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LES FOCUS

TECHNIQUES DE L'INGÉNIEUR

ENVIRONNEMENT
ANALYSE DU CYCLE DE VIE (ACV) -
PRÉSENTATION, MÉTHODOLOGIE,
APPLICATIONS ET LIMITES
SEPTEMBRE 2023
Réf. : G5500 V2

Analyse du cycle de vie (ACV) -


Date de publication :
10 mai 2022
Présentation, méthodologie,
applications et limites

Cet article est issu de : Procédés chimie - bio - agro | Chimie verte

par Patrick ROUSSEAUX

Mots-clés Résumé L’analyse de cycle de vie (ACV) est un outil comparatif d’évaluation
Développement durable | cycle environnementale de toute activité humaine. La construction d’une ACV se déroule en
de vie | évaluation
environnementale | aide à la quatre phases : définition des objectifs, inventaire des entrants et sortants, évaluation des
décision impacts potentiels sur l’environnement et interprétation. L’objectif de cet article est de
présenter d’une manière exhaustive et synthétique cet outil. Il décrit, dans un premier
temps, l’historique de l’ACV. Il expose ensuite succinctement ses principales étapes
méthodologiques. Les dernières parties portent sur ses applications et ses limites.

Keywords Abstract The life Cycle Assessment (LCA) is a comparative tool for environmental
substainable dévelopment | life assessment of any human activity. The realization of an LCA takes place in four stages:
cycle | environmental
assessment | decision aid goals definition, inventory of input and output, assessment of potential impacts on the
environment and interpretation. The objective of this article is to present this tool in an
exhaustive and synthetic way. This article first presents the LCA history. It then describes
the main methodological steps. The last parts focus on its applications and limitations.

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Analyse du cycle de vie (ACV)


Présentation, méthodologie, applications
et limites
par Patrick ROUSSEAUX
Professeur de l’Université de Poitiers,
Docteur en gestion et traitement des déchets de l’INSA de Lyon,
Institut Pprime, CNRS UPR 3346, IRIAF, Niort, France

1. Contexte..................................................................................................... G 5 500v2 - 2
2. Genèse de l’ACV...................................................................................... — 4
3. Méthodologie ACV.................................................................................. — 4
3.1 Définition des objectifs et du champ de l’étude ....................................... — 4
3.2 Inventaire : bilans matière et énergie des étapes du cycle de vie.......... — 5
3.3 Évaluation de l’impact : analyse des impacts potentiels
sur l’environnement.................................................................................... — 5
3.3.1 Classification des impacts ................................................................. — 5
3.3.2 Caractérisation des impacts .............................................................. — 5
3.3.3 Évaluation globale des impacts ........................................................ — 6
3.4 Interprétation............................................................................................... — 6
4. Domaines d’utilisation de l’ACV......................................................... — 7
5. Limites de l’ACV ...................................................................................... — 8
6. Exemples succincts d’ACV................................................................... — 8
7. Conclusion................................................................................................. — 8
8. Sigles .......................................................................................................... — 11
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. G 5 500v2

I l existe différentes méthodes d’évaluation environnementale (étude d’impact


[0 024], système de management environnemental [G 4 600], bilan carbone
[G 8 300]…) et le choix de la méthode dépend de différents critères, dont la finalité
et l’objectif de l’étude, la nature des anthroposystèmes et des écosystèmes à ana-
lyser, et le type d’impacts environnementaux à évaluer. Ces méthodes sont
complémentaires et aucune ne surclasse les autres d’un point de vue méthodolo-
gique et scientifique. Dans certains cas, rien n’interdit d’utiliser les mêmes outils
de calculs des impacts environnementaux dans les différentes méthodes d’évalua-
5 - 2022

tion environnementale, sachant qu’il n’existe aucun outil universel de calcul de


chaque impact environnemental sauf pour le changement climatique. Pour ce
dernier impact, on utilise l’indicateur GWP (Global Warming Potential) ou PRG
(Potentiel de Réchauffement Global), qui exprime, pour un gaz contribuant à
l’augmentation de l’effet de serre, le flux de rayon infrarouge qu’il est capable
d’absorber (forçage radiatif) par rapport au CO2.
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L’une des dernières méthodes d’évaluation environnementale proposée est


l’Analyse de Cycle de Vie (ACV). Cette méthode est aujourd’hui couverte
par deux normes : la norme ISO 14040:2006 spécifiant les principes et le cadre
applicables à la réalisation d’ACV, révisée par un amendement de 2020 et la
norme ISO 14044:2006, spécifiant les exigences et les lignes directives pour la
réalisation d’ACV, révisée par deux amendements de 2018 et de 2020.

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE (ACV) ______________________________________________________________________________________________________

L’ACV permet d’évaluer les impacts environnementaux potentiels d’un


anthroposystème (un produit, un procédé ou un service) sur tout son cycle de
vie. Deux spécificités distinguent l’ACV des autres méthodes d’évaluation envi-
ronnementale : la notion de « cycle de vie » et la quantification des impacts
environnementaux.
D’après l’ISO, le cycle de vie est l’ensemble des « phases consécutives et
liées d’un anthroposystème, de l’acquisition des matières premières ou de la
génération des ressources naturelles à l’élimination finale ». Cette notion
permet de prendre en compte toutes les étapes du cycle de vie d’un produit,
depuis l’extraction des matières premières, à l’utilisation jusqu’à la fin de vie
du produit. Pour un procédé ou un service, on distingue généralement les
quatre étapes suivantes : l’extraction des matières premières, la mise en
œuvre du procédé ou service, son fonctionnement et son démantèlement
en fin de vie. Chacune de ces étapes utilise des ressources primaires (énergie
et matières premières) et rejette des résidus gazeux, liquides et solides dans
l’environnement.
Cette démarche globale et systématique rend possible l’identification des
déplacements de charges environnementales, dans le temps et l’espace, entre
les différentes étapes du cycle de vie. Il s’agit de la notion de transfert de pol-
lution. Ces transferts de pollution sont liés au type de cycle de vie étudié. Par
exemple, la voiture électrique n’émet aucun gaz d’échappement lors de son
utilisation, mais des effluents gazeux ont été émis, en amont si l’électricité a
été produite par une centrale thermoélectrique au charbon et de plus, en aval
avec le problème des impacts du traitement des batteries en fin de vie. Ces
transferts peuvent apparaître lors d’une tentative d’amélioration d’un anthropo-
système en agissant sur une étape du cycle de vie. L’amélioration d’une étape
peut ainsi entraîner des conséquences néfastes sur une autre. Il faut souligner
que, dans la pratique, l’analyse d’un cycle de vie peut s’avérer compliquée car,
compte tenu de la mondialisation économique, l’étape d’extraction pourrait
se trouver en Afrique, l’étape de production en Asie et l’étape d’utilisation
en Europe !
L’autre spécificité de l’ACV est l’évaluation exhaustive et quantitative des
impacts potentiels sur l’environnement. Selon l’ISO, l’ACV est « une compilation
des intrants, des extrants et des impacts environnementaux potentiels d’un
système de produits au cours de son cycle de vie ». L’ACV n’évalue que des
impacts environnementaux potentiels (et non des impacts réels). Dans un
contexte actuel de développement durable, avec une prise de conscience d’une
importance égale entre les domaines économique, environnemental et social,
l’ACV ne prend pas en compte les impacts socio-économiques, contrairement à
l’étude d’impact réglementaire. Enfin, l’ACV ne s’intéresse qu’aux anthroposys-
tèmes en fonctionnement normal et ne considère donc pas les risques industriels.
L’objectif de cet article est de présenter un synoptique de l’outil ACV, en
mentionnant les utilisations potentielles et ses limites, sachant que les diffé-
rentes étapes méthodologiques sont précisées dans d’autres articles des
Techniques de l’Ingénieur. Au préalable, afin de comprendre pourquoi cet outil
est devenu incontournable dans l’évaluation environnementale des anthropo-
systèmes, un éclairage est réalisé sur le contexte dans lequel est apparu l’ACV
et sur la chronologie de son déploiement international.
Le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire et un tableau des sigles utilisés.

1. Contexte d’extinction et de reconnaître les aires protégées telles que les


parcs nationaux. Cependant, ce n’est pas avant la Conférence de
Stockholm de 1972 que le cadre juridique actuel de la protection
La protection de l’environnement a été formalisée pour la pre- de l’environnement a été élaboré pour la première fois. Depuis,
mière fois au niveau international en 1902 avec une convention une conférence internationale sur le sujet se tient tous les dix ans
signée à Paris par neuf pays visant à protéger « les oiseaux utiles environ. Cette reconnaissance des institutions internationales est
à l’agriculture » [1]. Une autre convention, la Conférence interna- concomitante avec l’attention croissante portée par les sociétés
tionale pour la protection de la faune et de la flore a été adoptée civiles et scientifiques sur le réchauffement climatique, l’épuise-
en 1933 à Londres, dans le but de protéger les espèces menacées ment des ressources, les différentes pollutions, les catastrophes

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______________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE (ACV)

climatiques et technologiques, ainsi que leurs effets collatéraux importante des déchets urbains et industriels, a été à l’origine,
socio-économiques et les conséquences pour la santé publique. en 1975, de la création de l’Agence Nationale pour la Récupération
La prise de conscience a imposé la nécessité de protéger et de pré- et l’Elimination des Déchets (ANRED). Une nouvelle dimension des
server l’environnement pour sauvegarder l’humanité. De plus, de problèmes d’environnement est apparue avec la notion de pollu-
nombreux rapports scientifiques ont clairement indiqué que les tions chroniques globales. Des phénomènes comme les pluies
activités humaines ont causé et aggravé les problèmes environne- acides, la dégradation de la couche d’ozone stratosphérique, l’aug-
mentaux, et donc des mesures politiques et juridiques devaient mentation de l’effet de serre, ont été présentés comme perturbateurs
être prises à l’échelle à la fois mondiale et locale afin de réduire, à moyen et long terme de grands mécanismes de fonctionnement de
supprimer, voire compenser, les impacts sur l’environnement la planète. On a vu là apparaître en plus de l’impact des rejets
commises par les humains. Une solution a alors été proposée, liquides et des déchets, l’impact des émissions gazeuses. C’est
lors de la conférence de Stockholm de 1972, par le club de Rome, ainsi que, en reprenant le principe pollueur-payeur élaboré par les
qui préconisait une décroissance économique pour préserver Agences de Bassin, l’Agence pour la Qualité de l’Air (AQA) a été
l’environnement. Cette proposition était jugée comme un non- institutionnalisée en France en 1980. Aux notions de pollutions
sens par le système capitaliste, qui est le fondement économique chroniques locales et globales s’est ajoutée enfin la notion de pol-
de nos sociétés occidentales. lution accidentelle. Dans les années 1980, une série d’accidents
Le système capitaliste a alors réagi en proposant le premier graves (Seveso, Bhopal, Tchernobyl, Bale...), a montré qu’il ne
postulat du Développement durable qui prescrit, dans le rapport s’agissait pas seulement de réduire le flux de polluants rejetés en
de Brundland en 1987, que tout anthroposystème doit être évalué permanence, mais aussi de faire face à des situations imprévues.
sur trois familles de critères : l’Économie, l’Environnement et le Il s’est avéré important d’intégrer la préoccupation de prévention
Social. Ce premier postulat a été validé par une majorité de pays des risques technologiques majeurs dans le fonctionnement des
lors de la conférence de Rio en 1992. installations industrielles. Parallèlement aux problèmes de pollu-
tion, une autre préoccupation relative à la gestion des ressources
Le deuxième postulat du Développement durable, émanant de naturelles est apparue, en 1973, à la suite des différents chocs
l’UNEP (United Nations Environment Programme) en 2003, pres- pétroliers. C’est dans ce contexte que l’ADEME (fusion de l’ANRED,
crit que les trois familles de critères du Développement durable l’AQA et l’AFME) a été créée, en 1992, et que l’outil ACV s’est déve-
doivent être évaluées sur l’ensemble du cycle de vie des anthropo- loppé en devenant rapidement incontournable dans l’évaluation
systèmes, comme défini par l’ISO. Pour éviter toute ambiguïté, il environnementale des anthroposystèmes selon la dimension envi-
ne faut pas confondre la définition ISO de cycle de vie (figure 1) ronnementale du principe du développement durable.
avec une autre utilisée dans les analyses de risques, qui corres-
pond aux périodes de vie (naissance, jeunesse, maturité et fin de Face à ces reconnaissances internationale et nationale, l’ACV
vie) d’un seul anthroposystème [1]. entraîne aujourd’hui un intérêt de la part des entreprises qui y
voient un important potentiel en termes de légitimité et de com-
Ce deuxième postulat reposait sur la prise de conscience que la munication. Selon [3], trois arguments ont motivé les entre-
gestion des ressources naturelles et les problèmes de pollution prises à penser à la protection de l’environnement et à penser
rendaient nécessaires une meilleure connaissance des cycles de cycle de vie :
vie des anthroposystèmes, ainsi qu’une évaluation contingente 1. le respect des réglementations et l’adoption des normes mises
et exhaustive des impacts sur l’environnement aux différentes en place : concernant les spécifications des produits et de la gestion
étapes de leurs cycles de vie, le principe de développement des déchets, des réglementations ont été introduites au niveau
durable ne reconnaissant pas les frontières géopolitiques. Histori- européen. Ces mesures législatives comprennent notamment :
quement, nous avons réagi au fur et à mesure que les problèmes
environnementaux apparaissaient sans posséder une vision glo- • la directive 2000/53/CE dite directive VHU pour le recyclage et
bale du problème. la valorisation des véhicules hors d’usage ;
Dans un premier temps, les problèmes environnementaux ont • la directive 2005/64/CE relative à la réception par type des
été perçus comme des pollutions chroniques locales qui affec- véhicules à moteur en ce qui concerne leur réutilisation, leur
taient essentiellement les écosystèmes aquatiques, ces derniers recyclabilité et leur valorisation ;
étant les plus fragiles. Pour aborder ce premier problème, la • le règlement européen REACH (n° 197/2006) pour sécuriser la
France créa en 1965 les Agences de Bassin. Il s’ensuivit une mise fabrication et l’utilisation des substances chimiques ;
en œuvre de traitements efficaces des effluents liquides. Il est vite
apparu que ces traitements engendraient de grandes quantités de • la directive 2011/65/UE sur la restriction de l’utilisation de cer-
déchets. Ce transfert de pollution, aggravé par la production taines substances dangereuses (2002 et révisée en 2012)
concernant l’interdiction des substances dangereuses dans
les équipements électriques et électroniques » ;
• la directive 2002/96/CE relative à la gestion des déchets d’équi-
pements électriques et électroniques (2002 et révisée 2012) ».
Recyclage Différentes mesures politiques pro-environnementales ont éga-
Extraction
lement été introduites aux niveaux européen et international,
notamment :
– concept de responsabilité élargie des producteurs introduit
par [4] et adopté par l’OCDE en 2001 ;
Élimination – politique intégrée des produits (PIP) (2001) : la Commission
européenne a publié son Livre vert qui a exposé la justification de
Production l’élaboration de politiques environnementales liées aux produits ;
elle a adopté la PIP en optant pour une approche plus volontaire
des produits plus écologiques. La PIP cherche à minimiser la dégra-
Réemploi dation de l’environnement causée par les produits tout au long de
leur cycle de vie ;
Utilisation – contrôle intégré de la prévention de la pollution (2008) : la
Commission européenne applique une approche environnemen-
tale intégrée à la réglementation des activités industrielles et agri-
Figure 1 – Cycle de vie d’un produit coles à fort potentiel de pollution ;

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE (ACV) ______________________________________________________________________________________________________

– facteur d’énergie primaire (2012) : la directive 2012/27/UE rela- lorraine). La première thèse française de doctorat sur l’ACV est
tive à l’efficacité énergétique établit un coefficient par défaut de 2,5 soutenue, en 1993, au Laboratoire d’Analyse Environnementale
qui peut être appliqué par les États membres lors de la transforma- des Procédés et des Systèmes Industriels (LAEPSI) de l’INSA de
tion des économies d’électricité en économies d’énergie primaire ; Lyon [9], rapidement rejoint par l’ENSAM Paris puis Chambéry.
2. la compétitivité ou la volonté d’améliorer le potentiel de renta- En 1993, la SETAC publie son premier guide de bonnes pra-
bilité : la prise en compte et l’intégration systématique des impacts tiques [10], qui sera la base de tous les développements ultérieurs.
environnementaux lors du développement du produit peuvent être Bien que la France se soit intéressée tardivement à l’ACV en com-
envisagées indispensables pour atteindre une performance envi- paraison à d’autres pays occidentaux, l’AFNOR édita en 1996 une
ronnementale globale pouvant être améliorée par une démarche norme expérimentale sous la forme du fascicule de documentation
dite d’écoconception [G 6 000], [G 5 850], [G 6 050], [G 6 250]. Les NFX30-300 présentant les concepts fondamentaux de l’ACV. La
bénéfices économiques qui peuvent être réalisés lorsque l’amélio- France a donc été le premier pays à élaborer une norme grâce à
ration de la performance environnementale des produits et procé- la demande des industriels et à la pression d’un bureau d’études
dés peut être considérée comme un levier supplémentaire (au-delà Ecobilan créé en 1990. En 1997, l’ISO a emboîté le pas avec la
de la réglementation, de la concurrence du marché et de la demande norme ISO 14040 intitulée « Principes et cadre » et a continué avec
des consommateurs) pour les entreprises s’orientant vers des pra- la norme 14041 en 1998 portant sur la première et deuxième étape
tiques et un développement durable [5] [6] ; de l’ACV, la norme 14042 portant sur la troisième étape en 2000 et
3. la responsabilité morale, ou la volonté, en tant qu’entité fonc- la norme 14043 sur la quatrième étape en 2000. En 2006, l’ISO éla-
tionnelle au sein des systèmes macro-économiques, sociaux et bore deux autres normes : la nouvelle version de la 14040 et la
naturels, de remplir des obligations sociales ; selon [7] [8], on peut 14044. Ces deux normes annulent et remplacent les normes précé-
reconnaître qu’il y a une pression croissante sur les entreprises au demment précitées. Cet élan en termes de normalisation a été
niveau mondial, pour qu’elles agissent de manière plus responsable moteur pour le développement de la recherche en ACV. Pour
et durable au sein de leurs processus de production, pour leur confirmer cet élan, en 1996, la première revue internationale scien-
impact environnemental global sur leur cycle de vie et pour fournir tifique, « The International Journal of Life Cycle Assessment »,
plus de biens et de services respectueux de l’environnement. avec comité de lecture, consacrée uniquement à l’ACV voit le jour.
L’ACV a connu un incontestable essor en 50 ans grâce à 3 facteurs
principaux :
À retenir – la confirmation de la dégradation de l’environnement terrestre
par l’humanité ;
– Suite à une dégradation de l’environnement terrestre, notre – la réponse de cette dernière pour y remédier par le principe
planète, voire l’humanité, est menacée. international du développement durable,
– L’humanité est responsable de cette dégradation. – la prise de conscience d’entreprises écoresponsables pour
– Pour y remédier, les pouvoirs publics ont adopté le prin- apporter des solutions concrètes.
cipe de « développement durable » en l’appliquant au cycle de
vie des activités humaines.
– Les entreprises ont été incitées à appliquer ce principe de À retenir
« développement durable » (réglementation, compétitivité et
responsabilité morale). – L’ACV, issue de l’approche « Analyses des profils environ-
nementaux », est née aux États-Unis dans les années 1960.
– L’outil s’est ensuite développé, 20 ans après en Europe,
puis dans le reste du monde.
2. Genèse de l’ACV – La première norme ISO sur l’ACV a vu le jour en 1997.
– Les premiers utilisateurs de l’ACV ont été les grandes
entreprises industrielles.
Les prémices de l’ACV sont apparues aux États-Unis dans les
années 1960 sous le nom de analyses des profils environnemen-
taux (REPA en anglais). Ces REPA étaient des outils innovants en
termes d’évaluation environnementale, car ils se distinguaient par
une approche cycle de vie. Ils permettaient d’évaluer les consom-
3. Méthodologie ACV
mations de matière et d’énergie, et les rejets associés à un produit
tout au long de son cycle de vie, sans considérer leurs impacts Il n’existe pas de méthode unique pour élaborer une ACV. Les
environnementaux. En 1969, Coca-Cola commandite une étude, normes ISO laissent une flexibilité pour évaluer les impacts envi-
auprès du Midwest Research Institute pratiquant cette méthode, ronnementaux. Selon l’ISO, cette méthodologie se construit en
afin de réaliser une analyse comparative des emballages de 4 phases :
boisson. – définition des objectifs et du champ de l’étude,
Aux débuts des années 1980, l’introduction de la notion d’impacts – inventaire : bilans matière et énergie des étapes du cycle de vie,
potentiels sur l’environnement illustre le passage des REPA aux ACV. – évaluation de l’impact : analyse des impacts potentiels sur
La SETAC (Society of Environmental Toxicology and Chimistry) l’environnement,
détermine de manière plus formelle et consensuelle la première – interprétation : examen des résultats et recommandations.
méthodologie de l’ACV. Certains chercheurs ont fortement contribué
à l’émergence de l’évaluation des impacts environnementaux des
produits à travers les ACV. On peut citer l’office fédéral suisse de 3.1 Définition des objectifs
l’environnement et certaines universités (Leiden aux Pays-bas, Lund et du champ de l’étude
en Suède et Copenhague au Danemark). À la fin des années 1980,
l’ACV se déploie en Europe par l’intermédiaire de la SETAC Europe Cette première phase fixe la finalité et l’objectif de l’étude, les
qui continue de travailler sur le développement de la méthodologie. frontières des cycles de vie étudiés et l’Unité Fonctionnelle (UF)
Bien que l’ACV soit un outil né aux États-Unis, l’Europe a permis son [G 5 510].
extension et son véritable essor.
La finalité est déterminée par le commanditaire de l’étude. Il
En 1990, la première ACV réalisée en France est une étude des convient d’expliciter clairement la problématique du sujet, l’appli-
produits d’emballages en acier de SOLLAC (société sidérurgique cation envisagée et le public concerné (politiques, scientifiques,

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______________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE (ACV)

managers, consommateur, citoyen…). La détermination des appli- étapes, et les résultats et les conclusions de l’étude sont basés uni-
cations éventuelles de l’étude et l’identification des utilisateurs de quement sur les résultats de l’inventaire des flux de matière et
l’étude sont nécessaires au regard du besoin de transparence de d’énergie.
l’étude et de la crédibilité des résultats.
Les deux principaux objectifs possibles sont :
– la comparaison environnementale des étapes d’un seul cycle 3.3 Évaluation de l’impact :
de vie afin d’identifier ses étapes les plus impactantes ou les trans- analyse des impacts potentiels
ferts de pollution ; sur l’environnement
– la comparaison environnementale de plusieurs cycles de vie
« concurrents » par rapport à une fonction donnée ou à un service Cette phase consiste à traduire les flux de matière et d’énergie
rendu, afin d’identifier les anthroposystèmes les plus respectueux précédemment recensés en termes d’impacts potentiels sur l’envi-
de l’environnement. ronnement [G 5 610]. On peut regrouper ces impacts au sein de
La finalité et l’objectif de l’étude permettent d’estimer le niveau deux familles principales :
de détails requis lors de la phase suivante d’inventaire. Selon – impacts locaux et régionaux : conséquences toxiques et éco-
l’objectif fixé, il est ainsi possible de réaliser des ACV en suppri- toxiques, nuisances (bruit, odeur et visuel), eutrophisation des cours
mant certaines étapes de cycle de vie (si elles sont peu impac- d’eau, pluies acides, pollution photo-oxydante ;
tantes par rapport aux autres étapes ou si elles sont communes à
– impacts globaux : changement climatique (ou augmentation de
tous les cycles de vie à comparer) ou en évaluant un seul impact
l’effet de serre) et épuisement des ressources naturelles, sachant
environnemental (fréquemment le réchauffement climatique).
que la dégradation de la couche d’ozone stratosphérique n’existe
La fonction de l’anthroposystème, définie par un usage délimité plus suite aux mesures internationales prises.
dans l’espace et le temps, permet ensuite de construire l’UF, qui
L’évaluation de ces impacts permet la réalisation d’un bilan envi-
caractérise la performance du ou des cycles de vie à comparer. Cette
ronnemental.
UF est utilisée comme unité de référence à laquelle les entrants et
les sortants seront rapportés. Cette unité est une valeur précise Cette phase de l’ACV est la plus complexe, elle est de plus
et mesurable. Elle rend possible la comparaison des résultats obte- controversée par les scientifiques, car elle met en jeu la compré-
nus pour un même service rendu pour les différentes alternatives hension des mécanismes d’impacts et l’utilisation de méthodes de
considérées. Le choix de l’UF conditionnera les résultats de caractérisation et d’indicateurs d’impacts pour leur calcul. Cette
l’étude. Elle doit être en adéquation avec la finalité de l’étude. phase d’évaluation des impacts comporte trois étapes : la classifica-
L’ACV est donc une approche relative puisqu’elle base ses résul- tion, la caractérisation et l’évaluation. Selon ISO, les deux premières
tats d’inventaire et d’impacts sur cette unité de référence et toute étapes sont obligatoires, alors que la troisième est facultative et
extrapolation des résultats est à proscrire. dépend de la finalité et de l’objectif de l’étude.
La qualité de l’ACV dépend beaucoup de la rigueur de la réalisa-
tion de cette première phase, qui est trop souvent négligée dans
la pratique.
3.3.1 Classification des impacts
Théoriquement, l’étude doit tendre vers l’exhaustivité des impacts
à évaluer, mais selon la finalité de l’étude, il est possible de choisir
3.2 Inventaire : bilans matière un nombre d’impacts limités. Ce nombre limité d’impacts entraîne
et énergie des étapes des limites dans l’interprétation des résultats et doit être justifié.
du cycle de vie Puis on liste les différents impacts potentiels du système par
rapport aux résultats obtenus par l’inventaire. Le terme « poten-
Cette phase consiste à identifier et à quantifier les flux de matière tiel » est utilisé, car les impacts calculés ne sont pas des impacts
et d’énergie entrant et sortant dans les différentes étapes du cycle réels du fait de la mauvaise connaissance, d’une part, des méca-
de vie [G 5 510]. L’élaboration de tels bilans entraîne des incerti- nismes d’apparition des impacts et, d’autre part, du devenir des
tudes, qui doivent être estimées scientifiquement. De plus, le bilan substances émises dans l’environnement. Les nuisances (en tant
matière énergie de différents procédés peut présenter des variabi- que bruit, odeurs et impact paysager) sont rarement évaluées en
lités significatives. Pour éviter toute généralisation abusive, il est ACV, car leurs conséquences sont difficilement observables et/ou
nécessaire de bien décrire chaque anthrosystème (nature du pro- mesurables.
cédé, paramètres de fonctionnement...). On comptabilise ainsi
matières premières et énergie entrant, et flux sortants (produit, Les données de l’inventaire sont ensuite affectées aux diffé-
coproduit(s), rejets dans l’air et l’eau et déchets) pour tout ou par- rentes catégories d’impacts. Cette étape permet de traduire les
tie du cycle de vie étudié. L’établissement de ces bilans demande données d’inventaire en classe d’impacts. Une substance peut
une collecte importante de données (plusieurs centaines voire contribuer à différents impacts. Or on ne sait pas répartir les diffé-
des milliers de données !), qui s’avère être une tâche longue et fas- rentes proportions d’une substance entre les différents impacts
tidieuse. Il est possible et recommandé de simplifier l’inventaire auxquelles elle participe. Dès lors, la totalité du flux d’une subs-
en ne prenant en compte que les flux les plus pertinents en termes tance est attribuée à chaque impact potentiel auquel elle est sus-
d’importance relative par rapport aux autres flux et en termes de ceptible de contribuer. Le fait d’attribuer la totalité du flux d’une
pertinence environnementale. Une fois toutes les données recueil- substance à chaque impact auquel elle pourrait contribuer, entraîne
lies, elles doivent être rapportées à l’UF établie au préalable. Tous une majoration de ces impacts. L’ACV évalue donc des impacts
les flux et donc par la suite tous les impacts sont donc ainsi « nor- potentiels maximalisés.
malisés » à l’UF.
Réaliser cette compilation de données requiert des moyens impor- 3.3.2 Caractérisation des impacts
tants en temps et en moyens humains, également en termes budgé-
taire pour l’acquisition des bases de données et de logiciel ACV. La caractérisation permet la quantification proprement dite des
impacts.
Certaines études ACV s’arrêtent à cette phase d’inventaire. Ces
études sont appelées des études d’Inventaire du Cycle de Vie (ICV). Pour réaliser cette quantification, il convient de choisir des
Elles sont réalisées de manière identique à une ACV à l’exception indicateurs d’impact, car, à ce jour, seul l’impact réchauffement
de la phase « d’évaluation de l’impact ». L’ICV comporte donc trois climatique possède un indicateur reconnu complétement par la

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE (ACV) ______________________________________________________________________________________________________

communauté scientifique. Un indicateur se calcule selon la for- cole d’aide dans ce choix pour les ACV a été proposé par [11]. Lors
mule suivante : de ces analyses multicritères, le décideur pondère les impacts.
L’attribution de ces « poids » est subjective puisqu’elle dépend de la
vision et des priorités du décideur vis-à-vis de l’environnement, de
l’influence des médias, ou des politiques nationales ou internatio-
avec I valeur de l’impact, nales en vigueur. En conséquence, l’application de ces méthodes
mi masse du flux i (en kg), doit être complétée par une analyse de robustesse, qui consiste à
Fi facteur de caractérisation de l’impact. faire varier les pondérations pour vérifier si elles peuvent impacter le
résultat final de la comparaison. Si la pondération n’a aucune
L’unité de I dépend de l’unité de Fi qui, selon le mode de calcul influence sur le résultat final, il sera alors considéré comme robuste
choisi, peut varier. Les facteurs de caractérisation sont établis à et pourra alors être généralisé.
partir des propriétés intrinsèques de la substance et des condi-
tions bio-physicochimiques des milieux impactés. Les indicateurs Dans un but managérial, les méthodes d’analyses multicritères
d’impacts traduisent l’effet potentiel sur l’environnement d’une sont particulièrement utiles pour comparer plusieurs cycles de vie
quantité de substance émise par un anthroposystème. Ils repré- au regard de leurs impacts environnementaux.
sentent un compromis entre rigueur scientifique et praticité. Ces
indicateurs sont obtenus via des bases de données, et leur accès
et leur qualité sont un point important de l’ACV finale (§ 5). 3.4 Interprétation
À la fin de cette étape de caractérisation et dans la pratique, on Dans un premier temps, on analyse de manière critique l’ACV réa-
représente les résultats des impacts environnementaux pour les diffé- lisée en ce qui concerne les hypothèses posées, les choix méthodo-
rentes étapes d’un cycle de vie ou pour les différents cycles de vie logiques et les limites de l’étude. Il s’agit ensuite :
sous la forme d’un graphique (histogramme ou diagramme « radar »)
dénommé « Ecoprofil ». Cet écoprofil facilite la comparaison des – de réaliser une synthèse des inventaires et des bilans environ-
anthroposystèmes pour chaque impact environnemental évalué. nementaux ;
– d’exploiter ces bilans pour répondre au mieux aux finalités et
aux objectifs choisis.
3.3.3 Évaluation globale des impacts La combinaison des résultats de l’inventaire et de l’évaluation
Selon l’objectif de l’étude et de l’application envisagée, cette des impacts conduit aux conclusions et aux recommandations.
étape permet de traiter les résultats de la caractérisation à l’aide Elles doivent être cohérentes avec l’objectif et le champ de l’étude,
de différentes méthodes appelées selon ISO « la normalisation » et également claires et utilisables par le décideur. Pour cela, il est
et « la pondération ». fondamental de réaliser une analyse de sensibilité, qui évalue la
fiabilité des résultats. L’analyse de sensibilité a pour objectif de
■ Normalisation mesurer, à l’aide principalement d’outils statistiques, la variation
La normalisation permet de mesurer la contribution relative du associée à chacun des impacts calculés. Cela permet de déterminer
cycle de vie étudié à un impact environnemental donné, en le divi- la précision des résultats et donc dans quelle mesure il est possible
sant par l’impact environnemental d’une situation de référence. Le d’effectuer des comparaisons. L’analyse de sensibilité implique
choix de ce système référent est arbitraire et ce système peut être d’identifier les principaux paramètres critiques des méthodes utili-
de différentes natures, par exemple : sées dans les 2e et 3e phases de la méthodologie ACV, afin de les
faire varier et d’observer leur influence sur les résultats. Par ail-
– les résultats d’impacts moyens d’un habitant d’une région géo- leurs, elle peut aussi contenir un volet présentant différents scéna-
graphique (dénommés les « équivalents habitants ») ; rios permettant de mettre en perspective les résultats principaux
– les résultats d’impacts d’un système pris comme référence en afin de les interpréter plus facilement. De nombreuses méthodes
termes industriel ou environnemental. peuvent être appliquées : lois de distribution (normale, égale, etc.),
Les enjeux de cette normalisation peuvent être la communica- écarts-types, méthode de Monte-Carlo… Les principaux logiciels
tion ou la mise en évidence des résultats par rapport à des enjeux d’ACV permettent d’effectuer ces analyses.
stratégiques entre autres. Elle peut être utilisée aussi pour justifier Enfin, les résultats de l’ACV dévoilent les étapes du cycle de vie
une nouvelle réglementation. Par ailleurs, la normalisation peut pour lesquelles il serait prioritaire de mettre en place des actions
être employée à mauvais escient en retenant, par exemple, une d’amélioration. L’ACV permet alors de savoir où il faut agir et sur
référence très médiocre du point de vue environnemental pour quels facteurs d’impact, mais ne permet pas de savoir comment
minimiser les mauvais résultats du cycle de vie étudié ou en nor- agir, qui reste une affaire de spécialistes des étapes du cycle vie
malisant par rapport à des enjeux environnementaux non priori- concernées.
taires. En conclusion, la normalisation ne sert qu’à situer le
produit par rapport à un référentiel donné et non à estimer la gra- Il est important de noter que les normes ISO préconisent une
vité de l’impact étudié. expertise appelée « revue critique » pour toute ACV comparative
divulguée au public.
■ Pondération Les résultats d’une ACV sont très fortement soumis aux hypo-
Cette étape tente de répondre à la question suivante : au regard thèses posées et aux méthodes de calculs utilisées par le praticien.
des impacts évalués et pour une fonction donnée, quel est le cycle Il faut examiner la reproductibilité et l’objectivité des méthodes
de vie globalement le plus respectueux de l’environnement ? Ce employées, et la validité et la transparence des résultats communi-
problème devient vite complexe vu le nombre d’impacts environne- qués. Ces hypothèses et ces méthodes de calculs peuvent orienter
mentaux à considérer et lorsque le nombre de cycles de vie à com- sciemment les résultats de l’ACV, d’où l’importance de réaliser une
parer est important. Pour répondre à cette question, on fait appel revue critique. Cette revue critique doit être réalisée par des spé-
aux méthodes mathématiques nommées méthodes d’analyses cialistes indépendants du commanditaire et du réalisateur de l’étude.
multicritères. Elles se partagent en deux catégories : les méthodes Ce comité d’experts effectue des vérifications en ce qui concerne
d’agrégation globale et les méthodes d’agrégation partielle. Les pre- la conformité de l’étude avec la norme ISO en vigueur et en parti-
mières cherchent à appliquer une fonction mathématique (type culier : la détermination précise de la finalité et de l’objectif de
moyenne) qui agrège tous les impacts et attribue une valeur unique l’étude, le choix des cycles de vie à comparer, l’UF retenue, les
pour chaque cycle de vie. Les secondes comparent les actions deux données utilisées dans l’inventaire et leur qualité, le choix des
à deux et établissent des relations binaires de « surclassement » catégories d’impacts à évaluer et leurs modèles de caractérisation
entre ces anthroposytèmes. Les méthodes d’agrégation sont nom- choisis et éventuellement, selon la finalité de l’étude, le mode de
breuses et le problème est le choix de l’une d’entre elles. Un proto- normalisation et de pondération.

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______________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE (ACV)

L’ACV est fréquemment utilisée dans les stratégies de commu- par le règlement (CEE) n° 880/92 du Conseil du 23 mars 1992, concer-
nication environnementale. La communication de résultats d’ACV nant un système communautaire d’attribution de label écologique,
a un impact fort sur l’image d’un produit ou d’un industriel et est basé sur une approche globale et systémique utilisant l’ACV.
peut constituer une stratégie concurrentielle. Il s’avère important
de réaliser une étude attestant des hypothèses fixées, des don- ■ L’intérêt scientifique de l’ACV est de déterminer, dans une
nées recueillies et de la conformité des méthodes utilisées. Cette recherche d’amélioration, sur quelle(s) étape(s) du cycle de vie et sur
étude critique est réalisée dans une recherche de transparence et quel(s) flux de matière ou d’énergie il faut agir. Les réponses à ces
de crédibilité. questions représentent le premier travail à effectuer dans l’éco-
En termes de champs disciplinaires scientifiques, la phase 1 relève conception, sachant que le deuxième travail est de savoir comment y
d’une approche systémique classique ; la phase 2 concerne essentiel- remédier [G 6 010] [G 6 020]. Cette démarche permet d’élaborer un
lement le génie des procédés et des systèmes industriels ; la phase 3 produit le plus respectueux possible de l’environnement tout en
fait appel aux sciences du vivant : biologie, biochimie, toxicologie, maintenant sa rentabilité et ses performances lors de son utilisation.
écotoxicologie et écologie ; la phase 4, quant à elle, relève de l’aide à Elle consiste à concevoir un produit sur tout son cycle de vie, en se
la décision. concentrant sur l’économie des ressources naturelles et sur la réduc-
tion de ses impacts sur l’environnement. L’écoconception est une
L’ACV est une démarche normalisée qui se déroule en 4 étapes, démarche préventive, volontaire et stratégique en termes de concur-
définies par les normes ISO 14040 et 14044 (la norme ISO fournit rence et de communication. Durant ces 20 dernières années, l’éco-
le protocole à suivre et l’ACV est ainsi à la fois un protocole et une conception s’est considérablement développée grâce aux activités de
méthode de calcul) : la définition des objectifs et du cadre de recherches réalisées notamment en Suède avec le Department of
l’étude, la réalisation de l’inventaire de cycle de vie (ICV), la tra- Energy and Environment de l’Université de Technologies de Chalmers,
duction en impacts environnementaux et l’interprétation. au Japon avec le LCA Research Center du « National Institute for
Resources and Environment, au Danemark avec le LCA Center, et au
Canada avec le Centre Interuniversitaire de Recherche sur le cycle
À retenir de vie des produits, procédés et services (CIRAIG). En France, un
réseau de chercheurs universitaires en écoconception, d’industriels et
– L’ACV est une démarche normalisée qui se déroule en d’organismes publics, EcoSD, a vu le jour en 2012. Il s’agit d’un parte-
4 phases, définies par les normes ISO 14040 et 14044. nariat national permettant, aux différents acteurs de l’écoconception,
– Ces étapes sont : (1) définition des objectifs et du cadre de une pratique efficace grâce à un recueil et à une diffusion de l’infor-
l’étude, (2) réalisation de l’inventaire de cycle de vie (ou bilans mation, un partage des connaissances, une diffusion des bonnes pra-
matières-énergies), (3) transcription des matières et énergies pré- tiques et un élargissement des accès aux bases de données.
cédement quantifiées en impacts environnementaux, (4) inter-
prétation (synthèse des résultats et recommandations).
■ L’intérêt managérial de l’ACV est de permettre une comparaison
environnementale de différents cycles de vie rendant le même ser-
vice dans un but de marketing ou de communication. Le marketing
a été la première application envisagée par les entreprises anglo-
4. Domaines d’utilisation saxonnes dès le début de la pratique des ACV. Les résultats peuvent
être utilisés pour communiquer sur les performances environnemen-
de l’ACV tales d’un produit dans un but concurrentiel ; il s’agit de marketing
vert. Cette application est également la plus controversée, car elle
implique la communication de résultats sur des produits concurrents
Les domaines d’utilisation de l’ACV sont variés et peuvent être et une possible manipulation des résultats en termes d’exhaustivité
regroupés en 3 catégories en fonction de l’intérêt qu’on y porte : ou d’exactitude. Au regard de cette controverse, la normalisation ISO
politique ou scientifique ou managérial. recommande la réalisation d’une revue critique attestant de la trans-
■ L’intérêt politique de l’utilisation de l’ACV dans l’analyse des parence de la méthode et de la fiabilité des résultats.
anthroposystèmes est d’identifier et de quantifier les transferts de
La démarche de communication est employée dans un but de sen-
pollution afin de les réduire, voire de les supprimer, en vue de res-
sibilisation et d’information auprès de clients potentiels. Des ACV
pecter le principe de Développement durable pour sa dimension
peuvent être utiles dans des campagnes d’achat écoresponsable et
environnementale. Par exemple, une étape du cycle de vie peut
de consommation verte. Ces ACV peuvent également permettre la
s’avérer très « propre » au niveau de ses frontières, alors que l’étape
compréhension des transferts de pollution et mettre à néant des pré-
en amont peut être très gourmande en ressources rares et l’étape
jugés en comparant les différentes étapes d’un cycle de vie entre
en aval environnementalement problématique. L’ACV apporte alors
elles. Pour faciliter ces applications, il existe sur le marché un certain
des résultats permettant d’élaborer et de justifier des normes légales
nombre de logiciels [G 6 350] [G 6 020].
et des seuils réglementaires, qui se traduisent généralement par
des économies de ressources ou par la substitution de substances En guise d’exemples, des applications concrètes sont présen-
relativement polluantes. Les grandes instances internationales (ONU, tées dans les articles [G 5 810] pour les systèmes de dépollution
UE) ont adopté la méthode ACV, car elle permet de vérifier le prin- des effluents gazeux, [G 5 820] pour l’épuration des eaux usées
cipe de développement durable pour son pilier environnemental. Mis urbaines, [M 7 160] pour la sidérurgie, [G 2 043] pour la valorisa-
à part la réglementation, l’intérêt politique peut être aussi la commu- tion des pneus usagés non réutilisables, [M 1 830] pour le traite-
nication et par exemple « l’écolabellisation » [G 5 850] [G 6 250]. ment de surface des matériaux et [TRP 901] pour les transports.
Cette labellisation environnementale est un système d’homologation
destinée aux consommateurs, afin de les aider à repérer les produits
les plus respectueux de l’environnement. La finalité politique de ces
À retenir
labels est de favoriser les produits, qui, à valeur d’usage et à qualité
égales, ont l’impact global jugé le plus faible sur l’environnement à
Les applications possibles de l’ACV sont :
tous les stades de leur vie. L’acquisition d’un écolabel est officielle-
– écolabellisation, réglementation et communication,
ment une démarche volontaire de la part de l’industriel, mais offi-
– développement / écoconception / amélioration d’un anthropo-
cieusement elle devient obligatoire pour faire face à la concurrence.
système,
L’attribution d’écolabel nécessite l’évaluation des impacts environne-
– sélection d’un anthroposystème au regard des critères envi-
mentaux d’un produit afin de vérifier ses performances environ-
ronnementaux.
nementales sur tout son cycle de vie. L’écolabel européen, institué

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE (ACV) ______________________________________________________________________________________________________

5. Limites de l’ACV cile de répondre correctement à la finalité et à l’objectif de l’étude.


Toutefois, l’ACV ne doit pas être perçue comme l’outil à tout faire.
Cet outil permet l’évaluation environnementale maximalisée, car il
Les principaux points faibles de la méthode ACV portent sur deux ne prend pas en compte les impacts locaux réels. En effet, s’il l’on
aspects : la disponibilité et la qualité des données, ainsi que des veut comparer les impacts environnementaux des différentes
lacunes méthodologiques. étapes d’un cycle de vie (qui généralement ne se trouvent pas au
même endroit et qui, de plus, n’ont pas fonctionné à la même
■ La disponibilité et la qualité des données époque), on est obligé de définir le même référentiel environne-
Une des principales limites de l’ACV concerne la disponibilité mental pour chacune de ces étapes. Ce référentiel, complètement
des données. Plusieurs problèmes sont rencontrés : fictif, est défini à partir de concentrations de référence. S’il l’on
– toutes les données nécessaires ne sont pas automatiquement veut affiner l’étude, il faut alors se tourner vers d’autres méthodes
mesurées par les industriels, qui connaissent bien les flux ayant comme par exemple, les études d’impact qui prennent en compte
une valeur marchande et les flux rejetés dans l’environnement, la le contexte local réel.
réglementation leur demandant de mesurer ces derniers ;
– les données sont confidentielles, vu les enjeux socio-
économiques des résultats d’une ACV, la plupart des résultats À retenir
réalisés par les entreprises ne sont pas diffusés ;
– les données sont trop agrégées dans les bases de données – L’ACV nécessite des centaines, voire des milliers, de don-
existantes et sont difficilement exploitables ; nées qui ne sont pas toujours accessibles (indisponibilité,
– les données informatisées ne sont pas uniformes ; confidentialité) et de bonne qualité (imprécision, hétérogénéité,
– les incertitudes sur les données ne sont pas mentionnées. agrégation).
Les principales conséquences de cette mauvaise disponibilité – Mis à part pour l’impact « changement climatique », les
des données sont le nombre important d’hypothèses, des simplifi- indicateurs d’impact ne sont pas complétement scientifique-
cations parfois mal justifiables, des incertitudes dans les données ment robustes, mais sont opérationnels à la condition de bien
et la mauvaise transportabilité des informations d’une étude à une apprécier l’imprécision des résultats.
autre. Toutefois, un effort important des organismes publics voire
privés a été entrepris pour faire face à ces problèmes de disponibi-
lité des données (consulter les bases de données recensées dans
[G 6 020]).
Assurer une bonne qualité des données d’Inventaire du Cycle de
6. Exemples succincts d’ACV
Vie (ICV) et gérer les incertitudes sur les impacts environnementaux
sont également un enjeu primordial pour la crédibilité de l’outil Il s’agit d’une analyse de cycle de vie de 3 produits électriques de
ACV [G 5 620]. La SETAC énonce cet enjeu par l’équation de qualité basse, moyenne et haute tension (tableau 1) (figures 2, 3 et 4) [12].
d’une ACV [10] :
L’étape de distribution participe très faiblement dans l’impact global
pour trois produits étudiés.
Le recyclage apporte globalement un bénéfice environnemental
certain.
Il est donc fondamental d’évaluer le niveau de qualité des don- Les impacts négatifs sur l’environnement de la machine à laver
nées obtenues ou à obtenir, afin d’interpréter correctement les et du disjoncteur sont dus principalement aux étapes de fabrica-
résultats selon la fiabilité et les incertitudes de ces données. tion et d’utilisation.
Connaître la fiabilité des données et leurs incertitudes permet de
fixer un seuil de significativité lors de l’étape d’évaluation des Le disjoncteur de moyenne tension présente un profil environ-
impacts. Ce seuil permet de comparer les valeurs d’impacts pour nemental plus proche de celui de la machine à laver que celui du
différents systèmes et de s’assurer que l’écart entre ces valeurs et transformateur.
le classement qui en découle ne sont pas dus à l’incertitude des
Le transformateur engendre une pollution beaucoup plus
données.
importante durant son d’étape d’utilisation que durant les autres
■ Des lacunes méthodologiques étapes du cycle de vie. Cela est dû à la forte consommation
d’énergie sur une longue durée de vie. Il faut savoir que les
L’étape d’évaluation des impacts représente davantage de limites
dimensions et la composition de ce produit rendent son démon-
méthodologiques avec l’écart entre les impacts réels et les impacts
tage et sa valorisation en fin de vie plus difficile.
potentiels maximalisés calculés par les méthodes de caractérisation.
Les pistes d’amélioration reposent sur :
– la prise en compte des paramètres spatio-temporels dans les
bilans matière-énergie (selon la finalité et l’objectif de l’étude) ;
– une plus grande robustesse scientifique des indicateurs d’impact, 7. Conclusion
sachant que la recherche a permis d’affiner certains indicateurs
d’impact, comme par exemple ceux pour les impacts toxiques et
écotoxiques (modèle Usetox). L’ACV est une méthode d’évaluation environnementale encore
perfectible, mais complétement opérationnel et dont la métho-
En outre, l’ACV n’est pas performante dans l’évaluation des dologie est en constante amélioration afin de mieux évaluer les
nuisances telles que l’impact paysager, les odeurs et le bruit. impacts environnementaux. En outre, les inventaires de cycle de vie
L’impact paysager est difficilement appréhendé du fait de sa gagnent aussi continuellement en exactitude et en précision, per-
subjectivité. Pour le bruit et les odeurs, les émissions peuvent mettant de réaliser des ACV de plus en plus fiables. La distinction
être quantifiées, mais les impacts sont difficilement évalués. Il des émissions dans différentes zones géographiques, l’utilisation
n’existe pas d’indicateurs assez fiables pour quantifier l’impact d’inventaires prenant en compte la variabilité des émissions des
des émissions olfactives. différents anthroposystèmes et l’amélioration scientifique des indi-
La qualité des études ACV et la robustesse des recommanda- cateurs d’impact peuvent apporter une réelle valeur ajoutée aux
tions sont généralement trop peu appréciées. Il s’avère alors diffi- futures ACV.

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______________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE (ACV)

Tableau 1 – Données d’entrée des ACV des équipements électriques

Basse tension Moyenne tension Haute tension

Un disjoncteur à isolation
Un transformateur
Produit Une machine à laver le linge dans l’air et à coupure dans
de puissance
le vide

Mode passif :
laisser passer un courant
de 3,150 A/12 kV. Transformer un courant
Unité fonctionnelle Laver 5 kg de linge coton à 60°
Mode actif : de 630 kV à 450 KV
couper un courant > 50 kA
et/ou > 72 kV.

Durée de vie 2 600 lavages/10 ans 20 ans (10 000 coupures max) 40 ans

Fabrication Chine France France

Aluminium 1,1 3 150

Cuivre 2,7 11,4 1 800

Acier 10 45 11 000

Polymères thermoplastiques 6 2 70
Matériaux (kg)

Polymères
0 21 420
thermodurcissables

Ciment 21,6 0 0

Huile 0 0 2 000

Bois 1,8 0 120

Papier 0 0 300

Carton : 5 kg/film
Boîte en bois réutilisable Pas d’emballage
Plastique : 0,5 kg
Distribution
Transport maritime : 8 000 km
Transport routier : 1 000 km Transport routier : 1 000 km
Transport routier : 400 km

Consommations :
– électrique : 2 500 kWh Consommation électrique : Consommation électrique :
Utilisation (France)
– eau : 120 m3 25 MWh 1 200 MWh
– détergent : 306 kg

Recyclage 55 % 84 % 85 %
Fin de vie

Incinération 3% 4% 5%

Décharge 42 % 12 % 10 %

Transport 100 km (routier) 200 km (routier) 1 000 km (routier)

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE (ACV) ______________________________________________________________________________________________________

100 %
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Figure 2 – ACV d’une machine à laver le linge (selon les méthodes EDIP97 et CML2000)

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Figure 3 – ACV d’un disjoncteur de moyenne tension (selon les méthodes EDIP97 et CML2000)

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80 % Utilisation

60 % Distribution

40 % Fabrication

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– 80 %

Figure 4 – ACV d’un transformateur électrique de haute tension (selon les méthodes EDIP97 et CML2000)

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______________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE (ACV)

8. Sigles Sigles Signification

AFME Agence Française pour la Maîtrise de l’Énergie


Sigles Signification
REPA Analyse des profils environnementaux
ACV Analyse du Cycle de Vie
SETAC Society of Environmental Toxicology and Chemistry
Agence Nationale pour la Récupération
ANRED UF Unité Fonctionnelle
et l’Élimination des Déchets

AQA Agence pour la Qualité de l’Air ICV Inventaire du Cycle de Vie

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P
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Analyse du cycle de vie (ACV) R
Présentation, méthodologie, applications E
et limites N
par Patrick ROUSSEAUX
Professeur de l’Université de Poitiers,
Docteur en gestion et traitement des déchets de l’INSA de Lyon,
Institut Pprime, CNRS UPR 3346, IRIAF, Niort, France
S
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Sources bibliographiques
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À lire également dans nos bases
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de l’art des outils disponibles. [G 6 010] (2019). réduction et méthodes de comptabilisation. cycle de vie – Évaluation des impacts. [G 5 610]
[G 8 300] (2020). (2012).
BENETTO (E.). – Analyse du cycle de vie – Réalisa-
tion de l’inventaire. [G 5 510] (2005). IOSIF (A-M.), HANROT (F.) et ABLITZER (D.). – ROUSSEAUX (P.), GRÉMY-GROS (C.) et HENRIEL-
BENETTO (E.). – Analyse du cycle de vie. Incerti- Application de l’inventaire du cycle de vie en RICORDEL (C.). – Système d’information d’outils
tudes des évaluations des impacts. [G 5 620] sidérurgie. [M 7 160] (2008). d’écoconception – Conception et analyse. [G 6 020]
(2005). (2019).
MOIGN (A.). – Analyse du cycle de vie des procédés
BŒGLIN (N.). – Promotion de la qualité écologique de traitement de surface des matériaux. [M 1 830] SALAMITOU (J.). – Management environnemen-
des produits et écolabels. [G 6 250] (2007). (2018). tal : la norme ISO 14001-2015. [G 4 600] (2016).
5 - 2022

CLAUZADE (C.). – Bilan environnemental des solu- PUYOU (J-B.). – Démarches d’écoconception en VENTERE (J-P.). – Conception écologique des pro-
tions de valorisation des pneus usagés non ré- entreprise. [G 6 050] (1999). duits. [G 6 000] (1997).
utilisables (PUNR). [G 2 043] (2012).
DE BORTOLI (A.). – ACV : l’outil d’aide à la décision PONS (M-N.). – Analyse du cycle de vie – Comment VIGER (S.). – Élaborer une étude d’impact (EI).
environnementale pour les transports. [TRP 901] choisir un logiciel. [G 6 350] (2008). [0024] (2018).
(2020).
Doc. G 5 500v2

PONS (M-N.), BELHANI (M.), BOURGOIS (J.) et WEIDENHAUPT (A.) et MEIER (M.). – Analyse du cycle
DE RICHEMONT (A.). – Analyse du cycle de vie – DUPUIT (E.). – Analyse du cycle de vie – Épura- de vie – Application aux systèmes de dépollution.
Applications dans les écolabels. [G 5 850] (1998). tion des eaux usées urbaines. [G 5 820] (2008). [G 5 810] (2000).

Sites Internet
United Nations, Report of the United Nations Conference on the Human
Environment
http://www.un-documents.net/aconf48-14r1.pdf

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P ANALYSE DU CYCLE DE VIE (ACV) ______________________________________________________________________________________________________


O
U
Normes et standards
R ISO 14040 2006 Management environnemental – NF X30-300 1996 (fascicule de documentation) Mana-
Analyse du cycle de vie – Principes gement environnemental – Analyse
et cadre du cycle de vie – Définition, déonto-
logie et méthodologie
ISO 14044 2006 Management environnemental –
E Analyse du cycle de vie – Exigences
et lignes directrices

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