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Depuis quelques années, les enquêteurs de la police judiciaire ont remarqué que
filières de blanchiment s’étaient professionnalisées. Certaines équipes proposent
ainsi leurs services à des réseaux de trafiquants « en manque d’expertise et de
ressources internes » pour les aider à dissimuler la provenance de l’argent
liquide, a expliqué vendredi la commissaire divisionnaire Cécile Augeraud à
l’occasion de la présentation du rapport annuel du Sirasco (Service
d’information, de renseignement et d’analyse stratégique sur la criminalité
organisée). Leur mission ? Éviter tout passage par le réseau bancaire traditionnel
afin d’éviter de susciter la curiosité de Tracfin, la cellule de renseignement
financier.
Mécanismes de compensation
Ces professionnels du blanchiment ont aussi recours à des mécanismes
de compensation variés, difficilement détectables. La police
judiciaire a par exemple découvert que des membres de la diaspora
chinoise, installés en région parisienne et spécialisés dans le
commerce du textile, récupéraient « des liquidités importantes »
provenant du trafic de stupéfiant. « En compensation, ils exportaient
depuis la Chine, via un système de fausse facturation, des produits
vers le Maroc » qui étaient ensuite revendus sur place, a raconté la
patronne de l’OCRGDF. Permettant ainsi aux trafiquants de récupérer
leur argent sur un compte à l’étranger.
Malgré le haut degré de sophistication de ces systèmes de
blanchiment, les enquêteurs parviennent parfois à démanteler certains
réseaux. Fin 2017, les limiers de l’OCRGDF sont parvenus à mettre
hors d’état de nuire une équipe qui, en 18 mois, « avait blanchi plus de
70 millions d’euros ». 32 personnes avaient été interpellées, 17
écrouées. Les policiers ont également saisi 1,2 million d’euros
d’avoirs criminels. Dans ce dossier, baptisé « Emporio », ils avaient
également découvert l’existence de liens « entre des sarafs marocains
et algériens ». « C’était un peu une première, a confié Corinne
Bertoux. Chaque fois, on découvre de nouvelles méthodes
employées. »