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Rapport final
Juin 2006
Sous la direction de Pascal Mao
CERMOSEM
Domaine Olivier de Serres • Le Pradel • 07170 Mirabel
Téléphone ++33 (0)4 75 36 76 52 • Télécopie ++33 (0)4 75 36 76 84
E-Mail : samya.kalbaoui@ujf-grenoble.fr
http://iga.ujf-grenoble.fr/cermosem/
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Philippe Bourdeau
Professeur de Géographie, Institut de Géographie Alpine, l’Université Joseph Fourier
(co-rédaction de l’introduction et de chapitres de la partie II du rapport)
Jean Corneloup
Maître de Conférences de sociologie des pratiques sportives et management de projets
territoriaux - STAPS, Université de Clermont-Ferrand
(auteur du texte intitulé « Place du marché dans le fonctionnement des loisirs sportifs de
nature »)
Christopher Hautbois
Maître de Conférences, Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives,
Université d’Orsay, Paris-Sud 11
(auteur du texte intitulé « Mesures d’impact économique des sports de nature : apports et
limites » et co-rédaction de chapitres de la partie II du rapport)
Marc Langenbach
Etudiant en Master 2 recherche - Tourisme durable et dynamiques territoriales, UJF
(constitution de la base de données bibliographique et contribution à la rédaction du rapport)
Gilles Rotillon
Professeur de sciences économiques, Université Paris 10-Nanterre
(auteur du texte intitulé « Economie des sports de nature »)
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
3.1.3. Les différents types d’événementiel sportif de nature............ Erreur ! Signet non
défini.
3.2. Les différents types d’impact économique de l’événementiel sportif.. Erreur ! Signet
non défini.
3.2.1. Les différents types d’effet sur l’économie du territoire d’accueil de
l’événementiel sportif ............................................................ Erreur ! Signet non défini.
3.2.2. Les différents types de questionnements - problématiques liés à l’impact
économique de l’événementiel sportif................................... Erreur ! Signet non défini.
3.3. Les différentes méthodes d’évaluation des impacts économiques des évènementiels
sportifs ....................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
3.3.1. Etude d’opportunité et de pré-faisabilité d’un événementiel sportif .........Erreur !
Signet non défini.
3.3.2. Méthode coûts - bénéfices – Calcul d’impact localisé via des indicateurs micro-
économiques .......................................................................... Erreur ! Signet non défini.
3.3.3. Etude d’impact macro-économique à court terme d’un événementiel sportif
............................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
3.3.4. Impact macro – économique à long terme et impact sur l’aménagement du
territoire régional ou national................................................ Erreur ! Signet non défini.
3.3.5. Impact en terme d’attractivité du territoire d’accueil de la manifestation.Erreur !
Signet non défini.
3.4. Deux exemples de méthodologies innovantes d’évaluation des impacts économiques
des évènementiels sportifs ......................................................... Erreur ! Signet non défini.
3.4.1. Méthode MEETS – Processus analytique hiérarchisé ............ Erreur ! Signet non
défini.
3.4.2. Processus d’Analyse Hiérarchique ou « Analytic Hierarchy Process » :..Erreur !
Signet non défini.
4. L’impact et la structuration de la filière économique des sports de nature appréhendés via
l’emploi et les entreprises .............................................................. Erreur ! Signet non défini.
4.1. Diagnostics territoriaux et statistiques des filières professionnelles et sportives de
nature ......................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
4.1.1. Les populations licenciées comme indicateur de la demande potentielle ou de la
sportivité des territoires ......................................................... Erreur ! Signet non défini.
4.1.2. Les établissements sportifs de nature, analyse statistique et répartition
géographique ......................................................................... Erreur ! Signet non défini.
4.1.3. Les diagnostics de l’emploi sportif, analyses quantitatives et problèmes
d’évaluation........................................................................... Erreur ! Signet non défini.
4.2. Etudes de synthèse et diagnostics territoriaux de la filière professionnelle sportive de
nature ......................................................................................... Erreur ! Signet non dé fini.
4.2.1. La pluri- et multi-activité des professionnels du loisirs sportifs de nature
............................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
4.2.2. La saisonnalité du marché de la prestation de service des loisirs sportifs de
nature ..................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
4.2.3. Les profils de poste représentés dans le marché de la prestation de service des
loisirs sportifs de nature......................................................... Erreur ! Signet non défini.
4.3. Analyse micro-économique des entreprises représentées dans le marché des sports
de nature .................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
5. Economie et marketing des pratiques sportives de nature......... Erreur ! Signet non défini.
5.1. Les consommations sportives en matière de pratiques sportives de nature .....Erreur !
Signet non défini.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Tables des cartes, figures et tableaux ................................................ Erreur ! Signet non défini.
Table des cartes ......................................................................... Erreur ! Signet non défini.
Table des figures........................................................................ Erreur ! Signet non défini.
Table des tableaux ..................................................................... Erreur ! Signet non défini.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Introduction générale
Ce document correspond au rapport final d’une étude commandée au CERMOSEM
(UMR PACTE, Laboratoire Territoires – CERMOSEM, Le Pradel, Ardèche – Institut de
Géographie Alpine de l’Université Joseph Fourier de Grenoble) par ODIT France, Secrétariat
d’Etat au Tourisme avec l’appui du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie
Associative (MJSVA).
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
On remarquera enfin que deux tendances lourdes semblent caractériser les dynamiques
actuelles des espaces sportifs, et ne manquent pas de peser sur la nature et la forme des
impacts économiques considérés, mais aussi sur la manière dont ces impacts sont attendus et
intégrés à des projets individuels et/ou collectifs, commerciaux et/ou territoriaux :
- tout d’abord, l’affirmation d’un modèle de développement hybride et reposant
sur un large partenariat public – privé qu’il s’agit de prendre en compte via l’association de
logique territoriale (collectivités locales, financements publics) et logique commerciale
(financements et acteurs privés) ;
- ensuite une conception et une gestion croissante des sports de nature dans des
cadres spatiaux et territoriaux construits, délimités et labellisés (marques déposées), à
différentes échelles géographiques (site, vallée…), dans différents contextes (station
touristique, zone rurale montagnarde) ; la multiplication et l’hybridation des équipements
sportifs innovants (Parcours Acrobatiques en Forêt, via ferrata, station de VTT, stade d’eau
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
3.2.2. Les différentes méthodes mobilisables pour l’observation économique des sports
de nature
Les méthodes d’évaluation de l’impact économique sont développées dans la partie 3
de ce rapport. Ne sont retenus ici que quelques éléments clés de synthèse et applicables de
manière transversale aux différentes thématiques traitées ultérieurement (à savoir un territoire
de pratique ou un équipement / aménagement sportif particulier, un évènementiel, une filière
sportive, etc.). Les quatre tableaux présentés ci-après ont pour fonction de présenter :
1. selon la question posée et les objectifs attendus de l’évaluation, quelles
sont les méthodes utilisables ;
2. selon les échelles géographiques d’observation, quelle est la pertinence des
méthodes choisies ;
3. selon les types et formes de tourisme sportif de nature observés (dont on
peut différencier trois types principaux – un tourisme diffus, un équipement
ou aménagement particulier et une filière sportive spécifique), quelles sont
les possibilités ou adaptation des méthodes applicables ;
4. enfin, le dernier tableau permet de synthétiser les principaux avantages et
inconvénients des méthodes proposées.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Etude de l’impact d’une Entreprise, Toutes avec une Impact macro – économique
activité, filière ou représentant de prédisposition pour à court terme, injections et
évènement sur un filière ou acteur des échelles locales fuites régionales, estimation
territoire particulier sur fédéral (meilleure maîtrise des de multiplicateurs
une période donnée, données et facilité de
justification d’une aide collecte, homogénéité
financière publique du système
économique)
(Source : librement adapté, remanié et complété de Weinmann G., Monnin P., 1999 ; P. Mao, 2006)
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Echelle
Type de méthode Echelle locale départementale - Echelle nationale
régionale
Calcul de la rentabilité
financière d’un nouvel OK ˜ Ø
équipement ou aménagement
Enquête de notoriété,
communicationnelle ou
OK
d’image l’échelle n’influence OK OK
que peu la
idem idem
méthodologie mise en
Approches oeuvre
qualitatives et
territoriales
Approche qualitative :
diagnostic territorial, des ˜
infrastructures et équipements
approche comparative
OK OK
structurants, géo-marketing difficile
« sportif »
(Source : P. Mao, 2006)
Légende du tableau :
Méthode inadaptée Ø
Méthode moyennement adaptée ˜
Méthode adaptée OK
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Tableau 3 : Adaptation des méthodes d’évaluation de l’impact économique avec les formes
d’implantation géographique des sports de nature
Implantation
Tourisme sportif
Type de méthode à sportive Une filière sportive
(multi-activité)
mobiliser pour répondre théâtralisée(unité de dans un territoire
traditionnel et
aux attentes initiales lieu, de temps et particulier
diffus
d’activité)
Enquête de notoriété,
communicationnelle ou OK OK OK
d’image
Approches
qualitatives et Approche qualitative :
territoriales diagnostic territorial des
infrastructures et équipements OK OK OK
structurants, géo-marketing
« sportif »
(Source : P. Mao, 2006)
Légende du tableau :
Méthode inadaptée Ø
Méthode moyennement adaptée ˜
Méthode adaptée OK
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Calcul de la rentabilité S’appuie sur des méthodes Ne s’applique que dans le cas d’un
financière d’un nouvel comptables et d’études de équipement – aménagement –
équipement ou marché connues et événement particulier et localisé
aménagement éprouvées
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Cette première partie regroupe trois contributions permettant un regard croisé et une
mise en perspective de différentes façons d’appréhender la question du marché et de l’impact
économique et/ou territorial des sports de nature. Elles démontrent la complexité de cet objet
d’étude, principalement quand il est abordé sous l’angle économique. Ces trois perspectives
ouvrent de nombreuses pistes d’analyse et de réflexion et illustrent la possible
complémentarité d’analyses économétriques, comptables et socio-géographiques.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
chômage, par exemple n’a pas « d’être propre », mais résulte de multiples comportements
individuels en interaction qu’il s’agit de décrypter. Et bien entendu, le chômage lui-même,
une fois qu’il est présent, contraint ces mêmes comportements conduisant à le renforcer ou au
contraire à le réduire par des mécanismes que l’analyse à pour objet de décrire.
Il en découle que la base du raisonnement est microéconomique et que la grande
distinction entre un niveau micro et un niveau macro qui répondraient à des logiques
différentes est largement remise en question. Dans les vingt dernières années, le
développement de ce que l’on a appelé la nouvelle microéconomie, avec la prise en compte
des problèmes d’information, le recours à la théorie des jeux, puis la construction de la théorie
des contrats est venu profondément renouveler l’approche économique. Au point même de
remettre en cause l’hypothèse fondatrice d’une rationalité instrumentale complète, ouvrant par
là à de nouveaux développements.
Il reste qu’une des grandes leçons de l’économie, c’est que beaucoup de
comportements individuels sont très sensibles aux incitations, c’est à dire aux signaux, (qui
peuvent prendre de multiples formes : un message, une amende, un règlement, une norme
sociale,…) qui poussent ou pas les gens à agir dans telle ou telle direction.. Et celles-ci n’ont
pas toujours les effets prévus. Ainsi, pour donner un exemple typique d’un raisonnement
économique, quand le gouvernement français a décidé de supprimer le service militaire, un
grand nombre de jeunes ont cessé de prolonger leur scolarité, parce que la seule raison qui les
y incitait, c’était justement de retarder leur incorporation. Résultat : une augmentation du
chômage des jeunes garçons les moins diplômés.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Les sports de nature ont également été analysés dans ce cadre et la publication récente
du livre de Hanley, Shaw et Wright (2003) en donne un certain nombre d’exemples. On y
trouve notamment des modélisations de la demande d’activités sportives comme le ski, la
randonnée, l’escalade ou la pêche à l’aide de la méthode des coûts de déplacement ou de
l’évaluation contingente, maintenant très utilisées en économie de l’environnement. Ces
méthodes sont aujourd’hui devenues routinières grâce au faible coût et au développement des
capacités de traitement des ordinateurs de bureau, qui ont permis un recueil de nombreuses
données individuelles spécifiques et l’utilisation de techniques économétriques sophistiquées.
On y trouve aussi des modèles de fréquentation de sites, qui prédisent le nombre de
visites à un site et calculent le surplus du consommateur correspondant à une visite et des
modèles d’utilité aléatoire (Random Utility Model) s’intéressant à la répartition d’une quantité
fixe de visite parmi des sites substituts en fonction des changements de qualité des sites et
calculant les effets de bien-être associés.
Si ce type de travaux est en pleine expansion dans de nombreux pays comme les Etats-
Unis, le Royaume-Uni ou les pays scandinaves, ils sont encore peu développés en France, une
exception étant l’étude déjà ancienne de Bourdeau, Rotillon (1999). La raison principale de
cet état de fait tient à mon avis au petit nombre d’économistes spécialisés dans ce domaine à
cause du peu de débouchés offerts aux concours de recrutements à l’université ou dans les
grands organismes de recherche (encore une question d’incitations, ici insuffisantes). Tous les
économistes français en poste aujourd’hui qui publient sur l’économie du sport (mais pas sur
les sports de nature), ont d’abord valorisé une autre spécialité avant d’éventuellement
s’investir pleinement dans ce champ de recherche1 .
Une bonne photographie de cette situation est donnée par Hautbois (2006) qui propose
une bibliographie sur le sujet et présente quatre axes de recherches censés structurer le
domaine. Sur les 96 références bibliographiques citées, on ne trouve aucun article écrit par un
français dans des revues à comité de lecture qui seraient prises en considération lors d’un
recrutement en économie. La majorité des travaux recensés sont en effet dus à des membres
du réseau sportsnature.org qui est majoritairement composé de sociologues, de géographes et
1
Pour ma part, je suis spécialisé en économie de l’environnement et je ne fais quelques rares travaux sur
l’analyse économique de l’escalade et de l’alpinisme que pour ne pas devenir schizophrène : économiste au
bureau et alpiniste en vacances.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
de membres d’UFR de Staps2 . La conséquence de cette situation est, pour l’essentiel, une
réduction de l’économie à l’analyse des prestations de services marchandes et aux enjeux du
développement local qui font que la plupart des études existantes sont plus proches des
travaux de bureaux d’études que de recherches universitaires. Ainsi, les quatre axes définis
par Hautbois concernent le tourisme sportif et le développement local, l’économie politique
du tourisme et des loisirs sportifs, le marketing du tourisme et des loisirs sportifs et l’impact
économique du tourisme et des loisirs sportifs.
Un autre éclairage de la situation de l’étude des sports de nature envisagée d’un point
de vue économique est fourni par l’article de Corneloup (présenté ci-après) qui se donne pour
objectif de « présenter (…) les limites à cette entrée économique concernant ce secteur de
pratique, à partir du moment où le plein air n’est pas qu’un produit, que les pratiquants ne sont
pas tous des clients et que les données d’observation ne peuvent se réduire à une connaissance
commerciale ». Et un peu plus loin il indique : « Bref, la vision économiste de la filière des
loisirs sportifs de nature reste bien réductrice pour en comprendre les principes de
fonctionnement ». En réalité, c’est plutôt cette vision de l’économie qui est réductrice en la
cantonnant à ne tenir compte que de données commerciales et à ne voir que des produits et
des clients. Le marché qui est critiqué dans l’article est très éloigné des marchés qu’étudient
les économistes. Comme on l’a dit plus haut, l’économie peut aussi analyser les jeux d’acteurs
ou prendre en compte les problèmes de qualité, les rapports entre marchand et non-marchand,
payant et gratuit, formel et informel… Le point de vue de Corneloup est celui d’un sociologue
qui cherche à analyser les sports de nature pour en comprendre la logique de fonctionnement
en les examinant de plus en plus près. Ainsi, par exemple, il convoque les concepts de
territoire et de filière censés permettre une analyse plus fine des effets en cause, « les effets
territoriaux (venant) ainsi bousculer la logique du marché par secteur de pratique ». Le point
de vue de l’économiste est bien différent et n’oppose pas une logique de territoire à une
logique de marché. Pour lui, il n’y a pas de différence entre une multinationale dans la
mondialisation qui cherche à conquérir des parts de marché et une région qui cherche à se
développer en s’appuyant sur ses atouts spécifiques. Les deux questions sont susceptibles
d’être analysées avec les mêmes concepts et les mêmes méthodes.
Compte tenu du constat présenté ci-dessus, il ne faut pas s’attendre à un fort
développement d’analyses économiques innovantes dans les prochaines années et l’essentiel
de la production restera sans doute des mesures d’impacts économiques, elles-mêmes souvent
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Seuls trois membres sont recensés en « économie-marketing » dont deux maîtres de conférences en Staps et un
professionnel du tourisme.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
réduites aux impacts directs et indirects, négligeant ainsi les externalités3 , justement si
importantes dans ces activités. La suite de cet article se propose d’illustrer, à partir de mes
préoccupations personnelles et sans prétention d’exhaustivité, l’approche économique décrite
ci-dessus 4 .
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Impact économique des sports de nature
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d’environ 120 en 1989 à 750 en 2000. C’est aussi dans cette perspective qu’un certain nombre
de collectivités territoriales, envisagent désormais les caractéristiques physiques de leur
territoire (falaises, rivières…) comme autant de ressources pour reconstruire, maintenir ou
développer une économie.
Même si les données sont à la fois parcellaires et anciennes, la contribution de ces
collectivités territoriales au financement d’équipements sportifs naturels à vocation touristique
est repérable. Elle prend la forme de plans départementaux ou régionaux d’aménagement des
sites d’escalade. Un de ces premiers plans est celui qui a été élaboré en Ardèche. De 1990 à
1994, le Conseil Général subventionne à hauteur de 900 000 francs l’aménagement de 26 sites
naturels et artificiels. De la même manière, le comité FFME de l’Isère bénéficiera de près de
300 000 francs pour effectuer les mêmes travaux. Enfin, la région Provence Alpe Côte d’Azur
subventionna pendant trois ans (90-93) le rééquipement des sites locaux.
Certaines communes, comme celle d’Orpierre, investissent délibérément dans
l’aménagement des affleurements rocheux se trouvant sur leur territoire pour recréer la
dynamique économique perdue de leur commune.
Les sites d’escalade viennent donc allonger la liste des équipements sportifs dont les
collectivités territoriales puis l’Etat sont les principaux bailleurs de fond en France. Il devient
alors nécessaire de s’interroger sur le statut de la falaise d’escalade dans une perspective
économique.
La collecte de données actualisées et exhaustives est un enjeu relatif à la clarification
nécessaire de ce statut comme bien économique et plus spécifiquement comme ressource
commune ou bien public. C’est en particulier important pour comprendre et éventuellement
anticiper le fonctionnement des marchés de l’encadrement.
Jusqu'en 1986, les seuls professionnels étaient des guides, selon des modes de formation
qui différaient suivant les pays, mais dont la qualification était reconnue par l'Union
Internationale des Associations d'Alpinisme (UIAA). L'essentiel de leur activité se déroulait en
haute montagne, sur un terrain d'accès libre, non aménagé et caractérisé par de nombreux
paramètres aléatoires (météo, qualité de la neige, chutes de pierres...) qui ne pouvaient être
maîtrisés que grâce à une expérience acquise par une longue pratique. Aussi, le bien qui
s'échangeait sur ce marché était le savoir-faire du guide, garantie de sécurité et perçu comme tel
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
par les clients (Rotillon, 1991). A l’origine ce marché était piloté par la demande (les clients
cherchait un guide pour réaliser un objectif et dans «l’âge d’or » de l’alpinisme, c’était le client
qui attachait son nom à une voie réalisée pour la première fois) mais il tend de plus en plus à
être piloté par l’offre, où les professionnels, organisés en syndicats, proposent des «produits »
(le stage Mont-Blanc, la via ferrata, le canyoning…) qui s’adressent à tous (en principe).
Mais surtout, le développement de l'escalade sur des terrains de jeu spécifiques, le plus
souvent hors de la montagne, sites eux aussi d'accès libre, mais aménagés selon des normes de
plus en plus précises, a profondément modifié la situation en conduisant en 1986 à la création
en France d'un nouveau diplôme professionnel, le Brevet d'Etat Escalade (BEE). Dès leur
mise en place, ces nouveaux professionnels ont dû se positionner face au corps constitué des
guides de haute montagne avec lesquels ils apparaissaient en concurrence. De fait, si un guide
peut encadrer les mêmes activités qu'un breveté d'Etat escalade, l'inverse n'est pas vrai et la
définition de leur champ de compétence a donné lieu à d'âpres débats. La solution retenue
(interdiction d'exercice au-dessus de 800m, portée ensuite à 1500m ou si l'accès au site
nécessite de traverser des zones enneigées), si elle permet bien de marquer deux types de
territoires, ne rend pas compte de la profonde différence de nature entre le ''vieux'' marché de
l'encadrement en alpinisme et celui que vient consacrer la création du BEE.
A cause de la nature nouvelle du terrain de pratique, où tout est fait pour éliminer les
risques objectifs (purge de la paroi, scellements de prises instables, mise en place de points
d'assurage proches et solides rendant la chute peu risquée...), le savoir-faire de l'encadrement
est très réduit. En une séance, un débutant peut apprendre à s'encorder, assurer et grimper en
tête de cordée une voie d'escalade équipée suivant les normes actuelles. Ensuite, une pratique
régulière peut lui assurer une progression rapide et valorisante, sans avoir recours à un
professionnel. Le marché de l'escalade souffre d'ailleurs de plus en plus de ce que les falaises
soient en accès libre autorisant ainsi une pratique ''sauvage''. Et ce d'autant plus que
l'équipement moderne intègre le savoir-faire, dans la mesure où les voies sont ouvertes après
préparation, en imaginant les mouvements qui devront être réalisés permettant ainsi
l'assimilation de gestes techniques spécifiques par « learning by doing ». Ainsi, ce qui essaye
de se vendre sur ce marché de l’encadrement en escalade, c’est un produit joint, falaise +
savoir-faire et il devient souvent superflu de faire appel à un encadrement spécialisé, qu'il soit
bénévole ou professionnel, ce que prouve le développement de la pratique hors-club. Et ce
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
constat est encore renforcé quand on observe la pratique en SAE, qui se fait majoritairement
en moulinette.5
Aussi, les brevetés d'Etat escalade peuvent beaucoup plus difficilement que les guides
prétendre apporter la sécurité à leurs clients, ce qui les conduit à mettre plutôt l'accent sur le
progrès sportif, censé être plus rapide avec eux que sans eux. Et bien que leur public potentiel
soit incomparablement plus vaste que celui des guides, ils ont en réalité plus de mal à
développer une clientèle privée et leur activité est surtout concentrée sur l'encadrement des
collectivités où les contraintes législatives redonnent de la valeur à la sécurité.
Encore faut-il souligner que ces contraintes sont le plus souvent dictées au législateur
par une assimilation de l'escalade à l'alpinisme que toute l'évolution de ces deux activités tend
à rendre obsolète.
On vient rapidement de décrire le contexte général qui doit être pris en considération
pour une analyse économique de ces marchés. Un des problèmes qui me semble le plus
important dans cette optique, est celui de la concurrence qui s’exerce aujourd’hui entre les
professionnels. Celle-ci est très particulière en ceci que la « qualité » des biens offerts n’est
connue avec précision ni par ceux qui les fournissent, ni par ceux qui les consomment. Avec
une information parfaite, il y aurait deux marchés bien distincts, celui de l’alpinisme où les
clients achèteraient la sécurité procurée par les guides, et celui de l’escalade où le BEE
vendrait du progrès sportif. En réalité, il y a de multiples asymétries d’information, tant du
côté de l’offre que de celui de la demande. Finalement, le pratiquant ne sait jamais très bien ce
qu’il achète et le guide n’est pas toujours très sûr de ce qu’il vend. Récemment, la présidente
du syndicat national des BEE nous en offrait une magnifique illustration, dans une lettre au
ministre à l'occasion des débats sur la loi sur le sport, où elle revendiquait la «dangerosité »
de l'escalade pour mieux justifier l'existence de ses mandants (Grimper, n° 45, mai 2 000).
Quant aux clients, ils ne connaissent pas toujours très clairement leurs préférences, voulant
pratiquer de l’escalade et achetant de l’alpinisme ou réciproquement. Etudier les équilibres
qui peuvent se produire sur deux marchés en interaction présentant ces caractéristiques est de
l’ordre de l’analyse économique. Une autre question intéressante, toujours liée à la nature des
biens proposés, est celle de l’accès aux sites d’escalade.
5
Mode de pratique qui consiste à gravir une voie assuré du haut par une corde préalablement placée en haut de
la voie, ce qui élimine tout risque de chute et rend les manœuvres techniques réduites à un minimum.
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En Europe, la plupart des activités récréatives en extérieur sont en accès libre. Cette
situation fait des sites sportifs d’escalade des biens publics. La croissance du nombre de
pratiquants crée cependant des risques de congestion et de dommages environnementaux.
Comme l’introduction de droits d’entrée n’est pas possible, à la fois pour des raisons
culturelles et pratiques, Hanley & alii., 2002, (repris dans Hanley & alii., 2003) comparent
des politiques de gestion alternatives, l’une consistant à rendre payant le stationnement à
proximité et l’autre à augmenter le temps d’accès en fermant les parkings proches et les routes
menant aux sites. Aux USA, les droits d’entrée aux parcs sont une longue tradition, mais ils
sont peu élevés et n’empêchent ni la congestion des sites les plus populaires, ni les dommages
environnementaux. Aussi des suggestions ont été faites par des gestionnaires fédéraux d’en
créer de nouveaux ou d’augmenter les anciens, qui se sont heurtées à de vives protestations de
la part des usagers. Les problèmes sont donc de même nature et peuvent se rattacher à toute la
littérature sur la tragédie des biens communs.
Il existe toutefois des spécificités intéressantes dues au fait que le bien commun
demandant à être géré est lui-même produit et que les comportements classiques de passager
clandestin peuvent y prendre des formes nouvelles.
Ainsi, une gestion possible de la ressource peut-être de jouer sur le degré de protection
en place qu’offre la falaise ou sur le niveau des voies proposées. La première solution a été
envisagée par des responsables des parcs nationaux américains, suggérant de supprimer tout
équipement fixe, ce qui revient à transformer les sites sportifs en terrains d’aventure.
L’essentiel du développement de l’escalade s’étant produit grâce à l’invention des falaises
protégées éliminant tout risque objectif, il est clair qu’une telle solution serait particulièrement
efficace pour supprimer la congestion et les dommages environnementaux, en supprimant de
fait les pratiquants, du moins tous ceux qui, ne voulant pas assumer les risques inhérents à
l’alpinisme, s’étaient tournés vers cette nouvelle activité. Il en résulte toutefois une perte de
surplus importante pour les grimpeurs. Aux Etats-Unis, l’U.S. Forest Service a proposé de
supprimer tout équipement fixe de protection dans les zones sauvages. Grijalva & alii (2002)
évaluent la perte économique pour les grimpeurs résultant de cette proposition. Si cette
évaluation est confirmée par de nouvelles études, elle permettrait d’empêcher le
déséquipement au titre d’une loi fédérale. C’est ce type de menaces qui ont aussi conduit des
groupes de grimpeurs à chercher à acheter leur falaise (encore les incitations), pérennisant
ainsi l’existence du bien, mais en supprimant sa nature de bien public. Tous ces problèmes de
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
gestion et les solutions qui ont été proposées pour y faire face sont pour l’instant très peu
étudiés et mériteraient davantage d’attention.
En particulier, il serait intéressant de faire le lien avec les Commons Pool Resources
(CPR) étudiées par E. Ostrom et son équipe. S’il existe des sites d’escalade de réputation
mondiale et qui devraient plutôt être classés comme des biens publics mondiaux (Le Yosemite
aux USA, les gorges du Verdon ou Fontainebleau en France), la plupart des sites sont des
biens publics locaux et peuvent être apparentés à des CPR. Les gestions réussies de CPR
semblent toutes faire appel aux mêmes principes : élaboration de règles d’usages et sanctions
(Ostrom, 1990, 1994) alors qu’il ne semble pas que ce soit le cas pour de nombreux sites
sportifs d’escalade.
Ainsi, une analyse économique de ces questions renvoie, à la théorie des jeux
(Fudenberg, Tirole, 1991 ; Owen, 1982), outil classique pour étudier les problèmes engendrés
par les biens communs en accès libre et à la théorie des contrats (Laffont, Martimort, 2002,
Bolton, Dewatripont, 2005) pour ceux liés à la régulation (ou pas) de l’accès, éléments
nécessaires au calcul de variation de bien-être (prix d’option, surplus compensatoire ou
équivalent).
Usagers/grimpeurs
Consommations
directement ou indirectement liées
Consommation
Prise Achat
d’une licence du topo guide
Commerces de détail
(services et biens)
Dotations
Subventions générales
au titre
et déd iées à l’équipement
de l’organisation du sport
du développement économique, du tourisme.
Flux monétaires
Flux « physiques »
Etat
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
par Jean Corneloup, MCF HDR Clermont-Ferrand, UMR Pactes, CNRS, Grenoble
A une époque où la notion de marché semble s’imposer dans l’approche des activités
sociales et culturelles, il apparaît judicieux d’interroger cette notion dans l’étude des loisirs
sportifs de nature. Notre exposé se donnera pour objectif de présenter au préalable les limites
à cette entrée économique concernant ce secteur de pratiques à partir du moment où le plein
air n’est pas qu’un produit, que les pratiquants ne sont pas tous des clients et que les données
d’observation ne peuvent se réduire à une connaissance commerciale. Dès lors, la manière
d’aborder la relation avec le pratiquant ne se définit pas de la même façon selon les acteurs
engagés dans la gestion et le développement des pratiques sportives de nature et la conception
qu’ils ont de l’observation et du plein air. Une autre approche de l’économie est présente que
l’entrée par le territoire permet par exemple d’observer. De même, la lecture des pratiques du
public permet de montrer la diversité des secteurs de pratique dans lesquelles ils sont engagés.
On observe aussi une modification temporelle de leur culture de consommation qui produit un
impact dans la manière de penser les aménagements et les prestations. Il importe aussi de
prêter attention aux valeurs à partir desquelles ils observent d’une certaine façon les biens de
consommations et définissent la pratique légitime. Bref, la vision économiste de la filière des
loisirs sportifs de nature reste bien réductrice pour en comprendre les principes de
fonctionnement.
Le développement des sports de nature progresse dans le monde. Nombreux sont les
indicateurs qui nous permettent d’observer ce phénomène. Au niveau de l’offre, l’équipement
de la nature est exponentiel, la création d’associations se multiplie, les distributeurs de
matériels sont de plus en plus nombreux et leurs chiffres d’affaires augmentent constamment.
Pour prendre un autre exemple, on dira que les prestataires en loisirs sportifs ne sont pas en
reste de cette dynamique. En parallèle, on observe un engouement des citadins pour la vie en
milieu rural, un attrait pour les pratiques sportives de nature durant le temps du loisir et un
succès remarquable des rencontres sportives en plein air (informelles et formelles) que ce soit
en tant que spectateurs ou pratiquants. Bref, le temps semble loin où ce secteur était accaparé
33
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
par quelques passionnés, aventuriers, guides et institutionnels. Les enjeux sont aujourd’hui
considérables aussi bien au niveau économique pour de nombreuses entreprises, au niveau
institutionnel pour les différentes fédérations du plein air que territorial pour la plupart des
régions. La marchandisation forte des sports de nature est bien dans l’air du temps. Elle a
commencé avec la mise en place des différents plans neige et mer dans les années 60 en
France ; elle se poursuit aujourd’hui avec les nombreux aménagements et créations de
produits qui émergent ici ou là. La valeur économique des espaces de nature a connu un
transfert (dans certains cas) et une bonification (dans d’autres cas) par la mise en marché des
sports de nature en ces lieux.
En observant d’une focale encore plus fine l’univers des pratiques, on peut facilement
se rendre compte que les activités les plus pratiquées en nature s’inscrivent en dehors de
toutes prestations. Les différentes formes de randonnée estivales et hivernales, les activités
aquatiques (baignade, planche à voile, surf,…) la spéléologie, l’alpinisme, le parapente, les
cyclo-pratiques, les pratiques de courses à pied (trail, cross, jogging), les activités
motorisées,… sont réalisées en toute liberté et sans avoir à payer une quelconque prestation
financière. Elles constituent la majorité des activités de loisirs sportifs de nature. Elles
génèrent sans nul doute des retombées indirectes au niveau de l’hôtellerie et de la restauration
34
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
lors des déplacements dans le cadre de courts et longs séjours, mais au regard du temps de
pratique global réalisé à proximité de son domicile ou sur sites touristiques, la part marchande
reste insignifiante. Bref, le propos consiste ainsi à soutenir l’idée que le marché n’occupe
qu’une faible part par rapport à l’ensemble des pratiques réalisées au quotidien ou sous forme
touristique. Les pratiques en stations sportives de montagne proposant un produit global en
hiver se présentent de ce fait comme une exception qui n’a pas son équivalent durant la saison
estivale et les autres saisons. De nombreux opérateurs dans les grandes stations de ski ferment
ou souhaitent interrompre leurs activités durant l’été par manque de retombées financières.
Bref, la dynamique du loisir s’inscrit dans son ensemble sur un espace non-marchand si l’on
prend comme élément d’étude la fréquentation des lieux d’activité par le pratiquant.
Si ce constat permet de relativiser la place du marché dans l’univers des loisirs sportifs
de nature, a contrario il apparaît évident que le chiffre d’affaires généré par ces
consommations sportives et activités associées est en nette croissance. Les études réalisées par
B. Michon et F. Ohl (1989) sur le coût des pratiques chez les français montrent bien que les
loisirs sportifs de nature coûtent chers et que l’achat de matériels et le déplacement sur les
sites occasionnent des dépenses importantes. La tendance ne va pas en s’inversant si l’on
observe la prodigieuse progression du marché des équipements sportifs de nature, la
technologisation exponentielle des pratiques et la tendance à la multi-pratique qui nécessitent
à chaque fois du matériel adapté et spécifique. De même, les aménagements induisant des
pratiques payantes sont de plus en plus nombreux (via ferrata6 , parcs sportifs de nature,
espaces ludiques, événementiels, bassin d’eaux vives), les locations de matériels progressent
(kayak, VTT, matériels de canyon et de via ferrata,…) et l’offre de produits proposés par les
prestataires ne diminue pas.
6
Randonnées aériennes sur grande falaise équipées de câbles ferrés pour la sécurité.
35
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
en quatre cercles concentriques autour d’un site touristique de nature : l’indoor, l’aroundoor,
l’outdoor et le wildoor7 . Le phénomène marquant étant la forte excroissance des pratiques in
(à l’intérieur du site) et aroundoor (à la périphérie) caractérisées par leur marchandisation. La
poursuite de « l’urbanisation » des pratiques au sein des espaces de nature est d’actualité
modifiant par-là les usages de la nature sur les lieux de vacances et les pratiques
professionnelles. La station des Arcs en France est un bel exemple parmi d’autres de cette
situation où l’activité commerciale générée par ces pratiques (cirque, escalade, activités de
forme, piscine, golf, tennis,…) est largement dominante produisant un effet géographique8
remarquable sur l’identité de ce site de nature.
7
Nous empreintons cette notion à Ph. Bourdeau (2003) qui a prolongé le tryptique pour spécifier le degré
d’engagement dans la grande nature.
8
Au sens de Debarbieux (1997)
9
cf article jean Corneloup (2002) sur les risques
10
Pour prendre un exemple canadien, il apparaît que ces centres de vacances sont extrêmement nombreux au
Québec ainsi que dans d’autres pays.
11
Union ces centres de plein air (UCPA), club méditerranée (Clud med), Villages, vacances, familles (VVF),
Union française des centres de vacances (UFCV), comité d’entreprise (C. E.).
36
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
la place centrale occupée par le marché des loisirs sportifs. C’est dans ce secteur que la
marchandisation des pratiques est la plus forte au niveau des prestations proposées ; il
constitue la forme la plus intégrée du management de l’action sportive autour duquel se joue
la réussite des structures et le développement des territoires de pratique.
Pour conclure cette partie, le propos consiste à montrer que la dynamique du plein air
fonctionne sur cette ambiguïté perpétuelle construite sur cette interface entre le formel et
l’informel, le marchand et le non-marchand, le payant et le gratuit. Si la part des pratiques
instituées et marchandes progressent, il en est de même des pratiques sauvages, réalisées en
autonomie, en dehors des formes institutionnelles. La multiplication des types de pratique se
généralise aujourd’hui permettant ce passage entre ces deux univers en fonction des pratiques,
des moments de l’année et des formes sociales d’activité (seul (e), en groupe, en famille,…).
Cette logique du mixage est d’autant plus présente dans ces espaces de l’entre-deux, à
l’exemple des stations de sports d’hiver et autres stations sportives de nature en devenir, qui
laissent une forte place à l’action autonome de l’individu dans sa pratique12 . En échange d’une
prestation de remontées mécaniques (par exemple), le pratiquant est libre de son activité et de
composer lui-même sa territorialité sportive… Bref, se pose la question de la capacité à
construire une lecture globale qui intègre les spécificités du loisir sportif de nature.
Pour dépasser les approches globales qui ne permettent pas une analyse affinée et
diversifiée, on peut envisager de considérer la filière des loisirs sportifs de nature comme
étant composée de secteurs qui participent à spécifier la relation à la nature, au marché et à
l’institution. Des variables telles que l’accès libre ou payant, l’encadrement ou non et
l’organisation territoriale faible ou forte permettent de qualifier les secteurs de pratique qui
composent l’espace des loisirs sportifs de nature. Le ski de randonnée en individuel s’inscrit
ainsi dans le secteur des pratiques libres, gratuites et faiblement aménagées à la différence
d’une prestation en via ferrata qui s’inscrit dans le secteur des pratiques encadrées, payantes et
fortement aménagées. Bien souvent, la caractéristique de ces secteurs dépend de la présence
ou non des acteurs du loisir sportif qui oeuvrent à son organisation et à son développement
12
On a ici une spécificité française qui ne se retrouve pas dans d’autres pays où une gestion plus forte des
pratiques est présente avec l’existence de patrouilles des pistes par exemple.
37
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Enseignants
Fabricants Hôtellerie Prestataires Centres Fédé- Collectivités Educateurs
SecteurCaractéristiques Distributeurs Restauration d'équipement B. E. intégrés rations territoriales Eco-acteurs
Pratiques libres
et gratuites dans
1 un lieu de nature
Pratiques libres
et gratuites sur
2 site aménagé
Pratiques libres
et payantes sur
site faiblement
3 aménagé
Pratiques libres
et payantes en
4 station sportive
Prestations
encadrées et
payantes (pluri-
5 nature)
Activités
encadrées en
club, centre local
6 et école.
Produits intégrés
en centres
7 touristiques
Pratiques
compétitives en
8 club fédéral
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Dans la poursuite du propos, il est possible de noter une différence entre les acteurs
fortement investis dans l’aménagement et le développement et ceux qui proposent des
prestations sur les aménagements publics, associatifs et fédéraux réalisés dans un secteur
donné. L’entretien des chemins de randonnée, la construction de routes d’accès,
l’aménagement des bords de lacs, l’équipement de sites (escalade, via ferrata, canyon,…), le
développement d’animations locales, la gestion des refuges sont quelques exemples
d’activités d’aménagement en fonctionnement ou en investissement réalisées par des acteurs
institutionnels, associatifs ou individuels qui profitent à des professionnels du tourisme et du
loisir sportifs. Les logiques d’action des acteurs en loisir sportif ne se réduisent donc pas à une
entrée par le marché pour en comprendre la valeur. Des intérêts et des modes de gestion
divergentes sont observables qui participent à produire des écarts intra et inter-secteur et, des
externalités géographiques et sectorielles (positives ou négatives). Celles-ci sont aujourd’hui
l’enjeu de multiples tensions à l’image du financement des secours ou de certains
équipements et accès sportifs qui produisent des controverses sociales.
Cette lecture de cette filière via les secteurs de pratique permet de relativiser la place
du marché défini sous la forme d’un jeu d’échanges libres et uniformes entre une offre et une
demande13 . Des économies divergentes et des jeux complexes de liens et de régulation
apparaissent qui nous éloignent d’une approche fordiste et instrumentale de cette filière. Les
références à la sociologie économique permet de montrer la présence d’une « économie de
qualité » (Chiffoleau, Laporte, 2004) qui participe à organiser les échanges marchands autour
d’un flou créé par l’incertitude de la valeur des biens Dans le cadre d’une économie de biens
immatériels (prestations touristiques par exemple) et matériels (équipements sportifs divers),
la définition de la valeur du bien s’inscrit dans un jeu social au sein duquel intervient de
multiples intermédiaires, médiations, codes professionnels et évaluation différentielle du bien
par le pratiquant en fonction de son positionnement dans l’activité14 . La notion de champ
(Bourdieu, 1987) se présente ainsi comme étant extrêmement pertinente pour montrer le rôle
de l’espace des positions sociales, des réseaux sociaux, des cultures professionnelles et des
13
L’approche par la théorie néo-classique de l’entreprise (Guerrien, 2002) et par la théorie de l’agence (Jokung
et al, 2001) permet de prendre ses distances avec une vision simplifiée du marché construite sur la modèle de la
micro-économie classique de la firme. Dans le cadre de la filière du loisir sportif, de nombreuses relations
asymétriques, des pratiques associatives, fédérales et solidaires viennent remettre en cause la vision d’une
construction de la filière par le marché.
14
Cochoy (1999) montre très bien l’impact de la médiation marchande et du marketing sur le fonctionnement du
marché.
40
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
effets de statut (Polanyi, 1993) dans la manière dont se construisent les secteurs sportifs. Sous
un autre angle, les travaux de Bouhaouala (2002) permettent de montrer comment
s’organisent les jeux professionnels dans une région de montagne nous éloignant d’une vision
économiste du marché et de la prestation. Une organisation sociale du jeux d’acteurs participe
largement à bouleverser la vision parfaite de celui-ci que l’étude des micro-mentalités permet
d’observer. La détermination du prix, du rapport commercial à la pratique et du produit ne se
comprend pas par rapport à une logique de marché mais bien en fonction de la forme de
développement entrepreneuriale et territoriale au sein de laquelle le professionnel veut se
situer. On observe ainsi un encastrement de l’économique dans le social (Polanyi, 1993) et
dans l’univers des cultures professionnelles (Corneloup, 2002a) en fonction des préférences
sportives, marketing, écologiques ou encore managériales affichées.
L’économie plurielle pour reprendre les propos de différents auteurs (Passet, 2000 ;
Loquet, 2004) est aussi une des caractéristiques de cette filière au sein de laquelle, en plus des
logiques institutionnelles, fédérales et informelles multiples que l’on peut observer, s’élabore
une économie sociale et solidaire qui participe à repenser la vision du marché (Laville, 2005),
du tourisme et du loisir (Espaces, 2004). Le développement des P. N. R. (parc naturel
régional) en France, le tourisme associatif, les pratiques libertines, le tourisme solidaire et
responsable sont quelques exemples de ces variations économiques qui viennent limiter
l’entrée standard par l’économie de marché pour comprendre le fonctionnement de cette
filière.
41
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
participent à organiser les jeux de sens et les logiques sociales au sein de cette filière avec
pour effet de produire un marquage culturel des biens de consommation (Corneloup, 2003).
Les cultures sportives de nature s’approprient les biens de consommation pour en faire des
biens culturels et des objets-signe en fonction des logiques sociales engagées. Le détour par le
marketing culturel (Corneloup, 2004) s’impose ainsi aux acteurs économiques parce que le
marché n’est qu’un élément d’intermédiation entre l’usager et l’espace des loisirs sportifs de
nature. Une autre entrée permet de montrer que l’acte de consommation dans les loisirs
sportifs de nature ne peut se réduire à un simple échange marchand que ce soit dans le cadre
d’une prestation avec un guide de montagne (Bourdeau, 1991), un vendeur chez Décathlon
(Ohl, 2004) ou dans le cadre des marchés intermédiés de l’occasion à l’image des trocs de
matériels sportifs (Chantelat, 2004). Bref, ces auteurs positionnés en sociologie économique
tentent de montrer la manière dont les actes et les objets de consommation s’inscrivent dans
des interactions sociales en référence à l’interactionnisme symbolique de Goffmann (1974)
pour dépasser la lecture instrumentale de l’échange marchand.
C’est aussi au niveau territorial que s’observe cette réalité sectorielle quand territoire
et marché combinent leur action dans le développement du loisir sportif de nature. Là encore,
le marché n’est pas la seule entrée possible pour analyser le fonctionnement de cette filière.
Le territoire, pensé comme un système touristique local (Marcelpoil, 1999), participe à
structurer le ou les secteurs qui se développent sur les sites de pratique. Des effets territoriaux
viennent ainsi bousculer la logique du marché par secteur de pratique. Les enjeux se
compliquent évidemment lorsque plusieurs secteurs sont présents sur un même espace de
pratique (pratiques libres, libres et payantes, encadrées sur parcours aménagé,…). Dès lors se
pose la question des liens existants entre les différents acteurs agissant sur un même territoire
permettant de définir l’espace commun partagé autour duquel se construit la régulation des
échanges entre les différentes parties prenantes. A l’exemple des stations de sports d’hiver
régies par une SEM (société d’économie mixte), une combinaison des actions publiques /
privées est observable sans que soit clairement définie la construction financière et politique
de cet « édifice touristique ». La question de la gouvernance (Gerbaux, Paillet, 1999) est ainsi
évoquée dans la manière d’envisager la gestion des secteurs de pratique en fonction de
l’ancrage territorial envisagé.
42
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
- d’une part, il faut reconnaître la présence d’un secteur scolaire, éducatif (les
mouvements de jeunesse) et social qui participe largement à la dynamique du plein air que
l’on aurait tort de sous-estimer. En relation avec le développement d’une autre conception de
l’économie (culture économique et sociale, tourisme diffus, culture écologique et alternative
du plein air,…), ce secteur qui s’inscrit dans l’ombre de la dynamique conjoncturelle
développe une autre vision des loisirs, de la nature et de l’autre en relation avec différentes
associations de nature (FRAPNA, Wilderness association, mouvement d’éducation à
l’environnement,…). Epousant les thèses du développement durable, une remise en cause de
la logique classique du marché et des territoires est perceptible qui pourrait dans les années à
venir s’imposer comme une force de développement importante. Le monde des éducateurs,
des acteurs en éco-loisirs et des enseignants participent largement à la socialisation et à la
construction de cette filière. Ajoutons que selon les pays, le poids des secteurs n’est pas
identique à l’image de la gestion du plein air au Québec où l’on s’aperçoit que le secteur
éducatif est fortement présent et visible à la différence de la France avec cette volonté de
transmettre une forte éducation au plein air.
– d’autre part, cette relation filière-marché peut se trouver bousculer par la résurgence
de la dynamique institutionnelle et étatique en France qui se perçoit par exemple au niveau
des collectivités territoriales (conseil général, CROS, DDJS, CDT,…15 ) via la mise en place
des CDESI16 , la labellisation des produits, l’attribution de subventions, la définition de
normes,… qui peut participer à réorganiser le jeu des acteurs dans le développement des
loisirs sportifs de nature. Sans doute, on ne peut sous-estimer l’effet produit par l’adhésion en
force des acteurs institutionnels, territoriaux et étatiques à la Charte du développement
durable en France qui par diffusion risque de modifier les règles de fonctionnement du
marché.
15
Comité régional olympique du sport français (CROS), comité départemental touristique (CDT), direction
départementale de la jeunesse et du sport (DDJS).
16
Les Comités départementaux des espaces, sites et itinéraires (CDESI) ont été pensés dans la perspective de
participer fortement à la décentralisation des différents services de l’Etat français.
44
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Pour renforcer la teneur des propos précédents, notre approche consiste à montrer que
les pratiquants, en plus de représenter une force culturelle d’action sur le marché (cf supra),
constituent une force politique que l’on ne peut sous-estimer dans la gestion de la filière des
loisirs sportifs de nature. En prenant l’exemple des pratiques sportives de montagne, on a pu
élaborer l’espace des opinions sportives. Les lieux de pratique sont l’objet d’une appropriation
différente en fonction des usagers et des formes de rapport aux pratiques, à l’autre, à la nature
et aux symboliques référentielles. Un jeu d’opposition est ainsi perceptible entre pratiquants
qui ne partagent pas tous la même vision de la nature, ne sont pas tous demandeurs des
mêmes rapports à l’ailleurs, à la sécurité, à l’engagement corporel… Au-delà de ces
marquages, il semble nécessaire de concevoir la nature comme un espace de tension où les
opinions sportives divergent dans la manière de définir la pratique légitime et l’orientation
culturelle, économique et sportive de cet univers. L’étude réalisée durant l’été 200217 permet
de visualiser les structures de l’opinion sportive en montagne (figure 2). Entre ceux qui
demandent plus d’aménagement, de pratiques ludiques et festives et ceux qui souhaitent que
la nature reste un espace sauvage, engagé et peu aménagé, des zones de tension sont
perceptibles. Des structures émergent qui représentent les méta-symboles organisant les jeux
d’opinion autour de deux axes : dramatisation / normalisation et ludisme / tradition. L’enjeu
ne consiste pas seulement à observer les jeux d’opinions entre usagers de la nature mais de
modifier la logique procédurale dans la manière de prendre des décisions. En effet, la nature
est l’objet de multiples discussions concernant sa gestion. Bien souvent, on considère que
seuls les experts ont les compétences pour prendre les bonnes décisions et définir les
orientations pertinentes.
17
L’approche théorique et méthodologique de cette enquête a été présentée dans une revue de sociologie
(Corneloup, 2004a).
45
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
LUDISME - CHANGEMENT 4
1
Plus de lieux de fêtes •
• Plus de pratiques culturelles et ludiques
2 3
TRADITION – REPLI
Axe 2 (Varimax)
On peut en quelques mots présenter la manière de lire cette A. C. P (analyse en composantes principales). autour des deux graphiques qui la composent :
le ciel (graphique supérieur) présente le cercle de corrélation au sein duquel va se répartir les symboles portés par les affirmations proposées dans
2 ; la terre (graphique inférieur) correspond aux variables du signalétique dans la perspective de préciser les liens avec le ciel p ar rapport
l’enquête 3 à la
distribution des symboles et avec les différentes variables (et indicateurs) présentés sur la terre. Schématiquement, on dira que les affirmations du
quadrant 1 sur le ciel (définissant les symboles) correspondent aux positions des individus situés dans le quadrant 1 de la terre (les valeurs). Idem pour le
quadrant 2…
46
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
2.4. Conclusion
18
Le positionnement des marques Quechua, Aigle, North Face, Odlo sur l’espace des styles de pratique permet
de montrer les relations qui peuvent exister entre la consommation de biens sportifs et les valeurs exprimées. Le
marché des biens de consommation s’inscrit dans un espace social plus large où se jouent d’autres jeux que les
seuls jeux de la distinction et du marketing commercial.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
sportif de nature qui ne s’inscrivent pas dans le même univers d’action. A cela, il faut ajouter
la force d’action du public qui participe à la production de ce marché, se joue de lui à certains
moments et n’en épouse que certaines facettes. D’un autre côté, le propos a consisté à montrer
que l’approche par le marché est insuffisante à partir du moment où le territoire est un acteur
et un régulateur sectoriel qui produit une autre logique de développement. Les effets
territoriaux produits s’observent lorsque émerge un marquage territorial qui impulse un style
local autour d’une identité affichée mais aussi en fonction de l’histoire des mentalités,
alliances, tensions et résistances locales qui agissent sur la logique du marché (Mao, 2003).
Dès lors, face à une concurrence de plus en plus forte et à une demande sociale en
transformation, la gestion territoriale des différents acteurs, parties prenantes de ce
développement local, devient un enjeu pour favoriser la production d’un capital local durable
(Corneloup, 2004). Ces deux logiques (marché et territoire) sont donc sans cesse en
mouvement dans la mise en forme de la filière des loisirs sportifs de nature dans une tension
perpétuelle entre le global et le local, le particulier et le général dans une configuration
rhizoïde. Dans cette conjoncture, nous avons montré que face à la montée de ces tensions et
de l’idéologie managériale (Gasparini, 2004) et pour tendre vers des décisions de meilleure
qualité, la prise en compte du public et de l’opinion sportive se présentait comme une
démarche nécessaire dans les années à venir pour renforcer la gouvernance des territoires de
pratique. Cette ouverture est d’autant plus judicieuse que les parties prenantes dans la gestion
de ces pratiques et de la filière se recomposent et doivent aussi être impliquées dans la
réflexion.
Sur un autre plan, si la conjoncture de ces 20 dernières années a été marquée par la
force d’action du marché, on peut penser que le mouvement associatif autour de l’émergence
de ce que Rifkin (2002) nomme le «tiers secteur » (économie sociale associative, coopérative
et mutualiste) est un secteur en recomposition. Il pourrait participer largement à la production
d’une force d’action fortement active dans les années à venir, à côté des multiples acteurs du
monde fédéral engagés sur la voie de la réforme. Cette dynamique est liée à l’émergence du
mouvement écologique et alternatif, des pratiques de développement personnel et des valeurs
communautaires et d’une autre approche de la responsabilité sociétale de certains acteurs de la
société (Capron, 2004 et Attac, 2003). Sans doute à cela, il faut noter que la culture du plein
air est de retour après le temps de la performance, de la compétition et du ludisme qui a
marqué les deux décennies de la fin du XX° siècle. On en revient à une approche globale des
pratiques de nature où l’épreuve retrouve des vertus, ainsi que la contemplation, l’esthétisme,
48
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revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
l’immersion dans la nature et toutes les pratiques d’éco-développement sans pour autant
remettre en cause les principes culturels des pratiques sportives de demain (Corneloup, 2004).
Après la vague du fun, des pratiques ludiques, des loisirs actifs de nature et des raids en tout
genre, voici revenir le temps des centres et des pratiques de plein air, ces vieilles notions qui
semblaient destinées à l’histoire et à l’oubli.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
nouvelles portées par des acteurs différents mais qui témoignent toutes de la pénétration de
cette logique économique :
- les acteurs du sport fédéral (club, ligues, comités régionaux, fédérations) souhaitent
connaître l’importance économique des sports de nature sur le territoire dont ils ont la
charge,
- les collectivités territoriales (départements ou régions principalement) souhaitent
mesurer l’impact économique d’une pratique ou d’une catégorie de pratiques - filière
(activités nautiques, équestres…) sur leur territoire veulent faire des sports de nature
un facteur de promotion du territoire et de développement (économique, social,
culturel…) local,
- les professionnels ou futurs professionnels du secteur s’interrogent sur les conditions
d’employabilité (question de la saisonnalité, de la bi-qualification…),
- les prestataires de tourisme et de loisirs sportifs souhaitent connaître les perspectives
d’évolution des marchés sur lesquels ils sont implantés et celles de développement de
leur activité à moyen terme.
L’une des premières finalités des travaux en économie des sports de nature est donc de
répondre à ces préoccupations. Mais aujourd’hui, la question porte sur la possibilité d’une
convergence de ces réflexions permettant d’envisager une analyse économique globale de ces
pratiques. Toutefois, plusieurs éléments freinent directement ou indirectement cette
convergence.
Le premier est lié à la relative nouveauté du champ. Bien qu’il soit difficile de le dater
précisément, les sports de nature se développent à partir du début des années 1980. Ces
pratiques sont donc en soit relativement récentes. C’est d’ailleurs en partie ce qui explique
aujourd’hui le dynamisme des recherches dont les sports de nature font l’objet. Mais l’étude
des sports de nature sous l’angle économique est encore plus récente. En effet, si on excepte
le cas des stations de sport d’hiver qui, très tôt, ont été confrontées à des logiques de
concurrence, de saisonnalité, de durabilité des emplois, de qualité d’accueil…, c’est
seulement à partir de la deuxième moitié des années 1990 que la lecture économique de ces
activités de nature émerge véritablement. Faisant le lien avec ce qui a été évoqué
précédemment, on peut ainsi supposer que le schéma selon lequel l’analyse économique s’est
introduite tardivement dans le sport se reproduit à l’échelle des sports de nature : finalement,
si les travaux liés à l’économie des sports de nature sont récents, c’est parce que les sports de
51
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
nature eux-mêmes sont récents. Il est donc sans doute trop tôt pour dire avec précision quels
sont les apports et les limites d’une analyse économique des sports de nature. Reprenant la
phrase de Rotillon (2006) : l’économie des sports de nature sera jugée à l’aune des résultats
produits. Mais si le faible nombre de travaux s’explique par cette relative jeunesse, il
s’explique aussi parce que les références culturelles associées aux sports de nature sont jugées
peu compatibles avec l’analyse économique.
En effet, la persistance d’un « frein culturel » à envisager les sports de nature sous
l’angle économique constitue un second élément d’explication. Cet élément renvoie à l’idée
partagée par nombre d’acteurs qui repose sur l’importance de la dimension non-marchande
des pratiques de plein air. Ceci est particulièrement vrai pour les pratiques ne nécessitant pas
une technicité importante, ni de risques particuliers et donc d’encadrement… Les sports de
nature sont ainsi synonymes de découverte, de plaisir, d’immersion dans un environnement
naturel préservé, partie prenante de l’activité. Cette conception de la pratique est partagée par
de nombreux acteurs. En outre, c’est ce désir de pratiquer un sport autrement qui explique
que, chaque année, plusieurs millions de personnes s’adonnent à ces activités de nature
contribuant ainsi à leur succès. Pour certains des acteurs qui évoluent dans le domaine des
sports de nature, cette conception de la pratique rend impossible la volonté de soumettre les
sports de nature à une quelconque analyse économique. Au risque de forcer un peu le trait,
appliquer le filtre économique reviendrait pour ces acteurs à dénaturer ces activités. On admet
bien volontiers que les sports de nature présentent des spécificités qu’il importe de préserver.
Il semble toutefois qu’une meilleure compréhension des logiques économiques propres à ce
secteur permette de répondre à certaines préoccupations d’acteurs de terrain et ne soit pas de
nature à «pervertir » ces pratiques. S’engager dans une telle analyse ne revient pas non plus à
militer pour un développement inconsidéré des sports de nature (se traduisant par exemple par
une modification durable de l’environnement, à un « bétonnage de l’espace ») dont le but
serait de séduire un nombre sans cesse croissant de clients (effets pervers du tourisme de
masse)…
Un troisième élément opposé à l’analyse économique des sports de nature concerne le
potentiel explicatif de cette discipline. Corneloup (2006) souligne ainsi qu’adopter un point de
vue strictement économique revient à avoir une vision réductrice des logiques qui sous-
tendent les sports de nature. Cela va sans dire… Il est évident que les logiques spécifiques aux
sports de nature ne peuvent être appréhendées par le seul prisme économique (surtout si
l’analyse économique se limite à la seule notion de marché, comme le dit justement Rotillon
(2006)). Mais cette remarque vaut également pour les autres. En effet, adopter un point de vue
52
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
comme une simple « application » des outils théoriques de l’économie à un secteur spécifique
(ici les sports de nature). La seconde privilégie une économie des sports de nature qui
s’affranchirait progressivement de la tutelle d’une discipline-mère (l’économie) pour gagner
en autonomie. Sans entrer dans des considérations épistémologiques, il semble que cette
réflexion soit finalement similaire à celle encore développée aujourd’hui en sciences et
techniques des activités physiques et sportives (STAPS) : cette section universitaire est-elle
un «simple » agrégat de disciplines prenant le sport pour objet de recherche ou présente-t-elle
des spécificités favorisant son autonomie ? S’agissant des sports de nature, bien que les
références aux théories économiques apparaissent indispensable, il semble que
l’autonomisation progressive de l’économie des sports de nature soit une étape importante et
constructive. En effet, la seule déclinaison des connaissances économiques aux sports de
nature apparaît réductrice et postulerait surtout que seuls les économistes (c’est-à-dire les
chercheurs appartenant à la 5ème section universitaire) peuvent produire des travaux d ans
ce domaine. C’est ce que souligne Rotillon (2006). Mais si c’était le cas, pourquoi cette
question ne se pose-t-elle pas pour les autres approches ? Les géographes (appartenant à la
23ème section) ne sont pas les seuls à produire des travaux liés à la géographie des sports de
nature, les historiens (22ème section) ne sont pas les seuls à publier des articles sur l’histoire
des sports de nature, etc. Réfléchir en ces termes ne permet sans doute pas de créer les
conditions à un développement accru des travaux portant sur les sports de nature et ce
d’autant qu’ils constituent un objet de recherche mineur pour ces sections universitaires.
L’examen de la littérature fait dire à Rotillon (2006) qu’aucun article portant sur les sports de
nature ne permettrait d’être qualifié et recruté en 5ème section. N’est-ce pas justement là le
signe que les enseignants-chercheurs travaillant sur les sports de nature et sur l’économie des
sports de nature en particulier n’ambitionnent pas d’être considérés comme des «économistes
purs » mais visent plutôt à construire un corpus de connaissances spécifiques ? Car si on
arrive à inverser le point de vue, on peut reconnaître qu’il existe des revues francophones et
anglophones permettant de publier des recherches dans le domaine des sports de nature et
d’être qualifié et recruté en géographie, en STAPS, en sociologie… La non-reconnaissance de
ces revues en économie n’est peut-être pas le premier indicateur permettant de conclure que
les travaux en économie des sports de nature sont peu nombreux (même si par ailleurs, on ne
peut qu’espérer à l’avenir un accroissement du nombre de recherches dans ce domaine).
On voit bien là que la constitution d’une économie des sports de nature n’est pas chose
aisée. La constitution d’un tel corpus semble toutefois utile afin notamment de répondre aux
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
interrogations des acteurs. Mais cette dimension de recherche appliquée (ou recherche-action)
ne constitue pas (ou ne peut pas constituer) la seule motivation. Conduire une recherche plus
« théorique » constitue un objectif à part entière. Il s’agit dès lors d’élaborer un socle sur
lequel fonder ces recherches. Or, aujourd’hui, si les références théoriques (sociologie de
Bourdieu, du sensible, approche interactionniste…) semblent relativement bien identifiées
pour l’analyse sociologique de la pratique sportive de nature (Corneloup, 2002) par exemple,
il semble que ce support théorique ne soit pas aussi mûr en ce qui concerne l’approche
économique. Il reste donc à poursuivre et à renforcer cette réflexion…Quatre orientations
principales de recherche (non-exhaustives) peuvent être distinguées et peuvent servir de cadre
préalable à cette réflexion.
55
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
view). Cette logique de développement par le bas (Pecqueur, 2000) fondée sur des éléments
propres au territoire (endogènes) s’oppose au modèle plus ancien de développement territorial
basé sur des ressources extérieures au territoire (paradigme du développement par le haut
caractérisé entre autres par une intervention importante de l’Etat). Selon ce modèle de
développement par le bas, chaque territoire doit tenir compte de ces propres caractéristiques
(forces/faiblesses) et d’un environnement qui lui est spécifique (menaces/opportunités) afin de
construire sa propre stratégie. A l’heure actuelle, la constitution d’un véritable socle théorique
sur lequel fonder une recherche appliquée aux sports de nature reste largement à développer.
Pour cela, on pourra s’inspirer des travaux analysant de manière plus générale les conditions
du développement local : Baptista, Peter Swann (1999), Belleflamme, Longhi, Spindler
(2000), Benko, Lipietz (2000), Demazière (1996), Englmann, Walz (1995), Greffe (1992),
Morvan, (2004), Picard, Thisse (2000), Vachon (2000), Zimmermann (2002) sont quelques
pistes. Plusieurs travaux en matière de tourisme et de loisirs sportifs s’inscrivent dans cette
réflexion : Augustin (1997), Augustini, Bessy (2004), Baconnier, Savy (2004), Bessy, Naria
(2004), Bouhaoula, Corneloup, Vachée, Soulé (2003), Corneloup (2003), Richez, Richez-
Battesti (2004)…
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
légitimité (cette intervention est-elle souhaitée par les différents acteurs ?, se fonde-t-elle sur
des valeurs partagées ?), sa légalité (cette intervention est-elle réalisée dans un cadre juridique
établi ?), son efficacité (l’intervention publique permet-elle d’atteindre les objectifs fixés ?) et
son efficience (rapport entre l’efficacité de l’action publique et son coût). Voir notamment
Bayeux, Chazaud (1997, 1998), Boudières, Gerbaux, George-MarcelPoil (2004), Gerbaux
(1999), Gerbaux, Boudières, Marcelpoil (2004), Hautbois (2004)…
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
(1993a, 1993b, 1994a, 1994b, 1995, 1997, 1998, 2001, 2004, 2005), Corneloup (2005),
Fontugne (2004), Hillairet (2003), Noiret (2004), Peaudeau, Richebé (2002), Perrin (2005)…
Enfin, le dernier volet de l’économie des sports de nature, celui qui apparaît comme la
« partie émergée de l’iceberg » tant il semble au cœur de la plupart des travaux, est relatif à
leur impact économique. Ce dernier volet est développé dans le point 3.2.
58
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Les mesures d’impact économique constituent un outil important dans les stratégies de
développement du sport. Ils présentent toutefois plusieurs limites.
A – qui mesure ?
La première de ces limites peut provenir du statut de celui qui réalise les études
d’impact économique. La très grande majorité des études sont réalisées soit par les acteurs
publics eux-mêmes, soit par des structures privées (cabinets) à qui la sphère publique a
commandité l’étude, soit par des équipes universitaires (sur commande ou non des pouvoirs
publics). Or, toutes ces structures n’ont pas les mêmes modalités de fonctionnement, ni les
mêmes objectifs. Sans présenter les choses de manière trop manichéenne, dans le cas où ce
seraient des cabinets qui réalisent la mesure d’impact, ces derniers se situent dans une relation
client-prestataire de services. C’est donc la capacité de ce cabinet à répondre à la demande qui
permet le développement de son activité et qui nourrit l’espoir d’obtenir de futurs contrats.
Les expériences menées en matière de mesures d’impact économique montrent que cette
relation de dépendance financière n’est pas sans conséquence sur la nature des résultats
obtenus. Ce fut par exemple le cas pour l’étude sur l’impact économique des Greenbaypakers
(football américain) réalisée par le cabinet PricewaterhouseCooper ou celle de l’Olympique
60
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
de Marseille. Ce peut-être également le cas lorsque des pouvoirs publics se portent candidats à
l’accueil de grands évènements sportifs et qu’ils souhaitent utiliser les chiffres de l’impact
économique de ce futur évènement afin de fédérer les partenaires et de convaincre les
décideurs comme ce fut le cas récemment en France.
Le positionnement de la sphère publique peut également avoir une importance dans la
mesure où c’est elle qui fournit parfois certaines données utilisées ensuite par celui qui réalise
l’étude. Ainsi, pour les JO de Los Angeles en 1984, ce sont les structures publiques (par
ailleurs commanditaire) qui avait fourni les chiffres quant aux effets sur l’emploi des JO. Cela
pose ainsi la question de la nature des données utilisées qui peuvent être soit de première ou
de seconde main.
B – quelle méthodologie ?
On perçoit donc bien là qu’il ne faut pas prendre pour argent comptant les résultats
chiffrés obtenus grâce à une étude d’impact économique : le chiffre ne dit pas tout…et à
l’inverse, on peut lui faire dire beaucoup de choses. Cette remarque vaut donc pour les études
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
d’impact économique mais plus généralement pour toutes celles qui visent à cerner un
phénomène en le quantifiant. Bien qu’utiles, les études d’impact économique ne doivent être
que l’un des instruments de décision ou de gestion. Ils ne doivent pas se substituer à d’autres
approches plus fines
Conscients de ces limites, certains experts couplent leur mesure d’impact économique
avec une approche de nature un peu différente : les analyses coûts-avantages. Il ne s’agit plus
ici de quantifier les choses mais de mettre en rapport l’intérêt et les contraintes liées à
l’accueil d’un évènement ou au développement d’une pratique sportive au sein d’un territoire.
Cette approche complémentaire présente le mérite de pondérer les données chiffrées des
études d’impact économique en apportant une lecture plus qualitative et en permettant par
exemple de donner la parole aux différents acteurs concernés par un projet.
62
Partie II : Revue de littérature, typologie, analyse et
mise en perspective des méthodes d’évaluation de
l’impact économique des sports de nature
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
- Atelier Technique des Espaces Naturels : Etudier la fréquentation dans les espaces
naturels (G. Delcourt, N. Guichard, 1999).
Le schéma ci-après présente les trois grands types de méthodes - a priori – in situ – a
posteriori - qui peuvent être mis en œuvre pour évaluer la fréquentation d’un espace :
Figure 1 : Les trois types d’étude de fréquentation applicable aux pratiques et territoires
touristiques et /ou sportifs de nature
2
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Le premier type d’étude de fréquentation, appelé « a priori », présente les travaux situés
en amont de la phase d’observation et d’étude des différentes pratiques touristiques et/ou
sportives. Ces travaux fournissent des cadres méthodologiques aux enquêtes de fréquentation.
Ils mettent en avant certaines modalités d’observation ainsi que les écueils à éviter. L’objectif
attendu est un meilleur ajustement de ces études.
Le second type concerne les travaux qui proposent des études de la fréquentation suite à
des enquêtes dites « in situ » ou « sur site ». Il s’agit de travaux effectués lors de manifestations
ponctuelles ou sur des territoires touristiques et/ou sportifs. Ces études sont généralement de
type quantitatif.
Le dernier type concerne les travaux effectués « a posteriori ». Ces études présentent
les résultats plus qualitatifs, grâce à des traitements statistiques, spatiaux ou sociologiques des
enquêtes par questionnaires ou par entretiens semi-directifs réalisées préalablement. Elles
viennent compléter les études de fréquentation dites « in situ ».
Certains travaux proposent, en amont des études de fréquentation en tant que telles,
différents protocoles visant à identifier et échantillonner des espaces où seront ensuite menées
des enquêtes sur site. Ces études ont un caractère expérimental et restent peu développées.
Sont retenus ci-après quelques exemples significatifs de ce type de travaux.
L’étude de l’AFIT (2000), intitulée « Fréquentation touristique des plages », propose
une méthode d’évaluation de la fréquentation à partir de l’étude de photographies aériennes
afin d’évaluer la surface potentiellement fréquentable par les touristes. L’étude de
fréquentation est ensuite réalisée par des comptages sur un échantillon de sites afin
3
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
d’extrapoler la fréquentation globale des espaces littoraux. Plus récemment, T.J. Tyrell
(« How many tourists were there ? », 2005), en s’appuyant sur des Systèmes d’Information
Géographique (SIG) et des outils de photo-interprétation, montre dans un contexte urbain,
l’applicabilité de ces méthodes. Cette approche peut, bien entendu, être transposée à d’autres
types d’espaces (montagnard, rural, etc.). L’ouvrage de A. Guillot (1997), intitulé « Test
d’une méthode d’évaluation de la fréquentation touristique », propose des pistes afin
d’étendre et de généraliser ce type de protocoles.
Il est aussi possible d’associer la question de l’impact environnemental à celle de la
fréquentation. C. Pellorce (1999, « Fréquentation touristique et impact sur le milieu naturel :
estimation grâce au SIG de l’espace perturbé ») propose une méthode associant cette double
approche. Il définit, grâce au SIG, des corridors biologiques de part et d’autre des linéaires de
sentiers, auxquels sont associées des données relatives aux volumes de fréquentation. Il
développe ainsi un indicateur de vulnérabilité du milieu naturel et réalise des scénarii
d’impact environnemental en faisant varier ou en diffusant les volumes de fréquentation.
4
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
6
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Ce tableau présente la diversité des protocoles utilisés selon les espaces naturels et
touristiques concernés et, par conséquent, l’écart entre les moyens à mobiliser (humains,
financiers ou en terme d’équipement) pour la réalisation de telles évaluations. Une enquête de
type Parc National (Vanoise, Ecrins ou Pyrénées in G. Delcourt, N. Guichard, 1999) est
estimée, pour une étude complète sur la période estivale (cf. tableau ci-dessus), à plus de
100 000 euros. Certains Parcs Nationaux réitèrent ce type de travaux tous les deux à quatre
ans.
Si ces méthodes s’appliquent à des espaces touristiques ou naturels dans leur ensemble
(tous types de fréquentation confondus), de nombreuses études ne concernent qu’une activité
ou pratique. Pour ne prendre que quelques exemples représentatifs, les randonneurs dans les
Aiguilles Rouges de Chamonix sont étudiés par T. Collomb-Clerc en 2002 ; les pratiques de
l’escalade et de la promenade sont analysées au sein de la forêt de Fontainebleau et des Trois
Pignons (in Institut d’Observation et de Décision, 1996) ; la fréquentation des refuges de
montagne dans le massif du Mont-Blanc (B. Haie, 1995) ou des Ecrins (Y. Reboul, 1992), la
fréquentation et l’aménagement des cavités spéléologiques (C. Gauchon, 1990), etc.
Dans de nombreux bassins touristiques, les taux d’occupation sont appréhendés par
des enquêtes régulières auprès des opérateurs d’hébergements touristiques. Ces sondages,
réalisés par les CRT, CDT (parfois en s’appuyant sur les enquêtes INSEE présentées ci-
après), OTSI ou observatoires locaux, visent à distinguer la capacité d’accueil (nombre de lits
marchands disponibles localement) avec les populations touristiques présentes localement sur
une période donnée et ayant recours à ce type de prestations.
Pour compléter cette donnée, de nombreux indicateurs (volume de farine livré chez les
boulangers, retraits bancaires, suivi de divers types de consommation, etc.) ont été testés pour
suivre, via une information facilement connue du gestionnaire, les évolutions des flux au sein
d’un espace touristique. Parmi ceux-ci, le plus communément employé est le volume
d’ordures ménagères collecté. Par exemple, l’Observatoire Touristique de Chamonix (B.
Prud’homme, Actes des sommets du Tourisme, 1999, 2000, 2001) utilise cette information
pour suivre le nombre de nuitées réalisées dans la vallée. Ce protocole permet d’estimer les
parts relatives des hébergements marchands (appréhendés grâce à une enquête auprès des
7
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Enquête auprès des visiteurs venant de l’étranger (EVE) : cette enquête a pour but de
connaître les touristes étrangers ayant voyagé en France. Menée avec le partenariat de la
Banque de France pour fournir une estimation du poste recettes de la ligne « voyages » de
la balance des paiements cette enquête succède aux enquêtes aux frontières dont les
dernières ont été réalisées en 1992, 1994 et 1996. Les voyageurs sont interrogés, au
moment de quitter le territoire français, sur leurs voyages, leurs séjours et leurs dépenses
en France. Cette enquête est menée par échantillonnage spatio-temporel sur tous les
modes de transports (route, air, fer, mer). Elle innove en particulier sur la route, la
collecte devant s’effectuer non plus aux points frontières, où il n’est plus possible
d’arrêter les véhicules, mais sur les aires de service des autoroutes. L’enquête, démarrée
en mars 2004, doit s’effectuer en continu, pour obtenir des résultats mensuels.
8
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Enquête « vacances » : enquête réalisée tous les 5 ans par l’INSEE dans le cadre des
enquêtes permanentes « conditions de vie des ménages », auprès d’un échantillon de
8 800 ménages, soit 20 000 individus. Par rapport à 1999, le questionnaire a été modifié.
L’enquête portait essentiellement sur les séjours de longue durée (au moins 4 nuitées) et
distinguait séjours d’été et d’hiver. L’enquête de 2004 porte sur les déplacements d’au
moins deux nuits pour raison d’agrément. Elle renseigne également sur les causes de non-
départ en vacances. Avant 1999, cette enquête était réalisée tous les ans en mai et en
octobre. Elle a été remplacée par le SDT dans cette fonction de suivi conjoncturel.
Enquête annuelle d’entreprises dans les services : menée annuellement par l’INSEE
dans le cadre général des enquêtes auprès des entreprises, cette enquête renseigne sur la
structure des entreprises et leur activité économique (chiffre d’affaires…).
La méthode des flux correspond à une étude de la fréquentation globale d’un territoire
donné. L’objectif est de quantifier quotidiennement les nuitées réalisées par l’ensemble de la
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Figure 2 : Exemples de graphiques réalisés à partir de la méthode des flux «BET François
Marchand » - Département du Var
(Source : http://www.flux-touristiques.com)
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Une méthode innovante est en cours d’expérimentation par le bureau d’études BET
François Marchand. Elle s’appuie sur l’analyse d’informations fournies par les opérateurs de
téléphonie mobile permettant d’évaluer les flux de fréquentation et de suivre spatialement les
déplacements touristiques (pour plus d’information cf. http://www.flux-touristiques.com ; une
publication présentant cette méthodologie sera prochainement diffusée dans la revue Espace).
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
1.3.2. Appréhender les styles de vie et de pratiques touristiques ou sportives dans leur
diversité
L’analyse des styles de vie a trouvé diverses applications dans le domaine marketing
et économique (ces modèles ont été principalement réalisés par le Centre de Communication
Avancée - Groupe Havas et la COFREMCA). G. Mermet propose une « Francoscopie, 1985 »
basée sur une typologie distinguant les individus par rapport à leurs logiques et formes de
consommation. Il définit une segmentation de la population française en cinq grands styles
de vie, eux-mêmes subdivisés en 14 socio-styles :
- les cinq grands styles de vie des Français sont « les Matérialistes », « les Ego-
centrés », « les Rigoristes », « les Décalés », « les Activistes » ;
- subdivisés en 14 socio-styles que sont « les profiteurs », « les dilettants », « les
libertaires », « les frimeurs », « les vigiles », « les entreprenants », « les militants », « les
exemplaires », « les utilitaristes », « les attentistes », « les conservateurs », « les
moralisateurs », « les responsables » et « les défensifs ».
Il oppose les individus par rapport à deux axes (références implicites aux valeurs et
normes culturelles et aux processus distinctifs) :
- le Conservatisme (Tradition) s’opposant à l’Aventurisme (évasion, [post- ?] modernisme) ;
- la Rigueur (matérielle et morale) s’opposant à la Jouissance (consommation, matérialisme)
Même si ces analyses ont donné lieu à différentes critiques (Valette-Florence, 1994),
elles permettent d’associer aux seules variables socio-démographiques, de multiples autres
« indicateurs » afin de catégoriser les individus.
Plus proche du champ sportif de nature, la même méthode a été appliquée en 1996 aux
pratiques touristiques des Français. Six styles de vie structurent les consommations des
individus durant leurs congés :
- les « nouveaux itinérants » curieux d’aventure, d’espace et de nature ;
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Figure 3 : Exemple de définition de socio-types grâce à l’utilisation d’une A.F.C. suite à une
enquête par questionnaire (les pratiquants français de vol-libre en 1994)
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
A la suite des travaux de C. Pociello (1981) sur les approches socioculturelles des
pratiques sportives, cette grille d’analyse a été utilisée pour appréhender de nombreuses
activités : pour les pratiques d’eau vive (A. Lapierre, 1981), pour l’escalade (J. Corneloup,
1991 et 1995 puis P. Bourdeau, 1995), pour la multi-activité montagne (P. Mao, 2002) ;
pour l’alpinisme (B. Lefèvre, 2002) ; pour le vol-libre (D. Jorand, 1995 et 2000), dans la
pratique du V.T.T. et plus largement le vélo (J. Gamond, 1995 et D. Boichut, 1997) ; dans le
tourisme équestre (L. Mory-Lassus, 1995) et pour le canyoning (M-F. Rigolet, 1995).
Dans toutes ces approches, deux groupes d’informations distinctes sont recherchés
afin de caractériser le profil type des sportifs enquêtés : variables socioculturelles et
socio-sportives. L’objectif de l’enquête est de mettre en perspective ces deux types de
modalités, en recherchant les variables structurantes dans l’analyse des styles de vie.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Enfin, il faut noter l’émergence d’une méthode innovante, conçue par S. Chardonnel et
A. Mignotte (2004). Cette méthode tente d’apporter une réponse adéquate aux trois enjeux
propres à l’observation des sports de nature dans le cas d’espaces protégés (G. Delcourt, N.
Guichard, 1999) :
§ mieux connaître les visiteurs en terme de nombre de pratiquants, de temporalités de
pratiques, d’attentes, de motivations, de niveaux de pratique, etc. ;
§ comprendre cette fréquentation dans ses modalités concrètes de réalisation et
d’organisation dans l’espace afin d’anticiper sur ses évolutions possibles, sur les
tendances à venir ;
§ inscrire l’espace protégé dans son environnement socio-économique, dans le sens
où l’espace naturel protégé, par sa connaissance des pratiques sportives, va chercher à
s’affirmer comme un acteur du territoire à part entière.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
L’étude comporte une partie quantitative, avec le comptage des pratiquants via
l’utilisation de tapis compteurs, estimation corrigée suite à des comptages visuels.
La seconde partie est d’ordre qualitative avec
- d’une part, la réalisation d’une enquête par questionnaires sur les motivations,
les représentations et modes de consommation des usagers liées à leur pratique
de la randonnée dans les espaces protégés ;
- d’autre part, l’établissement d’un carnet de bord, agrémenté d’une carte du
réseau , rendant compte de la trajectoire (datée et spatialisée) de la randonnée
(c’est-à-dire de l’emploi du temps et de l’espace de la personne interrogée). Ceci
est ensuite traité grâce à un logiciel informatique appelé CDV-TimeSpace
(Cartographic Data Visualization for Time Space Data) afin d’obtenir une
visualisation cartographique dynamique des itinéraires utilisés.
-
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Cette approche est basée sur des indicateurs socio-économiques simples et descriptifs.
Les informations présentées dans le tableau ci-après ont été rassemblées via l’analyse de
bilans d’activités complétée par différents entretiens semi-directifs menés auprès des porteurs
de projets ou des gestionnaires de sites.
1
Chapitre co-rédigé par Pascal Mao, Philippe Bourdeau et Christopher Hautbois
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Les études de cas rassemblées dans ce tableau présentent aussi bien des lieux ayant
une emprise spatiale réduite, délimitée et dédiée à une activité ludo-sportive spécifique
comme :
- les stades d’eau vive, rivières naturelles aménagées ou rivières artificielles
proposant un panel d’activités d’eau vive (voir exemple du parc Hunningue -
Aubagne, Tilly, 1994) ;
- via ferrata, itinéraires tracés dans une paroi rocheuse, équipés d’éléments
spécifiques -échelons, rampes, câbles, etc.- et destinés à faciliter la
progression et à optimiser la sécurité des pratiquants (voir données
économiques in Bourdeau, 1998) ;
- parcours acrobatiques en forêt, espaces de loisirs en milieu boisé comportant
différents agrès permettant de cheminer d’arbre en arbre (voir analyse de la
filière in Rosay, 2000) ;
que des espaces ayant une large emprise spatiale, ouverts et permettant une multi-activité
sportive :
- espace de randonnées de type « Retrouvance », concept initié depuis 1996
par le service départemental des Hautes-Alpes de l’Office National des
Forêts, dans les vallées des Préalpes du Buëch et du Dévoluy, qui consiste en
la création d’un produit touristique reposant sur la réhabilitation et la mise en
réseau de cinq gîtes d’étapes reliés par des sentiers de randonnées (sources :
plaquettes de promotion du projet réalisées par l’ONF, bilans d’activité
annuels et site Internet http://www.retrouvance.com) ;
- ou encore d’Unité Touristique de Pleine Nature du Chassezac. Le concept
d’UTPN définit un cadre d’action qui a pour ambition de devenir un modèle
de gestion pour des espaces ruraux basant leur développement sur les
pratiques sportives de nature. L’aménagement en Lozère, dans le canton de
Villefort, de « l’Espace Aventure des Gorges du Haut-Chassezac » a servi
d’opération pilote à ce projet.. (voir pour une analyse complète du projet et
ses retombées économiques et territoriales - Fontugne, 2000 et Ribot, 2000).
19
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Tableau 7 : Étude de cas communale chiffrée : la via ferrata des Vigneaux en 1996
En s’appuyant sur des approches marketing des produits sportifs, il est possible
d’appliquer ce même type d’approche à de nombreux espaces sportifs commerciaux.
L’analyse de G. Lacroix (2002) sur les Structures Artificielles d’Escalade (SAE)
commerciales en est un bon exemple.
20
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
2.1.3. Un bilan comptable consolidé d’un espace sportif et de son impact territorial
C (différence entre A et B) :
Injection nette réelle dans l’économie granvillaise
Territoire considéré
(Hautbois, 2003)
Cadrage méthodologique proposé par C. Hautbois : les montants ont été obtenus à l'aide
du compte de résultat du CRNG pour l'exercice 2000 mais aussi essentiellement par l'examen
des 9 000 factures du Centre pour cette même année (environ 4 500 factures clients et 4 500
factures fournisseurs). Au cours de l'analyse, les factures ont été partagées en deux groupes :
Charges – Produits. Puis à l’intérieur de chacune de ces catégories, elles ont été répertoriées
selon les différents postes préalablement définis. Ce traitement des factures par nature s'est
accompagné d'un traitement par origine géographique. L'indicateur de cette variable « origine
21
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
géographique » a été fourni par l'adresse postale du participant mentionnée en tête de chaque
facture. Cette analyse conjointe a permis de connaître l'origine géographique des différents
flux monétaires imputables au CRNG, c'est-à-dire de déterminer parmi ces flux quels sont
ceux constituant soit une injection, soit une fuite pour le territoire.
N.B Pour chacun des marchés, la flèche en trait plein symbolise la relation de
l'Offre vers la Demande
retombées sur l'emploi induites par l'augmentation de l'activité des fournisseurs
du CRNG
répercussions
Marché de Ž MENAGES Marché de la sur l'emploi
- extérieurs à la pratique sportive pour les
l'emploi frais d'inscription
CCPG fournisseurs
extérieurs au
- appartenant à la territoire (non
CCPG impact éco. induit : dépenses locales des pris en compte
ménages
retombées
transfert de ressources
indirectes • SOCIETES ET ENTREPRISES
INDIVIDUELLES (fournisseurs de
salariés du CRNG biens et de services du CRNG)
Œ Marché
Œ
C.R.N.G. des
cotisations / licences C.R.N.G. - appartenant - extérieures à
C.I.*
à la CCPG la CCPG
SPHERE PUBLIQUE
- ville de Granville fuites
subventions C.C.P.G
4. Calcul des différentes injections (entrées de flux financiers dans le territoire liées à l’activité
de l’infrastructure *) ;
5. Calcul des différentes fuites (sorties de flux financiers dans le territoire liées à l’activité de
l’infrastructure ; les différents éléments pris en compte sont présentés dans le tableau ci-après ) ;
22
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
6. Réalisation du tableau de valeur ajouté (bilan mettant en perspective les injections et fuites
durant un exercice comptable de la structure pour le territoire étudié) permettant de dégager le
poids financier injecté par CRNG dans le circuit économique local.
INJECTIONS FUITES
POSTE MONTANT POSTE MONTANT
(en Francs) (en Francs)
Ainsi, les activités nautiques du CRNG, au cours de l'année 2000, ont engendré une
injection financière d’environ 1 836 227 F (279 900 €) au sein de la Communauté de
Communes du Pays Granvillais.
En conclusion, En référence au Schéma de mesure de l’impact économique du CRNG sur le
territoire granvillais :
23
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
publiques, les diverses entrées – sorties indirectes ou induites par l’activité sont prises en
compte. En outre, cette approche est facilement adaptable à d’autres contextes ou structures
sportives (territoire, filière sportive dans son ensemble, etc.) ; le seul frein étant la capacité de
l’observateur à rassembler l’ensemble des informations comptables nécessaires à l’analyse.
Ainsi, des variantes de ce protocole d’évaluation existent comme celle appliquée à la
collectivité territoriale de Saint-Gervais-les-Bains par J. Tuppen et T. J. James en 1993
(« modèle de calcul de l’impact du tourisme dans l’économie locale »).
Un dernier indicateur peut être pris en compte dans une approche comptable afin
d’appréhender les effets induits ou secondaires des dépenses touristiques ou sportives sur un
territoire : le concept de multiplicateur des dépenses touristiques et son impact sur l’emploi
local. Ces notions sont détaillées dans l’article de J. Tuppen et T. J. James en 1993.
De manière simplifiée, les dépenses touristiques comptabilisées dans le bilan
comptable génèrent, pour partie (certains prestataires réinvestissent leurs recettes en
dehors du territoire étudié), de nouvelles injections dans le système économique local
(réinvestissement local des recettes touristiques créant ce que C. Hautbois appel « des
vagues successives de dépenses par le biais des entreprises et commerces locaux »). Le
facteur multiplicateur correspond à la valeur qui multiplié par l’injection initiale (nette)
fournit l’impact total sur le territoire du phénomène étudié. Ainsi, l’effet multiplicateur
implique que l’injection dans l’économie locale d’une dépense initiale abouti à un
accroissement du revenu supérieur à la somme initiale (le même type de calcul permet de
saisir l’impact de la variation des injections touristiques sur l’emploi local).
24
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Type d’activité et
Référence de lieu sportif et Objectif de l’étude Type de protocole Type de résultat
bibliographique touristique analysé ou de l’expertise mis en oeuvre obtenu
P.Y. Bochaton, « Station » sportive Définir l’impact Approche comptable Bilan comptable
(1996), rapport de nature multi- économique et la par poste de territorial
d’étude, l’entreprise sport place des sports dépenses et de
(entrée – sortie)
Verticale, Etoile. nature dans le recettes
analyse fine de
développement
l’activité escalade
communal
Evaluation des
politiques publiques
25
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Type d’activité et
Référence de lieu sportif et Objectif de l’étude Type de protocole Type de résultat
bibliographique touristique analysé ou de l’expertise mis en oeuvre obtenu
Godard P., Torrente Pratiques de la Définition d’une (Cf. schéma ci- Calcul du taux de
P. (1999), Etude sur randonnée méthodologie et son dessous) retour sur
l’impact économique application afin de investissement de la
Massif pyrénéen Enquête pratiquants
de la randonnée sur définir l’impact part des collectivités
et consommation
le massif pyrénéen économique des locales
activités de Enquête structures
Calcul de l’impact
randonnée et d’hébergement
économique global et
d’itinérance dans un
Etude des flux approche marketing
massif ou une région
d’investissement et
Analyse du potentiel
de fonctionnement
image
de la part des
collectivités locales
et autres partenaires
public - privé
26
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Cette deuxième approche peut être développée à l’échelle d’une ou plusieurs filières
sportives dans des « bassins » de pratique qui rassemblent de fait plusieurs dizaines de sites
fédérés par des logiques de proximité et mobilité basées sur des déplacements « réduits » au
sein d’une même destination sportive et touristique. L’exemple présenté ci-après est issu
d’une recherche sur l’impact économique de l’escalade dans le Briançonnais, réalisée en
1994-1996 par Ph. Bourdeau et G. Rotillon dans le cadre du programme « aménagement et
environnement » de la DATAR (Bourdeau, Rotillon, 1999). Il repose sur un bilan coûts-
bénéfices intégrant des indicateurs quantitatifs organisés selon une méthodologie dérivée de
l’économie de l’environnement et des transports (méthode des coûts de déplacement).
La mise en œuvre d’une telle démarche est évidemment beaucoup plus complexe que
la réalisation d’un simple bilan chiffré (approche « comptable ») à l’échelle d’un équipement
particulier, dans la mesure où elle s’appuie sur de très nombreux indicateurs et procédures
économétriques. En revanche, son apport est indéniable en termes d’évaluation de l’impact
économique global des politiques de développement des sports de nature par les collectivités
territoriales. Contrairement à l’approche de C. Hautbois présentée préalablement, cette
27
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
expérimentation vise à évaluer l’impact économique non pas d’une infrastructure sur son
territoire, mais l’impact global d’une activité associée à une destination.
b) les coûts
En terme d’évaluation des politiques publiques et de l’analyse de l’impact des investissements
ou frais de fonctionnement consentis par les collectivités locales, la méthode intègre les coûts
d’équipement et d’entretien liés aux sites sportifs. Il s’agit des amortissements annualisés
des investissements réalisés qui sont associés aux frais d’entretiens des ESI concernés et des
aménagements – équipements associés (accès, sécurisation, etc.).
La méthode intègre de plus, les coûts « environnementaux » via l’estimation des dépenses
de prévention nécessaires pour éviter les dommages au milieu naturel liés à la pratique
sportive. Sont comptabilisés à titre d’exemple les abris poubelles et les coûts induits par la
gestion des déchets, les aménagements de protection de l’impact, certains éléments de
signalétique, etc.
28
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
(1) les dépenses directes de chaque consommateur que la pratique soit libre ou encadrée
(habitant, excursionniste, touriste - sportif) : hébergement, services, activités…
(2) les flux redistributifs intra-territoriaux : recettes de la fiscalité locale qui alimentent le
budget de la collectivité ou sont redistribués sous forme de subventions
(3) les flux redistributifs d'origine extra-territoriale : dotations et aides de l'État, de l'Europe et
des autres collectivités territoriales
29
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Cette troisième approche utilise les méthodes et outils du diagnostic territorial utilisés
à une échelle communale et intercommunale. Les indicateurs mobilisés sont multiples et
prennent en considération l’ensemble des phénomènes liés au développement économique,
mais aussi social, culturel et environnemental d’un espace donné : logiques et indicateurs de
fréquentation, emploi direct et induit, pluriactivité, activités de commerces et de services,
démographie locale, évolution de la saisonnalité touristique, urbanisme, identité locale, image
de marque, communication, pratiques résidentielles principales ou secondaires, etc. Ce
faisant, c’est bien le système touristico-sportif territorial qui est approché via un faisceau
d’indicateurs aussi bien qualitatifs (logiques, projets, images et représentations du système
touristique local ; approche territoriale, sociale et culturelle) que quantitatifs (données de
cadrage, d’évolution – analyse des dynamiques ; approche territoriale, spatiale et structurelle).
L’apport de ce type d’approche peut être illustré par les premiers résultats d’une
recherche de P. Bourdeau sur l’impact des « nouvelles » pratiques sportives estivales dans le
repositionnement du système géo-touristique territorial du canton de l’Argentière-la-Bessée
(05). Au sein de cette zone, le développement des sports de nature au cours de la dernière
décennie relève d’un double processus :
- d’une part la diversification estivale de l’offre touristique de la Vallouise, haut lieu de
l’histoire de l’alpinisme dauphinois et principale vallée touristique du massif Oisans-Ecrins :
aménagement et fréquentation croissante de sites d’escalade, de parapente, de trois via ferrata,
d’un parcours acrobatique en forêt, d’un itinéraire de canyoning, de plusieurs parcours d’eau
vive ;
- d’autre part le recours aux « nouvelles pratiques sportives de nature » comme vecteur
de reconversion économique et de requalification territoriale suite à la désindustrialisation
brutale du chef lieu de canton, l’Argentière-la-Bessée, à la fin des années 80 : aménagement et
fréquentation croissante de sites d’escalade, d’un stade d’eau vive, de deux via ferrata, d’un
itinéraire de canyoning… Incitation à l’installation de professionnels de la montagne,
organisation d’événements sportifs (compétitions nationales et internationales d’eau vive et
d’escalade).
30
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Figure 8 : L’impact des sports de nature dans la repolarisation vers l’aval d’un système
géotouristique estival ; Esquisse de modèle graphique du cas de la Vallouise
Av. 1985
vall
Parc National ée
1990
-
Sen
s du 1990
déve
re
lopp 1995
cent
Site de parapente
eme
nt p
ratiq
rg -
Via ferrata
Eau vive
s - str
uctu +
res
Itinéraire de canyoning [Ph. Bourdeau 2001]
Station de ski
(date de création)
« Bureau des guides »
(Source : Ph. Bourdeau 2001)
31
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Il est possible de porter un regard plus quantitatif sur les processus de développement
territoriaux via la saisie, le traitement et la valorisation d’informations géographiques. Les
données statistiques spatialisées (informations associées à une entité géographique –
découpages administratifs, espaces protégés ou de projets, etc.) sont multiples et diversifiées ;
elles permettent de saisir un large éventail de thématiques (entres autres - historique,
environnement, paysage, entreprise – activité, construction, patrimoine, service –
accessibilité, social et démographique, sport et tourisme, etc.). Ces informations émanent
d’organisations publiques (INSEE, Services déconcentrées, etc.), parapubliques (chambres
consulaires, organismes paritaires, etc.) ou privés (institut de sondages, etc.). L’utilisation de
ces informations dans le cadre d’un diagnostic territorial nécessite l’utilisation d’outils
statistiques plus ou moins complexes parfois associées à des outils d’analyse spatiale tels que
les Systèmes d’Informations Géographiques. Pour démontrer l’apport de ces méthodes, sera
proposé ci-après des extraits d’un diagnostic territorial mené sur le bassin sportif des Gorges
du Verdon (P. Mao, 2003 - 2004).
32
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Durance
*
MAJASTRES
BLIEUX CASTELLANE
MOUSTIERS
SAINTE-MARIE
RIEZ ROUGON
LA PALUD
SUR
VERDON
Gorges du Verdon
AIGUINES
0 10 20
DRAGUIGNAN
kilomètres FREJUS
St RAPHAEL
(Source : B.D. Sport – Nature – M.E.D.E.F. ; I.N.S.E.E. et inventaires personnels 1998-1999, réalisation et
traitement P. Mao, 2003)
En dehors de ces communes, les espaces limitrophes sont marqués par une très faible
densité de population. Ces « communes de poche » pour reprendre l’expression de
S. Passeguè (1996) dominent dans cet espace d’arrière-pays. Elles se caractérisent par un
faible nombre d’habitants et une quasi-absence de commerces et services. A titre d’exemple,
près d’un tiers des communes des Alpes de Haute Provence a une population inférieure à
33
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
100 habitants en 1999 (64 communes sur les 200 collectivités du département). Depuis
l’optimum démographique du milieu du XIXème siècle, le Haut-pays a perdu, comme le
présente M. Marié (1982), de 65% à 83% de sa population entre 1836 et 1962 (cette
hémorragie est maximale sur le canton de Moustiers-Sainte-Marie, sa population passant de
4480 à 739 habitants).
600
LA-PALUD-SUR-
500
VERDON
MOUSTIERS-
400 SAINTE-MARIE
ROUGON
300 MAJASTRES
BLIEUX
200
AIGUINES
100
0
POP36 POP54 POP62 POP68 POP75 POP82 POP90 POP99 Recensements
(Source : Recensements Généraux de la Population Française, 1936, 1954, 1962, 1968, 1975, 1982, 1990, 1999,
I.N.S.E.E., traitement et réalisation P. Mao, 2002 - 2003)
34
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
va ainsi être multipliée par deux en 24 ans (de 155 habitants en 1975 à 300 en 1999). A
Aiguines, il s’agit principalement du développement conjoint d’un tourisme balnéaire et
récréatif sur les bords du lac de Sainte Croix (mis en eau en 1973-1974).
Parallèlement, les communes restant presque totalement en marge des phénomènes
sportifs et touristiques comme Majastres et Blieux (respectivement 8 et 58 habitants)
continuent lentement leur déclin démographique.
Supérette 13 % 11,1 % 3%
35
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
habitants, celle-ci possède un bureau de poste, une boulangerie, une supérette (seules 3% des
collectivités de même taille possèdent ce type d’équipement à l’échelle nationale), un
Syndicat d’Initiative, une station-service, etc. Cette singularité s’explique par une démarche
volontariste d’acteurs locaux mobilisant autour d’un projet de développement local divers
autres partenaires (Département, Région, Etat, Europe). La Palud-sur-Verdon est donc perçue
comme un (le) pôle structurant et fonctionnel au sein d’un espace plus large. C’est dans cette
logique que peut être constituée et appréhendée la notion de bassin sportif. Il doit reposer sur
les potentialités aussi bien touristiques que sportives des territoires en mettant en réseau des
lieux affectés de fonctions distinctes (centres émetteurs, espaces sportifs, espaces touristiques
d’accueil, lieux professionnels, espaces protégés pour leurs patrimoines environnementaux,
espaces de production basée sur des activités rurales plus traditionnelles, etc.).
36
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Sont retenues ci-après quelques études s’attachant à présenter et détailler les méthodes
ou protocoles d’évaluation de l’impact de l’évènementiel sportif en général :
- Weinmann G., Monnin P., 1999, L’impact économique des manifestations sportives,
Bilan des connaissances, Office fédéral du sport, IRER Université de Neuchatel – Bâle ;
Cet ouvrage propose un état des lieux très complet des connaissances liées à
l’évaluation de l’impact économique des manifestations sportives. Il présente et analyse
plus d’une centaine d’études internationales (Suisse, France, Etats-Unis, Canada,
Allemagne, Angleterre principalement) et propose une description précise, documentée
et surtout critique de l’ensemble des méthodes utilisées. Une place importante est
37
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
38
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
3.1. Quelques questions préalables aux études d’impacts économiques des événementiels
sportifs
E. Barget (Cahiers Espaces n°52, 1997) propose de distinguer deux types d’approches :
les impacts à court terme et ceux à long terme . Les premiers (à court terme) mesurent lors
d’un évènement sportif particulier, les modifications qui vont intervenir dans les grands
« agrégats économiques » principalement entre la date du succès de la candidature et la date
de clôture de la manifestation. Les seconds (dits à long terme) s’intéressent aux modifications
de l’économie locale ou régionale qui générées, une fois la cérémonie de clôture passée (effets
indirects sur le tourisme, sur les créations d’emplois, localisation de nouvelles entreprises,
etc.).
J-L. Chappelet (2004) définit un cadre général d’identification des impacts d’un
évènement sportif à court terme. Il considère que la mesure de l’impact consiste à la
comparaison de la situation territoriale après l’événement avec la situation préalable. Il
distingue dans son approche à court terme, 4 phases principales : conception, préparation,
opération et enfin clôture de la manifestation.
39
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Un des apports de cette approche est de distinguer dans le travail d’évaluation, les
impacts imputables directement à la manifestation et ceux qui relèvent des autres activités ou
dynamiques territoriales (présentes sur le territoire sans lien direct ou indirect avec
l’organisation de l’événementiel).
Figure 11 : Quatre niveaux d'analyse des effets des Jeux olympiques sur l'organisation
spatiale des villes hôtes
40
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Cette réflexion croise en outre l’échelle spatiale (micro – macro) et temporelle (court
et long terme) et montre les multiples combinaisons possibles dans les protocoles
d’évaluation.
41
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
42
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
C. Liaudat (2001), dans son approche des grandes manifestations, fait le lien entre une
approche en terme de flux ou de mobilité (cf. partie consacrée aux études de fréquentation) et
l’organisation ou emprise géographique d’une manifestation. Il propose d’appréhender les
flux ou trafics selon trois types distincts (les spectateurs, les flux logistiques ou accrédités et le
trafic de base non associé à la manifestation). Sa typologie repose sur trois indicateurs
distincts que sont le volume moyen journalier de participants ; le site de la manifestation :
mono-site ou multi-site et le type d’événement ou de manifestation : à capacité prédéterminée
ou ouvert. Il note que du point de vue du volume de participants, il importe de différencier
l’attractivité totale de l’affluence journalière moyenne et celle de pointe. Les estimations des
valeurs moyennes et de pointe définissent les valeurs de dimensionnement normales et
exceptionnelles. Ces informations sont ensuite primordiales dans l’évaluation économique des
consommations dites touristiques (commerces et services) liées à la manifestation bien que
cette question ne soit pas souvent débattue par les auteurs (cf. analyse de l’impact indirect
développé ultérieurement).
43
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
E. Barget (1997) segmente l’analyse selon trois grands types d’impact pouvant être
appréhendée dans une approche à court terme. Les travaux d’évaluation pouvant prendre en
considération un ou plusieurs de ces éléments. Notons que les études relatives aux sports de
nature se concentrent majoritairement sur l’impact touristique au détriment (faute de données
ou d’informations pertinentes) des deux autres.
44
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
3.2.1. Les différents types d’effet sur l’économie du territoire d’accueil de l’événementiel
sportif
Tableau 15 : Effets réels ou pécuniaires sur l’économie d’un territoire accueillant une
manifestation sportive
réels : relative au gain de bien être de la collectivité. Cet effet peut être : -
matériel ou tangible (lié à un nouvel aménagement améliorant la qualité de vie des
populations locales)
- ou immatériel ou intangible via un gain d’attractivité du territoire dynamisant le
Effets – système touristique et donc les activités économiques (gain estimé dans ce cas via les
impacts sur dépenses qui auraient du être engagée par la collectivité, sans la présence de la
l’économie du manifestation, pour attendre le même résultat)
territoire
d’accueil ou pécuniaires : injections monétaires (injections d’argent neuf dans le territoire)
directement imputables à l’organisation de la manifestation ; effet redistributif
distinguant le gain de certain individus du territoire imputable à la perte (associée à la
consommation de visiteurs lors de la manifestation) de personnes extérieures à ce
même territoire
(Source : d’après Weinmann G. et Monnin P., 1999)
Tableau 16 : Effets privés ou externes sur l’économie d’un territoire accueillant une
manifestation sportive
45
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
46
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
3.3. Les différentes méthodes d’évaluation des impacts économiques des évènementiels
sportifs
Tableau 18 : Les quatre étapes d’une étude de pré-faisabilité d’un projet d’événementiel
sportif
47
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
3.3.2. Méthode coûts - bénéfices – Calcul d’impact localisé via des indicateurs micro-
économiques
Comme pour une approche territoriale (cf. chapitre Impact socio-économique des
sports nature et développement territorial), cette méthode permet de dresser un inventaire des
coûts et des bénéfices résultant de la mise en œuvre d'un projet pour un territoire particulier.
Cette analyse est principalement conçue comme une méthode d'aide à la décision à l’attention
48
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
des collectivités territoriales. Elle permet d’évaluer l’opportunité de réaliser (ou de réitérer) un
projet déterminé (préfaisabilité de projets et évaluation des politiques publiques, justification
a priori ou a posteriori du bien fondé de la démarche). Divers auteurs ont montré la possible
application de ce protocole aux évènementiels de tous types (pour les grands évènementiels
sportifs cf. Weinmann G., Monnin P., 1999 ou Carrier R., 2005 ; pour ceux liés aux sports de
nature, F. Naudin, 2005 ; M. Langenbach, 2005 ; G. Pailheiret, 2005, etc.).
Afin d’évaluer l’ensemble des coûts et bénéfices liés à l’organisation d’un
événementiel, il s’agit comme le préconisent Weinmann G., Monnin P. (1999) de distinguer
trois sous bilans comptables distincts : organisateurs, visiteurs et territoire d’étude. Seuls
quelques éléments clés sont ici présentés (se référer à leur étude pour de plus amples
développements).
49
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Quelques études ont tenté partiellement d’appliquer cette méthode à des évènementiels
sportifs de nature. C’est le cas par exemple, des travaux de M. Langenbach pour le CDFFME
Ardèche (2005) sur l’impact économique de Joueurs de Blocs en Ardèche (territoire de Berias
et Casteljau).
50
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Le même type d’approche est développé par F. Naudin (2005) sur le raid du Pic Saint
Loup. Ces deux études montrent la difficulté de développer cette méthode dans son ensemble.
Si l’approche coûts - bénéfices est facile à mettre en œuvre pour les postes comptables liés à
l’organisation, ils deviennent beaucoup plus aléatoires dans l’analyse des postes « visiteur » et
« territoire d’accueil » (cf. tableau page précédente). Même si divers outillages économétriques
existent (cf. Weinmann G., Monnin P., 1999), l’évaluation de certains coûts – bénéfices et tout
particulièrement ceux non-marchands restent sujets à de grandes approximations. Ainsi, certains
auteurs préfèrent lister les différents postes comptables sans pour autant les quantifier. Cette
approche perd dès lors une grande partie de son intérêt en n’offrant qu’un bilan partiel (et
parfois partial) de l’impact économique de la manifestation.
51
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Figure 16 : Représentation
schématique du circuit économique
régional et des injections liées à
l’organisation d’un évènementiel
sportif.
52
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Cette approche peut bien évidemment être complexifiée avec une délimitation
territoriale multiple. Dans l’exemple de l’impact économique du club de basket-ball du
Limoges C. S. P. développé par X. Bonnafy, V. Riffaud, (1988), il est possible de distinguer
le circuit économique « ville de Limoges » et celui plus englobant du « Limousin » et de
multiplier les relations – liens (flux monétaires à l’intérieur du système, entrants – sortants ;
injections et fuites) entre les divers agents économiques régionaux. L’évaluation de l’impact
économique va de fait connaître des variations importantes selon le périmètre du territoire
définit par l’observateur.
53
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Il existe trois façons principales d’estimer l’impact indirect associé aux dépenses des
participants :
1) l’utilisation de données de cadrage caractérisant la consommation touristique globale
(données macro-sociologiques définissant les consommations touristiques) ou spécifique
(enquête par filière ou par territoire) servant de multiplicateur au nombre de spectateurs pour
définir par approximation les impacts indirects. Cette méthode a le mérite de simplifier
l’estimation, elle est d’ailleurs fréquemment utilisée dans le secteur touristique (CDT, CRT,
Observatoires locaux) pour estimer globalement le chiffre d’affaires d’un espace particulier.
Dans le cas présent, vu les spécificités locales et des publics, cette méthode semble ne pouvoir
offrir que des ordres de grandeur difficilement justifiables, méthodologiquement parlant.
54
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Figure 19 : Etude des retombées indirectes du festival « Visa pour l’Image », 2002 par
enquête auprès des structures d’hébergement touristique
55
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Ces quelques exemples montrent la complexité du calcul des injections initiales liées
aux consommations « touristiques » et la difficulté malgré toute les précautions
méthodologiques posées par les auteurs (qui explicitent en outre très clairement dans les cas
cités leur protocole) de différencier les flux entrants (associés spécifiquement à la
manifestation étudiée) et les ré-investissements internes au système économique étudié.
56
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
L’ensemble de ces choix vise fréquemment à sur-évaluer le volume de l’injection nette (voire
distinction brute et nette proposée préalablement in J-J. Gouguet et J-F. Nys, 1993 et E.
Barget, 1997) d’un point de vue territorial.
Quel que soit le protocole choisi, il s’agit d’opérer une segmentation des publics qui
seront ensuite enquêtés via des enquêtes de consommation spécifiques détaillant leurs
différents postes de dépenses (hébergement, alimentation, services, etc.). Le tableau précédent
présente les différents types de publics enquêtés selon les études : il est possible de distinguer
les organisateurs (salariés et bénévoles), les médias (journalistes, équipes techniques, etc.), les
spectateurs (parfois classés selon leur origine géographique – locaux, régionaux, nationaux,
étrangers par exemple ou encore « hôtes », excursionnistes, indigènes dans les études suisses),
les athlètes et les accompagnateurs, etc. E. Maurence (2005) propose une analyse fine de
l’échantillonnage et des techniques d’enquête.
Figure 20 : Analyse des retombées globales des « 100 Km de Millau » et segmentation des
populations étudiées
57
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
territoire étudié par l’utilisation d’un multiplicateur (même démarche que celle présentée dans
les effets secondaires et facteur multiplicateur des dépenses locales dans l’impact territorial
des sports de nature - J. Tuppen et T. J. James,1993 ; Hautbois, 2003)
L’impact induit est ensuite défini par déduction de l’impact primaire (injection
initiale nette) à l’impact total. Il correspond aux diverses rondes de dépenses et de revenus au
sein du territoire via des vagues successives de redistributions internes par le biais des
entreprises et commerces locaux (salaires et dépenses de consommation confondus).
Ainsi, le processus de multiplication va se mettre en œuvre à partir de l’injection
initiale nette. En effet, cette injection va donner naissance à des revenus pour des agents
économiques locaux, qui vont à leur tour réaliser des dépenses ; ainsi s’amorce un mécanisme
de création de revenus et de dépenses. Ce processus va s’amortir via des fuites (dépenses hors
du territoire étudié) intervenant lors de chaque ronde. L’amortissement (nombre de rondes ou
de période de ré-investissement local) sera d’autant plus rapide que l’économie est ouverte sur
l’extérieur, ce qui sera d’autant plus le cas que le territoire est de petite taille, et sa structure
économique peu diversifiée (E. Barget, 1997).
58
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
est à même d’évaluer l’impact territorial global d’une manifestation car il traduit « qu’un
investissement de X francs entraîne une hausse de revenu de kX francs pour la collectivité ».
59
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Figure 22 : Les différentes étapes d’une étude macro-économique à court terme d’une
manifestation sportive
Tableau 22 : Les différentes informations nécessaires pour mener une étude macro-
économique à court terme d’une manifestation sportive
Etudes « ex-ante »
Dépenses de Investissements publics et privés liés à l’organisation de la manifestation
construction
Dépenses de Recettes et dépenses de fonctionnement du comité d’organisation de la manifestation
fonctionnement
Fréquentation de la Dénombrement des spectateurs et détermination de la proportion de visiteurs extérieurs ;
manifestation Distinction des grandes catégories de visiteurs (participants, accompagnateurs et
visiteurs)
Etudes « ex-post »
Enquête auprès des Enquête de consommation touristique ; calcul de la consommation locale pour les
visiteurs catégories de visiteurs choisies selon les postes de dépenses.
Enquête auprès des Analyse comptable des retombées indirectes de la manifestation, et de injections ou fuites
commerces et liées aux différentes rondes de ré-investissement local, évaluation de la durée
services d’amortissement
bénéficiaires
(D’après E. Barget, 1997)
60
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Calcul de
l’impact total
via la Donne une estimation globale et Impose un certain nombre d’approximation dans le
détermination totale de l’impact généré par la calcul du multiplicateur
d’un manifestation à court et moyen et dans l’échelle de temps prise en compte
multiplicateur terme pour le territoire d’étude
local ou Complexité méthodologique selon les formes et types
régional de multiplicateurs utilisés
Impact total =
injection nette
* facteur
multiplicateur
Détermination
de l’impact
induit De fait, l’impact induit cumule les idem
avantages et inconvénients des
Impact induit = impacts primaire et total
Impact total –
Injection nette
(Source : P. Mao, 2006)
61
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Ces deux types d’impact (macro – économique à long terme et impact sur
l’aménagement du territoire régional ou national) sont ici cités à titre indicatif afin de
compléter le panel de méthodes applicables aux manifestations sportives. Ces approches
s’appliquent presque exclusivement aux grands évènementiels de renommée internationale
qui impliquent par l’intermédiaire d’une importante planification et plan d’aménagement ou
d’équipement, une modification durable de la structuration du système économique et
géographique régional ou national. Dans le champ thématique des sports de nature traité ici,
cette perspective semble, à bien des égards, inopérante dans son ensemble (certaines idées
peuvent pourtant être retenues dans le cas de la construction d’une infrastructure structurante
et pérenne associée à l’organisation d’une manifestation).
Les effets à long terme des manifestations sont appréhendés par les économistes sous
l’angle de l’impact des infrastructures et nouvelles installations sportives ou à vocation
collective (transports, commerces et services nouveaux, etc.) sur le territoire, une fois que les
effets à court terme sur le système économique localisé (injection directe – indirecte,
processus de redistribution lié au multiplicateur) se sont estompés.
Figure 23 : Cadre d’analyse des impacts économiques à long terme d’une manifestation ou
infrastructure sportive
62
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
63
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
directement applicable et ouvre des pistes de recherche fécondes dans le champ des sports de
nature.
Le dernier type d’effet pouvant être intégré dans les protocoles d’évaluation de
l’impact d’une manifestation sportive concerne le gain d’attractivité du territoire d’accueil de
la manifestation. Car comme l’illustre l’atelier des Rencontres de l’AFIT 2004,
l’événementiel devient un des éléments centraux dans les stratégies de positionnement ou de
repositionnement des territoires. Cette notion d’attractivité recoupe différentes dimensions
qu’il s’agit de distinguer. Elle concerne simultanément la capacité de la manifestation :
- à attirer et faire revenir différents publics ;
- à influencer et valoriser l’image et les représentations du territoire d’accueil ;
- à dynamiser localement le tissu social ou associatif et à devenir un vecteur
identitaire, d’animation et de cohésion communautaire locale.
De nombreux travaux approchent cette question d’un point de vue qualitatif, tout
particulièrement dans le domaine des événementiels culturels (voir à ce sujet les différents
64
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
numéros des Cahiers Espaces, le n°31 – festival, création, tourisme et image (1993) ; le n°37
– tourisme et culture (1994) ; n°74 – événements, tourisme et loisirs (2002).
Dans les études d’impacts économiques des événementiels sportifs au sens large, ces
effets sont très fréquemment cités et identifiés comme paramètres à prendre en considération
dans l’évaluation globale (J. Sebastiani 2003 ; M.-A. Stritt, et F. Voillat, 1998 ; J-J. Gouguet
et J-F. Nys, 1993 ; pour ne prendre que quelques exemples), mais considérés comme des
externalités (c’est-à-dire effets bénéfiques mais qui échappent au marché des fonctions
d’utilité ou de production ; et donc de fait, ne peuvent être quantifiés).
D’un point de vue quantitatif, seuls quelques travaux sur les effets à long terme sur le
secteur touristique semblent exister. G. Weinmann et P. Monnin (1999) en proposent une
synthèse. Ces travaux s’intéressent au gain d’attractivité d’une destination (station, bassin
touristique ou région) en terme de fréquentation suite à l’organisation d’un grand
événementiel sportif. Les résultats s’appuient sur une étude des capacités d’accueil menée sur
un période de 5 à 25 ans (avant – pendant et surtout suite à la manifestation en analysant les
courbes de tendances et leurs différentes inflexions) . Le tableau ci-dessous présente les
principales conclusions de ces démarches.
Tableau 24 : Impact à long terme des manifestations sportives sur le secteur touristique
65
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Quelques méthodes innovantes ont vu le jour ces dernières années. Elles sont basées
principalement sur des outils informatiques ou sur des modèles économiques de plus en plus
précis (mais aussi complexes) et développés. Il est ainsi difficile d’apprécier la pertinence de
telles méthodes du fait d’un effet « boite noire » des protocoles d’évaluations mis en œuvre.
66
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
(Source : M.
Scaglione, 2005)
67
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Chacun des objectifs (branches) est considéré comme ayant un poids total de 1, à
répartir entre les feuilles appartenant au niveau immédiatement inférieur de la hiérarchie. Le
PAH consiste donc en la décomposition de cette valeur totale de 1 en fonction des poids des
feuilles liées par des calculs de moyennes pondérées. Forman & Selly (2001, p. 50) décrivent
très bien le modèle du PAH. On part d’un « camembert » qui représente l’objectif de la racine
(l’impact économique de la figure). Chaque part du « camembert » représente un des objectifs
qui contribuent à la racine ; le PAH sert à déterminer l’importance de chaque part. Chaque
part peut, à son tour, se décomposer en d’autres plus petites parts, qui représentent les sous
objectifs.
68
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Ce quatrième chapitre traite des contributions portant sur l’impact des activités
sportives de nature sur l’emploi et l’entrepreneuriat dans les divers territoires. La structuration
d’un secteur marchand au sein des pratiques sportives de nature s’affirme durant les décennies
1970 puis 1980. Le Ministère de la jeunesse et des sports par l’intermédiaire des Centres
Régionaux de l’Education Populaire et Sportive (C.R.E.P.S.) assure la formation des Brevets
d’Etat d’Educateur Sportif (B.E.E.S.). Ces professionnels du loisir peuvent encadrer de façon
autonome et contre rémunération, une ou plusieurs activités sportives selon leurs
spécialisations. Hormis les diplômes de guide de haute montagne et de moniteur de ski
bénéficiant d’un cadre réglementaire depuis 1948, il faut attendre la fin des années 1970 pour
voir apparaître des diplômes spécifiques aux activités sportives de nature. Le B.E.E.S.
d’équitation est créé en 1976, l’accompagnateur moyenne montagne (A.M.M.) en 1978, celui
d’escalade en 1984. Des spécialisations telles que le Vélo Tout Terrain et la spéléologie
verront le jour au cours des années quatre-vingt-dix.
69
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
ses concurrents marchands (Desbordes M., Ohl F., Tribou G., 1999) ». Cette multiplication
des offres sportives révèle une diversité de logiques managériales et marketing comme l’ont
montré M. Bouahouala (1999) pour les petites entreprises du Vercors et A. Loret (1993) pour
le monde sportif en général.
La création d’un secteur économique à part entière (avec ses propres règles de
fonctionnement, ses agents ou acteurs, ses dynamiques et singularités) lié aux pratiques
sportive de nature a suscité la réalisation de nombreuses études à l’initiative de diverses
structures publiques - ou parapubliques (Conseils Généraux et Régionaux, services
déconcentrés de l’Etat, Chambres Consulaires, etc.). Parallèlement, de nombreuses
contributions proposent des pistes de recherches et de réflexions sur l’emploi dans le tourisme
rural ou sportif, comme vecteur possible de re-dynamisation ou requalification de ces espaces
en voie de marginalisation d’un point de vue économique. Peuvent être citées quelques
références d’ouvrage proposant une approche transversale de cette thématique :
- « Tourisme rural, la voie du tourisme durable », Cahiers Espaces, n°42, Juin 1995
70
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Tableau 25 : Diagnostics par filière de emploi formation dans les sports de nature (CRNSN –
Vallon-Pont-d’Arc, Oct. 2005)
Vol libre / Glisses Licenciés (évolution, types) Brevet d’état (chiffres annuels) M. Darras
aéro-tractées
Voile Licenciés (catégories, Brevet d’état (répartition, taux F.
évolution, répartitions) de syndicalisation) Beauchard
Activités Intérêt du public pour les Qualifications (type, nombre, J.-P.
différents sports répartition spatiale) Cosneau
équestres
Spéléo-escalade - Fédérations de référence Brevet d’état (spéléo) M. Catusse
(nombre de licenciés)
canyoning
Aviron Licenciés (nombre et types) Qualifications (nombre et M.
situations) Letienne
(Sources : documents téléchargeables sur le site internet http://www.sportsdenature.gouv.fr)
Les populations licenciées dans les fédérations sportives de nature bénéficient d’un
protocole annuel de recensement par le service statistique du Ministère de la Jeunesse et des
Sports. Ces données fréquemment agrégées et représentées cartographiquement à l’échelle
départementale (ou régionale, ou des ligues, etc.) permettent d’estimer la demande potentielle
ou la sportivité des territoires. D. Mathieu et J. Praicheux avaient montré, dans l’atlas du Sport
71
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
(Source : M. Letienne, 2005, données MJSVA – 2003, Réalisation P. Mao – CERMOSEM, 2005)
Il est possible d’affiner cette approche via un certain nombre de sélections selon le
type de licence (compétition ou loisirs, par exemple), des critères démographiques (l’âge ou le
sexe des adhérents, etc.), par famille ou type de pratiques (« famille », « free ride »,
« pratique cyclo-sportive » pour le Vélo tout-terrain par exemple), etc.
72
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Licenciés compétiteurs
12,35 %
Licenciés
Licenciés
10,33 %
Pratiquants
Sportifs
Non-licenciés
37,34 %
Pratiques d’agrément,
occasionnelles 23,02 %
Non-pratiquants
16,96 %
Hommes Femmes
Les statistiques proposées concernent la pratique sportive hommes et femmes
(Source : Enquête « pratiques sportives 2000, Ministère de la jeunesse et des sports in STAT-Info,
Bulletin de statistiques et d’étude, n°01-01, Mars 2001,
Mission statistique MJS, Paris, réalisation P. Mao, 2003)
73
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Figure 28 : Variation des taux de pratiques fédérées selon les activités sportives en 2000
Golf
Basket, Hand-Ball
et Volley-Ball
Sports de neige
et
Marche sportive
art Football
Sp Escalade
–
Arts Martiaux
Montagne
Vélo dequroute
Fo f
l
Type de
Go
n
al
ige
x
sm o
tio
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rt c
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ne
tag
pratiques
art
po
po
de
on
ss
E
he
ort
eM
sportives
tre
arc
au
lad
M
ca
Es
(Source : Enquête « pratiques sportives 2000 », Ministère de la jeunesse et des sports in STAT-Info,
Bulletin de statistiques et d’étude, n°02-02, Mars 2002, Mission statistique M.J.S., Paris, réalisation P.
Mao, 2003)
Outre cette faible représentativité des pratiquants fédérés au sein de chaque discipline,
d’autres problèmes d’ordre méthodologique peuvent être identifiés :
• même si différentes enquêtes sont réalisées depuis 1949, leurs modes de collecte
divergent, rendant certaines comparaisons délicates ;
• il existe une sur-évaluation de ces données pour deux raisons principales :
- bien que diverses précautions aient été prises dans la collecte des données depuis
1998 et 1999, certaines fédérations ne font toujours pas de distinction entre les
licences sportives et les licences temporaires ainsi qu’entre celles des cadres,
entraîneurs, dirigeants ou autres, etc.
74
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Organisation
centralisant ou
Type de déclaration ou de recensement Type d’information
collectant
l’information
Déclaration d’activité des éducateurs sportifs et des Etat civil et qualifications
Directions personnes en formation désirant enseigner, animer ou de l’Educateur sportif
Départementales de la encadrer une ou des activités physiques ou sportives ou
Jeunesse et des Sports entraîner des pratiquants contre rémunérations (en vue
de l’obtention d’une carte professionnelle)
Directions Déclaration légale d’ouverture d’un établissement Fiche « d’identité » de
Départementales de la d’activités physiques et sportives l’établissement – personne
Jeunesse et des Sports morale et physique
Recensement des entreprises et des établissements Entreprises et
centralisant les informations émanant des Préfectures, établissements classés par
Rectorats, Chambres de Commerces et d’Industrie, code APE attribué par
INSEE
Greffes de tribunaux de Commerces, Chambres des l’INSEE en référence à la
Métiers, URSSAF, Centres des Impôts, Chambres nomenclature NAF
d’Agriculture, Mutuelle Sociale Agricole
Statistiques annuelles des établissements affiliés Type de localisation
(concernant les établissements du secteur privé géographique, activité
UNEDIC - ASSEDIC industriel et commercial employant au moins un salarié économique principale et
en vertu d’un contrat de travail et ce quelle que soit la taille de l’établissement
branche d’activité)
Chambres de Annuaire des Entreprises de France (inscrites au Fiches d’identité
Commerces et Registre du Commerce et des Sociétés) complètes des entreprises
D’Industrie – Chambres
des métiers
75
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Une analyse de ces données sur le moyen et long terme permet de saisir les évolutions
de différents secteurs d’activités que ce soit en terme de nombre d’établissements que
d’emplois salariés.
Figure 29 : Evolution du nombre d’établissements sportifs et d’emplois dans le secteur sportif en France entre
1977 et 2003
(Source : UNEDIC, statistiques annuelles des établissements affiliés (UNISTATIS), Chiffres clés du sport,
Service Statistique, MJSVA 2005)
76
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
77
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Figure 31 : Courbe d’évolution annuelle des créations d’entreprise sportives de nature dans le
Massif Central entre 1960 et 2004 (en %)
- une progression générale du nombre de structures liées aux sports de nature, notamment
depuis le début des années 1990 (majoritairement créées depuis 1980 pour la Picardie,
avec 40% des créations entre 1990 et 2000) pour toutes les régions ;
78
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Dans les diagnostics « filières », une des informations clés repose sur l’évaluation des
volumes d’affaire des entreprises. C. Revéret (2006) indique la possibilité d’étudier les
Chiffres d’Affaires des différentes structures liées aux sports de nature. En Corse (ICSOS
consultants, 2004), le CA global de la filière s’élèverait à 16 millions d’euros. « Ces
informations doivent être utilisées avec prudence sans point de comparaison et de vision dans
le temps, à l’échelle de plusieurs années » (Revéret, 2006). De plus, ce type d’estimation
réalisé via des déclarations légales ou fiscales masque fréquemment une économie
« souterraine ». Comme le montre M. Chauveau (2005) au sujet de la filière plongée
subaquatique de loisir, « Sur la base de l’étude de l’ANMP sur ce sujet (Enquête interne
ANMP - Emploi/Profession – 2001) datant de 2001, en appliquant les éléments communiqués
aux 323 structures commerciales déclarées aux services des DDJS, on obtient un chiffre
d’affaire global actualisé en 2004 de 6,3 millions d’euros. Cette estimation, à prendre
néanmoins avec réserves, constitue certainement un minimum qui masque une réalité
supérieure de 30 ou même 50%, selon les avis de certains professionnels ».
Sur la base d’enquêtes spécifiques, il est pourtant possible d’obtenir des ordres de
grandeurs ou des moyennes par types de structure. L’étude relative aux activités de pleine
nature en Midi-Pyrénées, propose ainsi quelques données de cadrage (CADRE – CRTPN
Millau, 2000).
79
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Tableau 27 : Analyse des données relatives à l’emploi dans la filière plongée sub-aquatique
de loisir selon les sources ou types d’information
80
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
• ont arrêtés leurs activités professionnelles sans pour autant l’avoir déclaré aux services
compétents.
Une analyse sur plusieurs années des dynamiques de chaque filière d’activité permet
de saisir les évolutions du marché de l’emploi sportif et les éventuels secteurs porteurs en
terme de création d’activité. L’étude relative à l’opportunité de la création d’un Brevet
Professionnel spécialité nautisme (MJS, CNOSF, Amnyos, 2001) constatait un volume global
de 11000 emplois, avec une progression de + 26% entre 1995 et 2000 (les trois premiers
secteurs ayant contribué à la création d’emploi étant la voile, 1400 emplois en 5 ans, le
motonautisme avec 380 emplois, et le canoë-kayak avec 300 emplois).
Ce volume est passé de 7700 emplois à 10700 en 5 ans, avec 3000 emplois créés (soit
une augmentation de 39%) auxquels on peut retrancher 1000 emplois-jeunes afin d’éviter un
81
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
éventuel effet d’opportunité ; on aboutit ainsi à une création nette de 2000 emplois hors
dispositif emploi-jeune. Les emplois-jeunes n’existant plus actuellement, il semble difficile de
continuer à utiliser une telle méthodologie dans le futur. De plus, certaines personnes,
qualifiées avec un brevet d’état sont comptabilisées aussi comme un emploi-jeune puisqu’ils
sont embauchés dans une association, comme c’était possible il y a quelques années (Revéret,
2006).
Tableau 28 : Approche comparée des estimations en terme d’emploi et d’ETP dans les études
régionale Massif-Central, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.
Espace régional étudié Maître d’œuvre de l’étude Nombre d’emploi Nombre d’ETP
Massif-Central CRTPN Millau, 2005 6200 emplois à 3000 ETP
82
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
83
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Mais outre une multiactivité dans l’offre des structures, il est possible d’observer la
pluriactivité – multiactivité des entrepreneurs eux-mêmes. Là encore, il est essentiel de faire
la distinction entre ce que nous pouvons appeler une multiactivité « interne » (ou
multifonctionnalité) et une multiactivité « externe » (ou poly-activité ou pluri-activité selon
les auteurs).
84
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
l’agritourisme sportif a une place non négligeable avec 22% des structures. Cette approche
démontre d’une part l’interconnexion entre diffèrents secteurs d’activité, et d’autre part la fait
que les enjeux économiques se situent plus à l’échelon territorial qu’à celui de la filière
sportive stricto sensu.
La saisonalité reste une des spécificité du secteur touristique. Cette particularité est
encore plus marquée dans le marché professionnel des sports de nature et de montagne (sauf
exception telle que l’équitation par exemple). Les acteurs des sports de nature sont soumis aux
fluctuations de la demande en matière d’activités sportives et donc de charge de travail. Les
employés (salariés) sont les plus touchés par ce phénomène de saisonnalité (76% des actifs
salariés). De manière globale, dans le cadre de l’étude « Massif Central », 62% des individus
(tous statuts confondus) travaillant dans les structures interrogées possèdent des emplois
saisonniers. Cette proportion varie très peu en fonction des territoires d’études (Languedoc-
Roussillon, Midi Pyrénées, etc.).
Figure 33 : La saisonnalité dans la filière professionnelle des sports de nature dans le Massif
Central en 2005
Source : CO& Sens, EMC « Analyse et conditions de développement des entreprises et des emplois de la filière
pleine nature sur le Massif Central », 2005
85
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
4.2.3. Les profils de poste représentés dans le marché de la prestation de service des
loisirs sportifs de nature
Afin de développer une approche plus qualitative des emplois sportifs de nature,
l’étude Massif Central (2005), propose une approche typologique des divers profils de postes
représentées dans la filière sportive de nature.
Tableau 30 : Les profils de poste identifiés dans la filière sportive de nature du Massif-
Central en 2005
86
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Figure 34 : L’AFC permettant d’identifier les profils de poste de la filière sportive de nature
du Massif-Central en 2005
Ce type de traitement présente l’intérêt d’intégrer une réflexion sur les compétences et
savoir-faire attendus dans les différents métiers de la filière. Il permet alors d’élargir la
question de l’emploi à celles de l’ingénierie de formation et de la professionnalisation
(formations initiales et continues, requalification).
Ces questions sont, elles aussi, abordée dans les études de préfaisabilité de nouvelles
qualifications ou brevets d’état (cf. l’étude de P. Bourdeau, 1991, la pratique de l’escalade et
les débouchés professionnels, étude d’opportunité de création du BEES d’escalade et ses
87
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
complémentarité avec les diplômes existant – guides de haute montagne principalement, mais
aussi accompagnateurs moyennes montagnes).
Cette thématique emploi – filière doit aussi être positionnée au cœur des diagnostics et
des stratégies de développement des territoires sportifs, et tout particulièrement dans les
études préalables à la mise en place des CDESI et PDESI (voir à ce sujet les études réalisées
par le CERMOSEM (ss. la dir. de P. Mao à une échelle régionale : Rhône-Alpes, 2001 et
Champagne-Ardenne, 2004 ou départementale : Ardèche, 2002 – 2005, Isère, 2003 ou
Essonne, 2005). Il s’agit d’un des éléments clés de mobilisation des élus et partenaires
sociaux dans les démarches participatives de gestion, d’aménagement et de développement
des espaces sportifs de nature.
4.3. Analyse micro-économique des entreprises représentées dans le marché des sports
de nature
Une autre entrée pour appréhender la filière sportive de nature consiste à développer
une approche organisationnelle via les acteurs ou agents économiques. Ce secteur d’activité
est très majoritairement structuré autour de Petite Entreprises (PE) ou la Très Petite Entreprise
(TPE). L’objectif de ce type d’approche est de saisir l’entrepreneur en terme de trajectoires
individuelles et collectives, des fonctions et des profils de postes. M. Bouhaouala (1999)
montre que dans une perspective de « sociologie économique wéberienne, que la PE ou la
TPE est avant tout l’affaire de son dirigeant et souvent créateur ». Il ajoute que
« contrairement à la grande entreprise, son fonctionnement peut être mis en relation avec la
vision du monde, les objectifs sociaux et le rapport du dirigeant au territoire. A partir de ce
point de vue, il s’agit de mettre en évidence le rôle du territoire, en termes d’espace
géographique de pratiques sportives, économiques et sociales dans la détermination du
fonctionnement des petites entreprises et la régulation de l’offre locale des services sportifs de
nature.». Il propose un modèle d’analyse fondé sur les micro-mentalités des dirigeants. Celui-
ci vise à analyser et décrypter les règles de fonctionnement des marchés sportifs de nature
localisés et de comprendre les logiques internes spécifiques liés aux processus - dynamiques
de création d’activités, d’emploi, de produits – prestations, de commercialisation, de
promotion, etc.
88
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Ce modèle a été appliqué aux dirigeants d’entreprises réparties sur trois vallées du
massif du Vercors. D’un point de vue de la méthode, il s’appuie principalement sur des
entretiens semi-directifs menés auprès d’acteurs économiques. Ces enquêtes ont permis de
reconstruire des ensembles de « significations partagées au sein de groupes d’entrepreneurs»
(M. Bouhaouala). Ce schéma montre comment sa conception et ses objectifs (issus de sa
trajectoire de vie individuelle) vont conduire l’entrepreneur à s’identifier (à travers son
territoire ou sa profession par exemple) et à se positionner dans un type de gestion et d’action
(professionnelle). En effet, il va agir de manière à faire correspondre son emploi ou sa
fonction avec l’identité qu’il va dégager. La pratique (les pratiques sportives de nature dans
cette étude) va donc être au centre des orientations qu’il va donner à son activité et donc à
l’architecture de la structure qu’il va créer ou au sein de laquelle il va évoluer.
Cette approche territoriale (à l’échelle d’un massif) peut aussi s’appliquer à une filière
sportive particulière comme le montre M. Bouhaouala (2005) dans son analyse du tourisme
équestre à l’échelle nationale. En s’appuyant sur une campagne d’entretien et de questionnaire
auprès des établissements, il décrit la structure et les caractéristiques des entreprises, une
analyse multi-critère lui permettant ensuite de dresser une typologie des centres équestres. Par
un traitement statistique secondaire, il produit un bilan global en terme aussi bien de chiffre
d’affaire que d’emploi de la filière à l’échelle du territoire national.
89
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
90
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
L’économie du sport est riche en approches et publications. Les quatre ouvrages (cf.
ci-après) visent chacun, en privilégiant des entrées particulières, à comprendre les principes
généraux du fonctionnement du marché du sport dans son ensemble. Ils constituent chacun à
leur manière (entre ouvrage de synthèse, état des lieux de la connaissance et manuel
pédagogique à l’attention des étudiants avancés) une revue de littérature des travaux et
recherches scientifiques menés dans ce domaine.
- W. Andreff, 1986, L’économie du sport, Que sais- je ?, PUF, Paris.
- B. Halba, 1997, Economie du sport, Economica, Paris.
- M. Desbordes, F. Ohl, G. Tribou, 2001, Marketing du sport, Economica, Paris.
- F. Ohl, G. Tribou, 2004, Les marchés du sport. Consommateurs et distributeurs, A.
Colin, Paris.
91
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
utilisées
Consommateurs
démographiques
par l’individu)
92
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
spectacles,
éducatif)
Segmentation de Sujet non développé Sujet non développé ou Etude des logiques
l’offre et études ou traité traité économiques de
Mise en des stratégies ces structures
œuvre marketing des grâce à des
entreprises modèles
économiques
Etudes des Sujet non développé Sujet non développé ou Etablissement de
dépenses et des ou traité traité modèles/points de
types de vue : « within
Résultats dépenses de ces club », « total
segments economy », « non
game-theory »,
« game theory »
Des enquêtes de Sujet non développé Sujet non développé ou Modèle
consommations ou traité traité économique lourd.
couplées à des Démarche
recueils de scientifique
données socio- mobilisant une
démographiques instrumentation
Transfert et mathématique
aux sports socioprofessionn importante
de nature elles appliquées
aux pratiques
sportives de
nature
permettent
d’utiliser ce type
d’approche
93
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
technologies des Marché des articles Sujet non développé ou Sujet non
produits de sport, méthodes de traité développé ou traité
(matériaux, vente, circuit de
Données techniques, distribution et
utilisées prix), tendances stratégie marketing
de l’industrie,
Marketing et distribution des biens sportifs
Cycles de vie
des produits
sportifs
Comparaison Etude approfondie de Sujet non développé ou Sujet non
entre les ces marchés, des traité développé ou traité
Mise en
pratiques et les filières et des chiffres
œuvre
familles de d’affaires
pratiques
Evolution des Type de localisation Sujet non développé ou Sujet non
matériaux ou des entreprises, traité développé ou traité
des techniques stratégies de
en fonction de la positionnement des
Résultats
situation dans le enseignes (par le
cycle de vie prix, le service,
d’un produit l’assortiment ou
sportif encore par l’image)
Les sports de Difficulté à identifier Sujet non développé ou Sujet non
nature et les le sous-marché des traité développé ou traité
produits, sports de nature au
Transfert technologies, sein du marché
aux sports etc. associés sportif global ; hors
de nature sont déjà entreprises ou filières
fortement spécifiques
représenté dans
ces approches
Impact du Sujet non développé Audience, parts de Données sur les
spectacle sportif ou traité marché du sport à la sommes investies
dans les choix télévision (audience et dans la
Données de temps d’antenne), retransmission des
utilisées consommation montant des droits, part sports à la
Marché du spectacle sportif (télévisé et publicité)
94
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Sans revenir sur l’ensemble des entrées développées dans les autres chapitres de cette
seconde partie, ne seront détaillés ici que quelques éléments clés qui, au sein de l’économie
du sport, peuvent être pris en considération dans une évaluation de l’impact économique des
pratiques récréatives de nature.
95
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Diverses variables sont mobilisées (âge, CSP, niveau d’étude, revenu, etc.) afin de définir un
profil type du pratiquant et donc du consommateur sportif.
96
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Tableau 33 : Evolution de la part des différentes CSP dans la population des «escaladeurs »
français entre 1967 et 1985
Ces éléments sont bien entendus à mettre en perspective avec les coûts variables selon
les disciplines correspondant à la part du budget que consent un pratiquant pour accéder à une
activité sportive donnée.
Figure 37 : Coût global moyen de chaque pratique sportive (en francs et par an)
(Source : Michon B., Ohl F. (1989), Aspects socio-économiques du prix de la pratiques sportive in Andreff W.,
Economie Politique du sport, Dalloz, Paris)
97
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Les styles de vie et les socio-types ont été abordés précédemment dans le chapitre
consacré à la fréquentation. Ces approches trouvent dans le champ marketing un terrain
d’application fécond pour saisir dans leur diversité les modes de consommation de produits
sportifs (achat de matériels et de services correspondant le mieux à chaque style - type de
pratique). Sont présentés ci-après deux exemples de segmentation des acheteurs d’articles de
sport reposant sur un traitement statistique quantitatif-qualitatif d’enquêtes clientèles.
-Importance accordée au prix, à la marque et aux -Deux segments dans ce groupe : -les jeunes (25-34
caractéristiques techniques des produits. ans), pratiquent en club, font de la compétition, sont
-Achats « au hasard » dans 50% des cas. sensibles aux marques, aux qualités techniques et aux
-Hommes, jeunes de 14 à 25 ans, revenus du conseils d’éducateurs. -les plus âgés, pratique
foyer et diplômes élevés, habitats urbains. d’entretien physique, sensible au confort et à la sécurité
des produits.
Consommateur sportif
Consommateur sportif
Pratique sportive dans un état d’esprit « loisir » - Importance donnée au rapport qualité/prix d’un produit
Le marché des articles et équipements reste une entrée privilégiée pour saisir
(quantifier et qualifier) celui du sport dans son ensemble.
Pour ce qui est du marché français des ventes d’équipement de plongée, les chiffres
sont difficiles à obtenir, mais après plusieurs consultations et recoupements, il est possible
d’estimer ce marché aux environs de 80 millions d’euros annuels.
La part du marché français serait d’environ 5 à 6 % du marché international, et nos
voisins annoncent des chiffres en euros bien plus importants (130 millions en Allemagne, 150
millions en Italie, 500 millions aux USA et 200 millions au Japon). La distribution de ce
marché s’opèrerait à 35 % par les grandes enseignes spécialisées (Décathlon, Go-sport,
Vieux-Campeur …), 10 % par des hypermarchés (Leclerc, Auchan, Carrefour …), 5 % en
direct dans les centres de plongée, et 50 % chez les revendeurs spécialisés (1/3 dans une
trentaine de magasins en réseau, 2/3 dans une centaine de magasins indépendants).
100
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Les meilleures ventes de matériels en volume se concentreraient sur les ensembles PMT
(1 million par an), les vêtements (100.000 par an, dont 15.000 spécifiquement « chasse »), les
détendeurs (25.000 par an), mais aussi les ordinateurs de plongée 32 (10 % du marché), la
bagagerie et les accessoires (15 %).
(extraits de l’étude « filière plongée sub-aquatique de loisir », M. Chauveau, 2005)
Cette première approche peut être recoupée avec les enquêtes nationales de
consommation des ménages (INSEE, Fédération Professionnelle des Entreprises du Sport,
etc.). Celles-ci permettent de segmenter le marché selon les grandes familles d’articles de
sport.
101
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Vélo enfant et
jouet hors VTT Vélo de ville
21% 4%
BMX et bicross
3%
Vélo enfant et
jouet hors VTT
VTT 20 et 24''
7%
VTC 19% VTT 20 et 24''
14% VTC 11%
16%
(Observation du tourisme – Jura, lettre d’intervention n°8, 2002 d’après dossier AFIT)
102
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
103
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
ou club de pratiques sportives similaires). M. Desbordes ajoute que la concurrence peut porter
sur un produit identique (faire de la voile dans un Club ou au Club Med) ou plus largement
substituable (le produit VTT peut être concurrencé par la voile dans la mesure ou ils
répondent au même besoin d’occuper le temps libre en plein air).
104
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
libre, nouvelles glisses puis via ferrata, PAF, etc. sur le marché du plein air) associées ou non
à des innovations technologiques multiples (Dévalkart, Trottinerbe, Hydrospeed, etc.).
Dans l’analyse des évolutions du marché, de nombreux auteurs (entres autres, Vernon,
1966 ; W. Andreff, 1989 ; Le Bas, 1991 ; Hillairet D., 1999-2002) font références au concept
de cycle de vie du produit. Certaines variantes existent dans l’utilisation du modèle. Le Bas
(1991) arrive à la conclusion qu’il peut exister au moins quatre configurations atypiques de la
courbe du cycle de vie du produit ; cela tendrait à démontrer la relative autonomie des firmes
vis-à-vis du déroulement inéluctable des phases : l’introduction d’une nouvelle génération de
produits substituables, la prolifération, d’innovations mineures qui étendent le cycle, la
relance de la demande par les technologies nouvelles qui accroissent la productivité et la
stabilisation de la maturité par internationalisation. L’analyse de D. Hillareit (1999) permet de
faire le lien entre le concept d’innovation et celui de cycle de vie du produit.
105
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
W. Andreff (figure suivante) considère que les ventes d’un produit sportif suivent une
évolution classique, malgré certaines spécificités dues à la pratique sportive qui vont par
exemple modifier les changements de phases.
Les produits sportifs sont loin d’être « simples » (M. Desbordes, F. Ohl, G. Tribou,
2001) et leurs durées de vies ont tendance à raccourcir de façon importante, engendrant ainsi
une difficulté dans l’appréhension de ces marchés avec une grille d’analyse transférée
d’autres « industries ». Ces approches s’appliquent aussi bien à des produits qu’à des ESI. La
figure ci-après illustre la rapide entrée du VTT dans le marché du cycle en France.
Figure 44 : Evolution du nombre de VTT vendus annuellement en France entre 1983 et 2003
2000000
1500000
1000000
500000
0
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
Années
Entre 1983 et 2003, plus de 26 millions de VTT ont été commercialisés en France. Ce
graphique illustre parfaitement les diverses phases du cycle de vie du produit VTT. Celles-ci
peuvent schématiquement être qualifiées comme suit :
- une phase de lancement entre 1983 et 1989 ;- une phase de croissance 1990 à 1993, pour
atteindre près de 2,3 millions d’unités vendues annuellement ;- une phase de maturité entre
1993 et 1995 ;
- une phase de décroissance 1996 et 1997 ;- une 2ème innovation : le VTC qui va redynamiser
le marché entre 1998 et 2000 et 2ème phase de croissance puis de maturité ;
- en terme de perspective, peut être posée la question de la maturité du marché et de sa future
décroissance, voire de l’obsolescence du produit ou de l’arrivée de nouvelles innovations ?
Ce même type d’analyse peut être mené sur des équipements ou espaces innovants.
L’évolution quantitative de l’offre nationale de via ferrata de 1989 à 2004 en offre un bon
exemple. De 1988 à 1995, quelques équipements audacieux et innovants apparaissent. Cette
période de lancement est relativement courte. A partir de 1998, une phase de croissance très
rapide est amorcée et s’accompagne de l’édition d’un « guide de savoir-faire » par l’Agence
Française de l’Ingénierie Touristique (BOURDEAU, 1998). L’optimum de la distribution est
atteint entre 1997 et 1999 avec 13 à 14 nouveaux équipements annuels. Depuis 2000, la
courbe de tendance connaît une certaine régression avec la création de 10 à 12 équipements
supplémentaires par an. Le produit via ferrata semble avoir atteint une phase de maturité.
107
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
100
80
60
40
20
0
1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 Années
108
Partie III : Présentation de la bibliographie « impact
économique des sports de nature »
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
La méthode de collecte des contributions peut être qualifiée de «remontée des filières
bibliographiques ». Celle-ci consiste, à partir d’un corpus d’ouvrages récents et centrés sur la
problématique générale de l’étude (thématiques générales ou sous-thèmes abordés
successivement dans la Partie II), à identifier les références utilisées (en privilégiant celles qui
sont mobilisées dans la démonstration, l’état des connaissances ou la justification de la
méthodologie), puis de réitérer la démarche via ces nouvelles contributions et ceci jusqu’au
« tarissement » de nouvelles sources.
La base de données rassemble volontairement un large panel de publications dans les
champs scientifiques, du conseil, de l’expertise ou de l’ingénierie :
- ouvrages et articles scientifiques ;
- actes de colloques et de séminaires universitaires et professionnels ;
- rapports d’études et de recherches émanent d’un large panel d’organisations
(consultants ou bureaux d’études, organismes publics ou para-publics, laboratoires de
recherches, etc.) ;
- revues et articles de la presse spécialisée ;
- mémoires d’étudiant de tous niveaux (Licence, Master, Doctorat) et de toutes
disciplines ou filières (économie, sciences de gestions, management, marketing,
géographie et sciences du territoire, STAPS, etc.) ;
- etc.).
La base de données n’a pas la prétention d’être exhaustive. De nombreux choix ont été
effectués tout au long du processus de recherche et d’inventaire des contributions. Ces choix
ont été dictés par trois éléments principaux :
- la disponibilité ou l’accessibilité des contributions (accès public, quel que soit le
support, papier ou informatique, publié ou reprographie, présence sur les réseaux de
2
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
3
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Nombre de contributions
140
120
100
80
60
40
20
0
Politique, sport et
entrepreneuriale
aménagement du
pratiques, modes de
Tourisme
Organisation et
Développement local
fréquentation
Economie du sport
Economie
événementiels
Emploi et filière
Enquête de
Géographie et
impacts des
consommations
collectivités
Sociologie des
territoriales
territoire
et territorial
(CERMOSEM, 2006)
4
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
5
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Analyse non
territorialisée
17%
Nationale
38%
Locale
(destination, lieu,
commune,
canton)
20%
Intermédiaire
(bassin,
département,
région)
25%
(CERMOSEM, 2006)
La grande majorité des contributions analysées et recensées ont été éditées entre 1995
et 2005. Cela marque la relative nouveauté de ce champ d’analyse principalement dans la
thématique des sports de nature. Les publications publiées avant 1990 s’intéressent
principalement aux questions touristiques, des espaces protégés, culturelles et sportives dans
leur ensemble. Les études ultérieures concernant plus spécifiquement les espaces et pratiques
sportives de nature s’appuient pour certaines d’entre-elles sur les acquis et méthodes
développés dans ces travaux.
6
Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Nombre de contributions
80
70
60
50
40
30
20
10
0
00
03
06
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
01
02
04
05
20
20
20
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
20
20
20
20
N.B. : pour compléter le graphique ci-dessus, 63 contributions référencées ont été éditées
entre 1932 à 1986.
(CERMOSEM, 2006)
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Nombre de contributions
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
Industrie Culture Sport de Sport Tourisme
nature
(CERMOSEM, 2006)
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
(CERMOSEM, 2006)
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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Impact économique des sports de nature
revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Figure 1 : Structure du financement des sites d'escalade .................. Erreur ! Signet non défini.
Figure 2 : Les structures de l’opinion sportive en montagne ............ Erreur ! Signet non défini.
Figure 3 : Les trois types d’étude de fréquentation applicable aux pratiques et territoires
touristiques et /ou sportifs de nature.......................................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 4 : Exemples de graphiques réalisés à partir de la méthode des flux « BET François
Marchand » - Département du Var ............................................ Erreur ! Signet non défini.
Figure 5 : Exemple de définition de socio-types grâce à l’utilisation d’une A.F.C. suite à une
enquête par questionnaire (les pratiquants français de vol- libre en 1994) .. Erreur ! Signet
non défini.
Figure 6 : Schéma de mesure de l’impact économique du CRNG sur le territoire granvillais :
connaître A et B pour déterminer C .......................................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 7 : Schématisation « systémique » du fonctionnement du système économique du
CRNG sur le territoire granvillais ............................................. Erreur ! Signet non défini.
Figure 8 : Schéma de présentation de la méthodologique proposée par P. Godard pour
l’évaluation de l’impact de la randonnée dans les Pyrénées ..... Erreur ! Signet non défini.
Figure 9 : Le tourisme diffus en montagne ; système d’acteurs et gestion touristique d’après P.
Moreau, 1997............................................................................. Erreur ! Signet non défini.
Figure 10 : L’impact des sports de nature dans la repolarisation vers l’aval d’un système
géotouristique estival ; Esquisse de modèle graphique du cas de la Vallouise.......Erreur !
Signet non défini.
Figure 11 : Évolution de la population de 1936 à 1999 de la Palud-sur-Verdon et de quelques
communes environnantes .......................................................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 12 : Les différentes étapes de l’organisation et de l’analyse de l’impact d’un
événementiel sportif .................................................................. Erreur ! Signet non défini.
Figure 13 : Quatre niveaux d'analyse des effets des Jeux olympiques sur l'organisation spatiale
des villes hôtes........................................................................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 14 : Typologie des manifestations sportives et culturelles : approche en terme de flux
et de sites ................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 15 : Modèle d’analyse coûts et bénéfices appliqué aux manifestations sportives
................................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
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revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
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revue de littérature et mise en perspective des méthodes d’évaluation.
Tableau 35 : Analyse des données relatives à l’emploi dans la filière plongée sub-aquatique de
loisir selon les sources ou types d’information ......................... Erreur ! Signet non défini.
Tableau 36 : Approche comparée des estimations en terme d’emploi et d’ETP dans les études
régionale Massif-Central, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. ... Erreur ! Signet non
défini.
Tableau 37 : Nombre d’activités proposées dans les structures d’encadrement et de prestation
de service sportifs du Massif Central en 2005........................... Erreur ! Signet non défini.
Tableau 38 : Les profils de poste identifiés dans la filière sportive de nature du Massif-Central
en 2005 ...................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
Tableau 39 : Mise en perspective thématique de quatre ouvrages portant sur l’économie, le
marketing et le marché du sport (M. Desbordes, F. Ohl, G. Tribou, 2001 ; F. Ohl, G.
Tribou, 2004 ; W. Andreff, J-F. Nys, 2001 ; B. Halba, 1997) .. Erreur ! Signet non défini.
Tableau 40 : Analyse du profil socio-démographique des sportifs, des licenciés et des
compétiteurs français en 2000 ................................................... Erreur ! Signet non défini.
Tableau 41 : Evolution de la part des différentes CSP dans la population des « escaladeurs »
français entre 1967 et 1985........................................................ Erreur ! Signet non défini.
Tableau 42 : Evaluation du marché des principales familles d’articles de sport. Erreur ! Signet
non défini.
Tableau 43 : Fonctionnement des secteurs non-marchands privés et non-marchands publics
dans le marché sportif................................................................ Erreur ! Signet non défini.
Tableau 44 : Classement thématique de la base de données bibliographique et descriptif
succinct des sous-thèmes .................................................................................................... 5
Tableau 45 : Echelles territoriales d’observation et d’évaluation représentées dans la base de
données bibliographique « impact économique des sports de nature ».............................. 6
Tableau 46 : Présentation des champs renseignés dans la base de données bibliographique
« impact économique des sports de nature »...................................................................... 8
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