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ART DÉCO
TOURS
2
SOMMAIRE
6 LE CONTEXTE HISTORIQUE
8 LES ÉDIFICES
8 L’immeuble Duthoo
9 Les hôtels de voyageurs et commerces
11 Les institutions
12 Les églises
13 Les établissements industriels
15 Les maisons closes
16 Les maisons individuelles
18 Les immeubles de rapport
20 LA STATUAIRE PUBLIQUE
22 PLAN
Couverture :
Maison 21 rue du
Rempart, travée centrale
avec oriel
1. Détail de ferronnerie,
117 avenue Grammont
2. Monument mémorial
américain, détail
1
3
L’Art Déco est un art total qui embrasse des domaines variés. En architecture, il
s’illustre dans des projets aussi divers que l’hôtel des voyageurs, l’usine, l’église,
le grand magasin ou la demeure privée. Pour s’en convaincre, une sélection
1. Mosaïque
d’édifices permet d’exposer toute la diversité de la production tourangelle.
par Sante Vallar,
façade de fleuriste
8 rue Georges-Courteline
3. Décor végétal
en béton moulé,
33-35 rue Desaix 5
2
1. Maison
45 rue Denis-Papin
Il agrémente de ferronnerie les balcons, les
2. Affiche de l’Exposition
portes principales. Il anime de mosaïque les
Internationale de 1925
devantures des enseignes.
3. Détail de ferronnerie, Les motifs floraux sont de vigueur. La rose, visible
logement atelier Bertault
sur l’affiche de l’Exposition de 1925, devient
74 rue de la Californie
emblématique. Associée à différentes essences
(pivoines, marguerites, etc.) elle se décline jusqu’à
l’abstraction. Le rendu géométrique prédomine
sur la représentation. La corbeille de fruits, motif
de style Louis XVI détourné, témoigne d’une
époque qui entend renouer avec l’abondance.
1 2 3
La figure humaine ou animale, plus rare,
renvoie à des modèles antiquisants. Des signes
graphiques (cercles, spirales, vaguelettes)
LE CONTEXTE L’habitat, les magasins, les salles de divertis-
sements mais aussi le garage ou l’usine, L’ESTHÉTIQUE complètent l’ornementation. Elle se définit sans
illusion de la profondeur pour ne pas nuire à la
HISTORIQUE deviennent autant d’objets architecturaux.
À travers ces constructions, le souhait émerge ART DÉCO monumentalité de l’architecture. Le caractère
figé s’attache à des modèles intemporels.
de rapports plus justes, plus harmonieux
ÉVOLUTION URBAINE qu’autorisent, pense-t-on, les progrès scienti- LES ÉLÉMENTS DE STYLE
fiques et techniques. En réaction aux formes surchargées de LES MATÉRIAUX
Dans l’entre-deux-guerres, la ville de Tours
L’ampleur des programmes impose une réflexion l’éclectisme nourri de plusieurs siècles
poursuit son développement vers le sud entamé Les matériaux traditionnels sont progressive-
sur la manière de bâtir. Le style éclectique inspiré d’académisme, ou opulentes de l’art Nouveau,
au XIX e siècle. De nouveaux quartiers sont ment délaissés au profit de ceux issus de l’indus-
des formes historicisantes, perdure comme pour inspirées des lignes végétales, l’Art Déco tend
aménagés : Febvotte, Tonnellé, Beaujardin. trie. La pierre et la brique viennent compléter
effacer la blessure de la guerre. Les nécessités vers une purification des volumes architectu-
La population augmente considérablement. une structure où le béton devient prédominant.
de répondre à une demande croissante et la raux associée à des notations stylisées de
Malgré le besoin croissant de logements, la Les grandes surfaces lisses accusent un regard
facilité de mise en œuvre appellent à se tourner motifs décoratifs.
maison individuelle reste prépondérante. Les hygiéniste. Très souvent, un revêtement blanc
vers les matériaux issus de l’industrie. Toute La composition repose sur une ordonnance
plus grands édifices voient le jour le long des unifie la façade. Au sol, le granito, mélange de
une génération d’architectes, pour la plupart de classique poussée à l’extrême : des travées
principales artères ou à proximité immédiate. morceaux de marbre et de ciment lissé, permet
formation académique, cherchent à les intégrer. régulières à la symétrie accusée, la façade
L’axe formé par la rue Nationale et les boulevards un entretien facilité. De grandes entreprises
Les regards se tournent vers une certaine forme s’anime jusqu’à devenir cubiste. Des frontons
demeure privilégié pour les institutions ou les tourangelles dans le domaine de la construction
de modernité. marquent souvent l’axe du bâtiment. Le
grandes enseignes commerciales. Boutiques, (Novello, Jaulard) se spécialisent et fournissent
bow-window, élément d’architecture largement leurs services aux architectes.
industries, immeubles fleurissent aux abords de
L’EXPOSITION DE 1925 diffusé à partir de l’Angleterre au XIXe siècle,
l’avenue Grammont. Fort d’un centre ferroviaire Ferronneries et mosaïques connaissent un
Se tenant à Paris en 1925, l’Exposition Inter- devient l’un des poncifs du style. Appelé aussi
important, l’activité se concentre autour du regain d’intérêt. Lors de l’Exposition de 1925,
nationale des Arts Décoratifs et Industriels « oriel », cette partie en encorbellement percée
commerce. Lieu d’échanges, Tours conserve la porte d’honneur en fer forgé d’Edgar Brandt,
Modernes révèle au plus grand nombre un art de baies permet un meilleur éclairage. Elle
sa réputation d’une ville des bords de Loire de même que la galerie des marbres de Gentil et
novateur. Elle entend démontrer au monde se décline sous différentes configurations,
agréable dotée de toutes les infrastructures. Bourdet, ont marqué les esprits.
tout le savoir-faire français. Elle réunit différents anguleuses ou arrondies.
Le mode de fabrication évolue. La fonte moulée
UNE NOUVELLE IDÉE DU BÂTI créateurs aux tendances diverses, de la plus Une typologie des formes marque ainsi le
est abandonnée. Le fer industriel permet de
traditionnelle à la plus innovante. Au-delà de goût pour une simplification et une géométri-
décliner une gamme de motifs standardisés. Le
À la rupture que constitue la Première Guerre sation que tempère le maintien d’éléments
cette multitude, tous recherchent une certaine métal, forgé, martelé, traité en aplat, joue sur
mondiale s’ajoute l’effervescence d’un monde ornementaux.
modernité. Bien que destinés à une élite, les les effets de matière. À partir des années 1920,
nouveau à redéfinir. Les « années folles »
produits proposés séduisent. La diversité les tesselles, éléments composant la céramique,
se fascinent pour la vitesse, l’électricité,
des domaines abordés, de l’architecture à LES MOTIFS sont faits non plus de marbre mais de grès cérame
l’automobile, les paquebots transatlantiques,
l’aménagement intérieur en passant par la Le traitement en aplats des volumes relègue industriel. À Tours, le céramiste Sante Vallar ou
l’avion, le cinéma. En 1936, les premiers congés
mode et la joaillerie, trouve son application dans le décor en accompagnement. Il se loge en le ferronnier Joseph Bertault s’emparent de ces
payés marquent l’avènement d’une société de
le quotidien. bas-relief au niveau des frontons ou des tympans. matériaux de façon magistrale.
6 loisirs. 7
1. Immeuble Duthoo
2. Grand Hôtel,
travée double
marquant l’entrée
3. Grand Hôtel,
salle des fêtes
2 3
2. Maison Lefroid,
actuel magasin Printemps
3. Poste centrale
1 2 3
2. Église de la
Sainte-Famille, mur sud,
détail des vitraux et
du décor géométrique
3. Usine Rolls
4. Laboratoires Métadier,
état avant la
reconversion en
logement
1 2 3
12 13
2 3 4
1. Maison 3. Décor de
53 rue de la Californie mosaïque, logement
atelier Vallar
2. Maison Gasc
2. Immeuble
21 rue du Rempart
3. Immeuble
24 rue Victor-Hugo
18 19
1. Monument à la
mémoire des morts
de la guerre
de 1914-1918
2. Monument
mémorial américain
3. Fontaine Archibald
1 2 3
Université
Anatole France
Château PLAN DE SITUATION
F. Rabelais
neurs
Rue N
es Tan Cathédrale
oudho
n Rue d Saint-Gatien
Av. Pr L’ART DÉCO À TOURS 22 Immeuble de rapport
ation
Musée des 2
106 à 108 bis av. Grammont
Rue Mirabea
16 Place Beaux-Arts 3 1 Immeuble Duthoo
illy
Rue
Place 23 Immeuble de rapport
ale
u Plumereau 15 42-50 bis rue J.-Charpentier
Pre 4 de la 21 rue du Rempart
Bd Victoire 2
Marc
Grand Hôtel
27 N 24 Immeuble de rapport
9 place du Général-Leclerc
17-19 rue George-Sand
ea
u
20 3 Hôtel du Croissant
u
Place 25 Immeuble de rapport
des 9 Office de 12 rue Gambetta
Centre de Tourisme 114 avenue Grammont
Rue
28 30
1 5 Maison Lefroid
Boy
Jean Jaurès 23
5 2 Gare 6 Banque Populaire
nger Parc Mirabeau
Bd Béra SNCF 9 boulevard Béranger
o 28 Monument à la mémoire des
Hug 24 26 7 Poste centrale
ictor morts de la guerre 1914-1918
Place Rue V 1 boulevard Béranger
Hôtel de ville, place J.-Jaurès
St-Éloi
8 Académie de Danse
29 Monument mémorial
Place 57 rue George-Sand
8
américain
Michelet 9 Église de la Sainte-Famille Avenue André-Malraux
Rue Origet 97 rue de Beaujardin
8 30 Fontaine Archibald (détruite)
Rue Giraudeau
12 Garage Citroën
1 Maison, vers 1926
56 avenue Grammont
nt
14 boulevard Heurteloup
13 Miroiterie Vincent
2 Maison, vers 1935
112 avenue Grammont
60 rue Lobin
4 14 Garage Amblard
22 3 Maison, 1929
Bd J 45 rue du Rempart
ean 69 rue Mirabeau
Roye 13 6 15 Maison du Petit-Soleil (détruite)
r 4 Immeuble, vers 1937
25 Place de la Monnaie-Tournois
5 33-35 rue Desaix
16 L’Étoile Bleue
21 Place 5 Immeuble, vers 1933
15 rue du Champ-de-Mars
de la Liberté 117 avenue Grammont
17 Maison
6 Immeuble, vers 1933
19
53 rue de la Californie
in 45 rue Denis-Papin
ujard 9 18 Logement atelier Bertault
Bea 7 Immeuble, vers 1935
de 74 rue de la Californie
Rue 61 rue du Rempart
19 Logement atelier Vallar
tte 8 Immeuble, vers 1940
vo 26 rue Febvotte
eb 109 rue de la Fuye
eF 20 Logement atelier Daniau
Ru 9 Immeuble, vers 1935
37 rue Bernard-Palissy
3 place du Chardonnet
21 Maison Gasc
22 23
r
Che
Le
« L’ARCHITECTURE DU PREMIER TIERS DU XXe SIÈCLE
RESTERA COMME UN ÉMOUVANT TÉMOIGNAGE
DES EFFORTS DE NOTRE GÉNÉRATION POUR SE
RATTACHER À LA GRANDE TRADITION FRANÇAISE,
NON POINT EN PASTICHANT LES MONUMENTS
QU’ELLE NOUS A LÉGUÉS, MAIS BIEN EN SE
REMETTANT À L’ÉCOLE DE LA VIE, QUI EST LA
CONDITION ESSENTIELLE DE L’ART. »
René Gobillot, architecte, Architecture moderne et contemporaine, 1933
tours.fr