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Chapitre 3

Montant total des sinistres pour un


portefeuille

3.1 Introduction
La mutualisation des risques est fondamentale en actuariat. Elle est le principe même sur lequel repose
l’assurance. Dans ce chapitre, on examine la mutualisation des risques, plus précisement on étudie le com-
portement du montant total des sinistres pour un portefeuille composé de risques individuels. Ces coûts
peuvent être...
Les coûts pour un portefeuille d’assurance vie ou IARD (1 ou plusieurs lignes d’a¤aires)
Les coûts pour un portefeuille de risques de crédit
Les coûts pour un régime d’assurance collective
Les engagements d’un régime de retraite pour une certaine année
Connaître le comportement du risque global, c’est-à-dire du risque associé à un portefeuille, permet à une
compagnie d’assurance ou autre entité …nancière d’évaluer la santé …nancière du portefeuille, aide l’actuaire
dans la gestion des risques et est utilisé à des …ns de tari…cation et de réassurance. On représente les
P
n
coûts pour un portefeuille composé de n risques par la variable aléatoire S où S = Xi . Ainsi, la v.a
i=1
Xi représente le coût en sinistres associé au contrat d’assurance i (i = 1; :::; n) et la v.a S les coûts totaux
auxquels est exposée la compagnie d’assurance en acceptant d’assurer ces n contrats d’assurance.

3.2 Caractéristiques du montant total des sinistres S


Proposition 3.1 Soit un portefeuille composé de n risques individuels Xi (i = 1; :::; n) et S la v.a. du
montant total des sinistres pour ce portefeuille. Alors,
n
X
E [S] = E [Xi ] .
i=1

Preuve.
E [S] = E [X1 + ::: + Xn ]
= E [X1 ] + ::: + E [Xn ]
Xn
= E [Xi ] :
i=1

53
54 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

À noter que cette relation est vraie peu importante la relation d’indépendance ou de dépendance entre les
risques X1 ; :::; Xn :

Proposition 3.2 Soit un portefeuille composé de n risques individuels Xi (i = 1; :::; n) et S la v.a. du


montant total des sinistres pour ce portefeuille. Alors,
n
X n X
X n
V ar (S) = V ar (Xi ) + Cov(Xi ; Xj ):
i=1 i=1 j=1
i6=j

Si les risques X1 ; :::; Xn sont indépendants, alors


n
X
V ar (S) = V ar (Xi ) :
i=1

Si les risques X1 ; :::; Xn sont identiquement distribués, alors

V ar (S) = nV ar (X) + n (n 1) Cov(Xi ; Xj ):

Si les risques X1 ; :::; Xn sont indépendants et identiquement distribués, alors

V ar (S) = nV ar (X) :

Preuve.

V ar (S) = V ar (X1 + ::: + Xn )


Xn n X
X n
= V ar (Xi ) + Cov(Xi ; Xj )
i=1 i=1 j=1
i6=j
n
X n
X1 n
X
= V ar (Xi ) + 2 Cov(Xi ; Xj ):
i=1 i=1 j=i+1

Si les v.a. X1 ; :::; Xn sont indépendantes, alors Cov(Xi ; Xj ) = 0; 8i; 8j (i 6= j) et par conséquent
n
X
V ar (S) = V ar (Xi ) :
i=1

Si les v.a. X1 ; :::; Xn sont identiquement distribuées, alors elles ont le même comportement aléatoire (et non
S = nX!!) et par conséquent

V ar (S) = V ar (X1 + ::: + Xn )


Xn n X
X n
= V ar (Xi ) + Cov(Xi ; Xj )
i=1 i=1 j=1
i6=j
= nV ar (X) + n (n 1) Cov(Xi ; Xj ):

Si les v.a. X1 ; :::; Xn sont indépendantes et identiquement distribuées, on obtient directement le résultat
désiré à l’aide de ce qui a été montré ci-dessus.

Dé…nition 3.3 Soit un portefeuille composé de n risques individuels Xi (i = 1; :::; n) et S la v.a. du montant
total des sinistres pour ce portefeuille. Alors, la fonction de répartition de S est dé…nie comme suit

FS (x) = Pr(X1 + ::: + Xn x):


3.3. EXEMPLES 55

L’évaluation de FS est cruciale a…n d’examiner le comportement de S. Elle permet notamment d’évaluer
la solvabilité d’un portefeuille d’une compagnie d’assurance ou d’une société …nancière. Également, elle sert
à établir le capital économique ("un coussin") pour un portefeuille a…n d’être en mesure de faire face au
risque global associé au portefeuille.
Dans certains cas, il est possible d’obtenir une expression explicite de FS . Si ce n’est pas possible,
on a recours à une méthode récursive, une méthode d’approximation basée sur les moments, une méth-
ode d’approximation basée sur la simulation ou une méthode d’approximation basée sur des méthodes
numériques.

Proposition 3.4 Soit un portefeuille composé de n risques individuels Xi (i = 1; :::; n) et S la v.a. du


montant total des sinistres pour ce portefeuille. On suppose que la fgm de Xi existe pour 8i. Alors,

MS (t) = E etS
h i
= E et(X1 +:::+Xn )
= E etX1 :::etXn
= MX1 ;:::;Xn (t; :::; t):

Si les risques X1 ; :::; Xn sont indépendants, alors


h i
MS (t) = E et(X1 +:::+Xn )
= E etX1 :::E etXn
= MX1 (t):::MXn (t):

Si les risques X1 ; :::; Xn sont indépendants et identiquement distribués, alors


h i
MS (t) = E et(X1 +:::+Xn )
= E etX1 :::E etXn
n
= (MX (t)) :

La fgm de S permet de trouver E S k pour k = 1; 2; :::; permet d’identi…er, si possible, la distribution


de S et s’avère utile dans l’utilisation de méthodes numériques.

3.3 Exemples
Exemple 3.5 On considère un portefeuille de n contrats d’assurance vie temporaire 1 an émis à des assurés
dont les durées de vie T1 ; ::; Tn sont indépendantes et identiquement distribuées. Le montant de prestation
de décès est bi = b, i = 1; :::; n. De plus, Pr(Ti 1) = q, soit la probabilité de décès au cours de la prochaine
année. Les coûts pour le contrat i sont dé…nis selon l’approche indemnitaire, soit

Xi = fbIi ; i = 1; :::; n ,

où Ii Bern(q). Le montant total des sinistres pour le portefeuille est S = X1 + ::: + Xn . (a) Trouver les
valeurs possibles de S. (b) Trouver E [S]. (c) Trouver V ar (S). (d) Trouver Pr(S = k b), k = 0; 1; :::; n.

Solution. (a) S 2 f0; b; 2b; :::; nbg. (b)


n
X
E [S] = E [Xi ] = nE [X] = nbq:
i=1
56 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

(c)
n
X
V ar (S) = V ar (Xi )
i=1
= nV ar (X)
= nb2 q(1 q):

(d)

S = X1 + ::: + Xn
= bI1 + ::: + bIn
= b(I1 + ::: + In )
= bN;

où N correspond au nombre de décès parmi le goupe de risques individuels et donc N Bin(n; q). Par
conséquent, on a

Pr(S = k b) = Pr(bN = k b)
= Pr(N = k)
n k
= q (1 q)n k
, k = 0; 1; 2; :::; n:
k

Remarque 3.6 Dans l’exemple ci-dessus, la distribution de (I1 + ::: + In ) peut être identi…ée à l’aide de la
fgm comme suit:
h i
MN (t) = E et(I1 +:::+In )
= E etI1 :::E etIn
= MI1 (t):::MIn (t)
n
= (MI (t))
= (1 q + qet )n ;

ce qui correspond à la fgm. d’une v.a. Binomiale(n; q):

Exemple 3.7 On considère le portefeuille décrit à l’Exemple 3.5 où toutefois Ii Bern(0:001i), i =


1; :::; n = 5: On suppose que I1 ; :::; I5 sont des v.a. indépendantes. (a) Trouver les valeurs possibles de
S. (b) Trouver E [S]. (c) Trouver V ar (S). (d) Trouver Pr(S = k b), k = 0; 1; :::; n.

Solution. (a) S 2 f0; b; 2b; :::; 5bg. (b)

E [S] = E [X1 + ::: + X5 ]


5
X
= E [Xi ]
i=1

où E [Xi ] = bE [Ii ] = bqi = (b) (0:001i). Donc,

E [S] = b(0:001 + 0:002 + 0:003 + 0:004 + 0:005)


= 0:015b:
3.3. EXEMPLES 57

(c)

V ar (S) = V ar (X1 + ::: + X5 )


5
X
= V ar (Xi )
i=1

où V ar (Xi ) = b2 V ar (Ii ) = b2 qi (1 qi ) = b2 (0:001) (i) (1 0:001i). Donc,

V ar (S) = b2 ((0:001) (0:999) + (0:002) (0:998) + (0:003) (0:997) + (0:004) (0:996) + (0:005) (0:995))
= 0:014945b2 :

(d)

Pr(S = 0) = Pr(X1 = 0; X2 = 0; :::; X5 = 0)


= Pr(X1 = 0)::: Pr(X5 = 0)
= Pr(I1 = 0)::: Pr(I5 = 0)
= (1 0:001)(1 0:002)(1 0:003)(1 0:004)(1 0:005)
= 0:98508.

Pr(S = b) = Pr(X1 = b; X2 = 0; X3 = 0; X4 = 0; X5 = 0)
+ Pr(X1 = 0; X2 = b; X3 = 0; X4 = 0; X5 = 0)
+ Pr(X1 = 0; X2 = 0; X3 = b; X4 = 0; X5 = 0)
+ Pr(X1 = 0; X2 = 0; X3 = 0; X4 = b; X5 = 0)
+ Pr(X1 = b; X2 = 0; X3 = 0; X4 = 0; X5 = b)
= (0:001) (1 0:002)(1 0:003)(1 0:004)(1 0:005)
+(1 0:001) (0:002) (1 0:003)(1 0:004)(1 0:005)
+(1 0:001)(1 0:002) (0:003) (1 0:004)(1 0:005)
+(1 0:001)(1 0:002)(1 0:003) (0:004) (1 0:005)
+(1 0:001)(1 0:002)(1 0:003)(1 0:004) (0:005)

Même chose pour Pr(S = kb) avec k = 2; 3; 4; 5.

Exemple 3.8 On considère le portefeuille décrit à l’Exemple 3.5 où toutefois le portefeuille est composé de
2 classes de n1 et n2 contrats indépendants. Pour les contrats de la première classe, on a

Pr (Ti 1) = q1 ; i = 1; :::; n1

alors que pour les contrats de la deuxième classe, on a

Pr (Ti 1) = q2 ; i = n1 + 1; :::; n1 + n2 :

Le montant de prestation pour tous les contrats est de b. Développer l’expression de fS où S 2 f0; b; :::; nbg.

Solution. On a
n1
X nX
1 +n2

S = bIi + bIi
i=1 i=n1 +1
n1
X nX
1 +n2

= b Ii + b Ii
i=1 i=n1 +1
= bN1 + bN2 ;
58 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

où N1 Bin (n1 ; q1 ) et N2 Bin (n2 ; q2 ). On peut également écrire


S = bN ,
où N = N1 + N2 n’obéit pas toutefois à une loi binomiale. On a donc
Pr (S = kb) = Pr (N = k) ; k = 0; 1; :::; n
où la distribution de N est obtenue avec le produit de convolution
k
X
Pr (N = k) = Pr (N1 = j) Pr (N2 = n j) :
j=0

Exemple 3.9 On considère le portefeuille décrit à l’Exemple 3.8 où toutefois les risques i = n1 +1; :::; n1 +n2
sont tels que
Pr (Ti 1) = q2
et le montant de prestation pour les risques de la deuxième classe est de b2 = 2b. Trouver la fonction de
masse de probabilité de S.
Solution. On a
n1
X nX
1 +n2

S = bIi + 2bIi
i=1 i=n1 +1
n1
X nX
1 +n2

= b Ii + 2b Ii
i=1 i=n1 +1
= bN1 + 2bN2
= b (N1 + 2N2 ) ;
où N1 Bin (n1 ; q1 ) et N2 Bin (n2 ; q2 ). On a S 2 f0; b; 2b; 3b; :::; n1 b + 2n2 bg. Pour calculer Pr (S = kb),
on doit procéder cas par cas, c’est-à-dire
Pr (S = 0) = Pr (N1 = 0) Pr (N2 = 0)
Pr (S = b) = Pr (N1 = 1) Pr (N2 = 0)
Pr (S = 2b) = Pr (N1 = 2) Pr (N2 = 0) + Pr (N1 = 0) Pr (N2 = 1)

Remarque 3.10 On observe avec l’Exemple 3.5, l’Exemple 3.8 et l’Exemple 3.9 que l’évaluation de la
fonction de masse de S devient plus di¢ cile à évaluer lorsque la description du portefeuille est plus complexe.
Exemple 3.11 On considère le portefeuille suivant comportant 3 classes de risques supposés indépendants
où chaque classe est un regroupement de risques homogènes:
Classe # contrats Prestation Prob. décès
1 n(1) = 5 b(1) = 2000 q (1) = 0:0037
:
2 n(2) = 12 b(2) = 3000 q (2) = 0:0088
3 n(3) = 9 b(3) = 1000 q (3) = 0:0065:
(j)
On désigne les coûts du risque i de la classe j par Xi dé…nie par
(j) (j)
Xi = b(j) Ii ;
(j)
où Ii Bern(q (j) ). À noter que le paramètre de la loi de Bernoulli ne dépend pas de i de telle sorte que la
probabilité de décès est la même pour les risques d’une même classe. (a) Trouver E [S]. (b) Trouver V ar (S).
(c) Trouver Pr(S = 0), Pr(S = 1000), Pr(S = 2000).
3.3. EXEMPLES 59

Solution. (a)
2 3
X n(j)
3 X
(j)
E [S] = E4 Xi 5
j=1 i=1

= n(1) b(1) q (1) + n(2) b(2) q (2) + n(3) b(3) q (3)


= (5) (2000) (0:0037) + (12) (3000) (0:0088) + (9) (1000) (0:0065)
= 412:3

(b)
0 1
X n(j)
3 X
(j)
V ar (S) = V ar @ Xi A
j=1 i=1
2 2 2
= n(1) b(1) q (1) (1 q (1) ) + n(2) b(2) q (2) (1 q (2) ) + n(3) b(3) q (3) (1 q (3) )
2 2 2
= (5) (2000) (0:0037) (1 0:0037) + (12) (3000) (0:0088) (1 0:0088) + (9) (1000) (0:0065) (1 0:0065)
= 1 073 882:

(c) On a S = S (1) + S (2) + S (3) où S (j) = b(j) N (j) et N (j) Bin(n(j) ; q (j) ). Alors,

Pr(S = 0) = Pr(S (1) = 0; S (2) = 0; S (3) = 0)


= Pr(S (1) = 0) Pr(S (2) = 0) Pr(S (3) = 0)
= Pr(N (1) = 0) Pr(N (2) = 0) Pr(N (3) = 0)
= (1 0:0037)5 (1 0:0088)12 (1 0:0065)9
= 0:8325:

Pr(S = 1000) = Pr(S (1) = 0; S (2) = 0; S (3) = 1000)


= Pr(S (1) = 0) Pr(S (2) = 0) Pr(S (3) = 1000)
= Pr(N (1) = 0) Pr(N (2) = 0) Pr(N (3) = 1)
9
= (1 0:0037)5 (1 0:0088)12 (0:0065)(1 0:0065)8
1
= 0:049:

Pr(S = 2000) = Pr(S (1) = 2000; S (2) = 0; S (3) = 0)


+ Pr(S (1) = 0; S (2) = 0; S (3) = 2000)
= Pr(S (1) = 2000) Pr(S (2) = 0) Pr(S (3) = 0)
+ Pr(S (1) = 0) Pr(S (2) = 0) Pr(S (3) = 2000)
= Pr(N (1) = 1) Pr(N (2) = 0) Pr(N (3) = 0)
+ Pr(N (1) = 0) Pr(N (2) = 0) Pr(N (3) = 2)
5
= (0:0037)(1 0:0037)4 (1 0:0088)12 (1 0:0065)9
1
9
+(1 0:0037)5 (1 0:0088)12 (0:0065)2 (1 0:0065)7
2
= 0:01674:
60 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

Exemple 3.12 On considère le portefeuille de l’Exemple 3.11 où toutefois n(1) = 421, n(2) = 749 et n(3) =
375: On …xe la prime par contrat à 1.2 fois la prime pure, c’est-à-dire
(j)
= prime pour un risque de la classe j
h i
(j)
= 1:2 E Xi = (1:2) b(j) q (j) :

À l’aide de l’approximation normale, évaluer la probabilité que les coûts totaux pour le portefeuille excèdent
le revenu total de primes, soit
Pr(S > REV ),
P3
où REV = revenu total = n(j) (j) :
j=1

Solution.
Pr (S > REV ) = 1 Pr (S REV )
!
S E [S] REV E [S]
= 1 Pr p p
V ar (S) V ar (S)
h i h i h i
E [S] = E S (1) + E S (2) + E S (3)
= (421) (2000) (0:0037) + (749) (3000) (0:0088) + (375) (1000) (0:0065)
= 25 326:5

V ar (S) = V ar S (1) + V ar S (2) + V ar S (3)


= (421) (2000)2 (0:0037) (1 0:0037) + (749) (3000)2 (0:0088) (1 0:0088) + (375) (1000)2 (0:0065) (1 0:0065)
= 67 428 179

(1) (2) (3)


REV = + +
= (1:2) E [S]
= 30391:8
Donc,
Pr(S > REV ) = 1 Pr (S REV )
!
S E [S] REV E [S]
= 1 Pr p p
V ar (S) V ar (S)
!
S E [S] 30391:8 25326:5
= 1 Pr p p
V ar (S) 67428179
1 Pr(Z 0:6169) où Z N (0; 1)
= 1 0:7313
= 0:2687:

Exemple 3.13 Soit une portefeuille constitué de deux risques X1 et X2 dé…nis par
Bi ; I i = 1
Xi =
0; Ii = 0
où B1 ; B2 et (I1 ; I2 ) sont indépendants. On ne précise toutefois pas la relation de dépendance entre I1 et
I2 . On dé…nit le montant total des sinistres pour le portefeuille par S = X1 + X2 . (a) Trouver E [S]. (b)
Trouver V ar (S). (c) Trouver FS .
3.3. EXEMPLES 61

Solution. (a)

E [S] = E [X1 + X2 ]
= E [X1 ] + E [X2 ] ;

où E [Xi ] = E [Ii ] E [Bi ]. (b)

V ar (S) = V ar (X1 ) + V ar (X1 ) + 2Cov (X1 ; X2 ) :

Cov (X1 ; X2 ) = E [X1 X2 ] E [X1 ] E [X2 ]


E [X1 X2 ] = E [E [X1 X2 jI1 ; I2 ]]

E [X1 X2 jI1 = 0; I2 = 0 ] = 0
E [X1 X2 jI1 = 0; I2 = 1 ] = 0
E [X1 X2 jI1 = 1; I2 = 0 ] = 0
E [X1 X2 jI1 = 1; I2 = 1 ] = E [B1 B2 ] = E [B1 ] E [B2 ] :

On déduit donc
E [X1 X2 jI1 ; I2 ] = I1 I2 E [B1 ] E [B2 ]
ce qui conduit à

E [X1 X2 ] = E [I1 I2 E [B1 ] E [B2 ]]


= E [B1 ] E [B2 ] E [I1 I2 ] :

Ainsi, on a

Cov (X1 ; X2 ) = E [X1 X2 ] E [X1 ] E [X2 ]


= E [B1 ] E [B2 ] E [I1 I2 ] E [B1 ] E [B2 ] E [I1 ] E [I2 ]
= E [B1 ] E [B2 ] Cov (I1 ; I2 ) .

En conclusion, on obtient

V ar (S) = V ar (X1 ) + V ar (X1 ) + 2Cov (X1 ; X2 )


= E [I1 ] V ar (B1 ) + V ar (I1 ) E 2 [B1 ]
+E [I2 ] V ar (B2 ) + V ar (I2 ) E 2 [B2 ]
+2E [B1 ] E [B2 ] Cov (I1 ; I2 ) :

(c)

FS (x) = Pr (S x)
= Pr (X1 + X2 x)
= Pr (X1 + X2 x jI1 = 0; I2 = 0 ) Pr (I1 = 0; I2 = 0)
+ Pr (X1 + X2 x jI1 = 1; I2 = 0 ) Pr (I1 = 1; I2 = 0)
+ Pr (X1 + X2 x jI1 = 0; I2 = 1 ) Pr (I1 = 0; I2 = 1)
+ Pr (X1 + X2 x jI1 = 1; I2 = 1 ) Pr (I1 = 1; I2 = 1) :

FS (x) = Pr (I1 = 0; I2 = 0) + Pr (I1 = 1; I2 = 0) Pr (B1 x) + Pr (I1 = 0; I2 = 1) Pr (B2 x)


+ Pr (I1 = 1; I2 = 1) Pr (B1 + B2 x) :
62 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

Exemple 3.14 On considère un portefeuille de n = 2 contrats d’assurance-maladie. On suppose que le


montant total des sinistres pour le contrat i est dé…ni par
Bi ; I i = 1
Xi = ;
0; Ii = 0
2 2
où I1 Bern(0:2), I2 Bern(0:25), B1 Gamma 2; 1000 et B2 Gamma 1; 1000 . On suppose que les
v.a. I1 ; I2 ; B1 ; B2 sont indépendantes. (a) Trouver E [S]. (b) Trouver V ar (S). (c) Trouver Pr(S 2100).
Solution. (a)
E [S] = E [X1 + X2 ]
= E [X1 ] + E [X2 ]
= E [I1 ] E [B1 ] + E [I2 ] E [B2 ]
= (0:2) (1000) + (0:25) (500)
= 325:
(b)
V ar (S) = V ar (X1 + X2 )
= V ar (X1 ) + V ar (X2 )
= E [I1 ] V ar [B1 ] + V ar [I1 ] E 2 [B1 ] + E [I2 ] V ar [B2 ] + V ar [I2 ] E 2 [B2 ]
2 2
2 2 1 1
= (0:2) + (0:2) (0:8) + (0:25) + (0:25) (0:75)
(2=1000)2 2=1000 (2=1000)2 2=1000
= 260000 + 109375
= 369375:
(c)
1 X
X 1
Pr(S 2100) = Pr(S 2100 jI1 = i1 ; I2 = i2 ) Pr(I1 = i1 ; I2 = i2 )
i1 =0 i2 =0
= Pr(X1 + X2 2100 jI1 = 0; I2 = 0 ) Pr(I1 = 0; I2 = 0)
+ Pr(X1 + X2 2100 jI1 = 1; I2 = 0 ) Pr(I1 = 1; I2 = 0)
+ Pr(X1 + X2 2100 jI1 = 0; I2 = 1 ) Pr(I1 = 0; I2 = 1)
+ Pr(X1 + X2 2100 jI1 = 1; I2 = 1 ) Pr(I1 = 1; I2 = 1)
= (1) Pr(I1 = 0; I2 = 0)
+ Pr(B1 2100) Pr(I1 = 1; I2 = 0)
+ Pr(B2 2100) Pr(I1 = 0; I2 = 1)
+ Pr(B1 + B2 2100) Pr(I1 = 1; I2 = 1)

Pr(S 2100) = (1) Pr(I1 = 0; I2 = 0) + Pr(I1 = 1; I2 = 0) Pr(B1 2100)


+ Pr(I1 = 0; I2 = 1) Pr(B2 2100) + Pr(I1 = 1; I2 = 1) Pr(B1 + B2 2100)

Pr(I1 = 0; I2 = 0) = Pr(I1 = 0) Pr(I2 = 0)


= (0:8) (0:75)
= 0:6

Pr(I1 = 1; I2 = 0) = Pr(I1 = 1) Pr(I2 = 0)


= (0:2) (0:75)
= 0:15
3.3. EXEMPLES 63

Pr(I1 = 0; I2 = 1) = Pr(I1 = 0) Pr(I2 = 1)


= (0:8) (0:25)
= 0:2

Pr(I1 = 1; I2 = 1) = Pr(I1 = 1) Pr(I2 = 1)


= (0:2) (0:25)
= 0:05

2 1
X 2 2
( 1000 2100)j e 1000 2100
Pr(B1 2100) = 1
j=0
j!
4:2 4:2
= 1 e 4:2e
= 0:922

4:2
Pr(B2 2100) = 1 e
= 0:985

3 1
X 2 2
( 1000 2100)j e 1000 2100
Pr(B1 + B2 2100) = 1
j=0
j!

4:2 4:2 (4:2)2 e 4:2


= 1 e 4:2e
2!
= 0:78976;
2
car (B1 + B2 ) Erlang 3; 1000 . On obtient donc

Pr(S 2100) = 0:6 + (0:15) (0:922) + (0:12) (0:985) + (0:05) (0:78976)


= 0:974788:

À noter que dans cet exemple, on peut calculer FST OT de façon explicite étant donné que (B1 + B2 )
Erlang( ).

Exemple 3.15 On considère l’Exemple 3.14 mais où toutefois les v.a I1 et I2 ne sont plus indépendantes. On
suppose plutôt que Cov(I1 ; I2 ) = 0:03. (a) Trouver E [S]. (b) Trouver V ar (S). (c) Trouver Pr(S 2100).

Solution. (a) Même si les v.a. I1 et I2 ne sont plus indépendantes, on obtient le même résultat pour E [S].
(b)

V ar (S) = V ar (X1 + X2 )
= V ar (X1 ) + V ar (X2 ) + 2Cov(X1 ; X2 )
= 260000 + 109375 + 2Cov(X1 ; X2 ):

Cov(X1 ; X2 ) = Cov(I1 B1 ; I2 B2 )
= E [I1 B1 I2 B2 ] E [I1 B1 ] E [I2 B2 ]
= E [B1 ] E [B2 ] E [I1 I2 ] E [B1 ] E [I1 ] E [B2 ] E [I2 ]
= E [B1 ] E [B2 ] Cov(I1 ; I2 )
= (1000) (500) (0:03)
= 15000:
64 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

On aurait pu également évaluer Cov(X1 ; X2 ) comme suit:

Cov(X1 ; X2 ) = E [X1 X2 ] E [X1 ] E [X2 ]

E [X1 X2 ] = E [I1 B1 I2 B2 ]
= E [B1 ] E [B2 ] E [I1 I2 ] :

On sait que

E [I1 I2 ] = Cov(I1 ; I2 ) + E [I1 ] E [I2 ]


= 0:03 + (0:2) (0:25)
= 0:08

et par conséquent

E [X1 X2 ] = (1000) (500) (0:08)


= 40000:

De plus, on sait que

E [X1 ] = E [I1 ] E [B1 ] = (0:2) (1000) = 200


E [X2 ] = E [I2 ] E [B2 ] = (0:25) (500) = 125;

d’où

Cov(X1 ; X2 ) = 40 000 (200) (125)


= 15000:

Une troisième approche aurait pu être utilisée pour trouver Cov(X1 ; X2 ), soit en conditionnant sur (I1 ; I2 ).
On a
Cov(X1 ; X2 ) = E [Cov(X1 ; X2 jI )] + Cov(E [X1 jI ] ; E [X2 jI ]);
où I = (I1 ; I2 ) et

Cov(X1 ; X2 jI1 = 0; I2 = 0 ) = 0
Cov(X1 ; X2 jI1 = 1; I2 = 0 ) = 0
Cov(X1 ; X2 jI1 = 0; I2 = 1 ) = 0
Cov(X1 ; X2 jI1 = 1; I2 = 1 ) = Cov(B1 ; B2 ):

On a donc
Cov(X1 ; X2 jI ) = I1 I2 Cov(B1 ; B2 )
d’où

E [Cov(X1 ; X2 jI )] = Cov(B1 ; B2 )E [I1 I2 ]


= 0

car les v.a B1 et B2 sont indépendantes. De plus, on a pour le 2ième terme impliqué dans la covariance

E [X1 jI ] = I1 E [B1 ]
E [X2 jI ] = I2 E [B2 ]

ce qui conduit à
Cov(E [X1 jI ] ; E [X2 jI ]) = E [B1 ] E [B2 ] Cov(I1 ; I2 )
3.3. EXEMPLES 65

On obtient donc pour la covariance

Cov(X1 ; X2 ) = E [Cov(X1 ; X2 jI )] + Cov(E [X1 jI ] ; E [X2 jI ])


= 0 + E [B1 ] E [B2 ] Cov(I1 ; I2 )
= (1000) (500) (0:03)
= 15000;

d’où

V ar (S) = V ar (X1 + X2 )
= V ar (X1 ) + V ar (X2 ) + 2Cov(X1 ; X2 )
= 260000 + 109375 + (2) (15000)
= 399375.

(c) On doit évaluer les probabilités conjointes d’occurence.

Pr(I1 = 1; I2 = 1) = E [I1 I2 ]
= Cov(I1 ; I2 ) + E [I1 ] E [I2 ]
= 0:03 + (0:2) (0:25)
= 0:08

Pr(I1 = 1; I2 = 0) = Pr(I1 = 1) Pr(I1 = 1; I2 = 1)


= 0:2 0:08
= 0:12;

car Pr(I1 = 1) = Pr(I1 = 1; I2 = 0) + Pr(I1 = 1; I2 = 1).

Pr(I1 = 0; I2 = 1) = Pr(I2 = 1) Pr(I1 = 1; I2 = 1)


= 0:25 0:08
= 0:17:

Pr(I1 = 0; I2 = 0) = 1 Pr(I1 = 1; I2 = 1) Pr(I1 = 1; I2 = 0) Pr(I1 = 0; I2 = 1)


= 1 0:08 0:12 0:17
= 0:63:

1 X
X 1
Pr(S 2100) = Pr(S 2100 jI1 = i1 ; I2 = i2 ) Pr(I1 = i1 ; I2 = i2 )
i1 =0 i2 =0
= Pr(X1 + X2 2100 jI1 = 0; I2 = 0 ) Pr(I1 = 0; I2 = 0)
+ Pr(X1 + X2 2100 jI1 = 1; I2 = 0 ) Pr(I1 = 1; I2 = 0)
+ Pr(X1 + X2 2100 jI1 = 0; I2 = 1 ) Pr(I1 = 0; I2 = 1)
+ Pr(X1 + X2 2100 jI1 = 1; I2 = 1 ) Pr(I1 = 1; I2 = 1)

Pr(S 2100) = (1) Pr(I1 = 0; I2 = 0) + Pr(B1 2100) Pr(I1 = 1; I2 = 0)


+ Pr(B2 2100) Pr(I1 = 0; I2 = 1) + Pr(B1 + B2 2100) Pr(I1 = 1; I2 = 1)
= 0:63 + (0:922) (0:12) + (0:985) (0:17) + (0:78976) (0:08)
= 0:9712708:
66 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

Exemple 3.16 On considère l’Exemple 3.14 mais avec un nombre n de contrat et où les v.a Ii (i = 1; :::; n)
sont identiquement distribuées comme la v.a canonique I. On suppose également que les v.a Bi (i = 1; :::; n)
sont identiquement distribuées. Les v.a I1 ; :::; In sont considérées indépendantes de même pour les v.a
B1 ; :::; Bn . Trouver l’expression pour FS .
Solution. On dé…nit S = X1 + ::: + Xn et N = I1 + ::: + In , où N Bin(n; q). On peut donc exprimer S
sous la forme d’une somme aléatoire 8
>
< 0; N = 0
XN
S=
>
: Ck , N > 0,
k=1
où Ck représente les coûts pour un des contrats ayant eu un sinistre ou plus et N correspond au nombre de
contrats du portefeuille ayant eu un sinistre ou plus.De plus, on a que les v.a C1 ; C2 ; ::: sont identiquement
distribuées comme la v.a B représentant le montant total des sinistres pour un contrat. Ainsi, on a
n
X
Pr(S x) = Pr(N = 0) + Pr(S x jN = k ) Pr(N = k)
k=1
n
X
= Pr(N = 0) + Pr(C1 + ::: + Ck x) Pr(N = k).
k=1

Remarque 3.17 La v.a B1 n’est pas identique à la v.a C1 .


Remarque 3.18 On ne se préoccupe pas de la provenance des coûts, c’est-à-dire de quel contrat provient
les sinistres.
Remarque 3.19 Il est possible d’écrire S comme une somme aléatoire car les contrats sont homogènes,
c’est-à-dire I1 ; :::; In sont des v.a. identiquement distribuées ainsi que B1 ; :::; Bn .
Exemple 3.20 On suppose qu’un portefeuille d’assurance est divisé en m = 3 classes. On désigne par n(j)
le nombre de contrats pour la classe j avec
j n(j) q (j) Loi de B (j)
1 200 0.15 Pareto( = 2:2; = 1200)
2 150 0.24 Lognormale( = 7; 2 = 4)
3
3 350 0.18 Gamma = 3; = 1000 .
(j)
3 X
X n
(j) (j)
On suppose que les contrats sont indépendants et S = Xi , où les v.a Xi i = 1; :::; n(j) sont
j=1 i=1
identiquement distribuées comme la v.a X (j) dé…nie par
B (j) ; I (j) = 1
X (j) =
0; I (j) = 0
Utiliser l’approximation normale pour évaluer Pr(S > x).
Solution. On a
2 3
X n(j)
3 X
(j)
E [S] = E4 Xi 5
j=1 i=1

n(j)
3 X
X h i
(j)
= E Xi
j=1 i=1
3
X h i
= n(j) E X (j) ;
j=1
3.3. EXEMPLES 67

(j)
car Xi i = 1; :::; n(j) sont identiquement distribuées comme la v.a X (j) . On a les moments suivants pour
les v.a. B (1) ; B (2) ; B (3) :
B (1) P areto( = 2:2; = 1200)
h i 1200
E B (1) = = = 1000
1 2:2 1
2
2 2
V ar B (1) =
( 1)( 2) 1
2(1200)2
= (1000)2
(1:2) (0:2)
= 11000000

B (2) Lognormale( = 7; 2
= 4)
h i 2
7+ 24
E B (2) = e + 2 =e =e 9

2 2 2
V ar B (2) = e2 +2
e + 2

= e22 (e9 )2

3
B (3) Gamma = 3; =
1000
h i 3
E B (3) = = 3 = 1000
1000
3
V ar B (3) = 2 = 2 = 333333.
3
1000
Ainsi,
E [S] = (200) (0:15) (1000) + (150) (0:24) e9 + (350) (0:18) (1000)
= 384711.
Pour la variance du montant total des sinistres, on a
0 1
X n(j)
3 X
(j)
V ar (S) = V ar @ Xi A
j=1 i=1
3
X
= n(j) V ar X (j)
j=1

(j)
car les contrats sont supposés indépendants et Xi X (j) , pour i = 1; :::; n(j) . Ainsi,
h i h i h i h i
V ar (S) = (200) E I (1) V ar B (1) + V ar I (1) E 2 B (1)
h i h i h i h i
+ (150) E I (2) V ar B (2) + V ar I (2) E 2 B (2)
h i h i h i h i
+ (350) E I (3) V ar B (3) + V ar I (3) E 2 B (3)
= (200) (0:15) (11000000) + (0:15) (0:85) 10002
2
+ (150) (0:24) (e22 e18 ) + (0:24) (0:76) e9
+350 (0:18) (333333) + (0:18) (0:82) 10002
= (200) (1777500) + (150) (856597069) + (350) (207600)
= 128917720350:
68 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

Selon l’approximation normale, on a


!
x E [S]
Pr(S x) = p
V ar (S)
x 384711
= p
128917720350

Exemple 3.21 On considère un portefeuille d’assurance auto où, selon l’approche fréquence-sévérité, on a
8 M
< Pi
Bi;j ; Mi > 0
Xi = :
: j=1
0; Mi = 0
On dé…nit S = X1 + ::: + Xn où X1 ; :::; Xn sont des v.a indépendantes. On suppose Mi P oisson( i ),
(i = 1; :::; n) et les v.a M1 ; M2 ; :::; Mn sont indépendantes. Les v.a Bi;1 ; Bi;2 ; :::; Bi;Mi sont identiquement
distribuées comme la v.a canonique Bi . On suppose également que Mi et (Bi;1 ; Bi;2 ; :::; Bi;Mi ) sont indépen-
dantes. Identi…er la loi de S.
Solution. On utilise la fonction génératrice des moments pour identi…er la loi de S:
MS (t) = E etS
h i
= E et(X1 +:::+Xn )
= E etX1 :::E etXn
= MX1 (t):::MXn (t);
où Xi P oisson Composee( i ; FBi ) et par conséquent MXi (t) = MMi (ln MBi (t)). De plus, étant donné
t
que Mi P oisson( i ), on a MMi (t) = e i (e 1) , d’où
MXi (t) = MMi (ln MBi (t))
ln MB (t)
i e i 1
= e
= e i (MBi (t) 1):

On obtient donc la fonction génératrice des moments suivante pour le montant total des sinistres S
MS (t) = MX1 (t):::MXn (t)
= e 1 (MB1 (t) 1) :::e n (MBn (t) 1)
P
n
i (MBi (t) 1)
= ei=1
P
n P
n
i MBi (t) i
= ei=1 i=1

P
n
i
T OT MBi (t) 1
T OT
= e i=1

P
n
où T OT = 1 + ::: + n. Alors, S obéit à une loi de Poisson composée de paramètres T OT ;
i
T OT
FBi .
i=1
Étant donné que S obéit à une loi composée, on peut écrire
8
< PN
Ck ; N > 0
S=
: k=1
0; N = 0;
où C1 ; C2 ; ::: sont identiquement distribuées comme la v.a canonique C, N P oisson( T OT = 1 + ::: + n ),
P n P
n
FC (x) = i
T OT
F Bi
(x) et M C (t) = i
T OT
MBi (t). On a donc que la v.a C obéit à un mélange des lois
i=1 i=1
de B1 ,...,Bn .
3.3. EXEMPLES 69

Exemple 3.22 On considère un portefeuille d’assurance de contrats IARD tel que le montant total des
sinistres du portefeuille est dé…ni par S = X1 + ::: + Xn , où Xi Binomiale Composee(ni ; qi ; FBi ). Soient
les hypothèses (restrictives) suivantes: qi = q et Bi B; i 2 f1; 2:::; ng. Si l’on suppose que Xi (i = 1; :::; n)
sont des v.a. indépendantes, identi…er la loi de S.

Solution. On utilise la fonction génératrice des moments pour identi…er la loi de S.

MS (t) = E etS
h i
= E et(X1 +:::+Xn )
= E etX1 :::E etXn
= MX1 (t):::MXn (t)
n1 nn
= (1 q1 + q1 MB1 (t)) ::: (1 qn + qn MBn (t))
n1 nn
= (1 q + qMB (t)) ::: (1 q + qMB (t))
n1 +n2 +:::+nn
= (1 q + qMB (t))
nT OT
= (1 q + qMB (t)) ;

où nT OT = n1 + ::: + nn . Alors, S obéit à une loi binomiale composée de paramètres (nT OT ; q; FB ). On peut
donc écrire la v.a S comme une somme aléatoire
8
< P N
Ck ; N > 0
S=
: k=1
0; N = 0;

où N Binomiale(nT OT ; q), C1 ; C2 ; :::: sont identiquementn distribuées comme la v.a B et Ck correspond


au coût du kieme sinistre du portefeuille ce qui di¤ère de la dé…nition de Ck dans l’Exemple 3.16.

Exemple 3.23 On considère un portefeuille d’assurance de contrats IARD tel que le montant total des
sinistres du portefeuille est dé…ni par S = X1 +:::+Xn , où Xi Binomiale N egative Composee(ri ; qi ; FBi ),
soit 8
< M Pi
Bi;k ; Mi > 0
Xi = ;
: k=1
0; Mi = 0;
où Mi Binomiale N egative (ri ; qi ). Soient les hypothèses (restrictives) suivantes: qi = q et Bi;k Bi ;
i 2 f1; 2:::; ng ; k 2 f1; 2; :::; Mi g. Si l’on suppose que Xi (i = 1; :::; n) sont des v.a. indépendantes, identi…er
la loi de S.

Solution. On utilise la fonction génératrice des moments pour identi…er la loi de S.

MS (t) = E etS
h i
= E et(X1 +:::+Xn )
= E etX1 :::E etXn
= MX1 (t):::MXn (t)
r1 rn
q q
= :::
1 (1 q) MB (t) 1 (1 q) MB (t)
rT OT
q
=
1 (1 q) MB (t)

où rT OT = r1 + ::: + rn . Alors, S obéit à une loi binomiale négative composée de paramètres (rT OT ; q; FB ).
70 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

3.4 Mesures de risque


En connaissant la distribution de S, on est en mesure d’évaluer di¤érentes quantités permettant de quanti…er,
de mesurer le risque global associé au portefeuille de risques. Deux types de mesures seront étudiés: (1)
V aR et T V aR . (2) Mesure d’insolvabilité.
Dé…nition 3.24 Soit une v.a. S avec fonction de répartition FS . On dé…nit la mesure de risque Value-at-
Risk, notée V aR , par
V aR (S) = FS 1 ( );
où 2 (0; 1) est un niveau de con…ance …xé et FX 1 est la fonction inverse de la fonction de répartition de
X.
Dé…nition 3.25 Soit une v.a. S avec fonction de répartition FS . On dé…nit la mesure de risque Tail
Value-at-Risk, notée T V aR , par
Z1
1
T V aR (S) = V aRu (S)du
1
1
= E S 1fS>V aR (S)g + V aR (S) (FS (V aR (S)) ) ;
1
où 2 (0; 1) est un niveau de con…ance …xé.
Exemple 3.26 On considère un portefeuille de 2 contrats d’assurance temporaire 1 an. Pour ces 2 contrats,
la prestation de décès est b = 1000. On dé…nit les coûts pour le contrat i selon l’approche indemnitaire, soit
Xi = fbIi ; i = 1; 2 ,
où I1 ; I2 sont des v.a. i.i.d telles que Ii Bern(q = 0:009), i = 1; 2. (a) Trouver V aR0:99 (Xi ), i = 1; 2.
(b) Trouver V aR0:99 (X1 + X2 ). (c) Comparer V aR0:99 (X1 ) + V aR0:99 (X2 ) avec la réponse obtenue en b) et
commenter.
Solution. (a) On a Xi 2 f0; 1000g avec Pr(Xi = 0) = 0:991 et Pr(Xi = 1000) = 0:009, pour i = 1; 2. Alors
V aR0:99 (X1 ) = V aR0:99 (X2 ) = 0. (b) On a (X1 + X2 ) 2 f0; 1000; 2000g avec
Pr(X1 + X2 = 0) = (0:991)2 = 0:98208
Pr(X1 + X2 = 1000) = (2) (0:009) (0:991) = 0:017838
Pr(X1 + X2 = 2000) = (0:009)2 = 0:000081:
Alors, V aR0:99 (X1 + X2 ) = 1000. (c) V aR0:99 (X1 ) + V aR0:99 (X2 ) < V aR0:99 (X1 + X2 ) ce qui illustre le
non respect de la sous-additivité de la mesure de risque V aR .
Exemple 3.27 On considère un portefeuille de 2 risques indépendants X1 et X2 où Xi = bIi ; i = 1; 2
avec Ii Bernoulli(q = 0:1). On dé…nit S = X1 + X2 . (a) Trouver V aR0:85 (Xi ), i = 1; 2. (b) Trouver
T V aR0:85 (Xi ), i = 1; 2. (c) Trouver V aR0:85 (S) et comparer avec V aR0:85 (X1 ) + V aR0:85 (X2 ). (d)
Trouver T V aR0:85 (S) et comparer avec T V aR0:85 (X1 ) + T V aR0:85 (X2 ).
Solution. On a S 2 f0; 1000; 2000g avec
Pr(S = 0) = (0:9)2 = 0:81
Pr(S = 1000) = (2) (0:1) (0:9) = 0:18
Pr(S = 2000) = (0:1)2 = 0:01:
Ainsi, on a
k Pr (S = k 1000) Pr (S 1000k)
0 0:81 0:81
1 0:18 0:99
2 0:01 1:00
3.4. MESURES DE RISQUE 71

(a) V aR0:85 (X1 ) = V aR0:85 (X2 ) = 0. (b)

1
T V aR0:85 (X1 ) = E X1 1fX1 >V aR0:85 (X1 )g + V aR0:85 (X1 ) (FX1 (V aR0:85 (X1 )) 0:85)
1
0:85
1
= E X1 1fX1 >V aR0:85 (X1 )g
1 0:85
1
= E X1 1fX1 >0g
1 0:85
1
= E [X1 ]
1 0:85
1
= (1000) (0:1)
1 0:85
= 666:67:

T V aR0:85 (X2 ) = T V aR0:85 (X1 ) = 666:67:


(c)
V aR0:85 (S) = 1000 > V aR0:85 (X1 ) + V aR0:85 (X2 ) :
(d)

1
T V aR0:85 (S) = E S 1fS>V aR0:85 (S)g + V aR0:85 (S) (FS (V aR0:85 (S)) 0:85)
10:85
1
= E S 1fS>1000g + (1000) (FS (1000) 0:85)
1 0:85
1
= ((0:01) (2000) + (1000) (0:99 0:85))
1 0:85
= 1067 < T V aR0:85 (X1 ) + T V aR0:85 (X2 ) :

Dé…nition 3.28 Soit une mesure de risque . Le béné…ce de mutualisation, qui correspond au montant
épargné par l’agrégation de risques, est dé…ni par
n
!
X
B (S; X1 ; :::; Xn ) = (Xi ) (S) ;
i=n

P
n
où S = Xi .
i=1

Remarque 3.29 La mesure de risque V aR n’étant pas sous-additive, il peut arriver que le béné…ce de
mutualisation soit négatif.

Remarque 3.30 La mesure de risque T V aR étant cohérente et donc sous-additive, le béné…ce de mutual-
isation sous cette mesure de risque est toujours positif. Ceci fournit un argument supplémentaire favorisant
l’utilisation de la T V aR au lieu de la V aR .

Remarque 3.31 Soit une compagnie ABC composée de n lignes d’a¤ aires dont les coûts sont dé…nis par
P
n
les v.a X1 ; :::; Xn . Les coûts totaux pour la compagnie sont S = Xi . Pour calculer le capital économique
i=1
P
n
de la compagnie ABC, est-il préférable d’utiliser T V aR (Xi ) ou T V aR (S)? Il est préférable d’utiliser
i=n
P
n
T V aR (S) car T V aR (Xi ) ignore le bien fait de la mutualisation des risques ce qui conduira à un
i=n
capital économique trop élevé.
72 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

Une autre mesure permettant de connaître la santé …nancière d’un portefeuille est la mesure de solvabilité.
Celle-ci vise à évaluer la probabilité que le détenteur d’un portefeuille de risques rencontre ses engagements
au cours de la prochaine période. Dans ce cours, la mesure de solvabilité utilisée est la probabilité de ruine.

Dé…nition 3.32 On considère le portefeuille d’une compagnie d’assurance constitué des contrats X1 ; :::; Xn .
La prime associée au contrat i est désginée par i , i = 1; :::; n. Le motant total des sinistres pour le
P
n
portefeuille est S = Xi et le revenu total P T F . Un capital initial u est alloué au portefeuille. On dé…nit
i=1
la probabilité d’insolvabilité par

n (u) = Pr(S > u + PTF )


= 1 FS (u + P T F ).

On doit donc connaître la fonction de répartition du montant total des sinistres FS pour évaluer n (u),
d’où l’importance d’être en mesure d’évaluer FS .

Remarque 3.33 La probabilité d’insolvabilité (ou probabilité de ruine) est un outil qui aide l’actuaire dans
l’évaluation et la gestion des risques. Elle sert notamment à véri…er si le niveau de capital alloué u au
portefeuille est su¢ sant, à véri…er si le niveau de prime est adéquat et à choisir la politique de réassurance
appropriée.

3.5 Mutualisation des risques et coûts par contrat


En assurance, chaque assuré transfère son risque individuel à une compagnie d’assurance. Le regroupement
(ou mutualisation) de ces risques individuels constitue le risque global de l’assureur. Pour comprendre
l’impact de ce regroupement, il est nécessaire d’examiner le comportement aléatoire du coût moyen par
contrat, c’est-à-dire de la part du risque global attribuée à un contrat, pour un portefeuille de contrats dont
les coûts sont identiquement distribués. On cherche donc à savoir quel est l’impact sur les coûts d’un risque
de regrouper plusieurs risques: est-ce que cela conduit à augmenter ou diminuer ses propres coûts.
On considère un portefeuille constitué de n contrats dont les coûts sont identiquement distribués. On
dé…nit le montant toal des coûts pour le portefeuille par Sn = X1 + ::: + Xn , où Xi X pour i = 1; :::; n.
La mutualisation des risques est fondée sur un partage équitable des coûts du portefeuille sur l’ensemble des
contrats du portefeuille. La part allouée à un contrat suite à la mise en commun des risques est donnée par

Sn
Wn = :
n
On examine donc le comportement de Wn par rapport au comporterment de X dans deux contextes di¤érents,
soit dans le cadre d’un regroupement de risques indépendants et de risques dépendants.

3.5.1 Risques indépendants


Soit un portefeuille composé de n risques X1 ; :::; Xn que l’on suppose indépendants et identiquement dis-
tribués. Regardons l’espérance et la variance de la part allouée Wn dans un tel contexte. On a

Sn
E [Wn ] = E
n
1
= E [Sn ]
n
1
= nE [X]
n
= E [X] :
3.5. MUTUALISATION DES RISQUES ET COÛTS PAR CONTRAT 73

Ceci signi…e que l’espérance du coût moyen est égale à l’espérance du coût pour un seul contrat et donc que
le nombre de contrats n’a aucun impact sur la part du risque global allouée à chaque contrat, soit

lim E [Wn ] = E [X] .


n!1

Pour la variance de la part allouée à un contrat, on a

Sn
V ar (Wn ) = V ar
n
1
= V ar (Sn )
n2
1
= nV ar (X)
n2
V ar (X)
=
n
< V ar (X) :

On constate que la variance du coût moyen est inférieure à la variance du coût pour un contrat lorsque
le nombre de contrat dans le portefeuille est supérieur à 1. On a donc que la variabilité de la part attribuée
à chaque contrat diminue lorsque la taille du portefeuille s’accroît. On parvient à éliminer entièrement le
"risque" ou l’incertitude représentée par la variance de Wn par le regroupement de risques, soit

V ar (X)
lim V ar (Wn ) = lim = 0:
n!1 n!1 n
Ce phénomène est appelé l’e¤et de mutualisation des risques. Il repose sur l’hypothèse d’indépendance
entre les risques et a justi…é le fonctionnement de l’assurance à ses débuts. Traditionnellement, on disait que
le risque global de l’assurance était diversi…able. On appelle aussi ce risque le risque non systémique.

3.5.2 Risques dépendants


Soit un portefeuille composé des n risques X1 ; :::; Xn que l’on suppose dépendants et identiquement dis-
tribués. Regardons l’espérance et la variance de la part allouée Wn dans un tel contexte. On a

Sn
E [Wn ] = E
n
1
= E [Sn ]
n
1
= nE [X]
n
= E [X] :

On obtient le même résultat que pour un regroupement de risques iid, c’est-à-dire que le lien entre les
contrats n’a aucun impact sur l’espérance du coût moyen par contrat. Pour la variance du coût moyen, on
obtient dans ce cas-ci

Sn
V ar (Wn ) = V ar
n
1
= (nV ar(X) + n(n 1)Cov(X1 ; X2 ))
n2
V ar(X) 1
= + 1 Cov(X1 ; X2 ):
n n
74 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

De plus, lorsque n ! 1, on a
V ar(X) 1
lim V ar (Wn ) = lim + 1 Cov(X1 ; X2 )
n!1 n!1 n n
= Cov(X1 ; X2 ):

On observe que bien que la taille du portefeuille augmente, on ne parvient pas à éliminer entièrement le
risque inhérent à la variabilité de la part allouée. Ce risque résiduel correspond au risque non-diversi…able,
appelé aussi le risque systémique.

Remarque 3.34 Traditionnellement, le risque de mortalité et le rsique d’assurance IARD et maladie


étaient considérés diversi…ables.

Remarque 3.35 Exemples de risques considérés non-diversi…ables: amélioration de la mortalité (facteur


commun), risque d’épidémie (assurance vie, assurance maladie), risque climatique (assurance vie, assur-
ance agricole), risque d’in‡ation (assurance maladie, assurance IARD), risques …nanciers (liés aux taux
d’intérêts), risque de marché pour titres avec possibilité de défaut.

Remarque 3.36 Voir les exemples 3.22, 3.23, 3.24 (pages 122-125) de Marceau (2013).

3.6 Mutualisation, loi des grands nombres et nécessité d’une marge


positive
Le mécanisme d’assurance fonctionne si la compagnie d’assurance demande une prime appropriée selon le
risque couvert par le contrat. Supposons pour le moment que le modèle choisi pour décrire les coûts d’un
contrat est adéquat. On suppose que la prime demandée est . Quelle doit être la valeur de par rapport
à l’espérance des coûts E [X]? Comment se comporte le portefeuille si E [X] ou si E [X]?
Pour répondre à ces questions, on examine l’impact du niveau de prime sur la probabilité d’insolvabilité.
Plus précisément, on étudie le comportement de la probabilité de ruine n (u) lorsque le nombre de contrats
n augmente et en fonction du niveau de prime . Pour ce faire, on utilise la loi des grands nombres. Celle-ci
repose sur les inégalités de Markov et de Chebyshev.

Proposition 3.37 Inégalité de Markov Soit X une variable aléatoire prenant que des valeurs non néga-
tives avec E [X] < 1. Alors on a pour 8a > 0;

E [X]
Pr(X > a) :
a
Preuve. Soit X une v.a continue telle que E [X] < 1. Alors,
R1
E [X] = xfX (x)dx
0
Ra R1
= xfX (x)dx + xfX (x)dx
0 a
R1
xfX (x)dx
a
R1
afX (x)dx,
a

et par conséquent
R1
E [X] afX (x)dx = a (Pr(X > a)) ;
a

ce qui conduit au résultat désiré.


3.6. MUTUALISATION, LOI DES GRANDS NOMBRES ET NÉCESSITÉ D’UNE MARGE POSITIVE75

Proposition 3.38 Inégalité de Chebyshev Soit X est une v.a. telle que E [X] < 1 et V ar (X) < 1.
Alors pour toute valeur de k > 0 on a
p 1
Pr(jX E [X]j k V ar (X)) :
k2
(X E[X])2
Preuve. Soit Y = V ar(X) une v.a. prenant des valeurs non négatives. À l’aide de l’inégalité de Markov
avec a = k 2 , on a
E [Y ]
Pr(Y k2 )
k2
ou de façon équivalente
(X E [X])2 E (X E [X])2 1
Pr k2 = 2:
V ar(X) k 2 V ar(X) k
2
Étant donné que (XV ar(X)
E[X])
k 2 est équivalent à (X
p E[X]) k ou (X
p E[X])
k, on peut écrire
V ar(X) V ar(X)
p
jX E [X]j k V ar (X) qui conduit au résultat désiré.
Remarque 3.39 Les inégalités de Markov et Chebyshev permettent de trouver des bornes pour des proba-
bilités lorsque seulement la moyenne ou la moyenne et la variance de la distribution sont connues.
Remarque 3.40 Étant donné que l’inégalité de Chebyshev est valide pour tout choix de distribution de X,
la borne obtenue sur la probabilité est plutôt large, souvent trop élevée. Cette inégalité est toutefois un outil
théorique utilisé dans plusieurs résultats importants comme la loi des grands nombres.
Remarque 3.41 On utilisera l’inégalité de Chebyshev pour démontrer la nécessité de charger une prime
strictement supérieure à la prime pure a…n d’éviter la ruine avec certitude.
Proposition 3.42 Loi des grands nombres Soient X1 ; :::; Xn une suite de v.a. indépendantes et iden-
tiquement distribuées avec E [Xi ] < 1 et V ar [Xi ] > 0; i = 1; :::; n. Alors, pour 8" > 0, on a
X1 + ::: + Xn
lim Pr E [X] " ! 0;
n!1 n
ce qui correspond à
lim Pr (jWn E [X]j) " ! 0.
n!1

Preuve: Soit le coût moyen par contrat Wn . Selon l’inégalité de Chebyshev, on a


p 1
Pr jWn E [Wn ]j k V ar [Wn ]
k2
qui est équivalent à
1
Pr jWn j kp
n k2
car
X1 + ::: + Xn
E [Wn ] = E
n
1
= E [X1 + ::: + Xn ]
n
n
= =
n
X1 + ::: + Xn
V ar(Wn ) = V ar
n
1
= V ar (X1 + ::: + Xn )
n2
n 2 2
= 2
= :
n n
76 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

n"2
Si, pour 8" > 0 on dé…nit k tel que k 2 = 2 , on a
p 2
n"
Pr jWn j p
n n"2

et par conséquent
2
Pr (jWn j ") :
n"2
Donc pour tout " > 0 …xé, on a
2
lim Pr (jWn j ") lim ! 0:
n!1 n!1 n"2

Remarque 3.43 La loi des grands nombres dit donc que la probabilité que le coût moyen par contrat Wn
di¤ ère de son espérance de plus d’une très petite quantité " tend vers 0 lorsque le nombre de contrats dans
le portefeuille est très grand.

Proposition 3.44 On considère un portefeuille de n contrats d’assurance dont les coûts sont dé…nis par
les v.a indépendantes et identiquement distribuées X1 ; :::; Xn avec Xi X et E [Xi ] = E [X] < 1 et
V ar (Xi ) = V ar (X) < 1 pour i = 1; :::; n. On désigne par S les coûts pour l’ensemble du portefeuille et
par i , i = 1; :::; n; la prime pour le contrat i, où i = (1 + ) E [Xi ] et correspond à la marge relative de
P
n
sécurité. Soit la pobabilité d’insolvabilité n (u) = Pr S > u + i , où u est le capital initial. On a les
i=1
résultats suivants:

(1) Si > 0 et u = 0, alors lim n (0) = 0.


n!1
(2) Si < 0 et u = 0, alors lim n (0) = 1.
n!1
(3) Si = 0 et u = 0, alors lim n (0) = 0:5.
n!1
Preuve. (1) Soit > 0.
n
!
X
n (0) = Pr S > i
i=1
n
!
X
= Pr S > (1 + ) E [Xi ]
i=1
n n
!
X X
= Pr S > E [Xi ] + E [Xi ]
i=1 i=1
= Pr (S > E [S] + E [S])
= Pr (S E [S] > E [S])
!
E [S] p
= Pr S E [S] > p V ar (S)
V ar (S)
p
= Pr S E [S] > k V ar (S) ;

où k = p E[S] . Sachant que


V ar(S)

p p
Pr jS E [S]j > k V ar (S) = Pr S E [S] > k V ar (S)
p
+ Pr S E [S] < k V ar (S) ;
3.6. MUTUALISATION, LOI DES GRANDS NOMBRES ET NÉCESSITÉ D’UNE MARGE POSITIVE77

on peut écrire
p
n (0) = Pr S E [S] > k V ar (S)
p p
= Pr jS E [S]j > k V ar (S) Pr S E [S] < k V ar (S)
p
Pr jS E [S]j > k V ar (S) :

Par l’inégalité de Chebyshev, on a


p 1
n (0) Pr jS E [S]j > k V ar (S) ;
k2

1 1
= 2
k2
p E[S]
V ar(S)

V ar (S)
= 2 2
E [S]
nV ar (X)
= 2 2
(nE [X])
nV ar (X)
= 2 2
(nE [X])
Ainsi, on a
p !2
1 1 1 V ar (X)
= 2
k2 n E [X]
1 1 2
= 2 (c) ;
n
p
V ar(X)
où c = E[X] correspond au coe¢ cient de variation. Alors, si > 0, on a

1 1 2
lim n (0) lim 2 (c) = 0:
n!1 n!1 n
(2) Soit < 0.
n
!
X
n (0) = Pr S > i
i=1
n
!
X
= Pr S > (1 + ) E [Xi ]
i=1
n n
!
X X
= Pr S > E [Xi ] + E [Xi ]
i=1 i=1
= Pr (S > E [S] + E [S])
= Pr (S E [S] > E [S])
Posons = et donc > 0. Alors,

n (0) = Pr (S E [S] > E [S])


= Pr (S E [S] > E [S])
= 1 Pr (S E [S] E [S]) :
78 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

De plus, on sait que

Pr (jS E [S]j E [S]) = Pr (S E [S] E [S]) + Pr (S E [S] E [S])

Pr (S E [S] E [S]) = Pr (jS E [S]j E [S]) Pr (S E [S] E [S])


1 Pr (S E [S] E [S]) = 1 (Pr (jS E [S]j E [S]) Pr (S E [S] E [S]))
= 1 Pr (jS E [S]j E [S]) + Pr (S E [S] E [S])

et par conséquent

1 Pr (S E [S] E [S]) 1 Pr (jS E [S]j E [S]) :

Ainsi, on peut écrire

n (0) = 1 Pr (S E [S] E [S])


1 Pr (jS E [S]j E [S])
!
E [S] p
= 1 Pr jS E [S]j p V ar (S)
V ar (S)
!
E [S] p
= 1 Pr jS E [S]j p V ar (S)
V ar (S)
p
= 1 Pr jS E [S]j k V ar (S) ;

E[S]
où k = p . Par l’inégalité de Chebyshev, on a
V ar(S)

p
n (0) = 1 Pr jS E [S]j k V ar (S)
1
1
k2
1
= 1 2
E[S]
p
V ar(S)

nV ar (X)
= 1 2 n2 E 2 [X]
p !2
1 V ar (X)
= 1 2n E [X]
1 2
= 1 2n
c ;

p
V ar(X)
où c = E[X] correspond au coe¢ cient de variation. Alors, si < 0, on a

1 2
lim n (0) lim 1 2n
c = 1:
n!1 n!1
3.7. MUTUALISATION ET PRÉSENCE D’UN FACTEUR ALÉATOIRE COMMUN 79

(3) Soit = 0. On utilise le théorème central limite pour démonter ce cas-ci.


n
!
X
n (0) = Pr S > i
i=1
n
!
X
= Pr S > (1 + 0) E [Xi ]
i=1
n
!
X
= Pr S > E [Xi ]
i=1
= Pr (S > E [S])
!
S E [S] E [S] E [S]
= Pr p > p :
V ar (S) V ar (S)

Par le théorème central limite, on a donc


!
S E [S] E [S] E [S]
n (0) = Pr p > p
V ar (S) V ar (S)

et donc lim n (0) ! Pr (Z > 0) = (0) = 0:5:


n!1
La proposition ci-dessous montre l’importance pour une compagnie d’évaluer une prime majorée qui est
supérieure à la prime pure, c’est-à-dire
P M (X) > P P (X) = E [X] :
Il existe di¤érentes méthodes (voir Marceau (2013), chapitre 4) pour …xer la prime majorée. À noter que la
prime majorée est la prime calculée pour le risque d’assurance uniquement.

3.7 Mutualisation et présence d’un facteur aléatoire commun


Soit un portefeuille de n contrats dont les coûts sont désignés par les v.a X1 ; :::; Xn . On suppose que celles-ci
sont identiquement distribuées. On dé…nit une v.a (discrète ou continue) représentant l’environnement ou
les conditions environnementales a¤ectant le comportement aléatoire de l’ensemble du portefeuille. Ainsi,
la v.a a¤ecte le comportement de X1 ; :::; Xn . On suppose également que les v.a (X1 j ) ; :::; (Xn j ) sont
conditionnellement indépendantes.
On retrouve di¤érents exemples d’application de la présence d’un facteur aléatoire commun. La v.a peut
représenter, notamment, les conditions climatiques (assurance IARD, un peu assurance vie), améliorations
de la mortalité (assurance vie et rente), conditions a¤ectant l’état de santé des assurés (comme des épidémies,
températures très élevées), certaines conditions …nancières, etc.
Exemple 3.45 On considère un portefeuille de n contrats dont les coûts sont désignés par les v.a X1 ; :::; Xn .
Ces v.a sont supposées identiquement distribuées comme la v.a canonique X. On suppose que le portefeuille
est a¤ ecté par un facteur aléatoire commun que l’on désigne par la v.a , où 2 f 1 ; 2 ; :::; m g. On suppose
également que les v.a (X1 j ) ; :::; (Xn j ) sont conditionnellement indépendantes. (a) Trouver FX (x). (b)
Trouver E [X]. (c) Trouver V ar (X). (d) Trouver FS (x). (e) Trouver E [S]. (f ) Trouver V ar (S).
Solution. (a)
m
X
FX (x) = FXj = j
(x j j ) Pr ( = j)
j=1

(b)
m
X
E [X] = E [E [X j ]] = E [X j = j ] Pr ( = j)
j=1
80 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

(c)
V ar (X) = E [V ar (X j )] + V ar (E [X j ]) ;

m
X
E [V ar (X j )] = V ar (X j = j ) Pr ( = j)
j=1
h i
2
V ar (E [X j ]) = E (E [X j ]) E 2 [E [X j ]]
0 12
m
X m
X
2 @ A
= (E (X j = j )) Pr ( = j) E (X j = j ) Pr ( = j)
j=1 j=1

(d)
m
X
FS (x) = FSj = j
(x j j ) Pr ( = j)
j=1

(e)

E [S] = E [E [S j ]]
m
X
= E [S j = j ] Pr ( = j)
j=1

Étant donné que les v.a sont identiquement distribuées, on a

E [S] = E [E [S j ]]
= E [E [X1 + ::: + Xn j ]]
= E [nE [X j ]]
= nE [E [X j ]]
= nE [X] ;

ce qui est équivalent à appliquer la relation

E [S] = E [X1 + ::: + Xn ]


= nE [X]

car les v.a sont identiquement distribuées. (f)

V ar (S) = E [V ar (S j )] + V ar (E [S j ])
n
X
E [S j ] = E [X1 + ::: + Xn j ] = E [Xi j ] = nE [X j ] ;
i=1

étant donné que les v.a X1 ; :::; Xn sont identiquement distribuées. De plus,
n
X
V ar (S j ) = V ar (X1 + ::: + Xn j ) = V ar (Xi j ) ;
i=1

étant donné que les v.a X1 ; :::; Xn sont conditionnellement indépendantes. Les v.a X1 ; :::; Xn étant aussi
identiquement distribuées, on a
V ar (S j ) = nV ar (X j ) :
3.7. MUTUALISATION ET PRÉSENCE D’UN FACTEUR ALÉATOIRE COMMUN 81

Alors, pour des v.a X1 ; :::; Xn identiquement distribuées et (X1 j ) ; :::; (Xn j ) conditionnellement indépen-
dantes, on a
V ar (S) = E [V ar (S j )] + V ar (E [S j ])
= E [nV ar (X j )] + V ar (nE [X j ])
= nE [V ar (X j )] + n2 V ar (E [X j ]) :
Prendre note que V ar (S) >>> nV ar (X) = n (E [V ar (X j )] + V ar (E [X j ])).
Sn
Prenons le temps d’examiner le comportement du coût moyen par contrat, soit Wn = n , plus partic-
ulièrement le comportement de V ar (Wn ):
Sn
lim V ar (Wn ) = lim V ar
n!1 n!1 n
1
= lim V ar (Sn )
n!1 n2
1
= lim nE [V ar (X j )] + n2 V ar (E [X j ])
n!1 n2
1
= lim E [V ar (X j )] + V ar (E [X j ])
n!1 n
= V ar (E [X j ]) .
Ce terme, V ar (E [X j ]) correspond à la portion du risque que l’on ne parvient pas à éliminer suite à la
mutualisation des risques en présence d’un facteur aléatoire représentant les conditions environnementales.
Remarque 3.46 La variance de S se décompose en 2 termes: composante attribuée au risque diversi…able
(E [V ar (S j )]) et composante attribuée au risque non-diversi…able (V ar (E [S j ])).
Remarque 3.47 Le dé… de l’évaluation de
m
X
FS (x) = FSj = j
(x j j ) Pr ( = j)
j=1

réside dans l’évaluation de FSj = j (x j j ). Dans certains cas, on connait l’expression de FSj = j (x j j ),
fonction de répartition d’une somme de v.a conditionnellement indépendantes. Sinon, on utilise des méthodes
d’approximation pour évaluer FSj = j (x j j ) pour chaque j.
Exemple 3.48 On considère un portefeuille d’assurance temporaire 1 an dans une certaine région exposée
à des catastrophes climatiques. On dé…nit 2 f 1 ; 2 g où
: v.a. représentant la condition climatique pour l’année,
1 : conditions climatiques normales,
2 : conditions climatiques anormales.
De plus, Pr( = j ) = j où 1 = 0:8 et 2 = 0:2. Sachant que = j , on suppose que les v.a.
(I1 j = j ); :::; (In j = j ) sont conditionnellement indépendantes et (Ii j = j ) Bern( (j) ) où (1) =
0:001 et (2) = 0:01. (a) Trouver la fonction de masse de probabilité de Ii . (b) Trouver E [Xi ] et V ar [Xi ].
(c) Trouver E [S]. (d) Trouver V ar (S). (e) Trouver Pr(S = k b). (f ) À l’aide de l’approximation normale,
trouver Pr(S > REV ) si la prime par contrat est la prime pure majorée de 20%.
Solution. (a)
(1) (1) (2) (2)
Pr(Ii = 1) = Pr(Ii = 1 = ) Pr( = ) + Pr(Ii = 1 = ) Pr( = )
= (0:001) (0:8) + (0:01) (0:2)
= 0:0028
= q; 8i:
82 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

Pr(Ii = 0) = 1 q = 0:9978; 8i:


(b)

E [Xi ] = bE [Ii ]
= 0:0028b; 8i:

V ar (Xi ) = b2 V ar (Ii )
= b2 (0:0028) (1 0:0028)
2
= 0:002792b ; 8i:

(c)

E [S] = E [X1 + ::: + Xn ]


= nE [Xi ]
= (n) (0:0028b) :

Prendre note que la relation de dépendance entre I1 ; :::; In n’a aucun impact sur E [S]. (d)

V ar (S) = V ar (X1 + ::: + Xn )


n
X n
X1 n
X
= V ar (Xi ) + 2 Cov(Xi ; Xk ):
i=1 i=1 k=i+1

On doit donc trouver la covariance entre deux risques, soit Cov(Xi ; Xk ), i 6= k. On propose deux approches
pour obtenir cette covariance. Selon l’approche no.1, on utilise la dé…nition de base de la covariance et on
conditionne pour trouver l’espérance du produit, soit

Cov(Xi ; Xk ) = E [Xi Xk ] E [Xi ] E [Xk ] .

On a déjà trouver E [Xi ] alors il ne reste qu’à trouver le terme E [Xi Xk ]. On a

E [Xi Xk ] = E [bIi bIk ]


= b2 E [Ii Ik ] ,


1 X
X 1
E [Ii Ik ] = ii ik Pr(Ii = ii ; Ik = ik ):
ii =0 ik =0

Les v.a Ii and Ik ne sont pas indépendantes alors Pr(Ii = ii ; Ik = ik ) 6= Pr(Ii = ii ) Pr(Ik = ik ). On doit
conditionner sur le facteur commun représentant les conditions climatiques, c’est-à-dire sur la v.a :
2
X
Pr(Ii = ii ; Ik = ik ) = Pr(Ii = ii ; Ik = ik j = j ) Pr( = j)
j=1
2
X
= Pr(Ii = ii j = j ) Pr(Ik = ik j = j ) Pr( = j)
j=1

car les v.a (I1 j = j ); :::; (In j = j ) sont conditionnellement indépendantes. Alors,

Pr(Ii = 0; Ik = 0) = Pr(Ii = 0 j = 1 ) Pr(Ik = 0j = 1 ) Pr( = 1)


+ Pr(Ii = 0j = 2 ) Pr(Ik = 0 j = 2 ) Pr( = 2)
= (0:999) (0:999) (0:8) + (0:99) (0:99) (0:2)
= 0:9944208:
3.7. MUTUALISATION ET PRÉSENCE D’UN FACTEUR ALÉATOIRE COMMUN 83

Pr(Ii = 0; Ik = 1) = Pr(Ii = 0 j = 1 ) Pr(Ik = 1j = 1 ) Pr( = 1)


+ Pr(Ii = 0j = 2 ) Pr(Ik = 1j = 2 ) Pr( = 2)
= (0:999) (0:001) (0:8) + (0:99) (0:01) (0:2)
= 0:0027792:

Pr(Ii = 1; Ik = 0) = Pr(Ii = 1 j = 1 ) Pr(Ik = 0j = 1 ) Pr( = 1)


+ Pr(Ii = 1j = 2 ) Pr(Ik = 0j = 2 ) Pr( = 2)
= (0:001) (0:999) (0:8) + (0:01) (0:99) (0:2)
= 0:0027792:

Pr(Ii = 1; Ik = 1) = Pr(Ii = 1 j = 1 ) Pr(Ik = 1j = 1 ) Pr( = 1)


+ Pr(Ii = 1j = 2 ) Pr(Ik = 1 j = 2 ) Pr( = 2)
= (0:001) (0:001) (0:8) + (0:01) (0:01) (0:2)
= 0:0000208:

Donc,

E [Ii Ik ] = (0) (0) (0:9944208) + (0) (1) (0:0027792) + (1) (0) (0:0027792) + (1) (1) (0:0000208)
= 0:0000208

et par conséquent on a

Cov(Xi ; Xk ) = E [Xi Xk ] E [Xi ] E [Xk ]


2
= b E [Ii Ik ] (0:0028b)2
2
= 0:0000208b (0:0028b)2
= 0:00001296b2 :

Selon l’approche no.2, on conditionne directement sur la covariance entre les v.a de Bernoulli, soit

Cov(Xi ; Xk ) = Cov(bIi ; bIk )


= b2 Cov(Ii ; Ik )
= b2 (Cov(E [Ii j ] ; E [Ik j ]) + E [Cov(Ii ; Ik j )])

où Cov(Ii ; Ik j ) = 0 car (I1 j = j ); :::; (In j = j ) sont conditionnellement indépendantes. On sait que
(j) (1) (2)
(Ii j = j) Bern( ) ou = 0:001 et = 0:01;
(j)
et que Pr( = j ) = j ou 1 = 0:8 et 2 = 0:2. Alors, E [Ii j = j] = = h( j ) pour j = 1; 2 et donc
E [Ii j ] = h( ). On a donc

Cov(Ii ; Ik ) = b2 Cov(h( ); h( ))
= b2 V ar(h( ))
= b2 E h2 ( ) E 2 [h( )]
2 2
(1) (2) (1) (2)
= b2 ( 1) + ( 2) ( ( 1) + ( 2 ))
2

2 2
= b2 (0:001) (0:8) + (0:01) (0:2) ((0:001) (0:8) + (0:01) (0:2))2
= 0:00001296b2 :
84 CHAPITRE 3. MONTANT TOTAL DES SINISTRES POUR UN PORTEFEUILLE

Pour conclure, on a
n
X n X
X n
V ar(S) = V ar(Xi ) + Cov(Xi ; Xk )
i=1 i=1 k=1
i6=k
= nV ar(X1 ) + n(n 1)Cov(X1 ; X2 )
2
= (n) 0:002792b + n(n 1) 0:00001296b2 :

(e) On a S = bN où N = I1 + ::: + In est une somme de v.a. identiquement distribuées mais qui ne sont pas
indépendantes. Alors,

Pr(S = kb) = Pr(bN = kb)


= Pr(N = k)
2
X
= Pr(I1 + I2 + ::: + In = k j = j ) Pr( = j)
j=1

où (I1 + ::: + In j = j ) est une somme de v.a. de Bernoulli de paramètre j qui sont indépendantes et
identiquement distribuées. Ainsi, on a (I1 + ::: + In j = j ) Bin(n; (j) ) et par conséquent

Pr(S = kb) = Pr(N = k)


X2
n (j) k (j) n k
= ( ) (1 ) ( j) :
j=1
k

(1) n (2) n
Pr(S = 0) = (1 ) ( 1) + (1 ) ( 2)
n n
= (1 0:001) (0:8) + (1 0:01) (0:2)

Pr(S = b) = Pr(N = 1)
X2
n (j) k (j) n 1
= ( ) (1 ) ( j)
j=1
1
n n
= ( (1) )k (1 (1) n 1
) ( 1) + ( (2) )k (1 (2) n 1
) ( 2)
1 1
n n
= (0:001)k (1 0:001)n 1 (0:8) + (0:01)k (1 0:01)n 1
(0:2)
1 1
= (1 0:001)n (0:8) + (1 0:01)n (0:2) :

Même chose pour k = 2; 3; ::::(f) On …xe la prime égale à = 1:2E [S] et l’on veut trouver Pr(S > REV ) =
1 Pr(S REV ). Pour ce faire, on doit appliquer l’approximation normale correctement, c’est-à-dire sur
des v.a. indépendantes. On sait que

2
X
Pr(S REV ) = Pr(S REV j = j ) Pr( = j)
j=1

où (S j = j ) est une somme de v.a. i.i.d. Alors,


!
(S j = ) E [S j = 1] (REV j = 1 ) E [S j = 1]
Pr(S REV j = 1) = Pr p 1 p
V ar(S j = 1 ) V ar(S j = 1 )
3.7. MUTUALISATION ET PRÉSENCE D’UN FACTEUR ALÉATOIRE COMMUN 85

où (REV j = 1) = 1:2E [S j = 1] et

E [S j = 1] = E [X1 + ::: + Xn j = 1]
= nE [X1 j = 1]
= (n) (b) E [I j = 1]
(1)
= (n) (b)

V ar (S j = 1) = V ar (X1 + ::: + Xn j = 1)
= nV ar (X1 j = 1)
= (n) b2 V ar (I j = 1)
(1) (1)
= (n) b2 (1 ):

Également,
!
(S j = ) E [S j = 2] (REV j = 2 ) E [S j = 2]
Pr(S REV j = 2) = Pr p 2 p
V ar(S j = 2 ) V ar(S j = 2 )

où (REV j = 2) = 1:2E [S j = 2] et

E [S j = 2] = E [X1 + ::: + Xn j = 2]
= nE [X1 j = 2]
= (n) (b) E [I j = 2]
(2)
= (n) (b) ;

V ar (S j = 2) = V ar (X1 + ::: + Xn j = 2)
= nV ar (X1 j = 2)
2
= (n) b V ar (I j = 2)
(2) (2)
= (n) b2 (1 ):

On a donc 0 1
(1)
B (S j = 1 ) (n) (b) C
Pr(S REV j = 1) = Br C
@ A
(1) (1)
(n) (b2 ) (1 )
0 1
(2)
B (S j = 2 ) (n) (b) C
Pr(S REV j = 2) = Br C
@ A
(2) (2)
(n) (b2 ) (1 )

et pour terminer
0 1 0 1
(1) (2)
B (S j = 1 ) (n) (b) C B (S j = 2 ) (n) (b) C
Pr(S REV ) = Br C+ Br C:
1 @ A 2 @ A
(1) (1) (2) (2)
(n) (b2 ) (1 ) (n) (b2 ) (1 )

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