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Annales.

Economies, sociétés,
civilisations

Comparaison entre les numérations aztèque et égyptienne


Geneviève Guitel

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Guitel Geneviève. Comparaison entre les numérations aztèque et égyptienne. In: Annales. Economies, sociétés, civilisations.
13ᵉ année, N. 4, 1958. pp. 687-705;

doi : https://doi.org/10.3406/ahess.1958.2777

https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1958_num_13_4_2777

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Comparaison entre les numérations

aztèque et égyptienne

De bons auteurs, étudiant l'histoire de la numération, ont passé


sous silence les numérations précolombiennes qui réservent
pourtant des surprises. Il y a, en effet, une parenté intellectuelle frappante
entre les numérations aztèque et égyptienne et entre les numérations
maya et babylonienne. Dans cette étude, nous nous limiterons à la
comparaison entre les numérations aztèque et égyptienne. Ce choix se justifie
parce que la conception intellectuelle de ces deux numérations est très
simple, alors que les numérations maya et babylonienne sont aussi évoluées
intellectuellement que notre propre numération.
Quand on examine un nombre écrit par les Aztèques ou par les
Egyptiens, on ne peut s'empêcher de penser à un enfant qui, au lieu de se
contenter d'aligner péniblement des bâtons, aurait reçu un matériel d'écriture
des nombres sous forme de figurines symbolisant non seulement l'unité
mais aussi la dizaine, la centaine... Ecrire un nombre devient alors un jeu
assez raffiné, exigeant soin, patience et méthode.

Pour situer le caractère primitif de ces numérations, nous


commencerons par montrer comment on peut classer simplement les divers types
de numérations, écrites, en nous excusant de ce début un peu technique.
Dans tout ce qui suit, il ne s'agira que de numérations écrites
suffisamment évoluées pour que, une base ayant été choisie, on sache décomposer
chaque nombre en puissances successives de cette base. Dans ces
conditions, on peut distinguer trois types fondamentaux de numérations
écrites :
Les numérations écrites les plus primitives utilisent le principe
d'addition. La base et chacune des puissances de la base sont représentées par
autant de symboles distincts, que nous appellerons chiffres. Par exemple,
si la base est 10, il faudrait, pour écrire le nombre 7 534, grouper sept
chiffres identiques représentant chacun le nombre 1 000, ensuite cinq
chiffres identiques représentant chacun le nombre 100, puis trois
chiffres identiques représentant chacun le nombre 10 et enfin quatre

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ANNALES

chiffres identiques représentant chacun l'unité, au total 19 symboles.


Tous ces chiffres seront placés les uns à côté des autres, en général dans
un ordre déterminé, mais sans aucune autre indication : le fait que ces
symboles sont groupés implique que leurs valeurs conventionnelles doivent
être additionnées.

Le second type de numération est plus complexe, hybride en quelque


sorte. Là encore, aucun signe opératoire n'est mentionné, mais il est
possible que deux chiffres étant groupés d'une certaine manière, ceci
implique que leurs valeurs doivent être multipliées. L'un de ces chiffres
représente toujours une puissance de la base, l'autre un nombre inférieur
à cette base. L'ensemble de ces deux signes ayant ainsi acquis la valeur
de leur produit, leur groupement s'incorporera désormais au nombre
comme un symbole unique et les valeurs des autres chiffres lui seront
automatiquement additionnées sans que jamais aucun signe opératoire
indique qu'il s'agit maintenant d'une addition. Cette écriture d'un nombre
devient ainsi assez abstraite : il est en effet impossible de savoir combien le
nombre contient d'unités, même si la valeur des chiffres utilisés est connue,
tant que les lois qui en régissent le groupement n'ont pas été expliquées.
L'exemple le plus proche de nous est celui de la numération grecque.
Une myriade étant symbolisée par la lettre M, si cette lettre est surmontée
d'un petit y, la lettre y signifiant trois unités, il s'agira de 3 myriades,
c'est-à-dire du nombre 30 000 ; si l'on écrivait My, le nombre se lirait
10 003.
Mais le meilleur exemple d'application du type hybride est celui de
la numération chinoise, car le principe de multiplication de deux
symboles s'applique à toutes les puissances de la base, dix en l'espèce (11) x.
Les chiffres sont régulièrement disposés, les uns au-dessous des autres
en colonnes verticales ; le nombre se lit de haut en bas, en commençant
par la plus grande puissance de la base ; elle est surmontée par un chiffre
dont la valeur est comprise entre 1 et 9 et qui indique combien de fois
cette puissance de la base doit être comptée. Il en est ainsi pour toutes les
puissances de la base, en terminant par les unités simples. Dans ces
conditions, il est impossible qu'il y ait jamais la moindre ambiguïté,
même si l'une des puissances de la base vient à manquer. Le fait que cette
combinaison de multiplications et d'additions jamais exprimées est
intégralement appliquée, donne à cette numération chinoise une écriture des
nombres très systématique et de caractère déjà très évolué.
C'est la brièveté de leurs mots monosyllabiques qui a permis aux
Chinois d'inventer cette remarquable écriture des nombres ; ils ont pu

1. Les chiffres entre parenthèses se rapportent aux numéros des ouvrages de la


Bibliographie placée à la fin de cet article.

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NUMÉRATIONS AZTÈQUE ET ÉGYPTIENNE

traduire très simplement leur numération parlée en utilisant pour les mots,
dix, cent, mille des signes aussi simples que ceux qu'ils utilisaient pour
nommer les premiers nombres. Tout s'est passé pour eux comme si nous
écrivions le nombre 7 534 sous la forme 7 m 5 с 3 d 4, les lettres m, c,
d signifiant 1 000, 100, 10. Cette écriture des nombres ne suggère
évidemment l'idée de multiplication et d'addition qu'aux seuls mathématiciens !
Il est bien difficile de savoir si l'idée de multiplication était incluse
dans l'esprit des Grecs lorsqu'ils écrivaient 30 000 à l'aide de la lettre M
surmontée de y, il est bien probable qu'ils ne songeaient qu'à trois
myriades, ce qui était déjà très remarquable. L'étude de deux numérations
appliquant le principe d'addition montrera que remplacer les premiers
nombres, — qu'il s'agisse d'unités simples ou des premiers multiples des
puissances de la base, — par des chiffres bien individualisés, dans lesquels
l'unité a disparu, représente un effort intellectuel dont nous ne pouvons
plus mesurer la difficulté.

Le troisième type de numération est la numération de position. Quand


elle atteint sa complète évolution, elle n'utilise pour écrire tous les
nombres, si grands soient-ils, que n chiffres, zéro compris, pour une base
contenant n unités.
Chaque chiffre exprime par sa forme un certain nombre d'unités,
mais, en outre, la place qu'il occupe relativement aux autres chiffres
indique qu'il groupe soit des unités simples, soit le même nombre d'unités,
mais d'une puissance déterminée de la base. Avec la numération de
position, nous atteignons la représentation la plus abstraite de l'écriture des
nombres, la seule qui permette d'effectuer rapidement les quatre opérations
fondamentales de l'arithmétique. La numération de position, comme
l'alphabet, a été un merveilleux instrument de transmission de la pensée. C'est
l'exploitation de ces deux inventions d'origine orientale qui a permis à la
culture occidentale de se répandre dans le monde entier, l'invention de
l'imprimerie ayant assuré à l'écriture la possibilité d'une diffusion universelle.

Comparons maintenant la numération égyptienne à la numération


aztèque. Ces deux numérations utilisent, très correctement, au stade
moyen de leur évolution, le principe d'addition.
La numération aztèque était à base 20 (on sait que cette base a été
abondamment utilisée en Amérique). Elle n'utilisait que quatre chiffres ;
un petit disque ou un doigt levé pour les unités simples, un drapeau pour
20 unités, un chiffre qui ressemble à un petit arbre pour 400, mais qui
signifie « aussi nombreux que les cheveux dans une natte », et enfin le
nombre 8 000 = 203, qui était représenté par un sac « aussi nombreux

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Annales (13e année, octobre-décembre 1958, n° 4) 5


ANNALES

que les grains d'encens contenus dans le sac utilisé par les prêtres dans les
cérémonies » (2) [fig. 1].
La numération égyptienne utilisait la base 10. L'unité était
représentée par un petit trait vertical ; la dizaine par un signe ressemblant à un
CHIFFRES 1

.i. 10 100 1000 10 000 100 000 1 000 000

EGYPTE 1 n С?
î 1 - У

1 20 400 8 000

AZTEQUE ou
n P I

EXEMPLE 31 416

EGYPTE III
III
lui A (? G

Jk JLJk Ш: mm PIPIPIP
AZTEQUE Jltfft*«tfft
li. ••••••••
E.
Î3 Jg gf T**' ****** PIPPP

Fig. 1. — Ecriture d'un nombre": Egypte, Aztèque.

Justifions le choix de cet exemple : il nous aurait plu d'utiliser une constante
universelle, la vitesse de la lumière 299 776, exprimée en km par seconde ; mais ce nombre,
supérieur à 160 000, ne pouvant être représenté correctement avec les quatre chiffres
de la numération aztèque, un cinquième chiffre eût été indispensable. Les numérations
aui utilisent le principe d'addition ne peuvent en effet fixer le nombre de leurs chiffres :
dépend de la grandeur du nombre qu'on veut représenter symboliquement. Le
nombre 31 416 n'a pas été choisi au hasard, on reconnaît 3,1416 multiplié par 10 000 ;
de sorte que le nombre obtenu est en même temps inférieur à 160 000 et supérieur a
8 000, ce qui permet d'utiliser les quatre chiffres de la numération aztèque. — Aucune
difficulté pour écrire 31 416 à l'aide de la numération égyptienne, mais son écriture à
l'aide de la numération aztèque exige un véritable calcul du fait que la base 20 est
substituée à la base 10 :
31 416 = 3x8 000 + 18 X 400 + 10 X 20 + 16, ce qu'on pourrait convenir d'écrire
symboliquement 3.18.10.16.

fer à cheval ; la centaine par une spirale ; mille par un lotus, exquisement
dessiné, avec son pied ; dix mille par un index levé, cent mille par un
têtard, un million par un dieu qui lève les bras en l'air (13) [fig. 1].

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NUMÉRATIONS AZTÈQUE ET ÉGYPTIENNE

Signalons en passant une erreur qui s'est glissée dans Cajori (4)
relativement à 105, qui, nous venons de le voir, est représenté par un têtard.
Malgré l'habituelle beauté des hiéroglyphes égyptiens, le dessin de cet
animal est très maladroit, on pourrait aussi bien le prendre pour un
reptile des temps secondaires que pour un têtard ! Dans l'ouvrage de
Cajori il s'agit d'un bel oiseau, qu'il nomme a burbot ; cet oiseau
ressemble à un pigeon, métamorphose inattendue de ce têtard, destiné du
reste à jouer par la suite un rôle important.

L'ordre dans lequel sont placés les divers chiffres, qui constituent la
représentation symbolique d'un nombre, aura pour l'évolution de ces
numérations une très grande importance. On considère, en général, que
cet ordre va de soi : il semble très naturel qu'on commence par les plus
grandes puissances de la base, puis qu'on dispose ensuite les chiffres les
uns à côté des autres en utilisant les puissances décroissantes de la base
et en terminant par les unités simples. C'est bien ainsi que les choses
finiront par se passer, mais se limiter à ne présenter qu'un seul exemple
de nombre, alors que l'ordre hiérarchique est fixé, c'est simplifier
dangereusement la question et trahir une partie de son intérêt.
Limitons-nous, tout d'abord, à l'écriture hiéroglyphique, ce qui, au
sens moderne du mot, signifie l'écriture gravée par opposition à
l'écriture hiératique dessinée sur papyrus (8). Nous étudierons ultérieurement
cette dernière écriture, car son intérêt est très .grand. Les signes
hiéroglyphiques étaient disposés en lignes verticales ou en lignes horizontales.
Dans ce dernier cas, ils peuvent alors se lire de droite à gauche ou de
gauche à droite. Le sens est indiqué par les signes représentant des hommes
ou des animaux : ceux-ci tournent la tête du côté par lequel l'inscription
se lit. Il ne s'agit donc pas d'une écriture boustrophédon ; pour une
inscription déterminée, toutes les lignes du texte se lisent dans le même sens,
du reste visible au premier coup d'œil (1).
Le fait que les Egyptiens n'avaient pas une direction privilégiée pour
leur écriture complique évidemment leur numération écrite, mais que
serait-il arrivé si leur écriture avait été une écriture boustrophédon ?
Je ne connais malheureusement aucun texte d'une écriture boustrophédon
contenant des parties numériques, mais je puis signaler que dans les
hiéroglyphes de l'île de Pâques, les signes qui représentent une figure
humaine sont placés, pour le lecteur du bois gravé, la tête en haut quand
on écrit de gauche à droite et la tête en bas lorsque l'écriture s'écrit de
droite à gauche ; le sens dans lequel on écrit oriente les signes, au sens
mathématique du mot.
Chez les Egyptiens, cette idée d'ordre hiérarchique pour l'écriture
d'un nombre s'est fixée de bonne heure, qu'il s'agisse d'une inscription

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ANNALES

évaluant un butin ou d'une inscription précisant le nombre d'objets ou


d'animaux offerts en tribut. Dans le plus ancien texte numérique connu
(lre dynastie), les hiéroglyphes sont disposés sans ordre ; il s'agit d'un
nombre fabuleux de chèvres (1 422 000) et de 120 000 prisonniers (13)
(18). Le dessin représente donc une chèvre, le dieu pour un million,
4 têtards, 2 index, 2 lotus ; mais le dieu est isolé en fin de ligne, à la droite
de la chèvre et les index sont mélangés aux têtards. Un homme dont les
mains sont liées représente les prisonniers ; au-dessous de l'homme figure
un têtard et encore au-dessous deux index. Il semble que le sculpteur
ait été autorisé à placer les signes numériques au gré de son inspiration
pour remplir le plus élégamment possible l'espace dont il disposait : il
a réalisé la mise en page qu'il lui plaisait de faire. Il est vrai que les
chiffres utilisés ont un caractère tellement artistique qu'on ne les distingue
plus guère des hiéroglyphes signalant qu'il s'agit de prisonniers ou de
chèvres. Le dieu qui lève les bras au ciel (en réalité il soutient la terre « qui,
elle-même, supporte le ciel ») est aussi figuratif que l'homme qui
représente le prisonnier ou que l'animal qui matérialise une chèvre (fig. 4 A).
Dans une autre inscription du même texte, il s'agit de 47 209
prisonniers. Cette fois le nombre est écrit de droite à gauche ; sous les corps
déformés des malheureux, les chiffres sont placés dans un ordre plus
hiérarchisé, mais les spirales pour les centaines sont superposées aux unités
simples, ce qui donne à l'écriture du nombre une forme encore primitive
(fig. 4 В, С).
C'est le moment d'insister sur le fait que pour des nombres écrits en
utilisant strictement le principe d'addition, l'ordre est indifférent ; mais,
en général, un ordre rigoureux s'introduit assez vite et c'est une chose
importante à noter, car un tel ordre conditionne toute l'évolution d'une
numération de ce type.
On peut admirer au Louvre, sur les parois de la mastaba d'Akhou-
thotep, — donc dès la 5e dynastie, — des bœufs qui sont apportés en
tribut. On peut distinguer sur la croupe de chacun d'eux des sortes de
cachets qui indiquent combien d'animaux ont été livrés : les chiffres sont
disposés en bon ordre ; mais les unités sont encore placées sous les
dizaines (7).

Il semblerait, en examinant les textes numériques aztèques se


rapportant à des tributs livrés à Montezuma, qu'il existe un ordre pour
grouper les différents chiffres d'un nombre, ordre qui ne ressemble en rien à
l'ordre hiérarchique. Si le modèle d'une couverture est surmonté de
2 doigts, suivis du petit arbre, lui-même suivi de 2 autres doigts, ceci ne
doit pas se lire 404. Seul le signe pour 400 se rapporte au nombre des
couvertures, mais les doigts n'interviennent pas dans le compte des
couvertures (fig. 3). [Voir la Note annexe.]
Lorsqu'il s'agit de nombres supérieurs à 8 000, l'ordre hiérarchique

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NUMÉRATIONS AZTÈQUE ET ÉGYPTIENNE

apparaît et il y a même une sorte de ligature entre les divers chiffres,


ligature destinée sans doute à ce qu'on prenne conscience globalement du
nombre considéré ; cette ligature peut jouer déjà pour des nombres
inférieurs à 8 000.
Pour signaler que 20 000 prisonniers ont été sacrifiés à la consécration
du temple de Uitzilopochli, on dessinera, au-dessous des êtres humains
symbolisant ces malheureux, 2 bourses à encens et à leur droite, bien
alignés, par groupes de 5, 10 petits arbres (9). On peut donc retenir que
pour la numération aztèque, — et surtout pour la numération égyptienne,
— quand elle se trouve amenée à écrire de grands nombres un ordre
immuable s'introduit, qui marque la hiérarchie des différentes puissances
de la base (fig. 6).
Il convient de signaler maintenant qu'un ordre interne apparaît aussi
dans le groupement des chiffres égaux entre eux. On l'observe chez les
Aztèques pour les unités simples qui marquent les jours du calendrier,
mais cet ordre n'est pas très strict, les petits cercles bordent l'un des
coins du rectangle ou du carré contenant l'hiéroglyphe correspondant du
calendrier ; les drapeaux sont souvent groupés 5 par 5 (fig. 6).
Chez les Egyptiens, ce groupement est tout à fait systématique ;
on ne saurait s'en étonner, car les Egyptiens étaient extrêmement sensibles
à la disposition de leurs hiéroglyphes, même lorsqu'il ne s'agissait pas de
nombres. Les signes s'écrivent isolés ou groupés, suivant leurs dimensions.
Les grands signes remplissent à eux seuls un cadratin (pour employer une
expression de typographe) ; les signes minces se superposent de façon
à former des groupes harmonieux par rapport aux grands signes (1).
Le caractère concret des lotus fait qu'on les réunit très élégamment,
de manière qu'ils forment de petites corbeilles : 7 000 sera figuré par
2 corbeilles contenant l'une 4 lotus et l'autre 3 lotus. Dès qu'il s'agit de
centaines, de dizaines ou d'unités, le groupement se fixe et — fait
remarquable — il est le même pour ces trois sortes de chiffres (13).
Il s'agit d'un progrès important ; la base étant assez petite, les
premiers nombres se lisent ainsi d'un coup d'oeil, globalement pourrait-on
dire. Il en est encore ainsi chez nous sur les dés à jouer, sur les dominos,
sur les cartes à jouer. J'ai connu une petite fille de quatre ans qui jouait
très bien aux dominos avec son grand frère, à l'ébahissement de sa mère,
car l'enfant ne savait pas encore compter. Un grand éducateur belge,
M. Cuisenaire, qui a inventé les nombres en couleurs, utilise comme
instrument de comptage les cartes d'un jeu de whist, numérotées de 1 à 10, après
avoir soigneusement coupé les coins afin de faire disparaître les chiffres.
Chez les Egyptiens et chez les Aztèques, la conception intellectuelle
de l'écriture des nombres est donc rigoureusement la même, mais on doit
reconnaître à la numération aztèque un caractère plus primitif ; en outre
la base 20 impose à ce système de numération une répétition des
symboles plus lourde qu'avec la base 10.

693
ANNALES

Telle qu'elle était, avec son ordre rigoureux, ses chiffres semblables
bien groupés, la numération égyptienne devait à la stricte application
du principe d'addition une certaine capacité d'être utilisée pour le calcul.
Il a existé une arithmétique égyptienne ; nous ne savons pas encore
grand-chose de l'arithmétique aztèque. Il est vrai qu'en Egypte une
multiplication n'est qu'une série de duplications successives que la numération
est parfaitement apte à formuler. Tout se passe comme si le
multiplicateur avait été écrit dans le système de base deux, — de manière
parfaitement inconsciente, évidemment. <
Signalons que la multiplication d'un nombre par dix était
particulièrement aisée, puisqu'il suffisait de substituer à chaque chiffre celui qui
correspondait à la puissance de dix immédiatement supérieure (10).
L'inconvénient majeur des numérations qui utilisent le principe
d'addition réside dans le nombre important de chiffres qu'il faut écrire lorsqu'on
veut représenter de grands nombres et la morne répétition de ces chiffres
devient rapidement fatigante.
Le plus grand nombre que pouvaient écrire les Aztèques était 159 999
et l'on ne pouvait le réaliser correctement qu'en juxtaposant 19 sacs à
encens, 19 arbres, 19 drapeaux, 19 petits cercles, soit au total 76 chiffres.
Même chez les Egyptiens, pour écrire 9 999 999, il aurait fallu 63 chiffres.
En général, dans ces numérations, des irrégularités s'introduisent à la longue
pour diminuer le nombre de chiffres, afin de simplifier leur écriture.
Ces irrégularités sont de valeurs intellectuelles inégales ; ni la
numération égyptienne, ni la numération aztèque n'ont introduit de nouveaux
chiffres destinés par exemple à remplacer par un symbole unique certains
diviseurs de la base ou des puissances de la base. Cette dernière est restée
pure ; elle ne s'est pas croisée avec un sous-multiple de cette base comme
dans le système grec hérodien ou dans le système latin, dont l'évolution
s'est trouvée ainsi stoppée définitivement, l'écriture des nombres devenant
en outre impropre au calcul.
Il nous faut signaler que de bons ouvrages prêtent justement aux
Aztèques une irrégularité simplificative de cette nature, mais ils n'en sont
aucunement responsables.
Le petit arbre qui figure 400 peut en effet perdre un quart de ses
branches, il signifie alors 300 ; s'il en perd la moitié, il devient 200 ; et les
trois quarts, il ne signifie plus que cent. On fait ainsi une appréciable
économie de drapeaux, mais ce chiffre, si intelligemment mutilé, ne s'observe
que dans les textes qui ont été écrits après la conquête : cette introduction
de fractions d'une des puissances de la base est d'origine espagnole et
perd ainsi tout intérêt spécifiquement aztèque. Tous les spécialistes
modernes de cette dernière civilisation, G. С Vaillant, H. J. Spinden,
J. E. Thompson, C. A. Burland sont d'accord pour rejeter cette
irrégularité de la numération aztèque, irrégularité qui pouvait passer pour un
progrès en se plaçant au seul point de vue de la rapidité de l'écriture.

694
NUMÉRATIONS AZTÈQUE ET ÉGYPTIENNE

F. Cajorî, dans son Histoire des notations mathématiques, donne cette


irrégularité comme une création du génie aztèque. Son information vient

-DOCUMENTS EGYTIENS-

2 800 000 devient П...1


П....

devient
S 000 îîîl
^V *•'-* ^v* ^v
fiaoQ
ill il

60 000 devient
Hi
ni

660 000

■DOCUMENT AZTEQUE-
Signifie 20 paniers
contenaAt chacun
32 000 1 600 cassous
de cacao .

SI CETTE METHODE S'ETAIT GENERALISEE

serait
660 000 devenu
Ml III
ill III

31 416

î
Fig. 2. — Evolution
etQÇ)
ее
de
chez
l'écriture
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' et
m
IIIAztèques.
aurait
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serait
des
| devenir
pu nombres
III enI Egypte
'II Illl
Q П I JJ|
III695
ANNALES

d'un auteur français, Lucien Biart, L'ouvrage de Cajori est de 1928,


la traduction anglaise de Biart est de 1921, mais l'édition originale
française est de 1885 ; l'ouvrage, dans ce cas précis, doit être considéré comme
trop ancien ; il est aussi périmé que l'ouvrage de Beuchat qui a longtemps
fait autorité en France.

COMMENTAIRE DE LA FIGURE 3 :
Sept villes sont nommées sur cette page ; I, Tochpan ; — II, Tlalti-
çapan ; — III, Ciyateopan; — IV, Papantla; — V, Ocelotepec; — VI, Miaua
apan ; — VII, Mictlan.
Les objets que ces villes devaient fournir comme tribut aux seigneurs
de Mexico sont les suivants :
1 : 400 capes de tissu quadrillé noir et blanc.
2 : 400 capes de tissu richement travaillé en rouge et blanc, vêtements de
seigneurs.
3 : 400 pagnes (maxtlatl).
4 et 5 : 400 grandes capes blanches de 4 brazas
(2 longueurs).
6 et 7 : 400 capes de huit brazas (4 longueurs)
chacune, rayées orange et blanc-
8 : 400 grandes capes blanches de 8 brazas
(4 longueurs) chacune.
9 : 400 capes rayées vert, jaune et rouge
(1 longueur).
10 : 400 tuniques et jupes de femmes.
11, 12, 13 : 80 capes richement travaillées en
rouge, blanc et noir, que portaient
les seigneurs et les caciques.

Tous ces vêtements étaient payés en tribut tous les six mois.
14 et 15 : 1 vêtement de guerrier avec son bouclier, richement décoré de
plumes.
16 et 17 : 400 balles ďaxi sec.
18 : 20 saes de petites plumes blanches destinées à garnir les capes.
19 et 20 : 1 rang de perles de jade.
21 : 1 rang de belles pierres de turquoise.
22 et 23 : 1 plaque incrustée de belles pierres de turquoise.

Tous ces objets devaient être livrés une fois par an.
(D'après le commentaire de James Cooper Clark.)
Ce commentaire traduit les explications données en espagnol par le
prêtre chargé de rendre intelligibles en Europe les hiéroglyphes aztèques.
Cette page du Codex Mendoza a été choisie parce qu'elle renferme
plusieurs exemples de nombres qui ont été lus de manière erronée : 402, 404,
408. Le texte espagnol, qui utilise les chiffres romains, est parfaitement
clair ; l'élégante écriture est très lisible : il s'agit toujours du nombre 400
écrit à la manière ancienne, la lettre С étant répétée quatre fois.

696
' '* :' \о
С-

Illustration non autorisée à la diffusion

Fig. 3 — Une Page du Codex Mendoza, r° 52 recto.


(Codex Mendoza, printed and published by Water-
low and Sons, Londres, 1938.)
A : Planche XXVIB. - — La tète de massue de Narmer (époque prédynastique),
trouvée à Hiérakonpolis. s'orne d'inscriptions gravées du plus grand intérêt. Etant
donné la forme ovoïde de cette massue, il était impossible de donner une
représentation plane satisfaisante de l'ensemble de la gravure, c'est pourquoi J. E. Quibell, après
avoir présenté plusieurs photographies partielles de la massue, leur a joint un dessin
linéaire qui permet d'avoir une vue d'ensemble des inscriptions. Nous reproduisons ici
la partie de ce dessin qui dénombre le butin en hommes et en têtes de bétail (Musée de
Philadelphie). On lit de gauche à droite :
400 000 bovidés ; 1 422 000 chèvres ; 120 000 prisonniers.

15 : Planche XL. — La ligure représente la partie frontale du soubassement de


la statue de Khâsekhem (Ire dynastie). Il s'agit de la plus ancienne statue égyptienne
en calcaire ; bien que mutilée, elle est d'une très grande beauté. Le texte numérique
qui se lit de droite à gauche indique qu'il s'agit de 47 209 ennemis massacrés ; leurs
corps distordus sont impressionnants.
Nous ne possédons aucun commentaire sur le personnage de droite dont le front
s'orne de signes qui sont peut-être numériques (Ashmolean Museum, Oxford).

» v

С : Planche XL. — II s'agit cette fois de la partie frontale du soubassement d'une


statue en schiste du même roi Khâsekhem. Nous reproduisons ce nouveau relevé
(visiblement d'une moins bonne facture que le précédent) pour montrer le caractère en
quelque sorte rituel de cette présentation. 48 205 ennemis ont été massacrés (Musée
du Caire).

Fig. 4. — Egypte : le plus ancien texte numérique connu.


(Egyptian research account (Fourth Memoir),
Hiérakonpolis, I, J.E. Quibell B.A., Londres,
Bernard Quaritch, 1900, planches XXVI В et
XL.)
^ Cette stèle a été trouvée par

de
avons
P.\'b8,'
hiéroglyphes
combien
même
la
Laprincesse
resume
genre
partie
la
,' princesse
relatlve
;mentionnant
droite
celle-ci
laNefertiabet
discussion
deapossédait
est
la l'une
stèle
signification
leest
denom
contemporaine
est
de
des
J.Reisner,
pièces
celle
Vandier
de
plus
l'étoffe
des
qui
belles.
deà nombres
(Manuel
Giza
nous
cette
et
du
Les
;intéresse.
les
étoffe.
règne
nous
égyptologues
signes
ď
inférieurs
Archéologie
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Fig. 5. — Egypte : stèle de Néfertiabkt.


(Revue de V Egypte ancienne, I, 1927, planche II.)
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Fig. 6. — Une page du Codex Telleriano Remensis, f° S9


recto. (Codex Telleriano Remensis, Angers,
Imprimerie Burdin, et Paris, Imprimerie Carnis, 1899.)
NUMÉRATIONS AZTÈQUE ET ÉGYPTIENNE

II nous faut maintenant expliquer comment les Egyptiens ont réussi


à diminuer le nombre des chiffres utilisés pour écrire un nombre en
introduisant une irrégularité qui, elle, représentait un progrès. Elle n'a pu
être réalisée que par un grand effort intellectuel destiné à favoriser la
paresse matérielle qu'inspire la monotonie de la répétition.
Il semble qu'un accident soit à l'origine de ce progrès ; au Moyen
Empire, le signe qui signifie le million est tombé en désuétude et,
pourtant, il était toujours indispensable de savoir écrire de grands nombres.

COMMENTAIRE DE LA FIGURE 6 :

Le manuscrit mexicain original est déposé à la Bibliothèque Nationale.


Il a été donné en 1700 à la Bibliothèque Royale par Charles- Maurice
Le Tellier, archevêque de Reims et frère de Louvois.
Il s'agit, comme pour le Codex Mendoza, d'un recueil post-cortésien. Le
Codex porte depuis Humbolt le nom de Codex Telleriano Remensis.
Le duc de Loubat, américaniste passionné, Га fait reproduire à ses frais
en photochromographie avec une introduction et la transcription complète
des anciens commentaires espagnols par E. T. Hamy, en 1899. Voici la
traduction du commentaire pour la partie qui nous intéresse : « L'année
Huit Cannes (1487-1488 de notre compte) ils achevèrent d'ériger le grand
Cu de Mexico. Les anciens disent qu'ils sacrifièrent cette année-là
4 000 hommes originaires des provinces asservies par la guerre. Les petites
branches noires leur servaient à compter et chacune d'entre elles équivalait
au nombre de 400. »
С A. Burland, qui a traduit ce texte dans Magic Books from Mexico,
ajoute ce savoureux commentaire : « Le vieux scribe a fait erreur. Il était
si content d'avoir appris que les « rramitos negritos » valaient chacun 400
qu'il en a oublié les deux symboliques sacs à encens. Chacun d'entre eux
compte pour 8 000, ce qui porte à 20 000 le nombre d'hommes massacrés
pour la consécration de cet affreux édifice. »
Cette grave ignorance de la signification du sac à encens comme
instrument de numération est naturellement d'un très vif intérêt ; elle montre
l'inconvénient d'utiliser des chiffres trop figuratifs. On voit aussi que le
vieux scribe, bien que témoin auriculaire, n'a pas compris les explications
des artistes aztèques ; fort heureusement nous possédons assez de Codex
post-cortésiens pour pouvoir rectifier une erreur de cette nature.
Dans l'ouvrage précédemment cité, С A. Burland écrit que ces Codex
post-cortésiens sont de véritables « pierres de Rosette » pour les américa-
nistes. Ils ont en effet, avec leurs commentaires espagnols, le caractère
d'inscriptions bilingues et ont permis de comprendre une partie des Codex
pré-cortésiens. Malheureusement les commentateurs espagnols n'ont pas
tous la même valeur. Le Codex Telleriano Remensis a eu au moins deux
commentateurs ; le texte dont nous avons la traduction est de la main d'un
homme cultivé, qui pourtant fait une erreur ; l'autre commentateur, celui
qui a écrit sur ce même folio dans le haut de la page la mention « cierto
animal del agua » après le nom d'Ahuitzotl, a une écriture d'illettré et fait
des fautes grossières ; il a littéralement sabré sur d'autres folios ces
ravissants hiéroglyphes aztèques, sans aucun respect pour le texte qu'il
prétendait commenter.

697
ANNALES

L'exemple le plus intéressant que cite Kurt Sethe (13) est celui de
10 100 000. Pour le représenter, en l'absence du signe pour un million,
11 aurait fallu dessiner 101 têtards. Même le grave égyptologue signale
l'ennui qu'il y aurait eu à dessiner ou à graver ce « grouillement de
têtards ». Les Egyptiens résolurent le problème en ne dessinant qu'un
têtard placé au-dessus du nombre 101 correctement écrit : une spirale
suivie d'un trait vertical.
Voici une condensation d'écriture qui fait passer la numération
égyptienne du type d'addition au type mixte, sous la forme utilisée par les
Grecs. L'écriture des nombres devient ainsi plus abstraite ; cette
abstraction est du reste curieusement réalisée par l'introduction de deux
directions perpendiculaires, aussi bien pour le scribe égyptien qui écrit sur un
papyrus que^ffcnir le scribe grec qui utilise une tablette de cire. Nous
venons de voir combien l'introduction d'une direction orientée suivant le
sens de l'écriture a été importante ; maintenant il s'agit d'une direction
perpendiculaire à la précédente, mais ici le choix du sens est indifférent.
L'introduction de deux directions privilégiées relatives à un rectangle
a donc permis à l'écriture des nombres une simplification qui ne comporte
aucune ambiguïté ; il est remarquable que cette influence de la géométrie
sur l'arithmétique ait accentué le caractère abstrait de l'écriture des
nombres.

Signalons tout de suite que les Aztèques ont aussi utilisé la


superposition de chiffres différents, l'idée de multiplication étant incluse dans
cette superposition. Un panier contient du cacao ; il est piqué
supérieurement de 4 petits arbres, ce qui veut dire qu'il y a dans ce
panier a 1 600 cassons de cacao moulu » (17) ; mais au-dessus des petits
arbres, bien ostensiblement, il y a un drapeau, qui signifie qu'on donnera
20 paniers contenant chacun 1 600 cassons de cacao (fig. 2). Au total
cela fera 32 000 cassons de cacao, ce qu'on aurait pu exprimer en
réunissant 4 chiffres signifiant 8 000 ; mais dire qu'on fournira 20 paniers,
chacun d'entre eux contenant 1 600 cassons de cacao, c'est exprimer tout
autre chose que d'indiquer globalement le nombre total de cassons. On
ne saurait oublier que ces listes de dons jouaient sans doute le rôle des
factures chez nous et que la livraison du tribut devait être soigneusement
vérifiée, ce que la décomposition de 32 000 en 1 600 x 20 rendait plus
aisé. Cette remarquable disposition des chiffres n'a donc été utilisée chez
les Aztèques que pour des fins concrètes. Peut-être en a-t-il été de même
à l'origine chez les Egyptiens. En tout cas, le fait d'utiliser un animal
pour représenter 100 000 a pu faire oublier son caractère numérique, et
plutôt que de le répéter cent une fois, il a paru naturel d'écrire le nombre
cent un surmonté d'un seul têtard. Par la suite, cette écriture simplifiée
de certains nombres s'est étendue à d'autres chiffres qu'au têtard : on le

698
NUMÉRATIONS AZTÈQUE ET ÉGYPTIENNE

trouve pour 40 000, pour 70 000 ; elle s'étend aussi au lotus pour 4 000,
5 000 (fig. 2).
Kurt Sethe signale, avec étonnement semble-t-il, qu'il a trouvé dans
des textes contemporains des précédents le nombre 660 000 écrit avec
6 têtards et avec 6 index. Cet exemple est intéressant, car il était plus
difficile de l'écrire sous forme condensée que les exemples précédents. S'il
s'était agi de 600 000 ou de 60 000, aucune difficulté ; s'il s'était agi
de 6 600 000, la disparition du symbole pour le million obligeait, soit de
dessiner 66 têtards, soit d'employer la méthode abrégée, — ce que le
scribe aurait sûrement fait. Mais 660 000, c'est tout différent ; il n'était
pas naturel de dessiner 66 index ou d'employer la méthode abrégée,
puisque le signe pour 100 000 n'était pas tombé en désuétude ; mais il
était sûrement encore plus hardi de dessiner 1 têtard surmontant 6 unités,
suivi de 1 index surmontant 6 autres unités. Avec cette écriture une voie
nouvelle pouvait s'ouvrir pour la numération égyptienne ; la notation
abrégée, au lieu d'être une exception, serait devenue la règle, et le système
hybride aurait été intégralement appliqué comme dans le vieux système
chinois. L'écriture aurait été grandement simplifiée ; mais il y a beaucoup
plus : le fait que la hiérarchie des puissances a été observée, que les nombres
s'écrivent de gauche à droite en commençant par les puissances les plus
élevées, prouve qu'on aurait pu conserver uniquement les signes inférieurs
et écrire n'importe quel nombre en utilisant uniquement le symbole qui
représente l'unité. L'index, le lotus, la spirale, le fer à cheval deviennent
inutiles, ils peuvent donc être sous-entendus (fig. 2).
Qu'on ne se récrie pas qu'il s'agit d'une imagination artificielle et que
la numération dite « de position » ne peut s'introduire, pour une base n
quelconque, que si l'on invente n — 1 signes distincts pour écrire les
n — 1 premiers nombres et un ne signe pour indiquer l'absence d'unité
dans une collection. C'est cette conception rigide qui est artificielle :
elle représente le fruit de la méditation du mathématicien qui veut
caractériser la réalisation d'un outil parfait, mais une étude approfondie nous
apprend que l'outil n'est devenu parfait que par épurations successives
de systèmes compliqués *.

Cette ultime simplification de l'écriture d'un nombre que nous avons


appliquée à notre exemple-type 31 416 (fig. 2) est une écriture de type
babylonien ou maya, et les Babyloniens et les Maya ont même eu plus de
peine à l'inventer que n'en auraient eu les Egyptiens, à cause de
l'importance de leurs bases 60 et 20. On sait, en outre, que les Babyloniens n'ont

1. Pierre Boutroux a signalé dans Les principes de Г Analyse mathématique, t. I,


p. 52, que la définition générale des systèmes de numération à base quelconque a été
donnée par Pascal, en 1654, dans le traité De numeris muliiplicitus (édité pour la
première fois en 1665).

699
ANNALES

utilisé le signe qui caractérise le zéro que tardivement ; encore ne l'ont-ils


introduit qu'en position médiane, jamais en position terminale (16). Il
conviendrait maintenant d'étudier si une telle simplification s'est produite
dans l'évolution de la numération babylonienne ou de la numération maya.
Le fait que nous butons sur cette condensation de l'écriture chez les
Aztèques, chez les Egyptiens, chez les Grecs prouve bien qu'il s'agit d'un
stade important dans l'évolution de la numération écrite. Il convient de
signaler que les Grecs ont réussi à faire disparaître la lettre M de la
notation de trois myriades, le petit y est descendu de sa position surélevée
pour prendre la place habituelle des chiffres et il a repris une taille
normale, M a été remplacé par un point, de sorte que toute la partie du
nombre écrite à la gauche du point doit être multipliée par 10 000 (4).
On pourrait donc soutenir, sans paradoxe, qu'à ce moment il s'agit d'une
numération de position de base 10 000, les nombres de 1 à 9 999 s'écri-
vant à l'aide de 36 symboles, c'est-à-dire assez lourdement. Enfin la
numération que nous avons reçue des Indiens, par l'intermédiaire des
Arabes, a connu au moyen âge des superpositions de chiffres semblables,
si l'on songe aux signes employés par le moine Néophytos (4).
Pour en revenir aux Egyptiens, ceux-ci n'ont pas été au delà d'une
simplification de l'écriture des nombres réduite à quelques exemples isolés.
On sait qu'ils tenaient très vivement aux règles traditionnelles ; comment
ne pas se souvenir qu'ils possédaient un alphabet consonantique, « qu'en
tête de toute grammaire égyptienne figure un tableau de 24 signes conso-
nantiques » (8) et que, cependant, ils n'ont jamais pris la décision de les
utiliser exclusivement en rejetant tous les autres signes hiéroglyphiques.
Si la numération hiéroglyphique /reste le modèle inégalé d'une
numération utilisant très purement le principe d'addition pour de grands
nombres, la numération hiératique a été amenée, elle aussi, à condenser
l'écriture des nombres, mais par une tout autre voie.
Le fait que, au lieu de graver les symboles dans la pierre, on pouvait les
écrire sur le papyrus d'un mouvement continu, a modifié considérablement
l'aspect des symboles. Ceux-ci ont perdu en partie leur caractère figuratif,
ils sont devenus véritablement abstraits. L'écriture est devenue plus
hermétique, plus difficile à lire, plus difficile à écrire sans ambiguïté, mais on a
gagné beaucoup de temps en utilisant cette écriture cursive. Il faut songer
aussi que l'écriture et la lecture des textes était réservée à une classe
privilégiée, qui éprouvait sans doute beaucoup de satisfaction à bien
remplir une tâche difficile dont le caractère religieux n'était pas encore perdu.
Finalement, pour écrire tous les nombres de 1 à 9 999, les Egyptiens
ont utilisé, comme les Grecs, 36 symboles évidemment bien plus difficiles
à dessiner et à identifier que les lettres de l'alphabet. La conception
intellectuelle de ces deux écritures des nombres devient alors la même ;
l'absence de l'alphabet a seulement privé les Egyptiens d'un matériel
de choix. Pour qui serait curieux d'étudier avec soin l'écriture des nombres

700
NUMÉRATIONS AZTÈQUE ET ÉGYPTIENNE

dessinés sur papyrus, on ne saurait trop conseiller de consulter la belle


étude que le célèbre égyptologue dont nous avons déjà parlé, Kurt Sethe,
a consacrée au sujet sous le titre : VonZahknund Zahlworten bel den alien
Aegyptern г. Ce mémoire s'orne d'un précieux tableau permettant d'écrire
tous les nombres de 1 jusqu'à 10 000 en écriture hiéroglyphique et
hiératique. L'historien des sciences déjà cité, Florian Cajori, a reproduit
ce tableau dans son ouvrage consacré à l'Histoire des Notations
mathématiques. Il est permis de penser que le développement de l'écriture sur
papyrus a dû empêcher la condensation des symboles de l'écriture
monumentale de poursuivre ses progrès. Avec l'introduction de cette cursive,
toute comparaison avec les Aztèques devient sans objet ; l'écriture
égyptienne évolue matériellement vers une conception véritablement moderne
de l'écriture.

L'étude comparée des numérations aztèque et égyptienne se révèle


donc instructive. La numération aztèque est plus primitive, plus concrète
que la numération égyptienne, elle est comme une ébauche de ce que pourra
devenir une numération de même type, mais plus évoluée. La numération
égyptienne est le modèle le plus parfait d'une numération appliquant
pendant des siècles, et à de grands nombres, le principe d'addition. Ces
deux numérations réalisent un système très clair, très pur aussi, parce
qu'il ne s'est pas trouvé vicié par l'introduction d'un sous-multiple de la
base, jouant le rôle de base auxiliaire. L'une et l'autre de ces deux
numérations ont introduit, — la numération aztèque timidement, la numération
égyptienne assez systématiquement, — une irrégularité qui montre que le
type hybride a pu être le pont entre les numérations utilisant le principe
d'addition et les numérations dites de position.
Notre propre numération nous est si familière que seule une étude
comparée des diverses numérations peut nous permettre de réaliser le
caractère abstrait et hermétique de la plus parfaite des écritures des
nombres.

Geneviève Guitel.

( Voir pages suivantes, la Note annexe et la Bibliographie. )

1. Schriften der Wissenschaftlichen Gesellschaft in Strassburg, XXV, 1916.

701
ANNALES

Note annexe

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702
NUMÉRATIONS AZTÈQUE ET ÉGYPTIENNE

largeurs à cause de l'étroitesse des métiers, la couture devenant alors un


axe de symétrie pour les dessins du tissu, ce qui exige naturellement un
nombre pair de lés.
L'erreur faite par Spinden et transmise par ses successeurs est fort
intéressante. Elle montre de manière tangible l'inconvénient de ces numérations
qui appliquent le principe d'addition et dans lesquelles les valeurs de tous
les chiffres doivent être additionnées, sans que jamais le signe opératoire
apparaisse. On peut se trouver amené à additionner les valeurs de chiffres
qui ne font pas partie du même nombre : on additionne ainsi des couvertures
et des longueurs de couvertures, comble de l'horreur pour un
mathématicien !
Il convient d'ajouter que la véritable unité pour compter les manteaux
et les couvertures était la « charge », c'est-à-dire 20 couvertures. Ceci
représentait l'équivalent du prix qu'on versait à un homme s'engageant comme
esclave volontaire, ce qui lui permettait, — en principe, — de subvenir à
ses besoins pendant environ une année. Il demeurait libre tant qu'il n'avait
pas dépensé l'équivalent de cette « charge » ; lorsqu'il ne possédait plus rien,
il se présentait alors chez son maître pour prendre son service (14).
Sur les 37 folios du Codex Mendoza se rapportant à des tributs, tous les
lots de couvertures ou de mantes (à l'exception des textes controversés)
sont des multiples de 20 ; 80 (4 drapeaux) se rencontre rarement ; 20 x 20
est courant. Quand on réfléchit à l'importance de la « charge », au fait
qu'elle est une véritable unité, qu'elle a une signification économique
importante, l'introduction des nombres 402, 404, 408 devient impensable.
Signalons, pour terminer, — puisque l'objet de cette étude est une
comparaison entre les numérations aztèque et égyptienne, — que la difficulté
que nous venons de rencontrer relativement à des inventaires aztèques se
retrouve sur certains bas-reliefs de tombes égyptiennes des premières
dynasties. Cependant chez les Egyptiens, très méthodiques, très soigneux, il
n'y a pas de mélanges entre des nombres relatifs à des objets différents.
Dans des tombes de femmes, on trouve des relevés de leurs richesses
en tissus. Il y a en général quatre sortes de tissus et celui qui est dédié à
Horus est toujours présenté le premier, afin sans doute que le dieu étende
sa protection sur tout l'ensemble.
Chaque tissu est mentionné par son nom ; en dessous du nom figurent
plusieurs rectangles, généralement au nombre de quatre, à l'intérieur
desquels on lit des nombres gravés toujours compris entre un et neuf. Enfin,
sur un registre inférieur, figure un même nombre de rectangles ; à l'intérieur
de chacun d'entre eux un lotus est toujours gravé. Sa signification est peut-
être rituelle, tout au moins est-elle conventionnelle. On signale donc que la
défunte possédait 4 000 pièces de chaque sorte de tissu, mais comment
caractériser chaque sorte de pièces, à l'aide des nombres 1, 2, 9 (fig. 5) ?
Des flots d'encre ont coulé pour expliquer ce mystère. Certains égypto-
logues ont pensé qu'il s'agissait du nombre des fils tissés pour une longueur
déterminée de tissu ; d'autres ont insisté sur le caractère invraisemblable
de cette explication, jusqu'au jour où l'égyptologue Jéquier a remarqué
que sur certains bas-reliefs ces premiers nombres entiers avaient été
remplacés par l'hiéroglyphe signifiant frange, répété plusieurs fois. Or, dans
certains sarcophages, on a trouvé en effet des tissus ornés de groupes de
franges régulièrement espacés, de sorte que nommer le nombre de groupes
de franges revient en fait à dire la largeur du tissu (18).

703
ANNALES

Non seulement la parenté intellectuelle des numérations aztèque et


égyptienne est frappante mais, en outre, les nombres que nous avons eu
l'occasion d'étudier chez les Aztèques et à l'aube de la civilisation
égyptienne ont toujours eu une signification concrète, ce qui est plein d'intérêt
au point de vue de la conception du nombre. Il y a plus : pour les Egyptiens
comme pour les Aztèques, ces nombres se rapportent, soit au dénombrement
de prisonniers ou d'un butin, soit au dénombrement d'un tribut ou à
l'inventaire de richesses, et les mêmes problèmes d'interprétation se sont posés
pour déchiffrer certains textes hermétiques.
Aussi bien pour les doigts levés des Aztèques que pour les neuf premiers
nombres entiers des Egyptiens, leur hermétisme provenait justement du
fait que, pour la première fois, ces nombres figurent seuls, sans que le lecteur
sache ce que l'on doit dénombrer. Le nombre n'a pas pris un caractère
abstrait pour celui qui a rédigé le texte, mais on est sur la voie de
l'abstraction. En tout cas, il s'agit d'un langage d'initiés, de sorte qu'en l'absence de
contexte le lecteur doit déployer beaucoup d'ingéniosité pour comprendre
de quoi il s'agit.
Le prêtre espagnol a pu se faire expliquer de vive voix la signification
des doigts levés, il devient un initié et son témoignage prend une grande
importance, tandis que le mystère des tombes égyptiennes serait resté
complet si un hasard heureux n'avait livré l'indispensable contexte.

Cet ensemble de faits concordants est remarquable ; on ne peut


s'empêcher de penser qu'il s'agit d'un même seuil dans le développement culturel
de deux civilisations.

G. G.

BIBLIOGRAPHIE

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tères étrangers anciens et modernes, Imprimerie Nationale, Paris,
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Annales (13e année, octobre-décembre 1958, n» 4) £

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