Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Topologie élémentaire
Dans tout ce chapitre, on considère un entier n ≥ 1 et on notera h· , ·i et k·k le produit scalaire canonique et sa norme
euclidienne associée sur Rn .
I) Exemples de parties de Rn
I-1) Droites affines, segments
Définition 1. Soit X ∈ Rn et u ∈ Rn \ {0}.
On appelle droite affine passant par X et de vecteur directeur u, notée DX,u , l’ensemble
Remarque 1. Ici, X est vu comme un point de Rn et u est vu comme un vecteur de Rn . Même si X et u sont de même nature,
ils jouent un rôle différent dans la définition.
Remarque 2. La définition précédente est simplement une paramétrisation de la droite passant par le point X et admettant
u comme vecteur directeur.
Remarque 3. Si X ∈ Vect(u), alors DX,u = Vect(u) est une droite vectorielle car elle passe par 0.
Remarque 4. Lorsqu’on a deux droites DX,u et DY,v telles que Vect(u) = Vect(v), on pourra dire que les droites sont
parallèles.
a
! Deux droites non parallèles ne sont pas nécessairement sécantes (lorsque n ≥ 3).
Remarque 5. Cette définition correspond bien à la définition des segments de R, à la différence près que sur Rn , il n’y a pas
une relation d’ordre naturelle comme dans R (<) donc l’ordre de X et Y n’a aucune importance dans la définition.
H = Y ∈ Rn Y − X ∈ H0 = {X + Z}Z∈H0 = X + H0 ,
1
Proposition 1 (Equation cartésienne d’un hyperplan affine). Soit H une partie de Rn . H est un hyperplan affine de Rn si
et seulement si il existe a1 , . . . , an ∈ R, non tous nuls, et b ∈ R tels que tel que pour tout X = (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn
X ∈H ⇐⇒ a1 x1 + a2 x2 + · · · + an xn + b = 0.
H0 = (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn a1 x1 + · · · + an xn = 0
Soit k ∈ J1, nK tel que ak 6= 0, alors on note Y = (0, . . . , 0, −b/ak , 0, . . . , 0) tel que Y ∈ H . On remarque que si X ∈ H , alors
k-ième
, on a donc que H = Y + H0 , i.e. H est l’hyperplan affine passant par Y et dirigée par Vect(a)⊥ .
Proposition 3. L’intersection d’une famille de parties convexes de Rn est une partie convexe.
Démonstration. Soit I non vide et soit Ai i∈I une famille de parties convexes de Rn . Montrons que
A = Ai
\
i∈I
est une partie convexe de Rn . Soit X et Y dans A , et soit Z = tX + (1 − t)Y avec t ∈ [0, 1]. Alors en particulier, pour tout
i ∈ I, on a X et Y dans Ai , donc par convexité de Ai , Z ∈ Ai , et ce, pour tout i ∈ I, donc Z ∈ i Ai = A .
T
a
! Une union de deux parties convexes n’est pas convexe (en général), tout comme l’union de deux intervalles n’est
pas nécessairement un intervalle dans R.
2
II) Topologie élémentaire
II-1) Norme et distance euclidienne
On effectue quelques rappels sur la norme euclidienne associée au produit scalaire canonique sur Rn .
Proposition 5 (Propriétés de la norme). La norme euclidienne canonique vérifie les trois conditions suivantes :
1. Séparation : pour tout X ∈ Rn , kXk = 0 ⇔ X = 0.
2. Homogénéité : pour tous X ∈ Rn et λ ∈ R, kλ Xk = |λ | kXk.
3. Inégalité triangulaire : pour tous X,Y ∈ Rn , kX +Y k ≤ kXk + kY k .
|kXk − kY k| ≤ kX +Y k
kXk = kX +Y −Y k ≤ kX +Y k + k−Y k = kX +Y k + kY k
kY k − kXk ≤ kX +Y k ,
Rn × Rn → R+ ,
d:
(X,Y ) 7→ d(X,Y ) = kX −Y k
s
n
Remarque 10. Si X = (x1 , . . . , xn ) et Y = (y1 , . . . , yn ), alors d(X,Y ) = ∑ (xi − yi )2 .
i=1
Proposition 7 (Propriétés de la distance euclidienne). La distance euclidienne vérifie les propriétés suivantes :
1. Séparation : pour tous X,Y ∈ Rn , d(X,Y ) = 0 ⇔ X = Y ,
2. Symétrie : pour tous X,Y ∈ Rn , d(X,Y ) = d(Y, X),
3. Inégalité triangulaire : pour tous X,Y et Z ∈ Rn , d(X,Y ) ≤ d(X, Z) + d(Z,Y ).
d(X,Y ) = 0 ⇔ kX −Y k = 0 ⇔ X −Y = 0 ⇔ X = Y
par sép. de k·k
3
3. Soient X,Y, Z ∈ Rn , alors
d(X,Y ) = kX −Y k = kX − Z + Z −Y k ≤ kX − Zk + kZ −Y k = d(X, Z) + d(Z,Y )
par inégalité triangulaire de k·k.
Définition 8. Soit A une partie de Rn . On dit que A est un ouvert de Rn (ou une partie ouverte de Rn ) si pour tout élément
X de A , il existe une boule ouverte centrée en X incluse dans A , i.e.
∀X ∈ A , ∃r > 0, B(X, r) ⊂ A .
Remarque 12. Les ensembles 0/ et Rn sont des ouverts de Rn .
Proposition 10. — Une boule ouverte de Rn est une partie ouverte de Rn .
— Soient (a1 , . . . , an ) et (b1 , . . . , bn ) ∈ Rn tel que pour tout iJ1, nK, ai < bi . Le pavé ouvert
A = ]a1 , b1 [× · · · ×]an , bn [= (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn ∀i ∈ J1, nK xi ∈]ai , bi [
4
— Soit X = (x1 , . . . , xn ) ∈]a1 , b1 [× · · · ×]an , bn [. Soit ε > 0 tel que
∀i ∈ J1, nK, ]xi − ε, xi + ε[⊂]ai , bi [
donc
]x1 − ε, x1 + ε[× · · · ×]xn − ε, xn + ε[⊂]a1 , b1 [× · · · ×]an , bn [
Montrons que B(X, ε) ⊂]x1 − ε, x1 + ε[× · · · ×]xn − ε, xn + ε[, soit Y = (y1 , . . . , yn ) ∈ B(X, ε), alors pour tout i ∈
J1, nK
n
(xi − yi )2 ≤ ∑ (xk − yk )2 = kX −Y k2 = d(X,Y ) < ε 2
k=1
donc pour tout i ∈ J1, nK, |xi −yi | < ε, i.e. yi ∈]xi −ε, xi +ε[. On en déduit que Y ∈]x1 −ε, x1 +ε[× · · · ×]xn −ε, xn +ε[.
appelé demi-espace délimité par l’hyperplan affine d’équation cartésienne a1 x1 + · · · + an xn + b = 0. Alors H + est une partie
ouverte de Rn .
Démonstration. Soit X = (x1 , . . . , xn ) ∈ H + et soit ε > 0 tel que
a1 x1 + · · · + an xn + b > ε > 0.
Soit δ > 0 un réel et soit Y = (y1 , . . . , yn ) ∈ B(X, δ ), alors
a1 y1 + · · · + an yn + b = a1 x1 + · · · + an xn + b + a1 (y1 − x1 ) + · · · + an (y1 − x1 )
= a1 x1 + · · · + an xn + b + ha , Y − Xi
or, par l’inégalité de Cauchy-Schwarz
|ha , Y − Xi| ≤ kak kY − Xk < kak δ
ε
donc si kak δ < ε ⇔ δ < , on a bien
kak
a1 y1 + · · · + an yn + b > 0.
donc pour ce δ , B(X, δ ) ⊂ H + .
Proposition 12. — La réunion d’une famille quelconque de parties ouvertes de Rn est un ouvert de Rn .
— L’intersection d’une famille FINIE de parties ouvertes de Rn est un ouvert de Rn .
— Soit Oi i∈I une famille d’ouverts de Rn (avec I 6= 0),
Démonstration. / on pose
O= Oi
[
i∈I
Soit X ∈ O, alors il existe i ∈ I tel que X ∈ Oi . Comme Oi est ouvert, il existe r > 0 tel que
B(X, r) ⊂ Oi ⊂ Oj = O
[
j∈I
i=1
p
Oi est vide, alors l’ensemble étant une partie ouverte, O est ouvert. Sinon, soit X ∈ O, alors pour tout i ∈ J1, pK,
\
Si
i=1
X ∈ Oi , donc il existe ri > 0 tel que
B(X, ri ) ⊂ Oi
donc en posant r = min ri , on a
i∈J1,pK
5
Exercice 1. Soit A le domaine de R2 définie par
Définition 9. Soit A une partie de Rn . On dit que A est un fermé de Rn (ou une partie fermée de Rn ) si son complémentaire
dans Rn , A = Rn \ A est un ouvert de Rn .
Proposition 13. — L’intersection d’une famille quelconque de parties fermées de Rn est un fermé de Rn .
— La réunion d’une famille FINIE de parties fermées de Rn est un fermé de Rn .
H0+ = (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn a1 x1 + · · · + an xn + b ≥ 0
est un fermé de Rn .
alors
n
Fi
\
[a1 , b1 ] × · · · × [an , bn ] =
i=1
Fi = (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn xi − ai ≥ 0 ∩ (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn
− xi + bi ≥ 0
6
a
! Personne n’a jamais dit que le contraire de “ouvert” était “fermé” ! Un ensemble qui n’est pas ouvert n’est pas
nécessairement fermé ! Il existe des ensembles ni ouverts ni fermés, comme par exemple [0, 1[ dans R.
a
! Une intersection quelconque d’ouverts n’est pas nécessairement un ouvert tout comme une union quelconque de
fermés n’est pas un fermé. Par exemple :
\ 1 1
− , = {0}
n∈N
n+1 n+1
[ 1
0, 1 − = [0, 1[
n∈N
n+1
Définition 10. Soit A une partie de Rn . On dit que A est bornée (ou est une partie bornée) s’il existe un réel M > 0 tel que
∀X ∈ A , kXk ≤ M
Remarque 15. Une partie A est bornée si et seulement il existe une boule centrée en 0 qui contienne A .
Proposition 15. Les boules ouvertes et les boules fermées de Rn sont toutes bornées.
donc B(X, r) ⊂ B(0, kXk + r). De même, B(X, r) ⊂ B(0, kXk + r).
Remarque 16. On en déduit que toute partie A de Rn est bornée si et seulement si elle est incluse dans une boule (ouverte
ou fermée) de Rn .
Démonstration. Pour tout i ∈ J1, nK, xi2 ≤ max1≤ j≤n x2j , donc
n n
kXk2 = ∑ xi2 ≤ ∑ 1≤max x2j = n max x2j
i=1 i=1 j≤n 1≤ j≤n
√
donc kXk ≤ n max |x j |.
1≤ j≤n
Démonstration. — Soit X,Y ∈ Rn , on pose M = max(kXk , kY k). Soit Z ∈ [X,Y ], alors il existe t ∈ [0, 1] tel que Z =
tY + (1 − t)X, donc
7
Remarque 17. Les droites affines et les hyperplans affines ne sont pas bornées. Les sous-espaces vectoriels de Rn ne sont
pas bornées (excepté {0}).
Proposition 18. — L’intersection d’une famille quelconque de parties bornées de Rn est une partie bornée de Rn .
— La réunion d’une famille FINIE de parties bornées de Rn est une partie bornée de Rn .
Démonstration. — Soit (Ai )i∈I une famille de parties bornées de Rn et soit
A = Ai
\
i∈I
Soit i ∈ I, Ai est borné donc il existe M > 0 tel que Ai ⊂ B(0, M). Donc
A ⊂ Ai ⊂ B(0, M)
A est donc bornée.
— Soit A1 , . . . , A p des parties bornées de Rn et soit
p
A = Ai
[
i=1
Alors, pour tout i ∈ J1, pK, comme Ai est bornée, il existe Mi > 0 tel que Ai ⊂ B(0, Mi ). En posant M = maxi Mi , on
a
p
∀i ∈ J1, pK, Ai ⊂ B(0, M) ⇒ Ai = B(0, M)
[
i=1
III-1) Généralités
Définition 11. Soit f une fonction définie sur A ⊂ Rn à valeurs dans R. On appelle graphe de la fonction f l’ensemble
G ( f ) = (x1 , . . . , xn , y) ∈ Rn+1 (x1 , . . . , xn ) ∈ A et f (x1 , . . . , xn ) = A
Remarque 18. Pour n = 1, on obtient une courbe, pour n = 2, on parle de surface et pour tout n ≥ 3, on parle d’hypersurface.
Exemple 2. Un premier exemple d’hypersurface est l’hyperplan affine. En effet, on considère une fonction
f : (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn 7→ a1 x1 + · · · + an xn + b
(appelée fonction affine sur Rn ) où a1 , . . . , an , b sont des réels, alors le graphe de f est un hyperplan affine de Rn+1 d’équation
a1 x1 + · · · + an xn − y + b = 0.
8
III-2) Lignes de niveau
Définition 12. Soit f une fonction définie sur A ⊂ Rn à valeurs dans R. Soit λ ∈ R. On appelle ligne de niveau λ de f
l’ensemble des points X = (x1 , . . . , xn ) de A tels que f (X) = λ .
Remarque 19. Une ligne de niveau est une partie de A ⊂ Rn . Il s’agit (en général) véritablement d’une ligne que pour
n = 2, sinon il s’agit plutôt d’hypersurface de niveau dans le cas général.
Remarque 20. L’ensemble des lignes de niveau de f constitue une partition du graphe de f .
Remarque 21. La ligne de niveau λ de f peut-être identifié à l’intersection entre le graphe de f et l’hyperplan affine
d’équation y = λ .
Exemple 3. Voici trois représentations de surfaces en SCILAB : la première correpond à f (x, y) = x2 + y2 , la seconde à
g(x, y) = x2 et la troisième à h(x, y) = x2 − y2 . On peut représenter en SCILAB les lignes de niveau en couleur.
IV-1) Définitions
Définition 13. Soit X ∈ A .
— Soit ` ∈ R. On dit que f a pour limite ` en X, notée lim f (Y ) = `, si :
Y →X
∀ε > 0, ∃α > 0, ∀Y ∈ A , kY − Xk ≤ α =⇒ | f (Y ) − `| ≤ ε.
Remarque 22. On peut réécrire ces définitions avec la notion de boules fermées : f est continue en X si et seulement si
Remarque 23. Si X n’appartient pas à A , on peut quand même définir une notion de limite en X à condition que X soit
voisin de A (par exemple, on peut définir une limite en 0 pour une fonction définie sur ]0, 1] ). En fait, on dit que X est
adhérent à A si pour tout ε > 0,
B(X, ε) ∩ A 6= 0/
(par exemple l’ensemble des points adhérents à ]0, 1] est [0, 1]) de cette manière, on peut prolonger les définitions précédentes
au cas où X n’est pas dans A mais est adhérent à A . Ainsi, lorsque X est adhérent à A mais n’appartient pas à A , on pourra
prolonger f par continuité en X si et seulement si f admet une limite ` ∈ R en X, en posant f (X) = `.
9
Définition 14. Soit f une fonction définie de A dans R. On dit que f est continue si elle est continue en tout point de A .
Pour toute partie B ⊂ A , on dit que f est continue sur B si sa restriction f|B est continue.
Proposition 19. Soit ` ∈ R et soit X ∈ Rn , un point adhérent à A . Soit f et g deux fonctions de A → R tel que
∀Y ∈ A , | f (Y ) − `| ≤ g(Y )
et tel que lim g(Y ) = 0. Alors lim f (X) = `.
Y →X Y →X
Démonstration. Conséquence du théorème des gendarmes.
Corollaire 20. Soit f une fonction définie sur A dans R. On suppose qu’il existe une constante K > 0 telle que
∀X,Y ∈ A , | f (X) − f (Y )| ≤ K kX −Y k .
Alors f est continue sur A .
Démonstration. Soit X ∈ A , montrons que l’application Y 7→ kX −Y k a pour limite 0 lorsque Y → X. En effet, pour tout
ε > 0, en prenant α = ε dans la définition de la convergence, on a bien
∀Y, kY − Xk ≤ ε, |kX −Y k − kX − Xk| = kX −Y k ≤ ε
Donc par la proposition précédente, on a bien la continuité de f en Y pour tout Y ∈ A .
Exercice 3. Montrer que la fonction suivante, définie sur R2 est continue en (0, 0) :
2 2 4
x ln(1 + y ) − y si (x, y) 6= (0, 0)
f : (x, y) 7→ x2 + y2
0 si (x, y) = (0, 0).
10
Proposition 22. Soit X ∈ A . Si f est continue en X, alors il existe r > 0, tel que f est bornée sur B(X, r) ∩ A .
Remarque 24. Cela revient à dire que f est bornée sur un voisinage de X.
∀ε > 0, ∃K ∈ N, ∀k ≥ K, kXk − Lk ≤ ε.
Remarque 25. La suite (Xk )k∈N converge vers L si et seulement si la suite réelle kXk − Lk k∈N
tend vers 0.
|xi | ≤ kXk
Proposition 24. Soit Xk k∈N une suite d’éléments de Rn et L ∈ Rn . Pour tout k ∈ N, on note Xk = (xk,1 , . . . , xk,n ) et L =
(`1 , . . . , `n ). Alors, la suite (Xk )k∈N converge vers ` si et seulement si pour tout i ∈ J1, nK, la suite (xk,i )k∈N converge vers `i .
Démonstration. Si la suite (Xk )k∈N converge vers L, alors lim kXk − Lk = 0. Donc pour tout i ∈ J1, nK, et pour tout k ∈ N
k→+∞
|xk,i − `i | ≤ kXk − Lk
n
kXk − Lk2 = ∑ (xk,i − `i )2
i=1
converge vers 0 en tant que somme finie de suites qui tendent vers 0. On en déduit que (Xk ) converge vers L.
Théorème 1 (Caractérisation séquentielle de la continuité). Soit X ∈ A et soit f une fonction définie sur A . La fonction
f
est continue en X si et seulement pour toute suite (Xk )k∈N d’éléments de A qui converge vers X, la suite réel f (Xk ) k∈N
converge vers f (X).
Remarque 26. Ce théorème permet notamment de prouver qu’une fonction n’est pas continue en un point en exhibant une
suite (Xk )k∈N qui converge vers X mais tel que ( f (Xk )) ne converge pas vers f (X).
11
IV-3) Opérations sur les fonctions continues
On prolonge les résultats connues pour des fonctions définies sur R.
Proposition 25. Soient f et g deux fonctions continues sur A .
1. Pour tout λ ∈ R, la fonction f + λ g est continue sur A .
2. La fonction f g est continue sur A .
3. Si f ne s’annule pas sur A , alors 1/ f est une continue sur A .
Démonstration. Même preuve que dans le cas de fonctions définies sur R. On le fait que pour le premier :
Soit X ∈ A et soit ε > 0, montrons que f + λ g est continue en X. On sait que f est continue en X donc
ε
∃α f > 0 ∀Y ∈ B(X, α f ) ∩ A , | f (Y ) − f (X)| ≤
2
de même g est continue en X donc
ε
∃αg > 0 ∀Y ∈ B(X, αg ) ∩ A , |g(Y ) − g(X)| ≤
2|λ |
en posant α = min(α f , αg ) on a donc
Définition 16 (Fonctions polynomiales à n variables). — On appelle fonction monomiale à n variables, toute fonction
de la forme
(x1 , . . . , xn ) 7→ x1k1 · x2k2 · · · xnkn
où (k1 , . . . , kn ) ∈ Nn .
— On appelle fonction polynomiale à n variables, toutes fonctions égales à une combinaison linéaire de fonctions
monomiales à n variables.
Exemple 4. La fonction
(x, y, z) 7→ x3 y − 4xyz2 + 2y3 z2 − 5z − z7 + 2
est une fonction polynomiale à 3 variables.
Proposition 26. Une fonction polynomiale à n variables sur Rn est une fonction continue.
Démonstration. Une combinaison linaire de fonctions continues est une fonction continue, donc il s’agit seulement de mon-
trer qu’une fonction monomiale est continue.
Un produit fini de fonctions continues est une fonction continue donc il s’agit seulement de montrer que la fonction
(x1 , . . . , xn ) 7→ xik est continue. Cette fonction est continue en tant que produit fini de fonctions continues.
Proposition 27 (Composition). Soient f : A → R et g : I → R deux fonctions telles que I soit un intervalle de R tel que
f (A ) ⊂ I. Alors si f est continue en X ∈ A et g continue en f (X) alors g ◦ f est continue en X. En particulier, si f est
continue sur A et g continue sur I alors g ◦ f est continue sur A .
Proposition 28. Soit f une fonction définie de A dans R et soient h1 , . . . , hn : I → R des fonctions définies sur un intervalle
I de R. On définit la fonction h : I → Rn par
t 7→ (h1 (t), . . . , hn (t))
et on suppose que h(I) ⊂ A . Alors, si pour tout i ∈ J1, nK la fonction hi est continue en x et si f est continue en (h1 (x), . . . , hn (x)),
alors la fonction
I → R
f ◦h :
t 7→ f (h1 (t), . . . , hn (t))
est continue en x. En particulier, si les fonctions h1 , . . . , hn sont continues sur I et si f est continue sur A , alors f ◦ h est
continue sur I.
Exemple 5. Justifier que la fonction
p
(x, y) 7→ cos(x) x2 + y2 + ln(1 + x2 |y|)
12
Remarque 27. Le deuxième point de la proposition nous permet d’obtenir des moyens plus fins pour montrer la dis-
continuité d’une fonction f : trouver une façon continue d’approcher le point X (i.e. trouver une application continue
h : t 7→ (h1 (t), . . . , hn (t)) tel que h(x) = X) tel que f ◦ h ne tend pas vers f (X) lorsque x → X.
Exercice 5. Montrer que la fonction suivant n’admet pas de prolongement continue sur R2
x2 − 2y2
f : (x, y) 6= (0, 0) 7→ x
x 2 + y4
Correction. Si on regarde les fonctions g : x 7→ f (x, x) et h : x 7→ f (x2 , x), on obtient des limites différentes en (0, 0). En
effet
−x2 −1
lim f (x, x) = lim x 2 = lim x =0
x→0 x→0 x + x4 x→0 1 + x2
et
x4 − 2x2 x2 − 2
lim f (x2 , x) = lim x2 = lim = −1
x→0 x→0 2x4 x→0 2
La fonction ne peut être prolongée par continuité en 0.
Corollaire 29. Soit g une fonction continue sur R. Alors, pour tout i ∈ J1, nK, la fonction
(x1 , . . . , xn ) 7→ g(xi )
(x1 , . . . , xn ) 7→ xi et t 7→ g(t)
t 7→ f (X + tu)
Remarque 28. La fonction partielle t 7→ f (X + tu) revient à regarder la fonction f le long de la droite DX,u .
Proposition 30. Si la fonction f est continue en X, alors toutes ses fonctions partielles en X sont des fonctions continues en
0.
a
! La réciproque est fausse ! On peut reprendre la fonction
( 2 2
−y
x xx2 +y 4 si (x, y) 6= (0, 0)
f : (x, y) 7→
0 si (x, y) = (0, 0)
En effet, on a déjà vu que la fonction n’est pas continue en (0, 0), pourtant pour tout u = (a, b) ∈ R2 \ {(0, 0)}, donc pour
t 6= 0
t 2 a2 − 2t 2 b2 a2 − 2b2
f ((0, 0) + t(a, b)) = f (ta,tb) = ta 2 2 4 4 = ta 2 2 4 −→ 0
t a +t b a + t b t→0
13
IV-5) Continuité et topologie
Proposition 31. Soit f : Rn → R une fonction continue sur Rn .
1. Pour tout ouvert O de R, f −1 (O) = X ∈ Rn f (X) ∈ O (l’image réciproque de O par f ) est un ouvert de Rn .
Démonstration. 1. Soit X ∈ f −1 (O), alors il existe x ∈ O tel que f (X) = x. Comme O est un ouvert de R, il existe
ε > 0 tel que ]x − ε, x + ε[⊂ O. Or, par continuité de f en X, on a
donc
∀Y ∈ B(X, α), f (Y ) ∈]x − ε, x + ε[⊂ O
donc B(X, α) ⊂ f −1 (O). On en déduit que f −1 (O) est ouvert.
2. Soit F un fermé de R, alors F est ouvert. De plus, f −1 (F ) et f −1 (F ) forment une partition de Rn (car pour tout
X ∈ Rn , soit f (X) ∈ F , soit f (X) 6∈ F ), on en déduit que f −1 (F ) = f −1 (F ) . Par 1, on en déduit que f −1 (F )
Exemple 6. — Les lignes de niveau d’une fonction f continue sont fermés puisque qu’il s’agit d’ensemble de la forme
f −1 ({λ }) (les singletons étant des fermés de R).
— De même, si f est continue, l’ensemble {X ∈ Rn f (X) < λ } = f −1 (] − ∞, λ [) est ouvert et l’ensemble {X ∈
Rn f (X) ≤ λ } = f −1 (] − ∞, λ ]) est fermé.
— Un hyperplan affine est un fermé car c’est l’image réciproque de {0} d’une application affine (donc continue).
Théorème 2. Soit f une fonction continue sur K ⊂ Rn , une partie bornée fermée et non vide de Rn . Alors f est bornée et
atteint ses bornes.
Démonstration. Admis
14