses effets secondaires ce mou-
vement de décomposition, cette perte considérable et presque continue,
sans assimilation équivalente, qui constituent la glucosurie. On l'a pensé,
de cette affection; 2" quand le mercure ne produit plus d'effet contre des
symptômes dont la persistance ne peut être attribuée qu'à une irritation
sourde, ou à l'éréthisme du système nerveux; S» en l'associant au mercure
pour rendre les effets de ce dernier plus rapides, plus énergiques, prévenir en
même temps l'irritation gastro-intestinale et la salivation; A" pour favoriser
l'impulsion vers la périphérie et provoquer ainsi des sueurs qui éliminent à
la fois le principe morbifique et l'agent métallique hétérogène, dont le
séjour trop longtemps prolongé dans l'économie peut occasionner des acci-
dents plus ou moins graves; o" quand ces derniers accidents existent, qu'il
y a des reliquats vénériens, vérole dégénérée et en même temps maladie
mercuriclle, dyscrasie toute spéciale avec anémie, atonie des organes. J'ai
vu maintes fois l'opium produire, en pareil cas, des effets merveilleux et
que favorisaient dans quelques circonstances les préparations de salsepa-
reille, et, comme succédanées de celte dernière, les décoctions concentrées
de racines de bardane, de tiges de douce-amère, de brou de noix, d'écorce
de mézéréum, etc.
Rodet (2) a fait connaître les bons effets de l'opium à haute dose dans les
ulcères syphilitiques irrités, douloureux, ayant une tendance au phagédé-
nisme. Le mercure, dans ces cas, est toujours nuisible; il exaspère ces
ulcères. L'opium, au contraire, est toujours utile, en calmant la douleur,
en apaisant l'irritation et en modifiant avantageusement la suppuration.
Mais c'est surtout contre les ulcères syphilitiques, phagédéniques et ser-
pigineux qui succèdent ordinairement à un bubon virulent, que l'opium
agit en quelque sorte comme spécifique. Chez tous les malades aux-
quels Rodet a administré l'opium à haute dose, la constitution s'est rapide-
ment améliorée.
Ptyalisme mercuriel. —
L'opium administré à l'intérieur s'est montré
utile dans cette affection. Hunter prescrivait des gargarismes et des collu-
toires fortement opiacés. Dans ce cas, j'emploie les gargarismes de sulfate
(1) Mémoire présenté à l'Académie des sciences. {Galette médicale de Strasbourg, 20 sep-
tembre 1857.)
(2) Mémoire présenté à la Société de médecine de Lyon et Bulletin général de thérapeu-
tique, t. XLIX, p. 529.
780 PAVOT.
Gangrène externe. —
L'opium convient dans la gangrène qui dépend
essentiellement d'un défaut de vitalité, telle que celle qu'on observe chez
les vieillards (gangrène sénile), quand, toutefois, la tendance à la conges-
tion cérébrale, si fréquente à cet âge, n'en contre-indique pas l'emploi.
Taylor (1) donne l'opium dans la gangrène sénile à dose modérée ,
(2 centigr. 1/2 par jour, qu'on augmente les jours suivants); en même
temps il fait garder le lit au malade, et enveloppe la partie affectée de fla-
nelles épaisses, parce qu'il a remarqué que la chaleur aide plus puissam-
ment à la guérison que l'opium même. Il cite un cas où le gros orteil, pâle,
livide, froid, avec une rougeur qui s'étendait plus loin, fut ramené à la
chaleur et à la concentration du mal, qui se borna à cet orteil, lequel tomba,
et la plaie se cicatrisa.
Mais c'est surtout contre la gangrène de Pott, ordinairement caractérisée
par des douleurs extrêmement vives, que l'opium s'est montré presque
toujours efficace.
L'action simultanée de ce précieux médicament sur le système nerveux
comme sédatif et sur le système sanguin comme excitant, est ici de la der-
nière évidence, puisque, en effet, peu de temps après son administration,
les douleurs cessent en même temps que le pouls se relève, et que la réac-
tion organique arrête la gangrène. Entre plusieurs exemples que je pourrais
citer à cette occasion, je rapporterai le suivant :
de bonne nature s'établit, les forces se réparent; les doses d'opium sont
graduellement éloignées, de manière qu'après le huitième jour le malade
n'en prend plus qu'une matin et soir. La séparation spontanée de l'orteil
s'opère peu à peu, et, après la chute totale de ce dernier, il reste inférieu-
rement un lambeau qui, ramené et maintenu sur la surface articulaire du
premier os métatarsien, au moyen de bandelettes agglutinativcs, diminue
considérablement l'étendue de la plaie et en facilite ainsi la cicatrisation.
Nous rapprocherons de ce fait celui observé par Mac Dowel et relaté dans
Dublin hospiuil (iaz., 18oi.
Plaies et ulcères. —
«L'opium, dit Hufeland, possède une aptitude spé-
ciale à favoriser la suppuration et à faire naître un pus de bonne qualité.
On peut tirer un parti avantageux de cette propriété dans une foule de cir-
constances. » Il convient, par conséquent, dans les ulcères sordides, icho-
reux, putrides, gangreneux, dans la pourriture d'hôpital, etc. J'ai employé
avec succès l'opium à l'intérieur et à l'extérieur contre les ulcères rouges,
extrêmement sensibles, d'un caractère éréthique.
W. H. Eloberts (1) considère l'opium donné à l'intérieur à petites doses
stimulantes, comme très-efficace dans le traitement des ulcères rebelles.
Il se contente de l'emploi de l'eau froide. Skey (2), et, après lui, Mayor, pro-
teux principaux, pour en faire tolérer l'action sur un estomac trop irritable,
et éviter le vomissement; au tartre stibié dans la médication contro-stimu-
lante pour obtenir aussi la tolérance du médicament principal; aux astrin-
gents, tels que le ratanhia, le cachou, l'écorce de chêne, les racines de tor-
mentille et de historié, le tannin, etc., pour en rendre l'action supportable
dans les cas de diarrhée, de dysenterie, d'hémorrhagie passive, etc.
On combine l'opium et le mercui-e dans le traitement de la syphilis.
(Voyez plus haut Syphilis.) Pour les cas de scrofules ulcérées, l'association
de l'opium à l'iode, recommandée par Le Masson (1), donne aux prépara-
tions iodurées une vertu qu'elles n'avaient pas, soit que l'opium agisse alors
par ses propriétés toniques, soit qu'il diminue les sécrétions, soit que
l'union de ces médicaments exalte leur action réciproque.
La thériaque, assemblage bizarre de quatre-vingts substances diverses,
dont on a exagéré les vertus, et que l'on a conservée dans la thérapeutique
moderne, parce qu'elle y rend des services réels, doit une partie de ses pro-
priétés à l'opium qu'elle contient. « La thériaque, disent Trousseau et
Pidoux, est particulièrement conseillée dans les lièvres de mauvais carac-
tère, dans les varioles confluentes, la rougeole, lorsque l'éruption s'affaisse
et que de graves désordres surviennent, soit du côté de la tête, soit du côté
de la poitrine, ou bien encore lorsque, au début de l'éruption, une violente
diarrhée jette le malade dans l'affaiblissement et ne lui laisse plus assez de
force pour suffire à l'élimination du principe morbifique. La thériaque est
encore préférée à l'opium dans le traitement des gastralgies et des entéral-
gies,de celles surtout qui sont liées à l'état de chlorose unie aux médica- ;
ments ferrugineux, elle le fait mieux tolérer et complète une guérison que
le fer n'eût pu obtenir. Dans cette circonstance, la thériaque est donnée
ou associée au fer lui-même, à la dose de 1 à 2 gr. ou seul, en un bol de;
1 gr., une ou deux fois par jour, et notamment le matin à jeun, et le soir au
moment oii le malade se couche. Lorsque l'usage interne de la thériaque
répugne trop aux malades, ou,qu'elle trouble leurs digestions, on applique
le médicament sur le creux de l'estomac, ou sur le ventre, sous forme
d'emplâtre.
Le diascordium, électuaire opiacé astringent, composé d'une vingtaine de
substances, a été aussi conservé dans nos officines. Tous les praticiens le
conseillent dans la diarrhée et dans la dysenterie, lorsque les symptômes
inflammatoires sont dissipés. C'est surtout dans la diarrhée chronique qu'il
est d'une grande utilité. On commence par une dose légère (1 à 2 gr.), et
l'on augmente graduellement jusqu'à celle de 4 et même de 6 gr. Cet élec-
tuaire agit à la fois comme calmant et comme astringent.
par la douleur, et qu'on la cesse aussitôt qu'elle est calmée, afin de prévenir
une absorption qui pourrait devenir dangereuse surtout chez les femmes et
les enfants.
L'opium en injection dans l'urètre et le cathétérisme opiacé a été mis en
usage dans quelques affections douloureuses de la vessie et des autres or-
ganes abdominaux. On a aussi proposé ce moyen dans le choléra, lorsque
les vomissements et les selles sont tellement abondantes qu'elles s'opposent
à l'administration de l'opium à l'intérieur.
On sait combien sont atroces les douleurs qui accompagnent la période aiguë
de l'orchite et de l'épididymite blennorrhagique. Voillemier (d) les dissipe en
quelques heures en enveloppant le testicule d'une compresse imbibée de lau-
danum pur, et recouverte d'un morceau de taffetas gommé. L'organe est
comme stupéfié, et le travail inflammatoire enrayé par ce topique. Jai obtenu
le môme effet, en pareil cas, des cataplasmes de feuilles de jusquiame.
L'opium est fréquemment employé dans les collyres contre l'ophthalmie
(surtout lorsqu'elle est très-douloureuse ou photophobique), la kératite, les
ulcères de la cornée, etc. Le laudanum est d'une efficacité reconnue contre
les taies de la cornée.
Forget, professeur à la Faculté de médecine de Strasbourg (2), emploie
une grande quantité de corps particuliers. Nous avons donné les caractères
chimiques des six alcaloïdes les plus connus. .Mais tous n'ont pas été, jus-
qu'à présent, suffisamment étudiés au point de vue physiologique et théra-
peutique. L'opium n'est pas seulement complex(^ dans sa composition; on
sait bien ([uil est comph^xe dans son action, et la prédominance de tel ou
tel princi|)e peut rendre com|)te des irrégularités dans l(;s ellets du corps
composé. Cl. Hernard a recherché quelle était la part d'action de six des
principes les j)lus actifs. Nous avons assez insisté sur l'action narcotique
d'une part, et l'action excitante de l'autre, pour que le lecteur sache qu'^i-
priori, on a admis dans ro|)ium des agents narcotisants et des agents con-
vulsivants. Cl. liernard(1), par d'habiles expériences, a étudié d'une façon
générale et comparative les propriétés de la morphine, de la narcéine, de
la codéine, de la narcotine, de la papavérine et de la thébaïne. Il existe
dans ces alcaloïdes trois proj)riétés principales une action soporifique,
:
tme action excitante, une action toxique. Cette dernière n'offre aucune rela-
tion avec les deux premières par exemple, la toxicité est indépendante du
:
cotine.
Ces appréciations résultent d'expériences répétées, faites au moyen de
l'injection dans les veines ou dans le tissu cellulaire sous-cutané d'une
solution titrée de l'alcaloïde.
De son côté, Ozanam (2) a reconnu qu'au point de vue thérapeutique,
l'opium contient des substances calmantes (morphine, opianine, narcéine);
des substances excitantes (thébaïne, narcotine); des substances mixtes alter-
nativement excitantes ou calmantes (codéine). Si, par cette division, l'au-
teur que nous citons s'éloigne peu de l'opinion du professeur du collège de
France, il n'en est plus de même lorsqu'arrivent les conclusions à tirer de
cet ordre de faits. Pour Cl. Bernard, en effet, il devient préférable d'em-
ployer isolément chacun des principes étudiés, d'après la connaissance de
son action et selon les effets que l'on veut produire; on y gagne la certitude
de la constance des résultats, et, au point de vue vraiment scientifique, on
possède une source plus exacte d'expérimentations phvsiologico-palholo-
giques. Ozanam, au contraire, pense que, dans l'opium en nature, l'action
de l'un des principes contre-balance ou atténue celle des autres. Chacun des
éléments, pris isolément, pourrait avoir des effets trop déprimants ou trop
excitants. L'alliance intime des alcaloïdes devient le correctif naturel de la
prédominance de l'un d'entre eux.
Il ne nous appartient pas de juger le différend. Nous serions pourtant
portés à adopter l'opinion de Cl. Bernard, qui tend à se répandre de plus
en plus. Ce n'est pas à dire pour cela qu'il faille abandonner l'usage de
l'extrait thébaïque; mais, nous le répétons, toutes les fois qu'on voudra ré-
pondre à une indication précise, il nous paraît plus sûr de recourir à un
principe h action définie.
Nous allons maintenant étudier, au point de vue physiologique et théra-
peutique, chacun des alcaloïdes considérés isolément.
MORPHINE. —
Action physiologique. —
A. Sur les animaux. Cl. Ber- —
nard a expérimenté l'action de cet alcaloïde en en injectant 1 centigr. ou la
(1) Comptes-rendus hebdomndaires des séances de l'Académie des scieuces, 186^, p. /j06 et
suivantes
(2) Ibid., p. Wi.
50
786 PAVOT.
même dose d'un sel de morphine, comme plus soluble^ dissous dans un
centimètre cube d'eau dans le tissu cellulaire sous-cutané, de préférence à
l'administration par le tube digestif, oii les substances subissent nécessaire-
ment des réactions et des lenteurs d'action qui en modifient les effets. Il a
obtenu des résultats identiques sur les chats, les chiens, les rats, les co-
chons d'Inde, les grenouilles, les moineaux, etc., etc.
La morphine est un narcotique puissant. Le sommeil qu'elle procure est
lourd; mais il peut être momentanément interrompu par une cause exté-
rieure, un bruit fort, par exemple; les extrémités ne tardent pas à devenir
presque insensibles aux excitations. Le réveil est caractéristique les chiens :
soumis à l'expérience sont effarés, leurs yeux sont hagards, le train posté-
rieur surbaissé et à demi-paralysé l'animal ne reconnaît plus son maître,
;
il fuit à son appel. Ces troubles intellectuels durent environ douze heures.
Suivant Ozanam, la morphine porte spécialement son action sur les hémi-
sphères cérébraux qu'elle congestionne. En dernier lieu, l'excitation gagne
la moelle. Lorsque la dose a été toxique, la mort est accompagnée de con-
vulsions tétaniques plus ou moins violentes.
B. Sur Vhomme. —La première manifestation de l'introduction d'une
dose légère de morphine dans l'économie par voie d'injection sous-cutanée
est un sentiment de chaleur, bien décrit pour la première fois par Pied-
vache (1), déjà signalé pourtant par Lafargue comme consécutif aux inocu-
lations, partant de la partie piquée pour gagner la tête et tout le corps. Puis
la sensibilité dans le pourtour du lieu ponctionné ne tarde pas à diminuer,
ce dont on peut se convaincre au moyen d'un compas; la face rougit sou-
vent un peu, d'autres fois elle pâlit légèrement; toute la surface cutanée se
couvre quelquefois d'une sueur légère ou abondante. Cette production de
chaleur, dit l'auteur que nous venons de citer, témoigne encore de la rapi-
dité de l'absorption qui force l'organisme à réagir contre la modification
qui lui est imprimée tout d'un coup.
Il se produit ensuite une période d'excitation peu marquée, amenant à sa
suite une certaine activité intellectuelle, une perfection plus grande des
sens, avec impossibilité de trouver le sommeil, mais avec un sentiment de
bien-être parfait et de force physique plus grande. En même temps, la
bouche se sèche, les mâchoires et les tempes sont le siège d'un sentiment de
resserrement. Il se produit quelquefois, surtout chez les femmes, quelques
vomissements passagers; les membres, le tronc sont parfois le siège de dé-
mangeaisons assez vives, puis le calme vient, précédé ou non d'un peu de
céphalalgie ou de vertige; la pupille se contracte légèrement et le sommeil
arrive; quelquefois il est accompagné de quelques rêvasseries sans carac-
tère particulier; le réveil, aux doses usuelles, n'offre rien de spécial. Il ar-
rive cependant qu'il se produit quelques convulsions pea tenaces. La durée
de l'effet est de trois. à vingt heures; à dose plus élevée, ou lorsque l'injec-
tion, rencontrant une veine sous-cutanée, passe d'emblée dans le torrent
circulatoire, les phénomènes s'accusent davantage. Nussbaum a suivi sur
lui-même la marche des accidents. Après l'injection de 10 centigr. d'acétate
de morphine, il a observé les symptômes suivants résultant de la pénétra-
tion de la solution narcotique dans une veine :
(1) Etude sur les injections narcotiques sous-cutanées, thèse inaugurale de Paris, 1865.
PAVOT. 787
(Thérapeutique. —
Il ressort des faits que nous venons d'exposer, que la
l'épaisseur de la peau k l'aide d'une lancette. Ses recherches ont tour à tour
porté sur nos agents les plus actifs. « Si, après avoir délayé un peu de mor-
phine avec de l'eau pour en faire une pâte, on charge de ce mélange l'extré-
mité d'une lancette à vacciner, et qu'on l'introduise presque horizontale-
ment sous l'épiderme, à 3 millimètres de profondeur, on observe aussitôt
un peu de gonflement et une teinte rosée autour de la piqûre. Un léger
prurit et de la chaleur se développent en même temps. Si on pratique plu-
sieurs piqûres à peu de distance les unes des autres, la peau rougit partout
et la chaleur est plus vive. L'absorption de la morphine s'annonce bientôt
par de la céphalalgie, des bâillements, de la sécheresse de la bouche.
Cette nouvelle méthode remplace avec avantage celle des frictions, si
souvent inefficaces, et surtout celle des vésicatoires volants, à l'aide des-
quels on favorise l'absorption cutanée, mais au risque de produire des ulcé-
rations et des cicatrices. Celte dernière considération est très-importante
pour les névralgies de la face, particulièrement chez les femmes. A.vec
l'inoculation, pas de cicatrice, pas de douleur, possibilité d'application sur
tous les points de l'économie.
« Afin de rendre l'absorption de la morphine plus complète, M. Lafargue
humecte à plusieurs reprises les surfaces inoculées avec une solution narco-
tique.
« Dans le traitement de la sciatique aiguë, M. Lafargue combine très-
heureusement l'action des ventouses scarifiées et celle des narcotiques. Dès
qu'il ne sort plus de sang par les incisions, on introduit au fond des plaies
de la pâte de morphine. La guérison s'obtient ainsi avec une promptitude
remarquable.
(( L'inoculation procure un soulagement immédiat dans les cas de dé-
mangeaisons rebelles des parties génitales, de douleurs vives succédant au
zona. Pratiquée sur les gencives ou sur les joues pour conjurer l'odontalgie,
elle calme comme par enchantement les douleurs les plus aiguës. De nom-
breuses piqûres pratiquées sur une surface cutanée endolorie, qu'on va
couvrir d'un cataplasme laudanisé, favorisent singulièrement l'action de la
liqueur narcotique.
« 11 est des personnes, enfin, qui ne peuvent supporter les préparations
d'opium introduites sous l'épiderme ou déposées dans l'estomac. On pourra
essayer, chez elles, l'inoculation de la morphine, à dose infiniment petite
d'abord, M. Lafargue est parvenu, par ce moyen, à obtenir la tolérance (1). »
{Injections sous-cutanées, méthode hypodermique. —
C'est à Cassargues qu'il
faut attribuer l'honneur d'avoir inventé ce mode d'introduction des médica-
la tige du piston porte des degrés qui répondent chacun à la capacité d'une
goutte de liquide; une virole mobile sur cette tige permet de s'arrêter au
chiffre des gouttes que l'on veut injecter. Ce liquide est ainsi projecté d'un
seul mouvement, et non goutte à goutte, comme par l'appareil précédent.
Le manuel opératoire est des plus simples on forme un léger pli à la
:
ment a};issante; if faut donc une moindre dose que si l'on donnait le médi-
canient en potions, car, dans ce cas, une partie des médicaments échappe
à l'absorption et est rendue par les excrétions (1). »
Certains auteurs reconmiandent un tiers de la dose prise h l'inlérieur,
d'autres la moitié. Erlenmeyer préconise la solution de 5 cenligr. de sel
de morphine dans 4 gr, d'eau distillée, afin de pouvoir à volonté élever la
proportion suivant la susceptibilité des malades. Il commence par 5 gouttes
de cette solution et augmente peu à peu (voir Prcparations et doses, p. 751).
Nous avons dit que Piedvache recommande la solution au 20*; Briche-
teau (2) a adopté une solution très-concentrée afin d'injecter le moins de
liquide possible, 20 centigr. dans 4 gr. d'eau distillée chaque goutte con-
;
l'action calmante est plus locale pour les douleurs superficielles. L'emploi
de cette dernière est, du reste, plus souvent accompagné de phénomènes
d'intoxication qui, quelque légers qu'ils soient, sont difficilement supportés
par les malades. De plus, on ne peut pas toujours compter sur la fidélité de
son action.
Les effets physiologiques consécutifs à l'introduction des sels de morphine
dans le tissu cellulaire ont été étudiés dans un des paragraphes précédents.
Les injections sous-cutanées de morphine, si utiles pour l'étude physiolo-
gique, sont indiquées toutes les fois que se produit l'élément douleur. Elles
ont surtout pour spécialité le traitement des névralgies de toute espèce, de
tout siège, et particulièrement des névralgies rhumatismales. Leur effet est
curatif ou seulement palliatif. Dans ce dernier cas, il faut, pour des raisons
variables, l'ancienneté de la maladie, ou la persistance de la cause produc-
trice, par exemple, il faut répéter l'opération jusqu'à ce que l'organisme se
trouve dans de meilleures conditions. Quelquefois aussi, quand l'affection est
d'une extrême violence, ou liée à une dégénérescence du nerf ou à une compres-
sion, il y a plutôt diminution, engourdissement de la douleur que cessation
complète. Les recueils périodiques contiennent un nombre déjà considé-
rable d'observations où le procédé des injections narcotiques hypodermi-
ques a produit des effets remarquables.
Quand l'effet palliatif, par ses répétitions, ne finit pas par amener la dis-
parition graduelle des accès névralgiques, il faut quelquefois avoir recours
à la section des nerfs il arrive alors, malgré cette opération, comme le
;
L'action sur l'iris a été /'tiidiée avec soin. Souvent, au bout d'une minute,
quelquefois dans l'espace d'un quart d'heure, la contraction spéciale de
cette membrane (opium-inijosis) se manifeste; cette contraction s'observe
mieux en comparant l(;s dimensions des i)upilles à une lumière modérée. Le
degré et la durée dv, la myose varient d'un(; façon extraordinaire; le plus
souvent elle persiste, bien marquée, pendant plusieurs heures et (lisparaît
lentement. Parfois, chez les sujets très-irritables et lorsque la dose a été éle-
vée, il se produit un spasme du muscle d'accommodation. Ouand ce phéno-
mène se présente, c'est à une j)ériode avancée, à la fin de la phase d'irri-
tation.
Ces détails intéressants peuvent servir de complémentà ce que nous avons
dit pages 780-87 des ellels physiologiques des injections de sels de morphine.
Leurs indications thérapeutiques dans les affections oculaires sont les sui-
vantes 1° dans les cas d'accidents tiaumatiques ayant intéressé le globe
:
oculaire, peu après le début, lorsqu'il y a une douleur intense; 2° après les
opérations pratiquées sur l'œil, quand elles sont aussitôt suivies de douleurs
vives; 3° dans les névroses du plexus et des nerfs ciliaires qui accompagnent
l'eritis, la choroïdite glaucomateuse et plusieurs formes de kératite; A" dans
diverses formes de spasmes réflexes, tels que le spasme des paupières dans
cette dernière inflammation.
Outre les services que les injections sous-cutanées rendent à la médecine
et à la chirurgie, et que nous venons de passer rapidement en revue, la mé-
thode hypodermique a encore un grand avantage elle permet d'obtenir
:
l'administration des médicaments actifs chez les personnes qui s'y refusent,
les aliénés, par exemple. Je m'en suis très-bien trouvé chez un individu fu-
rieux affecté d'alcoolisme aigu. Une seule injection de 5 centigr. de sulfate
de morphine a amené huit heures d'un sommeil d'autant plus désiré qu'il
ne s'était pas montré depuis quatre jours.
Nous devons signaler le parti que le professeur Friedreich, d'Heidelberg, a
tiré des injections de morphine pour tuer le fœtus dans une grossesse extra-
utérine, et prévenir ainsi les accidents redoutables qui seraient infaillible-
ment survenus ultérieurement (1); mais cette conduite ne doit être suivie
qu'avec une extrême prudence, car, outre la difficulté d'un diagnostic pré-
cis, la question du fœticide est assez grave par elle-même et par les dangers
qui le compliquent souvent, pour que l'hésitation soit permise en pareil
cas.
CODÉINE. —
Action physiologique. —
A. Sur les animaux. —5 centigr.
de chlorhydrate de codéine injectés sous la peau suffisent pour endormir un
jeune chien de moyenne taille dans tous les cas, et augmentât-on la dose
:
Thérapeutique. —
Magendie qui, un des premiers, a recommandé
l'emploi régulier de la codéine, la regarde comme moins active que la mor-
phine et la recommande à dose double dans les mêmes cas (2 à 10 ou
d5 centigr. en poudre ou en pilules). On en prépare un sirop qui contient
10 centigr. de substance active sur 30 gr. de véhicule, et que l'on donne à
la dose de 8 à 30 et même 45 gr., par petites cuillerées, étendu dans une
potion ou dans une tisane appropriée.
On préconise surtout cet agent contre les bronchites, les gastralgies et
toutes les affections où domine l'élément douleur; mais il présente un
réel inconvénient que les travaux de Claude Bernard ont mis en lumière.
Comme son administration est assez rarement accompagnée de vomisse-
ments, et que le narcotisme est quelquefois difficilement obtenu, on ne se
méfie pas assez, et il peut arriver qu'il se déclare des phénomènes d'empoi-
sonnement au moment où on s'y attend le moins. En eflet, nous avons vu
que c'était le plus toxique des alcaloïdes de l'opium communément em-
ployés.
Le chlorhydrate et l'azotate de codéine sont plus actifs que la codéine
elle-même. Magendie en a obtenu de bons effets, surtout du chlorhydrate,
dans certains cas de névralgies faciales et sciatiques rebelles. On les admi-
nistre à la dose de 1 à 5 centigr., progressivement, en pilules ou en po-
tions.
La codéine a été très-peu employée comme hypnotique sous la forme
d'injections sous-cutanées. Jousset de Bellesme, dans son travail sur la
pharmacologie des injections sous-cutanées, dit qu'elle n'a pas encore été
essayée chez l'homme. A notre connaissance, Piedvache est le premier qui
l'ait expérimentée cliniquement (3). Lorsque la morphine, à cause de sus-
ceptibilités particulières, ne peut être tolérée, on peut y avoir recours en
doublant la dose. L'injection n'est pas suivie de sensation de chaleur,
comme cela a lieu pour la morphine; il ne se développe, avant quinze mi-
nutes environ, aucun trouble physiologique appréciable; mais, à partir de
ce moment, le sommeil se produit dans la grande majorité des cas, et il est
continu et tranquille. Les observations ne sont pas encore assez nombreuses
dans la science pour que nous puissions être certain de la constance de
l'effet narcotique obtenu par cette voie. Malheureusement, la codéine est
une substance moins calmante que la morphine et plus toxique que cette
dernière, nous l'avons déjà dit. Il en résulte que si, d'une part, on est dans
la nécessité d'élever la dose, de l'autre on éprouve la crainte de provoquer
(1) E. Robiquet, Note sur l'action thérapeutique, etc., de la codéine, in Journal de pharma-
cie et de chimie, janvier 1857, p. 11.
(2) Comptes-rendus de l'Académie des sciences, 1864, p. 914.
(3) Etude sur les injections narcotiques sous-cutanées, Thèse de Paris, 1865.
—
PAVOT. 795
particularité d'action de la narcéine chez les enfants, qui, par une cause en-
core mal connue, urinent toutes les nuits au lit. »
Ayant, il y a quelques mois, à donner mes soins à un garçon de six ans,
aflecté de cette pénible incontinence, je mis à exécution l'idée de mon ami
Liné. Depuis plus d'un mois, le fils de M. G... urinait au lit quatre ou cinq
nuits par semaine. Après m'être assuré que le fait n'était pas le résultat de
la paresse, comme je l'ai vu quelquefois, je fis administrer tous les soirs
d'abord une cuillerée à café du sirop de Debout; aucun effet produit; au
bout de quatre jours, une cuillerée à potage répondant à 1 centigr. de nar-
céine cette nuit il n'y eut pas d'incontinence. Le soir suivant, même pre-
;
hypnotique, peut être plus prononcée que celle de la morphine, mais cer-
tainement moins souvent accompagnée de ces sensations pénibles, doulou-
reuses et fatigantes, qui sont l'escorte presque constante du sommeil opiacé ;
l'autre, sédative, pouvant comme l'opium exercer son action sur les diffé-
PAVOT. 797
NAHCrrnXE. —
Cet alcaloïde ne paraît pas doué de propriétés hypno-
tiques. Suivant Claude Hernard, nous avons vu qu'il possédait une action
excitante [jrononcée. C'est la troisième substance dans l'ordre convulsivaiiL
et la dernière dgns l'ordre de l'action toxi(|ne. Ozanam pense que l'excita-
tion se localise principalement dans les hémisphères cérébraux. Du reste,
ilfaut le dire, les etlets de cette substance sont bien loin d'avoir été suffi-
samment étudiés.
Nous ne pensons pas qu'en France la thérapeutique ait mis la narcotine
en usage. En Angleterre, Hoots (1) prescrit le sulfate de narcotine jusqu'à la
dose de 1 gr,, comme succédané du sulfate de quinine dans le traitement
des fièvres d'accès. Dans l'Inde, il est employé sur une grande échelle par
O'Shaughnessy pour arrêter les paroxysmes de fièvres intermittentes et ré-
mittentes.
cubes d'eau distillée et injecté dans les veines d'un chien du poids de
7 à 8 kilogr. le tue en cinq minutes; la mort arrive à la suite de convulsions
tétaniques violentes. Ces convulsions sont suivies de l'arrêt du cœur et d'une
rigidité cadavérique rapide, comme c^^la arrive pour les poisons muscu-
laires (Cl. Bernard). Suivant Ozanam, la thébaïne porte surtout son action
sur la partie supérieure ou cervico-dorsale de la moelle.
Cette action excitante, complètement libre d'action soporifique, car la
thébaïne n'est nullement hypnotique, n'a été, jusqu'à présent, jamais utili-
sée dans la thérapeutique.
(1) Citô dans ^^1 Manual of inatcria mcdica and therapeutics, etc., by J. Forbcs Roylc, antJ
Frederick H<adlaiid. Loiidoa, 18G5.
(2) Pcna et Matli. de Lobel, Slirpium adv. nora. Londres, 1C70. — Prosper Alpin, De Plan-
—
tis AJgijpti. Venise, in-/j" 1592. Harstius, Op. med., ICGl. — Fabei-, Slnjchnoniania, 1677,
p. 87. — Boucher (de Lille), in Journal de médecine, 1700. — Lippi, De ren. bacc. bellad.
prud. atque opii in eo usa. Tubingen, 1810. — Gorrigan, 1838, cité par Benjamin Bell. —
Giacomini, Traité philosophique et expérimentât de matière médimle et de ihérapeuliqup, tra-
798 PAVOT.
lion aussi complète qu'il nous a été possible, porte 1° sur des empoison- :
nements par l'opium, avec antagonisme par la belladone 2° sur des em- ;
traction pupillaire dans le cas qui nous occupe est l'indice de l'aclion
du contre-poison, et la guérison marche dès lors en général assez rapide-
ment. Il faut faire observer que l'antidote doit être administré à doses frac-
tionnées et souvent répétées; car il n'est pas rare de voiries symptômes
de l'empoisonnement qui s'étaient effacés sous l'influence d'une première
prise de la substance antagoniste reprendre leur cours après la cessation de
l'emploi de ce dernier, et ce retour de l'action du poison se manifester sur
la pupille d'une façon plus ou moins appréciable.
Du reste, c'est cette action sur la pupille, dilatation pour la belladone,
contraction pour l'opium, qui est une des manifestations les plus saillantes
de l'antagonisme. C'est sur l'apparition des symptômes spéciaux à l'antidote,
et spécialement sur l'état de la pupille, qu'il faut se guider pour en con-
tinuer ou en suspendre l'emploi.
Lorsque la pupille a été dilatée sous l'influence de la belladone, l'emploi
de la fève de Calabar (voyez Belladone) fait cesser cette dilatation et amène
10 août 1863. — Rognetta, Traité philosophique et clinique d'ophthalmologie. Paris 1844, p. 231.
— 1849; Cazin, Traité des plantes médicinales indigènes, l''^ édition, p. 365, fait recueilli en
1839 (voyez l'article Belladone). —
1853; Andersou, in Edimb. med. Journal. —
1854; Gar-
rod. Leçon d'ouverture à l'University Collège, cité par B. Bell. —
1855; Lindsey, in Edinb.
med. Journal., et cité par Cazin, 2' édition, page 170. —
1856; Mussey, in Boston med. and
surg. Journal. — 1857; Wharton Jones, Med. Times and Gaz., january 1858. —
B. Bell, Des
rapports thérapeutiques de l'opium et de la belladone, mémoire reproduit et traduit par
l'Union médicale, 17 février 1859. —
1859; Scaton (de Seed), Mémorial Times, décembre. —
Behier, Mémoire sur l'antagonisme, etc., in Union médicale, 2 juillet. —
1860; la Société de
pharmacie déclare les deux agents incompatibles. {Bulletin de thérapeutique, 1860, t. LIX,
p. 423.) — Anderson, in Union médicale du 27 octobre, —
1861 cinq observations de Lee et
—
;
(1) Gubler, Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, art. Antidote, t. V, p. îi9
800 PAVOT.
sible pour ces faits où l'on prend, par exemple, en vingt-quatre heures, 60 gr.
de laudanum, 30 gr. de teinture de belladone et 80 centigr. d'extrait de la même
plante; si ces poisons devaient ajouter leur action l'une à l'autre, la mort de-
vrait être foudroyante. (Constantin Paul.)
Dans une observation récente, l'auteur que nous venons de citer a pu faire
cesser presque à volonté tous les phénomènes de l'empoisonnement de
l'opium, et cela sans produire les effets toxiques de la belladone.
Ainsi que nous le faisions remarquer au commencement de ce para-
graphe, des rechutes passagères ont été observées dans ce cas, et l'antidote
a dû contre-balancer l'action du poison à six reprises différentes et avec
une énergie graduellement plus efficace.
Toutes les observations ne trouvent d'explication plausible que dans
l'admission de l'antagonisme. Cazin père, dans la deuxième édition de ce
Traité, p. 170, avait déjà dit, à propos des faits de Lindsey «Il esta remar-
:
quer dans ces faits que la belladone a été administrée à dose toxique pro-
portionnée à celle de l'opium dont elle a combattu les effets. Si l'action de
la belladone sur le cerveau n'avait été contre-balancée par celle de l'opium,
l'empoisonnement aurait été indubitablement le résultat de l'emploi de la
solanée vireuse à une dose aussi élevée (pour un des cas 30 gr. de teinture
de belladone, puis 8 gr. une demi-heure après); cette médication est donc
fondée sur l'antagonisme qui existe entre l'action de l'opium et celle de
la belladone physiologiquement manifestée sur la pupille, que le premier
resserre et que l'autre dilate. »
Voilà la question résumée et jugée en quelques lignes. Dans les cas oii la
dose du poison ingéré n'est pas mortelle, on pourrait objecter que la gué-
rison se serait produite d'elle-même; mais la rapidité insolite de dispari-
tion des phénomènes toxiques vient encore plaider en faveur de l'action
neutralisante. Wannebroucq (1) a souvent injecté le sulfate d'atropine dans
la pleurodynie il a vu quelquefois se développer quelques accidents d'in-
;
toxication; mais ils ont toujours été dissipés par une simple potion opiacée.
Pour nous, l'antagonisme est indubitable; l'antidotisme doit être établi
en loi thérapeutique mais il faut se garder de l'enthousiasme, et peut-être
;
y a-t-il eu une certaine exagération dans les espérances que l'on a fondées
sur cette médication. Nous pensons avec Bouchardat (2) que, tout en la
mettant en vigueur, il ne faudrait pas négliger les autres moyens, tels que
les frictions, la faradisation, etc. Ce dernier auteur insiste beaucoup sur la
nécessité d'empêcher le malade de se livrer au sommeil. En second lieu
on n'a guère publié que les succès, comme cela arrive trop souvent les ;
revers ont été oubliés. Chez une jeune femme, j'ai pu une fois, par une in-
jection d'atropine, conjurer les accidents les plus redoutables causés par
l'ingestion de 1 once 1/2 de laudanum. J'ai été moins heureux dans le cas
suivant, où l'âge du malade et le temps écoulé entre l'empoisonnement et
le début du traitement ont dû jouer un certain rôle. Au mois de septembre
1835, je fus appelé pour un enfant de quatre mois, appartenant à M. Delattre,
boucher à Saint-Martin-lès-Boulogne. Cet enfant avait été pris de convul-
sions à sept heures du matin. Il était dix heures. Une bonne lui avait admi-
nistré, vers cinq heures et demie, une cuillerée à café de laudanum de
Sydenham, croyant avoir affaire à du sirop de chicorée. Je le trouvai dans
l'état suivant face alternativement pâle et congestionnée; peau couverte
:
(Voyez ce mot.)
L'opium corrige l'action du tartre stibié celui-ci peut, jusqu'à un certain
:
(1) Cité par Garnicr, Diclionnaire annuel des progrès des sciences et des inKlitutiovi wédi-^
ca'es, 1866, p. 70.
51
802 PAVOT.
lion concluante, publiée par la Gazette médicale de Berlin, septemb. 1854 (1),
en fait foi. Pelletier et Caventou ont signalé cet antagonisme entre l'opium
et les strychnos et ont observé que les doses d'opium doivent dépasser celles
du poison ingéré si l'on veut obtenir une neutralisation complète. Giibler (2)
dit « que c'est là un des premiers faits d'antidotisme, relevé, du reste, pai-
Guérard dans un chapitre de sa thèse de concours (1839), intitulé Des :
Dans son article Antidote que nous avons déjà cité, il complète ces don-
nées, et ajoute « Il faut plus de sulfate de quinine pour détruire les effets
:
Fleurs jaunes, grandes (juin-juiliet-août), quatre pétales, dont deux plus grandes. —
Fruit siliques allongées, grosses comme une plume à écrire, longues de 10 à 20 centi-
:
mètres.
Parties usitées. — L'herbe.
[Culture. —
Cette plante vient partoutj; elle préfère les terrains sablonneux elle ;
blable à de ropiiim
coliii il
; resscniMc beaucoup à l'opium do Smyrn»? de mauvaise
(pialité. On donc, d'après (elle substilulioii ojKMée dans le coininercc, considérer
|)('iit
le pavot coninu" un succédani' (!< l'opium, el se livrer à des essais comparatifs concer-
nant son iisa^'e ;i l'intérieur.
[Toutefois (•(»mme cet extrait ne renferme pas de morphine et qu'il est loin de pos-
séder le.- propriétés de Topinm, le mélanf^e de ces deux siihsiances ou la substitution delà
])remiér(' a la seconde doit être considérée; comme une fraude, j
ils eurent tous une altération de l'organe de la vue qui leur faisait prendre
pour de l'or tout ce qu'ils touchaient.
Garidel rapporte qu'en Provence les paysans se servent des feuilles de
glaucier pilécs pour déterger les ulcères qui succèdent aux contusions et
aux écorchures des bêtes de charge, notamment les enflures et engorge-
ments dans les jambes des chevaux qui proviennent de foulures. « Quelque
grosses et dures qu'elles soient, dit-il, le suc de cette plante les guérit in-
failliblement, pourvu que le mal ne soit pas trop invétéré. »
Les feuilles de pavot cornu, pilées avec quelques gouttes d'huile d'olive,
et appliquées sur la partie malade, sont tout aussi efficaces que l'opium
contre les contusions, les plaies avec déchirures, le panaris commençant,
les piqûres de sangsues enflammées, l'irritation phlegmasique des vésica-
toires, les brûlures, etc. Comme, dans les campagnes, une décoction d'o-
pium n'est pas à la portée de tout le monde, on peut se servir avantageuse-
ment et gratuitement de cette plante. Girard, de Lyon, a rapporté (1) plu-
sieurs observations qui constatent les bons effets de cette plante dans les
cas que nous venons de citer, et je l'ai employée moi-même avec succès
sur des plaies confuses avec déchirement, et surtout dans un cas de dou-
leurs hémorrhoïdales atroces contre lesquelles on avait inutilement mis en
Jisage les bains, les sangsues, les émollionts. J'ai fait cesser dans l'espace
(le quinze jours une constriction spasmod que de l'anus, sans fissures, qui
datait de douze ans, chez une femme de baint-Pierre-lès-Calais, au moyen
d'onctions faites deux fois par jour, avec un mélange de 16 gr. de suc de
glaucier jaune, de 12 gr. de suc de jusquiame et d'un jaune d'œuf.
Pavot douteux. —
Papaver duhium, L. —
Ce pavot, qui diffère peu du
coquelicot {papaver rheas, L.), se rencontre dans les champs, les moissons,
surtout dans les terrains maigres et sablonneux. Il a les fleurs petites d'un
rouge pâle (juin-juillet).
Loiseleur-Deslongchamps a obtenu du suc exprimé des feuilles, des figes
et des capsules, un extrait épaissi dont il a constaté l'action anodine dans
plusieurs maladies. Il le donne ordinairement sous la forme de teinture ainsi
préparée. Pr. extrait de pavot douteux 125 gr.; faites fondre dans 1,500 gr.
de vin muscat; dose, 50 à 100 gouttes. Avec cette teinture il a guéri des
diarrhées chroniques, des coliques plus ou moins violentes, dissipé des in-
somnies opiniâtres. On peut préparer une teinture semblable avec le coque-
licot.
Parties usitées. — Les fleurs, les feuilles, les bourgeons, les semences.
Kéc«»lte. — Les doivent être récoltées entre le printemps et l'automne. Au
feuilles
printemps, elles n'ont pas encore assez d'action en automne, elles n'en ont presque
;
plus. Elles perdent un peu de leur amertume et de leur vertu par la dessiccation ;
cependant, séchées avec soin et renfermées ensuite dans des boîtes, ainsi que le prati-
quaient Coste et Wilmet, elles conservent une énergie constatée par leur effet purgatif
et vermifuge. Les fleurs deviennent inodores et restent très-amères, avec la saveur par-
ticulière de l'amande de noyau de pêche. Ce caractère les fait reconnaître quand elles
sont sèches. On y laisse le calice, comme partie la plus énergique de la fleur. On emploie
toujours les fleurs fraîches pour faire le sirop,
[Les fruits destinés à être mangés doivent être récoltés à leur maturité. Ceux qui
doivent être conservés confits dans l'eau-de-vie, ou qui sont destinés à être confits ou à
préparer des marmelades doivent être cueillis avant la complète maturité.]
[Culture. — Il existe un nombre considérable de
variétés de pêchers que l'on peut
diviser en quatre races :
1°
peau velue, chair fondante, se détachant du noyau 2° peau ;
velue, chair ferme et adhérente au noyau 3" peau lisse, chair fondante quittant le
;
Le pêcher exige une terre douce, profonde, substantielle on le multiplie par semis
;
ou par greffe. Il exige des binages et des fumures répétées. L'année où on le fume, on
doit le tailler long, afin que l'abondance de sève trouve une issue et ne produise pas de
gomme. L'amandier à coque dure, à amande douce, est le meilleur sujet pour greffer ;
on le préfère aux autres amandiers parce qu'il est moins sujet à la gomme, à la cloque et
à la perte des branches. Dans les terrains peu profonds et humides, on greffe sur pru-
niers ; la greffe se fait en écusson du 15 juillet au 15 septembre à l mètre 50 centi-
mètres k 2 mètres de hauteur, si l'arbre est en plein vent, et à 10 à 16 centimètres au-
dessus du collet si l'on veut diriger en espalier. Les précoces et les tardifs doivent être
exposés au midi et les autres à toutes les expositions, excepté celle du nord le pêcher :
anthelminthiques.
Burtin prescrivit à un pauvre, atteint de fièvre intermittente, deux poi-
gnées de feuilles de pêcher infusées dans 2 kilogr. de bière brune bouillante,
à prendre dans l'espace de vingt-quatre heures dans l'apyrexie. La fièvre
disparut après la seconde dose. Encouragé par ce succès, il employa le
même moyen chez plus de vingt malades atteints de fièvres intermittentes
de divers types, et tous furent entièrement guéris. Il donnait avec le même
avantage, d'ans l'apyrexie, la poudre des feuilles, à la dose de 30 gr. divisée
en plusieurs prises. Le même auteur dit qu'il a connu, dans sa jeunesse,
une personne qui employait, en en faisant un secret, la poudre du bois des
noyaux de pèche, à la même dose que le quinquina, contre la fièvre in-
termittente. Amatus Lusitanus (3) recommande ce remède dans la fièvre
Quarte. Crouseille (4) a fait connaître les succès qu'il a obtenus de l'usage
des feuilles de pêcher à litre de fébrifuge. 11 a signalé dans ces feuilles
un principe amer auquel elles doivent leur propriété, et non, ainsi qu'on
le croyait, à l'acide cyanhydrique qu'elles contiennent. L'éeorce est aussi
fébrifuge. Dans les campagnes, on emploie simplement, pour couper les
lièvres d'accès, du vin hianc dans UmiucI on a l'ail infuser la seconde écorce
du pocher.
J'ai employé les feuilles de pocher pilées eu calaplasine siu- l'abdomcu,
chez des enfants d'un à deux ans, et j'ai obtenu un elfet antholniinthique
qui, dans quelques cas, ne m'a laissé aucun doute. Ce topique m'a paru
aussi calmer les coliques. On applique avec avantaj^e ces mêmes feuilles
sur les inllanmiations externes, les dartres enllamniées et douloureuses, les
ulcères cancéreux, les douleurs locales, etc.
La pèche est, quoi qu'en disent Galien et ri''cole de Salerne, un fruit
très-a^réablc, nourrissant, rafraîchissant et adoucissant elle convient par- ;
PÉDICULAIRES.
Pedicularia palustris et pedicularid sylvatica. L.
Persoxxées. — Rhinanthées. Fam. nat. — Didynamie angiospermie. L.
[La pédiculaire, ou herbe aux poux, est une plante bisannuelle ou vivace.j
[Description. —
Racine épaisse. —
Tige haute de 25 à 50 centimètres, rougeàtre,
ranaeuse dès la base. —
Feuilles alternes ou opposées, pennatipartites, glabres, ou
pubescentes vers le sommet de la plante. —
Fleurs roses, disposées en épis feuilles. —
Calice oblong, renflé, ventru, pubescent, à deux lobes inégaux. —
Corolle à tube droit,
à deux lèvres, dont la supérieure est en casque, inférieure plane et trdobée. Quatre', —
étamines didynames. —
Ovaire à deux loges pluriovulées. —
Style simple, terminé
par un stigmate en tête. —
Fruit capsule ovoïde, orbiculaire renfermant plusieurs
:
[Culture. —Les pédiculaires sont répandues dans les divers marais de l'Europe. Ou
ne que dans les jardins botaniques. Elles préfèrent les prairies marécageuses,
les cultive
les bois ombragés, les tourbières.
(Le nom de cette plante lui vient, dit-on, de ce que les animaux qui s'en
nourrissent sont, peu de temps après, couverts de poux; d'autres, avec
plus de raison, pensent que, grâce à son âcreté, elle détruit ces insectes.
L'usage des pédiculaires est actuellement abandonné. Autrefois on les re-
gardait comme astringentes, et, à ce titre, utiles dans les hémorrhagies en
général et en particulier dans les ménorrhagies et le flux hémorrhoïdal.
Extérieurement, on les employait comme excitantes, détersives, vulnéraires.
On reconnaissait à la pédiculaire la propriété de guérir les fistules, aussi la
dénommait-on fistidaria. Sa causticité peut, en elfet, être utilisée comme
agent modificateur et légèrement substitutif dans les ulcères atoniques, les
plaies blafardes, etc.)
808 PËiNSEE SAUVAGE.
[Culture. — On j^eut propager les pensées par semis, par marcottes et par bou-
tures ; mais cellos-ci sont sujettes h fondre l'hiver. Il vaut mieux laisser grainer les belles
variétés sur place et les piquer à l'automne, ou bien recueillir la graine à mesure qu'elle
mûrit et la semer en août pour avoir une bonne floraison en avril. La pensée sauvage
n'est cultivée que dans les jardins botaniques ; celle qui croit spontanément suffit aux
besoins de la médecine.]
Propris^tés physiques et clkiuiiciises. —
La pensée sauvage a une
odeur peu remarquable et une saveur un peu salée et amère ; en la mâchant, elle déve-
loppe un principe mucilagineux. Bodart lui trouve à peu près le goût de la salsepareille.
. Klle contient de la gomme, de l'albumine végétale, un extrait sucré et ductile, de la
violine.
coction malin et soir, ou bien dans la soupe au lait, qui n'en prend aucun
mauvais goût. Au bout de quatre jours, le visage se couvre de croûtes
épaisses, ce qui n'euipi^chc |)as de continuer celte boisson, môme après
leur chute, qui a lieu ordinairement apivs la seconde; ou la troisième se-
maine, ainsi qu'une expérience de trente ans !'a prouvé à l'auteur que nous
venons de citer. Cet auteur a remarqué, ainsi que je l'ai moi-même observé
plusieurs fois, que les urines prennent, pendant l'usage de cette plante,
une odeur analogue ;\ celle de l'urine de chat.
fétide,
Haase, Metzer, IMouquet, Armstrong, Hahnemann, Thilenius,
l)e|)uis,
t't pres(jue tous les auteurs qui se sont occupés des dermatoses, se sont
servis de la pensée sauvage dans les dartres, la teigne, la gale, dans plusieurs
maladies lymphatiques, le rhumatisme chronique, la blennorrhagie, etc.
Murray déclare avoii' lui-même constaté l'efficacité de la pensée sauvage
dans ces diverses allections. Ilufcland recommande dans les dartres une
forte décoction d(> pensée sauvage continuée pendant longtemps. En 1813,
Fauverge la donna à une jeune lille, sujette à des accès nerveux qui étaient
regardés comme produits par la suppression de croûtes laiteuses, et la gué-
rison fut obtenue Emn curaturum (juem prima origo causa; non fefdlerit
:
(Gels.).
Schlegel porta la confiance dans la pensée sauvage jusqu'à la croire utile
dans les affections syphilitiques, surtout contre les ulcères vénériens. Bodart
a proposé de la substituer à la salsepareille. L'exagération compromet la
meilleure cause. 11 faut se tenir dans les limites du vrai pour amener à la
conviction.
On oppose à l'opinion des auteurs qui ont vanté cette plante celle de
plusieurs praticiens qui prétendent n'en avoir retiré que de faibles avan-
tages, ou qui la. considèrent môme comme dépourvue de toute propriété.
Ainsi Chambon dit qu'il a eu souvent recours à son usage sans en obtenir le
moindre avantage. Pariset, avec son atlicisme exquis, tourne en ridicule,
dans une de ses lettres écrites d'Orient, les médecins de Paris qui ordon-
nent gravement à leurs malades la viola tricolor; mais on sait que la raille-
rie tient bien plus de l'abus de l'esprit que de la sévérité du jugement.
Je fais usage journellement de la pensée sauvage dans les croûtes de lait;
j'ai cru remarquer une grande amélioration dans cette maladie lor-sque les
enfants en ont usé pendant quinze à vingt jours. Je la fais macérer à la dose
de 4 à 8 gr. dans 230 gr. d'eau chaude pendant la nuit; je fais bouillir en-
suite, et j'administre celte dose à jeun, coupée avec un quart de lait et
édulcorée. De cette manièi-e les enfants la prennent sans répugnance. Je
mets souvent la pensée sauvage dans les tisanes dépuratives.
(Hardy, médecin de l'hôpital Saint-Louis, ordonne comme adjuvant du
traitement de diverses affections cutanées la tisane de folioles de séné et de
pensée sauvage.)
,
l'KnsiCAlRE ACI'.K. 811
sa saveur ost àcro, poivrée et iih'-iik' Inùlanlo. Son suc roiifiit IcscoiiltMiis bleues végétales,
ce qui réviile un principe acide. S(in inliisidii a(|unise, qui n'a jjas ràcreté de la plante
verte, noircit [)ar le sulfate le ter. Elle leiiil les laines en jaune. (Elle contient une liuili'
essentielle sulfurée.)
Persicaire douce. —
Polygone persicaire. —
Vraie persicaire. Per- —
sicaire TACHETÉE. —
Fer-a-cheyal. PiLiNGRE. — —
Polygomim persicuriu. L.
— Persicaria mitis maculosa et non maculosa. C. Bauh., ÏOUrn. Croît aux —
mômes lieux que la précédente et lui ressemble beaucoup.
[Descriiitioli. —
Diffère de la persicaire acre par ses fleurs roses, assez grosses,
en épis oblongs, cylindriques, compactes et dressés (août) par l'absence de points glan-
;
Persicaire amphibie. —
Persicaire acide. —
Persicaria amplnhium, L. —
Potamogeton salicis folio. C. Bauh. —
Potamogcton scu fontalis persicaria
Foliis. J. Bauh. —
Potamogeton angustifolium. Ger. —
Fontalis major lon-
gifolia. Park. —
Cette plante vivace croît abondamment dans les marais et
les lieux couverts d'eau. Lorsque les chaleurs de l'été dessèchent les étangs,
en pilules de 25 à 30 centigr.
J'ai employé la racine de persicaire amphibie en décoction concentrée,
contre une large syphilide située à la partie supérieure interne des cuisses,
chez un ouvrier âgé de trente ans, qui, un an auparavant, avait subi un
traitement mercuriel mal dirigé. Cette dartre était survenue trois mois après
la guérison d'un chancre au prépuce, que l'on avait touché fréquemment
avec le nitrate d'argent fondu. La décoction de racine de persicaire am-
phibie (100 gr. pour 1,500 gr. d'eau réduits à i kilogr.), prise à la dose de
4 verres, d'heure en heure chaque matin, et continuée pendant un mois, a
suffi pour faire disparaître peu à peu cette dermatose évidemment véné-
rienne. Depuis vingt ans que le malade est guéri, il n'y a eu aucunç appa-
rence de récidive.
Ce seul fait ne suffit pas pour constater les propriétés de la racine de
persicaire amphibie mais il est de nature à engager les praticiens à essayer
;
l'emploi de cette racine dans les cas où la salsepareille est indiquée. Cette
dernière est trop chère pour la médecine des pauvres.
les lieux où on l'a semé. On l'a quelquefois cultivé en grand pour les mou-
tons, qu'il préserve, dit-on, de certaines maladies. On a prétendu qu'il est,
au contraire, un poison pour les poules, les perroquets et plusieurs autres
oiseaux (?)
Descriittion. —
Racine assez grosse, conique, blanchâtre, fibreuse. Tiges —
glabres, rameuses, striées, cannelées, fistuleuses, longues de 75 centimètres à 1 mètre.
— Feuilles pétiolées, bipennées, d'un beau vei t, à folioles incisées en lobes aigus, les
feuilles supérieures moins décomposées, quelquefois même simples. Fleurs blanches, —
un peu jaunâtres, petites, disposées en ombelles de quinze ou seize rayons (juillet-août).
— Calice entier. —
Corolle coifiposée de cinq pétales égaux, arrondis, courbés à leur
sommet. —
Cinq étamines. —
Deux styles très-courts. —
Fruits : ovoïdes, allorigés,
composés de deux akènes convexes en dehors, marquées, sur le dos, de cinq petites
nervures saillantes.
Nous avons exposé à l'article ciguë les caractères distinctifs de la petite ciguë et du
persil, et le danger qu'il y aurait de confondre ces deux plantes.
Parties usitées. — La racine, l'herbe et les fruits.
jnais insoluble dans l'eau, à une haute comme à une basse température.
La semence de persil contient en outre, d'après Homolle et Joret, une huile essen-
tielle, voktile, une matière grasse incristallisable (beurre de persil), de la pectine, de la
chlorophylle, du tannin , une matière colorante jaune, de la matière extractive, du
ligneux, des sels anorganiques, etc. —
Braconnot a extrait de la semence du persil une
substance à laquelle il donne le nom d'apune, et qui, suivant Homolle et Joret, paraît
analogue à la pectine. —
Dans un mémoire de Blanchet et Sell (2), on lit « En distil- :
lant avec de l'eau les semences de Yapium petroselinum, on obtient une huile volatile
légère et une huile plus lourde qui contient du camphre. —
Enfin, BoUe, pharmacien à
Angermande (3), aurait trouvé, parmi d'autres huiles essentielles, une masse concrète
formée de cristaux blancs aciculaires (stéaropton de l'huile de persil), qui ne serait que
le résultat de l'altération de l'huile essentielle sous l'inlluence des rayons solaires. (Selon
Loewig et Weidmann, la formule de l'essence de persil C'^H* O'.) =
(1) Journal de pharmacie, 1852.
(2) Annales de pharmacie, t. VI, cahier 3.
(3) Journal de pharmacie^ t. XV, p. 580.
I>Ei;SIL. 81 ô
A 1,'iNTÉRiEiiB. — I)('coction dos racines fnii- Potion fébrifuge eau distillée de persil
: ,
ches ou sc'clics, 15 i\ 00 gr. i)ar kilo^iaimiK! 100 gr.; extrait de persil, décigr.; siroj»
d'eau. d'absinthe, 30 gr., à prendre en trois fois.
Eau distilléo, 00 à 100 gr. et plus, sculo ou Autre poliou eau de mélisse, liO gr.; eau de
:
(1) Médecine domestique. Berne, 1795. — Ordonnance pour l'apothicaire, n" 2!\h.
816 PERSIL.
quable entre ces deux corps. Ce n'est qu'exceptionnellement que l'on voit
survenir des borborygmes, des nausées, des coliques avec diarrhée bilieuse.
(1) La science de purger, détruire les vers intestinaux et couper la fièvre sans danger. Mont-r.
pellier, 1835.
(2) Communication faite à l'Académie de médecine en août 1836.
(3) Bulleti7i médical de Bordeaux et Journal de chimie médicale^ 2" série, t. Vill, p. 588.
\h) Union médicale^ janvier et février 1855.
PERSIL. 817
revenons pendant trois mois, et durant huit jours, chaque fois à cette médi-
cation.
(Depuis, Joret a fait insérer un mémoire, sur ce sujet, dans le Bulletin de
thérapeutique (1). Il y établit quequand l'aménorrhée et la dysménorrhée
proviennent d'une diminution, d'un excès, ou d'une perversion de vitalité
de l'utérus avec névrose locale ou générale, l'apiol est le plus sûr et le plus
inoffensif des emménagogues. Depuis, de nombreuses observations con-
cluantes ont été publiées. Nous signalerons avant tout les travaux de Ma-
rotte (2). Grâce à ces études consciencieuses, ce médicament est définitive-
ment entré dans la pratique usuelle j'en obtiens chaque jour les plus
;
remarquables résultats. Deux fois déjà j'ai observé, au bout de trois mois,
un rétablissement si complet des fonctions que la fécondation a eu lieu.)
A l'extérieur, les feuilles de persil sont regardées comme résolutives. On
les applique sur les engorgements laiteux des mamelles, les contusions, les
ecchymoses, seules ou broyées avec de l'eau-de-vie. J'ai vu employer,
d'après le conseil d'un vieux curé, dans les engorgements scrofuleux, l'hy-
darthrose, etc., du persil pilé dans un mortier avec des limaçons à coquille,
jusqu'en consistance d'onguent, qu'on applique sur la partie malade, étendu
sur de la filasse et qu'on renouvelle tous les jours. Ce topique est un résolu-
tif mitigé. Je l'ai appliqué avec avantage sur les abcès froids, pour y déter-
miner la maturation.
Les gens de la campagne appliquent les feuilles de persil froissées sur les
contusions et sur les coupures. Dans le premier cas, elles peuvent être
utiles comme résolutives mais dans le second, elles sont évidemment
;
nuisibles par l'irritation qu'elles causent aux bords non réunis de la plaie,
qu'il suffit dans tous les cas de rapprocher et de maintenir en contact, sans
autre traitement. Il est difficile de faire croire aux paysans que la nature
guérit les plaies.
Cunier, oculiste belge très-distingué, assure, dit Dubois de Tournai,
((
qu'il existe, à Assche, près de Bruxelles, une vieille femme qui guérit
I ophthalmie des nouveaux-nés au moyen des instillations de suc de persil.
II ajoute qu'en 1832 plusieurs soldats belges affectés d'ophthalmie eurent
recours à ce moyen, qui fît avorter un mal qui, chez leurs camarades,
passait toujours à la purulence et nécessitait leur envoi à l'hôpital. »
Dans les hémorrhoïdes sèches (3), on se trouve très-bien d'un topique
composé de feuilles de persil et de sureau, à demi cuit, en application im-
médiate. — Le
persil broyé dans le creux de la main avec un peu de sel
et introduit en forme de petite boule dans l'oreille du côté malade, apaise
les douleurs de dents, par un effet révulsif que j'ai eu souvent l'occasion
d'observer chez les paysans. —
Tissot dit que l'application du persil dissipe
les piqûres des cousins et des abeilles. On a attribué aux semences de persil
pilées et mêlées à l'axonge la propriété de détruire les poux de la tête.
Cependant, c'est une opinion vulgairement et généralement répandue dans
nos campagnes du Nord que le pou du pubis ou morpion se multiplie d'une
manière extraordinaire en moins de deux jours, par la seule friction faite
avec les feuilles de persil. C'est un moyen que la perfidie conseille parfois,
et que l'ignorance accueille avec bonne foi.
Je ne terminerai pas cet article sans faire connaître un remède populaire
que j'ai vu employer plusieurs fois avec le plus grand succès contre la gan-
grène, les ulcères gangreneux et putrides. Le voici prenez, suc de persil, :
Propriétés physiques
et diiiuiques. —
Cette plante est inodore; sa
saveur, amère dans l'élat Irais, devient astringente après la dessiccation. Son principe
amer est soluble dans l'eau, à laquelle il communique une grande amertume. Cette eau
donne un précipité noir par son contact avec le sulfate de fer. —
Les feuilles, au rap-
port de DecandoUe, ont été employées au tannage des cuirs. —
On s'en sert aussi pour
raccommoder les vins qui tournent au gras.
contre les hémorrhagies; n'a-t-on pas été jusqu'à la regarder comme pou-
vant même arrêter l'épistaxis au moyen de deux ou trois de ses feuilles pla-
cées sous la langue!
il croît en France, sur la lisière des bois montueux et couverts'. Il est com-
dedans. do —k 90 cenliniMies do
'l'ige fiO h — Feuillosgrandos, à quatre
liaiilour. trois
fois déconipost'i'.s,dont cl sont
Ifs —
(It'niii'ics blanclics ou
lolioles liiK-aircs. l-'lcurs
roséos, en
dis|)()S(H's de deux vin^l rayons im-gaux, ordinaiienicnt dépourvus
oinlx'llcs à
d'invoiuno, d'involucellfs
uiuiiios plusieurs — Galice cinq dents. — Corolle
à lolioles. .'i
fusible en résine i\ (iO" C. insoluble dans l'eau, solublc dans l'alcool et l'étlier (C* 11^ 0).
,
PEUPLIERS. Populi.
Salicacées. Fam. nat. — Dioecie octandrie. L.
Peuplier baumier, IJaumier. Populus halsamifcra, L. —
Populiis migra, —
folio7naximo, gemmis hahamum odoratisshnum fundcntihus, Catesb. Origi- —
naire de l'Amérique septentrionale et de la Sibérie, où il s'élève à une grande
hauteur.
Description. — Tronc peu élevé, droit, recouvert d'une écorce grisâtre, se divi-
sant en branches courtes, épaisses, un peu resserrées en tète. Hameaux lisses, jau- —
n;ltres, souvent bruns ou presque noirs, luisants. —
Feuilles se développant dès la fin
de ovales-lancéolées, arrondies à leur base, rétrécies à leur
février, pétiolées, coriaces,
sommet, inégalement dentées en leurs bords, d'un vert foncé en dessus, blancbàtres et
veinées en réseau à leur face inférieure ; pétioles courts, raides, très-peu comprimés
latéralement. —
Chatons mâles ressemblant à ceux du peuplier noir. Dix-huit à —
vingt-deux étaniines et plus. —
Chatons femelles ayant des fleurs assez rapprochées,
pédicellées, auxquels succèdent des capsules ovales, entourées à leur base d'un petit
tube urcéolé, persistant.
Culture. —
Le peuplier baumier est cultivé dans nos jardins depuis 1731. Mais il
ne s'y élève guère qu'à la hauteur d'un arbrisseau. Chaque métaiiie des départements
du Nord a son l)aumier connu sous le nom de copahu ou cupahu. On le multiplie de
marcotte et de bouture dans un terrain humide, à une exposition cliaude.
ment /icM/î/ier carre), sont entourées d'une sorte de coton qui peut rem-
placer le coton card<^ dans le traitement de la brûlure ou comme hémosta-
tique.
[Culture. —
Ce bel arl)re préfère les terres légères, les lieux liuniidos, le bord
des rivières et dos ruisseaux. On le propage par boutures, faites à l'automne ou au
printemps il vient dans presque tous les terrains.]
;
(CHARBON VÉGÉTAL. —
En calcinant dans des vases clos en fonte des
pousses de peuplier de trois ou quatre ans, on obtient un charbon qui,
bouilli dans l'eau chargée de 1|32^ d'acide chlorhydrique, lavé, séché, puis
calciné fortement et porphyrisé, forme le charbon médicinal. 11 faut l'en-
fermer à l'abri de l'air pour éviter l'absorption de l'humidité et des gaz
atmosphériques.
En effet, ce corps possède des propriétés absorbantes remarquables aux-
quelles sont dues ses propriétés désinfectantes. Stenhouse (2) a établi que
le charbon détruisait les miasmes organiques il purifie certains liquides et
;
Le phellandre (ou phellandric) (PI. XXX) est commun dans les^ lieux
humides, les étangs, les marais, les fossés. Je l'ai souvent rencontré dans
les trous à tourbes de l'Ardrésis et de la Picardie. Les bestiaux ne touchent
point à cette plante tant qu'elle est verte. On dit cependant que les bœufs
l'ont quelquefois mangée sans inconvénient.
Description. — Ilacines épaisses, articulées, blanchâtres, chargées aux arlicu-
lalions d'un très-grand nombre de radicelles. —
Tiges épaisses, fistuleuses, striées,
dressées, hautes de 35 à 70 centimètres, divisées en rameaux alternes, nombreux et
très-ouverts. — Feuilles glabres, deux ou trois fois ailées, d'un beau vert, à folioles
petites, laciniées, obtuses, un peu ovales; les feuilles inférieures sont quelquefois sub-
mergées et découpées alors en filaments capillaires. —
Fleurs blanches, petites, dispo-
sées en ombelles terminales, portées sur de longs pédoncules. —
Point d'involucre
commun, celui dos ombellules composé d'environ sept à dix folioles aiguës, de la lon-
gueur des fleurs (juin-juillet). —
Calice à cinq petites dents aiguës. —
Corolle composée de
cinq pétales cordil'ormes, irréguliers, réfléchis en dedans. —
Cinq étamines à anthères
arrondies. — Deux styles à stigmate obtus. —
l'^ruit lisse, ovale, strié, composé de
:
deux akènes, appliqués l'un sur l'autre et couronnés par le calice persistant.
Parties usitées. — Les seminoïdes ou fruits, la racine, l'herbe.
boristerie. Les fruits sont recueillis à leur maturité. A cause de l'huile essentielle qu'ils
contiennent, on doit les tenir dans des vases bien fermés et dans un endroit sec.
[Culture. — La plante spontanée commune pour suffire aux besoins de la
est assez
médecine, on la cultive dans botaniques. Elle demande un sol constamment
les jardins
humide et se multiplie très-facilement de graines ou d'éclats de pieds.]
Propriétés physiques et cliiniiques. — Les fruits de phellandre ont
une odeur forte, aromatique, désagréable et une saveur acre. Hutet fils, pharmacien de
Lyon (2), en a retiré un produit qu'il regarde comme le principe actif, auquel il a donné
(1) Les noms de cùjuë d'eau, cUjuë aquatique, donnés mal à propos au
phellandre, pour-
raient faire confondre cette plante avec la ciguë vireuse {cicuta virusa),q\ie l'on trouve aussi
désignée dans la Flore française de Lamark sous le nom de cicuta aqualica,et qui est un poi-
son très-violent.
(2) Bulletin général de thérapeutique, t. XLIII, p. 171.
826 PHELL ANDRE.
le nom de phellandrine, et qu'il a obtenu à la manière de In conicine. Ce produit est
oléagineux, neutre, d'une odeur forte, nauséabonde et légèrement éthérée ; plus léger
que l'eau, dans Inquelle il s'en dissout un peu ; soluble dans l'éther, l'alcool et les
graisses; moins soluble dans les huiles fixes que dans les huiles volatiles. (Les fruits en
renferment de 2 à 3 pour 100.)
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQIES ET DOSES.
K l'intérieir, — Infusion, de ?0 à 60 gr. par PHELLANDRINE. — A LiNTÉniEiR. — On
kilogramme d'eau bouillante. pourrait employer des granules contenant
Teinture (i sur 6 d'alcool à 31 degrés) de 2 à chacun 1 milligr. de ce principe actif, ou
5 gr., en potion. un sirop contenant par chaque cuillerée à
Poudre des fruits, de 1 à 8 gr,, en pilules ou bouclie, soit 20 gr., 1 centigr, du mftrae
en électuaire. produit.
Sirop, 100 gr. pour 300 gr. d'eau bouillante;
— apri^s refroidissement et flltration, mêlez A l'extérieur.— Pommade de phellandrine
à sirop de sucre; — 1,000 gr. réduits par (axonge récente et bien lavée, 50 gr.; pheU
évaporation à 700 gr. contiennent 2 gr. de landrine, 1 gr.), en onctions. (Devay.)
partie active par 16 gr.
Le phellandre est une plante suspecte, quoiqu'elle soit loin d'être aussi
vénéneuse que la grande ciguë, dont elle se rapproche beaucoup. Il avait été
employé par les vétérinaires contre la loux des chevaux, avant qu'on en eût
t'ait usage dans la médecine humaine. Cependant on pense généralement
que lorsqu'il se trouve par hasard mêlé dans le fourrage, surtout quand il
est vert, il leur cause une paraplégie extrêmement dangereuse, Cet effet
semble annoncer une action délétère très-énergique sur le système ner-
veux, et plus particulièrement sur la moelle épinière. Bulliard cite le fait
de deux jeunes chevaux qui s'étaient échappés dans une prairie, et qui,
ayant mangé de cette plante par inexpérience, sont morts empoisonnés.
Linné dit que la plante sèche n'est point nuisible aux bestiaux. On a pensé
que les semences, comme dans d'autres ombellifères analogues, étant plus
ou moins aromatiques, et ne participant point autant du principe vireux qui
rend les autres parties dangereuses, pouvaient être administrées avec plus
de confiance. Des essais sur les feuilles et les racines n'ont été tentés qu'avec
réserve et en commençant par de faibles doses. La phellandrine, injectée à
la dose de 30 centigr. dans les veines d'un chien, a produit, quelques
instants après, de la gène dans la respiration, des tremblements nerveux, de
l'anxiété pendant quelques heures l'animal n'a pas succombé
; mais deux ;
couches ont produit une récidive ayant tous les caractères d'une phthisic
{galopante, ;\ laquelle la malade a succon:jl)c.
En piY'scncc de tels rôsullats, la phcllandrie doit ôlre tirée de l'oubli. La
plupart dos nu'doriiis rran(;ais la r('f,'ar(laicnt comme tombée en désuétude,
après avoir été autrolois préconisée; formule banale adoptée par les auteurs
de matière médicale, qui se sont successivement copiés, et qui rejettent
ainsi des remèdes indigènes qu'ils n'ont jamais essayés.
L'emploi des semences de phcllandi'ic n'empêche pas l'usage des autres
moyens appropriés aux indications qui peuvent se présenter. Il convient
souvent de lui associer les balsamiques, le lichen d'Islande, les Heurs d'ar-
nica, les l'euilles d'hyssope ou de marrube blanc, les racines de polygala, le
quinquina, etc.
Sandras, médecin de l'hôpital Beaujon (1), a plus récemment employé avec
succès le phellandre dans les adéclions pulmonaires tuberculeuses et les
catarrhes bronchiques chroniques. Ce médecin se sert de la semence encore
entourée de son enveloppe et piléc, puis incorporée dans du miel ou du
sirop de miel, ;\ la dose de 1 gr. tous les soirs, ou soir et matin, suivant le
cas; il n'a pas été au-del;\ de 2 gr. Quand elle esi prise une heure avant le
repas, ou deux heures après, elle ne trouble ni les digestions ni aucune
autre fonction, et peut être supportée sans fatigue pendant des mois en-
tiers.
« On ne peut, dit Sandras, à cause de l'obscurité des signes réels de
la phthisic commençante, être sûr que c'est bien cette maladie que l'on a
enrayée. Comme médecin, j'ai, grâce au phellandre, éprouvé quelquefois
une vive satisfaction en voyant revenir ;\ la vie commune des malades qui
réunissaient à mes yeux toutes les probabilités d'une phthisic commençante;
mais, comme homme de science, je me garderais bien de soutenir que mon
diagnostic probable ait été posé sur une tuberculisation réelle dans les cas
où le phellandre, employé au début, m'a réussi. Malgré les doutes que la
guérison m'a laissés sur la nature du mal, ces faits sont assez importants
pour que j'en tienne grand compte, et pour que je conseille vivement l'em-
ploi du piiellatidi'ium aquaticnm, au risque de ne pas compter l'observation,
comme disent les anatomo-pathologisles. »
Dans un état avancé de la maladie, le phellandre est, suivant Sandras,
un palliatif précieux. Les phthisiques affectés de fontes tuberculeuses in-
contestables et de tous les dépérissements qui s'ensuivent, n'ont pas plutôt
usé pendant une huitaine de jours de la phellandrie qu'ils se sentent mieux :
ils ont cessé de souffrir. L'expectoration est devenue à la fois moins abon-
dante et plus facile; la fièvre a diminué ou disparu; la diarrhée s'est amen-
dée; l'appétit est revenu, et en même temps le sommeil répare mieux les
forces, u Depuis que je soumets mes malades à ce traitement, ajoute San-
dras, je les vois presque tous endurer la phthisic, et, dans l'immense ma-
jorité des cas, ils se conservent merveilleusement sous tous les rapports
pendant des mois, qui, sans ce traitement, seraient dévolus à la consomp-
tion. » Sandras a vu à l'Hôlel-Dieu annexe un jeune Romain reprendre
toutes ses fonctions assez bien pour pouvoir retourner dans son pays,
malgré l'existence d'une caverne qu'il portait au haut de chaque poumon.
A côté de lui était un jeune enfant scrofuleux et tuberculeux, qui a guéri
d'une caverne tuberculeuse qu'il portait au sommet d'un des poumons.
La phellandrie met fin, chez les jeunes sujets lymphatiques et sans
,
tico-sanguiu, était atteinte depuis six ans, chaque année, vers le mois de
novembre, d'un catarrhe pulmonaire qui durait tout l'hiver, avec toux fré-
quente, expectoration très-abondante et souvent même bronchorrhée. On
n'opposait à cette affection que les loochs adoucissants, le sirop pectoral de
Lamouroux et les pastilles d'ipécacuanha. Appelé en novembre 18o4, au
quinzième jour de l'affection, je prescrivis la poudre de phellandre d'abord
à la dose de 1 gr. 50 centigr. après trois jours à celle de 2 gr. en augmen-
; ;
tant tous les quatre jours de 23 cent., j'arrivai à en faire prendre en trois
fois, chaque jour, 4 gr. 50 centigr. Au cinquième jour du traitement, l'amé-
lioration était remarquable; la toux, le râle muqueux et l'expectoration
diminuant de jour en jour, la guérison fut complète après le vingtième jour
de traitement. Depuis, il a suffi chaque année d'employer la phellandrie
aussitôt que l'expectoration s'établissait pour se rendre maître de l'affection
dans l'espace de six à huit jours.
Dans les catarrhes pulmonaires chroniques, la phellandrie produit, en
général, ses bons effets au bout de peu de jours elle a paru à Sandras n'être
;
corolle. — Ovaire unique. — Un slyle court. — Fruit : drupe charnue, globuleuse, noire
à sa niaturilt'.
Kay dit que la décoction des fouilles de phillyrce excite les urines on l'a ;
anguleuses.
Parties usitées. — L'herbe et les semences.
[Culture. — Celte plante se sème en pleine terre, en bordure ou isolée, à l'au-
tomne ou au printemps. On recouvre les graines avec du terreau.]
La dauphinelle des blés, par son analogie avec les aconits, réclame de la
circonspection dans son emploi à l'intérieur. On l'a regardée comme diuré-
tique, et conseillée dans les obstructions des viscères abdominaux, l'hydro-
pisie, la gravelle, les affections chroniques des voies urinaires. Elle a été
aussi administrée comme anlhelminthique. La teinture alcoolique (2), dans
les proportions de 30 gr. de semence de cette plante pour i kilogr. d'alcool
à 22 degrés, à donner par gouttes dans une tisane appropriée, est employée
en Angleterre contre la dyspnée nerveuse et l'asthme. Ces diverses pro-
priétés mal déterminées ont besoin d'être constatées par une rigoureuse
observation.
On a fait usage de cette plante î\ l'extérieur dans l'ophthalmie. Les se-
mences pulvérisées détruisent la vermine de la tête comme celles de sta-
phisaigre. La décoction de ces mêmes semences, en lotions, a été quelque-
fois employée par des paysans contre la gale et la phthiriase ou affection
pédiculaire.
Deseription. —
Racine jaunâtre, rampante. —
Tige droite, herbacée, sillonnée,
Iiaule de 80 centimètres à 1 mèlre 50 centimètres. —
Feuilles alternes, pétiolées, ter-
nées ou ailées, à segments bitrilobés; feuilles supérieures à segments plus étroits. —
Meurs jaunâtres disposées en bouquets terminaux (juin-juillet). —
Calice à quatre ou
—
cinq folioles caduques, colorées. —
Corolle nulle. Étamines fort nombreuses. Un —
—
style court et persistant. Fruit : quatre à dix carpelles sur un réceptacle étroit.
Partie» usitées. — La racine et les feuilles.
[Culture. —
Les pigamons se trouvent surtout dans les fossés et les prés humides,
au bord des ruisseaux, dans les clairières des bois. Ils ne sont cultivés que dans les jar-
dins botaniques et d'agrément. On les propage de graines et d'éclats de pied faits à l'au-
tomne.]
Propriétés pliysiques et diiniiques. — La racine, inodore, est rem-
plie d'un suc jaunâtre, d'une saveur douce et un peu amère. Lesson aîné, pharma-
cien de la marine, à Rochefort (3) a obtenu de sa racine un principe qu'il nomme tha-
liclrine. — Celle racine, ainsi que les fouillos, loiiinit une Icintuif jaune que l'on a
utilisée.
raeine eotunie pni'gative à la dose de à (»() gr. Miu'ray dit cju'à liiple dose
.'{()
(T. fœtidum, L.); à feuilles d'ancolie (T. aquilcgifolium, L.); faux caille-lait,
(T. galioïdcs, S'estl.) des rochers {T. saxatile, D. C.) ; à feuilles étroites
;
mais on peut la cueillir toute l'année pour la conserver. Il est préférable de ne l'em-
ployer que verte.
(l-'aivre d'Esnans insiste pour que les fleurs soient cueillies par un beau temps, au
moment de leur épanouissement, entre huit et dix heures du matin, et desséchées de
suite en plein soleil.)
[Culture. — Les piloselles sont très-communes dans les lieux arides. On ne les
cultive que dans les jardins botaniques; on les propage par graines ou par éclats de
pied.]
Cette plante, un peu amère et astringente, était jadis employée contre les
hémorrhagies passives, les diarrhées chroniques, les ulcérations internes, la
53
83Zi PIMENT ANNUEL.
phthisie, et comme fébrifuge. Elle est tombée aujourd'hui dans l'oubli le
plus profond. Mais les campagnards, qui n'abandonnent pas aussi facilement
que les hommes de science les traditionspopulaircs, la mettent encore en
usage. J'ai vu plusieurs fois une forte décoction aqueuse de cette plante
agir assez puissamment sur les reins pour faire rendre des graviers.
Miergues (1), prétendant retrouver dans la piloselle sa vertu fébrifuge, la
prescrit dans un bouillon composé, oii rentrent plusieurs espèces amères
et astringentes. En voyant la piloselle figurer ici comme ingrédient prin-
cipal, et annoncée comme tel, on peut supposer à la racine de réglisse
ajoutée à la salsepareille la vertu dépurative et antisyphilitique attribuée
à cette dernière.
(Faivre d'Esnans (2) se loue de l'infusion des fleurs dans le traitement des
affections hépatiques; de plus, il lui trouve une spécialité assez remar-
quable, celle de faire cesser presque instantanément le sentiment de fatigue
que l'on éprouve à la suite d'une longue marche ou d'un exercice violent
des bras De plus en plus merveilleux!)
Cette solanée, cultivée depuis longtemps dans nos jardins, et dont le fruit
est usité comme condiment culinaire et comme médicament, croît sponta-
ment dans les Indes et dans l'Amérique méridionale.
Sespription. — Racine clicvelue, fiJ^reiise. — Tiges droites, •
cylindriques, s'éle-
vant jusqu'à 1 mètre. —
Feuilles alternes, longuement pétiolées, ovales, lancéolées,
aiguës. —
Fleurs petites, blanches, solitaires, latérales, pédonculées (mai-juin). Calice —
persistant à cinq ou six sépales. —
Corolle monopétale à cinq ou six divisions. Cinq —
ou six étamines alternant avec les divisions de la corolle. —
Ovaire bilocuiaire sur un
disque hypogyne. —
Un style simple à stigmate bilobé. Fruit —
baie ovoïde, coriace,
:
d'abord luisante et d'un beau vert, puis, à l'époque de la maturité, d'un beau rouge vif,
divisée en deux loges, contenant plusieurs graines réniformes, plates, blanchâtres. Le —
fruit du piment varie dans sa couleur et sa forme; il est jaune ou rouge, et quelquefois
tient de ces deux couleurs : il est tantôt allongé, étroit, aigu; tantôt court, très-renflé,
obtus et même écliancré au sommet.
Parties «asitées. — Le fruit.
Récolte. — Ce fruit, contenant une matière pulpeuse, doit être desséché avec soin
au soleil ou à l'étuve. Il se ride en séchant.
I
Culture. — On sème sur couche en février ou mars, ou sur terreau en avril ; on
replante fin d'avril ou commencement de mai, sur plate-bande au midi ou dans des pots
que l'on expose de même et que l'on entoure dans une couche. Il y en a plusieurs va-
riétés.]
maliôrc. exLraclive conlenaiil de l'a/olo, une matière colorée, de rainidon, une grande
quanlilé do l)assorino, fie. —D'après Forch-Manimcr, il conlienl une siil)slance alca-
loïde hianclio, brillante et coninic nacrée, Irés-àcre, assez soltihlc dans l'eau, et à la-
quelle on a donné le nom de cnpsicinc, une matière colorante l'ouf^c, un peu de matière
animale, du nuicilage et quelques sels, entre autres du nitrate de potasse. Les prin-
cipes actifs sont sohiMes dans l'eau, l'alcool et l'éllier.
(La cai)si(iiie a aussi été sifjçnalée par Wilting en 1822 (1) comme base salifiable. Bra-
connot avait à toit donné ce iiom au corps résineux que nous avons mentionné plus
haut.)
Subslnnces incompalibles. —
L'infusion de noix de galle, l'alun, l'ammoniaque, les
•carbonates alcalins, les sulfates de fer, de cuivre et de zinc, etc.
Les Indiens mangent ce piment cru. Ils en font une espèce de pâte qui leur sert d'as-
saisonnement, et qu'ils appellent beurre de cuyan ou pots de poivre. Nous avons peu à
peu adopti' l'usage de ce condiment, sans tenir compte de la différence des tempéraments
et des climats. On confit le piment au sucre; on en fait macérer dans le vinaigre, on
l'emploie dans les sauces, connue les câpres, les capucines, etc.
l'IîKl'ARVTIONS PHAIIMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'iNTKniKUR. — Kn poudre, de 3 ù. 10 dccigr., A i."KitTÉiviEun. —Teinture, de 15 à 20 gr.
en (51cctuaire, pilules, etc. par 20 gr. d'eau pour gargarisme.
Teinture alcoolique (1 sur 6 d'alcool ;\ 33 de- Poudre, de 13 à 20 gr. pour cataplasme ru-
grés), de 1 à i gr., en potion. béfiant, gargarisme.
Vinaigre (1 sur 6 de vinaigre et (3 d'eau-de- Emplâtre rubéfiant anglais (poix de Bourgo-
vie), de 2 à /j gr. dans une décoction appro- gne, 8 gr.; poudre de ])imcnt, 8 gr.; axongo,
priée. 1 gr. 20 centigr. Mêlez). Cet emplâtre est
Muile essentielle, de 15 à 25 centigr. sur du intermédiaire entre l'emplâtre de poix de
sucre ou dans un véhicule approprié. Bourgogne et l'emplâtre stibié; le premier
Sirop (1 sur 2 de sucre), de 10 à 15 gr., en souvent insuffisant, le second trop doulou-
potion. reux, trop actif.
Le piment annuel est un des excitants les plus énergiques. Introduit dans
l'estomac, il y provoque un sentiment de chaleur qui se répand bientôt dans
tout le corps, sans cependant accélérer le pouls d'une manière sensible.
Frais et réduit en pâte, il rubéfie la peau comme la moutarde. A petite dose
et associé aux amers, on le donne dans la dyspepsie, l'hydropisie, la para-
lysie, la goutte atonique. Les Anglais la prescrivent dans certains cas de va-
riole, de rougeole et de scarlatine, quand l'éruption languit par défaut
d'action vitale, dans la fièvre jaune, et en général dans les maladies adyna-
miques. Chapmann (2) l'a prescrit en décoction dans l'angine tonsillaire et
l'angine maligne, réuni au quinquina. Monard (3) dit que le poivre long est
carminatif et propre à dissiper l'enrouement. Wright l'a donné dans les
hydropisies passives ou provenant de débilité. On emploie, dans ce cas, de
préférence, le vinaigre ou le sirop de piment plus ou moins étendu d'eau.
(Comme excitant général, il est employé avec succès dans les Indes occi-
dentales pour traiter le delirium iremcns; on l'administre en poudre à la dose
de 1 gr. 30 centigr., et dans certains cas une dose peut suffire.)
On a appliqué en collyre, dans certaines ophthalmies par relâchement de
tissus de l'œil, le suc exprimé de piment étendu d'eau (4). Comme rubé-
fiant, on peut employer ce fruit en topique dans les cas où le sinapisme est
indiqué.. J'ai appliqué autour du cou, comme rubéfiantes, dans l'angine,
des compresses imbibées de vinaigre de piment tiède la rubéfaction a été :
prompte et efficace.
Allègre a proposé à l'Académie de médecine de Paris (séance du 11 sep-
tembre 18oo), comme moyen de traitement des hémorrhoïdes, l'usage du
piment annuel. Les résultats observés par les membres de la commission
chargée d'examiner ce moyen, sont satisfaisants. Presque tous les malades
(Le Piment cerise (C. cerasiformc, L.), caractérisé par le volume et la forme
de ses fruits, n'est qu'une variété de l'annuel.)
La pimprcnelle, plante vivace, que tout le monde connaît plutôt par son
usage en cuisine qu'en médecine, croît dans les prairies des montagnes, les
lieux incultes, au bord des chemins. On la cultive en prairies artificielles
pour la nourriture des bestiaux. Elle sert d'assaisonnement dans les sa-
lades. (Le ver à soie de l'ailantc se nourrit fort bien de ses feuilles.)
Les feuilles de pimprenelle, d'une saveur amère, un peu slyptique et
poivrée, ont été vantées comme diurétiques, astringentes, vulnéraires, et
propres à activer la sécrétion du lait, étant appliquées sur les seins. Cette
dernière propriété, exaltée par Tabernœmontanus, n'a pas été confirmée
par l'observation. *Le nom de sanguisorba, donné à cette plante à cause de
sa prétendue efficacité contre les hémorrhagies, et celui de hurnet qu'elle
porte vulgairement en Angleterre, et qui lui vient de son emploi topique
dans la brûlure, n'ont pas été non plus justifiés par l'expérience. Cette
plante, dont la médecine peut très-bien se passer, a été quelquefois mise
en usage en guise de thé, ainsi que l'aigremoine et le sainfoin, chez les ha-
bitants peu aisés des campagnes de nos départements du Nord.
Pin a pignon ou cultivé, pin pinier, pin de pierre, pin d'italie. {Pinxis.
PINS ET SAPLNS. 837
l'iroites, |)oinliies, tenues, d'un vert un peu glauque, formant toulfe aux extrémités des
rameaux. — l-'leurs en mai. —
Cônes gros, arrondis ou pyramidaux, rougeàtres, à
écailles épaisses, émoussées et très-laiges au soimnel, mettant souvent plusieurs années
à mûrir; renteianant des amandes blanches, huileuses, d'une saveur douce comme celle
(le noisette (pignons doux).
Pin sauvage, pin commun, pin de Genève, pin de Russie, pinéastre. {Pinus
sylvesiris, L.;Pinus sylvest7'is vulgaris Gcnovensis, J. Bauh., Tourn.) Cet —
arbre forme, dans une grande partie de la France, de vastes forêts, où il
s'élève à la hauteur de 25 à 30 mètres. II se plaît dans tous les climats il ;
vient dans les plus mauvais terrains, et on peut le cultiver dans les lieux qui
semblaient être condamnés à une aridité éternelle.
l>esci*iiiiioii. —
Tronc nu, droit, élancé, rameux à son sommet; jeunes pousses
verdàtres. — Feuilles dures, longues d'environ 5 centimètres, étroites, courbées en
gouttière, pointues, d'un vert un peu bleucàtre, renfermées deux k deux dans une gaine
courte et cylindrique, munies d'une écaille roussàtre à leur base. —
Chatons des fleurs
niàles, roussàtres, disposées en grappes droites; fleurs femelles, formant des chatons
ovoïdes, d'un rouge sombre. —
Cônes courts, pointus, pendants veis la terre, simples
ou géminés, à écailles prismatiques, épaisses, obtuses, ligneuses, d'un gris cendré,
amincies à leur base, ombiliquées à leur sommet.
l' sages. — Lepin sauvage est celui dont on obtient le plus de produits. On en ex-
ploite le bois en quantité énorme, soit pour la construction des navires, soit pour la
charpente des bâtiments, la menuiserie, etc., après en avoir retiré la résine. Il fournit
beaucoup de térébenthine, du goudron, du brai sec, du galipot, etc. L'écorce intérieure,
renfermant un principe nutritif, sert de nourriture aux Lapons, qui en font du pain; tan-
dis que l'écorce extérieure est rugueuse, boursouflée et si légère qu'elle peut remplacer
le liège pour les filets de pêche.
Abies taxifolia, Desp, Abies vulgaris, Poïr ; Abies taxifolia fructu sursum
spectante.) — ;
Description. —
Tronc nu, cylindrique, blanchâtre, garni supérieurement de
branches horizontales disposées en pyramide régulière ; rameaux opposés, verticillés,
jaunâtres, —
Feuilles solitaires, planes, presque linéaires, obtuses ou échancrées à leur
sommet, coriaces, luisantes et d'un vert foncé en dessus, d'un blanc argenté en dessous,
très-rapprochées, et déjetées de côté et d'autre sur deux rangs. —
Fleurs en chatons
simples, solitaires; les uns mâles, solitaires, effilés; les autres femelles, presque cylin-
driques, souvent d'un rouge vif. —
Cônes allongés, obtus, assez gros, et redressés vers
le ciel, à écailles très-larges, entières, et à bractée dorsale allongée. Les écailles se —
détachent de l'axe après la maturité des graines.
Usages. — On retire de cette espèce de sapin la térébenthine dite de Strasbourg,
et toutes les préparations que cette dernière fournit, comme l'essence de térébenthine,
la colophane, la poix, etc. Les bourgeons de ce sapin sont usités en médecine; on les
trouve dans la droguerie sous forme verticillée, autour d'un bourgeon principal formé
d'écaillés roussâtres, résineuses, longues de 20 à 30 centimètres; ils viennent de la
Russie. On leur substitue sans inconvénient les bourgeons d'espèces congénères ou de
genres voisins de la même famille.
Sapin epicea ou epicia, sapin pesse, faux sapin, sapin élevé. [Pinus
picea, Lin.; Abies exceha, Decand.; Abies jjicea, Abies tenuiore folio deorsum
inflexo, Tourn.) —
Le sapin épicia, arbre d'une grande hauteur et d'une
verdure sombre, croît en forêt dans les Alpes, dans les Pyrénées, en Au-
vergne, etc.
Deseriptioii. — Tronc de 30 mètres de hauteur, se terminant par une b«Jle
.
tête pyramidale rameaux oppos(^s, iin peu inclinés. — Kcuillfs cfjurles, anguleuses,
—
;
UMttfieM. — C'est (le cet arbre que coule la poix blanclie ou poix de Bourgogne.
II*urtie« UMitéeH. — Ia's bourgeons, les feuilles, les Iruils ou cônes, les lésines
et leurs dérivés, le goudron et ses dérivés, etc.
Culture. —Les pins et les sapins se cultivent h peu prés de la même manière.
On par senu's laits à la volée, eu ligne, à la cliarrue ou à la canne, c'est-
les Miuitiplie
à-dire Il Taide d'une canne creus(^ pleine de graines, qui en laisse échapper une toutes
les fois qu'on la pose en terre. Celte métliode est peu usitée; le plus souvent, on mé-
lange de la graine de genêt 'i celle du pin, pour que la première donne de jeunes plants
qui protègent les petits arbres dans leur jeune âge; on éclaircit deux ans, cinq ans, ;'i ,^i
à dix ans, à vingt ans, de manière à ce qu'à celle époque il ne reste environ que deux
cents |)ins par hectare; l'éclaircissage s'ojjère de deux manières tantôt on coupe les :
arbres au pied, tantôt on les saigne à ruine, c'esl-à-diie qu'on les incise sur toutes les
faces, de manière à en obtenir le |)lusde résine possible; puis on les cou[)e. Dans tous les
cas, ou opère sur les sujets les plus rapprochés, les moins vigoureux, les plus dél'ormés.
Il nous est impossible d'étudier ici d'une manière complète tous les produits que
donnent les pins et sapins aux arts, à l'industrie et à la thérapeutique. (.\ous accorde-
rons une place à la térébenthine, à l'essence de térébenthine, au goudion, à la créo-
sote, à l'acide phénique; nous ferons ici une simple énuméralion et nous dirons quel-
ques mots des produits les plus importants.
PRODUITS DU PIN MARITIME ET DES SAPINS ET LEURS DÉRIVÉS.
1° Pins de cinq à dix ans. —
Bourrées pour chauffage, baliveaux façonnés pour char-
ronnage, lattes, palissades, sujets pour transplantation.
'2° Pins
de dix à quinze ans. —
Tuteurs, échalas, gemme, quand on saigne à ruine
pour opérer l'éclaircissage.
3° Pins de quinze à vingt-cinq ans. —
Poteaux pour le télégraphe électrique, carcas-
sonnes pour vignes, et gemme lorsqu'on veut éclaircir.
U° Pins de vingt-cinq ans et plus.
Vernis.
Pâte de térébenthine. Essence de térébenthine, Peinture.
Médicament.
/ Médicaments-
Vernis.
Bougies.
Arcanson. Allumettes.
Gemme.
/ Colophane. Cire à cacheter.
Barras.
\ Brai sec. Collage du papier.
Galipot.
Brai gras. Savons de résine.
Sévc de pin.
Bésine jaune. Huiles pyrogénées, lour-
Poix blanche. des, légères, employées
Poix noire. à l'éclairage.
Noir de fumée. Naphtaline.
Eupione.
Paraffine.
Gaz pour l'éclairage, etc.
5° Pins épuisés de résine souches de pin vert toscan de cent uns et plus.
el Bois de —
construction, pilotis, traverses de chemin de fer, planches, douvelles pour barriques,
meubles, bois à brûler, charbon, vinaigre de bois, goudron, créosote, benzine.
6° Fruits du pin, cônes ou pignes. —
Combustible, graines pour les volailles.
T Feuilles du pin. —
Laine végétale ou laine des forêts, étoffes et matelas en laine
de pin, matières résineuses, essences.
Rérolte. —
La récolte de la résine est faite par les gemmiers ou résiniers, lorsque
les arbres ont atteint vingt-cinq ans. On fait des entailles à la base de l'arbre on les ;
rafraîchit tous les quinze jours environ, en les relevant peu à peu jusqu'à une hauteur
de 3 à 4 mètres; on recueille la résine par deux systèmes l'ancien, qui consiste à pra-
:
840 PINS ET SAPINS.
tiquer un trou à la base de l'arbre, clans le tronc et clans la terre; le nouveau, ou sys-
tème Hugues, dans lequel la résine est reçue dans des vases en terre que Ton place, à
l'aide d'un crochet, à différentes hauteurs sur l'arbre. On saigne successivement ainsi
l'arbre sur les quatre faces, jusqu'à ce que le pin cesse de produire de la résine; les en-
tailles portent le nom de quarre ou carre.
—
Propriétés pliysiques et cliiinif|ues. Le barras ou galipot entre
dans certaines préparations pour usage externe, telles cpie onguents, emplâtres, etc., fon-
dus au soleil ou à une douce chaleur; ils constituent, après filtration^ la pâte de téré-
benthine ou térébenthine de Bordeaux. Par distillation, il donne divers produits:
1° essence de térébenthine; 2» la colophane ou arcanson, qui est employée en poudre
comme hémostatique, et qui entre également dans un grand nombre d'onguents; elle
porte aussi le nom de brai sec.
La résine jaune ou poix-résine est la colophane fondue et fortement brassée avec de
l'eau. Ce mélange, additionné d'eau et malaxé, sert à préparer la poix blanche.
L?i poix noire s'obtient dans les forêts en brûlant les copeaux de pin, les filtres de
paille qui ont servi à purifier la térébenthine. On pratique aussi une sorte de distilla-
tion per descensam, et qu'on opère de la sorte sur de vieilles souches de pin. On ob-
tient le goudron, qui est surnagé par une huile noire que l'on vend pour Vhuile de
cade, quoique la véritable soit obtenue par distillation sèche du Juniperus oxycedrus.
(Voyez ce mot.)
La paraffine est une matière blanche solide, fondant vers 50 degrés, présentant l'as-
pect du blanc de baleine, composée d'hydrogène et de carbone, qui est très-employée
pour la fabrication des bougies et pour la préparation des pommades, cold cream, elc,
en parfumerie et en pharmacie; elle est extraite du goudron. (Voyez ce mot.)
La CRKOSOTE est un mélange de divers produits empyreumatiques extraits du gou-
dron de bois, dans lequel domine ['acide phénique. La créosote est liquide, incolore,
transparente, d'une odeur infecte, d'une saveur acre, brûlante, caustique. Sa densité
est de 1.037; elle bout vers 187 degrés; elle est un peu soluble dans l'eau. Sa solution
étendue conserve les matières animales.
L'acide phémque, hydrate de phényle, phénol, acide carbolique
alcool phénique,
= C'-H^O, HO, est extrait de l'huile de goudron, est l)lanc, fusible à 35° C, soluble en
toute proportion dans l'alcool et l'éther. Sa densité à -f- 18° est 1065; il bout à 188 de-
grés; il brûle avec une flamme fuligineuse; il dissout le soufre, le brome et l'iode; il
prévient la putréfaction; il coagule l'albumine, détruit les membranes organiques; il est
employé en dissolution dans l'alcool au centième.
La COLOPHANE est un mélange de trois acides isoniériques que Laurent a nommés
acides picrique, pimanque et sylvique, qui sont composés de C*°H-^0^, HO.
La colophane soumise à la distillation sèche produit quatre carbures d'hydrogène qui
ont été étudiés par Pelletier et V\'alter; ce sont le résinaphte
: =C'*H**, qui bout à
108 degrés; le résinyle =
C'H'-, qui bout à 150 degrés; le résinole =C'-H'", bouil-
lant à 2/i0 degrés; et la métanaphtaline, qui a la même composition que la naphtaline,
qui fond à 67 degrés et qui bout à 325. Le mélange de ces quatre corps constitue les
huiles de résine, dont on fait une grande consommation dans l'industrie. Par la distil-
lation, au contact de la chaux, la colophane donne la résinone, c]ui bout à 78 degrés, et
la résinéone, dont le point d'ébuUition est à l/i8 degrés.
La sÉVE DU PIN. —
Ce liquide s'obtient en forçant de l'eau à traverser à une forte
pression des troncs de pin. A Arcachon, où cette fabrication est organisée sur une
grande échelle, on emploie le procédé d'imprégnation du bois de Boucherie. Le hciuide
obtenu est incolore il possède une forte odeur térébenthinée.
;
vagcs caidage, conslihuiil la laino dos foiï'ls, doiil on fait des olofTos très-moel-
cl le
leuses, lii's-diaudes, cl entre anlrcs de lielles llanell<'s de santé. On fait aussi de bons
matelas hygiéniques avec celle laine; ils onl, dil-oii, Tiinniense avantage d'éloigner les
insectes.
L'huile essentielle des feuilles du pin est employée en Allenia^Mic sous le nom de
spiritus. Avec les matières résineuses, on fabrique des savons dits hjjfjicuiqncs.
(Nous allons étudier, au point de vue thérapeutique, les dillércntes par-
ties des pins et sapins, et les corps les plus utiles que l'on en a extraits.)
Les boiset les bourgeons ou lurions, soit du pin, soit du sapin, sont ex-
citants, antiscorbutiques, diurétiques, diaphoréliques. Je les ai souvent
employés en décoction ou en infusion dans l'eau, la bière, le vin, le cidre,
le lait ou le petit-lait contre le scorbut, les rhumatismes chroniques, la
goutte vague, les ailcclions calarrhales bronchiques et vésicales, la gonor-
rhée, la leucorrhée, les scrofules, les afiections cutanées chroniques, les
syphilides, etc.
A l'extérieur, l'infusion de bourgeons de sapin m'a été utile en injection
dans les écoulements muqueux et notamment dans la leucorrhée. Je la môle
souvent avec autant de décoction de ieuilles de noyer. Les fumigations de
bourgeons d(! sapin en combustion, dirigées dans les narines ou dans le
conduit auditif, m'ont réussi dans le coryza et l'otorrhée chroniques. J'ai
mis aussi en usage l'infusion de bourgeons de sapin, comme détersive et
antiscorbutique, sur les ulcères sordides, scrofuleux, atomiques ou gangre-
neux. C'est un moyen qu'on trouve toujours sous la main, et dont le méde-
cin de campagne peut user largement et sans dépense.
Les bains de vapeur résineuse, d'un usage depuis longtemps populaire
contre les rhumatismes, ont été récemment préconisés et adoptés par les
médecins. Il n'y a que huit années que, sur le bruit de cures nombreuses
et inespérées, Chevandier se prit à observer ce traitement empirique sur
les lieux mêmes, et, pour qu'il ne fût pas perdu pour le public médical, il
publia un premier mémoire en 1830, dans lequel il fit connaître les succès
remarquables qu'il avait obtenus par l'emploi régularisé des bains de va-
peur résineuse.
(Dans les établissements spéciaux créés depuis ce temps, et notamment
celui de Lyon décrit par Munaret (1), la température moyenne n'atteint pas
oO à GO degrés centigrades. Laissons parler l'auteur que nous venons de
citer) :
(1) Lettre sur les bains à vapeur térébenthines à M. le curé de Sainl-D***. Lyou, 1857
8Zi2 PINS ET SAPINS.
poitrine, sur tous vos membres; elle coule, elle ruisselle jusque sur le par-
quet... Il y a des malades qui ont perdu jusqu'à 1,200 gr. de leur poids en
une demi-heure, et cela sans en être affiiiblis. Point de congestions, pas de
céphalalgie. Quelquefois la circulation s'accélère et la respiration conserve
son rhythme normal... l'appétit renaît... la digestion est plus active, et la
soif accrue permet de remplacer ce qui s'en va par la peau. Un traitement
de quinze à vingt bains suffit dans la majorité des cas...
La vapeur térébenthinée peut être dirigée, concentrée sur tel ou tel or-
<(
TÉRÉBENTHINE. —
La térébenthine est le suc résineux qui découle des
pins et des sapins, et dont nous avons déjà fait mention. Les térébenthines
indigènes sont celles 1° de Bordeaux (des pins maritime et sauvage) ;
:
Ces substances sont des composés naturels d'huile essentielle et de résine qui ont une
consistance molle à la température ordinaire de l'atmosplière. L'essence et la résine
s'y trouvent en proportions variables. La térébentliine ordinaire contient à peu près le
tiers de son poids d'huile essentielle. La térébenthine du pin maritime n'en contient que
12 pour 100 seulement. —La résine est elle-même composée de quaue résines ditîé-
rentes, savoir l'acide piniarique, l'acide sylvique, l'acide pinique et une résine indiffé-
:
rente.
Sirop (1 sur 8 de sirop simple), 15 à 30 gr., devons signaler d'une façon spéciale.^
(\niis
cil potion. à cause des grands avantages que présente
Teinture (l sur /j d'alcool à 33 degrés), 1 à leur administration, les |)erles h l'huile essen-
U gr., en potion, etc. tielle de térébenthine de Clertan. Sous un pe-
Pilules de térébenthine officinales (térében- tit volume, sans laisser de trace de goùi ap-
thine de Bordeaux, 28 parties). Ces pilules préciable, on peut administrer quotidienne-
ne réussissant hien qu'en employant la ment «les doses de ce modificateur actif aussi
térébenthine de Bordeaux; les autres con- élevées que; l'on veut. Deux perles à chaque
tiennent trop d'huile essentielle pour bien repas, telle est la prescription n^uelle. L'in-
se solidifier. gestion, au moment du repas, diminue les
Pilules de térébenthine magistrales (térében- rapports désagréables <|ui résultent presque
thine de Venise, 1 partie; niagntsie blanche, infailliblement do l'usage des préparations té-
1 partie). —
La magnésie blanche donne rébenthinées.)
instantanément plus de solidité à la téré-
benthine que la magnésie calcinée. Quand A L'EXTÉniEt n. —
Lavement, A à 10 gr. délayés
on emploie la térébenthine de Bordeaux, il au moyen d'un jaune d'œuf.
faut moins de magnésie pour donner la Digestif simple térébenthine du mélèze, 4<*
:
Les diverses espèces de térébenthine ont à peu près les mêmes proprié-
toujours une action simulante qu'elles exercent sur nos organes,
tés. C'est
et plus spécialement sur les membranes muqueuses génito-urinaires et
bronchiques, ainsi que sur le système nerveux. Suivant l'état des divers ap-
pareils, elles portent leur activité sur la sécrétion urinaire, sur l'exhalation
cutanée, sur la sécrétion bronchique. A haute dose, elles provoquent le
vomissement et la purgation, La térébenthine est employée avec avantage
dana les catarrhes chroniques pulmonaires et vésicaux, la phthisie, la blen-
norrhée, la leucorrhée atonique, la diarrhée muqueuse entretenue par le
relâchement de la muqueuse intestinale, par une sorte d'altération des fonc-
tions sécrétoires de cette membrane ou par son
ulcération superficielle;
dans le rhumatisme chronique,
goutte atonique, certaines névralgies, etc.
la
C'est principalement dans la cystite chronique que la térébenthine triom-
phe; elle la guérit dans la moitié des cas, et améliore presque constamment
l'état du malade dans les catarrhes vésicaux, dus à la gravelle, aux affec-
tions de la prostate, à la paralysie de la vessie, etc. Dupuytren prescrivait
dans celte affection huit, seize et même vingt pilules, contenant chacune
4 décigr. de térébenthine. Mais il faut surveiller l'action spéciale de cette
substance sur la vessie, et suspendre l'emploi de ce moyen lorsque des
spasmes, la strangurîe, des urines sanglantes, des douleurs plus ou moins
vives dans les voies urinaires se manifestent, et, dans tous les cas, ne l'em-
ployer que lorsque les symptômes inflammatoires ont cédé au traitement
antiphlogistique préalable. L'usage de cette résine dans le catarrhe vésical
exige de la prudence et de la sagacité pratique. On ne doit pas le cesser ira-
Slik PINb ET SAPINS.
Essence de térébenthine. —
Cette essence s'obtient par la distillation de
la térébenthine, et plus particulièrement de la térébenthine de Bordeaux.
C'est un liquide incolore, d'une odeur forte et désagréable, très-inflammable, inso-
luble dans l'eau et plus léger qu'elle, peu soluble dans l'alcool, très-soluble dans l'éther,
pouvant dissoudre les résines, les baumes, le camphre , les liuiles essentielles , les
graisses, le sonfro (on pclito qiianlili'), le phosplioïc, le cao\itcliouc. (Voyez plus haut
Propriétés phiisiqnes et rhimiiines.)
L'ossoïKT (le li'iclH'iilliinc du commerce conlienl toujours une portion d'acide et de
résino. Pour ciTlaiiis usa^^cs pliarmacculiques et pour le uoltoyaKC des éloires, elle a
])CS()iii (rèlic piii iiit'i' par (lisliilalinii avec de Tcau. Si ou voulait l'avoir cliiniiquemenl
pure, il laudrait la distiller uue preuiièrc lois sur de la chaux, et une seconde fois sur
du chlorure de caiciuui.
On connaît l'usage de riiuilc essentielle de térébenthine dans les arts. Elle est indis-
pensable .'i la peinture et entre dans la composition de plusieurs vernis.
rhée. Ces eflets, oii l'action locale de l'huile volatile se révèle à peine, tan-
dis que son action dynamique est si prononcée, viennent à l'appui de l'opi-
nion des médecins qui, à l'exemple de Giacomini, considèrent cette huile
comme hyposthénisante.
L'huile essentielle de térébenthine est employée avec avantage dans les
névralgies et surtout dans la sciatique. On la conseille aussi dans le lom-
bago, le tic douloureux, le tétanos et même l'épilepsie. Elle est mise en
usage comme stimulante dans certaines affections des organes génito-uri-
naires, la cystite chronique, le catarrhe vésical, la gonorrhée, la blennor-
rhée et la leucorrhée.
Depuis que Récamier a employé, il y a plus de quarante ans, l'essence de
térébenthine dans la névralgie sciatique, les praticiens l'ont généralement
adoptée comme le moyen le plus efficace contre cette affection. L'admi-
nistration de cette substance, outre les phénomènes ordinaires produits
par son ingestion, cause une chaleur accompagnée de sueur dans les
membres abdominaux, particulièrement dans celui qui est le siège de la
névralgie, et plus encore le long du trajet du nerf malade. Celte action
topique avait déjà été observée par Cullen et Home. Plus les caractères
névralgiques essentiels sont bien dessines, plus les douleurs sont vives, plus
les chances sont favorables. Les malades guérissent promptement lors môme
que l'essence de térébenthine n'agit, ni comme purgative, ni comme sudo-
rifîque, ni comme diurétique. Toutefois si, au bout de huit ou dix jours
d'usage, cette médication n'a pas réussi, il ne faut plus rien en attendre.
On donne 8 gr. d'huile dans 120 gr. de miel rosat en trois fois, à quatre
heures d'intervalle dans la journée.
8Zi6 PINS ET SAPINS.
néphiilc albuminease chronique, les hénionhagies, etc. Moran (1) l'a don-
née conlrc les fièvres inlermittenlcs au déhul de l'accès, à la dose de GO gr.,
môlée ;\ du sucre et ;\ l'eau; il en lésulla une chaleur Irès-vivc dans l'esto-
mac avec des ellorls de vomissement; les symplùmes léhriles disparurent
pour ne plus revenir. Gullen (:2) dit qu'en en IVielionnanl le <los, elle est
utile dans ces lièvres. Cari Ilayny (.'{) lit rrirliomier, malin et soir, le rachis
avec \i'i gr. de cette essence, ehez di'ux individus alleinis de lièvre intermit-
tente tierce depuis plusieurs mois. La maladie céda au bout d(! deux jours.
Il résulte des recherches dEnnuert (4), (jue Thuile de térébenthine est le
on fait un gargarisme avec 250 gr. d'eau, 8 gr. de gomme et 8 gr. d'huile
essentielle, dont on se sert de temps en temps. WerlhoII Ta donnée dans
les hydropisies à la dose de G gr. de deux heures en deux heures, dans une
énudsion nilrée.
(On a préconisé contre l'anasarque un vin térébenthine dont voici la
lornude essence de térébenthine, 10 gr.; suc de citron, 30 gr. vin blanc,
: ;
aller jusqu'à -4 gr. dans les cas où l'hémorrhagie menace l'existence du ma-
lade. On la donne dans l'eau aromatisée avec du sirop d'orange ou tout
autre sirop. Il faut apporter une grande réserve dans l'emploi de ce moyen
et en suivre attentivement les efiets.
(On a vanté l'efficacilé de ce médicament contre le purpura hemorrhagica
l'hémoptysie. Un cas remaquable de guérison d'une hématurie grave est re-
laté dans le Briiisk médical Journal, sept. 1857.)
On a prescrit l'emploi de l'essence de térébenthine dans quelques inflam-
mations des yeux. Guthrie l'a préconisée dans celles qui sont profondes.
Carmichael, de Dublin (8), et plusieurs médecins anglais, l'ont recomman-
dée contre les iritis et les choroïdites chroniques.
tés au bout de quatre à six minutes; il semble au malade que la partie est
couverte d'eau bouillante. Il en résulte une vive rubéfaction de la peau qui
subsiste encore quelque temps. Ce cataplasme bien chaud, arrosé, comme
nous venons de l'indiquer, avec l'essence de térébenthine, à laquelle on
peut encore joindre à parties égales une teinture aromatique, de l'alcool de
mélisse, du baume de Fioraventi, etc., appliqué autour du pied et même
de la jambe, produit une révulsion énergique et prompte dans les cas de
rétrocessions goutteuses, rhumatismales ou exanthématiques, dans les pal-
pitations de cœur, dans les névralgies qni occupent les parties supérieures,
et dans toutes les circonstances oii il s'agit de ranimer le principe vital, de
produire une réaction à la fois vive et prompte. J'ai employé ce moyen avec
succès, comme puissant auxiliaire, dans le traitement du choléra asiatique
de 1832, et dans ceux de 1849 et de 1854.
Em. Rousseau (1) a publié plusieurs observations qui démontrent l'effica-
cité de l'essence de térébenthine en frictions sur le rachis et même sur les
membres simultanément, dans le traitement des convulsions chez les en-
fants. Il ajoute que ce moyen lui a été d'un grand secours dans l'épidémie
de choléra de 18i9.
Rcnlish, Coxe, Goodall, Horlacher, ont recommandé l'essence de téré-
benthine dans la brûlure; quel qu'en soit le degré, disent ces médecins, elle
calme la douleur et éteint promptement la phlogose. Les plaies stationnaires
et indolentes, les ulcères atoniques ou sordides, la gangrène, la pourriture
d'hôpital, etc., trouvent dans ce médicament un puissant stimulant, un
détersif, un antiseptique énergique.
(Wihple (2) recommande l'application [dans les dents cariées d'une bou-
lette de coton imbibée d'huile essentielle de térébenthine ce moyen cal-:
Goudron. — Le goudron
une poix liquide, un produit résineux impur,
est
que l'on retire divers arbres coniCères, principalement des pins,
du bois de
après qu'on les a épuisés par des incisions.
(Par du goiulron, on obtiont divers produils la r('siiioii(' (70 dogrés),
la disliilalion :
On oniploio aussi le goudron purifié. (Co- gnancc, et. conservât à ce produit toutes
qui
dex de 186G.) SCS qualités. Dannecy , pharmacien à Bor-
(Eau de goudron goudron purifié, 100 gr. deaux, à comblé cette lacune. Il mélange à
—
:
eau de pluie, ou mieux, distillée (;$). froid le goudron de Norvvége avec 1/15 de son
Lais-ez en contact pendant vingt-quatre poids de magnésie et laisse en contact pen-
heures, dans une. cruciie de grès, en agi- dant quinze jours à la température de la
tant souvent avec une spatule de bois; re- cave. Au bout de ce temps, le mélange, de-
jetez cette première eau et ajoutez-en une venu parfaitement maniable, peut être mis
nouvelle quantité; laissez en contact de sous forme de dragées et pris sans répugnance
nouveau pendant huit à dix jours , en par les malades. On peut aromatiser le sucro
ayant soin d'agiter souvent; décantez et qui sert à les enrober, et masquer ainsi la
fdtrez. faible odeur du goudron qu'elles laissent dé-
gager. Quelques praticiens de Bordeaux qui
On vend dans les pharmacies diverses pré- ont expérimenté ces dragées, y font ajoute--
parations sous fornii' de spécialité, ipii ne
les uns du fer, les autres du quinquina, et
f.ont que des solutions concentrées de gou-
l'on comprend combien il est facile d'y faire
dron.
telle ou telle addition qui sera jugée utile (i),
Giiyot a préparé une liqueur concentrre et
titrée, débarrassée des huiles acres et empy-
reumatiques, qu'on emploie ;\ la dose de deux
A L'EXTÉniEtiR, — Pommade (1 de goudron sur
3 ou II d'axonge) ou huile essentielle (1 sur
•cuillerées k bouche pour 1 litre d'eau, ou
6 d'axonge),
d'une cuillerée à café par verre.)
(Glycéré de goudron goudron purifié, 10 gr.;
:
5k
850 PINS ET SAPINS.
salles, dans lesquelles on évaporait quatre fois par jour une marmite de
goudron, de manière aies remplir de vapeurs épaisses, quatre furent guéris, -
six éprouvèrent une amélioration sensible, seize ne ressentirent aucun
changement, douze devinrent plus malades, et seize moururent (1).
(Le goudron en vapeur est très-utile dans les affections pulmonaires chro-
niques, dans la phthisie, les catarrhes bronchiques , etc. Cazol livre cet
agent fi une évaporation spontanée dans des assiettes disséminées dans la
chambre du malade. Il faut avoir soin de temps en temps de remuer le gou-
dron. On peut encore le soumettre à une douce chaleur comme celle d'une
veilleuse, par exemple, Soubeiran fait bouillir ensemble de l'eau et du
goudron, vapeurs d'eau chargées de principe actif se répandent dans
et les
l'appartement. faut éviter avec soin que l'eau ne se vaporise entièrement,
Il
afin qu'il n'y ait point production d'une grande abondance de vapeurs em-
pyreumatiqùes, qui seraient nuisibles au malade. Sax, le célèbre tabricant
d'instruments de musique, a imaginé un appareil simple et portatif, destiné
à faciliter l'évaporation et l'inhalation des vapeurs de guudron; il lui a donné
le nom d'évianatcur hygiénique. Cet instrument est basé sur une idée très-
simple; sa disposition permet de multiplier la surface d'évaporation, d'en
graduer la quantité, de la suspendre ou de la 'ùun^ se prolonger.
On a aussi employé l'eau de goudron pulvérisé dans les cas qui récla-
ment la médication précédente, et avec un succès marqué dans les laryngo-
pharyngites glanduleuses.)
« Pour les maladies chroniques de la peau, dit A. Cazenave (2), l'emploi
du goudron, mis assez souvent en usage, a été suivi, sinon de succès mer-
veilleux, au moins le plus ordinairement de bons résultats. Willan et Bate-
man l'ont recommandé contre l'ichthyose. Je l'ai vu, dans un assez grand
nombre de cas, à l'hôpital Saint-Louis, employé par M. Biet dans le traite-
ment des affections squammeuses, et aussi dans celui an prurigo. J'ai vn
rarement obtenir, avec ce moyen seul, des guérisons complètes, mais sou-
vent des amélioralions promptes et positives. Enfin, les expériences de
E. Acharius, à l'hôpital de Stockholm, conduiraient à faire accorder au gou-
dron une efficacité réelle contre la syphilis. »
L'eau de goudron, que l'on prend à la dose de 500 gr. par vf>rrées le
matin à jeun, seule ou avec du sucre, du lait, du vin, de la bière, etc.,
excite l'appétit, accélère la digestion, augmente le cours des urines et l'ex-
halation cutanée. Ou l'emploie dans la dyspepsie, le scorbut, l'asthme, la
cachexie, le rhumatisme chronique, la phthisie pulmonaire, les affections
catarrhales chroniques des voies respiratoires et uriuaires. (L'eau de goudron
et les préparations de gouilnn ont sur la muqueuse bronchique uul! action,
qui n'est pas toujours identique à elle-même « Les sécrétions excessives
:
abondante et fétide, et sont entretenus par des caries et des nécroses; dans
les clapiers purulents résultant d'abcès profonds qui ont consumé le tissu
cellulaire inlerstitiel des muscles; entre la peau décollée et les tissus sous-
jacents dans certains ulcères scrofuleux; dans le conduit auditif externe,
siège de ces otorrhées interminables que laissent après elles, chez les en-
fants surtout, les fièvres éruptives, et principalement la scarlatine.
(Les gargarismes d'eau de goudron réussissent parfaitement dans les sto-
matites ulcéreuses. Dans les blennorrhagies, je me suis toujours bien trouvé
de l'eau de goudron à l'intérieur à la dose de 300 gr. par jour. Je prescris
en même temps des injections avec de l'eau un peu plus chargée de prin-
cipe actif.)
La pommade de goudron, à laquelle on joint quelquefois une petite pro-
portion de laudanum de Sydcnham ou de Rousseau, est employée en fric-
lions contre la gale, la teigne granulée, l'eczéma, l'herpès, le psoriasis.
(Le goudron, à l'extérieur, a une action presque spécifique contre les af-
fections squammeuses; mais, pour peu qu'elles soient invétérées, il faut,
pour prévenir leur retour, joindre à l'emploi local de la pommade au gou-
dron un traitement général approprié.
Poix blanche, Poix de Bouugogne, Poix jalne. — C'est la térébenthine
solidifiée par l'évaporation d'une partie de son essence. On ne l'emploie
qu'à l'extérieur, étendue sur de la peau, et on l'applique loco dolenti dans
les affections rhumatismales chroniques, la plcurodynie , la sciatique ;
comme dérivative, dans les catarrhes bronchiques, les toux chroniques, la
phthisie pulmonaire, appliquée entre les épaules ou à la partie antérieure
delà poitrine. Elle adhère fortement peudant une ou plusieurs semaines, et
l'on est souvent obligé, pour l'ôler, d'employer l'huile tiède. Chez certains
sujets elle rubéfie la peau ou provoque une éruption papuleuse incommode,
mais qui augmente son effet révulsif. Comme ce topique est ordinairement
très-large et qu'il gène les mouvements, je lui substitue souvent le papier
agglutinatif. Quelquefois on mêle de la poudre de moutarde à la poix de
Bourgogne pour le rendre rubéfiant. On le saupoudre de tartre stibié quand
on veut produire une éruption pustuleuse révulsive, c^u'il faut toujours
surveiller, surtout sur les enfants. Je provoque une éruption analogue en
employant l'emplâtre de poix de Bourgogne, auquel je joins une très-petite
quantité de saindoux, et en le malaxant avec une assez grande quantité de
sel commun.
La Poix NOIRE est un produit résineux de la combustion du pin. On l'em-
ploie comme
maturatif à l'extérieur. Son action est analogue à celle du
goudron. Les paysans font mourir les vers des poulains en leur faisant ava-
852 PINS ET SAPINS.
1er des boulettes de poix noire. M. Wardleworth (1) a obtenu des effets avan-
tageux de l'usage de la poix noire dans les hcmorrhoïdes internes ou ex-
ternes, avec ou sans perte de sang; 18 centigr. de poix noire sont divisés en
3 pilules; on en prend 2 chaque soir, et on a soin de tenir le ventre libre.
Huile de sapin. —
Il ne faut pas confondre cette huile avec la térében-
c'est à elle que la fumée doitses effets irritants sur les yeux. Sur les mu-
queuses, en effet, l'action est plus marquée que sur la peau; l'ingestion de
la créosote diluée détermine, dans l'estomac, de la cuisson, de la douleur,
et secondairement des effets dynamiques généraux, que Corneliani (2j rap-
porte à ceux d'une substance hyposthénisanle. Trousseau lui reconnaît un
effet stupéfiant sur le système nerveux. Administrée à haute dose ou pure,
la créosote est un poison corrosif violent il est un fait à noter, c'est que
:
reconnaît une action niodilicatricc miv les nnujueuNe.s, ce qui explique ses
succès dans les allections calarrhales pulmonaires, intestinales, vési-
,
pidement.
.N'oublions pas qu'on lui a aussi reconnu un peu d'utilité dans les vomis-
sements nerveux, et surtout ceux des femmes enceintes.
C'est principalement à l'extérieur que la créosote a été vantée et em-
ployée. L'eau créosotée à titres divers constitue un astringent plus ou moins
puissant et un hémostatique assez précieux. On l'a employée pour combattre
la carie et la gangrène, et, en cela, les données chimiques sont d'accord
avec la clinique; employée pure en badigeonnage sur les parties malades,
elle a réussi à limiter les progrès de la gangrène de la bouche, entre les
mains de Hasbach (i). Bazin (5) se sert du môme moyen pour arrêter l'exten-
sion des scrofulides malignes. Je m'en sers souvent pour modifier la nature
des chancres serpigineux. Les solutions de créosote sont des topiques sti-
mulants, antiseptiques et détersifs; ils agissent comme antiputride et comme
désinfectant; les allections calarrhales chroniques, catarrhe vésical, vaginal,
utérin, uréthral, etc., sont modifiés par des injections à très-faible titre.
Corneliani, et, après lui, Wahu (G), attribuent à l'eau créosotée des pro-
priétés cicatrisantes remarquables. Ce dernier fait recouvrir les plaies et les
ulcères de plumasseaux de charpie imbibés de la solution dont suit la for-
mule créosote, 5 gr. alcool, 50 gr. eau, 200 gr. Dès J8ol, Lebert (7) em-
: ; ;
ployait des solutions, à divers degrés, dans le pansement des cancers ulcé-
rés, et en obtenait de beaux résultats dans l'aspect et l'état locaux de la
plaie. Guibert (8) s'est très-bien trouvé de la glycérine créosotée dans le pan-
sement des ulcères fétides produisant du pus de mauvaise nature. On a mis
cet agent en usage dans les trajets listuleux en collyre dans quelques affec-
;
tions oculaires.
La vertu hémostatique de la créosote repose sur ses effets astringents non
douteux; mais elle n'a de réalité que pour les hémorrhagies capillaires. Il
ressort des expériences de Miguet (9) que celles qui ont les artères même de
petit calibre pour siège sont totalement rebelles ;\ ce mode de traitement.
La créosote a été recommandée, comme parasiticide (Francis Smith) (10),
dans le traitement de la teigne et de la gale. Delarue recommande très-vi-
vement la pommade créosotée contre les érysipèles, quelles que soient leur
forme, leur gravité, etc., etc. Ce praticien promet trop de choses pour que
l'on n'éprouve pas une certaine hésitation avant de partager sa confiance.
Peut-on méconnaître que l'érysipèle, s'il est quelquefois une affection locale,
est le plus souvent l'expression, la manifestation d'un état général antérieur
à son apparition, état général dont la nature même peut varier, etc. Règle
générale, une médication qui s'adresse à toutes les formes d'une affection
m'est a -priori fort suspecte.
Sans contredit, l'usage le plus répandu, je dirai l'usage populaire de la
créosote, est celui qu'on en fait dans les caries dentaires on l'applique dans ;
PISSENLIT. 865
1le!iirri|itioii. —
Hacino asso?. longue, presque aussi grosso, que le doigt, d'un
brun rougcàlio en dcliors, hlaiiclie ol suc( iilcnle en dedans. —
Plante acaiile à feuilles
radicales, longues, roneinces, découpées profondément ou comme ailées avec des pin-
nules déniées. —
Kleur jaune, grande, terminale, solitaire, sur une liamj)e de 1 <i 3 dé-
cimètres de longueur, tendre, listuleuse, quelquefois un peu velue (mai-septembre). —
Calice formé de deux rangs de folioles linéaires; les extérieures courtes, réfléchies et
inégales; les intérieures droites, l)eaucou|) plus longues el ne se renversant qu'à la ma-
turiié des graine-. —
Corolle composée de demi-fleurons hermaphrodites, quinquélides.
— Involucre à écailles réfléchies intérieurement. —
Cinq étamines syngénèses. Un —
style. —
Deux sligniates roulés en dehors. —
Fruit : akènes oblongues, sliiées, surmon-
tées d'une aigrette plumeuse.
[Culture. —
Le pissenlit vient dans tous les terrains; cependant il préfère un sol
sablonneux, meuble el substantiel. On le propage de graines semées en place ou sur
couche au printemps et pendant l'été.]
Propriétés liliyisiciiieï» et cltiiiiic|ueii$. —
Le pissenlit est inodore; ba
saveur est d'une amertume qui n'est pas désagréable. On a trouvé dans son suc laiteux:
de la gomme, du sucre, de l'inuline, de l'albumine, du gluten, un principe odorant, de
l'exlractif et un principe particulier que Pollax en a retiré, la taroxacine, amère, acre,
formée par des cristaux aiborescenls ou slellés, soluble dans l'alcool ou dans l'eau (1).
Widhmann et Fiukinger ont trouvé de la mannile dans le suc exprimé; mais on a
prouvé que celle substance ne doit pas exister dans sa racine fraîche, mais se développe
sous l'influence d'une fermenlalion dite visqueuse. On suppose que le suc de raisin
^C'-H'-'O'-) esl transformé en 1 atome de mannite (C"H'0") et 1 d'acide lactique
(C"I1''0^), l'autre équivalent d'oxygène étant employé à la décomposition des prin-
cipes albumineux. Ludwig a, en ellét, trouvé de l'acide lactique dans l'extrait de pi^i-
senlit.
Marmé (2) y a noté des traces d'inosile.
rectifié,
gramme d'eau. potion).
Suc exprimé des feuilles, 50 à 150 gr. j
Extrait des feuilles par décoction (1 sur 10
(Pour le préserver de la décomposition, on d'eau), 1 à 10 gr. et plus, en pilules.
j
Kéeolte. — Los fruits sont -cueillis ii leur maturit»'. I/amande vcrle est ronfcimét;
dans une pelliculo mince lougeàlre.
Culture. — Cet arliie doit être cuilivi' en terre franche et U'-f^rvo,. Sons le, climat
de l>aris, il en espalier contre im) mur. On le multiplie de marcottes ou
doit èlre place
de semis sur couche chaude ou sous châssis. On le repi(|ue en pot pour le rentrer pen-
dant trois ou (|ualre ans dans Toran^'erio, où on le lient sèchement. Ku Provence et en
Algérie, il exige peu de soins. D'après Thorein, le pistachier franc gèle à G degrés; ce-
lui qui est grelfé sur térébintlic en supporte 10 sans souffrir.
amandes du pistachier sont plus iisitéos dans l'art culinaire que dans
(I>('s
Celte plante vivace croît naturellement dans les prairies et les bois
montueux des contrées méridionales, et même dans les départements du
centre de la France. Un la cultive dans les jardins pour la beauté de ses
fleurs.
Description. — Racines grosses, pivotantes, napiformes, rougeàlres à Texté-
rieur, blanches à Tintérieur, chainues, presque fasciculées, pénétrées d'un suc laiteux
fort odorant. —
Tige souterraine, très-courte. —
Rameaux un peu anguleux, glabres,
striés, quelquefois un peu rougeàtres. —
Feuilles alternes, charnues, pétiolées, bipen-
Tiées, glabres et vertes au-dessus, un peu blanchâtres au-dessous. —
l'ieurs liermaphro-
dites, régulières, gi'andes, solitaires, terminales, d'un beau rouge vif, soutenues par un
long pédoncule (mai-juin-juillet). —
Calice à cinq folioles inégales, persistantes. Co- —
rolle à quatre ou cinq pétales et plus, libres, arrondis en haut et rétrécis vers le bas,
caducs, sans onglet. —
Environ trente élamines libres, hypogynes. Deux à cinq —
ovaires couronnés par autant de stigmates épais et colorés. Fruit —
deux ou trois fol-
:
Kéeolte. — Les racines, étant vivaces, peuvent être récoltées en tout temps pour
être employées fraîches. Quand on veut les conserver, on les arrache ordinairement en
automne, et on les fait sécher entières au soleil ou à l'étuve. La dessiccation leur l'ail
perdre une partie de leur odeur, de leur saveur et de leurs propriétés. On récolte les
fleurs en mai et juin. Les pétales mondés et secs ressemblent aux fleurs de coquelicot
par la couleur, mais ils sont plus longs, plus étroits et moins minces que ces der-
nières. Les fruits, qui deviennent ridés et noirs par la dessiccation, se trouvent enfilés
comme des chapelets chez les herboristes. La pivoine à fleurs simples est plus active
que celle à fleurs doubles.
[Culture. —
La pivoine est une plante vivace par ses racines, que l'on multiplie
par graines ou par éclats. Elle préfère une terre meuble et légère.]
858 IHVOI^E OFFICINALE.
gneuse, 57.30; matière grasse cristallisable, 1.30; sucre incrislallisable, l/j.OO; acides
phosphi.iique et malique libres, 1.00; matière végéto-animale, 8.00; malate et phos-
phate de chaux, 4.90; autres sels, gomme et tannin, 1.00.
La partie colorante des pétales verdit par les alcalis et rougit par les acides; elle est
également soluble dans l'eau et dans l'alcool.
L'abondance de la fécule dans la racine a fait penser à l'utiliser pour en retirer de
l'amidon. Cet amidon est blanc, gélatineux, gluant, analogue à celui de la pomme de
terre. —
Cette racine fournit un extrait aqueux presque inodore et insipide, et un ex-
trait alcoolique austère. L'extrait aqueux des fleurs est austère et douceàli-e, et l'extrait
alcoolique de ces mêmes fleurs est d'une saveur sucrée et d'une odeur agréable; ce qui
est d'autant plus étonnant que, naturellement, l'odeur de la fleur est fétide. Les se- —
mences contiennent de l'huile et de la fécule, et sont émulsives.
poudre ont été efficaces, continue le mf'me auteur, dans quelques éclamp-
sies (les eiilanls, dans la danse de S;iint-(Jui et dans la coqueluche. »
Peyrilhe pense (jue celte plante est vraiinenl héioïquf,', et qu'on ne l'em-
ploitî [)as aussi souvent (lu'oii le devrait. IJicndcl et Tissot ont parlé de ses
succès dans répile|)sie e( les maladies cdiivulsivcs. Hume assure lui devoir la
j^iuM'ison de deux épilepliiiues. llippocrale (1^ lui reconnaît une action spé-
ciale sur l'utérus, sans doute par suite de celle qu'elle exerce comme anti-
spasm()(li(|ue sur le système nerveux, avec lequel l'appareil utérin est si
intimement lié.
Cette plante vivace est fort commune partout, dans les prés, les champs,
le long des chemins, dans tous les lieux secs, incultes.
Ilesrri|ilioii. —
Racine l'onnée d'iuic souciie dure, épaisse, fdjreuse, presque li-
gneuse. — Feuiik's nulicales, ovales, rélrécics en pétiole, coriaces, piosque glabres, lé-
gèrement dentées ou sinuées. —
Hampe droite, cylindrique, un peu cotonneuse vers le
somniel, haute de 10 à 20 centimètres, terminée par un long épi grêle, formé de fleurs
nombreuses d'un blanc sale, se montrant tout l'été. —
Calice court à. quatre sépales
persistants. —
Corolle monopétale, quadrilobée, très-ouverte. Quatre étamines sail-—
lantes à filaments très-longs, insérées h la base de la corolle. Un ovaire à deux loges—
pluriovulées, supérieur, surmonté d'un style plus court que les étamines. Fruit : cap- —
sule ovale à deux loges contenant chacune une ou plusieurs semences oblongues, rous-
sàtres, lixées sur un réceptacle charnu.
Il faut avoir une foi robuste pour croire aux propriétés médicales du
plantain, rapportées par Dioscoride, Galien, Boylc, Borelli, et tant d'autres
enthousiastes de merveilles opérées sans doute par l'eau dans laquelle avait
bouilli le plantain, ou avec laquelle on l'avait distillé; car l'eau simple a
des qualités incontestables, et c'est bien certainement à ces qualités que
l'eau distillée de plantain, employée dans les collyres, doit l'avantage de
figurer encore dans nos officines à côté de l'eau distillée d'cupbraise.
Toutefois nous dirons, pour satisfaire à l'érudition, que Galien, dont
personne, si ce n'est Matthiole, n'a surpassé la crédulité sur la puissance
des drogues, attribuait au plantain la vertu de dégorger les viscères, de
dissiper les fluxions, d'arrêter les hémorrhagies, les diarrhées et les dysen-
teries; que Celse et Pline l'avaient recommandé contre la phthisie; que des
auteurs plus modernes et non moins crédules l'ont préconisé contre les
fièvres intermittentes prinlanicrcs qui guérissent sans fébrifuges, contre les
fièvres nerveuses et de mauvais caractère, que j'ai vues également se dis-
femmes de nos campagnes appliquent ses feuilles sur les plaies récentes,
qu'elles préservent ainsi du contact de l'air, mais qu'elles irritent parfois, et
à la réunion desquelles elles s'opposent longtemps avant de permettre une
guérison qu'on leur attribue avec d'autant plus de reconnaissance qu'elle a
été obtenue gratuitement.
Maintenant, pour ne pas être injuste, nous ne devons pas passer sous
silence ce que des auteurs modernes ont dit de cette plante. Le suc de
plantain, regardé comme fébrifuge, ne l'est pas plus, suivant Desbois, de
Rochefort (1), que les autres astringents. Néanmoins Perret (2) a commu-
niqué à la Société des sciences naturelles de Lausanne une série d'observa-
tions qui tendent à prouver son efficacité dans les fièvres intermittentes. 11
emploie la racine en décoction (60 gr. pour 1 kilogr. d'eau). Chevreuse (3)
rapporte plusieurs observations de fièvres intermittentes plus ou moins
anciennes, parmi lesquelles plusieurs avaient résisté au sulfate de quinine,
et qui auraient cédé au suc de plantain, à la dose de 50 gr., prise avant
l'accès, et répétée pendant trois jours. «'Tout le monde sait, dit avec raison
Martin-Lauzer (4), que le quinquina ne réussit pas toujours, et qu'alors il
n'est pas rare de voir les fièvres coupées par un moyen qui, dans les cas
ordinaires, ne lui est pas comparable. » Suivant Desbois, de Rochefort (5),
il y a des observations certaines de guérison d'ulcères scrofuleux et ato-
quelquefois plus. —
Ovains ronipiiini's, oblus, rangôs en corde, liès-nonibreux. —
Fruits : capsules uonibicuses, nioiiospeiiues, iiuléliisceules.
Celte plante était sans usage en médecine, lorsqu'cn 1817 une notice du
savant Les\vin annonça qu'un ancien soldai aurait non-seulcm(>nl préservé
de la rage des hommes et des animaux qui avaient été mordus par des
chiens enragés, mais enrort' ainail guéri, au moyen de cette i)lanle, l'hydi'O-
j)h()hie déclarée.
Depuis lors, Burd.ich a i)ul)lié des observations de guérison mais des ;
praticiens français dignes de loi ont affirmé n'avoir obtenu aucun résultat
positif de l'emploi du plantain d'eau comme antihydrophobique. (Il pa-
rait jouir d'une certaine eflicacité dans la choréc; et répil('i)sie.)
Les feuilles de cette plante, appliquées sur la peau, la rubéfient légère-
ment. Cependant les Kalmouks en mangent les tubercules, et Fée (1) en a
ingéré une assez grande quantité sans en éprouver le moindre accident.
13ehaen ])arle du plantain d'eau comme d'un diurétique propre à rempla-
cer Vuva ursi, soit en décoction à la dose d'une poignée, soit en poudre (les
feuilles) à la dose de 4 gr. Wauters (2) dit aussi avoir employé le plantain
d'eau en poudre avec succès dans un cas de douleurs néphrétiques avec
hématurie, émission difficile des urines, etc., et chez un tailleur atteint de
fréquentes rétentions d'urine avec douleur, rétraction du testicule, érec-
tion involontaire et sentiment de constriction au pénis. Wauters prescrivit
à ce dernier l'infusion aqueuse du plantain d'eau, et obtint dans l'espace de
huit iours une grande amélioration.
phène C2°H»0».)
Les anciens (Pline) regardaient les feuilles et l'écorce de cet arbre comme
propres à arrêter les hémorrhagies, à dissiper les abcès, à guérir les brû-
lures, les engelures, etc. Dioscoride dit que la décoction des feuilles dans
le vin guérit les fluxions des yeux et les infiammations de toute espèce. Le
baron de Pocderlé (3) considère l'écorce de platane comme astringente, et
il la propose comme succédanée de celle du Pérou. Il rapporte que Nien-
winchel, médecin belge, en a préparé, en 1790, un extrait très-astringent
et dont il s'est servi comme stomachique et antiscorbulique. Yillars assure que
la décoction des racines de platane est utilement employée à la Nouvelle-
Orléans pour fomenter les ulcères et guérir la dysenterie. L'infusion vi-
neuse de son fruit a été employée sans succès dans le choléra de Naplcs,
en 1837.
cuire. Il faut aussi différencier les poires à manger des poires à cidre.)
Parties usitées. — Les fruits, les feuilles, l'écorce.
(1) Les Romains faisaient beaucoup plus de cas du poireau que nous. Néron, au rapport de
Pline (lib. xix, cap. vi), en faisait un usage fréquent, afin de rendre sa voix plus belle; dans
certains jours du mois, il s'abstenait même de pain pour ne manger que des poireaux assai-
sonnés avec de l'huile.
POIS. 8G3
Desci'iptioM. —
Racine fibreuse, rameuse. —
Tige annuelle de 30 à 50 centi-
mètres de hauteur. —
Feuilles alternes, velues, ailées avec impaire. Fleurs petites, —
pédonculées, axillaires, blanchâtres ou purpurines. Fruit —
légume rhomboïdal, ren- :
flé, à quatre semences arrondies, gibbeuses, ayant une pointe recourbée; écorce blanche,
j-ougeàlre ou noire, jaunàtie à l'intérieur.
matières grasses, 7.84; ligneux, /i. 175; substances salines, 2.730; eau, 15.180. On
voit qu'elle se rapproche beaucoup de celle des pois secs ordinaires.)
Les pois chiches se mangent conmie les pois ordinaires^ mais ils sont très-difficiles à
digérer.
sont torréfiés, moulus 30 gr. à peu près de ces pois sont placés dans un
;
Cette jolie plante vivace (PI. XXXI) croit dans presque toute la France.
On la trouve dans les prairies sèches, le long des lisières des bois, sur les
pelouses des collines.
I>eM4'i'i|itioii. —
Il.'iciiics duiTS, petites, un peu tr;i';antos, fiianieuleuses, ligneuses
et jaunAtics. —
Tiges herbacées grêles, droites ou rampantes, longues dVnvirnu 25 à
;50 cenlinièlies. —
Feuilles sessiles, alternes, glabres, ('"Iroites, lancéolées, d'un verl
pàlo. —Fleurs le plus souviînt bleues, (luelquel'ois roses ou violettes, disposées en
grapi)es terminales (mai-juin-juillel). —Calice cinq divisions, dont deux trés-grandcs
.'i
en l'oiine d'ailes, de la même couleur que la corolle, et fornianl la partie la plus appa-
rente de la llenr. —
Corolle irréguliére, composée do cin(| pétales, dont deux sont laté-
raux el les trois autres l'ornienl une espèce de lube (|ui s'ouvre en deux lèvres. Huit —
étamines diadelphes, —
Un ovaire supérieur. —
Un style simple à stigmate épais, pres-
que bitide. —
Fruit capsule un peu écliancrée au sommet, comprimée, cordilorme, bi-
:
ICiildire. —
Le polygala vulgaire sufTil pour les Ijesoins de la médecine. On peut
le multiplier par Ijoulures, par marcottes ou par semis.]
Propriétés playsiciiies et cliiiiiic|»es. —
L'odeur du polygala vulgaire
est pres(|ue nulle; sa saveur est légèrement amère et comme suciée dans les racines et
les D'après Plall', la racine contient une résine jaune,, une matière douce, de la
Heurs.
gomme, du tannin modifié, de la fibre ligneuse.
Toutes les parties du polygala amer, la racine surtout, sont d'une amertume très-
prononcée. C'est surtout dans l'écorce de sa racine que parait résider son principe
actif.
bj
866 POLYGALA VULGAIRE.
deux variétés que vient la difficulté d'accorder les auteurs qui ont parlé du
polygala. »
On a proposé le polygala amer comme succédané du polygala de Virgi-
nie {polijgala senega, L.). On le donne dans le catarrhe bronchique et pour
prévenir la phthisie, surtout celle des glandes bronchiques et la phthisie
laryngée (1). On le prescrit aussi en décoction dans le traitement de ces ma-
ladies comme sudorifiquc.
StoU et Colin (2) ont retiré le plus grand avantage, dans les affections
pulmonaires où il y a atonie et abondante sécrétion de mucosités, de l'em-
ploi du polygala amer. Ils le donnaient ainsi préparé racine de polygala,
:
90 gr.; faites bouillir dans 1 litre 1/2 d'eau réduit à moitié; ajoutez, après
avoir passé, 30 gr. de sirop d'hyssope et autant de sirop de pavot blanc.
On donne cette préparation à la dose de 120 gr., que l'on renouvelle trois
fois par jour.
Costecite, avec toute la candeur qui le caractérise, douze poitrinaires de
vingt-cinq à trente ans, du nombre desquels étaient quatre jeunes filles, qui
ont fait usage du polygala amer; l'auteur croit devoir lui attribuer le salut
de dix d'entre eux. L'autopsie démontra l'incurabilité antérieure de plu-
sieurs mois à l'usage de cr remède, chez ceux qui succombèrent. C'est-à-
dire que, pour tout médecin observateur, les dix malades guéris seraient
probablement aujourd'hui, grâce aux moyens explorateurs que nous possé-
dons, tout simplement considérés comme atteints de catarrhes pulmonaires
chroniques.
Burtin a employé le polygala vulgaire et le polygala amer avec autant de
succès que Coste et Wilmet contre les affections chroniques des voies res-
piratoires.
Les médecins de Vienne administrent le polygala de la manière suivante :
amer, coupée menu après avoir passé, ajoutez partie égale de lait récent.
;
Cette planle vivace (PI. XXXI) so. moiilic partout, principalement sur le
pied (les vieux ehènes, dans les lieux pierreux, sur les ninulagnes ombra-
gées, les roeliers. I.e i)oiy[)(ide de ehône n'a pas plus de vertu que celui (pii
croit ailleurs.
IleNcri|ition. — lUiciiic : souche dure,
loussùlre, li^'ncuso, ('caillfiisc,
é[);iisso,
liori/.mitalc, ;iU('i;.'iiaiil quclquelois la du
doigl, ;.'arni*' d<> filiivs capil-
f,'rossenr ijolit
laires, noniltrcuses cl iioirAIrcs. —
l-'cuillos d'environ 'JO à 30 ccnliinr'lrcs, droites, gla-
])rcs, lancéoli'cs, portées sur de longs ])élioles, divisées profondéuienl r-n l'olioles al-
ternes, tieuticulées, réunies plusieurs eiiseuihle k leur exli-énulé. La fructilication a —
lieu pendant toute rann<'e au moyen de capsules on sporanges pénlicellées d'un jaune
vit', (lis|)osées par gioni)es arrondis de clia(pie côté de la nervures de cliaqvie toliole, à
l'excepliou des folioles intérieures, (jni en sont la plupart privées; quelqnelbis ces groupi's
sont lelleiuent nundtreux qu'ils deviennent continents.
La racine de cette plante était très-employée chez les anciens. Les méde-
cins grecs lui attribuaient la vertu d'évacuer la pituite et la bile. Celse la
regardait comme purgative, et Galien, au contraire, comme dessiccative.
Ils avaient tous les deux raison c'est qu'en effet le polypode est astringent
:
La décoction de souches de polypodc m'a paru n'être pas inutile dans les
affections catarrhales pulmonaires. Les paysans lui reconnaissent cette pro-
priété par tradition, et l'emploient avec succès pour se débarrasser des toux
chroniques, des vieux rhumes.
Cette mousse (PI. XXXII) croît près des fontaines, aux bords des ruis-
seaux, contre les vieilles murailles, à l'ombre, sur les rochers, dans les bois
de sapins, dans les bruyères, etc.
Dej^ci'iptioGi. — Racines : souches très-longnes, étendues liorizontalement, gar-
•
nies de fibres menues. —Tiges simples, droites, quelquefois divisées à leur base, hautes
de 8 à 12 centimètres. — Feuilles lancéolées, en forme d'écaillés, jauncàtres à la base,
vertes au centi'c de la tige qui se trouve à l'air libre, souvent un peu rougeâtres à leur
sommet, très-finement dentées en scie, les supérieures plus longues. —
Fleurs dioï-
ques; fleurs mâles situées à Textrémilé des tiges, presque transparentes, très-aiguës,
imbriquées, de couleur rougeàtre ou purpurine; fleurs femelles portées, du centre des
fouilles à l'extrémité des liges, sur un pédoncule solitaire, rougeàtre. Elles se présentent
sous la forme d'une urne ou capsule terminale, ayant les bords de son périslome divi-
sés en trente-deux, quarante-huit ou soixante-quatre dents réunies par une membrane
qui coiffe la capsule recouverte par une coiffe intérieure petite et oblique, et une coiffe
extérieure à longs poils d'un jaune d'or ou rougeâtres.
miques multipliées; nous ne pouvons pourtant pas passer sous silence Yamylène, car-
bure d'hydrogène que Balard a extrait de l'alcool amylique, et dont Snow, de King's
Collège Hospilal a proposé les vapeurs comme anesfhésiques.)
La pomme de terre, traitée par des moyens appropriés, fermente donc et fournit alors
par la distillation une eau-de-vie qu'on rectifie par une ou deux autres distillations :
100 kilogr. de ce tubercule fournissent 12 kilogr, d'alcool environ. L'eau-de-vie préparée
avec la fécule est de moins mauvais goût. —
Si on laisse le liquide où l'on a délayé
de la pomme de terre s'aigrir, on en obtient du vinaigre d'une qualité inférieure, mais
qui peut être employé à divers usages dans les arts. —
L'eau de cuisson des pommes
de terre peut fournir à la teinture une couleur grise assez solide. Ce tubercule peut
servir h nettoyer le linge, à l'instar du savon. On en fait de la colle, une sorte d'encol-
lage propre aux toiles blanches (avec la fécule); une détrempe convenable pour badi-
geonner les intérieurs; on la fait entrer dans le tirage en place de gomme, etc. —
Comme la pomme de terre ne s'attache jamais au fond du vase où elle cuit, on s'en sert
dans les chaudières des machines à vapeur entretenues par l'eau de puits, qui est tou-
jours sélénilcuse. Par ce moyen, il n'y a plus qu'un dépôt facile à enlever par le lavage,
et non une croûte dure qui peut faire fendre la chaudière (1). — La pomme de terre
cuite en bouillie, mêlée au plâtre dans la proportion d'un dixième sur neuf dixièmes de
plâtre, donne à ce dernier une solidité qui le fait résister aux influences de l'humidité.
Par analogie, on a été conduit à mêler la pomme de terre cuite à la terre argileuse,
dont sont construits beaucoup de bâtiments dans les campagnes. Ce ciment des pe-
tites fortunes résiste bien plus longtemps que lorsqu'il est sans mélange de pomme de
terre.
Les feuilles ou fanes sont données comme fourrages à quelques animaux; mais ils ne
conviennent pour cet usage qu'après la floraison, ou du moins séchées au soleil. On les en-
fouit on lono pour sonir (1Vnp;i;iis. On en icliro par la rnmlmslion presque un seizième
de leur poids de rciKlrt", (|iii luiirnil un (piaranlc-liuiliènn' (l'aicaii M,. Le suc des liges
et des l'euillcs, iorsciuc la plante l'sl en (Icui-, donne une ('((ulein' jaune solide aux tissus
de lin ou de laine, (pi'on laisse tremper penilaiil (juarante-huil heures. — On a extrait une
couleur jaiMie hrillaiile des Heurs. — On peut retirer de l'alcool des fruits ou baies (2)
dans la proportion d'un vingt-quatrième des ))aics employées, qu'on met fermenter, puis
qu'on distille, etc.
fait des cataplasmes utiles contre les brûlures; c'est un remède populaire
qui convient dans les cas les plus simples. Le suc exprimé de ce tubercule,
appliqué très-fréquemment avec une plume sur du papier brouillard recou-
vrant la brûlure, convient beaucoup mieux. Je l'ai vu produire de bons
effets. Chaque application apaise la douleur. La pomme de terre cuite et
réduite en bouillie avec des décoctions de plantes mucilagineuses, telles que
la mauve, la guimauve, le bouillon blanc, la tète de pavot, est très-utile en
cataplasme qu'on applique comme calmants, adoucissants et maturatifs, sur
les phlegmons, les contusions, les cancers, etc. Ils sont préférables à ceux
de graine de lin, parce qu'ils se dessèchent moins vite et sont moins coû-
teux.
(Il en est de même de ceux de fécule. Cette dernière substance s'emploie
(1) Voyez sur l'exploitation de la potasse tirée des fanes de pomme de teiTc, le mémoire de
M. Mollerat. {Annales de chimie, 1828.)
(2) Journal de pharmacie, 1818, t. IV, p. 167.
(3) Annales d'hygiène publique, 1834, t. XI, p. 362.
(Il) Obs. med. de Napoli, 1828.
de terre. C'est une question à étudier, question d'autant plus pressante qu'il
y a quelques années (2) ils ont été accusés d'avoir causé la mort d'une jeune
iillede quatorze ans.)
(Rrans (3) a signalé premier l'insalubrité de l'alcool de pommes de
le
présence de l'essence dont nous avons déjà parlé.
terre, et l'a attribuée h la
(Voyez P7-oprié(és chimiques.) Les expériences faites sur les animaux infé-
rieurs ont pronvé que ce corps est nn poison irritant très-actif (i). L'inspi-
ration de sa vapeur cause des douleurs spasmodiqucs dans la poitrine, sui-
vies de toux pénible, et quelquefois de nausées et même de vomissements.
Les médecins américains ont introduit, les premiers, le fusel oil dans la
thérapeutique. D'après Wimon (5), il excite la nutrition; les malades qui en
prennent engraissent comme s'ils prenaient de l'huile de foie de morue, à
l'exclusion presque complète de laquelle le prescrit Bowditch. Ce dernier
lui reconnaît, en outre, l'avantage de modérer la toux et de diminuer l'a-
bondance des crachais; il en retire les plus grands avantages chez les en-
fants scrofuleux, débiles, émaciés. —
Dose, 1/2 goutte à \ goutte dans du
sirop pour les enfants de 5 à six mois; de 5 à 10 gouttes dans de l'eau légè-
rement alcoolisée pour les adultes. Il faut en ménager les doses ou en sus-
pendre l'usage; car quelquefois l'essence des pommes de terre produit des
nausées, ou détermine la fièvre.)
l'UMiMIEU. 873
tation. C'est le vin des déparicnients du Nord. La sanlé florissante el la vigueur des
^ornlands, la fraîclieur el l'embonpoint des fenunes du Calvados atleslent les bons eflels
de celle I)oisson. Los meilleurs cidres se font en Aormandie, en l'icardie et en Bretagne.
— Le marc des pommes (vulgairement appelé yomat) qui ont été soumises h la presse,
repassé el étendu dans une coilaine quantité d'eau, forme une boisson légère, agréable
el saine, qu'on nonnne ])cm cidre. Il sort à désallérer le pauvre villageois pendant ses
rudes fatigues. On peut faire encore une autre espèce de cidre, qui n'est point désagréable,
avec des Irancbes de pommes amères ou douces, dcssécbées au four sur des claies,
après que le pain on a été retiré. Deux boisseaux de ces pommes suffisent pour
l'iô pintes d'eau. La fermentation ne tarde pas à s'établir dans le tonneau, et le cidre
est potable au bout de bu il jouis. —
En cuisant le moùl de pommes comme celui du
raisin, et en le réduisant au dixième de son volume, on obtient une sorte de rob
ou sirop de cidre. Cet extrait délayé dans de l'eau forme une boisson agréable pen-
dant les lopas et peut servir à édulcorer les boissons adoucissantes el pectorales. — Le
nioùt de pommes, cuit avec des poires ou avec d'autres fruits, donne une espèce de rai-
siné. —
Enfin, on retire du cidre par la distillation un alcool peu différent de celui qne
fournit le vin. On en fait également du vinaigre.
didam lingucù et faucibus adhcerentem detergit, dit l'auteur. Ces mots, qui
semblent désigner la couche diphlhérique de l'angine scarlatineuse et même
couenneuse, m'ont engagé, dans ma pratique rurale, à substituer le suc de
pomme à celui de citron en gargarisme dans ces affections. Je l'ai trouvé tout
aussi actif employé pur et en collutoire.
Dans les villages du Nord, où l'on n'a pour boisson ordinaire que le cidre,
cette boisson est regardée comme préservatif de la pierre. Il est à remar-
quer, en effet, qu'il y a moins de calculeux en Normandie et en Picardie
que dans les autres parties de la France, où l'on use du vin ou de la bière.
Le suc récent de pomme et le cidre sont utiles dans le scorbut. A défaut de
vin. on peut se servir du cidre de première qualité pour composer les
vins médicinaux. A la campagne, il faut, autant que possible, faire de la
médecine à bon marché on ne pense pas au village, comme à la ville,
;
qu'un médicament est d'autant plus efficace qu'il vient de plus loin ou qu'il
coûte plus cher.
Une personne digne de foi m'a assuré avoir vu une dame âgée de qua-
rante ans, atteinte d'une ascite contre laquelle on avait vainement employé
tous les moyens connus, guérir dans l'espace de quinze jours par l'usage
abondant du cidre doux. La malade en prenait 2 ou 3 litres chaque jour. Ce
moyen produisit d'abord des selles abondantes, et ensuite une augmenta-
tion considérable de la sécrétion urinaire. Il n'y eut point de rechute. Le
cidre doux agit ici probablement comme lacassonnade prise à grande dose,
et que l'on a vue réussir dans les engorgements abdominaux, les phlegma-
sies chroniques des intestins et du péritoine, l'ascite, etc.
L'écorce du pommier est tonique et astringente. J'ai employé, en 1847,
la décoction de l'écorce de racine fraîche de cet arbre (60 g. pour 100 gr.
d'eau) dans quatre cas de fièvres intermittentes, dont deux ayant le type
tierce et deux le type quotidien. Les deux premiers cas ont cédé au troi-
sième jour de l'emploi de ce moyen. Dans les deux autres, les accès ne
se sont dissipés que graduellement dans l'espace de huit jours, de sorte que
l'action du médicament est restée problématique en présence de la possi-
bilité d'une guérison quia souvent lieu spontanément.
De Konning a employé la piiloridzine avec succès comme succédanée du
sulfate de quinine, à "la dose de 50 à 75 centigr. Hanegraelf, d'Anvers,
a publié vingt-trois observations de fièvres intermittentes de divers types,
qui ont été recueillies par lui-même, et six par son confrère Lutens, dans
chacune desquelles la phloridzine a été employée sans autre médicament. Ce
médecin a conclu de ces faits 1" que la phloridzine jouit de propriétés fé-
:
produit aucune iriilatiou sensible sur les voicîs (ii;;esliv('s; -4" enfin, qu'il
n'occasionne ni vertiges, ni surdité, ni tinteinenl d'oreilles, symptômes qui
appai-aissent si souvent après l'adininistration du sulfate de quinine, et que
les malades supportent avec tant d"inipalicnc(î (t). On administre la phlorid-
zine en pondit', en pilules ou dans une potion, dans du siroj), à l'aide d'un
intermède approprié. (De Ilieci trouve ses ])ropriétés lebiiiu}j;es trôs-incer-
taines, mais il a constaté des résultats avantageux de son emploi dans le
traitement de certaines dyspepsies atoniques et notamment chez les ,
charnues. — Fleurs jaunes, sessiles, réunies plusieurs ensemble dans les aisselles des
feuilles supérieures, s'ouvrant à onze heures du matin, se flétrissant vers deux lieures
de Taprès-midi (juillet-août). —Galice comprimé, à deux divisions inégales, rapprochées
en capuchon au-dessus delà capsule, qu'elles enveloppent. —
Cinq pétales ovales soudés
intérieurement. —
[Une douzaine d'étamines soudées avec la base de la corolle, ovaire,
semi-infère, uniloculaire, pluriovulé. —
Style simple à la base, divisé au sommet en
cinq divisions portant chacune un stigmate à la face interne. —
Fruit pyxide, globuleuse,
:
Cette plante (PI. XXXII) est très-commune dans les champs humides et
sablonneux, dans les fossés, le long des haies. C'est un des fléaux de l'agri-
culture.
Descriptiou. —Racines fibreuses. —
Tiges, les unes stériles, fistuleuses, articu-
lées, hautes de 30 à iO centimètres, munies à chaque articulation d'une gaîne dentée ou
crénelée, courte, noircàtre, et de 10 ou 15 feuilles ou rameaux verticellés et articulés.
Les tiges huctifères plus grosses, paraissant les premières, simples, nues, à gaines jikis
larges et plus profondément dentées et se terminent par un épi oblong, cylindrique,
composé d'écaillés verticellées, pédicellées, peltées; chaque écaille porte ti la face infé-
rieure des sporonges membraneux disposés en cercle et renfermant des spores nom-
breuses, vertes, libres, munies de quatre appendices filiformes renflés au sommet.
Prêle d'hiver, equisetum hiemale, L. — Elle croît dans les lieux humides
des bois.
Description. — Tiges simples, fermes, rudes, sillonnées, articulées, d'un vert
glauque. — Gaîne noirâtre et légèrement crénelée; fleurit en février et mars.
]|«'M<>i*ip<ioii. —
Tigo (lioilo, giMo, profondémenl presque anguleuse,
sillonn(^c,
haute (lo oO cciilinM'lrfs; rameaux diiiiinuanl f^Maduellomonl de lonf?uour vers le sommet,
ce qui lui (lonu(> une lormo pyramidale. —
Tif^'e jructirerc ayant les ramr-aux de ses ver-
ICiiltiire. — Les prèles ne sont cultivées que dans des jardins ])0taniques, on les
mulli|)lie par éclats de pieds, et on les piaule dans des baquets plein de terre et plon-
geant dans l'eau.]
Récolte. — On peut
récolter les prêles pendant toute la belle saison. Leur dessic-
cation s'opère promptemcnt
et sans changer la plante de forme ni de qualités physiques.
Toutes les espèces peuvent être substituées les unes aux autres. Elles contiennent les
itièmes principes.
jaune, fécule, gallate de chaux, sucre, acide malique, oxyde de fer, sels, etc. Pectet et
John y ont trouvé de la silice en assez grande quantité (1), ce qui explique la rudesse
de l'épiderme de ces plantes. On doit aussi à lîrac'innot (2) des recherches chimiques
sur la nature des prèles. (La prèle couunune contient un acide identique à l'acide
maléique, l'A. équisclique C^llO^ HO). .
La tige de la prèle d'hiver, qui est très-àpre, sert à poliv le bois et les métaux, à
nettoyer la batterie de cuisine. On pourrait l'employer au tannage. La prêle des —
fleuves servait d'aliment aux Romains. Le peuple mangeait ses jeunes pousses en guise
d'asperges. On les mange encore aujourd'hui en Toscane. —
Suivant les uns, la prèle
des marais olTre une nourriture excellente aux vaches d'autres prétendent qu'elle leur
;
fait uriner le sang, et qu'elle est nuisible à tous les animaux. En général, les prèles sont
l'cgardées comme un mauvais fourrage.
seille dans les hydropisies par atonie; elles seraient trop actives quand
elles sont inflammatoire^, au point, dit-il, de causer l'hématurie. Ces plantes
n'ont, suivant cet auteur, aucune influence funeste sur les organes digestifs,
circulatoires et nerveux. 11 vaut mieux les employer sèches. La poudre et
la décoction réussissent également bien (8 à 15 gr. par litre) une à deux :
cuillerées de cette décoction aux enfants, 100 à 200 gr. aux adultes toutes
les deux heures.
Gattenhofi'(l) a été témoin des bons effets de la prêle dans un cas d'hé-
moptysie rebelle In hanwptoe chronica prohos effectus ipse novi. Hoffmann
:
Celte plante vivace, très-répandue dans les prairies et le long des haies,
montre ses jolies fleurs dès les premiers jours du printemps. On en a
obtenu par la culture un très-grand nombre de variétés doubles, roses,
bleues, brunes, etc. Les chèvres et les moutons seulement mangent la pri-
mevère ses fleurs sont très-recherchées par les abeilles.
;
Dei^cription. Racine —
souche épaisse, un peu rougeàtre,
: garnie de longues
fibres, blanches et charnues. Tiges— liampes droites, pubescentes, cylindriques,
:
hautes de 10 à 15 centimètres. —
Feuilles toutes radicales, couvertes d'un duvet très-
court, dentées, rétrécics en pétiole à leur base. —
Fleurs terminales, pédicellées, dis-
posées en manière d'ombelles et penchées toutes du même côté (avril-mai). Calice —
tabulé, persistant, à cinq dents. —
Corolle monopélale, cylindrique, divisée en cinq
lobes, d'un jaune pâle, marqués de taches orangées. —
Cinq étamines renfermées dans
le tul)e de la corolle. —
Un ovaire supérieur. —
Un style filiforme à stigmate globu-
leux. — Fruit capsule polysperme, uniloculaire, s'ouvrant au sommet en cinq ou dix
:
Récolte. — Cette plante se sèche avec les fleurs. On peut lui conserver sa forme
et sa couleur.
[Culture. —Les prinievt^res sont cultivées dans les jardins d'agrément où elles
ont produit un firand nombre de variétés. On les propage de graines semées aussitôt
ai)rés leur inaluiilc, et que Ton repique au printemps, ou d'éclats de pied que l'on fait
à la mvuw ('poipio.]
en aiguilles, sans goût, ni couleur, ni odeur, neutre, soluble dans l'eau et l'alcool
étendu.) L'arôme des fleurs se communique facileiiienl k l'eau et l'alcool. L'eau distillée
se charge des priuci[)es aromatiques do la primevère, et pourrait servir de véhicule aux
potions calmantes, à l'instar de celles de laitue et di! tilleul.
L'udour que les fleurs de celte plante exhuli'ut semble annoncer une ac-
tion sur le système nerveux, comme calmantes et antispasmodiques, ana-
logue à celle (les fleurs de tilleul, de moscatelline et de caille-lait jaune.
D'après Matthiolc, llay, Bartholin, Chomel, Lieutaud, etc., la primevère
serait douée de grandes vertus. Ces auteurs l'ont vantée contre la paralysie
(ainsi que l'indique son nom d'herbe de la paralysie), l'apoplexie, les aflec-
tions hystériques, les vertiges, les maux de tète nerveux, la gastralgie, l'in-
somnie, etc. Boerhaave et Linné l'ont regardée comme pouvant calmer la
douleur, provoquer le sommeil et produire même divers phénomènes séda-
tifs. Suivant Bergius, l'infusion des fleurs serait utile dans les douleurs rhu-
matismales. D'autres l'ont recommandée comme béchique et anticatarrhale.
Les gens de la campagne emploient sa racine en décoction contre la gra-
velle, et en infusion dans le vin ou la bière comme fébrifuge. Suivant —
Boerhaave, l'infusion de cette plante dans le vinaigre, introduite par aspi-
ration dans les fosses nasales, aurait guéri des maux de dents. La plante
entière a été appliquée sur les articulations affectées de la goutte, ce qui l'a
fait appeler arthritica par Gessner.
Cette plante n'est pas tout à fait inerte mais elle est du nombre de celles
;
dont on peut se passer sans inconvénient, malgré les éloges qui lui ont été
prodigués. « Tout en admettant, avec Cullen, Peyrilhe et M. Cazin, que la
primevère pourrait, sans grand inconvénient, disparaître de la matière
médicale, nous demanderons grâce au moins, dit Martin-Lauzer, pour l'in-
fusion de ses fleurs, qui est d'une si belle couleur d'or, d'une odeur suave,
d'une saveur agréable, et qui pourrait avec avantage prendre place dans
notre cercle si peu varié de tisanes pour les affections inflammatoires (1). »
pendant quelques jours, donnent une teinture qui, avec addition de sucre, de cannelle
ou mieux de macis, forme une excellente liqueur de table. —
Les feuilles de prunellier,
d'après Poiret (1), sont usitées en guise de thé dans quelques contrées du Nord. Ce thé,
d'après Mérat et Delens, jouirait d'une certaine odeur et aurait les appai-ences de celui
de la Chine; mais son infusion serait nauséeuse et purgative. —
Les fleurs ont un goût
d'amande amère, ainsi que les bourgeons.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A i.'iATÉRiEUR. — Décoction de l'écorce, 12 à cule approprié, en pilules, électuaire, etc.
30 gr. et plus dans 1/2 kilogr. d'eau. Fleurs en infusion fi-aîches, une petite poi-
:
Poudre de l'écorce, 6 à 15 gr. dans un véhi- gnée; sèches, i à 12 gr., suivant l'âge.
plus heureux que ce médecin. Sur six cas de fièvres, dont cinq à type tierce
et un à type quotidien, un seul a pu être considéré comme ayant cédé à
l'administration de la décoction concentrée d'écorce de prunellier, prise
dans l'apyrexie. La fièvre quotidienne a résisté. Les quatre autres cas ont
donné une solution d'autant plus douteuse que les accès se sont graduel-
lement dissipés, ainsi que cela arrive dans les fièvres printanières, par les
seuls efforts de la nature.
Les fleurs de prunellier, suivant Murray, sont un purgatif populaire, cm-
Cette plante viyace se rencontre partout, dans les prés humides, au bord
des étangs, des rivières, etc. Son nom, dérivé du mot grec TTTapy.oç qui signi-
fie éternuer, annonce ses propriétés.
PULIGAIRES.
Plantaginacées. Fam. nat. — Tétrandrie mOiXogynie. L.
PULICAIRE DES SADLES , IIeUUE AUX PUCES, PLANTAIN DES SABLES, Plantago
66
882 PIjLICAIRES.
arenaria, Waldst., Poir., Chev. (Flor. Paris.). Plantago psyllium, Bull, Psyllium
annninn, Thuill. —
Ce plantain annuel abonde dans les terrains stériles et
sablonneux.
Descriiitioii. — Haciiie pivotante, ligneuse. — Tiges droites, très-rameuses,
liantes d'environ 30 centimètres, un peu velues. — Feuilles opposées, étroites, linéaires,
pointues, à trois nervures entières, blanchâtres, velues particulièrement à la base, un
peu visqueuses. — Fleurs blanches, réunies au sommet des tiges et à l'aisselle des
feuilles sur des pédoncules fdiformes, redressés, à peu près de la longueur des feuilles,
terminées par un épi ovoïde, serré, entouré d'un involucre foliacé, dû au développement
des bractées inférieures (juin-juillet). —
Corolle tubulée, sèche, transparente, rétrécie
au limbe, divisée en quatre petits lobes étroits, aigus et réfléchis. —
Quatre étamines.
— Un style filiforme droit et pubescenl. —
Fruit : capsule arrondie h deux loges, con-
tenant des semences oblongues, noires, luisantes, semblables à de petites puces, ce qui
a fait donner à la plante le nom de pysllium par quelques botanistes.
PULICAIRE VIVACE, HeRBE AUX PUCES VIVACE, PLANTAIN PuCIER, YRAI PSYL-
LIUM. — Plantago •psyllium, L.
Cette espèce, qui croît dans les terrains incultes des départements du
Midi, ressemble tellement à la précédente qu'on les a souvent confondues.
Poiret en fait une espèce distincte. Il se pourrait encore, dit-il, que ces
deux espèces ne fussent réellement que la même, d'un aspect un peu diffé-
rent, selon le lieu natal. Suivant Mérat, le vrai psyllium est rameux seule-
ment à sa partie inférieure et n'est pas visqueux.
Description. — Feuilles plus étroites; les bractées calicinales ne dépassent pas
la longueur du calice, et les semences sont concaves.
croît nalui'cllcinciit dans les bois, aux licnx oinhi'agés, surtout dans ceux de
quelques départements du Xord, où on la trouve môme quelquefois sur le
bord des ehcmins et dans les prairies.
De^criptioii. —
nacinos composées de fibres déliées et fasciculécs. Tiges —
droites, velues, un peu de 30 h /lO cenlinièlres.
aiif^ulouses, liautes —
Feuilles radicales
ovales- oblongues, pétiolées, décurrenlcs, liérissées de poils rudes et courts, [jarseniées
de laclios blancliàtres; feuilles caulinaires sessiles, plus étroites, quckpiefois sans tacites,
traversées par une jiervure simple. —
Fleurs bleues ou violacées, quelquefois blanches,
peu nombreuses, disposées en bouquet termitial (avril-mai). —
Calice à cinq aiif,des et à
cinq lobes. —
Corolle inl'undibuliforme divisée en cinq lobes obtus à gorge munie de
cinq faisceaux de poils blancs. —
Cinq élamines à antbères connivenles. Ln ovaire —
quadrilobé. —
fn style à stigmate écliancré. —
Fruit composé de quatre akènes unilo-
culaires, monospertnes, agglomérées dans le fond du calice persistant.
Partiels usitées. — Les feuilles et les fleurs.
Récolte. —
On la cueille au moment de la floraison, ou même après. Sécltée,
devient noirâtre,
elle fragile.
[Culture. — Cette plante est commune dans les buissons et dans les clairières
des bois, on ne la cultive que dans les jardins botaniques. On la multiplie par semis,
ou par éclats de pieds.]
Propriétés pliysicfues et vltiniiciues. —
La pulmonaire est inodore.
Son suc mucilagineux, légèrement styptique. Il contient, comme la bourrache et la
est
buglosse, du nitrate de potasse. —
On remploie pour la teinture en brun.
donne en décoction (50 à 100 gr. par kiloi^r. d'eau) dans le catarrhe imliiio-
naire, dans la phthisie, etc. Le nom dont on l'a décorée indique assez l'es-
time qu'on en faisait dans ces affections. Les habitants de la campagne
croient fermement que le Créateur a indiqué l'usage de cette plante par les
taches qu'on remarque sur les feuilles, et qui, disent-ils, sont tout à fait
semblables à celles qui existent sur le poumon malade. Ils composent, avec
la pulmonaire, le chou rouge, quelques oignons blancs, du mou de veau,
et une suffisante quantité de sucre candi et d'eau, un bouillon que j'ai moi-
même employé avec beaucoup de succès dans les affections de poitrine,
surtout quand elles sont accompagnées d'un état fébrile, de difficulté d'ex-
pectorer, d'irritation bronchique, de douleurs, etc.
Les feuilles sèches de cette plante sont un peu plus astringentes que les
feuilles fraîchement cueillies.
de la France, les bois sablonneux, les prés secs, etc. On la trouve dans le
bois de Boulogne, à Saint-Maur. Je l'ai rencontrée en Picardie, sur le bord
des bois. Elle se rapproche beaucoup de l'anémone des prés ou pulsalille
noire (pulsatiUa nigricans, L.) par ses caractères botaniques comme p.ir ses
propriétés; elle semble même ne s'en distinguer que par la plus grande élé-
vation de sa tige et la rectitude de ses pétales; (aussi réunirons-nous dans
cet article ce qui a trait aux deux pulsatilles, quoique Fonssagrives (1) con-
sacre à chacune d'elles une étude spéciale et expose ses doutes sur l'égale
activité des deux variétés). —
Celte plante, malgré son âcreté, est recherchée
des moutons, qu'elle nourrit mal; elle produit même la pourriture chez ces
animaux, ainsi que l'a observé Huzard (2).
ISeserï|ï<Boaî. —
Racine noircàtre assez grosse, longue, formée par la réunion de
plusieurs souches courtes et fibreuses. —Tige : hampe cylindrique couverte de poils
longs et soyeux, haute de 15 à 30 centimètres. —
Feuilles radicales pétiolécs, deux ou
trois fois ailées. —Fleurs d'un rouge purpurin, souvent violacées, grandes, solitaii'cs et
penchées (avril-juin). —
Calice coi'olliforrae de cinq à six sépales olilongs. ;^ Involucre
composé de folioles sessiles caulinaires, mullifides, formant une sorte de verticille h 7 ou
8 centimètres de la fleur. —
Elamines nombreuses, plus courtes que les sépales, rangées
en grand nombre autour de plusieurs styles à stigmate placés sur des ovaires groupés
sur un réceptacle hémisphérique.- —
Fruit: akènes surmontés d'aigrettes plumeuses pro-
duites par le développement des styles.
[CtaîiBsi'e. —
On trouve l'anémone pulsatille surtout dans les lieux découverts, les
bois sablonneux, les coteaux calcaires, etc., elle s'accommode de tous les terrains. On
la propage facilement de graines ou d'éclats de branches.]
leuses concrètes. Elle a été rangée par Gmelin, dans sa chimie organique, parmi les ma-
tièi'cs camphrées, sous le nom de camphre de ranémone pulsatil'e, et cîéjà, en 1820,
I\îérat (6) l'avait classée avec le camphre parmi les aromiles. En effet, c'est la même
substance qu'a trouvée Schwartz dans l'anémone des bois, et qu'il a décrite sous le nom
d'acide anémonique.
[lîeyer (de Brunswick) a extrait de ranémone pulsatille le même principe neutre, et
l'a nommé anémonine, et auquel Lowig et Weimann ont assigné la formule C'H'^O*,
et Fehlenz celle de C^H-O-. C'est une suJistance blanche cristalline qui se ramollit à
150 degrés et se décompose à une température plus élevée; elle est peu soluble dans
l'eau, Talcool et l'éther. Les alcalis, l'oxyde de plomb et le carbonate d'argent la trans-
forment en acide anémonique (CH^O^, HO).]
commodé des chiens, tandis que 00 gr. de suc de la plante fraîche les ont
tués en six heures (1). (L'extrait agit un peu moins énergiquement; 4 gr.
amènent la mort des mômes animaux en six heures.
Bien que Bock, dès loiti, en ait signalé les pi^opriétés irritantes, (Hel-
wing (2) a le premier, d'une façon sérieuse, appelé l'attention sur la pulsa-
tille. Mais c'est Stôrck (3) qui a mis en vogue la pulsatille des prés, espèce
très-voisine, ainsi que nous venons de le faire remarquer, do notre pulsatille
commune. Ce dernier, et d'autres auteurs après lui, ont vanté la pulsatille
noire comme propre à combattre efficacement l'amaurose, les taies de la
cornée, la cataracte, la paralysie, les rhumatismes, l'aménorrhée, la mélan-
colie, la syphilis consécutive, les ulcères opiniâtres, les dartres. C'est sur-
tout dans le traitement de ces dernières que le célèbre médecin do ^'icnne
dit avoir obtenu les résultats les plus avantageux de cette plante. Il employait
ordinairement l'extrait, en commençant par une petite dose, qu'il augmen-
tait graduellement (5 ou 10 centigr. à 1 gr. progressivement).
D'un autre côté, Snuicker, Richter, et Bergius, dont le témoignage est
également irrécusable, ont répété sans succès les expériences de Storck.
Entre ces résultats contradictoires, l'observateur, en se livrant à de nou-
vellos études sur cette plante, doit se placerde manière à voir sans préven-
tion jusqu'à quel point l'exagération est chez les uns, et le scepticisme chez
les autres. En attendant, nous devons faire remarquer ici, comme nous
l'avons fait pour la ciguë, que Storck préparait ses extraits avec beaucoup
de soin, afin de conserver la partie active du médicament; il évitait surtout
de l'exposer à une très-grande chaleur. Les médecins qui, après ce célèbre
expérimentateur, ont employé la pulsatille sans succès, avaient-ils mis en
usage les mêmes préparations? Avaient-ils procédé de la même manière?
S'étaient-ils, en un mot, placés dans les mêmes conditions?
Hufeland place la pulsatille au nombre des moyens dont on s'est le
(1)
mieux trouvé dans le traitement de l'amaurose.
Bonnel de la Brageresse (2) regardait l'extrait de pulsatille comme le
remède le plus efficace contre le vice dartreux. Il l'administrait à la dose de
8 centigr. deux fois par jour, et faisait en même temps lotionner les parties
affectées avec la décoction de jusquiame et de ciguë.
Ilamm (3) a obtenu des résultats avantageux de l'extrait de pulsatille dans
la coqueluche. Il prétend avoir employé ce remède pendant dix ans chez un
grand nombre de malades, et ne l'avoir vu échouer qu'une seule fois. Il
donnait l'extrait à la dose d'un quart de grain à un grain et demi, suivant
l'âge, quatre fois par jour. Il le prescrivait aussi aux adultes atteints de toux
sèches et spasmodiques, à la dose de 2 ou 3 grains répétée trois fois dans
la journée. Ramon(4) s'est aussi très-bien trouvé de l'emploi de la pulsatille
dans la coqueluche.
Quelques médecins ont employé, dit-on, avec avantage, l'infusion des
feuilles de pulsatille commune dans les engorgements des viscères abdomi-
naux et dans l'hydropisie. On ne doit pas dépasser, dans cette infusion, la
dose de 2 gr. chaque fois. Sous quelque forme qu'on administre la pulsa-
tille, il ne faut commencer que par de petites doses, en augmentant pro-
gressivement et avec circonspection.
Ajoutons à tout ce que nous venons de rapporter sur l'usage de la pulsa-
tille à l'intérieur, que ïragus recommandait beaucoup la semence de cette
plante cuite dans du vin contre les calculs, et que les femmes allemandes en
prenaient dans la suppression des règles.
(Ce serait être incomplet que de ne pas rappeler la foi aveugle que, depuis
Hahnemann, auteur que Reil veut faire considérer comme le restaurateur de
la pulsatille (o), les homœopathes ont dans le suc de cette plante administré
à dose infinitésimale.)
La pulsatille ne se rencontre que rarement dans le pays que j'habite; je
ne l'ai jamais employée. Les vétérinaires en appliquent les feuilles, comme
résolutives, sur les tumeurs froides et sur les vieux ulcères des chevaux pour
les déterger. Les paysans entourent le poignet de ces mêmes feuilles pilées
pour se guérir de la fièvre intermittente; conseil reproduit par Simon Pauli
et Olaûs Borrichius.
En résumé, on peut en agissant avec prudence, mettre à profit la pro-
priété rubéfiante et vésicante de la pulsatille, quand, dans un cas pressant,
on est privé de sinapismes et de vésicatoires. La poudre des feuilles et des
fleurs sèches de cette plante est un très-bon sternutatoire. Quand elles sont
fraîches, il suffit de les broyer sous le nez avec les doigts pour provoquer
un violent éternuement. Tournefort recommandait l'emploi de ce sternu-
tatoire dans les affections soporeuses, et Schroedcr dans le coryza chro-
nique.
(Le môme auteur a recommandé l'eau distillée en hjtions pour faire dis-
paraître les épluMides k-nticulaircs ou taches de rousseur. Ilclwig a signalé
ses propriétés cicalrisaules.)
fates, des hydrochlorates et des carbonates de potasse, des phosphates et des carbo-
nates de chaux, de l'alumine, de la silice, de l'oxyde de fer et de manganèse, du li-
gneux. La partie active [Pyréllirinc) est brune, mollasse et poisseuse. Son odeur est fade
et nauséeuse, sa saveur est brûlante; elle rubéfie la peau. Elle est insoluble dans l'eau,
soluble dans l'alcool, l'éthor, l'acide acétique, les huiles volatiles et les huiles fixes. Elle
existe en plus grande quantité dans l'écorce de la racine que dans la partie ligneuse : la
pyrèthre vermoulue en contient beaucoup.
(La racine de pyrèthie pulvérisée constitue la poudre insecticide Vicat, employée avec
succès contre les punaises. Sa saveur brûlante a été frauduleusement utilisée iwur
donner une apparence de force aux eaux-de-vie de mauvaise qualité.)
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A l'intérieur. —
Poudre, 25 à 80 ccntigr. et Teinture éthérée (racine de pj^rèthre, 1 ; éther
plus, progressivement, en pilules. sulfurique, k. Opérez par la méthode de
Teinture alcoolique (1 sur h d'alcool à, 36 de- déplacement) , odontalgique extrêmement
grés, 2 à 4 gr., en potion). acre.
—
A l'extérieur. Décoction (30 gr. pour 250 Huile (racine de pyrèthre, 1 ; huile d'olive, 2.
gr. d'eau), excitant en gargarisme et sur la Faites digérer pendant quelques jours, pas-
peau. sez avec expression), rubéfiant.
Vinaigre, collutoire odontalgique de Fox (ra- Poudre, comme sternutatoire.
cine, 1 gr.; opium, 1 centigr.; vinaigre, Racine en petits morceaux, comme sialago-
12 gr. Macérez pendant quelques jours et gue en la mâchant.
filtrez) pour calmer les douleurs do dents.
Cette plante vivacc (PI. XXXTII) habite les lieux spongieux, élevés, de nos
bois couverts. Elle est commune dans les forêts du Boulonnais, de l'Artois
et de la Picardie. On la trouve dans les environs de Paris (Versailles, Ar-
mainvilliers). Son nom lui vient de la ressemblance de ses feuilles avec celles
du poirier {'pyrus).
Description. — Racine ])lanche^ déliée, traçante, fibreuse. ~
Tige simple, an-
guleuse, haute de 30 ù centimètres.
ZiO —
Feuilles d'un vert sombre, lisses, arrondies,
coriaces, longuement pétiolées. —
Fleurs blanches ou rosées, disposées en grappes
dressées, à pédicelles recourbés (mai-juin-juillet). —
Calice h cinq divisions lancéolées.
— Corolle à cinq pétales connivents, obovales. —
Dix étamines incluses, pensées à
fdets arqués. —
Cn style h stigmate élargi. Fruit —
capsule divisée en cinq loges
:
I
Culture. —
Les pyroles ne soiil ciillivécs que dans les jardins Ijolaniquos. On les
nuilliplio par éclats do piods on par graines. Elles préfèrent la terre de bruyère et les
lieux couverts. Ou les trouve dans les régions tempérées de l'Europe. Elles liahitent
surtcut les inonta.gnes et les l'oréts.]
en automne, pour la conserver après l'avoir mondée de ses filaments et incisée longitu-
dinalcment. Sa couleur brunâtre et son parenchyme d'un jaune rouge la font reconnaître
scelle; elle dilfère de celle du fraisier en ce qu'elle est plus longue et d'une saveur plus
acerbe et plus styptique. Ou doit la préférer grosse. —
Les feuilles sont récoltées pen-
dant toute la belle saison, pour être employées fraîches ou sèches.
[Cwitiire. — Cette plante n'est cultivée que dans les jardins botaniques ; on la
(1) Annales médicales de la Flandre occidentale, 1-55, et Journal de la Société des sciences
médicales et naturelles de Ihuxelles, 1855.
890 RAIFORT CULTIVÉ.
contient une grande quantité de tannin. —
On peut s'en servir au tannage des cuirs. —
D'après Pallas (1), elle porte une espèce de cochenille.
Substances incompatibles. — Les sels de fer, de zinc, de plomb, de cuivre, d'anti-
moine, de gélatine, etc.
Cette plante annuelle (PL XXXIII), cultivée dans tous les jardins potagers
est, dit-on, originaire de la Chine.
Description. —
La forme des racines, dans cette espèce, détermine les variétés
suivantes : 1" Radis cultivé [R. sativus) : racine globuleuse ou napiforme, d'une couleur
rose ou blanche à l'extérieur, toujours blanche intérieurement; 2" Petite Rave [R. vul-
garis), variété de la précédente : racine globuleuse, déprimée ou oblongue, blanche,
rose ou rouge; 3° Radis noir, plus particulièrement Raifort des Parisiens [R. niger)^
racine volumineuse, à épidémie noir, rugueux, à chair dure et très-piquante. Tiges —
de 60 à 90 centimètres, droites, rameuses, rudes au toucher, écartées. Feuilles pé- —
tiolées, amples, alternes, rudes, principalement celles du bas, découpées en lyre, à lobes
inégaux, ovales ou oblongs, dentelés, arrondis ou aigus à leur sommet, le terminal beau-
coup plus grand que les autres; feuilles supérieures presque simples. —
Fleurs blanches,
purpurines ou d'un violet tendre, solitaires, pédicellées, réunies en grappes longues,
lâches, terminales. —
Calice composé de quatre folioles droites, serrées, conniventes. ~
Corolle à quatre pétales en croix ; six étamines tétradynames ; quatre glandes sur le
disque de l'ovaire; un style très-court; stigmate simple en tète. —
Fruit: silique
oblongue, renflée vers sa base, prolongée en une pointe subulée, spongieuse, indéhis-
«enle, divisée intérieurement en deux loges renfermant des semences arrondies.
Parties usitées. — Les racines fraîciies.
[Récolte. — Les racuies de ces plantes sont d'autant plus délicates sont qu'elles
mangées plus jeunes au moment du besoin.
et cueillies
On li;\tc la g(Mmi nation on niouillaiil les {.'raines vingt-hcuros avant de los senior. Si on
veut avoir dos radis doux, non Acres, il l'anl pratiquer des arrosages l'réqucnts.
Propriét^'M lillyMMiiifH et eliinii<|iieH. —
Les giaines des raiforts sont
assez riches en iuiile lixe poiii' (ni'il soil |)()ssiliic de les exploiter industriellement, s'ils
donnaient plus do graines; les leuilles et les souches renferment une huile essentielle
ûcro el snllurée. |
fossés, sur les bords des ruisseaux, dans presque tous les déparlements de
la France, principalement en Bretagne. On le cultive dans les jardins. En
Angleterre et en Allemagne, il est l'objet d'une grande culture.
Description. —
Racine forte, charnue, cylindrique, très-longue, renflée, d'un
blanc jaunâtre à l'extérieur, blanclie en dedans. —
Tige robuste, dressée, de près d'un
mètre de haut, striée, rameuse en haut, cannelée, glabre, creuse. l''euilles radicales —
très-grandes, longuement iiéliolées, ovales-oblongues, un pou ondulées, crénelées; les
caulinairos inférieures, oblongaes, ordinairement pinnatifides, sessiles; les supérieures
[CiilttBB'e. —
Le raifort sauvage est multiplié par tronçon de racine que l'on met
en terre au printemps; il aime une terre fraîche, ombragée. On peut aussi le semer à l'au-
tomne pour le repiquer en place au printemps.]
Récolte. —
Le raifort (racine et feuilles) ne doit être employé qu%à l'état frais (1).
Onl'arrache apiés la floraison; elle est plus active lorsqu'elle a atteint sa deuxième'
année. Elle n'est plus convenable après deux ans, et doit être rejetée lorsqu'elle est
ligneuse. Les feuilles récoltées avant la floraison sont plus actives.
Eau distillée, de 15 à 30 gr. dans une po- gr.; iode, 50 ccntigr.; alcool, Q. S. —
Dose,
tion. 20 à 100 gr. par jour.)
Sirop de suc sur 2 de sucre), de 15 à 60
(1 Vin ou bitre (par macération à vase clos de
en potion.
gr., la racine fraîche, 8 à 15 gr. sur 1/2 litre),
Sirop composé préparé à froid (Dorvault, de 30 à 100 gr.
page 557), mêmes doses. Teinture, de 8 à 15 gr., en potion.
Sirop de raifort préparé à froid (Commucci). Racine crue râpée, comme assaisonnement,
(On prend six ou liuit raiforts, que l'on
coupe ea morceaux, que l'on étend en cou- A L'EXTÉniEUR. —
Teinture, en frictions. —
ches sur des ficelles rapprochées, tendues en pédiluves, sinapisme, etc.
Pilé,
au-dessus d'un plat ou d'une assiette. On La racine do raifort entre dans le vin, la
les couvre de sucre en poudre, et quelques bière et le sirop antiscorbutiques, dans la
heures après on trouve au fond du vase un teinture de raifort composée, etc.
(1) Selon les recherches de Lepage {in Dorvault, p. 499), le raifort ne perd pas ses qualités
par la dessiccation, lorsque cette dessiccation a été opérée convenablemqnt. Il suffit de faire'
intervenir l'eau pour que, sur-le-champ, l'huile volatile prenne naissance. Aussi le pharma-
cien de Gisors a-t-il été amené à proposer l'emploi de la poudre de raifort dans les mêmes cas
que la farine de moutarde.
UAlFOlîT SAUVA'îi:. 893
de bon vin blanc. Je fais prendre ce vin par plusieurs cuillerées par jour, ou
à la dose de GO gr. matin et soir.
Hufeland (3) faisait digérer pendant vingt-quatre heures 30 gr. de racine
fraîche de raifort dans 1 kilogr. de bière, avec addition de 30 gr. de sirop
simple, et administrait cette boisson par tasses toutes les trois heures dans
l'hydropisic. Brenncck (4) prétend que cette même infusion est très-elficace
dans l'aménorrhée et la leuchorrhée. Vitet recommande l'infusion con-
centrée de racine de raifort contre la leucophlegmatie. Desbois, de Roche-
fort, propose de remplacer, pour les pauvres, le vin antiscorbutique par
celui de raifort. La racine fraîche, râpée et infusée du soir au malin dans
1 verre de vin blanc, que l'on prend après l'avoir passé avec expression, est
<5) DiefTenbacli, Zeitxdirift [ûr die ges^ammte Mcdi<in, 1837, t. IV, cah. 3.
89A RAISIN D'AMÉRIQUE.
h po\i piès comiiie des plains de raisin, de roidciir purpurine, ronlcnanl un suc pourpre
très-loiicc', h dix ou don/<' loges conlonanl des semences li(''niispli('ii(pies.
el sans aucun soins. Klle se propagi! par graines ou par divisions des souches.]
R^Tolte. — On peut récolter la racine on tout temps, parce qu'elle est vivace; les
feuilles |)cu\ent élie cueillies iiendant toute la belle saison. On ne peut recueillir les
baies (pT;! la lin de raulonuie.
Propri^'t/'N |iliyMi<|iieM et eltiiiti(|ii«'8. —
Toute cette plante est inodore.
— baies sont succiMenles. aniéres, acerbes el désagréables: les feuilles, un peu vi-
I^es
reuses ot anières. La racine a une saveur tlcre. Il )ésulte d'un travail de l'.racon-
not sur l;i phjitfllacca decandra 1" que la potasse existe on quanti!»'' énornio dans
.-
ce végétal (;Vo kilogr. do ses cendres coniioiuionl 33 kilogr. 301 gr. de salin desséché,
contenant 'Jl kilogr. de ])olasse piue el caustique; 2" que l'incinération peut fournir
un alcali riche; 3" que la potasse est saturée dans celte plante par un acide qui est fort
voisin du nialiquo, mais qui en diffère sous quelques lapports; 6" que ces Itaies peuvent
fournir par la fermentation et la distillation une corlaiiu' quanlilf' d'alcool; 5" que leur
matière coinrante peut être employée comme i-éactif; <>" que les 'ouilles sont alimen-
taires (1). Il conclut que la culture de cotte plante peut devenii- une brandie d'industrie
avantageuse pour la récolte de la potasse. Déjà Docandolle avait émis l'opinion qu'on
néglige trop on Krance cotte plante, tandis qu'aux l'Itals-lJnis on sait en tirer parti, ce qui
est d'autant plus blâmable qu'elle croît avec facilité dans les leiTains qui ont du fond.
On s'est servi du suc rougoàtre des baies pour colorer le vin blanc, lin l'ortugal on a
été obligé d'oi'donnor de couper les phytolacca avant la floraison pour éviter cette fraude,
la qualité du vin. Les baies servent aussi en teinture, quoiqu'elles ne
qui altéiait d'ailleurs
donnent qu'une couleur fugace, d'après Bonafous.
qui des vertus de celte plante contre le cancer et contre les plaies
ait parle
fistuleuses.Malheureusement, l'observation rigoureuse des faits n'a pas sanc-
tionne ce que les auteurs ont rapporté sur les propriétés anticancéreuses
du raisin d'Amérique.
Les baies sont purgatives comme les feuilles. Les pigeons qui les mangent
deviennent purgatifs, ainsi qu'on en a eu la preuve chez les étudiants du
collège Priceton, aux Etats-Unis, qui furent violemment évacués pour avuir
mangé des pigeons qui s'en étaient nourris, comme le raconte Rush, de
Philadelphie (î).
hifusées dans l'oau-de-vie, ces baies sont un remède populaire aux Etats-
Unis contre le rhumatisme chronique on les substitue au gayac. De toutes
:
les parties de la phytolacquc, c'est la racine qui est la plus active, surtout
lorsqu'elle compte plusieurs années. C'est un purgatif violent qui exige beau-
coup de prudence. Nathan Crawfor a publié une guérison d'hydrophobie
par la racine de phytolacca, chez une jeune fille qui avait des spasmes deux
fois par jour, sans hydrophobie, etc.; rien n'est donc moins prouvé que
cette prétendue guérison d'une rage qui ne nous paraît être qu'une hysté-
rie. Il paraît, d'après Valentin (2), que cette racine, en infusion ou en dé-
coction, peut être employée en place d'émétique, à la dose de 4 à 8 gr.
Sèche, elle n'a presque aucune action sur l'estomac.
(En Hollande, on emploie contre la gale et la teigne rebelle une pommade
ainsi faite poudre de racine de phylotaque, 30 gr.; axonge, 360 gr.)
:
Récolte. — Les fruits sont récoltés lorsqu'ils sont mûrs; les feuilles à l'époque de
la floraison.
Culture. —
Le redoul croît dans les endroits frais, sur les bords des ruisseaux. Il
est répandu dans les régions méridionales de la France et de l'Europe. Il est cultivé
pour la tannerie. On Fa introduit dans les parcs d'agrément. Il préfère une terre fraîche
et humide. On le propage par rejetons et éclats de pieds.]
DescriptioBi. —
Racines longues, rampantes, cylindriques, d'un jaune brun en
dehors et d'un jaune pâle en dedans. — Tiges de 1 mètre à 1 mètre 50 centimètres de
hauteur, presque ligneuses, fermes, rameuses, arrondies, à rameaux un peu pubescents.
— Feuilles alternes, pétiolées, imparipinnées, composées de treize ou quinze folioles op-
Î)Osées, entières, presque sessiles. — Fleurs petites, rougeâtres ou purpurines, en épis
ongs, axiilaires, peu fournis (juillet-août). —
Calice tubulé à deux lèvres, la supérieure
à à divisions inégales, l'inférieure simple et linéaire. —
Corolle papilionacée. Dix éta-—
raines diadelphes. —Un style subulé à stigmate obtus. —
Fruits gousses ovales un peu
:
16 gr. par 500 gr. d'eau (enlever l'écorce, 8 eau de fleurs d'oranger, 1 ; blanc d'œuf,
;
la fendre en quatre ou six), suivant la gros- Q. S. — Douze blancs d'œuf pour 1 kilogr.
seur, six heures de macération. de sucre. La plupart des pharmaciens sup-
Infusion à chaud, mêmes quantités, — saveur priment les blancs d'œufs et coulent cette
plus forte et même un peu acre, quand l'in- pâte en plaques comme celle de jujubes).
fusion est prolongée. Pâte de réglisse brune. (Suc de réglisse, 1 ;
Décoction, moins agréable que les infusions, gomme arabique, 15; sucre, 10; eau, 25;
parce qu'elle contient le principe oléo-rési- extrait d'opium, 1 gr. par kilogr. de sucre.
neux acre et amer de la racine. Dans les 100 gr. de cette pâte contiennent encore 3gr.
tisanes, il ne faut ajouter la racine de ré- d'extrait d'opium.
glisse qu'au moment où la décoction est ter- Pâte de réglisse noire. (Sucre de réglisse, 1
minée ou presque froide. gomme arabique, 2; sucre, 1. —
Faire fon-
;
petites graines.
Récolte. — (Les ou sommités fleuries doivent être cueillies avant leur com-
fleurs
plet épanouissement.) Les feuilles deviennent par la dessiccation d'un vert grisâtre, et
ses fleurs, d'un blanc jaunâtre et d'une odeur plus faible, conservent pourtant leur
arôme.
[Culture. —
L'ulraaire est peu cultivée pour l'usage médical. Elle exige un sol
hunnde des arrosements fréquents. On la propage de graines semées en place au
et
printemps et à l'automne; mais on peut également la multiplier de boutures, marcottes,
rejetons ou éclats de pieds.]
parfum des vins de TArchipel, si Ton en croit quelques ouvrages d'iiistoire naturelle.
[Pagenstacliei-, pliarmacien de Berne, a isolé de l'umiaire une huile essentielle qui a
été étudiée par Piria; elle est formée de deux essences Fiuie, acide, a été nommée :
acide salycileux =
C'H'^O* ou C''*H^O*ri, hydrure de salycile, acide spiroïleux; elle
est isomère avec l'acide benzoïque sublimé on l'obtient artificiellement en distillant la
;
à 25°. 56 centésimaux, 6 à 7 part. Faites — 900 gr.; faites un sirop par simple solution,
macérer pendant six à huit jours à une tem- en vase clos, au bain-marie. (Lepage.)
pérature d'au moins 30 degrés, en agitant Electuaire : poudre de reine des prés, 1 partie;
souvent, puis exprimez et tiltrez distillez ; miel, 2 parties sirop d'ulmaire, Q. S. (en-
;
la vapeur jusqu'à consistance d'extrait. (Le- tie; alcool à 56" centésimaux, 4 parties.
page.) Faites macérer pendant quinze jours; pas-
Sirop ulmaire, feuilles, tiges et fleurs, eau
: sez avec expression et filtrez.
froide, Q. S.; laissez macérer pendant quel- (Sa'icylite do potasse ou de soude Hannon a
:
ques heures, et distillez pour obtenir 1,000 publié plusieurs formules. Nous reprodui-
gr. d'hydrolat. —
D'autre part, évaporez au sons celle qui donne la préparation la moins
bain-maric le décoctum de l'alambic jusqu'à altérable; salicylite dô potasse ou de soude,
ce ciu'il soit réduit au poids de 600 gr. Fil- 2 gr.; extrait de chiendent, Q. S. —
Faites
trez-le pendant chaud
ajoutez-le
qu'il est ; 120 pilules, 2 à 5 par jour. Le môme chi-
ensuite à l'eau aromatique, et faites dissou- miste a recommandé un sirop d'acide sali-
dre en vase clos, à lu chaleur du bain-marie. cyleux peu employé.)
actives que les autres parties. La décoction ou l'infusion est le mode d'ad-
ministrati(Uî le plus simple et le meilleur.
Gui lard (I) a retiré un grand avantage de la décoction d'ulmaire dans un
cas d'ascile symplomatique d'une tumeur pyloriquc, chez un homme de
quarante-cinq ans.
Je lis, dans le manuscrit d'un cours de matière médicale suivi à Paris
en 177:2, que rien n'est plus efficace que le suc exprimé et l'infusion de
reine des prés, contre la cachexie qui suit les fièvres quartes automnales.
La décoction d'ulmaire m'a complètement réussi dans un cas d'anasarque,
suite d'une métrorrhagie très-abondante, survenue après l'accouchement,
et qui avait amené un état extrême de débilité. La diurèse produite par
l'emploi de ce remède fut tellement abondante, que toute apparence d'infil-
tration disparut dans Tespace de dix jours.
(Hannon, de fjruxelles, s'est assuré que c'est à l'acide salicyleux que l'ul-
inaire doit ses qualités diurétiques. Cet acide et les saiicilites de potasse, etc.,
ont une action antiphlogistique spéciale et des vertus sédatives propres, qui
ne sont pas celles de la digitale. L'hyposthénisation obtenue n'est pas suivie
d'excitation ni de fatigue, a Dans certains cas de variole confluente, dit
T. Desmartis (2), précédée d'un état inflammatoire très-grand avec fièvre
intense et délire, nous avons prescrit au début le salicylUe de potasse à la dose
de 25 centigr. qui a éteint dans l'espace de quelques heures cet état de sur-
excitation. Dans certaines affections inflammatoires de l'estomac, dans des
cas de vomissements qu'on ne pouvait arrêter, dans certains accès choléri-
formes, le salicylite de potasse a produit des effets rapides et très-satisfai-
sants.)
RENONCULES. Ranunculi. L.
Renonculacées. — Renonculées. Fam. nat. — Polyandrie polygynie. L.
Les renoncules tirent leur nom de rana, grenouille, parce que la plupart
de ces plantes croissent aux lieux humides. On compte plus de cent cin-
quante espèces de renoncules. Fraîches, elles sont rangées parmi les poisons
acres, et nuisent beaucoup aux bestiaux; sèches, elles peuvent être broutées
par eux, parce qu'elles ont alors perdu leur principe vénéneux.
très-nombreux. —
Fruits très-petits et nombreux ; formant un capitule ovoïde qui s'al-
longe après la floraison.
Description. —
Racine fibreuse. —
Tige de 33 centimètres environ, un peu
couchée, fistuleuse et rameuse. —
Feuilles lancéolées, aiguës, denticulées et glabres,
atténuées en un pétiole allongé, amplexicaule. —
Fleurs jaunes, solitaires et terminales
(juin-octobre). —
Calice velu. —
Corolle assez petite. —
Carpelles et fruits lisses, à bec
court.
Récolte. — Ces plantes s'emploient fraîches pendant toute la belle saison ; la des-
siccation leur enlève le principe acre qu'elles possèdent à l'état frais. (Elles sont plus ac-
tives au printemps.)
RENONCULES. 903
stance inerte, et en anémoniuc principe alcaloïde, qui n'ont |)lus les propriétés brû-
,
lantes de la plante. C'est cette transformation qui est cause que la dessiccation lui fait
perdre l'àcrelé dont elle jouit pendant la vie. Elle contient, en outro, une résine acide
non volatile, ne s'altérant ni par la chaleur ni par la dessiccation.
Virey (1) a retiré une fécule douce et nutritive de la renoncule l)ulbeuse.)
Les renoncules doivent ôtre rangées dans la classe des poisons acres; leur
ingestion peut causer la mort. On s'en sert pour empoisonner les rats.
(La renoncule scélérate et, assurément, les autres espèces produisent une
inflammation gastro-intestinale, de l'irritation des reins, et le ralentissement
du pouls et de la respiration.)
On oppose à cet empoisonnement les boissons mucilagineuses et le lait
pris en grande quantité, et, si les symptômes s'aggravent au point d'attaquer
le système nerveux, les opiacés, lès antispasmodiques difiusibles, etc.
On a employé les renoncules à l'extérieur contre la teigne, les ulcères
atoniques et scrofuleux; mais le plus ordinairement on ne s^en sert que
comme rubéfiantes et vésicantes. Elles peuvent remplacer les cantharides
lorsque l'on craint l'action de celles-ci sur la vessie, ou que certains cas
d'urgence obligent de se servir du moyen qui se trouve sous la main. L'ac-
tion rubéliante et vésicante des renoncules a lieu assez promptement quel- :
causticuvi devenias : ipse uti solco foliis ranunculi... (3). Stôrck employait ce
topique dans le rhumatisme articulaire chronique. Sennert (4) dit qu'un in-
dividu affecté de fièvre quarte, avec douleurs violentes à l'épaule gauche, fui
•guéri par l'application au poignet de la renoncule pilée.
La renoncule acre est vulgairement employée en épicarpe contre les taies
des yeux; on entoure de cette herbe écrasée le poignet du côté opposé à
celui de l'œil atteint de taches après la vésication résultant de ce topique,
;
cause après six à huit heures d'application, une chaleur intense, avec gonfle-
ment et formation d'une vésicule. L'eau distillée de renoncule fraîche est,
de toutes les préparations, la plus active. Elle peut donner lieu à une gan-
grène superficielle après avoir produit des phlyctènes. Giovani Polli con-
seille ces diverses préparations dans la sciatique chronique, la gastralgie, la
dyspepsie, les affections chroniques du larynx et de la trachée-artère,
l'aphonie, les toux. Ce médecin affirme que dans trente cas de sciatique chro-
(1) Experlm. de nonnul. ranuncul. venen. qualit. horumque extern, et intern. usu. Vienne,
1766.
(2) Annali universali di medicina, 1840, t. XCVI, p. 472.
RENONCULES. 905
nique, il n'en a pas vu un seul qui ail résisté h l'application sur le talon de
la teinture ou de l'eau distillée de renoncule. Nardo l'ait l'éloge de cette mé-
thode, et Fresclii assure qu'elle est suivie depuis plusieurs années avec suc-
cès dans l'hôpital de Crémone (1).
(Des princip(.'s constituants de la renoncule scélérate, la résine est à peu
près inerte et n'a qu'un eilet légèrement diurétique. L'eau distillée qui tient
l'huile essentielle en suspension, est ;\ la luis acre et narcotique (2); c'est à
lanémonine que cette dernière i)r()priété, peu marquée du i-este, paraît due.
Il faut bien avcjuer que, quant h l'inllucnce des renoncules prises à l'inté-
j'ieur, tout est encore à l'aire.)
La renoncule flamnmle n'est pas moins acre que les précédentes. Son eau
distillée est un excellent éméti(iue, d'après Withering. Lœsel (3) dit qu'en
l*russe les paysans usent de son suc, mêlé au vin, dans le scorbut. Elle est
très-vénéneuse pour les moutons, les chevaux, etc., qu'elle l'ait enfler.
La renoncule ficaire, fraîche et en pleine végétation, n'est pas moins
énergique que ses congénères ; mais ses jeunes pousses, moins acres, ont été
mangées en salade plus avancées, elles sont nuisibles, ainsi que l'a avancé
;
Dioscoride (4).
(Slan. Martin (5) a extrait des tubercules, et surtout des racines, un acide qu'il
nomme ficarique, et une substance particulière, la ficarine, jaune claire, d'une saveur
d'abord sucrée, puis amère, suivie d'un sentiment d'aslringence. Elle est soluble dans
l'eau et l'alcool, insoluble dans l'alcool absolu, l'étlier, les corps gras, les huiles vola-
tiles. Cette substance a besoin d'être examinée.)
(1) Journal des connaissances médico-cltintrgicales, 8' année, 2«= semestre, p. 257.
(2) Clarus, Archives générales de médecine, septembre 1859.
(3) Mérat et Delcns, Dictionnaire de matière médicale et de thérapeutique^ t. VI, p. 20.
(4) Lib. VI, cap. xiv.
(5) Bulletin de thérapeutique, t. LVI, p. 518.
(6) Organ fiir die gesammte Heilkunde et Annales médicales de la Flandre occidentale, 1854.
(7) Thésaurus uiedirinœ pract. Genevas, 1G98, p. ^82.
(8) Bulletin de thérapeutique, 15 juin 1859, t. LVI, p. 5/|0.
906 RENOUÉE.
du sucre.
Stanislas Martin propose d'employer à l'extérieur, dans le même but, la
ficarine en lotion dissoute dans l'eau à la dose de 2 gr. dans 100 gr. d'eau
distillée; il recommande aussi le Uniment suivant ficarine pulvérisée, 1 gr.;
:
glycérine, 30 gr.)
La renoncule des champs {ranunculus arvensis, L.); la renoncule graminée
[ranunculus gramineus); la renoncule rampante {ranunculus repens, L.); la
renoncule a.quSLtiqi\G {rmiunculus aquatilis, L.), etc., jouissent des mômes pro-
priétés que celles dont nous venons de parler. Le ranunculus tliora, qui croît
sur les hautes montagnes de la France, est si vénéneux que, au rapport des
historiens, les Gaulois en empoisonnaient le fer de leurs flèches. On prétend
que les blessures que faisaient ces flèches se gangrenaient promptement.
champs, sur le bord des chemins, dans les lieux incultes, et même dans les
places peu fréquentées des villes, où elle pousse entre les pavés. Le nom
d'aviculaire lui a été donné parce qu'elle est très-recherchée des petits
oiseaux. Les lapins en sont très-friands.
Deseriptioii. —
Racine longue, rougeâtre, chevelue, rampante. Tiges her- —
bacées, simples ou rameuses, couchées, noueuses et renflées h chaque articulation. —
Feuilles alternes, peu pétiolées, ovales-lancéolées, entières, vertes et glabres. Fleurs —
blanches ou rougeàtres, presque sessiles, solitaires ou réunies deux ou quatre dans les
aisselles des feuilles (juin-septembre). —
Calice à cinq découpures profondes, ovales,
blanches ou rougeàtres. —
Point de corolle. —
Huit étamines plus courtes que le calice.
— Trois styles courts à stigmates arrondis. —
Fruits : akènes triangulaires, pointus,
rougeàtres.
plante, afin de distinguer quelle est la partie qui contient le principe actif. De Can-
dolle (2) se demande si ce principe ne résiderait pas dans le spermoderme, et si on ne le
retrouverait pas dans le même organe des autres espèces.
mèsc ; Scopoli et Ghomcl assurent l'avoir cmployc'îc avec succès dans les diar-
rhées et les dysenteries chroniques. ^VillM(•l (I) dit que les vétérinaires font
un secret de l'emploi de cette plante contre l'hématurie des vaches. Je l'ai
vu mettre en usage avec- succès dans ce dernier cas i)ar les haljitants de la
campagne. Poircl (2) dit ([ue la renouée traînasse, quoique dédaignée, foulée
aux pieds, assez souvent couverte de poussière et de jjoue, n'en est pa»
moins une plante des |)lus intéressantes, et (jui mérite, par ses grands ser-
vices, une place honorable parmi les végétaux utiles.
La renouée était tombée dans l'oubli, comme tant d'autres plantes utiles
dont on avait exagéré les [)r{)priétés, lorsque des praticiens l'ayant de nou-
veau soumise ;\ l'expérimentation, l'ont trouvée digne de figurer avec avan-
tage dans la matière médicale indigène.
Dans une note lue ù la Société de médecine de Lyon, et consignée dans le
journal de cette Société (1S43), Levral-Perroton cite trois cas de diarrhée
qui, après avoir résisté à l'eau de riz,, aux fécules et au laudanum, cédèrent
à une forte décoction de renouée sucrée. Le môme succès a été obtenu par ce
médecin dans beaucoup de llux diarrhéïqucs qui se sont présentés à son
observation pendant les chaleurs de l'été de 1842.
Dubois, de Tournai, rapporte cinq cas de diarrhée évidemment guéris
dans l'espace de peu de jours au moyen de la décoction de renouée (2 poi-
gnées pour 1 à 2 kilogr. d'eau). Ce médecin recommande vivement cette
plante à l'attention du praticien des campagnes; elle lui sera d'autant plus
utile qu'elle est plus fréquente, et que la maladie qu'elle est appelée à com-
battre se rencontre chaque jour dans la pratique.
J'ai employé ce remède, en 1846, chez une femme qui, atteinte *de diar-
rhée depuis près de deux mois, avait inutilement employé les opiacés, la
rhubarbe, le cachou, le diascordium, l'extrait de ratanhia; une forte décoc-
tion de ccntinode, prise pendant huit à dix jours, arrêta graduellement ce
ûux. Je ferai remarquer, à cette occasion, que les astringents les plus éner-
giques, en supprimant trop promptement la supersécrétion de la muqueuse
intestinale, n'ont qu'un effet momentané et ne sont pas toujours employés
sans inconvénients, tandis que les astringents plus doux, mais dont l'action
est continuée, soutenue pendant huit i\ quinze jours, ramenant peu à peu à
leur état normal les fonctions sécrétoires altérées, ont un résultat plus cer-
tain et peuvent toujours être administrés sans danger.
Les semences de la rcnouôe, réduites en poudre, ont une odeur nauséeuse
et sont, dit-on, fortement émétiques et purgatives mais on manque, dit
;
que celle-ci. Quand on la mâche, elle colore la salive en jaune et laisse dans la bouche
une viscosité douce et gluante, qui suffirait seule pour la distinguer de la rhubarbe. —
Parmi les racines que fournil le commerce, il se trouve quelquefois celles de patience
des Alpes {rhumex Alpinus, L.), plante à laquelle le nom de rhubarbe des moines appar-
tient réellement, qui croît en abondance dans les Alpes, les Pyrénées, les montagnes de
l'Auvergne, et dont les propriétés sont analogues. (Voyez Patience des Alpes.) —
nilUlîAIlBES EXOTIOUKS, 909
Quand on rôroltc le iliaponlic dans les jardins, il faut le diviser par fragments et le
faire si^clici' à l'air.
[Culture. —
Le rliaponlie cxi^'e \\n sol piol'ond, frais et subslanliel. On sème les
graines anssilôl apr^'s lenr nialiirilé ou au print<'in|)S, on repique au boul d'un an; on
peut aussi les umltiitlicr |)ar séparation tirs toullcs. [
est insipide et inodore, non soluble dans l'eau Iroide, soluble dans l'éther el dans les
huiles volatiles. —
Un s'en sert en Kussie pour teindre les cuirs en jaune, ce qui porte
Gnielin h penser qu'on pourrait la substituer au cnirunia (1).
Substances incompatibles. Les mômes que poiu- la rhubarbe, indiquées dans l'article
suivant.
PRKfARATIO.NS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'iNTÉniEin. —
Infusion ou dûcoction de Extrait de la racine, de 2 à 8 gr.
la racine, de 15 à 30 gr. par kilogramme
d'eau. A l'extéhieur. — Décoction des tiges, cata-
Poudre de la racine, de Zi à 15 gr. en élec- plasmes, etc.
tuaire ou dans un véhicule approprié.
astringent, est beaucoup plus constant que comme purgatif. Les tiges de
rhapontic, cuites et réduites en pulpe, sont résolutives et maluratives. Je
les ai appliquées en cataplasmes sur les engorgements lymphatiques et les
abcès froids, pour en activer la résolution ou en hâter la terminaison par
suppuration.
RHUBARBES EXOTIQUES
DEVENUES INDIGÈNES EN FRANCE PAR LA CULTURE.
On distingue dans le commerce trois sortes de rhubarbes 1° celle de :
Dei^cription. —
Racine forte, brune en dehors, d'un beau jaune en dedans. —
Tige très-élevée (2 mètres 1/2 à 3 mètres), rameuse en haut, cannelée. —
Feuilles assez
semblables à celles du rhapontic, ovales, larges et amples, pétiolées, épaisses, échancrées
à la base, obtuses au sommet, sinuées, crénelées, luisantes en dessus, coriaces, com-
pactes, ondulées, denticulées, divisées en lobes arrondis, peu profonds. —
Fleurs d'un
blanc jaunâtre, petites, en panicules terminales, composées de grappes étroites et pen-
dantes (juin) mêmes caractères généraux.
;
— Fruit akènes triangulaires, noirâtres,
:
geon ait 2 centimètres 1/2 de racine pour que la reprise en soit assurée. C'est dans les
premiers jours du printemps, un peu avant la végétation, qu'on les recueille aux vieux
pieds, et qu'on les replante après les avoir laissés pendant un jour à l'ombre. Si le
temps est sec, quelques arrosements sont nécessaires pour assurer la reprise des jeunes
RHUBAHBES EXOTIQUES. 911
Îicds; mais une trop grande Imniidilé peut lenaiii doil èlre profon-
les faire poiinir. F.e
énionl lalxuiré avant de laite la planlalion. Les plants sciont disposés en (juinconce à
2m('lres environ de distanee les unsdfs antres, h cause de la place que leurs grandes
feuilles devront occuper; mais comme ces l'enilles ne remplissent pas tout Tespace jien-
danl deux ])remières années, on pourra y planter des h-finmcs ou des ponunes de
les
terre. doiuie un labour penclant Pliiver, et au nidins deux hina^^es pendant la l)elle
Un
saison. —
La récolle se lait à Taidomne on pendaid riii\er de la (pialrieme année dans
les terrains secs et chauds, et la cinipiième dans les teiraiiis humides et froids. Ouand
cette recolle est faite trop toi, les racines sont molles, susceplihies de perdre, dit-on, les
onze don/,i(Mnes de lem- jjoids par la dessiccation (juand elle est troj) tardive, les racines
;
midon, 11 de sucre uni au tannin, lli d'extractif, 3.5 de matière colorante, U d'acide
pectique, l/i d'oxalate de chaux, 1 de malate et gallate de chaux, 1.5 de sels, fer el si-
lice, et 25 de ligneux. D'après cette analyse, les produits nommés caphopicrite, rhabar-
barine, rhéide, rheumine, etc., seraient le rhabarbarin impur, Brandes obtient ce der-
nier principe, qu'il considère comme la source des propriétés de la rhubarbe, en agitant
celle-ci en poudre avec de l'élher. Par évaporalion spontanée, il se produit des cristaux
de rhabarbarin. C'est un pi'oduit jaune, très-amer, fusible, partiellement volatil, à peine
soluhle dans l'eau, dans laquelle il«se dissout cependant à l'aide des autres principes de
la rhubarbe, mais soluble dans l'alcool et l'éther. Les alcalis se dissolvent en formant
un soluté rouge d'où les acides le précipitent. (Dorvault.)
(D'après Schlossberger et Dœpping, la caphopicrite el la rhubarbarine ne seraient que
des produits complexes ayant pour l)ase l'acide chrysophanique, déjà signalé dans le li-
chen parietinus, cristallisé, jaune; ils regardent cet acide comme le principe colorant et
purgatif de la rhubarbe. A l'état naturel, en combinaison originelle avec le tissu de la
racine, il agirait davantage qu'cà l'état isolé, sec et insoluble. Une deuxième matière co-
lorante, Vémodine, a été signalée depuis par Warren et de La Rue dans la rhubarbe.)
Substances incompaiibles. —
Les acides concentrés, l'eau de chaux, l'émétique, les
infusés astringents, le deutochlorure de mercure^ les sulfates de fer et de zinc, le ni-
trate d'argent.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A l'intérieur. —
Poudre, 30 i\ GO centigr. trer. —
Une simple macération à froid de-
comme tonique, 1 à 4 gr. comme purgatif. mande une double dose.
Infusion ou macération, 6 à 10 gr. comme pur- Teinture alcoolique (1 sur k d'alcoolà 22 de-
gatif pour 250 gr. d'eau bouillante. —
On rés), 1 à i gr. comme tonique, 2 à 8 gr.,
ne doit pas employer la décoction, qui est comme purgatif.
toujours trouble, à cause de la grande quan- Sirop (120 gr. sur 1 kilogr. d'eau et 2 kilogr.
tité d'amidon que cette opération y fait cu- de sucre), 15 à 60 gr. comme purgatif.
912 RHUBARBES EXOTIQUES.
Sirop composé du Codex (édition de 1860), devront être augmentées d'un quart ou d'un
p. 484), mômes doses. tiers pour la rhubarbe cultivée en France.
Vin (15 de rhubarbe sur 250 de vin, avec gen-
tiane 4 et cannelle ou racine d'angélique 2), On associe souvent la rhubarbe au calom«l,
15 à 30 gr. comme tonique, et 60 à 120 gr. à la magnésie, h l'aloës, à l'extrait de pissen-
comme purgatif. lit, etc. ^ Une bonne méthode est la mastica-
Extrait alcoolique (1 sur U d'alcool à 22 de- tion directe de cette substance.
grés), 30 à 60 centigr. comme toni-laxatif, 60 La rhubarbe perd par la torréfaction sa
centigr. à 1 gr. 25 centigr. comme purgatif. vertu purgative, et acquiert une vertu tonique
Extrait aqueux (inusité comme peu actif), astringente plus grande.
1 à 2 gr. comme tonique, 2 à 4 gr. comme Cette racine entre dans le sirop de chicorée
purgatif. composé et dans la potion purgative du Codex,
dans le catholicum double, la confection Ha-
Rhabaiibarin, 25 à 60 centigr. comme pur- mech, dans la teinture de Darcl, l'élixir de
gatif.
longue vie et dans une foule de préparations
Nota. — Toutes les doses indiquées ci-dessus aujourd'hui oubhées.
stiper ensuite, et c'est pour cette raison qu'on l'emploie dans les diarrhées
chroniques sans irritation. Ces effets s'expliquent par les principes consti-
tuants de cette racine. L'agent purgatif se trouve, en effet, uni au tannin et à
un amer qui tous deux jouissent d'une action tonique, dont l'effet ultérieur
se fait sentir sur le tube digestif et persiste plus ou moins longtemps après
la purgation. Ces résultats indiquent suffisamment que la rhubarbe ne doit
jamais être employée dans les cas d'excitation fébrile, d'angiothénie, d'in-
flammation.
La rhubarbe est un purgatif doux, agissant particulièrement sur le duodé-
num et l'appareil biliaire ; ce qui l'athériaque du foie, et
fait appeler la
explique son efficacité dans les vices de sécrétion de cet organe, dans les
affections bilieuses, les diarrhées apyrétiques, muqueuses ou bilieuses,
qu'elle arrête ensuite par son principe astringent ; dans l'hypocondrie, le
carreau, et tous les cas qui réclament un purgatif doux et tonique, principa-
lement chez personnes nerveuses, les chlorotiques, les convalescents, les
les
femmes Les Anglais associent souvent la rhubarbe au calomel
et les enfants.
et à l'extrait de pissenlit dans les engorgements hépatiques avec atonie ou
phlegmasie chronique entretenue par la stase. Cullen (1) employait la rhu-
barbe comme masticatoire pour entretenir la liberté du ventre. Jackson (2)
n'a pas trouvé de meilleur moyen pour lâcher le ventre chez les personnes
resserrées et tourmentées par les hémorrhoïdes, que de faire mâcher chaque
soir 50 centigr. de rhubarbe pendant quinze à vingt minutes, puis de leur
faire avaler le tout il assure que de cette façon cette racine produit plus
;
d'effet qu'une dose cinq fois plus forte de la même substance prise en poudre
en une seule fois. Récamier avait adopté ce mode d'administration. Je l'ai
mis moi-même en usage très-fréquemment pour combattre la constipation ;
suffit dans le plus grand nombre de cas pour favoriser cette évacuation, qui,
le plus souvent, s'opère naturellement. Ce sirop convient dans les cas de con-
stipation chez les enfants à la mamelle.
La rhubarbe administrée par la méthode iatraleptiqnc n'a pas d'action
purgative. Ln bain préparé avec cette racine (7) n'a produit aucune éva-
cuation.
58
91A niciis.
plusieurs années, mais raiement plus de trois. Dans les déparlements méridionaux de la
France, les semis de ricins faits en place réussissent bien. On choisit une terre fraîche
et une exposition chaude. Cette culture a pris notamment dans la plaine deJNîmes une
importance réelle. La plus grande partie de l'huile de ricin que la médecine française
emploie de nos jours n'a pas d'autre origine. On a calculé qu'un are pouvait donner
IZi kilogr. de graines et environ 2 1/2 kilogr. d'huile. Les graines mûrissent fort inéga-
lement ; on les récolte en automne.
Propriétés pliysiques et cliiniic|ues. —
Les fruits du ricin sont d'une
saveur oléagineuse, douceâtre, nauséeuse, acre, brûlante leur odeur est nulle. Ils ran-
;
cissent en vieillissant et prennent alors un goût dechènevis. Leur substance est blanche,
ferme, de nature émulsive, et très-analogue à celle des amandes. (Tuson (1) y a constaté
la présence d'un alcaloïde, la ricinine, cristallisant en prismes et lamelles incolores, su-
blimable et brûlant avec une flamme fuligineuse, soluble dans l'eau et l'alcool, répan-
dant une odeur d'essence d'amandes amères cet alcaloïde paraît doué de propriétés
;
toxiques; il n'est pas purgatif.) Ils renferment en outre une grande quantité d'huile
grasse et douce (2), qu'on en retire facilement, soit par expression, soit par infusion
dans l'eau bouillante. Le premier procédé est préférable. On prend les semences de
l'année, sèches et bien saines; on les réduit en pâte au moyen d'un moulin; on ren-
ferme celte pâte dans des carrés détachés, et, on exprime l'huile graduellement, long-
temps et fortement. Cette huile est blanche, visqueuse, d'une odeur et d'une saveur
faihies, désagréables; elle est soluble en toutes proportions dans l'alcool à 95 degrés;
l'alcool à 90 degrés en dissout les trois cinquièmes de son poids. Sa composition chimique
n'est pas bien connue. Bussy etLecanu en ont extrait parla distillation une huile volatile,
cristallisant par le refroidissement; il restait comme résidu, une matière solide repré-
sentant les deux tiers du poids de l'huile employée. Elle a fourni â la saponification trois
acides différents ricinique, élaïodique et margaritique. Les deux premiers sont extrê-
:
mement acres. — L'acide ricinique est solide; l'acide élaïodique est liquide. Tous les
deux sont très-solubles dans l'alcool et dans l'élher. Soubeiran (3) a retiré de la se-
lUCLN. î)r">
nience de ricin une sorte d'huile résineuse, molle, analogue à la résine de Tliuile d'é-
purgo, mais qu'ila rnnsi(l('réo coinnic un produit roniplcxe. —
L'huile do ricin est moins
active (pie les st'iiicncos ipii roiil Iduriiic; c'est (|ii(' l'iiuilo cpii s'ccrtide sous la presse
ontraiiie Cdiiipaialivenieiil moins de résine qu'il n'en reste dans le marc. (L'ammoniaque
transforme l'Iiiiile de ricin en rkcnolamide =
C^*!!' A/O'*. Lors(|u'on la distille avec
la i)olasse, on ohlieiit de l'alcool caprylique, et il reste pour résidu du sel acétate de
potasse elle se décompose vers 270 degrés, et elle proiUiil alors un grand nond)re d'a-
;
cides volatils, parmi lescpiels on trouve les acides riciniqne, élaïodique (déjà mentionnes),
renanlliylifpie, et lui peu d'acroléine, de roMiarthoi, dont la lormule =
C" li'*()* (Bussy).
Oxydée pai' l'acide snllnricpic et le hichromate de potasse, riiiiile de ricin se transforme "en
i'fl/tvo/ et en acide œnanlliyliqiie (Arzhrecher). D'après Saaimullei', riaiile de ncin con-
tient un acide solide, l'acide ririnoléiquc, =
C'^Ji'-'O 'IKJ, (pii fond à 7/i degrés, et qui
se rapproche de l'acide i)aluiitique,] —
L'huile de ricin qui nous vient de l'Amérique
est colorée, légèrement rougeàlre, d'une saveur trés-àcre, ce qui tient au mélange des
véritahles ricins avec phisieuis autres eupliorhiacées, telles que les Jairopn curcas, mul-
tifid(i,fioi>sifoli(i, et le croton tifjlium, et aussi au mauvais procédé suivi pour son extrac-
tion. On peut, en chaulTanl cette huile, lui enlever une grande partie de son ûcreté et
en obtenir ainsi l'huile douce de ricin; mais on doit préférer celle de France, toujours
heaucouf) mieux i)réparée, surtout en Provence.
PRKPARATIOiVS PIIARMACKUTIQUES ET DOSES.
-A l'intérieir. —
Semences, une ou deux, de menthe, 32 gr.; eau commune, 64 gr.,
comme drastique (exige une grande circon- jaune d'œuf n" 1.
spection.) Mixture anglaise huile de ricin, 24 gr.; hy-
:
potion ; mais elle perd sous cette forme de ricin, 15 gr.; gomme arabique pulvérisée, 8
ses propriétés purgatives. gr. eau, 15 gr.
;
— Emnlsionuez t ajoutez par
(
(On a aussi proposé, pour diminuer la con- petites parties farine de froment ou magnésie
sistance de l'émulsion gommeuse, d'y ajouter calcinée, 15 gr. — Laissez si'clier à l'air.)
du sirop d'orgeat. A l'extkrielr. —
Lavement, 04 gr. (pure ou
Trois gouttes d'essence d'amandes amères en suspension à l'aide d'un jaune d'œuf)
communiquent un parfum et une saveur agréa- dans décoction de guimauve ou de graine
bles à 100 gr. d'huile de ricin nauséeuse du com- de lin, 250 gr.
merce. L'action purgative n'est pas changée.) En frictions ou embrocations sur l'abdomen.
Potion purgativ-e huile de ricin, 32 gr.; eau
: (Peu eflScaces.)
Les fruits du ricin n'étaient point employés en médecine, bien que leur
propriété purgative fût connue des anciens. On les regardait comme dange-
reux. Deux ou trois suffisent pour produire des vomissements, des selles
dysentériques et tous les accidents dus à une vive irritation du tube digestif.
On les a recommandés néanmoins comme drastiques. On a prétendu aussi
que, pris pendant dix à douze jours, à la dose d'un ou deux, ils guérissent
la gonorrhée; mais leur usage exige une grande circonspection, et l'on doit
même, suivant l'aveu de Rolfinck, s'en abstenir.
Mialhe rapporte divers résultats obtenus par l'émulsion des semences de
ricin 10 gr. de ces semences, dépouillées de leurs coques, produisirent un
:
eflet éméto-cathartique qui persista pendant près de trois jours, sans que
les opiacés, les boissons gazeuses froides, les cataplasmes, pussent parvenir
à le maîtriser. Une émulsion préparée avec une dose moitié moindre, c'est-
à-dire avec 5 gr., détermina vingt-huit vomissements el dix-huit évacuations
alvines. Enfin, avec une troisième émulsion contenant seulement i gr. de
semences de ricin, l'etret éméto-cathartique fut encore des plus marqués.
Mialhe conclut de ces faits :
(1) Cavan's, Dissert, on Ihe oleum palmoi christi, seu oleum riciîii, etc., 2' édit., 1769.
(2) Dvlletin des sciences médicales de Fértissac, t. XXII, p. 2/j7.
l'.icix. ni7
coiilre la rcU'ntioii du
iiK-coiiimii. k (»ii s'en sert avfM" avanlii^c, dit Marliu-
Soloii, ù la suite couches, dans ([ueUpiescas de péi-iloiiilc, dû l'on recon-
d(!.s
sur la fin des pneumonies, etc., surtout lorsqu'il existe en môme temps une
tendance à la constipation.
L'huile de ricin devient, avec le temps, rance, irritante et drastique. Je
lui ai souvent substitué, dans ma pratique rurale, le mélange extemporané
d'huile d'oeillette et d'huile decroton (1 goutte par30gr.) ou de celle d'épurge
(4 à 8 gouttes).
Ce mélange de 1 partie d'huile de ricin et de 3 de collodion constitue le
coUodion élastique employé dans les érysipèles, brûlures, etc., etc.
Les feuilles du ricin, que certains auteurs ont à tort regardées comme
acres et vénéneuses, ne sont qu'émollientes appliquées fraîches ou légère-
;
ment fanées, elles calment, dit-on, les douleurs arthritiques pilées et réduites ;
en cataplasmes, on les applique sur les yeux dans l'ophthalmie et sur les
inflammations locales des autres parties du corps macérées dans le vinaigre, ;
on leur a attribué contre la gale, la teigne, les dartres, etc., une efficacité
que l'expérience n'a pas confirmée. Dans le but d'activer ou de provoquer le
travail de la lactation, alors que celle-ci se fait attendre ou se fait imparfai-
tement, William (1) conseille l'application de feuilles de ricin, sous forme
de cataplasme. D'après le médecin anglais, ce moyen serait tellement actif
qu'il servirait même à établir la lactation cbez les personnes qui n'ont pas
eu d'enfants depuis longtemps, et même auprès de celles qui n'en ont
jamais eu ?
(GilfiUan, chirurgien du Long Island Collège Hospital (U, S.), an-
nonce (i) qu'il a obtenu un résultat très-satisfaisant, dans quelques cas sem-
blables, en substituant aux applications topiques l'administration à l'inté-
rieur de l'extrait de feuilles de ricin. Les doses employées ont été de 4 gr.
environ, trois fois par jour.)
[Le riz est originaire de l'Inde mais il est aujourd'hui cultivé dans diverses
;
rissent : il doit cela à sa facile conservation, quoiqu'il soit souvent attaqué par un co-
léoptère du genre bruche; à ce qu'il n'a pas besoin d'être réduit en farine, qu'il ne
fournit pas de son, et qu'une simple coction à l'eau salée suffit pour en faire un bon
aliment. Cependant on y ajoute souvent des corps gras pour augmenter sa valeur nutri-
tive, et des aromates pour en relever la fadeur.
Culture. —
Le riz est cultivé dans les endroits marécageux ; on l'obtient par se-
mis; y a une espèce de riz qui peut être cultivée en terre sèche, aussi l'appelle-t-on
il
riz sec. Les rizières sont souvent des causes d'insalubrité, par suite des miasmes qui s'en
dégagent et qui deviennent la cause d'épidémies, de fièvres intermittentes.
Propriétés physiques et cliiniiques. —
Boussirigault, le D'après
riz du Piémont contient : gluten et albumine, 7.5; amidon
76; huile et dextrine,
grasse, 0.5; ligneux et cellulose, 0.9; sels, 0.5; eau, l/i.G. Braconnot n'y a trouvé que
.'5.60 de matière azotée; celle-ci est presque entièrement contenue dans le gluten, qui,
lui-même, est renfermé dans l'embryon, qui est exovaire, de sorte qu'il est enlevé par
les opérations que l'on fait subir au riz pour le priver de ses enveloppes.]
(Inutile de rappeler les usages de la paille de riz dans l'agriculture, dans l'industrie
des chapeaux de femme, etc.)
(Le riz, employé comme cc'Téale alimentaire presque exclusive dans beau-
couj) de pays, n'est en France qu'accessoire. Seul, il ne j)eul servir à la
l)anilicati()n. Arnal (1) a propos('î un pain où il entr-ait 2 i)arlies de riz cuit
dans 13 d'eau, pétries convenabh'ment avec 2 parties de; levain de pâte ci
l.'{ parties de Iromenl, en ajoutant pendant le pétrissage un peu de sel et
de levure de bière.
Les convalescents se trouvent très-bien de l'usaf^c du riz. Il est inulile que
nous énumérions les services qu'il rend à l'art culinaire. La farine de riz,
cuite dans le lait, fournit aux enfants nouvellement sevrés une nourriture de
facile digestion.
La décoction de riz, blanchâtre, louche, chargée de fécule en suspension,
est indiquée dans toutes les maladies inflammatoires comme tempérante et
légèrement nutritive. Son emploi est vulgairement recommandé, et à juste
titre, dans uû adjuvant utile. Le riz calme l'irritalicjn in-
les diarrhées; c'est
testinale, sans êtrepour cela astringent, ni c'chauffant ou resserrant, comme le
vulgaire l'accuse de l'être. De plus, il nourrit sans laisser beaucoup de résidu.
Avant de soumettre le riz à l'ébullition, on le torréfie quelquefois légère-
ment. Cette décoction, employée en lavements, produit les mômes effets
antidiarrhéiques.
La poudre de riz outre ses précieuses qualités cosmétiques
, convient ,
Cet arbuste croit en abondance sur les rochers et les plages maritimes
des contrées méridionales de l'Europe; il croît également dans nos dépar-
ements maritimes du Midi. On le cultive dans nos jardins.
Uescriptioii. —Racine ligneuse, fibreuse, brune en dehors, blanche en dedans»
— Tige d'environ 1 mètre de hauteur, à rameaux nombreux, anguleux, articulés et
de couleur cendrée. —
Feuilles opposées, sessiles, étroites, alternativement disposées
en croix, d'un vert foncé en dessus, blanchâtres en dessous. —
Fleurs d'un bleu pâle,
disposées en verticilles touffus au sommet des rameaux (mars-avi'il). Calice peu velu,
lubulé, à deux lèvres, dont l'intérieur bifide. —
Corolle à deux lèvres, la supérieure re-
levée et bifide, l'inférieure trifide et réfléchie. —
Deux étamines à filets longs et à an-
thères simples. — Un style à stigmate pointu. — Un ovaire quadrilobé. — Fruits :
Récolte. —
On récolte sommités quand elles sont fleuries. Les feuilles peu-
ses
vent être récoltées en tout temps, parce que cet abrisseau reste toujours vert. On
les monde et on les fait sécher. Le romarin sauvage est plus actif que celui que l'on
cultive.
[Culture. — Cette plante exige une terre légère et sèche, et une exposition
chaude. On la propage de graines semées sur couche au printemps et on repique les
Jeunes plants en juin. On peut encore la multiplier de boutures et d'éclats de pied,
opérés au printemps et placés à une exposition chaude, mais ombragée.]
Propriétés physiques et ciiiniiciues. —
Cette plante a une saveur
acre, chaude et légèrement astringente; son odeur est très-forte. Elle contient une
grande quantité d'huile essentielle incolore et d'une pesanteur spécifique de 0.88 lors-
qu'elle est rectifiée. (Kane lui a assigné la formule C*°H"'*^ +2110. L'acide sulfurique
la noircit et cause la séparation d'une huile, d'une odeur alliacée, ayant la composition
de l'huile de térébenthine.) —
Proust a retiré de cette plante 0.10 de camphre, un prin-
cipe résineux et un peu de tannin.
(Le miel de Narbonne doit ses propriétés aromatiques h l'existence du romarin près
des ruches. On donne parfois le nom de miel de Narbonue à des produits de qualité in-
férieure, auxquels on a donné le parfum des miels du Midi en les coulant sur des fleurs
de romarin.)
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A l'intérieur. —
Infusion tliéiforme, de 5 à A l'extérieur. —
Infusion, de 15 à 60 gr. par
15 et môme 60 gr. par kilogramme d'eau. kilogramme d'eau, en lotion, fomentation,,
Eau distillée (1 sur U d'eau), de 30 à JOD gr., gargarisme, bains, fumigations.
en potion. (Huile essentielle, en frictions ou dans un
Alcoolat (1 frais sur 3 d'alcool à 31 degrés bain, comme excitant, de 2 à 4 gr.) (Voyez
et 1 d'eau de romarin), 4 à 15 gr., en po- l'article Thym.)
tion.
Huile essentielle (1 sur 3 d'huile d'olive), de Le romarin est un des principaux ingré-
5 à 25 centigr., en potion. dients de l'eau de la reine de Hongrie.
Cet arbrisseau est très-commun dans les haies, les bois, les buissons, etc.
Descriiitioii. —
Tiges anguleuses, flexibles, sarmenleuses, aiguillonnées, ayant
jusqu'à 3 mètres de longueur. —
Feuilles quinées, déjetées et ternêes, luisantes, d'un
beau vert, pubescenles et tomenteuses en dessous, coriaces, persistantes. Fleurs ro- —
sées ou blanches, en grappes terminales lâches, à cinq pétales étalés et cinq divisions
calicinales (juillet-septem])re). —
Fruit composé de drupes nombreuses, peu adhérentes
au réceptacle, sous forme de grains d'al)ord verts, ensuite rouges et enfin noirs, lui-
santes à leur maturité. On les appelle mûres sauvages ou de renard; amouros de Bartas
dans le midi de la France ; catins-mûrons dans le nord.
Parties lasitées. — Les jeunes pousses^ les feuilles, les fruits et les racines.
Récolte. — Les tiges tendres, les pousses et les feuilles se récoltent pendant toute
la belle saison ; les fruits, quand ils sont bien mûrs.
[Culture. —
Ces plantes ne sont pas cultivées, on les propage par boutures et par
éclats de pied. Elles poussent dans tous les sols et à toutes les expositions.]
OÙ les ouvriers n'ont le plus souvent, pendant les chaleurs de Tété, que de Teau pure
pour boisson.
La Ronce bleue ou Petite Ronce {ruhus cœsius, L.), dont le fruit est noir
et couvert d'une efflorescence bleuâtre, peut remplacer la ronce commune
ou des haies,
(Les Américains emploient comme astringent amer l'écorce du jR. villo-
sus; ils choisissent de préférence les petites racines, et ils ont soin de sépa-
rer le méditullium ligneux. Raisonnant par analogie, j'ai mis avec succès
en usage, dans les diarrhées atoniques, les catarrhes intestinaux, le décocté
(30 gr. pour 500 gr. d'eau) d'écorces de la racine du R. fructicosus. Je m'en
suis aussi très-bien trouvé à l'extérieur en injection dans la leucorrhée, la
blennorrhée et la sécrétion séro-nmqucuse hémorrhoïdale.)
vertes et lisses. —Fleurs d'un blanc bleuâtre, veinées, disposées en grappes terminales
(niai-juin). —
Calice à quatre folioles conniventes, allongées et renflées à la base. Co- —
rolle à quatre pétales en croix, longuement onguiculés. —
Six étaniines dont deux plus
courtes. —
Fruits : siliques dressées^, aplaties, bivalves et renfermant plusieurs graines
jaunâtres.
[Culture. — Cette plante demande une exposition chaude; elle végète dans tous
les terrainspourvu qu'ils soient meubles; on la sème tr^s-clair au printemps, et on con-
tinue les semis pendant l'été, afin d'avoir toujours des feuilles fraîches. On arrose les
semis, on bine et on éclaircit.]
Propriétés physiques et eliiiiiiques. —
La saveur de la roquette est
amère, acre, piquante; son odeur, forte et peu agréable, surtout quand on la froisse.
Ses semences sont amères et presque aussi acres que celles de la moutarde. Elle sert
d'assaisonnement, et on la mange en salade dans le Midi. Elle contient des principes
analogues à ceux des crucifères, telles que le cresson, le cocliléaria, le raifort, etc.
(1) Traité complet du régime sonitaire des aliénés, p. 107. Paris, 1836.
924 ROSAGES OU RHODODENDRONS.
ooride, Pline, Columelle, Martial, Ovide, sont, d'accord sur ce point (1). Se
fondant sur cette merveilleuse vertu, on a fait des élixirs, des électuaires
aphrodisiaques, où entrait la roquette. Une de ces compositions portait le
nom d'électuaire de magnanimité [Electuarium magnaniinitatis). Ainsi que
toutes les crucifères, la roquette est excitante, antiscorbutique, diuré-
tique, etc., et s'emploie dans les mêmes cas et de la même manière que le
cresson, le cochléaria, etc. Wauters (2) dit que la semence de cette plante,
en infusion à la dose de 13 g., pour 1 kilogr. d'eau, procure assez ordinaire-
ment le vomissement; il la propose comme pouvant, dans certaines circon-
stances, remplacer l'ipécacuanha. Cette semence peut servir au besoin, étant
pulvérisée, pour rubéfier la peau.
peu amères.
Propriétés physiques et cltiniiqiies. —
L'odeur de cette roquette est
très-forte et se rapproche beaucoup de celle de la giroflée jaune (et de l'aubépine; écra-
sées entre les doigts, toutes les parties de la plante donnent une odeur forte, aroma-
tique, sui (jeneris. Swan (3) a constaté qu'elle contient plus de soufre que les autres
crucifères employées en médecine ; sa saveur est encore plus acre que celle de la ro-
quette cultivée.)
Cette espèce est plus énergique que la précédente. Cependant, on n'en
fait point usage en médecine, bien que l'on puisse l'employer avec plus
d'avantage que le cresson, le beccabunga, etc., comme stimulante et anti-
scorbutique. L'application au mollet gauche d'un cataplasme préparé avec
la graine pulvérisée de cette plante, et un peu d'eau, y a développé, au bout
de quatre heures une rougeur analogue à l'érythème et qui était accom-
pagnée d'un peu de cuisson. L'expérience répétée a donné les mêmes ré-
sultats. (Dubois, de Tournai.) »
(Moquin-Tandon a fait préparer, avec les feuilles de cette crucifère, un
sirop antiscorbutique excellent plus actif et d'une saveur plus agréable que
celui du Codex. C'est un puissant dépuratif et un moyen excellent de faire
tolérer l'iodure de potassium, auquel on peut l'associer. Il trouve son indica-
tion dans toutes les altérations de nutrition. Scelles de Montdesert l'emploie
contre les rhumatismes.)
Roquette maritime (Voyez Cakile).
ROSAGES ou RHODODENDRONS.
Ericacées. — Rhodorées. Fam. nat. — Décandrie monogynie.
Rosage chrysanthb. Rose de Sibérie, Rose de neige de Sibérie, rhodo-
en roue. —
Dix élaniines ius('rées sur le Uihe de la corolle. —
Un ovaire supérieur, un
style et un sli^'uiali" ohlus. —
Fruit capsule ovale, presque anguleuse, à cinq loges,
:
Murray (1) rapporte qu'un chevreau, après avoir mangé quelques feuilles
de rosage, trépigna, donna de la tête contre terre, chancela, et enfin tomba
sur les genoux. Cet état disparut au bout de quatre heures. Chez l'homme,
l'infusion concentrée de cette plante, ainsi que sa décoction, produit une
légère ivresse, une chaleur vive, la suspension des fonctions de l'entende-
ment, une foule de symptômes nerveu.x, tels que l'obscurcissement de la
vue, la constriction de l'œsophage, la dyspnée, un état de torpeur, et môme
des convulsions. Elle produit quelquefois le vomissement, d'autres fois des
évacuations alvines; dans certains cas, une abondantii sécrétion d'urine, des
sueurs, le prurit des yeux, du nez ou de quelque autre partie du corps, des
douleurs dans les membres, des fourmillements, un sentiment de brûlure ou
de piqûre dans diitérentes régions, des exanthèmes, etc. Un a remarqué
aussi la diminution de la fréquence du pouls, qu'elle rend parfois intermit-
tent. Orfila regarde la décoction de ce rhododendron, prise à haute dose,
comme pouvant enflammer les tissus, et, par conséquent, comme très-
vénéneux.
Toutefois, l'action de cette plante varie selon le sol qui lui a donné nais-
sance, selon l'époque à laquelle elle a été récoltée, selon le degré de sus-
ceptibilité des individus qui en font usage, etc. Les habitants du nord de la
Russie se servent de l'infusion théiforme de ses feuilles pour réparer leurs
forces et pour combattre les douleurs rhumatismales et goutteuses. Roel-
pin (2) rapporte plusieurs cas de goutte traités avec succès par le moyen de
ce végétal donné en infusion à la dose de 8 à 15 gr. dans 300 gr. d'eau,
il a remarqué que les sueurs des malades qui en faisaient usage avaient une
Cet arbuste est vénéneux. Welsh (4) parle d'un repas qui devint funeste
aux convives pour avoir mangé d'un lièvre qui s'était nourri de ses feuilles.
Villars (5) dit qu'il fait périr les chèvres et les brebis qui en mangent. Ce
botaniste l'a employé contre les dartres. Il paraît avoir les mêmes propriétés
({ue le précédent, et a de plus l'avantage d'être indigène.
(En Piémont, on prépare, par infusion des bourgeons une huile préco- ,
nisée contre les douleurs articulaires, connue sous le nom d'huile de mar-
mottes. Cette appellation, comme celle qu'on a donnée à l'huile de brugnon,
doit être entachée d'erreur, à cause de la similitude du lieu de fabrication:
on a confondu l'huile végétale qui nous occupe avec l'huile animale que l'on
extrayait autrefois du corps des marmoftes.)
11 est à croire que le rhododendrum hirsutum, qui croît dans les mêmes
usage, suivant Coxc (1), c(jmnie sternutatoire. Michaux {2) dit qu'en Amé-
rique cette espèce fournit aux abeilles un miel délélèrc.
Cette plante vivace (PI. XXXV) croît dans les fossés marécageux de
l'Alsace, de la Belgique, de la Bretagne, de la Normandie, des Vosges, etc.
Description. —
Racine liorizontale, noueuse, rampante, plus grosse que le
doigt, spongieuse, jaunâtre en deliors, blanclie en dedans. Tige : — hampe un peu
comprimée, s'ouvrant sur les côtés pour donner passage à un spadice jaunâtre, allongé
et cylindrique.— Feuilles radicales, engainantes, étroites, ensiformes, longues de 50 à
70 centimètres. — Fleurs hermaplu'odites,
petites, axillaires, sessiles (juin-juillet).
Calice persistant formé de six pièces courtes. —
Point de corolle. Six élamines. — —
Un ovaire avec stigmate sessile. —
Fruit : capsule triangulaire, entourée par le calice
persistant, contenant trois semences.
[Culture. —
Le roseau aromatique exige un sol humide, il réussit bien dans les
terrains submergés et marécageux. On plante à l'automne et au printemps les éclats de
pieds à fleur de terre, sans cela ils seraient exposés à pourrir. Dans le nord de la France
il fleurit rarement, et il ne mûrit ses graines qu'autant qu'on lui donne de la chaleur
humide.]
Propriétés physiques et clainiiques. —
L'odeur de cette racine est
forte, pénétrante et peu agréable, tant qu'elle est verte. Sèche, son odeur est agréable et
persistante; sa saveur est aromatique, un peu amère, piquante, acre, et laisse dans la
bouche l'odeur qui lui est propre. D'après Trommsdorlf (2) elle contient une matière
extraclive, de la gomme, une résine visqueuse, une matière analogue à l'inuline, une
huile volatile de saveur camphrée, du ligneux, quelques sels et de l'eau.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A l'intérieur. —
Décoction ou infusion , de Extrait, de 1 à 4 gr.
8 à 15 gr. et au delà par kilogramme d'eau Vin sur 50 de vin), de 50 à 500 gr.
(5
ou de vin. Eau de 30 à 60 gr.
distillée,
Poudre, de 1 k ti gr. dans un véhicule appro- L'acore entre dans la composition de la
prié, ou en électuaire, bols, etc. thériaque, de l'opiat de Salomon, et d'autres
Teinture, de 2 à 6 gr., en potion. préparations tombées en désuétude.
qu'elle ne peut convenir que lorsque ces hémorrhagies sont passives les :
59
930 ROSIERS.
tranches et la faire bien sécher; en cet état, elle est d'un blanc sale, cassante, et se
conserve aisément en la privant du contact de l'air humide.
[Ctiltiire. —
La canne de Provence demande un terrain humide. Elle vient sur les
bords des rivières, des ruisseaux, des étangs. On la propage par éclats de pieds.]
Propriétés physiques et cliimiciiies. —
Cette racine a une saveur
douce etsucrée lorsqu'elle est jeune, et est insipide étant plus avancée, surtout lors-
qu'elle est sèche. Chevallier (1) en a retiré de l'extrait rauqueux un peu amer, une sub-
stance résineuse, amère, aromatique, dont l'odeur se rapproche de celle de la vanille,
quoique la canne soit inodore; de l'acide malique, de l'huile volatile; une matière azotée;
du sucre, quand la racine n'est pas ancienne, tandis que jeune il y en a assez pour qu'on
s'en a|)erçoive à la saveur. —
Elle ne contient pas de fécule, ce qui est fort remar-
quable.
(En Provence, on emploie le roseau à quenouille pour faire des lambris destinés à
servir de revêtement aux plafonds. Lorsque, sous l'influence de l'humidité, les cannes
sont le siège de fermentation, une poussière blanche prend naissance sur les feuilles
auprès des merithalles. Les vanniers ou cannissiers ont remarqué que le contact de
cette poussière détermine une maladie particulière, maladie des roseaux. Cette derma-
tose a été étudiée par Maurin) (2).
ROSIERS. Rosœ.
Rosacées. — Rosées. Fam. nat. — Icosandrie polygynie. L.
Le charmant arbrisseau dont le type et l'origine sont incertains,
rosier,
a produit de nombreuses variétés plus ou moins belles, à la tête desquelles
se trouve la rose à cent pétales, vulgairement et improprement à cent feuilles,
chantée par les poètes, et qui fut consacrée, chez les Grecs, à l'Aurore, à
Vénus, aux Grâces. Dans les livres sacrés, la Sagesse éternelle est comparée
aux plantations de rosiers qu'on voyait près de Jéricho. C'est la reine des
fleurs :
chés aux parois internes du tube calicinal, accru, ariondi, cliarnu et d'un rouge vif.
JPnrtieM iittit^'eis. — Les pétales, les Iruils, les galles ou hédeguars.
[Culture. — l-es rosiers de Provins et cent feuilles sont seuls cultivés
la rose ,'i
|)Our rusai:e médical ou économi(|ue. Ils préfèrent une exposition cliaiide mais ombragée,
une terre légère et fraiclie. On les propage par l)outures, marcolles, éclats. En racines
ils exigent une taille ordinaire du jeune bois: les belles vari(!les se greffent sur franc-
de-pied ou sur églanliei-s. l*ar semis, on en obtient de nouvelles.]
1l6rol(e. —
On récolte les roses de Provins au mois de juin, lorsque le boulon
est sur le point de s'ouvrir. Elles ont moins de propriétés lorsqu'elles sont épanouies.
On sépare les pétales du calice, et on les fait sécher rapidement au grand soleil ou dans
un grenier bien aéré, h l'étuve; puis on les conserve dans des boîtes de bois fermées,
et dans un lieu sec. En les laissant sécher lentement à l'air, ils sont moins odorants el
moins actifs. 0"i»nd •'!> sont bien préparés, ils sont d'un beau rouge velouté el leur
odeur augmente par la dessiccation. Toutefois, en veillissanl, ils se décolorent un peu
el perdent de leur odeur. Dans le comnieice, on doit rejeter les pétales peu rouges,
peu odorants, peu amers cl astringents. L'onglet, qui reste jaune, ne doit pas en
être sé|)aré. —
Les roses de Provins ne sont pas su[)érieures aux autres. Le com- —
merce les tire surtout des environs de Metz, où elles sont fort belles.
Propriétés |>liysif|ues et cliimiqiies. —
Les pétales de la rose rouge
•
sont d'une odeur faible, mais agréable, d'une saveur amère et slyptique. Ils contiennent,
d'après Cartier (1), une matière grasse, une huile essentielle, de l'acide gallique, une
matière colorante, de l'albumine, du tannin, des sels solubles à base de potasse, des
sels insolubles à base de chaux, de la silice, de l'oxyde de fer. Chariot, de Saint-
Agnan (2), dit avoir observé sur les pétales de cette espèce une sorte de cristallisation.
— L'eau, l'alcool et le vinaigre s'emparent des principes actifs.
[D'après les recherches de Filhol (3), les roses rouges ou de Provins ne contiendraient
pas de tannin proprement dit, comme on l'avait toujours cru, mais seulement du quer-
cilrin. Ce savant chimiste y a trouvé, en outre, du sucre interverti (20 pour 100), de la
cyanine ou matière colorante bleue, une matière grasse soluble dans l'alcool à 85° C.
bouillant, et une autre qui ne se dissout pas dans ce liquide.]
Substances incompatibles. Les sulfates de fer, de zinc, la gélatine, l'eau de chaux, etc.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'iNTÉniEL'R. —
Infusion, de 8 à 15 gr. par Vinaigre rosat, 1 de pétales sur 12 de vinai-
Ivilogramme d'eau. gre blanc.
Poudre, de 2 à 8 gr. dans un véhicule appro- (La pommade rosat ne se fait plus, d'après le
prié. Codex de 1866 (page 578), avec les roses
Conserve, de GO à 120 gr. rouges. Voici quelle est la nouvelle for-
Sirop, de 30 h GO gr. mule axonge, 1,000 gr.; racine d'orca-
:
Miel rosat, de 30 à 100 gr. uctte, 30 gr.; cire blanche, 8 gr.; huile vo-
latile de roses, 2 gr.)
A l'extérielr. —
Infusion, de 15 à CO gr. par La rose de Provins entre dans le sucre ro-
kilogramme d'eau, en lotion, collyre, etc. sat, dans le sirop d'absinthe composé, le sirop
Vin (1 sur 16 de vin rouge), en injection, lo- de consoude, la confection Hamcch, le dias-
tion, etc. cordium, la thériaque, la confection alkermès,
Miel rosat, en gargarisme, collutoire, etc. l'opiat de Salomon, etc.
La rose rouge est astringente, tonique; elle convient dans les écou-
lements muqueux chroniques, les catarrhes, les diarrhées chroniques,
lesleucorrhées, les hémorrhagics passives, l'ophthalmie chronique, etc.
Beaucoup d'auteurs ont attribué à la conserve de rose une grande efficacité
contre la phthisie pulmonaire. S'il faut en croire Avicennc, Yalériola, Fo-
restus, Rivière, Murray, Buchan, Kruger, etc., on serait parvenu, au moyen
grasse 0.065, cire 2.050, résine 1.880, tannin 0.260, gomme 25.0, sucre incristal-
lisable 30.00, acide citrique 2.950, acide malique impur 7.760, fibre végétale 16.00,
épiderme û.552, eau et sel 13.^83.
L'essence de rose est un mélange de deux huiles essentielles, une solide jusqu'à 95° C.
et qui bout à SOO» C, et qui est un carbure d'hydrogène; l'autre qui contient de l'oxy-
gène répand l'odeur de la rose; elle n'a pas été analysée.
et qui
On falsifie souvent l'essence de roses avec celle du géranium rosat [géranium roseum),
celle-ci verdit par les vapeurs nitreuses, son odeur est altérée par l'acide sulfurique, elle
est colorée par l'iode; tandis que l'essence de roses n'est pas verdie par les vapeurs
nitieuses, n'est pas brunie par l'iode, mais l'acide sulfurique lui donne une mauvaise
odeur].
entre le séné, comme purgatif. Toutes les roses appelées Pâles, h cause de
la couleur de leurs fleurs comparée avec celle de la rose rouge ou de Pro-
vins, ont des propriétés purgatives et peuvent fctre substituées les unes aux
autres.
Rosier de chien, —
Églantier a fleurs blanches ou roses. Rosa ca- —
nina. — Ce rosier, à fleurs blanches ou d'un blanc rosé, champêtre, est
ainsi nommé parce qu'on a vanté sa racine contre la rage. Les dieux mêmes,
suivant Pline, avaient révélé en songe cette merveilleuse propriété à une
mère dont le fils avait été mordu par un chien atteint de cette terrible ma-
ladie. Ce prétendu antirabique a été proposé par un particulier à l'Académie
de médecine de Paris (2), en citant à l'appui quarante cas de guérison par
ce moyen. Tout cela est bien oublié et mérite de l'être. Loiseleur-Deslong-
champs a obtenu plusieurs évacuations alvines au moyen des pétales de
cette rose pulvérisés et donnés à la dose de 1 à 2 gr. 50 centigr. J'ai admi-
nistré cette poudre à la dose de 4 gr. elle a provoqué cinq selles, précé-
;
RUE. graveolens. L.
Piiita
Ruta hortensis latifolia. C. Bauh., Tourn. Ruta — hortensis. Mill.
Ruta. Off.
Rue fétide, — rue des jardins, —
rue officinale, — rue commune, — herbe de grâce,
péganiou, —
ronda, — ruda.
buleuse, polysperme, à quatre ou cinq lobes obtus, contenant des graines réniformes et
s'ouvrant par la partie supérieure en autant de valves.
Parties usitées. — Les feuilles, les semences.
[Culture. —
La rue, autrefois cultivée dans les jardins, l'est peu aujourd'hui. On
la cultive encore beaucoup à Naples et dans d'autres localités de l'Italie. Elle exige une
bonne exposition et un terrain sec et même pierreux. On la propage de graines^ ou
d'éclats de pieds.]
(1) A practical treatise on the effieacy of stilowhium or cowlage, etc. Londres, 178/|.
RUE. 935
l&écolte. — On doit ircolter los ti^os ^-arnios de ht'aucoup de feuilles avant que
les Ik'urs soient épanouies. La dessiccation, faite avec soin, ne diminue en rien ses pro-
priiHés. La rue sauvage est plus active (pie celle (juc Ton cultive.
au froid en cristaux réguliers; sa solubilité dans Peau est plus grande que celle des
autres huiles essentielles.
(L'essence de rue ^C-oii-oO* bout h 228° C. Sa densité est 0.058, l'acide azotique
la transforme en acide caprique —
C-°lI-°0'' et en acide pelargonique C'^H'^^O*.]—
(Cahours et Gerharl.)
l'emploi imprudent de cette plante, chez une jeune femme d'un tempéra-
ment sanguin avec prédominance utérine. Une forte saignée du bras, des
bains tièdes, des boissons nitreuses et émulsives, des lavements de décoc-
tion de mauve et de laitue, suffirent pour dissiper ces accidents. Je suis
convaincu que si l'hémorrhagie n'avait pas eu lieu, l'inflammation de l'utérus
eût été la funeste conséquence de l'ingestion de la rue.
(Beau (1) ne partage pas les craintes répandues sur l'usage de la rue pour ;
lui, c'est un agent spécial, excitant l'utérus comme le seigle ergoté. Il l'unit
souvent à la sabine. Ce sont des toniques qui déterminent les contractions de
la matrice en réveillant la tonicité des fibres de cet organe. Ils sont indiques
dans le cas de métrorrhagie entretenue par un produit pathologique tel
qu'un fragment de placenta ou des débris de fœtus. Dans l'état de vacuité
de l'utérus, la rue pourra aussi réussir dans les pertes de sang, compliquant
ou non les règles, qui peuvent se rattacher à l'anémie.)
ment cueillie, vers la fin de mai; faites-les bouillir dans 2 kilogr. d'eau
jusqu'à réduction de moitié; exprimez la rue et retirez-la; mettez 15 gr.
d'aloès dans la décoction, et faites-y tremper une serviette de coton demi-
usée pendant vingt-quatre heures, puis faites-la sécher à l'ombre dans un
appartement. Cette serviette, pliée en huit, doit être pliée sur la poitrine et
portée jusqu'à ce qu'elle tomlje en lambeaux. On m'a assuré qu'une seule
serviette avait souvent suffi pour opérer la guérison. On doit avoir deux ser-
viettes ainsi préparées, afin que l'on puisse se servir de l'une pendant qu'on
fait sécher l'autre à l'ombre. Ce moyen populaire, qu'il est bon d'essayer, a
pu procurer quelque soulagement dans la phthisie pulmonaire et guérir des
catarrhes chroniques que l'on aura pris pour cette dernière maladie.
On a conseillé la rue dans une multitude d'autres maladies. Suivant
Martitis, on la regarde en Russie comme un excellent remède contre la rage,
et on l'emploie aussi, à ce titre, en Autriche , en Westphalie et même
en Angleterre. L'expérience a fait justice de cette prétendue propriété.
(Le sirop de rue, quoique non officinal en Angleterre, se vend chez la plu-
part des droguistes; les nourrices le donnent souvent à la dose de 1/2 à
2 cuillerées à café, dans les coliques flatalentes des enfants nouveaux-nés.)
A l'extérieur, la rue pilée peut être employée comme rubéfiante et déter-
sur une surface saignante ou ulcérée, la poudre de ces mêmes feuilles cause
une impression irritante et presque caustique. Orfila ayant saupoudré avec
8 gr, de cette poudre une plaie faite à la partie interne de la cuisse d'un
chien, y a vu survenir une inflammation violente, et l'animal est mort au
bout de vingt-quatre heures. Des traces d'inflammation et des taches livides
se remarquaient sur quelques parties du tube intestinal, le duodénum et le
rectum en particulier. Cet organe, de même que l'estomac, était sensible-
ment phlogosé dans d'autres chiens, morts douze ou sei2e heures après
avoir avalé, l'un lo gr. et l'autre 24 gr. de sabine en poudre.
Les feuilles de sabine, administrées à haute dose, causent un sentiment
de chaleur à l'épigastre, des vomissements, des coliques, des déjections
sanguinolentes, le hoquet, l'inflammation de l'estomac. Bientôt cette irrita-
tion se transmet avec plus ou moins d'énergie au système circulatoire, aux
poumons, à l'utérus, etc., et produit l'hémoptysie, des hémorrhagies uté-
rines, des congestions sanguines sur divers points du corps. A dose modé-
rée, elles sont un excitant énergique, ayant une action spéciale sur l'utérus,
et dont l'emploi doit être dirigé avec beaucoup de circonspection, malgré
l'opinion de Dieu, qui n'attribue à la sabine, dans l'avortement qu'elle
provoque, d'autre action que celle de toute autre matière toxique.
Ce que j'ai dit de la rue, sous le rapport de son action toxique, comme
sous celui de son action spéciale, s'applique avec plus de raison encore à la
sabine. Cette plante, administrée à l'intérieur, peut déterminer l'inflamma-
tion ou des hémorrhagies redoutables de la matrice, provoquer l'expulsion
du fœtus, et donner lieu à des accidents qui mettent la vie de la mère en
danger. Murray rapporte qu'une femme de trente ans, dans l'espoir de sau-
ver sa réputation, prit une infusion de cette plante, qui causa des vomisse-
ments affreux et continuels, suivis, au bout de quelques jours, de douleurs
violentes et d'avortement avec hémorrhagie utérine mortelle. A l'ouverture
du corps, on trouva la vésicule du fiel rompue, une effusion de bile dans
SABINE. 939
onces (75 gr.); huile essentielle de sabine, 1 drachme (i gr.). Cette compo-
sition est appliquée au moyen de charpie, sur la partie malade.
Sauvan (2) a présenté ;\ l'Académie un mémoire sur rem[)loi de la sabine
chez quelques malades atteints d'adections syphilitiques secondaires. Bien
que le rapport de Cullerier devant cette société savante ait été peu fa-
vorable à l'auteur, nous croyons devoir f;iire connaître les formules
adoptées par ce dernier 1" En décoction feuilles de sabine, do gr. faites
: : ;
bouillir dans 500 gr. d'eau pendant ime demi-heure; passez et ajoutez 30 gr.
de sirop de cannelle; dose, 2 cuillerées à soupe, quatre fois par jour; —
2° en gargarisme, feuilles de sabine, 15 gr. faites bouillir pendant un (fuart
;
d'heure dans 500 gr. d'eau; passez et ajoutez mucilage de gomme arabi-
:
quoi s'en tenir sur ce moyen, ainsi que sur tant d'autres annoncés comme
infaillibles contre cette affection.
(En Angleterre, on emploie l'huile essentielle de sabine comme puissant
diurétique et emménagogue.)
La poudre de sabine est employée à l'extérieur comme cathérétique. Elle
entre dans le caustique de Plenck (voyez Préparations et doses), avec lequel
on saupoudre les chancres, les condylômes, les verrues et les chairs fon-
gueuses des ulcères. On se sert du mélange de poudre de sabine et de
sulfate de cuivre ou d'alun contre les végétations syphilitiques. On applique
la pommade préparée avec cette plante pour produire la rubéfaction oa la
vésication, et comme détersive sur les ulcères. La décoction a été employée
en lotions contre la gale, et comme stimulante et détersive sur les ulcères
blafards, putrides, gangreneux. Boerhaave recommande comme très-effi-
cace contre la teigne un cataplasme composé de feuilles de sabine pilées,
d'huile et de sel commun. (En Hongrie, la décoction concentrée de sabine
est un moyen populaire contre les polypes nasaux. Cette même décoction
m'a donné de très-beaux résultats, en injections, dans un cas de prolapsus
utérin, qui a été fort amélioré en moins de deux mois.)
On a prescrit l'huile volatile de cette plante, amenée à l'état de Uniment,
SAFRAN.
Crocus sativus. L., G. Bauh., Tourn.
Safran cultivé, — safran indigène, — safran officinal.
Iraudé le safran par une addition de ciircuma lavé à l'eau (Fabrc-Volpellère), d'éla-
raines de crocus Icinlés arliliciellenienl on rouge (fiuibourl) (1). »
[Depuis quelques années, on a encore l'alsifn' le safran avec des fleurs connues dans le
conunercc sous le nom de fumiiiclta ; on ne connail pas l'origine de ces fleurs; on cioil
que ce sont des |)élales coupes en lanières et teints en jaune. Tiuihourt a signalé une
autre fraude, qui consiste a ajouter aux stigmates qui constituent le safran des étamines
teintes en jaune ; le salran ainsi sophistiqué étant mis sur Feau, celle-là est fortement
colorée en jaune, et les étamines plongent dans Peau, tandis que les stigmates ne co-
lorent pas le licpiide et surnagent.]
Pro|iri^'(éM |>liyMi«|tieM ei rliinii(|iie«i ; uHagen ^'couoiiii«|ueH.
— I)'a|)rès lîouillon-I.agrange et \()gel, le safran contient i)Our 100 gi'. de cclti; sub-
stance, 10 gr. d'eau, G. 50 de gonune, 0.50 d'albumine, «5 de polycliroïte, 0.50 de cire,
10 du débris végétal, et une quantité indéterminée d'iuiile volatile. —
La polycliroïte
n'est pas une matière colorante pure; il s'y trouve un cinquième d'huile volatile,
qu'Henry est parvenu <i isoler. —
L'huile volatile paraît être le véritable principe auquel
on doit rapporter l'action médicale. —
Le principe colorant (polychroïte) peut être fixé
sur les éloiïes et leur donner une couleur jaune brillante; mais les rayons solaires ne
lardent pas à détruire celte couleur. —
L'eau, l'alcool, le vinaigre, etc., dissolvent les
princi|)es actifs du safran.
Celte substance est d'un grand usage dans les arls et l'économie domestique. F^lle fournit
un beau principe colorant, mais peu stable. On l'emploie néanmoins dans les couleurs
fines, pour la peinture et la teinture dos élolfes de prix. On ajoute du safran aux aliments
pour en rehausser le goût, particulièremenl dans le midi de l'Europe. En Espagne et
dans quelques contrées de la France, on s'en sert pour colorer le pain, les gâteaux, le
riz, les sauces, les liqueurs, etc. En Allemagne et en Angleterre, on en met dans les
pâtisseries et dans beaucoup de ragoûts. En P'rance, il est employé pour colorer le ver-
micelle, les pâles d'Italie cl quelquefois le beurre. Il sert enfin à colorer les produits de
l'art du confiseur et du liquoriste.
(1) Ces symptômes sont ceux de l'empoisonnement par l'opium et exigent le môme traite-
ment. (Voyez à l'art. Opium.)
(2) Expérimental essaijs, etc.
(3) Journal des connaissances médico-chirurgicales^ 1851, p. 29/j.
SALICAIRE. 945
pour réveiller le ton de l'estomac, m'ont assuré que son action s'était pro-
pagée juscju'aux organes reproducteurs; ([uelques-uns ont éprouvé de très-
forts désirs vénériens. »
A l'extérieur, il est employé comme résolutif et anodin; on en met sur
les cataplasmes pour dissiper les engorgements froids, les phlegmons, et
pour liAter la disparition des ecchymoses. On le fait entrer dans les collyres
calmants et résolutifs. On l'a quelquefois appliqué en sachet sur l'épigastre,
pour calmer les vomissements nerveux, pour prévenir et arrêter le mal de
mer. Larrey faisait usage, pour le pansement des brûlures, du cérat safrané
(2 i\ -4 gr. par '3^2 gr. de cérat). J'ai employé aussi ce mélange contre les ger-
çures du sein, les excoriations, les vésicatoires ulcérés, l'interlrigo, et les
exsudations eczémateuses des enfants; il calme la douleur, dissipe l'inflam-
mation, modère la suppuration et amène une prompte cicatrisation. (J'em-
ploie fréquemment, comme cicatrisant, le glycérolé safranique.
En infusion ou en poudre, associé au sucre, au miel, à la glycérine, à
l'exemple des médecins américains, on se sert depuis quelque temps du
safran en frictions douces sur les gencives, dans le prurit de la première
dentition. On a aussi préconisé le sirop de safran, pris à l'intérieur dans ces
cas, comme sédatif, sous le nom de sirop de dentition.) (Kœpten, Dclabarre.)
Velpeau emploie contre les affections cancéreuses ou cancroïdes de la
peau, une pâte à laquelle il a donné le nom de caustique sulfosafrané. Cette
pâte, composée de deux parties de poudre de safran et d'une partie d'acide
sulfurique, s'étend sur le mal qu'on veut détruire, en couche d'une épaisseur
de 2 à 4 millimètres. Elle se sèche vite à l'air et forme une croûte dont l'ac-
tion ne s'étend pas aux tissus voisins.
Cette plante (PI. XXXVI) est très-commune au bord des rivières et des
étangs, dans les endroits marécageux, oh elle montre ses belles fleurs rouges.
Description. —
Racine ligneuse, grosse, pivotante. —
Tiges de 60 centimètres
à 1 mètre, dressées, qiiadrangulaires, rameuses supérieurement. —
Feuilles opposées,
rarement ternées, sessiles, lancéolées, légèrement pubescentes en dessous. Fleurs —
rouges, verticillées, presque sessiles, rassemblées en épis terminaux sur des pédon-
cules communs, axillaires, très-courts (juin-juillet). —
Calice tubuleux, strié, de huit à
douze divisions. —
Corolle à six pétales insérés au tube du calice. —
Douze étamines,
un style et un stigmate. —
VruH capsule oblongue, biloculaire, contenant des se-
:
mences nombreuses.
Parties usitées. — La racine, les feuilles et les sommités fleuries.
Récolte. — On doit les récolter en juin et juillet, par un temps sec, et les séclier
au soleil et à l'éluve.
60
9Zi6 SALICORNE.
Cette plante annuelle croît sur toutes les côtes de l'Océan et de la Médi-
terranée. On la rencontre sur la plage, surtout dans les endroits un peu
fangeux, au bord de la mer. Elle est très-abondante au Havre, à Saint- Va-
lery-sur-Somme, au Crotoy, à Etaples, etc. Elle est aussi très-répandue
dans les marais salés de la Lorraine, entre Dieuze et Moyenvic, à Bayonne
et dans les Pyrénées-Orientales, le long de la côte. On la sème pour l'ob-
tenir en plus grande quantité. Les troupeaux la recherchent avec avidité.
Il ne faut pas la confondre avec une autre plante, le chrithme maritime
(chrithmum maritimum, L.), qu'on nomme également ^^asse-pîVrre, et qui ap-
partient à la famille des ombellifères.
Culture. — Les salicornes ne sont pas cultivées. Celles (pii viennent sponlané-
mcni dans les endroits marécageux, sur le bord de la mer, se pro[)agenl toutes seules
par graines.]
Kérolte. — Se récolte pendant toute la belle saison, pour être mangée fraîche ou
i'()nser\ee conlile au vinaigre, etc.
Les rameaux tendres se mangent en salade dans tous les pays maritimes. On les confil
au sel et au vinaigre comme les cornichons. On en l'ait pour les marins des conserves
très-saines et moins coûteuses que les autres conserves de h'gumes. Elle est un des ali-
ments les |tlus propres à conserver la santé des équipages et des passagers dans les
voyages de long cours. Le savant professeur de chimie de Rouen, maintenant doyen de
la Faculté des sciences de Lille, lui a donné le surnom de manne des grèves. Notre spi-
rituel romancier, Alphonse Karr, exprimait il y a une dizaine d'années, dans un feuil-
leton, sous le titre de Boutade uHlilaire, le regret de voir les populations des rivages
maritimes dédaigner l'usage alimentaiie de ce précieux végétal. «El cependant, dit l'au-
teur, il n'y a qu'à se baisser pour en prendre, comme on dit vulgairement. Cet aliment,
très-sain et très-agréable, est en si abondante quantité, que l'on pourrait le récolter
avec une faux. J'ai entendu affirmer que rien que sur les plages qui avoisinent le Havre,
on pourrait recueillir de quoi nourrir pendant dix jours tout le département... Je ne
considère pas la criste marine (salicorne), ajoute plus loin Alphonse Karr, comme une
conquête alimentaire d\i prix de la pomme de terre; mais, je le répète, c'est un aliment
sain et agréable, et qui a sur ce tubercule l'avantage que ceux qui n'ont ni terre, ni
argent, n'ont qu'à le ramasser. »
Depuis dix ans et plus, M. Viau, propriétaire à Harfleur, fait préparer en grand des
conserves de salicornes. Dès l'année 1850, cette heureuse innovation alimentaire avait
déjà pris assez d'importance et d'extension pour mériter une médaille d'argent de la So-
ciété d'encouragement. La commission du Cercle de la marine au Havre ne lui fut pas
moins favorable, et les capitaines au long cours ne tarissent pas d'éloges au sujet de
cette production. Aussi la conserve préparée d'après le procédé particulier de M. Viau
est déjà tellement répandue, qu'en 1852, au rapport de M. Cadet de Gassicourt (2), lu
marine marchande avait, depuis quatre ans, consommé plus de 30,000 kilogr. de sali-
corne. —Avis à la marine de l'Etat (3).
Au
point de vue thérapeutique, la salicorne n'a pas moins d'avantages.
Elle est d'une grande efficacité contre le scorbut, tant comme moyen pro-
phylactique que comme agent curatif. Les habitants de nos côtes du Bou-
lonnais, qui la mangent confite dans le vinaigre comme assaisonnement, et
quelquefois à l'état frais, en salade, la considèrent comme propre à purifier
le sang, à combattre l'air fiévreux, à donner de la force, k faciliter la diges-
tion. J'ai vu le seul usage du mélange de salicorne et de roquette maritime,
en salade, pendant l'été de 1855, guérir un marin atteint d'un scorbut ca-
ractérisé par l'infiltration avec ulcères aux jambes, par des taches ecchymo-
siformes nombreuses, le boursouflement et les ulcérations des gencives,
des hémorrhagies nasales, etc. Ces deux plantes croissant dans les mêmes
lieux, il était très-facile de se les procurer. (On sait que les acides associés
aux végétaux sont reconnus comme les meilleurs, sinon comme les seuls
antiscorbutiques vrais. L'État fait distribuer à ses marins, en cas dé néces-
sité, des rations de suc de citron concentré. Ne serait-il pas possible de
faire de grandes économies et d'arriver au même but, en lui substituant
officiellement la criste marine confite dans le vinaigre?) La salicorne est
très-utile comme fondante et diurétique dans les affections scrofuleuses, les
infiltrations séreuses, les engorgements atoniques des viscères, et notam-
ment dans ceux de la rate, à la suite des fièvres intermittentes, etc. Dans
ces derniers cas, je l'associe avec avantage au pissenlit, à la cbicorée sau-
vage, h la petite centaurée, à la chausse-trappe. Le suc est la meilleure pré-
paration.
La sanicU', plante vivacc (PI. XXXVI), est l'ommiinc dans les liois, les
haies. ;\ l'oiiibrc, dans les lieux humides.
Deiirri|ition. —
Racine assez grosse, brune, noueuse et Irès-fihrcusc. Tige —
grôlo, simple, |)eu rameuse, cannelée. —
Feuilles radicales, lonfjuemonl pétiolées,
ylabres et luisanles en dessus, d'un vert moins foncé en dessous, divisées en trois ou cinq
lobes, dentées ou incisées. —
Heurs blanches, petites, sessiles, la plupart berraapliro-
dites, disposées en ombellules arrondies sur quatre ou cinq rayons ternes, formant Tom-
belle entière (niai-juin-juillel). —
Calice à cinq lobes foliacés. —
Corolle à cinq pétales
réfléchis. —
Cini] etamines un peu jjhis courtes que les pétales. —
Les fleurs hermaphro-
dites ont un ovaire infère (^ deux loges uniovulées, couronné j)ar un disque bilobé sur-
monté de deux styles divergents. —
Deux styles. l'Yuit —
diakène globuleux, couibé,
:
hérissé de pointes subulées, crochues, surmonté par les lobes persistants du calice et
porté sur un pédoncule fructifère légèrement accru.
Cette plante n'est pas entièrement dépourvue de propriétés. Elle est sur
Les propriétés physiques décèlent une propriété excitante qui a été rare-
ment mise à profit par les praticiens, et qui pourtant est très-énergique.
Cette plante est antispasmodique, emménagogue et vermifuge. Bagard,
au rapport de Coste et Wilmet, préférait la semence de santoline au semen-
contrà. Il la donnait à la même dose. Wauters propose de la substituer à
ce dernier, et la regarde comme tout aussi efficace. Loiseleur-Deslong-
champs dit qu'elle a été employée avec avantage dans les affections hysté-
riques et contre les vers. Elle est utile dans les engorgements de la rate et
du foie, dans les fièvres intermittentes. D'après Mérat, l'huile essentielle de
santoline aurait été employée par les anciens contre le ténia. Deux faits
rapportés dans une notice des travaux de la Société de Médecine de Bor-
deaux (1827 et 1828) constatent les heureux effets de cette huile essentielle
contre le ver solitaire, donnée à la dose de 10 à 15 gouttes. Le docteur
Pierquin (2) regarde ce remède comme un vermifuge immanquable, em-
ployé à la dose de 2 à 4 gr. J'ai moi-même fréquemment employé la se-
mence de santoline en poudre à la dose de 1 à 2 gr. comme anthelminthique ;
elle m'a paru tout aussi efficace que la semence de lanaisie, comme succé-
dané du scmen-contrù. J'ai vvi une petite fiilc! de huit ans rendre vin^t-cinq
vers lombrics et un grand nombic d'ascarides veirnienlaires, après avoir
pris pendani trois jours, chaque matin, l gr. 50 centigr. de fruits de santo-
line en poudre môlée avec du miel.
Récolte. —
On récolte les feuilles un peu avant la floraison, dans le mois de juin.
Il de leur conserver leur couleur verte plus la couleur s'éloigne de la teinte
est difficile ;
verte, plus on doit croire qu'elles sont anciennes et mal séchées. Il faut beaucoup de
soins pour bien les dessécher. Les racines, mondées, coupées en petites parties, sont
étendues sur des claies dans une étuve. Sèches, elles sont ridées et un peu plus colorées
que dans l'état frais.
Propriétés physiques et chimiques. —
La saponaire est presque ino-
dore. La racineune saveur amère, un peu acre, savonneuse, ainsi que toute la plante.
a
Cette racine contient résine, 8.25; substance particulière, blanche non azotée, trans-
:
lucide, inodore, d'une saveur d'abord douceâtre, puis acre et brûlante, soluble dans
l'eau et insoluble dans l'alcool absolu, nommée saponine, 3/i; extractif, 0.25; gomme,
;]3 eau, 13.
;
—
L'eau s'empare de la saponine, devient mousseuse quand on l'agite, et
présente les propriétés physiques d'une dissolution de savon. La saponine (G^-U^^O^),
qui se rencontre dans un grand nombre de plantes, (peut en être extraite par l'alcool, et
purifiée par des traitements successifs par ce dissolvant. L'action des acides et des alcalis
la transforme en acide saponique (C"^"H"0"-).
On rencontre encore la saponine dans le mouron rouge, l'œillet, l'arum maculatmi, les
racines de polygala et de salsepareille, dans les jeunes pousses de pommes de terre et
dans les nielles des blés où on lui a donné le nom de githagine ou agrostemmitie.)
Osborne a reconnu que la racine de saponaire, recueillie avant la floraison de la
plante, fournit à l'évaporation une matière cristalline, amère, neutre, fusible, soluble
dans l'eau, l'alcool et l'éther, insoluble dans l'essence de térébenthine.
Les anciens usaient de la saponaire pour préparer les étoffes à la teinture. Elle est
employée avec avantage, en guise de savon, pour blanchir le linge et pour enlever les
taches des vêtements.
rop de saponaire, 3G0 gr. sirop de calamus aro77iaticus, i25 gr. bicarbo-
; ;
nate de soude, 8 gr. à prendre par cuillerées. Blache emploie comme dé-
;
puratif le sirop de saponaire auquel il ajoute, pour 230 gr. de sirop, 4 gr.
de sous-carbonate de soude, et qu'il administre à la dose d'une cuillerée à
bouche tous les matins aux enfants atteints d'affections cutanées et lympha-
tiques.
Je me bornerai à considérer la saponaire, d'après les effets que j'en ai
observés, comme une plante excitante, tonique, dont l'action est propre à
provoquer les sécrétions, à en augmenter l'activité, en stimulant nos or-
ganes. Sa propriété savonneuse l'a mise en réputation comme fondante et
apéritive. Je l'ai employée avec succès dans les engorgements lymphatiques,
les cachexies consécutives de fièvres intermittentes rebelles, les affections
catarrhales chroniques, les maladies cutanées anciennes, et surtout dans les
dartres squammcuses. Pour en éprouver de bons effets, il faut la donner à
grande dose. La décoction concentrée de ses racines (60 à 100 gr. pour
1 kilog. d'eau) et le suc des feuilles (loO à 200 gr. le matin à jeun) sont les
deux préparations qui m'ont le mieux réussi.
A l'extérieur, j'ai employé la saponaire comme résolutive et détersive, en
cataplasme et en fomentation, sur les engorgements lymphatiques, œdéma-
teux, avec quelque succès. Les feuilles de saponaire ont été appliquées avec
avantage sur les cautères en place de celles de lierre.
(La Saponine en poudre est fortement sternutatoire. Elle agit, à l'inté-
rieur, comme éméto-cathartique et diurétique; mais n'a été que très-peu
employée jusqu'ici. Lebœuf l'a préconisée comme désinfectant en teinture
alcoolique.)
Det4rri|»tkoii. —
Racine : souche ligneuse, (Une, fibreuse. Tige à rameaux —
dressés, uoinbieiix, presque quadrangulaires, pubcsceiits. —
Feuilles opposées, ovales,
lancéolées, longuemonl péliolées, épaisses, fiiicmenUlculiculées sur les bords. Fleurs —
disposées en un épi simple, réunies par verlicilles, munies de bractées, caduques, cor-
diformes (juin-juillet). —
C;dice lubuleux, quelquefois coloré, bilabié. Corolle à deux —
lèvres, d'un bleu rougoàlre ou violacé; la supérieure obtuse et écbancrée, rinl'érieure à
trois lobes, celui du milieu plus gi'and. —
Deux étamines à filet court à anthères sé-
parées par un long connectif. —
Un style très-long. Un stigmate bifide.— Fruit : —
quatre akènes nus au fond du calice.
Parties usitées. — Les feuilles et les fleurs.
Culture et récolte. —
La sauge vient dans tous les teri-ains, mais surtout
quand sont légers et un peu chauds. On sème sa graine en plates-bandes ou dans des
ils
planches bien préparées. On la multiplie ordinairement en éclatant les pieds, les ra-
meaux enracinés, de préférence au printemps, et en les replantant tout de suite dans
un terrain bien labouré; on espace les nouveaux pieds à U5 centimètres les uns des
autres. On renouvelle la plante tous les deux, trois ou quatre ans, suivant qu'elle est
plus ou moins vigoureuse. —
On récolte les feuilles un peu avant la floraison ou en au-
tomne, et même en toute saison, parce qu'elles sont toujours vertes. Si on les fait sécher,
c'est pour en faciliter le commeice. Ses propriétés ne perdent rien par la dessiccation.
Les fleurs se cueillent quand elles sont épanouies. I^a sauge des pays méridionaux (le
Languedoc, la Provence, etc.), et celle qui a crû dans les lieux secs et élevés, est plus
énergique que celle que l'on a cueillie dans les jardins. Il est bon de laver avec soin les
feuilles de cette plante avant d'en faire usage, la poussière et d'autres impuretés se
fixant facilement entre les papilles qui en rendent la surface comme chagrinée.
On emploie quelquefois la sauge comme condiment dans les ragoûts, surfout en Pro-
vence. On en aromatise le vinaigre, le lard, les jambons, on en fume les feuilles conime
le tabac. Dans certains pays on s'en sert en guise de thé, surtout en Orient, ce qui Va
fait appeler thé de la Grèce. Valmont de Bomare (1) assure que les Hollandais en portent
beaucoup à la Chine, et qiie les habitants la préfèrent à leur thé, à tel point qu'ils
donnent, dit-il, deux caisses de ce dernier pour une de la plante européenne. « Ceux de
Liège, dit Montaigne, s'enorgueillissent des eaux de Lucques, et les Toscans ne font pas
moins de cas des eaux de Spa. » Dans les contrées froides et humides de nos départe-
ments du Nord, les habitants de la campagne font usage de la sauge au lieu de thé. Ils
prétendent, avec raison^ que cette boisson les préserve des fièvres.
de sauge, GO gr. faites infuser à une douce température dans 1,500 gr.
;
d'eau et autant de vin rouge ou blanc de bonne qualité. Après douze heures
d'infusion, passez la liqueur. On donne deux ou trois verres de ce vin fébri-
fuge, une ou deux heures avant le paroxysme. Riolan considérait la sauge
comme très-qfficace dans la fièvre quarte.
L'infusion de sauge, édulcorée avec du miel, soulage les asthmatiques et
convient à la fin des catarrhes, dans les toux humides avec défaut d'énergie
expultrice des poumons. Giacomini regrette que l'usage de cette plante ne
soit pas aussi répandu qu'il pourrait l'être; et c'est surtout dans le traite-
ment des fièvres rhumatiques, des affections éruptives aiguës, des bron-
chites aiguës et chroniques, qu'elle lui paraît offrir des avantages réels, si
on administre à haute dose. Ce médecin en prescrit jusqu'à 40 gr. en infu-
sion dans 500 gr. d'eau.
A l'extérieur, j'emploie quelquefois l'infusion vineuse de feuilles de sauge
dans les engorgements articulaires, suites d'entorse, dans l'œdème. Les
lotions chaudes, faites chaque soir pendant une demi-heure avec l'infusion
vineuse de sauge, à laquelle on ajoute une certaine quantité de sulfate d'alu-
mine et de potasse, m'ont réussi dans les engelures. Une forte infusion de
ces feuilles dans la lie de vin bouillante, saturée d'alun, est ce qu'il y a de
meilleur pour raffermir l'articulation à la suite de l'entorse ou de la luxa-
tion. C'est en général un excellent topique dans tous les cas où de puissants
résolutifs sont indiqués. Cette plante, en gargarisme avec le cochléaria et
un peu de miel, convient dans les engorgements ulcéreux et scorbutiques
des gencives. Il suffit, disent Trousseau et Pidoux, de toucher les aphthes
des enfants et des femmes grosses, avec un pinceau trempé dans une décoc-
tion vineuse de sauge, pour les voir disparaître. J'emploie souvent en pareil
cas une forte infusion de sauge en collutoire. (Elle fait périr le champignon
du muguet.) Le thé de sauge avec un peu de vinaigre, est, suivant Mac-
bride (2), un gargarisme efficace contre l'angine tonsillairc. Giacomini re-
commande l'infusion ou le suc de sauge en lotion dans les contusions, les
blessures, les ulcères. Trousseau et Pidoux ont vu plusieurs fois les ulcères
atoniques des jambes se fermer, se couvrir d'un tissu cutané nouveau, par
l'application de compresses imbibées de vin cuit avec la sauge et le miel.
Jobert de Lamballe emploie avec succès, dans le traitement des ulcères ato-
niques et scrofuleux, une pommade préparée avec la sauge et le lierre ter-
restre (sauge et lierre terrestre, de chaque 30 gr. axonge 250 gr.; cire
;
Se trouve dans les prairies sèches et sur les collinfes arides. Elle
répand une odeur désagréable, est négligée des bestiaux; sa fleur est recher-
chée par les abeilles.
Desscriptioii. —
Tige herbacée, dressée, haute de 30 à 60 centimètres. —
Feuilles ovales, doublement crénelées, ridées, presque glabres en dessus et légèrement
velues en dessous très-amples, cordées, en rosette
les radicales les caulinaires plus
;
—
bleues, assez grandes, en épi terminal. —
Calice à lèvre supérieure, dentée. Corolle —
beaucoup plus longue que le calice (mai-juillet). —
Style plus long que la lèvre supé-
rieure.
serratis. C. Bauh.
et dans les vallées du Piémont. On la cultive dans les jardins comme plante
d'ornement.
Description. —
Tige ferme, droite, quadrangulaire, pubescente, de 60 centi-
mètres et plus de hauteur, divisée en rameaux nombreux, élancés. Feuilles oblon- —
gues, obtuses, crénelées, d'un beau vert, pétiolées, les supérieures sessiles. Fleurs —
verticillées, violettes ou d'un joli pourpre chaque verticille composé de cinq ou six
:
Orvala. Dod. —
Cette espèce croît dans presque toute la France, surtout
vers le midi, dans les lieux rocailleux, au pied ides vieux murs, le long
des chemins, aux endroits les plus chauds. Je l'ai rencontrée dans les ter-
rains secs et sablonneux du Calaisis. On la trouve aussi en Belgique (envi-
rons de Verviers, de Tongrcs, de Saint-Trond), près de Paris (Montmorency,
Calvaire).
Description. — Tige quadrangulaire, articulée, rameuse, haute de 60 à 80 cen-
timètres. — Feuilles opposées, pétiolées, larges, cordiformes à leur base, pointues à leur
sommet, rugueuses, velues surtout en dessus, légèrement crénelées. Fleurs bleuâtres, —
en épis verticillés, à bractées larges, concaves, ovales-cordiformes, dont les supérieures
ont une couleur violclle, plus longues que le calice doiil les divisions sont tei-minécs par
iiiie poinic ;iC(''r<''0 et dure.
—
Elle est eliicaco comme délersive et balsamique sur les ulcères de mauvais
caractère, et en décoction appliquée sur les tissus relâchés et l'engorgement
œdémateux des jambes.
Le saule blanc est un arbre très-commun le long des routes, près des vil-
lages, au bord des ruisseaux, des rivières, dans les terrains humides et
marécageux.
Deseription. —
Racine dure, ligneuse, blanchâtre. —
Tronc droit, revêtu d'une
écorce un peu cendrée, s'élevant de 15 à 20 mètres quand on le laisse croître, au lieu
de le tailler en boule. —
Feuilles alternes, velues, blanchâtres, pétiolées, lancéolées,
dentées en scie, paraissant après la floraison. —
Fleurs dioïques, en chatons écailleux,
ovoïdes; les chatons mâles cylindriques, pédoncules, un peu velus, composés d'écaillés
imbriquées, ovales, renfermant chacune deux étamines les chàlons femelles grêles, al-
;
ternes, il écailles oblongues, aiguës, munies d'un ovaire, d'un style et de deux stigmates.
— Fruit capsule uniloculaire, bivalve, polysperme, à graines munies d'une aigrette
:
La salicine est un produit extrêmement intéressant au point de vue chimique ; elle peut
être représentée par C'-^H'^O'*; elle contient, en outre, six proportions d'eau ; elle tond
au-dessous de 100° C. ; à +
17 degrés, l'eau en dissout 6 pour 100. L'acide azotique à
chaud la transforme en acide benzoïque et en acide carbazotique (picrique); la synaptase
le dédouble en saligënine =C'*HS0* et englycose. En effet :
Tous les méderins savent que Slone, Gunzius, Gerhard, Mayer, H.irlh-
mann, Giliberl, ^Vilki^s()n, Cosle et Wilmet, ont comhatlu avec succès des
fièvres iiilcriniltontes de tous les types avec l'écorce du saule blanc et de
qnel(|ues autres espèces du nièuie genre. Kuning (1) rapporte beaucoup
de lails eu laveur de reflicacilé de cette écorcc employée comme lébri-
l'iige. llurtin, qui en a obleiui aussi beaucoup de succès, allirmc qu'il l'a
vue quel(|uei'ois réussir dans des cas où le quinquina avait échoué. Wau-
ters a administré l'écorce de saule îi quarante-neuf malades atteints de
lièvres intermittentes de divers types; sur ce nomlire, trenti'-deux guérirent
parlaitement, onze lurent soulagés, les six autr'es n'en éprouvèrent aucun
elle t. CUossius a retiré les mômes avantages de cette écorce, non-seulement
dans les lièvres intermittentes, mais encore dans d'autres maladies pério-
diques. Il arrêta un vomissement pituiteux périodique, en administrant cette
substance, (inement pulvérisée, i\ la dose de 2i gr. dans l'intermission.
liarbier, d'Amiens, dit que de nombreuses observations justifient les éloges
qu'on accorde h l'écorce de saule dans le traitement des alfections pério-
diques. Dureau-Delamalle, de retour d'un voyage en Italie (1S18), alfirma,
en présence de l'Académie des sciences, que'les médecins de Sienne se ser-
vaient habituellement de ce fébrifuge, de préférence au quinquina. Planche (2)
assure que, n'ayant pu faire disi)araUre une fièvre tierce au moyen du quin-
quina, il eut le plaisir de la voir céder à GO gr. d'écorce de saule. Pour
éviter une rechute, une égale quantité fut administrée en quatre jours. De-
puis plus de vingt ans que j'emploie cette écorce, il m'arrive rarement d'a-
voir recours au quinquina. Cependant, j'avouerai que, malgré l'observation
rapportée par Monier, médecin à Apt (3), constatant la guérison, par ce
moyen, d'une fièvre intermittente pernicieuse cholérique, je n"ai pu encore
me décidera m'en tenir à l'emploi de l'écorce de saule dans les fièvres per-
nicieuses. Le danger imminent que présentent ces fièvres commande au pra-
ticien consciencieux de ne substituer au quinquina aucun autre médicament,
quelque vanté qu'il ait été. Il ne pourrait être autorisé à une telle substitu-
tion qu'autant que l'écorce du Pérou lui manquerait; celle de saule serait
alors le seul succédané qu'il pût choisir. Il faut, contre une fièvre perni-
cieuse, une action prompte et sûre, telle que celle du sulfate de quinine. Si,
dans une fièvre intermittente ordinaire, l'accès ne disparait pas après l'ad-
ministration des premières doses d'écorce de saule, ce qui arrive souvent,
on peut, sans danger, attendre un résultat favorable de la continuation de
l'emploi de cette écorce. Il n'en est pas de même de la fièvre intermittente
ou rémittente ataxique, qui, abandonnée à elle-même ou mollement com-
battue, peut emporter le malade au deuxième ou au troisième accès.
Je ne rapporterai point les cas nombreux de guérison de fièvres intermit-
tentes que j'ai été à même de constater, ce serait grossir inutilement le ré-
pertoire de tous ceux que les auteurs citent et que les praticiens connaissent.
Je dirai seulement que de tous les faits que j'ai observés, j'ai pu conclure
que l'écorce de saule, administrée à grande dose (double ou triple de celle
de l'écorce du Pérou), compte autant de succès que le quinquina dans les
fièvres intermittentes ordinaires; que, néanmoins, le type tierce cède plus
facilement que le type quotidien et quarte, par la raison que les fièvres
printanières guérissent plus tôt que les fièvres automnales. Dans les pre-
mières, il me suffit souvent de donner 8 gr. de poudre d'écorce de saule
dans chaque intermission pour obtenir la guérison au bout de trois ou quatre
jours, avec la précaution, comme pour l'emploi du quinquina, d'en conti-
linuer l'usage pendant huit à quinze jours, afin d'empêcher la récidive. Dans
01
96 SAULE BLANC.
blanc et racine de benoite, de chaque 30 gr. faites bouillir dans 1/2 litre
;
pelitcs doses souvciil i'r;i)i''l(''(îs. iJarhior dit qu'un s'est ]jicii trou\é de rem-
ploi de lY'eoree de s.iule d;iiis I,i dyspepsie, etc.
L'iiiriisioii de i'éctiree de cet aihre a guéri, dans six semaines, deux
((
Gunzius, ils sont calmants el hypnotiques, et l'on peut en pié])arer une e;iu
distillée assez analogue à celle des fieurs de tilhul.
Dioscoride dit que l'usage habituel des feuilles de saule en décoction
suffit pour rendre les femmes stériles. C'est sans doute d'après cette asser-
tion que Ellmuller et autres conseillent le suc de ces feuilles aux femmes
trop ardentes ou atteintes de nymphomanie Comvicndaniur conirà UbiJi-
:
ncm impriinis inulicbrcm nrccndam, ad quant dicocluni horinn cnni vino cyrcgic
valet (-4). Bien que la vertu anfiaphrodisiaque des feuilles de saule s'acconîe
peu avec les propriétés toniques bien recoiuuies de cet arbre, on n'en doi-l
pas moins les soumettre à l'expérience. Les caractères physicpics ne sont
pas toujours en rapport avec les propriétés thérapeutiques des substances, el
la chimie même est souvent impuissante pour en découvrir le principe aclil'
et spécial. J'offrirai poiu- exemple le seigle ergoté, qui est loin de laisser
soupçonner, par ses propriétés physiques et chimiques, l'énergie de son ac-
tion spéciale sur l'utérus. Peut-être existe-t-il dans les chatons de saule,
auxquels on a reconnu une propriété sédative, un principe analogue au !u-
'
96 SAULE BLANC.
comme elle doit être administrée à plus forte dose, le prix en devient
presque aussi élevé en pharmacie que celui de ce dernier. Ou a administré
la salicine à la dose de \0, lo et même de 100 décigr. dans de nombreux
cas de fièvres intermittentes, et les succès ont été nombreux, quoi qu'en
dise le professeur Trousseau. Si ce médecin révoque en doute la propriété
fébrifuge de la salicine, Magendie la considère comme jouissant d'autant
d'efficacité que la quinine et la cinchonine. Andral a administré la salicine
à douze ficvi'eux chez six malades, l'accès a manqué après la première
:
dose du médicament; chez deux, il n'est revenu qu'une seule fois; le traite-
ment a échoué chez les quatre autres. Une foule d'autres médecins, tels que
Miquel (I), Noble, médecin à N'ersailles, Lefebvre, etc., ont obtenu de la sali-
cine, administrée comme fébrifuge, les résultats les plus avantageux.
Serre a employé avec succès la salicine dans un cas de névralgie faciale
inlermitiente. Lenz (2) s'en est bien trouvé dans la toux chronique qui per-
siste à la suite des affections aiguës de la poitrine, et surtout dans celle qui
résulte de la grippe. La salicine a encore été utile dans les maladies chro-
niques avec paroxysmes fébriles périodiques, les flux muqueux atoniques,
les diarrhées coUiquatives, en un mot, dans tous les cas où la quinine est
indiquée.
(Macari (3) a publié un be;!u travail sur la salicine. Voici quelques-unes
de ses conclusions la dose doit être de 1 à 3 gr. donnés dans l'intervalle
:
d'un accès à un autre, et que l'on doit répéter une ou plusieurs fois. La
première dose diminue ordinairement d'une manière sensible l'intensité et
la durée de l'accès suiv.mt, mais coupe rarement la fièvre d'emblée. La so-
lution est la préparati'ju la plus efficace. L'expérience manque pour décider
si la salicine brute est plus active que le produit purifié. Cet agent ne donne
lieu à aucun symptôme de perturbation et d'altération nerveuses, comme le
faille sulfate de quinine; mais, dans les cas rebelles et dans les fièvres per-
nicieuses, il faudra toujours recourir à ce dernier. Nous pensons que, de-
vant l'enthousiasme des uns et les dénégations des autres, ces conclusions
répondent i\ la pensée de beaucoup de praticiens non prévenus.)
L'écoree de saule en poudre, en teinture, en extrait, etc., a été entre mes
mains bien plus efficace que la salicine, à laquelle j'ai rarement recours.
Celte dernière, principe amer isolé, ne possède pas exclusivement la pro-
priété fébrifuge, antipériodique qui, dans l'écoree, dépend de sa combi-
naison avec d'autres matières; le sulfate de quinine, lui-môme, malgré son
énergie, n'est-il pas plus efficace lorsqu'on l'associe au tannin? Le quinquina
€n substance m'a souvent réussi dans des fièvres quartes oîi le sulfate de
Celle piaule vivace (PI. XXXVI) croit sur le bord des bois et dans les pûlu-
rages secs, aux endroits découverts des bois Scblonneux, dans les fentes des
rochers. Le nom de sfuifroge dérive de saxum frango, je romps la pierre.
11egcri|itioii. —
Racines con)posécs de filtres l'oiissàlros, Irès-menu'-s, à rextré-
milé desquelles se trouvent un grand nombre de bulbes arrondis et loiiteàdes, souvent
réunis par patiuels, i-esseniblant à une grapj)? de groseille. —
Tiges velues, rudes, peu
garnies de rameaux et de feuilles, hautes d'environ 30 cenlimèlre?. Feuilles infé- —
rieures ou l'adicales, réniformes, longuement pélioN'Cs, légèrement pid)escentes, large-
ment crénelées; les supérieures prescpie sessiles, incisées, petites et presque palmées.
— Heurs lilanohes, légèrement pédonculées ,'avril-mai). —
Calice à cinq divisions, tantôt
libre, tantôt adhérent avec Tcivaire. —
Corolle à cinq pélales s'inséiant sur le calice. —
Dix élaniines. —
Deux styles. —
I''iuil capsule bilorulaire, de forme variable, s'ouvrant
:
par le sommet.
Parties usitées. — Toute la plante, mais particulièrement la racine.
Réeolte. — Si on veut faiie sécher celte piaule, faut lui conserver la il racine,
qui est la partie la plus particulièrement recherchée. On l'emploie souvent fi'aîche.
[Culture. — Celle plante n'est cultivée que dans les jardins botaniques ou d'agré-
ment. On la propage par éclats de pieds, ou par les granulations des racines.]
Propriétés pltysicfues et cliiniique.'«. —
Les tubercules qui garnissent
la racine son* d'abord d'une saveur lierbacée, puis peu à pou âpres et amers. Celle amer-
tume existe aussi dans les fleui-s; mais le reste de la plante est insipide ou faiblement
acerbe. Bcrgius a remarqué que la décoction aqueuse de celle saxifrage noircit par l'ad-
dition du sulfale de fer, ce qui décèle un principe asliingenl.
cullivcc dans nos jardins, où elle monlrc de bonne heure ses jolies fleurs
Cfel
d'un rouge foncé. Elle est spontanée dans les montagnes de la Sibérie.
Deseripiio». — Feuilles grandes, ovales, obtuses, un peu dentelées, pétiolées,
lisses, épaisses, d'an beau
formant une toidîe d'où s'élève luie tige cylindrique,
vert,
cliai'niie, glalire, teruunée par une grappe de fleurs nond^-euses, d'une belle couleur
rose (avril-Miai\ Corolle giande, canipanifornie, composée de cinq pétales obtus, un peu
i-étrécis i\ leur base.
Cette plante vivacc vient spontanément dans les bois, dans les haies et les
buissons du milieu et du midi de la France. On la trouve dans les environs
de Paris (Chelles, Montmorency, Saint-Cloud).
Ileseri|itioii. —Racine simple, grosse, fusiforme, blanchâtre, cylindrique. —
Tiges longues, giêles, sarmenleuscs,lisses, volubiles, de 25 à 30 centimètres de hau-
teur. — Feuilles alternes, luisantes, longuement pétiolèes, cordées, acuminées. —
Fleurs dioïques, d'un blanc jaunâtre ou verdâlre, petites (mai-juin-juillcl). —
Les fleurs
mâles disposées en grappes allongées, axillaircs calice campanule à six divisions ou-
vertes. —
;
Le tam est une plante purgative tout à fait oubliée, et qui cependant mé-
rite une place dans l'officine du médecin de campagne. A petite dose, elle
estapéritive et diurétique. Sa racine sèc'ie, en poudre, purge à la dose de
2 à 4 gr. —
L'odeur et la saveur de cett? plante annoncent des propriétés
énergiques. Sa racine, remplie d'un suc visqueux, d'une saveur acre, d'une
odeur nauséabonde, a été considérée depuis longtemps comme cathartique,
hydragogue et diurétique. Lobcl la considère comme exerçant une action
spéciale sur l'appareil urinaire et utérin elle peut augmenter la sécrétion
—
;
comme le doigt, inégulit>ie. —Tiges simples, anguleuses, fermes à leur partie supé-
rieure, hautes d'environ 30 à 60 centimètres. —
l'euilles alternes, ovales, oblongues,
sessiles, un peu amplexicaules, glabres, d'un vert glauque, marcpiées de quelques ner-
vures longitudinales. —
Fleurs d'un blanc un peu verdàtre, portées sur des pédoncules
axillaiies "recourbés du côté opposé aux feuilles (avril-mai). Toint de calice.— Co- —
rolle simple, tubuk'use, à six divisions étioites. —
Six étamines à anthères oblongues,
insérées sur le milieu du tube. —
Un ovaire à trois carpelles. —
Un style filiforme. —
Fruit : baies globuleuses, noirâtres, à trois loges monospermes.
Parties usitées. — La racine (rhyzomc) et les semences.
Récolte. — La racine, étant vivace, peut récolter en tout temps. On ne trouve
se
guère que sa racine dans où sa forme
l'herboristerie, facilement reconnaître.
la fait
SCILLE. 960
rapport du docloiir ncliiii.inii (I). D'après Marliiis (:2), la racine des conval-
lariapohjgonaium (li nnild/Ioru, L., rceiieillio avant la floraison d(^ la plante,
séchée et donnée en poudre ;\ la dose de 3l) grains {-> gr.), est un renièric
populaire en llussie comme pi-éservatil" de la rage! [,cs cidtivatcurs donncnl
quelquefois la racine de grcnoiiiilcl, hachée dans de l'avcjine, aux chevaux
atteints du larcin.
Ouehjues auteurs, dit Loiselcur-Deslongchamps (.*{) ra|»i)oitenl que
((
saindoux GO gr., eau commune, un verre. On fait cuire jusqu'à ce que la ra-
cine puisse s'écraser facilement; puis on fait prendre au doigt malade un
bain d'un quart d'heure dans ce mélange, et on applique ensuite la racine
en cataplasme. On renouvelle chaque jour le remède.
l'ait moisir. Elles doivent être dessécliées promptement. Elles sont d'une couleur rosée,
transparentes, fragiles, attirant l'Iunnidité quand elles sont sèches. Aujourd'hui on tire
de Marseille la scille coupée en lanières et toute sèche, ce qui est préférable, dit-on, à
cause de la grande chaleur de ce pays. Mais on peut partout la faire sécher à l'étuve.
On a conseillé de la pulvériser pour mieux la conserver; mais trop vieille, la poudre perd
aussi de ses propriétés. La poudre de scille n'est pas facile li préparer. Comme les
squames, elle devient aussi humide et s'allérc si elle n'est pas conservée dans un lieu
sec. La dessiccation fait perdre à la scille son odeur piquante et irritante. Elle a moins
d'àcreté; mais elle conserve toute son amei'tume. On distingue dans le commerce deux
variétés de scille l'une, plus commune et plus usitée, a les écailles rouges et se nomme
:
scille mâle, scille d'Espagne [scilla radice riihrd. C. Bai h.); l'autre aies squames
blanches et est appelée sc///e femelle, scille d'Ilitlie [scilla radice albd. C. Bauh. ). La
première est seule employée en l'rance; en Angleterre, au contraire, on n'emploie que
la variété blanche, qui, dit-on, est moins active.
[Cwltiire. —
La scille n'est cultivée que dans les jardins botaniques ou d'agré-
ment. Elle préfère les terrains sablonneux; on la propage par semis faits au printemps,
et on repique les plantes en place en juin.;
acre, irritant; une matière amère, résinoïde, nommée scillitinc, de la gomme, du tannin,
des sels, de la fibre, une matière grasse sucrée. —
La scilliline est incrislallisable, sa sa-
veur est amère et acre. Elle est soluble dans l'alcool, dans l'eau et dans l'alcool élhéré ;
elle est insoluble dans l'élher pur. (Elle représente une grande partie des propriétés delà
scille, qui en contient i pour 100.
îNIarais a donné récemment une autre analyse mucilage, 30; sucre, 15; tannin, 8;
:
matières colorantes, V2: matière grasse, 1; scilliline, 1; sels 5 et des traces d'iode.
Ce que cet auteur appelle scilliline est une matière cristallisable, à réaction alcaline.
Suivant Naudet, les propriétés vénéneuses de cette substance seraient dues à la sliuléine,
corps particulier qu'on peut aussi en isoler.)
l'RÉPARATIONS l'HARMACELTIQlES ET DOSES.
A L'iNTÉniEun. — Poudre,
de 5 i\ 50 cenligr., Décoction, de 8 à 15 gi'., en lavement de 350
eu pilules, dans un véliicule liquide, etc. gr. d'eau.
Teinture (1 sur 5 d'alcool à CO degrés, de 1 à Teinture, de 10 à 15 gr., en frictions à l'iiy-
8 gr., en potion. pogastre, à l'intérieur des cuisses, etc.
Viu (3 sur 50 de vin), de 15 à GO gr. Vin, de 30 à GO gr. en lotions.
,
funeste, même à petite dose, soit par une disposition idiosyncrasique des
organes qui en reçoivent l'action, soit à l'occasion de l'état d'irritation mor-
bide-latente de ces mêmes organes. Quarin rapporte un cas où douze grains
de scille suffirent pour causer la mort. Roques dit qu'une once (30 gr.) de
vin scillitique a excité, chez un malade affecté d'oedème, une chaleur vive à
l'estomac, des coliques^ des spasmes et des vomissements douloureux. Ce
malade avait oublié de mêler ce vin avec une tisane apéritive dont il faisait
habituellement usage. Ces symptômes cédèrent à quelques doses de sirop
diacode. 11 est donc prudent de ne commencer que par doses légères, qu'on
augmente graduellement; quand des nausées se manifestent, on doit les di-
minuer.
Il faut, de temps en temps, suspendre l'usage de la scille; car long-
temps continué, même en très-petite quantité, cet usage trouble les diges-
tions et produit une sorte de gastrite, ce qui arrive également par l'action
prolongée des amers sur la muqueuse gastro-intestinale.
Associée à la digitale, la scille est employée dans les maladies du cœur,
l'hydropéricarde, les palpitations, pour ralentir le pouls et produire en
mêm.e temps une diurèse abondante. Ce mélange convient surtout s'il y a
dyspnée, étoutfcment, etc., symptômes souvent dus à l'infiltration du tissu
pulmonaire. Unie au calomel, cette racine devient plus diurétique et agit,
plus efficacement sur les absorbants, Bertrand la mêle à l'oxyde noir de fer
pour combattre les hydropisies atoniques. Dans la vue de diminuer son ac-
tion trop irritante, ou de modifier ses propriétés suivant l'indication, on
l'unit encore à l'opium, à l'ipécacuanha, à la gomme ammoniaque, à la
scammonée, au vin d'Espagne, au savon, aux aromates, aux antispasmo-
diques, aux mucilagineux, etc.
Employée en_ frictions, la scille agit également comme dim^étique. La
teinture est ordinairement préférée pour ce mode d'administration. On en
use depuis i gr. jusqu'à 8 chaque fois. Une plus grande quantil,é pourrait
causer des accidents analogues à ceux que produit le médicament pris à
l'intérieur. On se sert souvent pour ces frictions de parties égales de tein-
ture de scille et de celle de digitale, auxquelles on ajoute quelquefois autant
d'huile essentielle de térébenthine. Je me suis très-bien trouvé de ce der-
nier mélange en frictions sur la région lombaire, sur l'hypogastre et à l'in-
térieur des cuisses, dans l'albuminurie chronique, la leucophlegmatie, l'hy-
drothorax, etc., surtout lorsque l'état des voies digestives s'opposait à l'u-
sage intérieur de la scille et des autres diurétiques irritants. Les lavements
de décoction de scille peuvent agir efficacement comme révulsifs. Schmu-
Cette plante vivace (PI. XXXVII) croît dans les fentes des rochers hu-
mides, les puits, les citernes, au bord des sources, etc.
Description. —
Racines petites, brunes et filn-euses, donnant naissance à plu-
sieurs expansions nicnibrancuses, ioliifornies, disposées en toiiiïes, simples, longues de
3 à A décimètres, larges d'environ 5 à 6 cenlimètres, vertes, un peu coriaces, aiguës,
échancrées en cœur à leur base, portées sur des pétioles assez longs, très-souvent char-
gées de poils ou d"écailles roussàtres. —
La fructification est placée sur le dos des ex-
pansions foliiformes, disposée par paquets nombreux, parallèles enlre eux, linéaires
et presque perpendiculaii-es à la nervure du milieu. Ces paquets se composent de cap-
sules uniloculaires, très-petites, laissant échapper une poussière très-fine que l'on con-
comme les semences.
sidère
[Partie» usitées. — Les expansions membraneuses, nommées improprement
feuilles.]
nienUle raulomne pour la conserver. Il sufTil pour la séclier d'en élendre les expan-
sions nicnibianeuscs ou de les suspendre pendant quelques jours. Elles jaunissent un
peu, mais sans perdre leurs propriétés médicinales.
[Cdltiire. —
La scolopendre est culiivée dans les jardins botaniques ou d'agré-
ment.On la propage facilement d'éclats de pieds laits au printemps, en terre de bruyère.
On la plante sur les rochers humides et ombragés, dans les grottes, etc.]
I»r©I»riétés pliysiqvies et cliiiiBÊfgiEe!^. —
la plante fraîche a une
odeur herbacée et une saveur styptique. A l'état de dessiccation, elle exhale une odeur
aromatique agréable, mais faible. Elle contient du mucilage uni k un principe un peu
astringent, qui noircit par le sull'ate de fer.
Récolte. — Les scorzonères sont une grande ressource pour On arrachel'hiver. les
au fur h mesure des besoins, depuis
et mois de décembre jusqu'en
le mai. avril et
Culture. — Celte plante cultivée dans
est jardins maraîchers comme plante
les
bisannuelle. Elle propagée par semis.
est
Propriétés physiqises et eliiuiiques. — Les racines ont une saveur
légèrement sucrée, mucilagineuse. Elles sont tiès-riclies en inuline.] (Elles contiennent
aussi de l'asparagine. Se basant sur l'emploi en Chine d'une plante analogue pour l'ali-
mentation des vers h soie, on a fait en l-'rance quelques essais (1), qui sont restés sans
résultat appréciable.)
rlenis crnii ronge tirant snr le lirnn, disposées en une polile grappr' terminale gar-
nie do petites liradoes opposées, lancéch'es (jnin-aoïil). —
Calice per.sislaiit, à cinq lobes
suborbicnlaires. —Corolle piesqiie globuleuse cinq lobes, presque à deux lèvres, tube
^i
court et renllé; la lèvre supérieure orbicuJaiie et bilobée, rinféricnie à trois lobes, ce-
lui du milieu réfléclii. —
Quatre élaniines didynanies inclinées sur la lèvre intérieure.
— Un style. —Fruit capsule bivalve et biloculaire; les valves séparées par une double
:
Partie!^ usitées. —
La racine cl les feuilles.
ICérolte. — On récolte Tlierbc avant la floraison, et les racines à l'automne ou au
printemps.
[C'ulAiii'c. —
Kn général, les scrofulaires croissent dans les lieux liumides et maré-
cageux. On les propage Irès-facileiiient par éclats de pieil.j
Pi*o|iriétcs iiliysiqiies et cliiiiticiiies^. —
La scrofulaire aquatique
une odeur fétide très-repoussante. Sa saveur est amère, acre
exliale, lorsqu'on la froisse,
et ti-ès-nauséouse. On en a retiré à peu près en égales propoilions un extrait aqueux
amer et un extrait alcoolique d'une amertume plus grande encore.
promptcmcnl par l'usage de l'eau simple que par tout autre moyen, on ré-
duira à sa juste valeur la décoction de racine de scrofulaire considérée
comme vulnéraire. Disons cependant que l'action stimulante de cette plante,
a pu modifier des plaies de mauvais caractère, tonifier les chairs, prévenir
ou combattre la tendance à la pourriture d'hôpital.
D'après le botaniste Marchand (1), j'ai employé les feuilles de scrofulaire
pour corriger la saveur désagréable du séné, en faisant infuser parties
égales des deux plantes. Le mauvais goût de ce dernier a été, en effet, en
grande partie enlevé sans en altérer en rien la vertu purgative. Ce fait est
d'autant plus difficile à expliquer, que la scrofulaire a elle-même une odeur
fétide et nauséabonde, qui se trouve considérablement diminuée par cette
association.
larinc.)
Cette plante fournit par la culture deux variétés. L'une est le seigle
d'hiver, qui s'élève davantage, et dont les épis sont plus longs, plus forts,
mieux garnis; l'autre est le seigle d'été, plus petit dans toutes ses parties;
il ne se sème guère qu'au printemps. Cette graminée vient dans les terres
légères, crayeuses, sèches, et même dans le sable pur.
Propriétés pUysiques et c1iiiiiiq«ie!^ ; iii^ages écoBioiniques.
— Les grains de seigle contiennent moins de son de farine que ceux de froment.
et plus
Traités par Tacide nitrique, ils donnent, suivant Cliaptal, un tiers moins d"acide sacclia-
rin que ceux-ci. Réduits en farine, ils contiennent, d'après Einliof Zi) albumine, 3.27; :
gluten frais, 9.48; mucilage, 11.19; amidon, 61.09; matière saccharine, 3.27; li-
gneux, 6.38; perte, 5./|2. —
I/amidon est ici un peu moins abondant qne dans le blé.
La farine de seigle, d'après Taddei, transforme le sublimé en calomel, de même que le
gluten. Il en faut 600 parties sur 1 de ce sel pour opérer cette transformation, tandis
qu'il ne faut que 25 parties de gluten frais et 13 de sec pour exécuter la même conver-
sion. Elle est donc une sorte d'antidote du sublimé conosif (5), pouvant être substitué
au gluten, qu'on a rarement tout préparé. La faiine de seigle forme un pain un peu bis,
mal, frais, gras, assez savoureux, d'une odeur agréable, se gardant frais sept à huit
jours sans rien perdre de sa saveur, avantage précieux pour les gens de la campagne.
Le mélange de cette farine avec celle de froment rend le pain de celui-ci plus frais et
plus agréable. Le pain d'épice est fabriqué avec la farine de seigle, le miel, la mé-
lasse, etc. Dans quelques cantons, on mange comme les petits pois la semence de seigle
recueillie un peu avant sa maturité et séchée. Le seigle, converti en gruau, fournit une
nourriture agréable au goût. On en fait des potages et des bouillies. On prépare avec le
seigle mûr, sec et rôti, une sorte de café au lait qui nourrit, rafraicliit et donne de
l'endjonpoint. Pour cela, on le fait bouillir jusqu'à ce qu'il s'amollisse, sans cependant
le laisser crever; on le fait sécher au soleil ou à l'étuve; on le brûle ensuite comme !e
02
978 SEIGLE.
café, el on le nioiul; quelquefois on y ajoute un tiers de café, ce qui rend celle boisson
plus agréal)le on la sucre moins que le café ordinaire. (Il est alors
: connu sous le nom
de poudre économique alimentaire de Hunt.)
Dans les pays du Nord, on relire du seigle, par la distillation, une sorte d'eau-de-vie
à laquelle on mêle quelquefois des baies de genévrier pour lui donner plus de force. On
fait aussi une sorte de bière avec ce grain.
La paille de soigle, qui est longue et unie, sert à couvrir les toits des chaumières, à
faire des liens, des nattes, des clayons, des paniers, des sièges de chaises, etc. On en
fabrique des chapeaux légers, et on est même parvenu avec les pailles les plus minces
et les plus flexibles à composer des tissus presque aussi fins que ceux de lin et de soie,
dont les dames font des coiffures de luxe.
Le seigle est plus usité comme aliment que comme médicament. Il est
rafraîchissant, émollient et légèrement laxatif. Sa farine peut être employée
aux mêmes usages que celle du froment. Appliquée en cataplasme, elle est
émollif-nte et résolutive, mais elle s'aigrit trop tôt et devient irritante. J'ai
employé avec avantage le seigle légèrement concassé en décoction (30 à
60 gr. et plus par kilogramme d'eau), contre la constipation, quand tous
les moyens ordinairement mis en usage contre cette «aifeclion avaient été
inutilement administrés. Cadet de Vaux prétend que ceux qui se nour-
rissent de pain de seigle sont rarement atteints d'apoplexie on sait vulgai-
:
Comm€ presque toutes les graminées, le seigle est sujet à une maladie
particulière connue sous le nom vulgaire d'ERGOT. Il porte alors le nom de
Seigle ergoté, dénomination que, par extension, on donne aussi à l'ergot
de seig'le lui-môme dans le langage médical.
L'ergot de seigle (PL XXXVIII) est une excroissance de forme allongée qui
se développe sur l'ovaire du seigle, à la place de la graine de cette plante. Il
vient de i)référcncc sur le seigle planté dans les terres humides et légères,
et sur le bord des chemins. On a ([uclquefois rarement l'occasion de le ren-
contrer; d'autres fois il est répandu, surtout dans les années pluvieuses, au
point de former dans certaines localités le quart de la récolle, il est des
contrées où il est beaucoiqî plus commun. (Nous citerons en particulier la
Sologne.) Il se développe en môme tenqis que les grains de seigle; (par des
arrosages exagérés, on peut le produire arliOeiellemenl).
Deseriptioii. —
L'ergot de seigle est en général allongé, recourbé, ayant une
certaine ressemblance avec l'ergot du coq. Il est presque quatre fois plus gros que le
grain de seigle, long de IZi à 18 nnllimètres, brun violacé et un peu poudieux à l'exté-
rieur, d'un blanc mat, légèieuienl nuancé do violet à l'intérieur, compacte, homogène.
(Il oITre dans sa longueur trois angles mousses, séparés par autant de sillons plus ou
moins apparents, dont le plus prononcé regarde en dehors de l'épi. Il est, en outre,
quelquefois fendillé dans sa longueur, ou de travers, et laisse voir le tissu intérieur. Son
extrémité inférieure est conique, adlière au centre de la fleur à la place du bile du
grain, mais sans continuité de fibres; la supérieure est conique ou tronquée, et à l'état
frais surmontée d'un corps jaunâtre ou gris, de forme plus ou moins globuleuse, peu
adhérent à l'ergot, caduc, communément appelé sphacélie, qui manque presque tou-
jours sur le produit pharmaceutique.
L'ergot est d'une consistance assez ferme; si on cherche à le ployer, il fléchit très-
légèrement, puis casse net.)
!li^atiire de
l'ergot. —
De nombreuses opinions ont régné dans la science sur
la nature de l'ergot. Elles peuvent se rapporter à trois principales:
A. L'ergot est une simple altération du grain. C'était l'idée autrefois admise. Pa-
rola (1) le considère comme un produit amorphe, essentiellement hydrogéné, sécrété
accidentellement par le pédoncule de l'épillet, et comparaJjle au tissu mélanique de
l'homme et des animaux.
B. L'ergot reconnaît une origine animale.
D'après Ahn-tin Field, cette production serait une dégénérescence de l'ovaire des gra-
minées, une altération morbide causée par la piqûre d'un insecte du genre musca, qui
y dépose une matière noirâtre. —
Reproduisant l'opinion ancienne de Tillot, Uead et
Duhamel, Debourges (2) l'a attribuée à un insecte de la famille des téléphores, lequel
va déposer une liqueur sur un grain de seigle et y produit l'ergot. D'où il suit qu'on
peut faire naître l'ergot à volonté, en exprimant cette liqueur sur tous les grains de
seigle qui ne sont ni trop près, ni trop éloignés de leur maturité. —
l'our Raspail (3),
l'ergot est peut-être l'œuvre de la piqûre et de la présence d'un vibrion susceptible de
ressusciter après son entière dessiccation.
C. (De Candolle est le premier qui ait attribué an développement d'un champignon la
production du corps qui nous occupe. En etTef, il a l'odeur des champignons et se com-
pose de la plupart des éléments chimiques trouvés dans ces derniers. Ce naturaliste
crut devoir c'asser l'ergot dans le genre sclerotium.)
Suivant Léveillé, l'apparition de l'ergot est précédée d'un suc mielleux qui constitue
(1) Nuove ricerche sperirnentali sullo sprone de' gramiiiaeei. Milan, 18/i4.
(2; Bnlhtin de V Académie roijale de inédcrfne, t. II, p. .'iiG.
(3) Physiologie végétale, 1837^ t. H, p. GOJ.
980 SEIGLE (ERGOT DE).
pement, ce n'est encore qu'un liquide visqueux, recouvrant l'ovaire entier et faisant
avorter la fleur; c'est à cette période que Leveillé l'a observé; c'est à ce moment que
s'applique le nom de sphacelia segetum 2° A la seconde phase, cette masse s'allonge:
c'est l'ergot proprement dit; il constitue un stroma, comme l'a démontré Tulasne, don-
nant dans des conditions assez rares naissance à de vraies spores. 3° Alors, c'est-à-dire
à la troisième période, naît le véi'itable champignon, le cbrdiceps (ou claviceps) pur-
parea, que l'on n'a qu'exceptionnellement l'occasion d'observer (Fries), et dont, nous le
répétons, l'ei'got médicinal n'est que le stroma, c'est-à-dire un organe de transition.
On trouvera dans le dictionnaire de Nysten (1), auquel nous empruntons ces détails, des
descriptions précises des différents états de ce cryptogame. On y lira aussi que la spha-
célie est un corps complexe constitué surtout par les restes des stigmates plumeux de
l'ovaire, par les anthères des élamines, par des fdaments de mycélium et des coni-
dies.)
Récolte, conservation. —
(L'ergot a acquis toute son énergie d'action six à
huit jours après sa maturité. C'est donc alors, et non au commencement de sa forma-
tion, qu'on doit le récolter.) Suivant la remarque de Kluge, de Berlin, l'ergot doit être
recueilli sur l'épi même du seigle et sur pieds; quand on le ramasse dans l'aire de la
grange, il a déjà perdu de ses propriétés, d'autant plus qu'il absort^e l'humidité de l'air.
Mais il n'est pas nécessaire qu'il soit muni de sa sphacélie, qui, d'ailleurs, se détache si
vite que presque tous les ergots en sont dépourvus. L'ergot blanc, à l'intérieur, est
aussi énergique que celui qui est violacé. L'ergot doit être conservé dans un lieu sec et
rejeté au bout de deux années de vétusté. (En effet, il peut devenir fétide ou être la
proie d'un acarus, qui s établit à son centre et s'y creuse des galeries. Fée l'a reconnu
pour identique à celui qui attaque le fromage.)
On pulvérise ordinairement l'ergot au moment de s'en servir, parce que l'on pense
généralement qu'il se conserve moins longtemps à l'état pulvérulent. Cependant, pour
l'usage obstétrical, surtout à la campagne, il ser'ait à désirer que l'on pût le conservei'
assez longtemps en poudre. On a proposé pour cela plusieurs procétiés 1° méthode
:
Appert: 2" procédé do Legripp pulvériser l'ergot lécent et bien séché; exposer ensuite
:
bouché à l'éraeri, après l'avoir humecté de 60 gr. d'alcool à liO degrés ou d'une quan-
tité égale d'éther sulfurique pour 500 gr. d'ergot.
Ces moyens, comme on le voit, ont pour but de préserver autant que possible l'ergot
de l'action de la lumière, du contact de l'air et de l'humidité. Boins conseille, pour le
conserver, de mettre un peu de mercure dans le flacon qui le renferme.
[En somme, cette poudi-e se conserve assez mal; il vaut mieux la pulvériser ou la
moudre au moment du besoin. A Paris, dans les hôpitaux d'accouchement, on se sert
pour cela d'un petit moulin à café très-commode. J
Lorsque l'ergot de seigle fournit une infusion lacto-mucilagineuse, c'est une preuve,
d'après Ramsbotham, que cet ergot est altéré. L'infusion reposée de cette substance,
non altérée, doit être limpide et avoir une couleur de chair foncée.
[L'ergol do froiuciil se disliiiguo de celui du scif^le en ce qifil esl plus court, plus
^ros, plus ridé, contrairement à ce qu'a dit (Irand-Clcinenl dans sa thèse; d'après Gau-
Ihier-Laroze, il se conserve mieux; et selon C. Le l'erdriel, qui a aussi fait une thèse
sur ce champignon, il serait tout aussi actif et déterminerait tout aussi bien les con-
tractions utérines, sans iMre aussi vénéneux.
On distingue encore l'ergot du Diss {ainpe Icnax, L.; aruudo festucoides, Desf.;
urundo tenax, Walil.; donax tenax, Palissol (de Beauvais); aruudo Maurilanka, [^oir.),
qui nous vient d'Afrique, qui se distingue en ce qu'il est long de 2h h centimètres,
menu, courbé en croissant; il paraît jouir des mêmes propriétés que ceux du seigle et
.lu blé.]
\ auquelin est le premier qui se soit occupé de l'analyse de ce corps. Malgré son imper-
fection, elle a ouvert la voie aux recheiches qui maintenant encore ont amené des résul-
tats trop contradictoires. En 1832, Wiggers publiait une monographie du seigle ergoté,
couronnée par la Faculté de Gottingue (1).
L'analyse de Maas (!'.) (2) avait eu j)eu de retentissement; celle de Wiggers fut bien-
tôt acceptée par beaucoup de chimistes. D'après cet auteur, l'ergot contient :
Fungine 46 19 .
Gluten 0.12
Albumine végétale 1 80.
Fungine 5 25.
A reporter 73.93
Report 73.93
Silice . 87
Cuivre traces
Fibre ligneuse. 2i 35
.
Eau 9. 25
Perle 2.60
Total 100.00
Si,dans leur ensemble, ces résultats diffèrent peu de ceux de "Wisgers, dans les dé-
tails, il y a des opinions complètement différentes. Nous verrons, en'traitant des phé-
nomènes physiologiques observés à la suite de l'ingestion de Tergot ou des prépara-
tions qui en dérivent, que Bonjean reconnaît dans ce corps deux principes, un poison
énergique, Fhuile d'ergot, et un remède salutaire, l'ergotine. Mais celte ergoUne, dont
le nom semble indiquer un principe immédiat, est une matière très-complexe; c'est un
extrait bydroalcoolique (dont nous donnons plus loin les caractères, aux Préparations
pharmaceutiques et doses) renfermant l'ergotine de Wiggers, mais n'ayant d'impor-
tance qu'au point de vue pliarniacologique.
Parola (1), à la suite d'expériences nombreuses, a établi les conclusions suivantes : il
n'y a qu'une seule substance active, médicale et toxique, c'est la résine. On doit à une
modificalion de cette substance toutes les préparations qui jouissent d'une certaine ac-
tion, et cette action est en raison de la quantité qu'elles en contiennent. Ainsi l'huile
d'ergot n'aurait d'action que par la résine, qu'elle tiendrait en dissolution. Cette ré-
sine est d'une consistance semi-liquide, de couleur café foncé, d'une saveur très-nau-
séeuse, sui (leneris, un peu acre el amarescente; son odeur est fortement vireuse.
J. Forbes Royie et Fr. W. lleadland (2) donnent comme la plus récente l'analyse de
Winckler. Après avoir séparé, au moyen de l'éther, 3/i./i pour 100 d'huile fixe dénuée
de pouvoir médicinal, cet auteur a trouvé dans le résidu deux principes, la sécaline,
substance l.asique volatile, analogue à la propylamine, répandant une odeur désagréable,
et Vergoline de Wiggers, qu'il considère comme jouissant de propriétés acides. Ce der-
nier corps se combinerait dans l'ei-got avec le premier, et formerait Yergotate de séca-
line (?), représentant probablement l'activité médicinale de l'ergot lui-même. L'ergotate
de sécaline serait solul)le dans l'alcool el dans l'eau, insoluble dans l'éther.
Cette dernière hypothèse satisfait assez l'esprit; reste à savoir si les faits lui donnent
une valeur sérieuse. Devant tous ces travaux, dont aucun ne concorde avec l'autre, et
qui offrent tous tant de vague, on sent le besoin de tiouver quelque chose de défini, de
plus précis.)
PRÉPARATIONS PHARMACEDTIQUES ET DOSES.
A l'intérieur. — Poudre (on fait sécher l'ergot Sirop (1 sur 5 de sirop), 15 à GO gr. par
à l'étuve, et on le pulvérise sans résidu}, jour.
50 centigr. à 2, 4, G et même 8 gr. — Extrait aqueux (crgotine Bonjean), 1 à /i gr.,
Comme obstétrical : dans l'eau sucrée, le en potions, pilules, etc.
bouillon, l'infusion de feuilles d'oranger, de (Extrait liquide (Pharmacopée anglaise). —
menthe, de tilleul; en potion, dans le pain Cette préparation contient les principes so-
azyme, en avalant ensuite quelques cuille- lubles dans l'éther (l'huile) et ceux solubles
rées de liquide. —
Dans les cas où l'on ne dans l'eau.)
veut pas produire un effet immédiat, on le Potion antihémorrhagique et obstétricale (Le-
donne eu moindre dose et en pilules. La vrat-Perroton) eau de mélisse 100.00 ; si-
:
poudre tnjs-line peut aussi s'administrer en rop de fleur d'oranger, 30 gr.; sirop de ra-
lavement. tanhia, 30 gr.; ergot de seigle, 2 à i. 00, ou
Infusion ile la poudre, dans le cas où l'ergot ergotine 2.00. F. S. A. P. contre les hé-
en poudre est mal supporté ou vomi. —
On morrhagies, particulièrement dans l'accou-
peut aussi, dans cette dernière circonstance, chement, par cuillerées plus ou moins ré-
donner l'infusion en lavement. pétées, suivant la gravité de l'hémorrhagie.
Vin (1 sur UO de vin), 10 à 100 gr. Plus ra- Comme obstétricale, surtout chez les femmes
rement vomi. lymphatiques, douées de peu d'énergie.
Teinture (ergot, 100 gr.; alcool, 250 gr.), 10 à Poudre contre les tranchées utérines (Katri-
15 gr., en potion. ner) poudre d'ergot de seigle, 0.10; pou-
:
Moutain, dans les cas où l'action de l'ergot dre de cannelle, 0.25, pour une prise, à
sur l'estomac est à craindre, fait sur le col répéter tous les quarts d'heure. Trois ou
utérin, au moyen d'un siphon dont il est quatre suflisent le plus souvent.
l'inventeur, des injections d'eau tiède sur- Potion d'ergotine (Bonjean) ergotine, 1 gr.;
:
(1) Nuove ricerche sperimentali sullo sprone de' gramiiiacei, 1 vol. in-8". Milan, 1844.
(2) Man. of mat. med. and ther, Fourth edit., p. 669.
^
24 gr., par cuillLTé<.'9 h bouche d'hoiirc en tigr ergot de seigle eu poudre, 3 centigr.;
;
heure dans les héniorrliagies ordinaires. sucre pour envelojipe, Q. S., pour une dra-
Cette potion s'ullèie fucileinent, surtout en gée. De huit à dix matin et soir chez les
éié. Il ne t'iiiit la pré|)urer qu'à mesure du enfants de s(;|)t A dix ans )
besoin. [Huile ergoiée. —
Des reciierclies récentes ont
Autre potion d'er^^otinc (Trousseau) erKOtinc : dt'monlré (|ue l'huile ergotée non résineuse
Honji'an, 2 nr.; eau de mélisse, 100 p;r.; éliiil une main aise i)r(''paration à peu près
sirop d'éroreo d'orange, ^lO ^r. Cette potion inertf. Llle n'est |)liis enq)loyée.^
s'altôrc aussi trc-s-proniptenient. (L'huile résineuse ou oléo-résine iParola) se
Pilules contre Ie-> pollutions nocturnes (Ro- prescrit i\ la dose d' 3 à 20 gouttes par
bert) : ergot de seif^le, 10 caniplue, 00.5;
. ; jour, avec adilition d'un j)eu de sirop d'é-
pour une pilule,preiidre matin et soir.
;\ ther, qui rend la résine plus absorbablo et
Pilules d'er^oiine : erpotine, 5 00 |)ondre de
;
plus énergi'iui'.
réglisse, Q. S., pour (K) pilules; ti ;\ 10 jiar Teinture éthérée (préparation anglaise), pré-
jour, dans les alTeclions clironiqnes de l'u conisée i)ar Lever; d'ajirès l'opinion de
térus. Wruckler, elle ne contiendiait aucun i)rin-
Pilules contre les ulcérations dartreuses du cipc médicinal, puisqu'elle ne contir^nt que
col utérin (Arnal) extrait aqueux d'ergot
: l'huile fixe.)
de seigle, 0.30; iodurc de soufre, 0.20. A l'extérieiii. —
Eau liémostatique seigle :
Faites 3 pilules; en deux, j)uis en un jour. ergoté concassé, 100.00; eau bouillante
Dragées d'ergotine de Laurent. Ces dragées 500.00. Triturez par lixiviation; ajoutez à
réunissent les conditions les plus favorables la colature alcoolat de citron, 5.00.
:
cuillerée d'eau, on les croque sans nul dé- eau commune, 125 à 250 gr., suivant l'ur-
goût. Chaque dragée contient 15 centigr. g'uice. Employée seule, ou concurreuiment
d'ergotine. La dose varie selon les cas, et avec la poiion, (juami une métrorrhagie
peut varier de 2 ;\ 12 drrgées dans les vingt- présente de la giavité.
f|uatrc heures. Lavement d'ergotine (Bonjean) ergotine, 2
:
Pilules de ciguë et d'ergot (.Xrnal) extrait : gr.;eau commune, 125 à 250 gr., suivant le
aqueux d'ergot de seigle, 0.30; extrait de cas; dans les hémorrhagies rectales et hé-
cigué, 0.20. Faites ti pilules. Même mode niorrhoîdales opiniâtres.
d'administration dans les cas oti l'ergot seid Suppositoire à l'ergotine (Arnal) savon ordi- :
(De toutes les prépniations ayant pour base l'ergot, la poudre est la plus usitée en
France, surtout pour Tusage obslétrical. On radminislre dans un pou d'eau ])ure su-
crée, d'eau rougie, ou dans une infu.sion aronialiquc, dans du vin blanc, d'eau addi-
tionnée d'esprit do cannelle. Il est bon de oonnailfo tous ces petits moyens, car beau-
coup de feintnes ne peuvent supporter le niédicanicnt et le vomissent à cliacjue prise.
Le professeur Pajot a cru reconnaître qu'en réduisant le plus possible la quantité de
véhicule, on parvenait souvent à obtenir la tolérance. >.ous verrons plus loin qu'on Pin-
jecte quelquefois dans le rectum. L'e.xtrait bydroalcoolique dit ergolinc Bonjean est
aussi très-employé. Voici quels sont ses principaux caractères C'est un extrait mou, :
rouge-brun foncé quand il est en masse, et d'un rouge de sang quand il est en couches
minces. Sa consistance est celle d'une pcàle ferme; il a une odeur fort agréable de
viande rôtie, due à la présence de l'osmazôme, et une saveur un peu piquante et anière
qui rappelle celle du blé gâté, il se dissout entièrement dans l'eau froide, et la dissolu-
lion est limpide, transparente et d'un beau rouge. Un grand excès d'alcool le précipite
de cette dissolution; mais il no doit plus en séparer de gomme ou toute autre matière
analogue. Enfm l'ergotine Bonjean ne doit céder à l'étlier aucune trace d'huile ni de
résine. Toute ergotine qui ne présentera pas ces caractères devra inspirer peu de con-
fiance.)
L'ergot (le seigle est rangé par Orfila parmi les poisons iiareolico-îlcres,
et regardé avec raison comme un des lléaux de ragrieiilttire. .Mais, ainsi que
beaucoup d'autres substances toxiques, il est aujourd'hui reconnu comme
un des agents thérapeutiques les plus utiles.
984 SEIGLE (ERGOT DE).
les animaux.
Action sur —
Dès que l'action du seigle commence à se faire
sentir, abaissement du pouls, battements du cœur graduellement faibles,
irréguliers, spasmodiques, respiration lente, profonde; puis, si l'usage est
continué, inappétence, maigreur, tremblements, démarche vacillante, tris-
tesse, hébétement, vertiges, mouvements convulsifs partiels ou généraux,
extrémités froides, engorgées, couvertes de taches ecchymoliques, puis gan-
greneuses; la mort, précédée d'un grand état de prostration, arrive tran-
quillement, sans que l'animal indique par ses cris qu'il est en proie à de
violentes douleurs. La mortification se manifeste dans les organes les plus
éloignés du cœur, et n'est pas précédée, comme les autres gangrènes, de
phénomènes inllammatoires. L'autopsie étant pratiquée après l'administra-
tion prolongée de l'ergot, on trouve des ramollissements de tous
les or-
ganes, de tous les tissus, qui sont gorgés d'un sang sanieux, déliquescent,
d'un rouge violacé.
Action sur Hiomme. — Lesobservations sont très-nombreuses, surtout
celles qu'ont fournies les habitants de pays où l'on se nourrit de pain de
seigle; d'abord par ignorance, ensuite par incurie, les paysans n'enlevant
de la récolte que les plus gros ergots, on a, surtout après les étés pluvieux,
vu des populations entières se nourrir de pain où l'ergot entrait dans des
proportions souvent considérables.) Ce pain est d'une couleur violacée ou
parsemée de petites taches brunâtres; il a une saveur très-désagréable de
pourri, qui laisse dans la gorge une âcreté plus persistante que celle de
l'ergot pulvérisé. Cependant il est reconnu que les propriétés toxiques de
l'ergot diminuent toujours sous l'influence de la chaleur et de la fermenta-
tion panaire. Le symptôme le plus commun qui se manifeste chez ceux qui
font usage de ce pain est un enivrement qu'on a, peut-être à tort, comparé
à celui que produisent les boissons alcooliques; mais cet état n'est jamais
suivi du dégoût et du malaise qui ont toujours lieu après l'abus des liqueurs
fermcntées.
Cette intoxication est connue sous le nom iVcrgotis7ne [Raphania, Linné).
Cette affection a régné épidémiquement dans diverses contrées, dans la
Hesse, le Voigtland, le canton de Fribourg, les environs de Berlin, la
Bohème, la Silésie; et, en France, à Montargis et en Sologne. Les accidents
qui la caractérisent n'ont pu être attribués à d'autres causes, malgré l'opi-
nion contraire de quelques auteurs. Si des familles nombreuses ont pu sans
danger faire usage du pain infecté d'ergot, des populations entières ont été
empoisonnées par cette substance. Cette différence dans les résultats trouve
son explication dans les remarques que Bonjean a consignées dans son ex-
cellent travail sur le seigle ergoté. « L'ergot, dit-il, est brun-violet à l'exté-
rieur, quand il a été recueilli peu après son développement; et à l'intérieur,
il est tantôt d'un blanc sale, tantôt violacé; sa saveur rappelle celle des
'
(1) Archives (jénérales de médecine^ 1863, t. I, p. 350.
(2) Traité philosophique et expérimental de thérapeutique^ p. 327.
SEIGLE (ERGOT DE). 987
tenté d'exlrairo de l'erpol f)nt uno aolioii spéciale, ou si l'un d'eux repré-
sente d'une laçon plus ou moins eoniplétc l'activité du corps composé.
Ergotine de Wigycrs. —
Ce corps, considéré par les uns comme une matière
colorante résinoïde, est regardé pai- Wiggers comme vénéneux. 45 centigr.
administi'és ;\ un coq ont iléterminé des accidents mortels; elle exerce une
action sédative sur la circulation, (jiacomini la place dans les hyposthéni-
sants vasculaires; Parola lui recoiuiaît une action, mais faible et lente; il a
noté, après son administration, un ralentissement notable des battements du
pouls. Bonjean, lui, prétend qu'elle est totalement inerte, puisqu'il a pu
avaler, sans aiu'un accident, tout ce qu'il en a obtenu de 130 gr. de poudre
d'ergot. Son action sur l'utérus en travail n'est pas connue.
Ergotine de Bonjean. —
Voyez plus loin (page iOOo) un chapitre spéciale-
ment all'cclé h ce produit, que son inventeur appelle Vagcnt obstétrical, en
opposition avec l'agent toxique, dont nous allons nous occuper.
Huile. —
L'huile fixe, regardée par Bonjean comme un poison narco-
tique, considérée par AVright comme le seul principe actif, a été trouvée
presque inefllcace par Parola quand elle est privée de résine. Bien plus,
Bertrand ne lui a reconnu aucune espèce d'action sur l'homme et sur les
animaux; et Kilian (de Bonn) a employé, avec le meilleur effet, l'ergot privé
de l'huile au moyen de l'éther.
Huile résineuse. —Selon Parola, elle n'agit que par la résine qu'elle con-
tient.
Résine. — D'après
ce dernier auteur, et conformément à l'opinion que
nous venons de en dernière analyse, le principe véritablement
citer, c'est,
actif; la résine reproduirait toute l'énergie de l'ergot.
Rayer et Magendie, h l'occasion d'un rapport sur cette substance, ont fait
au Collège de France des expériences dont les résultats concordent avec
ceux du médecin italien.
PROPRIÉTÉS THÉRAPEUTIQUES. —
Les propriétés thérapeutiques de
l'ergot de seigle comprennent, dans l'état actuel de la science, son action :
heure et demie; elle s'affaiblit au bout d'une demi-heure, mais elle reprend
son intensité si on administre une nouvelle dose.
Les douleurs, au lieu d'être courtes et intermittentes, comme les dou-
leurs physiologiques, sont vives, longues et plus ou moins permanentes.
Tantôt la contraction est continue, le globe utérin restant dur, resserré et
ne présentant plus les alternatives de tension et de relâchement qui carac=
térisent le travail naturel. D'autres fois, comme la qualifie le professeur De-
paul, la contraction est rémittente. Dans tous les cas, le repos est perdu
pour la femme; elle s'agite, jette des cris accusant les plus violentes souf-
frances, devient impressionnable et irascible, le visage s'anime, les yeux
deviennent vifs et brillants, on observe quelquefois une légère dilatation des
pupilles, le pouls s'accélère, puis devient moins précipité et affaibli au bout
de quinze à trente minutes.
Ces phénomènes sont quelquefois accompagnés ou suivis, surtout lorsque
les doses ont été répétées, de céphalalgie, de vertige, d'engourdissement,
de tendance à l'assoupissement, de nausées, de vomissements, de déman-
geaisons, de fatigue des membres.
Au reste, la rapidité et l'intensité de tous ces effets varie beaucoup, sui-
vant la dose administrée et les conditions de susceptibilité organique de la
malade.
L'étude de la contraction ergotique sera complétée dans les chapitres
suivants, où nous jugerons son influence sur l'état général de la malade,
les indications et les contre-indications de son usage, les accusations dont
il a été l'objet, etc.)
Les circonstances puerpérales dans lesquelles l'ergot de seigle est em-
ployé sont les suivantes :
Inertie de la matrice. — La
propriété spéciale, et la plus remarquable du
seigle ergoté, est de solliciter, de réveiller les contractions de la matrice
dans les cas d'inertie de cet organe. On l'administre lorsque le travail com-
mencé languit, quand les douleurs ont cessé ou sont faibles. Il convertit les
douleurs lombaires en douleurs expultriccs; mais il faut, dans tous les cas,
que le col utérin soit suffisamment dilaté; que l'enfant ne soit pas d'un
volume disproportionné aux dimensions du bassin qu'il se présente dans
;
une position ne faisant pas obstacle à son expulsion; qu'il ait franchi le
dt'troit supérieur; en un mot, qu'il ne manque pour l'accouchement que des
contractions utérines suffisantes.
Il est des médecins qui ne regardent pas la dilatation préalable du col
jusqu'à la fureur. On ne le donnera pas non plus aux femmes dont la ma-
trice est le siège de douleurs habituelles, ou qui précédemment auraient été
affectées de métrite. On l'emploiera rarement et avec prudence chez les pri-
mipares, où l'accélération du travail peut causer la rupture du périnée.
Si l'ergot de seigle est imprudemment administré dans les cas de rigidité
du col utérin, de pléthore locale s'opposant par une sorte de torpeur aux
contractions utérines, ces contractions ne se développent que peu ou point
par l'action de ce médicament; mais il en résulte une excitation vasculaire
pouvant donner lieu à une métrite aiguë.
J'ai observé un fait de cette nature chez la femme d'un épicier, âgée de
trente-six ans, d'un tempérament sanguin, d'une constitution forte et active.
Cette femme, accouchant pour la quatrième fois, prit, par le conseil d'une
sage-femme, une dose de seigle ergoté que je ne puis préciser, mais qui
n'excédait pas 2 gr. Le pouls s'accéléra, la face devint vullueuse, un état
d'anxiété inexprimable eut lieu, et cependant les contractions utérines
n'augmentèrent pas. L'orifice utérin avait 4 centimètres environ de dilata-
tion; mais il était épais c-t engorgé, sans trop de résistance. Je pratiquai une
saignée du bras de 500 gr., et prescrivis im bain tiède. Au bout de deux
heures seulement, les contractions utérines revinrent graduellement; mais
l'abdomen était tellement sensible que la couverture même ne pouvait
être supportée. L'accouchement eut lieu naturellement au bout de huit
heures; mais le bas-ventre resta sensible au toucher, le pouls plein, dur et
fréquent. Une nouvelle saignée du bras fut pratiquée, des lavements émol-
lients, des fomentations avec la décoction de graine de lin et de tète de
pavot furent prescrits. Ce ne fut qu'après une troisième saignée, pratiquée
dans les premières vingt-quatre heures qui suivirent l'accouchement, que les
symptômes s'apaisèrent, que les lochies parurent et que je pus espérer de
got de seigle, se trouvent dix- sept succès et trois cas dans lesquels l'enfant
a été expulsé ou retiré mort. Chi-esticn attribue ces insuccès à l'administra-
tion trop tardive de l'ergot. Vingt années de pratique comme médecin-
accoucheur dans une ville populeuse, m'ont mis à même d'apprécier les
services que ce précieux médicament rend à l'humanité. Combien de
femmes qui, sans son administration, n'eussent pu accoucher que par l'ap-
plication du forceps! Je pourrais citer cent cas où cette médication fut pour
moi d'une utilité incontestable; mais ces documents n'ajouteraient rien à ce
qui est ajourd'hui généralement connu.
Après avoir expose tous les avantages de l'ergot dans le cas d'inertie de la
matrice, il nous reste à examiner si l'administration de cet agent énergique
est toujours sans danger pour la mère et pour l'enfant. Cette grave question
a été soumise, il y a peu de temps, à l'Académie de médecine de Paris.
Danyau, rapporteur, en blâmant l'abus, a déclaré qu'on ne pouvait mé-
connaître les bons résultats d'un usage modéré et intelligent, et que si,
dans quelques circonstances, le forceps peut être substitué, préféré même
à l'ergot, il n'en était pas de même de la version, qui est beaucoup plus
compromettante pour l'enfant. (Du côté de la mère, quand l'indication est
bien saisie, il est rare qu'il irrive des accidents. L'intoxication a été signa-
lée, mais comme un fait exceptionnel; la rupture de l'utérus, même quand
l'agent avait été sagement prescrit, a été observée trois ou quatre fois, entre
autres par le professeur Depaul. On a aussi accusé l'ergot d'être la cause de
ruptures du périnée.) Comme c'est pour le fœtus que les dangers de l'ergot
sont les plus grands, et que ces dangers croissent en raison de la durée, de
la continuité et de la violence des contractions qu'il provoque, on ne devra
Dans les nondjreux cas où j'ai eu l'occasion d'employer l'ergot pour acti-
ver ou déterminer les coidractions utérin<'s dans le travail de renl'antemcnt,
je n'en ai jamais observé de fâcheux résultats; mais j'ai eu plusieurs fois à
combattre des accidents que son administration intempestive avait déteimi-
nés chez la mère, et i\ constater quelques cas de mort du fœtus, attribués
avec raison à l'action violente et prolongée de doses réitérées de celte sub-
stance. L'ergot de seigle, dont les sages-femmes font abus, ne devrait être
délivré chez les pharmaciens que sur ordonnance de médecin.
(En résumé, l'emploi du seigle ergoté doit être soumis à des règles sé-
vères dont le praticien instruit ne pourra s'écarter que dans des cas excep-
tionnels. On peut le recommander quand le col est dilaté ou dilatable, les
:
membranes sont rompues, la partie qui se présente est connue (cette partie
est l'une ou l'autre des extrémités), le bassin est bien conformé, le fœtus
n'est pas hydrocéphale ou ne présente aucune tumeur qui puisse entraver la
marche de l'accouchement, la femme (règle moins importante que les pré-
cédentes) n'est pas primipare.)
(Pendant l'usage des inhalations de chloroforme ayant pour but de sup-
primer les douleurs de l'enfantement, les femmes, que la souffrance n'ai-
guillonne plus, ne font aucun effort pour venir en aide à la contraction uté-
rine. Celle-ci, désormais seul agent d'expulsion, quoique non impressionnée
par l'anesthésique, s'épuise à cette lutte sans secours. Il y a h\ une indica-
tion à donner le seigle ergoté, lorsqu'il n'existe antérieurement aucune
conlre-indication générale ou spéciale à son emploi, Cette administration
simultanée est même recommandée pour activer la fin du travail, quand du
reste celui-ci marche régulièrement, dans la seule intention d'abréger le
temps de l'anesthésie) (2).
Eclampsie. —
Les convulsions qui accompagnent le travail de l'enfante-
ment ne sont pas une contre-indication absolue de l'ergot, lorsque l'état de
l'utérus est d'ailleurs favorable à son administration. Waterhouse, Michell,
Roche, Brinkle, Godquin, Levrat-Perroton disent s'en être bien trouvés
dans plusieurs circonstances. Levrat-Perroton en rapporte quatre cas, dans
deux desquels employé en pleine eclampsie, et a ainsi provoqué de
il l'a
fortes douleurs qui ont rapidement amené l'expulsion du f{etus, en même
temps que les convulsions ont été arrêtées; dans les deux autres cas, il l'a
administré comme moyen préventif chez une femme qui avait eu de vio-
lentes attaques d'éclampsie dans une première grossesse, et pour parer fi
de nouvelles explosions d'accidents dont les prodromes se montraient déjà,'
11 a également réussi dans les deux circonstances. L'ergot de seigle est con-
sidéré par les médecins qui le donnent dans les convulsions comme opérant
une véritable révulsion sur la matrice. « Ce n'est pas, dit Levrat-Perroton,
lorsque douleurs sont vives que les convulsions surviennent, mais lors-
les
qu'elles sont lentes et se prolongent indéfiniment; c'est alors qu'elles aga-
63
99i SEIGLE (EllGOT DE).
cent les nerfs et vont porter le trouble dans le système nerveux et menacer
les jours de la malade. » J'ai été maintes fois à même de vérifier cette as-
sertion. J'ai vu, chez une jeune Anglaise de vingt ans, des convulsions per-
sistant après la saignée et le bain tiède céder immédiatement après l'enfan-
tement accéléré au moyen de l'administration de l'ergot, qui, d'ailleurs,
était indiqué par la lenteur du travail et la dilatation du col utérin. Mérat
et Delens disent formellement qu'on ne doit point prescrire l'ergot dans les
convulsions. Trousseau et Pidoux le trouvent contre-indiqué dans l'éclamp-
sie puerpérale, excepté lorsque de faibles efforts suffisent pour l'expulsion
du fœtus, et même dans ce cas conseillent-ils de préférence l'emploi du for-
ceps. Cazeaux, dans les cas où il admet l'indication de terminer prompte-
ment l'accouchement, parle bien de la rupture des membranes, du forceps,
de la version, mais non du seigle ergoté. Si, après l'administration de l'er-
got, l'enfantement se faisait trop attendre, il faudrait avoir promptement
recours à l'application du forceps ou à la version.
Rétention du placenta.— Lorsque l'expulsion du placenta ne peut s'opérer
ou que sa présence détermine des hcmorrhagies, qu'il y a inertie de l'uté-
rus manifestée par le défaut de contraction et l'absence du globe rassurant,
l'emploi de l'ergot de seigle est indiqué. (Mais l'inertie est la condition sine
quâ non de cet emploi; car, si l'utérus avait déjà quelque tendance à se con-
vulser, celle-ci, augmentée par l'administration intempestive du médica-
ment, déterminerait la rétention et non pas l'expulsion du placenta.) Aux
observations recueillies par Bordot, Davis, Balardini, Duchateau et Morgan,
et qui ne laissent à ce sujet aucun doute, j'ajouterais inutilement les faits
très-nombreux oîi j'ai expérimenté avec succès l'action du seigle ergoté
pour remédier à l'inertie utérine après l'accouchement.
A l'aide de ce précieux agent, des portions de placenta restées dans la
matrice, et dont la présence donnait lieu à divers accidents, ont aussi été
expulsées plus ou moins longtemps après la parturition.
—
Caillots de la matrice. L'ergot de seigle agit de la même manière pour
expulser les caillots considérables qui s'accumulent dans la matrice qui
tarde à se contracter. (Mais il faut reconnaître qu'alors le moyen est souvent
bien insuffisant, et qu'il faut en appeler à l'extraction, etc.)
Mctrorrhagies "puerfcrales.— Nous rangeons sous ce titre les hémorrha-
gies survenant : 1° pendant la grossesse; 2° pendant le travail; 3» pendant
les suites de couches.
L'hémorrhagie qui survient dans les six premiers mois de la grossesse est
presque toujours le signe précurseur de l'avortement. Cependant on par-
vient quelquefois à prévenir celui-ci par l'emploi de la saignée et l'opium
administré à doses élevées, surtout en lavement. L'ergot serait ici non-seu-
lement inutile, mais nuisible, en activant des contractions que l'on doit
calmer au moyen des antiphlogistiques et des opiacés, afin de prévenir au-
tant que possible un avortement souvent rendu inévitable par la maladie
de l'œuf. Mais si l'hémorrhagie devient abondante au point de compro-
mettre la vie de la mère, on aura recours à l'ergot de seigle à la dose de 2 à
4 gr. Dans l'avortement qui survient à une époque peu avancée de la gros-
sesse, l'organisation musculaire de la matrice étant peu développée, l'ergot
ne provoque pas toujours des contractions suffisantes ou même n'en pro-
voque pas du tout. Il faut alors avoir recours au tamponnement. L'ergot a
d'autant plus de prise sur l'utérus que l'on approche davantage de la fin du
sixième mois de la grossesse, surtout s'il y a eu quelques contractions.
(Les avorlements commencés sont diversement influencés par l'ergot,
suivant les conditions dans lesquelles se trouve l'utérus, conditions qu'il est
presque impossible de préciser à l'avance; si, le plus souvent, il réussit à
les achever, il est des cas où il les conjure avec succès. Dans le doute, je ne
pense pas qu'il faille s'abstenir, si la perte de sang est abondante.)
SEIGLE (ERGOT DE). 995
mière fois, appelé l'attention, et qui peut donner lieu à une hémorrhagie.
Quelques heures, quelques jours môme après la délivrance, l'utérus, qui
s'était maintenu jusque-là dans un état convenable de rétraction, se relâche
tout à coup, se ramollit et augmente de volume. En môme temps la malade
pâlit, s'affaiblit, et cependant il ne s'est écoulé que peu de sang; mais si on
frictionne le ventre, si on le comprime, il s'en échappe un flot de sang coa-
gulé. Si on cesse la compression, la malrice se ramollit et se distend de
nouveau, pour se vider de même par une seconde compression. Une com-
pression permanente, au moyen d'un bandage de corps (qu'on devrait tou-
jours appliquer après tous les accouchements), est l'indication qui se pré-
sente naturellement pour maintenir l'utérus, s'opposer à son développement
et prévenir ainsi l'accumulation du sang dans sa cavité. Le seigle, donné en
même temps, triomphe ici comme dans tous les cas d'inertie utérine. Ca-
zeaux, qui a observé quelques faits de ce genre, en fait prendre l gr. une
fois, puis 30 à 40 ccntigr. toutes les demi-heures ou toutes les heures, sui-
vant la tendance de l'utérus au relâchement.
Flux immodéré des lochies. —
Le seigle ergoté a été employé avec succès
pour combattre les lochies sanguinolentes ou séreuses trop abondantes.
Cette propriété de l'ergot était connue depuis longtemps; Bay (1) l'a si-
gnalée en ces termes Pcr fréquentes pluvias, grana spicarum inferiora in se-
:
{Prophylaxie de puerpérale.
la fièvre —
Guérin (1) attri])iu' à ladmini^tra-
pendant ou après l'accouchement, le précieux avantage d'a-
tion de l'ergot,
mener rocclusion rapide des orifices vasculaires béants, qui sont autant de
voies restées ouvertes à l'infection purulente. Cette opinion est sanctionnée
par ce passage de Trousseau [i) « Si l'ergot a une action anti-hémorrha-
:
gique par cela même qu'il détermine et maintient la contraction des libres
musculaires des vaisseaux, pourquoi ne pas mettre à profit cette action con-
tractile pour arrêter la progression du pus dans les capillaires et son pa;^-
sage dans les sinus utérins. »)
4 gr.; sirop d'écorce d'orange, 30 gr.; à prendre par cuillerée plus ou moins
rapprochées, suivant les cas.
ment sanguin s'arrêtait d'autant plus facilement par ce remède qu'il était
plus abondant et plus passif; aussi ai-je soin, pour l'administration de l'er-
got de seigle ou de l'ergotine Bonjean, de choisir le moment où la matrice
laisse plus facilement échapper le sang des orifices vasculaires inactifs de sa
cavité.
{Fibromes utérins. —
Lorsque l'hémorrhagie se lie à la présence d'une tu-
meur fibreuse utérine interstitielle ou pédiculée, c'est encore à l'ergot de
seigle que l'on devra recourir avec le plus de chances de succès.
Nous avons avancé (page 988) que son action excito-motrice avait lieu sur
un utérus contenant un produit pathologique. On peut utiliser cette pro-
priété et son emploi dans les fibromes interstitiels ayant pour but de pro-
voquer, dans certains cas, l'énucléation. « La crainte d'augmenter la dou-
leur, qui en fait rejeter l'usage par quelques médecins, n'est pas fondée :
d'abord parce que les douleurs ne sont pas habituellement intolérables, soit
qu'elles tiennent à la maladie, soit qu'elles proviennent du médicament; en
second lieu, parce qu'on peut les calmer par du laudanum en lavement,
sans perdre entièrement le bénéfice de l'action du seigle ergoté sur le dé-
veloppement de la contractilité utérine; troisièmement enfin, parce que
l'indication majeure est de réveiller les efforts expulsifs de l'utérus, seuls
capables d'énucléer un fibroïde interstitiel de l'épaisseur de la paroi uté-
rine et de le faire pédiculiser soit vers le péritoine, soit vers la cavité uté-
rine. Cette dernière terminaison est infiniment préférable à la première, car
elle permet d'achever l'extraction de la tumeur et d'amener une cure radi-
cale. Mais la première même est préférable à la persistance de l'état inters-
titiel du fibroïde; car cet état est le plus favorable au retour des hémorrha-
gies, à la persistance des douleurs, à l'accroissement indéfini de la tumeur.
Je prescris donc habituellement de une à six prises quotidiennes de 25 cen-
tigrammes chacune de seigle ergoté îraîchement pulvérisé; j'y substitue
quelquefois des pilules d'ergotine, et j'en continue l'usage pendant plu-
sieurs mois au besoin (1). »
Lorsque les fibromes interstitiels sont en voie de pédiculisation ou que
de prime abord on a affaire à un polype fibreux, sessile, contenu dans la
cavité utérine, le seigle ergoté « produit souvent le double effet de pédicu-
liser la tumeur et de la diriger avec force et continuité sur l'orifice interne
de la matrice par les contractions qu'il provoque dans le tissu propre de la
matrice, d'où la dilatation lente et graduelle du col par la pression même
de la tumeur, dilatation comparable à celle que détermine la pression de la
poche des eaux au moment de l'accouchement (2), »
L'usage du seigle ergoté a alors pour but de rendre le corps étranger,,
corps fibreux ou polype, accessible aux moyens chirurgicaux.)
Abaissement et chute de matrice. —
Boudin (3) a traité cette affection de-
puis le simple abaissement jusqu'à la chute pl.us ou moins complète, par
l'ergot à la dose de 1 gr. 50 centigr. dans 100 gr. d'eau tiède, soit par la
bouche, soit en injection dans le vagin.
(1) A. Courty, Traité pratique des maladies de l'utérus et de ses annexes, 1866, p. 826.,
avec succès par le même moyen quatre étaient dus à une commotion de la
:
30 centigr., et, au bout de deux mois et demi, la malade fut tout à fait guérie.
II est à remarquer que la dose d'ergot a été faible, mais longtemps conti-
mars apéritif, 5.50; poudre de vanille, 0.25; camphre, 0.25; môlez et di-
visez en vingt paquets un le matin, h jeun l'autre le soir, en se couchant.
: ;
Spermatorrhée. —
Javowitz (I) donne l'ergot de seigle à la dose de 20 à
30 centigr., répétés trois fois par jour, dans les pertes séminales dues à un
état d'atonie ou d'irritation locale, ce qui est irrationnel, ces deux états
étant opposés. Deslandes (2) reproche au seigle ergoté de pousser encore à
la salacité. 11 accorde, en conséquence, une grande efficacité à l'ergot dans
la spermatorrhée atonique; mais il le croit contre-indiqué dans celle par
irritation. Ce médicament a été, en effet, préconisé contre l'impuissance.
— Robert (3) a combattu avec efficacité les pollutions nocturnes par l'usage
de pilules composées de 10 centigr. d'ergot de seigle et de 50 centigr. de
camphre, prises matin et soir.
Diarrhée. —
Boudin a employé l'ergot avec succès dans les diarrhées
chroniques avec atonie du rectum. Il fait prendre ce médicament à la dose
de 1 gr. 50 centigr. dans 100 gr. d'eau tiède. II le prescrit aussi en injection
dans le rectum. Stout (4) l'a conseillé dans certaines diarrhées rebelles et
muqueuses. Massola, médecin militaire dans l'armée sarde (5), retira de
grands avantages de l'emploi de l'ergotine dans le traitement de la diarrhée
épidémique qui décimait les troupes en Orient pendant l'été de 1855. Malgré
l'énergie et le rationalisme des médicaments ordinairement employés, bien
des cas se montraient réfractaires. Guidé par l'analogie et l'induction, Mas-
sola crut devoir essayer l'ergotine dans ces hypersécrétions muqueuses et
séreuses de l'intestin, que l'on pourrait presque appeler des hémorrhagies
blanches. Une vingtaine de malades atteints de diarrhées chroniques, pro-
fuses, asthéniques, furent soumis à l'action de ce médicament, à la dose de
1 à 2 gr. dans 120 gr. d'eau gommée et édulcorée, à prendre par cuillerées
à bouche de demi-heure en demi-heure. Cette prescription se fit à la visite
du matin, qui avait lieu à six heures. A la visite du soir, Massola put déjà
constater une amélioration sensible chez tous les individus soumis à cette
médication; le nombre des selles, qui était auparavant de dix à quinze par
jour, avait presque diminué de moitié. L'expérimentation fut poursuivie en
répétant la même dose d'ergotine à la visite du lendemain, et, le soir du
même jour, le nombre des déjections alvines était descendu à deux, trois
ou quatre au plus, chez le plus grand nombre des malades; chez cinq
d'entre eux, le flux intestinal avait complètement cessé. L'état physique et
moral des sujets suivait l'amélioration locale; ainsi, la soif avait diminué, la
langue devenait plus humide, moins rouge et moins pâle, le pouls moins
fréquent, les forces et l'appétit renaissaient. Il était impossible de ne pas
attribuer à l'ergot cette rapide amélioration.
Dysenterie. —
Les fièvres typhoïdes, qui ont régné en grand nombre à Ge-
nève en 1833, ont été accompagnées de nombreuses dysenteries que l'ergo-
tine Bonjcan a combattues avec succès. Rillet et Lombard, médecins des
hôpitaux civils, ont communiqué les heureux résultats qu'ils avaient obte-
nus dans ce cas à la Société de Genève. Fonteyral a publié (1) une série
d'observations remarquables de dysenteries chroniques guéries par ce
moyen. « Si l'on veut bien ne pas oublier, dit-il, qu'avant de recourir à
l'ergotine de Bonjean, j'ai, dans toutes les circonstances, demandé les se-
cours de la thérapeutique émolliente, astringente et narcotique, que ces
secours m'ont fait défaut dans la majeure partie des cas que j'ai cités, que
les effets que j'en attendais ont été nuls, on sera dès lors aussi intimement
convaincu que je le suis moi-môme de la supériorité relative de l'ergotine.
et 340.
(2) Recueil des travaux de la Société médicale d'Indre-et-Loire, 1859, p. 54 et suivantes; Du
traitement de l'incontinence nocturne d'urine au moyen des dragées au fer et à l'ergot de
scig'e. (In Bulletin de titérapeuticjue, t. LXIII,
p. 337.)
SEIC.LE (KIir.OT DE). 1005
ERGOTIXE DE BONJEAN. —
L'ergotine peut être employée 1° comme :
prescrite comme telle dans quatre cas qui se sont présentés dans son service,
Simon a soigné un grand nombre cle scorbutiques, dont la plupart pré-
sentaient des taches pétéchiales sur le cou et un suintement sanguin sur
toute la superficie des gencives, avec plaie et odeur infecte. Après quarante-
huit heures de traitement, le suintement sanguin avait complètement dis-
paru; les gencives étaient plutôt sèches qu'humides, et les taches pété-
chiales, auparavant d'une teinte noire, étaient devenues roussâtres. La gué-
rison avait lieu du huitième au douzième jour de traitement; mais on pour-
suivait l'emploi de l'ergotine quelque temps encore après la cessation de la
maladie.
(1) Modificalionsiles propriétés irrilanles du perclilortire de fer par son union avec l'ergo-
tine. (Mémoire présenté a l'Acadiiniie de médecine de Paris.)
(2) Comptes-rendus de l'Académie des sciences de l'aris, '21 avril 18/(G.
(3) Peut-être le lycopordon ou vessc-de-loup, champignon signalé et adopté jadis avec en-
thousiasme comme hémostatique, et dont j'ai pu constater les bons effets, a-t-il une manière
d'agir analogue à cel'e de l'ergot de seigle?... (Voyez l'article Lycoperdon, p. 603.)
1008 SEIGLE (ERGOT DE).
gotine, 2 gr.; eau 100 gr.— Cette dissolution, comme toutes celles de même
nature, s'altère facilement, et doit être renouvelée chaque jour.
(Tout ce que dit Bonjean de l'extrait hydro-alcoolique, dénommé par lui
ergoiine, est trop beau pour n'être pas exagéré. Si des praticiens d'un haut
mérite se sont plu à reconnaître à ce produit des propriétés remarquables,
il n'en est pas moins vrai que ce môme produit est trop souvent entre nos
mains inefficace. Il est bon que les praticiens soient éclairés sur sa valeur
réelle, sans quoi ils s'exposeraient à dix mécomptes sur la foi d'un succès.)
(Jusque dans ces derniers temps, la médecine vétérinaire n'avait mis que
SKLIN DES MARAIS. 1009
larcmcnl le seij^le erjiçolé en usage comme agent obstétrical. Il agit chez les
animaux à peu près comme femmes.
s'administrer à la dose
chez. les Il j)cut
de à i gc. IduUs les domi-h.'urcs dans 1/2 lilrc d'infusion d'absinthe poul-
.'{
ies grand(^s femelles (vache, jument), jusqu'à ce que l'ulérus manifeste des
contraclions soulcnucs. La dttsi^ peul ùlre [)orlée jusqu'à 32 gr. Pour les
petites femelles (brebis, truie), la dose initiale est de 1 à 2 gr., et la dose
totale 8 gr. environ. Pour les chiennes, il faut pnjportioimei" le médicament
à la taille de l'animal, et varier entre 2 gr. et 2 décigr.)
T.e seliii des luai-ais croit dans les pi'airies humides des bois.
]>eHeri|i(ioii. — l'.aoine t'paisse, siihfusil'onne. — Tig<! droite, cylimlriqiif', linc-
tiioiit sliit'c, ranieiise sii|)(''rieuri;niont, haiito (roiiviroa un iiiMic. — reiiillfs lontMie-
monl |)(4io!éos, ai;:;ties, d'un \ei-l tenilro, liipennécs: foiiojos
les radicales (|uol(juel'oi.s
en deux, trois ou quatre prises. 11 a guéri par cette i)lanle cin(f malades,
dont trois ont rechuté.
(Voici, du reste, d'après un travail ultérieur de ce praticien (/*). les dctses
et le mode d'administration du médicament :
prises; on administre trois prises par jom% une heure avant chaque rcpa<,
ou la dei-nière au momcnl du coucher.
« Si le patient éprouve de la colique ou de la diai'ibée, ^)n rediiil. poin-
ce jour-là, le nombre des prises à deux et même à une >euie; presque loii-
jours le lendemain on peut revenir aux trois prises.
((L'accroissement hebdomadaire doit être de 15 gr., et il sera poursuivi
04
1010 SÉNEÇON.
jusqu'à ce qu'on parvienne h 120 gr., dose qui sera atteinte à la septième
semaine, s'il n'y a pas eu d'arrêt dans la progression. Pour le huitième
septénaire, on portera la dose à 123 gr., nombre rond. Si, pendant la pé-
riode ascendante, les malaises gastro-intestinaux se renouvelaient plus d'une
fois par semaine, on réitérerait la même dose le septénaire suivant; cela est
rarement nécessaire. Il est bien plus rare encore qu'on soit forcé, par la
persistance des incommodités, de redescendre de 13 gr.
« La dose maximum sera poursuivie pendant six semaines dans un traite-
ment normal, où l'on aura ainsi employé, en trois mois, 1,275 gr. de poudre
de selin. Nous indiquerons plus loin la conduite à tenir ultérieurement.
<(Dans la seconde enfance, de sept à treize ans environ, on débutera par
la dose hebdomadaire de 20 gr., et l'accroissement sera de 10 gr. par se-
maine; on atteindra ainsi, en neuf septénaires, la dose de 100 gr., et, en la
poursuivant pendant cinq semaines, on aura administré en trois mois
940 gr.
« Pour guidé par l'analogie, je propose 10 gr.
les enfants plus jeunes,
comme dose initiale, 3 gr.progression, 50 comme maximum; d'où
comme
résulterait l'emploi de 4 à 500 gr. en un trimestre.
((Lorsqu'après trois ou quatre mois de l'usage du selin, les accès conti-
nuent, mais à des intervalles de plus en plus éloignés ou avec une atténua-
tion évidente dans leur intensité (ce qui est plus rari'), il faut continuer la
médication, tant que l'amélioration va croissant. On changera de remède
quand marche restera stationnaire.
la
(( Encas de succès, le meilleur moyen de prévenir les rechutes, c'est
de continuer, après la suppression des attaques, la médication à la dose
maximum, pendant un temps aussi long que celui qui a été nécessaire pour
obtenir ce résultat. On emploiera ainsi, pour la consolidation, une quantité
supérieure à celle quia été nécessaire pour supprimer les attaques. Il ne faut
jamais terminer la cure, ni h doses décroissantes, ni d'une manière intermit-
tente, si l'on veut éviter les récidives.) »
Boerhaave assure que le suc laiteux de l'herbe a la vertu purgative de la
scammonée et peut lui être substitué.
Cette plante annuelle croît abondamment dans les lieux cultivés, les jar-
dins, le long des murailles, etc. Les vaches, les chèvres et les cochons la
mangent, mais les moutons n'en veulent pas. Les lapins en sont au contraire
très-avides. Les chardonnerets et les serins sont très-friands de cette plante.
llescription. —
Racine petite, blanche. —
Tige tendre, fistuleuse, rameuse,
striée, liante de 30 centimètres environ. —
Feuilles alternes, molles, épaisses, embras-
santes, ailées, un peu velues en dessous. —
Fleurs flosculeuses, jaunâtres, solitaires,
disposées en corymbes, réunies daift un involucre ;\ un seul rang de folioles noirâtres,
entouré de quelques bractées â sa base (tout l'été). —
Fleurons courts, nombreux, her-
maphrodites, à cinq divisions. —
Cinq étamines. Un style. — —
Huit akènes ovales,
longs, bruns, couronnés d'une aigrette simple, molle, sessile.
Culture. — Le séneçon cultivé que n'est dans les jardins botaniques. On le pro-
page de graines. Il vient dans tous les terrains.]
saveur est fade ol herbacée. Il a cependant quelque chose d'acide et m<^iiie d'acre, si
fond du calice.
Celle plante, d'une saveur amère el d'une odeur agréable, est aromatique,
excitante, tonique, carminative, etc. On l'emploie dans la dyspepsie, les
flatuosités, l'aménorrhée par atonie. Je l'ai vu donner avec avantage en in-
fusion aqueuse miellée dans l'asthme humide, les catarrhes chroniques, la
coqueluche, comme l'hyssope, le lierre terrestre cl autres plantes du même
genre. Capuron (2) conseille cette infusion contre la coqueluche.
(Josct (3) a renouvelé ce mode de traitement avec tant de succès qu'il est
tout près de considérer cette labiée comme le spécifique des aflections
spasmodiqucs et convulsivcs des voies aériennes.)
J'ai souvent mis en usage le serpolet comme plante aromatique, qu'il est
facile de se procurer. J'ai vu des gastralgies se dissiper par la seule infusion
de cette plante prise en guise de thé. Elle convient dans tous les cas où il y
a relâchement, débilité, nécessité de solliciter l'action de la peau, d'aug-
menter les sécrétions; c'est un remède populaire contre les flueurs blanches.
On donne le serpolet en infusion (12 à 15 gr. par kilogr. d'eau), et en poudre
(2 à 4 gr.), suspendue dans du vin ou môlée au miel.
Linné al tri bue au serpolet donné en infusion la propriété de dissiper
l'ivresse et la céphalalgie qu'elle cause. Campegius compare cette plante au
musc, et en recommande le suc contre l'hémoptysie et la décoction pour
tuer les vers et exciter les règles. Son huile essentielle est excitante, anti-
spasmodique, emménagogue (6 à 10 gouttes). Les bains préparés avec celle
plante, comme avec toutes les plantes aromatiques^ sont utiles dans la fai-
blesse générale, les rhumatismes chroniques, les scrofules, le rachitis, la
paralysie, etc. Sa décoction est employée en lotion contre la gale, et l'éussit
comme celle de menthe, de sarriette, et en fomentations sur l'œdème, les
infiltrations séreuses, les ecchymoses.
Martineng, de la Seyne, vit, étant médecin à l'armée d'Italie en 1795,
l'aumùnier d'un hôpital arrêler unehémorrhagie nasale qui avait résisté aux
moyens ordinaires, chez une jeune malade de quinze ans, en introduisant
dans le nez de la poudre de serpolet. Ce remède, secret de famille, disait le
bon ecclésiastique qui n'en faisait pas un mystère, s'était montré tout aussi
efficace, pris à l'intérieur, contre les hémorrhagies utérines [A).
'
lteK$cri|itifln. —
Plante bisannuelle. —
Tige striée, glabre, très-rameuse. —
reuill<^s alternes, pennatiséquées. —
Fleurs blanches, en ombelles, à rayons inégaux. —
Jnvolucre el involucelle h folioles peu nombreuses. —
Calice adhérent à limbe presque
mil. — C.orollf a iiii(| jifliilo liiiidcs. — ('.iiuj ('laiiiiiios saillanlr^. — Ovaire infère, sur-
monté de deux styles diveif^ents. — l.e Iriiil est iiii diakène cdmiKi.-^' (le deux carpelles,
(iblong, à eiii(| cotes lililornies.
(Los Iriiils, classés jadis parmi les qiialrc semonces carminalivos, sont
stomachiques, carmiiiatit's, diin cliques; leur eau dislillfi-c faisait autrefois
partie, à la dose de (iO ;\ 90 gr., des potions covdi;iles et stimulantes.)
Cette plante vivace (PI. XXXVIII) croît sur les bords de la mer, dans les
sables, depuis Bayonne jusqu'à Dunkerque, et depuis Antibcs jusqu'à Per-
pignan. Je l'ai souvent récoltée sur les sables maritimes du Boulonnais
(Ambleteuse, "NVimereux, etc).
Dcseriptioit. —
Racines minces, allong('es, blanchâtres. Tiges lameuscs, —
étalées, couchées sur la terre, pliantes, longues de 20 à 25 centimiMres. Feuilles al- —
ternes, longuement pétiolées, réniformes, un peu épaisses, échancrées à la ])ase, d'un
vert un peu foncé. —
Fleurs grandes, solitaires, rosées, rayées de blanc, un peu foncée?,
portées sur do longs pédoncules axillaires niai-juin). Calice à cinq divisions pro- —
fondes, ovales, arrondies. —
Corolle tuhulée, h limbe ouvert légèrement denté. Cinq —
étamines plus courtes que la corolle, à anthères allongées et aplaties. Un style fili- —
forme à stigmate bifide. —
Fruit: capsule biloculaiie à quatre semences arrondies.
Parties usitées. — Les feuilles, la racine, et la résine qu'on en relire.
bctiir pro divino mcdicamento, dit cet illustre médecin (3). Lieutaud en parle
comme d'un purgatif hydragogue peu usité. Ce n'est donc pas à Loiseleur-
Deslongchamps, comme le disent Trousseau et Pidoux, que l'on doit d'avoir
introduit cette plante dans la matière médicale.
Les feuilles en décoction ont un effet infidèle. On doit employer la poudre
des feuilles ou des racines, ou mieux la résine, qui est un purgatif insipide,
et qui, dans tous les cas, peut remplacer le jalap, la scammonée. Les habi-
tants des bords de la mer se purgent avec le suc de cette plante, qu'ils pren-
nent à la dose d'une cuillerée h café à une cuillerée à bouche, suivant l'âge,
dans un bouillon ou dans une tasse d'eau miellée. Buchoz (-4) dit qu'en Pro-
vence on se purge avec un bouillon fait avec un collet de mouton et une
poignée el demie de feuilles de soldanelle. Ferrein regarde cette plante
connue un bon anthelminthique.
La soldanelle ne mérite pas l'oubli dans lequel elle est tombée. Loiseleur-
Deslongchamps a mis hors de doute sa propriété purgative. Sur quatre ma-
lades auxquels il donna les feuilles sèches en décoction, deux ont été très-
bien purgés; les deux autres n'ont éprouvé aucun effet. La racine en poudre
(50 à 60 centigr.) ayant été ensuite administrée par le même praticien à
vingt-quatre malades, ils eurent depuis une jusqu'à douze évacuations
alvines. Treize malades ont pris la teinture (24 à 30 gr.) et dix la résine de
soldanelle (75 centigr. à 1 gr. 20 centigr.); tous ont éprouvé des effets sem-
blables à ceux des meilleurs purgatifs.
J'ai fait un fréquent usage, comme purgatif, de la teinture de soldanelle;
elle m'a tout aussi bien réussi que l'eau-de-vie allemande ou teinture de
jalap composée du (lodex.
Cet arbre se rencontre dans les bois montueux, figure agréablement dans
les jardins jjaysagers et dans les plantations d'ornement, par son port gra-
cieux, par son feuillage léger, élégant, par ses fleurs blanchâtres, et enfin
par ses fruits d'un rouge de corail, recherchés, à l'entrée de l'hiver, par
les grives, les merles, les coqs de bruyère, etc. —
Le sorbier des oiseaux
jouait un rôle important dans les mystères religieux des druides; on en trouve
encore des traces dans les montagnes de l'Ecosse, où on fait passer les mou-
tons, au premier de mai, par un cerceau fait du bois de cet arbre, pour les
préserver d'accidents et de maladies.
Ileiicriiilion. —
Racine ligneuse etbranchue. — Tige droite à branches longues,
à rameaux queiquelois pendants. —
Feuilles alternes, ailées avec impaire, composées de
folioles sessiles, dentées en scie, au nombre de treize, quinze et
ovales, lancéolées,
mAme plus. —
Fleurs d'un blanc âale, disposées sur des pédoncules velus, en corymbes
touffus, axillaires et terminaux (mai-juin). —
Calice un peu campanule, pubescent, à
cinq divisions aiguës. —
Corolle i\ cinq pétaies concaves, arrondis et ouverts en rose. —
vingt étamines courtes et à anthf'res arrondies. —
Un ovaire. —
Trois s'yles terminés
par un sliî;ni;itc, Kniil— Iiaie pulixniso, arrondie, ombiliquéo, d'un rouye biillant,
:
néroKe. — On récolte les fruits quand ils sont niArs, et on les fait séclier avec
soin, ou ou les emploie A l'étal frais.
[Ctiltiire. —
Les sorbiers viennent peu prt^s dans tous les terrains, quoique le
.'i
On mange les fruits dans certains pays quand ils sont bien mCirs. En Allemagne, on
les fait macérer dans Peau miellée pour les rendre plus délicats et plus sahibres. Les
pépins des fruits sont émulsifs à l'état frais, et l'on peut en tirer de l'huile lorsqu'ils sont
secs; l'écorce peut servir au tannage des cuirs et h la teinture en noir, et le bois est em-
ployé par les tourneurs, les graveurs et les ébénistes.
Ray dit que les fruits du sorbier des oiseleurs sont purgatifs et même
émétiques, ce qui est peu d'accord avec l'opinion de Bergius, qui assure
qu'ils sont astringents h l'élat de dessiccation. Leur suc, cuit en consistance
de rob, apaise, dit-on, les hémorrhoïdes. Les Gallois s'en servent contre le
scorbut, où il parait Otre d'une utilité réelle.
cidre. de les mellre dans un tonneau rempli d'eau à moitié ou au tiers, et de les
Il suffit
piquante. La" partie herbacée de la plante est à [leu près insipide et inodore. Elle con-
tient un principe gommo-résineux, de la fécule et un peu d'huile volatile. Suivant Car-
theuser, l'extrait aqueux est inodore, un peu acre; Texlrait alcoolique, faiblement odo-
lant, d'un goût aromatique, mêlé d'amertume. —
Les parfumeurs emploient quelquefois
celte racine dans leurs sachets odorants.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L"i.\TÉRiEur.. — Inlusion
à vase fermé, 30 à Extrait aqueux, niâmes doses.
GO gr. par kilogramme d'oau. Le souchet odorant entrait dans l'eau gé-
Poudre, 1 à 6 gr. dans le vin, en électuaire, nérale, l'eau impériale, l'onguent modifica-
en pilules. tif, etc.
M)Lc.iii:r i.()\(i. 1017
S0rCHI'7r COMKSTIMLK. —
.\ mande dk teure. —
{Cijperus esculentus.) ~
Cette i)lante croit sponlauémenl dans les lieux humides de l'Inde, de
r.\rrique, de rEgy])le, etc. Desfontaines l'a trouvée siw les côtes de Barbarie.
On la trouve en Italie et dans le midi de la France, où elle est pres(iue natu-
ralisée.
lleitcriptioii. — liaciiies menues, (ibreuses, chargées do liilieroulcs arrondis,
d'une couk'iii brune en debois, de la grosseur d'une noisette, remplis d'une substance
blanclie, tendre, létulente. — Tige nue, Iriangidaire, iiaute de /i5 centimètres en-
viron. —i-'enilles radicales, longues, étroites, pointues, carénées, un peu rudes sur
leurs bords, d'un vert glauque. —Fleurs disposées en corymbe terminal ou en ombelle
dense, peu étalée. — Epilets linéaii-es, roussàties, -essiles et ramassés sur un pédon-
cule commun au nombre de cinq à douze, nuuiis d'écaillés imbriquées sur deux rangs.
Parties* usitées. — F^a racine ou rhizome.
Culture, récolte. — La culture de cette plante est facili". Dans un sol préparé,
ameubli cl cliaud, on fait des trous de 15 centimètres de profondeur, où l'on place quel-
ques tubercules; puis on les recouvre de terre. On arrache la plante en automne pour
recueillir les tubercules, que l'on conserve conmie les pommes de terre.
Description. —
Racine blanche, fusiforme, un peu chevelue. Tiges assez —
fortes, dressées, épaisses, rameuses, striées et velues, longues de 30 à 35 centimètres.
— Feuilles alternes, sessiles, glabres, charnues, aniplexicaules, pubescentes, verdàtresj
celles du bas assez grandes, en l'orme de spatule, les supérieures plus petites et presque
lancéolées. —
Fleurs d'un jaune oi'angé, grandes, solitaires, terminales, et portées sur
de longs pédoncules (juin-septembre). Calice commun, velu. —Fleurons du centre —
quinquéfides, mâles et stériles; les moyens hermaphrodites et fertiles; demi-fleurons de
la circonférence femelles et fertiles. —
Cinq étamines syngénèses, Un style à deux —
stigmates. Fruits— membraneux, aigus, irréguliers, courbés en anneaux, concaves en
:
[Culture. —
Quoique le souci soit originaire du midi de l'Europe, il s'est natura-
lisé à peu pi es partout Le souci des vignes est très-commun dans les terres cultivées.
On les propage l'un et l'autre par graines ou par éclats de pieds.]
Le souci, dont la médecine moderne fait h peine usage, et auquel les gens
de la campagne accordent par tradition mille propriétés plus merveilleuses
les unes que les autres, a été considéré comme stimulant, antispasmodique,
sudorifique, emménagogue, fébrifuge, fondant, etc. Peyrilhe le regarde
comme un peu narcotique. On l'a employé dans l'aménorrhée aslhénique,
l'hystérie, la chlorose, l'ictère, les engorgements chroniques des viscères
abdominaux, vu mettre en usage
les scrofules, les fièvres intermittentes. J'ai
avec succès, contre les afleclions scrofuleuses, la décoction de houblon et de
feuilles fraîches de souci. On administrait en même temps le suc de souci
mêlé avec autant de vin blanc le malade prenait de ce mélange chaque
:
Deseriptiou. —
Elle a beaucoup de ressemblance avec le souci des jardins. —
Tige moins élevée. —
Feuilles lancéolées et non spatulées comme celles de ce dernier.
— Fleurs moins grandes, moins nombreuses, d'un jaune moins foncé (juillet-septembre).
— Fruits du milieu arqués, creusés en nacelle d'un côté, hérissés d'aspérités sur le dos,
et renfermés dans des espèces de capsules membraneuses et convexes :ceux de la cir-
conférence plus longs, et souvent prolongés en pointe bifide.
Les propriétés de cette espèce sont analogues à celles du souci des jardins.
Ses fleurs passent pour cordiales, sudoritiques. aniiscrofuleuses. emména-
goyues et fundaulcs. «Ou regarde, dit lîéviii (1), comme un moyen sûr
d'entretenir la fonte .siippuratoire des ulcères scrofuleux, la tisane de souci
des vignes et l'usage de l'extrait de ciguë. » (Kn Allemagne, on l'emploie
encore communément dans ces mêmes cas.)
Récolte. — On recolle le spilanthe alors que les capitules sont bien formés.
CtiltBire. —
Le spilantlie exige une exposition chaude ; il croît dans tous les sols,
mais préfère une terre sablonneuse et légère. On le sème en place au printemps, ou
il
sous cloche, lorsqu'on veut hâter la récolte. On repique les jeunes plants lorsqu'ils sont
assez forts. Il faut arroser fréquemment. Il se resème souvent lui-même, lorsqu'il trouve
un sol convenable.
Propriétés I»1tysiqiie.«i et cltimicgeies. —
Le cresson de Para est ino-
dore; mais loi'squ'on le froisse, il répand une odeur fort aromatique; sa saveur est Irès-
âcre. D'après Lassaigne. il contient une liuile volatile acre, une matière gommeuse, de
l'extractif, de la cire, une matière colorante jaune et divers sels.]
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES.
Les feuilles s'emploient vertes; sèclies, elles 1 do l'alcool à 33 degrés; l'alcoolat est obtenu
ont peu d'action. L'alcoolé se prépare avec par la macération et la distillatioa de l'alcool
les fleurs récentes que l'on fait macérer dans 1 à 32 degrés sur les sommités fleuries.
Cette plante annuelle (PI. XXXVIII) croît naturellement dans les lieux sa-
MoniKMix ('( iiiaritintu's du midi ûo la France. Thi la trouve flans les environs
«le Montpellier.
IleMCl'ilition. — HaciiH' pivolanle. — 'liges dressées, un peu rameuses, velues
et arioiulics. — Feuilles alternes, grandes, pdioliVs, incisées en lobes divergents, lan-
céolées, aiguës. — Flfurs grandi's, d'un I»!eii plus ou moins foncé, disposées en grappes
terminales, lâches, (piehiuel'ois même un peu rameuses (juin-juillet). — Calice pubescent
à cin(| sé|)ali's pelalilornv s, velus, iin'gau\, le supi-rieur lerniiué- ;\ sa base par un éperon
court et recouibé. —
Corolle à quatre pétales irré-giiliers, dont deux épcronnés. —
Ouin/.e vingl elamines, souvent plus.
i^i
—
Trois o\aires. —
'l'rois styles à stigmate
simple. —Fruil colliposé de trois i'ollicules contenant cliacuni' plusieurs graines lenti-
culaires, Irigones, irré'^uliéres, rugueuses, cliagrinécs, d'un brun roiigeàtre, et tellement
comprimées entre elles qu'elles senddent n'en l'oiiner qu'une,
PartieM iiMil^'es. — La semence, connue sous le nom de graine de capucin.
ISécoKe. — Ces graines se récoltent à leur maturité. On les trouve dans le com-
merce; elles sont ridées, brunes, anguleuses, rudes au loucher, coiubées.
jCiiltiire. — La slaphysaigre, quoitpiedes régions méridionale> de l'Eu-
originaii'C
rope, vient à peu pn'S partout. On ne la cultive que dans les jardins Jjolaniques. On la
sème en terre tiès-légère dans des pots ou dans des terrines aussitôt après la maturité
des giaines; on repique au printenip.s.]
PropriéléM pliysiqucK et cliiiiiiqiies. —
I/odeur do la semence de cette
planta' est désagréable, sa saveur amère, Irés-àcre et brûlante. Kilo contient, d'après
Lassaigne et Feneulle, un principe amer brun, une huile volatile, une huile grasse, de
l'albumine, une matière animalisée, du muco-sucré, une substance alcaline organique
nouvelle qu'ils ont nonunée tlelpldne ou delphiniiie, un principe amer jaune, des sels
minéraux, Ilolscliaiger a découveit dans celte semence un acide volatil; il est blanc,
cristallisé, irritant, et, sans doute, analogue à la lualière àci'c coimnune aux renoncu-
lacées (acide anémonique).
I-a delphine (C-'H'^ AzO*), principe aclil' de la semence de slaphysaigre, est une sub-
stance blanche, inodore, d'un(> saveur d'abord amère, puis acre (pulvérulente, cristal-
lisant difTicilomenl, à peine soluble dans l'eau, se dissolvant dans l'alcool et l'éther.
Gowerlee a étudié sous le nom de slapinjsain le résidu de la prépara;ion de la delphine).
Culture. — Les statices ne sont cultivées que dans les jardins botaniques ou d'agré»-
ment. On les propage de graines ou d'<^clals de pied.
Propriétés physiques et eliiniiques. — Les racines des statices pos-
sèdent une savpur amèro, astringente. Elles sont riches en tannin. Les feuilles le sont
moins.]
(Les stalicos, peu employées, ^(jnvicnnent dans tons les cas où l'on a be-
soin d'avoir reeonrs an.\ aslrin^'cnls modérés. Kbers (1) ii'f^arde le .S', arme-
lia comme un diurétique puissant, à la dose de .'JU gr. en décoction dans
500 gr. d'eau.)
sine, 12 ;
Brandes, en analysant celle planle, a trouvé dans les teuilles et sur-
sels, 23.
tout dans les semences un principe actif alcaloïde combiné avec l'acide maliqiie, auquel
il a donné le nom de ddturine, et qui se rapproche beaucoup de l'atropine. Il y a trouvé
se distinguent un peu par leurs propriétés physiologiques. De plus la daturine n'est pas
précipitée par le chlorure de platine, et le précipité qu'elle forme avec le chlorure d'or
est blanc; tandis que l'atropine précipite en jaune par le chlorure d'or, et en Isabelle
par le chlorure de platine.]
(On a signalé dans le stramonium un autre principe, la slinmonine, qui n'a pas été
suffisamment étudié.)
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A l'intérieur. —
Infusion et décoction, 20 à Extrait féculent, 2 cenligr. à 2 gr. progressi-
50 centigr. pour 125 gr. d'eau. vement.
t'oudre de feuilles, 5 à 30 centigr. dans les (Sirop (teinture, 75 gr.; sirop de sucre, lOQO
vingt-quatre heures. On peut aller progres- gr.), par cuillerées à café.
sivement, suivant les cas, jusqu'à 1 gr. — Cigarettes de stramoine ( Coriex de 1866,
Peu usitée. p. 655) : elles contiennent 1 gr. de feuilles
Suc exprimé, 30 centigr. à 1 gr., en potion, à sèches.)
prendre dans les vingt-quatre heures.
Mcoolature. —
Teinture alcoolique de feuilles A l'extérieur. —
Extrait, fréquemment em-
ployé par la méthode endermique, 20 cen-
fraîches (feuilles récentes, alcool à 90» ââ),
tigr. à 1 gr.
de 10 centigr. à 1 gr., en potion.
Teinture de feuilles sèches ;i de feuilles sèches Pommade (1 sur 4 d'axonge), en onctions, sur
sur 5 d'alcool à 21 degrés), mêmes doses.
un vésicatoire, etc.
Teinture avec le suc (1 de suc filtré sur 1 d'al-
Poudre (2 gr. par 500 gr. d'infusion aroma-
tique), pour frictions, fumigations, injec-
cool à 35 degrés), mêmes doses.
tions, etc.
'teinture éthéréc (1 de semence sur /j d'étlier
Teinture éthéréc, en frictions.
sulfurique), mêmesdoses.
Huile (feuilles fraîches, 1 partie; huile d'olive,
N'in de semences (2 sur 8 de vin de Malaga et
2 parties).
1 d'alcool rectifié à 35 degrés), 25 centigr.
Suc, quelques gouttes dans les collyres cal-
à 1 gr. Bonne préparation (Pharmacoi)ée
mants.
batave).
Emplâtre (9 parties d'extrait alcoolique, 2 par-
^Extrait avec le suc des feuilles à l'époque de
ties de résine élémi et 1 partie de cire
la floraison.) (Codex de 1866, p. 437.)
blanche).
Extrait alcoolique (1 de feuilles sèches sur
Décoction, en lotions, fomentations, bains,
6 d'alcool à 60 degrés), 2 à 60 centigr. pro-
cataplasmes, etc.
gressivement.
Feuilles, en fumée, en cigarettes.
'Extrait alcoolique de semences (1 de semences
sur 6 d'alcool à 90 degrés (l.odex de 1866, La stramoine entre dans le baume tran-
p. 446, de 1 à 5 centigr.) quille.
Observations. —
On emploie ordinairement l'extrait ou la teinture. La préparation de l'ex-
trait exige beaucoup de soin pour conserver le principe actif de la plante; l'extrait des se-
mences est plus énergique que celui des feuilles. 11 peut encore varier suivant le climat, l'ha-
bitat ou certaines causes inexplicables, et qu'il faut se contenter d'admettre comme démontrées
par l'expérience. Ainsi, Greding rapporte que l'extrait de Vienne, que lui avait envoyé Storck,
exigeait une dose trois fois plus fo/te que celui de Leipzig pour produire le même effet.
(les sueurs ou un llux d'uiiuc abondant, quand il n'y a pas diarrhée, une
con{,'Cslion sanj,'uiuc vers la lùte dès lors, rougeur de la face, vivacité des
:
yeux, perversion de l'action des organes des sens, aberrations dans les per-
ceptions, idées lantasliqucs, dilatation des pupilles, engourdissement de
tous les muscles soumis à la volonté, agitation. —
A plus ibrle dose encore,
elle détermine une soif ardente, un senliment de strangulation, des douleurs
cardialgiques, la luméfaclion de l'abdomen, une sorte d'ivresse, un délire
furieux ou des gesticulations bizarres, des convulsions ou le coma, quelque-
Ibis la paralysie des meml)res, la perte de la voix, la petitesse et la vitesse
du pouls, des sueurs froides, et la mort. On trouve l'estomac rouge et le
cerveau fortement injecté, contenant des grumeaux de sang.
Quand le malade a pu résister à l'action du poison, après douze, quinze
ou vingt heures de durée, les symptômes se dissipent peu i\ peu; mais il
en est qui persistent plus ou moins longtemps, tels que la dilatation des
pupilles et l'obscurcissement de la vue, la perte de la mémoire; l'aliéna-
tion mentale, la paralysie des paupières, la faiblesse et le tremblement
des extrémités inférieures se prolongent souvent des mois et môme des
années.
Il est diflicile de préciser la dose h laquelle la stramoino peut produire
Je fus appelé, au mois de mai 1830, pour voir une petite fille atteinte de
la coqueluche, à laquelle un jeune médecin avait fait prendre un sirop con-
tenant de l'extrait de stramonium. Cette enfant, âgée de vingt mois, avait les
yeux immobiles, les i)upilles dilatées et la tête agitée d'un mouvement latéral
vif et continuel; le pouls était petit et concentré, les membres tremblants.
Je lui prendre assez difficilement de l'eau tiède sucrée et émétisée
fis
peu. GiO(lin{4 fait observer (I) qiu' les malades d'Odhélius (^tant promple-
inent surlis de l'hôpital, il était impossible de rien afdrmer sur la f,'iiénson
d'une maladie dont les accès laissaient quehpiefois entre eux un grand in-
tervalle. Il résulte des diverses obsei'vations rapportées par les auteurs que,
dans un certain nombre de cas d'épilepsie où il n'y a pas eu guérison, la
maladie a été avantageusement modifiée les accès étaient remplacés par
:
1« Les principaux narcotiques (opium et ses principes, jusquiame, datura stramonium, bel-
ladone et mandragore), considérés en masse, guérissent environ la moitié des individus atteints
de folie curable, et se bornent à produire une guérison passagère ou une simple amélioration
dims le quart, à peu près, des cas.
2" L'opium et ses principes sont les substances narcotiques qui, comparativement, ont le
plus de puissance curative elles guérissent dans les deux tiers des cas environ, et dans un
:
moins de moitié des cas; mais, en revanche, elle amène de l'amélioration dans un qiiart en-
viron.
5" Le datura stramonium et la mandragore marchent sur la même ligne :ils guérissent dans
un quart des cas, et améliorent dans environ la moitié.
6" La jusquiame et le datura stramonium guérissent au bout d'un intervalle un peu plus
court que l'opium, le chlorhydrate de morphine et la belladone.
7'^ Les narcotiques considérés en masse guérissent dans les sept huitièmes des cas de délire
1028 STRAMOINE.
L'emploi des fouilles de stramonium en fumigation contre l'asthme est de-
venu populaire. On les fume en guise de tabac. «L'incontestable efficacité de
ce médicament dans l'asthme, disent Trousseau et Pidoux, le place au rang de
ceux sur lesquels la thérapeutique peut le mieux compter. » Ces médecins
ont employé le datura avec un succès très-remarquable dans deux cas
d'asthme essentiellement nerveux, intermittent et dune extrême intensité.
((C'est donc dans cette forme particulière de l'asthme que le datura réussit
le mieux; mais il s'en faut qu'il guérisse toujours, même dans ce cas; nous
avons souvent réussi, mais aussi nous avons souvent échoué, et quelquefois
aussi, dans l'asthme spasmodique non intermittent qui cède en général
moins bien au datura, nous avons vu ce médicament calmer les accidents
avec autant de rapidité que dans l'asthme nocturne. Ce moyen est encore
employé avec avantage pour calmer la toux et la dyspnée des phthisiques,
des malades atteints de catarrhe et de maladie de cœur, lorsqu'ils éprouvent
de temps en temps de l'oppression, que l'on doit rapporter à une modification
nerveuse plutôt qu'aux lésions organiques graves que l'on a pu constater chez
eux Les inspirations de vapeur d'eau chaude chargée de datura stramo-
nium conviennent aussi, mais sont loin d'être aussi actives; elles ne peuvent
d'ailleurs être employées quand la suffocation est extrême, car elles aug-
mentent momentanément les accidents dyspnéiques Quant à l'admi-
nistration interne de ce médicament, dans le cas de dyspnée, nous n'avons
jamais eu à nous en louer. «
Les bons effets du datuia stramonium dans l'asthme ne font plus doute.
English rai)porte (1) que, sujet à des accès d'asthme extrêmement violents
que rien ne soulageait, il fut guéri immédiatement enfumant du datura stra-
monium. Krimer (2) cite cinq cas d'asthme guéris. Meyer (3) l'a employé
avec le môme succès. Christie, Reid, Ripton, ont également publié des faits
favorables à l'emploi de ce médicament. Laënnec en faisait usage dans les
dypsnées. Martin-Solon, Andral, Cruveilher, se louent aussi des bons effets
qu'ils en ont obtenus en s'en servant de la même manière.
M. T., dit Lefcbvrc (i), qui a expérimenté cette plante sur lui-même, ne
saurait lui donner trop d'éloges; il fume les feuilles de stramonium sous
forme de cigarettes, et il dit que c'est au moment où on éprouve une sorte
de vertige que le soulagement commence à se manifester; l'influence de cet
agent se borne à modifier l'accès contre lequel on l'emploie, il n'a aucune
action sur le paroxysme suivant, qui, dit-il, n'en arrive pas moins avec toute
son intensité. Le temps n'a fait que confirmer à mon confrère M. T. les avan-
tages qu'il lui avait reconnus pour arrêter instantanément le développement
général et dans un peu plus du tiers des cas de délire partiel. Les narcotiques considérés en
particulier, du moins l'opium et ses principes, la jusquiame et la belladone, se comportent, à
peu de chose près, de la môme manière.
8° Sous le rapport des doses à administrer, l'opium, le chlorhydrate de morphine et le da-
tura stramonium marchent à peu près sur la même ligne.
Pour produire les mêmes effets curatifs, il faut donner la jusquiame et la belladone à des
doses doubles, et la mandragore à des doses triples.
9' Les doses doivent être en général graduellement élevées jusqu'à ce qu'il survienne des
phénomènes psychiques d'intoxication, car la guérison ou l'amélioration ne survient, dans la
majorité des cas, que sous Tinfluence de ces phénomènes. Dès qu'on voit le délire redoubler
ou tendre à se généraliser, il faut alors suspendre l'emploi de la médication, sauf à y revenir
ultérieurement, si l'influence favorable de l'intoxication n'a point eu lieu du premier coup.
10" Les phénomènes psychiques d'intoxication sont plus facilement produits par l'opium, le
chlorhydrate de morphine et le datura stramonium que par la jusquiame, la belladone et la
mandragore et ceux que déterminent ces trois derniers narcotiques influent moins que les
;
des accès d'asthme; seulement il l'emploie pur et sans mélanfi;c avec le tabac.
Un auliv médecin (le mes amis, (|ui est aslhmalitiiic d('[)ui.s plus de quarante
ans, ne >'esl décidi'' ù y iTcourif ([uc dans (cs dciniÎMCs années, et il le vante
avec entliniisiasme La meilleure manière de l'administrer consiste h
hacher les l'euilles comme on lait du tabac, à en charger des pipes ordi-
naires, ou mieux encore h CB faire des cigarettes en papier, à la manière
espagnole. On doit se borner d'abord à une ou deux pipes ou cigarettes,
pour augmenter i)lus ou moins vite, suivant le résultat. Il est rare que le
soulagement ne se manil'cstc pas irès-promptement. Quelques asthmatiques
se boi'ueiU à fumer le siramoninm hjrsqu'ils ressentent les avant-coureurs
d'un accès, qu'ils parviennent ainsi ù enrayer... Plusieurs médecins eonseil-
Jenl de ne prescrire ce médicament qu'après s'être assuré qu'il n'existe
aucune phlogose j)uImonaire. »
(Les malades se plaignent souvent de l'abondante fumée que dégage le
stramonium; on peut facilement y remédier en arrosant i kilogr. de feuilles,
par exemple, avec une solution (le 100 gr. de nitrate de polasse.)
^^eyer recommande de commencer jjar une demi-pipe, surtout pour les
persomies non habituées ;\ la fumée de tabac, les femmes surtout, et de
cesser au bout de quinze jours si ce moyen ne soulage pas. On peut aug-
menter graduellement jusqu'à deux pijies par jour, ou jusqu'à produire le
vertige.
(Dans ces derniers temps on a proposé plusieurs papiers, cigarettes,
,
230 gr. d'alcool, dont la dose est de 8 à 12 gouttes par jour, en augmentant
progressivement jusqu'à ce qu'il survienne du malaise et des étourdisse-
ments; 2° d'une pommade composée de deux parties d'axonge sur une de
feuilles de stramonium, qu'on fait cuire à un feu modéré. Lorsque la tête se
perd par l'effet de la teinture, on cesse l'usage de cette dernière pour se
borner à des frictions sur la partie douloureuse avec cette pommade. L'au-
teur rapporte un grand nombre de cas de guérison par ce double moyen.
Van Nuffel (8) guérit un manouvrier atteint depuis longtemps de douleurs
intolérables à l'épaule droite, en lui administrant par cuillerées d'heure en
(1) Journal complémentaire des sciences médicales, t. VIII, p. 18, et t. XI, p. 176.
(2) Bulletin des sciences médicales de Férussac, t. XI, p. 197.
(3) Medico-chirurgical trans. of London, 1816, t. VIII, et Journal universel des sciences mé-
dicales, t. XVI, p. 107.
(4) Bulletin de thérapeutique, 1837.
(5) Nouveau Journal de médecine, décembre 1819.
(6) Journal de chimie médicale, 1827, t. III, p. 550.
(7) Revue médicale, t. XI, p. /iG9.
moins de huit jours la douleur avait disjjaru. Il prit en tout 14 décigr. d'ex-
trait à l'intérieur et 12 gr. en l'rietions. « De tous les remèdes que j'ai em-
ployés pour eondKitlre le rhumatisme chronique, je n'en ai point trouvé de
plus eliicace, dit Kirckholl" (I), que la pomme épineuse, dont je ne cesse de-
puis [)lusieurs années d'obtenir les meilleurs effets. Je l'administre, à l'inté-
rieur, sous l'orme d'extrait préparé avec les feuilles, en commençant i)ar un
grain (5 centigr.) pour vingt-quatre heures, dose que j'augmente journelle-
ment et par gradation jusqu'à ce qu'il se manileste de la sécheresse à la
gorge, des vertiges et la dilatation de la pupille. J'emploie également à l'ex-
térieur, sm- les parties douloureuses, de légères frictions avec la teinture de
stramoine, ou bien les feuilles de celte plante en cataplasme et dans les
bains chauds. A. Lebreton, de Paris, a préconisé la méthode suivante dans
les rhumatismes articulaires ou interarticulaires aigus il donne l'extrait de
:
(La Daturine est beaucoup moins employée que l'atropine, dont elle par-
tage les propriétés physiologiques et thérapeutiques (voyez p. 142 et 182).
Jobert de Lamballe (1) la préfère comme agent mydriatique. Les principales
raisons de cette préférence sont pour le collyre de daturine l'absence de
douleur à son contact avec la conjonctive et l'action perturbatrice moins
grande sur la vision. On a employé la daturine en injection hypodermique
à la dose de 1 trentième de grain pour 4 gouttes d'eau. Il y a pour ce mode
d'introduction des médicaments un engouement très-naturel, mais qu'il ne
faudrait pas, nous le pensons, porter trop loin. Nous hésiterions beaucoup à
tenter des essais de ce genre avec l'alcaloïde qui nous occupe.)
mais aussitôt que sa tige rencontre un arbre, il s'y cramponne par des su-
çoirs radiciformes, et s'élève graduellement contre son tronc il devient :
radicans.)
Description. — Racinos nombreuses, se fixant sur les arbres par de
latérales,
petits suçoirs. — Tiges rampantes en rameaux nombreux et grimpants, par-
et divisées
venant quelquefois jusqu'au sommet des arbres. —
Feuilles alternes, longuement pé-
tiolées, à trois folioles pédicellées, minces, ovales, dont deux latérales à court pétiole et
une impaire. —
Fleurs d'un vert blanchâtre, dioïqucs, disposées \ers l'extrémité des
rameaux, en grappes courtes, latérales, axillaires, glabres, peu ramifiées (juillet-août),
— Fleurs niàles plus grandes que les femelles et sur des pieds différents, composées
d'un calice très-petit à cinq divisions. —
Corolle à cinq pétales allongés, obtus. Cinq —
étamines courtes et saillantes à antlières très-petites. —
Fleurs femelles un ovaire :
mant un noyau dans lequel se trouve une petite graine globuleuse et osseuse.
de 4 et 8 gr. chaque fois. (Cette prépara- teinture; car, faite avec parties égales d'al-
tion doit être faite avec la plante fraîche.) cool et de feuilles fraîches triturées, elle
Sirop (2 de teinture sur 7 d'eau et 25 de su- contient un principe acre, mais fugace.)
cre), de 15 à 30 gr., en potion. Poudre, 6 décigr. par jour en plusieurs prises.
Teinture, 4 à lO gouttes dans 60 gr. d'eau (Bréra.)
toxicodendron est celle qui se dégage à l'état de gaz lorsqu'il ne reçoit pas
les rayons directs du soleil; 2" qu'elle agit comme les poisons acres; 3" que
l'extrait aqueux de cette plante, administré à l'intérieur ou appliqué sur le
tissu cellulaire, détermine une irritation locale suivie d'une inflammation
plus ou moins intense, et qu'il exerce une action stupéfiante sur le système
nerveux après avoir été absorbé; 4" qu'il paraît agir de la même manière
quand il a été injecté dans la veine jugulaire.
(A dose thérapeutique, l'estomac est très-légèrement excité, les urines et
la transpiration deviennent un peu plus abondantes. Dufresnoy a observé
que les malades, après un certain temps de l'usage des préparations de su-
mac, étaient plus gais, plus satisfaits des autres et d'eux-mêmes.)
Selon Trousseau et Pidoux, il ne résulte de son administration aucun in-
convénient; -les fonctions digestives ne sont pas troublées, et elles acquiè-
rent au contraire plus d'activité. Ils ajoutent qu'il ne se manifeste aucun
phénomène nerveux, si ce n'est quelquefois un spasme de la vessie, qui fait
éprouver aux malades un besoin fréquent d'uriner, une sorte de ténesme
vésical; mais cet inconvénient cède promptement à l'emploi de lavements
et de bains généraux. Toutefois, il ne faut jamais, sans précaution^ ainsi que
le fait judicieusement remarquer Giacomini, se permettre de prescrire une
forte dose d'extrait tiré d'une plante vénéneuse, malgré l'inefficacité des
doses ordinaires indiquées dans les bons traités de thérapeutique.
Dufresnoy, professeur de botanique à Valenciennes, publia en 1788 des
guérisons de paralysies, soit récentes, soit anciennes, par l'usage de cette
plante. Depuis cette époque, Van Baerlen, Rumpel, à Bruxelles; Poutingon
et Gouan, à Montpellier; Alderson, Kellie et Duncan, en Angleterre, ont
employé ce végétal avec succès, surtout dans le traitement de la paralysie
des membres inférieurs. Givesius (4) dit avoir guéri par ce moyen quatre
malades sur cinq. Il est à remarquer que c'est particulièrement dans les cas
où cette maladie est due à la débilité générale, au rhumatisme ou à la
goutte, et non lorsqu'elle est le résultat d'une lésion cérébrale apoplec-
tique.
Bretonneau (5) assure avoir retiré de bons résultats de l'emploi du rhus
radicans dans les paralysies consécutives à des commotions traumatiques de
la moelle épinière ou à des affections n'entraînant pas de lésion organique.
Ce médecin se sert de l'extrait préparé avec le suc non dépuré de la plante.
On met les feuilles mondées dans un mortier de marbre, et on les pile avec
un pilon de bois, en y ajoutant une petite quantité d'eau. On exprime et l'on
évapore le suc en couches minces sur des assiettes, à la chaleur de l'étuve. Le
rompre, contenant un noyau très-petit, avec une cicatrice d'un côté, très-difficile à
rompre.
Parties Msitées. — L'écorce, les feuilles, les fleurs et les fruits.
Propriétés physiques et cliintiiiues ; usages économiques.
— Ce sumac contient une grande quantité de tannin (de 16 50 à 13 pour 100).
(Wagner.)
(Suivant Stenliouse, ce tannin est le même que celui des galles, mais diffère de celui
du chêne rouvre. D'après Wagner (1), au contraire, le tannin du sumac est identique à
celui du hêtre, du chêne, etc., il le nomme lannin physiologique, parce qu'il se trouve
à l'état normal dans la plante. Mais la plante qui nous occupe peut aussi être piquée
par un cynips et porter des galles, qui alors fournissent le tannin qu'il appelle patholo-
gique, et qui diffère chimiquement du précédent. De plus, le tannin physiologique seul
forme du cuir pouvant résister à la putréfaction.)
Les feuilles, qui sont amères, acides au goût, servaient au tannage des cuirs chez les
anciens, et sont encore employées à cet usage dans la Grèce, dans le Levant, en Pro-
vence, etc. En Espagne et en l^ortugal, on coupe tous les ans les rejetons; on les fait
sécher, et on les léduit en poudre^ au moyen d'une meule verticale, pour la tannerie et
la teinture. La couleur que ce végétal donne est d'un jaune un peu verdàtre. Il colore les
étoffes de coton, passées à un mordant tel que l'acétate d'alumine, en jaune très-solide.
Les Egyptiens mettaient les graines de sumac dans les sauces pour les aciduler, ainsi que
cela se pratique encore en Turquie, ce qui a valu h cet arbrisseau le nom de Vinaigrier.
Au pays des Ottawey, en Amérique, on ajoute des feuilles de sumac au tabac, pour lui
donner une odeur agréable.
Ce sumac est un tonique astringent. La décoction de ses feuilles ou de ses
fruits est employée dans les diarrhées et les dysenteries chroniques, les hé-
morrhagies passives, le scorbut. L'extrait aqueux des fruits, à la dose de 8 à
15 gr., est plus actif. Pellicot {in Mérat et Delens) a donné la poudre des
feuilles comme fébrifuge, depuis 13 jusqu'à 24 gr. par jour, dans sept cas
de fièvres intermittentes, et pour toutes avec succès. Un tel résultat m'a en-
gagé à employer ce moyen. A la dose de 13 gr., il a produit des nausées,
des efforts de vomissement, sans résultat appréciable, dans deux cas de
fièvre tierce. Prise dans une forte infusion de feuilles de calcitrape et de ra-
cine d'angélique, la poudre de feuilles de sumac m'a réussi dans trois cas de
fièvre tierce, sans produire ni nausées ni vomissements. Chez les trois ma-
lades, l'accès a disparucomplètement après la deuxième ou la troisième
dose du médicament, portée pour l'un d'eux à 24 gr. à cause de la plus grande
intensité des symptômes.
A l'extérieur, la décoction des feuilles ou des fruits est employée en gar-
garisme dans l'angine lonsillaire, le gonflement et l'ulcération scorbutique
des gencives, la stomatite, etc.
Cet arbre croît naturellement dans les haies. Il se plaît dans les terrains
gras et frais, etc., où il peut s'élever jusqu'à la hauteur de (> ;\ 9 mètres. Sa
culture comme ornement a produit des variétés à feuilles découpées {S. la-
ciniatn, Mill.), panachées, à fruits verts, blancs, etc. Nous citerons encore
le sureau à grappes {S. raccmosa). L'ombrage du sureau est, dit-on, nui-
sible à cause de son odeur forte. On dit que les baies tuent les poules, et que
les fleurs sont funestes aux dindons. Les bestiaux ne mangent pas les feuilles
de cet arbre; les chenilles ne les attaquent pas non plus; aussi a-t-on con-
seillé, pour en préserver les fruits et les plantes oléracées qu'elles dévorent,
de placer autour de ces productions des rameaux de sureau chargés de leurs
feuilles et de leurs fleurs. Ces dernières, mises dans les bardes de laine, les
préservent des teignes.
De8cri|i(ion. —
Racine d'un bianc jannàtre. —
Tiges droites, cylindriques, de
3 à fi mètres quelquefois plus, à écorce de couleur cendrée, à rameaux verdùlres,
et
fisluleux, remplis d'une moelle tres-blanclie. —
Feuilles pétioiées, opposées, d'un beau
vert foncé* ailées avec une impaire, à cinq ou sept folioles, ovales-lancéolées et dentées
en scie. —
Fleurs petites, blanchâtres, très-nombreuses, odorantes, disposées en co-
ryrabes terminaux et ombellifornics (juin-juillet). —
Calice petit, glabre, à cinq décou-
pures. —
Corolle monopétalc à cinq lobes concaves, obtus. —
Cinq élaraines alternant
avec les lobes de la corolle et terminées chacune par une anthère jaune. Trois stig- —
mates sessiles. —
Fruits baies succulentes, presque globuleuses, rouges d'abord, puis
:
Parties usitées. — Les fleurs, les feuilles, les baies, l'écorce intérieure des
branches et celle de la racine.
Récolte. — Les fleurs doivent être récollées vers la fin de juin, lorsqu'elles sont bien
épanouies. Il promplement, et les placer h Tabri de l'humidité, afin
faut les sécher
qu'elles soient d'un beau blanc avec une légère teinte jaune. Quand elles sont séchées
trop lentement ou exposées à l'humidité, elles contractent une couleur brune qui en
diminue la qualité. Les baies se récollent en automne, la seconde écorce un peu avant la
floraison. On obtient celle-ci en raclant légèrement avec un couteau l'épiderme gris, puis
en enlevant par lambeaux l'écorce verte qui est dessous. Il faut l'employer fraîche, car
la dessiccation lui fait perdre ses propriétés. Pour la seconde écorce de la racine, on
prend les racines de 1 1/2 à 2 centimètres 1/2 de diamètre, comme plus succulentes; on
les dépouille du tissu cellulaire extérieur et de l'épiderme, en les frottant avec un linge
rude; on enlève ensuite toute la partie charnue pour la piler et en retirer le suc. Celle
racine brunit par la dessiccation. Son odeur est à peu près celle de la racine de réglisse,
sa saveur douceâtre.
[Culture. — Le sureau commun pousse partout. On s'en sert souvent pour faire
des haies. On le propage de boutures, d'éclats de pied ou de drageons.]
Propriétés physiques et cliiniiques; usages économiques.
— L'odeur des feuilles de sureau, lorsqu'on les froisse, est très-désagréable; les fleurs
exhalent à l'état frais une odeur nauséeuse et comme fétide pouvant incommoder les
personnes qui y restent longtemps exposées. A l'état sec, leur odeur est plus faible et
moins désagréable; leur saveur est amère. Elles contiennent, d'après Eliason (1), de
l'huile volatile, du soufre, du gluten, it l'albumine végétale, de la résine, un principe
vant les acides auxquels on le soumet, ce qui permet de les distinguer. En Angleterre,
on prépare une sorte de vin avec les baies de sureau, que Thomson (1) dit être épais et
narcotique, et dont on retire près du dixième d'alcool. Ces baies servent à la teinture des
peaux en violet; on en teint les cheveux, ce que l'on faisait déjà du temps de Pline. Les
oiseleurs tirent un grand parti de ces baies, pour attirer et prendre dans des filets les
oiseaux, qui en sont très-friands.
Les semences du sureau contiennent de l'huile grasse, que l'on peut extraire par
ébullition dans l'eau, à la surface de laquelle on la recueille.
La seconde écorce de sureau, qui est la partie usitée en médecine, a d'abord une sa-
veur douceâtre, puis acre et nauséeuse. Kramer (2) a trouvé dans cette écorce de :
l'acide valérianiquc, des traces d'une huile volatile, de l'albumine végétale, une résine,
un corps gras acide contenant du soufre, de la cire, de la chlorophylle, de l'acide tan-
nique, du sucre de raisin, de la gomme, une matière extractive, de l'amidon, de la
pectine, du malate de potasse, du sulfate de potasse, du chlorure de potassium, du
phosphate de chaux, de la magnésie, de l'acide silicique et de l'oxyde de fer.
Le bois du sureau est cassant, creux dans les jeunes tiges, qui sont remplies d'une
moelle légère, blanche, spongieuse, appelée médalline; le pied et les parties dures ser-
vent à faire des peignes, des boîtes, etc. qui ont la couleur et presque la dureté des
,
resouitii, etc.
de vin blanc, vingt-quatre à quarante-huit j
vincs répétées, vertiges; mais ces symptômes n'ont jamais entravé la conti-
nuation du traitement.
La seconde écorce de sureau a été employée en décoction et en cata-
plasme comme résolutif et détersif. Une religieuse m'a assuré avoir toujours
traité la teigne avec succès au moyen d'une pommade faite avec cette écorce
fraîche pilée et bouillie dans l'axonge. Elle étendait cette pommade sur des
feuilles de bardane qu'elle appliquait tous les matins sur la tète après avoir
mis à nu le cuir chevelu au moyen de cataplasmes émollients, et regardait
onguent populeum, 16 gr. mêlez. On doit en oindre l'anus quatre fois par
;
jour, à trois heures d'intervalle, avec gros comme une noisette chaque fois.
S'il y a de la constipation il est prudent d'ordoimer un léger purgatif
,
(1) Mémoire couronné en 1785 par l'Acad. des sciences de Bruxelles, p. 1G7. Bruxelles, 1784.
SUREAl'. 10^1
66
10/i2 TABAC.
pié'ct'denl el le labac rustique [nicoliann ruslicn), ou tabac femelle, dont li'S feuillfs sont
peliolées ou ovales, les (leurs en panicules plus serres et de couleur verdàlre. d'itc va-
riété tlonne le labac de Coise.)
l*nrtieM iiMitôes. —
Les feuilles, rarement les graines.
Culture et récolte. —
La culture el la lécolle du labac, soumis au monopole
el surveilles par Tadministralion des contributions indirectes, est du domaine de Tagri-
culture (1).
.sont excessivement nombreuses, puisque Linné a calculé qu'un seul pied pouvait en
fournir Zi0,320 par an, on pourrait peut-être tirer quelque parti de ce produit, qui est
ordinairement sans emploi.
On em|)loic ortlinairement en médecine les feuilles de tabac (fraîches ou sèches) telles
que la plante les produit.
(On met aussi en usage le tabac préparé, ou tabac de régie; mais ce dernier, en rai-
son des opérations qu'il a subies pour le rendre odorant, et par la mise en liberté de
l'alcaloïde qui est la conséquence de ces opérations, contient moins de nicotine que les
feuilles sèches non travaillées.
Le tabac de la régie, dont les manipulations ne sauraient être reproduites ici, et pour
lesquelles nous renvoyons aux ouvrages spéciaux, se divise en tabac à fumer gros et fin,
en cigares, en tabac b priser et enfin en tabac à chiquer.
Nous devons signaler le danger d'enfermer le labac à priser dans des sacs doubles de
papier de plomb, comme on le fait beaucoup en Allemagne. .Mayer (3) cite cinq cas
d'intoxication et de paralysie saturnines produites par l'usage de ce tabac. Il résulte
(1) Voyez Maison Iliislique du A7A''' siècle, t. II, p. i7, la plupart dos oiivrugcs d'agi icul-
tiuc et la Flore médicale du XIX" siècle, de Ilovcil et Uiipuis, 1805, où l'on trouve des dé-
tails très-intéressants sur la culture et la manutention du tabac, la fabrication des cigares, etc.
(2) Bulletin de la Société pliil., t. I, p. 18.
(3) Cité par la Galette liebdomadaire de médecine, 31 juillet 1857.
lOaû TABAC.
dos expérience de IMondet qu'il se forme dans cette circonstance, sur la couche de mé-
tal, du sous-acétate de plomb, qui se mêle à la poudi'e de tabac.
Pendant l'acte de fumer, une partie de la nicotine est brûlée; l'autre est entraînée
avec la fumée. Ce fait a été constaté de la façon la plus précise par Melsens, qui aurait
obtenu environ 30 gr. de nicotine, en livrant à la combustion U kilogr. 500 de tabac
préparé.
Pendant la cond)Uslion du tabac, surtout lorsqu'il est limnide, il se dépose une buile
empyreumalique; c'est cette huile qui constitue en grande partie ce que l'on nomme
vulgairement le jus de culot de la pipe. Le cigare imbibé de salive, lorsqu'il est tenu
directement entre les dents, en produit aussi souvent. D'après Richard, cette huile em-
pyreumalique serait produite par la décomposition de quelques principes de la plante.
En résumé, la fumée <le tabac telle qu'elle sort de la pipe est un mélange d'air, d'a-
cide carbonique, d'oxyde de carbone et de particules de matières carbonisées, dans le-
quel on retrouve une quantité notaltle de nicotine (environ 7 pour 100), avec des traces
d'huile empyreumalique et d'ammoniaque, lorsque le tabac est humide.)
à 120 gr. de cette infusion, ajoutez GO gr. faible , 30 gr. On en imbibe des com-
d'alcool), de liO à 200 gouttes progressive- presses qu'on applique sur les pat ties dou-
ment. loureuses.
A l'exiéiiieur. —
Décoction, de 10 t\ 30 gr. Le tabac entre dans la composition du
par kilogramme d'eau, pour lotions, fomen- baume tranquille, dans le sirop de Querce-
tations, etc.; feuilles en cataplasme. tan et autres préparations aujourd'hui inu-
Suc (1 sur 3 d'axonge), pour pommade, etc. sitées.
(1) On a inventé un grand nombre d'appareils fumigatoires pour introduire la fumée de ta-
bac dans le rectum. Le plus simple de tous et le meilleur est celui de Gaubius. Il consiste
dans un soufllet de cuisine dont le tuyau est garni de cuir pour ne pas blesser l'intestin, et à
l'âme duquel on adapte un entonnoir. La fumée, reçue dans ce dernier et introduite dans le
souftlet, est pressée ensuite doucement dans le rectum.
celle-ci est préfY'dée d'ini inomenl de calme trompeur, mais le malade j)!-
lil, s'anémie proloiidémeiil, s'allaisse iiiseiisiblemeiit el s'éteint. A Taiitop-
sie, on trouve des traces d'iidlammation sur les |)arlies avec lesquelles le
poison a été mis en contact. (\'oye/. Xic.otink p. iOOO)
Les ell'els que nous V(Mions de décrire el dont l'élude physiolof^ifiue sera
complétée dans le courant de l'article, el au paragrajjhe Irailanl de la nico-
tine, sont également produits par le tabac en substance, par sa décoction,
par son extrait acjueu.v, par son luiile empyreumatique, par sa fumée, mais
avec des déférés divers d'inlcubilé; ils ont éj^alemenl lieu, soil qu'il soit in-
troduit dans l'estomac ou dans le rectum (dans ce dernier cas, une dose
moindre sul(il), soil qu'il soil appliqué sur des surfaces dénudées ou sim-
plement sur la peau excoriée. JMurray rapporte l'histoire de trois enfants
qui luoururenl en vingt-quatre heures, au milieu des convulsions, pour
avoir eu la télé frictionnée avec un liniment comjjosé de tabac, dans l'in-
tention de les guérir de la tei},ne. L'Abeille médicale (mai l.So.S)* rapporte un
fait analogue, terminé par le retour à la santé, où l'huile enqiyreumatiquc
de tabac emplo>ée en frictions sur un herpès tonsurans avait détermine les
plus graves accidents. Fourcroy a noté des symptômes d'empoisonnement
causé par l'usage de la décoction de tabac en lotions contre la gale.)
Le traitement de l'empoisonncmenl par le tabac esta peu près le même
que celui que nous avons indiqué ;\ l'article Belladone, p. d36. Toutefois le
principe irritant de la nicotiane produit souvent une angiolhénie, avec état
pléthorique général ou local qui nécessite impérieusement rem])loi de la
saignée et des anliphlogistiques. Les vomissements violents et opiniâtres, plus
particuliers à l'action de celb; solanée, et dispensant de l'administration des
vomitifs, réclament l'emploi de l'opium quand la congestion cérébrale n'en
contre-indique pas l'usage, ou lorsque celle-ci a été combattue par les émis-
sions sanguines. Si, après la disparition des symptômes nerveux, une vive
réaction donne lieu à une inflammation plus ou moins intense, on devra
la combattre par les saignées locales, les boissons mucilagineuses et abon-
dantes, les bains, etc. Ici, comme toujours, la nature des effets produits
peut seule diriger le médecin dans l'emploi des ressources que lui offre la
thérapeutique.
(Sans contredit, l'action nuisible du tabac ne se manifeste jamais plus
souvent que lorsque cet agent est introduit dans l'économie par une habi-
tude volontairement contractée.
L'usage du tabac est telleiuent répandu dans nos campagnes et parmi la
classe indigente des villes, que le malheureux supporte plutôt la privation
du pain que celle de cette plante, qu'il mâche, fume ou prise. L'ouvrier
prend sur son salaire de q-ioi satisfaire une habitude qui lui fait perdre
Ijcaucoup de temps et le rend lourd, moins apte à se livrer au travail.
—
Les priseia's. Le tabac à priser, quelquefois conseillé comme moyen
thérapeutique, applique sur la muqueuse olfactive, y détermine un senti-
ment de titillation el de picotement suivi d'une séciétion plus abondante,
non-seulement des glandes de la piluitaire, mais aussi des glandes voisines,
à moins que les parties ne soient accoutumées à son action par un long
usage. Le plus souvent, en effet, l'habitude de priser devient une servitude,
un besoin impérieux; mais l'irritation répétée que cause le tabac en poudre
affaiblit l'odorat, l'hyperémie qu'il produit prédispose aux affections ulcé-
ratives ou hyperplasi'ques (polypes). Puis, lorsque l'usage a produit l'émous-
sement, le priseur doit aspirer fortement le tabac pour le faire monter â la
partie supérieure des fosses nasales, où la piluitaire conserve encore quelque
sensibilité. De lu, par suite de la descente des mucosités, une partie de ce
tabac tombe dans le pharynx, dans l'œsophage el finalement dans l'estomac.
Dans ces organes, il agit à la fois comme irritant et comme poison acre, et
produit l'inflammation.
10Zi6 TABAC.
(Les effets secondaires de l'habitude de priser sont des vertiges, des maux
de tête, des tremblements et même l'apoplexie.)
Mon père fut appelé au mois de novembre 1838 au pensionnat de M. Taverne,
de Boulogne-sur-Mer, pour secourir un jeune Anglais âgé de dix ans, atteint
de violents vomissements, de défaillances, d'anxiété précordiale avec peti-
tesse du pouls, pâleur de la face, crampes, etc., symptômes déterminés par
l'action de deux prises de tabac successivement introduites dans le nez et
tombées dans l'arrière-bouche. Cet étal alarmant n'a cédé peu à peu, dans
l'espace de quinze heures, qu'à l'usage très-abondant d'une décoction de
graine de lin et de tête de pavot. Le malade est resté faible, chancelant
comme après l'ivresse pendant près de huit jours.
J. Lanzoni (1) rapporte l'histoire d'un soldat qui avait contracté une telle
habitude de prendre du tabac, qu'il en consommait jusqu'à trois onces par
jour; à l'âge de trente-deux ans, il commença à être atteint de vertiges
iDientôl suivis d'une apoplexie violente qui l'emporta. Le même auteur cite
encore le cas d'une personne que l'usage immodéré du tabac d'Espagne
rendit aveugle et ensuite paralytique. Les grands priseurs tombent quelque-
fois dans une espèce d'imbécillité. « J'ai connu, dit Mérat (2), de ces pri-
seurs intrépides qui étaient dans une sorte d'abattement continuel, qui, la
bouche béante et les narines étoupées d'une croûte noire de cette poudre,
ne savaient que fouiller sans cesse dans leur tabatière, et conservaient tout
juste assez d'instinct pour cette action machinale.
(Aux incrédules qui nieraient l'absorption du poison et ses effets délétères
sur l'économie qu'elle empoisonne graduellement, nous pourrions encore
citer le cas si remarquable de paralysie observée sur un médecin dont la
disparition ou la réapparition était due à la suppression ou à la reprise de
l'habitude; en dernier ressort, on leur mettrait sous les yeux les résultats
remarquables des analyses minutieuses de Morin (de Rouen), qui a trouvé
dans les organes (foie et poumons), d'un vieux priseur invétéré des quantités
notables de nicotine (3).
Les chiqueurs. —
Ceux qui mâchent le tabac, et, si l'on en excepte la po-
pulation maritime, c'est le petit nombre, n'éprouvent pas souvent de mau-
vais effets de leur sale habitude, par la raison qu'ils rejettent la salive; s'ils
en faisaient autrement et l'avalaient, ils éprouveraient les mêmes effets que
ceux qui ingèrent l'infusion de la plante. L'absorption est à peu près nulle
dans la muqueuse buccale, surtout lorsqu'elle est intacte. Malheureusement
l'usage prolongé de la chique Tirrite souvent, et il peut alors se produire
des phénomènes d'intoxication. Ils ont été très-rarement notés. W. Scott a
publié (4) un cas d'empoisonnement par cette voie, suivi de mort après sept
jours. Marchai (de Calvi) a signalé un cas de paralysis agitons auquel il n'at-
tribuait pas d'autre cause.
D'après une statistique de 'Bergeron, citée par L. Figuier (5), le cancer
de l'estomac est plus fréquent chez l'homme que chez la femme, et il faut
en chercher la cause dans les funestes effets de la chique. Il ne faudrait
pourtant pas oublier que les hommes boivent plus que la femme.
Les fumeurs. —
Les effets du tabac sont surtout très-manifestes chez les
fumeurs inexpérimentés ou chez ceux qui, pour la première fois, sont en-
veloppés d'une atmosphère chargée de fumée de tabac. Les accidents sont
plus fréquents dans ce cas que dans l'acte de priser parce que, ainsi que l'a
(1)Cité pai- Garnier, Dictionnaire annuel des progrès des sciences et instructions médicales,
p. lo7.
186/ii,
(2) In Bulletin de thérapeutique, 30 avril 1864, p. 380.
(3) Math. Fageret, Du tabac, son influetice sur la circulation et l'innervation, thèse de Paris,
1867, n» 139, p. 28.
(4) Bulletin de l'Académie impériale de médecine, février 1865; Etudes hygiéniques et mé-
dicales sur le tabac, publiées par VUnion médicale, même année, et analysées avec soin par
L. Figuier. {Année scientifique, 1866, p. 250-26/ii.)
(5) Union ?nédicale, 1866, n° 29.
.TABAC. lOûy
Influence des émanations nicotiques sur les ouvriers des manufactures de tabac.
— Les ouvriers qui débutent sont presque tous, surtout les femmes et les
enfants, pris de céphalalgie plus ou moins intense, de vertiges, de cardial-
gies, de crampes d'estomac, de nausées et même de vomissements. Il y a
en même temps sentiment profond de lassitude et inappétence. L'ensemble .
Thérapeutique. —
L'introduction de la fumée de tabac a été recomman-
dée depuis longtemps dans l'asphyxie, et surtout dans celle qui est pro-
duite par la submersion. Fia, pharmacien philanthrope et échevin de Paris,
a mis ces fumigations en vogue, et Cullen, Stoll, Tissot, Desgranges,
Louis, etc., en ont constaté les lions effets.
Suivant Portai, les lavements de fumée de tabac sont non-seulement inu-
tiles, mais presque toujours dangereux. Trousseau et Pidoux partagent cet
tabac. Il est des personnes qui, en fumant une pipe et en buvant quelques
verres de bière, dissipent facilement cette indisposition. Le tabac a pu être
employé avec avantage dans les constipations opiniâtres causées par la pa-
ralysie. J'ai connu, dit Mérat (3), un médecin de la Faculté de Paris, para-
((
lytique dans les sept ou huit dernières années de sa vie, qui, tous les dix ou
douze jours, n'allait à la garde-robe qu'au moyen d'un lavement de décoc-
tion de tabac; tout autre moyen était insuffisant pour le faire évacuer. »
Le tabac a été employé comme vermifuge en lavement, en potion ou en
application sur le ventre. Je ferai remarquer à ce sujet que Fouquet (4) a vu
le tabac mouillé, appliqué sur le ventre, causer non-seulement des vomisse-
ments, mais une sorte de choléra-morbus. Introduit en fumigation dans le
rectum en petite quantité à la fois, il m'a réussi chez un cultivateur âgé de
trente-cinq ans , qui n'avait pu par aucun autre moyen, se débarrasser
,
même temps que l'eau, des sangsues qui s'implantent dans le pharynx et
peuvent déterminer des accidents plus ou moins sérieux. Dans un cas sem-
blable, Villars (5), médecin de l'hôpital de Saint-Denis-du-Seg, a parfaite-
ment réussi à faire rejeter la sangsue, en ordonnant au malade de fumer un
cigare, en ayant soin d'avaler la fumée. Dans un cas analogue, il fallut avoir
recours à l'insufflation de fumée de tabac) (6).
On a mis en usage le tabac en cataplasme (30 gr.) sur l'épigastre pour pro-
voquer le vomissement, ou en frictions (pommade) sur l'abdomen pour pro-
voquer des évacuations alvines. Lieutaud (7) employait comme purgatif
60 à 80 gr. de feuilles de taljac pilées avec de l'eau-de-vie et du vinaigre, en
cataplasme sur le nombril. Il vaut mieux, pour produire le même effet, em-
ployer comme exempts des inconvénients du principe narcotique du tabac,
la pommade ou la teinture de coloquinte en frictions. Barton a appliqué les
feuilles de tabac fraîches pour faire vomir, surtout dans le cas d'empoison-
nement par l'opium.
Le tabac, fumé comme la stramoine, s'est montré aussi utile que cette
dernière contre l'asthme, chez les personnes qui n'y sont point accoutumées
par l'usage habituel. P. Hanin dit avoir vu employer fréquemment contre
cette affection, par un médecin de sa connaissance, quatre à cinq cuillerées
par jour d'une infusion vineuse préparée avec 32 gr. de tabac pour 1 kilogr.
de vin liquoreux. Gesner, Hufeland, Stoll, ont employé le tabac avec succès
dans la coqueluche. Pitshaft (8) en faisait prendre l'infusion (1 gr. 20 cen-
tigr. pour 180 gr. d'eau bouillante) à la dose d'une cuillerée à café, aux en-
fants d'un à deux ans toutes les heures ;^il en donnait une cuillerée à bouche
aux enfants plus âgés. Cette dose esttro'p forte. On rapporte dans le Journal
analytique (dccombre 1828, ]>. VM't) un cas ûk^ croui) si)asmodiqiic (pseudo-
croup) ^Mirri par la fumée de lal)ac. La belladone, dont l'ellicaeité dans la
période spasnutdicpie de celle ujaladie est mieux connue, peut, je crois, dis-
penser d'avoir recours au tabac.
(Les Ilaliens considèrent le tabac connue un antipblof;i.stiquc puissant.
Berruli, que nous avons déjà cité, avance (pu* dans les fabriques où l'on
prépare cette plante, les maladies inllamniatoii-es sont moins graves et
moins fréquentes que dans les manufactures d'un autre genre, placées pour-
tant dans des conditions liygiéni(pies et climalériques identiques.)
Robert Page (1) rapporte plusieurs observations de pneumonies guéries
par l'emploi du tabac dans des circonstances graves où le traitement anti-
pblogislique avait été insuffisant. 11 s'est servi, dans ces cas, du lavement
suivant, qu'il n'a pas eu l)esoin, dil-il, d'administrer plus d'une fois feuilles :
de tabac, 1 gr. 73 centigr. eau bouillante, ^{(jO gr. faites infuser pendant
; ;
dant une semaine, le malade prend un bain de pieds préparé avec l'infusion
de 30 gr. de tabac à priser, en poudre. Puis, après avoir bien essuyé les
pieds, il les expose pendant dix minutes à la fumée de feuilles de tabac à fu-
mer, que l'on brûle sur un réchaud. Quand les pieds sont bien secs, on les
recouvre d'un bas de laine bien sec, dans lequel on a également introduit de
la fumée de tabac. Nous avons été témoins de cette médication, que nous
n'avions pas conseillée, disent Trousseau et Pidoux; et dans quelques cas
nous avons eu à nous louer de l'avoir suivie chez quelques-uns de nos
malades. » Le tabac sec, en application extérieure, a fréquemment réussi
entre les mains de Dubois, de Tournai, pour combattre le lumbago et la
pleurodynie. On applique sur la partie malade des compresses trempées
dans une teinture préparée avec une pincée de tabac à fumer pour 30 gr.
d'eau-de-vie. L'eau-de-vie camphrée, à laquelle on ajoute du tabac, paraît
encore plus efficace. Cette même teinture a été utile dans des affections oii
la douleur était le symptôme dominant. J'ai tout récemment constaté l'effi-
cacité de ce topique dans un lumbago très-douloureux. Berthelot (6) a vu
améliorer et même guérir des sciatiques au moyen des émanations de tabac
ou de son application topique. On a remarqué que les ouvriers employés aux
manufactures de tabac guérissaient promptement du rhumatisme, ce qui a
été aussi observé par Heurtaux, médecin de la manufacture de Paris.
Le tabac a été employé comme puissant diurétique. Fowler (7) en a pré-
conisé l'usage dans l'hydropisie. Il employait surtout la teinture à la dose,
deux fois par jour, de 40 gouttes dans un véhicule approprié, augmentant
de 5 à 10 gouttes tous les jours, jusqu'à 200 gouttes, sans jamais aller au-
delà. Les effets diurétiques du tabac ne se manifestent que lorsqu'il y a des
nausées et quelques vertiges. Fowler éloignait, diminuait ou même suspen-
dait les doses quand ces effets étaient trop prononcés, et surtout lorsqu'il
observait du trouble dans les idées. Sur trente et un malades, dix-huit fu-
rent guéris, dix furent soulagés, trois seulement n'en éprouvèrent aucun
effet. Les résultats obtenus par ce médecin pourraient être considérés
comme très-heureux si l'on ne savait que l'hydropisie, étant la plupart du
temps produite par une lésion organique plus ou moins grave, les prétendues
(jlle se fait souvent attendre quinze jours. Les sujets irritables éprouvent des
lassitudes dans les membres, des coliques, des vertiges, des vomissements,
qui forcent de suspendre le traitement. Il faut donc être très-circonspect
dans l'administration de ce remède et ne pas l'employer indistinctement
chez tous les sujets, surtout que nous disposons de traitements plus expé-
moins dangereux.
ditifs et
Le prurigo, la teigne, les dartres, le phthyriasis, les poux de la tête et du
pubis, sont aussi avantageusement combattus par le même traitement ou
par la pommade de tabac. J'ai vu, en 1847, une femme de soixante-dix ans
se débarrasser d'une maladie pédiculaire contre laquelle elle avait inutile-
ment employé plusieurs remèdes, en employant pendant huit jours des lo-
tions de tabac et de sel marin (15 gr. pour 1 kilogr. d'eau); ces lotions pro-
voquèrent quelques selles avec coliques et de légers vertiges.
Un médecin américain, Stephenson, appelle l'attention de ses confrères
sur l'emploi du tabac pour la cure de l'érysipèle. Il affirme, dit le Médical
Times, que ce moyen est de ceux sur lesquels on peut compter avec le plus
de certitude pour se rendre maître de l'inflammation érysipélateuse. Il re-
couvre la surface enflammée avec des feuilles de tabac humides, et les con-
serve appliquées sur la partie, jusqu'à ce que les malades éprouvent de fortes
nausées (1).
On s'est bien trouvé de l'infusion de tabac dans l'ophthalmie purulente et
dans la conjonctivite scrofuleuse. On prépare à cet effet un collyre avec
2 gr. de tabac pour 500 gr. d'eau. J. Graham (2) a guéri en peu de jours, au
moyen de l'onguent de tabac, des bubons qui avaient résisté à une foule de
remèdes. On lit dans le journal de Leroux (3) que l'on est parvenu à dissiper
une tumeur abdominale très-considérable par l'application de feuilles fraî-
ches de tabac trempées dans le vinaigre. J'ai employé ce topique avec succès
sur des engorgements lymphatiques, comme résolutif. Lyman Spalding (4)
a fait résoudre un engorgement considérable du sein, survenu h la suite de
l'accouchement, au moyen de frictions pratiquées sur la partie malade avec
un mélange d'une cuillerée à café de tabac en poudre, macéré dans un verre
d'huile et d'eau-de-vie, en y laissant la nuit une flanelle imbibée de cette li-
queur. Le malade éprouva quelques nausées, signe de l'absorption du tabac,
mais le matin du jour suivant il n'y avait plus de tumeur. Lyman Spalding
s'est servi de ce remède pour résoudre plusieurs autres engorgements ana-
logues et quelques autres de nature différente, toujours avec succès.
On a recommandé le tabac comme excitant pour déterger des ulcères alo-
niques, sanieux, putrides, cancéreux. J'ai vu la décoction de tabac aiguisée
de sel marin, ou coupée avec de la lessive, produire d'excellents effets en
fomentation sur les engorgements articulaires chroniques, les tumeurs
blanches, les ulcères anciens et rebelles. L'eau-de-vie dans laquelle on a fait
infuser du tabac s'est montrée efficace en topique sur les ulcères putrides et
les plaies gangreneuses. Mais il ne faut pas perdre de vue que, dans ces cas,
l'absorption du médicament peut donner lieu à des accidents graves et
même à des empoisonnements.
L'usage du tabac à priser peut être utile à quelques personnes pour faci-
liter la respiration par le nez en augmentant les sécrétions nasales; dans
certaines céphalalgies, et particulièrement à celles dont la cause peut être
attribuée à l'état de sécheresse de la membrane pituitaire; contre le lar-
moiement qui tient à l'endurcissement du mucus de la partie inférieure du
canal nasal. « C'est de cette manière, disent Trousseau et Pidoux, qu'il faut
entendre ce proverbe, que Je tabnc cclaircit la vue. Le médecin doit encore
conseiller cette médication comme moyen révulsif utile dans certaines
ophthalmies chroniques. Le mal est à côté du bien; car chez les gens que la
poudre de tabac irrite trop, il peut survenir des maladies des fosses nasales,
qui, se communiquant aux voies lacrymales, finissent par amener des tu-
meurs ou des fistules. » Les catarrhes de la trompe d'Eustache et ceux du
tambour, suivant les auteurs que nous venons de citer, sont quelquefois
avantageusemont modifiés par la fumée de tabac. Le malade remplit la
bouche et le pharynx d'une grande quantité de fumée puis, fermant le nez et
;
d'un usage populaire. Chevallier (6) indique la pommade suivante pour em-
pêcher la chute des cheveux on prend 20 gr. de tabac en poudre (soit du
:
dans vase et l'on vorse dessus une certaine quanlit*^ d'eau bouillante pour
lin
l)icMi poudn^; on laisse macérer pendant dix heures, on retire
iiiihihcr la
l'infusion avec expression, on décante le liquide. On concentre ensuite ce
liquide h l'aide de la vapeur, cl lorsqu'il ne l'cstc plus que h 7 gr. de solu-
.">
qui suivent l'emploi du tabac fumé ou chique chez un individu qui n'en a
point riiabitude, il y a lieu d'être surpris, dit Londe (1), qu'on n'ait jamais
pensé à employer l'une ou l'autre de ces pratiques, préférabb-ment à la sai-
jiuée, dans les cas où il s'agit de paralyser sur-le-champ les forces muscu-
laires d'un sujet, dans la réduction de certaines luxations, par exemple. Ce
moyen, dans ce cas, atteindrait mieux et plus rapidement que tout autre le
but qu'on se propose. » Lorsque Londe s'exprimait ainsi sur les propriétés
aneslhési((ues du tabac, la chloroformisation n'était pas connue.
chez les carnivores; mais son usage prolongé peut amener des accidents lo-
caux et généraux graves qui doivent lui faire préférer les vomitifs ordi-
naires.
On conseille des lavements de décoction de tabac (16 à 30 gr. pour
2 litres d'eau) contre les constipations opiniâtres, pour favoriser le part,
contre les affections comateuses.
Dans plusieurs contrées de la France, on assure que les maquignons qui
veulent mettre en vente un cheval très-méchant lui administrent du tabac
en suspension dans l'alcool, afin de le plonger dans un état d'ivresse et de
somnolence qui masque momentanément ses vices.)
(NICOTINE. —
Action physiologique. —
A. Sur les animaux. La Nicotine —
est un des poisons les plus violents qui existent. Brodie (^) avait déj;\ fait
remarquer qu'une goutte aj^pliquée sur la langue d'un chat amène la mort
en deux minutes. Berzelius constata qu'une seule goutte tue un chien. Les
oiseaux, en raison de l'activité plus grande de leur circulation, succombent
plus promptement encore.
L'action toxique a lieu sur quelque point que l'on dépose le poison avec
une rapidité proportionnée à la faculté d'absorption dont jouit l'organe im-
pressionné. A la peau, celte absorption doit êlre favorisée par des frictions.
L'effet local considéré comme caustique, comme irritant par Stas et Albers,
est nul, si l'on en croit L. Van Praag (3). L'effet secondaire se porte sur le
cerveau et sur la moelle; il se traduit par une incitation puissante des cen-
tres nerveux, amenant à sa suite les phénomènes multiples que nous allons
décrire.
Les animaux soumis à l'influence de la nicotine sont aussitôt pris d'un
tremblement de tout le corps; ils tombent en poussant un cri. Tout leur
07
1058 TABAC.
être est agité de convulsions violentes; leur tête, fortement ramenée en ar-
rière, exprime la souU'rance; la respiration s'embarrasse; la cage thoracique
est agitée de mouvements désordonnés et violents; le cœur accélère ses bat-
tements. Cet ensemble de phénomènes se rattache, suivant Vulpian (1), à
un état convulsif spécial, caractérisé par des contractions irrégulières dis-
séminées dans tout le système musculaire. Bientôt les convulsions cessent;
après la période d'excitation spasmodique survient une période de calme,
caractérisée par une paralysie généralisée, quelquefois précédée de trem-
blements particuliers.
« On dirait que le système nerveux, violemment surexcité par le poison,
dépense en quelques instants tout son pouvoir d'impulsion; puis, désarmé,
laisse la mort achever son œuvre (2). »
Etudions maintenant analytiquement l'effet de la nicotine sur les diffé-
rents systèmes.
Le système musculaire, nous venons de le voir, est un des premiers im-
pressionnés. Nous avons décrit la manière dont ses fonctions étaient trou-
blées; les fibres musculaires restent dans un état de contraction comme
tétanique; elles ne sont pas affectées de paralysie, leur faculté contractile
n'est pas anéantie; mais, maîtrisées par l'excitation puissante que le poison
exerce sur la moelle et sur la moelle allongée, elles ne répondent plus aux
influences qui les mettent ordinairement en jeu. Dans la seconde période,
lorsque le relâchement se produit, la motricité nerveuse diminue peu à peu
pendant que l'irritabilité musculaire subsiste (Vulpian).
La fonction respiratoire reçoit de la nicotine une modification caractéris-
tique; la respiration s'accélère; les phénomènes mécaniques augmentent
d'énergie; les phénomènes chimiques sont au contraire entravés dans leur
manifestation; la rapidité des mouvements thoraciques est accompagnée
d'un bruit parti(;ulier, comme râlant, que Van Praag attribue à un rétrécis-
sement des voies aériennes, et que Cl. Bernard (3) rapporte à des contrac-
tions précipitées du diaphragme. Ce dernier phénomène s'observe surtout
avec netteté quand on a expérimenté avec des doses très-faibles. A l'ap-
proche de la mort, la respiration se ralentit. L'auteur que nous venons de
citer n'a constaté cet effet que deux fois. Van Praag l'a souvent vu se mon-
trer très-tard.
Quant au système vasculaire, la .nicotine agit sur le cœur, dont elle accé-
lère les battements, qui deviennent aussi tumultueux et plus énergiqties sur
les gros vaisseaux, qu'elle contracte; sur les capillaires, qu'elle fait resser-
rer. Lorsqu'on place sous le microscope la membrane interdigitale d'une
grenouille soumise au poison, on voit se produire une déplétion des petites
artères, qui se rétrécissent au point de se vider complètement. Cependant
le cœur continue à battre avec énergie, ce qui prouve, ainsi que l'a avancé
Cl. Bernard, et contrairement à l'opinion de Vulpian, que dans les petits
vaisseaux est l'obstacle.
Cette contraction des fibres-cellules des vaisseaux est l'analogue de celle
que la nicotine détermine dans le système musculaire; elle est le résultat
de l'excitation transmise aux nerfs vaso-moteurs.
Après la mort, le cœur continue à battre. Ce fait, déjà signalé par Brodie,
est admis de tous les physiologistes. Rouget (4) a démontré que chez les
grenouilles empoisonnées par l'agent qui nous occupe les pulsations du
cœur persistent longtemps après que toute trace d'excitabilité a disparu
dans los muscles locomoteurs; il a aussi trouvé que, lorsque ces battements
devienncMit plus faibles et plus rares, l'action directe de la nicotine les ra-
nime instantanément.
Les sécrétions sont sensiblement modifiées. Sur neuf expériences, Van
Praag a constaté quatre lois un flux abondant de salive; il n'a rencontré
d'augnienlalion dans les selles et des vomissements que dans les cas ter-
minés par la guérison. La sécrétion urinaire n'aprésc'ulé aucun changement
appréciable.
Ouelle action la nicotine exerce-t-ellc sur la pupille? A priori, et en rai-
sonnant par induction, son action sur les nerfs vaso-moteurs, action oppo-
sée à celle de la belladone, l'ail supposer qu'elle est anliniy(liiali([ue.
Jusque dans ces derniers temps, les opinions étaient très-contradictoires.
Orfila, Cl. Bernard, Van dcn Corput ont signalé la dilatation de la ]iui)ille
comme s'élanl montrée chez des mammifères soumis à l'action du poison.
Van Praaj; dit que tout d'abord la pupille se dilate, puis se rétrécit. Reil
avait ol)servé la succession inverse des phénomènes.. Braun enfin avait con-
stamment rencontré l'atrésie.
La plupart de ces observations avaient été faites concurremment avec
d'autres, portant sur l'ensemble des symptômes d'intoxication. S'appliquant
à résoudre la question en litige, Hirschmann (i) a institué un grand nombre
d'expériences spéciales. Le résultat de ces recherches peut se résumer ainsi :
rétrécissement constant, soit que l'agent ait été appliqué directement sur
l'œil, soit qu'il ait été introduit dans l'économie par une autre voie. Ce ré-
trécissement atteint rapidement son maximum d'intensité et diminue légè-
rement quelque temps après; il reste ensuite stationnaire, puis s'efface gra-
duellement.
Quand on a obtenu par ce moyen le myosis, et qu'on instille de l'atropine
dans l'œil, l'ouverture pupillaire reprend ses dimensions moyennes; elle
reste dans cet état le temps ordinaire de l'atrésie nicotinique, puis survient,
par suite de l'action plus persistante de l'atropine, une mydriase d'une as-
sez longue durée. Si on fait agir la nicotine sur une pupille préalablement
dilatée par la belladone, le même phénomène se produit.
On peut comparer les effets antimydriatiques à ceux obtenus avec la mor-
phine, et plutôt encore à ceux résuUant de l'instillation de la solution d'ex-
trait de fève de Calabar.
Lorsque l'empoisonnement par la nicotine est mortel, on trouve le sang
artériel noir; les poumons, parsemés de taches livides, présentent à la
coupe un tissu dense et résistant, d'où il découle un sang noirâtre et non
aéré. Les gros vaisseaux, les cavités cardiaques, hormis le ventricule gau-
che, sont gorgés de sang demi-fluide. Le sang chassé par la contraction
énergique des petits vaisseaux s'est porté en masse vers les centres. Orfila a
signalé dans le cerveau et ses enveloppes une injection d'une étendue va-
riable.
On a avancé, mais à tort, que le poison agissait comme destructeur des
éléments de la substance nerveuse; on aurait trouvé des déchirements des
cellules de la moelle et une coloration pigmentaire brune de ces cellules.
En résumé, la nicotine est un agent fortement excitant du cerveau et
spécialement de la moelle et de la moelle allongée. Sous son influence,
toutes les fibres contractiles sont mises en mouvement avec une extrême
énergie fibres contractiles du système locomoteur, fibres contractiles des
:
(l) Archiv fur Anatomie, Physiologie und wissenschaflliche iledioin, 1863, i* livraison.
1060 TABAC.
Thérapeutique. —
On comprend qu'un agent d'une si redoutable énergie
ait été peu employé. A l'extérieur, on l'a recommandé en teinture (voyez
Préparations -pharmaceutiques et doses) contre les douleurs névralgiques,
Pavesi l'a employé (3) avec succès en injections dans un cas de paralysie de
la vessie, rebelle jusque-là à tout autre traitement. Voici la formule de ce
praticien nicotine, 3.60; eau distillée, 360 gr.; mucilage, 30 gr. Pour deux
:
injections par jour. Comme le fait observer Réveil (4), la dose prescrite est
trop élevée. On sait que la muqueuse vésicale est douée d'une faculté très-
peu marquée d'absorption; malgré cela, l'absorption se fait, et des acci-
dents des plus graves pourraient survenir à la suite de ces injections.
On a public (5) plusieurs observations de tétanos avantageusement modi-
fiés ou guéris par la nicotine.
Un succès de l'emploi du tabac dans un cas d'empoisonnement par la
strychnine a été le point de départ de cette innovation. La ressemblance
symptomatologique entre l'intoxication strychnique et le tétanos a inspiré
cette pensée à des praticiens américains et anglais, Haughton et O'Beirne,
entre autres.
Après la description détaillée que nous venons de donner des effets phy-
siologiques de la nicotine, on a peine à admettre la réalité de cet antago-
nisme et l'efficacité de ce mode de traitement; mais des faits authentiques
doivent passer avant tous les raisonnements. Chevers (6) admet et explique
l'antagonisme; la strychnine déterminant l'afflux du sang dans la moelle, et
la nicotine produisant la contraction vasculaire et diminuant ainsi l'accu-
mulation de ce liquide dans le centre nerveux. Ce sont des faits à contrôler
sérieusement. Dans le cas bien rare où on aurait à prescrire la nicotine à
vier 1863, p. 59; Dublin Quarterly Journal, cité par la Gaiette des hôpitaux, 28 février 1863,
p. 99.
(6) Indien Annah of med. science, 186T.
TAMARISQUE OU TAMARIS. IO6I
l'intérioiir, il laudiiiit (i('l)iit(M- par des doses lii'S-pclilcs. Van Piaaj; a avancé
que 2 1/2 n'Olaicnl jamais mortels diez l'iiomme. llaughlon avait
ceiiti^M-.
prescrit 3 };oullcs dans la journée, ;\ (jnekiiies heures d'intervalle.
Ce médicament d'un maniement si diliicile réclame une surveillance in-
finie, et nous nous demandons même si l'extrême gravité des cas autorise
sul'fisamment ;\ en recommander l'emploi, il laudrait des succès bien établis
et pins nonibreu.x pour justifier une thérapeutique aussi aventureuse.)
neMcri|itioii. —
Tige haute de 3 à Zi niMres, se divisant en rameaux grêles,
(l(>xil)l('s, loiilliis, d'un hrun rougoAlre.
étalés, —
Fouilles imitant colles des cyprès ou
dos bruyères, allornes, petites, courtes, pointues, très-rapprocliéos, d'un beau vert. —
Fleurs blanclios, teintes de pourpre, munies de petites bractées, et disposées en grappes
terminales. —
Cilicc h cinq divisions obtuses. —
Corolle à cinq pétales ouverts, con-
caves. —
Trois étamines saillantes hors de la corolle. —
Style à deux ou trois stigmates.
— Capsules triangulaires, égales i\ la longueur du calice.
Parties usitéeis. — Écorce et léuilles.
Récolte. — L'écorce se récolte au printemps; les feuilles pendant toute la belle
saison.
Culture. —
On le cultive dans les bosquets d'agrément, mais il craint les hivers
dans les pays septentrionaux. Il se plaît dans les terrains sablonneux et humides. On le
propage de drageons, de boutures et de graines que l'on sème au printemps dans un
terreau mélangé avec du sable.
Pro|iriété8 pliysi(|ues et cliintiques; usages économiques.
— L'écorco, mince, d'un brun cendré, est d'une saveur amôre, un peu acerbe. Sa com-
bustion donne une assez grande quantité de sulfate de soude, ce qui, d'après la re-
marque de Oecandolle, est commun aux arbres qui croissent au bord de la mer, tandis
que ceux qui viennent dans les terres en ont à peine. La décoction de cette écorce pré-
cipite en noir la dissolution de sulfate de fer. Les Danois remplacent le lioublon par les
feuilles et les rameaux du tamarisque, dans la fabrication de la bière. Les galles de la
variété (irienUdis du tamarix galiica servent à la teinture en noir, d'après ce que rap-
porte Clot-Bey (1).
coction bue seule, ou avec du vin, est fort estimée contre les affections ca-
tarrheuses, la goutte et l'hyclropisie. » L'écorce de tamarisque se donne en
poudre (2 à 4 gr.) dans du vin ou du bouillon; en décoction aqueuse ou vi-
neuse (lo à 30 gr. pour un kilogr. d'eau).
Le bois de cet arbrisseau a été regardé comme pouvant remplacer le
gayac.
une résine, une matière tenant le milieu entre la cire et la stéarine, de la chlorophylle,
(le la gomiiio, un principe coloranl jaune, et de rextractif. I^s feuilles isolées offrent en
outre de IVidc j^ailicpic et du tannin; los lleiirs (une sultsiancc non azotée, f-rislalli-
sal)lt', (l'inio anieilunie intense, (pic l.eioy a nommée Umncéline), un acide paiticnlior,
[Description. — Arbrisseau
à feuilles alternes, imparipennées, à sept ou neuf
folioles. —Fleurs dioïques, petites, rouge pourpre, groupées en panicules terminales.
— Calice à trois divisions linéaires, profondes, dépourvues de corolle; les fleurs mâles
sont accompagnées d'écaillés chargées de poils et roussàlres, et ont cinq étamines; les
femelles à ovaire uniloculairc et uniovulé, surmonté de trois stigmates épais. — Le
fruit est une petite drupe sèclie, violette et presque globuleuse.
Parties usitées. — Les écorces, le suc résineux ou térébenthine de Chic, les
galles.
Récolte. — La térébenthine
de Chio que fournit celle plante s'en écoule sponta-
nément; mais on en pratiquant des incisions sur le tronc. Un
l'obtient plus facilement
arbre n'en fournit pas plus de 3 à ZiOO gr. par an; aussi est-elle très-rare.]
(Culture. —
On trouve le térébinthe sur tout le pourtour du bassin méditerra-
néen. Il croit dans les lieux arides, les sols pierreux. On le propage de graines et de
marcottes, qu'on place en couche chaude couverte d'un chcàssis. On tient le jeune plant
en pot pendant les premières années, et on le rentre en orangerie pendant l'hiver.
Adulte, il pousse en pleine terre sous le climat de Paris; mais on doit le couvrir durant
la saison froide.)
On trouve celte plante dans les lieux stériles, sur les murs, dans les dé-
combres, au bord des chemins.
UoNcriiitioii. — Tige dressée, ninieusc à sa parlio supérieure, cylindrique, pn-
besceiilo. — Feuilles blanchâtres, fineniorit découpées, un peu velues, k scguienls li-
[Culture. — Celle plante n'est cultivée que dans les jardins botaniques. On la
propage de graines semées en place au printemps.]
Propriétés |iliysi<iues et eliiniiciues. —
Les feuilles onl une saveur
des autres crucifères. Les semences ont une saveur chaude^ acre, ana-
analo;-Mie à celles
logue à celle de la graine de moutarde.
Cet arbre, qui vient du Canada, de Virginie, et cultivé dans nos jardins,
est considéré maintenant comme indigène.
Description. —
Tige pyramidale, s'élevanl quelquefois à 15 mètres; rameaux
étalés et pendants. — Feuilles ind)riquées,
d'un vert blond, ayant une vésicule remplie
de résine liquide sur le dos, ce qui le distingue du thuya orienUilis, qui n'en olfre pas.
— Fleurs en mai. —
Fruits cône ovoïde, élaigi au sommet, à écailles intérieures
:
Les feuilles et le bois du thuya occidcntalis ont été jadis employés à l'in-
térieur et à l'extérieur comme sudorifiques, diurétiques et expectorants. On
les donnait dans les aflections rhumatismales chroniques, la goutte, la
syphilis, etc. ; mais depuis ils étaient oubliés, lorsqu'on 1828 plusieurs mé-
decins d'Edimbourg et de Berlin recommandèrent l'huile essentielle de la
plante. Plus tard, un médecin polonais vanta cette huile comme un moyen
topique des plus efficaces contre les condylômes rebelles. L'emploi de la
teinture alcoolique des feuilles a donné à Mohnike, de Berlin, de très-bons
résultats dans ces affections. E. Brecher (2), assure s'être parfaitement trouvé
de l'emploi externe du thuya occidentalis, d'après la méthode de Léo, dans
le traitement des excroissances vénériennes rebelles, môme de celles qui
avaient résisté à l'action du mercure, des cautérisations et de l'excision. La
teinture de Léo consiste à faire digérer trois parties de feuilles sur six d'al-
cool rectifié. On applique cette teinture, de temps en temps, à l'aide d'un
pinceau, sur les excroissances, qui, après peu de jours, pâlissent, diminuent
de volume et se flétrissent d'une manière remarquable. La guérison radicale
s'obtient généralement au bout de quinze jours.
[Le thuya d'Orient {T. Orientalis, L.), confondu avec le précédent sous le
nom A'arbre de vie, est quelquefois employé. Quant au thuya articulé {T.
articulata, Desf.; Callitris quadrivalvus, Vent.), qui produit la sandaraque, il
habite les montagnes de l'Algérie.]
pâteux et indolents. On fait avec le thym, comme avec toutes les plantes
aromatiques, des fumigations, des bains fortifiants, qui conviennent surtout
aux enfants lymphatiques, scrofuleux, rachitiques; dans les rhumatismes
chroniques qui attaquent les vieillards, les sujets faibles; dans les para-
lysies, la goutte atonique, etc.
(L'huile essentielle, introduite à l'aide de coton dans les dents cariées,
apaise la douleur.
grandes, axillaiios, veitieillées, portées sur des pédoncules velus. Calice renflé, lié- —
rissé do poils, muni de stries saillantes.
Ce bel arbre croit naturellement dans les forêts, et est cultivé dans les
parcs, les jardins, les promenades publiques, dont il fait l'ornement.
Description. —
Racines fortes, ligneuses. —
Tige d'environ 15 h 18 mètres, à
écorce épaisse, crevassée, à rameaux glabres, nombreux. —
Feuilles l'ermcs, pétiolées,
alternes, un peu arrondies, échancrées en cœur à la base, aiguës au sommet, glabres en
dessus, |)ii])escentes en dessous, à dentelures mucronées. —
Fleurs odoi'antes, axillaircs,
d'un blanc sale, disposées en un petit corymbe vers le milieu d'une bractée mem])ra-
neuse, étroite, allongée, lancéolée, d'un blanc jaunâtre (juillel-aoùt). Calice caduc à —
cinq divisions pi'ol'ondes. —
Corolle à cinq pétales alternant avec les divisions du calice.
— Etaniines nombreuses insérées sur le réceptacle. —
Fruits petits, presque globuleux,
un peu pubescenls, munis de cinq côtes peu sensibles. —
Capsule supérieure, coriace,
globuleuse, indéliiscente.
Parties usitées. — Los fleurs, Técorce. Toutes les parties de ce précieux végé-
tal sont utiles aux arts et ;\ l'économie domestique.
Récolte. —
On récolle les fleurs de tillmil dans le mois de juillet. On les conserve
presque toujours avec leurs bractées, ce qui est un toi't, ces dernières ne jouissant pas
des mêmes propriétés, et ajoutant inutilement au volume et au poids. On doit donc en
séparer les fleurs et les faire sécher à l'étuve et au soleil, pour les conserver belles et
odorantes. Leur odeur, qui se fait sentir à plusieurs mètres de distance quand elles sont
fraîches, diminue par la dessiccation.
[Culture. —
Les tilleuls aiment une terre légère, sablonneuse, humide. On peut
les propager de graines; mais le plus souvent on les multiplie de boutures.]
Propriétés physiques et cliiniifiues; usages économiques.
— L'intusion de fleurs de tilleul, qui est d'abord claire, devient rouge si l'eau versée
bouillante y séjourne longtemps (vingt-quatre heures); elle est alors moins agréable à
boire. Roux, pharmacien à ?^îmes, en a séparé celte partie colorante. Les fleurs de til-
leul contiennent une huile volatile odorante, du tannin colorant les sels de fer, du sucre,
beaucoup de gomme, de la chlorophylle. Brossarl (1) a préparé l'huile volatile de ces
fleurs. A cet efl^et, il a retiré, de plus de 50 kilogr. de fleurs de tilleul à peine déve-
loppées, ZiO kilogr. d'une eau chargée d'un principe balsamique analogue à celui des
bourgeons de peuplier. En redislillant celle-ci sur 50 nouveaux kilogrammes de fleurs
encore moins développées, il a obtenu 20 kilogr. d'un liquide chargé d'un arôme très-
pénétrant et très-suave, comme le baume du Pérou noir; il surnageait des globules
d'huile volatile d'un jaune doré. Cette eau, placée à la cave, était, au mois de janvier
suivant, transformée en une liqueur épaisse, aromatique. Brossart éprouva, après en
avoir bu, une sorte d'ivresse joviale mêlée d'accablement, de sommeil, et une excitation
toute particulière. C'est à ce principe que l'eau distillée et l'infusion de fleurs de tilleul
doivent leurs propriétés antispasmodiques.
Les fleurs et l'écorce, soumises à la m