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Hors-série n° 18

– Hors-série n° 18
Portes

Portes et fenêtres • Fabrication et pose


et fenêtres
Fabrication et pose

Portes et fenêtres • Fabrication et pose


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Hors-série n° 18

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Le savoir-faire du menuisier
« Menuiserie » : voilà un mot emblé- Aussi la définition actuelle plus précise du Sommaire
matique du travail du bois. Il sent bon les mot « menuiserie » est-elle à rechercher du hors-série n° 18
copeaux, l’atelier. Il est, pour certains, dans la conception, la réalisation, et la pose
l’essence même du savoir-faire artisanal. Il d’ouvrages destinés à la fermeture dans le
semble être apparu au début du XVe siècle. bâtiment. Nous y voilà ! Portes et fenêtres
Dans son sens le plus ancien, il vient du mot Fabrication et pose
C’est ce savoir-faire que nous vous invitons
« menu », qualifiant l’art de travailler les
à explorer et à mettre en œuvre au travers de
pièces « de faible équarrissage », par oppo-
ce hors-série, avec un ensemble dédié à la Introduction ............................................ p. 4
sition aux charpentiers « en grosserie ». Les
fabrication et à la pose de portes de com-
menuisiers étaient les fabricants de « menus
munication intérieures ainsi que de portes et
ouvrages » : tables, coffres, bancs, objets Les dormants ....................................... p. 8
fenêtres extérieures. Des savoirs technolo-
décoratifs… Au Moyen Âge, on les nom-
giques et des techniques de mise en œuvre
mait d’ailleurs « huchiers », « escriniers »
que nous avons cru bon de rassembler et de Construisez vos fenêtres
(fabricants d’écrins) ou même « charpentiers
compléter dans un seul et même ouvrage de à isolation thermique
de la petite cognée ».
référence. Ce travail a été réalisé en lien avec et phonique avec
L’appellation a bien évolué, s’éloignant des Sylvian Charnot (menuisier-ébéniste), à par- de l’outillage standard .......... p. 16
petites réalisations pour se rapprocher des tir d’articles parus dans Le Bouvet. Nous
grandes. De nos jours, le mot « menuiserie » vous invitons ainsi à entrer dans l’intimité
La pose de fenêtres ................... p. 36
est souvent utilisé pour désigner de façon des huisseries, des bâtis, des dormants, des
générale le travail du bois. Pas très satisfai- ouvrants… Ce sujet est parfois perçu comme
sant quand on pense que ce vaste domaine exclusif aux professionnels, mais vous allez Fabriquez
comprend des disciplines aussi variées que voir qu’il se révèle relativement accessible une porte extérieure
l’ébénisterie, le tournage, la charpente, la à tous les passionnés et qu’avec l’appui de performante ........................................ p. 43
sculpture, la layetterie, le charronnage… ce manuel, vous serez capable de concevoir
des menuiseries à la pointe de la technologie.
Une porte extérieure
performante : la pose ............. p. 54
Hugues Hovasse
10 avenue Victor-Hugo – CS 6001 – 55800 Revigny Rédacteur en chef
Fabriquer et poser
Tél. : 03 29 70 56 33 ; Fax : 03 29 70 57 44 Le Bouvet
E-mail : lebouvet@martinmedia.fr ses portes intérieures ........... p. 62
Bimestriel paraissant aux mois 01/03/05/07/09/11
Directeur de la publication : Arnaud Habrant
Fondateur : Didier Ternon
Rédacteur en chef : Hugues Hovasse
CONTACTS Portes intérieures : découvrez
Secrétaire de rédaction technique : Luc Tridon
les atouts d’une méthode
Mise en page : Hélène Mangel. « en rénovation » .......................... p. 68
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ISBN : 978-2-35058-384-6 du Bouvet sur :
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Dépôt légal : novembre 2021 – © 11-2021
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le BOUVET I HS 18 I 3
Fabrication et pose
des menuiseries
Par Sylvian Charnot, menuisier-ébéniste

© AdobeStock_guerrieroale

« Savoir fabriquer et poser ses menuiseries » : vaste pro- s’exerce ces temps-ci sur les matériaux (bois et dérivés, mé-
gramme, que je qualifierai d’ambitieux, puisqu’on pourrait taux…). Le domaine de la « fermeture », comme on l’appelle
en dire qu’il définit le métier de menuisier dans son accepta- maintenant, n’y a pas échappé et, en tout cas pour ce que
tion première. Lorsque j’ai débuté dans cette profession, nous j’en vois, il est devenu de plus en plus difficile de trouver
apprenions à fabriquer des portes, des fenêtres, des volets, localement un artisan du bois qui soit en mesure de pro-
des sols, des boiseries, des plinthes, voire des escaliers… et poser un ouvrage entièrement conçu, fabriqué et posé de
à poser notre production. Cela représentait une gamme de ses mains. On assiste en effet à une « spécialisation » des
savoirs assez étendue, et je peux vous assurer qu’il faut du acteurs locaux qui, par ailleurs, ont de plus en plus tendance
temps pour arriver à cela. Beaucoup de temps. Or les choses à délaisser l’appellation « menuisier » pour se revendiquer
ont changé dans le monde de la construction. À force de « poseurs » ou « spécialistes en fermetures ». Ainsi, la pose
rachats et de regroupements, la finance a mis la main sur le est-elle devenue une profession en soi. Il est vrai qu’elle est
secteur du bâtiment, avec toutes les dérives qui en découlent. de plus en plus technique, mais cela n’explique pas cet aban-
Voir par exemple la spéculation et la pénurie organisée qui don de la fabrication. Alors comment en est-on arrivé là ?

4 I HS 18 I le BOUVET
Introduction

Le processus est insidieux. Jusqu’aux années 1980, tous Vous avez donc bien raison de vouloir les fabriquer et
les artisans installés possédaient un atelier de fabrication. les poser. Outre le plaisir toujours renouvelé de toucher du
Quelques fabricants industriels précurseurs ont commencé bois (car c’est bien de menuiseries bois dont il s’agit) vous
à leur proposer des fenêtres en cotes « standard » à prix devriez vous y retrouver financièrement.
concurrentiel. En effet, à l’époque, la complexité du réglage
des machines imposait des séries d’usinage aux mêmes Personnellement, ce démantèlement de mon métier me
dimensions. D’où cette invention de la cote « standard ». peine profondément, et je suis donc très heureux de voir
Cela réduisait le champ des possibilités, mais c’était tout de des amateurs s’y intéresser de près. Dans « amateur », il y a
même intéressant pour l’artisan local. Comment résister au « aimer », et je crois que le nœud du problème est là. Depuis
fait de réaliser une marge de 25 % sans avoir à fabriquer ? De que j’écris pour Le Bouvet, je vous vois, chers lecteurs, vous
fait, un nombre croissant de professionnels ont commencé à passionner pour les techniques, chercher à les retrouver,
« placer » ces menuiseries chaque fois que c’était possible, voire en inventer. Bref, faire vivre ce métier qui se meurt
et à ne plus fabriquer que le « hors cote ». L’avènement de d’un point de vue professionnel. Alors nous allons tenter
la machine à commande numérique, et dans le même temps ensemble de réfléchir sur ce concept de menuiserie, des dif-
celui du PVC et de l’aluminium, a révolutionné le système férentes façons de l’envisager, de l’évolution des matériaux
en permettant la fabrication à coût réduit quelles que soient et des techniques.
les mesures de l’ouvrage. Puis le phénomène a débordé sur
les portes d’intérieur, les volets, les escaliers… À partir de
ce moment, les ateliers artisanaux ont commencé à dispa-
Techniques de fabrication
raître, et l’essentiel de l’activité locale s’est tourné vers la Avant de parler technique, il faut déjà savoir ce qu’est une
pose. Parallèlement à cela, le système d’enseignement s’est menuiserie. Je pense qu’elle se définit par son but, les fonc-
« adapté » à la demande des entreprises et a sectorisé son tions qu’elle doit remplir et les contraintes qu’elle subit. Ce
offre, formant d’un côté des « conducteurs de machine-ou- qui nous préoccupe ici, ce sont les menuiseries ouvrantes,
til » et de l’autre des « poseurs ». celles qui sont composées d’une partie mobile (l’ouvrant)
et d’une partie fixe (le dormant). Ce sont les fenêtres, les
Vous allez dire que je m’éloigne de mon sujet, mais il portes-fenêtres, les portes d’entrée et les portes de com-
me semblait important de retracer rapidement cet histo- munication. On peut y ajouter les volets, qui sont un peu
rique, car il n’est pas sans conséquences sur notre situation à part. Pour n’importe laquelle de ces catégories, le but
actuelle : principal est de permettre l’ouverture et la fermeture d’un
espace.
• t ronçonner de la sorte une profession conduit à un
appauvrissement de la culture et du savoir-faire des
acteurs. Le corollaire, c’est la difficulté pour le public
de trouver réponse à des travaux non pris en compte
par la fabrication industrielle.

• c onfier la fabrication aux industriels leur donne plein


pouvoir sur les modèles, les matériaux, les types de
fabrication. Or on constate aujourd’hui que, s’il existe
une gamme de menuiseries PVC accessible financière-
ment, l’offre de ces fabricants se tourne de plus en plus
vers des produits sophistiqués (pas toujours à bon es-
cient), à des prix assez démentiels. Quand on y ajoute la
marge accordée aux poseurs, on comprend que le poste
« menuiserie » fasse maintenant exploser le budget de
construction d’un bâtiment. Il faut savoir également
que, s’il reste des poseurs indépendants, la tendance
est plutôt à l’adhésion à une marque par le biais d’une
franchise ou autre système lui assurant l’exclusivité
sur un territoire défini. Ce qui peut sembler au départ
un avantage peut devenir une contrainte d’asservisse-
ment draconienne. Bref : l’ensemble se verrouille peu
à peu sur toute l’étendue de la filière, et comme les
industriels se font eux aussi racheter et insérer dans
des conglomérats financiers dont le seul but final est de
distribuer des dividendes à leurs actionnaires, le prix
des menuiseries n’est pas près de baisser !

le BOUVET I HS 18 I 5
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Vous connaissez le vieil adage humoristique : « Les portes nellement, une menuiserie, c’est d’abord de l’assemblage.
sont-elles faites pour être ouvertes ou pour être fermées ? » Il n’y Essentiellement du tenon-mortaise, plus ou moins sophis-
a pas lieu d’y répondre, car elles sont bien sûr faites pour tiqué selon les besoins, mais toujours traversant. En menui-
les deux. Les fonctions qu’elles doivent remplir sont par serie d’autrefois, les tenons traversent, car plus ils sont
contre différentes : les portes de communication doivent longs, plus ils soutiennent l’ouvrage. Pour ma part, je consi-
simplement permettre de séparer ou de réunir deux pièces dère ce principe toujours et plus que jamais d’actualité.
différentes. À cela peuvent s’ajouter des options : on peut
leur demander de créer une barrière phonique lors de leur Mais il ne suffit plus à répondre à nos nouvelles exi-
fermeture, auquel cas il faudra les munir de joints particu- gences, surtout en matière de vitrerie. Prenons un ouvrant
liers, les construire d’une certaine façon, et les poser suivant de fenêtre dont on a réduit les composants au maximum
certaines règles. Ou de condamner l’accès à la pièce, donc (largeur des montants et traverses à 65 mm) et qui va en-
d’être pourvues d’une serrure plus ou moins sophistiquée core être réduit par les profils indispensables pour recevoir
selon l’état de sécurité souhaité. le double vitrage et les joints d’étanchéité. Il est impossible
Les fenêtres doivent permettre d’aérer en position ou- que même un double enfourchement supporte le poids
verte, mais peuvent être entrebâillées à l’espagnolette ou d’un vitrage de 28 mm 4/20/4. C’est donc le vitrage lui-
en oscillo-battant, comme ouvertes en grand. Elles doivent même, correctement calé lors de sa mise en place, qui assu-
aussi, en position fermée, assurer l’entrée d’un maximum rera l’équerrage de l’ouvrage. Cela ne m’empêchera pas
de lumière, et par conséquent il s’agit de privilégier la sur- d’assembler celui-ci comme je l’ai dit. Deux précautions
face vitrée lors de leur conception. Elles doivent protéger valent mieux qu’une. La tendance industrielle est plutôt
du froid et du bruit, de par les profils dont elles sont faites, maintenant au contre-profilage doublé d’un vissage depuis
les joints qui leur assurent l’étanchéité et la qualité du vi- les extérieurs des montants. Dans certains cas, les vitrages
trage qu’elles reçoivent. Elles doivent bien sûr être étanches ne sont même plus montés avec des parcloses, mais mis en
à l’eau et se verrouiller de façon à constituer une protection place lors du vissage de l’ouvrant. À priori, ça tient. Sur-
efficace contre les intrusions. Elles peuvent aussi être une tout si on prend en compte le fait que les menuiseries sont
garantie contre le rayonnement solaire, en les dotant d’un considérées maintenant comme un produit de consomma-
vitrage adéquat. tion courante au même titre qu’un lave-vaisselle ou qu’une
Les portes-fenêtres et les portes d’entrée doivent ré- gazinière. On leur assigne une durée de vie de vingt ans, ce
pondre aux mêmes critères, avec en plus l’obligation de qui permet de revenir les changer, souvent sous prétexte de
permettre un passage facile à pied, voire pour les personnes meilleures performances.
à mobilité réduite. Il conviendra alors de les doter d’un
seuil surbaissé. Elles devront également être pourvues d’un
Pour ce qui est des portes de communication et d’entrée,
bec de cane et d’une serrure à barillet pour pouvoir les ou-
je reste évidemment sur des tenons traversants. J’utilise
vrir et les condamner tant de l’intérieur que de l’extérieur.
des largeurs de bois suffisamment dimensionnées pour
Vous le voyez, ça se complique.
permettre des assemblages conséquents, et je multiplie les
Quant aux volets, leur rôle est également multiple. Ils traverses autant que possible, dans la mesure où cela ne
doivent assurer la mise hors lumière de la maison lors de nuit pas à l’esthétique. J’ai un avantage sur mes ancêtres :
leur fermeture, mais ont aussi une fonction de protection je peux coller les assemblages, ce qui leur confère une
contre le vol. Accessoirement, lors de leur fermeture, ils meilleure tenue sur la durée. Eux devaient se contenter
protègent les fenêtres des intempéries et du rayonnement de cheviller. Ça marche, mais c’est plus délicat. J’insère
lunaire. Ils constituent également un rempart supplémen- aussi une écharpe dans la structure chaque fois que je le
taire contre le froid ou la chaleur. peux. C’est bien sûr le cas des contrevents, mais aussi de
Et bien sûr, tous ces ouvrages doivent être construits avec nombre de portes extérieures panneautées intérieur/exté-
des bois de qualité et au bon degré de siccité pour éviter au rieur. L’écharpe est alors insérée entre les deux panneaux et
maximum les déformations ultérieures. est invisible après montage.

D’autres contraintes sont subies par les menuiseries exté-


Contraintes rieures. Les portes et fenêtres sont constamment soumises
à deux atmosphères différentes : l’extérieur et l’intérieur.
Parlons maintenant des contraintes. Tous les éléments Or ces deux environnements sont toujours aux antipodes
dont nous parlons sont ouvrants. Donc, si l’on occulte les l’un de l’autre : il fait chaud et plutôt sec en hiver dans les
ouvrants coulissants pour nous concentrer sur ce qu’on maisons, tandis que le froid et souvent l’humidité règnent
appelle les menuiseries battantes, les parties mobiles sont à l’extérieur, et on a tendance à rafraîchir nos habitats pen-
toutes pendues d’un côté sur des organes de rotation, qu’il dant la période estivale pour combattre la chaleur du de-
s’agisse de paumelles, de fiches ou de pentures. Donc elles hors. Ce conflit permanent est un défi pour les ouvrages
travaillent en porte-à-faux en permanence, et leur tendance qui ont tendance à se déformer sans cesse. Nous luttons
naturelle, de ce fait, va être l’affaissement sous l’effet du contre cela en privilégiant des constructions stabilisées, et
poids de l’ensemble. Réduire au maximum ce phénomène, en utilisant maintenant des ferrures multipoints automa-
sinon l’empêcher, constitue le combat quotidien du menui- tiques qui maintiennent les bois au mieux, et des fiches
sier ! La tradition y répond par l’assemblage. Tradition- réglables qui aident à corriger certains défauts.

6 I HS 18 I le BOUVET
Introduction

Techniques de pose fenêtres aluminium et PVC, des portes d’entrée PVC, alu-
minium laqué, tôle laquée, des mixtes bois/alu. J’ai même
vu récemment du PVC/alu. Il semblerait donc que le PVC
Poser une menuiserie, ce n’est pas seulement la fixer soli- ait gagné ses lettres de noblesse et soit suffisamment esthé-
dement au corps du bâtiment. C’est aussi l’intégrer de façon tique pour remplacer le bois côté intérieur ! Il n’empêche
à ce qu’elle fonctionne de la meilleure manière possible. que, de plus en plus, dans les secteurs sauvegardés, les Ar-
Elle doit être de niveau et d’aplomb, latéralement et trans- chitectes des Bâtiments de France refusent le PVC au profit
versalement. Mais elle doit aussi être liée intimement avec du bois et de l’alu (pourquoi l’alu et pas le PVC ? Mys-
la maçonnerie, avec une certaine souplesse. Elle doit égale- tère…). Il n’empêche que les mêmes architectes feraient
ment être enrobée d’un isolant afin de ne pas présenter de bien de s’interroger sur l’esthétique des portes d’entrée alu
pont thermique entre pierre et bois. On dispose aujourd’hui et tôle qui, pour certaines, prêtent quand même à sourire.
d’un arsenal de produits de fixation à utiliser en fonction du Il n’empêche que lorsque vous choisissez des menuiseries
matériau dans lequel est construite la menuiserie, du maté- PVC teintées dans la masse ou alu laquées au four, vous
riau dont est fait le bâtiment, et du type de pose à mettre vous engagez à rester votre vie durant avec des extérieurs
en œuvre. Si la traditionnelle patte à scellement n’est plus de la même couleur. Il n’empêche que l’alu a besoin d’être
guère de mise, les équerres de pose, chevilles traversantes, traité contre les ponts thermiques pour être efficace, que le
vis de pose directe et autres scellements chimiques sont PVC doit être multi alvéolé pour obtenir un résultat accep-
légion. Il est important de les connaître avant toute inter- table, alors que le bois est un isolant naturel.
vention. Selon que l’on va poser en feuillure, en ébrasement, Alors, vive le bois ! Il vous isole, il est vivant, il accepte
en applique, en tunnel, avec des fourrures d’isolation, les toutes les couleurs de façon réversible, il est réparable à
procédés et les fixations peuvent être différents. Nous tâche- la rayure sans dommage. Il est aussi le matériau le plus
rons d’en faire le tour, pour autant que ce soit possible. écologique qui soit s’il est issu de forêts gérées en renou-
Permettez-moi de terminer ce petit laïus par une ode à la vellement. Et en plus, il nous donne du plaisir dans nos
menuiserie bois. On trouve aujourd’hui sur le marché des ateliers. n

le BOUVET I HS 18 I 7
Les dormants
Par Sylvian Charnot,
menuisier-ébéniste
Le vocabulaire de menuiserie, comme celui
de tous les métiers anciens, est riche et fleuri.
Les termes employés, venus d’autres temps, nous
paraissent souvent peu explicites, et on en vient à
se demander ce qu’ils recouvrent. Ce problème ne
date pas d’aujourd’hui, puisqu’un architecte du roi,
Joseph Madeleine Morisot, avait déjà cru bon, au début
du XIXe siècle, d’établir un glossaire dans son Tableau
détaillé des prix dans tous les ouvrages du bâtiment.
Prenons, par exemple, le mot « chambranle ». Voilà un mot
qui sent bon le vocabulaire d’antan ! Mais combien
d’entre nous savent-ils vraiment de quoi il retourne ?
Est-il encore d’actualité ? Et dans ce cas, a-t-il toujours
la même signification ? Eh bien, allons-y voir d’un peu plus près.

Chapeau Présentation et historique


Commençons par un petit tour sur Internet pour prendre le
vent : l’encyclopédie en ligne Wikipédia affirme : « Un cham-
branle est un encadrement de bois ou de pierre qui borde une porte,
une fenêtre ou une cheminée et qui se situe dans le plan du mur.
Il joue un rôle de finition et raccord entre l’ébrasement et la sur-
face du mur. Il est constitué de deux montants verticaux et d’un
linteau horizontal. » Concernant plus précisément le bois, on
nous renvoie au lexique de la menuiserie où nous trouvons la
prose suivante : « Encadrement de baie de porte, de fenêtre,
de cheminée, de niche, faisant saillie sur le nu du mur ou de la
Texte boiserie, orné de plus ou moins de moulures, qui reçoit la fer-
rure de la porte et l’assemblage de l’embrasement de la baie. »
Une rapide investigation sur les images associées au terme me
confirme une définition aujourd’hui assez fluctuante : pour
l’un il s’agit d’une simple moulure, pour l’autre de l’ensemble
du bloc dormant d’une porte intérieure. On trouve des photos
annotées où les paumelles sont appelées pentures… Bref, il est
temps de revenir aux sources !
En l’occurrence, regardons ce que dit L’Art du menuisier, de
notre bon Roubo. Examinons la Photo 1. Notez d’abord qu’à
cette époque (XVIIIe siècle), ce qu’on appelle maintenant une
porte de communication double se nommait « porte en pla-
card ». En détaillant, on voit que le chambranle en lui-même
est composé de deux montants (appelés ici « battants ») et
d’une traverse. Il s’agit de la partie dormante sur laquelle sont
ferrées les portes. Ce n’est donc pas un décor, mais bien un
1 • Planche consacrée aux chambranles dans L’Art du Menuisier élément porteur de l’ouvrage. On voit sur la coupe horizontale
de Roubo, tome « Le menuisier en meubles » (1769). qu’il est scellé en applique sur la maçonnerie, et embrevé dans

8 I HS 18 I le BOUVET
Dormants

le prolongement des lambris qui la recouvrent. Pour habiller • Le chambranle, destiné aux portes de communication.
l’épaisseur du mur, des boiseries d’ébrasement (« revétisse- C’est également un dormant, mais qui participe au décor
ments d’embrasements » dans la langue de l’époque) sont éga- général de la porte, voire de la pièce. Il est posé en applique
lement embrevées dans le chambranle et le double chambranle contre la maçonnerie. Les revêtements appliqués contre
qui lui fait pendant (Fig. 2). celle-ci (plâtre tapissé ou peint, lambris, boiseries diverses)
viennent buter contre le chambranle, qui est donc en saillie
Lambris (boiserie murale) Double chambranle (montant) sur le nu de ce décor. Le chambranle porte les ouvrants par
l’intermédiaire des organes de rotation, et reçoit la gâche
de la serrure dans le cas de portes à simple battant. Il est
posé contre des murs relativement épais, et se trouve donc
Côtés des embrasements associé à un double chambranle qui couvre l’autre arête du
(boiserie d’ébrasement) mur. Entre les deux, on habille le dit mur d’une boiserie
Maçonnerie d’ébrasement tant sur les côtés qu’au plafond.
Nous utilisons toujours ces deux systèmes aujourd’hui, aux-
quels nous avons adjoint le système « huisserie », qui est le
plus couramment utilisé pour les portes intérieures.
Montant de porte

Lambris (boiserie murale) Montant de chambranle


Bâtis, huisseries
2 • Détail de construction d’un chambranle (d’après Roubo).
et chambranles
Revenons maintenant à notre temps, et voyons un peu dans
Allons plus loin. Sur une autre planche de son livre, Roubo quels cas et de quelle manière utiliser ces différents dormants.
montre que le menuisier de ce temps s’occupe d’harmoniser et
d’ordonner les décors des appartements : les portes s’alignent Le bâti
par leurs axes, leurs largeurs sont identiques, ou pour le moins
Le bâti est plutôt réservé aux portes extérieures. Il a un rôle
coordonnées, et le visuel de chaque pièce est respecté : il s’agit
uniquement technique, et sera donc le plus discret possible.
ici de l’exemple classique d’un intérieur d’alors : on a une enfi-
lade de pièces (antichambre, salle à manger, grand cabinet, q Fabrication
salon et chambre à coucher). Portes fermées, les décors sont
identiques : dans l’antichambre, les portes apparaissent toutes Le bâti est composé de deux montants et d’une traverse
deux au nu des murs, dans la salle à manger, elles sont toutes haute. Il peut aussi y avoir une traverse basse, ou un seuil alu-
deux en ébrasement, et ainsi de suite. Je vous invite à lire aussi minium suivant les types de portes. J’essaie en général d’éviter
le descriptif de l’auteur, que je ne peux malheureusement pas cela pour plus de commodité d’accès : un seuil est toujours
reproduire ici, qui vous donnera une idée du souci du détail gênant, même dans le cas d’un seuil réduit dit « seuil handi-
de ces artisans : respect des ordres d’architecture, progression capé ». De plus, l’aluminium crée un excellent pont thermique,
de la richesse de mouluration en fonction de l’importance de la et ce n’est pas franchement ce que l’on recherche sur une porte
pièce… Rien n’était laissé au hasard ! Bien sûr, pour obtenir cet extérieure. Bref. Restons sur notre postulat de départ : deux
effet, les portes sont ferrées une fois au recto, une fois au verso montants et une traverse. Ces trois pièces vont recevoir une
des chambranles. Cela impose donc des systèmes de rotation feuillure, destinée à y loger tout ou partie de l’ouvrant, suivant
différents, qui sont décrits sur la planche. que celui-ci est ferré à recouvrement ou pas. Qui dit feuillure
Pour Roubo, le chambranle est donc lié à la porte intérieure, dit ravancement, et l’assemblage – qui sera tout bonnement un
et il en constitue le dormant. La distinction est nette avec les enfourchement traversé – sera donc modifié comme suit :
portes extérieures, que l’auteur nomme « portes bourgeoises » • Fig. 3 : la feuillure est large. On aligne alors la joue de
ou « portes bâtardes » qui sont ferrées soit sur bâti, soit directe- contreparement de l’assemblage avec la joue de feuillure. En
ment dans la maçonnerie. Dans ces cas, le scellement ne se fait contreparement, l’arasement reste sur l’origine. En parement,
plus en applique, mais en fond de feuillure, dans l’ébrasement. il avance de la largeur de la feuillure (ici 15 mm). Comme le
On peut remarquer aussi que le bâti n’est pas décoré, car il tenon se trouve dans la feuillure, il sera mangé par celle-ci lors
n’est pas destiné à être visible.

BONUS EN LIGNE
Retrouvez des illustrations du Roubo,
complémentaires à cet article, sur votre site : cement)
R=15 (ravan
www.blb-bois.com/les-revues/bonus 15 (épaulemen
t)

R=15
Cette joue d’assemblage
Résumons-nous : au XVIII siècle, on compte deux systèmes :
e
est alignée sur la joue
• Le bâti, destiné aux portes extérieures. Il s’agit d’un dor- de la feuillure
mant strictement utilitaire, qui reçoit les organes de rota-
3 • Assemblage de bâti ou d’huisserie :
tion et de fermeture de l’huis, sans décor, et qui se fixe en enfourchement avec ravancement
fond de feuillure. de feuillure (feuillure large).

le BOUVET I HS 18 I 9
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

du toupillage. Il sera donc épaulé de 15 mm, et sa mortaise qui fait office de couvre-joint. Il convient donc, en fonction de
correspondante réduite d’autant. l’épaisseur du doublage, soit de prévoir des retours de maçon-
• Fig. 4 : la feuillure est peu large. On aligne cette fois la joue nerie contre lesquels viendra s’appuyer le bâti (schéma du
de parement de l’assemblage sur la joue de feuillure. Les ara- milieu), soit de munir le dit bâti de fourrures d’isolation d’une
sements se placent de la même façon que dans le cas précédent largeur adéquate (schéma du bas).
(origine en contreparement, ravancement en parement), mais Dans les trois cas, je pose le bâti vide (sans la porte) :
on n’épaule plus : le tenon n’est plus dans la feuillure, mais à • Comme je l’ai dit, je pose la latte d’écartement sur le sol
côté. Il reste donc entier lors du toupillage. fini. Auparavant, j’aurai tracé sur les murs un trait à 1 m du sol
R=15 fini (depuis quelques temps, je positionne mon niveau laser
à cette hauteur). S’il le faut, je creuse des emplacements pour
loger le bas des montants : s’ils sont scellés au sol, le résultat

R=15
Cette joue d’assemblage
est alignée sur la joue de la feuillure Bâti

Vis métallique
4 • ... avec ravancement de feuillure (feuillure étroite). traversante

• Fig. 5 : lorsque je fabrique une porte avec son bâti, je trace


d’abord le bâti, à partir des cotes en tableau que j’ai relevées
sur le chantier. Puis je trace la porte par rapport au bâti. J’usine En ébrasement (rénovation)
et je monte ensuite la porte en
1 000
totalité. Concernant le bâti,
j’exécute les mortaises et un
seul des deux tenons. Puis je Appui
maçonnerie
ferre la porte sur le montant
de ferrage, et je détermine la
distance d’arasements de la Équerre
traverse haute une fois la porte de fixation
ferrée. Je suis ainsi beaucoup
plus précis au niveau des jeux
de fonctionnement. Après que
Bâti
mon bâti soit monté, je ne laisse
Trait de 1 m pas la porte dedans, car je ne En applique avec
pose jamais tout d’un bloc : je appui maçonnerie
suis seul, et je vieillis. Cela de- (construction neuve)
vient trop lourd à porter. Aussi,
je visse une barre d’écartement
sur le bâti. Pour plus de facilité,
je la coupe exactement de la lar- Équerre
1 000

geur de ce dernier. Et je la pose de fixation


de façon que son chant inférieur
vienne reposer sur le sol fini. Si Fourrure
le sol est bien fait, j’ai donc déjà d’isolation
un appui de niveau. Sinon, c’est
facile de recaler à droite ou à
1 000
gauche sous cette latte.
Bâti
5 • Avant la pose, je fixe une barre d’écartement au niveau du sol fini
En applique avec
fourrure d’isolation
q Pose (Fig. 6) (construction neuve)
Le bâti se loge en fond de feuillure quand il s’agit de réno-
vation (schéma du haut). En construction neuve, il est posé Maçonnerie Isolation BA13
en applique contre la maçonnerie, de façon que sa face inté-
rieure affleure le nu du doublage. La liaison doublage/bois est
ensuite assurée par un chant plat ou une baguette moulurée 6 • Les différents types de pose.

10 I HS 18 I le BOUVET
Dormants

n’en sera que plus solide. J’ajuste si nécessaire jusqu’à obtenir • Une fois la fixation effectuée, je regonde la porte, et je véri-
une bonne mise de niveau, le trait de 1 m tracé en atelier sur fie son placement dans le bâti. Si besoin, je peux encore modi-
les montants, bien alignés sur le trait laser. Pour maintenir fier l’aplomb latéral pour aligner la traverse de porte sur la
l’ouvrage, j’utilise quatre presses d’atelier : deux en bas, deux traverse de bâti. Puis je scelle définitivement avant de poser
en haut (Photo 7). Je règle alors l’aplomb dans les deux sens, une mousse de polyuréthane tout autour. Elle est destinée à
en interposant des cales entre le bois et la maçonnerie en face l’isolation thermique, mais achève aussi de marier menuiserie
des presses (j’ai toujours un assortiment de cales de 2 à 22 mm et maçonnerie, en laissant une certaine souplesse à la première.
taillées dans des chutes de panneau, ainsi que des coins que je
fabrique dans les chutes d’atelier).
L’huisserie
L’huisserie est un dormant prévu pour les cloisons, c’est-à-
dire des parois fines d’épaisseur constante (aux environs de
70 mm). Elle est composée, comme le bâti et le chambranle,
de deux montants et d’une traverse haute. Son épaisseur cor-
respond à l’épaisseur de la cloison, ce qui fait qu’elle affleure
aux nus de celle-ci sur les deux faces. La liaison entre les deux
matériaux est assurée par un champ plat ou une baguette mou-
lurée.

q Fabrication
L’assemblage est identique à celui du bâti, un enfourche-
ment traversé avec ravancement de feuillure. Je ne reviendrai
donc pas sur la façon de le négocier. Seules les sections de bois
changent. Alors que pour le premier, on est à peu près sur une
7 • Pour maintenir base de 50 x 50 mm, pour la seconde, on est plutôt sur du 70
l’ouvrage,
x 70, ce qui correspond à l’épaisseur d’une cloison plâtrière
j’utilise quatre
presses d’atelier. en brique (50 mm de brique + 2 x 10 mm de plâtre). Pour une
cloison sèche type BA 13 sur rails on tablera sur 74 mm (48 mm
• Lorsque tout est bien réglé, je fixe : + 2 x 13 mm BA 13). Vous le voyez, il nous faut nous adapter
– en rénovation, à l’aide de vis traversantes percées depuis au type de construction. Ce qui caractérise l’huisserie, c’est
le chant intérieur des montants (schéma de gauche Fig. 6, l’élégi à brique (Fig. 10, schéma de gauche). Cette feuillure
Photo 8). peu profonde poussée sur le pourtour de l’huisserie permet de
la lier à la cloison par l’intermédiaire de clous bateaux qu’on
y a plantés avant de les noyer dans le plâtre. Dans le cas de la
cloison sèche (schéma de droite), on visse un rail dans l’élégi, et
c’est sur ce rail qu’on vient fixer les plaques de plâtre.
Élegi à briques +
logement de gaine électrique BA 13 Rail M48
Vis
Plâtre

Briques Isolant

8 • Lorsque tout Clous bateau Huisserie


est bien réglé, Champlat Huisserie
je fixe. Sur cloison de briques Sur cloison sèche

– en neuf, on utilisera différentes sortes d’équerres de pose 10 • Mise en œuvre d’une huisserie sur une cloison plâtrière
(Photo 9, et schémas centre et bas de la Fig. 6). et sur une cloison sèche.

Petit modèle
q Pose
Cette fois, si le poids le permet (par exemple quand il s’agit
Patte à pointe
de portes Isoplane), je laisse la porte dans l’huisserie, en pre-
nant soin d’interposer des cales entre huisserie et ouvrant
pour que les jeux de fonctionnement soient respectés. La latte
d’écartement est alors posée plus haut, et du côté opposé à
Grand l’ouverture de la porte, pour pouvoir manœuvrer celle-ci sans
modèle
avoir à enlever cette baguette. C’est donc le dessous de porte
qui me sert de base pour établir ma mise de niveau. Dans le
Patte à cas où la porte est trop lourde, je reviens à la méthode précé-
scellement
dente. Quand on peut laisser la porte dans l’huisserie, on a
l’avantage d’avoir un bloc qui se tient, plus facile à manipuler.
9 • Différents accessoires
de pose : équerres, pattes… le BOUVET I HS 18 I 11
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

11 • Implantation et calage Étai posé


de l’huisserie en vue d’une d’aplomb dans
pose sur cloison plâtrière, les deux sens
ou sur cloison sèche.

Tringle
longitudinale
Presse

Tringle
transversale

Huisserie
alignée
sur les étais

Tracé de
la cloison Barre
d’écartement
Scellement

12 • Étai extensible.

Attention toutefois à ne pas forcer dessus sans respec-


ter aplomb ou niveau, car sinon, tout se déformerait Heureusement, je ne suis plus guère confronté à ce genre de
dès la première ouverture de porte. Nous allons avoir situation. Comme vous le pensez, le calage dans ces conditions,
deux cas de pose. Vous avez peut être remarqué que, quelles que soient les précautions que l’on prend, reste tout de
à cause de la feuillure à brique, on ne peut pas poser même fragile. Il suffit de tomber sur un plâtrier indélicat, et…
les huisseries cloisons montées. Il suffit de regarder la Un coup de brouette est vite arrivé ! Quand on revient avec les
Fig. 10 pour s’en rendre compte. ouvrants, les huisseries sont de guingois, et… Débrouille toi !
• Pose sur cloison plâtrière (Fig. 11, pour une meil- • Pose sur cloison sèche : là, c’est plus simple. En général,
leure visibilité, l’ouvrant n’est pas dessiné) : c’est la c’est la même personne qui pose la porte et qui monte la cloi-
pose traditionnelle. Comme la brique doit rentrer dans son :
les élégis, l’huisserie doit être posée avant les cloisons. – On implante les rails horizontaux (sol et plafond).
On dit que le menuisier implante les cloisons. En effet, – On met en place les rails verticaux.
il est obligé d’en faire le tracé au sol pour obtenir ses – Quand on arrive à la porte, on visse l’huisserie contre le
emplacements de portes. Le problème, c’est qu’on tra- premier rail, on met le second rail en place, on visse l’huis-
vaille sur un sol brut et dans un espace dégagé. On n’a serie contre en respectant aplomb et niveau, et on continue
que le sol et le plafond pour les fixer. Voici le processus : la cloison.
– Caler l’huisserie pieds en place à bonne hauteur et de
niveau. Pour ce faire, j’utilise deux accessoires pré-
cieux : mon niveau laser, réglé à 1 m du sol, et deux Le chambranle
étais extensibles (Photo 12). Juste contre le tracé de La grosse différence avec l’huisserie, c’est que le cham-
la cloison, et au droit de chaque pied d’huisserie, je branle se pose en applique. Normal : à l’époque où on l’uti-
mets en place un de ces étais extensibles, parfaite- lisait beaucoup, les cloisons minces n’avaient pas cours.
ment d’aplomb dans les deux sens. Donc, pas de possibilité de masquer l’épaisseur du mur par
– Je maintiens ensuite mon huisserie à la bonne hauteur le seul dormant. Alors, on pose le dormant en applique et
contre ces étais, à l’aide de quatre presses, en alignant on y adjoint des boiseries et un double chambranle (contre-
les arêtes des montants sur leurs arêtes. chambranle). Le lexique de la menuiserie recense de nom-
– Il ne me reste plus alors qu’à fixer l’huisserie pour breux types de chambranles, selon que les moulures sont
qu’elle ne bouge plus jusqu’à être noyée dans les cloi- « ravalées » ou non, etc… Ce classement avait sans doute
sons. Des lattes en biais au droit de chaque poteau, un grand intérêt pour l’auteur de ce lexique, mais pour ce
vissées dans le bois et dans le plafond, devraient y qui nous concerne, d’un point de vue technique, on peut les
suffire. Au pied, c’est plus simple : une grosse équerre ramener à deux catégories : les chambranles pour portes en
tamponnée au sol, qui sera ensuite cachée sous la cloi- applique, et les chambranles pour portes à vif (ou à fleur). Les
son, et voilà. deux seront moulurés, mais les premiers ne recevront pas de
– Je démonte mes étais, j’enlève l’ouvrant (qui ne doit feuillure, tandis que les seconds en recevront une. L’exemple
pas rester en place, car le plâtre va amener beaucoup concernant les premiers est facile à trouver, puisque la porte
d’humidité) et je passe à la suivante. de la pièce où j’écris possède ces caractéristiques (Photo 13).

12 I HS 18 I le BOUVET
Dormants
Fiche à larder
Saillie du Chambranle Porte ferrage
chambranle à recouvrement

Boiserie d’habillage
Assemblage chambranle

Précadre
= tenon mortaise

74
Chambranle Habillage de précadre
(= boiserie d'ébrasement)

Double chambranle

15 • N° 2 : chambranle sur cloison sèche moderne. Porte ferrée


à recouvrement, simple parement, ouverture vers l’extérieur.

q Pose
La pose d’un chambranle est beaucoup plus simple que celle
d’une huisserie, puisqu’on vient l’appuyer contre un mur exis-
tant. Il suffit donc de régler la hauteur, le niveau et l’aplomb
comme on l’a vu précédemment, en maintenant le chambranle
avec des serre-joints. On peut ensuite le fixer de manière invi-
sible en utilisant des pattes métalliques, d’équerre ou droites,
que l’on visse par derrière et contre le chant du mur. Ces pattes
sont ensuite camouflées par l’habillage d’ébrasement. Le
double chambranle est directement fixé dans le mur (collé ou
cloué suivant les matériaux).
Voici une petite astuce que j’ai utilisée quand j’ai fabriqué
mes portes sur chambranle : lorsque j’ai monté mes cloisons
sèches, j’y ai inclus des « précadres », soit deux montants et
une traverse délimitant les ouvertures des pièces. Ces pré-
cadres sont indiqués sur les Figs. 14, 15, 22, 23…, et sur la
Double Photo 21 ci-dessous. Cela m’a permis de fixer facilement les
chambranle chambranles par pattes métalliques, mais aussi de clouer les
doubles chambranles d’une façon plus sûre que si j’avais dû
les fixer directement sur le BA 13 (Figs. 22 et 23).

13 • Exemple de chambranle pour porte en applique.

Quant à l’autre type, nous allons simplement l’inventer. Voici Chambranle


donc un chambranle pour porte à vif (Fig. 14), avec ouverture
de la porte côté ébrasement (nous l’appellerons n°1), et un
chambranle pour porte à recouvrement (Fig. 15), avec ouver- Plaque de
ture vers l’extérieur (n°2). Il va de soi qu’on peut faire ouvrir fixation encore
les portes du côté qu’on veut dans les deux cas. Il suffit de visible
modifier les chambranles en conséquence.

Saillie du Chambranle
chambranle Assemblage chambranle
= enfourchement d’onglet
Précadre
Précadre

Porte
74

Paumelle à vase

Habillage de précadre
(= boiserie d’ébrasement)
Double chambranle
21 • Chambranle sur précadre
en cours de pose.
14 • N°1 : chambranle sur cloison sèche moderne.
Porte ferrée à vif, ouverture dans l’ébrasement.

le BOUVET I HS 18 I 13
Les menuiseries – Fabrication et pose
95
56 56
47 47

30
24

24
75

75
L’assemblage L’assemblage est
est arasé d’onglet arasé d’équerre.
Une petite avancée

47
d’arasement est
En une seule partie En deux parties nécessaire pour
le congé de ferrage
40
En trois parties
Détail = solides capables

17 • Trois propositions pour construire le chambranle n°1.


Profil non réalisable
en une seule pièce

Exemples de fabrication On a juste besoin d’un ravancement de moulure pour gérer le congé
de ferrage (Fig. 19). Comme pour les ouvrages précédents, on trace le
• Assemblage : dans ces deux cas, le parement des chambranles chambranle d’après les cotes de la baie de maçonnerie, puis la porte
est mouluré sur toute la surface. On n’a donc pas le choix : Pour
raccorder ces moulures entre les montants et la traverse haute, il
Moulures de pourtour Le congé de ferrage
nous faudra une coupe d’onglet (Photo 16). Et derrière cette coupe, rapportées se situe en contreparement
comme pour les bâtis et les huisseries, l’assemblage le plus adapté
sera l’enfourchement traversé. On prendra soin d’usiner les tenons
dans les montants, et les mortaises dans la traverse. Ainsi, le bois de
bout des tenons apparaîtra sur le dessus du chambranle, et sera donc
invisible une fois celui-ci posé.

Moulures de face
intégrées

18 • En deux parties, il faut


nécessairement utiliser
un enfourchement d’onglet.

16 • Ces moulures de chambranles nécessitent un raccord d’onglet.


Moulures
• Construction : vous avez sans doute remarqué qu’aucun de nos de pourtour
deux ouvrages n’est fabriqué d’une seule pièce. Je vous ai cependant rapportées
dessiné trois possibilités théoriques de construire ce modèle (Fig. 17).
Comparez les solides capables des trois propositions : on voit tout
de suite que plus on procède par embrèvement de profils, moins on
consomme de bois. De plus, les sections étant moins importantes, il
est plus facile de trouver des bois secs. Et, autre avantage : les profils
collés ensemble se contrarient et tendent à stabiliser la pièce finie.
On peut dire à coup sûr qu’un chambranle façonné selon le procédé
Moulures de face
dessiné à droite sera bien plus fiable que le même taillé dans la masse, rapportées
comme sur le schéma de gauche. Enfin, cela facilite l’usinage :
– Au niveau du profilage, plus le chambranle comporte de pièces,
moins on a de feuillures à pousser. D’autre part, certaines parties de
profils sont impossibles à réaliser mécaniquement si le chambranle
est d’une pièce (détail Fig. 17, détail schéma gauche).
Le congé de ferrage
– Au niveau des assemblages, lorsqu’on réalise les pièces en deux parties, se situe en
il faut nécessairement utiliser un enfourchement d’onglet (Fig. 18). contreparement
Par contre, si on opte pour la solution en trois parties, l’assemblage est
à arasements d’équerre, puisque l’onglet se trouve sur des pièces
rapportées. 19 • En trois parties, l’assemblage est à arasements d’équerre.

14 I HS 18 I le BOUVET
Dormants

Pointe
d’après le chambranle. À la fabrication, on ajuste le chambranle
aux cotes réelles de la porte. L’ordre d’usinage est toujours le
même : d’abord les assemblages, ensuite les profils.
– Chambranle n° 2 : en regardant la Fig. 20, on s’aperçoit qu’on a
en fait affaire à un cadre assemblé plat, sur lequel viennent se
loger des moulures rapportées dans un élégi de 2 mm. Un congé
court autour de ce cadre. On pourrait imaginer assembler à tenon
mortaise, mais il me semble plus simple dans ce cas d’adopter un
enfourchement (ou un tenon mortaise) traversé arasé d’onglet,

Précadre
car cet assemblage permet de raccorder le congé et l’élégi sans
problèmes. De plus, il est simple à exécuter dans ce cas. n

Plaque
métallique

22 • Manière de
Moulure fixer le chambranle
d’encadrement n°1 sur un précadre.

Élégi

20 • Chambranle
n°2 : les moulures
viennent se loger
dans un élégi. Équerre
métallique

Précadre

23 • Manière de fixer
les chambranles plats
(n°2) sur un précadre.

Conclusion
Voilà. Le bâti s’adresse donc plutôt au domaine de la porte ce dernier est beaucoup moins contraignante que celle de
extérieure, tandis que le chambranle et l’huisserie s’adressent l’huisserie. De plus, il peut s’adapter aussi bien à des cloisons
au même domaine : celui de la porte intérieure. Par contre, qu’à des maçonneries plus épaisses. D’ailleurs, de nombreux
l’huisserie n’est utilisable que sur une cloison. On peut même industriels de la porte de communication proposent mainte-
dire qu’elle a été inventée pour la cloison plâtrière. Celle-ci nant des systèmes de dormants très proches techniquement
tendant à disparaître au profit des cloisons sèches, doit-on du chambranle. De là à parler de renouveau, il n’y a qu’un
envisager le retour du chambranle ? Après tout, la pose de pas… n

24 • Un chambranle peut aussi présenter une fabrication plus « sobre » : il y en a pour tous les goûts !

le BOUVET I HS 18 I 15
Construisez
vos fenêtres
à isolation thermique
et phonique avec
de l’outillage standard
Par Sylvian Charnot,
menuisier-ébéniste

Actuellement, le « top »
en fenêtre ou porte-fenêtre
est représenté par
des menuiseries à
double vitrage et double
joint d’étanchéité.
Pour les réaliser, on pense
souvent qu’il faut
un outillage spécifique qui
coûte fort cher. Eh non ! On peut y parvenir autrement…
Voici donc le procédé de fabrication d’une menuiserie isolante entièrement
réalisée avec de l’outillage conventionnel.

Contraintes et solutions Le froid


Comme la chaleur, le froid se transmet par échange à tra-
Pour être vraiment efficace, une menuiserie isolante doit
vers un matériau conducteur. C’est ce qu’on appelle un « pont
être mise en œuvre en respectant scrupuleusement un certain
thermique ». Tous les matériaux sont plus ou moins conduc-
nombre de principes. Cela va du choix des matériaux à la pose,
teurs. Deux exemples simples : une plaque de tôle est forte-
en passant bien évidemment par la fabrication.
ment conductrice alors qu’à l’inverse, un panneau de laine de
Nous l’avons dit : une fenêtre doit laisser passer la lumière,
verre est très faiblement conducteur (c’est pour cela qu’il est
s’ouvrir pour aérer, et se fermer avec fiabilité pour combattre le
classé « matériau isolant »).
froid, les intempéries et, de plus en plus, le bruit.
Pour la fabriquer, nous allons utiliser du bois, du verre, de
Dans une fenêtre, c’est le verre qui cause le plus de déperdi-
la quincaillerie et des joints d’étanchéité (PVC ou Néoprène).
tions par échange thermique. D’abord parce que c’est un ma-
En la posant, nous devrons assurer une liaison efficace entre le
tériau conducteur, ensuite parce qu’il constitue la plus grande
bois et le gros œuvre (quelle que soit sa nature, pierre, maçon-
surface de l’ouvrage. Le double vitrage a permis de r­ ésoudre le
nerie, bois de charpente…).

16 I HS 18 I le BOUVET
Fenêtres

problème. Son principe consiste à créer un sandwich composé d’intercalaire, et moins on a de perte. Il faut donc éviter les
de deux feuilles de verre (en langage de miroitier, on parle de petits vitrages. Si on doit poser des petits bois, il vaut mieux
« volume ») séparées par une couche d’air sans contact avec qu’ils soient rapportés sur le vitrage que de diviser la fenêtre
l’extérieur. C’est cette couche qui constitue l’isolant. Les deux en plusieurs surfaces vitrées.
verres sont collés l’un avec l’autre en intercalant un profil alu-
minium contenant un produit déshydratant pour éviter la for- Pour optimiser ces performances, les fabricants ont recours
mation de buée entre les vitres. Ça, c’est la théorie la plus pure. à différents procédés, et sont bien sûr en recherche constante.
La réalité est un peu plus complexe, et vaut la peine que nous Tout d’abord, en augmentant l’épaisseur de la couche d’air. De
nous y intéressions d’un peu plus près. Le « 4/10/4 » que j’uti- 10 mm, elle est passée à 16, puis à 20 mm. Mais on s’est aperçu
lisais communément à une époque est maintenant obsolète, et qu’une convection se crée si on augmente trop cette valeur,
il est bon de savoir par quoi le remplacer. surtout pour les vitrages de grande surface. Autrement dit, le
gaz emprisonné se met à s’agiter. Or il est indispensable qu’il
Double vitrage 4/10/4 soit au repos pour être au mieux de son efficacité. La convec-
tion annule le gain d’isolation que doit fournir l’augmentation
d’épaisseur. De ce fait, le double vitrage le plus courant actuel-
lement est le « 4/16/4 ». Par contre, le remplacement de l’air
4 10 4
par un gaz rare et moins conducteur (le plus souvent l’argon) a
permis d’améliorer encore les résultats. L’utilisation de butyle
en remplacement de l’aluminium pour la réalisation de l’inter-
Air sec ou Verre 4 mm calaire (dit « Warm-edge » ou « bord chaud » en français) a
gaz spécial diminué les pertes à ce niveau. Enfin, le procédé dit « à faible
émissivité », qui consiste à traiter la surface interne d’un des
verres, permet de limiter les déperditions en rayonnement du
chauffage. Les vitrages remplis à l’argon, pourvus d’un verre à
Profilé faible émissivité et d’un intercalaire « bord chaud » sont appe-
aluminium lés « ITR » (isolation thermique renforcée).

Voilà pour les grandes lignes de l’évolution des vitrages.


Granulés
Si vous souhaitez approfondir la question, pour parler par
déshydratants Mastic
colle exemple de l’isolation phonique, de triple vitrage ou de
vitrage à film suspendu, je vous invite à consulter les sites
Rappelons d’abord la façon dont les miroitiers nomment un https://conseils-thermiques.org ou www.vitrage-fenetre.com
double, voire un triple vitrage : par épaisseur, de l’extérieur par exemple. Vous pouvez aussi consulter votre miroitier, qui
vers l’intérieur. Ainsi, « 4/10/4 » signifie un verre de 4 mm connaît tout cela par cœur. En tout cas, je vous conseillerais au-
extérieur, une lame de gaz intercalaire de 10 mm, et un verre jourd’hui un double vitrage « 4/16/4 » ITR Argon Warmedge
de 4 mm intérieur. « 4/12/4/12/4 » désigne un triple vitrage qui permettra un Ug autour de 1, ce qui n’est pas mal du tout.
composé d’un verre de 4 mm extérieur, une couche de gaz de
Double vitrage ITR 4/16/4
12 mm, un verre intermédiaire de 4 mm…
Couche neutre
Les performances d’isolation d’une fenêtre sont dépen- peu émissive
dantes de 4 paramètres :
EXTÉRIEUR INTÉRIEUR
• Le coefficient de transfert thermique. Il exprime un flux
thermique (par exemple la valeur de la déperdition thermique
en hiver) et est noté Ug pour le vitrage, et Uw pour l’ensemble 4 16 4
d’une fenêtre. Il inclut dans ce dernier cas les déperditions cau-
sées par la structure bois. Mon 4/10/4 d’il y a 15 ans a un Ug Argon Verre 4 mm
de 2,9 environ, alors qu’un « 4/16/4 » moderne se situe autour
de 1. Vous l’aurez compris : plus le coefficient est petit, plus
l’isolation est performante.
• Le coefficient de transmission lumineuse, noté TL, repré- Entretoise
sente en % la valeur de lumière que laisse passer le vitrage. Butyl
Granulés
C’est quand même important, c’est pour ça qu’on vitre. Il déshydratants
Mastic colle
tourne autour des 70 %.
• Le facteur solaire est, en %, la fraction d’énergie solaire qui
pénètre dans le bâtiment par le vitrage. Il est noté g. L’hiver, Remarque : le bois, bien qu’étant par nature un matériau
il est intéressant que cette énergie entre dans la maison. L’été, isolant, et plus performant que l’aluminium ou les PVC, se re-
on préfère la laisser dehors. D’où paradoxe… et réponse par- trouve malgré tout en position d’infériorité face à cette techno-
tielle des verriers par l’isolation thermique renforcée (ITR, j’y logie. C’est lui qui fait monter le coefficient Uw. Voilà une autre
reviens plus loin). raison, en plus de la luminosité, d’en réduire les surfaces au
• Le coefficient de transfert thermique du cadre, ψ, est la maximum. On pourra par contre lui donner de l’épaisseur, qui
perte supplémentaire due à l’intercalaire. D’où on conclut va être nécessaire pour accepter des vitres de 24 mm, et qui ne
immédiatement que plus le vitrage est grand, moins il y a peut qu’augmenter l’isolation procurée.

le BOUVET I HS 18 I 17
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

À LA CROISÉE DES MOTS


La fabrication de fenêtres fait appel à des termes spécifiques pas toujours faciles à définir. Histoire de bien
nous entendre, voici les définitions de ce vocabulaire particulier. La plupart des schémas cités ici se trouvent
sur les pages qui suivent ; les autres le seront dans l’article consacré à la pose de fenêtres.
• Appui : maçonnerie sur laquelle s’appuie une fenêtre • Joue d’assemblage : le terme « joue » désigne l’épaisseur
par l’intermédiaire de sa pièce d’appui. de bois restant de part et d’autre d’une rainure ou d’une
• Battant : se dit d’un cadre assemblé ou d’une pièce de bois mortaise. Par extension, la face interne de la mortaise ou
venant « battre » sur une autre. Les ouvrants sont de la rainure correspondant à cette épaisseur est aussi
des battants. appelée joue. On utilise également le terme pour désigner
le côté d’un tenon. Elle peut être joue de parement ou
• Battant mouton : partie d’une croisée à la française. joue de contreparement selon le nu auquel elle se réfère.
• Cochonnet : saillie du dormant d’une fenêtre sur • Joue de feuillure : c’est par exemple le côté sur lequel
les tableaux et le linteau de la maçonnerie. s’appuie le joint de vitrage. Elle est séparée du nu
• Couverte : partie horizontale supérieure des ébrasements. de référence par la largeur de la feuillure.
• Crémone : organe à plusieurs points permettant de • Linteau : partie horizontale supérieure des tableaux.
fermer une fenêtre. Elle peut être en applique (menuiserie • Meneau : partie d’une croisée à la française.
traditionnelle) ou encastrée (menuiserie moderne).
• Montant de battement : montant de l’ouvrant situé au
• Croisée : menuiserie extérieure se fermant par niveau du battement des ouvrants (montant droit pour
croisement des vantaux, à l’aide d’un système l’ouvrant gauche, et gauche pour l’ouvrant droit).
« battants mouton / gueule de loup ».
• Montant de ferrage : montant sur lequel
• Dormant : partie fixe d’une fenêtre sur sont fixés les organes de rotation.
laquelle viennent battre les ouvrants.
• Nu : surface visible d’une pièce de bois ou d’une maçonnerie
• Ébrasement : dans un percement de fenêtre, partie servant de référence. Exemple : le joint sur ouvrant
verticale biaise intérieure destinée à permettre vient s’appuyer sur le nu (le parement) du dormant.
d’avancer la menuiserie vers l’extérieur et
à favoriser l’entrée de la lumière. • Ouvrant : partie mobile d’une fenêtre
venant battre sur le dormant.
• Faux dormant : montant central rapporté sur l’ouvrant
gauche et servant de battement à l’ouvrant droit. • Pièce d’appui : partie horizontale basse d’une fenêtre
venant s’appuyer sur l’appui de maçonnerie.
• Fermeture à battement : fermeture par
battement de l’ouvrant droit sur l’ouvrant gauche, • Regingot : ressaut de l’appui destiné
utilisée dans les menuiseries modernes. à favoriser l’étanchéité.

• Ferrage : action de pose des organes de rotation. • Tableau : dans un percement de fenêtre, partie
Ensemble des organes de rotation. verticale extérieure reliant la façade à la menuiserie.

• Fourrure : pièce rajoutée destinée à combler • Tapée : pièce rajoutée destinée à fixer un élément
un vide (fourrure d’isolation). (tapée de persienne ou tapée d’isolation).

• Gueule de loup : partie d’une croisée à la française. Remarque : si d’autres soucis de vocabulaire se posent
à vous, n’hésitez pas à consulter le « Dico du Bois » sur
• Jet d’eau : partie horizontale basse d’un ouvrant de notre site Internet blb-bois.com (rubrique « Dossiers »). n
fenêtre, destinée à rejeter l’eau sur la pièce d’appui.

Le froid se propage également par l’intermédiaire du vent, Le type de ferrage sera donc à recouvrement (chicane oblige),
qui parvient à s’insinuer entre le dormant et l’ouvrant. Nous sauf fabrication très spéciale qui ne sera pas traitée ici. Les
pouvons traiter ce problème en créant des chicanes par pro- joints à lèvre sont de deux types.
filage, et en interposant des joints à lèvre.
Jeu de feuillures
formant chicane
Dormant

Joint sur
dormant
Joint sur
ouvrant

Nu du
Ouvrant
dormant
Jeu de recouvrement
Vue en coupe horizontale.

18 I HS 18 I le BOUVET
Fenêtres

10

14
La feuillure est trop éloignée de la rainure à joint :
le joint ne porte pas sur la feuillure
• Les joints sur dormant. Ils se posent en rainure (ici largeur La plupart des problèmes d’étanchéité à l’air que j’ai pu consta-
4 mm) poussée dans la feuillure du dormant. De ce fait, le joint ter étaient dus soit à un mauvais positionnement joint/feuil-
est statique, et c’est l’ouvrant de la croisée qui vient s‘appuyer lure, soit à des jeux de fonctionnement trop importants. Reste
dessus à la fermeture. La partie que l’on insère en force dans à choisir le talon : les talons rigides sont plus faciles à mettre en
la rainure s’appelle le talon. Il peut être rigide ou souple. Les place, mais je trouve qu’ils vieillissent moins bien que les talons
talons sont moulés en forme « queue de sapin » (ergots doubles) souples, et finissent par se couper à la liaison talon/lèvre. Quant
ou « demi-queue de sapin » (ergots simples). La lèvre est bien à la fixation, je trouve que le système « queue de sapin » assure
entendu souple et arquée vers l’intérieur. Elle viendra s’appuyer une meilleure tenue à l’utilisation.
sur une feuillure poussée sur le chant extérieur des ouvrants. • Les joints sur ouvrants. Sur le même principe de fixation, ils
La performance du système dépend essentiellement du posi- s’insèrent dans une rainure (ici largeur 5 mm) située en fond de
tionnement de cette feuillure par rapport à la rainure du joint : la feuillure de recouvrement de l’ouvrant. Cette fois, c’est le joint
positionnée trop « extérieure », elle risque, sur les montants de qui est mobile et vient s’appuyer sur le nu du dormant. Vous
ferrage, d’attraper la lèvre du joint et de la coincer dans le jeu pouvez constater sur les schémas précédents qu’il existe un grand
de fonctionnement. Le système perd alors de son efficacité, et nombre de profils de lèvre différents. En fait, le plus important,
le joint s’abîme un peu plus à chaque fermeture, jusqu’à dété- c’est de laisser le bon jeu de recouvrement entre ouvrant et dor-
rioration complète. Positionnée trop « intérieure », elle ne sera mant pour que le joint puisse venir s’appuyer sans être écrasé.
pas suffisamment en appui sur le joint, occasionnant ainsi des Trop peu de jeu = écrasement du joint + fenêtre difficile à fermer.
passages d’air. Trop de jeu = passages d’air. Les valeurs de jeu de feuillure à
Vues en coupe horizontale. respecter suivant le modèle de joint choisi sont données par les
fabricants (indiquées dans le tableau du schéma précédent des
« joints de fenêtres sur ouvrants »). On voit sur le même tableau
que les talons sont cette fois en « demi-queue de sapin ». Cela leur
permet de bien s’appuyer contre la joue de feuillure de recouvre-
ment, ce qui ne serait pas possible avec une queue de sapin.
10

11

Remarque : le débat « joints sur ouvrants / joints sur dormants »


occupe le petit monde de la menuiserie depuis un bon moment. En
fait, leur faiblesse commune se situe au niveau du croisement des
ouvrants. La combinaison des deux systèmes permet non seule-
ment de résoudre cette faiblesse, mais aussi d’accéder à une qualité
d’isolation phonique et thermique supérieure. Notez qu’on peut
aussi concevoir ses menuiseries avec un double joint sur ouvrant,
Ferrure
Joint sur dormant : bon rapport de position entre rainure à joint et suite à l’apparition d’une nouvelle génération de joints.
feuillure d’appui. Le joint ne coince pas à la fermeture et se trouve Cela permet de supprimer le joint sur dormant qui, s’il est
fenêtre fermée en bon appui sur la feuillure.
efficace, provoque toujours une petite résistance à la fermeture
des ouvrants. Il y a toujours un passage plus dur pour fermer
la menuiserie avant que la lèvre du joint ne s’insère dans la
gorge de décompression. De plus, à la longue, le joint sur dor-
mant a tendance à se couper du fait de ces passages en force.
On obtient ainsi un fonctionnement plus doux en conservant
10

les mêmes qualités d’étanchéité. Cela n’enlève rien au système


précédent, qui garde la même efficacité. Par ailleurs, le joint sur
ouvrant possède à mon sens une meilleure longévité.

La feuillure est trop proche de la rainure à joint : le BOUVET I HS 18 I 19


le joint se coince derrière l'ouvrant à la fermeture
Voici quelques nouveaux modèles de joints, mais la gamme est large.
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Liaison mur menuiserie. Vues en coupe horizontale.

Pose en ébrasement Pose à fleur

Mastic d'étanchéité
(joints en silicone)

Mousse polyuréthane

Isolation continue (l'isolant touche


la mousse de polyuréthane)

Doublage appuyé
sur le dormant

Pour en finir avec la problématique du froid, il nous faudra


soigner la liaison menuiserie / gros œuvre à la pose. En effet, là
Les intempéries
encore, un mur en contact à la fois avec l’extérieur et l’intérieur
Pluie ou neige ne peuvent s’infiltrer qu’à deux endroits : en s’in-
crée un pont thermique important, en occasionnant des pas-
sinuant entre dormant et ouvrant, ou entre dormant et gros œuvre.
sages de froid, voire d’humidité. On résout ce problème, comme
• Entre dormant et ouvrant, le problème se résout de la
vous le savez, par l’adjonction d’un doublage isolant intérieur.
même façon que dans les menuiseries traditionnelles, c’est-à-
Ce doublage doit venir s’appuyer sur la menuiserie, que celle-ci
dire par l’adjonction d’un profil de renvoi en bas des ouvrants
soit posée à fleur ou en ébrasement. La liaison entre bois (dor-
appelé « jet d’eau ». Sa forme en doucine ou en pente lui per-
mant) et gros œuvre sera assurée par un remplissage à la mousse
met de renvoyer l’eau sur la pièce d’appui, qui va la diriger
de polyuréthane (qui offre l’avantage, en plus, de coller la me-
vers l’appui de maçonnerie, lui-même en pente vers l’extérieur
nuiserie au mur, renforçant par là même la fixation) complété par
(voir schéma ci-dessous).
un joint de mastic d’étanchéité posé à la pompe (pistolet) et lissé
(type silicone ou polyuréthane) (voir schéma ci-dessus).
Liaison entre pièce d’appui et maçonnerie.
Vues en coupe verticale.

Gorge et trou d'évacuation


EXTÉRIEUR INTÉRIEUR des eaux d'infiltration

Joint d'étanchéité
bitumeux Pièce d'appui

Pièce d'appui
Joint d'étanchéité
bitumeux

Pose en ébrasement
Pièce d'appui courte Pose à fleur du doublage
Pièce d'appui rallongée

Différentes pièces d'appui suivant le type de pose.


Profils et éléments permettant de rejeter les intempéries.

20 I HS 18 I le BOUVET
Fenêtres

Il est très important que la pièce d’appui touche les deux


tableaux par l’intermédiaire d’une liaison étanche (joint de sili-
Le bruit
cone). Le non-respect de cette consigne peut entraîner des infil-
trations par capillarité. De même, les jets d’eau doivent venir On sait que la propagation du bruit se combat par inter-
au plus près des chants intérieurs de dormants, et être le plus position successive de matériaux différents, et plus parti-
continus possible au niveau du battement central. Cela permet culièrement par alternance de matériaux durs et mous. Le
de réduire les infiltrations. Comme montré sur le schéma de la double vitrage fait donc partie de cette catégorie (alternance
page précédente, ces infiltrations sont reprises au niveau de la verre/gaz/verre). Quant au triple vitrage, contrairement à une
pièce d’appui par une gorge de récupération. Elles sont rejetées croyance populaire, il ne constitue pas une isolation phonique
à l’extérieur par un ou deux trous en pente. supplémentaire, mais plutôt un renforcement de l’isolation
thermique. Pour créer une barrière phonique, il faut des parois
d’épaisseurs différentes. Le double vitrage phonique que pro-
posent les fabricants est souvent un « 10/10/4 ».
Les menuiseries telles que nous allons les fabriquer sont
déjà très efficaces, surtout avec un double joint à lèvre, et suf-
fisent dans la plupart des cas. Pour aller plus loin, et comme il
s’agit avant tout d’un choix de vitrage, qui ne changera rien à
la conception de la menuiserie, il vaut mieux s’adresser à un
spécialiste. Votre miroitier est là pour ça.

Influence du type de pose


sur la fabrication
Aujourd’hui, que ce soit en rénovation ou en construction
neuve, et en tout cas sous nos latitudes, on isole les murs exté-
La gorge est placée à l’extérieur du joint sur dormant, s’il y
rieurs par un doublage composé d’une matière isolante (laine
a joint sur dormant, préservant ainsi le cloisonnement exté-
de verre, de roche, de bois…) et d’un parement tenant lieu de
rieur/intérieur. Le procédé est exactement le même en cas de
mur intérieur (brique plâtrière, plaque ou carreau de plâtre,
second joint sur ouvrant.
voire même lambris ou boiserie). Quelle que soit la nature de
ce doublage, il va engendrer un élargissement des murs (entre
Reprise des infiltrations 12 et 20 cm suivant les matières employées). Se pose alors la
par gorge et drain question : où pose-t-on la fenêtre ? En d’autres termes, quand
sur la pièce d’appui
d’un modèle de fenêtre
pose-t-on à fleur du doublage, et quand crée-t-on un ébrase-
à deux joints sur ouvrant. ment ? Tout est question d’épaisseur des murs au départ :

• Les bâtisses anciennes possèdent en général des murs


épais (50 à 60 cm). Ajoutez-y le doublage d’isolation, et on ar-
rive rapidement à 70 cm, voire 80 cm ! On voit bien alors qu’il
n’est plus possible de poser à fleur du doublage. Des tableaux
Gorge de de 60 cm donneraient esthétiquement un effet de meurtrières
récupération
à l’extérieur et « mangeraient » toute la lumière côté intérieur.
D’ailleurs, les ouvertures percées jadis dans ces murs sont
ébrasées de façon à engendrer des tableaux qui tournent au-
Drainage des tour de 20 cm. Cette disposition ajoutée à la pente donnée aux
eaux récupérées ébrasements verticaux (la couverte restant en général horizon-
tale) permet à la fois une esthétique très agréable en façade et
une entrée de lumière accrue par rapport aux dimensions de
l’ouverture. Nous poserons donc en fond d’ébrasement, en
prenant soin de ramener l’isolation jusqu’à la fenêtre. La pièce
d’appui sera courte (voir schéma page suivante).
• Entre dormant et gros œuvre : sur les tableaux verticaux
Remarque : j’ai également trouvé cette configuration récem-
et au niveau du linteau, c’est le joint d’étanchéité qui remplit
ment dans une maison neuve construite en brique isolante.
ce rôle. En ce qui concerne la partie basse, c’est la forme de
Comme cette brique remplit à la fois les rôles de mur porteur
l’appui de maçonnerie (en pente et pourvu d’un regingot)
et d’isolant, elle ne nécessite pas de doublage intérieur, et les
qui va assurer le rejet d’eau. Lors de la pose de la menuiserie,
propriétaires avaient opté pour la réalisation d’ébrasements
l’adjonction d’un joint bitumeux (type « Compriband ») entre
dans l’épaisseur du mur. Ce matériau est d’ailleurs prévu pour,
la pièce d’appui et le regingot va garantir l’étanchéité à ce
et la découpe nécessaire s’effectue assez facilement.
niveau, en absorbant les éventuelles imperfections de lissage
de la maçonnerie.

le BOUVET I HS 18 I 21
Portes et fenêtres • Fabrication et pose
Pose en fond d’ébrasement (bâtiments anciens).

Vue en coupe horizontale Vue en coupe verticale

EXTÉRIEUR

Cochonnet

Couverte
Cochonnet
EXTÉRIEUR INTÉRIEUR
Tablette

Ébrasement
INTÉRIEUR
Isolation

Doublage

• Les murs des constructions modernes ne dépassent guère a cependant l’inconvénient d’approfondir considérablement
20 à 27 cm d’épaisseur. Le jumelage avec une isolation d’une les tableaux de maçonnerie, jusqu’à souvent les multiplier par
douzaine de centimètres nous laisse le choix d’une pose en deux. Ce qui, bien sûr, nuit considérablement au facteur so-
applique contre le parpaing (ou la brique) – avec pièce d’appui laire, la fenêtre se trouvant dès lors très enfoncée dans le mur,
rallongée – qui engendre de petits ébrasements dans le dou- et ce quelle que soit la façon dont elle a été posée auparavant.
blage (un peu trop petits, peut-être), ou d’une pose à fleur Voilà un paramètre à bien prendre en compte avant d’envisa-
du doublage. Des tapées (fourrures d’isolation) et une pièce ger ce genre de travaux.
d’appui rallongée permettent alors de rattraper la maçonnerie
(voir schémas page suivante). Dernier point à ne pas oublier : si vous pensez équiper vos
fenêtres de persiennes en tableau (vous savez, ces petits volets
Quelle que soit la solution employée, on utilise les mêmes qui se replient contre les tableaux), il vous faudra visser des
moyens de fixation, avec des dimensions adaptées. tapées sur les deux montants et la traverse haute avant la pose.
Attention : on ne fixe jamais une menuiserie en vissant les Ces pièces permettront de rabattre les persiennes et de poser
équerres (ou les pattes) dans les tapées ! C’est formellement les gâches de fermeture.
interdit par le DTU. La fixation doit se faire dans le bâti dor-
mant. Ce qui semble tout à fait logique.
Je ne trouve pas ce procédé très esthétique, car il augmente
la valeur des tableaux, qui de plus se retrouvent constitués de
deux matériaux différents (maçonnerie et bois). Il reste cepen-
dant le plus employé à ce jour.
Il existe aussi la pose en tunnel. Elle est contre nature : la
porte n’a aucun appui contre la maçonnerie, et seuls les joints
élastomères assurent l’étanchéité maçonnerie/menuiserie. Ja-
mais les anciens n’auraient posé ainsi, et c’est pourtant quelque
chose qu’on trouve de plus en plus souvent aujourd’hui. Inu-
tile de vous dire que je vous la déconseille fortement. Si tou-
tefois vous y étiez obligé, fixez avec les chevilles métalliques
traversantes.

• J’indique une voie supplémentaire pour les puristes : il


s’agit de façonner des feuillures de pose dans les tableaux ver-
ticaux et le linteau. Sur des parpaings de 27 cm, par exemple,
cela permet de poser en ébrasement avec de beaux tableaux Dans le cas d’une pose à fleur du doublage, les fourrures
de 21 cm. Les ébrasements, profonds dès lors d’environ 12 à d’isolation (tapée d’isolation) se fixent sur les tapées de per-
20 cm, deviennent esthétiquement plus plausibles. De plus, sienne. Voyez votre fournisseur de persiennes pour connaître
cela ne complique en rien le travail. Il suffit de demander au la largeur de tapée nécessaire. Le calcul s’effectue à partir des
maçon de réserver les feuillures à la construction. dimensions en tableau et de la profondeur disponible.
Remarque : nous n’avons parlé jusqu’ici que de pose sur des
• J’ajoute encore une petite parenthèse concernant les iso- tableaux de maçonnerie, qu’elle soit de pierre, de parpaings ou
lations de rénovation par l’extérieur, qui se multiplient, et ont de brique. Mais on peut aussi poser sur des tableaux en bois.
tendance à devenir une norme puisque subventionnées par Lorsqu’on construit un chalet ou une maison à ossature bois,
l’État jusqu’il y a peu dans le cadre du programme d’aide aux par exemple, ou lorsqu’on décide tout simplement que les ta-
économies d’énergie. Ce procédé, apparemment très efficace, bleaux seront en bois.

22 I HS 18 I le BOUVET
Méthodes de pose en construction moderne. Vues en coupe verticale.

A Vue en coupe horizontale B Vue en coupe horizontale C Vue en coupe horizontale

EXTÉRIEUR

Fourrure
En applique d'isolation Feuillure

Tapée de
persienne

INTÉRIEUR
Dormant à fleur
du doublage

Vue en coupe verticale


Vue en coupe verticale Vue en coupe verticale

Dormant
En applique à fleur Feuillure
du doublage

EXTÉRIEUR INTÉRIEUR Fourrure d'isolation


Tapée de persienne

Pose en feuillure

Pose en applique
Pose à fleur du doublage
Fenêtres

le BOUVET I HS 18 I 23
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Au travail ! Prise de cotes en tableau.

Prise de mesures
Les cotes qui déterminent une menuiserie sont celles qui
l’adaptent à la maçonnerie existante. Ce sont donc les cotes en
tableau, c’est-à-dire : Cotes en tableau à retenir
• en hauteur, la distance séparant le nu du linteau au-dessus
du regingot ;
• en largeur, la distance séparant les nus des tableaux.

Vue en coupe horizontale

EXTÉRIEUR
Largeur en tableau

Tableaux existants
(faux aplomb et faux niveau)

Tableaux

Ébrasements

INTÉRIEUR
Je vérifie également à quel type de pose je vais être confronté :
• Existe-t-il des ébrasements ? Si oui, quelle est la largeur des
feuillures de pose ? Cela va m’aider à déterminer le cochonnet.
Exemple : pour des feuillures de pose de 45 mm et des mon-
Vue en coupe verticale
tants dormants de 60 mm, je choisirai un cochonnet de 20 mm.
J’aurai ainsi 5 mm de jeu en fond de feuillure. Mes réglages de
pose en seront facilités.
• S’il s’agit d’une pose à fleur, dois-je prévoir des fourrures
d’isolation ? Si oui, de quelle largeur ? En d’autres termes, quelle
Couverte est l’épaisseur prévue pour l’ensemble isolation/doublage ?
• Quelle est la position du regingot par rapport aux tableaux :
Hauteur en tableau

Linteau
est-il aligné sur les tableaux, ou reculé vers l’intérieur ? Si oui,
de combien ? Cela va conditionner le type de pièce d’appui.
• D’ores et déjà, je prévois les fixations que je vais utiliser :
pose en feuillure ou en ébrasement = chevilles traversantes.
Regingot Pose à fleur ou en applique = équerres de fixation ou pattes
à scellement. Je vérifie également la nature du matériau dans
lequel je vais fixer (creux ou plein).

Patte de scellement

Appui

C’est à partir des cotes en tableau que nous allons tracer Cheville traversante
notre ouvrage. Il faut pour cela connaître (ou déterminer) la
valeur du cochonnet et, évidemment, les sections de bois. Sur
le chantier, je relève donc la hauteur et la largeur en tableau. Je
vérifie toujours l’aplomb des tableaux ainsi que le niveau de
l’appui et du linteau. Je retiens toujours les mesures de niveau
et d’aplomb les plus grandes possible contenues dans le cadre
des tableaux existants (cadre rouge sur le schéma ci-après). Équerres
de fixation

24 I HS 18 I le BOUVET
Fenêtres

LE « TRIPLI »
Le tripli, je ne l’ai pas inventé. Je n’ai pas non plus deux parements de 21,5 mm. Le bloc est stable, puisque les
été le chercher ailleurs. Non, l’idée a germé au fil des plis de part et d’autre de l’âme sont de même épaisseur.
expériences. À force de réaliser des pièces courbes par Je récapitule la méthode de fabrication :
moulage de multiplis, pour par exemple des ceintures
de tables, et de constater la stabilité exceptionnelle de • débit des pièces à coller avec une
ces pièces, je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque surcote de largeur de 10 mm ;
chose à faire en menuiserie à partir de cette technique. • corroyage des pièces uniquement en épaisseur à 23 mm ;
Pas question bien sûr de coller des plis de 1 ou 2 mm • collage des pièces en blocs de 69 mm : les bois
jusqu’à obtention des 66 mm. Ce ne serait pas très adapté seront appareillés de façon à opposer les cernes des
à la situation. Par contre, en collant trois pièces de 22 mm plis extérieurs. L’âme sera de préférence choisie sur
d’épais l’une sur l’autre, par exemple, j’obtiens un bloc de quartier. On utilisera une colle pour menuiseries
66 mm. De plus, je peux ainsi travailler avec du bois bien extérieures (vinylique extérieure par exemple). Encollez
sec. Le plot de 27 mm est courant. C’est certainement généreusement un côté de l’âme. Positionnez et clouez
l’épaisseur la plus stockée. Et il a l’avantage de sécher aux deux extrémités le pli extérieur correspondant. Prenez
vite, que ce soit à l’air libre ou en séchage artificiel. Enfin, soin de laisser dépasser les pointes et de les replier pour
coller en trois plis, c’est respecter le principe de stabilité pouvoir les enlever après séchage. Faites de même pour
des multiplis : une âme et un nombre égal de plis de même l’autre pli. Serrer fortement dans un châssis à plaquer ;
épaisseur de part et d’autre de cette âme. Voilà comment • corroyage de largeur : enlevez les pointes.
est né mon « tripli ». C’est le nom que je lui ai donné pour Dresser un chant d’équerre à la dégauchisseuse
me simplifier la vie. Dans le même temps, je me suis rendu et tirer de largeur à la raboteuse.
compte que certains industriels avaient fait quelque chose
Attention : ne touchez surtout pas aux faces avec la
de similaire, mais en croisant les fils de l’âme et des deux
dégauchisseuse ! D’une part, le travail a déjà été fait et le
parements, ce que je ne trouve pas très heureux quand on
collage sous châssis a maintenu voire corrigé la planéité de
regarde le bloc sur le chant. De plus, ils font souvent de
l’ensemble. D’autre part, si vous dégauchissez une face, il
l’aboutage sur les plis extérieurs, ce qui ne correspond pas
deviendra impossible d’équilibrer le collage (la quantité de
non plus à ma façon de voir les choses. Nous sommes donc
bois enlevée à l’aide de la dégauchisseuse n’est pas mesurable
sur le même principe, mais pas sur la même finalité. Leur
avec précision), et la stabilité sera certainement perdue.
but semble être surtout d’économiser le bois, tandis que
le mien est de gagner de la stabilité. Après expérience (il • Pratiquer un double rabotage pour ramener l’épaisseur
y a déjà quelques années que j’utilise le procédé), je peux à 66 mm en conservant l’équilibre du collage :
vous dire que ça marche. Voyons comment on procède. – vérifier l’épaisseur de départ (69 mm).

Fabrication du « tripli »
Supposons qu’on veuille obtenir un bloc de 2 000 x 130
x 66 mm fini. Théoriquement, il nous faut trois pièces de
2 000 x 130 x 22 mm. Mais nous allons devoir tenir compte
de deux facteurs : d’une part, la perte de largeur, car ce
n’est qu’après collage des trois frises ensemble que nous
pourrons dresser un chant et tirer le bloc de largeur. Nous
devrons donc en tenir compte lors du débit, et augmenter la
surcote. Je prévois pour ma part 10 mm. Ainsi, pour un bloc
fini de 130 mm, je débite trois frises de 140 mm de large.
Et d’autre part, l’épaisseur finie. Si on tire les trois collages
à 22 mm et qu’on les colle ensemble, on constate au pied à
coulisse qu’on arrive à avoir des différences d’épaisseur de
l’ordre de quelques dixièmes sur les blocs sortant de presse.
Je ne sais pas pourquoi, mais c’est comme ça. Alors, pour
échapper à cet inconvénient, je ne corroie pas les pièces Les trois planches assemblées
donnent une épaisseur de 69 mm.
à assembler à 22 mm, mais à 23 mm. Une fois collé, cela
donne des blocs de 69 mm. Je pratique alors une double
passe à la raboteuse : 1,5 mm sur une face, 1,5 mm sur – vérifier l’épaisseur après la première passe (67,5 mm).
l’autre face. J’obtiens ainsi des blocs exactement similaires – raboter la deuxième face et vérifier
de 66 mm d’épais, composés d’une âme de 23 mm et de l’épaisseur finale (66 mm). n

le BOUVET I HS 18 I 25
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Sections et profils des pièces : dans une fenêtre, les bois sont
Le modèle de menuiserie toujours le moins large possible, pour apporter le plus possible
de surface vitrée, donc de lumière. L’épaisseur de 60 mm est
Il existe beaucoup de modèles de menuiseries, même confortable et permet de loger aisément le vitrage « 4/10/4 »
s’ils finissent par tous se ressembler. Voici celui que j’uti- (aujourd’hui, je la fixerais à 66 mm pour un vitrage « 4/16 /4 »).
lisais couramment il y a 15 ans et que j’avais eu l’occasion Le profil de moulure n’est qu’indicatif et reste à votre discré-
de décrire dans un article du Bouvet. Après réflexion, j’ai tion. Les profils en chicane sont, eux, entièrement dépendants
décidé de ne pas remanier les paragraphes qui suivent et des joints utilisés. J’ai arbitrairement fixé la valeur du cochon-
qui le concernent. D’abord parce que je prétends que ce mo- net à 20 mm. C’est la mesure la plus courante. En partie cen-
dèle est toujours pertinent, même s’il est conçu autour d’un trale, l’ouvrant droit vient battre sur un faux dormant fixé sur
vitrage « 4/10/4 ». Il suffit, pour qu’il accepte un vitrage de l’ouvrant gauche. Il s’agit donc d’une fermeture à battement.
« 4/16/4 », d’augmenter la valeur de la feuillure et dimi-
nuant un peu la joue moulurée et un peu la parclose. Cela
ne fait que 3 mm de chaque côté. Ou alors, en conservant les Vue en coupe horizontale
mêmes principes de fabrication, de passer à une épaisseur
d’ouvrant de 66 mm. Montant
EXTÉRIEUR
Le bois : les explications de fabrication sont donc basées de ferrage.
sur l’utilisation de bois de 60 mm d’épais. Avec un vitrage
Cochonnet =
« 4/10/4 », on aurait pu descendre à 56 mm en conservant 20 mm
deux joints, et même jusqu’à 48 mm en ne conservant qu’un
joint. Ce sont les doubles vitrages qui déterminent en grande
partie l’épaisseur de vos ouvrants. Une épaisseur de 60 mm
finie nécessite des bois bruts de sciage de 65, voire 70 mm. 60 x 60
Outre que ces épaisseurs sont difficiles à obtenir en bois suf-
fisamment secs (donc stables), elles sont très onéreuses. J’ai
donc choisi pour ma part de façonner les pièces entrant dans
ces ouvrages par collage d’un « sandwich » de trois lames de
20 mm d’épaisseur (« tripli », voir encadré page précédente).
Ce procédé me garantit une grande stabilité et une meilleure
rigidité, en particulier pour les pièces de grande longueur
qui sont nombreuses dans les menuiseries de fermeture. INTÉRIEUR
Fiche
à visser 70

Montants
de battement.
Détail sur crémone et gâche
Faux dormant Vue en coupe horizontale
70 x 60

EXTÉRIEUR
18 7 18 3
28

3 3 5

6
16

11

12
6

INTÉRIEUR

70 5 70

Fouillot

26 I HS 18 I le BOUVET
Fenêtres

Traverses hautes.
Quincaillerie : c’est un poste important dans une fenêtre (en
budget et en qualité). Le ferrage (c’est-à-dire les organes de
Vue en coupe verticale
rotation) doit être précis, fiable et solide. Un ouvrant isolant
Dormant 60 x 60 mm équipé de son vitrage est très lourd, et il doit venir battre contre
le dormant d’une manière très exacte. On utilise de la paumelle
coudée ou de la fiche à visser.

5 15
40

12
3

Recouvrement 10 à 18 mm.
20

Ouvrant
70 x 60 mm
Cochonnet
= 20 mm 40 • Lames à bouts ronds.
• Nœud arrondi.
• En acier bichromaté. Jeu de la menuiserie : 3 mm.
20

Je préfère cette dernière solution car la fiche à visser permet


un réglage ultérieur de la position des ouvrants impossible
avec la paumelle. De plus, la pose en est plus simple, même si
EXTÉRIEUR INTÉRIEUR elle nécessite un gabarit.

18 18
2 2

Traverse basse et pièce d’appui. Vue en coupe verticale

EXTÉRIEUR INTÉRIEUR
Battue pour persiennes
H38 x P 30 mm

60
87

Jet d'eau
Nécessaire
de pose pour
27

37
87

fiches à visser.
52

9
8

30
51

60 x 60
28

35

Pièce d'appui
5

155

La fermeture se fait par


crémone 3 points encastrée.
Ce système en 3 points est indispen-
sable sur une fermeture à battement, les points hauts et bas
assurant la liaison avec le dormant tandis que le point inter-
médiaire rappelle le montant de fermeture contre le faux dor-
mant. Sur des menuiseries plus hautes, on peut utiliser des
crémones à rouleaux permettant d’autres points de fermeture
intermédiaires. Ferco est une marque de quincaillerie spé-
Pièce d'appui courte Pièce d'appui rallongée cialisée bien connue : la qualité des produits qu’elle propose
justifie que je vous la signale.

le BOUVET I HS 18 I 27
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Exemple concret d’une fenêtre de tableau H 1 450 x


Feuille de débit d’après L 1 100 mm grand vitrage posée en fond d’ébrasement (pièce
les dimensions en tableau d’appui courte) :
Le hors-tout du dormant sera :
Les premières valeurs à trouver sont les dimensions hors- • Hauteur : 1 450 - 20 + 60 = 1 490 mm
tout du dormant en utilisant les formules suivantes : • Largeur : 1 100 – (2 x 20) + (2 x 60) = 1 180 mm
On a pu calculer que le recouvrement des ouvrants laisse un
Largeur hors-tout =
nu de 28 mm sur les dormants.
largeur tableau - 2 cochonnets + 2 largeurs de montants.
Le cadre constitué par les deux ouvrants fermés sera donc de :
Hauteur hors-tout : nous avons vu que, si la menuiserie • Hauteur : 1 490 - (2 x 28) = 1 434 mm.
est posée à fleur, elle nécessite une pièce d’appui rallongée. • Largeur : 1 180 – (2 x 28) = 1 124 mm.
Cette pièce est embrevée sous la traverse basse du dormant.
Donc la hauteur de chaque ouvrant sera de 1 434 mm.
Par contre, quand la pose se fait en ébrasement, le revers
Sachant que l’intervalle de battement est de 5 mm, la largeur
d’eau est collé à l’extérieur de la traverse basse, qui vient
de chaque vantail sera de 1 124 / 2 - 5 = 559,5 mm, arrondis à 560.
elle-même s’appuyer sur la maçonnerie (voir le schéma en bas
de la page précédente). Reste à déterminer la longueur du faux dormant. Elle corres-
pond au fond de feuillure de recouvrement des ouvrants. La
valeur de cette feuillure est de 15 mm (12 mm de recouvrement
Comme je ne prends jamais en compte la pièce d’appui dans
+ 3 mm de jeu de fonctionnement). La longueur de cette pièce
mes calculs de hors-tout, la considérant comme une pièce rap-
est donc de 1 434 - (2 x 15) = 1 404 mm.
portée, cela nous donne deux modes de calcul différents :
Pour établir la feuille de débit, nous avons aussi besoin de
• Pose en ébrasement : hauteur hors-tout = hauteur tableau
connaître la nature des assemblages, et surtout leur longueur.
- 1 cochonnet + 1 largeur traverse haute.
Tous les assemblages, du dormant comme des ouvrants, sont
• Pose à fleur : hauteur hors-tout = hauteur tableau - 1 co- à double enfourchement traversé. Ce qui veut dire en clair que
chonnet + 1 largeur traverse haute - 1 largeur vue inté- la longueur des traverses est égale au hors-tout des différents
rieure de pièce d’appui, donc sans les languettes d’embrè- cadres (exemple : longueur traverse haute ouvrant gauche =
vement et sans la retombée extérieure (cote affichée 35 sur largeur hors-tout - 2 largeurs de montants + 2 longueurs de
le schéma précédent, sur les sections et profils des pièces). tenons soit 560 - (2 x 70) + (2 x 70) = 560 mm).

Vue en coupe horizontale Vue en coupe verticale

Traverse
Côté ferrage Partie centrale haute
dormant
Faux dormant

EXTÉRIEUR
10 10

Traverse
10 10

haute
ouvrant
10 10

EXTÉRIEUR INTÉRIEUR
10 10

Traverse
Montant basse
dormant INTÉRIEUR ouvrant

Montant Montants
ouvrant ouvrants

Position des doubles enfourchements.

Pièce d'appui

28 I HS 18 I le BOUVET
Fenêtres

La longueur des parcloses se calcule comme suit : Traverses du dormant : de la même façon, porter à chaque
• Sur montants : parclose = hauteur ouvrant - (largeur tra- extrémité le trait 1 représentant la largeur du montant, et donc
verse haute + largeur traverse basse) + 2 feuillures à vitrage l’arasement de départ. La feuillure nécessite une avancée d’ara-
soit 1 434 - (70 + 87) + (2 x 20) = 1 317 mm. sement de 20 mm (ravancement de feuillure) sur le tenon de
• Sur traverses : parclose = largeur ouvrant - (largeur mon- parement, pour compenser le bois « mangé » par la feuillure sur
tant ferrage + largeur montant battement) + 2 feuillures à le montant correspondant (trait 2). Le tenon de contreparement,
vitrage soit 560 - (2 x 70) + (2 x 20) = 460 mm. situé hors de la feuillure, garde l’arasement d’origine. Remar-
Nous aurons donc la feuille de débit suivante (voir feuille de quez la similitude de tracé entre montants et traverses. La seule
débit en fin d’article). différence est que, dans un cas, on façonne des mortaises, et dans
l’autre des tenons. Ce ne sont donc pas les mêmes parties de bois
qui s’éliminent. Elles sont ici matérialisées par les hachures.
Établissement / tracé Traverses du dormant.

Parties de bois tombantes : Parement


Laissons de côté les postes « débit » et « corroyage » dont les
règles ne diffèrent en rien des dispositions habituelles.
1 1
q Établissement
J’ai l’habitude d’établir mes bois comme si je regardais la fe- 2 2
nêtre posée depuis l’intérieur de la maison. Donc quand je parle
de parement, il s’agit du parement intérieur de l’ouvrage. On uti-
lise les repères conventionnels habituels. Les montants (dormants
et ouvrants) ont pour longueur la hauteur hors-tout de leurs
cadres respectifs. Nous pourrons donc les couper de longueur
avant de tracer sans risque. Mais, comme les assemblages sont
traversés, les longueurs des traverses correspondent à la largeur
Avancée d'arasement 20 mm Parement
hors-tout. Nous les couperons donc également de longueur avant
de tracer. Seuls le faux dormant, les collages de pièce d’appui et Montants des ouvrants : tracer toujours la largeur des tra-
de jets d’eau, et les parcloses garderont leur longueur brute. Ce verses depuis chaque bout (1). Attention : cette fois, la cote est
travail s’effectue à la scie circulaire en butée. La précision est de différente en haut et en bas (traverse haute = 70 mm, traverse
rigueur. Les pièces de chaque catégorie doivent être exactement basse = 87 mm). Les mortaises de contreparement, prises dans
semblables, et les différences de longueur entre chaque catégorie la feuillure à vitrage, seront épaulées de la valeur de cette feuil-
doivent être scrupuleusement respectées. Elles conditionnent le lure soit 20 mm (2) Par contre, les mortaises de parement, si-
bon positionnement des ouvrants sur le dormant. tuées hors de la feuillure et épargnées par la moulure, gardent
toute leur largeur. L’about de mortaise est donc bien situé sur la
q Tracé trace de la largeur de la traverse. Par contre, le raccordement de
Attention : tous les tracés se font sur les chants intérieurs des la moulure entre traverse et montant nécessite une entaille de
pièces concernées. coupe d’onglet destinée à absorber l’avancée d’arasement de la
Montants du dormant : après les avoir serrés ensemble en les traverse (ravancement de moulure). Cette entaille est de 20 mm.
alignant bien, on porte d’abord le trait 1 à une largeur de traverse Ça tombe bien, c’est également la valeur de la feuillure… Quel
de l’extrémité. On trace ensuite l’épaulement 2 (20 mm) pour heureux hasard ! Remarquez les valeurs des joues et largeurs de
compenser le bois qui disparaîtra dans la feuillure sur la traverse mortaises identiques à celles utilisées sur les dormants.
correspondante (ravancement de feuillure). Seule la mortaise de Montants des ouvrants.
parement est concernée. L’autre mortaise échappe à la feuillure 70 87
et garde donc toute sa longueur. On trusquine ensuite les joues Épaulement d'avancée
de feuillure 20 mm
de mortaises aux cotes indiquées sur la figure. Travaillez avec
plusieurs trusquins de façon à conserver les réglages pour les
tenons. Les croix indiquent l’emplacement des mortaises, et donc
1
le bois à éliminer. Elles remplacent le signe de mortaise officiel 1
pour plus de lisibilité au niveau du croquis. Je vous prie de me 2 2
pardonner cette liberté.
Tracé des montants du dormant.
10
10

= largeur traverse
20

Parties de bois tombantes : 20


10
10

1 1 La moulure ne « mange pas le tenon »


donc, pas d'épaulement
2 2

Parement
10
10
20
10
10

Entailles de coupes d'onglet destinées à retourner la moulure sur les traverses


Ravancement 20 mm
le BOUVET I HS 18 I 29
= largeur traverse
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Traverses des ouvrants : on trace toujours la largeur des mon- Si vous avez la chance de posséder des outils à tenonner
tants en premier (1). Cette fois, les deux arasements avancent pouvant être réglés à une épaisseur de 10 mm et d’un diamètre
de 20 mm (2). Celui de parement par ravancement de moulure, suffisant pour permettre les profondeurs requises (87 mm au
celui de contreparement par ravancement de feuillure. Puis, sur maximum), travaillez en alternant parement sur table et contre-
la face de parement, on tracera l’onglet de 20 mm qui part de parement sur table, après avoir pointé votre joue avec grand
l’arasement d’origine et qui correspond à l’entaille d’onglet du soin. Attention : en retournant votre pièce, respectez les abouts
montant. Les hachures indiquent les parties de bois qui tombent. de mortaises, qui sont toujours décalés de 20 mm (voir tracé).
Traverses des ouvrants.
Si vous travaillez à la scie à ruban, suivez les traits de trusquin
en positionnant la lame dans la partie de bois tombante. J’uti-
lise souvent ce procédé, lorsque je n’ai qu’une fenêtre à fabri-
1 1 quer. Cela va parfois plus vite que de pointer la tenonneuse.

• Tenons : comme les mortaises, on peut les exécuter à la


2 2 tenonneuse ou à la scie à ruban.

10 Usinage des tenons sur


10 60 les traverses du dormant...
20 40
10

10

Avancée d'arasement 20 mm

1 1

Parement

10
2 2 20 10
10 50
... et sur les traverses
Face côté parement 10 des ouvrants.

Usinage des assemblages


Remarque : les feuillures étant identiques sur dormants et ou-
vrants, les systèmes d’assemblages se retrouvent identiques eux
aussi, du moins en ce qui concerne les joues. Ceci va nous per-
mettre d’utiliser les mêmes pointages machines pour les usiner.

• Mortaises : comme ce sont des mortaises d’enfourche-


ment, on peut se dispenser de mortaiseuse, et elles peuvent Parement
être traitées, à votre choix et selon votre outillage, à la toupie
tenonneuse ou à la scie à ruban.
- À la tenonneuse : si vous possédez une tenonneuse à dé-
rouleurs, il y a possibilité de réaliser ce système de tenons
en une passe (parement sur table, hauteur dérouleur bas =
10 mm, dérouleur haut avancé de 20 mm, hauteur 50 mm,
40
entaille centrale assurée par outil d’épaisseur 20 mm monté
60
67
sur toupie, aligné sur dérouleur bas en profondeur et pointé à
87 hauteur 20 mm). Le même pointage présenté contreparement
sur table, dérouleur haut ramené en alignement du dérou-
leur bas permet de tenonner les ouvrants. Je ne m’étends pas
sur cette possibilité, ceux d’entre vous qui possèdent ce genre
10
20
d’outillage m’ayant certainement compris.
10
- Avec une toupie tenonneuse, il faut posséder un jeu d‘outils
10
20
10 extensibles dont l’épaisseur initiale est supérieure à 10 et infé-
10 10
rieure à 20 mm (15/30 par exemple). Pointer la tenonneuse
10 avec précision sur les mortaises réalisées, par présentation de
Parement 10 tenons d’essai. Pointer d’abord l’épaisseur du tenon (par ajout
de bagues entre les deux outils), puis la joue de parement.
Parement
Usinage des mortaises sur Faites des essais d’emboîtement en usinant en partie le double
les montants du dormant... tenon par retournement de parement sur la table de machine.
... et sur les montants
des ouvrants.
30 I HS 18 I le BOUVET
Fenêtres

Une fois le réglage satisfaisant, façonnez les traverses d’ou-


vrant ainsi que les traverses dormantes sur l’arasement le plus
Premiers profilages Usinage de
la feuillure
40 20
long. Démontez l’outil supérieur sans changer le pointage de sur les
Commençons par le dormant. pièces du
hauteur de l’outil inférieur. À l’aide de cet outil seul, finissez
Nous avons à profiler une feuil- dormant.
d’usiner la joue de contreparement des traverses dormantes
lure de 40 x 20 mm. Montez
(contreparement sur table). Toujours avec le même montage
donc une fraise à feuillure de
d’outil, inclinez le guide à 45° et exécutez les coupes d’onglet
30/60 préparée à 45 mm. En
(en parement) sur les traverses d’ouvrants. Les entailles des ra-
travaillant parement sur table et
vancements de moulure (ou ravancements d’onglet) peuvent 20
chant intérieur contre le guide,
également être entièrement réalisées à la toupie tenonneuse, à
les réglages sont : profondeur 40
l’aide d’un outil à 45° spécifique monté en bout d’arbre. Sur ce
20, hauteur 40. Soyez précis, car il
sujet, vous pouvez consulter Le Bouvet n° 192.
y a correspondance entre la profon- Parement
deur de la feuillure et les décalages
Usinage des coupes d’onglets d’abouts de mortaises et d’arasements
des traverses des ouvrants usinés précédemment… N’oubliez pas le
faux dormant, qui reçoit le même profil sur
son chant droit. Usinage
On travaille ainsi par le dessous, de la feuillure 20 40
en toute sécurité. Si votre matériel à vitrage
nécessite un usinage en deux sur les pièces
des ouvrants.
passes (la masse de bois à en-
lever est assez conséquente),
Parement modifiez le pointage de hau-
teur. Gardez la profondeur
constante. 20
Si vous m’avez bien suivi, 40
En effectuant l’ensemble de ces opérations à la tenonneuse
vous avez déjà compris qu’il y a
(mortaise et tenon), on obtient des assemblages d’une grande Contreparement
une feuillure à vitrage de mêmes
qualité, très propres et très solides.
dimensions à pousser sur les ou-
Note de la rédaction : pour les différentes techniques d’usi- vrants. Nous profiterons donc du poin-
nage de tenons effectuées à la « toupie tenonneuse » ou à la tage en place pour l’usiner.
tenonneuse, vous pouvez vous référer aux articles très com- Attention : il faut la passer contreparement sur table et chant
plets de Sylvian, traitant du sujet dans les numéros du Bouvet intérieur contre le guide.
n° 192, 194 et 195. Revenons au dormant pour la rainure du joint sur dormant.
- À la scie à ruban : on peut aussi obtenir d’excellents résul- Elle se situe à 10 mm du fond de feuillure, et doit afficher 4 mm
tats à la scie à ruban… à condition de travailler avec une lame de largeur et 8 de profondeur (ces valeurs ne sont pas cotées
bien affûtée, de bien suivre les traces de trusquin (du bon côté sur les croquis, car elles sont variables suivant les joints utili-
du trait !), et d’utiliser une cale d’équerrage pour déligner. sés). Montons une fraise à rainurer extensible de 4/7,5 sans
Pour ma part, je descends les ara- bagues d’épaisseur. Nous travaillerons contreparement sur
sements à la scie à araser (vu son table afin d’avoir un meilleur appui. Pointages : profondeur
nom, elle doit être faite pour 28, hauteur 30 (de la table à l’araseur inférieur de la fraise). Pas
ça !). L’enjeu est trop impor- de difficultés particulières.
tant pour les risquer au
ruban. J’exécute les coupes Usinage de la
d’onglets sur traverses et rainure du joint
montants à l’aide du même sur dormant.
30
Aperçu de outillage. Reste ensuite, et
l’assemblage du quelle que soit la méthode
dormant après
que vous avez employée, à Contreparement
tenonnage et
mortaisage, évider (« bûcher ») les entailles
avant profilage. de coupes d’onglet sur les mon- 28
tants d’ouvrants (ravancement de
moulure). Cela se fait aisément
en usinant la partie coupe 10
d’onglet à la scie circulaire et 4
le reste de l’entaille à la scie
à ruban en suivant le tracé
du trusquin. Si ce tracé Faites quand même des essais de pose du joint avant de tout
se devine encore après pousser. Il doit rentrer légèrement en force, et être difficile à
sciage, c’est que la préci- ressortir.
sion était au rendez-vous ! La gorge de récupération des eaux s’usine maintenant. Si
vous n’avez pas d’outil correspondant à ce profil, une simple
Aperçu de l’assemblage des
ouvrants après tenonnage et le BOUVET I HS 18 I 31
mortaisage, avant profilage.
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

fraise à rainurer fera l’affaire. Que la gorge soit de section car- Montage des ouvrants.
rée n’empêche pas l’eau de s’écouler. Donnez-lui une largeur Vérification de l’équerrage.
de 7 mm et une profondeur de 4 mm. Attention à ne pas affai-
blir la rainure à joint avec une gorge trop importante. Ce qui
nous donne, contreparement sur table et chant intérieur contre
le guide, les pointages suivants : profondeur 24, hauteur 20
(dessus de table à araseur inférieur fraise).

Usinage de la gorge sur


la pièce d’appui du dormant.

Gorge

7 Contreparement

Encore des profilages…


Occupons-nous maintenant de la moulure Une fois les ouvrants assemblés, il faut maintenant usiner
des ouvrants. Le profil de 20 mm que je vous le système de feuillures extérieur qui va assurer l’étanchéité.
propose n’est évidemment qu’un exemple. Il Ces profils se poussent sur tout le pourtour des ouvrants. Il y
est dans mon cas obtenu par fer à toupie en a quelques spécificités pour le montant de battement de l’ou-
lumière fabriqué par votre serviteur (ce qui me vrant gauche, que je vais indiquer au fur et à mesure.
permet d’avoir le profil que je veux à moindre
frais !). À vous de jouer en fonction de votre ou-
tillage. Sachez cependant, comme vous l’avez
peut-être remarqué, qu’il est très intéressant
d’avoir une moulure et une feuillure de même
largeur. Cela simplifie beaucoup les décalages
d’arasements. La moulure présentée
se pousse chant intérieur sur table,
parement contre le guide
(moulure non contre-
profilable devant être
20 poussée debout).
Soyez précis sur le
pointage de 20 mm :
il doit correspondre
Usinage de la
moulure sur à l’avancée d’arase-
les montants ment usinée sur les
et traverses assemblages… et à
des ouvrants.
la profondeur de la
feuillure !

Collage des ouvrants q Feuillure de recouvrement


Nous sommes toujours avec notre fraise à feuillure de 30/60.
Après ajustage des coupes d’onglet, ponçage des moulures L’ouvrant recouvre de 12 mm et le jeu de fonctionnement est
et des chants intérieurs, on colle les ouvrants à l’aide d’une de 3 mm, ce qui nous fait un total 15 mm. L’épaisseur de la joue
colle pour menuiserie extérieure, bien sûr, et avec les précau- de recouvrement est de 20 mm. Nous travaillerons contrepare-
tions habituelles concernant le gauche et l’équerrage. Après ment sur table pour des raisons de sécurité (fraise en dessous).
séchage, vérifiez que les cotes hors-tout correspondent à celles Les pointages devraient donc être : profondeur 15, hauteur
prévues. Si besoin, remettez à format et replanissez les faces 40… eh non, pas tout à fait ! Si on projette de poser un joint
pour avoir une bonne portée sur les machines. Si par hasard sur ouvrant, il faut ajouter à cette mesure la valeur d’un jeu de
vous étiez en dessous des mesures initiales, il faudrait retou- recouvrement. Je rappelle que ce jeu est donné par le fabricant
cher les dimensions du cadre dormant en conséquence. du joint. Dans notre cas, il est de 5 mm. Le pointage de hauteur
sera donc de 45 mm (40 + 5 mm).

32 I HS 18 I le BOUVET
Fenêtres

Usinage de
la feuillure de
Parement recouvrement
sur ouvrants. Usinage de
la rainure
20 du joint sur
ouvrants.
5
22
15
7

45
45

q Feuillure de décompression
Passons maintenant à la feuillure de décompression, usinée
q Entailles de crémone et de gâche
contreparement sur table. Vous savez, c’est la petite feuillure La crémone présentée, de la gamme Ferco, est une crémone
qui sert d’appui au joint sur dormant : profondeur 10, hauteur à têtière de 16 mm, ajustable en deux parties, axe du fouillot
11. Je m’explique : en ce qui concerne la profondeur, le fond de à 11 mm (le fouillot est la distance de l’axe de la poignée à
feuillure doit échapper la lèvre du joint. Avec ce joint, 13 mm la têtière). Elle se pose contre la rainure à joint sur ouvrant
suffisent (10 de feuillure + 3 de jeu de fonctionnement). Pour la et nécessite une feuillure de 3 x 16 mm pour la têtière et une
hauteur, la joue de feuillure doit être décalée de la joue de rai- rainure de 8 x 11 mm pour la tringle mobile. Ces deux profils
nure à joint d’environ 1 mm (pour ce type de joint). Souvenez- sont facilement réalisables avec l’outillage que nous avons
vous : la rainure a été usinée à 10 mm du fond de feuillure (cf. utilisé jusqu’ici :
profilage dormants). Donc une hauteur de 11 mm sera adéquate. • Pour la feuillure, contreparement sur table, avec une fraise
extensible de 15/29 préparée à épaisseur 16 mm : pointage
hauteur 40 mm (de la table à l’araseur supérieur), profondeur
18 mm.
• Pour la rainure, avec une fraise à rainurer de 8/15,5 prépa-
rée à 11 mm, pointage de hauteur 37,5 mm (de la table à l’ara-
seur supérieur), profondeur 23 mm. Ces deux profils peuvent
être réalisés en plusieurs passes en fonction de l’outillage dis-
Parement ponible.
Le logement du mécanisme sera une mortaise de 28 mm de
profondeur et de 12 mm de largeur, centrée sur la feuillure de
têtière et réalisée à la mortaiseuse. En face, sur le faux dormant,
Usinage de la gâche (type 740 B Ferco) n’exige qu’une entaille de 14 x 2 mm
la feuillure de
décompression réalisable à la mortaiseuse ou à la défonceuse. Une mortaise de
Quart-de-rond sur ouvrants. 9 mm de profondeur sur 6 mm de largeur également centrée
2 mm
permettra le logement du pêne à la fermeture.
11 10

Attention : ces cotes sont à adapter au joint que vous utilisez.


Il convient de faire des essais.
Le petit quart-de-rond de 2 mm est nécessaire car il aide à
la fermeture côté ferrage. Il peut être remplacé par un petit
chanfrein fini au papier de verre, ou même un coup de rabot
si vous n’avez pas l’outillage requis. Ces deux derniers profils
(feuillure de décompression et quart-de-rond) ne se poussent
pas sur le montant de battement gauche.

q Rainure du joint sur ouvrants


Cette rainure est située dans le prolongement de la joue de
recouvrement et de dimensions (pour ce joint) : largeur 5 mm,
profondeur 7 mm. Nous la pousserons à l’aide de la fraise à
rainurer de 4/7,5 déjà utilisée, préparée à épaisseur 5 mm.
Contreparement sur table (toujours la sécurité), les pointages
sont : hauteur 45 (de la table à l’araseur haut de la fraise), pro- Remarque : de par la conception de cette quincaillerie, en
fondeur 22 mm. Ce profil se pousse également sur le montant entaillant la gâche contre la rainure du joint sur ouvrant, on est
de battement gauche. sûr de sa bonne position par rapport au pêne.

le BOUVET I HS 18 I 33
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

q Embrèvement du faux dormant Ferrage


Exécutez d’abord une feuillure de 7 mm sur le chant gauche
du faux dormant pour le centrer. À partir de là, il s’agit d’un Mettez en place les ouvrants dans le dormant en respectant
embrèvement à double peigne classique, facile à usiner avec les jeux de fonctionnement (vous pouvez utiliser des cales
notre fraise de 4/7,5 par exemple. de jeu). Maintenez l’ensemble en place avec quelques petites
presses. À l’aide des gabarits de perçage (page 27), percez les
logements des fiches sur dormant et ouvrants.
Derniers préparatifs
Vue de face
Perçage
Avant de coller le cadre dormant, il faut déterminer la place des logements
d’une fiche
des gâches de crémone haute et basse sur les traverses. Posi- Dormant
à visser
tionnez l’ouvrant droit sur les traverses en respectant le jeu de (ouvrant gauche,
fonctionnement latéral (3 mm). Repérez le bout de la tringle fiche haute).
Ouvrant maintenu en place
de crémone sur la traverse. Ce repère représente l’axe de la jeu de fonctionnement respecté
gâche. La maison Ferco propose différents types de gâches
pour ses crémones. Certaines demandent un outillage spécial.
Le modèle que je vous propose est simple et efficace.
Gabarit
À la mortaiseuse à mèche, effectuer un perçage Ø 25 à 8 mm
de perçage
du bord de feuillure, sur le repère d’axe. Régler la profondeur
de façon que le nu de la gâche affleure le parement de la tra- Patin d'appui
verse. Vous êtes alors sûr d’être au bon emplacement par rap-
port à la crémone et d’avoir une fermeture efficace. Ceci fait,
collez et replanissez le dormant. Canons
de perçage Vis de réglage
des ouvrants du patin d'appui

Encore un peu de profilage


Canon de perçage
du dormant
Profilez les emboîtements destinés aux collages de pièce
d’appui et de jets d’eau, et les profils de ces collages eux-
mêmes. Il est inutile que je m’étende sur ces points qui sont
de l’usinage habituel et que vous connaissez parfaitement. Si Vue en coupe horizontale
besoin, référez-vous aux articles de la revue Le Bouvet traitant
des profilages et embrèvements (n°196, 197, 198 et 199).
Dormant
N’oubliez pas, avant collage, de pousser les profils de forme Cale 5 mm
des jets d’eau et de la pièce d’appui (doucine, chanfrein, quart-
de-rond ou autre selon votre choix, le principal étant que l’eau Ouvrant
soit rejetée et ne puisse stagner à aucun endroit).

Pièces rapportées Gabarit de perçage

Mettez en place le collage de pièce d’appui. Après séchage, il


Note : les canons de perçage des ouvrants sont inclinés
faudra percer les trous d’évacuation d’eau d’infiltration.
pour une meilleure résistance du bois
Faites de même pour les jets d’eau. Laissez bien dépasser
celui de l’ouvrant gauche côté battement. Coupez de longueur
le faux dormant en reproduisant la feuillure de décompres- Je pose 3 fiches par ouvrant sur cette fenêtre (tableau 1 450
sion, ajustez la partie basse pour laisser passer le jet d’eau, et x 1 100), 4 quand elles sont plus hautes ou plus larges, suivant
collez-le. Après séchage, coupez les jets d’eau de façon qu’ils le poids des ouvrants. Je double souvent la fiche haute car
approchent au maximum les dormants et que l’intervalle de c’est là que l’effort est le plus dur. Attention à ne pas visser de
croisement central soit le plus réduit possible. fiche dans les assemblages. Le bois de bout ne donne pas une
Je laisse de côté la préparation des parcloses. Elles n’ont bonne tenue, et vous risquez de faire éclater la pièce. Dans le
rien de particulier par rapport au travail habituel. Sachez cas où vous posez des joints sur ouvrants (comme dans notre
simplement que leur épaisseur est déterminée par le vi- exemple), interposez une cale d’épaisseur 5 mm (valeur du
trage et les joints de vitrage : dans notre exemple, le vitrage jeu de recouvrement) pour permettre au perçage sur ouvrant
(« 4/10/4 ») totalise 18 mm d’épaisseur. Un joint de vitrage d’éviter le joint. Vissez les fiches, fermez la fenêtre, essayez la
affiche 3 mm au repos, et on peut considérer qu’il s’écrase crémone. Réglez si nécessaire en vissant ou dévissant les fiches.
d’un millimètre à la pose du vitrage. On doit donc insérer Posez les joints : faites se recouvrir le joint sur dormant dans les
au total 22 mm de matériaux dans la feuillure. Pour que la angles. N’oubliez pas d’en poser un sur le chant droit du faux
moulure de la parclose se positionne de la même façon que dormant. Le joint sur ouvrant se pose en périphérie complète
la moulure de parement, créant ainsi un ensemble homo- des ouvrants, et en continu. Entaillez le talon d’onglet pour le
gène, la feuillure étant large de 40 mm, la parclose devra être faire tourner aux angles.
épaisse de 40 - 22 = 18 mm.

34 I HS 18 I le BOUVET
Fenêtres

Voici le processus :
Pose du vitrage • Les vitrages ont été commandés avec un jeu de 5 mm en
largeur et 5 mm en hauteur par rapport à la mesure prise
On a longtemps posé les doubles vitrages avec du joint pré-
en fond de feuillure.
formé. Je vous le déconseille fortement. Il vieillit mal et coule
• Coucher l’ouvrant sur des tréteaux. Coller un joint sur la
sur les vitrages en se désagrégeant. Outre que ce n’est pas très
joue de feuillure, à fleur du chant intérieur.
esthétique, il ne sert plus à rien et est très difficile à éliminer.
• Poser le vitrage dans la feuillure en équilibrant les jeux (en
On peut poser au silicone « spécial vitrage » qui a l’avantage
théorie 2,5 mm tout autour).
de coller le vitrage, ce qui renforce l’ouvrant. Mais les bavures
• À l’aide de petites cales de bois tendre (peuplier ou tilleul)
inévitables à la pose ne sont pas toujours faciles à nettoyer. Je
ou de cales en plastique spécifiques vendues dans le commerce,
pose maintenant avec un joint de vitrage caoutchouc autocol-
caler en force le vitrage dans le coin inférieur côté ferrage et le
lant qui présente l’avantage d’être facile à mettre en place et
coin supérieur côté battement. On crée ainsi une écharpe qui
d’assurer une étanchéité durable.
correspond à celle que l’on trouve sur les contrevents (sur ce
sujet, vous pouvez vous reporter à l’article sur la fabrication et
Joint de vitrage la pose d’une porte en rénovation, à la fin de ce hors-série). Rem-
caoutchouc plir l’intervalle créé par le jeu avec du silicone « vitrage ». Coller
autocollant.
un joint sur les parcloses dans la même position que sur les
fonds de feuillure en soignant les raccords d’onglet. Mettre en
place les parcloses, presser fortement à la main pendant qu’on
larde de clous, de préférence à la cloueuse. Le vitrage ainsi posé
va garantir l’ouvrant contre l’affaissement qui ne manquerait
pas de se produire si on ne le calait pas. Il est en effet impossible,
au vu des largeurs de bois employées, qu’un cadre de cette
nature puisse supporter des vitrages d’un tel poids. Dans une
fenêtre à double vitrage, c’est le vitrage qui tient l’équerrage.

Voilà, notre fenêtre est prête ! Je n’ai bien sûr pas parlé du
ponçage et des finitions. Ce sont des opérations que vous avez
l’habitude de mener à bien sur d’autres ouvrages. Inutile donc
d’être redondant. Allons plutôt poser cette menuiserie pour la
tester en situation… n

Remerciements : les documents « fournisseur »


p. 18, 19 et 20, sont extraits du catalogue Cyliq,
avec l’aimable autorisation des établissements Durupt à Dijon.

Feuille de débit
Nbre. Désignation L. l. Ép. Rep. Observations

DORMANT

2 Montant 1 490 60 60 27 Collage sandwich 3 plis

2 Traverse 1 180 60 60 27 Collage sandwich 3 plis

1 Collage pièce appui 1 180 51 30 34

1 Faux dormant 1 404 70 60 27 Collage sandwich 3 plis

OUVRANT

4 Montant 1 434 70 60 27 Collage sandwich 3 plis

2 Traverse basse 560 87 60 27 Collage sandwich 3 plis

2 Traverse haute 560 70 60 27 Collage sandwich 3 plis

2 Jet d’eau 600 37 27 34 Plus long pour croisement

4 Parclose montant 1 317 20 18 27 Débit sur chant

4 Parclose traverse 460 20 18 27 Débit sur chant

le BOUVET I HS 18 I 35
La pose de fenêtres
Par Sylvian Charnot, menuisier-ébéniste

Nous avons vu dans l’article précédent comment fabriquer des fenêtres à


isolation thermique et phonique avec de l’outillage standard. Il est temps
maintenant de voir comment poser ces fenêtres.

Préparation les tableaux. Du point de vue de la fixation, cela s’apparentera


donc aux poses en ébrasement et en feuillure.

Un chantier, ça se prépare. D’abord, quel type de menuiserie • Le matériau de maçonnerie pourra être plein (béton,
avons-nous à poser ? Et sur quel type de maçonnerie ? pierre d’encadrement, maçonnerie de pierres ou de briques
• Nous avons vu que notre fenêtre pouvait être nue, équipée pleines, voire… bois !) ou creux (maçonnerie de parpaings ou
de tapées de persiennes, ou de fourrures d’isolation, ou les deux. de briques alvéolées). Enfin, il pourra être d’une nature néces-
• Nous pourrons poser en fond d’ébrasement, en applique, sitant une application particulière (béton cellulaire).
en fond de feuillure ou à fleur de doublage intérieur. Et depuis Nous avons repéré toutes ces données lors de notre prise de
quelques années, on parle d’une nouvelle manière de poser : mesures sur place (voir le paragraphe « Prise de mesures » du
la pose en tunnel. Il s’agit de glisser le cadre dormant entre précédent article sur la fabrication de fenêtres).

Pose en tunnel avec doublages en ébrasements.

36 I HS 18 I le BOUVET
Fenêtres

Quelle fixation
pour quel type de pose ?
Patte
à pointe

Vissez dans des chevilles


appropriées au matériau

Grand
modèle
• Les pattes à scellement, procédé plus ancien, peuvent être
Petit modèle utilisées dans tous les cas. La tête de la patte s’entaille sur
le dormant, à l’aide d’une mèche Ø 30 mm. Une vis de 5 x
Équerres 30 la maintient en fond d’entaille. À l’autre bout, la queue
de pose
de carpe est scellée dans la maçonnerie, le plus souvent au
plâtre, après avoir creusé les logements nécessaires.

Scellement au plâtre

Différents moyens de fixation.

Patte à scellement

Nous avons à notre disposition trois grandes familles de fixa-


tions : les pattes à scellement, les chevilles traversantes et les
équerres de pose, à laquelle il convient d’ajouter une catégorie
que je ne connais pas personnellement mais dont j’entends
dire beaucoup de bien. Il s’agit des vis de pose, type « SPTR »
du suisse SFS (https://fr.sfs.com/applications/­menuiserie-et-
Patte à scellement
fermetures/pose-de-menuiseries) ou « TOP ROC » du français
ING fixations (www.ingfixations.fr). Ces vis permettent, selon
les modèles, la pose avec réglage ultérieur, ou le vissage direct
dans le béton. Les gammes sont assez complexes en fonction
des besoins et les modèles varient selon le type de menuiserie
(bois, alu, PVC) et le type de matériau dans lequel on doit fixer
(béton, moellons, brique, bois…). Je vous invite donc, pour
en savoir plus, à consulter les sites cités ci-dessus, sachant
qu’ils ne sont certainement pas les seuls. Vous pouvez aussi
consulter votre quincaillier habituel. En tout cas, ces systèmes Patte fixée en façade
du dormant

Cette mise en œuvre présente deux inconvénients :


– d’une part, le creusement des logements de scellements
peut être long et pénible dans le cas de matériaux durs
(béton banché par exemple).
– d’autre part, si on veut que la fixation demeure invisible, il
faut entailler les têtes de pattes sur le chant des montants.
Dans le cas de pose en ébrasement, on est donc obligé de
visser les pattes sur le dormant avant de le mettre en place,
s’apparentent aux chevilles traversantes par compliquant ainsi singulièrement cette mise en œuvre.
leur domaine d’application et, comme elles, ils Selon le jeu disponible entre ébrasements et dormant, elle
sont destinés aux poses en fond d’ébrasement, est même parfois impossible. On est alors contraint de
fond de feuillure ou en tunnel. fixer les pattes sur la face du dormant (méthode courante
• Les équerres de pose sont réservées aux me- autrefois), ce qui n’est pas de la plus grande élégance. Je
nuiseries en applique et à fleur de doublage. pense que le schéma ci-dessus expose bien ce problème.

le BOUVET I HS 18 I 37
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Aussi cette méthode est-elle remplacée par les moyens plus q Les équerres de pose
modernes que nous venons de citer et n’est-elle quasiment
Elles sont de deux sortes :
plus employée.
• équerres droites ;
• équerres présentant un pan coupé à 45°.
Les premières servent plutôt aux poses en applique, les se-
Des détails condes étant réservées aux menuiseries équipées de fourrures
d’isolation. Le pan coupé permet d’échapper des éventuelles
q Les chevilles traversantes imperfections dans l’angle formé par l’appui de la fourrure sur
Corps métallique
la maçonnerie (schéma page précédente, haut de colonne de droite).
Ergot d’arrêt
fendu
Peu importe la forme qu’elles prennent, qu’elles soient à
deux pans comme le petit modèle de la photo ou à trois pans
comme le grand. L’important, c’est qu’elles soient renforcées
Masselotte Vis de serrage par une ou plusieurs nervures (deux sur les modèles présen-
mobile traversante tés) et pourvues de trous oblongs qui permettent un réglage
lors de la mise en place (un trou oblong qui permet un premier
On les trouve à corps plastique ou à corps métallique. Je n’em- scellement réglable, et un trou rond pour sceller définitivement
ploie que les métalliques car je les trouve plus fiables par leur après réglage).
rigidité. Leur principe de fonctionnement est simple et ingé-
nieux : la cheville est enfilée à travers le dormant et la maçonne- q Les pattes à scellement
rie jusqu’aux ergots d’arrêt. Lorsqu’on visse, la vis traversante Citées pour mémoire car de moins en moins utilisées,
entraîne la masselotte qui avance vers la tête de vis, provoquant les pattes à scellement sont donc pourvues à une extrémité
ainsi un écartement des lèvres du corps métallique. L’ensemble d’une tête diamètre Ø 30 mm percée en son centre d’un trou
se bloque ainsi à force dans la maçonnerie, sans exercer de trac- de 5 mm. Cette tête doit être entaillée dans le bois, et non
tion sur le bois, les deux extrémités de la vis s’appuyant sur le posée en applique. L’autre extrémité se termine par une
corps métallique. On peut donc sceller le dormant exactement queue de carpe qui favorise le scellement. Ce dernier se fait
dans la position où on l’a calé, sans risque de modifier cette posi- en général au plâtre. De 70 mm pour les plus courtes jusqu’à
tion. Ces chevilles existent en plusieurs dimensions, de moins 300 mm, les pattes à scellement sont fabriquées dans un acier
de 100 mm de long jusqu’à 140 et plus. Elles sont le plus souvent malléable, qui permet de leur donner la forme adéquate sur
en diamètre 10 mm, mais j’en ai déjà eu en 8 mm. le chantier.

Vis de pose
J’avoue ne pas bien connaître ni avoir utilisé ces fameuses vis de pose
qui sont souvent préconisées de nos jours. D’après la documenta-
tion que j’ai trouvée, il y aurait deux systèmes : un qui propose des
vis comportant une zone de guidage à l’endroit où elles traversent
le dormant de menuiserie et l’autre qui préfère un second filetage,
de diamètre supérieur, au même endroit.
• Si on examine d’abord cette dernière formule (images ci-contre à
droite), je comprends bien que le fait d’avoir un double filetage main-
tient le dormant dans la position où on le fixe, même sans être obli-
gé de caler entre celui-ci et la maçonnerie. Mais qu’en est-il si on a
besoin d’effectuer un réglage après fixation? Cela me semble im-
possible sans avoir à ressortir complètement la vis. Ou alors, il y a
quelque chose qui m’échappe… Il faudrait tester pour en savoir plus.

• Dans la proposition de la firme SFS (images ci-dessous), la vis com- Enfoncer la vis sur la cheville Visser et c’est fini.
prend, à la place du second filetage, une « gorge de clipage » au-des- dans la menuiserie.
sus de la zone de guidage pourvue, elle, de « crans multi-matériaux ».
Je comprends bien que, lorsqu’on fixe un dormant creux type PVC ou alu, ce clip vient se loger dans la première alvéole et permet alors, selon
qu’on visse ou dévisse, d’approcher ou d’éloigner la menuiserie de la maçonnerie. Mais dans le cas du bois ? Est-ce la zone de guidage qui joue
le rôle du clip? Il me semble que c’est prévu comme cela. Là encore, un test s’impose pour plus de sûreté. En attendant, et sans pour autant
­refuser le progrès, j’en reste pour l’instant à mes chevilles métalliques, qui ont fait leurs preuves depuis longtemps. n

Zone Gorge de
de guidage clipage

38 I HS 18 I le BOUVET
Fenêtres

Remarque : moyen encore plus ancien que les pattes à scelle- • Outils de maçonnerie : massette, burin, pointerolle, 4 che-
ment, les pattes à pointe étaient destinées à s’insérer dans les villettes de maçon pour retoucher le gros œuvre. Une auge, un
joints de pierre de taille des ébrasements de maisons anciennes. seau de sable à maçonner (0/4), de la chaux blanche hydrau-
Vous pouvez encore les trouver – et les utiliser – pour fixer des lique, truelle et taloche, brosse en chiendent et éponge à lisser
miroirs en trumeau de cheminée (voir photo des différents pour finir les raccords bois/maçonnerie.
moyens de fixation, en début d’article). • Électroportatif : en sus de la scie sauteuse déjà citée, pré-
voir un perforateur avec forets à béton de 6, 8, 10, voire 12 mm.
Les forets devront pouvoir assurer des perçages d’au moins
Incidence du matériau 150 mm de profondeur. Y ajouter une visseuse équipée de
de maçonnerie sur la fixation deux batteries, chargeur et assortiment d’embouts. En cas de
dépose d’ancienne menuiserie, prévoir une meuleuse d’angle
avec disque à métaux pour tronçonner les fixations.
q Chevilles traversantes
Le principe de fonctionnement de ces fixations impose un • Visserie : assortiment de vis du 4 x 20 au 5 x 70 environ.
matériau plein. Elles sont donc idéales pour les murs de pierre Chevilles plastiques à collerettes de 6 et 8 mm. Chevilles spé-
ou de béton banché. En cas de matériau creux, elles sont utili- ciales choisies en fonction du matériau que l’on sait devoir
sables, à condition de traverser à un moment quelconque une rencontrer.
masse compacte suffisante. Il faut simplement serrer plus long- • Étanchéité : joint type « Compriband » de Tramico pour
temps, jusqu’à ce que la masselotte vienne se bloquer dans une garnir le regingot. Mousse de polyuréthane en bombe et mastic
cloison du parpaing par exemple. Pour obtenir le maximum d’étanchéité bois/maçonnerie (silicone ou polyuréthane). Ne
d’efficacité, je les pose légèrement de biais vers l’extérieur. pas oublier la pompe correspondante (pistolet).
Elles ont ainsi tendance à tirer la menuiserie vers la joue de
• Finition intérieure : dans le cas d’un remplacement d’une
feuillure de maçonnerie.
fenêtre, enduit de finition pour finir les raccords de plâtre-
Ainsi, la cheville traverse une cloison du parpaing d’angle
rie. J’utilise personnellement l’enduit pour plaques de plâtres
formant le tableau. Lors du vissage, la masselotte remontera
(type « Placojoint » en poudre) qui permet une mise en œuvre
sur la vis jusqu’à cette cloison en écartant les lèvres du corps
facile et soignée.
métallique, provoquant le scellement de la fixation (schéma en
début d’article, colonne de gauche). Enfin, si vous utilisez les che- • Un cutter à lames extractible et des lames de rechange.
villes traversantes sur béton cellulaire, attention à ne pas trop Il n’a pas de fonction particulière, mais il sert à tout (déballer
serrer afin de ne pas éclater le matériau. de la quincaillerie, recouper les produits d’isolation et d’étan-
chéité après séchage…).
q Équerres de pose • Divers : pied de biche et outils de levage. 4 serre-joints de
Le matériau n’a pas d’incidence sur les équerres en elles- 300 mm au moins pour maintien provisoire du dormant avant
mêmes, mais sur le type de cheville à utiliser pour les fixer scellement (8 pour une porte). Un assortiment de petites cales
dans la maçonnerie : dans la pierre, les parpaings ou la brique, (environ 40 x 40 mm) d’épaisseur diverses. Il est facile d’en
j’utilise des chevilles en plastique à collerette. Pour le béton cel- fabriquer dans des chutes de dérivés bois (4, 5, 8, 10, 12, 15,
lulaire, on trouve partout des chevilles spécialement élaborées. 19, 22 mm selon votre parc). Y adjoindre au moins une dizaine
de petits coins fabriqués à la scie à ruban (dans un bois dur),
q Pattes à scellement d’angle et de longueur différents. Une paire de tréteaux et un
Pas de préconisation particulière, sauf en ce qui concerne établi de pose si vous en possédez un. Un escabeau de hau-
le béton cellulaire. Si vous tenez vraiment à utiliser les pattes teur adaptée à la hauteur de la fenêtre à poser. Aussi une scie
dans ce matériau, il faut exécuter le scellement avec le mortier- à métaux, une lime plate et une queue-de-rat, une balayette
colle prescrit par le fabricant. (genre brosse de boulanger), un seau pour réserve d’eau et des
chiffons propres… mais pas de raton-laveur !
• N’oubliez pas tout ce que je n’ai pas cité et que vous jugez
Préparation du matériel indispensable, tant il est vrai que nous avons chacun notre
façon de travailler, et qu’il faut essayer de prévoir l’imprévi-
Hormis les moyens de fixation, nous avons besoin d’un cer- sible…
tain nombre d’outils et accessoires divers. Dressons-en la liste
avant de démarrer :
• Instruments de mesure : évidemment mètre et crayon,
mais aussi niveau, fil à plomb, cordeau, cordex, équerre et
La pose
fausse équerre, éventuellement une règle de 2 m, un niveau
laser et tout ce que vous jugerez utile d’emmener. Il vaut mieux Premier tronc commun
un outil qui ne sert à rien qu’un qui fait défaut sur le chantier.
• Outils de retouche du bois : une scie à araser, une égoïne, Quelle que soit la fenêtre, quelle que soit la maçonnerie, quel
une scie sauteuse, un rabot, un guillaume devraient assurer que soit le matériau, la pose commence toujours de la même
l’ajustage éventuel du cadre dormant. J’emmène aussi toujours façon :
une râpe demi-ronde et une râpe queue-de-rat. Une perceuse 1 - Époussetage soigné du regingot et des feuillures de pose
et une boîte de mèches (3 à 10 mm) assorties d’une fraise per- (ou des appuis de maçonnerie si c’est une pose en applique.
mettront perçages et mise en place des vis.

le BOUVET I HS 18 I 39
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Élimination au burin des déchets de maçonnerie ayant pu q Pose en feuillure ou en ébrasement


se coller dans ces endroits et susceptibles de gêner la pose.
avec chevilles traversantes
2 - Vérification du niveau du regingot et de l’aplomb des
appuis verticaux. a. Le dormant étant posé à plat sur les tréteaux, percer les
montants aux endroits repérés pour les fixations (mèche
à bois Ø 10 mm, léger angle vers l’extérieur), puis frai-
Relevés de l’aplomb ser légèrement pour noyer la tête de vis. Coller le joint
des appuis verticaux et « Compriband » sous la pièce d’appui, à l’endroit où elle
du niveau du regingot.
Fil à plomb appuiera sur le regingot, en le faisant légèrement remon-
ter sur les montants.
b. Poser le dormant en place sur le regingot, les montants
étant en appui contre la maçonnerie (voir la position
suivant l’aplomb relevé) d’après l’aplomb relevé précé-
demment. Appuyer fortement pour écraser le « Compri-
band » en surveillant le niveau. Régler et caler si néces-
Niveau
saire. Fixer provisoirement sur chaque montant avec
un serre-joint posé à l’endroit où le dormant prend son
appui.

Relevés de
l’aplomb
des appuis
verticaux et
du niveau
du regingot.
3 - Dépose des ouvrants. Présenter le dormant sur l’ouver-
Appui
ture en équilibrant les cochonnets. Tracer la pièce d’appui
et la recouper de façon à ce qu’elle vienne s’ajuster entre les
tableaux.

Les cochonnets
sont équilibrés

Trace de sciage

Présentation du dormant et
découpe de la pièce d’appui. Appui Serre-joint
Serre-joint Serre-joint

Cale

Dormant en place, pièce d'appui ajustée

Tableau de faux
Tableau d'aplomb ou faux aplomb aplomb rentrant =
sortant = dormant en appui bas dormant en appui haut
Repérer les endroits où s’effectueront les fixations. En prin-
cipe, on prévoit un point de fixation aux environs de chaque c. Régler l’aplomb des montants dormants séparément et
paumelle, qui peut varier un peu en fonction de l’état du les caler en place. Les maintenir à l’aide d’un serre-joint.
mur. Je ne fixe que les montants. La traverse haute reçoit une Nous avons maintenant un cadre dormant maintenu de
fixation uniquement quand la menuiserie est très large (trois niveau et d’aplomb par rapport à l’extérieur.
vantaux par exemple). On ne fixe jamais la pièce d’appui.
Cela risquerait de provoquer des infiltrations. d. À travers les trous pratiqués dans les dormants, percer
la maçonnerie pour recevoir les chevilles traversantes
Le dormant est maintenant prêt à être réglé et fixé. Voyons (perforateur, foret à béton Ø 10 mm, profondeur en rap-
les particularités. port avec la longueur des chevilles).
e. Introduire les chevilles à fond, sans les serrer.

40 I HS 18 I le BOUVET
Fenêtres

f. Enlever les serre-joints, mettre les ouvrants en place. Second point délicat dans ce cas de figure : il faut s’être
Régler l’équerrage de la fenêtre par alignement des ou- bien assuré de l’aplomb des jambages de maçonnerie, ainsi
vrants. Il suffit d’imprimer une pression à l’endroit et que du niveau de l’appui et du linteau avant présentation
suivant le sens de la flèche jusqu’à alignement. de la fenêtre. La marge de manœuvre pour compenser les
éventuels défauts est très faible.

Pression q Pose en applique ou à fleur


à exercer
a. Coller le joint « Compriband » comme précédemment.
b. Poser le dormant, régler niveaux et aplomb, et le main-
tenir de la même façon avec les serre-joints.
c. Présenter les équerres, tracer le trou de fixation dans la
maçonnerie au centre de la lumière de fixation. Percer
pour recevoir des chevilles Ø 8 mm
d. Enfiler les chevilles. Maintenir les équerres en place à
l’aide de vis de 5 x 40, sans les serrer (il faut que l’équerre
Fenêtre équerrée : Fenêtre de faux équerre : coulisse librement).
les ouvrants s'alignent les ouvrants ne sont pas alignés e. Dans cette position, visser les équerres sur le dormant
avec des vis de 5 x 30. Appuyer les vis de 5 x 40 pour
g. Serrer les chevilles traversantes, en prenant soin de ne
maintenir la fenêtre
rien modifier.
f. Mettre les ouvrants. Vérifier l’équerrage par l’aligne-
q Pose en tunnel ment. S’il faut retoucher, desserrer légèrement la vis de
Je ne l’ai jamais pratiquée, mais il est évident que la marche 5 x 40 concernée pour favoriser le mouvement, et resser-
à suivre pour une pose en tunnel est la même que pour la rer aussitôt que le résultat est obtenu.
catégorie précédente. Il convient cependant de gérer un petit
problème supplémentaire : nous ne disposons pas d’appui
pour mettre en place le dormant. Il faut donc en créer un. Il Deuxième tronc commun
suffit pour cela de mettre en place deux règles en bois contre
les jambages de maçonnerie. On les réglera bien d’aplomb,
Il ne reste plus qu’à consolider le résultat et à régler les
à l’emplacement exact où devra être le dormant, comme s’il
problèmes d’étanchéité et de finition.
s’agissait d’une feuillure. On les fera tenir grâce à deux pe-
tits étais placés horizontalement. Si on n’a pas d’étais, deux 1. Fermer la fenêtre en insérant des cales de jeu entre dor-
bouts de chevron coupés légèrement plus longs que néces- mant et ouvrants, surtout au niveau de la traverse haute.
saire et coincés à force feront l’affaire. Les règles étant bien Combler l’intervalle entre maçonnerie et bois à la mousse
d’aplomb, il suffira d’amener le dormant contre elles pour de polyuréthane au niveau des montants et de la traverse
être sûr de sa bonne position. haute. Respecter les consignes du fabricant quant à la quan-
Attention : les règles ne doivent pas descendre jusqu’à tité de mousse à déposer. L’expansion peut être impression-
l’appui de maçonnerie, sous peine de buter dans la partie nante, surtout si vous avez pris soin d’humidifier les sup-
basse du dormant, plus large à cause du jet d’eau. ports. Si vous n’avez pas calé les ouvrants, elle peut cintrer

Mise en place de règles d’appui pour pose en tunnel.

Règle d’appui faisant


office de feuillure

Étai ou chevron Règle


coincé à force d’appui

Chevron

Il faut positionner
la règle plus haut
que le jet d’eau

le BOUVET I HS 18 I 41
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

le dormant et fausser vos jeux de fonctionnement. La mousse Une fois la chaux sèche, comme quand il n’y a pas de faux
va jouer le double rôle d’isolant et de fixation en collant la aplomb à rattraper, on assure l’étanchéité entre la maçonne-
menuiserie à la maçonnerie. Laisser sécher quelques heures rie et le bois par un cordon de joint polymère adapté (celui
et recouper en léger creux à l’aide d’un cutter bien affuté. que nous avons prévu dans notre outillage) posé en pourtour
et lissé avec le doigt mouillé.
Remarque : la mousse de polyuréthane est très controver-
3. À l’intérieur : s’il s’agit d’une rénovation, après avoir
sée dans certains milieux. Pourtant, j’ai des menuiseries qui
recoupé la mousse de polyuréthane, effectuer par-dessus les
sont posées avec ce produit depuis plus d’une trentaine d’an-
raccords d’enduit avec le « Placojoint ». Il peut être néces-
nées : cela n’a jamais bougé. J’ai également fait mes premiers
saire de procéder en plusieurs couches.
raccords de chaux par-dessus la mousse il y a environ 30 ans
et je n’ai jamais eu de problème.
Voilà, c’est fini ! L’idéal est quand même d’avoir plusieurs
2. À l’extérieur : si le dormant n’est pas en applique contre menuiseries à poser. Ça permet de passer de l’une à l’autre
la maçonnerie (par suite d’une maçonnerie de faux aplomb, sur les différentes phases et d’éviter les temps d’attente.
par exemple), effectuer un raccord avec un mortier de chaux Sachez quand même qu’une pose de fenêtre complète et
composé pour moitié de chaux hydraulique et pour l’autre correcte ne peut pas s’effectuer sur une seule journée compte
moitié de sable à maçonner. Vous pouvez tamiser ce der- tenu des temps de séchage des différents matériaux utilisés.
nier pour un résultat plus fin. Ce mortier de chaux est très Comme il paraît que c’est en forgeant qu’on devient forge-
facile à poser du fait de son grand pouvoir adhésif, même ron, je vous laisse battre le fer… tant qu’il est chaud. n
en couverte, en le déposant à l’aide d’une langue de chat.
Simplement n’oubliez pas que la chaux se travaille en milieu
humide, et qu’elle réclame ensuite d’être lissée à l’éponge.

Spécificités de la pose
avec pattes à scellement :
Avec les pattes à scellement, on n’a aucune
possibilité de réglage. Au moment de sceller,
les ouvrants doivent être alignés. Il faut donc
qu’ils soient mis en place, ce qui interdit
l’utilisation de serre-joints pour maintenir le
dormant. Je les remplace par 4 chevillettes de
maçon pointées dans le mur. Ces chevillettes
maintiennent le cadre en appui contre le mur,
avec les calages de rigueur si nécessaire, mais
permettent un réglage en laissant coulisser le
bois en cas de besoin. Il faut donc :
1. caler le cadre de niveau et d’aplomb
en le maintenant avec les chevillettes ;
2. mettre en place les ouvrants et effectuer
les réglages si nécessaire ;
3. sceller les pattes au plâtre ;
4. laisser sécher (le plâtre est un matériau
rapide, parfois trop…) ;
5. passer aux phases suivantes (collage à
la mousse, raccords, étanchéité…).
Enfin, si vous voulez mon avis, les pattes
à scellement, hein ?… Pourquoi pas les pattes
à pointes, tant qu’on y est ?! n

42 I HS 18 I le BOUVET
Fabriquez
une porte extérieure
performante
Par Sylvian Charnot,
menuisier-ébéniste

Quand arrive la saison froide,


nous commençons à chauffer
nos logis douillets.
Si l’on veut que ces derniers
conservent ce bel adjectif au
moindre coût possible, nous
avons intérêt à opter pour
les économies d’énergie.
Il faut que chaque calorie
produite soit utilisée à bon escient
et conservée le plus longtemps possible. Or les ouvertures constituent
un des postes les plus sujets à perte d’énergie d’une maison. Je vous propose
d’analyser la conception et la fabrication d’une porte extérieure haute isolation.

Des précisions d’étanchéité à l’air, il suffit d’avoir senti une fois les vents cou-
lis dans une vieille ferme pour comprendre l’importance qu’ils
Revenons sur ce qu’est une menuiserie isolante, et la façon occupent dans la chasse aux calories.
dont on peut en améliorer les performances. Comment pro- La section inférieure de notre Fig. 1 propose la même ouver-
céder ? Pour le savoir, observons la Fig. 1 (voir page suivante). ture fermée par une porte isolante. Remarquez que la plupart
On y voit, au-dessus, une porte traditionnelle. Les déperdi- des solutions proposées sont mises en œuvre à la fabrication de
tions thermiques y sont de deux ordres : par infiltration de l’air l’ouvrage. Seul le calfeutrement à l’aide de mousse de polyuré-
extérieur (entre la maçonnerie et le dormant, et entre ouvrant thane, qui permet d’optimiser l’étanchéité entre pierre et bois,
et dormant), par les ponts thermiques existants au niveau du se fait lors de la pose. Ce qui ne diminue en rien son impor-
vitrage, et dans une moindre mesure par la faible épaisseur de tance. On voit trop de bonnes menuiseries qui perdent de leur
la porte. Le verre est un matériau fortement thermoconduc- efficacité par la faute d’une pose déficiente.
teur, et il est certain qu’avec une épaisseur de seulement 4 mm, Pour l’instant, passons en revue les améliorations apportées
la déperdition est conséquente, et augmente avec la taille de par la fabrication :
la surface vitrée. Les Anciens se sont donc trouvés devant ce
dilemme : faire entrer la lumière ou se protéger du froid. Voilà • D’abord les doubles vitrages : les portes présentées ici ont
qui explique la petitesse des ouvertures partout où on a eu été fabriquées il y a maintenant une dizaine d’années, et notre
besoin de se protéger d’un froid glacial ou d’une chaleur exces- perception du double vitrage s’est entre temps affinée. J’avais
sive. Quant à l’épaisseur de la porte, même s’il est vrai que le alors utilisé du 4/20/4, suivant la tendance de l’époque, où
bois est un matériau isolant, il le sera d’autant plus qu’il sera l’on pensait qu’augmenter l’intervalle entre les deux vitrages
épais. Voilà pour les ponts thermiques. Quant aux problèmes procurait une meilleure isolation. On a pu voir dans l’article

le BOUVET I HS 18 I 43
Portes et fenêtres • Fabrication et pose
1 • Améliorations apportées par une porte haute isolation.

Déperditions thermiques sur une porte traditionnelle


Passage d'air entre
maçonnerie et dormant Bois épaisseur 40 mm
= isolation moyenne

Échanges thermiques importants dus à la faible épaisseur


et à la forte conductibilité du verre

Passage d’air entre


dormant et ouvrant

Porte à haute isolation


Mousse
polyuréthane Bois 66 mm =
haute isolation
Double vitrage avec matelas d'air épais

Joints de vitrage néoprène

Deux joints
d'étanchéité à lèvre

sur la fabrication des fenêtres que ce n’était finalement pas une dormant. Sa lèvre est cette fois tournée vers l’extérieur. Vous
bonne solution. Par contre, je les poserais toujours de la même constaterez en observant ce dispositif que tout courant d’air
façon : sur joint Néoprène appliqué sur chaque face. Lorsqu’on venant de l’extérieur a pour effet de renforcer l’appui de ces
l’écrase bien lors de la fixation des parcloses, ce joint assure joints contre le bois. Alors pourquoi deux joints ? Par sécurité,
une étanchéité excellente et durable. On est loin des joints tout simplement. Le joint sur ouvrant est là pour pallier toute
préformés qu’on nous vendait auparavant, et qui se sont mis à déficience du joint sur dormant. Et si sa présence peut paraître
couler au bout de plus de 10 ans, donnant des résultats catas- excessive sur un ouvrage à un battant comme cette porte, elle
trophiques. À proscrire absolument ! prend son importance dans tous les cas où il s’agit d’une me-
nuiserie à deux battants. C’est en effet au niveau du battement
entre ouvrants que l’étanchéité est la plus difficile à obtenir.
Remarque : notez que pour une porte également, je remplace
désormais très souvent le joint sur dormant par un second joint
sur ouvrant (Fig. 2).

2 • Menuiserie à double joint


sur ouvrant.

Dégâts occasionnés par


du joint préformé viellissant.

• Enfin l’épaisseur des bois. Comme on a pu aussi le voir


dans l’article sur la fabrication des fenêtres, elle n’est pas desti-
née à obtenir plus d’isolation au niveau des cadres, bien qu’elle
l’apporte de fait. Mais elle est conditionnée par l’épaisseur des
• Les joints à lèvre : ici encore, il y en a deux (voir Fig.10). doubles vitrages. Comment, en effet, faire tenir un vitrage de
Un joint sur dormant, avec une lèvre tournée vers l’intérieur 28 mm dans des bois de 40 mm ? Impossible. Il a donc fallu
de la pièce, qui vient s’appuyer contre un profil usiné sur l’ou- augmenter les épaisseurs. Ce qui facilite également la pose
vrant (la gorge de décompression) lors de la fermeture de la d’un double joint à lèvre.
menuiserie. Et un joint sur ouvrant, posé en périphérie de Tout cela est très bien en théorie, mais pose quelques pro-
la feuillure de recouvrement pour s’appuyer contre le nu du blèmes en pratique. Par exemple, les montants de la porte que

44 I HS 18 I le BOUVET
Portes extérieures

nous nous proposons de mettre en œuvre nécessitent des bois 3 • Porte sur son bâti vue d’intérieur et section verticale.
de plus de 2 m de long, sur 130 mm de large et 66 mm d’épais-
seur. Pour obtenir de telles pièces, il faut les débiter dans du
chêne de 75 mm… Autant dire des solivettes ! C’est un vrai
problème de pouvoir disposer de telles pièces en bois sec.
C’en est un autre de faire en sorte qu’elles restent stables au
cours de la fabrication, et plus encore au cours de leur exis-
tence. Il ne faut pas oublier que les menuiseries extérieures,
et principalement les portes d’entrées, sont les ouvrages les
plus soumis à contrainte. En hiver, comme les fenêtres, elles
subissent froid et humidité sur leur face extérieure, tandis que
côté intérieur, c’est le règne de la chaleur et de la sécheresse. Et
l’été, c’est l’inverse ! Donc les bois, surtout les montants côté
serrure, ont tendance à tirer vers l’intérieur en hiver, et vers
l’extérieur à la belle saison.
Alors comment résoudre ce problème ? D’abord en adop-
tant des ferrures adaptées : autrefois, on se contentait d’une
serrure simple, fermant par un pêne à hauteur du bec de cane.
Ce point unique de verrouillage n’empêchait en aucun cas les
mouvements du montant que je viens d’évoquer. L’ouvrage
que je décris ici va recevoir une serrure automatique à cinq
points. Chaque fois qu’on fermera cette porte, elle se trouvera
maintenue en position sur toute sa hauteur. De même, côté
charnières, ce ne sont pas moins de cinq fiches qui assureront
la rotation de l’ouvrant (contre trois paumelles pour une porte
traditionnelle). Mais ce n’est pas suffisant. C’est bien de pen-
ser à maintenir le bois en contrariant son mouvement naturel,
mais ce qui est mieux, c’est d’essayer d’empêcher ce même
mouvement. J’utilise donc la technique du « tripli » que je vous
ai évoquée dans l’article sur la fabrication des fenêtres.

L’ouvrant est construit selon cette méthode. Le dormant, ne


craignant pas les déformations puisque fixé dans la maçonne-
rie, a été débité, traditionnellement, dans du plot de 54 mm. La
mise en œuvre du procédé de base étant posée, voyons à quoi
ressemble la porte qui a été conçue.

Étude
Vue de face
Vue de côté
Cette porte, en tout cas pour ce qui concerne l’esthétique,
est une copie de l’ancienne, encore existante à la même place.
Le bâtiment est un corps de ferme isolé au fin fond de ma
Vue de dessus
campagne. La Fig. 3 montre une vue d’intérieur accompagnée
d’une section horizontale et d’une verticale. Le bâti (en marron
foncé) comporte une imposte à deux carreaux. L’ouvrant est La vue d’extérieur (Fig. 4 page suivante) indique un « co-
vitré en partie haute, avec un montant central de même largeur chonnet » de 20 mm (partie du dormant débordant du tableau
que celui de l’imposte. La partie basse est remplie par deux de maçonnerie). On y remarque également le jet d’eau de
panneaux à table saillante. l’imposte, celui de l’ouvrant et la cimaise de protection des
On voit sur la section verticale que ces panneaux sont dou- panneaux à table saillante. Cette cimaise, qu’on ne voit plus
blés sur l’extérieur. Sur la porte originelle, il n’y a bien sûr guère sur les portes modernes, est loin de n’avoir qu’un rôle
qu’un seul panneau. Ils sont ici doublés pour cause d’isolation : décoratif. Elle permet d’éviter que l’eau de pluie ne pénètre
non seulement on augmente ainsi l’épaisseur de bois, mais de dans l’assemblage des panneaux par infiltration. Elle garantit
plus on enferme de l’air entre les deux parois. Rien n’empêche ainsi la stabilité de toute la partie basse de l’ouvrage. Ces trois
d’ailleurs de garnir cet intervalle d’un matériau isolant. pièces ont pour but de rejeter l’eau de pluie loin des surfaces de
Mais revenons à notre descriptif : la différence de largeur la porte. D’où le nom « jet d’eau ». Chacune d’elle est pourvue
entre la moulure d’encadrement des vitrages (30 mm) et l’em- d’une « goutte d’eau », profil taillé sur son chant inférieur et
brèvement des panneaux bas (15 mm) nous contraignent à destiné à obliger l’eau de ruissellement à goutter au lieu de
effectuer des coupes d’arasement biaises sur la traverse mé- couler contre la porte (Figs. 6, 7 et 8). Enfin, la Fig. 5 propose,
diane. On pourrait faire autrement, mais c’est tellement plus en vue d’extérieur, l’ouvrant et son bâti côte à côte, ainsi que
élégant… quelques cotes.

le BOUVET I HS 18 I 45
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

4 • Porte posée vue de l’extérieur. 5 • Porte et son bâti côte à côte, vue extérieure.

970

100

50
934
885

15

95
15

132
870

132
50

2 440
100

2 067
2 035
Tableau 2 385 mm

195
6 • Section de la traverse basse, du jet d’eau et du panneau de la porte.

15 10
Tableau 910 mm 7
7 7
Vue de face
7

Cochonnet 20 mm
Vue de dessus 10 Détail du joint
d’étanchéité
rétractable
Voilà pour l’esquisse générale de l’ouvrage. Voyons mainte-
nant les détails :
D’abord les mesures générales : les dimensions en tableau
(soit l’ouverture de maçonnerie) sont de 2 385 x 910 mm, et
10 22 10
nous prévoyons un cochonnet de 20 mm (Fig. 4). Ce qui nous
100

amène à une dimension de passage (cote intérieure du dor-


mant) de 2 035 x 870 mm, et, par le jeu des recouvrements, à Goutte d’eau
une porte hors tout de 2 067 x 934 mm (Fig. 5). Mais comment
détermine-t-on les valeurs de ces recouvrements ? Observons
la section des traverses hautes (Fig. 9). En marron clair, la tra- 10
verse d’ouvrant avec ses trois plis de 22 mm (en réalité, comme
nous l’avons montré en décrivant la fabrication du tripli, une 51
âme de 23 et deux plis de 21,5. Mais pour plus de facilité,
25

toutes les Fig. sont dessinées avec trois plis de 22 mm). Sur le
12 12
chant intérieur de cette traverse, on trouve, de gauche à droite,
66
la moulure d’encadrement (de hauteur 30 mm), et la feuil-
lure à vitrage (de même hauteur et d’une largeur de 49 mm).

46 I HS 18 I le BOUVET
Portes extérieures

Dans cette feuillure, on pourra loger un double vitrage de 49


4/20/4 (soit 28 mm d’épaisseur), plus un joint Néoprène de
2 mm de chaque côté (soit 4 mm). Il nous restera alors 17 mm

30
Feuillure à vitrage
pour loger la parclose. Notez qu’aujourd’hui, le vitrage serait
de 4/16/4, et que cela permettrait de réduire la largeur de
feuillure tout en conservant une meilleure isolation. Sur le Parclose
chant extérieur, de gauche à droite : la gorge de décompres-
sion, sur laquelle viendra s’appuyer le joint sur dormant, une
feuillure qui crée le recouvrement de l’ouvrant sur le dormant,

70
et une rainure destinée à recevoir le joint sur ouvrant. Voilà 8 • Section traverse
pour l’ouvrant. En marron foncé, la traverse dormante, avec sa médiane avec sa cimaise.
feuillure à vitrage en haut, côté imposte, et en bas, la feuillure
d’ouvrant au fond de laquelle est logée la rainure du joint sur
dormant. On retrouve les cotes de ces différents profils Fig. 7.

25
En haut, imposte : section,
7 • Détails cotés. 10
traverse dormante basse et son jet d’eau.

En bas, porte : section, traverse ouvrante haute.


19 40

15

70
10
Parclose
18

20

50
Cimaise

10
5

50
59

55

Notez que , comme je l’ai déjà évoqué précédemment, ces pa-


Jet d’eau ramètres sont directement dépendants des joints choisis. Nous
y revenons dans un instant, mais pendant que nous sommes
sur cette Fig., notez l’assemblage choisi : il s’agit d’un double
enfourchement de 2 x 10 mm dont les joues sont alignées sur
50 les joints de collage du tripli. Pourquoi ce choix ? D’abord
20

parce que cela double les surfaces de collage, donc augmente


Joint sur dormant
la solidité des assemblages. Ensuite, nous le verrons plus loin,
10 34 22 parce que l’intervalle disponible entre les deux mortaises va
Joint sur nous permettre de loger le boîtier de serrure sans pour autant
ouvrant
fragiliser le montant correspondant.
15

Feuillure de Rainure 9 • Diverses


recouvrement de maintien dénominations.
8

Gorge de du joint
décompression sur dormant
Feuillure
à vitrage
3 plis de 22 mm d'imposte
102

(ou 2 de 21,5
et 1 de 23 mm)
132

Rainure
de maintien
du joint
Jet d’eau sur dormant

Feuillure Feuillure
Moulure à vitrage d'ouvrant
49
Traverse ouvrante Traverse dormante
30

Mais revenons sur l’incidence du choix des joints sur le


profil extérieur de la porte (Fig. 10). On voit que le joint sur
Parclose
dormant exige une rainure de 3 x 10 mm, qui doit être posi-
tionnée de telle façon que la joue de rainure s’aligne sur la

le BOUVET I HS 18 I 47
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

joue de gorge de décompression. Ainsi, le joint aura un bon mécanisme (de l’ordre de 200 mm de long, par 60 mm de pro-
appui porte fermée. Quant au joint sur ouvrant, il nécessite fondeur et 14 mm de large). Grâce à notre assemblage à double
une rainure de 5 x 10 mm, située juste dans l’alignement de la enfourchement, on constate sur cette Fig. qu’on logera facile-
joue de recouvrement. Nous devrons faire en sorte, lors de la ment ce boîtier de serrure sans nuire à l’assemblage de la tra-
fabrication, qu’un espace de 5 mm demeure entre l’ouvrant et verse médiane, comme ce serait le cas si nous avions opté pour
le dormant. C’est la valeur qui convient à ce joint pour don- un tenon unique : ce dernier aurait nécessairement dû être plus
ner sa meilleure efficacité. Bien évidemment, ces valeurs ne épais, et plus ou moins centré sur l’épaisseur des bois. Il aurait
sont applicables qu’à ces deux types de joints. Pour d’autres alors été en partie détruit par le logement de serrure, mettant en
modèles, il faudrait reconsidérer la situation. péril la stabilité de cette partie de la porte. Au lieu de cela, nos
deux assemblages restent entiers de part et d’autre de la serrure.
Cote en rouge = jeu de fonctionnement de 3 à 5 mm
L’espace à réserver
est fonction du
type de joint utilisé
Réalisation
3 5
Les deux joues
sont alignées Maintenant que les choses sont bien claires, passons à la fa-
10

brication. Et d’abord la feuille de débit. Passons les étapes de


débit, de fabrication des pièces en tripli et de corroyage pour
passer directement à l’établissement et au traçage des bois.
Remarquez que, comme toujours, les montants intermédiaires
3

10

se tracent directement par présentation sur le tracé des mon-


tants extérieurs. J’attire votre attention sur les différentes avan-
5
cées d’arasement à respecter selon le même principe que pour
la fabrication des fenêtres (tous ces arasements sont déduits
1
d’après les plans établis lors de la conception) :

10 • Position des joints et jeux de fonctionnement. Nbre. Pièce L. l. Ép. Ép. débit Observations
2 Montant 2 440 50 60 54
Remarquez également le jeu vertical résiduel de 1 mm. Pré- 1 Traverse haute 970 50 60 54
voir ce jeu, c’est s’assurer de la bonne portée des joints contre
DORMANT

Laisser surcote
1 Traverse imposte 970 50 60 54 de collage au débit
les parties où ils doivent s’appuyer. Quant au jeu de fonction- Laisser surcote
nement, c’est-à-dire l’écart entre ouvrant et dormant en fond 1 Collage traverse imposte 970 45 60 54 de collage au débit
de feuillure, sur toute la périphérie de l’ouvrage, il peut être 1 Montant imposte 400 50 60 54 Laisser surcote
de collage au débit
assez important, l’étanchéité étant assurée par les joints. Sa Laisser surcote
1 Collage montant imposte 400 50 60 54
valeur est habituellement comprise entre 3 et 5 mm. Nous de collage au débit
sommes ici sur une valeur de 3 mm. 1 Cimaise 735 60 50 54
Dernier point de détail : la mise en place de la serrure (Fig. 11). 1 Jet d'eau imposte 910 59 55 65
JETS D’EAU

Il s’agit d’une serrure cinq points automatique, de Ferco. Mais 1 Jet d'eau porte 900 100 61 65
qu’elles soient conçues par la maison Ferco ou par Vachette, 4 Parclose portes M 890 30 20 27
elles sont toujours faites pour être posées avec la têtière alignée 4 Parclose portes T 345 30 20 27
sur la joue de recouvrement. Ainsi, comme on le voit, les gâches 4 Parclose imposte M 300 20 20 27
sont posées à fleur du dormant. Ce genre de serrure nécessite
4 Parclose impostes T 420 20 20 27
un gros mécanisme, et donc une grosse mortaise pour loger ce
6 Collage montants 2 067 132 22 27
1 Collage traverse haute 934 102 22 27
11 • Détail sur montant 1 Collage traverse haute 934 87 22 27
serrure au niveau
de l’assemblage avec 1 Collage traverse haute 934 117 22 27
la traverse médiane. 1 Collage traverse médiane 934 210 22 27
OUVRANTS

2 Collage traverse médiane 934 180 22 27


3 Collage traverse basse 934 195 22 27
1 Collage montant haut 950 100 22 27
Le positionnement 2 Collage montant haut 950 40 22 27
des joues d’assemblage 3 Collage montant bas 800 100 22 27
permet d'éviter
le logement de serrure 2 Panneau face 735 315 29 34
2 Panneau arrière 735 315 24 27

• Ouvrant :
–T
 raverse haute : la feuillure à vitrage et la moulure, toutes
deux d’une largeur de 30 mm, engendrent donc une avan-
cée d’arasement des deux faces de 30 mm. Idem bien sûr
pour le montant intermédiaire correspondant.

48 I HS 18 I le BOUVET
Portes extérieures

– Traverse basse : pour des questions d’esthétique, je sou-


haite que les arasements s’alignent avec la table saillante
Tenonnage
des panneaux, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’embrè-
vement étant de 15 mm, il nous faudra donc avancer les Dans un premier temps, je coupe de longueur tous les tenons
arasements d’autant, y compris sur le montant central. avec précision. C’est cette coupe qui viendra s’appuyer sur la
butée de longueur pour façonner les arasements au bon endroit.
– Traverse médiane : nous devons avancer de 30 mm en haut,
Voilà, tout est prêt. Le tenonnage se fait également en deux
et de 15 mm en bas. Il y aura donc une coupe biaise sur les
passes par retournement (Photos 14 et 15). On aperçoit au fond
assemblages de cette traverse avec les montants extérieurs.
la butée de longueur. Notez que l’outil que j’ai monté pour exé-
• Dormants : la feuillure de 20 mm induit automatique- cuter l’intervalle entre les deux tenons n’est pas capable de le
ment une avancée d’arasement de cette valeur en parement réaliser en totalité. Il laisse une languette résiduelle qu’il me
intérieur. Même si la moulure d’agrément de l’autre parement faudra enlever ensuite à la scie à ruban. L’idéal aurait été que
n’est large que de 15 mm, on pratiquera la même avancée de je possède un outil extensible capable de prendre un peu plus
20 mm pour se simplifier le tenonnage. Les deux arasements de moitié de cet intervalle, soit environ 12 mm, mais… Faute de
resteront ainsi alignés. grives, on mange des merles !

Mortaisage
Le pointage de hauteur se fait en alignant la joue de mortaise
sur le joint de collage du tripli. Je mortaise ensuite par retour-
nement, gardant ainsi une joue égale d’un parement à l’autre.
Les mortaises sont traversées. Pratiquement, on pointera la
butée de profondeur de façon que la mèche creuse un peu
plus de moitié de la profondeur totale, puis on retournera la
pièce chant extérieur contre le guide pour finir le creusement.
Chaque assemblage nécessitera donc quatre phases de travail.
Particularité de l’assemblage de traverse médiane : on a prévu 14 • Tenonnage : première passe…
un épaulement central pour consolider les joues. Comme l’ara-
sement est biais, il convient de rechercher la profondeur à la-
quelle il faut commencer cet épaulement afin de ne pas gêner
la mise à joint lors du montage (Photos 12 et 13).

Zone d’épaulement

Tracé de Languette
l’arasement biais résiduelle

15 • puis seconde passe après retournement.

Je façonne ensuite les coupes d’onglet (Photo 16). J’incline


pour cela le guide à 45°, après avoir modifié l’outillage comme
Photo 16.
12 • Déterminez la profondeur de l’épaulement…

16 • Coupe d’onglet à 45°.

13 • … puis usinez l’épaulement central. le BOUVET I HS 18 I 49


Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Monté tel quel, cet outil façon-


17 • Prise trop faible… nera la coupe d’onglet sur les deux
Entailles d’arasement
parements, sans toucher à l’inter-
valle entre les tenons. Comme on le Il faut maintenant façonner les contreparties des avancées
voit sur ces deux photos, la coupe se d’arasement : les entailles d’arasement au niveau des mor-
fait à l’avant de la pièce, tandis que taises. Après avoir scié soigneusement les coupes d’onglet au
l’appui se fait sur le chant arrière. tracé, je marque les fonds d’entaille à la toupie (Photo 21).
Il va donc de soi que le pointage
dépend de la largeur de la pièce :
je trie les pièces par largeur, et je
règle la butée d’arasement pour
chaque largeur en procédant par
approche. Photo 17 : la coupe (qui
doit être de 30 mm) est trop courte.
Photo 18 : on décale la butée
d’arasement. On ramène la pièce
contre la butée. Photo 19 : avec
ce nouveau pointage, la coupe est
21 • Marquez les fonds d’entailles.
bonne. Photo 20 : la butée d’ara-
sement doit être suffisamment
large pour que les pièces recevant Cela permettra d’obtenir un appui de référence fiable pour
deux coupes d’onglet soient quand ajuster les assemblages avant montage. Une fois cette pré-
même en appui (ici les montants caution prise, je peux passer à l’exécution des différents pro-
intermédiaires hauts). fils : moulures et feuillures. Notez qu’il faut impérativement
arrêter la moulure d’encadrement de vitrage sur les montants
au niveau de la traverse médiane (Photo 22). Faute de quoi,
on risquerait d’entamer l’arasement biais de cette traverse.
N’oublions pas les embrèvements nécessaires à l’assemblage
des panneaux (Photo 23).
Butée

Moulure
d’encadrement
du vitrage

Pièce

18 • … décalez la butée, puis remettez la pièce en contact…

Montant
19 • … usinez et vérifiez la cote (30 mm).

22 • Arrêtez la moulure au niveau de la traverse médiane.

20 • Remarquez la portée de la butée


d’arasement sur la traverse.

23 • Embrèvements nécessaires à l’assemblage des panneaux.

Butée
d’arasement Il nous reste un type de profilage, pour le moins inhabituel, à
mettre en œuvre. Nous allons pousser avant montage les profi-
lages extérieurs sur toutes les pièces concernées (montants ex-
térieurs, traverses haute et basse). Ce sont des opérations que
l’on pratique normalement après montage, de façon à usiner
toute la périphérie. Le fait de profiler ces parties maintenant va
nous obliger à raccorder les bouts de montant manuellement.
Portes extérieures

Mais l’ouvrage sera tellement lourd et encombrant une fois Deux mots sur ce système qui me permet d’éviter les seuils
monté qu’il est hors de question pour moi de pouvoir profiler aluminium dont je ne suis pas très friand : il s’agit d’un joint tu-
après montage, seul et dans mon petit atelier : c’est trop lourd, bulaire monté sur un profilé. L’ensemble est logé dans un profil
et je n’ai pas assez de place. en U dont il sort à volonté à la fermeture de la porte, commandé
Ceci fait, je dégrossis la découpe des entailles d’arasement par un bouton qui vient s’appuyer sur le dormant. Un ressort
à la scie à ruban (Photo 24) avant de tracer (Photo 25) et de de rappel le rétracte dans son logement à l’ouverture. Celui que
creuser la mortaise destinée à recevoir le coffre de serrure. Il j’utilise est de marque Clonet et peut sortir de 10 mm, assurer
faut aussi profiler la rainure d’encastrement de la têtière et le l’étanchéité même sur des sols un peu irréguliers et de faux
logement de la serrure est enfin prêt (Photo 26) ! niveau. C’est pratique et très efficace. Les derniers profilages
concernent les rainures de joint sur dormant, et les entailles
24 • Découpe des entailles destinées aux jets d’eau et à la cimaise (Photo 28).
dégrossie à la scie à ruban.

28 • Usinez les dernières entailles et rainures.

Entaille
pour
jet d’eau

25 • Tracez l’emplacement du coffre de serrure.

Montage
29 • Ajustez
Après avoir exécuté les les assemblages.
épaulements à la scie à ru-
ban, j’ajuste les assemblages
(Photo 29) avant de préparer
des cales de serrages desti-
26 • Mortaisez le logement du coffre et rainurez l’emplacement de la têtière. nées à épouser le système de
feuillure de recouvrement.
Puis je monte à blanc pour pou-
voir replanir le cadre de la porte
(Photo 30).

Un essai permet de vérifier que tout se passe normalement.


Je passe ensuite à la traverse basse, sur le chant inférieur de
laquelle il me faut usiner un logement pour recevoir le système
de joint d’étanchéité rétractable (Photo 27).

27 • Rainurez l’emplacement du système de joint rétractable.

30 • Montez à blanc.

En effet, les panneaux étant à table saillante, cette opéra-


tion ne sera plus réalisable mécaniquement après collage. Je
n’oublie pas, avant de passer à la phase de collage, de tracer et
percer les trous nécessaires à la pose du cylindre de serrure et
du bec de cane (Photo 31). Puis, après ponçage des moulures
et préparation des panneaux, je colle la porte (Photo 32).

le BOUVET I HS 18 I 51
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

31 • Tracez et percez les trous nécessaires à la serrure.


Ferrage
Le ferrage sera assuré par cinq fiches à visser réparties sur la
hauteur de l’ouvrant. C’est un ferrage simple et efficace, facile
à exécuter avec le gabarit et le foret étagé correspondants au
type de fiche utilisé. Il permet de plus des réglages précis de
l’équilibre des jeux de fonctionnement, si besoin est : il suffit de
visser ou de dévisser plus ou moins les fiches.

Remarque : je préconise maintenant des fiches à doubles


tiges (une lisse et une filetée) de type « Exacta » de la marque
Otlav (Photo 34). Ces fiches assurent une meilleure tenue des
ouvrants et permettent un réglage précis dans les trois dimen-
sions. Cette marque propose une gamme complète de fiches
adaptées au poids des ouvrants et au type de ferrage (à recou-
vrement ou à vif).
32 • Collez la porte.
34 • Fiches à doubles tiges.

Le lendemain, je gratte la colle en surplus, je tronçonne les


montants dans l’alignement des traverses, et je façonne le pro-
fil extérieur en bois de bout. Puis je moulure le chant côté inté- 35 • Nécessaire au ferrage
rieur à la défonceuse (Photo 33), et j’effectue un ponçage de des fiches de type « Exacta ».
finition à la ponceuse orbitale.

Ne reste plus qu’à mettre en place les gâches de serrure sur


le montant de dormant concerné. D’abord je trace le jeu de
hauteur (3 mm) sur ce montant, puis je le positionne en face du
montant serrure de l’ouvrant pour tracer les axes des gâches
33 • Moulurage à la défonceuse du chant côté intérieur. en face des rouleaux de la serrure. Il ne reste plus alors qu’à
usiner les logements des gâches à la mortaiseuse, et je peux,

52 I HS 18 I le BOUVET
Portes extérieures

36 • Cadrez la porte sur le dormant.


une fois ces gâches vissées en place, gonder enfin l’ouvrant et
en vérifier le fonctionnement (Photo 36). Les dernières opé-
rations avant la pose seront l’usinage des jets d’eau et de la
cimaise (voir photo d’entrée de l’article) et leur mise en place
sur l’ouvrant et sur le dormant (Photo 37).
La pose des doubles vitrages se fera directement sur le chan-
tier, lors de la pose de la porte. La raison en est simple : ces
portes sont tellement lourdes que je ne veux pas leur ajouter le
poids des vitrages avant. Elles seront déjà bien assez difficiles
à manipuler. n

37 • Fixez les jets d’eau et la cimaise.

Jet d’eau
sur dormant

le BOUVET I HS 18 I 53
Une porte extérieure
performante : la pose
Par Sylvian Charnot, menuisier-ébéniste

Maintenant qu’elle est fabriquée, il s’agit


de démontrer l’efficacité de notre porte extérieure
en la mettant en fonction, de prouver qu’elle apporte
le confort et la facilité d’utilisation dont nous avons
parlé lors de la fabrication. Il faut donc la poser !

Récupération de parcloses
Avant d’attaquer la fameuse pose d’une porte, je voudrais
vous faire part d’une technique originale pour la fabrication
des parcloses. Alors, non, la technique dite « de récupération
de parcloses » n’a pas été utilisée ici. Mais elle aurait pu l’être…
Enfin presque. Je vais m’expliquer.
Mais d’abord, pour ceux qui ne la connaissent pas, voyons
quelle est cette méthode. Elle consiste à fabriquer la parclose
dans le volume de bois enlevé pour générer la feuillure à
vitrage. Ce qui veut donc dire que la feuillure ne sera pas pous-
sée avec une fraise, qui transformerait ce bois en copeaux, mais Examinons la Fig. 1. On y a représenté la section de la tra-
découpée avec un outil de type lame de scie circulaire monté sur verse haute d’ouvrant, avec son double vitrage posé. On voit
toupie. Ce qui veut dire aussi que les dimensions de la feuillure bien le profil, la section et l’emplacement de la parclose. Sur la
doivent être supérieures à celles du solide capable de la parclose. Fig. 2, la feuillure n’est pas encore usinée. J’ai par contre laissé
en place la section de la parclose. On voit ainsi qu’elle est bien
incluse dans le bois correspondant à la feuillure.
Pour récupérer ce bois, il faut scier selon les deux découpes
représentées sur la Fig. 3. On perd
donc la valeur de la voie de l’outil,
soit environ 2 mm
pour chaque trait La parclose est
de scie, et on réduite en hauteur
constate aussitôt par le sciage.
qu’il est impos- Il n'est pas possible
Parclose
de la récupérer
sible de façonner de cette façon.
Emplacement la parclose telle
parclose quelle, puisqu’elle
est « mangée » par
Trait de scie =
Emplacement un des deux traits
feuillure environ 2 mm
de scie. Par contre,
en tournant la par- Parclose
close comme ceci
(Fig. 4), cela fonc-
tionne très bien.

2 • Traverse d’ouvrant en cours d’usinage.


1 • Traverse d’ouvrant finie. La parclose est incluse dans le bois 3 • Traverse ouvrant récupération
de la feuillure. du bois de la feuillure.

54 I HS 18 I le BOUVET
Portes extérieures

4 • Il faut envisager
Une autre possibilité : si vous disposez de fraises à rainurer
la parclose dans ce sens. ajustables, préférez-les à la scie. En procédant avec cet outil, on
obtient en effet d’un coup la parclose et la feuillure aux bonnes
cotes : pour le premier « sciage », il faut régler la fraise sur une
épaisseur de 13 mm (coté sur la Fig. 5-2), et sur 19 mm pour
le second « sciage » (coté sur la Fig. 5-3). En vous souvenant
Le rectangle rouge de
la Fig. 4a représente que cela va « tirer » beaucoup plus avec une fraise à rainurer
une pièce de petite qu’avec une simple lame de scie.
section dans laquelle
est contenue
Voilà pour les récupérations de parcloses ! C’est une mé-
entièrement la parclose.
thode très intéressante, car non seulement elle permet d’éco-
nomiser du bois, mais en plus, les parcloses sont automa-
tiquement mises de longueur. Il n’y a plus qu’à usiner les
coupes d’onglet.

Dans le cas précis de la porte que je vous ai présentée dans


le Dossier du Bouvet n° 152, il reste quand même un petit
problème sur les montants de rives, que je me dois de vous
signaler : la partie haute du montant est vitrée. Donc elle
4a reçoit feuillure et parclose. Mais la partie basse est pleine.
Il faut donc arrêter les feuillures au niveau de l’assemblage
Mais je ne procéderai pas directement en sciant suivant les avec la traverse médiane, et par la force des choses les par-
deux tracés indiqués sur le croquis. En effet, si on opère de closes. La récupération est donc un peu plus « chaude » sur
la sorte, on va se retrouver avec une pièce de petite section ces pièces-là que sur les autres ! Il faut, après avoir arrêté le
(Fig. 4a). Et il nous faudra usiner cette pièce pour y façonner la sciage au bon endroit, finir de détacher la parclose de façon à
parclose. Or, ce n’est pas une opération facile à réaliser dans ces récupérer à la main. Et en plus, l’assemblage avec la traverse
conditions : ça vibre, les pièces ne sont pas faciles à maintenir… médiane possède un arasement biais… Ce qui réduit encore
Bref, c’est dangereux. Je procéderais plutôt comme montré sur la plage d’arrêt du sciage de récupération. C’est faisable,
la Fig. 5-1 : je profile la moulure en même temps que celle de mais délicat.
la traverse (c’est le même pointage, il suffit de tourner la pièce Passons maintenant à la pose de notre porte extérieure.
de bois d’un quart de tour). Puis, en maintenant la pièce dans
la même position, je scie un chant de la parclose (Fig. 5-2).
Enfin, parement sur table, je sépare la parclose de la traverse
(Fig. 5-3). Remarquez que je travaille avec la lame au dessus Théorie générale de la pose
de la parclose. Ainsi, celle-ci, lorsqu’elle se détache, repose sur
la table de toupie. Si je passais la lame en dessous, la parclose
des portes extérieures
viendrait appuyer sur la lame, serait projetée vers l’arrière
et vraisemblablement abîmée. On peut d’ailleurs employer Je pars du principe qu’une porte se pose de niveau et
l’astuce suivante (Fig. 5-4) pour s’assurer que la parclose se d’aplomb. Certains mettent du « fruit » (léger faux aplomb
dégage complètement de la lame en fin de sciage : on rehausse vers l’extérieur facilitant le dégagement de la porte au sol à
la table de toupie à l’aide d’un panneau, en ménageant un l’ouverture). J’ai toujours fais le choix de poser d’aplomb et de
espace entre le panneau et le guide. En fin de course, la mou- réserver en partie basse la hauteur nécessaire pour que la porte
lure tombe dans l’espace ainsi créé et se trouve complètement fonctionne sans problème. Si vous souhaitez mettre du fruit, il
isolée de la scie. On peut ainsi la récupérer. Il reste à mettre les suffira, le moment venu, de caler avec le faux aplomb voulu,
feuillures à leurs dimensions définitives. au lieu de caler d’aplomb.

5 • Méthode d’usinage de la parclose.

En fin de course, la moulure tombe


et se dégage de la scie
Guide de toupie

Scie
Trait
Arbre de toupie

de
scie
19

Trait Panneau de 10 mm
de
scie
13

Table de toupie

1- Profilage 2- Premier 3- Second sciage 4- Astuce de toupillage


de la moulure sciage

le BOUVET I HS 18 I 55
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

en élévation, ouverte et fermée. On a effectué un relevé de la


Conditions générales planéité du sol dans la zone d’ouverture de la porte. À partir
du point le plus haut trouvé, on a reporté sur la maçonnerie un
La première chose à faire est de vérifier l’état des lieux existants.
trait de niveau (traditionnellement à 1 m, mais cela peut être
q Planéité du sol dans n’importe quelle autre mesure). On a décidé de laisser sous la
porte un jeu de 5 mm par rapport à ce point haut. Lors de la
le champ d’ouverture de la porte pose, on tracera donc sur les montants dormants un trait hori-
Il est important de repérer le point le plus haut de cette por- zontal à 995 mm du dessous de la porte. À la pose, en faisant
tion de sol. C’est ce point qui nous servira de référence pour coïncider ce tracé avec le trait de niveau, on sera sûr de fixer la
décider de la hauteur à laquelle on pose la porte. Si l’on n’en porte de niveau et à la bonne hauteur.
tient pas compte, on risque de se retrouver avec une porte Note : le trait de niveau peut être remplacé facilement et
posée dans les règles de l’art… mais qu’on ne pourra pas ou- avantageusement par le trait généré par un niveau laser.
vrir complètement. La Fig. 6 montre une porte vue en plan et
q Les aplombs
Je les nommerai « aplomb transversal » et « aplomb longi-
tudinal » en fonction de leur position par rapport à la vue de
face de la porte.

Remarque : ne vous fiez pas à la longueur de cordeau visible


sur les Photos 7 et 8 pour faire vos vérifications. Pour que la
photo soit expressive, je ne pouvais pas me permettre un plus
grand écart. Mais il est bien évident que je prends toujours mes
aplombs avec la plus grande distance possible entre les deux
parties du fil à plomb, et dans ce cas, toute la hauteur du mon-
tant dormant. C’est la condition sine qua non pour être précis.

• L’aplomb transversal (Photo 7) définit la position de la


Trait porte par rapport au sol. Pour que le travail que nous avons
de
fait précédemment soit utile, cet aplomb doit être respecté. Si
niveau
on pose de faux aplomb vers l’intérieur, la porte frottera sur le
sol à l’ouverture. De plus, elle aura tendance à s’ouvrir toute
seule. Si le faux aplomb est à l’inverse, c’est moins grave (c’est
le fruit dont nous parlions toute à l’heure). La porte s’écar-
tera du sol à l’ouverture, et aura tendance à se fermer toute
Jeu de fonctionnement = 5 mm

seule. Si l’aplomb est parfait, on peut laisser la porte ouverte


à n’importe quel angle, elle y restera… sauf courant d’air, évi-
demment.
1 000

• L’aplomb longitudinal (Photo 8) définit la position de l’ou-


Sol vrant dans son dormant. Là encore, la porte peut venir frotter
théorique au sol si le faux aplomb penche vers le montant serrure. De plus,
à partir
du point
le plus
haut

Sol réel Point le


plus haut

Point le
plus haut

Zone d’ouverture
de la porte

6 • Porte ouverte et fermée,


vue en plan et en élévation.
7 • Contrôle de l’aplomb 8 • … et de l’aplomb
transversal… longitutinal.
56 I HS 18 I le BOUVET
Portes extérieures

le jeu de fonctionnement avec la traverse haute ira en s’ouvrant,


avec le risque que les joints d’étanchéité ne jouent plus leur rôle.
Avec un faux aplomb inverse, la porte aura au contraire ten-
dance à remonter, et le jeu avec la traverse haute à se resserrer. Si
la porte est très lourde, on aura tendance à la poser légèrement
en faux aplomb dans ce sens pour compenser le « becquage »
qu’elle ne manquera pas de prendre au fil du temps.
Remarque : je ne vérifie pas les aplombs au niveau laser car
le risque d’erreur est trop grand. Non pas qu’un laser ne soit
pas fiable, mais pour qu’il projette un trait d’aplomb sur une
Repères de hauteur
surface, il faut qu’il soit positionné parfaitement d’équerre à sur dormant
celle-ci. Sinon, si la surface en elle-même n’est pas d’aplomb, la Trait de niveau
projection ne le sera pas non plus (Dessin 1). Or je trouve très
compliqué de mettre en place un faisceau laser d’équerre à un

1 m du sol fini
mur. Je préfère donc m’en tenir à mon bon vieux fil à plomb.

Le mur n’est pas d’aplomb


Seuil Calages
de hauteur
La projection
n’est pas d’aplomb

La projection Sol brut = tableau maçonnerie


indique l’aplomb
Le faisceau 9 • Mise de hauteur et de niveau d’un bâti dormant avec seuil.
n’est pas
perpendiculaire
au mur q Bâti sans seuil
On visse dans les montants une barre qui permet de conser-
Sol ver le bon écartement entre les montants en partie basse. De
plus, on laisse souvent filer les montants de façon à pouvoir
les sceller dans le sol fini. Il est donc difficile de caler directe-
Faisceau ment dessous. L’astuce (Fig. 10) consiste à caler sous la barre
Le faisceau est laser d’écartement (à gauche sur la Fig.), ou encore plus malin, à
perpendiculaire au mur
maintenir une béquille sur cette barre à l’aide d’un serre-joint
(à droite sur la Fig.). Le réglage de hauteur est ainsi encore plus
Types de dormants facile. La barre restera en place tant que le dormant ne sera pas
maintenu en place par les serre-joints et les moyens de fixation.
Le bâti dormant constitue un élément très important de la
porte d’entrée. Outre qu’il assure l’étanchéité avec l’ouvrant par
le biais des joints, il reçoit les parties mâles des organes de rota-
tion. L’ouvrant repose ainsi de tout son poids sur le bâti. On a
donc tout intérêt à fixer celui-ci solidement dans la maçonnerie,
et à s’assurer avec soin de l’étanchéité entre bâti et maçonnerie.
On peut trouver deux types de bâtis dormants : avec seuil
ou sans seuil. Vous avez vu, lors de la fabrication, que les
portes qui nous intéressent ont été préparées sans seuil, l’étan-
chéité au sol étant obtenue par le biais d’un joint escamotable. Repères
Lorsqu’un bâti est construit avec seuil, ce dernier reçoit des de hauteur
joints d’étanchéité similaires à ceux présents sur le pourtour de sur dormant
Trait de niveau
l’ouvrant. Le seuil peut être en aluminium, ou en bois. Il sera
moins encombrant en aluminium, et par là moins gênant lors
des passages. Il sera par contre plus isolant en bois. Mais là, il
1 m du sol fini

faudra lever un peu plus le pied pour l’enjamber.


Barre
Je vous parle de toutes ces différences car elles engendrent d’écartement
des astuces de pose différentes. Partant du postulat que la Calage
première chose que l’on fait quand on pose, c’est de mettre le de
dormant de niveau à la bonne hauteur, voici ces différences : hauteur Serre-joint

q Bâti avec seuil


Pour aligner le trait de niveau avec le repère que nous avons = tableau maçonnerie
Sol brut
tracé sur les montants dormants, il suffit de caler en conséquence
sous le seuil, le plus possible au droit des montants (Fig. 9). 10 • Mise de hauteur et de niveau d’un bâti dormant sans seuil.

le BOUVET I HS 18 I 57
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Ces points peuvent donner l’impression d’être des détails Une erreur est toujours possible, et même si c’est trop bête, il
négligeables, mais quiconque a essayé de caler de hauteur un vaut mieux s’en apercevoir avant d’avoir démonté l’existant…
bâti sur un sol irrégulier comprendra pourquoi je les ai ainsi Puis déposez l’ancienne menuiserie, nettoyez consciencieuse-
détaillés ! Pour moi, à partir du moment où le dormant est ment les feuillures et le sol, ainsi que les abords du chantier.
stable et de niveau, la pose est à 50 % faite. 2. Vérifiez la planéité du sol, cherchez le point haut si néces-
saire. À partir de là, tracez votre ligne repère (trait de niveau)
au cordeau ou utilisez un niveau laser.
Types de pose 3. Vérifiez l’aplomb transversal de la maçonnerie. Vous sau-
et moyens de fixation rez ainsi tout de suite où sera le premier appui de votre bâti :
si le faux aplomb est rentrant, l’appui sera en haut. Si le faux
Selon que le bâtiment dans lequel on pose est récent ou an- aplomb est sortant, l’appui sera en bas (Fig. 12).
cien, suivant les matériaux avec lequel il est construit, on a
12 • Vérification de l’aplomb transversal de la maçonnerie.
pu voir que les modes de pose changent. Les conseils de pose
traités dans l’article sur la pose d’une fenêtre, restent valables
Appui
pour la pose d’une porte. Vous pouvez vous y référer (rappel haut
Fig. 11).

Le nombre de points de fixation Faux


aplomb
rentrant
En principe, on scelle une menuiserie au droit (à peu près) de
chaque paumelle, et on répercute le même nombre de fixations
sur le montant serrure, avec un minimum, pour une porte, de
4 points par montant. Sauf dans le cas de grandes largeurs, je
ne scelle jamais les traverses ni les seuils.

Mise en œuvre théorique


d’une pose de porte
Pour l’outillage à prévoir, vous pouvez là-encore vous repor-
ter à l’article sur la pose des fenêtres. Ce sera le même.
1. S’il s’agit du remplacement d’une porte déjà existante,
avant d’entreprendre toute démolition, vérifiez bien la concor- Faux
dance entre les dimensions en tableau de l’ouverture et la me- aplomb
nuiserie que vous avez préparée. Je sais bien que vous l’avez Appui
sortant
fait lors du relevé de chantier, mais moi, je vérifie quand même. bas

11 • Rappel des différents types de pose


et leurs moyens de fixation les plus adaptés.
INTÉRIEUR EXTÉRIEUR INTÉRIEUR EXTÉRIEUR
Faux aplomb rentrant Faux aplomb sortant

Chevilles métalliques Équerre Patte à


traversantes de pose scellement

1 – Pose en ébrasement 2 – Pose en applique

Patte à
Équerre
scellement Chevilles métalliques
de pose
traversantes

3 – Pose en applique 4 – Pose en tunnel


avec tapées d'isolation (déconseillée)

58 I HS 18 I le BOUVET
Portes extérieures

4. Vérifiez l’aplomb longitudinal (toujours concernant la


maçonnerie), qui va vous aider à régler les cochonnets dès le Points d’appui hauts
départ (Fig. 13). Pour centrer la porte dans l’ouverture, il faut
nécessairement en tenir compte.

20 20 30 10

Perçage
des fixations

Aplomb Faux aplomb

20 20
10 30

Le tableau est d’aplomb, les Le tableau est de faux aplomb, les Points d’appui bas
cochonnets sont équilibrés à 20 mm cochonnets sont répartis au mieux

13 • Vérification de l’aplomb longitudinal de la maçonnerie.

5. Préparez le dormant : posez la barre d’écartement si ce 14 • Bloquez le dormant à l’aide de serre-joints.


n’est pas fait. Percez les trous de 10 mm destinés à recevoir
les chevilles traversantes. Inclinez la perceuse de sorte que les
chevilles tirent un peu vers l’extérieur (voyez la position des
chevilles Fig. 11).
6. Bloquez le dormant par quatre serre-joint : d’abord au La règle a pour but
niveau du premier appui (celui que vous avez déterminé en de vérifier la rectitude
relevant l’aplomb transversal de la maçonnerie), bâti réglé de du montant dormant
hauteur et de niveau, puis à l’autre extrémité des montants, en et de contrer
son éventuel cintrage
calant entre la maçonnerie et le bois pour trouver son aplomb
lors du percement.
transversal (Photo 14). Ne vous occupez pas de l’aplomb lon-
gitudinal pour le moment. En principe, si vous avez bien res-
pecté la mise de niveau, vous devriez en être assez proche. Si
vous posez en ébrasement, vérifiez qu’il reste suffisamment
de jeu en fond de feuillure de chaque côté du dormant pour
pouvoir régler cet aplomb plus tard.
7. Effectuez des calages intermédiaires (en face de chaque
Règle
futur scellement) en vérifiant la rectitude des montants (ce sont
des pièces longues et étroites qui sont fortement entaillées par
la feuillure. Elles ont donc facilement tendance à cintrer), si
besoin en fixant une règle contre le montant concerné pour le
maintenir en place pendant le percement (Photo 15).
8. Une fois tout cela bloqué, percez la maçonnerie à travers le
bâti (Photos 14 et 15), et mettez en place les chevilles sans les
serrer (Photo 16). La Photo 17 montre un point haut calé, avec
son serre-joint et ses chevilles mises en place.
9. Vérifiez et corrigez éventuellement l’aplomb longitudinal.
Pour cela, le moyen le plus simple est de glisser l’extrémité
d’un pied de biche entre la maçonnerie et la menuiserie, et de 15 • Lors du percement, fixez une règle contre le montant.

le BOUVET I HS 18 I 59
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

faire levier jusqu’à obtention du mouvement souhaité. Serrez


alors légèrement les points de fixation. On obtient le résultat
montré Photo 18.
10. Gondez l’ouvrant et vérifiez-en le bon fonctionnement à
la fermeture, l’équilibre des jeux (Photo 19). Si besoin, procé-
dez à des réglages en vissant ou dévissant les fiches à visser
(Photo 20).

16 • Mettez en place les chevilles.

20 • Réglez en
vissant plus
ou moins les gonds.

19 • L’ouvrant est gondé.


Vérifiez le bon fonctionnement.

11. Quand tout est en place,


bloquez les fixations, fermez la
porte et remplissez de mousse de
polyuréthane l’espace entre dormant
et maçonnerie (Photo 21). Après séchage,
il vous restera à recouper l’excédent de mousse et à parachever
l’étanchéité en apposant un cordon de joint silicone à l’exté-
Remarquez que rieur entre mur et bois.
le serre-joint agit
dans l’alignement du Calage
calage et évite ainsi les
mauvaises contraintes 17 • Détail du point
(déformations). haut calé et chevillé.

21 • Remplissez les espaces


de mousse de polyuréthane.

Le chantier
Que dire de plus concernant le chantier, puisque ce sont des
images de ce dernier qui viennent d’illustrer la « théorie » de la
pose ? Sinon que, si vous vous en souvenez, nous n’avions pas
posé les vitrages pour nous éviter du poids à la pose. Il convient
donc maintenant de façonner les parcloses (Photo 22). Notez
au passage que je n’utilise pas la butée de la scie, mais une
18 • Le dormant est en place (le volet butée à 45° que j’ai fabriquée juste avant. Si on utilise la butée
extérieur est fermé pour la photo). d’équerre habituelle pour buter des coupes d’onglet, la portée
se fait sur une arête fine et la précision s’en ressent. En procé-

60 I HS 18 I le BOUVET
Portes extérieures

22 • Mise à largeur
des parcloses.

dant comme montré sur


cette photo, la moulure
vient se caler avec préci- 24 • … puis pose des vitrages.
sion dans la contre-forme,
et les parcloses sont impec- 25 • Pose des joints sur les parcloses et fixation de ces dernières.
cablement identiques.
Je prépare ensuite la pose des
vitrages en posant le joint caout-
chouc autocollant au fond des parcloses (Photo 23). Puis vient
la pose des vitrages en les calant en écharpe (Photo 24).

Les portes sont posées, étanches, et ferment le cocon du


foyer au cœur de cet environnement sauvage qu’est mon sud
23 • Mise en place des joints…
haut marnais natal. Pour preuve, voici, Photo 26, un aperçu
de la façade de cette vieille ferme avec ses deux portes toute
Reste enfin à coller les joints sur les parcloses et à clouer ces fraîches. Nous avions fait les volets chêne à l’ancienne trois ou
dernières en serrant bien le vitrage (Photo 25). Voilà, c’est fini ! quatre ans auparavant. n

26 • Les nouvelles menuiseries rafraîchissent quelque peu cette ferme ancienne !

le BOUVET I HS 18 I 61
Fabriquer et poser
ses portes intérieures
Par Sylvian Charnot, menuisier-ébéniste

Frileuse injonction administrative


censée protéger l’intimité d’un bureau
(« Veuillez maintenir cette porte fermée »),
invitation joviale et commerciale destinée
à attirer le client (« Nos portes vous sont
grandes ouvertes »)… ces épitaphes connues
de tous mettent en évidence la question
cruciale : une porte doit-elle être ouverte
ou fermée ? Problème que je résoudrai par
une pirouette : la porte sert à s’isoler dans
une pièce, mais pour pouvoir s’isoler, il faut
pouvoir entrer dans la pièce… Que chacun
en tire les conclusions qui lui conviennent.
Cette petite digression humoristique – enfin,
j’espère – pour dire que nous allons parler
des portes de communication, encore appelées
portes d’intérieur. Celles qui séparent
et distribuent votre logis.

La distribution des pièces Un peu d’histoire


Je ne sais si vous habitez dans un pavillon, un logement Autrefois, dans les maisons bourgeoises, le maître de mai-
urbain, une ferme ou une maison de ville ancienne, mais vous son, voire la famille, se tenait dans la « chambre », saint des
avez dû remarquer les différences d’agencement d’un type saints auquel le visiteur ne pouvait accéder qu’en passant par
d’habitat à l’autre. D’une manière générale, dans les logements un cérémonial lié au degré d’intimité qu’il entretenait avec
anciens, les pièces donnent l’une dans l’autre, et il faut sou- les propriétaires des lieux. Une succession de pièces en en-
vent passer par l’une pour se rendre dans l’autre. Dans nos filade marquaient symboliquement ce parcours : vestibule,
logements modernes, au contraire, les pièces s’ouvrent toutes antichambre, salon d’attente, salon de réception, cabinet…
sur un dégagement (couloir, corridor, hall…) qui permet de se Les portes fermant ces pièces étaient disposées en alignement,
rendre dans une d’entre elles sans violer l’intimité d’une autre. souvent à deux battants, et permettaient ainsi de marquer sa
Cela tient bien sûr à l’évolution du mode de vie. déférence au visiteur en les ouvrant soit l’une après l’autre

62 I HS 18 I le BOUVET
Portes intérieures

Faire des choix


L’aspect visuel d’une porte est loin d’être innocent. Au
contraire, il reflète un mode de vie et un état d’esprit, voire
renseigne sur le contenu et la fonction de la pièce à laquelle elle
appartient. On aura donc toujours tort de négliger le choix et
l’implantation de nos huis, tant ils nous révèlent aux yeux des
autres en même temps qu’ils les aident à appréhender les règles
de vie de l’espace ô combien privé qu’ils s’apprêtent à investir.
Vous remarquerez que les portes sont souvent très jolies des
leurs proportions et leurs décors, mais qu’il faut s’attacher à les
regarder pour s’en rendre compte ! Jusqu’où va la modestie…
Ce petit aparté pour dire que concevoir une porte, c’est
bien plus que remplir un trou dans un mur avec un vantail
mobile, et que plutôt que d’accepter les modèles standardisés
de l’industrie dont le décor n’est souvent que mauvaise copie
modifiée par les contraintes de la production en série, on a
intérêt, en tant que passionné du bois, à se poser un certain
nombre de questions autres que purement techniques. Mais
nous y reviendrons un peu plus tard…
La distribution moderne des logements a imposé une nouvelle
donne : quand l’ensemble des accès aux pièces se situe dans un
espace unique (couloir ou dégagement), il devient impossible
de différencier par le décor celles en accès libre des espaces
réservés. Sept ou huit portes ouvrant sur un même vestibule
imposent l’utilisation d’un modèle commun, ou pour le moins
de le décliner dans des versions très proches l’une de l’autre.
Je persiste d’ailleurs à penser qu’une séparation totale entre
« pièces de jour » et « pièces de nuit » est la bienvenue chaque
fois qu’elle est praticable. Malheureusement, cette structure est
souvent occultée dans les pavillons d’aujourd’hui, alors même
qu’elle ne demanderait pas plus d’investissement de départ.
Mais là encore, nous en reparlerons. Essayons en attendant de
définir un peu cette notion de « porte de communication ».

Distribution à l’ancienne (d’après L’Art du menuisier, de Roubo).

et à simple battant, soi toutes ensembles et à double battant,


donnant ainsi directement accès au lieu le plus intime du loge-
ment. Ces enfilades de portes ouvertes à double battant indi-
quaient au visiteur du seigneur local qu’il était reçu avec tous
les honneurs dus à son rang (le rang du visité étant lui-même
signifié par la richesse de la mouluration et du décor).
Dans les campagnes, la porte donnant accès au « poêle »
depuis la salle commune était modeste et discrète, signifiant
ainsi le caractère très privé de la pièce qu’elle défendait. Le
poêle, en effet, pièce située derrière la cheminée et chauffée
par la plaque en fonte (la « taque ») servant d’appui au foyer,
était à la fois chambre et lieu presque sacré où étaient conser-
vés les trésors les plus précieux de la famille, depuis le linge et
l’argenterie jusqu’au bas de laine en passant par les « habits du
dimanche ». La petite porte paysanne camouflée sur le côté de
la cheminée disait suffisamment que ce passage n’était destiné
qu’au maître de maison et à sa famille, et que l’étranger devrait
se contenter de la salle commune.
Distribution moderne (plan d’un pavillon des années 1960).

le BOUVET I HS 18 I 63
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Caractéristiques des portes Les ouvrants


de communication Les ouvrants peuvent être construits :
• en menuiserie. Ce sont alors des cadres assemblés tradi-
Si elle n’a pas à répondre aux exigences d’étanchéité qu’on tionnels avec montants, traverses et panneaux de remplissage.
est en droit d’attendre d’une porte extérieure, il n’en reste pas Les montants, pour être proportionnés aux dimensions des
moins qu’une porte intérieure doit posséder un certain nombre vantaux, n’afficheront jamais une largeur inférieure à 100 mm.
de qualités pour être agréable à vivre. Et d’abord la fonctionna- Il faut souvent ajouter à cette dimension la valeur de la mou-
lité : puisqu’une porte est un passage entre deux pièces, elle doit lure (à partir de 15 mm jusqu’à 45 ou 50 mm dans certains cas).
offrir un passage généreux et suffisant, proportionné au lieu La traverse haute, si elle est droite, reprend la plupart du temps
auquel elle donne accès, et fonction des utilisateurs habituels. la largeur des montants. Si elle est chantournée, sa largeur est
Elle doit également s’ouvrir et se fermer facilement, avec dou- fonction du tracé. La traverse basse est plus large, pour « as-
ceur. Il convient donc de lui adjoindre de la quincaillerie de qua- seoir » l’ouvrage et le protéger des coups (pieds, balais, aspira-
lité, et de l’ajuster soigneusement. Elle doit assurer un minimum teur…). Elle ne sera jamais inférieure à 140 mm. La hauteur de
d’intimité à la pièce qu’elle ferme, et doit donc joindre le plus l’ouvrage nécessite une ou plusieurs traverses intermédiaires.
parfaitement possible, sans nuire à la facilité de manœuvre. Dans Leur largeur s’accorde d’habitude sur celle des montants, ou à
le cas d’une nécessité d’isolation phonique accrue, on prendra leur voisinage. S’il n’est pas rare, dans les ouvrages du XVIIIe et
des mesures supplémentaires (joints de caoutchouc en pourtour XIXe, que les panneaux soient d’un seul tenant d’un montant à
ou, s’il le faut, contre-porte capitonnée). Et puis, bien sûr, elle l’autre, on a depuis tendance à réduire leur largeur (quand on
doit être belle… Je veux dire par là qu’elle doit vous plaire ! les travaille en massif) par l’adjonction de montants intermé-
Une porte est composée d’un ouvrant et d’un dormant. Ne diaires. Cela permet d’éviter les joints provoqués par les sorties
riez pas tout de suite. Je n’enfonce pas tout à fait des portes de panneaux de leur rainure, qui constitue une des principales
ouvertes ! Pendant très longtemps, les ouvrants ont en effet été causes de restauration sur les ouvrages anciens. Ces mon-
ferrés directement sur la maçonnerie, et on en trouve encore de tants doivent être relativement fins, toujours en proportion du
nombreux exemples dans de vieilles bâtisses. reste de l’ouvrage. La disposition, les dimensions et le nombre
de ces éléments intérieurs sont des facteurs déterminants de
l’esthétique finale du vantail.
Les dormants
Traverse haute
Sous le terme « dormants » se rassemblent huisseries, bâ-
tis ou chambranles (voyez l’article dédié, dans ce hors-série).
Huisserie est le terme le plus connu de nos jours, même s’il
n’est pas toujours employé à bon escient. Remettons les choses
à leur place.

Couvre-joint Plaque de plâtre


13
10

Montant intermédiaire
Montant de ferrage
50

Montant de serrure
48
70
10

Huisserie sur Huisserie sur Panneau à glace


13

cloison plâtrière cloison sèche

Bâti sur mur épais


Mur de refend (pose en tunnel)
destiné à être plâtré

Bâti
Traverse méd
iane
Plâtre Couvre-joint

Porte simple à panneaux.


Bâti sur mur épais
Mur en pierres apparentes (pose en feuillure)
• façon isoplane : constituées de deux panneaux de contre-
plaqué ou d’Isorel collés sur un cadre de bois blanc (en gé-
néral du pin) et sur une âme en carton alvéolé type « nid
d’abeille », elles présentent extérieurement, comme leur nom
l’indique, une surface plane de chaque côté. Elles représentent
Le mur reste en pierres apparentes. Le bâti est posé à fleur.

64 I HS 18 I le BOUVET
Portes intérieures

aujourd’hui le plus gros marché de la porte d’intérieur, au vu


bien sûr de leur prix de revient imbattable. Elles présentent Les standards modernes
également l’avantage d’être parfaitement neutres et donc ha-
billables de multiples façons, que ce soit par jeux de peinture, Le bâtiment est un domaine très standardisé, et la menui-
avec des moulures rapportées ou même des marqueteries dans serie, surtout depuis son industrialisation, n’y échappe pas.
certains cas. Bien sûr, ces portes sont industrialisées et on n’a Aussi notre métier est-il régi par un ensemble de normes que
aucun intérêt à les fabriquer soi-même… quoique ! Il m’est je vous propose d’approcher ici. Les normes qui définissent les
arrivé, pour des ouvertures hors-cotes, de fabriquer vite fait portes sont leurs dimensions, leur sens d’ouverture et, dans
des vantaux de ce type en assemblant simplement un cadre en une moindre mesure, leur épaisseur.
sapin fait de deux montants et quatre ou cinq traverses assem-
blées à tenon/mortaise traversés (environ 80 mm de large), sur
lesquels j’avais collé-cloué sur chaque face un contreplaqué Dimension de passage
de 5 mm. On peut même les personnaliser à bon compte en
marquetant les contreplaqués avant collage, et obtenir ainsi,
et dimension de vantail
pour peu qu’on soit adepte du travail du placage, des portes
C’est la dimension de passage, c’est-à-dire la largeur et la
magnifiques et hors du commun.
hauteur dont on dispose pour passer, qui définit une porte,
et non pas la dimension de vantail. Nous allons insister un
Les ferrages peu sur ce point, car de plus en plus, les industriels donnent
les dimensions de vantail, ce qui risque d’induire en erreur le
client que nous sommes.
Si on observe le schéma publié précédemment à propos des
ferrages, on constate qu’une porte à fleur porte sur la feuillure
Montant de vantail du dormant de 15 mm de chaque côté. Une porte à recouvre-
ment, elle, bat en plus de 8 à 10 mm sur ce même dormant.
Ce qui veut dire qu’un vantail de largeur 630 mm correspond
Poteau
d'huisserie Ferrage à fleur : pour une porte à fleur à un passage de 600 mm, et pour une
l'ouvrant s'aligne porte à recouvrement à un passage de 580 mm. On n’a donc
avec le dormant pas affaire à la même porte. Ces deux centimètres peuvent
être parfois importants, et il convient d’être conscient de cette
différence.
Les largeurs standard de passage sont donc, pour les portes à
Montant de vantail simple battant, 600, 700, 800 et 900 mm. La largeur de passage 1
000 mm est la largeur standard pour les accès handicapés. Les
battants doubles, s’ils sont constitués de deux vantaux iden-
tiques, sont normalisés à 1 200, 1 400 et 1 600 mm. Lorsqu’on
Poteau
d'huisserie
Ferrage en applique a affaire à des vantaux asymétriques, c’est plus compliqué.
ou à recouvrement : La hauteur de passage est de 2 025 mm. Ces dimensions sont
le vantail est en saillie
présentées dans les catalogues sous la forme 600 x 2 025, 700 x 2
sur le dormant
025… Elles correspondent à des cotes de vantail de 630 x 2 040,
Traditionnellement, les portes sont ferrées « à fleur », c’est- 730 x 2 040 dans le cas de portes à fleur. Ce n’est pas forcément
à-dire que le vantail s’insère de toute son épaisseur dans la le cas pour des portes en applique. Tout dépend de la valeur
feuillure du dormant, mettant ainsi en évidence le jeu de fonc- du recouvrement.
tionnement. La fierté du menuisier réside dans la qualité de ce
joint, qui doit être fin et régulier tout en permettant un fonc-
tionnement facile. Industriellement, ce ferrage délicat a été
Sens d’ouverture
remplacé le plus souvent par un ferrage à recouvrement (ou
Le sens d’ouverture d’une porte se détermine en poussant la
en applique) présentant l’avantage de permettre un jeu plus
porte. L’observateur est donc placé côté opposé aux paumelles,
important tout en restant invisible. Esthétiquement, le vantail
prêt à pousser la porte pour l’ouvrir. Si l’axe de rotation de
se trouve en saillie sur l’huisserie, ce qui peut être gênant. Il
la porte se trouve à sa main gauche, les paumelles sont dites
est à signaler toutefois que les ferrages à recouvrements ont
« gauches ». Dans le cas contraire, elles sont « droites ». Les
été utilisés par les anciens pour des portes sur chambranle.
serrures à larder suivent la même règle : une porte ferrée avec
Elles sont alors ferrées avec des fiches à larder, et moulurées
des paumelles gauches recevra une serrure gauche. Pour les
en pourtour à l’instar d’une porte de meuble. C’était le souci
serrures en applique, c’est un peu plus fin. Je vous livre ici une
esthétique qui guidait alors ce choix du recouvrement, la saillie
reproduction tirée d’un de mes anciens livres de technologie
du vantail étant voulue et prétexte à une mouluration de pour-
qui me fait toujours rire et que je soumets à votre sagacité…
tour qui pouvait être très riche. Certaines de ces portes, pour
Sans plaisanter, il est très important d’indiquer le sens d’ou-
dire l’ingéniosité de ces anciens, étaient ferrées volontairement
verture à la commande d’une porte. Un conseil : comme il y
avec une fiche basse plus écartée du vantail que la fiche haute,
a toujours un flou artistique autour de cette notion, je précise
ce qui obligeait la porte, se retrouvant en biais à l’ouverture, à
toujours « droite poussant » ou « gauche poussant ». En tirant,
se refermer automatiquement après chaque passage.
c’est l’inverse… Bon !

le BOUVET I HS 18 I 65
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Dimensions
L’épaisseur des portes est passée de 30 mm au temps de ma
jeunesse dans ce métier à 40 mm aujourd’hui, ce qui est plutôt
une bonne chose. Par contre, huisseries et autres dormants ont
tendance à se réduire comme peau de chagrin ! Pas en épais-
seur, où les fabricants sont obligés de s’aligner sur les cloisons,
mais en largeur. On peut ainsi entendre parler d’huisserie de
72 x 48 mm ! Je sais bien qu’une fois scellée, elle n’est plus
censée bouger, mais tout de même. Il fut une époque où on les
fabriquait au carré.

Les familles
de portes industrielles
Nous avons déjà décrit les portes isoplanes. Sachez qu’elles se
déclinent en portes palières (pour les portes d’appartement, et
dans ce cas elles sont construites à partir d’un panneau de parti-
cules extrudé), portes isophoniques et isothermiques pourvues
d’un remplissage adéquat et d’un joint caoutchouc renforcé en
fond de feuillure. Sachez enfin que la plupart des fabricants
posent maintenant dans ce même fond de feuillure un joint dit
« de confort » destiné à amortir la fermeture du vantail.
Est apparue depuis quelque temps, aux confins de la porte
isoplane et de la porte menuisée, une nouvelle variété qui a
l’aspect d’une vraie porte mais qui n’en est pas une, comme
disait une certaine publicité. Il s’agit des portes post- ou soft-
formées. Elles sont en fait usinées en creux dans un panneau
type MDF ou plaquée d’une essence ou d’un motif par post- ou
soft-formage, techniques complexes qui permettent de pla-
quer n’importe quelle forme. À titre personnel, je trouve cela
très laid. Si on ne peut pas passer à la porte menuisée, il vaut
mieux à mon avis se rabattre sur le modèle isoplane et le per-
sonnaliser. Franchement, je ne trouve pas le rapport qualité/
prix intéressant. Pour contrebalancer le jugement négatif que
je viens de porter, il faut signaler que certains fabricants font
de réels efforts de qualité depuis quelques temps, y compris en
sortant des modèles contemporains massifs très intéressants
© Rozière

(voyez par exemple le site Internet des établissements Rozière, Porte d’intérieur « Hegoa 3D » de Rozière.
pour n’en citer qu’un).

66 I HS 18 I le BOUVET
Portes intérieures

La pose de la différence entre sol fini et gros œuvre (exemple : si le sol


fini doit être remonté de 4 cm par rapport à l’état actuel, les
des portes intérieures poteaux seront coupés à 1 040 mm du trait de niveau porté sur
les montants).
À présent, vérifiez bien que le sens d’ouverture correspond
Comme nous avons vu précédemment que les portes rece- à ce qui a été prévu. Inverser une porte, c’est une vraie galère…
vaient des dormants différents suivant leur destination, les Pour les différents modes de pose, vous pouvez vous réfé-
méthodes de pose vont varier en fonction des cas. Quelques rer à l’article sur la pose de fenêtres (pose de menuiseries
principes de bases restent cependant invariables et doivent extérieures, p. 36 et à celui des dormants p. 8).
être respectés.
Avant de poser une porte, vérifiez le niveau des sols finis.
En général, lorsqu’on présente les dormants, les finitions de sol
ne sont pas faites : il faut donc s’assurer de leur niveau final.
Il doit normalement être donné par le trait de niveau, trait qui
À vos établis !
court sur tous les murs dans le cas d’une construction : 1 m au
dessus du fameux niveau 0 (s’il n’a pas été tracé, il est judicieux La menuiserie intérieure, et surtout les portes de communi-
de le faire… et de s’assurer auprès des autres corps de métier cation, représentent à la fois un vaste sujet et un marché por-
qu’il est valable pour tout le monde !). teur. La preuve en est qu’il a été investi de longue date par
Une fois cela fait, tracer un trait d’équerre sur les montants l’industrie, qui a commencé par le démocratiser en inventant
dormants à 1 m du dessous de l’ouvrant. Vous pouvez déjà et en développant le concept de porte isoplane, pour en venir
prévoir 2 à 3 mm de jeu en le traçant à 997 ou 998 mm, mais aujourd’hui à proposer des produits massifs que je qualifierai
attention à ne pas trop anticiper : ce sera plus facile de raboter de sympathiques. Cependant, je voudrais pour finir en revenir
le dessous de porte que de rajouter du bois une fois le sol réel- à mon propos de départ : une porte, c’est bien autre chose qu’un
lement fini. Gardez-vous toujours une marge de manœuvre. ouvrage technique, et il serait dommage que nous autres, ama-
Vérifiez ensuite si le type de sol vous permet de noyer les teurs et professionnels de la grande famille des amoureux du
pieds d’huisserie. Si c’est le cas, préparez deux trous de scelle- bois, ne profitions pas des quelques compétences que nous pos-
ment aux endroits adéquats. Sinon, prévoyez des équerres de sédons dans le domaine, pour tenir compte de l’image et des
pose destinées à les bloquer sur le gros œuvre actuel. Dans ce concepts que peut véhiculer un tel ouvrage avant de le mettre
cas, vous devrez recoupez les poteaux d’huisserie en fonction en œuvre. Alors, l’imagination au pouvoir, et à vos établis ! n

Plafond

Schéma de situation : repérage sur


les montants du niveau 1 000 mm
par rapport à la base de la porte.

Traçage du dormant
Trait de niveau

Traverse intermédiaire

Montants
1 000 mm porte Montant dormant

Base de la porte Sol fini :


X niveau zéro

Sol brut

le BOUVET I HS 18 I 67
Portes intérieures :
découvrez les atouts d’une
méthode « en rénovation »
Par Sylvian Charnot, menuisier-ébéniste

La pose de menuiseries dans un bâtiment


en construction ou en rénovation n’est pas
toujours simple. Mais elle offre tout de même
à l’exécutant un certain confort : on agit sur
un chantier, donc dans un environnement en
construction, pas encore habité. On n’a donc
pas – ou très peu – à se soucier des éventuelles
salissures que notre mise en œuvre peut
occasionner. Il suffira de donner un bon coup
de balai après et on n’en parle plus ! Il en va
tout autrement lorsqu’on est amené à intervenir
dans un lieu occupé : les pièces sont meublées,
les peintures sont faites, les gens vivent sur place.
Il convient donc de trouver et d’adopter des solutions
peu « polluantes », pour employer un terme d’actualité.
La pose dite « de rénovation » permet de limiter les dégâts.
Vous en avez certainement déjà entendu parler. Les entreprises spécialisées
dans le remplacement des menuiseries extérieures un peu anciennes par
des ouvrages de rénovation censés être plus performants fleurissent comme
pâquerettes au printemps. Le procédé existe également pour les menuiseries
intérieures (portes de communication), mais il est pour l’instant moins courant.
Aussi, je voudrais vous relater l’expérience récente que j’ai eue dans ce domaine.

La pose en rénovation C’est le remplacement du dormant qui pose problème : il


est scellé dans les murs, et les parois intérieures (plâtres, dou-
Mais d’abord, parlons un peu de la pose en rénovation : blages, boiseries…) viennent s’appuyer contre ou dessus, sui-
quel en est le principe ? En quoi consiste-t-elle ? Quels sont ses vant que l’ouvrage est posé à vif ou en ébrasement.
avantages et ses inconvénients ? Pour remplacer ce bâti, il va falloir le desceller des murs,
Toute menuiserie est constituée de deux éléments : donc :
• une partie fixe, appelée selon les cas « dormant », « bâti » • si l’ouvrage est en ébrasement : creuser dans le revêtement
ou « huisserie » ; intérieur des ébrasements pour pouvoir sortir l’ancien
• une ou plusieurs parties mobiles : les « vantaux » ou « ou- cadre et mettre le nouveau en place.
vrants ».

68 I HS 18 I le BOUVET
Portes intérieures

Pose d’une menuiserie à vif


sur doublage brique.

Maçonnerie Menuiserie

Maçonnerie

Étanchéité
Plâtre

Isolation Tapée (ou fourrure)


d’isolation
Fixation (patte à
scellement ou équerre)
Pose d’une menuiserie
Doublage brique en ébrasement
Menuiserie (bâtiment ancien).

Plâtre

• si l’ouvrage est à vif, il affleure un doublage intérieur, et est s’en servir comme support pour poser la nouvelle fenêtre (si on
relié au mur porteur par des fourrures d’isolation. Là, c’est prend l’exemple d’une fenêtre). Le dormant de la menuiserie
encore pire, car il faut trouver l’emplacement des pattes à de rénovation a donc une forme particulière, le plus souvent en
scellement ou des équerres de fixation sans trop abîmer le feuillure pour venir recouvrir le cadre existant.
doublage. Puis il faut trouver le moyen d’aller sceller le L’avantage du procédé, c’est qu’il est propre et rapide.
nouveau dormant contre le mur porteur… Galère ! L’inconvénient, c’est qu’il occasionne une perte d’ouverture
Dans tous les cas, cela se solde par beaucoup de bruit et de en largeur et en hauteur. Il existe bien sûr plusieurs façons de
poussière… et des papiers peints à refaire au moins en partie. faire, et des méthodes pour avoir le moins de perte d’ouver-
En réponse à ces problèmes, la pose en rénovation a été initiée ture possible. Mais c’est un sujet à part entière, et ce n’est pas
par les menuisiers industriels, en priorité pour promouvoir directement celui qui nous concerne ici. Il me semblait cepen-
les gammes PVC et aluminium. Mais elle est également appli- dant important de définir ce procédé, avant d’en arriver à son
cable sur les menuiseries bois, même si elle est moins courante. application sur les portes de communication, et à la façon dont
Le principe de base consiste à garder l’ancien dormant, et à je l’ai traité.

Maçonnerie

Maçonnerie
Menuiserie

Étanchéité

Tapée (ou fourrure)


Isolation d’isolation
Partie à démolir pour
Fixation (patte à pouvoir déposer le dormant
scellement ou équerre) (sur toute la hauteur
de la menuiserie)
Doublage brique
Menuiserie

Plâtre
Plâtre
Partie à démolir en face
de chaque fixation
(après les avoir trouvées...)

Dépose d’un dormant scellé à vif sur doublage brique. Dépose d’un dormant scellé en ébrasement.

le BOUVET I HS 18 I 69
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Que leur répondre, sinon que toute finition appliquée sur


ce genre de matériau ne sera jamais qu’un artifice, et risque de
Principe de pose gâcher le résultat escompté ? La finition actuelle vient d’ail-
d’un dormant rénovation leurs corroborer mes dires (on en aperçoit le rendu sur la photo
(menuiserie PVC).
précédente). L’idéal serait donc de cacher ces bâtis, puisqu’on
Maçonnerie ne peut pas les supprimer. Mais, ils me le rappellent, il ne faut
pas perdre de largeur de passage. C’est ainsi que j’en arrive à
proposer à mes interlocuteurs une pose de type rénovation un
peu particulière.

Cornière PVC
Les poses de portes
Isolation
cache extérieure
de communication
Dormant de Commençons par différencier les façons de mettre en place
l’ancienne les portes intérieures sur cloisons.
menuiserie

Doublage brique La pose traditionnelle


Dormant
rénovation PVC
Plâtre Aile de recouvrement Pose d’une
intérieur huisserie pour Épingle
cloison plâtrière.

À l’écoute des clients


« Nous voudrions remplacer la porte de la cuisine et celle du
salon par des portes très vitrées, modernes et en bois clair. Mais
nous souhaiterions garder les huisseries pour ne pas faire de gros
travaux, et surtout ne pas perdre de largeur de passage ». Bien.
Voilà le problème posé. À priori, j’envisage donc de fabriquer
des ouvrants répondant aux désirs de mes interlocuteurs, à
ferrer en lieu et place des existants. Une visite sur place s’im-
pose pour recueillir tous les éléments. J’y trouve des portes
isoplanes de passage 700 mm classiques ferrées sur huisserie Tracé de
Barre
sapin vernie façon acajou. La distribution est de type plâtrière, la cloison
d’écartement
soit une âme de brique alvéolée de 5 cm d’épais recouverte sur
chaque face d’un plâtre de 10 mm. Ce qui nous donne des cloi-
sons classiques avec huisseries affleurantes, le tout de 70 mm
d’épaisseur. D’autre part, si on se base sur l’axe du couvre-joint
cachant la jonction cloison/huisserie, la largeur des montants C’est comme cela qu’ont été posées
n’excède pas 50 mm. Elles ne sont pas bien jolies, ces huis- les huisseries actuelles : fabriquées à l’épaisseur
series, et leurs propriétaires qui en sont bien conscients, me ­f inie des cloisons, elles sont posées avant ces dernières,
demandent comment on va bien pouvoir les traiter pour les comme on a pu le voir dans l’article traitant des dormants :
assortir au bois clair souhaité. les cadres sont mis en place sur la dalle de maçonnerie sui-
vant le plan d’implantation des cloisons (ce qu’on appelle la
distribution). Les huisseries sont fixées au sol et maintenues
Aperçu des en place à l’aide d’épingles appuyées au plafond. Des clous à
huisseries d’origine,
finition « acajou ». tête large (clous à bateau) sont plantés au fond de la feuillure
à brique. Lorsque le plâtrier vient ensuite monter ses cloisons,
les têtes de clous noyés dans le plâtre, combinés aux briques
se logeant dans la feuillure consacrée assurent le scellement
définitif de l’huisserie. Cette pose est très délicate et peu
prisée des menuisiers modernes : outre que la mise en place
des huisseries n’est pas toujours facile, celles ci se trouvent
posées très tôt sur le chantier de construction. On court alors
le risque qu’elles soient décalées au cours des travaux. Si cela
se produit, elles se trouveront scellées dans une mauvaise
position. Gare alors aux surprises lors de la mise en place des
vantaux ! Sans compter qu’elles subissent de plus l’humidité
des plâtres lors de la mise en œuvre et du séchage de ceux-
ci. Sur cloison sèche, c’est plus simple : en général, c’est la

70 I HS 18 I le BOUVET
Moulures côté porte Représentation Huisserie calée en applique
fixées sur l’huisserie de contre la cloison
l’ouvrant

70
Portes intérieures
Jeu de pose
réservé par
le plâtrier

même personne qui pose la porte et qui monte la cloison : d’huisserie avec le trait laser (se reporter à la section « Pose du
on implante les rails horizontaux (sol et plafond), on met cadre en rénovation », page suivante). L’huisserie étant centrée

74
en place les rails verticaux. Quand on arrive à la porte, on dans la réservation, on fixe la base des montants au sol. Il ne
visse l’huisserie contre le premier rail, on met le second rail reste plus qu’à vérifier l’aplomb dans les deux sens, et à caler
en place, on visse l’huisserie contre en respectant aplomb et l’huisserie en bonne position Pour plus de sécurité, on peut, à
niveau, et on continue la cloison. ce niveau, gonder la porte et faire un essai de fonctionnement.
• Quand on est sûr de soi, on peut coller l’huisserie à la
La pose « huisserie cloison à la mousse de pose ou au mastic colle PU. Personnel-
lement, j’utilise la mousse PU. On peut indifféremment coller
de fin de chantier » l’huisserie avec ou sans la porte montée. L’essentiel est que le
Elle remplace de plus en plus la pose traditionnelle et permet dormant soit bien maintenu pour ne pas bouger ou se défor-
de mettre en place les bâtis après le passage du plâtrier. On mer pendant le séchage.
évite ainsi tous les inconvénients rencontrés ci-dessus. Des • Une fois la colle sèche, on la recoupe et on pose les mou-
réservations sont faites par le plâtrier à la pose des cloisons. lures couvre-joints sur l’autre face. Remarquez les moulures
Elles correspondent aux cotes extérieures de l’huisserie, aug- de finitions conçues pour s’adapter à la différence d’épaisseur
mentées d’un jeu (par exemple 20 mm en largeur et de 10 mm entre cloison plâtrière et cloison sèche grâce à la languette et
en hauteur). la rainure d’assemblage respectivement allongée et appro-
fondie.
Plâtre (environ 1 cm)
Largeur hors tout Fixation de l’huisserie
de l’huisserie + jeu à la mousse de pose
Brique alvéolée
70

de 5(environ
Plâtre cm 1 cm) Traces de
Plâtre (environ 1 cm) l’ouvrant
Largeur hors tout
Cloisonde
plâtrière (brique
l’huisserie + plâtre)
+ jeu
Brique alvéolée Brique alvéolée
70
70

de 5 cm de 5 cm
Plaque de plâtre 13 mm
Cloison plâtrière
Largeur (brique
hors tout + plâtre)
de l’huisserie + jeu
Montant métallique L’embrèvement modifé permet de
74

48 de
mmplâtre 13 mm Collage des moulures de finition s’adapter à plusieurs épaisseurs de cloisons
Plaque
Largeur hors tout Plaque de plâtre 13 mm
de l’huisserie + jeu
MontantCloison sèche (plaque de plâtre sur ossature métallique)
métallique
74

48 mm
Montant métallique
74

Huisserie fin de chantier – Réservations faites par le plâtrier. 48 mm


Cloison sèche (plaque de plâtre sur ossature métallique)

• On prépare l’huisserie en fixant les moulures couvre-joint Huisserie fin de chantier – Fixation à la colle
côté porte. De l’autre côté, en partie basse, on pose proprement et pose des moulures de finition.
un liteau d’écartement avec deux vis. On vérifie le niveau du
sol dans la réservation et on recoupe les montants d’huisserie
en fonction de ce niveau, en laissant 5 mm de jeu sous la porte. Pose sur chambranle
À partir de ce point, on repère sur chaque montant un trait à (voir schémas page suivante)
1 m (on peut le faire à une autre hauteur, mais conventionnelle-
Comme vous le voyez, elle s’apparente beaucoup à la pré-
ment, dans le bâtiment, on parle de « trait de niveau ». Ce trait
cédente. La différence majeure réside dans le fait que la porte
se situe à 1 m du sol fini).
Moulures côté porte Représentation Huisserie calée en applique
fixées sur l’huisserie de contre la cloison est ferrée sur le chambranle. Le cadre porteur est donc en ap-
l’ouvrant
plique. Le contre chambranle et la pièce de liaison qui couvre
Moulures côté porte Représentation Huisserie calée en applique l’épaisseur de la cloison pourraient n’être que des habillages.
70

fixées sur l’huisserie de contre la cloison


l’ouvrant Elles n’ont pour objet que la protection de la cloison et l’es-
Jeu de pose
réservé par thétique. Dans le cas d’une huisserie « fin de chantier », à
70

le plâtrier l’inverse, le cadre porteur est inséré dans la cloison, et ce sont


Jeu de pose les pièces en applique qui deviennent des habillages. La pose
réservé par
le plâtrier
du chambranle peut se faire de deux manières :
74

• méthode 1 : on fixe le chambranle contre la cloison, puis


on fixe le contre chambranle. On insère ensuite l’habillage
central en profitant du jeu qu’on a laissé en rainure. Une fois
74

en place, on le fixe d’un côté, par collage ou pointes fines tête


homme, et on le laisse flottant en rainure de l’autre côté ;
Huisserie fin de chantier – Calage de l’huisserie. • méthode 2 : soit on colle l’habillage avec le chambranle
et on cale l’ensemble en place en n’oubliant pas de mettre des
• On prépare un niveau laser de façon à ce qu’il projette liteaux d’écartement pour que l’habillage reste bien en place.
un trait à 1 m du sol de part et d’autre de la réservation de On peut alors coller ces deux pièces à la cloison à la mousse de
gros œuvre. On présente l’huisserie dans la réservation, en pose (mousse polyuréthane). Une fois celle-ci sèche, on fixe le
appuyant les moulures couvre-joints contre la cloison, et on contre chambranle. On est alors sur le même type de pose que
règle le niveau en alignant le repère tracé sur les montants pour l’huisserie fin de chantier, c’est-à-dire une pose collée.

le BOUVET I HS 18 I 71
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Chambranle
Fiche à larder
Pose en cadre rénovation
Pose d’un cadre rénovation.
Saillie du chambranle

Puis on visse
Les vérins de pose permettent de caler l’huisserie à travers les vérins
La porte est ferrée
sur le chambranle
Cloison sèche
ou plâtrière
Boiserie d’habillage

Jeu de pose du
contre-chambranle

Contre-chambranle
1 : pose du cadre à l'aide des vérins de pose
Porte sur chambranle et contre-chambranle.
C’est le chambranle qui porte la porte. Le reste n’est qu’habillage.

Pose sur chambranle, méthode 1.


Étape 1 On fixe d’abord
le chambranle

Puis collage
à la mousse

Recoupe de l’habillage
Cloison sèche 2 : ajustage de l'habillage et collage à la mousse
ou plâtrière
Puis on fixe le
contre-chambranle Les couvres joints sont
collés au mastic/colle

Étape 2

Cloison sèche Mise en place 3 : pose de couvre-joints


ou plâtrière de l’habillage
par glissement Cette solution est très proche de l’huisserie « fin de chan-
tier » : le bâti porteur s’insère dans l’huisserie existante exac-
tement comme s’il s’encastrait dans une réservation de gros
œuvre. Les réglages se font par l’intermédiaire de vérins creux
Étape 3 qui viennent s’appuyer dans les feuillures de l’ancien dor-
mant. Une fois le cadre calé, on le fixe en le vissant à travers les
vérins. Puis on peaufine la fixation à la colle. Enfin, on pose les
habillages des deux côtés. À noter que l’habillage est ajustable
pour adapter le système rénovateur à l’épaisseur de l’huisse-
Enfin, on pose l’habillage
et on le fixe par collage rie de base. Le problème, c’est la perte de passage (au moins
Cloison sèche
ou plâtrière ou pointage 50 mm en largeur et 25 mm en hauteur). Bien qu’à première
vue, ce soit la solution la mieux adaptée au problème qui m’est
posé, cet inconvénient la rend de fait définitivement caduque.
Alors, je vais devoir ruser et adopter une voie intermédiaire.

Pose sur chambranle, méthode 2.


Chambranle calé en position

Colle de pose
Cloison sèche Cloison sèche
ou plâtrière ou plâtrière Après suppression des tasseaux,
Tasseaux de maintien collage du contre-chambranle
provisoire de l’habillage
(4 ou 5 sur la hauteur)

1 : collage du chambranle 2 : mise en place du contre-chambranle

72 I HS 18 I le BOUVET
Portes intérieures

Conception de mon dormant l’extérieur. Une fois l’ensemble calé et fixé, cela ne posera plus
de problème, mais je risque d’être gêné pendant la pose. Je
en rénovation dois donc trouver un moyen de rigidifier ces pièces. Je décide
de les assembler avec la moulure couvre-joint par le biais d’un
Résumons-nous : bouvetage d’angle.
• Je ne peux pas supprimer l’huisserie actuelle. Il y a trop J’obtiens ainsi de la rigidité,
de risques d’abîmer20
la cloison,
30
ce qui entrainerait20des5travaux
25
et un résultat similaire à une
Moulure
couvre-joint
trop importants, et un degré de salissure incompatible avec huisserie « fin de chantier ». de finition
une maison habitée. De plus, la forme en feuillure
15 15
• Je ne veux pas garder cette huisserie et la maquiller. Cette me permettra de m’appuyer
solution bâtarde ne m’inspire pas, et je suis sûr que le résultat contre la partie d’huisserie res-
70

ne satisfera personne. 10
tante, me facilitant ainsi la mise
• Je ne peux pas la couvrir par un dormant de rénovation tel Collage
43

en place. Ne me restera plus à la mousse


que nous venons de le décrire, car cela implique une perte de ensuite qu’à coller ce cadre de de pose
passage, ce qui est contraire aux vœux des clients. rénovation en remplissant le
Il ne me reste donc jeu laissé au départ par de la
Plâtre qu’une solution : l’élimi- mousse de pose, 20 puis 5à refer-
50 20 30 25
ner partiellement et créer mer l’ensemble à l’aide de la Vue après pose de la mousse
un dormant qui l’englobe et de la moulure couvre-joint.
seconde moulure couvre-joint
15
en gardant les mêmes de finition. 15
Briques
dimensions de passage.
Je l’ai dit, l’huisserie exis-
La porte
70

tante est fabriquée dans 10

des pièces de section 70 x


43

Maintenant que mon problème de dormant est résolu, il me


Plâtre 50 mm.
50 20 30
reste à dessiner
20 5
un modèle
25
de porte qui réponde aux goûts de
mes clients. Je leur propose
Huisserie existante. une porte divisée en trois car- Ouvrant vitré à 3 panneaux carrés.
rés vitrés égaux. 720
Je sais que la liaison
15 bois/ 15
Les profils seront sobres et
plâtre est assurée par des clous
Briques

95
discrets.
plantés au dos des montants. Je
70

10
Ayant obtenu leur appro-
ne pense pas qu’ils pénètrent
43

bation, je peux passer à la


celui ci de plus de 20 mm. C’est
fabrication.
donc cette valeur que je choisis
de garder en place. 480
Possibilité de découpe.
30 20 5 25 Moulure
couvre-joint
Vingt ôté de cinquante, reste Profil de la porte.
de finition

1530. C’est l’épaisseur de bois que


je dois enlever. C’est aussi la
140

90

place disponible pour loger un


10
dormant porteur, sachant que
Collage
j’ai besoin d’un peu de jeu entre à la mousse
les deux pièces… Disons 5 mm. de pose

Ils sont nécessaires pour deux


480

raisons : d’abord car je suis cer-


2 040

Montant d’huisserie possible.


tain que ma découpe sera peu
précise, au vu des conditions dans lesquelles elle va s’effectuer.
Ensuite parce qu’il faut que je puisse éventuellement bouger
mon cadre porteur lors du réglage des aplombs. Et puis, il me
90

faut également de la place pour introduire la mousse de pose.


Cela me laisse donc des pièces de section 70 x 25 mm, ce qui (2 pièces Moulure
30 n’est pas très épais.
20 5 25 Moulure de 20 mm
collées)
embrevée
couvre-joint
Pour gagner un peu de bois, je de finition Vitrage
et joints
décide de réduire la feuillure de de vitrage
15
ferrage à 10 mm, au lieu de 15 ha- Parclose clouée
bituellement. Comme cela, l’affaire Profil d’un montant
paraît jouable, sauf sur le point10
25
suivant : avec une telle section, je Collage
à la mousse
ne peux pas être sûr de la recti- de pose
tude des montants d’huisserie : ils
175

peuvent fléchir vers l’intérieur ou


95
Conception du cadre rénovation.
le BOUVET I HS 18 I 73
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

À l’atelier ! - Débit plus facile et bois plus sec. Il est plus facile de
trouver ces qualités dans une planche de 27 mm que
dans un plateau de 45.
Les portes - Les pièces (surtout les montants) seront plus stables,
pour peu que je prenne soin de contrarier les veinages.
Les cotes des ouvrants sont : hauteur 2 040 mm ; largeur
720 mm. Ce sont les dimensions de passage augmentées de la
valeur des feuillures de l’huisserie. Les trois panneaux vitrés Fabrication des ouvrants
égaux sont obtenus de la façon suivante : • Les collages constitutifs des montants et traverses de nos
• Je commence par déterminer la largeur des montants : Ici, portes sont débités en surcote (10 mm par rapport à la cote
95 mm + une moulure de 25 mm, soit 120 mm. Cette cote n’a finale si vous débitez à la déligneuse, 15 mm si vous débitez
pas d’incidence technique : le choix que je fais est purement à la scie à ruban). Ils sont ensuite dégauchis, mais les deux
esthétique. Il faut que ce soit suffisamment large pour donner chants sont laissés bruts pour l’instant. Puis ils sont rabotés à
une impression de solidité, sans tomber dans l’excès (suivant une épaisseur supérieure à celle nécessaire. Pour ce travail, en
les largeurs de portes, entre 90 et 130 mm). Il faut également vue d’obtenir finalement des pièces de 40 mm d’épais, j’ai tiré
tenir compte du fait qu’on va assembler à tenons traversés. les collages à 22 mm. Enfin, ils sont collés sous presse, en pre-
Certes, une bonne largeur de montant implique un grand tenon nant soin de les clouer en bout (dans la surcote de longueur)
et une bonne résistance au fléchissement pour la future porte. pour éviter qu’ils ne glissent au serrage. Au sortir de la presse,
Attention toutefois à ne pas excéder les capacités de l’outil à on arrache les clous provisoires.
tenonner dont vous disposez. Par exemple, un outil de 320 mm
de diamètre monté sur un arbre de 50 mm doté de bagues de Fabrication des pièces :
70 mm peut usiner au maximum des tenons de (320 – 70 ÷ 2) = extraction des clous
de maintien.
125 mm. En ce qui me concerne, je suis dans les clous.
• Je trace la traverse haute avec les mêmes mesures que
les montants. Ici, encore, c’est un choix esthétique. Les deux
traverses intermédiaires, pour être logique, devraient avoir un
nu égal à celui des pièces déjà tracées, soit 95 mm. Ce qui nous
donne, avec les moulures, des traverses de 145 mm de large.
La traverse basse devra, pour des raisons d’harmonie, être plus
haute que les autres traverses. Elle se déterminera d’après le
calcul des panneaux.
• Sur une porte large de 720 mm, si j’enlève 240 mm (deux
montants de 120), il me reste des panneaux de largeur 480 mm.
Donc, les dits panneaux vitrés, pour être carrés, devront être
hauts de 480 mm. • On en arrive au corroyage proprement dit : dressage d’un
• Sur une hauteur de 2 040 mm, je retire une traverse haute, chant, les faces ayant été dégauchies avant collage.
deux traverses intermédiaires et trois panneaux vitrés (120, 2 x
145 et 3 x 480). Il me reste donc une traverse basse de hauteur Fabrication des pièces :
190 mm. dressage d’un chant.
• C’est la théorie. Mais, après un premier essai de dessin,
je trouve les deux traverses intermédiaires un peu larges. Je
décide donc de leur enlever à chacune 5 mm, et de redonner
ces 10 mm à la traverse basse. Ce qui m’amène au projet défi-
nitif vu avant.

Deux astuces de conception


• Les moulures : vous avez remarqué que les moulures sont
embrevées, donc rapportées. Il y a trois raisons à cela :
- Le débit sera plus facile : au lieu de chercher des pièces de
2040 x 120 mm, je débiterai des pièces de 2 040 x 90 mm.
Puis mise de largeur et mise d’épaisseur en deux passes
30 mm, sur des longueurs pareilles dans du chêne, ça
égales, chacune sur un parement de façon à conserver le joint
compte.
au centre de la pièce. Attention : on le rappelle, ce point est
- L’usinage des assemblages sera facilité : mortaises moins
extrêmement important : il conditionne la stabilité du bois.
profondes et tenons plus courts.
- Le tracé et l’ajustage des coupes d’onglets seront plus Fabrication des pièces :
faciles : pas de « ravancée d’arasement d’onglet » (ravan- mise de largeur.
cement de moulure) à prendre en compte pendant le te-
nonnage. Les coupes des moulures se feront après, par
présentation.
• La fabrication des pièces : ce sont à l’origine des pièces de
bois de 40 mm d’épaisseur. Je vais les traiter en un collage de
deux pièces de 20 mm finies. Encore une fois, pourquoi ?

74 I HS 18 I le BOUVET
Portes intérieures

• On usine ensuite les tenons, d’équerre et en une seule


passe, en butée de préférence pour plus de précision dans les
distances entre arasements.

Tenons usinés

Fabrication des pièces : mise d’épaisseur en deux passes égales.

• La méthode de fabrication suit son cours habituel. Après


établissement des pièces de bois, on trace. Le tracé est très
simple, du fait des moulures embrevées. • Toujours dans l’ordre habituel d’une méthode de fabri-
cation, on pousse les profils. Il n’y en a pas ? Oh, que si ! Il
Le tracé est simple,
faut penser à profiler la rainure d’embrèvement destinée aux
puisqu’il n’y a pas de
ravancement de moulure. moulures rapportées.

• Mortaisage : les portes étant épaisses de 40 mm, je ferai • C’est le tour des épaulements, préparés à la scie à ruban…
des mortaises de 12 mm de large (un peu moins du tiers). Pour
faire une mortaise traversée, on usine d’abord depuis le chant Préparation des épaulements
intérieur sur un peu plus de moitié de la profondeur de la mor-
taise, puis, en gardant le même parement sur table, on retourne
la pièce de façon à pouvoir mortaiser la seconde moitié depuis
le chant extérieur. En pratiquant ainsi, on assure la précision
de notre travail.

Mortaisage traversé.

• Il me reste encore à
arrondir les angles de
tenons, puisque je
travaille à la mortai-
seuse à mèche sans
équarisseur.

Il faut arrondir
les angles de tenons...

le BOUVET I HS 18 I 75
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

• Passons à la préparation des moulures : celles-ci sont • Pour pouvoir monter les portes, il faut façonner les coupes
épaisses de 14 mm. Des voliges de longueur adéquate ont donc d’onglet sur les moulures. Comme je ne dispose pas d’une scie
été préalablement corroyées à cette cote. Il s’agit maintenant de à format, j’exécute ce travail manuellement, à l’aide d’un guide
pousser le chanfrein et de déligner les baguettes en travaillant d’onglet « maison ».
en alternance entre toupie et scie.
• Usinage de la feuillure d’embrèvement : cette feuillure doit Découpe manuelle
des coupes d’onglet.
être poussée en travaillant par le dessus. C’est le seul moyen
d’être sûr que la partie destinée à s’encastrer dans la rainure
sera bien d’une épaisseur constante. Au vu de la taille des
pièces à profiler, cela rend l’opération délicate. Il convient
donc d’assurer à la fois la sécurité de l’exécutant (en plus, c’est
moi) et la précision du travail. C’est chose faite en utilisant un
peigne comme presseur et un poussoir qui permet de conduire
les pièces jusque sous le peigne sans danger.

Profilage de la feuillure d’embrèvement.

La scie présente sur la photo ne sert qu’à marquer la trace de


la coupe, sur le plat et sur le chant. Je préserve ainsi la longévité
de mon guide de coupe qui ne manquerait pas, si j’exécutais
la totalité du sciage en m’appuyant dessus, d’être peu à peu
entamé et de devenir faux. Le gros de la découpe est assurée
avec une marge de sécurité à la scie à ruban, puis la finition est
l’affaire d’un ciseau bien affuté.

Degrossissage
des coupes à
la scie à ruban.

• Les moulures étant prêtes, je les colle sur les traverses et les
montants. Pour protéger l’angle intérieur de ces pièces (diffi-
cile à nettoyer) des taches de colle, je mets en place au préalable
un adhésif de masquage de carrossier. Les taches de colle sont
aussitôt nettoyées à l’eau tiède, et l’eau séchée au chiffon.

Collage des moulures.

76 I HS 18 I le BOUVET
Portes intérieures

• Enfin, montage des ouvrants en prenant bien sûr soin de


Finition au ciseau bien affûté.
contrôler le gauche et l’équerrage. Prévoyez des bons serres
joints, 8 tenons traversants de cette dimension là, ça ne se
monte pas comme ça !
• Après séchage, on recoupe les sur-longueurs des mon-
tants, on replanit les deux faces à la ponceuse à longue bande,
et on peaufine les finitions.

• Derniers travaux avant le montage des ouvrants : tracé et


exécution des entailles destinées à recevoir les paumelles et la
serrure et finition des chants intérieurs (on entend par là toutes
les parties inaccessibles après montage).

Tronçonnage des surlongueurs des montants.

Finitions…

Tracé des entailles de paumelles


sur les chants des montants
d’ouvrant concernés.

Exécution des entailles de paumelles et de serrure.

• Puis on pose les demi-


paumelles, la serrure et la
poignée. Ceci fait, il est
temps de passer à la prépa-
ration des dormants.

Mise en place des


Pose de la serrure demi-paumelles femelles.
et de la poignée.

Finition des chants intérieurs.

le BOUVET I HS 18 I 77
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Après avoir poussé la feuillure, et avant de monter cette


Fabrication des dormants partie du cadre, je pose les demi-paumelles mâles et la gâche
Ils sont constitués d’une pièce porteuse centrale de 75 x de serrure. C’est plus facile à faire sur des pièces libres que sur
25 mm (70 mm pour couvrir l’épaisseur de la cloison, plus un cadre assemblé. J’en trace l’emplacement en présentant le
5 mm pour pousser la languette d’embrèvement) et de deux montant de ferrage sur la porte, ce qui me permet de repérer
moulures couvre-joints (une de 60 x 15 mm, une de 70 x 15). le nœud de paumelle.
Je vous fais grâce des opérations de débit et de corroyage qui
sont habituelles.
Fabrication
du dormant :
repérage
Mon cadre de rénovation.
des nœuds
de paumelles.

Couvre-joint Couvre-joint
embrevé de finition
60 x 15 mm 60 x 15 mm

Et c’est d’après ce pointage que je trace les abouts d’entailles


sur le montant de ferrage.

Tracé des abouts


des lames de
paumelles.

Pièce porteuse
75 x 25 mm

Mon cadre rénovation


Passons directement aux as-
semblages : j’ai choisi pour cet
ouvrage le double enfourchement,
assemblage simple à réaliser et
qui confère une grande solidité.
Comme je n’ai que quatre assem-
blages à usiner, j’ai fait les tenons
à la scie à ruban. Cela ne vaut pas
le coup de préparer la tenonneuse Le réglage de la joue se fera en pointant la mortaiseuse,
pour si peu. d’après la joue adoptée pour les demi-paumelles femelles.
Fabrication Remarquez le ravancement Pour la gâche, c’est encore plus simple, car cela ne nécessite
du dormant : de feuillure (10 mm), et l’empla- pas une aussi grande précision. Pour la repérer, je la pose sur
double cement du tenon, de telle façon
enfourchement la serrure, dans la position où je souhaite qu’elle soit.
sur la traverse. qu’une de ses joues soit en cor-
rélation avec celle de la feuillure.

Repérage de
l’emplacement
de la gâche
de serrure.

78 I HS 18 I le BOUVET Fabrication du dormant :


la feuillure a été poussée.
Portes intérieures
Tracé de la gâche sur
le montant d’huisserie.

Je remarque au passage
que sa joue est identique Pose d’un panneau
de contreplaqué pour
à celle de la têtière de
assurer l’équerrage.
serrure. Je mesure la
distance séparant le
haut de la porte du haut
de la gâche. Je reporte
cette mesure sur le mon-
tant d’huisserie concerné,
en tenant toujours compte du
jeu de fonctionnement haut de
la porte (1 mm), et je trace la gâche
d’après ce repère.
Il ne reste plus qu’à exécuter toutes ces entailles.

Exécution des entailles Cette précaution est nécessaire pour maintenir le bâti en
de paumelles et de gâche. place jusqu’à la fin de la pose. Comme les moulures se re-
joignent à coupes d’onglet, si le cadre n’est pas rigidifié, je
cours le risque de voir mes coupes « bailler ». Pour mettre
toutes les chances de mon côté, après avoir ajusté les coupes
d’onglet, je prépare une consolidation du joint en usinant une
entaille derrière ces fameuses moulures.
Pose des
couvre-joints :
ajustage des
coupes d’onglet.

Enfin, après avoir poncé les chants intérieurs, on peut coller


les huisseries et vérifier le bon fonctionnement de l’ouvrant
dans le dormant.

Porte ferrée
dans son huisserie.
Cette entaille va recevoir une clef en forme qui sera collée en
même temps que les couvre-joints sur l’huisserie.

Entaille de
consolidation
d’onglet avec
sa clef en forme.

q Les moulures couvre-joints


En premier lieu, il faut profiler la rainure d’embrèvement
sur les pièces destinées à être collées avant la pose (voyez l’il-
lustration au chapitre « Conception de mon dormant », p. 73),
et les moulures, soit le congé prévu à l’origine, ainsi qu’un petit
listel que j’ai décidé d’ajouter pour agrémenter un peu le décor.

q Pose des couvre-joints


Après avoir enlevé la porte, j’assure l’équerrage de l’huisse-
Collage de la moulure
rie en vissant un contre plaqué du côté opposé à la pose des
couvre-joint.
couvre-joints collés.

le BOUVET I HS 18 I 79
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Finitions avant la pose Calage des vitrages


Comme souhaité par le client, portes et dormants reçoivent
une finition en atelier sous la forme de deux couches de vernis
polyuréthane incolore satiné. L’application est faite au pisto-
let, avec égrenage soigné entre les deux couches. La dernière
opération avant de poser sera le vitrage des ouvrants. Le client
a choisi des verres brouillés à motif d’épaisseur 6 mm. Cela
représente un certain poids. Il ne faut donc pas omettre de caler
ces vitrages en écharpe, de bas en haut et du côté paumelles
vers le côté serrure. Cela aide l’ouvrant à conserver sa position
et à ne pas becquer.

Si vous ne disposez pas de cloueur et que vous clouez


au marteau, il faut absolument faire des avants trous dans
les pares closes, surtout dans un bois dur comme le chêne.
Et même comme cela, il est très difficile de clouer contre la
vitre. Il vaut mieux à mon avis dans ce cas les visser.

La pose
Préparation de l’existant
Pose des vitrages : Les portes d’origine sont dégondées et remisées au sous-sol.
sens de calage Après avoir vérifié les dimensions – Oui, je sais, il est un peu
et joint. tard, mais c’est une manie, chez moi – il faut préparer l’huis-
serie existante, c’est-à-dire en éliminer 30 mm, comme nous
Je fabrique mes cales à la demande, et je les biseaute légère-
ment pour les insérer en force entre le verre et le bois.

Calage des vitrages.

En hauteur, elles ne doivent pas dépasser le niveau du verre


pour ne pas gêner la pose de la parclose. J’ai pris l’habitude
de poser les vitrages sur un double lit de joint spécial (joint de
vitrage 141 de chez Kiso). Ainsi, ni bruit, ni choc à la fermeture
de la menuiserie. Les parcloses, après avoir reçu leur joint de
vitrage, sont mise en place, pressées contre le verre et clouée
au cloueur.
Pose : préparation
des huisseries existantes.

80 I HS 18 I le BOUVET
Portes intérieures

l’avons vu en théorisant ce travail. Au départ, je pensais tracer


et scier à la scie sabre. Puis je me suis dit qu’il serait peut-être Perçage des trous
plus facile de tronçonner les pièces à modifier en travers, tous de goujons au sol.
les 10 ou 15 cm, jusqu’au tracé indiquant la cote à respecter.
Après il suffit de bûcher au ciseau de haut en bas. Ainsi, cela
secoue moins la cloison. C’est donc ce que j’ai fait, et, même si
ce n’est pas facile, facile, ça ne s’est quand même pas trop mal
passé.

Préparation du cadre de rénovation


• La première chose à faire est de préparer l’appui au sol
des blocs-portes. Je relève d’abord le niveau dans le passage
de porte. Si le niveau est ok, je trace la découpe des montants
d’huisserie à égale distance du dessus de cette dernière, en
laissant un jeu de fonctionnement (3 à 5 mm) sous la porte côté
paumelles. Si je relève un faux niveau (par exemple 2 mm plus
Goujon en place
bas côté serrure), je répercute la différence sur mon tracé, et sous le montant
le montant côté serrure sera donc 2 mm plus long que l’autre. du cadre réno.
C’est en fonction de cela que je décide de la valeur du jeu côté
paumelle : Si je mets 5 mm côté paumelles, et que le faux ni-
veau est de 2 mm, j’aurai 7 mm de jeu côté serrure. C’est peut-
être beaucoup. Je réduis alors le jeu côté paumelles à 3 mm, ce Pose du cadre
qui me donnera 5 mm côté serrure. Je pourrai même, si c’est
nécessaire, et une fois la pose terminée, reprendre le dessous de rénovation
de porte pour égaliser le jeu et avoir un jeu régulier de 5 mm • Le cadre étant mis en place,
sur toute la largeur de la porte. Quand j’ai bien réfléchi et que goujons dans leurs logements, je règle
ma décision est prise, je recoupe les montants. mon niveau laser de la façon suivante :
- t rait horizontal à 1 m du sol (trait de niveau) ;
Mise de longueur - trait vertical passant par l’angle bas du montant côté
des montants du
cadre de rénovation.
paumelles.

Mise de longueur
des montants du
cadre de rénovation.

• À partir de la base du montant côté paumelles, je trace sur


les montants un repère à 1 m du sol fini. Puis, pour assurer la
mise en place au sol du cadre, je le présente une fois dans son
futur emplacement et je trace l’emplacement des montants au
sol. Partant de là, je détermine l’emplacement d’un trou de
goujon que je perce au sol et sous les montants d’huisserie.
Cela me permettra de positionner le cadre exactement au sol,
sans risque qu’il bouge pendant le calage.

le BOUVET I HS 18 I 81
Portes et fenêtres • Fabrication et pose

Je vérifie que les repères effectués sur les montants sont en


alignement avec le laser horizontal. Normalement, c’est le cas Des méthodes à appliquer
et ma porte pose bien de niveau au sol.
Je règle le haut du montant côté paumelles sur le laser verti- Je vous l’ai dit, les poses dites « de rénovation » sont à la
cal. Le cadre est d’aplomb. mode. Et comme elles paraissent simples à mettre en œuvre,
• La moulure couvre-joint étant bien en appui contre la cloi- on rencontre de plus en plus de praticiens de cette méthode
son, je vérifie l’aplomb dans l’autre sens au fil à plomb. dont les compétences sont… disons douteuses. Donc attention
• Quand tout est au point, je colle le cadre en place. avant de vous engager ! La perte de dimensions, souvent pré-
sentée comme négligeable, est à considérer sérieusement avant
d’entreprendre quoi que ce soit. Il convient aussi de vérifier
Collage du cadre
de rénovation. que le dormant qu’on laisse en place et sur lequel on va fixer
la nouvelle menuiserie est solidement arrimé. Sinon, on risque
fort de gros déboires ! Ces réflexions sont valables tant pour les
menuiseries extérieures que pour les intérieures. Pour ces der-
nières, je trouve qu’on n’a rien inventé, et que les dormants dits
« de rénovation » ne sont en fait que des chambranles adaptés
à diverses situations. Notez enfin que des solutions existent
pour ne pas perdre en ouverture sans pour autant tout casser.
Je crois que nous venons de le prouver. Mais cela demande
un peu d’imagination et de travail. Chaque cas est particulier.
Notre travail, c’est de s’y adapter. n

C’est fini !

Finitions
Il ne reste plus qu’à attendre que la mousse sèche pour poser
les moulures couvre-joints de l’autre côté.
Dernière touche à l’ouvrage : regonder la porte, vérifier le
fonctionnement… C’est fini !

Finitions : pose
des couvre-joints.

82 I HS 18 I le BOUVET
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