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Id ergo agat vir pius, ut claris et apertis fidem, spem, charitatem alat : haec
intellegit populus christianus Psalmos quos cantat, credit bonum esse quod
cantat. »
C’est un fait établi que les Psaumes et les autres Écritures sont composées, l’Esprit
Saint y pourvoyant, afin que des [choses] claires et évidentes soient intercalées au milieu
d’obscurités enchevêtrées : sur ce sujet Augustin [dit] avec grande justesse : « Par les
passages évidents on remédie à la faim : par les [passages] obscurs à l’ennui. » Que
l’homme pieux pourvoie à cela, afin qu’avec [ces choses] claires et évidentes il nourrisse
[sa] foi, [son] espérance : qu’il les imprime dans [sa] mémoire ; que par elles il s’élève
jusqu’à Dieu. Dans les obscurités, qu’il pense d’abord à ce que le même Augustin dit : « Si
le peuple chrétien comprend peu les Psaumes qu’il chante, il croit que ce qu’il chante est
bon. » Avec cette confiance, qu’il se prépare pour un chemin vers l’intelligence, le même
Augustin [en étant] témoin (garant) : « la foi [est] chemin de l’intelligence ; l’intelligence le
fruit de la foi. » De là, qu’il cherche les sens cachés avec un pieux zèle/effort et [les] goûte
plus agréable[ment], comme un suc [une fois] le noyau brisé.
L'Esprit saint, qui a inspiré les Psaumes comme les autres parties de l'Écriture, a permis qu'il y eût
des obscurités mêlées à des vérités claires et palpables. Sur quoi saint Augustin dit avec beaucoup de
raison : « Ce qu'il y a de clair contente le goût, ce qui est obscur l'exerce et empêche la monotonie. » Le
lecteur religieux doit se mettre dans la disposition de profiter de ce qu'il entend pour s'exciter à a foi, à
l'espérance, à la charité, pour l'imprimer dans sa mémoire, et s'élever jusqu'à Dieu. S'il est arrêté par des
choses qu'il n'entend pas, qu'il se mette devant les yeux les autres paroles du même saint docteur : « Peu
importe que le peuple chrétien ne comprenne pas les Psaumes qu'il chante ; il n'en croit pas moins chanter
de bonnes chose. » Dans cette confiance, qu'il se dispose à recevoir l'intelligence ; car c'est encore saint
Augustin qui nous l'assure : « La foi conduit à l'intelligence ; l'intelligence devient le fruit de la foi. » Avec
ces pieux sentiments, qu'il médite, qu'il cherche à découvrir les sens cachés ; et il en goûtera mieux le suc
intérieur renfermé sous l'écorce, par le travail même que cette étude lui aura coûté.