français philosophie dérive du grec ancien φιλοσοφία, composé de
φιλεῖν, « aimer » et σοφία, « la sagesse, le savoir », c'est-à-dire littéralement : l’amour de la sagesse ou l’amour du savoir7. Selon le philosophe Roger-Pol Droit, « cette étymologie peut dire des choses différentes. En grec, sophia signifie aussi bien la connaissance que la sagesse. Et philô signifie aimer mais aussi désirer. Vous pouvez donc traduire philosophie par « désir de connaissance ». Mais aussi par « amour de la sagesse ». Dans le premier cas, vous tirez la philosophie du côté de la science. Dans le second cas, du côté de l’existence et du bonheur. Présente dans la racine grecque elle-même, cette dualité a accompagné toute l’histoire de la philosophie »8. À noter que le mot φιλοσοφία fait effectivement partie du lexique du grec ancien, où l'on trouve des usages attestés dès l'Antiquité. Il s’agit donc d’une sémantique de construction, comme pour le terme utopie9, néologisme couramment forgé dans la langue française. Les termes φιλόσοφος (philosophos) et φιλοσοφεῖν (philosophein) apparaissent en quelques occurrences chez les penseurs présocratiques10 Héraclite, Antiphon, Gorgias et Pythagore, mais aussi chez d'autres penseurs comme Thucydide ou Hérodote, contemporains de Socrate. En la matière, un écho d’Héraclide du Pont révélerait que le premier penseur grec à s’être qualifié lui- même de « philosophe » aurait été Pythagore11. Toutefois, c'est la pratique dans les dialogues de Platon qu'en a fait Socrate, qui a ordonné le type de questionnement et de recherche sur la raison qui a constitué jusqu'à aujourd'hui la philosophie 12.