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CONDUITE OPTIMALE DES RESEAUX

COURS : TRANSPORT ET DISTRIBUTION DES RESEAUX

UNIVERSITE D’ABOMEY CALAVI


FAST-EPAC-INST-LOKOSSA
ENERGIES RENOUVELABLES ET SYSTEMES ENERGETIQUES
ANNEE ACADEMIQUE 2022-2023

Réalisé par : GEOFFROY AKABASSI


CONDUITE OPTIMALE DES RESEAUX

PLAN

INTRODUCTION

1- Généralités

2- Exposé du problème

3- Minimisation d’une fonctionnelle en tenant compte des contraintes

4- Exemple

5- Prise en compte des pertes

6- Exemples résolus avec Powerworld™

6.1- Exemple du paragraphe 4

6.2- Exemple d’un réseau à 3 nœuds avec deux sources

6.3- Réseau à 4 nœuds et 2 sources avec prise en compte des pertes

CONCLUSION

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INTRODUCTION

La mise à niveau et l’amélioration du niveau technique des réseaux de distribution


d’électricité sont unes des priorités des gestionnaires des réseaux de distribution. Le réseau de
distribution doit aujourd’hui être en mesure d’analyser et d’anticiper de nouveaux usages. En
effet, celui-ci doit s’adapter à l’essor des énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque…), au
développement des véhicules électriques et à l’évolution des modes de consommation de
l’électricité. Ces évolutions exigent de mettre au point des outils capables d’optimiser en
permanence l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité sur les réseaux de distribution.
Nous allons nous intéresser ici à la conduite optimale des réseaux de distribution.

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1. Généralités

L’objectif du distributeur d’énergie est de répondre à la demande des consommateurs à


un moindre coût. Il dispose d’un certain nombre de centrales mais chacune a ses contraintes
propres et les coûts de production varient d’une part en fonction du type et d’autre part en
fonction de l’éloignement par rapport aux lieux de consommation à cause des pertes dans le
réseau. Passons en revue les différents types de centrale en précisant les spécificités.
Centrale hydraulique :
Frais variables faibles au fil de l’eau : investissement important production liée à l’hydraulicité
et aux contraintes d’environnement
Barrage : coût d’investissement très important, production tributaire de la réserve que l’on
souhaite avoir et pour une série de retenues, du turbinage des centrales amonts.
Pompage : coût d’investissement très important, coût de pompage depuis le bassin inférieur,
temps de réponse court quelques minutes.
Centrale thermique classique : frais variables fonction du type de combustible et du marché
investissement, important frais d’entretien, temps de réponse de l’ordre de quelques heures
Groupe électrogène - moteur diesel
Centrale nucléaire : investissement très important, coût de la mise en veille puis de la
démolition, frais variables faibles, production difficile à moduler.
Turbine à gaz : Investissement réduit, coût du combustible élevé, temps de réponse court.
Dans certains pays la production est plus significative. En règle générale, la puissance
de base est fournie par les centrales au fil de l’eau et de stockage, les centrales nucléaires, les
centrales thermiques ; les puissances de pointe sont délivrées par les centrales de pompage et
les turbines à gaz. La conduite des réseaux doit prendre en compte la disponibilité des ouvrages,
centrales, lignes, transformateurs, pallier les pannes, planifier les entretiens. Une centrale a une
disponibilité d’environ 90%. Elle est meilleure pour les lignes (95%) mais les pannes sont plus
aléatoires et souvent liées aux conditions météorologiques. L’échelonnement des décisions est
traduit dans le tableau suivant.
Echelle de temps Décision
Quelques secondes Réglage primaire réglage secondaire
Minutes Tertiaire (réalisé par le dispatching) et interconnexion ;
énergie de pointe
Journée ou semaine Centrales thermiques gestion hydraulique, éclusée, pompage
Annuelle ou pluriannuelle Entretien des centrales gestion des centrales hydrauliques
Dizaine d’années Prévisions d’investissement

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Ainsi la conduite des réseaux impose


• Une marge de sécurité ;
• Une gestion des équipements ;
• La nécessité d’une réserve.
On a intérêt à éviter un suréquipement et pour cela utiliser des vieilles centrales à coût
marginal élevé mais dont l’investissement est amorti, installer des groupes de réserve proches
des lieux de consommation, surdimensionner le réseau de transport pour éviter les bouchons de
transport. La conduite optimale (Optimal Load Flow) essaye de prendre en compte tous ces
impératifs. Nous n’en donnerons que quelques aspects.

2. Exposé du problème
Le problème à résoudre est le suivant :
Minimiser la fonction coût C = C(x, u, p)
Sachant que f(x, u, p) = 0
Et que g(x, u, p) ≤ 0
Dans un réseau, les fonctions h sont les relations traduisant le fonctionnement du réseau,
en particulier celles de répartition de puissance, alors que les fonctions g expriment les
contraintes soit de puissance maximale, soit des puissances transmissibles par une ligne soit
toute autre contrainte de production.
La fonction coût est le coût de production de l’énergie par les différentes centrales.
Le coût de production de l’énergie d’une centrale i peut se mettre sous la forme
polynomiale suivante.

La fonction à minimiser est le coût total :

La relation de fonctionnement est liée au réseau et si ne tient pas compte des pertes :

On ne tient pas compte dans cette approche de la puissance réactive. Si on veut une meilleure
précision, on ne peut la négliger mais le problème devient très complexe et dépasse largement

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l’objectif de ce chapitre. Nous expliquons le principe de la conduite optimale des réseaux en


considérant un réseau avec deux sources.

Figure 1 : Cas de deux sources


Le coût total est

Et la relation traduisant le fonctionnement du réseau est

On peut représenter la fonction coût et la relation de fonctionnement comme indiqué sur la


figure 2.

Figure 2.2 : Fonction coût et intersection avec le plan PG2 + PG3 – PC = 0

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Mathématiquement, le problème revient à trouver le minimum de la courbe intersection du plan


défini par la relation entre les PG avec la surface de coût.Pour résoudre le problème, on utilise
la méthode des multiplicateurs de Lagrange. On forme la fonction L :
L(x,u,p) = C(x,u,p) − λf(x,u,p)
Le minimum cherché correspond au minimum de la fonction L Ainsi dans l’exemple considéré
on a à résoudre le système d’équations suivant :

Les deux premières relations expriment que les coûts incrémentaux

(coût du dernier kWh) doivent être égaux.

Figure 3 : Variation des coûts incrémentaux

On peut noter que le fonctionnement interne du réseau n’intervient pas du tout. La


répartition de puissance n’est prise en compte comme nous le verrons plus loin qu’au niveau
des contraintes et des pertes.

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Généralisation

On forme :

Le minimum de L est obtenu pour

3. Minimisation d’une fonctionnelle en tenant compte des contraintes.

En plus des relations précédentes, on impose que les inégalités gk ≤ 0 soient vérifiées. Ainsi
on recherche le minimum de C vérifiant les égalités f et les inégalités g.

La méthode est illustrée avec deux variables car on ne peut représenter facilement le cas avec
trois variables et c’est impossible avec plus.
Soit L(x1, x2). On trace les courbes L = constante. On admet que L1 < L 2 < L 3 < L 4 . On trace
également les fonctions gi (x1, x2) = 0 et on définit la zone où l’inégalité est vérifiée.

Figure 4 : Les inégalités ne modifient pas le minimum

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Si le minimum est en dehors des contraintes, on résout

Si par contre on est dans ce deuxième cas, il faut chercher la courbe L = constante tangente à la
courbe de contrainte.

Figure 5 : Le minimum est dans une zone interdite


On forme dans ce cas une nouvelle fonctionnelle.

Soit xi0 correspondant au minimum de L et donc solution de

On cherche alors le minimum de L* et la fonction objective de coût est nécessairement


plus élevée.

4. Exemple
Soit le réseau à 4 nœuds. Les pertes sont négligeables. Les admittances de chaque
ligne sont précisées sur la figure dans le rectangle ombré.

Figure 6 : réseau à quatre nœuds

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Bien que l’on n’en ait pas besoin immédiatement pour trouver la répartition de puissance,
nous établissons la matrice des B pour pouvoir calculer les angles et la répartition de
puissance.

4.1. Calcul de la répartition de puissances


On choisit le nœud 4 comme nœud bilan. Les angles sont reliés aux puissances par la relation.

On en déduit que

Et que les angles sont solutions de

On en déduit en calculant la matrice inverse que

Ainsi si on prend PG1 = 5 et PG3 = 3 soit PG4 = 2 la résolution conduit à

La répartition de puissance dans les lignes est donnée sur la figure suivante.

Figure 7 : Exemple de répartition de puissance

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4.2. Optimisation du coût de fonctionnement


Les fonctions coûts des trois centrales sont les suivantes.

On forme L = C − λf et on en déduit le système d’équations à résoudre en calculant

On en déduit la nouvelle répartition de puissance.

Figure 8 : Répartition de puissance optimale


4.3. Contrainte sur la source 1 : PG1 − 5 5 0, ≤ et PG3 − 3 0≤
On forme L * = L - λf - µ1 (PG1 − 5,5) − µ2 (PG3 − 3)
On peut procéder de deux manières différentes, soit tenir compte du résultat antérieur et ne
garder que la contrainte sur la source 1 et vérifier si la deuxième est satisfaite, soit résoudre le
système complet et si une des variables µ est positive, supprimer cette condition.
Nous nous plaçons d’abord dans le premier cas et le nouveau système à résoudre est

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La condition sur PG3 est satisfaite.


La deuxième solution conduit à résoudre :

La contrainte sur PG3 n’est pas à prendre en compte et il faut revenir au système précédent.
Les nouveaux déphasages deviennent :

Figure 9 : répartition optimale avec contrainte sur le générateur 1

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4.4. La source 4 est limitée à une puissance de 3.


Il n’y a plus d’optimisation possible et les centrales 1 et 4 fonctionnent au maximum.

Figure 10 : répartition « optimale » avec contraintes sur les générateurs 1 et 4


4.5. La puissance dans la ligne ne peut dépasser 2,2 et la puissance de la centrale 1 est
limitée à 5,5.
La première condition implique que

Car θ2 est nécessairement négatif. En tenant compte de l’expression de θ2 donnée dans le petit
a, on obtient.

Ou encore

Soit

La nouvelle fonction L* s’écrit maintenant :


L* = L - λf - µ1 (PG1 − 5,5) − µ 2 (−3PG1 − 2PG3 + 22,2)
Et le système à résoudre :

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On obtient λ = 5,3 ; µ 2 = −6,9 ; µ1 = −20


On peut vérifier que les coûts passent de 61,66 (4.2) à 64,19 (4.3), 64,75 (4.4) puis à 76,09
(4.5).

Figure 11 : Répartition optimale avec contraintes sur le générateur 1 et la ligne 2-4


5. Prise en compte des pertes dans le réseau.
La fonction f s’écrit dans ce cas :

Les dérivées à calculer sont donc les suivantes :

Pour toute valeur de i Le terme entre parenthèses est appelé facteur de pénalité.
La difficulté est d’exprimer les pertes en fonction des puissances des sources. Une
méthode dite des B suppose que le modèle à courant continu est applicable pour exprimer les
puissances transitant dans les lignes en fonction des décalages angulaires et en calculant ensuite
les pertes dans les lignes. Il est clair que l’expression n’est pas exacte mais l’erreur est du second
ordre. Par contre la prise en compte de la puissance réactive est difficile et nécessite des
développements importants.

Les pertes en ligne sont données par la formule suivante :

On admet que les pertes dans les conductances d’entrée et de sortie de la ligne sont
négligeables et que les différences d’angles sont faibles. Rappelons que Gki est négatif et donc
les pertes dans les lignes sont bien positives.

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Les tensions sont proches de 1 et on ne garde que le deuxième terme. Ainsi les pertes totales
du réseau sont :

Il ne faut prendre en compte que les valeurs de k et i des nœuds effectivement reliés entre eux.
Soient θ la matrice des différences d’angles et A’ une matrice d’incidence branche-arbre.

G est la matrice des conductances des différentes lignes (matrice diagonale)


Les angles sont calculés avec le modèle à courant continu : P où

On en déduit que

Les pertes sont exprimées par une expression quadratique en fonction des puissances des
générateurs.
Remarque : La matrice A’ n’est pas la matrice branche - arbre déterminée dans le chapitre 1.
Exemple :

Figure 12 : Cas d’un réseau avec pertes


Le nœud 3 est pris comme nœud bilan. L’arbre est formé des branches 3-1 et 3-2

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La matrice des B dans le modèle à courant continu s’écrit

La matrice résultante pour les pertes s’écrit :

Les pertes en ligne s’écrivent :

On admet que les fonctions coûts sont les suivantes :

La fonction f s’écrit

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Si on néglige les pertes en ligne, les puissances optimales sont solutions du système :

Si on tient compte des pertes, les puissances optimales sont solutions du système :

Ce système non-linéaire peut être résolu par une méthode de Gauss-Seidel en partant des valeurs
obtenues en négligeant les pertes. On a à résoudre :

Une nouvelle itération conduit à

La convergence est très rapide. La puissance correspondant aux pertes est répartie entre les deux
générateurs.

Remarque : Une autre méthode envisageable consiste à calculer la répartition en l’absence de


pertes, d’en déduire les courants puis de calculer les pertes par effet Joule. Ces pertes sont
ensuite affectées pour moitié à chaque nœud. On augmente d’autant la puissance demandée.
On refait un nouveau calcul et par approximations successives on tend vers le résultat final.

6. Exemples résolus avec Powerworld™


6.1. Exemple du paragraphe 4
Les trois figures sont relatives aux trois cas envisagés. On peut noter parfois de légères
divergences par rapport aux valeurs trouvées précédemment. Ceci est lié à l’approximation par
points de la courbe de coût par le logiciel.

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Figure 13. Exemple correspondant à 3 cas traités au petit 4


6.2. Exemple avec deux sources et 3 nœuds en prenant en compte les pertes.
On considère ici l’exemple traité dans le paragraphe 5. On trouve des valeurs tout à fait
comparables.

Figure 14. Exemple traité au petit 5

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6.3. Réseau à 4 nœuds et 2 sources avec prise en compte des pertes


On considère le circuit de la figure 15. Les données des lignes sont précisées dans le tableau ci-
après. Les fonctions coût des générateurs sont données dans le tableau suivant (puissance 1 puis
puissance 2). La puissance de base est de 25 MW. Les résistances sont fortes pour renforcer les
facteurs de pénalité.

Nœud de départ Nœud d'arrivée R X B


Bilan Tension 0,11481 0,32407 0,2916
Bilan Connexion 0,0842 0,23765 0,2138
Bilan Charge 0,11481 0,32407 0,2916
Tension Connexion 0,03444 0,09722 0,0875
Tension Charge 0,07654 0,21605 0,1944
Connexion Charge 0,04593 0,12963 0,1166

Nom IOB IOC


Tension 0,320 0,0040
Bilan 0,080 0,0080

La résolution tient compte des pertes et de la puissance réactive. La figure donne les résultats
bruts. Le coût marginal est de 0,61. La figure 16 donne la variation du coût marginal. Il y a un
léger écart mais il ne faut pas oublier les facteurs de pénalité.

Figure 15 : Répartition optimale prenant en compte les pertes et la puissance réactive

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Figure 16 Courbe de la variation du coût marginal

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CONCLUSION

Dans ce document, nous avons développé des notions sur la conduite optimale des
réseaux de distribution.

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REFERENCES

1 Conduite Optimale des réseaux de JEAN MARIE KAUFFMANN. PDF

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