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Cannibale didier daeninckx pdf

Vous trouverez ici un extrait de la fiche de lecture illustrée du roman ‘Cannibale‘, écrit par Didier Daeninckx et publié en 1998 ; voici une biographie de l’auteur et un résumé de son œuvre. Fiche de lecture illustrée du roman « Cannibale », de Didier Daeninckx (extraits) Biographie de Didier Daeninckx Didier Daeninckx est né en 1949 à Saint-Denis
(Île-de-France). Il grandit dans une famille d’ouvriers militants : dans sa famille, on compte des communistes, des déserteurs, des engagés contre le colonialisme et le fascisme. Même s’il est bon élève, Didier Daeninckx quitte l’école à 16 ans et demi, préférant la pratique plutôt que le théorique. Il fait des formations et rejoint des organisations de
jeunesse, liées au Parti communiste (qui avait une grande influence à l’époque). Il se distanciera plus tard de ce parti, sans en renier certaines des bonnes choses qu’il a su apporter (formation historique et curiosité intellectuelle). De 1966 à 1975, il travaille comme ouvrier imprimeur dans diverses entreprises. Il devient par la suite animateur culturel
puis journaliste dans plusieurs publications municipales et départementales. Lorsqu’il envoie son premier manuscrit à dix éditeurs, il essuie neuf refus. Néanmoins, son talent est plus tard reconnu.

En 1983, il écrit Meurtres pour mémoire. Par la suite, il écrira plus de 25 autres ouvrages, comme La mort n’oublie personne, Zapping ou encore Cannibale. Au total, il est l’auteur de plus de 80 récits, et a été récompensé par de nombreux prix littéraires. Il a aussi rédigé des pièces de théâtre et des scenarii pour la télévision et le cinéma. « Donneur
d’alerte » : Un écrivain investi et insoumis Comme il l’explique dans un entretien lors de l’université d’automne 2009 de Fenêtres sur cours, le fait d’écrire est pour Didier Daeninckx « une manière d’interroger le passage sur la planète des gens de peu ». Au Monde, il dira : « J’écris sur ce qui me pose problème, sur les choses que je ne parviens pas à
comprendre.

Le moteur de mes fictions est la colère, l’injustice toujours endémique, toujours recommencée. » Il ajoute : « J’écris contre l’oubli, pour les exclus, contre toutes les ignominies, contre l’insécurité sociale, pour faire bouger la loi. Insensible à toute vénération, mû par un devoir d’irrespect. L’écriture est de l’ordre de la subversion. » Il s’inscrit donc dans
la droite ligne des écrivains courageux qui « ont su mettre les pieds dans le plat », comme Jean Meckert (1910-1995) ou encore Georges Simenon (1903-1989). Il reprochait les auteurs de son temps de manquer de « réel », et de ne pas aborder les sujets politiques brûlants (« guerre du Vietnam, événements de Prague d’août 1968, Cuba, le Che »).
C’était comme « une fuite, une pudeur ou un refus ». Tous, sauf l’écrivain et militant Jean-Patrick Manchette (1942-1995), qui écrira des romans noirs engagés. Sa démarche, qui « brise les conventions », suscita l’admiration de Didier Daeninckx. C’est une « écriture de la révolte » qui contraste avec le milieu bourgeois de la littérature. Didier
Daeninckx choisit donc d’écrire sur ce qui ne va pas. Ses écrits illustrent son investissement de longue date, tant social que politique, au travers des thèmes abordés : C’est un adepte du roman policier et du roman noir (c’est-à-dire un roman policier inscrit dans une réalité sociale précise, porteur d’un discours critique, voire contestataire). Il apprécie
particulièrement le roman noir américain qui avait le souci des « petites gens », des personnes à qui on ne donne pas beaucoup d’importance. Didier Daeninckx va lui-même écrire des romans noirs, en leur donnant parfois une résonnance spéciale : il met parfois en scène des anonymes confrontés aux événements les plus sombres de l’histoire de
l’humanité. On le constate dans ses différentes œuvres : – Résistants dénoncés par les « collabos » (La mort n’oublie personne, 1963), ou encore l’histoire du résistant arménien Missak Manouchian, fusillé par les nazis (Missak, l’enfant de l’affiche rouge, bande dessinée, 2009) – Crimes de l’ancien préfet de Paris, Maurice Papon : Drancy, répression
du métro Charonne (une amie de sa mère est décédée lors de cette charge des policiers) et massacres en Algérie (Meurtres pour mémoire, 1983) – Expulsion des Maliens par avion charter (Lumière noire, 1987) – Dérapages de la télévision (Zapping, 1992) – Les Kanaks exposés comme des animaux en cage lors de l’Exposition coloniale de 1931
(Cannibale, 1998) Résumé de Cannibale L’action du roman se déroule dans les années 80, en Nouvelle-Calédonie. Le héros s’appelle Gocéné. Il a 75 ans et, alors qu’il se trouve en voiture avec son ami Caroz, il tombe sur deux jeunes rebelles qui ont bloqué la route, au moment où ont lieu des troubles sur l’île. Il va raconter son histoire à ces deux
hommes.
Il leur parle de cette année 1931, où un groupe d’environ 100 Kanaks a été envoyé à Paris (France métropolitaine).

On ne leur avait pas dit, mais ils allaient être exposés au Zoo de Vincennes devant les Parisiens et banlieusards, à l’occasion de l’Exposition Coloniale internationale. Là, ils vont être exhibés aux gens comme des animaux. Un événement survient alors : une trentaine de crocodiles du parc meurent soudainement, sans doute empoisonnés. Le haut-
commissaire de l’exposition décide alors d’échanger 30 Kanaks contre 30 crocodiles venant d’Allemagne. Or, Minoé, une jeune kanake qui devait se marier avec Gocéné, est séparée du groupe pour partir avec ces 30 autres Kanaks. On leur dit qu’ils vont visiter Paris, mais en réalité ils seront envoyés en Allemagne pour être exposés au zoo. Gocéné
n’est pas choisi pour partir avec elle. Dans la nuit, il va s’enfuir pour retrouver sa bien-aimée, accompagné de son fidèle ami Badimoin.
Ils s’en vont en direction de Paris. Les deux amis se rendent dans une auberge, puis à l’Armée du Salut où Gocéné trouvera un tissu appartenant à Minoé. Il retournera au zoo pour interroger le gardien et apprendra qu’ils sont en partance pour l’Allemagne. Il se rend avec Badimoin à la gare de l’Est, essaye d’attraper le train mais le rate de justesse.

Ils sont alors poursuivis par les forces de l’ordre et se réfugient alors dans un couloir du métro. Là, ils rencontrent Fofana, un Sénégalais ancien soldat qui travaille comme balayeurs.
Il va les cacher dans son local. Plus tard, Fofana les aide à retrouver le chemin du zoo : Gocéné veut interroger les responsables de l’Exposition, afin de savoir où son exactement ses amis. Ils arrivent à les coincer, mais le haut-commissaire fait croire qu’il va appeler les chemins de fer pour ramener les Kanaks mais en réalité, il appelle la sécurité.
Gocéné et Badimoin tentent alors de s’enfuir mais la police est sur leurs talons. Alors qu’ils tentent de s’échapper, un policier tire avec son arme à feu et atteint Badimoin, qui s’effondre et meurt sur place. Gocéné échappe de justesse à un potentiel tir : un homme du nom de Francis Caroz s’est interposé en interpellant le policier. Il a observé la scène
et accuse le policier d’avoir tué intentionnellement un innocent. Même s’il dit vrai, il sera arrêté tout comme Gocéné. Gocéné sera emprisonné pendant 15 mois. Il rentrera alors en Calédonie pour retrouver les autres Kanaks, et notamment sa promise Minoé qui se mariera finalement avec lui (on apprend à la fin du livre qu’ils sont ensemble). Caroz,
qui avait accusé le policier, se rendra finalement en Nouvelle-Calédonie après la mort de sa femme, pour rendre visite à son ami Gocéné. Finalement, il restera sur l’île en compagnie de Gocéné et ne retournera pas en métropole. Vous pouvez retrouver la suite de la fiche de lecture en version PDF (ci-dessous) ou en version papier (sur le site
d’Amazon) Dans cette fiche de lecture d’environ 45 pages (11 500 mots), vous trouverez : une présentation de l’œuvre (origines, événements réels dont il est question)des repères géographiques et historiques sur la Nouvelle-Calédonie (territoire dont il est question dans le roman).une description des personnages principaux et secondaires (13
personnages)un résumé détaillé du romanune explication des aspects littéraires de l’œuvre un exposé du contexte (la question coloniale, le traitement des Kanaks et des peuples colonisés, la vie des immigrés en France, le racisme, la France d’outre-mer) Cette fiche de lecture est idéale pour bien comprendre ce roman, notamment dans le cadre d’un
contrôle de lecture ou d’un oral du baccalauréat. 1 Classiques & Contemporains Collection animée par Jean-Paul Brighelli et Michel Dobransky DIDIER DAENINCKX Cannibale LIVRET DU PROFESSEUR établi par JOSIANE GRINFAS professeur de Lettres2 SOMMAIRE DOCUMENTATION COMPLÉMENTAIRE Les événements de L affaire des
«cannibales français» L histoire des arrière-grands-pères de Christian Karembeu Devenir écrivain contre tout POUR COMPRENDRE : quelques réponses, quelques commentaires Étape 1 Le paratexte Étape 2 L ouverture Étape 3 Ce voyage est la chance de votre vie Étape 5 La rafle Étape 6 L évasion Étape 8 Un restaurant blanc Étape 11 Zones Étape
12 Traqués, gare de l Est Étape 13 Fofana l Africain Étape 14 Des paroles de révolte Étape 16 Qu est-ce qui ternit le soleil? Conception : PAO Magnard, Barbara Tamadonpour Réalisation : Nord Compo3 4 DOCUMENTATION COMPLÉMENTAIRE Les événements de 1988 Le début de Cannibale fait référence aux événements de 1988 : on peut les lire
à travers certains éléments comme l emblème de la Kanaky qui flotte au-dessus du barrage, ou encore la surveillance de «l alouette guerrière», qui n est autre qu un hélicoptère de la gendarmerie, les coups de feu, etc. Cette révolte fut la réponse désespérée au statut rigide établi par le ministre des D.O.M.-T.O.M. en mai En outre, depuis cette date,
un nouveau statut était en projet qui prévoyait d évincer les indépendantistes des domaines clés de la vie de l île. Le 22 avril 1988, jour où le statut Pons devait prendre effet, des barrages tenus par les indépendantistes se dressèrent sur la Grande-Terre et furent l occasion d affrontements violents avec les Caldoches et les gendarmes. La violence
atteignit son paroxysme avec la prise d otages et le massacre de la grotte d Ouvéa. La presse s émut des conditions dans lesquelles les militaires avaient donné l assaut contre les militants du F.L.N.K.S. et la France découvrit, par les journaux et la télévision, le désespoir d un peuple. La réélection de François Mitterrand, en 1988, ouvrit une nouvelle
période de dialogue. L affaire des «cannibales français» Les «réclames» de 1931 présentèrent l Exposition coloniale comme une nouvelle attraction qui promettait d être croustillante : n allait-on pas y découvrir des «sauvages», des êtres peut-être dénués d âme, en tout cas effrayants? Quoi qu il en soit, les commissaires de l Exposition poursuivent
essentiellement un but «pédagogique» : celui de donner aux Français une «leçon de choses» dont le sujet serait les indigènes de l Empire colonial. L administration de la Nouvelle-Calédonie ne prévoyait pas, au départ, l exhibition de Canaques à Vincennes : elle les jugeait peu spectaculaires et estimait que le coût de revient d une telle opération
serait trop élevé. C est donc à l initiative d une association privée, la Fédération française des anciens coloniaux, que fut lancé le recrutement de représentants de la «race canaque».
Pourroy, le responsable de cette entreprise, se rendit à Canala. Il fit aux Kanaks les promesses qu évoque Didier Daeninckx : ils pourraient, à l occasion de ce voyage financé par l État, visiter Paris et montrer aux Français leurs danses et leurs coutumes ; ils ne seraient pas éloignés de l île pendant plus de sept mois ; ils seraient rémunérés et
recevraient un trousseau de vêtements. Cent onze personnes furent finalement enrôlées et s embarquèrent sur le Ville de Verdun. Le récit de Didier Daeninckx les installe à Vincennes.
Dans la réalité, ils ne furent pas logés dans l enceinte de l Exposition, mais au Jardin d acclimatation qui avait une longue expérience en matière de «zoos humains» : en effet, depuis 1877, y étaient régulièrement exhibés des couples d animaux et d indigènes. C était l attraction que le directeur avait imaginée pour attirer un nouveau public vers ce
lieu, créé en 1857 et vidé de ses animaux pendant le siège de Très vite, les Kanaks mesurèrent l écart entre leurs conditions d existence et les promesses qui leur avaient été faites. En plus des humiliations, subies par tous, certains d entre eux furent envoyés en Allemagne, «prêtés» par la F.F.A.C. pour une «tournée» organisée par la maison
Hagenbeck, celle-là même qui fournissait en sauriens le Jardin d acclimatation! Ces faits historiques sont à l origine de Cannibale, qui jette Gocéné et Badimoin à la recherche de leurs frères échangés contre des «crocodiles teutons».
L histoire des arrière-grands-pères de Christian Karembeu Le nom de Karembeu, cité plusieurs fois dans le texte, attirera évidemment l attention des élèves, qui penseront, à juste titre, au footballeur Christian Karembeu, né à Lifou, le 3 décembre En effet, la vie de sa famille est liée à cette dramatique affaire des «cannibales français».
Ses deux arrière-grands-pères, Philippe Kaké et Willy Karembeu, firent partie des hommes exhibés lors de l Exposition coloniale. Dans plusieurs interviews, Christian Karembeu raconte que son grand-père Kaké ne se remit jamais de l humiliation subie. Par ailleurs, un des cousins du footballeur, gendarme, assista au massacre de la grotte d Ouvéa :
«Avec l uniforme de la République sur les épaules, il 54 6 a vu ses frères se faire achever alors qu ils se rendaient les mains en l air. Depuis, il est déchiré à vie» (interview donnée par Christian Karembeu au journal Les Sports, édition du samedi 3 juin 2000). Devenir écrivain contre tout Dans un entretien avec Christiane Cadet, publié en 1997 aux
éditions Paroles d Aube, Didier Daeninckx explique comment il est devenu écrivain. Ce texte est intéressant pour les élèves, parce qu il présente le parcours d un homme que rien ne destinait à l écriture mais qui, grâce à elle, s est construit contre une série de déterminismes, notamment sociaux. Élève brillant, issu de la classe ouvrière, la République
lui promet une belle carrière d instituteur, qu il refuse pour n avoir pas trouvé dans ses maîtres de modèles à imiter.
Il écrit : «Si un psycho un peu attentif m avait questionné à cette époque-là, j aurais sans doute réussi à dire que je voulais devenir journaliste. Mais comme c était une incongruité, dans le milieu où j étais, d exprimer ce genre de chose, je ne l ai jamais dit.» Contraint de travailler plusieurs années dans l imprimerie et chaque fois choqué par l
aliénation profonde qu exige une tâche répétitive, il finit par réagir, se met au chômage volontaire et, dit-il, s accroche à son premier roman comme à une «sorte de bouée de sauvetage» : «Pour moi, le roman, en 1977, quand j ai écrit Mort au premier tour, ça a été une manière de reprendre pied dans ma propre vie et aussi d essayer, avec reprise de
contrôle de ma vie, de jouer sur une réalité qui m étouffait.» Grand lecteur de romans noirs américains, il fait, grâce à eux, son apprentissage de l écriture : «Je me souviens qu au début, j étais tout le temps en train de relire des pages de bouquins pour savoir comment s en sortaient les écrivains pour résoudre tous ces problèmes, pour faire vivre les
personnages, les faire penser, les faire bouger.» Ce premier roman, que Didier Daeninckx dit ne pas beaucoup aimer, a été publié par les éditions du Masque, en POUR COMPRENDRE : quelques réponses, quelques commentaires Étape 1 [Le paratexte, p. 110] 10 Les accords de Nouméa ont été signés dix ans après les événements tragiques qui
opposèrent, en 1988, les indépendantistes du F.L.N.K.S. (Front de libération nationale kanak et socialiste) aux représentants de l État français, et deux ans après l ouverture des négociations sur l avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Ainsi, le 5 mai 1998, le R.P.C.R. (Rassemblement pour la Calédonie dans la République), le F.L.N.K.S. et le
Premier ministre, Lionel Jospin, concluent cet accord : l article 2 du préambule reconnaît que «la relation de la Nouvelle-Calédonie avec la métropole lointaine est demeurée longtemps marquée par la dépendance coloniale, un lien univoque, un refus de reconnaître les spécificités dont les populations nouvelles ont ainsi souffert dans leurs aspirations»
; l article 4, qui en est aussi la conclusion, déclare : «Le passé a été le temps de la colonisation. Le présent est le temps du partage, par le rééquilibrage. L avenir doit être le temps de l identité, dans un destin commun. La France est prête à accompagner la Nouvelle-Calédonie dans cette voie.» Enfin, selon cet accord, l île doit acquérir une très large
autonomie et devenir un État associé à la France. Étape 2 [L ouverture, p. 111] 12 Le 13 septembre 1987, s ouvre, dans un climat très tendu, un scrutin d autodétermination en Nouvelle-Calédonie ; il est boycotté par tous les indépendantistes. Quelques jours plus tard, sept Caldoches, qui avaient tué des militants indépendantistes en 1984, passent
devant le tribunal et sont acquittés.
Cette décision est ressentie comme inique par les Kanaks et par une partie de la presse nationale. Le sentiment de trahison et de colère atteint son paroxysme. 75 8 Quelques mois plus tard, un poste de gendarmerie de l île d Ouvéa est attaqué par un groupe de séparatistes ; quatre gendarmes sont tués et d autres, pris en otages, sont retenus dans
une grotte. Le 5 mai 1988, les forces de l ordre donnent l assaut : dix-neuf Kanaks et deux gendarmes sont tués. Les otages sont indemnes. Cette tragédie a un effet considérable : le gouvernement Rocard, nouvellement formé, envoie des «médiateurs» en brousse à la rencontre des tribus. Un symbole fort ils se recueillent devant les tombes des
victimes d Ouvéa et leur capacité d écoute rouvrent une période de dialogue et de négociations qui conduira aux accords de Nouméa. Étape 3 [Ce voyage est la chance de votre vie, p.
112] 15 Les Kanaks étaient-ils anthropophages? La violence, dans le règlement des conflits, pouvait prendre des allures de cannibalisme : il arrivait qu on mange la dépouille des ennemis massacrés. Il ne s agissait pas alors de se nourrir de chair humaine, mais d un rite qui consistait à faire disparaître les corps et à priver les vaincus de cérémonies de
deuil.
Étape 5 [La rafle, p. 114] 11 Les danses rituelles de Nouvelle-Calédonie ont été décrites par les premiers visiteurs et les missionnaires. Celles qui ont survécu à la destruction de la culture traditionnelle kanake sont les danses «extérieures» (extérieures à la case). Elles sont au nombre de trois. D abord, la danse qui accompagne le discours sur perche :
les hommes dansent sur place, à pas glissants, en avant et en arrière, pour symboliser le déroulement des événements racontés par l orateur, monté sur une perche qui symbolise la relation entre les Kanaks et leurs ancêtres. Ensuite, la danse en rond : c est la danse des dieux, des esprits des défunts.
Elle commence le soir parce qu elle ne peut se dérouler que la nuit. Les danseurs, le corps barbouillé de noir, munis de sagaies et de casse-tête, se mettent dans la peau de ces personnages mythiques et dansent en cercle autour de la perche. Enfin, les danses imitatives : les jeunes du clan maternel reçoivent une invitation à danser de la part des
jeunes du clan paternel. Un «maître de danse» dirige les jeunes et annonce par des cris les actions qu ils doivent imiter.
Il existait aussi des danses «intérieures», mais elles ont quasiment toutes disparu. Étape 6 [L évasion, p. 115] 9 Parmi les nombreux autres textes qui fonctionnent avec deux héros, on peut citer : le Roman de Renart, avec Renart et Ysengrin ; le poème en vers octosyllabiques sur la légende de Tristan et Iseult de Béroul ; les héros de Miguel de
Cervantès, Don Quichotte et Sancho Pança ; Dom Juan et Sganarelle, chez Molière ; Candide et Pangloss, les héros de Voltaire ; Paul et Virginie, les jeunes héros de Bernardin de Saint-Pierre ; ou encore Bouvard et Pécuchet, les héros de Gustave Flaubert. Étape 8 [Un restaurant blanc, p. 117] 10 Le rôle des missionnaires fut important lors de la
colonisation. De fait, la Nouvelle-Calédonie fut l enjeu d une guerre de religions entre catholiques et protestants. Il s agissait notamment d évangéliser des Océaniens, que James Cook avait décrits comme pacifiques, chaleureux, ignorants des guerres, bref : en tous points conformes à l idéal rousseauiste.
Des catéchistes polynésiens protestants et des missionnaires auvergnats de la Société de Marie essayèrent, dès 1840, d enseigner la religion et d alphabétiser la population locale. Mais la tâche s avéra plus difficile que prévu, car les missionnaires n avaient pas saisi l importance des échanges de biens avec les Kanaks et parce que les Mélanésiens,
souvent touchés par la famine, virent d un mauvais œil les richesses des Blancs ; les terres que les prêtres cultivaient furent parfois l objet de litiges violents. C est sous Napoléon III que les conditions d évangélisation devinrent plus faciles, bien que le recours à la force ait été fréquent. À proximité des églises, les missionnaires construisirent des
écoles et envoyèrent leurs meilleurs élèves dans les séminaires. Jean-Marie Tjibaou lui-même est le produit de cette formation d élite dispensée par les prêtres catholiques : né dans la vallée de Hienghène, il fut remarqué par un mariste qui l envoya au séminaire de Canala ; il fut ordonné prêtre en 1965, puis 96 10 suivit, à Paris, des études de
sociologie et d ethnologie qui l amenèrent à s intéresser aux problèmes de l identité kanake. Il est le symbole de l ambiguïté de l action des missionnaires, en partie responsables de l étouffement de la culture kanake et, en même temps, formateurs d hommes qui lui redonnèrent vie. Parmi les missionnaires qui sauvèrent les Kanaks et leur culture de l
extinction, on peut citer le nom de Maurice Leenhardt ( ). Étape 11 [Zones, p. 120] 13 Le roman d Émile Zola qui commence par une évocation du boulevard de la Chapelle et de l hôpital Lariboisière en construction est L Assommoir : en effet, ce «roman ouvrier» se passe dans le quartier de la Goutte-d Or. Étape 12 [Traqués, gare de l Est, p. 121] 10
et 11 Les grandes gares parisiennes ont été édifiées sous le Second Empire ; leur architecte est Hittorff, qui conçut des bâtiments monumentaux comme la gare du Nord et la gare de l Est. À l époque, le chemin de fer est quelque chose d essentiel en France. La photographie, la peinture rendent hommage à la radicale nouveauté que représente la
«déesse vapeur». Édouard Manet tient son atelier place de l Europe, à proximité de la gare Saint-Lazare ; Gustave Caillebotte peint une série de tableaux qui représentent le même quartier ; les impressionnistes, comme Claude Monet, essaient de rendre les volutes de vapeur des locomotives.
Étape 13 [Fofana l Africain, p.
122] 11 Didier Daeninckx rappelle que la France et la Grande-Bretagne firent largement appel aux troupes coloniales lors de la Première Guerre mondiale. Ainsi, parmi les soldats qui montèrent à l assaut, on trouve des tirailleurs sénégalais et des Calédoniens d ethnies différentes, parfois enrôlés de force.
La révolte kanake de 1917 est, en partie, une réaction au fait que de nombreux Mélanésiens servirent, comme leurs frères africains, de chair à canon. Dans un poème intitulé Les Soupirs du servant de Dakar, Apollinaire donne la parole à un de ces hommes : «Mais au recrutement On m a donné vingt ans Je suis soldat français on m a blanchi du coup
Secteur 59 je ne peux pas dire où Pourquoi donc être blanc est-ce mieux qu être noir» L autre roman de Daeninckx qui a pour toile de fond la Première Guerre mondiale est Le Der des ders. 12 et 13 Ce mouvement est celui de la «négritude». L avant-garde artistique des années 1930, troublée par les guerres et le détournement des progrès industriels
et scientifiques à des fins belliqueuses, cherche de nouvelles valeurs dans la «négritude».
Elle s éloigne de l attrait de la «sauvagerie primitive des grands Noirs» qui avait caractérisé le tout début du siècle et qui lui avait fait furieusement aimer les boxeurs comme Jack Johnson, les Smart Niggers venus de l Amérique, l art, les bals et les revues nègres. Elle s intéresse davantage à la condition des Noirs et veut voir dans leur musique, leur
art et leur façon de vivre autre chose que le «nègre soumis, aux yeux ronds, qui faisait le clown pour les Blancs». Cette citation est de Nancy Cunard, la riche et scandaleuse héritière d une grande compagnie de transatlantiques, la «Cunard Line». Elle avait un amant noir, des sympathies ouvertement communistes, haïssait le racisme et composa une
remarquable anthologie sur la culture et la politique noires intitulée Negro, qui parut le 15 février Aujourd hui, bien que pratiquement introuvable, cet ouvrage reste un ouvrage de référence. À propos de la négritude, il faut citer Léopold Sédar Senghor, qui est le type même de l intellectuel à la croisée de l Afrique et de l Occident. Né au Sénégal, en
1906, il fut élève de l École normale supérieure dans la même classe que Georges Pompidou et fonda le journal L Étudiant noir. Il accéda à la présidence de la République du Sénégal en Enfin, il faut évoquer le «black power» qui fit lever le poing à de plus en plus de Noirs américains : en 1967, les émeutes raciales de Newark et de Detroit firent des
dizaines de morts et des centaines de blessés. Elles furent 117 12 à l origine de la création, en Californie, du «Black Panther Party», qui rassemble la frange la plus déterminée des Noirs américains. Étape 14 [Des paroles de révolte, p. 123] 14 Les réactions face à l affaire des «Canaques français» et face à l Exposition coloniale furent de plusieurs
ordres. Les Kanaks, confinés au bois de Boulogne et choqués par leurs conditions d existence, rédigèrent un cahier de doléances ; ils désignèrent un porte-parole auprès des Blancs : Badimoin de Canala. Peu à peu, des associations, des groupes constitués et quelques personnalités s émurent de leur sort. D abord, les prêtres et les pasteurs qui
tentèrent d alerter les pouvoirs publics ; puis la Ligue française pour la défense des droits de l homme et du citoyen. Des coloniaux eux-mêmes furent indignés et rédigèrent des articles que la grande presse parisienne passa sous silence. Il n empêche que, devant la montée des critiques, l administration dut réagir. Quant à l opposition à l Exposition
elle-même, elle eut du mal à se faire entendre : en effet, l école et la presse se chargèrent de populariser l événement et de le présenter comme une nouvelle attraction. Cependant, des partis de gauche (S.F.I.O. et Parti communiste) et des intellectuels conduits par Henri Barbusse firent part publiquement de leur indignation. De même, les
Surréalistes publièrent un appel collectif au boycott de l Exposition. 14 Le statut de l île, aujourd hui, est réglementé par l accord de Nouméa, qui prévoit que la France transférera progressivement ses compétences aux nouvelles institutions de l archipel et lui accordera ainsi une certaine autonomie. Entre 2013 et 2018, l île disposera de son entière
souveraineté et un référendum décidera de son accession ou non à l indépendance. En mai 1999, les Néo-Calédoniens ont élu une majorité de députés indépendantistes dans la province Nord et les îles Loyauté et une majorité de députés anti-indépendantistes dans la province Sud. 13 Étape 16 [Qu est-ce qui ternit le soleil, p. 125] 13 Le terme
«Caldoches» est employé pour désigner les Européens fixés depuis plus d une génération en Nouvelle-Calédonie. Le métissage n est pas un obstacle à la revendication de cette identité, à partir du moment où la personne est intégrée à la communauté européenne par son style de vie.
Souvent, leurs ancêtres sont des bagnards, des prostituées, des marins installés de force sur l île, eux-mêmes victimes de la colonisation. Ils se définissent comme des hommes de la brousse, attachés à leur terre, sur laquelle ils ont beaucoup peiné. Le terme s est teinté d une nuance péjorative dans la bouche des partisans de l indépendance après les
événements de , en raison des affrontements directs entre les Caldoches et eux.8 14 15 Dans la collection Classiques & Contemporains 1. Mary Higgins Clark, La Nuit du renard 2.
Victor Hugo, Claude Gueux 3. Stephen King, La Cadillac de Dolan 4. Pierre Loti, Le Roman d un enfant 5. Christian Jacq, La Fiancée du Nil 6. Jules Renard, Poil de Carotte (comédie en un acte), suivi de La Bigote (comédie en deux actes) 7. Nicole Ciravégna, Les Tambours de la nuit 8. Sir Arthur Conan Doyle, Le Monde perdu 9. Poe, Gautier,
Maupassant, Gogol, Nouvelles fantastiques 10. Philippe Delerm, L Envol 11. La Farce de Maître Pierre Pathelin 12. Bruce Lowery, La Cicatrice 13. Alphonse Daudet, Contes choisis 14. Didier van Cauwelaert, Cheyenne 15. Honoré de Balzac, Sarrasine 16. Amélie Nothomb, Le Sabotage amoureux 17.
Alfred Jarry, Ubu roi 18. Claude Klotz, Killer Kid 19. Molière, George Dandin 20. Didier Daeninckx, Cannibale 21. Prosper Mérimée, Tamango 22. Roger Vercel, Capitaine Conan 23. Alexandre Dumas, Le Bagnard de l Opéra 24. Albert t Serstevens, Taïa 25. Gaston Leroux, Le Mystère de la chambre jaune 26. Éric Boisset, Le Grimoire d Arkandias 27.
Robert Louis Stevenson, Le Cas étrange du Dr Jekyll et de M. Hyde 28. Vercors, Le Silence de la mer9 Aux termes du Code de la propriété intellectuelle, toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle de la présente publication, faite par quelque procédé que ce soit (reprographie, microfilmage, scannérisation, numérisation ) sans le
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