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VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT DE CELINE

Résumé[modifier | modifier le code]
Voyage au bout de la nuit est un récit à la première personne dans lequel le personnage principal
raconte son expérience de la Première Guerre mondiale, du colonialisme en Afrique, des États-
Unis de l'entre-deux guerres et de la condition sociale en général.
Le roman commence ainsi :
«  Ça a débuté comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. Rien. C’est Arthur Ganate qui m’a fait
parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. On se rencontre donc place Clichy.
C’était après le déjeuner. Il veut me parler. Je l’écoute.  »
Ferdinand Bardamu a vécu la Grande Guerre et vu de près l'ineptie meurtrière de ses supérieurs
dans les tranchées. C'est la fin de son innocence. C'est aussi le point de départ de sa descente
aux enfers sans retour. Ce long récit est d'abord une dénonciation des horreurs de la guerre,
dont le pessimisme imprègne toute l'œuvre. Il part ensuite pour l'Afrique, où le colonialisme est le
purgatoire des Européens sans destinée. Pour lui c'est même l'Enfer, et il s'enfuit vers
l'Amérique de Ford, du dieu Dollar et des bordels. Bardamu n'aime pas les États-Unis, mais c'est
peut-être le seul lieu où il ait pu rencontrer un être (Molly) qu'il aima (et qui l'aima) jusqu'au bout
de son voyage sans fond.
Mais la vocation de Bardamu n'est pas de travailler sur les machines des usines de Détroit ; c'est
de côtoyer la misère humaine, quotidienne et éternelle. Il retourne donc en France pour terminer
ses études de médecine et devenir médecin des pauvres. Il exerce alors dans la banlieue
parisienne, où il rencontre la même détresse qu'en Afrique ou dans les tranchées de la Première
Guerre mondiale.

Personnages principaux[modifier | modifier le code]


 Ferdinand Bardamu : le narrateur
 Léon Robinson : son ami, presque son double. Il apparaît dans les moments décisifs, et le
livre s'arrête quand il disparaît.
 Alcide : son collègue en Afrique
 Lola : une Américaine rencontrée à Paris et retrouvée à Manhattan
 Musyne : une violoniste rencontrée à Paris
 Molly : une Américaine rencontrée à Détroit
 Bébert : petit garçon rencontré dans la banlieue parisienne
 La tante de Bébert
 La famille Henrouille (la bru, son mari et sa belle-mère)
 Parapine : chercheur à l'institut Pasteur, médecin, et amateur de trop jeunes filles
 Baryton : psychiatre
 Madelon : amante de Robinson (et de Bardamu, à l'occasion)
 Sophie : infirmière slovaque, amante de Bardamu
 L'abbé Protiste
Analyse de l'œuvre

Analyse de l'œuvre[modifier | modifier le code]


La vision du monde de Voyage au bout de la nuit[modifier | modifier le
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New York, « la ville debout », presque comme Bardamu la découvre à son arrivée vers 1930.

Quelques adjectifs peuvent qualifier le roman :

 antinationaliste/antipatriotique : le patriotisme (ou le nationalisme) est, selon Céline, l'une


des nombreuses fausses valeurs dans lesquelles l'homme s'égare. Cette notion est visible
notamment dans la partie consacrée à la Première Guerre mondiale, au front, puis à l'arrière,
où Céline s'est fait hospitaliser ;
 anticolonialiste : clairement visible lors du voyage de Bardamu en Afrique, c'est le
deuxième aspect idéologique important de l'œuvre. Il qualifie ainsi le colonialisme de « mal
de la même sorte que la Guerre » et en condamne le principe et l'exploitation des colons
occidentaux, dont il brosse un portrait très peu flatteur et caricatural ;
 anticapitaliste : sa critique du capitalisme transparaît nettement dans la partie consacrée
aux États-Unis, lors du voyage à New York, puis à Détroit, principalement au siège des
usines automobiles Ford. Il condamne le taylorisme, système qui « broie les individus, les
réduit à la misère, et nie même leur humanité », en reprenant sur ce point quelques éléments
de Scènes de la vie future (1930) de George Duhamel, qu'il a lu au moment de l'écriture
du Voyage5. Le regard qu'il porte sur le capitalisme est étroitement lié à celui qu'il accorde
au colonialisme ;
 anarchiste : à plusieurs reprises, l'absurdité d'un système hiérarchique est mise en
évidence. Sur le front durant la guerre, aux colonies, à l'asile psychiatrique... l'obéissance est
décrite comme une forme de refus de vivre, d'assumer les risques de la vie. Lorsque Céline
défend son envie de déserter face à l'humanité entière, résolument décidée à approuver la
boucherie collective, il affirme la primauté de son choix et de sa lâcheté assumée devant
toute autorité, même morale. Cette vision teintée de désespérance se rapproche de la
pensée nihiliste.
Le roman se distingue également par son refus total de l'idéalisme : l'idéal et les sentiments, « ça
n'est que du mensonge[réf. nécessaire] » ou bien « Comme la vie n'est qu'un délire tout bouffi de
mensonges (...) La vérité c'est pas mangeable6. ». La question de Bardamu et, par là même, celle
de Céline, est de découvrir ce qu'il appelle la vérité. Une vérité biologique, physiologique, qui
affirme que tous les hommes sont mortels et que l'avenir les conduit vers la décomposition –
l'homme n'étant considéré que comme de la « pourriture en suspens7 ». C'est pourquoi l'œuvre
peut apparaître comme totalement désespérée.

Thèmes abordés[modifier | modifier le code]


Le roman aborde plusieurs thèmes :

 l'errance : au cœur de ce roman initiatique. Il s'agit d'une errance à la fois physique et


psychique. Par bien des aspects, le roman se rattache à la veine picaresque : un pauvre
bougre est entraîné, malgré lui, dans des aventures qui le font mûrir en lui ôtant toute illusion
(« On est puceau de l’Horreur comme on l’est de la volupté9. »). La passivité du personnage
est flagrante : il subit les événements sans vraiment y contribuer. Dès l'ouverture, le ton est
donné : « Moi, j'avais jamais rien dit. Rien. C'est Arthur Ganate qui m'a fait parler10. ».
 Engagé volontaire pour braver son ami, le héros va faire l'expérience de la guerre, de
l'horreur et surtout du grotesque de l'existence. « Je ne me réjouis que dans le grotesque aux
confins de la mort » (lettre à Léon Daudet). Le nom même du personnage exprime cette
idée : Bardamu, littéralement mû par son barda, c'est-à-dire en errance perpétuelle et
involontaire ;

 la ville : omniprésente dans le roman. Que ce soit Paris, New York, Détroit, l'inventé « La
Garenne-Rancy » ou Toulouse, la ville est l'élément central du décor. On peut rattacher le
roman de Céline à ceux, contemporains, de Dos Passos (Manhattan Transfer) ou
de Döblin (Berlin Alexanderplatz) ;

 la pourriture : l'individu y est inéluctablement voué, qu'il s'agisse d'un pourrissement naturel
(la mort naturelle ou du fait d'une maladie) ou provoqué par un événement (la guerre, le
meurtre). Outre le passage consacré à la guerre, à l'Afrique, à l'Amérique, la deuxième moitié
partie de l'ouvrage, presque entièrement dédiée à l'expérience médicale du narrateur dans
des milieux misérables, fait ressortir les aspects de décomposition et de pourrissement de
l'individu qui doit affronter les maladies, sa propre dégénérescence, des odeurs méphitiques,
la putréfaction... ;

 la lâcheté : l'individu est lâche par essence. S'il ne l'est pas, il ne peut échapper aux
multiples menaces guerrières, ouvrières et sociétales. Céline développe donc une vision
particulièrement nihiliste de la société humaine. La lâcheté permet à Bardamu de s'assumer
comme déserteur dans l'épisode de la guerre, de fuir ses responsabilités aux colonies, de
quitter son emploi chez Ford, de réclamer de l'argent à ses connaissances établies aux
États-Unis, de fermer les yeux sur de multiples avortements (voire de les pratiquer), de
feindre d'ignorer la tentative de meurtre de la grand-mère. Cependant il n'est pas lâche au
point de mettre un terme à sa vie et à toute cette mascarade, ni de ne pas dire leurs quatre
vérités, de manière très directe et avec beaucoup de délectation, à des personnes en plein
désarroi.
Influence de l'expérience médicale de Céline dans le
roman[modifier | modifier le code]

Portrait du docteur Semmelweis (1818-1865)

Article détaillé : Louis-Ferdinand Céline.


L'expérience médicale de Céline se ressent dans plusieurs domaines. Cette expérience
commence en 1918, lors d'une mission de propagande pour la protection contre la tuberculose,
maladie qu'il rencontrera principalement lors de sa carrière de médecin à Clichy. En 1919, il
reprend ses études de médecine pour être officier de santé ; il termine en deux ans et demi des
études censées en prendre quatre. Il effectuera son premier stage en gynécologie et obstétrique.
Celui-ci occupera une place non négligeable dans le roman. Il fréquente ensuite, en 1923,
l'institut Pasteur (« institut Bioduret » dans le roman) que Céline qualifie de « petites cuisines à
microbes » ou encore de « boîte à ordures chaudes »12. Il soutient finalement sa thèse en 1924
sur Ignace Philippe Semmelweis : La Vie et l'Œuvre de Philippe Ignace Semmelweis. Il rencontre
ensuite le directeur de la section Hygiène de la Société des Nations, pour laquelle il effectuera
des missions en Afrique en 1926, et à Détroit. Louis Ferdinand Destousches s'installe finalement
à Clichy en 1927, où il pose sa plaque « Docteur Louis Destouches, médecine générale,
maladies des enfants ». Il fait également de nombreuses communications et comptes-rendus
pour la Société de médecine de Paris, tels que À propos du service sanitaire des usines
Ford ou La Santé publique en France.

Pour la chanson de Dave sortie en 1975, voir Du côté de chez Swann (chanson).

Du côté de chez Swann

Premières pages de Du côté de chez Swann avec


les notes de révision faites à la main par l'auteur.
Manuscrit vendu
aux enchères par Christie's en juillet 2000 pour
663 750 £

Auteur
Marcel Proust
Pays  France
Genre
Roman
Éditeur
Bernard Grasset
Date de parution
14 novembre 1913

Chronologie

À l'ombre des jeunes


filles en fleurs

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Du côté de chez Swann est le premier volume du roman de Marcel Proust, À la recherche du


temps perdu. Il est composé de trois parties, dont les titres sont :

 Combray ;
 Un amour de Swann ;
 Noms de pays  : le nom.

À la recherche du temps perdu, Du côte de chez Swann, édition 1913 aux éditions Bernard Grasset à
compte d'auteur. En 1917, Proust passe chez Gallimard.

À la recherche du temps perdu, Du côte de chez Swann, édition 1917 aux éditions Gallimard. Gaston
Gallimard a racheté le reliquat publié par Grasset et changé la couverture avant de lancer une nouvelle
impression.

Publication[modifier | modifier le code]
Proust commence à rédiger Combray de façon suivie fin mai, début juin 1909. Quatre extraits
de Combray parurent dans Le Figaro entre mars 1912 et mars 19131. Le premier tome de La
Recherche fut refusé par plusieurs éditeurs, dont les Éditions de la Nouvelle Revue française2,
avant d'être publié par Bernard Grasset, dans sa maison, à compte d'auteur3 le 14 novembre
1913.

Combray[modifier | modifier le code]
Dans Combray, le narrateur raconte son enfance à Combray, sa relation avec sa mère dont il
réclame la présence le soir avant de se coucher. Selon Antoine Compagnon, "Combray, c’est en
quelque sorte l’enfance perverse, celle-là même dont parle Freud, contemporain de l’auteur"4. Il
évoque ses premières lectures, notamment François le Champi de George Sand. On voit se
dessiner l'univers culturel et affectif d'un personnage dont on va suivre la vie et l'évolution
pendant le reste de la Recherche. C'est aussi dans « Combray » qu'apparaît le personnage
de Swann et c'est dans cette partie de l'ouvrage, que naît la fascination du narrateur pour les
Guermantes qui ne le quittera qu'une fois qu'il aura pénétré ce milieu qui lui semble si
inaccessible et merveilleux.

L'ouverture et les différents « je »[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Longtemps, je me suis couché de bonne heure.
Longtemps, je me suis couché de bonne heure, le célèbre incipit de la Recherche est énoncé par
un narrateur (premier « je ») insomniaque qui se remémore les différentes chambres à coucher
de son existence. Il évoque ainsi les souvenirs de Combray (vécus par un deuxième « je », celui
du héros), lieu de villégiature de son enfance. Souvenirs tous issus de la mémoire volontaire,
c'est-à-dire la mémoire de l'intelligence, celle qui donne sur le passé des renseignements qui ne
conservent rien de lui.
Le « je » du narrateur fait l'ouverture et la fermeture de « Combray » (mais de la Recherche aussi
bien), il convoque le « je » du héros aux différentes époques de sa vie. Époques qui rentreront
brusquement en correspondance lors des expériences répétées de mémoire involontaire vécues
dans Le Temps retrouvé, desquelles émergera le « je » intemporel de l'auteur-narrateur.

Mémoire volontaire et mémoire involontaire[modifier | modifier le code]


C'est à l'occasion de la célèbre scène de la madeleine que le héros, à une époque bien plus
tardive que celle du récit principal de Combray, va vivre sa première expérience de mémoire
involontaire. Dès qu'il eut reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que lui
donnait jadis sa tante à Combray, des pans entiers de sa mémoire ressuscitent, « comme dans
ce jeu où les Japonais s’amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d’eau, de petits
morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s’étirent, se contournent,
se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et
reconnaissables ».
Le passage en question va comme suit : « Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût
c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin, à Combray (parce que ce
jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa
chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La
vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; peut-être parce
que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur
image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents ; peut-être parce que
de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était
désagrégé ; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel,
sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force
d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien
ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais
plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent
encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le
reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du
souvenir. »5
L'auteur se consacre alors au récit de la vie de la famille du narrateur, de ses domestiques et des
habitants de Combray, donnant lieu à des peintures de personnages pleins d'humour
(le snobisme de l'ingénieur Legrandin, la cruauté de Françoise envers la fille de cuisine...).

Le côté de Méséglise ou de chez Swann et le côté de


Guermantes[modifier | modifier le code]
Le narrateur évoque ensuite les promenades quotidiennes effectuées du côté de Méséglise (ou
de chez Swann) lorsque le temps était incertain, et du côté de Guermantes lorsque le beau
temps le permettait. Ces deux côtés sont les gisements profonds de mon sol mental.
Le côté de Méséglise est associé au mauvais temps. C'est le côté des odeurs, surtout celle des
aubépines que le narrateur apprécie énormément jusqu'à verser des larmes en leur disant adieu ;
du désir charnel, et de l'échec de l'intelligence. Cherchant à exprimer son ravissement devant la
mare de Monjouvain, le héros ne parvient qu'à une éjaculation verbale « zut ! zut ! zut ! ». C'est
de ce côté qu'il observe la scène de saphisme et de sadisme entre la fille de Vinteuil et son
amie ; c'est de ce côté que Gilberte Swann lui adresse un geste obscène.
Le côté de Guermantes est associé au beau temps, au désir de vie mondaine (il rêve de pouvoir
fréquenter un jour la duchesse de Guermantes) et à l'intelligence des sensations. C'est du côté
de Guermantes que le héros réussira pour la première fois à écrire un court passage sur les
clochers de Martinville, le plaisir d'écrire décuplant le plaisir de l'observation. Ce succès restera
isolé jusqu'au Temps retrouvé.

Un amour de Swann[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Un amour de Swann.
Un amour de Swann est un roman dans l'œuvre. Il s'agit d'un retour en arrière dans la vie
de Charles Swann. Sa fréquentation chez les Verdurin de celle qui sera sa femme, Odette, et
surtout sa jalousie maladive sont les thèmes de cette partie. Comme le reste de l'œuvre, la
narration se fait à la première personne, mais puisque les évènements décrits se déroulent avant
la naissance du narrateur, celui-ci raconte forcément le récit à la troisième personne. Et bien qu'à
deux reprises6,p.291 et 292, le narrateur utilise « je » en se rappelant les faits de ses relations avec
Odette et Swann, cette partie du roman tient tout de même une place à part dans la Recherche. Il
n'en reste pas moins que les thèmes (l'amour, la jalousie, l'art, la critique des milieux bourgeois et
de la noblesse) et les personnages (les Verdurin, Swann, Odette) se retrouvent plus tard et
qu'Un amour de Swann est bien une des pierres de l'édifice et non pas seulement une pause
dans la narration.

Noms de pays : le nom[modifier | modifier le code]


« Noms de pays : le nom » évoque les rêveries du narrateur, ses envies de voyage, lui à qui la
maladie interdit jusqu'à une sortie au théâtre. C'est donc à travers les horaires des trains qu'il voit
Balbec et surtout Venise. À cette partie fait écho la partie « Noms de pays : le pays » de À
l'ombre des jeunes filles en fleurs. Ce parallélisme souligne la déception naissant de la
confrontation du rêve à la réalité brute. Seul l'art est capable de réenchanter les paysages et de
les rendre à la hauteur des espérances du narrateur (par exemple, les peintures
de Balbec par Elstir dans À l'ombre des jeunes filles en fleurs).

Références artistiques et culturelles dans le


roman[modifier | modifier le code]
"comme dans ces tableaux de Pieter de Hooch qu'approfondit le cadre étroit d'une porte entr'ouverte", à
propos de la sonate de Vinteuil

"un paysage de Gleyre, où elle [la lune] découpe nettement sur le ciel une faucille d'argent"6

De nombreuses références artistiques, et en particulier picturales, sont faites dans la


Recherche et en particulier dans Du côté de chez Swann7. Ainsi, et on l'observe dès Du côté de
chez Swann, selon une thèse souvent soutenue par Antoine Compagnon, « il y a toute la culture
dans Proust », « La Recherche est d'une certaine façon une œuvre finale »8.

Musique[modifier | modifier le code]
On retrouve plusieurs références à la musique avec entre autres la musique de Wagner (il est
question dans Un amour de Swann de Tristan ou encore d'une saison à Bayreuth), la sonate de
Vinteuil, la sonate au Clair de lune, de nombreux opéras-comiques, par exemple Une nuit de
Cléopâtre de Victor Massé pour décrire les goûts des Verdurin ainsi que Saint François parlant
aux oiseaux de Liszt joué aux soirées données par la marquise de Saint-Euverte.

Architecture[modifier | modifier le code]
On y trouve une description de l'église de Combray9 qui donne à l'écrivain l'occasion d'évoquer
la cathédrale de Chartres ou encore celle de Reims10 ou encore des allusions critiques à Viollet-
le-Duc9.

Littérature[modifier | modifier le code]
Plusieurs personnages renvoient à des figures ou des œuvres littéraires avec entre autres le
personnage de Bergotte, des références à Saint-Simon10, à l'enfer de Dante à propos
d'un nénuphar9 ou encore à Labiche10.

Botanique[modifier | modifier le code]
On trouve beaucoup de descriptions de fleurs dans le roman, notamment des descriptions
des fuschia, aubépines, et évidemment des catleyas (où la référence à la sexualité est explicite)
ou encore des blés ou des pommiers10.
Giroflées

Lors de la première rencontre du narrateur avec Gilberte, le texte dit : « La haie laissait voir à
l'intérieur du parc une allée bordée de jasmins, de pensées et de verveines entre lesquelles
des giroflées ouvraient leur bourse fraîche, du rose odorant et passé d'un cuir ancien de
Cordoue, tandis que sur le gravier un long tuyau d'arrosage peint en vert, déroulant ses circuits,
dressait, aux points où il était percé, au-dessus des fleurs dont il imbibait les parfums, l'éventail
vertical et prismatique de ses gouttelettes multicolores. »1
L'utilisation de la symbolique des fleurs n'échappe parfois pas aux poncifs, peut-être à dessein,
comme pour l'ancolie, symbole de souffrance et de tristesse voire de folie, que Swann jaloux fixe
à sa boutonnière10,p.117.

Philosophie[modifier | modifier le code]
On trouve également des références à la philosophie, en particulier à la phénoménologie, par
exemple avec une réflexion sur la mort ( « Nous périrons, mais nous avons pour otages ces
captives divines [ des impressions artistiques ] qui suivront notre chance. Et la mort avec elles, a
quelque chose de moins amer, de moins inglorieux, peut-être de moins probable.»1, p.345-) ainsi
qu'évidemment, une réflexion sur le temps qui passe avec par exemple le passage final de la
troisième partie Nom de pays: le nom, qui va comme suit : «Les lieux que nous avons connus
n'appartiennent pas qu'au monde de l'espace où nous les situons pour plus de facilité. Ils
n'étaient qu'une mince tranche au milieu d'impressions contiguës qui formaient notre vie d'alors ;
le souvenir d'une certaine image n'est que le regret d'un certain instant ; et les maisons, les
routes, les avenues, sont fugitives, hélas, comme les années. »11

Divers[modifier | modifier le code]
On trouve également des références moins fréquentes, mais tout de même importantes à des
sujets tels que l'art théâtral - où Proust mêle aux noms d'acteurs réels tels que Sarah
Bernhardt ou Edmont Got celui d'une actrice fictive, la Berma ; la gastronomie - avec la
cuisinière Françoise10 ; la psychologie - en particulier dans les réflexions sur l'amour et
la jalousie maladive de Swann-; on trouve aussi des références bibliques - par exemple au Noli
me tangere de l'Evangile selon Jean, XX, 176 ainsi que des références à l'antisémitisme en
France autour de 1900 - par exemple à travers les propos de l' «ennuyeuse» et
«méchante» marquise de Gallardon sur Swann.

Des liens entre la pensée freudienne et celle de


Proust[modifier | modifier le code]
Combray explore le monde de l'enfance : le lien de la pensée de Proust avec celle de Freud se
pose alors. Jean-Yves Tadié a consacré un livre à ce sujet, Le lac inconnu : entre Proust et
Freud.12
Il est question de sexualité dans Du côté de chez Swann. L'une des premières scènes
de Combray13,p.14 est une scène de masturbation. On retrouve une autre scène de masturbation
dans Nom de pays: le nom14, qui fait écho aux aveux de Gilberte à la fin d' Albertine
disparue13,p.2126.
Comme Proust l'écrit lui-même à propos de la dédicace à Gaston Calmette en début d'ouvrage,
« Il est possible qu'à cause de l'extrême indécen

La Condition humaine
Auteur
André Malraux
Pays  France

Genre
roman
Éditeur
Gallimard
Date de parution
1933
Nombre de pages
339

La Condition humaine est un roman d'André Malraux publié en extraits dans La Nouvelle


Revue française et dans Marianne, et en volume aux éditions Gallimard en 1933.
Dédié à l'écrivain néerlandais Eddy du Perron, le roman, avec le soutien actif de Gaston
Gallimard, obtient le prix Goncourt à la fin de la même année grâce à la double voix du président
du jury, J.-H. Rosny aîné, alors qu'il reçoit cinq voix contre cinq à Le roi dort de Charles Braibant1.
En 1950, ce roman fut inclus dans la liste du Grand prix des Meilleurs romans du demi-siècle. Il
est le troisième et ultime volet de la trilogie asiatique d'André Malraux précédé par Les
Conquérants et La Voie royale, publiés respectivement en 1928 et en 1930.

Contexte historique[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Massacre de Shanghai.
En mars 1927, l'Armée révolutionnaire du Kuomintang sous le commandement de Tchang Kaï-
Chek est en marche vers Shanghai. Afin de faciliter la prise de la ville, dont le port représente un
important point stratégique, les cellules communistes de la ville préparent le soulèvement des
ouvriers locaux. Mais inquiet de la puissance de ces derniers et gêné dans sa quête de pouvoir
personnel, Tchang Kaï-Chek se retourne contre les communistes. Aidé en cela par les
Occidentaux occupant les concessions, qui espèrent l'éclatement du Kuomintang, et des milieux
d'affaires chinois, il fait assassiner le 12 avril 1927 des milliers d'ouvriers et dirigeants
communistes par la Bande Verte, une société criminelle secrète.

Personnages principaux[modifier | modifier le code]


 Le professeur Gisors est le père de Kyo, un intellectuel communiste, universitaire marxiste,
éminence grise derrière le soulèvement et intoxiqué à l'opium ; il est la figure du sage, tous
viennent se confier à lui.
 Kyoshi (Kyo) Gisors, fils du précédent, dirige l'insurrection communiste de Shanghai.
Idéaliste, il luttera jusqu'à la mort pour la « dignité » des travailleurs. Il a été dit que Zhou
Enlai, un ancien homme politique et vice-président du parti communiste qui a eu un rôle
majeur dans la révolution de 1927, fut le modèle pour ce personnage de Malraux. Il aime
May.
 May, épouse allemande de Kyo, médecin, représente la vie dans ce contexte de mort et
donne au combat révolutionnaire sa dimension féminine.
 Tchen est un disciple du Professeur Gisors, engagé dans la lutte armée, lutte qui deviendra
par la suite sa seule raison de vivre. Il fait de son engagement une sombre mystique
suicidaire.
 Katow, généreux et courageux, est un ancien militant de la révolution russe de 1917.
Rescapé de la répression des Russes blancs, son idéalisme l'a poussé à rejoindre la
révolution communiste chinoise. C'est le personnage le plus humain du roman.
 Le baron de Clappique est un ancien antiquaire et marchand d'art français, reconverti dans
le trafic d'armes. C'est un personnage mythomane et joueur, théâtral et drôle, inquiétant
aussi ; une création originale.
 Ferral, qui représente le pouvoir de l'argent, n'a qu'une passion : dominer autrui. C'est un
ambitieux industriel français, président de la Chambre de Commerce française.
 Hemmelrich représente l'humilié, c'est un ouvrier originaire de Belgique, éternel prolétaire
perdant. Il s'engage dans l'action après avoir vu sa famille massacrée.

Résumé[modifier | modifier le code]
La Condition humaine relate le parcours d'un groupe de révolutionnaires communistes préparant
le soulèvement de la ville de Shanghai. Au moment où commence le récit, le 21 mars 1927,
communistes et nationalistes préparent une insurrection contre le gouvernement.

Première partie : 21 mars 1927[modifier | modifier le code]


Afin de mener à bien l'insurrection, le groupe de Kyo et Katow est à la recherche d'armes. Pour
s'emparer d'une cargaison, Tchen poignarde un trafiquant d'armes. Les informations qu'il
récupère sur le cadavre permettent à Kyo et Katow, soutenus par le baron Clappique de
récupérer les armes sur un cargo dans le port. Ils peuvent alors distribuer le fret aux combattants
clandestins.

Deuxième partie : 22 mars[modifier | modifier le code]


L'insurrection a lieu le lendemain, et ils remportent facilement la victoire grâce à une population
qui leur est alliée contre la police. D'un autre côté, le capitaliste Ferral convainc le milieu des
affaires de se rallier au général Tchang Kaï-chek, sur le point d'envahir la ville. La victoire
remportée, ce dernier se tourne contre les communistes, suivant l'accord passé avec Ferral et
sauvant les actions de celui-ci ; il exige des rouges qu'ils rendent leurs armes.

Troisième partie : 29 mars[modifier | modifier le code]


En réaction, Kyo part consulter le Komintern à Han Kéou, ville située un peu plus au nord,
mais Moscou déclare préférer rester neutre et interdit tout nouveau soulèvement. Il revient sans
plus savoir quoi faire, tandis que Tchen, que son premier meurtre a progressivement transformé
en partisan de l'action directe, envisage l'assassinat de Tchang Kaï-chek.

Quatrième partie : 11 avril[modifier | modifier le code]


Au milieu de la répression, Clappique apprend que lui et Kyo sont recherchés par la police. Il
prévient ce dernier, et ils se fixent un rendez-vous pour le soir, à 11 heures. Parallèlement, Tchen
échoue à assassiner le général Tchang Kaï-chek, puis comprend qu'il est nécessaire d'envisager
un attentat-suicide pour avoir plus de chance de succès et pour affirmer son désir d'élever
l'attentat individuel en méthode privilégiée, accomplissement, selon lui, de la vraie nature de
l'engagement. Hélas, il se jette sous une voiture leurre, destinée à protéger le général de gens
comme lui.

Cinquième partie[modifier | modifier le code]


Kyo et May tentent de retrouver Clappique qui, jouant pour réunir l'argent nécessaire à son
départ, est gagné par la frénésie du jeu et ne veut plus penser à eux. Le couple, ne prêtant plus
attention à l'avertissement du baron, est assommé dans la rue par des policiers. Kyo est arrêté et
May laissée à terre. Clappique, en proie aux remords, tente d'intercéder auprès de la police pour
libérer Kyo après une requête de Gisors qui connaît les relations du Baron avec le chef de la
police de Tchang Kaï-chek. D'un autre côté, Hemmelrich, après avoir découvert le meurtre
sauvage de sa famille et constaté qu'il était désormais libre de dépasser sa condition d'homme,
se joint à Katow pour lutter contre le général. La permanence que ceux-ci tentaient de défendre
tombe finalement. Katow est blessé et capturé mais le Belge parvient à s'enfuir en revêtant un
uniforme du camp adverse.

Sixième partie[modifier | modifier le code]


Kyo et plusieurs de ses compagnons sont emprisonnés. Kyo, comme tous les autres chefs de la
révolution, dispose d'une capsule de cyanure camouflée dans sa boucle de ceinture. Ayant été
prévenu des tortures qui l'attendaient, il décide de l'utiliser et se suicide. Cependant, Katow
décide d'affronter la torture et offre sa dose de cyanure à d'autres captifs. Clappique, à qui le chef
de la police (König) avait donné « deux jours pour filer » en lui faisant savoir qu'il connaissait son
rôle dans la tractation d'armes, s’embarque à destination de l’Europe en se déguisant en marin.

Septième partie : 2 juillet[modifier | modifier le code]


Ferral échoue à Paris auprès des banques et du gouvernement dans son désir de sauver le
Consortium chinois dont il est le directeur. May vient trouver Gisors, réfugié chez son beau-frère,
le peintre Kama, à Kobé (Japon) : elle vient le chercher car il est nommé professeur à Moscou.
Elle apprend par un courrier en poste restante qu’Hemmelrich est devenu ouvrier. Le professeur
lui indique qu’il restera au Japon. Elle part alors en Union soviétique pour « servir ». Gisors lui fait
comprendre qu’elle pourrait refaire sa vie. Elle va reprendre le bateau.

Analyse[modifier | modifier le code]
La singularité du roman réside en ce qu'il fait coexister la conscience de l'absurde avec la
certitude de pouvoir triompher de son destin, grâce à l'engagement dans l'Histoire. En ce sens,
l'œuvre de Malraux se démarque de celle de Drieu La Rochelle qui ne parvient pas à dépasser la
crise. Une certaine discontinuité présente dans la composition du roman, analogue à la technique
des plans utilisée au cinéma, se retrouve aussi au niveau de la phrase et du style, souvent
heurté. Rompant avec cette écriture abondante et dense qui était le propre du roman
traditionnel, Malraux invite ainsi le lecteur à recomposer activement le sens de l'œuvre. Il est
aussi, surtout, un roman précurseur, anticipant les désordres, il précède les romans d'après
guerre français le mouvement des existentialistes. Le texte est très riche de "perles", de
découpage demandant une lecture à plusieurs niveaux, ce qui en fait une œuvre majeure de
langue française, comme un roman d'anticipation, en étroite harmonie avec son temps, où
l'écrivain Malraux ne peut qu'écrire. Écrire pour survivre à son époque, il incarne aussi la
rencontre de l'Orient et l'Occident, la fin d'un capitalisme colonialiste (Ferral), la naissance de
nouvelles bases fondées sur la perte, le désenchantement sans pour autant tomber dans le
désespoir.

Réception critique et publique[modifier | modifier le code]


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La Condition humaine est classé à la 5e place des 100 meilleurs livres du XXe siècle par Le
Monde/la Fnac en 1999. Patrick Boucheron dans sa somme Histoire mondiale de la
France (2017) lui consacre un chapitre2.
Les chiffres de ventes totales du livre sont estimés en 2021 à cinq millions d'exemplaires, ce qui
fait de ce roman le plus vendu de l'histoire des prix Goncourt3.

Éditions[modifier | modifier le code]
Sur les autres projets Wikimedia :
 La Condition humaine, sur Wikiquote

 La Condition humaine, aux éditions Gallimard, Paris, 1933.


 La Condition humaine, aux éditions Gallimard, collection Folio, no 1, Paris, 1972.

Notes et références[modifier | modifier le code]


1. ↑ Du côté de chez Drouant  : Le Goncourt de 1922 à 1949 [archive] émission de Pierre
Assouline sur France Culture le 3 août 2013.
2. ↑ Jean-Luis Jeannelle, Histoire mondiale de la France, chap. « 1933 : La Condition humaine », éditions
du Seuil, 2017, pp. 611-615.
3. ↑ Nicolas Gary, « L'Amant de Duras n'est pas le prix Goncourt le plus vendu » [archive], ActuaLitté, 22
février 2021.

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