De l’espace central à la coupole

Du Panthéon romain à celui de Paris au XVIIIe s.

Volonté de masquer la rotonde du Panthéon
Transformation du temple traditionnel (capitolium) en Ajout du pronaos, constitué de colonnes
cella ronde du temple dédié à tous les dieux monolithiques corinthiennes et implantation au
(Panthéon), par Rabirius pour Hadrien (125) fond d’un forum cachant la rotonde
 Perfection spatiale de la structure en béton
Différence entre le profil de la coupole monocoque
(extérieur en casquette et intérieur demi-sphère)
assurer la solidité de la construction en ciment de
haute performance (mortier à base de chaux et
pouzzolane naturelle)
Proportions parfaites de l’espace intérieur (hauteur et
largeur de 43,3m) avec l’usage du béton diminuant
l’épaisseur de la coupole jusqu’à l’oculus et la densité des
agrégat (travertin, tuf et pierre ponce)

Pouzzolane
scories
volcaniques
 Ossature provisoire de la coupole et design
Structure radiale et concentrique de cotes de
brique pour la perfection géométrique
Écho à la finition carrée des caissons
Gâchage du mortier par dessus les ouvertures et circulaire de la coupole pour la
obturées par-dessous par des moules en bois découpe en marbre du dallage =
pour l’allègement de la structure (caissons) inscription d’un cercle dans un carré
Entrecroisement extérieur d’arcs de décharge
pour soulager la construction lors du séchage
Mur continu pour l’effet de rotation de la coupole
Rythme des caissons (28 comme multiple de 7)
pour le symbolisme cosmique des 7 niches.
Alternance de cavités courbes et rectilignes
pour assurer le bon séchage du noyau de la Changement de rythme avec la base (7 cavités
masse de béton (épaisseur identique) + 1 entrée) provoque une rupture visuelle et un
effet d’apesanteur de la coupole.
 Anthropocentrisme de la Renaissance
L’homme de Vitruve (1490, Léonard de Vinci)
au centre du cercle et du carré ET la rotonde
au centre de La ville idéale (1585, Piero della
Francesca) inscrit l’homme comme la rotonde
au centre de l’espace (perspective
euclidienne)
Tempietto de Saint Pierre (1502, Bramante)
imite le tholos à colonnade (commémoratif)
et la rotonde du Panthéon par la paroi
continue avec les cavités comme niches
(mode constructif en maçonnerie et enduit)
Limites du modèle central et monumentalité classique
Limites de la théorie radioconcentrique
(Vitruve) qui garantit l’alignement visuel
des supports par le respect du module (l. Monumentalité malgré l’échelle
colonne = l. pilastre). Son projet de la cour- par : proportionnalité, décor limité
cloître circulaire visait l’alignement des et convexité cumulative (gradins,
colonnes en périphérie de même module. colonnes, balustres et coupole)
 Coupole comme solution au syncrétisme religieux
Combinaison de l’idéal païen (tholos circulaire) et
du programme chrétien (longue nef) = coupole sur
la croisée pour la cathédrale proto-renaissante
(Brunelleschi, Florence, 1420)
Plan au sol d’une basilique (1475, Giorgio Martini)
Plan byzantin (croix inscrite dans carré)
pour coupole et déambulatoire
monumental autour de 4 piliers
colossaux à basilique saint Pierre à
Rome (Bramante/Michel-Ange, 1506-
1555)
Double coque comme défi au Panthéon
La coupole ovoïdale à 8 pans (diam 42
m) à ogives extérieurs en pierre
reposant sur un tambour octogonal.
Contreforts invisibles en pierre aux
angles et sur les pans de la coupole +
renforcement de chaînes en fer,
recouverte de plomb (œuvre du dôme
recopié par Manetti)
Tracé géométrique de la
coupole (Gherardo da Prato)
Structure à double coque en maçonnerie en
briques légères avec la technique étrusque en
« arête de poisson » (absence pouzzolane du
béton romain).
Construction sans cintre avec échafaudage
volant en anneaux successifs de lits de briques
avec le cordeau du maçon « une perche fixée à
la base et tournant sur elle-même vers le haut
avec réduction progressive de son inclinaison ».
Un escalier entre coques vers le lanternon
Volume hémisphérique comme référence au Panthéon
Construction sur cintre avec
Coupole hémisphérique à nervures en pierre
sur un tambour circulaire reposant sur 4 piliers héritage de la double coque en
renforcés (similitude Panthéon) maçonnerie de brique mais
Effet maniériste de la « roue dentée » du double renforcement par
tambour par l’emploi atectonique de doubles chaînage sur la circonférence
colonnes libres supportant une imposte (inspiré
du Forum transitorium)

Colonne libre et ressaut d’attique

pour illusion stoa (forum transitorium)

Plan de la coupole
Giovani Poleni (1748)
Référence culturelle au Panthéon pour la villa palladienne
Morphologie cubique et coupole en
« casquette » (modifiée par Scamozzi) en
raison du propriétaire (prélat pontifical) lié
au martyrium chrétien (Panthéon)
Nudité du bâti par matériaux pauvres
(maçonnerie enduite) et choix de l’ordre
ionique épuré
Villa Rotonda (Andrea Palladio, Vicenze,
1571)
Organisation spatiale
radioconcentrique autour de la
coupole et croix inscrite dans un
carré
Implantation de la villa pour se
focaliser sur la pronaos de
façade comme au panthéon
Distribution latérale de statues
pour scander le parcours.
Culture du contraste entre extérieur et intérieur
Coupole à oculus avec découpage de
cadre en stucs pour fresques et
Comme au Panthéon, la richesse du sculptures (transposant les procédés
décor intérieur (stucs et fresques) illusionnistes de Michel-Ange)
Voûte de la
Chapelle Sixtine
(Michel-Ange)

Fresques de
Alessandro Maganza
 Unification spatiale sous la coupole baroque
Contraste plastique de courbes en Accueil des murs concaves et
alternance concave et convexe avancée du perron et du porche
(église saint André-du-Quirinal, 1678) convexe vers le visiteur

2 murs concaves (1) pour masquer 2 cours derrières les 2 portes

latérales et créer la cour vers la porte d’entrée (3) dans l'église.
 Déformation de la rotonde en ellipse
Archaïsme de la paroi creusée de
chapelles
Force des pilastres et colonnes soutenant
Alternance de chapelles à fond plat et l’architrave avec des marbres polychromes pou
courbe comme au Panthéon (imitation les parois et des dorures pour la coupole
sans la contrainte constructive du béton)
Parcours spatial et visuel par la lumière
Attirance naturel au centre de La source de lumière indirect sur la maitre-autel
l’ellipse sous le lanternon vers le crée l’effet que : « l’église n’est ni plus ni moins
maître-autel est rapidement stoppée, qu’un décor dans lequel un mystère avec son
l’espace se diluant vers les chapelles émotion est révélé aux fidèles au moyen du
latérales. décor sculpté » (Wittkower, 1958).
Décor architectural orchestré par la sculpture
Coupole en ellipse sans tambour, épaulée par
des contreforts internes (9) en forme de volutes
caractéristiques du baroque
Forte lumière des baies assises sur
l’entablement pour primauté du décor,
sculpture et peinture dans la scénographie
architecturale
Rupture visuelle du fronton avec la courbe
s’incurvant pour le ressenti kinésique de la
montée du saint André vers l’oculus
combat de reconnaissance de la sainteté par la
Contre-Réforme
Organicité de la paroi continue baroque
Façade ondoyante incurvant l’élévation
selon l’alternance convexe-concave-
convexe. L’entrée convexe intègre le Espace allongé et complexe, fusion
mouvement de l’extrémité de l’enveloppe de formes simples (cercles,
spatiale (Saint-Charles-des-quatre- triangles, losange et rectangle).
fontaines, Borromini, Rome, 1680)
 Illusion spatiale et tectonique
Illusion de la coupole ovale sur pendentifs
portée par un entablement curvilinéaire et
fiction de la colonnade ouvrant l’espace sur
Colonnes libre ponctuant la rupture un déambulatoire
de la paroi continue organique
 Coupole dans la réflexion classique
Reprise » du modèle maniériste de Michel-
Ange pour la coupole nervurée du « dôme
des Invalides » mais dissociant 2 tambours
Pour le panthéon militaire (chapelle royale)
à l’Hôtel des Invalides (1670, Jules Hardouin-
Mansart) commandée par Louis XIV
Superposition de portiques et variation
de l’entrecolonnement pour laisser place
à la sculpture.
Réflexion dans la querelle des Anciens et
des Modernes (Polémique à la fin du
XVIIe s. au sein de l’Académie envers
théorie de l’architecture grecque
hellénistique)
 Triple coque pour des effets baroques
Imbrication de deux coupoles ouvrant la vue
(hauteur 90 m) depuis celle inférieure à oculus
s’orientant sur le plafond de celle supérieure.
Troisième coque de la charpente recouverte de
Pb
Double système d’éclairage : direct par le
premier tambour (fenêtres rectangulaires) et,
indirect par le second tambour (fenêtres
cintrées).
Effet baroque d’assurer de manière
mystérieuse la lumière naturelle sur la
fresque plafonnant de la gloire de Saint
Louis (Charles de La Fosse) donnant
l’illusion spatiale d’un dôme s’ouvrant au
ciel (plaidoyer sur le pouvoir royal
d’origine divine).
 Rhétorique éclectique du Panthéon néoclassique
Panthéon par Jacques-Germain Soufflot Limitation visuelle du pronaos classique à
comme mausolée des grands homme de la l’antique et imbrication de 3 coques pour
Nation (Paris, 1790) le système lumineux complexe baroque