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© Laurent Garcin MP Dumont d’Urville

Séries entières

1 Généralités
1.1 Définition d’une série entière et rayon de convergence

Définition 1.1 Série entière

On appelle série entière toute série de fonctions de la variable complexe ou réelle de la forme ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 où (𝑎𝑛 ) ∈ ℂℕ .

Remarque. On s’autorise un abus de notation en confondant 𝑧 𝑛 et la fonction 𝑧 ↦ 𝑧 𝑛 .

Lemme 1.1 Lemme d’Abel

Soient (𝑎𝑛 ) ∈ ℂℕ et 𝑧0 ∈ ℂ. Si la suite (𝑎𝑛 𝑧0𝑛 ) est bornée, alors pour tout 𝑧 ∈ ℂ tel que |𝑧| < |𝑧0 |, la série ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛
converge absolument.

Définition 1.2 Rayon de convergence

Soit ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 une série entière. On appelle rayon de convergence de cette série entière la borne supérieure

sup {𝑟 ∈ ℝ+ , (𝑎𝑛 𝑟𝑛 ) est bornée} ∈ ℝ+ ∪ {+∞}

Remarque. Si la suite (𝑎𝑛 ) est bornée, le rayon de convergence de la série entière ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 est supérieur ou égal à 1.

Proposition 1.1

Soit ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 une série entière de rayon de convergence R. Soit 𝑧 ∈ ℂ.

• Si |𝑧| < R, alors ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 converge absolument.

• Si |𝑧| > R, alors ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 diverge grossièrement.

Remarque. Si |𝑧| = R, on ne peut rien dire.

Corollaire 1.1

Soit ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 une série entière de rayon de convergence R. Soit 𝑧 ∈ ℂ.

• Si ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 converge, alors R ≤ |𝑧|.

• Si ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 diverge, alors R ≤ |𝑧|.

Remarque. Si la suite (𝑎𝑛 ) ne converge pas vers 0, la série ∑ 𝑎𝑛 diverge. On en déduit que le rayon de convergence de la
série entière ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 est inférieur ou égal à 1.

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Exemple 1.1

Considérons la série entière ∑ cos(𝑛)𝑧 𝑛 . Notons R son rayon de convergence.


• La suite de terme général cos(𝑛) est bornée donc R ≥ 1.

• La suite (cos(𝑛)) ne converge pas vers 0. Donc R ≤ 1.


Ainsi R = 1.

Rappel Règle de d’Alembert


𝑢𝑛+1
Soit (𝑢𝑛 ) une suite réelle strictement positive telle que lim = ℓ ∈ ℝ+ ∪ {+∞}.
𝑛→+∞ 𝑢𝑛

• Si ℓ < 1, alors la série ∑ 𝑢𝑛 converge absolument.

• Si ℓ > 1, alors la série ∑ 𝑢𝑛 diverge grossièrement.

Remarque. Si ℓ = 1, on ne peut rien dire.

𝑢𝑛+1
 Attention ! La suite ( ) peut ne pas avoir de limite.
𝑢𝑛

Proposition 1.2

Soit ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 une série entière de rayon de convergence R telle que (𝑎𝑛 ) ne s’annule pas à partir d’un certain rang.
|𝑎𝑛+1 | 1
Si lim = ℓ ∈ ℝ+ ∪ {+∞}, alors R =
𝑛→+∞ |𝑎𝑛 | ℓ

Remarque. R = 0 si ℓ = +∞ et R = +∞ si ℓ = 0.

Exemple 1.2

1
• La série entière ∑ 𝑧 𝑛 a pour rayon de convergence 1 et pour somme .
1−𝑧
𝑧𝑛
• La série entière ∑ a un rayon de convergence infini et a pour somme 𝑒𝑧 .
𝑛!

Exercice 1.1

2𝑛 𝑛
Déterminer le rayon de convergence de la série entière ∑ ( )𝑧 .
𝑛

 Attention ! On ne peut pas toujours utiliser la règle de d’Alembert pour calculer le raon de convergence d’une série de
|𝑎 |
cette manière. Par exemple, la suite ( 𝑛+1 ) peut ne pas avoir de limite ou la suite (𝑎𝑛 ) peut s’annuler une infinité de
|𝑎𝑛 |
fois.

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Exemple 1.3

Considérons la série entière ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 avec 𝑎𝑛 = 2𝑛 si 𝑛 est pair et 𝑎𝑛 = 3𝑛 si 𝑛 est impair. On note R son rayon de
convergence.
𝑎 3 2
La suite de terme général 𝑛+1 n’admet pas de limite puisqu’elle prend alternativement les valeurs et .
𝑎𝑛 2 3
𝑎𝑛 4𝑛 1
Néanmoins la suite de terme général 𝑢𝑛 = 𝑛 est bornée puisque 𝑢2𝑛 = 𝑛 ≤ 1 et 𝑢2𝑛+1 = 3. Ainsi R ≥ . Mais si
9 9 9
1
𝑟 > , la suite de terme général 𝑣𝑛 = 𝑎𝑛 𝑟𝑛 n’est pas bornée puisque la suite extraite de terme général 𝑣2𝑛+1 = 3 ⋅ (9𝑟)𝑛
9
1
diverge vers +∞. Ainsi le rayon de convergence vaut .
9

Exemple 1.4 Série lacunaire

Considérons par exemple la série entière ∑ 𝑧 𝑛 . C’est bien une série entière dans le sens où elle est de même nature et de
2

même somme que la série ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 avec 𝑎𝑛 = 1 si 𝑛 est un carré d’entier et 𝑎𝑛 = 0 sinon. On ne peut pas calculer le rayon
de convergence en étudiant la limite de la suite (𝑎𝑛+1 /𝑎𝑛 ) puisque (𝑎𝑛 ) s’annule une infinité de fois. On peut néanmoins
appliquer la règle de d’Alembert directement.

si 0 < |𝑧| < 1


2
|𝑧(𝑛+1) | 0
= |𝑧|2𝑛+1 ⟶ {
𝑛2
|𝑧 | 𝑛→+∞ +∞ si |𝑧| > 1

Ainsi le rayon de convergence de cette série entière vaut 1.

Définition 1.3 Disque ouvert/intervalle ouvert de convergence

Soit ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 une série entière de rayon de convergence R.

• On appelle disque ouvert de convergence le disque D(0, R) = {𝑧 ∈ ℂ, |𝑧| < R}.


• On appelle intervalle ouvert de convergence l’intervalle ] − R, R[.

Remarque. Si R = +∞, le disque ouvert de convergence est ℂ tandis que l’intervalle ouvert de convergence est ℝ.

Convergence au bord du disque ouvert de convergence


On ne peut rien dire quant à la convergence d’une série entière au bord du disque ouvert de convergence. Par exemple, la
𝑧𝑛 1
série ∑ a pour rayon de convergence 1 (critère de d’Alembert). La série harmonique ∑ diverge tandis que la série
𝑛 𝑛
(−1)𝑛 𝑧𝑛
harmonique alternée ∑ converge. On peut en fait montrer que si |𝑧| = 1, la série ∑ converge si et seulement
𝑛 𝑛
si 𝑧 ≠ 1.

1.2 Comparaison de séries entières

Proposition 1.3

Soient ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 et ∑ 𝑏𝑛 𝑧 𝑛 deux séries entières de rayons de convergence respectifs R𝑎 et R𝑏 .


• Si |𝑎𝑛 | ≤ |𝑏𝑛 | à partir d’un certain rang, alors R𝑎 ≥ R𝑏 .
• Si 𝑎𝑛 = 𝒪(𝑏𝑛 ), alors R𝑎 ≥ R𝑏 .
𝑛→+∞

• Si |𝑎𝑛 | ∼ |𝑏𝑛 |, alors R𝑎 = R𝑏 .


𝑛→+∞

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Remarque. A fortiori, si 𝑎𝑛 = 𝑜(𝑏𝑛 ), alors R𝑎 ≥ R𝑏 .


𝑛→+∞

Proposition 1.4

Pour tout α ∈ ℝ, les séries entières ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 et ∑ 𝑛α 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 ont même rayon de convergence.

1.3 Opérations sur les séries entières

Proposition 1.5 Somme de deux séries entières

Soient ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 et ∑ 𝑏𝑛 𝑧 𝑛 deux séries entières de rayons de convergence respectifs R𝑎 et R𝑏 .


Alors le rayon de convergence R de la série entière ∑(𝑎𝑛 + 𝑏𝑛 )𝑧 𝑛 vérifie R ≥ min(R𝑎 , R𝑏 ).
De plus, pour tout 𝑧 ∈ ℂ tel que |𝑧| < min(R𝑎 , R𝑏 ),
+∞ +∞ +∞
∑ (𝑎𝑛 + 𝑏𝑛 )𝑧 𝑛 = ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 + ∑ 𝑏𝑛 𝑧 𝑛
𝑛=0 𝑛=0 𝑛=0

Exercice 1.2

Montrer que si R𝑎 ≠ R𝑏 , alors R = min(R𝑎 , R𝑏 ) et donner un exemple où R > min(R𝑎 , R𝑏 ) dans le cas où R𝑎 = R𝑏 .

Définition 1.4 Produit de Cauchy de deux séries entières

On appelle produit de Cauchy de deux séries entières ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 et ∑ 𝑏𝑛 𝑧 𝑛 la série entière ∑ 𝑐𝑛 𝑧 𝑛 où


𝑛 𝑛
𝑐𝑛 = ∑ 𝑎𝑘 𝑏𝑛−𝑘 = ∑ 𝑎𝑛−𝑘 𝑏𝑘
𝑘=0 𝑘=0

Proposition 1.6 Produit de Cauchy

Soient ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 et ∑ 𝑏𝑛 𝑧 𝑛 deux séries entières de rayons de convergence respectifs R𝑎 et R𝑏 .


Alors le rayon de convergence R du produit de Cauchy ∑ 𝑐𝑛 𝑧 𝑛 de ces deux séries entières vérifie R ≥ min(R𝑎 , R𝑏 ).
De plus, pour tout 𝑧 ∈ ℂ tel que |𝑧| < min(R𝑎 , R𝑏 ),
+∞ +∞ +∞
∑ 𝑐𝑛 𝑧 𝑛 = ( ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 ) ( ∑ 𝑏𝑛 𝑧 𝑛 )
𝑛=0 𝑛=0 𝑛=0

Exercice 1.3
𝑛
1
On pose H𝑛 = ∑ . Déterminer le rayon de convergence de la série entière ∑ H𝑛 𝑥𝑛 et calculer sa somme.
𝑘=1
𝑘 𝑛∈ℕ∗

Exercice 1.4

Donner un exemple où R > min(R𝑎 , R𝑏 ) et R𝑎 ≠ R𝑏 .

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2 Régularité de la somme

Proposition 2.1 Domaine de définition

Soit ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 une série entière de somme S(𝑧) et de rayon de convergence R. On note 𝒟ℂ (resp. 𝒟ℝ ) l’ensemble de
définition complexe (resp. réel) de S, c’est-à-dire l’ensemble des 𝑧 ∈ ℂ (resp. 𝑧 ∈ ℝ) tels que ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 converge. Alors

• D(0, R) ⊂ 𝒟ℂ ⊂ D(0, R) ;
• ] − R, R[⊂ 𝒟ℝ ⊂ [−R, R].

Exercice 2.1
+∞
𝑥𝑛
Déterminer le domaine définition réel de 𝑥 ↦ ∑ .
𝑛=1
𝑛

Proposition 2.2 Convergence normale

Soit ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 une série entière de rayon de convergence R. Alors pour tout réel 𝑟 < R, la série entière ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 converge
normalement le disque fermé de centre 0 et de rayon 𝑟.

 Attention ! On ne peut pas affirmer qu’une série entière converge normalement sur le disque ouvert de convergence.

Corollaire 2.1 Continuité de la somme

La somme d’une série entière est continue sur son disque ouvert de convergence.

Proposition 2.3

L’application 𝑧 ∈ ℂ ↦ 𝑒𝑧 est continue sur ℂ.

A partir de maintenant, on s’intéreresse à la régularité de la somme d’une série entière d’une variable réelle.

Proposition 2.4 Primitive d’une série entière


+∞
Soient ∑ 𝑎𝑛 𝑥𝑛 une série entière de la variable réelle, R son rayon de convergence et 𝑓(𝑥) = ∑ 𝑎𝑛 𝑥𝑛 sa somme.
𝑛=0
Soit F une primitive de 𝑓 sur ] − R, R[. Alors
𝑎𝑛 𝑛+1
• La série entière ∑ 𝑥 admet R pour rayon de convergence ;
𝑛+1
+∞
𝑎𝑛 𝑛+1
• ∀𝑥 ∈] − R, R[, F(𝑥) = F(0) + ∑ 𝑥 .
𝑛=0
𝑛 +1

Remarque. Le rayon de convergence de la série entière «primitivée» est le même que celui de la série entière initiale.

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Exemple 2.1
1
La série entière ∑ (−1)𝑛 𝑥𝑛 a pour rayon de convergence 1 et pour somme . Puisque 𝑥 ↦ ln(1 + 𝑥) est l’unique
𝑛∈ℕ
1+𝑥
1
primitive nulle en 0 de 𝑥 ↦ ,
1+𝑥
+∞ +∞
(−1)𝑛 𝑥𝑛+1 (−1)𝑛−1 𝑥𝑛
∀𝑥 ∈] − 1, 1[, ln(1 + 𝑥) = ∑ =∑
𝑛=0
𝑛+1 𝑛=1
𝑛

Proposition 2.5 Dérivation terme à terme


+∞
Soient ∑ 𝑎𝑛 𝑥𝑛 une série entière de la variable réelle, R son rayon de convergence et 𝑓(𝑥) = ∑ 𝑎𝑛 𝑥𝑛 sa somme. Alors
𝑛=0

• la série entière ∑ 𝑛𝑎𝑛 𝑥 𝑛−1


admet R pour rayon de convergence ;

• 𝑓 est de classe 𝒞 1 sur ] − R, R[ ;


+∞
• ∀𝑥 ∈] − R, R[, 𝑓′ (𝑥) = ∑ 𝑛𝑎𝑛 𝑥𝑛−1 .
𝑛=1

Exemple 2.2

On sait que
+∞
1
∀𝑥 ∈] − 1, 1[, = ∑ 𝑥𝑛
1 − 𝑥 𝑛=0
En dérivant, on obtient
+∞ +∞
1
∀𝑥 ∈] − 1, 1[, = ∑ 𝑛𝑥𝑛−1 = ∑ (𝑛 + 1)𝑥𝑛
(1 − 𝑥)2 𝑛=1 𝑛=0

Corollaire 2.2 Dérivation terme à terme


+∞
Soient ∑ 𝑎𝑛 𝑥𝑛 une série entière de la variable réelle, R son rayon de convergence et 𝑓(𝑥) = ∑ 𝑎𝑛 𝑥𝑛 sa somme. Alors
𝑛=0

• 𝑓 est de classe 𝒞 ∞
sur ] − R, R[ ;
𝑛!
• pour tout 𝑝 ∈ ℕ, la série entière ∑ 𝑎 𝑥𝑛−𝑝 admet R pour rayon de convergence ;
(𝑛 − 𝑝)! 𝑛
+∞
𝑛!
• ∀𝑝 ∈ ℕ, ∀𝑥 ∈] − R, R[, 𝑓 (𝑝)
(𝑥) = ∑ 𝑎 𝑥𝑛−𝑝 .
𝑛=𝑝
(𝑛 − 𝑝)! 𝑛

Exercice 2.2

Montrer que
+∞
1 𝑛
∀𝑞 ∈ ℕ, ∀𝑥 ∈] − 1, 1[, 𝑞+1
= ∑ ( )𝑥𝑛−𝑞
(1 − 𝑥) 𝑛=𝑞
𝑞

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Corollaire 2.3 Expression des coefficients à l’aide des dérivées successives


+∞
Soient ∑ 𝑎𝑛 𝑥𝑛 une série entière de la variable réelle, de rayon de convergence non nul, et 𝑓(𝑥) = ∑ 𝑎𝑛 𝑥𝑛 sa somme.
𝑛=0
Alors
𝑓(𝑛) (0)
∀𝑛 ∈ ℕ, 𝑎𝑛 =
𝑛!

Corollaire 2.4 Unicité des coefficients

Soient ∑ 𝑎𝑛 𝑥𝑛 et ∑ 𝑏𝑛 𝑥𝑛 deux séries entières. Si les sommes de ces deux séries entières coïncident sur un intervalle
]0, α] avec α > 0, alors 𝑎𝑛 = 𝑏𝑛 pour tout 𝑛 ∈ ℕ.

Remarque. En particulier, si ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 et ∑ 𝑏𝑛 𝑧 𝑛 sont des séries entières de rayon de convergence respectifs R𝑎 et R𝑏


𝑛∈ℕ 𝑛∈ℕ
strictement positifs dont les sommes coïncident sur un voisinage (réel ou complexe) de 0, alors
+∞ +∞
∀𝑧 ∈ ℂ, |𝑧| < min(R𝑎 , R𝑏 ) ⟹ ∑ 𝑎𝑛 𝑧 𝑛 = ∑ 𝑏𝑛 𝑧 𝑛
𝑛=0 𝑛=0

Théorème 2.1 Convergence radiale (Abel)


+∞ +∞
Soit ∑ 𝑎𝑛 𝑥𝑛 une série entière de rayon de convergence R > 0. Si ∑ 𝑎𝑛 R𝑛 converge, alors ∑ 𝑎𝑛 𝑥𝑛 ⟶− ∑ 𝑎𝑛 R𝑛 .
𝑥→R
𝑛=0 𝑛=0

Exemple 2.3
+∞
(−1)𝑛−1 𝑥𝑛 (−1)𝑛−1 𝑥𝑛
La série entière ∑ admet 1 pour rayon de convergence et ∑ = ln(1 + 𝑥) pour tout 𝑥 ∈] − 1, 1[.
𝑛 𝑛=1
𝑛
(−1)𝑛−1
Or ∑ converge en vertu du critère spécial des séries alternées. D’après le théorème d’Abel radial
𝑛
+∞
(−1)𝑛−1
∑ = lim− ln(1 + 𝑥) = ln 2
𝑛=1
𝑛 𝑥→1

 Attention ! Le fait que la somme d’une série entière ∑ 𝑎𝑛 𝑥𝑛 de rayon de convergence R ait une limite en R− n’implique
1
pas que ∑ 𝑎𝑛 R𝑛 converge. Par exemple, la série ∑ 𝑥𝑛 a pour rayon de convergence 1 et pour somme . De plus,
𝑛∈ℕ
1 + 𝑥
1
𝑥↦ admet bien une limite en 1 mais ∑ 1 diverge grossièrement.
1+𝑥 𝑛∈ℕ

3 Fonctions développables en série entière et développements usuels

Proposition 3.1 Série géométrique

+∞
1
∀𝑧 ∈ ℂ, |𝑧| < 1 ⟹ = ∑ 𝑧𝑛
1 − 𝑧 𝑛=0

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Proposition 3.2 Série exponentielle

+∞
𝑧𝑛
∀𝑧 ∈ ℂ, 𝑒𝑧 = ∑
𝑛=0
𝑛!

Définition 3.1 Fonction développable en série entière

Soient 𝑓 une fonction d’une variable réelle à valeurs complexes et 𝑟 > 0. On dit que 𝑓 est développable en série entière
sur ] − 𝑟, 𝑟[ s’il existe une suite (𝑎𝑛 ) telle que
+∞
∀𝑥 ∈] − 𝑟, 𝑟[, 𝑓(𝑥) = ∑ 𝑎𝑛 𝑥𝑛
𝑛=0

Remarque. Notamment une fonction développable en série entière sur ] − 𝑟, 𝑟[ est de classe 𝒞 ∞ sur ] − 𝑟, 𝑟[.

Remarque. Une somme et un produit de fonctions développables en série entière est développable en série entière.

Définition 3.2 Série de Taylor

𝑓(𝑛) (0) 𝑛
Soit 𝑓 une fonction de classe 𝒞 ∞ au voisinage de 0. On appelle série de Taylor la série entière ∑ 𝑥 .
𝑛∈ℕ
𝑛!

Proposition 3.3 Série de Taylor

Soit 𝑓 une fonction développable en série entière sur ] − 𝑟, 𝑟[. Alors


+∞
𝑓(𝑛) (0) 𝑛
∀𝑥 ∈] − 𝑟, 𝑟[, 𝑓(𝑥) = ∑ 𝑥
𝑛=0
𝑛!

Remarque. Autrement dit, toute fonction développable en série entière est égale à la somme de sa série de Taylor sur un
voisinage de 0.
+∞
Remarque. Si 𝑓(𝑥) = ∑ 𝑎𝑛 𝑥𝑛 pour 𝑥 ∈] − 𝑟, 𝑟[ (𝑟 > 0), alors, d’après la formule de Taylor-Young,
𝑛=0

𝑛
∀𝑛 ∈ ℕ, 𝑓(𝑥) = ∑ 𝑎𝑘 𝑥𝑘 + 𝑜(𝑥𝑛 )
𝑥→0
𝑘=0

 Attention ! Une fonction n’est pas toujours égale à la somme de sa série de Taylor sur un voisinage de 0. Par exemple,
la fonction 1

𝑒 𝑥2 si 𝑥 ≠ 0
𝑓∶ 𝑥 ∈ ℝ ↦ {
0 si x=0

est de classe 𝒞 ∞ sur ℝ et 𝑓(𝑛) (0) = 0 pour tout 𝑛 ∈ ℕ. 𝑓 ne peut être égale à sa somme de sa série de Taylor sur aucun
voisinage de 0 puisqu’elle n’est jamais constamment nulle sur un tel voisinage.

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Proposition 3.4 Exemples de fonctions développables en série entière

+∞ +∞
𝑥𝑛 𝑥2𝑛
∀𝑥 ∈ ℝ, 𝑒𝑥 = ∑ ∀𝑥 ∈ ℝ, ch(𝑥) = ∑
𝑛=0
𝑛! 𝑛=0
(2𝑛)!
+∞ +∞
𝑥2𝑛+1 (−1)𝑛 𝑥2𝑛
∀𝑥 ∈ ℝ, sh(𝑥) = ∑ ∀𝑥 ∈ ℝ, cos(𝑥) = ∑
𝑛=0
(2𝑛 + 1)! 𝑛=0
(2𝑛)!
+∞ +∞
(−1)𝑛 𝑥2𝑛+1 (−1)𝑛 𝑥2𝑛+1
∀𝑥 ∈ ℝ, sin(𝑥) = ∑ ∀𝑥 ∈] − 1, 1[, arctan(𝑥) = ∑
𝑛=0
(2𝑛 + 1)! 𝑛=0
2𝑛 + 1
+∞ +∞
1 (−1)𝑛−1 𝑥𝑛
∀𝑥 ∈] − 1, 1[, = ∑ 𝑥𝑛 ∀𝑥 ∈] − 1, 1[, ln(1 + 𝑥) = ∑
1 − 𝑥 𝑛=0 𝑛=1
𝑛
+∞
α
∀𝑥 ∈] − 1, 1[, (1 + 𝑥)α = ∑ ( )𝑥𝑛
𝑛=0
𝑛

Remarque. On convient que


𝑛−1
α α(α − 1) … (α − 𝑛 + 1) 1
( )= = ∏(α − 𝑘)
𝑛 𝑛! 𝑛! 𝑘=0
α
En particulier, ( ) = 1.
0

Remarque. Le développement en série entière de 𝑥 ↦ ln(1 + 𝑥) est encore valable en 1 et celui de arctan est encore valable
en −1 et en 1.

Méthode Calcul de la somme de ∑ P(𝑛)𝑥𝑛 où P est une fraction rationnelle

On fait apparaître la série géométrique et ses dérivées.

Exemple 3.1

On souhaite calculer la somme de la série entière ∑ (𝑛2 + 2𝑛 + 3)𝑥𝑛 .


𝑛∈ℕ
Tout d’abord le rayon de convergence vaut 1 par la règle de d’Alembert.
On remarque ensuite que
𝑛2 + 2𝑛 + 3 = 𝑛(𝑛 − 1) + 3𝑛 + 3
Soit 𝑥 ∈] − 1, 1[.
+∞ +∞ +∞ +∞
∑ (𝑛2 + 2𝑛 + 3)𝑥𝑛 = ∑ 𝑛(𝑛 − 1)𝑥𝑛 + 3 ∑ 𝑛𝑥𝑛 + 3 ∑ 𝑥𝑛
𝑛=0 𝑛=0 𝑛=0 𝑛=0
+∞ +∞ +∞
= 𝑥 ∑ 𝑛(𝑛 − 1)𝑥𝑛−2 + 3𝑥 ∑ 𝑛𝑥𝑛−1 + 3 ∑ 𝑥𝑛
2

𝑛=0 𝑛=0 𝑛=0

2 d 2
1 d 1 3
=𝑥 ( ) + 3𝑥 ( )+
d𝑥2 1 − 𝑥 d𝑥 1 − 𝑥 1−𝑥
2𝑥2 3𝑥 3
= + +
(1 − 𝑥)3 (1 − 𝑥)2 1 − 𝑥
2𝑥2 − 3𝑥 + 3
=
(1 − 𝑥)3

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Méthode Calcul de la somme de ∑ F(𝑛)𝑥𝑛 où F est une fraction rationnelle

On décompose F en éléments simples.

Exemple 3.2
𝑛+1
On souhaite calculer la somme de la série entière ∑ 2 − 3𝑛 + 2
𝑥𝑛 .
𝑛≥3
𝑛
Tout d’abord le rayon de convergence vaut 1 par la règle de d’Alembert.
On remarque ensuite que
𝑛+1 3 2
= −
𝑛2 − 3𝑛 + 2 𝑛−2 𝑛−1
Soit 𝑥 ∈] − 1, 1[. Alors
+∞ +∞ +∞
𝑛+1 𝑥𝑛 𝑥𝑛
∑ 2
𝑥𝑛 = 3 ∑ −2 ∑
𝑛=3
𝑛 − 3𝑛 + 2 𝑛=3
𝑛−2 𝑛=3
𝑛−1
+∞ +∞
𝑥𝑛 𝑥𝑛
= 3𝑥2 ∑ − 2𝑥 ∑
𝑛=1
𝑛 𝑛=2
𝑛
= −3𝑥2 ln(1 − 𝑥) + 2𝑥(ln(1 − 𝑥) + 𝑥)
= (2𝑥 − 3𝑥2 ) ln(1 − 𝑥) + 2𝑥2

Méthode Développer en série entière une fraction rationnelle

On décompose la fraction rationnelle en éléments simples.


On remarque alors que
+∞
1 1 1 1 𝑧𝑛
∀𝑧 ∈ ℂ, |𝑧| < |𝑎| ⟹ =− ⋅ 𝑧 =− ∑ 𝑛
𝑧−𝑎 𝑎 1− 𝑎 𝑛=0 𝑎
𝑎
1
Le développement en série entière de peut être obtenu par dérivation.
(𝑧 − 𝑎)𝑝

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Exemple 3.3 Développement en série entière d’une fraction rationnelle

X2 − 9X + 5
Soit F = 3 . La partie entière de cette fraction rationnelle est clairement nulle. On remarque que 1 est racine
X − 3X + 2
du dénominateur donc
(X3 − 3X + 2) = (X − 1)(X2 + X − 2) = (X − 1)2 (X + 2)
Il existe donc (α, β, γ) ∈ ℝ3 tel que
α β γ
F(X) = + 2
+
X − 1 (X − 1) X+2
Comme −2 est pôle simple,
P(−2) 27
γ= = =3
Q′ (−2) 9
P 1 5
en notant F = . Par ailleurs, lim 𝑥F(𝑥) = α + γ = 1 donc α = −2. Enfin, F(0) = −α + β + γ = donc γ = −1.
Q 𝑥→+∞ 2 2
Ainsi
2 1 3 2 1 3
F(X) = − − + = − +
X − 1 (X − 1)2 X + 2 1 − X (1 − X)2 1 + X
2
On remarque alors que
+∞
1
∀𝑥 ∈] − 1, 1[, = ∑ 𝑥𝑛
1 − 𝑥 𝑛=0
En dérivant
+∞ +∞
1
∀𝑥 ∈] − 1, 1[, = ∑ 𝑛𝑥𝑛−1 = ∑ (𝑛 + 1)𝑥𝑛
(1 − 𝑥)2 𝑛=0 𝑛=0
Par ailleurs
+∞
1 (−1)𝑛 𝑛
∀𝑥 ∈] − 2, 2[, 𝑥 = ∑ 𝑥
1+ 𝑛=0
2𝑛
2

On en déduit que F est développable en série entière sur ] − 1, 1[ et que


+∞
(−1)𝑛 𝑛
∀𝑥 ∈] − 1, 1[, F(𝑥) = ∑ (1 − 𝑛 + 3 ⋅ )𝑥
𝑛=0
2𝑛

Méthode Déterminer un développement en série entière via une équation différentielle

Pour déterminer le développement en série entière d’une fonction 𝑓, on peut montrer qu’elle vérifie une équation diffé-
rentielle linéaire à coefficients polynomiaux et en déduire une relation de récurrence sur les coefficients de cet éventuel
développement en série entière.

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Exemple 3.4
arcsin 𝑥
On souhaite montrer que la fonction 𝑓 ∶ 𝑥 ↦ est développable en série entière en l’origine et déterminer ce
√1 − 𝑥2
développement en série entière.
1
Comme arcsin et 𝑥 ↦ sont développables en séries entières de rayon de convergence égal à 1, 𝑓 est développable
√1 − 𝑥 2
en série entière de rayon de convergence supérieur ou égal à 1 par produit de Cauchy.
De plus, 𝑓 est dérivable sur ] − 1, 1[ et que
1 𝑥 arcsin 𝑥
∀𝑥 ∈] − 1, 1[, 𝑓′ (𝑥) = +
1 − 𝑥2 3
(1 − 𝑥2 ) 2
ou encore
∀𝑥 ∈] − 1, 1[, (1 − 𝑥2 )𝑓′ (𝑥) − 𝑥𝑓(𝑥) = 1
Comme 𝑓 est développable en série entière sur ] − 1, 1[, il existe (𝑎𝑛 ) ∈ ℝℕ tel que
+∞
∀𝑥 ∈] − 1, 1[, 𝑓(𝑥) = ∑ 𝑎𝑛 𝑥𝑛
𝑛=0

En reportant dans l’équation différentielle précédente, on obtient :


+∞ +∞ +∞
∑ (𝑛 + 1)𝑎𝑛+1 𝑥𝑛 − ∑ (𝑛 − 1)𝑎𝑛−1 𝑥𝑛 − ∑ 𝑎𝑛−1 𝑥𝑛 = 1
𝑛=0 𝑛=1 𝑛=1

ou encore
+∞
𝑎1 + ∑ [(𝑛 + 1)𝑎𝑛+1 − 𝑛𝑎𝑛−1 ] 𝑥𝑛 = 1
𝑛=1
Par unicité du développement en série entière, 𝑎1 = 1 et

∀𝑛 ∈ ℕ∗ , (𝑛 + 1)𝑎𝑛+1 − 𝑛𝑎𝑛−1 = 0

Notamment,
2𝑛
∀𝑛 ∈ ℕ, 𝑎2𝑛+1 = 𝑎
2𝑛 + 1 2𝑛−1
On en déduit que
22𝑛 (𝑛!)2 22𝑛
∀𝑛 ∈ ℕ, 𝑎𝑛 = =
(2𝑛 + 1)! (2𝑛 + 1)(2𝑛
𝑛
)
Par ailleurs, 𝑎0 = 𝑓(0) = 0 donc 𝑎2𝑛 = 0 pour tout 𝑛 ∈ ℕ.
Finalement
+∞
22𝑛
∀𝑥 ∈] − 1, 1[, 𝑓(𝑥) = ∑ 𝑥2𝑛+1
𝑛=0 (2𝑛 + 1)(2𝑛
𝑛
)

http://lgarcin.github.io 12

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