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MUSÉE NATIONAL DESARTS ET TRADITIONS POPULAIRES

LES BIJOUX TRADITIONNELS FRANÇAIS


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MUSÉE NATIONAL DES ARTS ET TRADITIONS POPULAIRES

LES BIJOUX TRADITIONNELS FRANÇAIS

par Monique Poulenc


Chargée d'études, section bijoux du département du costume
et Anne-Michèle Margerie
Ancienne responsable du département du costume

Préface de Michel Colardelle


Conservateur général
Directeur du musée national des Arts et Traditions populaires - Centre d'ethnologie française
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Ouvrage publié sur les crédits de recherche du ministère de la Culture et de la Communication

ISBN : 2-7118-3624-X

û Éditions de la Réunion des musées nationaux, Paris, 1998


49, rue Étienne-Marcel, 75001 Paris
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PRÉFACE

N EST toujours heureux lorsque paraît un catalogue raisonné des collections d'un grand
0 musée. C'est la preuve à la fois de la richesse du patrimoine concerné et de la qualité de sa
gestion scientifique puisque le fonds est étudié. Faisant le point sur l'état des connaissances et
mettant le spécialiste en mesure de comparer toutes les œuvres appartenant au même secteur thé-
matique entre elles, il ouvre enfin à une réflexion approfondie sur la civilisation dont elles témoi-
gnent, à la mise au point d'une politique élaborée d'acquisitions complémentaires et à la proposi-
tion de nouvelles présentations permanentes ou expositions.
Le catalogue de bijoux traditionnels du MNATP n'échappe pas à ces définitions, ce d'autant qu'il
concerne un aspect particulièrement attachant de ce que l'on nomme « traditions populaires ».
Populaires, les bijoux traditionnels le sont-ils vraiment, d'ailleurs ? Comme toujours, ce n'est pas
si simple, l'influence réciproque avec les modèles savants s'affirmant au fil des pages.
Marie-Antoinette ne portait-elle pas une croix Jeannette, et Marie-Louise une parure normande
exécutée à sa demande place Vendôme ? Ne perçoit-on pas explicitement le désir d'imiter les
parures distinctives de l'aristocratie et certaines productions urbaines à la mode dans les bijoux de
pacotille dont les paysans et les ouvriers du xixesiècle sont friands ?En fait, une fois de plus, goûts
aristocratiques, bourgeois et populaires s'entremêlent et s'inspirent mutuellement aux rythmes des
mouvements sociaux complexes engendrés par l'histoire. Quand et comment s'affirment les styles
régionaux, parfois repris par la capitale, devant la créativité des orfèvres parisiens ? Comme tout
ce qui concerne la mode, par la variété de ses matériaux et de ses formes et par sa symbolique éla-
borée, où se lisent à la fois la fidélité à la tradition propre à l'artisanat et la recherche d'une origi-
nalité personnelle, la parure reflète la complexité que poursuit plus ou moins inconsciemment
tout groupe social : utilitaire, esthétique, affectif, idéologique, identitaire... C'est parce qu'il avait
un sens aigu de la recherche ethnologique que Lionel Bonnemère avait choisi dans la variété de
ses centres d'intérêt les bijoux français pour thème principal de ses collections, qui furent le noyau
de celles du MNATP. Le catalogue des bijoux traditionnels du MNATP, en révélant au public ce
patrimoine précieux, sera une forme d'hommage rendu par ses auteurs, dont la passion et la com-
pétence ont été dignes de lui, à ce précurseur inspiré.

Michel Colardelle
Conservateur général,
Directeur du musée national des Arts et Traditions populaires - Centre d'ethnologiefrançaise
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INTRODUCTION

Origine des collections

ssu de la section française de l'ancien musée d'ethnographie du Trocadéro, créé en 1879, le


1 musée national des Arts et Traditions populaires (MNATP) a recueilli le fruit des travaux faits
par les érudits de l'époque, notamment en matière de bijoux. Armand Landrin, directeur de ce
musée, contribua lui-même à enrichir les collections. Toutefois, le premier « folkloriste », suivant
le terme alors employé, et collectionneur passionné de ces bijoux dits « populaires », mais que
nous préférons qualifier de traditionnels, est Lionel Bonnemère. Né à Angers en 1843, cet avocat
de la cour impériale de Paris cumule les activités artistiques et s'intéresse à l'archéologie. C'est
d'ailleurs par le biais de cette science qu'il en vient à s'intéresser à la parure et au pouvoir pro-
phylactique de certains accessoires trouvés dans les tombes, ce qui l'amène à étudier les bijoux de
ses contemporains et à rechercher les permanences et les ruptures dans ce domaine. Il commence
sa collection (qui sera donnée en grande partie au musée d'ethnographie du Trocadéro) en 1882
et rassemble quelque trois mille objets, dont la moitié est conservée au MNATP. Les bijoux comp-
tent pour un tiers dans cette collection qu'il constitua jusqu'à sa mort en 1905. La France est bien
évidemment son terrain privilégié. Il travaille lui-même sur sa région d'origine, l'Anjou, ainsi que
sur les régions voisines : Bretagne, Poitou, Vendée. Des correspondants rassemblent pour lui les
pièces intéressantes dans les autres régions : Normandie, Auvergne, Savoie, Provence, Berry... Loin
de se contenter de l'acquisition d'objets, Lionel Bonnemère étudie les rituels qui les entourent, tant
avant et au cours de cérémonies comme le mariage, que lors des pardons et pèlerinages, en souli-
gnant la symbolique toujours sous-jacente. Il opère ainsi dans tous les milieux ruraux, mais n'ou-
blie pas pour autant les milieux urbains dont il observe les superstitions. Il s'attache également à
recueillir ce qu'il appelle les «bijoux de curiosité », à caractère souvent politique ou d'actualité. Il
obtient ainsi une collection variée, qu'il veut la plus complète possible, n'hésitant pas à faire fabri-
quer des fac-similés lorsqu'il ne peut se procurer les originaux.
C'est sur ce noyau, infiniment précieux, que les collections ultérieures se sont greffées, avec le
souci de compléter le travail déjà accompli notamment par l'étude des poinçons - qui n'avait
jamais été faite -, de combler les lacunes - Lionel Bonnemère avait lui-même dressé une liste des
bijoux qui lui manquaient -, et de développer le domaine vers le contemporain. Les collections
ont ainsi pratiquement doublé grâce aux enquêtes ultérieures sur le terrain, comme celles sur
l'Aubrac et la Savoie, à l'action de généreux donateurs et aux achats faits par la Réunion des
musées nationaux (RMN).
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Il en résulte un ensemble cohérent de bijoux, pour la plupart du :\1:Y' siècle, mais également plus
anciens ou plus récents, qui révèle des fonctions multiples : utilitaires, décoratives, symboliques
et identitaires.
Discret ou ostentatoire, le bijou est toujours parlant.

Le bijou parle en soi

E N1732, le Dictionnaire de Trévoux donne la définition suivante des bijoux : « Toutes sortes
de petits objets curieux ou précieux servant de parure aux hommes et aux femmes. » Les
deux qualificatifs choisis, « curieux ou précieux », correspondent parfaitement à la collection de
bijoux du MNATP Curieux, ils le sont par leur aspect, leurs dimensions, leur poids, les matières
insolites dont ils sont faits, les pièces qui les composent, les vertus prophylactiques qui leur sont
attribuées, les sources parfois surprenantes d'inspiration. Précieux, comme bon nombre d'acces-
soires de la parure, ils le sont non seulement par les métaux employés et les pierres dont ils sont
sertis, mais encore parce qu'ils sont riches d'enseignements sur l'homme et son comportement. En
fait, ces bijoux offrent un ensemble complexe de critères d'étude.

Diversité des catégories


et des thèmes proposés,
Album du dessinateur
en cheveux par Carné,
vers 1840
(Iconothèque. MNATP
inv. 985.2.24).
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Lorsqu'ils sont faits de métaux précieux, comme l'argent et surtout l'or, ils surprennent par leur
légèreté. Ils se présentent, en effet, en fils étirés et torsadés ou en fines plaques de métal travaillées
au repoussé ou estampées. Ce faible poids est alors souvent compensé par des dimensions impor-
tantes : amples colliers esclavages, volumineuse croix de Rouen.
Dès la fin du xvme siècle, l'influence des modèles savants, d'emblée perceptible, favorise, dans un
contexte de contraintes économiques, l'industrie du « faux » avec l'utilisation de métaux plus
communs, comme le laiton, le cuivre et divers alliages présentant l'aspect du « vrai ». Lévolution
des techniques amplifie le phénomène avec de nouveaux procédés de dorure, d'abord au mercure,
puis par galvanoplastie. Toutefois, les opérations de base restant les mêmes - quel que soit le
métal -, l'emploi de la pierre de touche est souvent nécessaire pour s'assurer de la présence d'un
métal massif.
Les pierres présentent également un large éventail, des plus précieuses - tel le diamant - aux pierres
fines, souvent d'origine locale - grenat, citrine, zircon, spinelle, cristal de roche... -, en passant par
les pierres décoratives comme la cornaline, l'agate, le jais, la marcassite... Toutefois, ce domaine est
aussi celui du « faux ». Nombreuses sont les pierres faites de verre incolore ou coloré par des
oxydes. Sous Louis XIII déjà, le quartier du Temple était réputé pour la qualité de ses fausses
pierres, tradition qui sera maintenue par les lapidaires du Jura. À la fin du xvme siècle,
Georges Frédéric Strass découvre un procédé pour charger le verre en plomb et ainsi améliorer son
éclat, ce que faisaient déjà les bijoutiers en plaçant un paillon métallique sous les pierres. Celles-ci
étant généralement montées en serti clos, leur identification est parfois difficile, mais divers
instruments permettent de déceler les pierres artificielles. La loupe dénonce le verre en présence
de bulles, d'égrisures des arêtes, de cassures conchoïdales. Le polariscope fait apparaître la nature
des pierres (isotropes, anisotropes, monocristallisées) à la façon dont elles rétablissent la lumière.
Leréfractomètre donne un échelle de valeurs qui permet de classer les pierres par groupe, selon leur
indice. D'autres matériels plus ou moins sophistiqués (dichroscope, filtre Chelsea, UV,rayons X...)
sont également utiles pour compléter l'étude des pierres difficiles à dessertir, sans oublier l'électro-
conductimètre qui assure qu'on est en présence d'un vrai diamant, et non d'une de ses imitations.
Labijouterie traditionnelle a également recours à des matières d'origines diverses, notamment ani-
males, comme la perle, le corail, l'ivoire, le crin et les fossiles, quand elles ne sont pas d'origine
humaine, comme les cheveux et les dents de lait. Les matières d'origine végétale telles que l'osier,
l'ambre, les graines et les fruits sont également présentes. Lemploi de matières de synthèse donne
quelques repères chronologiques. Ainsi, le premier plastique, employé à la fin du xixe siècle, est
l'ébonite, noire, qui est du caoutchouc vulcanisé (1868), surtout employée pour les bijoux de
deuil, suivi du celluloïd, nitrocellulose hautement inflammable (1877). Au xxe siècle sont mises
au point la galalithe ou pierre de lait, dérivée de la caséine (1907) qui, comme le celluloïd, permet
d'imiter toutes les matières ou presque (corail, écaille, pierres dures...) et, enfin, la bakélite, à base
de résine synthétique (vers 1910).
Si tous ces éléments d'appréciation permettent une bonne approche du bijou, il reste un critère
d'étude inestimable, à savoir le poinçon. Quand il est présent (ce qui n'est malheureusement pas
toujours le cas), le poinçon permet de dater l'objet, de localiser son origine et, parfois, de connaître
son histoire lorsqu'il a «voyagé », comme en témoigne la présence de certains poinçons de recen-
se. La complexité des poinçons sous l'Ancien Régime (poinçons de maître, de charge, de commu-
nauté ou de jurande, de décharge, lettre-date...) appellerait des commentaires trop fournis dans le
cadre de cette introduction et nous invitons à consulter les ouvrages spécialisés.
Pour l'essentiel des collections présentées, les règles ont été établies par la loi du 19 Brumaire,
an VI (1797). Le poinçon de titre, qui garantit la teneur en métal précieux, remplace le poinçon
de jurande. Le poinçon de petite garantie certifie que le titre est voisin du titre légal. En 1809, il
est décidé que les marques des départements différeraient de celles de Paris. Lordonnance de 1817
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Poinçons et inscriptions
à l'arrière
du crochet à ciseaux

divise la France en neuf régions avec, chacune, un poinçon différent. En 1828, le système des
bigornes est institué ; il fait apparaître une contremarque au revers de l'ouvrage. Les faux poin-
çons se multipliant, un nouveau système est adopté en 1838. Un s. ul poinçon remplace le poin-
çon de titre et de garantie. Le différent, petit signe particulier à chaque bureau de garantie, est
inclus dans ce poinçon. Les pièces dont les marques étaient effacées, absentes ou antérieures à
1819, sont alors soumises à la recense et reçoivent un nouveau poinçon. En 1919, le poinçon de
l'or, la tête d'aigle, devient le même pour Paris et les départements. Pour Paris, la tête de sanglier
est portée sur les pièces en argent de 1838 à 1962 (alors remplacée par le crabe jusqu'en 1981) ;
pour les départements, le crabe est employé jusqu'en 1981. Après 1981, la tête de Minerve rem-
place le sanglier et le crabe.
Pour les ouvrages réputés d'origine étrangère, plusieurs poinçons sont institués : le charançon pour
les ouvrages en or et en argent par l'ordonnance du 30 juin 1835 (en vigueur en 1838), les lettres
« ET », par le décret du 13 janvier 1864, pour la marque des ouvrages provenant de pays non
contractants et qui sera remplacée par le cygne ou le hibou. Le poinçon «ET »sert encore actuelle-
ment àpoinçonner les ouvrages à bas titre vendus aux enchères, ainsi que les ouvrages anciens à bas
titre ayant un caractère ancien ou de curiosité. Par décret du 29 juin 1893, les ouvrages aux titres
légaux, dont l'origine est inconnue, sont poinçonnés au cygne pour l'argent et au hibou pour l'or.
Le poinçon de fabricant, sous sa forme losangique pour les métaux précieux, est établi par le
décret du 17 Nivôse, an VI (1797). Les pièces en doublé ou en plaqué doivent porter un poinçon
carré. Les deux poinçons portent les initiales du fabricant et un symbole qui lui est propre. Le mot
« doublé » doit figurer en toutes lettres, ainsi que le pourcentage d'or et d'argent contenu. En
1860, les ouvrages dorés ou argentés par galvanoplastie sont assimilés, mais aucune des mentions
ci-dessus n'est obligatoire.
Enfin, si le bijou parle par les matières qui le composent et les marques qu'il a reçues, en termes
sémantiques, l'appellation même, générique ou locale, de certains bijoux est souvent explicite :
croix à la dévote, baguefoi ou nœud d'amour, collier esclavage, chaîne sorcière...

Le bijou parle de soi

L IMPORTANCEdonnée au port du bijou dans la société traditionnelle française vient de ce qu'il


constitue un acte social en soi. En vertu de codes sociaux et culturels tacites, c'est un signe
de reconnaissance permettant d'identifier celui ou celle qui le porte.
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Sans parler du bijou patronymique, daté ou gravé des initiales de son propriétaire, le bijou définit
la personne selon le sexe, l'âge et les circonstances, par référence à un état, un statut, un groupe
social et une idéologie. Il offre en cela plusieurs degrés de lecture.
Chaque classe d'âge a ses bijoux propres : colliers de dentition pour les petits enfants, boucles
d'oreilles dès les premières années pour les petites filles, croix en argent pour les jeunes filles, en
or pour les femmes mariées, parure de deuil pour les veuves qui, comme le vêtement noir, devient
le signe de la vieillesse dans les campagnes. Lasituation de famille, marié(e) ou célibataire, est éga-
lement indiquée de diverses façons, dont l'orientation du chaton de la bague.
Pour l'homme adulte, hormis certains accessoires utilitaires, comme les boucles de cols, les agrafes
de capes, les boucles de chaussures ou de chapeaux, c'est le statut professionnel qui apparaît dans
ses bijoux : anneaux d'oreilles des mariniers et des compagnons, crochets de tabliers d'artisans
portant les attributs de leur corporation.
Pour la femme, qui devient ainsi l'enseigne de son mari, la catégorie sociale s'affiche selon le poids
et la longueur des chaînes, l'abondance et la richesse des pierres, le nombre de plaques des col-
liers, le volume de la croix, autant de signes d'aisance qui annoncent le rang et la hiérarchie au sein
du groupe. Toutefois, cet aspect est tempéré ou accentué selon le degré de prospérité de la région.

Normande en costume
de Coutances portant
un collier esclavage,
aquarelle de Lanté,
vers 1827
(Iconothèque MNATP
inv. 990.59.113).
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Dans certaines provinces économiquement favorisées, cet aspect est évident, alors que dans
d'autres régions plus pauvres il est plus discret ou restrictif. La Normandie et la Provence sont
ainsi réputées pour la somptuosité des bijoux portés par l'ensemble de leurs habitants, alors
qu'ailleurs c'est une rue, où s'exercent certaines professions, qui est connue pour les bijoux qu'ar-
borent, par exemple, à Marseille, les poissonnières ou, à Limoges, les bouchères.
Lidentité régionale est particulièrement marquée par le bijou sur le costume de fête. Elle est très forte
par endroits grâce à des types locaux précis, notamment en Auvergne, en Normandie, en Savoie, en
Poitou-Charentes, en Vendée, en Provence et dans le Nord de la France. Dans d'autres régions, le
costume sert de référence avant le bijou, qui n'est souvent qu'une modeste croixJeannette.
La fonction signalétique du bijou joue également, et peut-être surtout, au niveau de l'adhé-
sion revendiquée à une idéologie. Dans un pays de tradition chrétienne, la religion est omni-
présente dans la parure. Catholiques et protestants proclament leur appartenance à une foi
et à une confession. La croix et le Saint-Esprit font partie des « dorures » reçues en cadeau
de mariage. La dévotion aux saints patrons est témoignée par des bagues ou des médailles à
leur effigie. Les souvenirs de pèlerinages garnissent le châle ou le corsage. Les croyances
païennes s'affichent également avec le port de breloques porte-bonheur dénonçant supersti-
tions et peurs ancestrales.
Il en va de même pour l'idéologie politique, également affirmée. Légitimistes, bonapartistes,
républicains portent des bijoux emblématiques : coeur vendéen des Chouans, fleur de lys des
royalistes, aigle impériale des partisans de l'Empereur... Après la guerre de 1870, les bijoux
patriotiques sont de mise : sigle républicain aux couleurs de la nation, croix de Lorraine.
Lopposition au gouvernement en place apparaît dans des breloques traduisant la dérision
politique.
Ainsi, par ce système codifié, se nouent des rapports professionnels ou amicaux entre gens d'un
même groupe ou d'un autre groupe reconnu et, surtout, se bâtissent les unions. Les jeunes gens
et les jeunes filles peuvent ouvertement apprécier, grâce aux bijoux, s'il existe entre eux une cor-
respondance d'âge, de statut social, de niveau de richesse et de convictions.

Le bijou parle pour soi

L E« SIGNIFIÉ » social ne saurait faire oublier l'énorme charge symbolique dont sont porteurs
les bijoux traditionnels. Ausigne d'identité au sein d'une communauté s'ajoute la marque du
rapport affectif à autrui. C'est un moyen de signifier un sentiment, l'amour ou l'amitié, de faire
connaître ou de rappeler un deuil.
Les sentiments envers un être vivant ou mort et son souvenir sont exprimés par le bijou dans ses
formes, ses matières, ses motifs décoratifs et ses couleurs.
Parmi ces bijoux, qu'on peut qualifier de « sentimentaux », une grande catégorie s'impose : la
bague. Déjà, l'alliance, cet anneau sans fin, signe d'éternité, suffit à exprimer l'attachement officiel
à un être. Les bagues de promesse ou d'accordailles sont également révélatrices par leur forme
symbolique, surtout les bagues dites foi : cœur enflammé, cœur entre deux mains, deux cœurs
accolés, deux mains unies... Qu'importe la matière dont elles sont faites, le sentiment prime sur
le désir de paraître ; les modestes bagues en crin et perles, achetées à la foire de Beaucaire pour la
« promise » en sont la preuve. Porter une bague garnie d'une dent de lait, c'est faire savoir sa fierté
d'être mère.
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Quelle que soit la catégorie de bijoux, les inscriptions sont explicites, même lorsqu'elles se pré-
sentent sous forme de rébus ou de charades : initiales entrelacées, mentions diverses comme
« mon cœur est à elle », « don damy ». Pour cette dernière, il convient de remarquer l'ambiguïté
du terme «ami ». Àla fin du XVIIesiècle, il se produit une sacralisation de l'amitié, mais « l'ami »
désigne aussi l'amant, et l'expression «mon ami »deviendra ainsi «mon bon ami »dans les classes
populaires. L'amitié est accompagnée des mêmes symboles que l'amour, surtout dans les bijoux en
cheveux. Dans le deuil ou l'éloignement, le rappel de la douleur devient un recours et le bijou, un
substitut de l'être perdu. Àcet égard, les bijoux en cheveux trouvent une place privilégiée. Partie
intégrante de l'être aimé, qu'il soit époux, enfant, parent, amant ou ami, ils permettent une
appropriation de l'autre grâce aux cheveux avec lesquels le bijou a été réalisé ou décoré. Outre
la matière, c'est, en effet, surtout dans les motifs décoratifs des bagues, des médaillons et des fer-
moirs que s'expriment les sentiments. L'amour est célébré par des colombes, des flèches, des
couronnes de l'hymen, des cœurs enflammés ; le deuil est rappelé par des urnes, des roses flétries,
des tombes, des saules pleureurs. La morphologie même du bijou est parlante, comme ces bagues
ou bracelets en forme de serpents, symbole de fidélité. La mort, toujours redoutée car facteur de
séparation, est également évoquée dans un autre type de bijoux, les bagues memento mon en forme
de tête de mort.
D'autres bijoux plus simples sont autant de messages lisibles. Le coulant cordiforme surmontant
la croix montre l'alliance étroite, souvent observée, entre l'amour profane et l'amour sacré. Outre
les bagues déjà citées, le cœur est omniprésent dans toutes les catégories de bijoux, même les plus
fonctionnels comme les crochets à ciseaux. On le retrouve en abondance sur les bijoux exécutés
dans les tranchées pendant les premières années de la guerre de 1914-1918. D'autres motifs déco-
ratifs, issus de l'iconographie galante de l'Ancien Régime, témoignent de l'attachement, dont le
nœud et, surtout, la pensée. Les couleurs, enfin, informent sur un sentiment, dont le rouge pour
la passion, ou sur un état, tel le noir, teinte du deuil.

Bijoux faits
dans les tranchées
par les soldats
pendant la guerre
de 1914-1918 :
(de gauche à droite)
nos 365, 364, 361,
473, 362, 366.

Si le bijou parle ouvertement pour soi, il peut également le faire pour soi-même, en secret. Bagues
et médaillons ouvrants renferment un souvenir de l'être cher : billet doux, mèche de cheveux, pho-
tographie.
Pour reprendre une expression deJean-Jacques Rousseau, le bijou est un «signe mémoratif », qui
a, de surcroît, une fonction informative, du moins jusqu'à la grande rupture créée par la Première
Guerre mondiale.
Les collections comportent, en effet, certains bijoux plus récents, résultant d'une production de
masse, diffusée par des réseaux de communication nouveaux. Les catalogues de vente par corres-
pondance et autres innovations économiques ont entraîné la disparition du caractère local, pour
ne pas dire national, du bijou, car la mondialisation était déjà en route.
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Catalogue
de la maison Baudot,
fabricant à Paris,
vers 1805
(Iconothèque MNATP
inv. 67.170.11).

En conclusion, au terme de cette étude, force est de reconnaître qu'elle n'est pas exhaustive et que
les apports dans ce domaine sont sans cesse renouvelés, grâce aux professionnels et aux collec-
tionneurs. Une analyse en appelle une autre et l'enquête rejoint celle d'un détective.
Les poinçons permettent de confirmer des hypothèses, mais leur absence laisse un doute amer.
Les repères chronologiques se croisent au niveau des régions et il est parfois difficile d'affirmer
l'antériorité d'un modèle. Certes, la méthode du rapprochement entre spécimens identifiés et
pièces similaires paraît la plus sûre, mais la prudence reste de règle, car des formes originales,
réputées spécifiquement locales, se retrouvent à l'identique dans des régions fort éloignées. La
méthode comparative par référence a donc ses limites.
Toutefois, si des interrogations demeurent, deux grandes conclusions s'imposent à l'évidence : la
prédominance de la fabrication et de la diffusion parisienne d'une part, le savoir-faire et la créati-
vité des artisans locaux d'autre part.
Paris, capitale renommée pour sajoaillerie, comptait un nombre étonnant de spécialistes en bijou-
terie, vraie ou fausse, jusqu'au début du xxe siècle. La consultation du guide Azur de 1895 donne
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un aperçu de cette diversité :


• par matière : bijoutiers en or, en argent, en or sur argent, en doré, en doublé, diamantaires,
orfèvres en aluminium, bijoutiers en caoutchouc, en acier, en corail, en camée, en mosaïque, en
cheveux, fabricants de paillons...
• par technique : outre les chaînistes, connus pour approvisionner toutes les régions, argenteurs,
doreurs, batteurs d'or et d'argent, garnisseurs, estampeurs, fondeurs, graveurs, incrusteurs, met-
teurs en couleur, nickeleurs, nielleurs, perceurs de perles et de pierres, planeurs, polisseurs,
reperceurs profession qui compte surtout des femmes, repousseurs...
• par grand domaine : bijouterie religieuse, héraldique, pour deuil, d'imitation et plus insolite
lumineuse et odoriférante
Cette diversification explique sans doute l'abondance d'une production nationale.
Lerôle de Paris, primordial comme le montrent les collections du musée, ne saurait néanmois faire
oublier l'importance des bijoux régionaux. Un bon artisan dominait seul toutes les techniques de
fabrication. Il savait mouler, repousser, ciseler, graver, sertir, émailler, travailler le fil de métal en
filigrane... et ainsi concevoir des parures adaptées au goût et au contexte du pays, transformer un
bijou scindé lors d'un héritage ou endommagé, utiliser des pièces anciennes, garnir de pierres
locales et ainsi créer un type original.
Certains bijoux ainsi « recréés » ou « détournés » montrent l'ingéniosité des artisans. Des
plaques d'esclavage remontées en coulants, des croix en broches, des boucles d'oreilles en pen-
dentifs témoignent de ce savoir-faire. Un autre exemple intéressant est offert par le travail de cer-
tains bijoutiers, notamment au Mont-Saint-Michel, avec des coqs de montre. Ces pièces ouvra-
gées d'anciens mécanismes, datant souvent des XVIe et XVIIe siècles, ont ainsi été montées en
toutes sortes de bijoux féminins et masculins plus ou moins élaborés. Parfois même, un artisan
moins spécialisé, comme le forgeron du village, faisait lui aussi preuve d'une technicité alliée à une
esthétique certaine. La fonte des pièces de monnaie en argent et en bronze a donné lieu à de véri-
tables créations. Les bagues, pendentifs et bracelets réalisés dans les tranchées par les soldats de la
Grande Guerre sont les témoins touchants de l'ingéniosité d'hommes ne disposant que d'un
outillage réduit et de matériaux de récupération, comme l'aluminium des têtes de fusée, le cuivre
des boutons et le laiton des douilles... Ces bijoux sont, en ce sens, à rapprocher de travaux simi-
laires de marins et de forçats. Si les objets s'inspiraient de thèmes éternels ou d'emblèmes collec-
tifs, les objets portaient la marque personnelle de leur auteur.
De là vient sans doute l'importance que nous attachons à ces témoins d'une époque révolue,
peut-être idéalisée, où tout appelait à distinguer, mais aussi à respecter les différences.

Monique Poulenc
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REMERCIEMENTS

N ous TENONSà remercier Michel Colardelle, directeur de notre établissement, qui a bien voulu
préfacer cet ouvrage et nous assurer de son soutien stimulant. Notre reconnaissance va éga-
lement à ceux qui l'ont précédé, nous encourageant dans ce projet, tout particulièrement
Jean Cuisenier, ainsi que Nicole Garnier, Martine Jaoul et Béatrice Pannequin. Outre les conser-
vateurs du musée, dont Anne Tricaud, au service du costume, André Thill, à la bibliothèque,
Colette Foissey, Denise Gluck, Frédéric Maguet, Florence Pizzorni et Zeev Gourarier, divers respon-
sables administratifs et techniques nous ont été d'une aide précieuse : Danielle Adam (qui a illus-
tré la presque totalité du catalogue), Aroquiadasse Adeikalam, Jean-Baptiste Byll-Cataria,
Andrée Danton, Marylène David, Pascal Gaillard, Bernard Guiot, HervéJézéquel, Claude Lachaise,
Brigitte Lozza, André Pelle, Claude Prudhomme, Régine Reignier, Philippe Richard et
Stéphane Richard. Merci aussi aux chercheurs, aux conservateurs du patrimoine à Paris et en
régions, qui nous ont apporté leurs concours et montré l'exemple d'un travail approfondi sur le
sujet : Daniel Alcouffe, Catherine Arminjon, Madeleine Blondel, Brigitte Bouret, Agnès Bruno,
Fabienne Falluel, Christian Gendron, Noëlle Gérome, Marie-Claude Groshens, Sylvie Legrand,
Philippe LeStum, Marie-Christine Planchard, Evelyne Possémé. Nous remercions le laboratoire de
recherche des musées de France en la personne de Jean-Pierre Mohen et de ses collaborateurs :
Anne Bouquillon, Benoît Mille et Guirrec Querré. Notre gratitude va également à tous les profes-
sionnels, collectionneurs et particuliers pour tous les renseignements et conseils qu'ils nous ont
donnés : Madeleine Aballain, Guy Augis, Chantal Beauvois, Rose-Marie Bousch, Yvonne Broutin,
Monique Cabré, Françoise Cailles, Vikas Churamani, Barbara Deflandre, Alain Delletery,
Michel Doussy, Christian Dreyfus, Patricia Fazilleau, Me Ferri, Paul Finet, Valérie Goupil,
Véronique Hétier, Antoine Jarry, Annick Hauwel, Isabelle Lantz, Françoise Liogier, Michèle May,
Frank Ménard-Teulet, Francis Millerand, Naïla de Monbrison, Fabian de Montjoie, Agnès Moreau,
Martine Philippe, Me Picard et l'étude PIASA, Jean-Gualbert Poulenc, Jean-Philippe Rophé,
Philippe Serret, Me Tajan, Philippe Tric, Anne de Tugny, Jean-Pierre Verney, Patrice Warin,
Michel Yvon. Enfin, nous remercions le département de l'éditon de la RMN et en particulier
Anne de Margerie, son directeur, Yolande Manzano, Stanislas Maciejewski et Jacques Venelli, en
demandant à ceux que nous aurions oublié de citer de nous le pardonner.
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Bijoux de Normandie
(identifiés par leur numéro de catalogue)
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Bijoux de Provence
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Bijoux d'Auvergne
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Une technique : les émaux bressans


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Bijoux émaillés
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Bijoux en cheveux
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Bijoux en corail
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Unthème : le cœur
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AVERTISSEMENT

T -, ESNOTICESsont présentées de la façon et dans l'ordre suivants :


• Le numéro d'inventaire de l'objet ;
• Les matières ;
• Les dimensions, données en millimètres, avec les abréviations suivantes : H. pour hauteur,
L. pour longueur, 1. pour largeur, D. pour diamètre. Les rapports entre objets n'étant pas
respectés dans les photos illustrant les notices, on se référera aux dimensions ;
• Les poinçons présents : poinçon de titre, de garantie, de recense, de maître orfèvre ou de fabri-
cant ;
• La datation : quand l'objet n'est pas précisément daté, la datation indiquée correspond à la période
de validité des poinçons de titre ou de garantie. Certains poinçons utilisés lors de recenses font
que quelques objets, non poinçonnés antérieurement, peuvent être plus anciens que ne l'indique
le poinçon relevé. Quand le fabricant est identifié, les dates sont celles de son activité ;
• Lorigine de fabrication : elle est précisée si elle est connue, sinon c'est le lieu d'insculpation du
poinçon qui sert de référence. Il faut évidemment tenir compte du fait que plusieurs villes
dépendaient d'un même bureau régional et que le bijou a pu être fabriqué dans un bourg
proche ;
• Lorigine d'utilisation : il s'agit le plus souvent de l'endroit où l'objet a été collecté. Pour les
autres objets, notamment les achats, l'origine géographique est donnée pour les types connus
comme localement utilisés. Pour d'autres types, on notera l'identité régionale attribuée à de
nombreux bijoux fabriqués à Paris, ainsi que certaines distances géographiques entre lieux de
fabrication et d'utilisation ;
• Le mode d'acquisition est indiqué avec le nom du donateur pour les dons, l'intitulé de l'enquête
pour les collectes de chercheurs et la RMN pour les achats. Certains bijoux, issus de l'ancien
fonds du musée d'ethnographie du Trocadéro, dont la provenance est inconnue, portent sim-
plement la mention «MET »dans les inventaires. La date qui suit correspond à l'année d'entrée
dans les collections, sauf pour les bijoux de Lionel Bonnemère, qui ont fait l'objet de dons suc-
cessifs. Ses premiers dons, isolés à la fin du xixe siècle, portent la date précise d'entrée. Pour le
reste, une première partie, qui correspond à ses cahiers de notes, est entrée en 1901 ; la secon-
de partie (sans référence dans ses cahiers, sauf exceptions) fut donnée au musée d'ethnographie
du Trocadéro par ses héritiers après sa mort et a été inscrite à l'inventaire de 1936, année du
transfert du musée d'ethnographie du Trocadéro au MNATP ;
• Les expositions, où l'objet a figuré, sont précisées en fin de bibliographie, sauf lorsqu'elles n'ont
pas donné lieu à un catalogue, comme l'exposition itinérante de 1992 à 1997, « Bijoux des
régions de France », souvent citée ;
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• La bibliographie signale les ouvrages où l'objet est mentionné ou illustré, ainsi que les notes
manuscrites de Lionel Bonnemère. Pour tous les objets à caractère « amulétique » de cette col-
lection, on se reportera à un ouvrage imprimé, édité par la RMN, dans la collection Notes et
documents, 1991 : Amulettes et talismans. La collection Lionel Bonnemère.
Les photos figurant dans le corps du livre étant en noir et blanc, les bijoux identiques ou de même
type ou ne variant que par les couleurs des matières sont illustrés par une seule photo.

Abréviations
AM Ave Maria : je vous salue Marie
BOHN Bijoux et orfèvres de Haute-Normandie (catalogue des)
BTP Bijoux traditionnels poitevins (catalogue des)
D. Diamètre
H. Hauteur
Inv. Inventaire (numéro d')
IHS Iesus Hominum Salvator : Jésus Sauveur des Hommes
INRI Iesus Nazarenus Rex Judaeorum :Jésus de Nazareth Rois des Juifs
IR Iesus Rex
L. Longueur
1. largeur
MNATP Musée national des Arts et Traditions populaires
MTAN Musée départemental des Traditions et Arts normands (catalogue du)
p. page(s)
RF République Française
RMN Réunion des musées nationaux
s. siècle
s.a. sans auteur
s.d. sans date
VHV Vive Henri V
VL Vive Louis
VSA Vive Sainte Anne
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CATALOGUE
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ANCIENNES RÉGIONS DE FRANCE


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BIJOUX DE PARURE

Sont considérées comme «bijoux de parure »toutes les catégories de bijoux indépendantes du
costume et sans fonction utilitaire. Il a été choisi de présenter ces catégories des plus portées au
moins portées et, au sein de chaque type, des bijoux les plus simples aux plus élaborés.

Sommaire :
Croix (1 à 95)
Cœurs-coulants et autres passants (96 à 128)
Colliers (129 à 167)
Pendentifs (168 à 194)
Bagues(195 à 402)
Boucles et pendants d'oreilles (403 à 455)
Bracelets (456 à 475)
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TYPOLOGIE DES CROIX

Croix en métal plein (sans ajours) 1 à 18


Croix tubulaires 1à3
nues
avec Christ au recto
avec Christ au recto et Vierge au verso, garnies de pendeloques
Croix aux branches latérales et inférieures à bords biseautés 4à8
aux extrémités droites
aux extrémités à boule terminale
Croix plates aux extrémités fleurdelisées ou trilobées 9 à 17
nues
avec Christ au recto et Vierge au verso
Croix plates pattées 18

Croix plates en métal ajouré 19 à 24


Croix grille de Savoie et du Dauphiné 19 à 22
Croix plates des Villards 23
Croix de Lorraine 24

Croix bifaces dites Jeannette en métal creux ou plein 25 à 41


Croix à motif central losangé 25 à 36
à même décor central sur les deux faces
à décor central différent sur les deux faces
Croix à motif central circulaire 37 à 39
aux extrémités à boule terminale
aux extrémités en fleur de lys stylisée
Croix dérivées de la croix jeannette et pattées 40, 41
Croix en volume 42 à 63
Croix à angles droits et arêtes vives 42 à 59
à fonction de reliquaire
non reliquaires
Croix en bossage à pointes de diamant 60 à 62
Croix en cheveux 63

Croix trapézoïdales en métal filigrané 64 à 66

Croix garnies de pierres précieuses, de pierres fines ou ornementales, de perles


ou de matériaux d'imitation 67 à 95
Croix dites normandes, garnies de verre incolore (strass) et de cristal de roche 67 à 76
articulées en partie inférieure
articulées en partie supérieure
Croix de Provence et du Languedoc garnies de verre incolore (strass) et de diamant 77 à 86
Croix garnies de pierres naturelles et de perles 87 à 91
Croix garnies de pierres et autres matériaux d'imitation colorés 92 à 95
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CROIX
En ce pays de tradition chrétienne, la croix-pendentif
est à la fois un symbole religieux et la principale pièce de
la parure. Avec le costume, elle est signe d'une identité
régionale et même locale, comme en Savoie où les formes
varient d'une vallée à l'autre. Le rang social et la richesse
de la région sont tout autant perceptibles à travers le choix,
la taille et l'abondance des matériaux qui la composent.
Enfin, ses motifs décoratifs et ses appellations sont égale-
ment révélateurs d'idéologies affirmées. Ainsi, de nom-
breuses croix ont, sous la bélière, un sommet en fleur de
lys montrant l'attachement à la monarchie ; d'autres présen-
tent un sommet en bicorne qu'on attribue à une volonté
politique de distinction des bonapartistes.
Certaines croix sont d'un modèle répandu dans toute la
France, comme la croix dite Jeannette. D'autres, réputées
spécifiques d'une région, se retrouvent en fait dans d'autres.
C'est notamment le cas de la croix bosse de Normandie, qui
est également présente en Savoie, en Bretagne et dans le
Nord. En outre, il faut rappeler l'importance de la produc-
tion parisienne tout au long du xixe siècle. Le catalogue de
la maison Baudot, conservé au MNATP, montre la variété
des formes proposées dès l'Empire, période où la croix
réapparaît, alors qu'elle était interdite depuis la Révolution.
Avec le développement du « doublé », des maisons comme
Savard (initiateur du « plaqué or » et qui deviendra la
marque Fix) offrent une diffusion nationale. D'autres
centres de fabrication, comme Lyon et Niort, ont également
un rôle prépondérant.
Dans ce contexte, la croix-pendentif affecte des formes
diverses, des plus traditionnelles, comme la croix latine ou
la croix grecque, aux plus éloignées du modèle cruciforme
lorsqu'elle s'épanouit en losange. Suspendue à un ruban, un
cordon ou une chaîne, elle est généralement surmontée d'un
coulant permettant d'en régler la hauteur. Il s'agit le plus
souvent d'un cœur, symbole de fidélité et d'amour profane.
L'idéologie religieuse et la fonction de protection sont
particulièrement présentes, en revanche, dans les croix
reliquaires ornées des instruments de la Passion ou dans
celles qui, telles les croix de carrefour, portent l'effigie du
Christ, d'un côté, et celle de la Vierge, de l'autre.
La fonction décorative transparaît dans ce dernier type
lorsqu'il est émaillé, mais prime surtout dans les croix gar-
nies de pierres naturelles ou d'imitation. En Provence, le
diamant taillé en roses ou en tables (et parfois le rubis ou
l'émeraude) orne les croix à la dévote ou Marie-Antoinette,
papillon, Maintenon, capucine... Le grenat est serti dans les
croix de Catalogne, tout comme la citrine, le zircon et le
saphir sont employés pour les croix d'Auvergne, du Velay
et du Rouergue. En Normandie, la croix de Rouen s'étale de
façon ostentatoire et, comme la croix de Saint-Lô, brille de
tous les feux du strass qui l'habille.
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CROIX EN MÉTAL PLEIN Croix tubulaires avec Christ au recto


(sans ajours) 2
Ces croix sont faites de simple métal sans aucun décor
Croix dite à l'as
coloré d'émail ou de pierres. Inv. 97.1.13
Argent (traces dedorure)
CROIX TUBULAIRES
H.70;1.46
Poinçon:tête delion
Illustré par la croix bâton de Savoie, ce type n'est pas Datation : 1824-1860
toujours plein, mais fait de deux plaques de métal recour-
Origine :
fabrication :Savoie, Chambéry
bées en demi-cercle et soudées ou d'une seule plaque utilisation :Isère, Lanslebourg
arrondie et soudée. Ces croix peuvent être simples et nues Moded'acquisition : muséed'ethnographieduTrocadéro, 1897
ou porter l'effigie du Christ et de la Vierge. Bibliographie :inédit
Croix tubulaires nues Typique de la région de Bessans et de Lanslebourg, cette
croix uniface a une double articulation. Au nœud-coulant
1 ajouré et clouté à cabochon central (enfoncé) est suspendu
Croix un motif trapézoïdal également ajouré et clouté, relié par
unecharnièreàla croix. Celle-ci, auxbranches rondes et ter-
Inv. 89.6.6 minées par des pointes, porte au recto un Christ en relief
Doublé or surmonté de l'inscription INRI. Dans certaines variantes, la
H. 68 ; 1.42 tête du Christ est auréolée. Cette croix de Savoie porte un
Poinçon : néant poinçon italien car cette région dépendait à l'époque du
Datation : xixe s. royaume sarde. Cetype de croix présente les mêmes nœud
Origine : et motifintermédiaire quela croix deHaute-Maurienne, dite
fabrication : inconnue croix à cabochons, issue d'un modèle vénitien.
utilisation : Bretagne
Moded'acquisition : don Legoff, 1889
Bibliographie : inédit
Branches rondes (enfoncées et dessoudées en partie inférieure)
terminées par des boules à pointes, sauf la supérieure qui
s'élargit en fleur delys. Elle est accompagnéed'un cœur-coulant
lisse à bord plat (98).

Croix tubulaires avec Christ au recto,


Vierge au verso, et garnies de pendeloques
3
Croix
Inv. 01.1.754
Or
H. 99 ; 1. 54
Poinçon : coq bec fermé tête à gauche (départements)
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Datation : 1809-1819 Mode d'acquisition : don Landrin, 1889


Origine : Bibliographie :joannis, 1992 c, p. 38
fabrication : Haute-Vienne, Limoges ?
utilisation : Limousin Cette croix plate et pleine a les bords biseautés et des extré-
Mode d'acquisition : don L. Bonnemère, 1901 mités à enfoncements et renflements comparables à des sco-
Expositions : Trésors, n° 580 ; Costume, coutume, n° 480 ties et tores. Le sommet est découpé en bicorne.
Bibliographie : Bonnemère II, p. 59, n° 2
Ces croix écotées (aux branches garnies de pointes) sont
typiques de la région de Limoges. Leurs extrémités en forme
de queue de colombe les avaient fait appeler Saint-Esprit de
Limoges. Elles portent le Christ, que surmontent une cou-
ronne et l'inscription INRI au recto, et une Vierge à l'Enfant
au verso. Trois gourdes en poire y sont accrochées. Des
rayons sont placés à la croisée des bras de la croix.

5
Croix
Inv. 89.3.35
Argentmoulé
H.56;1.31
Poinçon:faisceaudelicteurs,hacheàdroite,listelbarré(départements)
Datation : 1809-1819
Origine :
fabrication :Bretagne
utilisation :Finistère, Quimper
Moded'acquisition :donLandrin, 1889
Bibliographie :inédit
Dumêmedonateur et de même époque, cette croix est très
proche de la précédente. Le sommet est plus arrondi et le
CROIX AUX BRANCHES LATÉRALES ET bicorne esquissé.
INFÉRIEURES À BORDS BISEAUTÉS

Croix aux extrémités droites


Ce type d'une grande simplicité n'a été retrouvé qu'en
Bretagne.
4
Croix
Inv. 89.3.34
Argent moulé
H. 60 ; 1.35
Poinçon : limaçon, différent illisible.
Datation : 1819-1838
Origine :
fabrication : Loire-Atlantique ?
utilisation : Finistère, Landernau
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Croix aux extrémités à boule terminale


6
Croix
Inv. 01.1.753.2
Doubléor
H.85;1.57
Poinçoncarré:initialesL.J.etuntrident.Fabricant:Louis-Alexan-
dreJulien
Datation: 1843-1888
Orfabri
iginecat:ion:Paris
utilisation :Nivernais
Moded'acquisition :donL.Bonnemère,1901
Bibliographie:BonnemèreVI,p.42, n°7
Desstries ornent la partie supérieure decette croix dont le
sommetestdécoupéenfleurdelys. Lesboulesterminalesse
terminent enpointes. Lorsque L.Bonnemèrea trouvé cette
croix, unecourtechaînejaseronretenantuneplaqued'escla- 8
vageyétait nouée (133). Croix
Inv. 995.28.1
Or
H. 39 ; 1.24
Poinçons : poinçon Ancien Régimeet œil insculpé pour les pays
ouprovinces réputées étrangères, plus autre poinçon non identifié.
Datation : 1768-1774
Origine :
fabrication : Savoie ?
utilisation : Savoie ?
Moded'acquisition :achat RMN, 1995
Bibliographie : catalogue de vente, Paris, Drouot, 18déc. 1995,
n° 20 ; Poulenc 1996b, n°3, p. 108
S'ouvrant à l'arrière par une charnière, cette croix très plate
fait néanmoins fonction de reliquaire. Elle pourrait être l'an-
cêtre des croix plates de Maurienne et de Haute-Tarentaise et
donc avoir été faite en Savoie, à l'époque où cette province
dépendait encore du royaume sarde. On sait que la fonction
de reliquaire a disparu de certaines croix au xixe siècle.

7
Croix
Inv. 89.3.33
Argent moulé
H. 55 ; 1.33
Poinçons : raie, différent de Brest. Fabricant :J.A. et un croissant
(non identifié)
Datation : 1819-1838
Origine :
fabrication : Finistère, Brest
utilisation : Finistère, Landernau
Moded'acquisition : don Landrin, 1889
Bibliographie : inédit
Même morphologie que la précédente, mais croix plus
ancienne et exécutée par un artisan breton.
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CROIX PLATES AUX EXTRÉMITÉS Exposition : Trésors, n° 603


FLEURDELISÉES OU TRILOBÉES Bibliographie : Bonnemère I, p. 55, n° 33

Croix nues Trois fleurs de lys stylisées aux extrémités des bras.
Ces croix, également très simples, puisque le seul décor
est constitué par les extrémités découpées en fleur de lys
plus ou moins stylisée ou en trilobe, étaient considérées en
Bretagne comme des « amulettes de protection ».
9
Croix
Inv. 88.1.41
Plomb
H. 53 ; 1.36
Poinçon : néant
Datation : xixe s.
Origine :
fabrication : inconnue
utilisation : Finistère, Saint-Tugan
Moded'acquisition : don Landrin, 1888
Bibliographie : inédit
Les quatre extrémités sont terminées par des fleurs de lys
bien dessinées.

Croix avec Christ au recto et Vierge au verso


Dans ces croix, avec ou sans pendeloque, l'image du
Christ, tout comme celle de la Vierge, est très variée, de la
représentation la plus fruste à la plus achevée. Pour le
Christ, la position de la tête varie, droite, penchée à gauche
ou à droite. Pour la Vierge, elle peut être représentée seule
ou avec l'EnfantJésus, couronnée, mains jointes, glorieuse,
dans toutes les poses de l'iconographie savante.

11
Croix
Inv. 88.1.51
Argent moulé
H. 35 ; 1. 25
Poinçon : faisceau de licteurs, hache à droite avec listel barré
(départements)
Datation : 1809-1819
10 Origine :
Croix fabrication : Bretagne ?
utilisation : Finistère, Landernau
lnv. 01.1.770 Moded'acquisition : don Landrin, 1888
Or moulé Bibliographie : inédit
H. 50, 1. 40
Poinçon : éventail, différent de Digne Sur cette croix plate proche des précédentes, au sommet en
Datation : 1819-1838 fleur de lys et aux extrémités trilobées, on a soudé sur une
Origine : face l'effigie du Christ dont la tête est droite et, sur l'autre,
fabrication : Alpes-de-Haute-Provence, Digne une Vierge aux mains jointes.
utilisation : Alpes-de-Haute-Provence, Digne
Mode d'acquisition : don L. Bonnemère, 1901
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13
12 Croix
Croix Inv. 36.384
Inv. 36.2106 Argent moulé
H. 60 ; 1.35
Argentmoulé Poinçons : faisceau de licteurs, hache àgauche, listel barré
H.52;1.36 (départements). Fabricant : T.V. et un cœur (non identifié)
Poinçon :enpartie effacé (nonidentifié) Datation : 1809-1819
Datation :AncienRégime Origine :
Origine : fabrication : Bretagne ?
fabrication :Bretagne? utilisation :Bretagne ?
utilisation :Bretagne? Moded'acquisition : don L. Bonnemère, 1936
Moded'acquisition : muséed'ethnographie duTrocadéro, 1936 Bibliographie : inédit
Bibliographie :inédit
Sommet arrondi. Évasement similaire à ceux qui reçoivent Sommet en bicorne. Inscription INRI. Christ avec tête pen-
généralement l'inscription INRI, mais qui ne figure pas. chée à droite également fruste. Vierge aux mains jointes.
Extrémités fleurdelisées.
Christ avec tête penchée à droite et Vierge très frustes.
Extrémités en fleur de lys.
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14
Croix
Inv. 36.2430.1
Argentmoulé
H.53;1.35
Poinçon : œil (insculpé sur les ouvrages provenant de pays et
provincesréputésétrangers)
Datation : 1768-1774
Origine :
fabrication :inconnue
utilisation :Bretagne
Moded'acquisition :muséed'ethnographie duTrocadéro, 1936
Bibliographie :inédit
Croixbeaucoupplus travaillée que les précédentes. Leseffi-
gies du Christ, avec la tête penchée àdroite, et de la Vierge
à l'Enfant sont très finies. Inscription INRI. Extrémités
fleurdelisées très nettes. Àcette croix estjoint le cœur (105).

16
Croix
Inv. 01.1.77
Argent moulé, gravé et ciselé
H. 70 ; 1. 45
Poinçon : crabe, différent de Brest
Datation : 1838-1888
Origine :
fabrication : Finistère, Brest
utilisation : Finistère, Quimper
Mode d'acquisition : don L. Bonnemère, 1901
Expositions : Trésors n° 589 ; Bijoux des régions de France
Bibliographie : Bonnemère 1, p. 49, n° 17
Sommet en fleur de lys. Inscription INRI. Faisceau de rayons
entre les bras (manques). Christ avec tête penchée à gauche.
Vierge aux mains jointes. Extrémités fleurdelisées. L. Bonne-
mère précise que ces croix étaient « moulées dans un os de
seiche ou de morgat, pour employer le nom breton ».

15
Croix
Inv. 991.24.2.
Ormoulé
H. 82 ; 1.53
Poinçons : tête de cheval, différent de Clermont. Fabricant :
E.G. (non identifié)
Datation : 1838-1919
Origine :
fabrication : Puy-de-Dôme, Clermont
utilisation :Auvergne
Moded'acquisition : achat RMN, 1991
Bibliographie : Poulenc, 1991 b, n° 5-6, p. 140

Sommet arrondi. Christ avec tête penchée à droite et Vierge


couronnée, d'inspiration très médiévale. Inscription INRI.
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CROIX PLATE PATTÉE


18
Cvoix
Inv. 36.587.1
Laiton doré
H. 86 ; 1.69
Poinçon : néant
Datation : \,i.\, s.
Origine :
fabrication : inconnue
utilisation :Alpes-Maritimes, Nice
Moded'acquisition : don L. Bonnemère, 1936
Bibliographie : inédit
Cette croix uniface, plate et pattée, à cabochon central, était
portée, avec son cœur-coulant (114) sur un costume de
Niçoise collecté par L. Bonnemère.
17
Croix
Inv. 87.2.10
Ormouléet gravé
H.70; 1. 41
Poinçon : tête decheval, différent de Clermont
Datation : 1838-1887
Origine :
fabrication :Puy-de-Dôme, Clermont
utilisation : Haute-Loire, LePuy
Moded'acquisition :donFaucon, 1887
Exposition:LA ' uvergneauquotidien,muséedépartementalA.Kahn,
Boulogne(92), 15févrierau30août 1992
Bibliographie : inédit
Extrémités en fleurs de lys stylisées, auxquelles sont accro-
chées trois pendeloques engourdes lisses (dont deuxlégère-
ment enfoncées). Christ et Vierge également très stylisés.

CROIX PLATES EN MÉTALAJOURÉ


Ces croix sont essentiellement originaires de Savoie ou
du Dauphiné. Elles se caractérisent par leur développe-
ment et par les trois perforations faites dans les extrémités
des branches. Une seule est issue d'une autre région.

CROIX GRILLE DE SAVOIE ET


DU DAUPHINÉ
La croix grille, en or ou en argent, est la plus répandue
en Savoie. Elle est accompagnée d'un cœur sans débord ou
d'un cœur uni à débord plat, en suivant le contour ou fes-
tonné. Les branches se terminent par des fleurons percés
de trois ajours circulaires ou en larmes, proches du boteh
persan. Le Christ, surmonté de l'inscription INRI, y figure
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au verso et la Vierge au recto, sauf dans le Dauphiné où


l'envers présente un décor ciselé de stries.
19
Croix (modèle)
Inv. 61.115.80
Étain moulé, ajouré et gravé
H. 92 ; 1.78
Poinçon : néant
Datation : xixe s.
Origine :
fabrication :Savoie
utilisation : Savoie, Albez-le-Vieux
Moded'acquisition : achat RMN,1961
Bibliographie : inédit
Modèle de croix grille des Arves. Ces croix sont toujours en
argent. Les fleurons des extrémités sont percés d'ajours cir-
culaires. Il manque celui qui sert au passage de la bélière.
Stries sur les fleurons et au centre. 21
Croix
Inv. 38.89.2.9.1
Argentmoulé,ajouré et gravé
H.86;1.66
Poinçons : crabe, différent deChambéry.Fabricant : M.L.et une
étoile (nonidentifié)
Datation : 1860-1889
Origine :
fabrication :Savoie,Chambéry
utilisation :Savoie,Saint-Sorlin-d'Arves
Moded'acquisition : achatRMN,1938
Bibliographie :inédit
Prochedelaprécédenteetdelamêmevallée,cette croixfaitaussi
partie d'un costumecompletet estaccompagnéed'un cœur-cou-
lant àborduni (99). Stries courbes ciseléessur les branches aux
extrémités percées d'ajours circulaires, mais esquissés enlarmes
paruntrait gravé. Elle est cousuesur unrubandesoie brochée.
20
Croix
Inv. 38.153.1.6.1
Argentmoulé,ajouré et gravé
H. 100;1.80
Poinçons :crabe, différentdeLyon.Fabricant :P.P.(nonidentifié)
Datation :après 1838
Origine :
fabrication :Rhône,Lyon
utilisation :Savoie,Lachal (prèsdeSaint-Sorlin)
Moded'acquisition : achat RMN,1938
Bibliographie :inédit
Croix des Arves accompagnée de son cœur-coulant à pour-
tour festonné (101). Ajours des extrémités en larmes.
Bandeau avec l'inscription INRI. Vierge au revers. Elle est
accrochée àun ruban en velours perlé et pailleté et fait par-
tie d'un costume complet.
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CROIX PLATES DES VILLARDS


En croix grecque pattée et fleuronnée, ces croix comp-
tent parmi les plus anciennes de Savoie. Elles étaient parfois
fondues par le forgeron local dans des pièces d'argent. Sa
morphologie évolue au cours du xixe siècle. Vers 1830, les
extrémités sont encore trilobées avec trois perforations cir-
culaires, c'est la croix en trèfle. Aux alentours de 1850, des
fleurons percés en larmes ou boteh remplacent les trilobes,
comme dans la croix de Chambéry. Dans un dernier temps,
les angles de la croix grecque s'arrondissent et les propor-
tions augmentent. Ces croix sont souvent ornées de sym-
boles ou inscriptions religieuses (IHS, MA..) et portent éga-
lement les patronymes de leur propriétaire et une date.

23
Croix
22
Croix Inv. 36.595.1
Inv. 01.1.757. Argent moulé et ciselé
H. 80 ; 1.85
Ormoulé,ajouré, gravéet ciselé Poinçons :crabe, différent illisible. Fabricant :M.P (non identifié)
H.50;1.37 Datation :vers 1830 ?
Poinçons:tiare, différentdeGrenoble.Fabricant :EC.(noniden- Origine :
tifié) fabrication : royaume sarde ?
Datation : 1819-1838 utilisation :Savoie, Saint-Colomban
Origine : Moded'acquisition : don L. Bonnemère, 1936
fabrication : Isère, Grenoble Bibliographie : inédit
utilisation :Savoie, Chambéry
Moded'acquisition :donL.Bonnemère, 1901 Ce modèle est le plus ancien recensé par J.-P. Trosset
Exposition :Bijouxdesrégions deFrance, Trésors, n°581 (Les CroixdeSavoie, 1993, p. 54). Cespécimen est très proche
Bibliographie :Bonnemère1,p. 55, n°34 de celui qui est illustré dans son ouvrage. Sommet arrondi,
extrémités tréflées et striées, à trois ajours circulaires. Le
Croix grille du Dauphiné, dite à dentelle par L. Bonnemère. décor très effacé est fait, sur une face, de l'inscription MA,
Les croix de cette origine sont proches de celles de d'une échelle, d'une lance et, sur l'autre, de l'inscription IHS.
Chambéry, mais elles sont plus aérées et ajourées. Christ au Accompagnée d'un cœur lisse sans bordure (96), cette croix
recto. Aurevers, motifcentral strié en croix. était portée sur un costume de Saint-Colomban. Le poinçon
«au crabe »est sans doute un poinçon de recense vers 1860,
lorsque la Savoie fut rattachée à la France.
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CROIX DE LORRAINE CROIX BIFACES DITES JEANNETTE


EN MÉTAL CREUX OU PLEIN
Plus classique, cette croix latine uniface et plate porte
un Christ qui a sous les pieds une tête de mort avec deux
tibias croisés, comme certaines croix d'Auvergne. Au-des- C'est le type le plus répandu dans toute la France. Il
sus du Christ, un large bandeau avec l'inscription INRI. La aurait reçu le nom de jeannette parce que c'était le bijou
particularité de cette croix vient de ses extrémités ajourées que s'achetaient, avec leurs premiers gages, les servantes
en double spirale et de la couronne de suspension qui était qui se louaient le jour de la Saint-Jean. LaJeannette, dite
fixée au ruban par une barrette transversale, suivant le aussi croix de fillage, était souvent accompagnée d'un
principe de fermeture du clavier. Ce type de croix, répan- cœur-coulant présentant ou non le même décor que le
du en Lorraine (Las Cases, L'Art rustique, la Lorraine, p. 85), motif central de la croix.
a néanmoins été fabriqué dans d'autres régions limitrophes
comme la Champagne. Cette croix latine biface, au sommet le plus souvent en
fleur de lys, a des branches lisses aux bords biseautés ou
présentant une succession de « coups d'ongle ». Les extré-
24 mités s'élargissent en un motif oblong terminé par une
Croix sphère à pointe, sauf quelques exceptions. Selon l'aisance
Inv. 01.1.78 de la propriétaire, le métal était plus ou moins précieux :
or, argent ou simple « doublé » et la taille du simple au
Argent moulé, ajouré et gravé décuple. Paris apparaît comme le grand centre de produc-
H. 95 ; 1.40
Poinçons : tortue, différent de Châlon. Fabricant : ? et J. (non tion de ces croix, mais Niort joua également un grand rôle
identifié) dans leur diffusion puisqu'elles y étaient encore fabriquées
Datation : 1819-1838 au début du xxe siècle.
Origine :
fabrication : Marne, Châlon
utilisation : Lorraine et Champagne Deux grands types apparaissent dans ces croix estam-
Moded'acquisition :don L. Bonnemère, 1901 pées ou moulées selon que le motif central est losangé ou
Exposition : Trésors, n° 588 circulaire sur fond carré à double ressaut. Ce dernier reçoit
Bibliographie :Bonnemère II, p. 60, n° 3 un décor de répertoire varié, parfois émaillé : végétal, géo-
Bandeau finement gravé. Christ avec tête penchée à droite. métrique ou symbolique. Àl'étude, il semble que les croix
La barrette de fixation du ruban, dans la couronne servant jeannette en argent soient faites en régions, alors qu'en or
de coulant, manque. ou en doublé elles sont le plus souvent de fabrication pari-
sienne.
Une croix jeannette est portée par Joséphine Noël sur
un portrait anonyme de 1892, conservé à l'écomusée de
l'île de Groix. Elle apparaît également sur l'huile sur toile
de Pierre Outin, Piété filiale, 1888, du musée centre des
arts de Fécamp.
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Réunion
des Musées
Nationaux

Qu'ils soient dits populaires, régionaux, sentimentaux,


politiques ou amulétiques, les bijoux conservés au musée
national des Arts et Traditions populaires, quelque mille
pièces, sont avant tout traditionnels. Tout contribue en
cela : les techniques, les décors, les thèmes, les rites et
les croyances qui les entourent, leur symbolisme pérenne.
Pour les traiter, diverses problématiques pouvaient être
envisagées, mais la variété des catégories, des types et des
variantes imposait une approche typologique permettant
une meilleure lisibilité. Ainsi ressortent des types régionaux
évidents, mêmesi la production parisienne reste omniprésente.
Onnote également la circulation des modèles, la large
diffusion debijoux réputés locaux, l'influence de l'orfèvrerie
et des parures «savantes ».
Enfin, plus qu'un simple accessoire du costume, le bijou de
tradition, qu'il soit de fête ou quotidien, est indissociable de
la personne. L'importance de son rôle identitaire et le poids
Croix boulonnaise remontée sur une plaque de sa charge affective font que son intérêt va bien au-delà
d'esclavage, toutes deux en or et garnies d'un de celui qu'on peut porter à un élément ordinaire de la
décor émaillé propre à Clermont-Ferrand. culture matérielle.

Distribution Seuil
Prix : 350 F
ISBN : 2-7118-3624-X
SS00 3624
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