e marché mondial de la contrefaçon et des rapport aux plateformes lambda où s’écoulent
répliques des produits de luxe est estimé à 1,9 mil- allègrement les contrefaçons. liard de dollars. Une projection par essence sujette D’où le recours à une application comme à caution : aucun faussaire ne publie ses résultats Entrupy, une IA qui a développé des capacités de et de nombreux points aveugles existent, dont le reconnaissance en ingérant par deep learning des nombre de faux échappant à la détection. Car les milliers de références de produits authentiques et faussaires font tout autant preuve d’innovation contrefaits afin de se constituer une base de don- que les maisons de luxe qu’ils piratent. Ils utilisent nées. En scannant le produit avec un simple smart- des techniques de plus en plus sophistiquées pour phone, le logiciel est capable de reconnaître des élaborer leurs avatars, comme la découpe au laser propriétés microscopiques du produit permettant ou l’impression 3D. Au point qu’ils réussissent par- de détecter des anomalies. fois à duper les créateurs mêmes du produit origi- D’autres préconisent une approche plus radi- nal. Un peu comme un faussaire qui parviendrait cale via une autre forme de technologie : celle de à glisser un tableau dans le catalogue d’un artiste la blockchain. Insérer une empreinte NFT à même sans que celui-ci ne s’en rende compte. le produit lui assure dès la naissance une inviolabi- Pour qualifier ces répliques bénéficiant des lité sur toute la chaîne d’approvisionnement, cir- dernières avancées technologiques, les profession- cuit de revente compris. Et épargne au passage des nels parlent désormais de “ super-fake ”. Or, entre procédures de contrôle humain nécessairement le faux et le super-faux, il n’y a pas seulement une chronophages et coûteuses... différence de degré mais aussi de nature. L’écoule- ment des faux grossiers de la contrefaçon clas- sique constitue un marché parallèle dans les échoppes borgnes du monde entier, sans lien réel avec la véritable clientèle de luxe, celle qui se four- nit dans les flagship stores de luxe de l’avenue Aux contrefacteurs physiques s’ajoute- Montaigne à Paris, de la Toison d’Or à Bruxelles raient ceux du monde numérique. ou dans les Rues-Basses à Genève. Mais les super- Avec des effets systémiques aux allures faux, eux, sont à même d’infiltrer la clientèle de luxe notamment via les sites de revente haut de boîte de Pandore. de gamme comme le Sellier (Londres) ou Closet (Genève), qui écoulent des sacs et des accessoires de luxe à une clientèle du monde entier. Idéal sur le papier. Comme toute nouvelle Et la riposte à cette attaque des super-faux technologie qui a vite fait de se prendre pour une technologiques ne peut être que technologique. panacée... Pourtant, cela comporte un risque d’ou- Par l’IA par exemple. Certes, l’authentification vrir le champ à un autre type de pirates : les hac- experte humaine permet encore d’écumer une kers. Aux contrefacteurs physiques s’ajouteraient grosse partie des faux classiques (l’odeur du cuir, ceux du monde numérique. Avec des effets systé- le piqué d’une couture, etc. ) mais il existerait miques aux allures de boîte de Pandore jetant la encore 15 % de marge d’erreur par rapport aux suspicion sur tous les produits d’une maison. Car super-faux, explique Hanushka Toni, la fondatrice un système qui se décrète infalsifiable l’est jusqu’à de Sellier, dans un entretien donné à HTSI, le sup- que quelqu’un soit parvenu à le falsifier. Selon une plément luxe du Financial Times. Ce qui est évi- règle aussi vieille que le monde qui veut que quoi demment beaucoup trop pour des sites qui qu’on fasse, le prisonnier a toujours un temps cherchent à construire un lien de confiance par d’avance sur le geôlier. z