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Analyse fonctionelle M1 Mathématiques

grondin.gregoire
September 2021

1 Introduction
2 Espaces de fonctions continues sur un compact
Notation
K = R ou C, K désignera une espace métrique compact.
C(K) = {f : K −→ K continue}.
C’est un espace normé muni de la norme ||.||∞ .
||f ||∞ := sup |f (x)|.
x∈K
(C(K), ||.||∞ ) est un espace complet ou de Banach.
Il existe d’autres normesR sur C(K).
Par exemple, ||f ||1 := K |f (x)|dx si K = [a, b] mais (C(K), ||.||1 ) n’est pas complet.

2.1 Théorème de Dini


Préambule Soit (fn )n une suite de fonctions continues sur K.
K −→ K
Si pour x ∈ K fixé, lim fn (x) existe et est noté f (x), alors f : x 7−→ lim fn (x) est une application
n→+∞
n→∞
(par unicité de la limite), mais elle n’est pas toujours continue.
Par contre, si (fn )n converge vers une fonction f uniformément i.e ||fn − f ||∞ −→ 0 alors f est continue. i.e
lim (sup |fn (x) − f (x)|) = 0 =⇒ f continue si fn est continue.
n→+∞ x∈K
Le théorème de Dini est un théorème sur les suites de fonctions continues sur un compact qui aura comme
conclusion que la convergence est uniforme.

Théorème 1 (Dini) Soit (K, d) un espace métriques compact, fn : K −→ R, continue tel que :
1. fn −→ f simplement (∀x ∈ K, lim |fn (x) − f (x)| = 0)
n→+∞

2. f continue sur K
3. ∀x ∈ K, (fn (x))n croissante

Alors la convergence est uniforme (||fn − f ||∞ −→ 0 si n −→ +∞).

Remarque Si ∀x ∈ K, (fn (x))n est décroissante, avec les mêmes hypothèses 1) et 2), le théorème de Dini
reste vrai car on peut l’appliquer à (−fn (x))n qui elle est croissante.

1
Démonstration On veut montrer que

∀ > 0, ∃N, ∀x ∈ K : n ≥ N =⇒ |fn (x) − f (x)| ≤ ,

On veut trouver N indépendant du choix de x.


Fixons x0 ∈ K. D’après 1.,∃n(x0 ) tel que

n ≥ n(x0 ), |fn (x0 ) − f (x0 )| ≤
3
Comme fn(x0 ) et f continues en x0 , alors

∃δ1 (x0 ) > 0 : |x − x0 | < δ1 (x0 ) =⇒ |f (x) − f (x0 )| <
3
et

∃δ2 (x0 ) > 0 : |x − x0 | < δ2 (x0 ) =⇒ |fn (x) − fn (x0 )| <
3
Pour δ(x0 ) := min(δ1 (x0 ), δ2 (x0 )), on obtient :
 
|x − x0 | < δ(x0 ) =⇒ |f (x) − f (x0 )| < et |fn (x) − fn (x0 )| <
3 3
Si |x − x0 | < δ(x0 ), alors :

|fn(x0 ) (x) − f (x)| = |fn(x0 ) (x) − fn(x0 ) (x0 ) + fn(x0 ) (x0 ) − f (x0 ) + f (x0 ) − f (x)|
≤ |fn(x0 ) (x) − fn(x0 ) (x0 )| + |fn(x0 ) (x0 ) − f (x0 )| + |f (x0 ) − f (x)|
  
≤ + +
3 3 3
= 

En utilisant la croissance de la suite (fn (x))n , on obtient, si n ≥ n(x0 ) et si |x − x0 | < δ(x0 ), :

0 ≤ f (x) − fn (x) ≤ f (x) − fn(x0 ) (x) = |fn(x0 ) (x) − f (x)| ≤ 

Donc si n ≥ n(x0 ) et |x − x0 | < δ(x0 ) :


|f (x) − fn (x)| ≤ 
Il reste à utiliser
S un argument de compacité.
Soit K ⊂ Bo (x0 , δ(x0 )).
x0 ∈K
N
S
K est compact donc ∃x1 , . . . , xN ∈ K tel que K ⊂ Bo (xi , δi (xi )).
i=1
Soit M = max(n(x1 ), . . . , n(xN )) et x ∈ K,
alors on vérifie que si n ≥ M =⇒ |f (x) − fn (x)| ≤ .
En effet, si x ∈ K alors ∃i ∈ {1, . . . , N } tel que x ∈ Bo (xi , δ(xi )) i.e |x − xi | < δ(xi ).
Donc si n ≥ M ≥ n(xi ), on a bien par définition de δ(xi ) et n(xi ), on obtient :

0 ≤ f (x) − fn (x) ≤ 

.
Par conséquent ||f − fn ||∞,K ≤  si n ≥ M

Corollaire 2 Soit p0 (t) = 0 et pn+1 (t) = pn (t) + 21 (t − p2n (t)).



Alors (pn )n est une suite de polynômes qui converge uniformément vers t 7→ t sur [0, 1].

2
Démonstration On montre par réucrrence que (pn )n est bien une suite de polynômes mais aussi que :

0 ≤ pn (t) ≤ t

p0 (t) = 0 donc (H0 ) vrai.


Supposons que (Hn ) vrai pour n fixé.
On veut vérifier (Hn+1 ).
On a :
1
pn+1 (t) = pn (t) + (t − p2n (t)) =⇒ pn+1 (t) ≥ 0
2
De plus, :
√ √ 1
pn+1 (t) − t = (pn (t) − t) + (t − p2n (t))
2
√ 1 √
= ( t − pn (t))[−1 + ( t + pn (t))]
2
Comme de plus :
1 √ 1 √ √ √
( t + pn (t)) ≤ ( t + t) = t ≤ 1 si t ∈ [0, 1]
2 2 
1√
=⇒ −1 + [ t + pn (t)) ≤ 0
2

=⇒ pn+1 − t ≤ 0
=⇒ (Hn+1 ) vraie

En conclusion, √
∀n ∈ N, 0 ≤ pn (t) ≤ t
De plus,
1
pn+1 (t) = pn (t) + (t − p2n (t)) =⇒ pn+1 (t) ≥ pn (t)
2

∀t ∈ [0, 1], (pn (t))n est croissante, pn continue sur [0,1],0 ≤ pn (t) ≤ t ≤ 1 si t ∈ [0, 1].
Donc, pour t fixé, (pn (t))n converge car croissante et majoré par 1.
On note f (t) la limite de (pn (t))n .
lim pn+1 (t) = lim (pn (t) + 21 (t − p2n (t))),
n→∞ n→∞
D’où
1 √ √
f (t) = f (t) + (t − f (t)2 ) ⇐⇒ t − f (t)2 = 0 ⇐⇒ f (t)2 = t ⇐⇒ f (t) = t ou f (t) = − t
2

Or f (t) = lim pn (t) avec pn (t) ≥ 0 =⇒ f (t) ≥ 0 =⇒ f (t) = t.
n→∞
f est continue sur [0,1].
En résumé,
1. (pn )n converge vers f simplement
2. (pn )n continue
3. ∀t ∈ [0, 1], (pn (t))n est croissante

et [0, 1] est compacte. √


Donc, d’après le théorème de Dini, (pn )n converge uniformément vers f où f (t) = t

3
2.2 Théorème de STONE-WEIERSTRASS
Question Quelles sont les sous-algèbres de C(K) qui sont denses dans C(k)pour ||.||∞ ?

Définition A ⊂ C(K) est dense dans (C(k), ||.||∞ ) si :

∀ > 0, ∀f ∈ C(K), ∃g ∈ A : ||f − g||∞ ≤ 

ou encore si
∀f ∈ C(K), ∃(gn )n ⊂ A : ||f − gn ||∞ −→ 0
n→∞

Remarque Soit A une sous algèbre de C(K) unitaire.


On remarque alors que ”A sépare les points de K” c’est-à-dire que

∀x, y ∈ K, x 6= y, ∃f ∈ A : f (x) 6= f (y)

En effet, soit δ(t) = d(t, y), t ∈ K,


δ continue sur K, δ(y) = 0, δ(x) = d(x, y) =  > 0.
Si δ ∈ A c’est terminé mais δ ∈ A n’est pas nécessairement vrai.
Par hypothèse de densité de A dans C(K) :

∃f ∈ A : ||f − δ||∞ <
2
ou encore ∀t ∈ K :
  
0 ≤ |f (t) − δ(t)| ≤ =⇒ |f (x)| ≥ |δ(x)| − |f (x) − δ(x)| >  − =
2 2 2
et

|f (y)| = |f (y) − δ(y)| <
2
Donc
f (x) 6= f (y)
Conclusion : Une sous-algèbre A de C(K) qui est dense dans C(K) doit ”séparer les points de K”

Théorème 3 (Stone-Weiertrass, cas réel) Soit (K, d) un epsace métrique compact,


C(K) = {f : K −→ R} et A une sous algèbre unitaire de C(K) qui sépare les points de K alors :
A est dense dans C(K) pour ||.||∞

Remarque Soit A l’ensemble des polynômes à coefficients réels sur [0, 1].
A est bien une sous-algèbre de C([0, 1]) = {f : [0, 1] −→ R continue}.
Donc A est dense√ dans C([0, 1]).
Comme f (t) = t ∈ C([0, 1]), il n’est pas étonnant de trouver (pn )n tel que ||pn − f ||∞,[0,1] −→ 0.
Par contre, le théorème 3 ne nous dit pas comment construire de façon explicite des polynômes qui converge.

Démonstration

4
Etape 1 Montrons que si A est une sous algèbre unitaire de C(K) et si f ∈ A alors |f | ∈ A (l’adhérence
de A) ou encore ∀ > 0, ∃g ∈ A : |||f | − g||∞ < 
Supposons f 6= 0 alors g := ||ff|| ∈ A si f ∈ A,

0 ≤ g 2 (t) ≤ 1, ∀t ∈ K.
D’après le corollaire 2, ∃(pn )n polynôme tel que

∀ > 0, ∃n0 ∈ N : n ≥ n0 =⇒ ||pn − h||∞ ≤ 



où h(t) = t, ∀t ∈ [0, 1].
D’où p
sup |pn (g 2 (x)) − g 2 (x)| ≤  =⇒ ∀n ≥ n0 , sup |pn (g 2 (x)) − |g(x)|| ≤ 
x∈K x∈K
2 2
g ∈ A et A est une sous-algèbre donc g ∈ A et pn (g ) ∈ A car pn polynôme.
En conclusion |g| ∈ A et f = g × ||f ||∞ =⇒ |f | = |g| × ||f ||∞ =⇒ |f | ∈ A

Etape 2 Montrons que si f, g ∈ A alors sup(f, g) et inf (f, g) ∈ A.


Rappel :

sup(f, g)(x) = max(f (x), g(x)), ∀x ∈ K et inf (f, g)(x) = min(f (x), g(x)), ∀x ∈ K

Remarque :

a + b + |a − b| a − b − |a − b|
∀a, b ∈ R, max(a, b) = et ∀a, b ∈ R, min(a, b) =
2 2
f +g+|f −g|
D’après l’étape 1 et cette remarque on a sup(f, g) = 2 avec f + g ∈ A et f − g ∈ A car f, g ∈ A,
de plus |f − g| ∈ A d’après l’étape 1,
alors sup(f, g) ∈ A car A est un espace vectoriel.
De même, on montre que inf (f, g) ∈ A si f, g ∈ A

Etape 3 Montrons que A satisfait la propriété d’interpolation suivante :

∀x, y ∈ K, x 6= y, ∀α, β ∈ R, ∃f ∈ A : f (x) = α et f (y) = β

On sait que a ”sépare les points de K : ∃g ∈ A tel que g(x) 6= g(y) car x 6= y.
De plus A est unitaire, on cherche f sous la forme f = λg + µ1 où λ, µ ∈ R,
alors un tel f ∈ A car A est un espace vectoriel.
On cherche donc
 λ, µ ∈ R tel que f (x) = α et f (y) = β,
λg(x) + µ = α
ou encore :
λg(y) + µ = β
Le déterminant du système est g(x) × 1 − g(y) × 1 6= 0 donc le système a une unique solution.

Etape 4 Soit Φ ∈ C(K),  > 0. 


fx (x) = φ(x)
Montrons que ∀x ∈ K, ∃fx ∈ A tel que
fx (z) = φ(z) − , ∀z ∈ K
Fixons x ∈ K. 
fy (x) = φ(x)
Pour tout y ∈ K, ∃fy ∈ A tel que
fy (z) = φ(y) − 
En effet, si y 6= x, c’est vrai d’après l’étape 3 et si y = x, on prend fy = Φ(x) ∈ A.
Par continuité de fy et Φ, ∃ un voisinage ouvert Vy de y tel que

∀z ∈ Vy , fy (z) − Φ(z) > −(|fy (z) − Φ(z)| < )

5
(Vy )y∈K est un recouvrement de K constitué d’ouverts.
p
S
Or K est compact=⇒ ∃y1 , . . . , yp ∈ K tels que K ⊂ Vyi .
i=1
Soit fx := sup{fy1 , . . . , fyp },
d’après l’étape 2, fx ∈ A, fx (x) = sup{fy1 (x), . . . , fyp (x)} = Φ(x)
et ∀z ∈ K, ∃i ∈ {1, . . . , p} tel que z ∈ Vyi =⇒ fx (z) ≥ fyi (z) > Φ(z) − 

Etape 5 On va montrer que ∀ > 0, ∃f ∈ A : ||f− Φ||∞ ≤ .


fx (x) = Φ(x)
Pour tout x ∈ K, ∃fx ∈ A comme dans l’étape 4 i.e
fx (z) > Φ(z) − , ∀z ∈ K
Par continuité de fx et Φ, ∃ un voisinage ouvert de x tel que ∀z ∈ Vx , fx (z) < Φ(z) + .
m
S
Par compacité, ∃x1 , . . . , xn ∈ K tels que K ⊂ Vxi ,
i=1
f := inf {fx1 , . . . , fxm },
d’après l’étape 2, f ∈ A = A car fxi ∈ A.
De plus, si z ∈ K, ∃i ∈ {1, . . . , m} : z ∈ Vxi et donc, on a : f (z) ≤ fxi (z) < Φ(z) + 
De plus, comme ∀j ∈ {1, . . . , m}, on a :fxj (z) > Φ(z) −  par continuité,
on a bien f (z) > Φ(z) − ,
donc Φ(z) −  < f (z) < Φ(z) + , ∀z ∈ K =⇒ ||f − Φ||∞,K < 

Conclusion Soit Φ ∈ C(K, R),  > 0.


D’après l’étape 5,∃f ∈ A : ||f − Φ||∞ ≤ ,
de plus par définition de A, ∃g ∈ A : ||f − g||∞ ≤  =⇒ ||Φ − g||∞ ≤ ||Φ − f ||∞ + ||f − g||∞ ≤ 2.

Corollaire 4 Soit [a, b], a < b.


Les fonction polynomiales sur [a, b] sont denses dans C([a, b]) = {f : [a, b] −→ R continue}

Remarque Il existe des procédés explicites tels que les polynômes de Bernstein pour approcher une fonction
f ∈ C([0, 1], R) :
n   
X k n k
Bn (f )(x) := f x (1 − x)n−k
n p
k=0

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