Bastien ROUX_VOLLON - rouvebast@gmail.

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 Crédits
Directeur de publication : David Burckle
Responsable éditorial : Thomas Berjoan
Coordinateur : Antoine Desroches
Auteur : Denis Beck, Laurent « Kegron » Bernasconi,
Antoine Desroches, Frank Stora
Textes complémentaires : Thomas Berjoan
Technique CO Fantasy & Héros & Dragons : Laurent « Kegron » Bernasconi
Relecture : Agnès Pernelle, Alicia Hamimi, Raphaël Amimi
Cohérence de la gamme : Jean-Marie Noël
Illustrations de couverture : Simon Labrousse
Illustrations intérieures : Yanis Cardin, David Chapoulet
Création graphique & Maquette : Romano Garnier
L’équipe de Black Book Editions : Thomas Berjoan, Éric Bernard, Ghislain Bonnotte,
Anthony Bruno, Damien Coltice, Jonathan Duvic, Marie Ferreira, Romano Garnier,
Laura Hoffmann, Justine Largy, Ninon Oldman, Aurélie Pesseas et Gabriela Tagle

Édité par Black Book Éditions

50 rue Jean Zay, 69800 St Priest.
Dépôt légal : Juillet 2020.
ISBN : 978-2-36328-341-2
ISBN (PDF) : 978-2-36328-342-9
Imprimé en UE.
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Casus Belli, Black Book Éditions, Laelith, Chroniques Oubliées Fantasy
et Héros & Dragons sont des marques déposées par Black Book Éditions. Tous droits réservés.

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 Introduction
Evasion fatale
Comme toujours, Nyctos marqua un temps d’arrêt avant de
frapper à la porte. Mais cette fois, le temps d’arrêt fut un peu
plus long que d’habitude : les nouvelles qu’il apportait à son su-
périeur, l’analyste Mélantos, assesseur du Crâne au Lazaret,
n’étaient pas bonnes. Sous son bras, la liasse de feuillets lui sem-
blait brûlante. Il rassembla son courage et frappa. Nulle voix
ne répondit, mais la porte s’ouvrit, apparemment d’elle-même.
Dans son bureau – comme toujours plongé dans la pénombre –
Mélantos attendait, sa haute silhouette installée dans un profond
fauteuil.
« Alors ? » La voix avait quelque chose de métallique, ce qui
n’ôtait rien à son pouvoir hypnotique…
« Je suis désolé, Seigneur, mais il se confirme que nos frères de
garde à la porte du secteur hospitalisation n’ont commis aucune
faute et que le patient de la chambre 66 n’a pu sortir par là. Il nous
faut donc envisager le pire : que ce que le patient a consigné sur ces
feuillets ne soit pas des hallucinations ou des rêves, mais la réalité. »
En s’inclinant profondément, il déposa la liasse sur la petite
table près du fauteuil.
« Je ne sais toujours pas très bien pourquoi je suis
ici. Les prêtres du Poisson, de l’Oiseau et du Nuage
m’avaient trouvé en bonne santé. Et puis les gens du
Crâne, dans leurs robes noires, m’ont allongé sur une
banquette et m’ont fait parler. Je crois que je me suis
endormi et à mon réveil, ils m’ont regardé comme si
j’allais leur sauter à la gorge, ou comme si j’avais mau-
dit le Roi-Dieu en personne.
Un prêtre dont la robe noire n’avait aucun parement
gris – un haut gradé, donc – m’a examiné à nouveau. Je
commençais à m’inquiéter sérieusement, j’ai dit que je
respectais le Roi-Dieu et que je ne venais à Laelith
que pour mon commerce de tissus. Il m’a répondu qu’il
me croyait, que s’il avait le moindre doute, mon cas
aurait déjà été résolu, mais qu’il fallait que je reste
quelque temps en observation, pour mon propre bien. »
« Au début, c’est de moi qu’il parle, Seigneur. Je confirme
qu’il ne présentait aucun signe de théobasilophobie. Mais il y
avait quelque chose dans son esprit, comme un nœud noir… J’ai
jugé préférable de l’isoler dans une chambre de haute sécurité,
au second sous-sol.
– Et il semble que vous ayez ainsi aggravé le risque qu’il
représentait.
2
– Je le reconnais, Seigneur, dit Nyctos en déglutissant.
– Vous n’êtes pas en faute. Le cas ne s’était jamais produit.
Pas ainsi, du moins. Et le laisser libre aurait pu être pire. »
« Tous les jours (enfin, je pense car je n’ai pas
moyen de mesurer le temps), je passe un nouvel entretien.
Une fois, j’ai même été ramené au pavillon de l’Air pour
ce qu’ils ont appelé un bilan approfondi. Ils n’ont pas
semblé trouver quelque chose.
Mais la deuxième ou la troisième nuit, mes rêves ont
commencé. L’impression que quelqu’un était avec moi dansla
ma cellule (ils disent que c’est ma chambre, mais en
porte est bien fermée !). Cette personne, ou cet êtreEt
tout cas, ne parlait pas, mais je l’entendais respirer.
je sentais son odeur. Une odeur… humide et froide.
La nuit suivante, j’ai commencé à entendre une voix
dans ma tête. « Tu es comme nous, viens avec seron nous,
rejoins les adorateurs des Ancie ns Die ux, ceux qui t
sauvés quand ils reviendront… »
Je n’ai pas compris. Mais j’ai ouvert les yeux, dansantle
noir. Ma lampe s’était éteinte et je distinguais pourtd’où
une ouverture dans le mur du fond, comme une porte
venait l’odeur humide et froide.
J’ai refermé les yeux. Au matin, la porte avait disparu.
J’ai pensé que j’avais rêvé, mais le rêve est re-.
venu. J’ai senti qu’il fallait que je passe cette porte
Mais j’avais peur. Et puis, les voix se sont faites plusfois
insistantes. Les promesses qu’elles me font sont à la erai
horrifiantes et attirantes. Je ne sais pas si je refus
encore longtemps de les suivre. »
« C’est tout ?
– Il y a des feuillets en désordre où le patient divague à propos
de ce qu’il appelle ses rêves…
– Je les étudierai personnellement.
– Bien entendu, j’ai moi-même examiné les parois de la cell…
de la chambre 66. La pierre est solide, je n’ai décelé aucune ano-
malie. Seigneur, pensez-vous que la Taupe… ou le Cloaque…
– Non, Nyctos. Ils n’y sont pour rien. Je… Je me suis
renseigné.
– Pour rien ? Mais alors…
 – Je te charge d’organiser une réunion extraordinaire des
assesseurs du Lazaret. Cryptonia, Rœntgen et le nouveau de
l’Oiseau de feu. Ils ne vont pas aimer ce que j’ai à leur dire, mais
le Lazaret est menacé, et pas seulement le Lazaret. »
Noire, blanche, bleue et rouge, les robes des dirigeants du
Lazaret réunis dans cette petite salle auraient pu inspirer un
peintre, tout comme leurs visages. Mélantos, une lame de cou-
teau. Cryptonia, toujours d’une réelle beauté malgré les marques
du temps. Rœntgen, rond et souriant, mais de ces sourires qui
n’atteignent pas les yeux. Et Ruborax, méfiant, inquiet peut-être
– c’était sa première réunion de ce genre.
« Je sais que, comme moi, vous n’aimez guère que les Temples
se mêlent de nos affaires, et encore moins le Palais. » Mélantos
énonçait un fait. Tous quatre étaient, d’une certaine façon, plus
proches les uns des autres que de leurs collègues de leurs cultes
respectifs. « Mais j’ignore si cette discrétion pourra être préser-
vée dans le cas présent. »
Il marqua une pause et reprit : « Vous savez que Sa Seigneurie
Valdenath m’honore de sa confiance. J’aime à penser qu’au fil des
années, il a pu juger qu’elle était bien placée. C’est ainsi qu’il m’a
mis en garde, songeant avec raison que le Lazaret était en quelque
sorte un ouvrage de défense avancé contre certaines menaces qui ne
viennent ni de puissances étrangères, ni de nos… cousins du sous-
sol. Les ennemis en question sont immensément puissants, mais par
bonheur, tenus à l’écart de notre monde par un rempart solide.
Hélas, il n’est nul rempart sans fissures… Et il semble que l’une
d’entre elles soit en train de s’ouvrir sous nos pieds. »
Les trois autres l’écoutaient sans la moindre envie de l’inter-
rompre. Avaient-ils eux aussi été avertis, d’une façon ou d’une
autre, de ces indicibles dangers que Valdenath lui-même n’avait
évoqués devant lui qu’avec réticence ? En théorie, pareils secrets
n’étaient révélés (par qui ?) qu’aux Rois-Dieux (et encore, pas à
tous) et à quelques grands prêtres, jamais à de simples assesseurs.
Mais les assesseurs du Lazaret n’étaient pas comme les autres…
Quand le Mythe de Cthulhu
s’invite à Laelith
Laelith, dès sa création, était à la croisée des genres : une
pleine marmite de fantasy, une pincée de science-fiction, une
dose de multivers, un peu de Contrées du rêve et, bien sûr,
un saupoudrage de Mythe de Cthulhu.
C’est cette dernière facette, à la fois plus sombre et oni-
rique, que nous allons explorer dans ce livret. Autant le
fond, dans les aspects mythologiques et cosmologiques, que
La description du cas du patient de la cellule 66 ne souleva
que des questions médico-religieuses d’ordre technique, visant à
s’assurer que rien n’avait été négligé qui aurait pu expliquer cette
disparition. Cryptonia fut la première à parler franchement : « Je
crains que ce cas doive être rapproché de certaines disparitions
qui ont eu lieu dans le secteur du Poisson d’argent. Mais comme
nous n’avons pas les mêmes moyens que vous pour… contrôler nos
patients, elles n’ont pas soulevé la même inquiétude. »
Non sans réticence, les deux autres durent admettre que des
cas similaires avaient été observés chez eux. Chaque fois, il
s’agissait de patients posant un problème diagnostique curieux,
mais non inquiétant.
« En résumé, reprit Cryptonia, quelqu’un… ou quelque
chose… est en train de prélever au Lazaret des sujets… étranges,
qui pourraient demain devenir dangereux. Que proposez-vous ?
– Avant de faire appel à Sa Seigneurie, voire à sa Royale
Sainteté, il nous faut savoir ce qu’il en est, et s’il existe des compli-
cités internes. Je propose de choisir quatre prêtres de confiance,
capables d’affronter le danger et surtout l’inconnu, et de leur faire
passer quelques nuits dans la cellule 66. Je pense, chère consœur,
que vous pourrez leur faire absorber quelques substances qui les
rendront… intéressants pour les responsables de cette affaire.
– Le choix sera délicat, gémit Rœntgen. Il faut trouver
quelqu’un sur qui l’on puisse compter, mais dont la perte ne se-
rait pas trop gênante !
– Pour le Crâne, dit Mélantos, c’est très simple : le frère
Nyctos, qui s’occupait du patient de la cellule 66, s’est porté vo-
lontaire. Il sait que ce sera très positif pour son dossier… s’il
revient intact, bien sûr.
– Pour l’Oiseau de feu, j’ai mon idée, grinça Ruborax. Une
prêtresse très compétente, mais qui a parfois trop… d’ardeur
dans l’usage de la Sainte Flamme. »
Cryptonia sourit : « Un défaut qui pourrait se révéler une
grande qualité durant cette mission, je crois. »
la forme, avec d’autres manières d’appréhender certaines
créatures, comme les Utruz et les Félys. Et vous trouve-
rez de quoi jouer – trames de scénarios, lieux, opposants
– pour tester comment Laelith peut être conjuguée avec
le Mythe, pour une atmosphère penchant plus du côté de
la Dark Fantasy. Une sorte de reflet assombri de votre ville
préférée…
Introduction 3
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 1 La toile de fond
De la Création au Châtiment :
le jouet de Nyarlathotep
Le monde de Laelith n’est qu’un parmi la multitude de ceux
du chaos infini où s’ébattent des entités omnipotentes, les
Grands Anciens – Azathot, Nyarlathotep, Hastur… – dont les
desseins tout autant que les pouvoirs sont au-delà du conce-
vable. De ce grand chaos se sont élevés et ont péri des univers
entiers, au gré des caprices et des appétits de ces entités.
Pourtant, celui qui nous intéresse perdura, préservé des
autres dieux par Nyarlathotep, l’Homme Noir, qui voulait en
faire son laboratoire – ou son jouet – personnel. Il s’amusa
à jouer le démiurge, permettant aux habitants de progresser,
les poussant à développer leur civilisation, leur octroyant
une infime partie de son pouvoir à travers la création de
dieux-illusions, nés des rêves et des phantasmes collectifs
des humains et humanoïdes de ce monde, avant de leur faire
don de la magie.
D'autres mondes En cette aube des temps fut érigé le temple des Grands
gardent un oeil Anciens, fruit des rêves troubles envoyés par l’Homme Noir.
avisé sur la cité du Quatre entités y furent principalement adorées, car elles
Roi-Dieu
4
entraient en résonance avec les quatre éléments constitu-
tifs du monde : Nyarlathotep aux mille visages, associé à la
Terre ; Hastur, le seigneur des espaces interstellaires, associé
à l’Air ; Cthulhu, celui qui gît en rêvant, associé à l’Eau ; et
Urhag, le grand-père des braises, associé au Feu.
Durant des générations, prières et sacrifices furent offerts
à ces puissances distantes et cruelles qui, parfois, récompen-
saient leurs adorateurs de miettes de pouvoirs. Ce jeu per-
vers plaisait à Nyarlathotep, mais il savait que ses pairs pou-
vaient à tout instant abuser de leur puissance et détruire par
simple amusement ce qu’il avait créé avec tant de soin. C’est
pourquoi il décida de mettre à l’abri ce monde qu’il considé-
rait comme sa propriété.
Il agit d’abord en inspirant le Collectionneur, un de ses
mignons, pour rassembler les Lithos, ces êtres-pierres im-
prégnés d’antiques et indicibles pouvoirs, puis pour les diri-
ger vers le point nodal de cet univers, le temple des Grands
Anciens, autour duquel Tanith-Lenath avait été bâtie. Les
Lithos devaient fournir l’énergie qui permettrait à un autre
des élus de Nyarlathotep, Orphyr, issu d’une longue sélec-
tion d’humains capables de manipuler la magie, de mettre
en œuvre un sortilège destiné à fermer cet univers à tous
les Grands Anciens, sauf à lui-même. Mais Orphyr déchira
le voile des mensonges et perçut les desseins de son sinistre
mentor. Il décida alors d’inclure Nyarlathotep dans le sort,
verrouillant l’accès de l’univers à toutes ces entités et y blo-
quant leurs serviteurs à jamais.
Mais Orphyr fut contraint de puiser tant d’énergie dans
les Lithos, de déchaîner une telle puissance, qu’il provoqua
ce que les hommes devaient appeler le Châtiment. La ville
fut dévastée, lui-même sentit son corps se consumer et, mal-
gré tous ses sacrifices, le Verrou cosmique mis en place par le
sort garda quelque fragilité : une brèche dans la terrasse du
Châtiment, où se trouvaient les ruines de l’antique temple
des Anciens, tandis que la porte des Rêves restait imparfaite-
ment scellée aux puissances impies. Se sentant mourir et sa-
chant que le sort ne pouvait perdurer que tant que son esprit
réussirait à canaliser l’énergie des Lithos, Orphyr usa de leur
puissance pour se fondre dans la pierre et y gagner un ersatz
d’immortalité en devenant le Lithoracle.
Le nouveau pacte :
Laelith, le Verrou et l’Illusion
Le frère d’Orphyr, Mandala, qu’il avait aidé à mener son
œuvre à bien, fut le premier Roi-Dieu et fonda Laelith, avec
la structure théologique et sociale qu’on lui connaît. Mais il
la fonda à travers un tissu de mensonges créé, à la fois pour
faire perdurer l’œuvre d’Orphyr (protéger cet univers du re-
tour des Grands Anciens) et pour protéger l’humanité des
sentiments d’horreur et de vacuité que pourrait impliquer la
connaissance de la vérité. De même, l’existence de dieux, d’un
sacré abordable, était pour les deux frères un moyen de pré-
server à la fois la paix et l’espoir dans le cœur des habitants.
Le secret a été préservé durant des siècles, partagé seule-
ment par le Lithoracle et certains Rois-Dieux, parfois par un
grand prêtre de confiance – le plus souvent celui qui était
voué à succéder au Roi-Dieu.
Tous les Rois-Dieux jugés dignes par le Lithoracle sont in-
formés de la réalité première de la ville : les dieux adorés à
Laelith n’existent pas, ce ne sont que des images, reflets des
désirs humains. Les miracles et la magie en général ne sont
qu’un usage empirique de l’énergie magique ambiante.
C’est pourquoi l’exclusion des magiciens de la ville obéit à
deux besoins primordiaux :
• éviter toute utilisation profane de l’énergie magique sus-
ceptible d’amoindrir celle dont use en permanence le
Lithoracle ;
• les tenir à l’écart afin d’éviter que des fins connaisseurs des
courants magiques puissent percer le secret de la ville.
Inspiration Derleth,
terminologie Lovecraft
La vision du Mythe professée par l'auteur August Derleth
a été privilégiée dans la conception de ce livret car elle
correspond mieux aux principes élémentaires de Laelith.
Cette conception est légèrement différentes des écrits
de Lovecraft, aussi sentez-vous libre de la considérer
comme une vérité ou juste comme une erreur d’inter-
prétation des premiers dévots. En revanche, la termino-
logie choisie est celle de Lovecraft dont l'oeuvre est libre
de droit. Par exemple, « Grands Anciens » est le nom gé-
nérique attribué aux entités démiurgiques citées dans ce
livret. La notion de serviteur a été conservée. La mytho-
logie de Lovecraft et de ses héritiers étant vaste, au final,
au-delà des concepts proposées ici, choisissez la version
qui vous semblera la plus en adéquation avec vos envies.
Il arrive parfois que le Lithoracle ne juge pas le nouveau
Roi-Dieu digne de confiance et reste muet à ce sujet. Mais
nul n’est besoin du Roi-Dieu pour faire perdurer l’action du
Lithoracle.
Car Laelith n’a qu’une fonction pour le Lithoracle et le
Roi-Dieu, gardiens du sort d’Orphyr : capter l’énergie ma-
gique provenant de la dévotion des fidèles qui élèvent leurs
prières vers leurs idoles vides. C’est cette énergie, transmise
au Lithoracle via les Lithos, qui permet siècle après siècle, de
maintenir le Verrou et de garantir la stabilité de l’univers.
L’Illusion des pèlerinages, de la Cité sainte, des quatre
Temples élémentaires n’a qu’un but : la ferveur qui nourrit
le Lithoracle via le réseau des Lithos. Car à Laelith, n’existe
que les dieux qui ont été effacés du temple des Anciens, ceux
dont les noms gisent encore sur des tablettes enterrées dans
des lieux obscurs, résonnent dans des régions sauvages ou au
sein des rites impies de peuplades dégénérées… De dieux, il
n’y a que ceux qui attendent l’instant où ils pourront balayer
ce monde et cette humanité blasphématrice qui a osé les en
exclure, sans épargner même leurs propres serviteurs, qui
n’ont pourtant de cesse de les faire revenir.
Jeu de pouvoirs
À Laelith
Seules de très rares personnalités sont au courant de la
fragilité de la ville et, par extension, de l’univers. Parmi elles :
le Roi-Dieu, le grand prêtre Valdenath et frère Omnos, as-
sesseur à la confrérie des Rites et mystères du Crâne. Les
deux premiers ont plus particulièrement chargé Omnos
de la veille occulte. Ce dernier peut compter sur la Brigade
spirituelle (voir « Les secrets des Temples »), toute dévouée
au Roi-Dieu, pour mener les quêtes nécessaires en toute
discrétion.
La toile de fond 5
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 1
Les Utruz
Dans cette version
de Laelith, ils sont dif-
férents. Descendants d’une
ancienne civilisation qui
adorait les Grands Anciens
(notamment Cthulhu) et fut
presque détruite au cours du
grand châtiment, ils ne sont
plus aujourd’hui qu’un peuple
misérable et frappé de débilité.
Nombreux sont les Utruz à naître
avec des déformations, des membres
supplémentaires, voire non-viables. Mais
leurs légendes continuent de se transmettre. Dans les plus
anciennes familles, certaines nuits où les étoiles forment
Le grand Cthulhu d’étranges conjonctions, des rites anciens se perpétuent, tan-
dis que des prières se glissent jusqu’à Cthulhu, Père Dagon
et Mère Hydra. Certains Utruz plus fervents ou corrompus
bénéficient même de rêves où ils voient Laelith s’effondrer
dans un tremblement de terre, tandis qu’une entité se relève
du lac… Pas le Grand Ancien lui-même, mais une simple une
créature des hordes de Cthulhu (comme décrite dans Les
montagnes hallucinées) piégée là par le Verrou, mais que les
Utruz confondent avec Celui qui gît en rêvant. Leur mythe
prédit la submersion de toutes les terres lors du cataclysme.
Les Félys
Ce sont les descendants d’une vieille race adorant Bastet,
une entité aussi ancienne que les Grands Anciens. Ils l’adorent
toujours, ainsi qu’un de ses amants ou incarnations, Griffe-
Sang, un félin anthropoïde dédié à la guerre et la violence.
Si les Félys passent leur temps à errer dans la ville et à som-
meiller, c’est parce qu’ils disposent d’un lien très fort avec un
demi-plan, les Contrées du rêve, où leur esprit vagabonde
avec leurs cousins, les chats d’Ulthar (pour en savoir plus, voir
Le cycle des rêves de HP Lovecraft, et À la recherche de Kadath).
Les Félys réagissent mieux à la confrontation aux horreurs
du Mythe ou à leurs serviteurs. Ils conservent leur raison
et, même s’ils sont plutôt enclins à fuir, peuvent aussi opter
pour le combat, comprenant instinctivement le mal qu’ils re-
cèlent. À cet égard, ils servent inconsciemment les desseins du
Lithoracle et la législation de la ville est fort tolérante concer-
nant leurs frasques. Les plus anciens, à force d’avoir erré dans
les Contrées du rêve, en savent long sur certains aspects du
Mythe, mais se gardent bien de partager leur savoir avec qui-
conque. Une légende tenace dit aussi qu’à la toute fin, Bastet
6
viendra les chercher pour les sauver en sautant au-dessus des
abîmes du temps et de l’espace vers un refuge.
Portrait de famille
Cette brève présentation des Grands Anciens indique sur-
tout l’intérêt qu’ils portent à Laelith et la manière dont ils
pourraient intervenir.
Nyarlatothep a toujours été celui qui s’intéressait le plus
à ce plan. Et le revers qu’il a subi avec Orphyr ne lui a pas
fait abandonner ses projets. Il y intervient toujours, pre-
nant plaisir à jouer cruellement avec les humains. Il ne veut
pas tant détruire le monde que l’avoir en son pouvoir, aussi
cherche-t-il insidieusement à modifier le Verrou pour être le
seul à pouvoir y accéder.
Cthulhu est peu intéressé par ce monde. Il se contente
d’envoyer quelques signes à ses serviteurs et sectateurs. Si le
Verrou cédait, il se contenterait de ravager le monde puis de
l’immerger pour laisser libre cours aux créatures marines et
à sa progéniture, les Utruz.
Urhag est indifférent, il a d’autres mondes à martyriser.
Cependant, l’un de ses serviteurs les plus puissants, le Feu
bleu des glaces ou Seigneur des pôles, y est piégé. Moribond,
il attend de pouvoir s’échapper de ce monde et si la condition
pour y parvenir est de détruire le Verrou, il fera son possible.
Hastur, le Seigneur des espaces, est un Grand Ancien
particulièrement malveillant. Sa venue serait synonyme de
destruction. Son accès brutalement refusé dû aux mani-
gances de Nyarlatothep et au verrou d’Orphyr a fait de cette
destruction la seule manière de laver l’affront commis par
l’Homme Noir et ses serviteurs, les hommes. Une pièce de
théâtre, Le Roi en jaune, met en scène son avatar annonciateur
d’apocalypse dans une cité appelée Carcosa et sise au-dessus
du lac Hali. Une parabole pour désigner Laelith et Altalith ?
Shub-Niggurath, la Chèvre noire aux mille chevreaux, est
une entité maligne, dotée d’une fécondité malsaine. Associée
tant à la fertilité qu’à la nature dans ce qu’elle a de plus sau-
vage, elle a été révérée à travers de nombreux noms et l’est
encore chez les peuples primitifs. Sans doute nombre des
cultes qui résonnent au sein du temple du Crâne n’en sont-
ils que des avatars. Shub-Niggurath, à travers ses rejetons
encore disséminés sur la planète, n’hésitera pas à intervenir
s’il est besoin de prouver sa vigueur ou de défendre ceux qui
la révèrent, mais le prix pour ses bienfaits sera toujours plus
important que les maigres bénéfices retirés.
Yog-Sothoth, le Rôdeur devant le seuil, est évoqué comme
un gardien, clef et porte des espaces-temps. Il est celui vers
lequel les occultistes les plus subtils ou les plus ambitieux se
tournent, au regard du savoir universel qu’il détient. On dit
qu’il est capable de donner accès aux moyens de plier les bar-
rières de l’espace et du temps. Quant à ses intentions, elles
dépassent de loin l’entendement humain et celui de ses pairs
doués d’intelligence.

Comment introduire
l’horreur indicible à Laelith
L’horreur est un sentiment aussi difficile à faire naître que
l’émerveillement. Plus difficile encore lorsque l’on joue avec
des vétérans. Sans être exhaustif, quelques points doivent
être abordés : la mortalité, la santé mentale, l’ambiance et
la magie. Il vous faudra sortir vos joueurs de leur zone de
confort, tant dans leurs habitudes de jeu que dans le cadre de
l’univers qui doit s’éloigner des classiques.
La mortalité
L’aspect létal du jeu doit être renforcé. En ce qui concerne
Chroniques Oubliées Fantasy (COF), privilégiez les règles low fan-
tasy avec les PdV réduits, les scores d’attaque différenciés et ré-
duits à un maximum de +10 (voir règles optionnelles p. 136 et
suivantes). Les créatures du Mythe sont au-delà des capacités
des personnages et leurs serviteurs doivent atteindre un degré
de puissance à faire frémir vos PJ et leur donner envie de fuir.
La santé mentale et la folie
Les personnages doivent souffrir mentalement. Voici les
règles pour l’appliquer en jeu. COF et Héros & Dragons (H&D)
ayant le même ancêtre commun, vous pouvez donc utiliser
les mêmes règles avec les exceptions indiquées entre crochets.
Les points de choc (PC)
Chaque personnage reçoit un nombre de points de choc
équivalent aux points de chance normalement attribués à
COF soit 3 + Mod. de CHA. Le PJ dépense un point de choc
à chaque traumatisme subi. Si le nombre de points de choc
atteint 0, la folie le guette.
Perdre des PC
Voici une liste (non exhaustive) des événements pouvant
conduire à perdre un point de choc.
• Subir des violences : le personnage subit des violences
mentales ou physiques contre lesquelles il ne peut pas se
défendre (torture, chantage, détention, etc.).
• Voir des abominations : le personnage est témoin de
scènes de carnage, de torture ou de violence extrême.
• Renier sa personnalité : le personnage agit contre sa na-
ture profonde, par exemple obéir sans discuter pour un
rebelle [agir contre son alignement].
Conseils de maîtrise
• Rencontrer des créatures inconcevables : le personnage
est mis en présence d’entités horribles et surpuissantes
ou de créatures non euclidiennes (c’est-à-dire dont la
nature même n’est pas concevable pour l’esprit humain
puisqu’elles ne respectent pas les lois de ce monde).
• Apprendre des vérités insoutenables : le personnage
prend conscience de la fragilité de l’humanité et du
monde, voués à disparaître bientôt.
Test de choc
Lorsqu’un événement justifie la perte d’un point de choc,
le personnage fait un test de CHA difficulté 10 à 20, selon
l’horreur de l’événement [jet de sauvegarde de Charisme],
pour résister : en cas d’échec, il perd 1 point de choc. De
façon tout à fait exceptionnelle, un traumatisme aigu peut
provoquer la perte potentielle de plusieurs points de choc.
Choc immédiat : si le personnage obtient un résultat final
inférieur ou égal à la moitié de la difficulté sur un test de
choc, il est choqué pour 1d6 tours [rounds]. Le joueur choisit
si son personnage est étourdi (paralysé par la peur) ou s’il fuit
le plus vite possible pendant cette durée [terrorisé]. Si la fuite
est impossible, il est automatiquement étourdi.
Effets
Lorsque les PC sont égaux à 0, le personnage accumule
des points de folie qui sont comptabilisés à part (un point de
folie pour chaque PC qui devrait être perdu).
À chaque fois qu’un personnage obtient un point de fo-
lie, il doit faire un test de CHA difficulté (10 + nombre total
de points de folie) [jet de sauvegarde de Charisme]. En cas
d’échec, il souffre d’une crise de folie à déterminer au hasard.
1d10 Folie
1. Amnésie
2. Autodestruction
3. Catatonie
4. Dédoublement de personnalité
5. Folie furieuse
6. Hallucinations
7. Hystérie
8. Panique
9. Paranoïa aiguë
10. Trouble obsessionnel
Conseils de maîtrise 7
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2
Durée : tant que le nombre de points de folie est inférieur
ou égal au niveau du personnage, la folie est passagère. La
durée correspond approximativement à la scène en cours ou
au minimum à 1d6 minutes.
Si le nombre de points de folie du PJ est supérieur à son niveau,
elle devient permanente. Le personnage souffre d’une crise de
1d6 jours (jet sans limite), puis son état s’améliore. Cependant
cette folie ressurgit automatiquement pour 1d6 minutes chaque
fois que le PJ perd un point de choc, et pour 1d6 jours chaque
fois qu’il gagne un nouveau point de folie ; à moins de réussir un
test de CHA difficulté 20 [jet de sauvegarde de Charisme].
Récupérer les points de choc et de folie
À chaque passage de niveau ou en fin d’aventure, le per-
sonnage récupère tous ses PC.
Score mixte : il est possible d’utiliser une solution hybride en
cumulant la fonction de points de chance et de choc. Ils fonc-
tionnent sur le modèle des points de choc, sauf que – tant qu’ils
sont positifs – le personnage peut volontairement les dépenser
avec les mêmes effets qu’un point de chance [obtenir un avan-
tage sur un test]. Cela simule l’appel à la volonté pour se surpas-
ser dans les moments cruciaux. Cette force de l’âme s’épuise ra-
pidement, laissant l’individu affaibli face à l’indicible. La gestion
du score de choc devient alors un enjeu tactique à part entière.
Adaptez le background
Les créatures
Éliminez les races classiques : elfes, nains, gnomes, orcs et
autres. Elles obéissent à des visions high fantasy et touchent
plutôt au merveilleux qu’à l’horreur indicible. Et cela sous-en-
tendrait que, seuls parmi les races intelligentes, les
humains ont pris conscience du Mythe
– ce serait peu crédible. Par
ailleurs, si vous voulez que
l’ambiance puisse prendre, au-
tant bousculer vos joueurs en
les éloignant de l’aspect stric-
tement heroic fantasy. Cela
n’empêche en rien l’existence
de monstres et d’aberrations
diverses et variées, fruit des
expérimentations des Grands
Anciens, simples rejetons ou créa-
tures venues d’ailleurs.
Dans le cadre de l’adaptation
de scénarios du commerce, les
orcs et gnolls peuvent être rem-
placés par des peuplades humaines
barbares aux mœurs brutales.
Quant aux dragons, conservez-les
mais ils ne sont tout simplement pas
8 gravement à la santé mentale
de ce monde. Ce sont des voyageurs extraterrestres échoués
là et dont les plus anciens ont un savoir à faire frémir vos
aventuriers les plus endurcis.
Les morts-vivants posent moins de problèmes d’intégra-
tion. Les goules peuvent même être considérées comme une
race à part.
Éliminez également les démons. Les seules entités mons-
trueuses sont celles du Mythe. Si dans certaines aventures
apparaissent des « démons », remplacez-les par des créa-
tures du Mythe, soit piochées dans l’œuvre de Lovecraft, soit
inventées de toutes pièces, en reprenant quasi à l’identique
les caractéristiques.
Une autre Laelith
Si vos joueurs connaissent déjà la Ville sainte, il vous fau-
dra casser leurs habitudes. Cette Laelith n’est pas celle qu’ils
connaissent. Vous pouvez l’implanter dans vos propres univers
de campagne, ou la situer dans les Contrées du rêve décrites
par Lovecraft, qui mêlent fantasy et horreur et où les plus aven-
tureux pourront même s’embarquer à la recherche de Kadath.
Vous pouvez aussi considérer que la Laelith version
Cthulhu est l’originale, celle qui maintient la cohésion, non
seulement de son monde de référence mais aussi de ses ré-
pliques (y compris, du coup, la Cité sainte décrite par le livre
principal), qu’elles soient situées dans le monde d’Osgild ou
dans tout autre univers de votre choix…
Cela pourrait être le monde réel. Votre campagne peut
commencer sur la terre, en un lieu connu (New York, Paris
ou Le Caire) et se terminer à Laelith ! Elle peut même se si-
tuer hors du temps sur un demi-plan auquel accéderaient les
pèlerins de différents univers, dont elle serait le noyau en
même temps que le Verrou. De sa
survie dépendrait donc tout le para-
digme. Dans tous les cas, si vous la
réorientez fantasy, évitez l’ambiance
tolkienienne, cela affaiblirait les deux
concepts. Le multivers de Michaël
Moorcock s’adapte par contre très bien.
La magie
La magie doit être plus rare, mais non moins
puissante. Dans COF, privilégiez les règles de
Mana total (p. 180), voire les règles Old School de
magie vancienne (p. 181) limitant le nombre
de sorts en mémoire, cela retranscrirait
mieux l’aspect grimoire sous-jacent
aux ambiances chtulhiennes. Pour les
sorts d’invocation, transformez-les
pour qu’ils correspondent à des créa-
tures du Mythe, notamment en ce qui
concerne les créatures fantastiques, élé-
mentaires ou démons.
La lecture de certains livres peut nuire

Des organisations
Les Vigilants de Boston
Quelque part entre l’Égypte et le Soudan, Archibald Mc
Kenzie et Bob Cotton, professeurs de linguistique à l’uni-
versité de Miskatonic, accompagnés d’Alicia Purcell, jour-
naliste, de la spirite Lena Sokovitch et flanqués de Hans
Grübner, un ancien des corps francs chargé d’assurer leur
sécurité, furent pris dans une terrible tempête alors qu’ils
traquaient un puissant sorcier lié à Yog-Sothoth : Khâ Salam.
La profanation d’un temple très ancien ou l’affrontement
lui-même fut peut-être la cause d’un déchaînement clima-
tique sans précédent. Les boussoles s’affolèrent, le métal des
armes se tordit, les cartouches s’enflammèrent et les aventu-
riers eurent l’impression d’être engloutis dans une tempête
de sable d’une violence inouïe.
Les cinq personnes reprirent connaissance en bordure
d’un désert de sable noir, le corps encore parcouru d’arcs
électriques et l’esprit aussi confus que s‘il avait tourné des
heures dans une lessiveuse.
Les dés du destin roulèrent et affichèrent un résultat en leur
faveur. Émergeant hagards du désert, les aventuriers furent
recueillis par Solmon, un chasseur de trésors qui opérait sou-
vent dans ce secteur. Solmon n’était pas un mauvais homme
et lorsqu’il se rendit compte qu’il avait affaire à des voyageurs
en perdition, il se porta à leur secours et les guida hors du
désert. Il leur donna de l’eau, les soulagea de leur équipement
superflu et tenta de communiquer. Mais les rescapés parlaient
une langue qui lui était inconnue et leurs vêtements étranges
semblaient indiquer qu’ils venaient de très loin. Solmon hésita
un instant à les livrer au maître de la Tour noire contre une
récompense substantielle, mais l’une des femmes lui avait tapé
dans l’œil et il décida de se montrer sous son meilleur jour en
les accueillant dans sa maison du faubourg Glauque.
Une fois soignés et nourris, les voyageurs lui montrèrent
une vive reconnaissance, et le plus âgé lui remit quelques
pièces d’or qu’il tira de sa ceinture. Ils restèrent chez lui un
bon mois, au cours duquel ils apprirent la langue de la cité.
Les deux plus âgés semblaient particulièrement doués et
parvinrent rapidement à mener une discussion simple.
Lorsqu’il leur apparut qu’ils ne pourraient retourner fa-
cilement dans leur monde d’origine, les aventuriers eurent
plusieurs discussions tendues. Ils décidèrent de s’intégrer, en
attendant mieux. À l’exception de Hans, qui travailla un mo-
ment pour un forgeron puis se mit au service d’un caïd local,
le petit groupe se dirigea vers la terrasse de la Main qui tra-
vaille et s’y installa en utilisant les dernières pièces d’or de la
ceinture du Pr Mc Kenzie. Ils se séparèrent de Solmon avec
Eléments pour scénarios
regret, car une sympathie réciproque s’était créée. Pourtant,
au moment de la poignée de main d’adieu, une phrase gâcha
la sérénité ambiante.
« Au fait, qu’est devenu votre compagnon ?, demanda
Solmon qui se remémorait les circonstances de leur rencontre.
— Compagnon ? répondit le Pr Mc Kenzie surpris.
— Oui, le sixième homme, celui qui n’est pas venu avec
vous et s’est enfui en me voyant. »
Cette simple phrase plongea le groupe dans l’effroi. Le
sorcier qu’ils combattaient les avait donc suivis sur ce plan
d’existence. Le combat allait devoir se poursuivre ici.
Vingt années passèrent. Il devint clair que retourner à
Boston relevait désormais de l’utopie. Plusieurs incursions
dans le désert de scories n’apportèrent aucun indice. Il fal-
lut se rendre à l’évidence : les voyageurs finiraient leur vie
à Laelith, loin de leurs proches et de la civilisation qu’ils
connaissaient. Pourtant, l’existence de celui qu’ils avaient
appelé « le Sixième » les préoccupait. Ils avaient apporté le
Mal dans cet univers, et s’en sentaient responsables.
Les aventuriers décidèrent de rester en contact et pour-
suivre leur traque. Ils formèrent une confrérie qu’ils bapti-
sèrent « les Vigilants de Boston », du nom de la ville dont ils
étaient issus pour la plupart. Ils concentrèrent leur attention
sur le désert de scories mais aucun autre voyageur n’en sur-
git, et ils n’entendirent jamais parler du Sixième. Ils établirent
un poste d’observation au plus proche du désert. C’est ain-
si qu’Archibald acheta une vieille taverne dans le faubourg
Glauque, qui devint le lieu de réunion des Vigilants.
Après une période de noviciat, Bob Cotton est entré dans
les ordres et a pris le nom de frère Bocotton. Il officie au
temple du Nuage à un poste subalterne, mais qui lui permet
un accès aux anciens documents cultuels. Il a également ses
entrées à la Bibliothèque matérialiste où son érudition et sa
capacité à déchiffrer les langues étrangères ou anciennes
sont très appréciées.
Après avoir passé quelques années à servir un petit caïd
local, Hans s’est établi à son compte et vit de petits trafics.
Officiellement il est mercenaire et garde du corps. C’est le
moins constant des Vigilants, porté sur l’alcool, le jeu et les
bordels. Le moins impliqué dans la quête aussi, car la vie à
Laelith lui convient. Mais les liens de camaraderie restent
forts.
Alicia, toujours perspicace et curieuse de tout, a acheté
une licence de fouineuse. Elle a plusieurs enquêtes résolues
à son actif, et son statut lui donne accès à des documents qui
peuvent aider les Vigilants dans leurs recherches.
Eléments pour scénarios 9
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Lena a fini par se marier avec un petit noble de la Haute
Terrasse, subjugué par son regard vert et ses accès de mé-
lancolie. Elle a une fille d’une dizaine d’années, Salamé, qui
a hérité de ses pouvoirs. Lena est les yeux et les oreilles de la
confrérie au sein de la haute société.
La confrérie parvient à conserver sa cohésion. Même
Hans répond présent lorsque la situation l’exige, surtout s’il
faut faire le coup de poing et se servir un peu au passage.
Les Vigilants sont toujours impliqués dans la lutte contre les
créatures du Mythe même si jusqu’à présent, ils n’ont affron-
té que des sectes ou des pratiques magiques sans lien avec
elles. Frère Bocotton conserve les archives de la confrérie :
quelques rapports d’enquêtes et surtout de lourds volumes
où les aventuriers ont consigné leurs histoires personnelles
et tout ce qu’ils connaissent du Mythe et de ses dangers.
Ceux des Profondeurs
Charnoz était un jeune prêtre prometteur du Poisson
d’argent, plein de piété et d’allant. Un jour, il embarqua pour
aller célébrer une cérémonie sur le lac d’Altalith, quand une
tempête se leva. Son bateau fit naufrage et lui fut le seul survi-
vant, rejeté sur le rivage d’une île minuscule. Là, il fut secouru,
hélas ! Car ses sauveteurs étaient des Utruz attachés à une très
ancienne tradition : le culte du grand Cthulhu en personne.
Charnoz considéra son sauvetage comme un miracle et se
convertit. Il ne tarda pas à être perçu par les Utruz comme
une sorte de prophète. Sa formation religieuse l’avait prépa-
ré à comprendre le culte de Celui qui gît en rêvant et même
à en approfondir les symboles. Sa réflexion le conduisit à
s’imaginer que les Utruz étaient les descendants dégénérés
des premiers adorateurs de son nouveau maître et que, pour
restaurer le culte et obtenir le réveil de Celui qui dort, il fal-
lait attirer des adorateurs sains – autrement dit, des humains.
Les passagers des bateaux coulés sur l’Altalith par les
fréquentes tempêtes n’y suffiraient pas. Il y ajouta des mal-
heureux enlevés sur les rives du lac, mais ces razzias provo-
quèrent des expéditions punitives. Tout juste put-il créer sa
secte humano-utruz, la baptiser « Ceux des Profondeurs »
et assurer sa succession – depuis, chaque prophète porte le
titre de « charnoz ».
Il y a quelques dizaines d’années, le charnoz en titre put
entrer en contact avec des entités étranges, dont il ne comprit
pas la nature, mais qu’il considéra comme des alliés naturels :
des Lithos égarés, cherchant eux aussi à détruire l’ordre exis-
tant à Laelith. Grâce à leurs pouvoirs, la secte réussit à entrer
en contact avec de « bons sujets », c’est-à-dire des individus
fragiles (surtout mentalement) hospitalisés au Lazaret. Une
fois le contact établi, un sort de portail permet de les récupé-
rer en les faisant passer de l’établissement à un dédale com-
muniquant avec le Cloaque et des grottes sous-lacustres.
En plus du « recrutement » d’un maximum de disciples,
les activités de la secte comprennent l’introduction de ces
10
membres dans la vie laelithienne, de préférence à des postes
de pouvoir. Toutes les places sont bonnes à prendre, en fonc-
tion des qualités des sujets recrutés. Et tous les moyens sont
bons pour aider ces infiltrés à progresser : corruption, inti-
midation, meurtre…
La troisième activité de la secte est, de son point de vue, la
plus importante : œuvrer pour réveiller Celui qui dort sous
le lac – en s’appuyant sur d’anciennes croyances utruz, que
les charnoz successifs n’ont jamais remises en cause ! Dans
ce but, plusieurs moyens sont envisagés et parfois essayés.
Le plus « classique » est le déclenchement de tempêtes
violentes sur l’Altalith. Pour cela, l’association d’anciens sor-
tilèges utruz et d’incantations du charnoz retrouvées dans
d’abominables grimoires est fort efficace, même si elle dé-
pend de certaines configurations astrales. Parfois, certains
charnoz ont tenté d’utiliser les disciples infiltrés dans les
différentes guildes de Laelith pour saper l’organisation de
la Ville, et/ou pour déclencher des conflits avec les gou-
vernements voisins. Évidemment, leur espoir secret est de
conduire un des leurs, non tant à la Divine Royauté qu’au
poste de grand prêtre du Poisson d’argent. Sans succès,
jusqu’ici. Mais la secte continue d’essayer, avec parfois pour
résultat des disparitions brutales au sein de la hiérarchie du
Temple de l’Eau, car celle-ci sait se défendre.
Le clan Katoum
La disparition d’Orphyr et, plus tard celle du Prêtre noir
(voir les PNJ), laissèrent les serviteurs du Mythe désemparés.
Ils se retrouvaient tout à coup comme des aveugles errant
dans le désert, sans consignes ni instructions. Ils ne savaient
plus que maintenir des rites qui perdaient progressivement
leur sens et perpétuer des sacrifices à des divinités avec les-
quelles tout contact était perdu. Faute de guide, la plupart des
serviteurs abandonnèrent les anciens rituels et se tournèrent
vers des cultes qui leur offraient des perspectives. Beaucoup
devinrent des adeptes du Poisson d’argent ou du Crâne, et ils
se fondirent dans la masse des adorateurs des dieux communs.
Le clan Katoum, pour d’obscures raisons, conserva une
partie des traditions, et il fut bien le seul. Cette constance
à adorer les créatures du Mythe, à maintenir la pureté de la
lignée des serviteurs fut à la fois sa force et sa faiblesse. Sa
force, car les anciennes incantations, transmises de généra-
tion en génération, conservèrent une grande partie de leur
puissance et que le culte rendu à Nyarlatothep permit au
Portail de perdurer, même sous une forme très affaiblie. Sa
faiblesse, car la consanguinité, si elle renforça le lien unissant
la famille au Mythe, la transforma physiquement, multipliant
les naissances monstrueuses, les enfants mort-nés ou tarés.
Le clan compte une vingtaine de familles de pêcheurs, éta-
bli dans un quartier insalubre et mal famé de la Chaussée du
lac, où personne ne s’aventure sans y être obligé. On recon-
naît ses membres au premier coup d’œil. Les Katoum sont
trapus, avec un visage lourd et des yeux globuleux. La plu-
part sont prognathes, avec la lèvre inférieure qui recouvre la
supérieure. Ils ont une peau flasque et grumeleuse, des mains
puissantes et rugueuses parfois recouvertes de plaques res-
semblant à des écailles. Lorsqu’ils ne souhaitent pas être
compris, ils s’expriment dans un langage fait de borbo-
rygmes et de claquements de mâchoires. Il s’agit d’un ancien
langage secret, que leurs ancêtres employaient déjà, et qui
n’est pas sans ressembler à un dialecte utruz primitif.
La matriarche Aft’nargal règne sur le clan. Les traits des
Katoum sont plus accentués chez elle. L’absence de pau-
pières donne à son regard froid la fixité de celui d’un cadavre
et des rides sillonnent sa face telle une toile d’araignée. Des
rituels impies, pratiqués dans un temple secret situé sous l’île
aux Scorpions (voir plus loin), lui confèrent une longévité
et une force remarquables, lui permettant de mener le clan
d’une poigne de fer, même si son aspect est celui d’une vieil-
larde sénile et bavante.
Les Katoum vivent de la pêche. Ils exploitent toujours la
même zone, autour d’un îlot dénudé, considérée comme leur
propriété, et l’étranger qui s’y aventure risque davantage des
jets de harpon qu’une pêche fructueuse. De toute façon, la
concurrence ne s’aventure jamais dans ces eaux-là, réputées
peu poissonneuses.
Les Katoum, qui se déplacent le plus souvent en petit
groupe, sont craints des autres habitants de la terrasse, même
lorsqu’ils se contentent de déambuler ou de vendre leur pêche
sur les quais. Des rumeurs persistantes leur attribuent des
pouvoirs de sorciers même si, officiellement, ils vénèrent une
déité mineure du Temple du Poisson d’argent. Ils sont soup-
çonnés de se livrer à de nombreux trafics, y compris d’êtres
humains. Il est vrai que parfois des jeunes filles disparaissent
en bordure de leur quartier, mais il s’agit d’orphelines ou d’en-
fants de familles si pauvres qu’aucune enquête n’est lancée. Les
malheureuses, emportées de nuit jusqu’à l’îlot, connaissent
une fin douloureuse en étant sacrifiées dans le temple secret.
Les disparitions sont suffisamment espacées et habilement
orchestrées pour ne pas attirer les soupçons sur le clan.
Les Mille Visages
Quand Orphyr fut chargé par Nyarlathotep d’interdire le
monde de Laelith aux autres divinités, il était à la tête d’un
groupe d’adorateurs de l’Homme Noir. Mais lorsqu’il lui dé-
sobéit et créa le Verrou, plusieurs de ses compagnons furent
révoltés par son acte. Depuis, les descendants de ces adora-
teurs s’efforcent de briser le Verrou. Ils constituent la secte des
Mille Visages. Heureusement pour Laelith, ils sont beaucoup
moins de mille ! En fait, ils ne sont guère qu’une centaine.
Les figurines d’Anastase (voir les PNJ) sont leur principal
outil de recrutement. Quand un client vient réclamer une
seconde figurine, le sculpteur sait qu’il tient une recrue po-
tentielle. Et une fois qu’il lui en a vendu trois (de plus en plus
cher), il peut lui décrire la réalité du monde et lui expliquer
Les produits du clan Katoum sont réputés pour leur fraîcheur
Eléments pour scénarios 11
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que le jour, inévitable, où le Verrou cédera, seuls les ado-
rateurs de l’Homme Noir seront sauvés ! Et le monde leur
appartiendra.
En attendant, l’espérance de vie des adorateurs en ques-
tion est assez brève. Il semble que porter un ou plusieurs
talismans d’Anastase ne soit pas très bon pour la santé – ils
sont efficaces, mais pas sans effet indésirable ! Le porteur
dépérit peu à peu, d’une étrange maladie de langueur, qui ne
se manifeste que par une toux légère mais obstinée et fina-
lement épuisante. Le phénomène court sur des années, mais
ce léger inconvénient ennuie fort le sorcier. C’est pourquoi,
lorsqu’il repère parmi ses disciples un individu plus résistant
que les autres, il en fait son successeur – un nouvel Anastase.
Ce repérage est facile : lorsque le porteur d’un talisman ré-
siste à son effet délétère, l’iris de ses yeux noircit peu à peu,
tandis que le blanc jaunit… Jaune et noir, le résultat pourrait
être esthétique, mais il est plutôt inquiétant, et Anastase pré-
fère ne pas regarder les gens dans les yeux.
La secte ne se contente pas de diffuser les talismans
d’Anastase. Il en faudrait des milliers pour que leur effet
d’éponge à énergie magique finisse par mettre en péril la
solidité du Verrou. Après la mort de leur porteur, ils conti-
nuent à absorber l’énergie magique de leur environnement,
mais des ennemis inattendus leur font la chasse : des mages
Des PNJ
Onfal, le Prêtre noir
On sait très peu de choses sur ce personnage mystérieux,
et certains érudits doutent de son existence. Grand prêtre
du Crâne, il a vécu probablement deux ou trois générations
après le règne de Mandala. Certainement l’un des grands
prêtres les plus puissants ayant existé, l’étendue de son pou-
voir inquiétait tant ses collègues qu’ils firent barrage à son
accession au titre de Roi-Dieu. Il en conçut une terrible
amertume.
Le pouvoir d’Onfal était tel qu’il parvint à sonder en par-
tie le cœur du Lithoracle, découvrant le secret des Grands
Anciens et l’inexistence des divinités vénérées à Laelith. Son
esprit fut naturellement attiré vers la porte des Rêves dont
la magie exerçait sur lui l’effet d’un aimant et il employa
tout son pouvoir à en explorer les mystères et à en tester
les verrous. Ses expériences oniriques au-delà de la porte et
l’énergie qu’il consacra à ses recherches éveillèrent l’atten-
tion d’un Nyalathotep toujours aux aguets. Par-delà l’espace
et le temps, de brefs contacts eurent lieu, l’Ancien usant de
toute sa séduction pour gagner les faveurs du prêtre, lui fai-
sant miroiter une destinée de Roi-Dieu s’il parvenait à faire
12
des Pics des Mages ! Quelques-uns d’entre eux ont décou-
vert l’existence des talismans. Ils ignorent leur rôle véritable,
mais ils les considèrent comme des réservoirs à énergie ma-
gique, énergie dont ils sont avides. Ils s’efforcent donc de
mettre la main sur les « enfants » d’Anastase, pour lesquels
ils sont prêts à payer fort cher, et d’autant plus cher qu’ils
ont été portés longtemps. Pour un mage de bon niveau – et
tous ceux qui connaissent les propriétés des talismans sont
de bon niveau – c’est un jeu d’enfant de pomper l’énergie
magique des figurines. Mais une fois « vidées », celles-ci
perdent toute propriété magique.
La secte s’est donc donné pour mission de repérer les
mages chasseurs de figurines et de les éliminer… Plus facile
à dire qu’à faire. Elle tâche aussi de hâter le retour de son
dieu par des cérémonies propitiatoires, tenues au sous-sol
de l’atelier d’Anastase. Nul ne sait si elles sont efficaces, mais
elles sont organisées chaque fois que l’un des membres de la
secte meurt. Cette mort est signalée par l’apparition sponta-
née d’un nouveau visage sculpté sur le mur voisin de l’atelier.
Dès qu’Anastase le repère, il charge son apprenti d’en infor-
mer les autres membres de la secte, sous couleur d’organiser
une cérémonie pour une divinité du Crâne (ou de la Taupe).
Mais un véritable prêtre de l’un de ces cultes verrait tout de
suite que quelque chose cloche… à ses risques et périls !
sauter le Verrou. Pour cela, il lui susurra des bribes d’incan-
tations avec l’espoir qu’une fois toutes assemblées, Onfal
prononcerait les paroles libératrices.
Mais la santé mentale de ce dernier ne résista pas aux
contacts répétés et, à Laelith, nombreux furent ceux qui s’in-
quiétèrent de la folie qui semblait le gagner. Une alliance des
trois Temples et de puissants prêtres du Crâne, mit fin aux
rêves de grandeur du Prêtre noir avant qu’il ne parvienne à
lancer l’incantation. Onfal fut capturé et mis à mort. Mais ses
assassins constatèrent qu’il restait au fond de lui une source
de pouvoir qu’ils ne parvenaient pas à éteindre. Il fut donc
transporté, par une nuit sans lune, sur une île déserte (appelée
plus tard l’île aux Scorpions). Loin en dessous s’étendait un
temple très ancien, datant de l’époque d’Orphyr. Onfal, aveu-
glé, fut cloué sur un monumental trône de pierre et ses lèvres
furent scellées. Les grands prêtres murèrent les accès qu’ils
protégèrent par des glyphes de pouvoir, et Onfal fut oublié.
Les chroniques qui l’évoquaient furent détruites ou en-
fouies. Il disparut de la généalogie du clergé du Crâne et
toute information le concernant fut détruite ou frappée d’in-
terdit. Mais Onfal avait consigné les incantations sur cinq
tablettes qui ne furent pas retrouvées…
 Mort, mutilé et emmuré, Onfal ne s’avouait pas vaincu
pour autant. Une puissance maligne brûlait toujours dans
son corps momifié. Très diminué, il ne pouvait plus at-
teindre la porte des Rêves sans aide. Il décida alors d’attirer,
par des songes et des suggestions, les Katoum qui conti-
nuaient à organiser des cérémonies impies sur l’île. Il par-
vint à leur faire abattre le mur qui en empêchait l’accès, mais
ce fut sa dernière victoire. En s’approchant de sa prison, les
gens étaient frappés de démence et s’entre-tuaient à coups
de pioche. Terrifié, le reste du clan
resta désormais en surface. Un ta-
bou frappa les étages inférieurs,
à l’exception de la grotte au
poulpe, et Onfal, qui avait sacri-
fié une grande partie du pouvoir
qui lui restait, ne parvint plus à les
captiver.
Les siècles passèrent. La haine
et la folie continuaient à mainte-
nir Onfal en éveil. Et un jour le
miracle se produisit. Il sentit une
présence approcher et tendit son
esprit afin de l’attirer doucement
jusqu’à lui.
Ramanarosolo,
comte de l’échelle du Radis
Ramanarosolo jouit d’une fortune considérable, léguée
par son épouse. Du vivant de celle-ci, le comte était déjà
féru d’art et collectionnait les beaux objets, mais la mort de
sa femme lui permit de se consacrer entièrement à sa pas-
sion en puisant dans les ressources de son héritage. Il est
surtout intéressé par les œuvres étranges
ou provenant de contrées éloignées. On
lui prête une collection importante de
têtes réduites et de fœtus d’animaux
exotiques conservés dans de grands
bocaux.
Le comte est un personnage ex-
centrique, très cultivé, toujours vêtu de
noir et coiffé de chapeaux extravagants.
Il fréquente la belle société de l’hôtel de
Guerlas, et a pignon sur rue. C’est un per-
sonnage plutôt respecté car son attirance
pour les choses bizarres ne l’empêche pas
d’être un redoutable négociateur dès qu’il
s’agit de débourser le moindre sou.

K’txu était un individu à part chez Il est rapidement tombé sous le

les Katoum. Particulièrement robuste, ses charme de Lena qu’il a épousée, non
traits étaient également plus humains. seulement pour sa beauté, mais aus-
On ignore qui était son père, mais il avait si parce qu’elle partage son goût
hérité de lui une grande force physique pour les choses étranges. La
et une intelligence aiguisée. Il supportait spirite, tout en étant sincè-
difficilement l’autorité de la matriarche rement éprise du comte, a
et se voyait bien en chef de clan, mais compris tout l’intérêt que
son attachement à l’unité du groupe les Vigilants de Bostonne
le retenait. Aft’nargal percevait bien pouvaient tirer d’un tel mé-
qu’elle avait affaire à un adversaire cène. Elle oriente subtile-
potentiel, mais elle le contrôlait encore ment les recherches de son
après avoir fait de lui son second. Après époux dans le but de servir
tout, il était stupide de se priver d’un élé- leurs desseins, dont l’objec-
ment aussi prometteur. tif est toujours de contrecar-
rer les plans du Sixième. Par
D’un naturel indépendant et indiscipliné,
un étrange concours de cir-
K‘txu était attiré par tout ce qui était inter-
constances, le comte est en-
dit. C’est ainsi qu’il s’aventura dans le dédale
tré en possession de l’une
situé sous l’île aux Scorpions et découvrit le
des cinq tablettes d’Onfal.
Prêtre noir. Ayant appris de son échec passé,
Partiellement traduite par
ce dernier se garda d’asservir l’esprit de K’txu par
un érudit, cette découverte
la contrainte. Il flatta son ego et lui envoya des
liée explicitement au Mythe
songes lui promettant un destin grandiose s’il
a mobilisé les investigateurs
se mettait à son service. Et en premier lieu,
qui se concentrent à présent
il lui enjoignit d’aller récupérer les cinq
sur la récupération des autres
tablettes sur lesquelles était consignée
tablettes. Le comte, conseillé par
l’incantation permettant d’ouvrir la Porte
Lena, est l’intermédiaire idéal pour recruter
à Nyarlathotep. Séduit, et peut-être animé d’une duplici-
un groupe d’aventuriers tout en préservant
té qui échappa à Onfal, K’txu se lança dans la quête aux
l’anonymat des Vigilants.
artefacts…
Le comte Ramanarosolo

Eléments pour scénarios 13

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3
Anastase Coudurier,
sculpteur pâtenotrier
Anastase est un artisan réputé qui œuvre dans le quartier
des Ateliers du souvenir, tout près de la Faille – en fait, son
local est l’unique bâtisse donnant sur une minuscule ruelle
qui porte le nom d’échelle des Visages. En face, une so-
lide balustrade protège de l’à-pic qui plonge jusqu’à l’Inlam.
Bizarrement, l’endroit n’est guère fréquenté par les malades
atteints de salfaye, alors qu’il semble tout indiqué pour la
crise finale de cette maladie. Peut-être sont-ils intimidés par
les mille visages sculptés en bas-relief sur le mur aveugle qui
ferme l’extrémité de l’échelle, entre l’atelier d’Anastase et la
balustrade ? Ce mur est un ancien vestige d’un bâtiment dis-
paru. Certains affirment qu’il a été bâti avec des pierres du
temple des Anciens.
Anastase est un homme d’une cinquantaine d’années, vêtu
très simplement, ses habits gris protégés par un tablier de
cuir. Ses traits sont calmes et banals, un visage rond et im-
berbe, un crâne un peu dégarni… Son abord est serein et
aimable – cependant, certains n’apprécient pas qu’il refuse
obstinément de regarder ses interlocuteurs dans les yeux.
Anastase est sculpteur de figurines saintes pour les cultes
du Crâne. En réalité, les fouineurs savent bien qu’il œuvre
surtout pour les adeptes de la Taupe – mais après tout, la
Taupe a un statut semi-officiel, n’est-ce pas ? Notre homme
s’est fait une spécialité des représentations d’animaux sou-
terrains : taupes, mais aussi serpents, araignées, insectes…
Ses petits dragons noirs sont des merveilles… qu’on n’a
aucune envie de voir grandeur nature. Il accepte aussi de
travailler « sur mesure », autrement dit de sculpter des ani-
maux ne figurant pas dans son bestiaire habituel.
Son atelier est très ancien. Dans les archives de la guilde
des Pâtenotriers, à laquelle Anastase est affilié, on peut no-
ter qu’avant notre homme, l’atelier était tenu par son maître
qui l’a formé et qui se prénommait lui-même Anastase –
Anastase Broninck. Et avant lui, son propre maître, un nom-
mé Cornavi, prénom… Anastase. Maître Coudurier a un
apprenti, un certain Crafty, Anastase Crafty, bien sûr. Il lui
ressemble beaucoup, en plus jeune.
Entrez dans l’atelier… Vous y découvrirez une ménage-
rie qui vous aidera à faire votre choix. Mais ce ne sont que
des modèles d’exposition, Anastase travaille uniquement sur
commande.
Ces charmantes petites bêtes, toutes en bronze, sont des
talismans : portez sur vous une araignée d’Anastase et vous
serez préservé des morsures de ces aimables bestioles. Et
plus la figurine est grande et/ou chère, plus elle est efficace.
Anastase laisse entendre que ses figurines sont bénies par
des prêtres de la Taupe – en fait, une enquête chez ces der-
niers conclurait que notre homme leur est inconnu. Pourtant,
ce n’est pas un escroc : ses figurines ont bien l’effet prévu.
14
Mais pour « fonctionner », elles ont besoin d’un lien avec
leur propriétaire – une goutte de son sang –, qu’Anastase
va leur incorporer, en expliquant au client qu’ainsi, la figu-
rine ne bénéficie qu’à lui seul et est inutile à qui voudrait lui
voler. Il pourra produire des témoignages authentiques de
clients détroussés à qui le voleur n’a pas tardé à rendre leur
figurine, car tous les malandrins de Laelith savent que ces
petites choses infligent à leur éventuel « emprunteur » une
malchance tenace !
L’un des secrets d’Anastase est là : ses « enfants », comme
il les surnomme, sont des accumulateurs d’énergie magique,
de celle qui maintient le Verrou d’Orphyr. Ils la détournent
et affaiblissent ainsi la protection qui préserve Laelith de la
colère de Nyarlathotep, dont Anastase est un adorateur…
C’est cette énergie qui leur permet de jouer leur rôle protec-
teur et perturbe le destin des voleurs.
Mais Anastase a d’autres secrets. Il connaît quelques sorts
défensifs – mais il n’y fera appel qu’en cas d’extrême nécessi-
té. C’est surtout le chef des Mille Visages, la secte qu’il a créée
pour permettre à l’Homme Noir de reprendre le contrôle de
Laelith…
Menishbume,
mage de la Tour de l’échec
Les pas de Menishbume la mènent souvent du côté du
désert de scories, depuis qu’elle y a trouvé, un jour de tem-
pête, un tube projetant une vive lueur dès lors qu’on active
sa magie par une pression du pouce. Elle est persuadée que
cet endroit est une source de magie importante, même si sa
nature n’est pas liée à celle qu’elle étudie.
La mage ne paye pas de mine, avec ses cheveux roux en
bataille, son long nez et sa large bouche que tord souvent
un rictus involontaire. Elle arrive à la perfection à arborer
un air niais qui éloigne les soupçons des autres mages de la
Tour et du maître lui-même. Cela lui permet de rôder un peu
partout et de se faire oublier lorsque c’est nécessaire.
Consciente des limites de son pouvoir personnel qui ne lui
permettront sans doute jamais de quitter la Tour de l’échec
pour l’un des deux Pics prestigieux, Menishbume tente de
gagner en puissance en s’appuyant sur des alliés qu’elle pense
contrôler. Dans les archives de la Tour de l’échec, elle a dé-
couvert des documents ayant trait à la capture du Sixième et
à sa détention dans les cachots jusqu’à son évasion incom-
préhensible. Elle est persuadée que l’homme est toujours à
Laelith, et qu’il existe une puissante source de magie non
cléricale dans l’antique temple des Anciens qui ne demande
qu’à être utilisée. Elle a ses entrées dans les bibliothèques et
croit posséder des plans exploitables du temple des Anciens.
Mais il est compliqué pour une mage de se livrer à des en-
quêtes dans la Cité sainte, et elle risque gros à chaque fois
qu’elle s’y déplace. Selon les situations, elle peut être une al-
liée cherchant l’aide d’aventuriers ou une concurrente.
Des lieux
Les jardins du Dénuement
Extrait des « Carnets » d’Hildefons-René de Castelluisant,
voyageur et érudit
« Les jardins du Dénuement sont considérés par la plu-
part des pèlerins comme un endroit fort déplaisant, mais fi-
nalement nécessaire. Ils servent de refuge aux plus démunis,
mais de ceux qui se refusent, par honnêteté ou par crainte, à
rançonner leurs concitoyens plus chanceux en intégrant un
groupe de malfaiteurs. De fait, les Jardins sont sans doute le
seul secteur de la ville qui échappe à l’emprise des guildes.
C’est là que s’installent, par exemple, les artisans à qui leur
corporation a interdit d’exercer pour quelque obscur man-
quement aux règles. Mais pour vendre leurs produits, les
clients étant rares sur place, ils doivent passer par des arti-
sans dûment enregistrés, eux, mais qui n’hésitent pas, profi-
tant sans doute de protections bien placées, à violer les règles
sacro-saintes !
C’est pourquoi, pour survivre, les habitants du Dénuement
doivent souvent accepter les pires travaux de Laelith, ceux
qu’aucune guilde ne veut organiser : homme de bât sur la
schlitte, par exemple… Mais il y a pire. Me souvenant des le-
çons de mon père, d’après qui les plus pauvres sont souvent
les plus accueillants, je n’ai pas hésité à parcourir les Jardins,
portant secours dans la mesure de mes moyens. Et, mieux
encore, en offrant à ces malheureux un bien dont ils sont
trop souvent privés : l’attention d’un de leurs concitoyens de
Laelith (ou, dans mon cas, d’un pèlerin). Et ce que j’ai décou-
vert me trouble profondément.
Le Puy des âmes se trouve tout près des Jardins. Pourquoi
ce vaste espace n’a-t-il pas été envahi par des immeubles
construits par des promoteurs peu scrupuleux pour loger les
nouveaux arrivants à Laelith, toujours nombreux ? Il semble
que nul ne se pose la question. Mais des habitants des Jardins
ont voulu explorer le Puy, dans l’espoir d’y trouver quelque
objet précieux oublié par le temps… En effet, la terrasse de la
Prospérité compte de nombreux collectionneurs de souve-
nirs datant (ou semblant dater) d’avant le Châtiment. Hélas,
leurs recherches ont été fructueuses, comme me l’a expliqué
un habitant des Jardins, un homme de bât que j’avais tiré
d’un mauvais pas sur la schlitte. La cité sainte abrite
des cultes hideux
Eléments pour scénarios 15
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Selon mon informateur, des parchemins jaunis par les
siècles et des objets étranges ont été extraits de ruines
jusqu’alors inexplorées. Mais les découvreurs ont vite
abandonné tout désir de vendre, préférant retourner au
cœur de ces ruines, où des salles souterraines ont été déga-
gées. Il s’agirait d’une sorte de temple, mais dédié à quelle
divinité ?
J’ai voulu visiter ce temple, mais mon ami m’en a dis-
suadé. Il paraît que je me serais mis en danger. Sur mes
instances, il a accepté de s’y rendre, et ce qu’il m’a raconté
est des plus inquiétants. Les membres de la secte adorent
une abomination jaune, qu’ils appellent d’ailleurs le Roi en
jaune, pour éviter de la nommer – son seul nom provoque-
rait l’horreur. J’ignore ce qu’ils manigancent, mais je doute
que cela s’intègre au programme de coexistence des diffé-
rentes divinités de la ville. Mon ami va tenter d’en savoir
plus.
Le cadavre hideusement mutilé de mon ami a été décou-
vert ce matin près de la schlitte. Pour tout le monde, c’est
un accident du travail – mais je sais qu’il ne devait pas tra-
vailler hier soir ! Et j’ai vu le corps : ses traits reflètent un
intense sentiment d’horreur… Profitant de l’indifférence des
services des Temples (un cadavre d’homme de bât sans re-
ligion connue, quel intérêt ?), je l’ai examiné. Dans sa main
crispée par la mort, il tenait un petit objet, dont j’ai eu la fo-
lie de m’emparer. Et maintenant, c’est après moi qu’ILS en
ont !… »
L’île aux Scorpions
À une demi-heure de navigation au sud-est de Laelith,
émerge un îlot rocheux désertique de 300 m de circonfé-
rence. Quelques acacias y poussent de manière anarchique,
masquant une construction très ancienne. Situé à l’écart des
zones de pêche, l’endroit souffre d’une mauvaise réputation.
Le poisson y est rare, de mauvaise qualité, et souvent por-
teur de malformations. Des courants traîtres jettent sur les
récifs les embarcations qui s’aventurent trop près, et celles
qui s’y risquent doivent également affronter les harpons du
clan Katoum. On parle aussi d’une créature ressemblant à un
poulpe géant qui entraînerait les barques des curieux vers le
fond, mais hormis un incident survenu il y a plus d’un an,
aucune preuve ne vient étayer cette théorie.
On accède à l’île par une passe difficile à trouver, une sorte
de chenal étroit qui sinue entre des rochers qui affleurent,
aussi tranchants que des rasoirs. Une petite plage permet
aux Katoum de tirer leurs embarcations au sec. Un sentier
bordé d’épineux conduit de cette plage à un cairn très an-
cien. Malheur à celui qui s’en écarte, car l’île est habitée par
une multitude de scorpions. Ceux-ci grouillent partout :
sous chaque pierre, à proximité de la plage, dissimulés dans
les buissons. Leur présence envahissante n’est pas pour rien
dans la sinistre réputation de l’île.
16
Le cairn semble dater de l’antiquité. Il a sans doute été
érigé voici plusieurs centaines d’années, dans un but à pré-
sent oublié. Ses parois conservent des traces de gravures. Il
est difficile de savoir s’il s’agit de signes, d’inscriptions ou
de dessins. L’extrémité du cairn est barrée par un énorme
bloc de pierre sur lequel est gravé un poulpe gigantesque.
Quel que soit le moment de la journée, les rayons du soleil
passent par l’une des nombreuses petites ouvertures visibles
au plafond et suivent précisément les contours de la porte.
Tant que la porte est frappée par un rayon de soleil, elle reste
close. Mais lorsque la nuit tombe, ou si les rayons sont dé-
viés, le bloc de pierre s’efface et dévoile une imposante volée
de marches qui s’enfonce sous terre.
Le sous-sol de l’île est truffé de couloirs recelant des
niches où ont été déposées les momies des anciennes ma-
triarches. Les salles, les couloirs et la surface de l’île à la
nuit tombée sont parcourus par des créatures ressemblant
à des caricatures de Katoum. Ce sont les Exclus, les enfants
trop marqués par les tares de la consanguinité pour être
acceptés au sein du clan. Difformes, grotesques, dépourvus
de jugement et de langage, animés d’une sombre violence,
ils sont débarqués sur l’île avant la puberté et servent de
gardiens. La matriarche elle-même ne sait pas combien ils
sont. Certains meurent dans les souterrains ou piqués par
les scorpions, mais il en reste toujours assez pour proté-
ger le temple des visiteurs indésirables. Ils sont nourris par
le clan de reliefs de nourriture et de poissons trop abîmés
pour être vendus.
Sous l’île, le dédale de couloirs est impressionnant,
comme si le lieu avait été un endroit très important. Il y
a des siècles, les Katoum entretenaient l’ensemble du site,
mais assaillis de rêves terrifiants qui les menaient à la fo-
lie, ils ont progressivement abandonné l’entretien du sanc-
tuaire, se repliant vers les salles du haut. Ils ont perdu le
souvenir de ces temps anciens mais conservent une crainte
irraisonnée des chemins qui s’enfoncent sous le lac. À pré-
sent, ils se contentent d’emprunter un long passage voûté
menant à une vaste grotte. Une partie de celle-ci est occupée
par un grand bassin communiquant, par un tunnel, avec le
lac d’Altalith. Il y a bien longtemps une matriarche y a piégé
un poulpe d’eau douce, en bloquant la sortie par une herse.
La créature est depuis domestiquée et la chef de clan com-
munique avec elle en émettant des hululements et des sons
aigus. La bête répond à cet appel et se hisse partiellement
hors du bassin. Des offrandes lui sont offertes, sous forme
de poissons et autres. Les femmes capturées par le clan lui
sont également offertes comme un mets de choix. Ces sa-
crifices plongent Aft’nargal dans une transe magique qui lui
permet de communiquer, assure-elle, avec les Anciens. C’est
du moins ce qu’elle fait croire aux membres du clan proster-
nés autour d’elle.
La porte des Rêves
Extrait de « Recherches oniriques » de Dom Felice
« Que le lecteur me permette de résumer ce qu’est cette
fameuse porte des Rêves. Les textes les plus anciens (je parle
d’une époque où notre glorieuse cité répondait au nom de
Tanith-Lenath) évoquent un moment de notre Histoire
où les Quatre Temples n’existaient pas encore. À la place,
se dressait sur les ruines du temple des Anciens un édifice
voué à un culte dont à peu près tout nous échappe. Tout au
plus croit-on deviner que les cérémonies qui s’y déroulaient
avaient pour but de satisfaire des divinités foncièrement
mauvaises et perverses. Le Châtiment, provoqué par le hé-
ros Orphyr, aurait été le prix à payer pour préserver à tout
jamais la cité de leur malveillance en les repoussant dans un
ailleurs nébuleux. Mais certains documents parmi les plus
anciens laissent entendre qu’il resterait dans la cité une faille
permettant, un jour, leur retour.
Sur la foi de ces documents, des générations de chercheurs
et d’érudits se sont échinés à trouver la trace d’une sorte de
portail, tantôt de pierre, tantôt de métal, tantôt de verre,
ouvrant un passage vers les anciens dieux (je les appellerai
désormais “Anciens”, pour davantage de commodité). Les
recherches, concentrées sur les environs du palais du Roi-
Dieu, ainsi que sur la terrasse du Châtiment, n’ont abouti à
aucun résultat probant, mais entraîné les décès parfois inex-
pliqués de nombreux savants trop téméraires.
Qu’on se le dise une fois pour toutes : la porte des Rêves
n’existe pas. Ou plutôt, pas sous la forme communément at-
tendue. J’en eus l’intuition le jour de mon déménagement.
Suite à un revers de fortune, je dus abandonner ma belle
propriété de la terrasse du Nuage pour une masure située en
bordure du Châtiment. Cette demeure avait connu des évé-
nements dramatiques : un crime abominable, un incendie
meurtrier, une épidémie et les personnes qui y avaient vécu
des tragédies riches en émotions : décès, assassinats violents,
chagrins profonds. Les émotions ressenties imprégnaient
les murs comme la suie d’un foyer. Alors que j’avais jusqu’à
présent dormi d’un sommeil de plomb, je connus des nuits
agitées parcourues de rêves intenses, dont je gardais un vif
souvenir au réveil. Je m’en ouvris à mon ami Fra Mercalo qui
me fit part de la théorie suivante : certains endroits, riches
en émotions passées, nous approchent d’un monde différent
du nôtre dont nous ignorons tout. Cette approche est invo-
lontaire et dictée par la densité et l’intensité des émotions
imprégnant le lieu. Dans la majorité des cas, cela n’apporte
d’autres désagréments que des nuits agitées, dont les effets
s’atténuent avec le temps.
Pour passer à l’étape suivante, il faut une démarche vo-
lontaire d’abandon. Fra Mercalo, qui s’intéresse à la folie et
passe du temps à observer les pensionnaires d’une partie du
Lazaret, est persuadé que ceux-ci vivent dans deux mondes
à la fois : le nôtre et celui des rêves, auquel leur aliénation
donne un accès libre et permanent. C’est ce qui nous les rend
si étranges et nous les fait considérer, à tort, comme des ma-
lades mentaux. Car dans cet autre univers, ce sont des êtres
de raison aux comportements rationnels, dialoguant proba-
blement avec des créatures dont nous ignorons tout (mais
que nous supposons maléfiques).
Il est possible de passer la porte des Rêves en toute
conscience : quelques rares documents y font référence.
Lorsque les circonstances sont réunies (des incantations
peuvent être prononcées, et leur puissance renforcée par
des objets rituels), des savants disent être parvenus à quitter
leur corps pour voyager dans le Monde des rêves, expérience
confirmée par des témoins assurant avoir vu un fluide lai-
teux s’échapper de la bouche du sujet et se dissiper dans l’air,
avant de réintégrer le corps d’origine. Dans de rares cas, le
retour n’a pas lieu, et le corps agit alors comme un canard
dont on aurait coupé la tête.
La plupart de ceux qui reviennent sont dans un état de
peur indicible qui nécessite leur transfert au Lazaret, où
ils deviennent des sujets d’étude. Certains guérissent, mais
restent marqués à vie par leur expérience. Ils développent
des phobies irrationnelles et s’isolent progressivement. Les
rares témoignages exploitables décrivent le Monde des rêves
comme un lieu d’angoisses imprégné de l’aura ténébreuse de
créatures dont le seul but est de pénétrer notre monde. “Ces
êtres sont comme des animaux cruels chassés d’une maison
dont la porte ne s’ouvre que pour nous, décrit Ser Melkoton.
Nous pouvons les approcher, car ils nous appellent en se-
cret, mais ils ne peuvent nous suivre lorsque nous nous en
retournons, pour l’instant. Certaines circonstances font que
parfois leurs injonctions parviennent jusqu’à nous. Elles
atteignent les esprits faibles et influençables et orientent
leurs actes. Car une chose est certaine : un jour, par l’action
consciente de l’un d’entre nous, la porte sera déverrouillée et
ils se jetteront sur le monde des humains afin de les asservir
et de se repaître de leurs souffrances.” »
La taverne de Bostonne
Située dans le faubourg Glauque, presque en face de la
Tour majeure et donc proche du désert des scories, la ta-
verne est une bâtisse à un étage, en pierre et bois. Archibald
l’a rachetée il y a une quinzaine d’années à un ivrogne qui
buvait tout son bénéfice. C’est le rendez-vous des Vigilants
qui s’y retrouvent au moins une fois par semaine. Archibald,
très investi dans son nouveau métier, a transformé le bouge
sordide en un établissement propre, plutôt bien fréquenté.
Les habitués apprécient une bière de qualité, et une décora-
tion surprenante. En effet, les Vigilants sont persuadés que
d’autres personnes peuvent être victimes de la même mésa-
venture qu’eux. Ils ont donc aménagé le lieu de manière à
attirer l’attention de tout nouveau visiteur. Dans la taverne,
mais également dans les rues voisines, des affiches rédi-
gées en anglais et en allemand invitent d’éventuels égarés à
Eléments pour scénarios 17
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3
contacter Archibald. Des gravures représentent des scènes
de la vie quotidienne aux États-Unis, ainsi que des lieux
réputés : pyramides, tour Eiffel, Big Ben… Une grande sta-
tue de la Liberté en bois marque l’entrée de l’établissement.
Au-dessus de la porte, grince une enseigne représentant le
buste de l’oncle Sam, auréolé de l’inscription « taverne de
Bostonne ». Malgré la faute d’orthographe produite par le
forgeron, elle est du plus bel effet ! Un drapeau américain
flotte au sommet d’un mât fixé au pignon du bâtiment et les
premiers mots de la Déclaration d’indépendance sont gravés
sur le fronton de l’entrée.
Archibald, toujours à l’affût d’informations, reçoit avec
beaucoup de prévenance toute personne ayant un pro-
fil d’aventurier. Avec le temps et l’aide de Solmon, la salle
Des histoires à suivre
Disparitions inquiétantes
Ce synopsis de scénario découle directement de la nou-
velle d’introduction. La secte de Ceux des Profondeurs éta-
blit des portails entre le Lazaret et des souterrains qu’elle
considère comme son domaine, afin de « prélever » parmi
les patients de l’établissement des sujets vulnérables qui
viendront grossir ses rangs.
Les PJ peuvent être recrutés par les autorités du Lazaret
parmi les voyageurs en observation ou les aventuriers déjà
installés en ville. Mieux encore, on peut jouer des person-
nages créés exprès : des prêtres désignés par ces mêmes
instances au sein du personnel. Dans ce cas, le nombre de
PJ idéal est de quatre, un par Temple. Cette origine ne nuit
nullement à la diversité : le prêtre de l’Oiseau de feu joue-
ra plutôt « guerrier », celui du Crâne plutôt « mage », celui
du Poisson d’argent plutôt « clerc » et celui du Nuage plutôt
« voleur » ou « ranger ». Si les PJ s’en sortent vivants (et re-
lativement sains d’esprit !), ils pourront former une équipe
intéressante pour d’autres scénarios.
Comme évoqué dans la nouvelle, la solution la plus di-
recte (sinon la moins risquée) pour éclaircir les disparitions
est de faire passer les PJ pour des recrues possibles de la
secte. Ils vont alors se retrouver dans une grotte sous-la-
custre, devant un comité d’accueil constitué de six Utruz
et deux humains, qui se présentent comme des serviteurs
de Celui qui dort sous le lac. Ils sont chargés de l’évalua-
tion et de la formation des nouvelles recrues. Bien entendu,
pour leur convenir, il est recommandé de rater ses tests de
santé mentale ! Des drogues fournies par la section Poisson
d’argent du Lazaret seront probablement nécessaires.
18
commune est devenue le repaire des chasseurs de trésor qui
s’aventurent dans le désert des scories. Il y a donc de belles
rencontres à y faire. Le tavernier met également à la dispo-
sition de ses clients un gros registre dans lequel il les invite
à consigner les événements mystérieux auxquels ils ont été
confrontés. Les auteurs des textes les plus surprenants, lus
en séance publique chaque vendredi, sont récompensés d’un
repas et d’une pinte de bière. Leurs récits font également
l’objet d’une enquête discrète, car les Vigilants traquent avec
obstination tout indice pouvant les relier à une manifesta-
tion liée au Mythe.
À l’étage, une pièce bien protégée renferme des biens pré-
cieux rappelant leur vie d’avant : vêtements, photos jaunies,
papiers officiels.
Ensuite, les cérémonies d’initiation organisées par Ceux
des Profondeurs risquent fort de provoquer une perte plus
réelle de santé mentale.
Pour s’évader des grottes sous-lacustres, il faut soit très
bien nager (vraiment très bien), soit disposer de moyens
pour respirer sous l’eau (sorts, matériel), soit passer par le
Cloaque. Cette dernière possibilité peut être intéressante,
car après quelques heurts avec des créatures de bas niveau,
il est possible de négocier avec des démons proches de
Trevelian. Car les habitants du Cloaque n’ont aucun atome
crochu avec les sectateurs de Cthulhu ! Cela dit, faire cause
commune avec eux n’est pas très bon pour l’équilibre psy-
chologique des PJ…
L’autre solution est d’enquêter en ville pour retrouver
certains des disparus. Cela ne devrait pas être trop difficile
pour des PJ débrouillards, car tous les voyageurs entrant au
Lazaret sont fichés. Bien sûr, ils peuvent changer de nom,
mais étant donné l’organisation des guildes de Laelith, il
est plus difficile de changer de profession, et un commer-
çant en tissus (par exemple) ayant telle caractéristique phy-
sique et un comportement un peu atypique, cela devrait se
repérer.
Arrêter l’un de ces individus n’est pas une bonne idée –
pour le faire parler, il doit être examiné par un prêtre du
Crâne au Lazaret (l’un des PJ, peut-être). Pour cela, il fau-
dra d’abord éviter qu’il ne se suicide, puis, lors de l’examen,
qu’il ne devienne tout à fait fou… Le pire serait bien sûr qu’il
contamine l’examinateur !
Autre possibilité : épier les faits et gestes de la nouvelle re-
crue de Ceux des Profondeurs. Là, tôt ou tard, les PJ devront
aller au QG de la secte, soit en piquant une tête dans le lac,
soit en suivant l’un des sectateurs traversant un portail, soit
en passant par le Cloaque (voir plus haut).
La fin du scénario peut être plus ou moins spectaculaire.
L’élimination des agents de la secte est un remède provisoire
(un animal doté d’un excellent odorat – chien, doudilain –
peut aider à les dépister, car ils sentent un peu le poisson).
Une opération d’éradication menée conjointement par des
agents du Roi-Dieu et du Cloaque sera très difficile à mettre
en œuvre, mais efficace. Enfin, les griffes de la secte seront
très sérieusement rognées si les PJ peuvent mettre hors-jeu
les Lithos qui lui permettent de créer des portails. Obtenir
d’eux qu’ils cessent d’aider la secte est possible, à condition
de vaincre le charnoz dans un duel mental qui risque fort de
coûter sa santé mentale au PJ le plus impliqué. L’aide d’un
Félys sera très bienvenue : les Contrées du rêve sont un bon
moyen d’entrer en contact avec les Lithos.
Demoiselle en détresse
Les PJ sont à court de ressources et dépensent leurs
dernières pièces dans une taverne de la Chaussée du lac.
Remarquant leur infortune, le tabergiste les met en contact
avec un couple de pèlerins âgés assis tristement au fond de la
salle. Ils déplorent la disparition de leur fille Vallera. Celle-ci
a disparu alors qu’elle était partie seule à la découverte de
la terrasse. Les pèlerins ne sont pas très riches et n’ont pas
été pris au sérieux par les autorités qui ont d’autres chats à
fouetter en raison d’une recrudescence de cambriolages sur
les quais. Par contre, ils donneraient volontiers la totalité de
leurs économies, de quoi vivre plusieurs semaines à Laelith,
pour retrouver leur fille.
L’enquête va mener les aventuriers en bordure du quartier
des Katoum. Des commentaires de pêcheurs habitant tout
près et quelques rapports du contingent de ville concernant
des disparitions doivent les mettre sur la piste des membres du
clan. Pour l’instant, une tempête sur le lac empêche la naviga-
tion, et ils ne peuvent se rendre sur l’île pour sacrifier Vallera.
K’txu a la garde de la jeune femme, qui est retenue au sous-
sol de sa maison. Pour les aventuriers, enquêter dans le quar-
tier des Katoum est impossible. Dès qu’ils y pénètrent, ils sont
interpellés par une bande armée de harpons qui les en chasse.
Mais une visite furtive permettra d’entendre les sanglots
de Vallera, enfermée dans une cave dont le soupirail donne
sur la rue. Impossible de la sauver tout de suite : les Katoum
sont nombreux et bien armés. Il faut aussi éviter d’attirer
l’attention afin qu’elle ne soit pas changée de prison. Par
contre la jeune femme connaît le nom de son geôlier, K’txu,
et elle sait qu’il s’absente souvent. Peut-être qu’en le suivant
hors du quartier il est possible de lui voler les clés de la cave ?
K’txu, de son côté, a remarqué la beauté de sa captive
et décide de lui épargner le sacrifice. Il préfère la vendre à
Graillasse la maquerelle. Aidé de quelques jeunes Katoum,
il va tenter de la transporter secrètement de nuit jusqu’à la
maison de Graillasse…
Le retour du Sixième
Capturé par le maître de la Tour de l’échec à sa sortie du
désert et frappé d’amnésie due aux effets de la tempête, Khâ
Salem (voir Les Vigilants de Bostonne dans les organisa-
tions) croupit une vingtaine d’années dans les geôles souter-
raines du sinistre sorcier. Il était extrait de temps en temps
pour participer, avec d’autres esclaves, à des fouilles clan-
destines en bordure du désert des scories. À la suite d’une
nouvelle tempête, il recouvra la mémoire et trouva assez de
duplicité et d’énergie pour s’évader. Réfugié en bordure de
la terrasse du châtiment, il vit à présent d’expédients. Mais
l’utilisation de la porte des Rêves lui permit de retrouver
un peu de pouvoir et d’invoquer avec succès une horreur
chasseresse.
Les Vigilants finissent par être informés d’événements
étranges en bordure de la terrasse du Châtiment et lancent
un groupe d’aventuriers sur la piste du sorcier. Ces derniers
vont être confrontés aux manigances de Khâ Salem qui com-
mence à regrouper des adeptes et à rendre un culte secret à
Yog-Sothoth. L’utilisation de la porte des Rêves lui fait éga-
lement entrevoir la présence du Prêtre noir et les possibilités
qui s’offriraient à lui s’il parvenait à le libérer.
Une enquête rapide va mettre les PJ sur la trace de l’hor-
reur chasseresse qui terrorise le quartier. Pourvoyeuse de
victimes pour les sacrifices rituels auxquels Khâ Salem se
livre devant ses adeptes, elle va les mener dans les caves d’une
maison en ruine où se déroulent les cérémonies impies.
Cette mission doit permettre aux aventuriers de décou-
vrir quelques éléments du Mythe tout en mettant en échec
les plans du sorcier… Qui parviendra bien sûr à s’échapper,
ivre de vengeance, à l’issue de la mêlée finale…
Eléments pour scénarios 19
Bastien ROUX_VOLLON - rouvebast@gmail.com - 202111/358601/905865
4 Bestiaire
Créatures du Mythe
Dagon
Père Dagon est le dieu des Utruz, peut-être même leur
créateur. Il attend son heure dans les profondeurs du lac
d’Altalith, perdu dans des songes qui parfois débordent sur
la réalité. Le dieu endormi ressemble à un Utruz géant dont
les traits ichtyens sont plus prononcés, ce qui le rend très
semblable à un sahuagin de près de 12 mètres de haut.
Amphibien : Dagon peut respirer dans l’air aussi bien que
dans l’eau.
Langues : abyssal, céleste, infernal et primordial, télépathie
à 36 m.
Mauvais rêves : lorsque ses rêves sont perturbés, ils af-
fectent parfois le monde réel.
Lorsque des Utruz combattent ou sont tués en nombre inha-
bituel, il y a 2 chances sur 6 (1-2 sur 1d6) que cela provoque un
des événements suivants pendant 1d6 jours tout autour du lac :
1d6 Résultat
1-2 le temps devient pluvieux et orageux, le tout
accompagné d’impressionnants éclairs.
3-4 tous les sorts et pouvoirs de divination qui
permettent d’obtenir des présages (comme
augure) donnent un résultat négatif, quelles que
soient les circonstances.
5-6 les gens font des cauchemars et dorment mal. Il faut
réussir un jet de sauvegarde de Sagesse DD 12 pour
réussir à bénéficier des effets réparateurs du sommeil.
POUR COF
NC 20, taille grande
FOR +15 DEX +0 CON +15
INT +7 SAG +5 CHA +5
DEF 26 PV 200 Init 10
Griffes +21 DM 4d6 + 15
Trident (2 attaques) +21 DM 4d6 + 15
Tempête foudroyante (60 m) DM 10d6 + 30 (zone)
Voie du colosse rang 3
Voie des créatures magiques rang 1 (armes magiques)
Voie de la magie de combat rang 1 (tempête
foudroyante)
Toutes les Voies du nécromancien au rang 5
POUR H&D
Créature monstrueuse (titan) de taille Gig, Chaotique Mauvais
Classe d’armure 18 (armure naturelle)
Points de vie 472 (27d20 + 189)
Vitesse 18 m, nage 18 m
20
FOR DEX CON INT SAG CHA
30 (+10) 11 (+0) 25 (+7) 20 (+5) 14 (+2) 20 (+5)
Jets de sauvegarde For +17, Dex +7, Con +14, Int +12,
Sag +16, Cha +12
Immunité contre les dégâts de foudre, froid, poison ;
contondants, perforants et tranchants infligés par des
attaques non magiques
Immunité contre les états terrorisé, paralysé,
empoisonné
Sens vision véritable 36 m, Perception passive 19
Puissance 23 (50 000 PX)
Actions
Attaques multiples. Dagon a deux attaques de griffes et
deux de trident.
Griffes. Attaque au corps à corps avec une arme : +17 au
toucher, allonge 3 m, une cible. Touché : 20 (3d6 + 10)
dégâts tranchants.
Trident. Attaque au corps à corps avec une arme : +17 au
toucher, allonge 9 m, une cible. Touché : 29 (3d12 + 10)
dégâts perforants.
Actions légendaires (3 par round)
Projection. Dagon saisit et projette une créature de
taille G ou inférieure contre laquelle il a réussi une
attaque de griffes. Elle est lancée à 18 mètres dans une
direction aléatoire et jetée à terre. Si une cible projetée
percute une surface solide, elle subit 3 (1d6) dégâts
contondants par tranche de 3 mètres parcourus. Si la
cible est projetée sur une autre créature, cette dernière
doit réussir un jet de sauvegarde de Dextérité DD 18 ou
subir la même quantité de dégâts et être jetée à terre.
Embrocher. Si Dagon réussit son attaque de trident, la
cible est empoignée (évasion DD 20). Elle est entra-
vée et subit automatiquement les dégâts du trident
à chaque début de tour de Dagon jusqu’au terme de
cette empoignade.
Tourbillons. Des tourbillons apparaissent dans une zone
de 18 mètres autour de Dagon, rendant le terrain
difficile. Toutes les créatures dans cette zone doivent
réussir un jet de sauvegarde de Force DD 23 ou être en-
travées. Les tourbillons disparaissent à la fin du round.
Tempête foudroyante (coûte 2 actions). Dagon peut créer
par magie trois éclairs, chacun pouvant frapper une
cible en vue dans un rayon de 60 mètres de lui. Une
cible doit effectuer un jet de sauvegarde de Dextérité
DD 23, et subit 44 (8d10) dégâts de foudre en cas
d’échec au jet, ou la moitié de ces dégâts en cas de
réussite.
Lanceur de sorts (coûte 3 actions). Dagon peut utiliser
n’importe quel sort de la liste d’ensorceleur ou de
druide jusqu’au niveau 9 (nombre total d’emplace-
ments équivalent à un lanceur de sorts de niveau 18,
DD 22).
Maigres bêtes INT -3 SAG +2 CHA -4
de la nuit DEF 16 PV 21 Init 17
Aiguillon +6 DM 1d4 + Poison
Ces créatures humanoïdes nichent dans les entrailles té- Griffes +6 DM 1d6 + 2
nébreuses des hauts volcans au nord des pics des Mages. Saisie +6 DM test de FOR difficulté 15 pour résister
Leur tête dépourvue de visage est surmontée d’une paire de
Voie des créatures volantes rang 1 et rang 3
cornes courbées. Elles ne prennent leur envol que les nuits
L’union fait la force : une maigre bête seule n’est pas assez
sans lune, lorsque leur peau caoutchouteuse et noirâtre les
forte pour emporter un homme dans les airs, mais
camoufle parfaitement. Leurs ailes membraneuses battent
deux sont suffisantes. Si deux bêtes réussissent une
lentement dans un silence surnaturel, tandis qu’elles fondent saisie durant le même tour, la proie est emportée dans
sur leur proie par surprise. Elles s’attaquent en nombre à des les airs comme si la bête était de taille grande (rang 3
malheureux isolés, lorsqu’aucun témoin ne peut les observer. de la Voie des créatures volantes).
Elles aiguillonnent la victime de leur longue queue barbelée Discrétion : les bêtes obtiennent un bonus de +5 aux tests
afin de la désorienter, tandis qu’elles l’emportent dans les de DEX (discrétion). Au premier tour de combat, si elles
airs et se la disputent. Parfois le souffre-douleur est reposé attaquent en vol et de nuit, la cible doit faire un test de
en ville, terrorisé et balbutiant ; d’autres fois, vêtements en SAG difficulté 20 ou être surprise.
lambeaux, il est déposé au sommet d’un pic glacial. Mais les Poison : test de CON difficulté 15 ou immobilisé pour
bêtes commettent parfois une erreur de manipulation ou se
1d6 minutes.
lassent de ce petit jeu et que la victime s’écrase au sol sans POUR H&D 
plus de cérémonie.
Créature monstrueuse de taille M, Neutre Mauvais
Jeu macabre : si la victime est emportée dans les ténèbres, Classe d’armure 17 (armure naturelle)
elle est passée de bras en bras à des hauteurs vertigineuses, Points de vie 44 (8d8 + 8)
voire lancée dans les airs comme un vulgaire ballon et sou- Vitesse 12 m, vol 18 m
vent rattrapée in extremis avant de s’écraser au sol. La cible FOR DEX CON INT SAG CHA
doit faire 3 tests de choc difficulté 10. Si au moins un test est 14 (+2) 16 (+3) 13 (+1) 4 (-3) 14 (+2) 2 (-4)
raté, elle perd 1 PC. Si tous les tests sont réussis, les bêtes, Compétences Discrétion +9, Perception +5
frustrées de ne pas faire hurler leur proie, la laissent finale- Sens Vision dans le noir 36 m, Perception passive 15
ment tomber… Langues –
Dangerosité 3 (700 PX)
POUR COF  Vol silencieux. Une bête vole en silence, si elle attaque
NC 3, taille moyenne depuis les airs par une nuit sans lune, elle obtient un
avantage à son test de Discrétion (DEX) au premier
FOR +2 DEX +3* CON +1
round de combat (surprise).

Bestiaire 21

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4
Actions demande un test de choc DD 20 la première fois qu’un PJ y
Attaques multiples. La bête peut faire une attaque est confronté (perte de 1 PC).
d’aiguillon et une attaque de griffes ou une attaque
d’aiguillon et une attaque de saisie. POUR COF 
Aiguillon. Attaque d’arme au corps à corps : +6 pour
toucher, allonge 1,50 m, une cible. Touché : 2 (1d4)
dégâts perforants et jet de sauvegarde de Constitution
DD 15 ou la cible est empoisonnée pour une durée de
1d6 minutes.
Griffes. Attaque d’arme au corps à corps : +6 pour toucher,
allonge 1,50 m, une cible. Touché : 6 (2d4 + 1) dégâts
tranchants.
Saisie. Attaque d’arme au corps à corps : +6 pour toucher,
allonge 1,50 m, une cible. Touché : la cible est empoi-
gnée (évasion DD 15). Jusqu’à la fin de l’empoignade,
la cible est entravée. Si deux bêtes réussissent une
empoignade durant le même round, elles peuvent
emporter dans les airs une victime de taille moyenne
ou inférieure.
Rampant des angles
Le rampant des angles est attiré par les voyageurs qui dé-
fient les lois de l’espace ou du temps. Il se manifeste d’abord POUR H&D 
sous la forme d’un nuage de brouillard qui suinte d’un angle
(90° ou moins) dans l’environnement direct de sa proie. Puis,
il se matérialise sous la forme d’un molosse décharné dont
le pelage s’évapore en lambeaux de brouillard fuligineux. Sa
gueule dégouline d’une substance bleue, poisseuse et em-
poisonnée, elle s’ouvre sur une longue langue osseuse avec
laquelle il aspire les fluides vitaux de sa victime.
Invocation involontaire : les rampants des angles sont une
plaie pour les magiciens qui voyagent à travers les dimen-
sions. À chaque fois qu’une créature originaire du plan maté-
riel se déplace en contournant les lois ordinaires de l’espace
ou du temps (téléportation, clignotement, pas de l’ombre ou pas
brumeux, forme éthérée, passe-muraille, arrêt du temps, hâte, len-
teur, etc., liste non exhaustive), lancez un d4. Sur un résultat
de 4, un rampant des angles est invoqué à l’endroit d’arrivée
du voyageur… Relancez le dé, chaque nouveau résultat de
4 amène un rampant supplémentaire et un nouveau lancer
de dé. Le rampant met 1d4 rounds pour se matérialiser, et
ensuite il pourchasse sa proie avec un instinct infaillible.
Téléportation : le rampant des angles peut s’enfuir dans
son propre plan ou se téléporter d’une distance maximum
de 200 mètres en passant par des angles. Il se transforme en
brouillard fuligineux et s’introduit par un angle et vice versa
au point d’arrivée.
Choc : la première fois qu’un PJ voit un rampant surgir
d’un angle et se matérialiser, il doit réussir un test de choc
DD 15 ou perdre 1 PC. Si un rampant commence à aspi-
rer son essence vitale, un PJ doit réussir un test de choc DD
20 ou perdre 1 PC. Enfin, découvrir l’enveloppe vide lais-
sée par la créature après avoir aspiré la vie d’un individu
22
NC 5, taille grande
FOR +3 DEX +4* CON +3
INT -1 SAG +2* CHA -4
DEF 18 PV 30 Init 23
Morsure +9 DM 2d6 + 3 + Poison
Voie du prédateur rang 1
Voie des créatures magiques rang 1 (armes magiques)
Téléportation (L) : voir ci-dessus.
Poison : la victime doit faire un test de CON difficulté 15
ou être paralysée (aucune action). Dans ce cas, le ram-
pant des angles plonge sa langue creuse dans le corps
de la victime et commence à aspirer son énergie vitale.
À chaque tour suivant, il lui inflige 2d6 DM qui sont à la
fois retranchés de ses PV actuels et de son score de PV
maximum. À 0 PV, la victime meurt. Les PV perdus sur
le score maximum sont récupérés au rythme de 1 par
jour et la victime est affaiblie tant qu’ils n’ont pas tous
été récupérés.
Créature monstrueuse de taille G, Neutre Mauvais
Classe d’armure 17 (armure naturelle)
Points de vie 45 (7d10 + 7)
Vitesse 12 m
FOR DEX CON INT SAG CHA
14 (+2) 18 (+4) 13 (+1) 8 (-1) 14 (+2) 4 (-3)
Compétences Discrétion +8, Perception +6
Résistance contre les dégâts contondants, tranchants,
perforants non magiques
Immunité contre les dégâts de poison
Immunité contre les états spéciaux empoisonné
Sens Perception passive 16
Langues –
Dangerosité 5 (1 800 PX)
Poison. La victime doit faire un jet de sauvegarde de
Constitution DD 15 ou être paralysée. Le rampant en
profite pour aspirer sa vie et elle subit automatique-
ment 2d6 dégâts nécrotiques à chaque tour suivant, à
la fois retranchés de ses PV actuels et de son score de
PV maximum. À 0 PV, la victime meurt. Les PV perdus
sur le score maximum sont récupérés au rythme de 1
par jour et la victime est empoisonnée tant qu’ils n’ont
pas tous été récupérés.
Téléportation. Utilise son action (voir plus haut).
Actions
Attaques multiples. Le rampant effectue deux attaques
de morsure.
Morsure. Attaque d’arme au corps à corps : +6 pour
toucher, allonge 1,50 m, une cible. Touché : 11 (2d6 + 4)
dégâts perforants et poison (voir ci-dessus).
Templier noir
Un templier est un homme athlétique à la peau noire,
doté d’une tête d’animal (crocodile, chacal, etc.) et vêtu d’un
simple pagne. Il comprend toutes les langues, mais ne parle
pas. Il a le pouvoir de créer des labyrinthes pour y piéger ses
victimes. L’entrée peut être une simple porte au fond d’une
cave ou le fond d’une impasse sombre. Le but des templiers
noirs est d’emprisonner et de pousser à la folie tous ceux qui
entrent dans leur labyrinthe. Cet espace entre les dimensions
est en réalité une sorte de temple de Nyarlathotep et chaque
victime qui y perd son humanité renforce l’existence du lieu
et le pouvoir du Pharaon noir. Les templiers sont sans doute
le plus grand danger menaçant le Verrou.
Immortel : dans son temple, le templier est immortel. Tué,
il réapparaît en 1d6 heures. Il n’est vaincu que si l’entrée du
labyrinthe est détruite durant cette période.
Odeur de mort : le templier dégage une terrible odeur dans
un rayon de 3 mètres autour de lui. Chaque personnage pré-
sent dans cette zone doit réussir un test de CON difficulté 15
(jet de sauvegarde de Constitution DD 15) au début de son
tour où être affaibli (empoisonné pour H&D).
Le labyrinthe : celui qui y pénètre a l’illusion de parcou-
rir des pièces ordinaires, toutes différentes, jusqu’à ce qu’il
s’aperçoive que la structure est sans fin et qu’il est incapable
de retrouver la sortie. Lorsqu’il comprend qu’il est perdu, le
sujet doit faire un test de choc difficulté 15 (1 PC). Chaque
mois passé dans le labyrinthe, il doit faire un nouveau test de
choc difficulté 15 (1 PC). Un personnage qui devient fou se
transforme en serviteur.
Serviteurs : le templier pourchasse les prisonniers pour les
transformer en serviteurs. Pour cela il peut les réduire à 0
PV ou les rendre fous. La seconde méthode ayant sa préfé-
rence. Les serviteurs sont reconnaissables à leur peau d’un
noir d’encre. Ils se déplacent en groupe de 1d6 et attaquent
tous les humains qu’ils rencontrent. Leur profil technique
est identique à celui de leur vivant, mais ils se battent à mains
nues. Ils sont toujours affamés.
Vivre dans le labyrinthe : de la nourriture et des boissons ap-
paraissent aléatoirement chaque jour dans certaines pièces.
Ce sont des ressources précieuses qui nécessitent d’explo-
rer le labyrinthe de longues heures et parfois d’affronter des
serviteurs.
Trouver la sortie : il faut cartographier le labyrinthe (au
moins en partie), trouver la porte de sang, apprendre que
seul le sang du templier peut l’ouvrir (un serviteur peut le
révéler s’il est interrogé en jouant sur sa faim), et après avoir
défait le templier, réussir à y répandre son sang avant qu’il
ne réapparaisse.

Bestiaire 23

Bastien ROUX_VOLLON - rouvebast@gmail.com - 202111/358601/905865

4
POUR COF 
NC 4
FOR +5 DEX +2 CON +4
INT +0 PER +0 CHA +1
DEF 16 PV 59 Init 12
Épée courte +6 DM 1d6 + 5
Morsure +6 DM 1d4 + 1
Voie des créatures magiques rang 1 (RD 5 armes
magiques)
POUR H&D 
Fiélon de taille M, Neutre Mauvais
Classe d’armure 13 (armure naturelle)
Points de vie 85 (10d8 + 40)
Vitesse 12 m, vol 18 m
FOR DEX CON INT SAG CHA
16 (+3) 15 (+2) 18 (+4) 12 (+1) 14 (+2) 12 (+1)
Résistance aux dégâts d’acide, de feu, de foudre, de ton-
nerre ; contondants, perforants et tranchants infligés
par des attaques non magiques
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6. Notice of License Copyright: You must update the COPYRIGHT NOTICE portion of this License
to include the exact text of the COPYRIGHT NOTICE of any Open Game Content You are copying,
24
Immunité contre les dégâts de froid, de poison et
nécrotiques
Immunité contre les états spéciaux charmé, empoigné,
empoisonné, épuisé, entravé, paralysé, pétrifié et terrori-
sé lorsqu’il est dans son labyrinthe
Compétences Perception +5
Sens Vision dans le noir 18 m, Perception passive 15
Dangerosité 4 (1 100 PX)
Actions
Attaques multiples. Le templier peut faire une attaque
de morsure et deux à l’épée courte.
Épée courte. Attaque d’arme au corps à corps : +6 pour
toucher, allonge 1,50 m, une cible. Touché : 7 (1d6 + 4)
dégâts tranchants.
Morsure. Attaque d’arme au corps à corps : +6 pour
toucher, allonge 1,50 m, une cible. Touché : 6 (1d4 + 4)
dégâts perforants.
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Arneson.
Héros&Dragons. Copyright 2018, Black Book Éditions. Auteurs : Pierre Balandier, Thomas Berjoan,
Laurent Kegron Bernasconi, Julien Dutel, Géraud Myvyrrian G et Thomas Robert.
Chroniques Oubliées Fantasy. Copyright 2009, Black Book Éditions. Auteurs : Laurent Bernasconi,
Raphaël Bombayl, David Burckle, Damien Coltice et Didier Guiserix.
Laelith, Laelithulhu. Copyright 2020, Black Book Éditions.
Bastien ROUX_VOLLON - rouvebast@gmail.com - 202111/358601/905865
 N’est pas mort
ce qui à jamais dort…
sous la ville
Dès sa création en 1986, les premiers
auteurs de Laelith ont dansé avec les ombres
inquiétantes du Mythe de Cthulhu, la
cosmogonie tirée de l’imaginaire de l’écrivain
américain H.P. Lovecraft. Au milieu d’un
univers médiéval fantasy, dans les recoins se
sont glissés des références, des ouvertures,
des trappes vers les Contrées du rêve et des
abominations cosmiques.
Ce livret propose justement d’explorer dans
le détail cette possibilité, le reflet assombri
de la cité Sainte. Une version plus sombre
et onirique de la ville du Roi-Dieu, une
proposition de Dark Fantasy, une conjugaison
au Mythe et des passerelles vers Cthulhu.
Tout un programme.
Cet ouvrage contient :
• Une revisite des secrets de Laelith
• Des conseils de maîtrise et de nouveaux
éléments de règles
• Des éléments de jeu clé en main,
organisation, PNJ et lieux
• Des synopsis
• Créatures du Mythe, un petit bestiaire
inédit et adapté pour COF et H&D
Laelithulu est un supplément de background
et de règles qui peut s’apprécier de façon
indépendants mais pour en profiter
pleinement, il est vraiment préférable de
posséder l’ouvrage principal, Laelith.
Laelithulhu est un supplément compatible
avec Chroniques Oubliées Fantasy et Héros &
Dragons.

BBELAELL05
© Black Book Éditions, 2020. Casus Belli, Black Book Éditions, Chroniques Oubliées Fantasy et Héros & Dragons
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