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Alexis répond au numéro de téléphone de sa banque :

"Mon compte a été vidé en 1h"


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Le mode opératoire utilisé par les escrocs rend cette arnaque difficile à déceler par les
enquêteurs de police. Une victime témoigne auprès d'actu Rennes.

Alexis, victime d’une arnaque au faux conseiller téléphonique, à Rennes. (©Hugo Murtas / actu
Rennes)

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Depuis le début de l’année 2023, le nombre de victimes ayant contacté la plateforme
cybermalveillance.gouv.fr pour une arnaque au conseiller bancaire a augmenté de 50%.
Depuis, la police alerte sur la multiplication de ces arnaques au faux conseiller.

Si ce type d’escroqueries bancaires déguisées (souvent surnommées « spoofing ») ne


sont pas nouvelles, le mode opératoire utilisé par les voleurs surprend les enquêteurs.
Les escrocs parviennent en effet à détourner des numéros de téléphone appartenant à
de véritables agences bancaires.

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À Rennes, Alexis*, 25 ans, a récemment été victime d’un escroc ayant réussi à lui
soutirer près de 500 euros sur son compte en l’espace d’une heure.

Pour mieux comprendre la situation, actu Rennes l’a rencontré aux côtés des policiers au
sein du commissariat central.

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L’escroc se fait passer pour le service des fraudes


Le jeune homme reçoit d’abord un SMS avec le nom de sa banque. « L’écriture était la
même que lorsque je reçois un message de ma banque, pour un virement par exemple »,
commente t-il. Ce SMS l’informe qu’un conseiller souhaite le contacter dans les plus
brefs délais.

Les échanges SMS entre l’escroc et la victime. (©Transmis à actu Rennes)

Quelques secondes plus tard, il reçoit un premier appel, puis un second provenant d’un
numéro inscrit sur le site officiel de sa banque. « C’était exactement le même. »

La personne au bout de fil se présente comme employé bancaire au service des


fraudes. Il parle de manière professionnelle et m'informe que mon compte a été
piraté.

Le voleur précise à la victime qu’un achat de 1000 euros, réalisé avec sa carte bancaire
à Bordeaux, a été bloqué à la suite d’une supspicion.

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« J’étais à Bordeaux une semaine avant pour voir ma sœur. Ça pouvait coïncider« ,
explique le jeune homme, certain de ne pas avoir indiqué sur ses réseaux sociaux qu’il
était en séjour en Gironde. « Je ne l’avais dit nul part. »

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Rennes

L’escroc demande une sécurisation du compte


Très vite, Alexis se montre convaincu par le discours fallacieux de cet escroc.

« Ils sont volubiles, mais très pros », commente t-il à nouveau. En confiance, le voleur
demande alors au Rennais de sécuriser son compte en transférant ses fonds sur un
nouveau compte.

Alexis, victime d’une nouvelle arnaque téléphonique à Rennes. (©Hugo Murtas / actu Rennes)

Pour réaliser ce transfert, l’escroc invite le jeune homme à ajouter un nouveau


bénéficiaire via son application mobile. Une fois l’ajout effectué, l’homme est méfiant et
décide de ne transférer qu’une partie de son argent.

J'avais 200 euros sur mon compte courant et 300 euros sur mon compte épargne.

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« Aussitôt, l’escroc m’a rappelé avec le même numéro pour m’informer que le compte
n’était pas encore sécurisé », explique Alexis, finalement convaincu par les propos.
« J’ai donc tout transféré à ce nouveau compte bancaire. »

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L’escroc lui raccroche au nez après l’opération


Alexis reçoit alors un dernier SMS lui indiquant que son compte « a été mis en sécurité
avec succès ». Alors qu’il est toujours en ligne avec l’escroc, la conversation se
coupe. Le voleur lui a raccroché au nez et ne donnera plus aucun signe de vie.

Il y a ce moment de vide où on ne comprend pas ce qu'il se passe. Je me suis


retrouvé avec mon compte vidé en une heure en un claquement de doigt.

Le premier réflexe d’Alexis est d’appeler sa mère, puis son agence bancaire. « Nous
étions un lundi et mon agence était fermée », soupire t-il, avant d’ajouter : « Il avait bien
prévu son coup. » Les policiers de Rennes expliquent que, selon les propos de la
victime, l’agence bancaire ne lui aurait fourni aucune aide.

À partir du moment où je leur ai dit que j'avais ajouté un bénéficiaire, c'était fini.
Pour eux j'étais en tort et limite responsable de la situation.

Alexis, victime d’une nouvelle arnaque téléphonique à Rennes. (©Hugo Murtas / actu Rennes)

« Tout le monde peut se faire avoir »

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Les heures passent et Alexis doit s’y résoudre : il a bel et bien été victime d’une
arnaque. Une mésaventure qui l’affecte encore aujourd’hui dans son rapport aux autres.

Je suis de nature méfiante à la base, peut-être même de trop selon mes proches
qui m'ont poussé à m'ouvrir davantage aux autres. Cette fois-ci je n'aurais pas dû
les écouter. On se moque souvent des victimes mais je témoigne pour dire que tout
le monde peut se faire avoir.

Le Rennais a depuis déposé une plainte au commissariat. Une enquête menée par la
Brigade financière de la police de Rennes est en cours. « Il est très difficile de remonter
jusqu’aux chefs de réseaux d’arnaqueurs, mais la Brigade financière de Rennes a déjà
interpellé plusieurs membres », précisent les policiers à actu Rennes.

Des conseils pour éviter ces arnaques


Pour éviter les escroqueries, les forces de l’ordre donnent certains conseils.

« Au moindre doute, on ne va pas au bout de l’opération. On se renseigne auprès


de sa banque avant d’effectuer la moindre opération. »
« L’absence de code de sécurité ou de demande d’authentification forte doit être un
signal d’alerte. »
« On ne transmet jamais ses coordonnées et ses codes. »

Invité sur les antennes de France Bleu en mai 2023, Jean-Jacques Latour, directeur de
l’expertise cybersécurité, rappelait qu’un « conseilleur bancaire qui vous informe d’une
fraude ne va rien vous demander de faire. Il est tout à fait capable de bloquer le compte
lui-même. »

Enfin, la Banque de France a récemment émis des recommandations visant à


améliorer les démarches de remboursement des victimes de fraude tout en rappelant
la responsabilité des utilisateurs dans la sécurité de leurs moyens de paiement :

Dès lors qu’une transaction contestée par le titulaire du compte n’a pas fait l’objet
d’une authentification forte, l’établissement teneur de compte est tenu de la lui
rembourser sans délai, c’est‐à‐dire, au plus tard, à la fin du premier jour ouvré
après réception de cette contestation.
Si une transaction contestée par l’utilisateur a fait l’objet d’une authentification
forte, alors il revient à l’établissement teneur de compte de déterminer si cette
transaction peut être considérée comme autorisée par l’utilisateur.

Enfin, les associations de consommateurs comme UFC-Que Choisir s’appuient


régulièrement sur des cas de jurisprudence. Nos confrères de Ouest-France mettaient
par exemple en avant une décision de la Cour d’appel de Versailles, datant de mars
2023, ayant donné raison à un client bancaire, victime d’une arnaque au faux conseiller.

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« La banque a ainsi été condamnée à rembourser le montant détourné par les escrocs,
soit 54 500 €, augmentés de 1 500 € au titre du préjudice moral. Par cette décision, la
Cour d’appel a estimé que la négligence grave du client n’était pas caractérisée », écrit le
quotidien.

*Prénom d’emprunt

#Arnaque

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