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La Créature est venue dans mes rêves, ou du moins, je pense que c'était Je tremble pendant que j'écris ces

is ces mots. L'Apparatus a disparu, volé


un rêve. Que j’ai partagéla même chambre avec cette part ténébreuse dans la nuit alors que j’étais en proie aux rêves et à cette Créature. Je
de moi-même me répugne. Sa présence me fait peur. Et même si l’aube pensais qu’il ne s’agissait que de rêves, du moins, jusqu’à ce que je
arrive, je crains d'écrire ces mots, et peut-être ferais-je mieux d’arrêter finisse par trouver des preuves. Je dois fuir cet endroit maudit !
car ils révèlent ma honte.
Dans le rêve, je me réveillais pour la trouver près de la fenêtre. Je su
Je restais dans ma chambre. L’éclair d’un orage approchant illumina que c’était Elle, la Créature que j’avais lâchée sur ce monde. Et le fait
la salle. Et dans cette lumière infernale, Elle apparut, son ombre obs- qu'Elle put pénétrer dans ma chambre barrée et verrouillée ne me sur-
truant la fenêtre. Je ne pus la voir dans l'obscurité, mais la puanteur pris pas. Elle ne parla pas, et me fit seulement signe de s'approcher.
Je passais de nombreuses nuits à travailler dans l'obscuritéde mon laboratoire
d'un dieu bienveillant, mais le tourment de ma propre noirceur me suivait. En

Puis j’eus une vision. Je vis un moyen par lequel je pourrais me débarrasser de

isolé, mon esprit enfiévrépar l'immensitéde ce que je voulais accomplir. Pour-


ma noirceur. En effet, ne pourrais-je pas débarrasser l'humanitéde son côtéle

lumière et des ténèbres ? Si je le pouvais, je conquèrais cela. Je voudrais défier


tant, le succès me fuya ! É chec après échec, je connus la souffrance. La clédu
bannissement de notre noirceur ne m’est jamais apparue ; sans forme ni subs-

quoi les dieux avaient-ils fait l'homme ainsi ? Pourquoi devons-nous être tor-
moi étaient les ténèbres, la haine et l’envie. Comme je l'observais, cette ombre

Ma propre obscuritéet mes propres doutes, aussi bien que la haine et la rage,

Un soir, mon âme tourmentée bouillit de haine et de colère. J'ai hurlé! Pour-
m’empoissonnèrent. Après avoir tant fait au service des autres, mon dépit et

de sa corruption emplit mes narines, et les éclairs intermittents éclai- Je m'approchais de la fenêtre et je fus immédiatement pris de nausée
ma fiertédéchirèrent le fond de mon esprit. À la fin, celui-ci me dit : tout ce

l'Apparatus, et une fois que mon esprit l’eut conçu, je ne pu trouver le repos
qu'il y a, c'est la mort, et toutes ces bonnes œuvres ne compteront pour rien.
Le Ré cit de l’Alchimiste

fondent dans les ombres. J'étais la paix elle-même. J'étais bon et juste. J'ai
pratiquémon art pour le bénéfice de tous et guéri la terre avec les cadeaux

rèrent sa silhouette encapuchonnée. par sa corruption. En regardant par la fenêtre, je vis le brouillard et
Je suis la renaissance, je suis l’envol. Les troubles de mon ancienne vie se

plus sombre ? Ce serait sû rement la perfection, la joie et un trésor. Ce fut

turés par l’ambivalence de cette vie ; à faire constamment le choix de la


noire de l'âme humaine s’infiltrait lentement dans tout ce que je faisais,

«Mon frère», appela la Créature, et Elle se mit à rire alors que je recu- mon propre reflet dans la vitre. Puis le brouillard s’estompa et révéla
lais à la seule idée que cette bête fut de ma chair et de mon sang. une scène infernale.
«Oh oui frère, car c'est toi qui m'as donnécette puissance dans la noir- C'était un cimetière, parseméde tombes ouvertes et des pierres tom-tom
ceur de mon existence, et toi qui m’as si généreusement ouvert la voie bales inclinées. Une silhouette vêtue de noir courait parmi les arbres
de cette terre. Toi le porteur de lumière dérobant le feu du ciel. Et c’est morts et l'herbe. Une foule massive se pressa derrière elle, agitant des
seulement en trouvant enfin la lumière que tu as permis aux ténèbres torches et de fourches, elle était dirigée par des hommes et des femmes
de suinter par chaque parcelle d’ombre. Cher frère trompé!» en armure.
tance, enfermée dans la brume d’une obscuritémoqueuse.

«Alors je te remercie, cher frère», siffla la Créature. «Merci pour Le silhouette se retourna et trébucha sur la racine d'un arbre. La foule
m’avoir apportécette terre d’abondance, ce nouveau monde riche en fut sur elle en un instant. Puis, se jettant sur elle, elle fut maintenue
proies pour me nourrir. J'ai déjà dépouillémes vieilles terres, mainte- au sol. C’est alors que le plus grand et le fort d’entre eux lui plongea
nant je vais faire la même chose aux vôtres. Penses-y, mon frère. Tous un énorme pieu dans le cœur.
ces démunis, ces pauvres hères et autres crétins comme du bétail vont La foule se dispersa et je vis le visage de la solhouette noire. C'était
mourir de mes mains, nourrir ma puissance, et ton nom remplira leur moi ! Ces personnes m’avaient tué!
dernier souffle haletant. Tous ceux que je tuerai seront mis devant ta Le brouillard se referma et mon double démoniaque rit. Dans la
diluant ma force, sapant mon pouvoir.

porte mon frère, jusqu'à ce que ce tas de corps s’élève encore plus haut fenêtre il y avait seulement son image, plus la mienne. Elle était vêtue
que la mausolée lui-même. de l’un de mes costumes.
Elle rit. La foudre éclata et je me réveillais brusquement dans mon lit. Je me suis réveilléen sursaut au matin, et à travers la fenêtre il n’y
tant qu’il ne serait pas achevé.

Me redressant rapidement, j'ai cherchédans le manoir. avait que la brume habituelle. Elle veut prendre ma vie, me posséder
Mais pendant que j’étais la proie de mes rêves agités, le démon avait que je sois l’artisan de ma propre destruction. Je dois fuir, sinon Elle
voléma Machine ! Nous sommes condamnés ! me détruira !
cette loi !

ténèbres se solidifièrent dans le globe de cristal. D’où je les avais envoyés, ils
Une quinzaine de jours suffirent pour que l’Apparatus fut achevédans mon

Maintenant elle avait pris forme ; soudaine et terrible. La Créature - aucun


juste. La sphère de souffre... tout prenait un sens. Je me suis promis de lais-

que ma part ma plus sombre ne serait pas un obstacle à notre joie et à notre
réveillais enfin, j’étais libre. La grande expérience avait parfaitement fonc-
qu’à la fin beaucoup de bien puisse être accompli... sû rement les dieux com-

En bonne conscience, je pourrais épouser la femme que j’aimais, et je savais


Puis, avec clarté, me vint la connaissance de ce que je devais faire. Je vis la

laboratoire. La grande boule de souffre dans son mécanisme, les récepteurs,

réussi. Je ne pouvais laisser personne d’autre que moi être dans la chambre.
ser ainsi, pendant un temps, les chemins décrétés par les dieux justes ; pour

autre nom ne convenait - avait émergédu globe fracassé. Je m’enfuis de la


Je continuais ma quête pour améliorer mon appareil quand, lors d’une ter-
dessous, tous correctement placés sur la sphère de verre. Les tests ont tous

verre... mon âme! Les ténèbres m’enveloppèrent dans un cri ! Quand je me

ter
pièce manquante, un bâton de cristal parfaitement tailléet à la longueur

Je n’avais aucune idée de l’endroit où la noirceur de mon âme avait été


La puissance surgit dans les filaments de la sphère. La foudre lacéra la

maison, terrifiéque cette horreur existerait désormais en moi... Mais je


rible nuit de tempête, l’Apparatus échappa à mon contrôle et les noirs
chambre. Des flèches brillantes jaillirent des récepteurs et percèrent le

bonheur. Alors nous nous fiançâmes et une date fut fixée.


Créature !

envoyée. Où cette partie de moi vivait, je l’ignorais.


Aujourd'hui, je retourne à Heather House. Je dois la protéger de cette
moi qu’il chasse ! Je dois fuir ! Gryphon Hill n'est plus un havre de paix !
froide. je vérifie que le démon n’avait pas voléma machine ! Et maintenant, c’est
disparu. Je me réveillais debout, dans ma chambre, baignéd'une sueur Terrifiépar ce cauchemar, je couru en bas. Rêve ou pas un rêve, il fallait que
rage, je me précipitais sur la silhouette rougeoyante et la forme ombreuse Il y eut un coup de tonnerre et je me réveillais brusquement dans mon lit.
Je regardais et je vis le visage de ma chère et tendre Virginia. Rempli de

Mon orgueil me joua un dernier tour.


frère, comme elle m’a étérefusée. Comme Tatyana m’a étérefusée ?» chasse !»
te dépouiller pour posséder son corps et son âme ? Le refuses-tu mon terres de l’humanité, et à partir de cette nuit c’est avant tout toi que je
humaine, féminine même. «Connais-tu l'objet de mon désir, ce dont je vais votre mort me donnera la vie. Sache le, mon frère, je chasse désormais sur les

prendraient la nécessitéde cela.


L'air devant l’âtre si mit à rougeoyer. Se rassemblant en une forme mourir, comme tous ceux qui t’ont aidé, d’une longue et lente agonie, et
«Oui», dit la voix dans l'ombre, «J’ai faim et je la veux !» «Tu es condamné! Je suis heureux d'être libéréde toi pour toujours. Tu vas
tique. rempli de venin. J'ai senti les poils de ma nuque se hérisser.
presque squelettique, m’avait frôlé. L'air était chargéd'électricitésta- avec vos semblables et votre nature fragile.» Et Elle se mit à rire, d'un rire
Je sentis alors les poils de ma nuque se hérisser, comme si une main fine, des voies sombres pour revenir plus fort et plus puissant, pour mieux traiter
pas, je serai là, gagnant en puissance. Et j’ai faim !» mon ambition, de ma malveillance ? Comme tu as eu tort ! Je suis passépar
Dans l'ombre et dans les ténèbres, chaque fois que tu ne t’y attendras me lança t-Elle dans l'obscuritéen hurlant, «Pensais-tu t’être débarrasséde

étaient revenus.
pouvoir et ma vie de mort-vivant. Tu sais que je suis ici, à t’attendre. «Frère», siffla t-Elle d’une horrible voix, «Tu es mon frère. Tu m'as créée»,
«Mon frère,» murmura la forme ombreuse, «C’est toi qui m’as donnémon m’appelait.

reviendrai !
samment claire pour comprendre. familier. Et dans ce rêve, parce que j’étais persuadéque c’en était un, Elle
desque était dans l’ombre, mais sa voix, come un sifflement, était suffi- sion distordue de mon propre visage et ensuite d’autres avec lesquels j’étais

tionné.
Créature, assise dans les flammes de mon âtre. Son visage cauchemar- moment. Sa forme changeait continuellement, adoptant tour à tour une ver-
les terres. Dans ce rêve, je me réveilait dans mon lit pour la voir, Elle, la chargécomme l’aurait fait ma Machine. Je pensais que c'était un rêve à ce
une Créature de ma propre création, de ma propre existence, parcourant comme une grande bête et sentait la viande crue, et l'air autour d’Elle était
Je pensais que c’était un rêve, provoquépar le démon qui était en moi, Elle était ma part sombre, au pied de mon lit à baldaquin. Elle était poilue
condamné? Je voudrais seulement dire que ma rencontre avec la Créature était un rêve.
sais bannie, ou est-ce moi, tourmentépar la peur et la douleur, qui suis s’est retournée contre moi au centuple.
par dessus tout qui est en proie à ma partie la plus sombre, et que je pen- étude étaiet fermées. J'ai étécomplètement fou ! Et maintenant cette folie
présage sombre des choses encore à venir ? Est-ce mon amour que j’aime deux fois de mon bureau pour vérifier que la porte et les fenêtres de mon
Suis-je fou ? Ou est-ce la vision que j’ai eu la nuit dernière, comme un Mes mains tremblent au moment où j’écris ces mots, et je me suis déjà levé

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