Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
INCOMPLÈTE ET SUBJECTIVE DE LA
PORNOGRAPHIE
Paul L OUŸS
14 juillet 2023
Table des matières
Introduction v
0.1 Avertissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v
0.2 Objet de cette encyclopédie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v
1 Films pornographiques 1
1.1 Tout est faux ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Documentation sur les films pornographiques . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Quelques films cultes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3.1 Derrière la porte verte ou Behind the green door . . . . . . . 4
i
ii TABLE DES MATIÈRES
6 Fantasmes 171
6.1 BDSM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
6.2 Fantasmes interraciaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
6.3 Fantasmes de viol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
6.4 Le fantasme d’une femme d’expérience : la MILF . . . . . . . . . . . 182
iv TABLE DES MATIÈRES
7 Livres 189
7.1 Le Dictionnaire des films français pornographiques et érotiques en
16 et 35 mm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
7.2 Interview avec Pierre Reinhard et Christophe Bier sur le cinéma
pornographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
7.3 Autobiographies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
7.4 Biographies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
7.5 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
Introduction
0.1 Avertissement
Cet ouvrage présente un panorama de la pornographie. On y trouvera une
brève histoire du cinéma pornographique, de ses actrices et de ses acteurs, un
très bref aperçu de la littérature pornographique accessible en ligne sur Inter-
net. Je n’ai pas cherché une impossible exhaustivité. Mes goûts personnels, les
films que j’ai vus ont inévitablement influencés et guidés mes choix dans ce que
je présente dans ce modeste ouvrage. Cette encyclopédie est donc aussi incom-
plète que subjective !
Il ne faut pas imprimer une version papier, mais bien consulter le fichier
PDF et si possible en laissant l’ordinateur l’ouvrir en plein écran. En effet, de
nombreux liens émaillent le texte, notamment des liens vers des filmographies
d’actrices ou d’acteur, des liens vers des films où est donnée la distribution et
éventuellement un résumé ; les bases de données vers lesquelles pointent ces
liens m’apparaissent suffisamment pérennes pour que je les aie utilisées. Ces
liens sont cliquables et vous enverront vers les informations désirées sur Inter-
net.
v
vi INTRODUCTION
mains avoir des relations sexuelles si ! Pour remplacer une sexualité déficiente,
l’être humain a recours à la masturbation. Pour se masturber, pour se donner de
l’inspiration, pour varier les fantasmes qui permettent de s’exciter, il n’y a pas
encore si longtemps, on pensait au charmant voisin, à l’inconnue sexy croisée
dans les transports en commun en allant ou en revenant du boulot, à la collègue
de travail qui a de si jolies formes, au collègue de travail qui semble tellement
inaccessible, aux images des catalogues de vêtements vendus par correspon-
dance (chapitre lingerie du catalogue la Redoute. . .). Les plus audacieux avaient
recours à des magazines spécialisés comme Playboy, Penthouse ou Penthouse
en français, Lui ou Hustler, ou à l’achat de cassettes VHS puis de DVD de films
pornographiques.
Tout cela, c’était avant Internet, avant les années 1995 - 2000. Depuis sont
apparus une multitude de sites spécialisés qui livrent une quantité presque in-
finie d’images, dans tous les genres de fantasmes possibles, et ceci de manière
anonyme et souvent gratuite et légale, avec très souvent une qualité haute défi-
nition (HD). Voilà de quoi nourrir l’usine à fantasmes du cerveau et transformer
l’activité masturbatoire de substitution à une vie sexuelle inexistante ou très peu
satisfaisante en une activité qui apporte un plaisir important.
Les actrices et acteurs pornographiques appartiennent à une caste d’« in-
touchables » qui transgressent les tabous du sexe. Cela n’est pas sans risques.
Rappelons-nous le suicide des actrices Karen Lancaume (karen Bach) en 2005 et
August Ames (Mercedes Grabowski) à 23 ans en 2017, suicides étroitement liés à
leur profession d’actrice pornographique.
En France, un homme sur deux et une femme sur cinq déclarent regarder
régulièrement de la pornographie 1 .
Selon le psychologue Alvin Cooper, directeur du San Jose Marital and Sexua-
lity Centre de Santa Clara, en Californie, « le sexe sur Internet est principalement
pratiqué par les hommes comme une façon de chasser le stress, une façon de
fantasmer sur des pratiques en restant fidèle ». Au même titre que d’autres ad-
dictions telles que le jeu, les médicaments, l’alcool. Selon lui, « ce comportement
peut compenser des sentiments de colère, de déception, d’ennui, de tension,
d’inquiétude, de solitude ou de tristesse et mener au surinvestissement d’une
vie virtuelle confortable face à son ordinateur ». Une habitude qui n’est pas sans
effet, puisque ce chercheur estime qu’elle peut « entraîner des modifications de
la perception que l’on a des autres, générer un désengagement de la vie réelle,
modifier la perception de la réalité et parfois conduire à un isolement social »,
mais beaucoup s’en moquent !
S’il fallait une justification à l’extraordinaire engouement pour les vidéos
pornographiques si facilement disponibles sur Internet, l’écrivain Michel Houel-
lebecq nous en livre la clé dans son roman La possibilité d’une île : « Le plaisir
sexuel n’est pas seulement supérieur, en raffinement et en violence, à tous les
1. Nathalie Bajos et Michel Bozon (sous la dir. de), Enquête sur la sexualité en France. Pra-
tiques, genre et santé, La Découverte, Paris, 2008.
0.2. OBJET DE CETTE ENCYCLOPÉDIE vii
autres plaisirs que peut comporter la vie ; il n’est pas seulement l’unique plaisir
qui ne s’accompagne d’aucun dommage pour l’organisme, mais qui contribue
au contraire à le maintenir à son plus haut niveau de vitalité et de force ; il est
l’unique plaisir, l’unique objectif en vérité de l’existence humaine, et tous les
autres – qu’ils soient associés aux nourritures riches, au tabac, aux alcools ou à
la drogue – ne sont que des compensations dérisoires et désespérées, des mini-
suicides qui n’ont pas le courage de dire leur nom, des tentatives pour détruire
plus rapidement un corps qui, éventuellement, n’a plus accès au plaisir unique ».
Houellebecq enfonce le clou en écrivant, toujours dans La possibilité d’une
île, en affirmant que l’Homme est taraudé par le désir sexuel tout au long de
la vie : « Je m’imaginais qu’à partir d’un certain âge le désir sexuel disparaît,
qu’il vous laisse du moins relativement tranquille. Comment avais-je pu, moi
qui me prétendais un esprit acéré, caustique, comment avais-je pu former en
moi une illusion aussi ridicule ? Je connaissais la vie, en principe, j’avais même
lu des livres ; et s’il y avait un sujet simple, un sujet sur lequel, comme on dit,
tous les témoignages concordent, c’était bien celui-là. Non seulement le désir
sexuel ne disparaît pas, mais il devient avec l’âge de plus en plus cruel, de plus
en plus déchirant et insatiable - et même chez les hommes, au demeurant assez
rares, chez lesquels disparaissent les sécrétions hormonales, l’érection et tous
les phénomènes associés, l’attraction pour les jeunes corps féminins ne dimi-
nue pas, elle devient, et c’est peut-être encore pire, cosa mentale, et désir du
désir. Voilà la vérité, voilà l’évidence, voilà ce qu’avaient, inlassablement, répété
tous les auteurs sérieux ».
Houellebecq n’est pas le seul artiste a s’exprimer sur la sexualité. Dans son
livre Les aveux inavouables publié en 1973, le peintre Salvador Dali écrivit que
tandis qu’il peignait son œuvre Le grand masturbateur :
Films pornographiques
Les gros plans sur les organes génitaux sont très couramment employés.
La grande majorité des films pornographiques n’ont aucune prétention au réa-
lisme : ils dépeignent au contraire un univers relevant du fantasme, où l’acti-
vité sexuelle représente l’essentiel de l’action et où les partenaires, féminins ou
masculins, sont toujours disponibles et performants, y compris avec de parfaits
inconnus.
Le public hétérosexuel masculin constitue la majeure partie du marché, bien
que diverses niches existent (pornographie gay, pornographie lesbienne, BDSM. . .).
L’industrie du cinéma pornographique propose à son public, en fonction des de-
mandes du marché et des législations nationales, toutes les formes de pratiques
sexuelles autorisées. La législation varie selon les pays : en France, il est ainsi in-
terdit de réaliser des films nécrophiles ou zoophiles. Les films pornographiques
1
2 CHAPITRE 1. FILMS PORNOGRAPHIQUES
avoir vu un héros escalader la façade vitrée d’un immeuble avec des chaussures
spéciales, après avoir admiré l’adresse de pilotes automobile conduisant à plus
de 250 km h−1 en ville, on ne passe pas à l’acte, on ne les imite surtout pas ! Eh
bien de même, après avoir vu un film porno, on ne va pas mettre des claques sur
les fesses de sa partenaire, la sodomiser sauvagement, la traîner dans un parking
pour qu’elle se fasse baiser par tous les routiers qui font leur pause ! On ne peut
pas non plus bander comme un âne pendant des heures, éjaculer des quantités
de sperme invraisemblable, tout est faux.
Les acteurs porno hommes sont recrutés sur des critères de mensuration,
un infime pourcentage de la population masculine possède un pénis de plus
de vingt centimètres de long en érection. Ils sont aussi plus endurants que la
moyenne des hommes quant à leur capacité à demeurer longtemps en érection,
et s’ils ont des faiblesses, les actrices présentes sur le plateau les stimulent, et
au cas où cela ne suffirait pas, ils prennent des pilules spéciales (viagra). Peter
North était un acteur réputé pour ses éjaculations très abondantes, mais tous
les acteurs ne sont pas comme lui, et de toute manière même lui ne pouvait
sans doute pas éjaculer abondamment plusieurs fois par jour. Une petite poire
remplie de faux sperme (à base de blanc d’œuf, de gaviscon, etc.) reliée à un petit
tuyau que l’acteur dissimule sous sa verge permet de faire croire que l’acteur
éjacule des quantités invraisemblable de sperme à des distances considérables.
Ne cherchez pas à faire la même chose, c’est peine perdue !
Les actrices se préparent plus ou moins longuement avant des scènes de
sodomie, déjà par des lavements, puis pas une lubrification minutieuse et une
préparation du sphincter anal. Tout cela est coupé au montage ou n’est tout sim-
plement pas filmé.
Les acteurs pornos sont des professionnels. Ils possèdent un savoir faire,
un entraînement que ne possède pas le commun des mortels. Dans la plupart
des scènes de copulation, les acteurs doivent prendre des pauses plus ou moins
acrobatiques pour que les vagins, les anus, les pénis puissent être filmés de très
près, c’est comme cela que tout apparaît en gros plan à l’écran ensuite, mais cela
exige des acteurs pas mal de contorsions.
Bref, un film porno est un spectacle étudié, monté, fabriqué pour exciter le
spectateur, comme un film classique l’est pour faire vibrer le public, le plus sou-
vent à l’aide d’artifices, nous sommes dans le domaine de l’illusion. Illusion qu’il
est vain de vouloir reproduire et même souvent dangereux.. . .
5
6 CHAPITRE 2. HISTOIRE DU FILM PORNOGRAPHIQUE
mais certains d’entre eux font exceptions comme Jamie Gillis et John Leslie.
En France, les stars étaient Marilyn Jess, Olinka Hardiman, Dominique Saint
Claire, Élisabeth Buré et Mina Houghe.
À partir de 1980, l’apparition de la cassette vidéo bouleverse l’économie des
films pornographiques. Avant cela, quatre distributeurs se partageaient le mar-
ché. Par la suite, n’importe quel épicier a pu vendre des cassettes. Cela a entraîné
un nouveau mode de consommation, les gens pouvant désormais également
posséder et collectionner les films et surtout les visionner chez eux.
même. Elle lutte, au nom de valeurs propres à ses membres et sur des critères à
l’objectivité discutable, pour maintenir un ordre moral acceptable. Une longue
route, parsemée d’embûches dangereuses, de détours et de culs-de-sac, attend
les films qui vont flirter, d’une façon toujours plus poussive, avec la sexualité.
fement des salles obscures avec Elle n’a dansé qu’un seul été (Hon dansade en
sommar, Arne Mattsson, 1951), relatant la romance estivale de deux adolescents
qui se terminera mal puisque la jeune fille sera tuée dans un accident de la route.
Le film devient un succès financier en raison d’une scène de baignade naturiste
et engendre une série de Summer films scandinaves mettant en scène une jeu-
nesse moderne assumant une sexualité plus libre. Mais le film suédois qui fera
fantasmer des milliers de spectateurs dans le monde, en faisant définitivement
rimer dans l’inconscient collectif Scandinavie avec sexualité, est Monika (Ing-
mar Bergman, 1952). Le film est, dans un premier temps, distribué aux États-
Unis dans une version remontée et affreusement doublée pour ne mettre en
avant que l’aspect sexuel et ainsi satisfaire la clientèle de marché de l’exploi-
tation, juste intéressée par la nudité du personnage principal. Qu’importe si le
montage original fera moins de recettes, la révolution est en marche, le cinéma
peut raconter des histoires sérieuses en y incluant de la nudité.
Encouragé par ces exemples venus du froid, le reste de l’Europe suit le mou-
vement et les cinéastes nous font découvrir les charmes de Jeanne Moreau et
Brigitte Bardot. Chaque pays voit sa censure mise à mal par de nouvelles at-
taques. De l’autre côté de l’Atlantique, où le rétrograde Code Hays traque le
moindre débordement de sensualité, les distributeurs indépendants, qui ont
acheté des films européens pour les projeter hors des circuits des majors, se
frottent les mains tout en remerciant Dieu d’avoir créé l’Europe. Mais pour l’en-
semble des critiques et du public, ces films sont immoraux et ne peuvent s’adres-
ser qu’à un public de pervers.
À la fin des années 1950, le nudie arrive sur les écrans américains avec The
Immoral Mr. Teas (Russ Meyer, 1959) et relance une nouvelle vague de films de
nudistes sur un mode comique, mais sans descendre au-dessous de la ceinture,
si ce n’est pour filmer des fesses. Le cinéma d’exploitation démontre son effi-
cacité et des centaines de films semblables sont produits à la chaîne, faisant
le bonheur des propriétaires de drive-in et de petites salles de province. Nous
sommes encore loin du diktat qui sera imposé par la suite sur le physique, et les
actrices exhibent sans honte bourrelets et peau d’orange.
Quant au cinéma de genre européen, il poursuit ses expérimentations char-
nelles et le film d’horreur cohabite désormais avec l’érotisme, à l’image de L’Hor-
rible Docteur Orlof (Gritos en la noche, Jesús Franco, 1962) ou encore Le Mort
dans le filet (Ein Toter Hing Im Netz, Fritz Böttger, 1959) qui exhibent fesses
molles et seins flasques entre deux séquences effrayantes. Même la prude Al-
bion, qui s’était lancée dans le courant nudiste avec Nudist Paradise (Charles
Saunders, 1958) et dont les productions de la Hammer rivalisaient d’ingéniosité
pour érotiser ses films sans jamais rien dévoiler, ose déshabiller quelques ac-
trices pour satisfaire les besoins du terrifiant Voyeur (Peeping Tom, Michael Po-
well, 1960). Certaines productions sont même tournées en deux versions, l’une
habillée, alors que la deuxième s’autorise quelques plans de nudité. C’est ainsi
que Dany Carrel n’expose ses seins que dans la copie française du Moulin des
supplices (Il mulino delle donne di pietra, Giorgio Ferroni, 1960), ou encore que
10 CHAPITRE 2. HISTOIRE DU FILM PORNOGRAPHIQUE
Sweetback’s Baadasssss Song (Melvin Van Peebles, 1971) comporte des scènes de
sexe qui vaudront à son acteur-réalisateur une bonne chaude-pisse, dont il est
impossible de douter de l’authenticité, sans pour autant céder à l’utilisation de
gros plans organiques. Le provocateur et très trash Pink Flamingos (John Waters,
1972), en plus de mettre en scène un anus chantant, balance à la face du public
une hardie fellation incestueuse, effectuée par le travesti Divine sur le person-
nage de son fils, lors d’une séquence hystérique et délirante, mais hors de tout
contexte érotique.
Les scènes érotiques les plus fortes viendront en fait du cinéma traditionnel
qui, en voulant être au plus juste des sentiments de ses personnages, va ainsi
donner une meilleure illusion de réalité. Parmi les films les plus novateurs et les
plus importants citons Macadam Cowboy (Midnight Cowboy, John Schlesinger,
1969) et son gigolo campagnard qui vient se heurter à la dure réalité du milieu
urbain, Les Cent Fusils (100 Rifles, Tom Gries, 1969) qui fait coucher la blanche
Raquel Welsh avec le noir Jim Brown, Love (Women in Love, Ken Russell, 1969)
qui voit Oliver Reed et Alan Bates pratiquer la lutte dans le plus simple appareil,
La Fille de Ryan (Ryan’s Daughter, David Lean, 1970) où l’Irlandaise Sarah Miles
et le Britannique Christopher Jones entretiennent une passion adultère et font
l’amour dans la nature, et Myra Breckinridge (Michael Sarne, 1970) dans lequel
Raquel Welch incarne un transsexuel.
Dès les premiers balbutiements du cinéma, une industrie souterraine se dé-
veloppe parallèlement, sans faire de bruit, et propose des films qui ne se contentent
plus d’épier une femme dans son bain ou lors de son déshabillage du soir. On
parle de Blue movies ou de Stag films pour désigner ces premières bandes por-
nographiques qui sont souvent tournées dans les mêmes décors et par les mêmes
équipes que certaines productions officielles, des prostituées et des anonymes
remplaçant les acteurs professionnels. Totalement illégaux et destinés à être pro-
jetés dans les maisons closes, quand ils ne sont pas directement vendus à de
riches clients pour une utilisation privée, ces films polissons génèrent de bons
revenus et permettent le financement d’œuvres plus classiques.
Plus tard, c’est au sein du vaste mouvement underground que l’on trouve un
semblant de pornographie avec des films expérimentaux. Si Blow Job (Andy Wa-
rhol, 1964) se focalise uniquement sur le visage d’un homme à qui l’on prodigue
une fellation pour en capter le ressenti, Flaming Creatures (Jack Smith, 1963) est
peuplé de travestis qui affichent brièvement pénis et nichons lors d’une apoca-
lyptique séquence d’orgie. Une scène de sexe non simulée entre Viva et Louis
Waldon est bien présente dans Blue Movie aka Fuck (Andy Warhol, 1969), film
qui tient plus du documentaire que de la fiction. Vapors (Andy Milligan, 1963),
après de longues discussions homosexuelles, se termine par le plan d’un im-
pressionnant pénis qui semble se jeter vers le spectateur. Explorant de nouveaux
territoires, ces films restent encore aujourd’hui confinés dans un circuit des plus
restreints.
Avec le temps, les bandes pornographiques deviennent des loops et durent
généralement le temps d’une ou deux bobines. De qualité médiocre, toujours
12 CHAPITRE 2. HISTOIRE DU FILM PORNOGRAPHIQUE
1. En réalité, six mois avant la sortie de Gorge Profonde, le film Boys in the Sand (Wakefield
Poole, 1971) va déjà tracer la route du porno chic en attirant les stars de Broadway et en étant
chroniqué dans les journaux. Mais comme il s’agit d’un porno gay, il n’est généralement pas men-
2.1. VERS UNE REPRÉSENTATION EXPLICITE DU SEXE A L’ÉCRAN 13
tionné dans l’Histoire du cinéma pornographique qui se contente des films « hétéros ».
14 CHAPITRE 2. HISTOIRE DU FILM PORNOGRAPHIQUE
ment tous les écrans dès l’année suivante. Chez nous aussi, le genre se démo-
cratise pour un temps et les cinéastes bénéficient d’un espace de liberté créa-
tif unique. Rapidement, les producteurs doivent rivaliser d’ingéniosité pour ali-
menter les salles en nouveautés afin de contenter un public toujours plus nom-
breux, qui peut enfin aller voir du sexe au cinéma sans avoir honte. Les inserts X,
qui existaient déjà au début du cinéma, refont leur apparition et de nombreuses
productions érotiques ressortent sur les écrans, sous de nouveaux titres, truffées
de scènes hardcore qui ne raccordent bien souvent pas avec le reste du métrage.
Dénués de tous scrupules, certains exploitants se sont même amusés à caviar-
der des films qui ne s’y prêtaient pourtant pas. L’exemple le plus célèbre reste La
Nuit de la grande chaleur (Night of the Big Heat, Terence Fisher, 1967) avec Peter
Cushing et Christopher Lee qui, pour sa sortie tardive sur le territoire français,
tentait de justifier pleinement son titre grâce à quelques ajouts à haute teneur
calorifère, réalisés, dit-on, par l’acteur Claude Sendron, au plus grand étonne-
ment des fans de films d’horreur anglais.
Mais tous ces films sont produits, tournés et interprétés par des profession-
nels du milieu, loin de la production mainstream. Une tentative de fusion entre
cinéma traditionnel et pornographie naît en France avec le décalé Change pas
de main (Paul Vecchiali, 1975). L’histoire assez abracadabrante d’une détective
privée enquêtant sur une affaire de chantage n’est pas des plus captivantes, mais
reste suffisamment décalée pour intriguer. Croisement improbable entre le ci-
néma de Fassbinder et le burlesque américain, saupoudré de scènes explicites,
dont une gigantesque orgie, Change pas de main ne provoque que très peu de
remous au sein de l’industrie cinématographique française. Bien sûr, certains
critiques sont navrés de voir des intellectuels comme Vecchiali et Noël Simsolo
se vautrer dans le stupre, alors que d’autres en saluent le courage. Indirecte-
ment, le film va permettre, à ses dépens, d’imposer sur le devant de la scène
celle que l’on a qualifiée de première porno star française : Claudine Beccarie.
Le producteur de Change pas de main, Jean-François Davy, fait sa connaissance
sur le tournage du film. Fasciné par ce personnage hors norme qui n’a pas froid
aux yeux, ni la langue dans sa poche, il décide de réaliser un documentaire sur
elle et commence à l’interviewer. Le produit fini sera baptisé Exhibition (1975) et
remportera un succès fracassant au box-office. Ironiquement, ce documentaire
va totalement éclipser le film de Vecchiali qui, n’ayant engendré ni scandale ni
engouement, se verra envoyer aux oubliettes et ne restera qu’une expérience
d’hybridation sans lendemain. De toute façon, l’ombre menaçante d’une loi sur
le X se profile déjà à l’horizon et s’apprête à lentement asphyxier le genre.
Certains producteurs, effrayés par les conséquences financières de cette loi,
décident de s’assagir en revoyant la charge pornographique de leurs films à la
baisse pour éviter l’infâme classement X. Spermula (Charles Matton, 1976), qui
raconte comment les Spermulites, pour envahir la Terre, se transforment en
femmes afin d’aspirer la semence de tous les hommes et ainsi les empêcher de
procréer, se cantonne ainsi à un érotisme kitsch alors que son sujet laissait pré-
sager un film bien plus vigoureux.
2.1. VERS UNE REPRÉSENTATION EXPLICITE DU SEXE A L’ÉCRAN 15
sures et hurlent à la peine de mort pour ces films qu’ils jugent indignes d’exister.
Leur objectif annoncé n’est plus de limiter l’accès à ces films afin de protéger les
mineurs, mais bien de les faire disparaître. L’impensable arrive même en 1977
lorsque le film L’Essayeuse (Serge Korber, 1975) est condamné à être brûlé ! Cette
lamentable affaire eut pourtant le mérite d’aborder un point crucial, celui de la
définition de l’obscénité et de la pornographie. L’actrice Sylvia Bourdon, dans
une lettre ouverte pour la défense du film, fit très justement remarquer que L’Es-
sayeuse n’était pas plus obscène que L’Empire des sens, et que Salò (Pier Paolo
Pasolini, 1975) contenait des scènes de coprophagie dont la vision pouvait se
révéler bien plus traumatisante que celle de couples faisant l’amour. De plus,
aucun de ces deux films n’ont écopé d’un classement X.
C’est dans ce paradoxe polémique que se trouve toute l’ambiguïté de l’ac-
cueil réservé aux films, aussi bien par les organismes de contrôle officiel que par
la presse : un auteur reconnu peut tout se permettre et sera même félicité pour
son courage, alors qu’un inconnu dont le seul but est de donner au spectateur
ce qu’il attend, bref de faire un film d’exploitation, sera traîné dans la boue et
cloué au pilori.
Face aux pénalités économiques, les producteurs et distributeurs n’osent
plus tenter l’aventure du X au sein d’une production classique. Les studios ont
néanmoins pu profiter de cette vague rose pour repenser la représentation de
l’acte sexuel à l’écran. Après tout, un bon acteur doit réussir à faire croire à son
public que chacune de ses actions est réelle. Lorsque dans Le Dernier Tango à
Paris (Ultimo tango a Parigi, Bernardo Bertolucci, 1972) Marlon Brando utilise
une plaquette de beurre à des fins lubrificatrices avant de sodomiser sa parte-
naire, aucun gros plan explicite n’est nécessaire pour la compréhension de la
scène. Le jeu intense des acteurs allié au montage permet d’obtenir une scène
des plus crues sans que rien ne soit clairement montré. Il est donc possible de
filmer du sexe sans tomber dans la pornographie et ainsi conserver une crédibi-
lité auprès de la critique tout en évitant de froisser les comités de classification.
Dès lors, le cinéma traditionnel s’efforce de caser au moins une scène d’amour
par production. Dans les meilleurs cas, le réalisme sera tel que l’on peut se de-
mander si les acteurs ne l’ont pas réellement fait sur le tournage comme pour Ne
vous retournez pas (Don’t Look Now, Nicolas Roeg, 1973) où Donald Sutherland
gratifie Julie Christie d’un bref cunnilingus entre des plans d’accouplement. La
pratique sera reprise par Jean-Hugues Anglade au profit de Béatrice Dalle pour
les besoins de 37°2 le matin (Jean-Jacques Beineix, 1986). Aux Philippines, Scor-
pio Nights (Peque Gallaga, 1985) raconte une brûlante passion adultère entre
voisins dont les scènes de sexe laissent parfois entrevoir l’excitation réelle de son
acteur principal. Dans Silip (Elwood Perez, 1985), le protagoniste, après avoir
enfin défloré la sexuellement frustrée institutrice du village qui était amoureuse
de lui depuis des années, s’avance vers une jeune fille témoin de la scène, en
demi-érection, le sexe ensanglanté. Toujours sous un ciel exotique, L’Amant (Jean-
Jacques Annaud, 1992) Tony Leung Ka-Fai honore régulièrement sa jeune par-
tenaire Jane March lors d’ébats très moites. Enfin, Mon Bel amour, ma déchirure
18 CHAPITRE 2. HISTOIRE DU FILM PORNOGRAPHIQUE
(José Pinheiro, 1987) pousse la sage Catherine Wilkening dans les bras de Sté-
phane Ferrara pour les entraîner dans une passion torride. En refusant de jouer
sur une esthétique de l’acte sexuel pour lui préférer un réalisme brutal, ce film
comporte les scènes de sexe parmi les plus crédibles, renvoyant bon nombre de
productions dites osées vers les abysses du kitsch.
Le sexe devient donc omniprésent, et lorsqu’on ne fait pas l’amour dans les
films, on en rêve, on en parle ou on en rit. La comédie graveleuse, adolescente et
hypersexuée fait recette sur les écrans du monde entier. De Porky’s (Bob Clark,
1982), où l’on passe son pénis dans un trou communiquant avec les douches ré-
servées aux filles dans l’espoir d’une petite gâterie, à American Pie (Paul Weitz,
1999) et son ado baiseur de tarte aux pommes, en passant par le sperme fai-
sant office de gel coiffant dans Mary à tout prix (There’s Something About Mary,
Bobby & Peter Farrelly, 1998), le sexe prête à rire et la vulgarité devient synonyme
de succès.
Les grandes discussions sur le sexe s’invitent régulièrement dans les films
et permettent de beaux succès commerciaux lorsqu’elles sont traitées avec jus-
tesse et humour comme dans Quand Harry rencontre Sally (When Harry Met
Sally, Rob Reiner, 1989), ou encore avec dérision et cynisme dans le cinéma de
Woody Allen. Parfois, des films très bavards entièrement consacrés au sujet ar-
rivent à surprendre de part leur audace, à l’image du Déclin de l’empire amé-
ricain (Denys Arcand, 1986) où l’on s’échange des récits d’aventures sexuelles
dans un cadre feutré et très intellectuel. Dans un style bien plus provocateur
et sans la moindre once de subtilité, Clerks (Kevin Smith, 1993) n’en demeure
pas moins hilarant et finalement assez réaliste dans sa vision des rapports entre
hommes et femmes. Quant à la nudité, elle ne choque plus et devient presque
un passage obligé pour les actrices. Depuis les années 1970, rares sont celles qui
n’ont pas dû dévoiler au minimum leur poitrine dans un film. Comédie, polar,
fantastique, drame historique. Aucun genre n’y échappe et seins, fesses, minous,
et occasionnellement quelques flasques pénis, viennent se perdre dans des ré-
cits où ils ne sont pas indispensables : c’est le règne du plan nichon 2 . Les specta-
teurs friands de grosses productions peuvent tranquillement profiter d’un bon
film commercial tout en se rinçant l’œil.
Le cinéma d’auteur, on le sait, avait depuis longtemps intégré la nudité dans
ses productions, la justifiant par un intellectualisme parfois nébuleux. Mais qu’im-
porte, car le public était curieux et la perspective de voir de la chair sur grand
écran permettait d’obtenir d’honorables scores au box-office. Au début des an-
nées 1980, alors que les studios reprennent les rênes de la créativité pour mieux
l’annihiler et saturer le marché de produits très calibrés afin d’assurer une renta-
bilité optimale, les cinéastes « indépendants » ont bien du mal à faire distribuer
leurs films et ne comptent plus que sur un public de cinéphiles, fidèle à la poli-
tique des auteurs. Bref, le film d’auteur bavard perd du terrain face à un cinéma
plus populaire. Pourtant, certains films considérés comme difficiles ont soudain
une exposition médiatique plus importante qu’à l’accoutumée grâce à l’adjonc-
tion d’un peu de nudité. Ainsi La Belle Noiseuse (Jacques Rivette, 1991) qui place
Émmanuelle Béart, alors en plein début de notoriété, dans la position de modèle
nue et l’expose à la vue de tous durant près de quatre heures, a attiré beaucoup
plus de spectateurs qu’aucun autre film de Rivette.
cées par des plans sur les visages des comédiens. Mais le plus important n’est
finalement pas le débat sur leur utilité, mais le fait qu’elles existent et qu’elles
n’ont pas provoqué le moindre scandale. Le film repartira même du festival avec
la Caméra d’Or. Un an plus tard, Cannes accueille Les Idiots dans sa compéti-
tion officielle. Tourné selon les normes du manifeste Dogma 95, le film suit un
groupe d’adultes dont les membres se comportent volontairement comme s’ils
avaient une déficience mentale afin de provoquer la bonne société et de trouver
leur « idiot intérieur ». Film expérimental bien plus subtil que son titre et son
concept ne le laissait présager, Les Idiots comporte aussi quelques plans de pur
sexe lors d’une partouze improvisée. Là encore, bien peu seront les festivaliers
qui s’offusqueront de ces visions fugaces.
L’absence de scandale reste un événement culturel majeur. D’ailleurs la no-
tion même de film à scandale a disparu, on parle dorénavant de buzz. Les films
concernés font parler d’eux le temps d’alimenter les dîners festivaliers et d’ani-
mer les forums de discussion du Net, avant de sombrer dans l’oubli car en vérité
tout le monde s’en fout. Et c’est là le danger, car si les films à scandale étaient
vilipendés, souvent de façon ridicule, ils étaient aussi défendus et médiatisés.
De nos jours, les puissantes associations comme Promouvoir peuvent attaquer
tranquilles face à l’apathie générale, et mettre en péril la liberté d’expression des
artistes.
Puisque le sexe est admis dans le cadre du cinéma d’auteur, alors pourquoi
ne pas en profiter pleinement. La technique la plus facile, celle qui demande le
moins d’implication de la part des acteurs pour montrer du sexe réel consiste à
projeter un film porno en arrière-plan, ou à faire évoluer ses personnages prin-
cipaux dans un environnement propice au sexe. Il suffit alors de laisser sa ca-
méra se promener dans le décor et le tour est joué. C’est ainsi que nous pouvons
capter quelques plans explicites lorsque le boucher incestueux de Seul contre
tous (Gaspar Noé, 1998) amplifie son dégoût de la société en traînant dans un
cinéma porno. La Pianiste (Michael Haneke, 2001) nous invite à visionner, en
même temps qu’Isabelle Huppert, diverses bandes hardcore dans une cabine
de projection privée de sex-shop. Dans le délirant Action mutante (Acción Mu-
tante, Álex de la Iglesia, 1993), seul le spectateur attentif apercevra sur un écran
de télévision, au second plan, quelques images licencieuses de masturbation fé-
minine en pleine période de menstruations. Dans Amoklauf (Uwe Boll, 1994), le
protagoniste baise un oreiller tout en matant un film porno, avant d’aller assas-
siner sa voisine. Les protagonistes de Irréversible (Gaspar Noé, 2002) cherchent
leur victime dans une boîte de nuit où l’on peut entr’apercevoir quelques pra-
tiques sexuelles non simulées. Dans Le Pornographe (Bertrand Bonello, 2001),
on assiste au tournage d’un film X. Bien avant tous ces films, Cruising (William
Friedkin, 1980) faisait enquêter Al Pacino dans les bars gays à tendance sadoma-
sochiste de New York. Selon le réalisateur, le premier montage du film contenait
plusieurs plans hardcore, dont une séquence de fist fucking. Il ne subsiste au-
jourd’hui que quelques images de sodomie masculine lors des scènes de meurtres,
uniquement visibles si l’on ne cligne pas des yeux à ce moment précis ou si l’on
2.1. VERS UNE REPRÉSENTATION EXPLICITE DU SEXE A L’ÉCRAN 21
déjà des plans et des situations explicites, mais hors de tout contexte érotique.
Propulsée sur le devant de la scène, soutenue par les plus grands festivals et
les critiques, Catherine Breillat se sent pousser des ailes et poursuit son œuvre
sur la sexualité et les rapports de force qu’elle provoque, continuant à truffer
ses films de plans très osés mais jamais érotisants. Dans Sex is Comedy (2002),
Grégoire Colin, qui joue le rôle d’un acteur devant tourner une scène de sexe,
arbore fièrement une prothèse pénienne qu’il ne se lasse pas d’exhiber. Dans
Anatomie de l’enfer (2004), adaptation de son propre roman Pornocratie, Breillat
convoque à nouveau Rocco et lui donne le rôle d’un homosexuel grassement
payé pour observer le corps dénudé d’Amira Casar tandis qu’elle débat sur la
sexualité féminine.
Il ne faut cependant pas limiter la liste des cinéastes qui insèrent réguliè-
rement une bonne dose de sexe explicite dans leurs films à Catherine Breillat.
Parmi les frondeurs récidivistes, mentionnons Jean-Claude Brisseau, Gaspar Noé,
Bruno Dumont, Jacques Nolot, Carlos Reygadas, Lars von Trier, Ulrich Seidl ou
encore Larry Clark.
Dans un registre plus radical, surtout pour un spectateur hétérosexuel, Bruce
LaBruce signe des pornos gays dont les versions hardcore ne peuvent être mon-
trées qu’en festival. Son film le plus abordable reste Hustler White (1996) qui,
sous la pression de Jack Lang, bénéficia d’une clémence étonnante et ne fut in-
terdit qu’aux moins de 16 ans alors que certaines séquences avaient de quoi cho-
quer les plus endurcis.
but, elle devient un acte d’amour dans le plan final, alors que dans l’intervalle,
le destin des personnages s’est tragiquement scellé.
All about Anna (Jessica Nilsson, 2005), produit par Zentropa, la compagnie
du provoquant Lars von Trier, veut proposer une autre vision de la pornographie
et attirer un public féminin. On y suit Anna, abandonnée par Johan, l’homme de
sa vie, qui préfère les voyages en mer à sa compagnie. Lorsque ce dernier ré-
apparaît au bout de cinq années d’absence, elle est sur le point d’emménager
avec son nouvel ami, dont elle pense être amoureuse. Ce retour imprévu pro-
voque une foule de sentiments perturbants et elle décide de quitter le pays pour
prendre du recul. La chanteuse Gry Bay livre une performance époustouflante
dans ce film sympathique, mais pas franchement passionnant en termes de scé-
nario, qui n’aura jamais eu les honneurs d’une distribution française et demeure
encore relativement inconnu. Également inédit chez nous, Guardami (Davide
Ferrario, 1999) se déroule dans le milieu de la pornographie italienne et s’ins-
pire vaguement de la fin de carrière de l’actrice Moana Pozzi (voir 3.22 page 64).
On y suit les pas d’une vedette du porno à qui l’on diagnostique un cancer du
sein. En raison de ses scènes hardcore, le film n’a pas fait l’unanimité auprès de
la presse au Festival de Venise, et la bluffante prestation d’Elisabetta Cavallotti,
qui n’hésite pas à dévoiler chaque recoin de son anatomie, n’a pas reçu les hon-
neurs qu’elle méritait.
9 Songs (Michael Winterbottom, 2004) joue la carte de la chronique intimiste
sur fond de rock’n’roll, et relate la relation intense de Matt et Lisa, durant laquelle
ils ont pu partager leur amour de la vie et de la musique. L’implication des deux
acteurs est totale et le fait qu’ils ne viennent pas du monde de la pornographie
se ressent dans les scènes de sexe. Filmées sans artifice, elles sont loin des cho-
régraphies gymniques du genre et nous donnent réellement l’impression de vi-
sionner le journal vidéo intime d’un couple. Toujours dans un registre musical
mais inédit en salles, The Band (Anna Brownfield, 2009) est un film féministe où
le porno côtoie le rock gras d’un groupe australien dont le leader décide de se
lancer dans une carrière solo. Son ancienne petite amie, Candy, décide pour se
venger de prendre sa place et de mener le groupe vers les sommets. Jamais re-
dondantes et amenées avec un certain humour, les scènes explicites évitent, ou
ridiculisent, les clichés éhontés du porno. Il est juste dommage que le scénario
ne soit pas un brin plus palpitant et que les acteurs ne soient pas meilleurs.
Terminons enfin par Shortbus (John Cameron Mitchell, 2006) qui s’impose
comme une pièce maîtresse au sein de l’architecture de ce nouveau cinéma
charnel. Comédie de mœurs, le film ne se limite pas à une sexualité mais em-
brasse toute une panoplie de variantes et plaide pour un véritable droit au plai-
sir. Ponctué de séquences très chaudes, et parfois hilarantes, comme celle où
trois jeunes homosexuels entonnent l’hymne américain en plein anulingus, Short-
bus refuse de sombrer dans la facilité d’un discours associant sexualité ouverte
et déviance. Les protagonistes sont tous à la recherche d’une forme de bonheur
et si certaines pratiques auxquelles ils seront confrontés peuvent sembler cho-
quantes et déroutantes, ils ne seront jamais présentés comme des pervers ou des
2.1. VERS UNE REPRÉSENTATION EXPLICITE DU SEXE A L’ÉCRAN 25
malades. Et c’est là la grande force du film, proposer une vision saine et joyeuse
d’une des choses les plus naturelles au monde.
À la vue de ces exemples, on pourrait croire que tout est rose et qu’enfin
une totale liberté créatrice est possible en matière de sexualité romancée. Sauf
qu’une fois de plus, certains n’ont pas le droit à leur part du gâteau. Tant que ces
tentatives relèvent du film d’auteur, tout est faisable, mais dès que des artisans
du X tentent autre chose, les gardiens de l’ordre ressortent leur panoplie punitive
et veillent bien à éradiquer tout espoir de reconnaissance.
Baise-moi (Virginie Despentes & Coralie Trinh Thi, 2000) est un film punk
provoquant qui décrit la dérive de deux jeunes femmes paumées. Attaqué par
l’association Promouvoir, qui fera aussi changer la restriction de Ken Park, le
film devient un objet dangereux qui échappe à toute tentative de classification.
Ne pouvant être diffusé en salles du fait de son interdiction, il est aussi rejeté
par les propriétaires de sex-shops qui arguent, à juste titre, qu’il ne s’agit pas
d’un porno. Victime de son mélange de sexe et de violence, Baise-moi le film
s’est progressivement effacé devant Baise-moi la polémique. Guère plus chan-
ceux bien que jouant dans un registre moins provocateur, Histoires de sexe(s)
(Ovidie & Jack Tyler, 2009) pose aussi des problèmes à la Commission de clas-
sification avec pour fâcheuse conséquence une absence de visa d’exploitation
condamnant le film à n’être visible que sur le Net.
2.1.6 Perspectives
Actrices de films
pornographiques
29
30 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
Huit ans plus tard, Linda Lovelace révélait, dans son autobiographie Ordeal
(« supplice »), qu’elle était captive de Chuck Traynor pendant le tournage du film,
qui l’a battue, torturée et violée pendant plusieurs années. « Quand vous voyez
le film Deep Throat, vous me voyez en plein viol » raconte-t-elle.
Linda rejeta par la suite son nom de scène pour ne plus utiliser que son nom
réel en public. Elle devient une farouche militante anti-pornographie. C’est ainsi
que, tout en continuant à utiliser son nom de scène dans un but commercial,
elle fait commencer l’une de ses autobiographies, Ordeal, par cette déclaration
qu’elle répétait ensuite à la moindre occasion : « Mon nom n’est pas Linda Love-
lace ». Son nom d’emprunt fait référence à la mathématicienne Ada Lovelace.
L’enfance de Linda Boreman, pour ne pas dire sa vie tout entière, fut assez
malheureuse. Née d’un père agent de police et d’une mère catholique puritaine,
elle grandit dans la ville de Yonkers, dans le comté de Westchester, banlieue nord
de New York, où sa famille s’était installée.
Elle rencontre, à l’âge de dix-neuf ans, son futur mari, Chuck Traynor, dans
un bar dont il était le gérant à Fort Myers sur la côte de la Floride. Cet ancien ma-
rine peu scrupuleux, qui avait appris le métier en Extrême-Orient, se livrait alors
occasionnellement au proxénétisme avec des jeunes filles rencontrées dans son
bar. Sous sa férule, Boreman devient donc prostituée et pose parfois pour des
photographies érotiques. Traynor l’épouse et l’emmène à New York pour la pré-
senter à la célèbre Xaviera Hollander dans l’espoir qu’elle intègre son agence de
call-girls. Mais cette tentative échoue et Traynor, dépité, se tourne alors vers le
cinéma pornographique alors en plein essor. Linda tourne dans une dizaine de
longs-métrages dont une scène zoophile avec un chien.
En 1972, Linda Susan Boreman entre dans l’histoire des États-Unis grâce au
film de Gérard Damiano, Gorge profonde, dont la technique de fellation, inspi-
rée de celle des avaleurs de sabres, la hisse néanmoins jusqu’aux sommets. Son
cachet de 1 250 dollars fut confisqué par Traynor. Deep Throat rapportera 600
millions de dollars dans le monde. Dans son autobiographie ayant pour titre Or-
deal et publiée en 1980, Linda Susan Boreman dénonce les maltraitances, les
viols et les tortures que lui a fait subir Traynor. « Quand vous voyez le film Deep
Throat, vous me voyez en plein viol » raconte-t-elle.
Linda Boreman affirme que son mari lui aurait fait jouer certaines scènes
du film sous la menace d’une arme à feu et aurait usé de violences physiques
et psychologiques pour la contraindre. Linda Boreman témoigne ainsi avoir été
battue et violée si brutalement et si souvent qu’elle souffrait d’atteinte rectale et
de lésions permanentes des vaisseaux sanguins dans les jambes. De nombreuses
ecchymoses sur ses jambes sont d’ailleurs bien visibles dans le film. Par ailleurs,
elle a rapporté ses années d’esclavage sexuel en passant un test de détection de
mensonge administré par le polygraphiste en chef du bureau de New York. Si
certaines de ses affirmations ont été contestées par Traynor, ce dernier n’en a
pas moins avoué dans un article paru dans Vanity Fair consacré à sa nouvelle
épouse Marilyn Chambers qu’il trouvait normal de gifler sa femme si celle-ci
avait un propos qui lui déplaisait. Néanmoins, dans le documentaire Inside Deep
3.1. LINDA LOVELACE 31
Filmographie :
Filmographie :
Elle joue ensuite dans La Résurrection d’Ève (1973) et Beyond De Sade (1979)
en espérant que ces films propulseraient sa carrière. En 1980, elle est à l’affiche
d’Insatiable (en), un autre grand classique du cinéma pornographique.
Elle obtient des revenus confortables de ces films, ayant négocié un intéres-
sement. Elle est ainsi la première femme à gagner de l’argent et devenir célèbre
en travaillant dans l’industrie du X. Elle peut être considérée comme précurseur
des icônes modernes telles que Jenna Jameson. Marilyn a également eu un cer-
tain succès dans les bacs avec son single disco Benihana en 1976, produit par
Michael Zager sous le label Roulette Records. La chanson Benihana a également
été reprise en 1979 sur l’album éponyme d’« Ilona Staller »,également actrice,
plus connue sous le nom de Cicciolina.
Restée célèbre, elle est encore considérée comme une pionnière. Cependant,
elle déconseille fortement ce type de carrière : « Ça brise le cœur ! Et vous laisse
totalement vide ».
En 1977, elle tient le rôle principal du film d’horreur Rage, réalisé par David
Cronenberg.
En 2004 et 2008, elle se présente aux élections présidentielles américaines,
dans le ticket du Personal Choice Party (en), un parti libertarien.
Son visage était connu car elle avait posé avec un bébé pour les boîtes de
lessive de la marque Ivory Snow, de Procter & Gamble. Le grand public découvrit
avec surprise sa double vie en tant que « star du porno ».
Elle fait partie de l’AVN Hall of Fame et de l’XRCO Hall of Fame.
L’AVN Hall of Fame honore les personnalités de l’industrie pornographique.
Il accueille les acteurs, actrices, réalisateurs et techniciens qui ont eu un im-
pact très important sur l’industrie pornographique au cours d’une carrière d’au
moins dix ans. https://avn.com/
La X-Rated Critics Organization (abrégé en XRCO http://www.xrco.com/)
est une organisation américaine fondée en 1984 qui organise les XRCO Awards
qui récompensent chaque année des personnalités de l’industrie pornographique.
Les acteurs, actrices et films notables font partie du XRCO Hall of Fame.
Entre 1975 et 1985, elle a été mariée à Chuck Traynor (1937–2002), produc-
teur et manager, qui fut auparavant l’époux d’une autre star du X, Linda Love-
lace. Au total, elle s’est mariée et a divorcé trois fois. Elle meurt d’un arrêt car-
diaque en 2009.
Filmographie sélective :
— Internet Movie Database
— Internet Adult Film Database
— Adult Film Database
— 1970 : La Chouette et le Pussycat de Herbert Ross
— 1971 : Together de Sean S. Cunningham
— 1972 : Behind the Green Door de Mitchell Brothers
34 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
Traci Lords née Nora Louise Kuzma (elle changea ultérieurement d’état ci-
vil), est une actrice américaine, née le 7 mai 1968 à Steubenville (Ohio).
Traci Lords fut l’une des plus grandes stars du cinéma pornographique amé-
ricain des années 1980. Elle est restée célèbre pour le scandale qu’elle provoqua
en 1986 lorsque le FBI découvrit qu’elle avait tourné la quasi-totalité de ses films
alors qu’elle était mineure, ce qui mit fin à sa carrière. Elle a par la suite réussi à
se reconvertir avec un certain succès dans le cinéma et le show business « tradi-
tionnels », apparaissant assez régulièrement dans des téléfilms et films de série
B depuis 1988.
Deuxième enfant d’une famille de quatre filles, elle naît en 1968 à Steuben-
3.4. TRACI LORDS 37
ville, petite ville de l’Ohio. Elle reçoit une éducation conservatrice et religieuse
et chante tous les dimanches dans le chœur de l’église. Elle mène toutefois une
enfance difficile au sein d’une famille pauvre et obligée de déménager réguliè-
rement.
Son enfance est bouleversée lorsqu’à l’âge de dix ans, elle est violée dans un
champ par un voisin âgé de seize ans qui était aussi son petit ami de l’époque
(plus tard, durant son adolescence, elle sera également abusée par son beau-
père). Cet événement, qu’elle tiendra secret jusqu’en 1994 et qu’elle exorcisera
ensuite par une chanson, Father’s Field (Champ paternel), incluse dans l’album
1000 Fires, fut peut-être à l’origine du basculement de sa vie :
« Tout était beau avant cet instant. Quand cela se produit, vous êtes fascinée,
puis embarrassée, horrifiée et, pour finir, honteuse. Ce genre d’événement vous
fait mûrir vite, très vite. Vous n’avez plus votre place à l’école, vous n’êtes plus
comme les autres, vous en savez trop ».
Peu de temps après, sa mère divorce et emmène les quatre petites filles vivre
à Redondo Beach en Californie. Là, Traci se métamorphose. Elle s’habille de vê-
tements sexy, sort avec des garçons, consomme de l’alcool et commence à poser
pour des photos de charme. Le résultat ne se fait pas attendre. Elle provoque un
scandale et quitte l’école après que l’un de ses camarades eut découvert et dé-
noncé son activité. En 1984, elle a recours à son premier avortement.
Le saut vers le cinéma pornographique se produit ensuite avec une évidence
toute naturelle :
« J’en avais assez de coucher avec des mecs horribles pour obtenir des séances
photos minables. C’était finalement beaucoup plus rentable de se taper de vrais
mecs devant des caméras ».
Comme elle n’a que seize ans, elle prend l’identité d’une de ses amies, Christy
Lee Nussman, qui en a vingt-deux. Elle adopte alors le pseudonyme de Traci
Lords en hommage à Jack Lord, acteur de séries télévisées, qui lui valut son
premier orgasme en se masturbant devant la photo accrochée au mur de sa
chambre. Elle tourne son premier film, What Gets Me Hot !, de Richard Mailer
qui est un succès immédiat.
Elle devient une très grande star du cinéma pornographique, la mieux payée
du métier, ce qui lui permet de poser ses exigences : elle ne tourne que huit
heures par jour, a sa maquilleuse personnelle, choisit ses partenaires et les scènes
dans lesquelles elle apparaît. Elle exclut strictement certaines pratiques, la so-
domie et le sado-masochisme notamment. Malgré ces restrictions, Christy Ca-
nyon, l’une des actrices avec qui elle a tourné, n’hésite pas à dire d’elle :
« Cette fille en savait plus sur le sexe que toute l’industrie du porno réunie ».
En 1986, Traci Lords va avoir dix-huit ans et elle est riche de plusieurs mil-
lions de dollars, possède sa maison à Malibu et sa propre maison de production :
la Traci Lords Company. Cette maison de production a produit un seul film en
1987 : Traci, I Love You (Traci, je t’aime) ; Traci Lords en possédait l’intégralité des
droits. Tout s’effondre lorsque le FBI découvre sa minorité légale. Arrêtée puis re-
lâchée sous caution, Traci Lords est obligée de confesser devant une Amérique
38 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
phiques polonaise.
Elle est née en Pologne mais a effectué sa carrière dans le X allemand. Elle a
été actrice puis productrice de films pornographiques. Elle doit notamment sa
réussite à son opulente poitrine et à son tempérament de feu : on pratique sur
elle la sodomie et la double pénétration, pratiques encore peu courantes dans
les films pornos au début des années 1980.
Filmographie :
1975 et 1982 sous divers noms de scène, Hélène Shirley, Nicole Andrea, Nicole
Ginoux, Nicole Segaud, Nicole Segot, Nicole Seynaud, Shirley.
Son physique de « madame tout le monde » et le calme de son visage en font
une figure à part de ce milieu. D’après Christophe Bier, elle avait « ce (discret)
parfum de bourgeoisie qui faisait tout le charme transgressif de ses prestations
hard ».
Son rôle dans La Femme objet, film au scénario inspiré de la légende du Doc-
teur Frankenstein, fut particulièrement remarqué.
D’après Christophe Bier 1 , elle était en 1980 la compagne de l’acteur Richard
Allan, mais il semble que cela n’a pas duré.
On notera la scène où Nicole Segaud se fait violer par Jean-Pierre Armand
(le majordome de la maison) sous l’œil complaisant de son mari joué par Jacky
Arnal dans le film Au caprice des dames. Dans le film Les mauvaises rencontres,
c’est Gabriel Pontello qui la viole.
Filmographie :
1. Christophe Bier est l’auteur d’un Dictionnaire des longs métrages français pornogra-
phiques et érotiques en 16 et 35 mm, paru en 2011 aux Éditions Serious Publishing
44 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
Dans le film « Les mauvaises rencontres », elle se fait violer par Gabriel Pon-
tello
— dans le film Passions déchaînées Obaya Roberts est violée par deux hommes
masqués et par Hubert Geral ;
3.10. MARIE-CHRISTINE CHIREIX 45
— dans le film Julie la douce, Obaya Roberts est violée une première fois par
Gabriel Pontello et ensuite par le chauffeur de Gabriel Pontello joué par
Jean-Pierre Armand.
Filmographie :
Cathy Ménard est une actrice pornographique française qui a tourné essen-
tiellement entre 1980 et 1985. Cathy Ménard, de son vrai nom Danièle Guégard
ou Danièle Guego (nom de naissance Danièle Marie Yvonne Guego), est une ac-
trice pornographique française, née le 17 juin 1954 et morte le 1ermai 2022 à 67
ans.
Cathy Ménard est apparue dans plusieurs productions d’Alpha France, Vi-
déo Marc Dorcel ou autres producteurs français, italiens ou allemands. On la
retrouve aussi dans les génériques sous les noms de Cathy Maynard, Kathy Me-
48 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
Elle fut l’une des premières stars du cinéma pornographique français à l’époque
de son « âge d’or » et de la libération sexuelle des années 1970 à 1980, période du-
rant laquelle des salles confidentielles passaient des films X tournés en 35 mm.
Brigitte Lahaie fut l’une des égéries de cette période.
Après avoir arrêté le X en 1980, elle fait des apparitions dans le cinéma dit
« classique », notamment dans des films du cinéma bis, et elle intervient dans
des émissions de télévision sur des sujets concernant la sexualité ou l’érotisme.
En 2001, elle devient animatrice de radio, répondant aux auditeurs sur des ques-
tions de sexualité.
Elle est l’une des rares actrices X françaises à avoir réussi une reconversion
professionnelle dans les médias grand public.
Fille d’un employé de banque et d’une représentante de commerce, Brigitte
Vanmeerhaeghe, dite Brigitte Lahaie, ne vit que durant sa première année dans
le Nord, passant sa jeunesse en Alsace, puis à Lyon, où sa famille déménage en
1967, au gré des mutations professionnelles de son père, mais revient réguliè-
rement séjourner dans la région lilloise où elle a encore des attaches familiales.
3.15. BRIGITTE LAHAIE 51
Pendant 10 ans, elle mènera de front une carrière d’actrice sous le pseudonyme
de Racquel Darrian et une carrière de modèle sous son véritable nom.
La moitié des films tournés par Racquel furent des films à gros budget pour
Vivid. Racquel a tourné dans plusieurs films entre 1989 et 2004, et est apparue
dans 120 magazines de 1988 à 2000. Ses films les plus populaires furent faits
par Vivid, société où Racquel était une « méga-star ». Quelques-uns de ses plus
fameux titres sous le label Vivid : Racquel in the Wild, Original Sin, Bonnie and
Clyde 1, Bonnie and Clyde 2, Bonnie and Clyde 3, Bonnie and Clyde 4 et Intimate
Journey. Un de ses plus fameux titre en dehors de Vivid : Desire tourné sous la
direction d’Andrew Blake.
Racquel est mariée avec l’acteur porno Derrick Lane. Elle a fait plusieurs
scènes avec plusieurs acteurs, avec Jon Dough, Steven St. Croix, Randy Spears,
Vince Vouyer, Randy West, Peter North, etc., mais la quasi-totalité de ces scènes
ont été tournées avec son mari (Derrick Lane divorcé en 2000). Elle n’a fait pra-
tiquement que des scènes lesbiennes.
Vers 1996, Vivid a rompu son contrat avec Racquel en la renvoyant en plein
milieu d’un tournage. Le film n’a d’ailleurs pas été achevé.
Elle fait partie de l’AVN Hall of Fame.
Filmographie :
— Adult Film Database
— Internet Adult Film Database
— IMDb
Dorcel fait d’elle sa principale vedette et lui propose un contrat d’exclusivité qui
fait d’elle la première « Dorcel Girl », c’est-à-dire l’« ambassadrice » de la marque
Dorcel. Devenue l’actrice porno préférée des Français dans la seconde moitié
des années 1990, elle se fait rapidement un nom dans le reste de l’Europe, et
reçoit de nombreuses récompenses. En 1997, elle tourne dans son premier film
américain, Sexe de feu, cœur de glace, aux côtés de Jenna Jameson : la star fran-
çaise y rencontre la star américaine du moment. Ses films distribués par Vivid
et Wicked Pictures la font connaître aux États-Unis, d’autant qu’elle accepte de
tourner des scènes de sodomie et de double pénétration.
En 1999, au terme de son contrat avec Dorcel, elle décide d’arrêter les tour-
nages. Elle coupe alors les ponts avec le milieu pornographique et, par la suite,
rejette totalement sa carrière X. En 2001, invitée de l’émission Tout le monde en
parle, animée par Thierry Ardisson, l’ancienne vedette du porno déclare qu’elle
a souffert physiquement et moralement lors des tournages. Elle tente par ailleurs
de faire obstacle à la diffusion sur Internet des photos la représentant dans des
films X : en 2002, la société AB Sat est condamnée à lui verser 6500 euros pour
avoir publié sa photo à l’occasion de la diffusion d’un de ses films sur la chaîne
56 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
XXL.
Après s’être retirée de l’industrie pornographique, elle rencontre Hervé Le
Bras, un producteur avec lequel elle effectue des spectacles de striptease, avant
d’entamer une reconversion dans la musique. Son producteur devient son com-
pagnon au cours de l’année 2000.
Elle tente sa chance en tant que chanteuse en interprétant en septembre
2000 une version française de Porque te vas (Pourquoi tu pars). Puis, en no-
vembre 2001, elle sort une reprise de True intitulée Vous. Ces singles ne rem-
portent cependant pas le succès escompté. En 2001, elle tient un rôle dans le film
Philosophale, réalisé par Farid Fedjer ; l’année suivante, elle donne la réplique à
Ticky Holgado dans Le Temps du RMI, un court-métrage du même réalisateur.
En juin 2004, elle porte plainte une première fois contre Hervé Le Bras pour
violences conjugales et menaces de mort réitérées. Elle porte à nouveau plainte
en août de la même année, lorsqu’une gifle lui perfore le tympan. Ils se séparent
en 2005 : Laure accuse alors son compagnon de violences et d’un viol commis
en novembre 2005, car elle avait tardé à signer des contrats d’engagement et
d’exclusivité. En 2012, la cour d’assises de la Gironde acquitte Hervé Le Bras de
l’accusation de viol, mais le reconnait coupable des violences et le condamne
à 18 mois de prison avec sursis. À l’occasion du procès, Laure Sainclair déclare
vivre avec un homme handicapé avec lequel elle n’a pas de relation sexuelle.
Filmographie :
la directrice d’un hôtel à Zlín, puis, est employée comme comptable et coordi-
natrice du marketing par une entreprise. Jugeant son travail peu rémunérateur,
elle s’oriente vers une carrière de mannequin en commençant par faire des pho-
tos pour des sous-vêtements, mais en vient vite à se déshabiller pour poser nue
dans des revues de charme.
En 1996, son amant de l’époque la conduit au casting d’un film pornogra-
phique américain, où elle produit une forte impression. Elle débute donc sous
la direction de Frank Thring dans Lee Nover : Search for the perfect breasts. La
même année, elle devient la « Penthouse Pet » de l’édition tchèque. Elle est sé-
lectionnée deux ans plus tard pour l’édition américaine. Elle y est à nouveau
récompensée par le titre de « Penthouse Pet » en 1997 et 1998.
Les premiers films de Silvia Saint sont tournés en Europe. La plupart pour
la firme Private Media Group. Par la suite elle émigre aux États-Unis où elle
reste trois ans. À cette époque, elle apparaît aux côtés de Monica Sweetheart,
Lea De Mae et Daniella Rush, sous la direction de Frank Thring dans une « super
production », The Academy (2000). Toutes trois accèdent dès lors à la notoriété
dans le monde de l’industrie pornographique, gagnant le surnom de « l’équipe
Tchèque de rêve ».
Sa carrière se partage alors entre l’Europe et les États-Unis où elle participe
à certaines productions à gros budget (par exemple, Most Beautiful Breasts avec
Michelle Wild en 2003). Elle travaille également avec l’incontournable Rocco Sif-
fredi, comme dans Watch me cum en 2004. Elle eut une longue relation intime
58 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
Jan Kounen (2007). En 2008, les téléspectateurs italiens ont pu la voir dans Vita
da paparazzo créditée sous le pseudonyme d’Anita Kelli.
Elle a prêté son concours à une centaine de films X avec de grands studios
comme Elegant Angel, Odyssey, Wicked Pictures, Heatwave, Marc Dorcel, etc.
Filmographie :
— Internet Adult Film Database
— Adult Film Database
— European Girls Adult Film Database
— IMDb
Karine Stephen, Brigette Lanning, Simone Sanson, Barbara Sellers, Barbara Ste-
phen.
Blonde pulpeuse, elle est, avec Brigitte Lahaie et Cathy Stewart, l’une des
actrices pornographiques les plus actives du cinéma pornographique français,
de la seconde moitié des années 1970 au début des années 1980.
Elle est révélée en 1976 par Shocking ! de Claude Mulot, un film inspiré par La
Grande bouffe de Marco Ferreri, au scénario assez simpliste : « Quelques bour-
geois apprenant que ce jour est le dernier avant l’anéantissement nucléaire de
la Terre, passent leurs dernières heures. . . ». Elle est remarquée par Jess Franco
et joue le rôle d’une femme folle nymphomane et persécutée par sa sœur dans
Deux sœurs vicieuses, sa blondeur irradie littéralement l’écran et sa maîtrise du
rôle éclipse sa partenaire Pamela Stanford. La même année elle tient la vedette
de Luxure que Max Pécas réalise en deux versions (softcore et hardcore). Dans
ce film, elle incarne une femme décidée à suicider qui rencontre le sosie de son
amour perdu. Pécas fait preuve d’une psychologie fine pour peindre les troubles
et les fantasmes de Karine Gambier. Lors des scènes oniriques, les acteurs évo-
luent parmi des mannequins immobiles. Le film se termine par un rite érotico-
maçonnique dont Stanley Kubrick a dû se souvenir pour Eyes Wide Shut.
Elle tourne à plusieurs reprises pour Claude Bernard-Aubert (alias Burd Tran-
baree) dans des succès du X comme Sarabande porno, La Grande Mouille ou
La Rabatteuse et travaille pour d’autres réalisateurs spécialisés comme Fran-
cis Leroi, Alain Payet ou Michel Barny. On la voit aussi dans plusieurs produc-
tions allemandes (Schulmädchen-Report 11, Josefine Mutzenbacher 2 ) ainsi que
dans les pages de nombreux magazines à travers l’Europe (Mayfair, Pleasure, Fri-
vool, Private, Supersex). Karine Gambier a joué dans une cinquantaine d’œuvres
pornographiques dont les mémorables Bangkok Porno (1977), Les femmes des
autres (1978) et Partie de chasse en Sologne (1979), le film préféré de Maurice
Genevoix. Dans ces films, elle fait preuve d’une certaine froideur et d’une dis-
tance hautaine presque aristocratique ; elle ne se livre presque jamais et son
manque d’émotions faussement exacerbées lui donne un côté mystérieux et in-
accessible. Elle est dans la digne lignée de Greta Garbo et Catherine Deneuve.
Parallèlement à sa carrière pornographique, elle a tourné pour des produc-
tions érotiques soft. C’est ainsi qu’on la voit dans Gefangene Frauen (1979) d’Er-
win C. Dietrich et dans quatre films de Jess Franco : Deux sœurs vicieuses (1977),
Voodoo Passion (1977), Des femmes pour le bloc 9 (1977) et Cocktail spécial (1978).
Contrairement à Brigitte Lahaie, elle ne poursuit pas une carrière médiatisée
après avoir arrêté le X, si l’on excepte une publicité pour le chocolat Kit Kat lar-
gement diffusée à la télévision française au début des années 1980. Selon Michel
Barny, elle se serait retirée des plateaux de tournage après avoir fait un mariage
avantageux.
Filmographie :
puis au cinéma X. En 1977, elle débute dans Collégiennes à tout faire de Georges
Clair sous le pseudonyme de Marilyn Wild. Toutefois, ce surnom ayant déjà été
adopté par une actrice américaine, elle choisit alors de s’appeler Jess, le nom du
magasin de vêtements où elle se fournit.
Les réalisateurs tirent vite partie de son aspect juvénile et son entrain. L’ac-
trice tourne une grande partie de ses premières scènes hard avec Didier Hum-
bert, son petit ami de l’époque. Elle effectue avec lui ce qui sera longtemps sa
seule scène de sodomie vue à l’écran pour Gamines en chaleur de Jean Rollin.
En 1979, Jean-François Davy met en scène le couple, ainsi que le couple Ca-
thy Stewart-Dominique Irissou, dans Exhibition 79.
C’est Claude Mulot (alias Frédéric Lansac) qui la révèle au grand public en
1980 avec la Femme objet, film dans lequel elle incarne la femme idéale, soit un
robot, œuvre d’un génial scientifique. Ce succès vient à point pour lui permettre
de succéder à Brigitte Lahaie, qui vient de mettre fin à sa carrière. Elle tient la ve-
dette dans plusieurs des chefs-d’œuvre de l’âge d’or du X français comme Dodo,
petite fille au bordel de Francis Leroi ou Adorable Lola, Chaudes adolescentes et
Dans la chaleur de Saint-Tropez de Gérard Kikoïne qui la dirige à dix reprises.
On la voit notamment aux côtés de Dominique Saint Claire, d’Olinka Hardiman
ou de la star américaine Annette Haven.
Elle pose également pour les photographes. On la voit dans des romans-
photos pornographiques publiés notamment par le magazine italien Supersex
en compagnie d’Ilona Staller ou de sa sœur Patricia qui s’essaye au hard le temps
de quelques séances photos.
Parallèlement à ces activités, elle devint l’égérie de l’équipe du journal Hara-
Kiri. On la retrouve dans des romans-photos aussi délirants que déshabillés où
se mêlent des vedettes du porno comme Morgane ou Julia Perrin et des amis du
magazine comme Coluche, Carlos, Renaud ou Serge Gainsbourg.
En 1984, elle tient le rôle de Nadine dans le quatrième volet des aventures
d’Emmanuelle qui voit Mia Nygren succéder à Sylvia Kristel. Le film est le pre-
mier de la série à présenter quelques scènes de sexe explicites dans une de ses
éditions vidéos françaises5. Elle apparaît aussi dans le vidéoclip de la chanson
Idées noires interprété par Bernard Lavilliers et Nicoletta.
Au faîte de sa gloire elle tourne dans une série de productions américaines
sous la direction de Patti Rhodes et Fred J. Lincoln. Elle abandonne le métier
peu de temps après sa rencontre avec Traci Lords dans Traci, I love you. L’actrice
a pris conscience du danger que représente le SIDA et préfère arrêter sa carrière
non sans avoir un temps envisagé de continuer dans le X en ayant recours à des
doublures.
Elle se tourne alors vers les peep-shows de la rue Saint-Denis où elle travaille
jusqu’au début des années 1990 réalisant également quelques apparitions dans
des films érotiques.
Depuis 1984, elle est la compagne du réalisateur Didier Philippe-Gérard avec
qui elle a deux enfants. Elle s’est reconvertie dans la vente de tableaux et travaille
dans une galerie d’art.
64 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
Filmographie :
Elle s’est mariée à 17 ans, juste avant de rentrer à l’université pour suivre
des cours de communication. Elle travaille parallèlement dans une boîte de nuit
pour payer ses études. Même si son mari était un disc-jockey et qu’elle travaillait
le week-end dans une boîte de nuit pour joindre les deux bouts, le couple était
bientôt inondé de dettes. Elle se lance dans le X en 1996, poussée par son mari
pour tenter de résoudre les graves problèmes financiers que connaît alors le
couple.
Elle envisage d’abord de ne tourner qu’avec son mari pour partenaire, mais
ce dernier s’avère incapable des performances nécessaires au métier. Selon lui,
la caméra serait en cause. Elle poursuit alors seule une carrière d’actrice X. Pen-
dant deux ans, elle tourne pour rapporter de l’argent au foyer, puis finit par di-
vorcer, estimant qu’« un homme qui t’aime ne peut pas te laisser faire ça ». Elle
continue ensuite à tourner, faute d’autre perspective professionnelle. Elle utilise
plusieurs pseudonymes, mais se fixe sur celui de Karen Lancaume, jeu de mots
sur les parfums Lancôme.
Enchaînant les films, elle travaille tant en France qu’aux États-Unis, et tourne
pour Marc Dorcel L’Indécente aux enfers (1997), pour Christian Lavil La Mante re-
ligieuse (1997), pour Alain Payet La Marionnette (1999), Hotdorix, parodie d’As-
térix (1999), ou encore pour Luca Damiano Lili, parodie de Lili Marlen, pour
Fred Coppula Niqueurs nés (2000), pour Mario Salieri Le Calvaire de Monica
(2001), pour Max Bellocchio Sexe en Eaux Troubles (1997), pour Harry S. Mor-
gan et d’autres. . .
En 2000, elle partage avec Raffaëla Anderson la vedette du très controversé
Baise-moi, qui combine intrigue de polar et scènes de sexe non simulées. Dans le
film apparaissent de nombreux autres acteurs pornographiques. Le tournage du
film Baise-moi est pour elle l’occasion d’une certaine revanche en même temps
que d’un message :
Sortir d’un monde où la femme est à quatre pattes les jambes écartées, et
hurler l’égalité ? Raffaëla Anderson admet : « On nous traite encore de salopes.
Comment leur en vouloir, c’est l’image qu’on a donnée ». Karen lancaume re-
fuse : « On veut me faire croire que parce que j’ai fait du X je suis devenue mau-
vaise, perverse. Moi je sais que c’est faux ». Mais « on » ne sait pas. « On » ne
voit pas forcément la différence entre les pénétrations de Baise-moi et celles
qu’on loue au vidéo-club. Raffaëla Anderson met les choses au clair : « Pour-
quoi les femmes se prennent des mains au cul et pas les hommes ? Tout ce qu’on
leur demande, c’est la compréhension, l’égalité. Le porno, c’est des mecs qui
jouissent sur la gueule des filles, la femme qui s’en prend plein la bouche et plein
la tronche. Baise-moi, c’est le contraire ». Karen acquiesce : « Avant, je n’avais ja-
mais joué une scène où la fille prenait l’initiative ».
La sortie du film, qui fait grand bruit, lui vaut une période de médiatisation.
Après cette expérience, elle se retire de l’industrie pornographique. Au cours de
ses cinq ans de carrière, elle n’a tourné que dans une quarantaine de films, mais
a accompli un parcours fulgurant qui l’a amenée à collaborer avec quelques-uns
des réalisateurs X les plus réputés.
68 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
Filmographie :
En 1998 elle est nommée au Hot d’or et en 2000 elle reçoit le Hot d’Or 2 de la
meilleure actrice pour Baise-moi.
2. Les Hot d’or étaient une cérémonie destinée à récompenser les meilleurs films pornogra-
phiques, organisée de 1992 à 2001 à l’initiative du magazine français Hot Vidéo.
3.25. RAFFAËLA ANDERSON 69
ne la voit plus ensuite à l’écran que dans des documentaires où elle témoigne sur
son passé, La Petite morte d’Emmanuelle Schick (2003) et Une Vie classée X de
Mireille Darc (2005).
En 2001, elle publie Hard, un livre autobiographique dans lequel elle décrit
le milieu du X de manière souvent peu flatteuse. Au moment de la sortie de l’ou-
vrage, elle parle du porno comme d’un « milieu pourri » assimilable à celui de la
prostitution, où les acteurs risquent leur vie du fait des tournages sans préserva-
tifs. En 2006, elle publie un second livre de souvenirs, Tendre violence, davantage
centré sur son enfance et sa vie familiale.
Filmographie :
Elle a été nominée pour l’AVN Best New Starlet Award en l’an 2000 mais le
prix fut finalement décerné à Bridgette Kerkove. Elle a tourné aussi bien dans
des films érotiques que dans des films pornographiques.
En 2003, elle abandonna le studio Sin City pour signer un contrat d’exclusi-
vité avec Wicked Pictures.
Elle fut souvent vue aux côtés de l’acteur porno Evan Stone avec qui elle se
maria finalement en 2002. Ils divorcèrent par la suite.
72 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
— IMDb
3.29. ESTELLE DESANGES 73
Estelle Desanges, née le 8 mars 1977 à Château-Gontier, est une actrice por-
nographique française.
C’est en mars 1999 qu’Estelle Desanges approche pour la première fois le
milieu du cinéma pornographique en rencontrant au salon de Hot Vidéo le réa-
lisateur Fred Coppula et le producteur Francis Mischkind, patron de la société
Blue One. Ce dernier lui propose immédiatement un contrat d’exclusivité. En
raison de problèmes familiaux, la jeune femme ne recontacte cependant Blue
One que plusieurs mois après ; elle commence alors à tourner pour le studio
qui, bien que ne lui faisant pas signer le contrat initialement prévu, la met rapi-
dement en vedette.
Lancée par son rôle dans le film L’Emmerdeuse, réalisé par Fred Coppula,
qui lui vaut le Hot d’or de la meilleure starlette française, elle devient très vite
l’une des principales vedettes du cinéma pornographique français de la pre-
mière moitié des années 2000. Elle se signale notamment par son aisance dans
les scènes où elle doit jouer la comédie. Elle apparaît également dans des films
érotiques pour des chaînes de télévision comme M6, Kiosque ou encore XXL. En
2001, elle fait une infidélité à Blue One en tournant La Fille du batelier, produit
par l’éditeur du magazine Hot Vidéo et distribué par Colmax : le succès commer-
cial de ce film conforte son statut de vedette du X.
La popularité d’Estelle Desanges auprès du public ne l’empêche pas de res-
ter relativement soft dans ses prestations à l’écran, en évitant les pratiques sexuelles
extrêmes. Par ailleurs, contrairement à d’autres hardeuses françaises, elle ne tra-
vaille guère pour des réalisateurs étrangers, à l’exception d’un tournage avec
Rocco Siffredi.
En 2001-2002, elle est chroniqueuse dans l’émission littéraire Des livres et
moi, animée par Frédéric Beigbeder sur Paris Première. Son rôle est de lire les
74 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
passages sexuellement explicites des romans présentés, ainsi que des textes éro-
tiques. Elle anime également des émissions érotiques sur Internet.
À partir de 2004, Estelle Desanges raréfie ses apparitions à l’écran. Elle se
retire peu à peu des plateaux de tournage pour se consacrer à ses shows en dis-
cothèque et aux webcams de son site. Elle reste associée pendant plusieurs an-
nées au milieu du X, en travaillant notamment comme directrice de production
de V.Communications, la société créée par Véronique Lefay ; elle se charge éga-
lement, pour cette même entreprise, de l’accompagnement et du relooking des
nouvelles actrices. En parallèle, elle continue de faire quelques apparitions dans
des rôles soft, notamment pour les besoins des films réalisés par ses amis Pascal
Saint James et Ovidie. En 2009, elle reçoit un Hot d’or d’honneur. Toujours dans
les années 2000, elle anime l’émission Sexy Mag pour la branche médias de SFR
Group. Elle présente en outre pendant cinq ans le HNN, le supplément DVD de
Hot Vidéo, la première année en compagnie de Nina Roberts. Début 2010, elle
met un terme à cette activité pour se consacrer à sa vie de famille.
Filmographie :
— IMDb
ren.
Nina Roberts arrête ensuite sa carrière d’actrice. Elle connaît alors des mo-
ments psychologiquement difficiles et vit une période de toxicomanie, dont elle
parvient à sortir grâce au couple qu’elle forme avec le musicien Rash, chanteur
du groupe punk Horresco Referens.
Elle devient ensuite, sous le nom de NIN4, chanteuse et bassiste du groupe
pop punk Pravda (rebaptisé Pravda 2.0), où elle succède à Sue. Elle est également
artiste pluridisciplinaire (vidéo, photo, écriture), inspirée par l’esthétique punk
rock. Le manque d’argent la pousse cependant à rester en contact avec le milieu
du X : elle continue de travailler comme maquilleuse sur des tournages, et pour
Dorcel aux services castings et communication. Au début des années 2010, elle
continue à faire de brèves apparitions devant la caméra, mais sans participer
aux scènes sexuelles.
En juin 2009, Nina Roberts réalise un clip contre le viol, en réaction à celui
qui avait été diffusé avec Clara Morgane et qu’elle jugeait trop édulcoré. Elle fait
par ailleurs des apparitions dans des films non pornographiques, comme Bye
Bye Blondie réalisé par Virginie Despentes, ou Léa de Bruno Rolland.
Elle reprend des études et devient coach sportive et diététicienne, ayant dé-
cidé, pour le bien de son fils, de mener une vie plus stable. En 2011, dans le
reportage Rhabillage, réalisé par Ovidie pour Envoyé spécial, elle témoigne sur
sa reconversion professionnelle et sur ses difficultés à échapper à son passé. Elle
conserve cependant des liens avec le milieu du X, qu’elle perçoit « comme une
drogue » dont il est difficile de se passer. Elle travaille notamment pour Jack Tyler
en tant que maquilleuse, mais également comme scénariste et co-réalisatrice.
Filmographie :
— Adult Film Database
— Internet Adult Film Database
— Encyclopéie du cinéma
3.31 Meridian
Meridian, de son vrai nom Svetlana Frolikova, née le 9 avril 1976, est une
actrice pornographique tchèque, principalement active à la fin des années 90.
Filmographie :
— Internet Adult Film Database
— IMDb
ciper de l’éducation rigoriste de ses parents. Elle tourne une première fois dans
un film amateur au Cap d’Agde avec son petit ami de l’époque : c’est à l’occa-
sion de cette vidéo, dans laquelle ils apparaissent sous les noms de « Vickie et
Marco », que le jeune couple est remarqué pour la première fois. Leur rencontre
avec le réalisateur Fred Coppula leur donne l’occasion de tourner dans des films
X professionnels, produits par le studio Blue One. Emmanuelle prend alors le
pseudonyme de Clara Morgane, tandis que son petit ami devient connu sous
celui de Greg Centauro.
Clara Morgane se définit davantage comme une exhibitionniste que comme
une véritable actrice pornographique. Elle tourne la quasi-totalité de ses scènes
hétérosexuelles avec son compagnon Greg Centauro, à l’exception de deux scènes
tournées avec l’acteur Ian Scott dans les films La Cambrioleuse et La Candidate.
Elle participe également à des téléfilms érotiques produits par M6. En 2002, elle
est « Penthouse Pet » du mois de mai de l’édition américaine du magazine Pen-
thouse et devient la première Française à faire la une de la presse spécialisée
internationale (Penthouse US, Playboy, etc.). Elle cesse d’interpréter des scènes
pornographiques au bout de deux ans, en 2002. En 2003, elle apparaît dans un
dernier film X, La Menteuse, où elle n’a cependant pas de scène hard, et s’essaie à
la réalisation avec le film Luxure, dans lequel elle ne joue pas. Après s’être sépa-
rée de Greg Centauro, elle est la compagne de Fred Coppula pendant trois ans,
de 2003 à 2006. Une autobiographie est publiée sur sa carrière d’actrice en 2003 :
Sex Star.
Dès 2001, Clara Morgane devient présentatrice du Journal du Hard sur Ca-
nal+, qu’elle anime pendant sept ans jusqu’en 2008. En 2008, elle quitte Le Jour-
nal du hard et Canal+ et devient animatrice exclusivement sur NRJ 12 jusqu’en
2013. Afin de gérer ses actifs (calendriers, publicités, applications, vêtements,
émissions télés, clips, disques...), Clara Morgane a créé sa propre boîte de pro-
duction Péché Capital Média.
Clara Morgane est une des rares actrices porno a conservé une célébrité cer-
taine après avoir mis fin à sa carrière d’actrice X. Elle a su se servir de son phy-
sique, jouant les « vamps classieuses » pour développer un commerce apparem-
ment lucratif de produits dérivés, calendriers, lingerie, etc.
Filmographie :
— Internet Adult Film Database
ment pour adultes tels que Blacked, Brazzers, Dark X, Elegant Angel , Evil An-
gel, Girlfriends Films, Lethal Hardcore, New Sensations , Sweetheart Video et
d’autres.
Au cours de ses quatre années de carrière, elle joue dans plus de 290 films.
En plus de ses apparitions cinématographiques, elle est très présente sur ses ré-
seaux sociaux où son charme lui fait bâtir une réputation qui fait d’elle l’une des
actrices pornographiques les plus appréciées des internautes. D’où elle obtien-
dra un XRCO Awards.
August Ames a été nommée pour plusieurs prix AVN Award tout au long de
sa carrière. Elle a remporté deux AVN Award en 2015 et en 2017.
En 2017, alors qu’elle doit effectuer un tournage pour EroticaX, elle dit ne
pas vouloir travailler avec un acteur ayant tourné dans des films homosexuels.
Fragilisée par un débat sur Twitter et en proie à un cyberharcèlement des plus
violents, elle se suicide par pendaison chez elle le 5 décembre 2017, à l’âge de 23
ans.
AVN AWARDS la considère comme détentrice du titre « Most Spectacular
Boobs » aux AVN Awards 2017. Elle est l’une des icônes mondiales du porno
actuel. August Ames est aussi considérée comme une figure majeure du porno
américain.
Elle reste après sa mort, encore très populaire sur les sites internet porno-
graphiques, affichant les classements de popularité.
Alors qu’on lui demande quelle est la pire question qu’on lui ait posée sur
Twitter, August parle des nombreux « fans » lui demandant constamment de faire
des scènes anales. Elle n’en a jamais fait et pour cause, elle explique qu’ado-
lescente, en plein acte sexuel d’abord consenti, son partenaire la sodomise de
80 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
3.34 Yasmine
Yasmine Lafitte née le 1er octobre 1973 à Tahar Souk, près de Taounate au
Maroc, est une ancienne actrice pornographique française d’origine marocaine,
connue sous son prénom Yasmine.
Née au Maroc, elle émigre en France avec ses parents à l’âge de cinq mois,
pour s’installer à Bourg-en-Bresse (Ain) avec ses deux frères Yassine et Ahmed et
sa sœur Hind.
Yasmine dit avoir perdu sa virginité à l’âge de 23 ans avec celui qui devien-
dra son mari et le père de ses enfants, l’acteur et producteur de films porno-
graphiques Alexandre Legland (de son vrai nom Olivier Lafitte). Elle enchaîne
4. Holly Randall, née le 5 septembre 1978 à Hollywood, est une photographe américaine qui
exerce dans les milieux de l’érotisme et de la pornographie, elle est la fille de la célébrissime Suze
Randall avec qui elle travaille
3.34. YASMINE 81
Rosa Caracciolo, née Rozsa Tassi1 le 29 juin 1972 à Szolnok, est une actrice
pornographique hongroise.
5. Une MILF est une mère de famille sexuellement attirante. Le terme est un acronyme qui en
anglais signifie « Mother I’d Like to Fuck » (littéralement « mère que j’aimerais baiser »). En français
européen l’acronyme peut être traduit par MBAB (« mère bonne à baiser »). Le terme apparaît
vers 1995 sur des forums américains. Il sert essentiellement à désigner un genre pornographique
centré sur les femmes qui ont, le plus souvent, entre 32 et 50 ans. Les MILF peuvent même être
de jeunes grands-mères, mais peuvent avoir des cheveux blancs. Dans les films X, la MILF est
souvent incarnée par des actrices ayant une forte poitrine, faisant moins que leur âge et ayant
souvent des scènes de sexe avec de jeunes hommes.
84 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
Née d’un père peintre en bâtiment et d’une mère comptable, Rozsa Tassi est
issue d’une famille de trois enfants. Durant sa jeunesse, elle se passionne pour
l’athlétisme. En 1990, elle est élue Miss Hongrie.
En 1993, elle commence à tourner dans des films X après avoir rencontré
l’acteur de films pornographiques, Rocco Siffredi. Ils se marient la même année
et auront deux enfants.
Filmographie :
À l’âge de douze ans, elle déménage avec ses parents à Idyllwid, en Califor-
nie, avant de partir, à dix-sept ans, habiter chez sa grand-mère, à Los Angeles.
Julia Ann pose d’abord dans le magazine de charme Penthouse.
En 1993, elle tourne son premier film X : Hidden Obsessions d’Andrew Blake.
Elle travaille ensuite pour Ultimate Pictures. Julia choisit alors mieux ses films et
part en tournée à travers les États-Unis dans un spectacle de strip-tease où elle
accompagne Janine Lindemulder. Ce spectacle s’intitule Blondage. Elle arrête
et reprend sa carrière par intermittences, notamment pour étudier. Elle signe
ensuite un contrat d’exclusivité avec le studio Vivid. Julia, est qualifié de MILF
dans le milieu porno américain notamment pour ses nombreuses scènes avec
des partenaires bien plus jeunes qu’elle. Elle fait partie de l’AVN Hall of Fame.
Elle s’est spécialisée dans les rôles de MILF.
Julia Ann s’est mariée au réalisateur de films pour adultes Michael Raven le
21 juin 2003. Ils ont divorcé en 2007.
En plus de ses augmentations mammaires, Julia Ann a subi une labiaplastie.
Elle a également fait une rhinoplastie à la suite d’un accident d’équitation. Julia
Ann a confié ne jamais regarder les films dans lesquels elle apparaît, se considé-
rant comme sa « critique la plus sévère ».
Filmographie :
Paylin ?, produit par la compagnie Hustler vidéo de Larry Flynt. Le rôle d’Hillary
Clinton étant joué par Nina Hartley et celui de Condoleezza Rice par Jada Fire. Le
film devient mondialement connu et permet à l’actrice d’obtenir une nouvelle
jeunesse pour sa carrière.
Après quelques encouragements de la part de son ami C. J. Wright, égale-
ment acteur pornographique, elle commence sa carrière de directrice de plateau
dans un film interracial, intitulé Hung XXX, produit par Justin Slayer Internatio-
nal et sorti en septembre 2009. La même année, elle réapparaît sous sa parodie
de Sarah Palin dans le clip We Made You du rappeur américain Eminem.
En décembre 2009, elle est la porte-parole de RealTouch, une marque de va-
gin artificiel mécanique produit par le site internet américain AEBN. En mars
2010, elle apparaît dans une coalition pour la liberté d’expression aux États-Unis
concernant les vidéos pornographiques.
En juin 2012, elle décide de reprendre sa carrière d’actrice pornographique
« hard », mais y met un terme en décembre 2014.
Lors d’une interview en 2014, elle confesse préférer les hommes jeunes et
sportifs et affirme avoir eu de nombreuses aventures avec des sportifs profes-
sionnels, des joueurs de NBA notamment.
En janvier 2018, elle annonce son retour comme actrice pornographique. Le
14 février 2018, elle annonce un retour avec le studio Evil Angel, pour lequel elle
signe un contrat d’exclusivité. Le film Back 4 More, également réalisé par Lisa
Ann, marque son grand retour devant la caméra. Une fois les scènes tournées,
elle est de nouveau libre et apparaît dans des scènes pour les producteurs Braz-
zers et Reality Kings.
En 2014, elle se brouille publiquement avec l’actrice pornographique Nikki
Benz, également sa partenaire sexuelle à l’écran dans certains films. Au cours
du clash, Nikki Benz affirme que Lisa Ann est une consommatrice de cocaïne et
qu’elle multipliait les relations sexuelles avec les joueurs de NBA et les rappeurs.
Lisa Ann confirmera d’ailleurs qu’elle préférait coucher avec les joueurs de NBA.
La même année, elle s’affiche au lit avec le joueur de NFL Justin Brent et créé le
scandale.
En 2016, à la suite d’une remarque du rappeur Kanye West sur les strip-
teaseuses, elle déclare détenir des photos compromettantes que ce dernier lui
aurait envoyé dans le but d’obtenir des faveurs sexuelles de sa part.
Filmographie :
— IMDb
88 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
— IMDb
Mia Khalifa suscite l’attention du public après la sortie d’une scène tournée
pour la société de production Bang Bros lors de laquelle elle porte un hidjab 7 .
La vidéo, intitulée Mia Khalifa Is Cumming For Dinner faisant partie de la série
Stepmom Videos, met en scène un triolisme entre un jeune couple et la belle-
mère de la jeune fille, une MILF interprétée par Julianna Vega. La scène apporte
une popularité immédiate à Mia Khalifa, ainsi qu’une vague de critiques d’écri-
vains et de dignitaires religieux libanais et des pays voisins, dans les journaux et
sur le média social Twitter. Avec plus de 1,5 million de vues, Mia Khalifa devient
début janvier 2015 l’actrice la plus recherchée du site de streaming pornogra-
phique, leader du marché, Pornhub, détrônant Lisa Ann.
La carrière de Mia Khalifa dans l’industrie pornographique est surtout mar-
quée par la scène dans laquelle elle porte un hidjab. Celle-ci lui vaut un succès
retentissant et durable mais provoque de nombreuses controverses, et même
des menaces. Ainsi, plusieurs journaux libanais et des pays voisins publient,
dans les mois qui suivent la sortie de la vidéo, de nombreux articles très critiques
à l’encontre de l’actrice.
Elle met fin à sa courte carrière d’actrice pornographique en 2015. Elle tra-
vaille alors comme technicienne juridique et comptable.
Le cas de Mia Khalifa a été rapproché de celui de l’actrice pornographique
7. hidjab : voile ou foulard, c’est un vêtement porté par des femmes musulmanes et qui couvre
leur tête en laissant le visage apparent.
3.43. MIA KHALIFA 93
pakistanaise Nadia Ali. En effet, après avoir tourné en hidjab, quelques mois
après Mia Khalifa, Nadia Ali est également menacée pour cette raison et met
fin tout aussi rapidement à sa carrière en 2016. La chercheuse finlandaise en
sciences des religions Anna Rajala estime que les difficultés rencontrées par les
deux principales pornstars ayant incarné l’islam ont renforcé « l’invisibilisation
de l’islam dans la pornographie ».
La chercheuse américaine en sciences de la communication Tara Negar Ja-
mali rapproche l’exemple de Mia Khalifa de celui de l’actrice iranienne Golshif-
teh Farahani, interdite de séjour en Iran après avoir posé nue, de la skieuse li-
banaise Jacky Chamoun, injuriée après avoir été photographiée seins nus, ou
encore de la chanteuse égyptienne Shyma, condamnée à deux ans de prison
pour incitation à la débauche à cause de la production d’un clip. La chercheuse
estime que « la sexualité féminine dans la culture du Moyen-Orient reste une
question controversée. Pour de nombreuses femmes, le sexe est associé à la stig-
matisation et à la honte, car la chasteté féminine représente traditionnellement
l’honneur de la nation. Alors que les femmes du Moyen-Orient peuvent, aux
yeux du monde, avoir une apparence aussi sexualisée que leurs homologues
occidentales, ce mélange de sexualité et de modernité suscite la critique de la
population locale ».
Le chercheur américain en sciences de la communication Brett Lunceford,
spécialiste de la « monstration »de la nudité en public, introduit un de ses ou-
vrages sur le sujet en prenant les violentes critiques adressées à Mia Khalifa sur
Twitter comme un exemple significatif de la persistance, voire de l’amplifica-
tion, à l’heure des médias sociaux, du phénomène social consistant à vouloir
« contrôler le corps des autres, et en particulier la sexualité féminine ». L’anthro-
pologue brésilienne Maria Júlia Alencastro Veiga indique que : « les cas des ac-
trices [comme] Mia Khalifa illustrent bien la pathologisation du désir féminin.
La médiatisation des femmes ayant des relations sexuelles entraîne une énorme
stigmatisation sociale des professionnels du sexe. Lorsque ces femmes ont été
reconnues comme des actrices pornographiques, elles ont même reçu des me-
naces de mort, ce qui a eu des conséquences très graves sur leur vie person-
nelle ». En août 2019, dans une interview pour la BBC dans l’émission HARD-
talk 8 , Mia Khalifa insiste sur les atteintes à la vie privée que cette ancienne car-
rière lui a causées. La situation de l’ancienne actrice quatre ans après l’arrêt de
sa carrière pornographique constitue, selon le juriste brésilien Marcio Ruzon,
un cas d’application délicat du droit à l’oubli.
Filmographie :
8. HARDtalk est une émission de télévision britannique de la BBC diffusée sur les chaines
d’information BBC News et BBC World News depuis 1997. Elle est constituée d’une interview en
face-à-face entre un journaliste et un invité.
94 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
3.44 Katsuni
Céline Tran est une scénariste de bande dessinée et blogueuse française, an-
cienne actrice pornographique de 2001 à 2013 sous le pseudonyme de Katsuni.
Elle a été pendant plus de dix ans l’une des vedettes de l’industrie du X
dans laquelle elle a fait carrière d’abord en France puis aux États-Unis. Égale-
ment productrice et à l’occasion réalisatrice, elle a obtenu de nombreux prix
spécialisés, parmi lesquels divers AVN Awards (notamment trois fois celui de la
meilleure actrice étrangère) et deux Hots d’or.
En 2013, elle prend sa retraite du porno et revient en France. Elle utilise en-
suite son vrai nom dans ses différentes activités publiques, notamment actrice,
blogueuse, scénariste et éditrice de bande dessinée, ou coach en sexualité.
Céline Tran naît le 9 avril 1979 à Lyon, d’un père vietnamien et d’une mère
française.
Après son baccalauréat, elle envisage de faire hypokhâgne mais, sur les conseils
de ses parents, intègre l’Institut d’études politiques de Grenoble. Peu à son aise
dans un cursus qu’elle n’a pas choisi et qu’elle n’est, à 18 ans, « pas suffisamment
mûre » pour apprécier, elle décide au bout d’un an à Sciences Po de s’orienter
vers des études de lettres modernes. Elle envisage alors une carrière d’ensei-
gnante. Parallèlement à ses études, elle travaille comme gogo-danseuse en dis-
cothèque.
Après l’arrêt de sa carrière dans le porno, elle expliquera avoir « toujours pré-
féré vivre le sexe plutôt que de le regarder » et s’être moins intéressée, dans le
cadre de son travail, à l’érotisme proprement dit qu’à « l’expérience de la sexua-
lité à travers la pornographie ». Dans une interview accordée en 2012, elle dé-
clare que sa famille a été initialement « choquée et déçue » par sa carrière, qui a
également surpris ses amis, mais que son entourage a ensuite accepté son par-
cours : « Personne n’a au départ compris mon choix mais aujourd’hui tout le
monde le respecte et m’encourage à aller plus loin, au-delà du X ».
Elle tient le rôle-titre dès son second film, L’Affaire Katsumi, produit par
Marc Dorcel et toujours réalisé par Alain Payet. Pendant deux ans, elle conti-
nue ses études en parallèle à son travail d’actrice X. Elle finit cependant par
abandonner son cursus littéraire, ayant « réalisé que [sa] place n’était pas dans
l’enseignement ». Dans la première partie de sa carrière, elle demeure une amie
proche d’Alain Payet, qui la conseille dans son parcours.
Peu après ses débuts, elle signe un contrat d’exclusivité avec le studio Col-
max, dont elle est un temps l’« égérie ». Elle travaille ensuite pour d’autres stu-
dios français, notamment Blue One qui la met en vedette dans une série de films,
et se fait rapidement remarquer par ses prestations ; le journaliste Christophe
Lemaire écrit à son sujet : « sa voracité sexuelle semble sans limite ». Tout en
continuant à faire des spectacles de strip-tease en boîte de nuit, elle apparaît
également dans deux téléfilms érotiques diffusés sur M6, ainsi que dans les clips
des chansons Funky Maxime de Doc Gynéco et Down with love de Miguel Bosé
aux côtés de son collègue Nacho Vidal. En mai 2004, elle est désignée « actrice X
préférée des Français » par un vote des lecteurs du magazine Hot Vidéo.
96 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
De l’Europe aux États-Unis Dès ses débuts, elle se fait connaître au-delà des
frontières hexagonales en travaillant avec des réalisateurs étrangers, comme l’Ita-
lien Mario Salieri. Elle tourne une première fois aux États-Unis en 2003 : son
séjour, en compagnie de sa collègue Nomi, fournit le cadre du film Katsumi et
Nomi à Los Angeles. Récompensée en 2002 au festival international de cinéma
érotique de Barcelone, elle obtient plusieurs trophées en 2004 et 2005 aux AVN
Awards de Las Vegas. Le fait d’avoir commencé à tourner alors que le secteur du
porno français entamait une phase de déclin, avec « la fin des Hot d’or et la fin
des grandes stars du X », la pousse alors à privilégier sa carrière internationale.
En 2005, après une vingtaine de films français, elle choisit de s’expatrier aux
États-Unis, dont le marché offre davantage d’opportunités ainsi que de meilleures
conditions de travail, et s’installe à Los Angeles. Rapidement, elle devient la har-
deuse européenne ayant le mieux réussi son exportation dans l’industrie du X
américaine. Dans les années qui suivent et jusqu’à la fin de sa carrière porno-
graphique, elle tourne essentiellement aux États-Unis tout en revenant ponc-
tuellement travailler en France. Elle apparaît dans de nombreux gonzos, mais
aussi dans des films scénarisés. Rocco Siffredi tourne avec elle à plusieurs re-
prises, notamment dans les deuxième et troisième films de la série Fashionistas
réalisée par John Stagliano.
En mai 2006, elle se fait poser des implants mammaires, pour passer d’une
taille 85B à 85D. Elle revient en France pour y tourner son premier film avec
sa nouvelle poitrine, French conneXion, produit par Marc Dorcel et sorti début
2007. Entretemps, elle a posé pour la couverture de Marquis, un magazine de
référence du fétichisme. Elle déclare par la suite : « Je voulais sentir le poids de
ma poitrine, perdre ma silhouette que je trouvais alors trop juvénile. C’était là
une étape symbolique sur mon chemin pour me sentir "femme" ». En décembre
2006, après avoir travaillé pour divers studios, elle signe un contrat d’exclusivité
avec Digital Playground, l’une des plus importantes sociétés de production de
films X aux États-Unis ; elle est la première actrice française dans ce cas.
À la même époque, cependant, une affaire la contraint à abandonner son
premier pseudonyme Katsumi. Elle est en effet attaquée en justice en France par
une femme nommée Mary Katsumi, qui dit subir des retombées négatives en
raison de leur homonymie. En janvier 2007, la justice interdit à l’actrice d’utiliser
son nom de scène ; elle choisit alors d’en modifier simplement l’orthographe, et
se rebaptise Katsuni. Dans les mois qui suivent, son homonyme lui fait un nou-
veau procès car le nom Katsumi continue d’être mentionné par de nombreux
supports. Bien que déclarant avoir informé tous les sites internet de son chan-
gement de pseudonyme, elle est condamnée en septembre 2007 à payer 20 000
€ de dommages et intérêts, la justice ayant constaté quarante infractions depuis
l’interdiction prononcée en janvier.
Sous son nouveau nom, Katsuni poursuit sa carrière d’actrice X tout en conti-
nuant à se produire comme stripteaseuse. Sa notoriété lui permet d’être deman-
dée pour des shows érotiques jusqu’à deux à trois soirs par semaine et de faire
des tournées dans divers pays. Devenue une vedette internationale du X, elle
3.44. KATSUNI 97
reçoit plus de trente récompenses dans ce domaine sur toute la durée de sa car-
rière. Libération la présente en 2007 comme l’« actrice porno la plus récompen-
sée au monde ».
Son engagement avec Digital Playground, l’un des leaders du marché amé-
ricain, lui permet d’éviter les petites productions mal payées et lui rapporte un
salaire fixe. Elle reste sous contrat avec Digital Playground jusqu’en 2010, après
quoi elle poursuit son parcours en freelance. Au cours de sa carrière américaine,
elle travaille avec de nombreux studios comme Red Light District, Vivid, Evil
Angel, Brazzers, Wicked Pictures, etc. Menant sa carrière en femme d’affaires,
Katsuni crée aux États-Unis sa propre société de production, devenant proprié-
taire de sa marque. Outre son salaire fixe chez Digital Playground, ses cachets
annexes et ses spectacles érotiques, l’actrice tire également des revenus de pro-
duits dérivés à son effigie : elle devient ainsi la première hardeuse française à
avoir un masturbateur Fleshlight à son nom.
En juillet 2008, elle sort chez Marc Dorcel My Fucking Life, un film pornogra-
phique semi-documentaire d’une durée de deux heures quarante dont elle est
également la réalisatrice, et qui la suit pendant plus d’un an dans son quotidien,
son travail entre le salon de Las Vegas, les séances photos et les tournages dans
la « Porn Valley », ainsi que dans sa vie privée. Également en 2008, elle fait partie
de la distribution de Pirates 2 : La Vengeance de Stagnetti, qui est alors le film
pornographique le plus cher jamais réalisé. En 2012, toujours pour Dorcel, elle
réalise un film X scénarisé, In bed with Katsuni.
Le 20 octobre 2009, elle reçoit le prix de la meilleure actrice française lors
de la cérémonie des Hot d’or à Paris. La même année, elle lance sa marque de
lingerie, Petit Cœur, qu’elle exploite jusqu’à son retour en France.
En 2012, un an avant sa retraite, elle dit avoir tiré de sa carrière X, parmi les
points positifs, « le plaisir sexuel à travers des situations extrêmes, drôles, origi-
nales. . . pouvoir le partager », l’aventure, le sentiment de liberté et « surtout une
expérience de vie hors norme très enrichissante ». Elle en souligne également
les aspects négatifs : « la solitude, la difficulté (voire l’impossibilité) à avoir une
vie sentimentale saine, parfois la souffrance physique et la discrimination, l’ad-
diction sexuelle, les MST, la marginalisation, l’exposition à vie avec l’étiquette X,
la précarité. Il faut être mentalement stable tout en cultivant une forme de folie,
savoir jongler avec ses limites et ses priorités ».
Arrêt de sa carrière X Dans les années 2010, Katsuni n’apprécie pas l’évolu-
tion de l’industrie du X. Le 14 août 2013, elle annonce sur Twitter qu’elle met
un terme à sa carrière d’actrice pornographique, et entend se tourner vers une
« nouvelle forme de spectacle ». Relayée par les grands médias, son annonce sus-
cite également de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, ce dont elle se
dit elle-même surprise. Elle déclare par la suite : « J’ai vraiment aimé mon voyage
dans ce milieu mais au bout de treize ans je sentais qu’il ne me " nourrissait " et
ne m’inspirait plus ». Dans une autre interview, elle précise : « J’ai arrêté pour les
mêmes raisons pour lesquelles j’avais commencé : le plaisir. Pas seulement phy-
sique, mais aussi mental, celui d’explorer. Après plus de 10 ans j’avais fini ma
petite quête personnelle. J’aurais pu continuer à en vivre mais il me faut plus
pour m’investir dans quelque chose ».
Quelques mois après sa retraite, elle entre à l’AVN Hall of Fame qui récom-
pense les personnalités les plus marquantes de l’industrie pornographique.
le magazine masculin FHM dans lequel elle tient une rubrique Sexo. Les lec-
teurs du magazine la classent à l’époque « 15e femme la plus sexy du monde ».
Elle cesse ensuite cette collaboration pour viser une carrière de comédienne.
Mélanie Coste apparaît en 2004 en religieuse dans le film Touristes ? Oh yes ! de
Jean-Pierre Mocky. Elle cesse ensuite toute apparition médiatique. Au milieu des
années 2010, elle anime, sous son vrai nom, un site Internet consacré au déve-
loppement personnel.
Filmographie :
— Adult Film Database
— Internet Adult Film Database
— IMDb
à la naissance pour qu’il soit adopté, et « Dark » pour son goût de la culture go-
thique. Elle commence sa carrière en 2002 et devient très vite l’une des égéries
du groupe Private, numéro un mondial de la pornographie haut de gamme.
Lancée par Pierre Woodman qui l’a découverte (Esmeralda dans Private Cas-
tings #48), elle deviendra très rapidement l’une des stars du XEuropéen grâce à
une plastique remarquée pour sa grande taille, la beauté de ses seins ainsi que
ses mensurations sculpturales, mais aussi grâce à ses nombreux films hardcore
où elle privilégie l’anal (sodomie et double pénétration) mais également le Gang
Bang, bien qu’elle joue également des scènes lesbiennes.
Elle est remarquée aussi bien dans des scènes gonzos pour des studios ré-
putés comme Evil Angel, que dans des films scénarisés produits par des com-
pagnies prestigieuses : elle devient ainsi l’une des égéries du groupe Private, elle
joue aussi pour Marc Dorcel.
Elle interprète 117 films chez Private et Marc Dorcel, dont 2 seront couron-
nés par un Hot d’or.
Fin 2006, devant subir une intervention chirurgicale pour insuffisance ré-
nale, elle décide de prendre une année sabbatique.
Elle effectue son retour sur les plateaux de tournages en mars 2010 après
deux années d’absence. Elle tourne alors beaucoup aux USA. Au début de 2011,
son retour est récompensé par un AVN Award qu’elle décroche en tant que per-
formeuse étrangère de l’année.
Elle a depuis quitté l’Europe et vit à Las Vegas. En 2021, elle tente un retour
en marge du milieu de la pornographie en produisant elle-même ses scènes por-
nographiques.
Filmographie :
— Boobpedia
— Eurobabeindex
— E.G.A.F.D. = European Girls Adult Film Database
— Adult Film Database
— Internet Adult Film Database
— Adult Film Database
— IMDb
Angel Dark, de son vrai nom Viktoria Knezova, est née à Sobrance en Slo-
vaquie le 11 avril 1982. Elle est une actrice pornographique de nationalité slo-
vaque.
Ses alias sont : Viktoria Cullison, Angelina Bella, Dark Angel, Kristina Sutalo
ou encore Esmeralda.
Elle mesure 1.75 m et pèse 54 kg.
Elle est découverte en 2002 par une assistante du réalisateur Pierre Wood-
man alors qu’elle était serveuse dans un bar. Travaillant d’abord en exclusivité
pour ce dernier, elle choisit le pseudonyme d’Esmeralda. Une fois libérée de ce
104 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
contrat un an plus tard, elle se décide pour le nom de scène définitif d’Angel
Dark. Ce nom aurait deux raisons : Angel en l’honneur d’un fils qu’elle aurait
abandonné à la naissance pour qu’il soit adopté et Dark pour son goût de la
culture gothique.
Elle devient très rapidement l’une des stars du X Européen grâce à une plas-
tique remarquée pour sa grande taille, la beauté de ses seins ainsi que ses men-
surations sculpturales. Elle joue dans de nombreux films hardcore où elle pri-
vilégie le sexe anal (sodomie et double pénétration) mais également le Gang
Bang, bien qu’elle interprète également des scènes lesbiennes. Elle est remar-
quée aussi bien dans des scènes gonzos pour des studios réputés comme Evil
Angel, que dans des films scénarisés produits par des compagnies prestigieuses :
elle devient ainsi l’une des égéries du groupe Private, elle joue aussi pour Marc
Dorcel.
Fin 2006, devant subir une intervention chirurgicale pour insuffisance ré-
nale, elle décide de quitter le milieu de la pornographie. Elle effectue son retour
sur les plateaux de tournages en mars 2010. Elle tourne alors beaucoup aux USA.
Elle interprète au final plus de 200 scènes. Sa carrière fut récompensée par
deux Hot d’or ainsi que le AVN Award de la Meilleure performeuse étrangère de
l’année en 2011. Elle est de plus intronisée en 2020 dans le AVN Hall of Fame.
Elle a depuis quitté l’Europe et vit à Las Vegas. En 2021, elle tente un retour
en marge du milieu de la pornographie en produisant elle-même ses scènes por-
nographiques.
3.48. WANDA CURTIS 105
Wanda Curtis, née le 7 novembre 1975, est une actrice de films pornogra-
phiques hongroise, qui a commencé sa carrière en 1997. Elle remporte l’un des
principaux Venus Award de l’année 1999 et est régulièrement nominée aux Hot
d’or et aux AVN awards dans les années qui suivent. Depuis 2006, elle travaille
pour Ninn Worx, et fait des apparitions dans le magazine Penthouse depuis avril
2006.
Filmographie :
Filmographie :
3.51 Ovidie
Éloïse Becht, dite Ovidie, née le 25 août 1980 à Lille, est une réalisatrice, jour-
naliste, écrivaine et actrice française.
Après avoir débuté comme actrice pornographique, elle passe derrière la ca-
méra, en réalisant d’abord des films X dans la veine de la pornographie fémi-
niste, puis également des documentaires. Journaliste ou chroniqueuse pour dif-
férents médias, elle a par ailleurs écrit plusieurs livres, dont la majorité tournent
autour de la sexualité ou de sa représentation.
3.51. OVIDIE 109
La Nuit des horloges réalisé par le cinéaste fantastique Jean Rollin. En 2016, elle
fait une apparition dans Saint Amour, de Benoît Delépine et Gustave Kervern,
où elle donne la réplique à Benoît Poelvoorde.
Elle assume sa première carrière d’actrice, mais refuse par ailleurs d’être
étiquetée comme une ancienne vedette du X lorsqu’elle est interrogée par les
médias sur des sujets sans rapport avec le porno. Elle a par ailleurs, à de mul-
tiples reprises, pris la défense des autres actrices et acteurs de X. Elle a notam-
ment dénoncé, de manière générale, la stigmatisation sociale dont ils font l’objet
(par exemple dans le documentaire Rhabillage, 2011) ou la dégradation de leurs
conditions de travail (Pornocratie, 2017) et a également défendu des actrices fai-
sant l’objet de harcèlement ou d’insultes, qu’il s’agisse de Clara Morgane inju-
riée à l’occasion de sa grossesse ou de Nikita Bellucci victime de cyberharcèle-
ment.
Réalisatrice En 2000, alors qu’elle est actrice depuis un an et n’a encore que
dix-neuf ans, elle passe à la réalisation pour le compte des productions Marc
Dorcel, avec Orgie en noir, qui pastiche les films d’horreur et le style d’Ed Wood.
Par la suite, elle cesse d’apparaître dans ses propres films, tout en continuant
pendant un temps à jouer dans les films d’autres réalisateurs. L’année suivante,
Dorcel produit son film Lilith, avec lequel elle aborde la pornographie féministe
et qu’elle considère comme son premier long-métrage abouti. Elle s’intéresse
ensuite à l’éducation sexuelle, avec Sexualité : mode d’emploi (Blue One, 2001),
puis Le Point G (V. Communications, 2007).
En 2009, elle co-réalise avec Jack Tyler le film Histoires de sexe(s), qui ambi-
tionne de montrer des scènes de sexe plus réalistes qu’à l’accoutumée et de dé-
crire les différences de perception de la sexualité chez les hommes et les femmes.
Destiné par ses auteurs à une sortie en salles, le film est classé X par le CNC. Le
ministère de la culture invalide ensuite ce classement, ce qui fait d’Histoires de
sexe(s) un film sans visa d’exploitation. Diffusé sur Canal+ dans sa tranche ho-
raire destinée au X, il obtient le meilleur taux d’audience de la chaîne depuis
trois ans, avec trois fois plus de téléspectatrices que d’habitude.
Ovidie continue ensuite de réaliser des films X pour Canal+. En 2010, elle
persiste dans la création d’un genre hybride à mi-chemin entre la comédie de
mœurs et le film pornographique pour couples, en réalisant Infidélité, un film
abordant la crise de la quarantaine et le déclin du désir. Puis en 2012 avec Liberté
sexuelle, un film qui s’interroge sur la télé-réalité et le sexe communautaire (dans
lequel elle apparaît, uniquement habillée). Elle réalise ensuite en 2013 Pulsion,
dans lequel apparaissent le critique de cinéma Christophe Bier et l’animateur
Daniel Morin. En 2014, elle réalise Le Baiser, un film X avec la hardeuse fémi-
niste américaine Madison Young, dans lequel elle cherche à donner une image
réaliste de la bisexualité féminine, qu’elle estime très mal représentée dans le
porno mainstream.
En 2016, elle co-réalise avec Dist de Kaerth X-Girl contre Supermacho, film
3.51. OVIDIE 111
pornographique en deux volets avec la vedette américaine Stoya. Les deux par-
ties du film montrent respectivement une vision féminine (réalisée par Ovidie)
et une vision masculine (réalisée par Dist de Kaerth).
Dans le cadre de sa carrière X, Ovidie a remporté deux trophées comme ac-
trice et douze comme réalisatrice, dont deux Hot d’or d’honneur en 2001 et 2009,
le Hot d’Or du meilleur scénario en 2001, le prix du « Movie of the year » aux Fe-
minist Porn Awards 2013, et le « Best direction » aux Feminist Porn Awards 2014.
Par ailleurs, en mai 2008, elle remporte le titre de Dauphine au Marathon de la
masturbation de Copenhague, avec 26 orgasmes.
Documentariste De mai 2008 à septembre 2015, Ovidie est directrice des pro-
grammes de la chaîne d’éducation sexuelle pour couples Frenchlover TV diffu-
sée sur Canal Satellite. Elle y réalise plus de 200 films pour adultes à caractère
éducatif. Elle quitte la chaîne en octobre 2015.
À partir de 2011, elle s’exerce au documentaire en réalisant Rondes et Sexy,
un film de 52 minutes sur la sexualité des femmes en surpoids. Elle signe égale-
ment Le Sexe écolo, un film de 26 minutes sur l’impact de la sexualité sur l’envi-
ronnement.
En 2011, elle réalise pour l’émission Envoyé spécial (France 2) Rhabillage,
un reportage de 35 minutes vu par cinq millions de téléspectateurs, produit
par Jean-Jacques Beineix, qui se penche sur les discriminations sociales que su-
bissent les anciennes stars du X, tant bien d’un point de vue professionnel que
familial et affectif. Ces discriminations affectant plus les actrices que les acteurs,
le film s’interroge sur le sexisme en général et sur la non-acceptation de la libé-
ration sexuelle féminine. Le reportage contient des témoignages des anciennes
vedettes du porno Nina Roberts, Nomi, Eliska Cross et Brigitte Lahaie.
En juin 2015, France 2, dans l’émission Infrarouge, diffuse son documen-
taire À quoi rêvent les jeunes filles, produit par Christophe Nick, qui s’interroge
sur l’impact des nouveaux médias sur le rapport au corps ainsi que sur la sexua-
lité des enfants du numérique, et plus précisément celle des jeunes filles de la
génération Y.
Elle réalise ensuite Pornocratie, diffusé en janvier 2017 sur Canal+. Ce do-
cumentaire retrace la prise de contrôle de l’industrie du porno par le groupe
MindGeek, dont elle brosse un portrait à charge : le film décrit notamment la
manière dont la consommation gratuite sur Internet a entraîné une chute des
revenus, l’uberisation du X et la dégradation des conditions de travail des ac-
teurs et actrices contraints à des pratiques de plus en plus extrêmes.
En 2017, elle écrit et réalise Là où les putains n’existent pas, produit par Ma-
gneto Presse et diffusé sur Arte en février 2018, une réflexion sur la société sué-
doise et sa politique « abolitionniste » vis-à-vis de la prostitution. Le film retrace
le parcours d’Eva-Marree Kullander-Smith dite « Jasmine Petite », prostituée et
militante pour les droits des travailleurs du sexe, privée de son enfant puis assas-
sinée de 31 coups de couteau par son ancien compagnon, dans les bureaux des
112 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
Littérature et journalisme En 2002, alors qu’elle est encore hardeuse, elle pu-
blie le livre Porno Manifesto, édité chez Flammarion sous la direction de Ra-
phaël Sorin, puis réédité en format poche chez La Musardine. Le livre, qui re-
vient sur son parcours et sur ses convictions féministes pro-sexe, se veut éga-
lement un manifeste de défense de la pornographie en tant que vecteur de li-
bération sexuelle. Elle est depuis 2004 l’un des auteurs-phares des éditions La
Musardine, qui ont publié huit de ses livres, dont Osez découvrir le point G, et
La sexualité féminine de A à Z. Elle a également collaboré avec d’autres maisons
telles que les Éditions du Camion blanc qui ont publié son historique du groupe
post-punk Métal urbain, Un bon hippie est un hippie mort.
Elle a également collaboré avec les éditions Bréal pour l’ouvrage Sexe et Philo,
dont elle est coauteur avec le professeur de philosophie Francis Métivier. Elle a
également accordé à Philosophie Magazine un entretien avec le philosophe An-
dré Comte-Sponville.
Après une première publication BD dans l’ouvrage collectif Duo chez Fluide
Glacial, elle a travaillé avec les éditions Delcourt en tant que scénariste pour
l’album Histoires Inavouables, dessiné par Jérôme D’Aviau, une bande dessi-
née érotique. L’ouvrage reçoit un accueil tiède sur Libération. Les auteurs parti-
cipent ensuite à des animations, comme des lectures dessinées en 2014.
Elle a ensuite publié Libres ! Manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels,
en collaboration avec la dessinatrice Diglee.
Elle a collaboré en tant que journaliste avec divers journaux et magazines
(The Guardian, Union (magazine), Newlook, Causette, Libération, Metronews,
Brain Magazine), et radios (OÜI FM, Le Mouv’, Nova).
De juillet 2008 jusqu’en février 2009, Ovidie officiait sur la radio parisienne
Ouï FM. D’abord le vendredi, dans des chroniques sur le sexe avec Christophe
Crénel dans l’émission Spoutnik, puis tous les jours de 20 h 30 à 21 h 00 dans Pla-
nète Interdite, toujours avec Christophe Crénel. L’émission s’arrête lors du rachat
de la radio par Arthur qui remanie l’ensemble de la grilles des programmes.
De septembre 2012 à juin 2014, elle animait une chronique hebdomadaire,
Boy meets Girl, avec Christophe Crénel dans l’émission Rodéo (rebaptisée Le
16/18) sur la radio Le Mouv’.
Depuis septembre 2017, elle anime une chronique tous les vendredis sur Ra-
dio Nova, dans l’émission L’Heure de pointe avec Xavier Delaporte.
De 2013 à 2016, elle a tenu un blog féministe sur le site d’informations Metro-
news. Depuis, elle contribue de façon hebdomadaire au site de Brain Magazine.
3.51. OVIDIE 113
Positionnement politique Durant ses études, elle milite quelques années dans
le milieu libertaire, en particulier au SCALP. Elle est l’auteure de la biographie du
groupe anarchiste Metal Urbain, qui retrace la naissance du punk en France, de
1976 à 1979 (Éditions du Camion Blanc, préface du musicien anarchiste Jello
Biafra). Elle accorde également au début des années 2000 des interviews à la
presse de la droite radicale comme Jeune dissidence ou proche du GRECE comme
Éléments en 2002. Bien que demeurant féministe, elle se déclare aujourd’hui
apolitique. Pourtant, elle figure discrètement dans les remerciements du docu-
mentaire Ni Dieu ni maître, une histoire de l’anarchisme. Son réalisateur Tan-
crède Ramonet la cite à plusieurs reprises, affirmant qu’« il existe encore de fi-
gures anarchistes, de Tardi à Ovidie en passant par Chomsky », ou encore qu’en
2017 l’anarchisme s’exprime « à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, à Nuit de-
bout ou encore dans le féminisme pro-sexe d’Ovidie ».
Elle s’est prononcée à plusieurs reprises contre l’islamophobie et contre le
harcèlement des femmes voilées. Elle fait partie des signataires de la tribune «
Stop au cyberharcèlement islamophobe contre l’association Lallab » parue dans
Libération en août 2017.
Tout au long de sa carrière, elle dénonce les idées reçues sur le monde du
cinéma pornographique et défend l’idée d’une pornographie féministe. Bien
que dénonçant le sexisme inhérent à la pornographie dominante, s’opposant
aux plateformes internet dénuées de contrôle, et s’interrogeant sur l’impact des
images sur la sexualité des spectateurs, elle s’oppose à l’idée de censure. Elle
s’est également prononcée à de nombreuses reprises contre l’homophobie.
Végétarienne depuis l’âge de treize ans, elle a offert en 2006 l’un de ses Hot
d’Or à l’AFIPA, une association contre la fourrure, en vue d’une vente de charité.
Filmographie :
— Adult Film Database
— Internet Adult Film Database
— European Girls Adult Film Database
— Encyclopédie du cinéma
114 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
buts sont difficiles car la concurrence est rude dans le milieu de la pornogra-
phie. En 2016, son compagnon fait parvenir quelques photographies de Cléa au
producteur Marc Dorcel qui donne à celle-ci l’opportunité de commencer une
carrière d’actrice en films pornographiques. Elle est alors âgée de 26 ans. Son
corps, très souple et sculpté par de nombreuses années de danse classique, lui
permet de conquérir de nombreux fans.
Cléa Gaultier travaille pour différents studios européens et américains dont
Video Marc Dorcel, Brazzers, Reality Kings, New Sensations, Naughty America,
Digital Playground, SexArt, Tushy, Girlfriends Films, Evil Angel, Private entre autres.
En 2017, Cléa enregistre, conjointement avec Apolonia Lapiedra et Ella Hu-
ghes un premier DVD au thème interracial pour Private intitulé Pajama Party.
Filmographie :
— EuroBabeIndex.com
— Adult Film Database
— European Girls Adult Films Database
— Adult Film Database
— Iternet Adult Film Database
9. Les examens General Educational Development (GED) est le nom donné à un ensemble de
cinq examens matières qui, une fois réussis, affirment qu’une personne détient des compétences
académiques de niveau high school aux États-Unis ou au Canada. Le sigle « GED » qui figure sur les
diplômes signifie « General Education Diploma », « General Equivalency Diploma » ou « Graduate
Equivalency Degree ».
118 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
À cet âge, Angela White est le premier modèle australien à poser aux États-
Unis pour le magazine pornographique Score ; les scènes de ce tournage sont
compilées dans son premier film, A Day with Angela White. Elle apparaît en-
suite dans la version australienne de Penthouse. Sa notoriété dépasse par la suite
le cadre de la pornographie et des magazines de charme, des articles lui étant
consacrés dans Cosmopolitan, Beat et Time Out, ainsi que dans le journal Syd-
ney Morning Herald.
En 2007, elle est nommée modèle de l’année par le magazine Voluptuous, et
en 2009, elle est citée parmi les « Top Ten Models of the Decade » de Score.
En 2010, elle se présente comme candidate aux élections régionales de l’État
australien de Victoria dans la circonscription de Richmond sous l’étiquette de
l’Australian Sex Party qui défend en particulier les droits des travailleurs du sexe.
La même année, elle épouse Colman.
En 2011, elle obtient son diplôme avec mention de l’Université de Melbourne
en études de genre. Pour sa thèse, elle a mené une recherche qualitative sur les
expériences des actrices de l’industrie de la pornographie en Australie.
En 2013, le XBIZ 10 l’élit « actrice pornographique la plus connue d’Austra-
lie ».
Elle a joué dans plus de 160 films. Après avoir principalement tourné des
scènes lesbiennes ou de masturbation à ses débuts, elle participe à sa première
10. Les XBIZ Awards sont des récompenses pornographiques décernées chaque année pour
honorer les interprètes femmes et hommes, les entreprises, et les produits qui jouent un rôle es-
sentiel dans la croissance et le succès des films pour adultes. Ils ont été décrits par l’éditeur et
fondateur du média XBIZ, Alec Helmy, comme étant « nés du désir de l’industrie de créer un évé-
nement de remise de prix qui, non seulement englobe toutes les facettes de l’entreprise, mais qui
la présente de façon professionnel et l’honore avec classe ».
3.56. HILLARY SCOTT 119
scène hétérosexuelle en 2011 dans le film Angela White Finally Fucks. Elle a par
ailleurs une carrière prolifique en tant que metteur en scène, avec plus de 90
films réalisés, dont un grand nombre produits sous le sceau de sa propre société
de production, AGW Entertainment.
En 2016, elle remporte trois AVN Awards, un pour le Meilleur site internet,
et les deux autres pour le film Angela 2 qui obtient le prix de la meilleure scène
de sexe oral et de scène de sexe lesbien en groupe (avec Alexis Texas et Anikka
Albrite) et le Prix XBIZ de l’artiste féminine étrangère de l’année.
En 2018, elle remporte l’AVN Award Performeuse de l’année (Female Perfor-
mer of the Year), qui est le titre décerné le plus haut pour une actrice.
Lors de la 36e cérémonie des AVN Awards à Las Vegas, Nevada, White a été
nommée interprète féminine AVN de l’année 2019, rejoignant Tori Black en tant
que seule autre interprète à avoir été nommée deux fois interprète féminine AVN
de l’année.
En janvier 2020, lors de la 37e cérémonie des AVN Awards à Las Vegas, Ne-
vada, White a été nommée Artiste féminine de l’année (Female Performer Of
The Year) AVN pour la troisième année consécutive, devenant ainsi la seule ar-
tiste à avoir été nommée Artiste féminine AVN de l’année trois fois. Elle a éga-
lement remporté le prix AVN 2020 de la meilleure actrice principale, se joignant
à Ashlyn Gere et Hillary Scott en tant que seules autres interprètes à remporter
le prix de la meilleure interprète féminine de l’année et de la meilleure actrice
principale la même année.
Filmographie :
— Boobpedia
— Adult Film Database
— Internet Adult Film Database
— Internet Movies DataBase
Elle déménagea à Los Angeles en 2004 pour rentrer dans l’industrie porno-
graphique. Après avoir brillé dans nombre de films gonzo où elle s’est démar-
quée des autres actrices par ses performances anales, elle a obtenu un AVN
award en 2006 dans la catégorie meilleure scène orale et meilleur Gang bang
dans Darkside. Elle a aussi obtenu le XRCO Award dans la catégorie Meilleure
nouvelle starlette.
Hillary Scott remplace en 2007 Jessica Sweet dans la série « Britney Rears »
(épisodes 1 à 4) une parodie de Britney Spears.
Hillary Scott utilise souvent un langage assez vulgaire dans son jeu et tra-
vaille sans préservatif.
Filmographie :
— Boobpedia
— Adult Film Database
— Internet Adult Film Database
— Internet Movies DataBase
Elle fut pom-pom girl au lycée. Elle est deux fois diplômée de l’université du
Nevada à Las Vegas, en théâtre et en communication.
Lors des années 1980, elle joua dans plusieurs films de série B. Elle joua no-
tamment en 1987 aux côtés de Linnea Quigley dans Creepozoids, dans lequel elle
interprète le rôle de « Kate ». Gere utilisait alors le pseudonyme Kim McKamy.
Elle fut une doublure (de corps) dans les films Basic Instinct et Proposition in-
décente. Ashlyn Gere commença à travailler dans des films pornographiques en
1990. Elle devint renommée pour ses performances sexuelles athlétiques. Elle
joua sous le pseudonyme Kimberly Patton dans la série Space 2063 de 1995 à
1996. Elle fit aussi des apparitions sous ce nom dans des épisodes de Les Des-
sous de Palm Beach et MillenniuM.
Ashlyn Gere commença à tourner dans des films X parallèlement à ses ap-
paritions dans des rôles traditionnels. Elle continua sa carrière pornographique
alors qu’elle avait un rôle dans les émissions précédemment mentionnées, deve-
nant ainsi une des rares actrices à avoir réussi aussi bien dans sa carrière porno-
graphique que dans sa carrière grand public (à l’opposé de la tactique habituelle
de ne se consacrer qu’à un aspect ou à l’autre). Elle est également apparue sous
le nom de Patton dans les films The One (2001) et Willard (2003), et fut mention-
122 CHAPITRE 3. ACTRICES DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
née sous le nom Kimberly Ashlyn Gere lors d’une apparition pour X-Files.
La première scène anale d’Ashlyn Gere eu probablement lieu lors d’un show-
case pour l’évènement – Ashlyn Gere – Put It In Gere : Put It In Her Rear. Cepen-
dant, elle affirme que sa première scène anale enregistrée fut tournée avec Tom
Byron dans Ashlyn Gere - Realities.
Elle est mariée à Marshall Patton (alias Layne Parker) depuis 1988 avec qui
elle a eu un enfant. Elle vit actuellement au Texas et travaille comme agent im-
mobilier.
Elle gagna divers AVN Awards. Elle fait partie du XRCO Hall of Fame et de
l’AVN Hall of Fame.
Filmographie :
— Boobpedia
— Adult Film Database
— Internet Adult Film Database
— Internet Movies DataBase
Elle est également connue sous les noms : Erin, Erin More, Kay, Nicole, Ruth
Black, Ruth Blackwell. C’est notamment sous le nom Ruth Blackwell qu’elle a
tourné dans ses films du genre interracial.
On retiendra les vidéos interraciales qu’elle a tourné en étant enceinte.
Elle a débuté sa carrière d’actrice porno en 2004 et l’a arrêté en 2012.
Elle possède son propre site Internet où elle proclame à propos d’elle-même :
« she’s evil she’s mean she’s the black cock queen » (elle est diabolique, elle est
méchante, elle est la reine de la bite noire).
Elle mesure 1.63 m et pèse 47 kg. Elle a un tatouage de dauphin sur l’omo-
plate droit.
Filmographie :
3.61. ANITA DARK 125
— Boobpedia
— Adult Film Database
— Adult Entertainment Broadcast Network
— Internet Adult Film Database
Dans Casting X 7, une vidéo produite par Private, elle affirme avoir rencontré
le photographe Pierre Woodman pour la première fois au mois de juillet 1994.
Avant de partir aux États-Unis, en 1996, elle a tourné dans des films de por-
nographie gonzo très poussés (incluant sodomies et doubles pénétrations)
Sur son blog, Anita Dark écrit qu’elle apprécie particulièrement la sodomie
et que sa vidéo Sodomania Vol. 20 sortie en 1997 dans laquelle elle avait une
scène avec Sean Michaels reste sa meilleure expérience en la matière. C’est ce-
pendant une pratique qu’on la voit abandonner petit à petit au cours de sa car-
rière devant la caméra.
Elle réside actuellement à Boca Raton, une station balnéaire de Floride très
luxueuse, où elle termine sa carrière. Ses dernières apparitions sont uniquement
lesbiennes.
Filmographie :
— Adult Film Database
— E.G.A.F.D. = European Girls Adult Film Database
— Internet Adult Film Database
— Internet Movies DataBase
3.61. ANITA DARK 127
129
130 CHAPITRE 4. ACTEURS DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
Filmographie :
les cabines de vidéoclubs) en 1978. Son premier long métrage est Tangerine en
1979. Au cours de sa carrière, il est apparu dans plus de 1300 films. Il est membre
de l’AVN Hall of Fame et du XRCO Hall of Fame.
4.5. MIKE HORNER 133
Filmographie :
années 1980, dans un club échangiste, qui fait connaître à Siffredi le monde du X,
notamment auprès du producteur Marc Dorcel et du réalisateur Michel Ricaud.
Ce dernier le retient pour ce qui sera le premier film de Rocco, Belle d’amour. Sa
mère le soutient dans sa carrière alors que son village natal le conspue.
Il quitte les plateaux de tournage en raison d’une histoire d’amour avec une
certaine Tina, un mannequin anglais. Il se fait alors un nom dans le monde du
mannequinat de mode grâce à l’agence londonienne Gawins. Quand au bout de
deux ans sa relation avec Tina s’achève, Siffredi retourne au porno par l’inter-
médiaire de l’actrice et productrice Teresa Orlowski.
Le style des films de Rocco Siffredi est le gonzo. L’intensité de ses scènes
(rough sex), son côté athlétique, ainsi que ses pratiques sexuelles ont valu à
Rocco la reconnaissance internationale de la profession et du public au point
qu’il fait l’objet d’un culte de la part de ses admirateurs, surtout en Italie. Doté
d’un pénis d’environ 23 à 25 cm de longueur selon les interviews (il ne donne
pas toujours la même estimation), Rocco joue dans de très nombreux films por-
nographiques. Il se fait notamment remarquer dans un film intitulé Les Amants
du Capricorne, une parodie du film homonyme d’Alfred Hitchcock ; c’est à l’oc-
casion du tournage de ce film qu’il rencontre sa femme, Rosa Caracciolo, il l’a
convaincra de devenir elle-même actrice pornographique.
Dans les années 1990, à la suite de sa rencontre avec John Stagliano, fonda-
teur du studio Evil Angel, il collabore dans la série gonzo Buttman, puis il décide
de créer sa propre société de production, Rocco Siffredi Produzioni, à Budapest
en Hongrie. Il devient ainsi producteur et réalisateur de films pornographiques
(dont beaucoup pour le studio Evil Angel), dans lesquels il joue généralement.
C’est lui qui fait découvrir à John Stagliano la caméra VX1000 de Sony, qui s’im-
posera dans le gonzo. Il crée des séries de gonzos : Animal Trainer et Rocco’s True
Anal Stories, Rocco’s Dirty Dreams, Rocco Initiations, Puppet Master. En 1995 il
tourne avec Sidonie Lavour dans le film Insatiable Sandy l’une des scènes les
plus célèbres de sa carrière et les plus caractéristiques de son style, plongeant la
tête de l’actrice dans les toilettes en tirant la chasse pendant qu’il la sodomise.
Rocco Siffredi est aussi connu pour ses collaborations professionnelles sur
le long terme, comme avec Kelly Stafford et sa série de vidéos tournée avec elle,
ses productions à travers le monde (Pologne, République tchèque. . .), ses pro-
ductions avec son partenaire ami/réalisateur, John Stagliano et le lancement, en
1998, dans le métier du catalan Nacho Vidal. Il a pour habitude d’inclure dans
ses tournages des acteurs anonymes issu du « Rocco Siffredi Fun Club » (son fan-
club) et aussi des acteurs anonymes vivant à proximité des lieux où sont tournés
ses films.
En 1997, Siffredi produit un de ses films les plus fameux et célèbre, Rocco e le
Storie Tese, qui a également une suite. L’intérêt du film réside dans le coût élevé
de la production, le choix du casting (avec Anita Dark, Anita Blonde et Rosa Ca-
racciolo, sa partenaire dans la vie) et la participation exceptionnelle du groupe
Elio e le Storie Tese.
Tournant aussi bien en Europe (Italie, France, Hongrie, etc.) qu’aux États-
136 CHAPITRE 4. ACTEURS DE FILMS PORNOGRAPHIQUES
les plus connus sont probablement Double péné à la Table d’Ernest, tourné avec
Tabatha Cash, et Les Tontons tringleurs dont il partage l’affiche avec d’autres ac-
teurs de X ayant commencé leurs carrières dans les années 1970. Il est également
connu pour ses contributions humoristiques dans Sexe et internet et Les Secré-
taires. Il demeure très apprécié des amateurs car il sait se montrer sympathique
avec ses fans, n’hésitant pas à se livrer à de nombreuses séances photos.
Il a été brièvement marié à l’actrice pornographique d’origine hollandaise
Zara Whites. Il est actuellement le mari d’Eva Falk.
Il a un petit rôle dans le film Romance de Catherine Breillat, sorti en 1999,
jouant notamment aux côtés d’un autre célèbre hardeur et compatriote franco-
phone, Rocco Siffredi.
Au début des années 2010, jugeant que la baisse des budgets des films X a fait
perdre de son intérêt au métier, il décide de prendre sa retraite du porno et ouvre
un magasin de cigarettes électroniques à Antibes, sur la Côte d’Azur. Il reprend
néanmoins du service en 2011 le temps d’un rôle dans DXK, la parodie X de
l’affaire Dominique Strauss-Kahn, dans laquelle il joue le personnage principal
(rebaptisé « David Sex King »).
Filmographie :
— Internet Adult Film Database
— Adult Film DataBase
— IMDb
1980. Depuis 1994, il est également producteur et s’est spécialisé dans les « gon-
zos » 1 à destination des marchés internationaux.
Lors de vacances à Ibiza, il rencontre un photographe français qui lui pro-
pose des prises de vues à Paris, il avait juste vingt ans et c’était sa première expé-
rience. Son premier film important fut Le fruit défendu pour Colmax, avec pour
partenaire Marilyn Jess. Il apparaît dans le film Pinot simple flic, dans la scène
où l’on voit Sim jouer un photographe de scène pornographique, avec Fanny
Bastien à ses côtés (il est attaché sur une croix) : sa voix est doublée par Martin
Lamotte.
Ensuite, il tourne avec La Cicciolina, Nikki Anderson, en passant par Karin
Schubert, Dolly Buster, Teresa Orlowski, Lilli Carati, Moana Pozzi, et Angelica
Bella avec qui il commence sa carrière de metteur en scène.
Ayant travaillé pour plusieurs labels, dont Marc Dorcel et Private, il est em-
bauché par John Stagliano dans le studio américain Evil Angel, au même titre
que Rocco Siffredi, John Leslie ou encore Joey Silvera.
Il réalise des nouvelles séries comme : Angel Perverse, Dressed to Fuck et
Euro Domination.
Il réside à Budapest, en Hongrie, où il travaillait avec Greg Centauro et fait
distribuer ses films en France par la société de Fred Coppula.
Clark réalise en 2011 une adaptation de l’affaire DSK intitulée DXK chez Col-
max avec Katia de Lys, Roberto Malone, Aleska Diamond et Sandra Romain.
Depuis 2015, il publie régulièrement des vidéos sur son compte Facebook
Clark Chris.
Filmographie :
Bayside, Queens1 à New York d’une famille Juive, sous le nom de Ron Hyatt, il a
étudié l’école secondaire de Benjamin N. Cardozo.
L’aventure de Ron Jeremy commença en 1978 quand sa petite amie envoya
une photo de lui nu au magazine Playgirl. C’est à ce moment qu’il décida de
prendre le nom de Jeremy (qui est en fait son second prénom).
Filmographie :
— Internet Adult Film Database
— Adult Film DataBase
— IMDb
Français Marc Dorcel, John B. Root, Christophe Clark, ou les Italiens Mario Sa-
lieri et Joe D’Amato, côtoyant d’autres acteurs italiens connus comme Rocco Sif-
fredi et Roberto Malone.
Francesco Malcom, avec plus de 400 films professionnels à son actif, a éga-
lement reçu plusieurs prix : le premier en 1994 à Barcelone dans la catégorie
« Meilleur acteur » ; le dernier en 2005 à Bruxelles, recevant le prix du « Meilleur
acteur italien ».
Filmographie :
— Internet Adult Film Database
— Adult Film DataBase
— IMDb
Jordi Ángel Muñoz1 commence sa carrière à l’âge de 18 ans après avoir ré-
pondu à une annonce sur Internet. Il commence dès lors à travailler pour la
société FaKings. II reçoit le surnom de « El Niño Polla » de la part de l’un des
producteurs en raison de sa petite taille et de son apparence juvénile.
En mars 2016, Jordi El Niño est contacté via Twitter par la société de produc-
tion canadienne Brazzers. Une des scènes qu’il tourne pour le studio devient la
vidéo la plus regardée de la société de l’année. Il signe alors un contrat d’exclu-
sivité avec cette dernière. Début 2017, Vice News cite son succès parmi ceux de
plusieurs autres jeunes acteurs pornographiques masculins comme associés à
la mode des films mettant en scène des MILF. Il reçoit une nomination aux AVN
Award du meilleur nouveau venu masculin en 2017.
Le 27 octobre 2017, Jordi lance une chaîne YouTube. Sa première vidéo reçoit
près de 10 millions de vues. En moins de deux mois, sa chaîne reçoit le Gold
Play Button, une récompense attribuée aux youtubeurs qui dépassent le million
d’abonnés.
Filmographie :
— Internet Adult Film Database
— Adult Film Database
— IMDb
rience à l’écran. En une seule année de carrière, James tourna dans 600 films, ce
qui est un record.
En 2010, Deen est apparu dans près de 1000 films pornographiques. Les
autres compagnies avec lesquels Deen travaille maintenant : JamesDeen.com,
Analized.com, FullPornNetwork.com, Pornfidelity, NewSensations, Bang.com,
XArt, XEmpire, ou encore Kink.
Il attribue son succès à son apparence ordinaire, alors que les autres acteurs
sont bardés de tatouages et de chaînes. À ce jour, il a joué dans environ 3300
vidéos au cours de sa carrière pornographique.
En 2013, il tient l’un des rôles principaux de The Canyons de Paul Schrader.
Il n’a pas vu de différence majeure entre la manière dont il a tourné à Hollywood
et le cinéma porno, « le sexe en moins ».
Fin 2015, il a été accusé de viol et de maltraitance par son ancienne com-
pagne, l’actrice X Stoya. Plusieurs autres actrices ont alors porté des accusa-
tions similaires envers Deen. Le studio Kink a alors annoncé qu’il ne travaille-
rait plus avec ce dernier ainsi que Evil Angel et HardX.com. James Deen s’est
pour sa part défendu de tout comportement inapproprié envers ses collègues
féminines. James Deen est néanmoins connu pour avoir tourné de nombreuses
vidéos de sexe assez violent ainsi que des videos de simulations de viol, c’est un
peu sa spécialité.
Filmographie :
— Internet Adult Film Database
— Adult Film Database
2020. Il est spécialisé dans les vidéos où de vieux actuers baisent des actrices
plus jeunes.
Filmographie :
— Internet Adult Film Database
Sites pornographiques
5.1 Magazines
Les magazines sont placés dans ce chapitre, car désormais chacun possède
son site Internet plus riche que le magazine papier. Sur ces sites, on trouve des
vidéos, payantes cela va sans dire et d’autres articles comme des tee-shirts, etc.
Les principaux magazines érotico-pornographiques sont :
— Playboy
— Penthouse
— Hustler
— Lui
151
152 CHAPITRE 5. SITES PORNOGRAPHIQUES
— Literotica.com
— le blog de Doumé
— Chez Andre 112
— Lisa story
— Histoires intimes
— Histoire Erotique
— histoire-erotique.net
— Histoires érotiques
— Xstory
Pornhub, Mofos et Brazzers, l’un des sites pornographiques payants les plus po-
pulaires. Son empire du X prend alors une ampleur considérable, croissant au
gré des investissements.
Pour ce faire, ces sites ont donc créé de nouveaux contenus et de nouveaux
formats. Ils contiennent essentiellement des scènes assez courtes, « taguées »
selon des critères liés aux pratiques sexuelles et aux caractéristiques ethniques
des personnes qui y figurent. Les pratiques violentes et avilissantes envers les
femmes sont omniprésentes et font partie des stratégies développées pour atti-
ser la curiosité des internautes et se démarquer de sites concurrents. Cette sur-
enchère permanente entre toutes ces plateformes repose donc également sur ce
que l’on appelle l’économie de l’attention. Les internautes, qu’ils soient jeunes
ou moins jeunes, sont scrutés et étudiés grâce à de puissants algorithmes qui
favorisent ainsi l’enfermement dans certains types de vidéos.
Et c’est là que l’uberisation économique apparaît. Par un savant montage fi-
nancier, Mindgeek échappe en grande partie à la fiscalité des pays où il exerce
son activité réelle pour s’acquitter de son obole au Luxembourg, à Chypre ou
en Irlande. Comme Uber ou Airbnb pour ne citer qu’eux, mais tous les grands
groupes de l’économie numérique suivent ce chemin d’optimisation fiscale, Mind-
geek engrange ainsi des sommes importantes qui n’alimentent pas ou peu les
caisses des états.
La santé financière insolente de ces conglomérats mondialisés (on parle pour
Mindgeek de 353 millions d’euros uniquement en Irlande pour 15 employés ef-
fectifs sur place), échappant à l’impôt légalement, se double d’une paupérisa-
tion galopante des acteurs de l’industrie pornographique. À Budapest, capitale
européenne des tournages, les salaires et la taille des équipes sont inversement
proportionnels à la croissance économique de l’industrie. En minimisant leurs
coûts (environ 300 euros par jour pour une actrice en Hongrie selon une étude
du parlement européen contre 600 à 2500 euros la scène en France selon Gré-
gory Dorcel), certains producteurs de porno et les diffuseurs de contenus maxi-
misent la rentabilité des films.
Pornhub, RedTube et Youporn, ainsi que les studios de production Brazzers, Di-
gital Playground, Men.com et Sean Cody1. Elle a été créée par Fabian Thylmann.
Selon l’enquête du journaliste Maxime Bergeron dans le documentaire « Mont-
réal XXX » réalisé par Frédéric Nassif, Mindgeek serait la plus grande entreprise
du monde de l’industrie pornographique et serait établie principalement à Mont-
réal.
Domicilée juridiquement au Luxembourg, elle a également des bureaux à
Hambourg, Londres, Los Angeles, Miami, Houston et Nicosie.
Histoire :
Dans les années 1990, Fabian Thylmann a créé NATS (Next-Generation Affi-
liate Tracking Software) qu’il a utilisé pour faire de la publicité à teneur porno-
graphique sur différents sites internet. En 2006 Thylmann vend ses parts dans
l’entreprise et rachète le site Privat Amateure. Entre 2006 et 2010, Thylmann ra-
chète trois autres sites : MyDirtyHobby, Webcams et Xtube.
Acquisition de Mansef et Webcams : En mars 2010, Fabian Thylmann rachète
Mansef et Inerhub, propriétaires de Brazzers et Pornhub. Il change alors le nom
de l’entreprise en Manwin (le nom de domaine Manwin.com ayant été enregis-
tré trois ans plus tôt). La même année, Thylmann rachète le site WebCams.com.
La naissance de MindGeek : Le 18 octobre 2013, Fabien Thylmann cède ses
parts dans Manwin à l’actuelle équipe dirigeante de l’entreprise, composée de
Feras Antoon et David Tassilo, pour 100 millions de dollars (73 millions d’euros).
Lors de la fusion de Manwin et du groupe RedTube, le groupe Manvin change de
nom et devient MindGeek.
MindGeek est régulièrement accusé d’être lié à la mafia et d’avoir, dès ses
premiers balbutiements, volé le contenu produit par des dizaines de studios ins-
tallés sur le marché pornographique. Ce contenu, souvent gratuit et piraté, est
mis à disposition des mineurs sans aucune vérification d’âge et/ou d’identité.
En 2017, la réalisatrice Ovidie, explique qu’avec MindGeek le droit à l’oubli
n’existe pas et que la condition des actrices s’est aggravée en tournant des scènes
deux fois plus hard pour moitié moins d’argent. Elle affirme dans un documen-
taire intitulé Pornocratie que les bureaux de Mindgeek sont des bâtiments vides
destinés à servir de façade à une « organisation mafieuse » rachetant sous la me-
nace un grand nombre de petites compagnies.
blications d’un genre plus douteux (à l’image des Postures de Pierre l’Arétin, qui
datent de 1527) se sont rapidement fait connaître, auprès d’un public plus large,
augmentant ainsi la demande pour la presse.
D’une part, il semble que certains acteurs du secteur ont rapidement re-
connu le potentiel qui se cachait derrière les technologies innovantes et n’ont
pas hésité, par exemple, à faire l’acquisition de sites de diffusion populaires (de
type « tube »), mettant à profit l’importance du trafic pour réaliser des recettes
publicitaires. D’autre part, nombreux sont ceux à développer et à expérimen-
ter de nouveaux modèles qui reposent sur la vente de services ou d’expériences
aux consommateurs – lesquels ne sont pas aussi faciles à pirater que les conte-
nus numériques eux-mêmes. À titre d’exemple, un domaine qui, récemment, a
beaucoup gagné en popularité et en rentabilité (en termes de revenus) est ce-
lui des shows en direct via webcam (live cameras shows). Mettre en place la
possibilité d’une connexion directe entre le spectateur et le performeur – qu’il
s’agisse d’un show réalisé pour un groupe de personnes connectées ou dans le
cadre d’une session privée – est une expérience qui implique fortement les utili-
sateurs. Si le contenu d’un show live en webcam peut être enregistré et distribué
par ailleurs, l’expérience de l’interaction avec le performeur est quelque chose
d’unique, qui ne peut être capté. Par conséquent, les opérateurs de plateformes
spécialisées dans le show en direct sont en mesure de vendre de l’interaction.
Les utilisateurs apprécient la connexion directe aux performeurs, dans la me-
sure où ils entrent dans une expérience très personnelle, où ils sont bien plus
impliqués que lorsqu’ils choisissent un contenu fixe. Pour un public qui est tou-
jours à la recherche de nouvelles façons de rendre la consommation de contenus
plus intense, l’interactivité est un grand plus. Outre les shows live en webcam, les
producteurs de contenus pour adultes explorent volontiers les nouveaux modes
de consommation de produits média et les nouveaux supports de diffusion, à
mesure qu’ils font leur apparition, avec l’objectif de proposer des expériences
allant toujours plus loin dans l’immersion et dans l’interaction. Des plateformes
communautaires les plus osées aux applications Google Glass, des jeux en ligne
aux technologies tactiles, en passant par les clubs de striptease virtuels, il n’est
pas seulement question de consommateurs en attente de nouvelles expériences.
Il s’agit aussi de créer un modèle économique adapté au numérique, sans dé-
pendre uniquement des revenus issus du droit d’auteur.
léphones mobiles et tablettes, en passant par les services en cloud pour un sto-
ckage sécurisé des contenus, en dehors des disques durs personnels, tout en
permettant un accès immédiat, à la demande, à partir de n’importe quel sup-
port.
Il est intéressant de noter que, si ce sont les services et autres expériences
privilégiées qui devraient continuer à tirer les revenus vers le haut, les contenus
classiques ne devraient pas disparaître complètement. Dans cette industrie, la
production de contenu est peu coûteuse, et approvisionner l’offre peut consti-
tuer un modèle économique alternatif. Par exemple, les contenus peuvent ser-
vir de produits d’appel pour d’autres produits et services. Avec Internet, la diffu-
sion vers un public large est devenue une opération simple et généralement sans
frais. L’objectif premier consiste donc à construire et défendre une marque. On
peut ici mentionner le cas de la maison Playboy qui, au début des années 1990,
s’est rendu compte que ses photos étaient diffusées en ligne sans autorisation
préalable. Au lieu d’essayer de stopper le phénomène, Playboy a commencé à
marquer ses photos avec un logo. Playboy a contacté les sites faisant usage de
ses images et leur a proposé de toucher une part des bénéfices s’ils acceptaient
d’ajouter un lien redirigeant vers le site de Playboy, pour encourager les utilisa-
teurs à souscrire un abonnement. En utilisant Internet comme un outil marke-
ting rapide et sans frais, Playboy a réussi à augmenter la visibilité de sa marque
de façon considérable et à faire de l’exploitation de ses contenus sur le Web sa
première source de revenu. Dans le paysage actuel, les producteurs de contenu
diffusent gratuitement des vidéos courtes sur des sites de type « tube », en espé-
rant retenir l’attention et faire connaître leur marque, pour diriger à terme les
utilisateurs vers leurs services, dès qu’en apparaît le besoin. Non seulement la
production ne coûte pas cher, mais les vidéos courtes sont par ailleurs plus fa-
ciles à produire que des longs métrages. Il est intéressant d’observer que, s’il est
probable que la qualité soit un peu négligée pour donner la priorité à l’amélio-
ration des services, la production dans cette industrie ne devrait pas pour au-
tant être stoppée, et ce même s’il est difficile de faire respecter le droit d’auteur.
Les vidéos courtes ciblent des fantasmes très précis, interracial, BDSM, cuckold,
viols simulés (http://www.rapesection.com/), zoophilie, etc. Des sociétés se
sont spécialisé dans ces niches particulières correspondant à des fantasmes bien
ciblés, et il semble que cela fonctionne. . .
Avec une industrie qui s’adapte à de nouveaux modèles économiques et se
réinvente, le paysage change de façon radicale. Les acteurs du secteur qui se
sont attachés aux anciens modèles ont dû lutter et ont fini par disparaître, ali-
mentant de fait l’impression – erronée – que l’industrie du X toute entière serait
en train de sombrer. De grandes références du secteur laissent la place à des
noms moins connus, de nouveaux entrants sur le marché. Il n’y a pas de place
pour tout le monde : les acteurs les plus fragiles sont évincés et ceux qui restent
sont en général ceux qui proposent des formats plus intelligents, plus inven-
tifs, plus professionnels. On note de façon claire un autre développement sen-
sible, qui passe par un phénomène de consolidation. Les sociétés productrices
164 CHAPITRE 5. SITES PORNOGRAPHIQUES
et les propriétaires de plateformes s’appuient les uns sur les autres, conscients
que les nouveaux impératifs stratégiques requièrent une collaboration accrue,
de la prise de risque, des investissements en amont et un financement croisé
des services et contenus. De nouveau, si l’on considère l’histoire du divertisse-
ment pour adultes, il semble que nous soyons en train d’assister non pas à la
mort, mais à l’évolution d’une industrie.
YouTube pour le contenu général. Les clips vidéo de vidéos professionnelles sont
mélangés avec du contenu amateur et d’autres types de contenu. En 2012, XVi-
deos était le plus grand site porno au monde, avec plus de 100 milliards de pages
vues par mois. Fabian Thylmann , propriétaire de MindGeek, a tenté d’ache-
ter XVideos en 2012 afin de créer un monopole sur les sites de tubes pornogra-
phiques. Le propriétaire français de XVideos a refusé une offre rapportée de plus
de 120 millions de dollars. En 2014, XVideos a tenté de manière controversée
d’obliger les fournisseurs de contenu à s’engager à renoncer au droit de suppri-
mer des vidéos de leurs comptes ou à fermer leurs comptes immédiatement.
En mai 2020 , XVideos a été classé comme le 8e site Web le plus populaire
au monde par SimilarWeb dans la catégorie générale et le 1er dans la catégorie
adulte avec plus de 3 milliards de visites par mois.
XNXX, un site miroir de XVideos, est le 11e site Web le plus visité et le 3e site
Web le plus visité dans la catégorie adulte.
Ensemble, XVideos et XNXX obtiennent plus de 5 milliards de visites par
mois, soit le double du trafic de Mindgeek de leur concurrent le plus proche.
sité lorsqu’il est activé. Depuis 2017, xHamster utilise un modèle d’intelligence
artificielle qui scanne le matériel sur son site Web pour cibler les préférences des
utilisateurs individuels. En réaction à la demande croissante de contenu lié à la
technologie, xHamster a créé une plate-forme de réalité virtuelle pour explorer
les possibilités de techniques de réalité virtuelle dans l’industrie du porno. En
août 2018, le site Web figurait au septième rang de la liste des dix meilleurs sites
pornographiques gratuits sur Internet du Daily Dot.
xHamster contient également plusieurs fonctionnalités de réseautage social.
Les utilisateurs ont des profils détaillés intégrant leur photo de profil et leur
sexe, ainsi que des œuvres ajoutées au site. Le contenu possède un système de
commentaires et de notation, et les utilisateurs peuvent interagir en ajoutant
d’autres en tant qu’« ami » ou en s’abonnant au contenu d’un autre. Les para-
mètres de confidentialité permettent aux utilisateurs de rendre différentes par-
ties du compte visibles uniquement pour sélectionner des individus, filtrer les
messages privés et bloquer certaines demandes. Les utilisateurs peuvent éga-
lement vérifier leur identité en soumettant une photo d’eux-mêmes avec leur
nom d’utilisateur, ce qui confère un cachet à leur profil.
Contrairement aux médias sociaux traditionnels tels que Facebook et You-
Tube, les sites pornographiques sont confrontés à une multitude de réglemen-
tations juridiques supplémentaires et à une stigmatisation sociale persistante.
Un article OneZero publié par Medium détaille de nombreuses divergences juri-
diques et culturelles entre la Silicon Valley de Los Angeles et la « Porn Valley », no-
tant la « modération agressive du contenu » de xHamster en ce qui concerne les
téléchargements de vidéos sur le site. Le processus de téléchargement de vidéos
de xHamster implique un examen du contenu de l’IA, un examen régulier du
personnel et « une légion de bénévoles [. . .] qui examinent les téléchargements
en échange de récompenses, ainsi que la santé de la communauté », a déclaré
Alex Hawkins à OneZero en novembre 2019 (moyen). Les utilisateurs du tchat
de xHamster sont également surveillés périodiquement pour s’assurer qu’ils se
conforment aux politiques du site.
En juin 2017, xHamster a sorti une poupée sexuelle nommée xHamsterina
en collaboration avec le fabricant iDoll.
Plus de quatre ans après sa retraite du porno, Mia Khalifa reste l’une des ac-
trices les plus recherchées sur xHamster avec plus de 780 millions de vues, selon
un article du Washington Post 2019. Khalifa est surtout connue pour avoir joué
dans un film dans lequel elle porte un hijab, suscitant des critiques publiques et
même des menaces de mort de l’organisation terroriste ISIS.
ImageFap Image Fap est un site qui abrite des galeries d’images mises en lignes
par les membres abonnés. ImageFap que l’on pourrait traduire par « des images
pour se branler », fap étant le bruit qu’on est censé faire quand on se branle « fap,
fap, fap, fap. . . ». Si vous vous livrez à votre activité favorite, vous aurez tôt fait de
reconnaître ce bruit « fap fap fap . . . »
Pornhub Pornhub est un site web anglophone qui diffuse depuis septembre
2007 des vidéos pornographiques en streaming, en s’inspirant du modèle de
YouTube, le leader du partage de vidéos en ligne.
Le site Pornhub propose des vidéos en streaming et en téléchargement comme
YouPorn (ils sont dirigés tous deux par la société Mindgeek, anciennement Man-
win).
Selon l’étude de trafic d’Alexa Internet, Pornhub se situe en mai 2009 à la 39e
place des sites Web les plus fréquentés, la plus grande partie des visiteurs pro-
venant des États-Unis. En 2017, les internautes indiens sont en troisième place
des utilisateurs par pays ; confronté à une volonté de censure de la part du gou-
vernement indien, Pornhub crée en octobre 2018 un site miroir à leur intention.
La majeure partie des revenus de Pornhub provient de sites de rencontres et
d’autres proposant des webcams en direct tels Pornhublive ainsi que des abon-
nements payants. Il existe également une version de Pornhub pour Android.
Pornhub est possédé par une société comprise dans un groupe de 35 entre-
prises, géré par une holding luxembourgeoise. Le directeur de cette holding est,
jusqu’en 2012, Fabian Thylmann.
D’après Pornhub, la recherche la plus populaire sur leur site est le mot « Les-
bienne », et cela aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Leurs sta-
tistiques indiquent que les femmes nord-américaines recherchent près de trois
fois plus les sujets lesbiens que les hommes nord-américains.
YouPorn YouPorn est un site web américain, de langue anglaise, diffusant gra-
tuitement des vidéos pornographiques en s’inspirant du modèle de YouTube.
En dépit de son nom, le site n’est pas affilié à YouTube. Contrairement à ce
dernier, qui propose exclusivement des vidéos diffusées en flux continu (strea-
5.3. SITES DE VIDÉOS 169
ming), il est possible d’y télécharger les séquences vidéo au format FLV, MP4,
MP4 HD et 3GP.
Depuis sa création en août 2006, ce site était devenu le site pornographique
le plus populaire du monde. En 2016, il est selon son créateur J-T, le 26e site
internet le plus fréquenté, avec 370 millions de visiteurs par mois. Aujourd’hui,
il est dépassé par Pornhub qui occupe la 27e place.
Mettant à la disposition des visiteurs des contenus fournis par des particu-
liers, YouPorn est aussi utilisé comme vitrine publicitaire par d’autres sites por-
nographiques qui y mettent en ligne des bandes-annonces, des extraits de films
ou des montages vidéos. Selon le site d’étude de trafic Alexa, YouPorn se situe en
mars 2008 à la 29e place des sites web les plus fréquentés. La plus grande partie
des visiteurs proviennent des États-Unis.
La société qui gère YouPorn reste volontairement dans l’anonymat. Aucun
lien sur le site ne permet de découvrir l’identité de son opérateur, et le nom de
domaine youporn.com a été enregistré par un intermédiaire. Selon une enquête
du magazine Condé Nast’s Portfolio, YouPorn aurait été lancé par un diplômé
de l’Université Stanford, Stephen Paul Jones, associé à Zach Hong, un Malai-
sien installé en Australie. Stephen Paul Jones serait un opérateur de marché qui
travaille toujours pour son employeur en Californie. Selon lui, le site aurait été
conçu et réalisé à l’origine par un Allemand. Hésitant sur le modèle économique
qui leur permettrait de rentabiliser YouPorn, ses propriétaires ont envisagé de
vendre leur site à Vivid en 2007.
En mai 2011, la société Youporn est rachetée par la holding Manwin.
En 2012, Die Welt révèle que le propriétaire de YouPorn, ainsi que de Porn-
Hub et MyDirtyHobby, est un Allemand originaire d’Aix-la-Chapelle, Fabian Thyl-
mann, arrêté en Belgique pour fraude fiscale.
En 2013, Fabian Thylmann vend ses parts du groupe Manwin qui édite le
site Youporn pour 100 000 000 dollars américains. Le groupe change de nom et
devient MindGeek.
Fantasmes
Les fantasmes varient en fonction des personnes et de leurs tabous. Les fan-
tasmes, du moins ceux qu’on ose s’avouer, se présentent souvent comme des
images intérieures, chargées ou non d’émotions et dont le but principal est de
provoquer un plaisir, une excitation. Par conséquent, le fantasme pourra être
explicitement sexuel, avec des visions de pénétration par exemple mais pas né-
cessairement. Un fantasme peut être complètement dénué des images habituel-
lement associées à la sexualité. Pour un homme, par exemple, la vision d’une
simple chaussure de femme suffira à déclencher une envie sexuelle.
Mais, il est vrai que, pour une majorité de personnes, l’univers fantasma-
tique est très érotique. Le contexte du fantasme, le lieu où il se produit par exemple,
les personnes (un homme ou une femme) ou les objets faisant partie du fan-
tasme sont d’une importance primordiale. Telle femme aimera imaginer qu’elle
fait l’amour avec un inconnu sur un cheval au galop, telle autre se fera mas-
turber mentalement par un chirurgien dans une salle d’opération, déclenchant
ainsi un orgasme puissant. Ou encore, un homme s’endormira tous les soirs en
imaginant pénétrer brutalement une jeune femme au bord d’une route etc. On
peut continuer ainsi à l’infini.
Le Web s’est toujours affirmé en refuge des déviances et perversions variées.
Dès l’instant où le réseau devint fonctionnel et ouvert à tous, les fétichismes les
plus inventifs ont pu s’y exprimer, pour la plus grande joie des internautes. Par
essence, espace de liberté peu (ou pas) menacé par la censure – selon les cas
(pays et légalité afférente) ou les plates-formes concernées –, Internet a rapi-
dement fait figure d’Eldorado pour les professionnels du sexe, qui y ont décelé
une manne financière non négligeable. C’était une suite logique à l’évolution du
marché qui, après l’explosion de la vidéo (VHS, puis DVD/Blu-ray), s’était adap-
tée aux nouvelles habitudes des consommateurs (téléchargements, VOD, tubes,
etc.).
À l’heure où le porno de qualité est moribond et où règne la médiocrité de
scènes tournées à la va-vite, le business a changé de forme, s’orientant vers l’ère
des networks (réseaux abritant le contenu – vidéos, photos – de sociétés don-
171
172 CHAPITRE 6. FANTASMES
À quoi servent donc ces fantasmes ? À nous faire culpabiliser ? S’ils génèrent
parfois de la honte ou de la rage, leur but est avant tout de nous faire du bien et
il est important de ne pas les refouler. En effet, être conscient de ses fantasmes,
c’est aussi une façon d’apprendre à se connaître : goûts, envies sexuelles. . . Les
fantasmes proviennent en partie de notre inconscient. Moins on dépense d’éner-
gie à se les cacher, plus il est possible de réutiliser cette énergie pour son plaisir.
En donnant libre court à ses fantasmes en faisant l’amour, en se masturbant
ou en rêvassant, on attise son désir et le plaisir n’en est que plus intense. Néan-
moins, certains fantasmes ne valent bien souvent que s’ils restent imaginaires.
Concrétisés, ils peuvent vous décevoir ou même faire de vous des pervers ou de
malheureuses victimes.
S’il est possible de s’empêcher de passer à l’acte, il est impossible de s’empê-
cher de penser, de rêver, d’imaginer. Les fantasmes apparaissent dans nos rêves,
nos ébats amoureux ou lors d’une thérapie. Ce sont bien souvent des exutoires
à de l’agressivité ou à un désir, à moins qu’ils n’attisent la jouissance. Ils ont un
pouvoir thérapeutique puisqu’ils nous déchargent d’une tension et, en ce sens,
sont source de plaisir. Le déni de l’imaginaire érotique constitue un vrai danger
puisque nos fantasmes, pervers ou non, agissant comme de véritables soupapes
de sécurité, nous protègent de la frustration. Quand ils nous obsèdent au point
de nous faire craindre un passage à l’acte, consulter un thérapeute se révèle es-
sentiel.
L’industrie pornographique tend à banaliser un certain nombre de fantasmes :
la fellation, la sodomie etc. Les films et les sites internet, produits par des hommes
pour des hommes, tendent à faire croire que les femmes raffolent d’être recou-
vertes du sperme de leur amant, de se faire sodomiser violemment. . . Il faut faire
très attention, tout cela n’a aucun rapport avec les désirs réels de la majorité des
femmes, ce ne sont que des fantasmes mis en scène. Les actrices sont payées
pour faire semblant. La réalité est aux antipodes de tout ce déballage. Il fau-
drait mettre en gros plan : ATTENTION FANTASMES. Le risque est grand de voir
des esprits faibles prendre tout ceci pour argent comptant et harceler leur com-
pagne.
Les fantasmes sont surtout intéressants lorsqu’ils restent inassouvis. On peut
continuer à fantasmer. . . Assouvir ses fantasmes c’est tuer l’imagination comme
1. BDSM pour « bondage, discipline, domination, soumission, sado-masochisme »
6.1. BDSM 173
Cultiver ses fantasmes, les développer et ne jamais chercher à les assouvir, sous
peine d’en tuer la source et le plaisir qui les accompagne. La seule manière de
garder un fantasme intact et de ne jamais le réaliser.
6.1 BDSM
Le sigle BDSM (pour « Bondage, Discipline, domination, Soumission, sado-
Masochisme ») désigne un ensemble de pratiques sexuelles et contractuelles uti-
lisant la douleur, la contrainte, l’humiliation érotique ou la mise en scène de
divers fantasmes sexuels. Les pratiques sadomasochistes sont fondées sur un
contrat entre deux parties (pôle dominant et pôle dominé). Le BDSM fait l’objet
de pratiques très variées.
Le terme sadomasochisme est dérivé des mots sadisme et masochisme. Les
termes sadisme et masochisme sont dérivés des noms du marquis de Sade et
de Leopold von Sacher-Masoch. Bien que les noms de Sade et Sacher-Masoch
soient associés respectivement aux termes sadisme et masochisme, les scènes
décrites dans les œuvres de Sade ne représentent pas les pratiques contempo-
raines du BDSM, notamment en ce qui concerne le consentement.
Les individus qui choisissent le rôle supérieur sont appelés dominants (pour
les garçons) ou dominatrices (voire maîtresses, pour les filles), et les individus
qui choisissent le rôle subordonné sont appelés soumis(e) (garçons et filles). Les
individus peuvent également changer de rôle durant le jeu. Le jeu D/s est un
échange consensuel entre les partenaires, basé sur la confiance et la communi-
cation et sur un respect mutuel dans lequel les partenaires peuvent s’explorer
émotionnellement. Une relation D/s peut être sexuelle ou non, à long ou à court
terme, et intime ou anonyme.
Les variantes de D/s peuvent prendre un bon nombre de formes. Ils incluent
la servitude domestique qui peut devenir sexuelle, la chasteté forcée, l’humilia-
tion érotique ou verbale, la soumission fétichiste (pieds, chaussures, bottes, uni-
formes, cigarettes, latex, cuir. . .), la déshumanisation où le dominé est considéré
comme un animal et traité comme tel voire à l’objectification où il est considéré
comme un objet inanimé, et enfin au travestissement (ou cross-dressing). Ces
variantes peuvent être combinées avec d’autres formes de BDSM. Certaines re-
lations D/s sont sexuelles, et d’autres totalement chastes. Les partenaires peuvent
jouer des rôles classiques comme ceux de dominant/soumis, ou encore ceux de
quelques figures autoritaires telles que professeur/étudiant, policier/suspect ou
parent/enfant.
Bondage Le bondage est une pratique qui consiste à rendre un corps captif
par tout accessoire de contrainte et quel qu’en soit le procédé. Le bondage est
souvent, mais pas toujours, une pratique sexuelle. Bien que le bondage soit une
variation très populaire dans le domaine BDSM, il est néanmoins souvent dif-
férencié du reste de ce domaine. Strictement parlant, le bondage signifie im-
mobiliser le partenaire dominé à l’aide d’accessoires tels que les menottes et les
chaines. Le bondage inclut également la croix de saint André ou les barre d’écar-
tements.
Le terme « discipline » décrit une restriction psychologique dans laquelle les
règles et la punition sont utilisées pour contrôler tous types de mouvements ou
comportements du dominé. La punition peut être donnée physiquement (telle
que les claques), psychologiquement (par humiliation, telle que la flagellation
publique) ou par une perte de liberté physique (attaché ou menotté à un lit ou
des barreaux).
Débats Quand Virginie Despentes parle de ses fantasmes de viol, elle est dans
l’univers du fantasme masochiste, mais face au vrai viol qu’elle a subi, elle dit
qu’elle est face à la mort, victime non consentante dans l’univers du sadisme :
plus de fantasme, mais la peur de la mort. Si dans le fantasme masochiste, la
rêverie, comme le dit Krafft-Ebing, le sadique a sa place, il ne l’a pas dans le pas-
sage à l’acte avec le masochiste. Le masochiste cherche celui qui fait semblant
et donc un bourreau sous contrat faisant intégralement partie de l’univers ma-
sochiste.
6.2. FANTASMES INTERRACIAUX 175
2. Cocu : encore un grand fantasme qui donne lieu à une abondante production vidéo avec
comme mot clé « cuckold ».
3. Kink signifie « vicieux, pervers, tordu » en anglais, « kinky sex » désigne donc une sexualité
sinon perverse, du moins hors norme, pour la distinguer de la sexualité dite conventionnelle et
socialement acceptable.
176 CHAPITRE 6. FANTASMES
gistes interraciales afin que les épouses se fassent baiser par des blacks sous les
yeux de leur mari.
Des sociétés de production se sont spécialisé dans la niche des vidéos « in-
terraciales » qui en fait consistent à montrer des Blanches qui baisent avec des
Noirs. C’est le gros de « l’interracial ». Les autres mélanges de couleur de peau
sont moins présents. Lorsque les vidéos montrent des femmes noires qui baisent
avec des hommes blancs, on parle de « reverse interracial ». Les sociétés de vi-
déos « interracial » les plus connues sont Blacked, Blackonblondes ou encore
Dogfart
Accoler le mot « fantasme » à celui de « viol », qui est un crime, paraît for-
cément indécent, voire provocateur. C’est certainement un des fantasmes mas-
culins les plus répandus, un de ce ceux qui fait le plus peur et qui est le plus
mal compris par les femmes bien que de nombreuses femmes le partagent et
avouent fantasmer à l’idée de subir des rapports sexuels forcés.
Si l’on se réfère à la condition masculine, c’est sans doute un fantasme ai-
sément compréhensible. Le mâle ne peut se reproduire seul et doit donc trou-
ver puis convaincre une femelle de s’accoupler. Ses capacités de séduction sont
mises en concurrence avec celles des autres mâles et confrontées avec les dis-
ponibilités des femelles. Dans l’espèce humaine, une série de contingences, mo-
rales, sociales, etc. viennent encore limiter ses possibilités d’accouplement. Lors
de ses tentatives, l’homme subit la plupart du temps des échecs qui sont beau-
coup plus fréquents que les succès. Chaque échec représente une blessure pro-
fonde, car elle remet en jeu un besoin fondamental de l’être humain de sexe
mâle : celui d’être accepté.
Côté féminin, le viol est un fantasme qui choque. Faire l’amour avec un autre
homme que son partenaire ou avec une femme, avec plusieurs hommes ou dans
des endroits insolites, tels sont les fantasmes féminins les plus répandus. Mais
il en y a un autre, moins avouable, que connaissent certaines femmes, il s’agit
du plus tabou d’entre tous : le fantasme du viol. Il s’accompagne généralement
d’un sentiment de culpabilité et de honte pour celles qui l’éprouvent et d’une
grande incompréhension, voire de mépris pour ceux qui reçoivent cette confi-
dence. En effet, comment peut-on désirer subir ce crime dont seraient victimes
90 000 femmes chaque année en France 4 ?
Avant de juger ou de s’accabler, il faut comprendre et accepter les ressorts
beaucoup plus complexes de l’imaginaire érotique de chacun, bien distinguer le
fantasme du désir de passage à l’acte. Ce n’est pas parce qu’on imagine flinguer
son patron avec une mitrailleuse que l’on va mettre en œuvre cette envie ! Il en
4. La médecin Muriel Salmona a donné le chiffre de 93 000 viols par an en France lors de
l’émission « Du Grain à Moudre », sur France Culture le 16 janvier 2018
6.3. FANTASMES DE VIOL 177
va de même avec les fantasmes sexuels, qui sont des défouloirs et font partie
d’un imaginaire que l’on ne peut guère, voire pas, contrôler.
Par conséquent, il n’y a pas de « bons » ou de « mauvais » fantasmes. Ils doivent
simplement jouer le rôle d’interprète ou de décodeur de notre inconscient pour
mieux se comprendre et agir dans la réalité. Ainsi, la possibilité que ce viol (men-
talement mis en scène de manière érotique et excluant la violence et le trauma-
tisme d’un véritable viol) puisse intervenir en vrai n’est, en fait, pas désirée. Au
contraire, il fait véritablement horreur. Autant les hommes, qui ont en eux ce
fantasme du viol, apprécient les scènes de viol des films porno, autant regarder
des scènes de viol qui se veulent réalistes dans des films qui montre l’horreur de
la chose est proprement insoutenable. Sans chercher l’exhaustivité, les films qui
montre le viol réel et non fantasmatique sont :
— Un justicier dans la ville avec Charles Bronson ;
— Le passager de la pluie avec Marlène Jobert ;
— The accused avec Jodie Foster ;
— Irréversible avec Monica Bellucci ;
— Outrages ;
— Vivante ;
— Thelma et Louise ;
— Les Oubliées de Juarez ;
— Baise-moi ;
— L’Amour violé ;
— Millénium ;
— I Spit on Your Grave ;
— Une histoire banale ;
— City of Life and Death qui met en scène les viols de masse durant la prise
de Nankin par les troupes japonaises en 1937.
Dans un cas on est dans le fantasme où la femme n’attend que ça pour jouir,
dans le second on est dans l’horrible réalité où la femme va être détruite physi-
quement et psychologiquement, ce qui est absolument insupportable pour tout
homme normalement constitué.
Mais comment expliquer le paradoxe du fantasme du viol ? Les psychologues,
psychanalystes et autres experts qui se sont penchés sur la question sont parve-
nus à faire ressortir trois principales explications :
— Se dédouaner : la sexualité s’accompagne bien souvent encore d’un sen-
timent, conscient ou non, de culpabilité. En se mettant en scène menta-
lement comme une victime d’un acte sexuel forcé, on se déresponsabilise
du plaisir éprouvé. La femme peut ainsi se dire : « J’ai du plaisir mais c’est
contre ma volonté », explique Michèle Gato, auteur du Kama Sutra pour
hommes, les secrets du plaisir au féminin (éditions Leduc.S).
178 CHAPITRE 6. FANTASMES
— Le bal du viol
— Julie la douce
— Pervenches ou les risques du métier
— Prison très spéciale pour femmes
— Sens interdits
— Breaking and entering
— Pucelles Violées
— Violée, elle en redemande
— Cathy, fille soumise
— Les culottes de Charlotte
— Le fruit défendu
— Otages
— Moglie Abusata
— Doom figther 2: Apoteosi Finale
— Sceneggiata Napoletana
— La ragazza del clan
— Stupri di guerra (Viols de guerre)
— Moglie Abusata
— 1945 - Prede di guerra
— Carcere Amori Bestiali
— Les patientes du gynécologue également appelé Jeunes filles en chaleur
à sodomiser dans lequel, à la minute 15 du film, une Cathy Menard plus
BCBG que jamais (Michelle, l’avocate) se prête à une scène de faux viol
mis en scène par son compagnon le Dr Moreau (interprété par Richard
Lemieuvre alias Richard Allan).
— Violences anales
— Sensual Encounters of Every Kind
— Une femme nommée désir
— Passions déchaînées
— Les faveurs de Sophie
— Le fruit défendu
— Le journal érotique d’un bûcheron
— Femmes de Sade
— La vengeance de Valy Verdy
— Pensionnat de jeunes filles
180 CHAPITRE 6. FANTASMES
est à peu près aussi pertinente pour le consentement que n’importe laquelle
de ces autres réponses. Lors d’agressions violentes, une excitation physique in-
tense due à la peur peut augmenter les sensations sexuelles dans un processus
appelé « transfert d’excitation ». Dans une étude en laboratoire, l’anxiété causée
par la menace d’un choc électrique a amélioré les réponses érectiles masculines
aux images érotiques. Les hommes de cette étude n’attendaient pas le choc avec
impatience. Ils n’ont pas apprécié le choc. L’état d’excitation physique accru de
leur corps, l’anxiété face à la menace de la douleur, a également accru l’exci-
tation sexuelle. L’excitation sexuelle n’est qu’une composante de plus de l’état
« combat ou fuite ».
Certaines victimes de viol rapportent être « allées ailleurs » mentalement,
puis replongées dans le moment par l’orgasme. Il est clair que ces victimes n’ont
aucun lien mental avec leur état physique. Une femme qui a été droguée puis
violée se souvient s’être réveillée pendant l’orgasme pour s’évanouir à nouveau
lorsque la sensation s’est atténuée. Des expériences récentes suggèrent que la
lubrification vaginale chez les femmes peut être une réponse adaptative conçue
pour réduire les blessures causées par la pénétration. Le corps ne s’amuse pas,
il essaie de se protéger.
Enfin, horriblement, certains violeurs s’amusent à faire réagir le corps de
leurs victimes à l’agression en signe de domination. Ces violeurs travaillent pour
obtenir une réponse physique de leurs victimes. Ils ont appris comment la peur
et l’anxiété peuvent correspondre à d’autres formes d’excitation accrue, et ils
exploitent la connexion.
Sans surprise, les victimes de viol qui éprouvent de l’excitation lors du viol
rapportent de la confusion et de la honte grâce à cette confusion de la réponse
physique de l’excitation et de son association habituelle avec le plaisir. Un survi-
vant peut demander : « Était-ce quelque chose que je voulais inconsciemment ?
Suis-je en quelque sorte coupable ? Si mon corps a réagi de cette façon, cela
signifie-t-il que je suis mentalement perturbé ? » La réalité est que la réponse
d’excitation du corps n’est pas plus une indication de culpabilité ou de maladie
mentale qu’une fréquence cardiaque élevée ou une montée d’adrénaline ne le
serait dans les mêmes circonstances.
Souvent, le plaisir sexuel et l’agression sexuelle deviennent psychologique-
ment liés lorsqu’une victime de viol éprouve de l’excitation pendant le viol. Se-
lon les mots de Matt Atkinson, « le sexe, qui est censé être sain, inoffensif, agréable
et mutuel, a été défiguré par le viol ou les abus. » Une femme s’exclame : « Le mot
”non” ne semble pas compter. Mon propre corps ne l’a pas écouté. Alors c’est
comme si je ne l’avais jamais dit. Bien que cela puisse sembler être le cas pour
une victime, le mot « non » se suffit à lui-même. Pour paraphraser le thérapeute
de la femme : la sensation n’est pas une expression de plaisir ou de consente-
ment, c’est simplement une sensation physique.
L’excitation et l’orgasme pendant le viol se produisent, probablement beau-
coup plus souvent qu’on ne le pense. Ce n’est pas un signe de culpabilité ou
de plaisir. Il n’indique en aucun cas un consentement. C’est un signe que notre
182 CHAPITRE 6. FANTASMES
corps réagit, tout comme il le fait avec un rythme cardiaque rapide ou une mon-
tée d’adrénaline. Nous réagissons. Et puis on essaie de guérir.
tiellement à désigner un genre pornographique centré sur les femmes qui ont, le
plus souvent, entre 35 et 50 ans. Les MILF peuvent même être de jeunes grands-
mères, mais n’ont jamais de cheveux blancs. Dans les films X, la MILF est sou-
vent incarnée par des actrices ayant une forte poitrine, faisant moins que leur
âge et ayant souvent des scènes de sexe avec de jeunes hommes, ou des jeunes
femmes. MILF est avant tout un terme et un style pornographique. Le terme,
populaire dans les années 1990, a été repris dans les années 2000 par les pro-
fessionnels du X. C’est l’« ageplay », qui consiste à mélanger les personnes de
différents âges. Les premiers films comportant le mot MILF dans le titre appa-
raissent dès 2003 avec MILF Money 1 et MILF Hunter.
Brandi Love (3.35 page 82), Lisa Ann (3.38 page 85), Julia Ann(3.37 page 84),
Jamie Foster ou encore Dee Williams sont des actrices pornographiques emblé-
matiques de la MILF.
Ce genre possède des points communs avec les fantasmes d’inceste, les fan-
tasmes de la mère initiatrice et faisant l’éducation sexuelle soit de la fille de la
maison, soit du fils, soit des copains, copines des enfants.
On trouve des vidéos au scénario ayant pour titre Moms teach sex, Family
Strokes - Taboo Family Porn et tant d’autres. . .
6.5 Zoophilie
La zoophilie est une paraphilie 5 dans laquelle un animal est l’objet du désir
sexuel. Les individus ayant une attirance ou une excitation envers des animaux
sont appelés « zoophiles ». Cette pratique était autrefois connue sous le nom de
« bestialité ». Au XXIe siècle, ce terme est souvent utilisé pour désigner le passage
à l’acte sexuel effectif qui peut découler d’une attirance zoophile. Il est aussi
question, dans ce cas, d’« actes zoophiles ». Dans la plupart des pays, les activi-
tés zoophiles sont illégales en vertu des lois de cruauté envers les animaux ou
de « crime contre la nature » ; cela explique que la grande majorité des sites de
vidéos pornographiques interdisent les vidéos zoophiles.
Brigitte Lahaie (3.15 page 49) a posé pour des photos que l’on peut qualifier
de zoophiles, même s’il n’y a pas pénétration.
L’association Animal Cross 6 indique que le visionnage des sites zooporno-
graphiques générerait un trafic très important. Elle estime que le nombre de vi-
sites mensuelles est d’environ 1,5 million en France (analyse faite via Similarweb
à partir des 10 sites les plus importants). Selon ses hypothèses, environ 150 000
personnes verraient dix vidéos par mois. Cela correspond au premier niveau de
la zoophilie, c’est-à-dire celui du voyeurisme.
5. La paraphilie est une attirance ou une pratique sexuelle qui diffère des actes traditionnel-
lement considérés comme « normaux ». C’est une désignation non péjorative pour classifier « les
intérêts sexuels inhabituels », on l’emploie à la place de « perversion ».
6. L’association Animal Cross dénonce les souffrances physiques et psychologiques causées
aux animaux par les prédateurs zoophiles.
184 CHAPITRE 6. FANTASMES
6.6 Normalité
On peut aussi tout simplement désirer voir des rapports sexuels « normaux »
avec de la tendresse, de la douceur, des sites comme Hegre proposent photos et
films de rapports hétérosexuels ou homosexuels dans ce domaine. C’est un site
créé par Petter Hegre, photographe norvégien né en 1969.
On peut également citer les sites : sinfull.com, sexart.com, sexyhub.com et
tant d’autres. . .
font sucer leur bite, je dois les faire bien bander pour qu’ils enfilent ma femme
ensuite ».
Dans L’École des femmes, Molière met en scène un homme qui se moque des
cocus et finit par devenir l’équivalent d’un cuckold. Dans La Confession impu-
dique, Tanizaki décrit un couple qui redécouvre l’amour par le biais de la jalou-
sie. L’homme écrit : « Je voudrais être jaloux jusqu’à la folie ». Il est prêt à offrir sa
femme, le corps de sa femme, espérant par cette infidélité découvrir une nou-
velle volupté, aimer par procuration. « Elle pourrait aller jusqu’au point où je la
soupçonnerais de franchir la limite, je désire même qu’elle aille aussi loin ». Dans
La Vénus à la fourrure, Leopold von sacher Masoch transpose sous la forme d’un
roman sa propre expérience : « Je m’oblige, sur ma parole d’honneur, à être l’es-
clave de Mme Wanda de Dunajew, tout à fait comme elle le demande, et à me
soumettre sans résistance à tout ce qu’elle m’imposera ». Pour que s’accomplisse
pleinement son fantasme, le héros du roman se met à chercher, mais en vain,
celui avec lequel Wanda le cocufierait et, en outre, le ferait battre. Sur internet,
des centaines d’hommes déposent des annonces similaires : « Prenez ma femme
devant moi, s’il vous plait ». « Je suis un mari qui aime sentir que sa femme ap-
partient à un autre ». Etc.
La société Marc Dorcel exploite ce fantasme avec des films de la série Luxure :
— Luxure 1 : Femmes mariées
— Luxure 2 : Initiations de jeunes libertines avec Claire Castel
— Luxure 3 : Épouses à partager
— Luxure 4 : L’éducation de mon épouse
— Luxure 5 : Épouses obéissantes avec Claire Castel
— Luxure 6 : L’épouse parfaite
— Luxure 7 : Offerte à d’autres
— Luxure 8 : Comblées par d’autres avec Claire Castel
— Luxure 9 : Épouse à éduquer
— Luxure 10 : Éducation de femmes mariées
— Luxure 11 : Épouses offertes
— Luxure 12 : Épouses à initier
— Luxure 13 : Les fantasmes de mon épouse
— Luxure 14 : Les vices de mon épouse
— Luxure 15 : Les perversions de ma femme
— Luxure 16 : Les tentations de mon épouse
— Luxure 17 : Les obsessions de ma femme
— Luxure 18 : Les secrets de mon épouse
— Luxure 19 : Les désirs de ma femme
188 CHAPITRE 6. FANTASMES
Livres
189
190 CHAPITRE 7. LIVRES
naire avec Christophe Bier, succède donc cette discussion croisée entre Chris-
tophe Bier et Pierre B. Reinhard. Où l’on aborde la carrière de Reinhard, de ses
débuts à ses dernières productions pour Canal +, en passant par le virage des
années 80 et la portée sociale des films pornographiques.
Parmi les réalisations de Pierre B. Reinhard (parfois sous le pseudonyme de
Mike Strong), on peut noter Entrecuisses (1977), Trois Bavaroises à Paris (1981),
Baisez les otages (1981), Délices d’un sexe chaud et profond (1982), Voluptés anales
(1986) ou James Bande contre OS.Sex 69 (1986).
— Vous venez de tourner un film pour les fameux premiers samedis du mois
de Canal +. Le cahier des charges de la chaîne cryptée, très strict, n’est-il pas trop
contraignant ?
Pierre Reinhard : Pas du tout. Ce cahier des charges me convient parfaite-
ment. J’aime bien les choses très clean, ce n’est ni graveleux ni sale. Je n’ai pas
envie de participer à la dégradation humaine, au contraire, je mets plutôt les
filles sur un piédestal pour les magnifier. Canal +, c’est du « soft hard » qui me
convient.
— Pouvez-vous nous raconter vos débuts dans le cinéma ?
Pierre Reinhard : J’ai commencé à réaliser en 1977 mais je suis entré dans le
milieu du cinéma bien plus tôt, à l’époque où j’étudiais les Beaux Arts en section
peinture, vers mes 15-16ans. Je travaillais alors comme stagiaire « surnuméraire »
sur des grosses productions comme Le Cerveau de Gérard Oury, avec Jean-Paul
Belmondo et Bourvil (1969) ou La maison sous les arbres de René Clément, avec
Faye Dunaway (1971). Quand il y avait des scènes de nuit ou de jour avec de
la foule, je me servais de walkies-talkies pour bloquer des routes, pousser un
groupe de figurants.
À la même époque, j’avais également monté un atelier de cinéma avec un
ami qui était au département photo des Beaux Arts. Nous avions comme projet
de stocker des photos des élèves. On faisait des courts métrages sur l’école. Puis,
j’ai voulu faire du montage, ce qui était capital pour moi parce que j’entendais
de ci de là des réalisateurs qui n’étaient pas très contents de leur monteurs. Je
me suis dit : « si un jour je suis réalisateur, il faudrait que je sache monter ». J’ai
donc fait du montage pendant deux ans avec les frère Kikoïne, Gilbert et Gérard,
qui m’ont tout appris sur le fil du rasoir. Ils m’ont donné carte blanche, j’ai fait
plein de montages pour d’autres réalisateurs, dont des films traditionnels, avant
de monter mes propres films.
Un jour, je me suis mis à monter un film de Francis Leroi qui m’a demandé
si je n’avais pas envie de réaliser mes propres films. Je n’avais pas donné suite
à ce moment, mais six mois plus tard, il est revenu avec un autre film en me
demandant si j’avais réfléchi. Je lui ai répondu que ça m’intéressait et que je
connaissais un ami qui travaillait comme nègre aux éditions RTL. J’ai parlé à cet
ami et on a écrit le scénario du film Entrecuisses, avec Brigitte Lahaie (1977) qui
a été un succès. À la suite de cela, plusieurs productions m’ont appelé et je me
suis collé un X dans le dos.
Christophe Bier : C’est dans Prenez la queue comme tout le monde (1973) que
7.2. INTERVIEW AVEC PIERRE REINHARD ET CHRISTOPHE BIER SUR LE CINÉMA PORNOGRAPHIQUE191
cinq scènes, ça coûte au minimum 5000 ou 6000 euros. Donc on arrive dans une
impasse.
Je trouve le cinéma pornographique des années 70 immédiatement identi-
fiable, surtout en raison des décors, des vêtements et des mœurs mis en avant.
Je pense d’ailleurs la même chose pour les films de Claude Sautet et Éric Roh-
mer. Par exemple, lors des scènes tournées sur les lieux de travail, on ne voit
jamais les acteurs travailler mais plutôt le patron s’amuser sous le bureau avec
sa secrétaire.
Christophe Bier : Dans les années 1970 peut-être, mais il y a des exemples
de films pornos tournés après 1981-1982, où le chômage commence à progres-
ser, où il y a des scenarii avec des gens qui errent dans les rues, qui espèrent
gagner au loto parce qu’ils ne font rien de leur journée. . . On trouve des préoc-
cupations qui sont toujours liées à l’époque. Une des vertus du Dictionnaire des
films français pornographiques et érotiques 16 et 35 mm est de montrer que le
porno standard n’existe pas. Par exemple, il y a un porno d’Alain Payet tourné
dans une usine où les ouvriers faisaient grève. Sinon, c’est vrai que dans les an-
nées 1975-1980, il y avait un courant un peu bourgeois où l’on voyait toujours
un peu le même type de représentations sociales, le patron, la secrétaire, des
gens qui n’avaient pas trop de problèmes, comme dans le cinéma traditionnel
de l’époque. Le porno gay était un peu plus ancré dans une réalité sociale dif-
ficile, peut-être parce qu’à l’époque les homosexuels étaient dans un combat
pour leurs droits. Il y a un porno qui se passe aux Buttes Chaumont, puis dans le
métro avec une véritable scène non simulée dans un wagon. Ce sont des choses
qu’on ne voit pas dans le porno classique.
— On peut évoquer le cas de José Benazeraf, surnommé le Godard du porno ?
Christophe Bier : José Benazeraf aimait bien provoquer. Mais derrière la pro-
vocation, il y avait parfois des choses assez étonnantes. Il aimait bien parse-
mer ses films de discours politiques, de références philosophiques où il parle de
Bernard-Henri Levy dans Hurlements d’extase (1979). Il bousculait les conven-
tions. Il faisait déjà ça dans les années 1960 avec ses films érotiques.
[Pierre Reinhard revient et la discussion revient sur l’aspect social des films
pornographiques]
Christophe Bier : Dans les années 1980, on trouve beaucoup de road mo-
vies avec des gens paumés, qui reflètent les problèmes sociétaux de l’époque. Le
porno n’est pas confiné dans une bulle, ou alors dans la bulle du gonzo, entre
quatre murs. Et encore, même là, je pense qu’on pourrait déceler des indices
sociologiques.
Pierre Reinhard : Je viens de tourner deux films. Dans le premier, le gars sort
de prison, il fait de l’auto-stop et débarque à Guiberville, dans la Manche pour
chercher du boulot. J’aime bien l’ascension sociale, c’est un peu rêve. Le second
film parle d’une fille dont le père meurt. Sa demi-sœur veut absolument vendre
la maison familiale mais la fille refuse. Son copain qui est palefrenier lui dit :
« ma grande si tu veux garder quelque chose, il faut que tu travailles ». Donc,
elle cherche du boulot et travaille dans un salon de coiffure. Finalement, elle
7.3. AUTOBIOGRAPHIES 193
apprend qu’elle hérite d’un empire comme l’Oréal. J’aime bien ce côté conte de
fées.
7.3 Autobiographies
— Brigitte Lahaie, Moi, la scandaleuse, Paris, Filipacchi, 1987
— (en) Hyapatia Lee, The Secret Life of Hyapatia Lee, 1st Books Library, 2000
— Raffaëla Anderson, Hard, Librairie générale française, 2003
— Hervé-Pierre Gustave, dit HPG, Stéphane Bou et Karine Durance, Autobio-
graphie d’un hardeur, Hachette littératures, 2002
— Clara Morgane, Sex star, Aix-en-Provence, ADCAN éd, 2003
— (en) Traci Lords, Traci Lords : Underneath It All, 2003
— (de) Gina Wild, Ich, Gina Wild. Enthüllung, 2003
— Ovidie, Porno Manifesto, Paris, La Musardine, 2004
— (de) Kelly Trump, Porno - Ein Star packt aus, 2005
— (es) Celia Blanco, Secretos de una pornostar, 2005
— (en) Jenna Jameson, How to Make Love Like a Porn Star : A Cautionary Tale,
2005
— Nina Roberts, J’assume, Paris, Scali, 2005
— Zara Whites et Ludovic Menguy, Je suis Zara Whites, mais je me soigne,
Paris, J.-C. Gawsewitch, 2006
— Coralie Trinh Thi, La voie humide : Une œuvre au rouge, Au diable vauvert,
octobre 2007
— (it) Ilona Staller, Per amore e per forza, 2007
— (en) Heather Hunter et Michelle Valentine, The Rise of a Porn Star, St Mar-
tin’s Press, 2007
— (en) Asa Akira, Insatiable : Porn a Love Story, Grove Press, 2014
— Nomi, Totalement (dé)voilée, Paris, Pygmalion, 2017
— Céline Tran, Ne dis pas que tu aimes ça, Paris, Fayard, 2018
— Jean-Pierre Armand, Cocktail explosif, Paris, Chema, 2002
— Richard Allan, 8000 femmes – mémoires d’un Casanova du cinéma, Paris,
Jacob-Duvernet, 2010
— Alban Ceray, Du lit au divan, Paris, La table ronde, 1992
— Sylvia Bourdon, L’amour est une fête, Paris, Belfond, 1976
— Rocco Siffredi, Rocco raconte Rocco, Paris, Pascal Petiot Editions, 2006
— Adeline Lange, Extrêmes confidences d’une Star du X : L’Ange se dévoile. . .,
Paris, Adeline Lange Publishing, 2013
194 CHAPITRE 7. LIVRES
7.4 Biographies
— (en) Dian Hanson et Vanessa del Rio, Vanessa del Rio : Fifty Years of Slightly
Slutty Behavior, Taschen, 2007 (ISBN 978-3-8228-4651-3).
— Rocco Siffredi, Rivituso Alessio et Catherine Siné, Rocco raconte Rocco, 2006,
ADCAN.
— Matthieu Dubost, La tentation pornographique : Réflexions sur la visibilité
de l’intime, 2006, Ellipses.
— François Jouffa, Tony Crawley, L’Âge d’or du cinéma érotique et pornogra-
phique, 2003, Ramsay.
— Le Cinéma X (Sous la direction de Jacques Zimmer), 2002, La Musardine.
— Dolly Golden, Le Meilleur des perles du X, 2001, Michel Lafon.
— Christophe Bier, Jacquet Christian de Gosselies Censure-moi. Histoire du
classement X en France, 2000, L’Esprit frappeur.
— Gérard Lenne, Érotisme et cinéma, 1998, La Musardine.
— (en) Legs McNeill, Jennifer Osborne, Peter Pavia, The Other Hollywood :
The Uncensored Oral History of the Porn Film Industry, Regan Books, Har-
per Collins, 2004 (ISBN 978-0-0600-9660-1).
— (en) Annie Sprinkle, Post-Porn Modernist : My 25 Years as a Multimedia
Whore, Cleis Press, 1998 (ISBN 978-1-5734-4039-4)
— Anthony Sitruk, Pornstar, 2013, La Musardine.
— Collectif, L’enfer vu du ciel - Julia Channel, Paris, Blanche, 2008, 221 p.
(ISBN 2846281912)
7.5 Bibliographie
— Jacques Zimmer (dir.), Le Cinéma X, La Musardine, 2012 (ISBN 978-2842715083)
Document utilisé pour la rédaction de l’article
— Jacques Zimmer, Histoires du cinéma X : Par celles et ceux qui l’ont conçu,
produit, interprété ou commenté, Nouveau Monde, 2011 (ISBN 978-2847366136)
— Christophe Bier, Dictionnaire des films français pornographiques et éro-
tiques – 16 et 35 mm, Serious publishing, 2011, 1196 p. (ISBN 978-2363200013)