Club

De
Physique
Pierre Cormault

13 avril 2023

1
 SOLARIS
Le projet futuriste
de l'Agence Spatiale Européenne
( E.S.A)

2
 Qu'est-ce que l'E.S.A ?
L'agence spatiale, par son budget (de
7,15 milliards d'euros en 2022) est la
troisième dans le monde après la NASA
et l'Administration spatiale nationale
chinoise,

L'agence dispose de plusieurs

établissements spécialisés. Son centre
principal est l'ESTEC aux Pays-Bas, qui
est voué à la conception et aux tests des
engins spatiaux. Les autres centres
importants sont l'ESOC en Allemagne
(suivi et contrôle des missions en cours)
et l'ESTRACK (réseau mondial
d'antennes paraboliques, pour assurer
la liaison avec les engins spatiaux). L'ESA
utilise aussi les installations du centre de
lancement de Kourou, établissement du
CNES, pour le lancement de ses fusées.
3
Le siège social de l'E.S.A. À Paris

4
5
 Les décisions politiques de l'Europe

Ce sont donc toutes les sources d'énergie existantes

qui doivent être réévaluées afin de se concentrer sur
le développement des solutions les plus adaptées au
défi immense proposé

6
Sources d'énergie existantes

7
Pour comprendre les enjeux liés aux sources d'énergie , il ne peut pas être
inutile de rappeler les fondements de la thermodynamique.

Tout d'abord, il faut accepter l'idée que l'énergie est un concept abstrait, qui
n'est pas l'explication d'un mécanisme, ni de quoi que ce soit de concret.

Le premier résultat concret est dû à James Joule ( 1818 -1889) qui établit par
l'expérience l'équivalence de deux formes d'énergie différentes : la chaleur
(ou énergie thermique) et l'énergie mécanique.

La compréhension de cette chose abstraite que les physiciens appellent

énergie a été facilitée par l'introduction de la n0tion de travail. On dit qu'un
travail est accompli chaque fois que de la matière est déplacée par une force
( un autre concept abstrait).

Pour quantifier toutes ces grandeurs abstraites, énergie, chaleur, travail,

force, on a défini, à partir de 3 unités fondamentales ( Masse, Longueur,
Temps), les unités de force (le Newton), d'énergie (le Joule), et de Puissance
(le Watt, un Joule par seconde).

8
Grandeurs physiques et les unités du système légal M L T

9
 Toute la thermodynamique repose sur deux principes

Le Premier Principe

Il est impossible de créer de l’énergie à partir de rien. Il est également impossible

d’en détruire sans qu’il n’en reste rien.

10
 Le Second Principe

À l'origine de ce Second principe se trouvent les réflexions de Carnot sur

l'efficacité d'une machine thermique idéale pour transformer une quantité de
chaleur Q en travail W.
Le résultat sensationnel de Carnot est que le résultat cherché ne dépend en
définitive que de deux grandeurs, deux températures :

1) La température T1 à laquelle on puise la quantité de chaleur Q1 à transformer

en travail W ( la source chaude) .

2) La température T2 à laquelle on est contraint de rejeter une quantité de

chaleur résiduelle Q2 (la source froide).

Selon le Premier principe, on aura obligatoirement : Q1(T1) = W + Q2(T2)

Le Second Principe va découler immédiatement des travaux de Clausius en

1856, désireux de disposer quantitativement d'une mesure de la qualité de
l'énergie, ce qui le fera introduire le concept d'entropie.

11
Cette définition a été ensuite généralisée en 1950 par le prix Nobel de chimie
belge Igor Prigogine, sous la forme suivante :

12
 Appliquons cette définition à la machine de Carnot en faisant le bilan d'entropie
que nous venons voir :

Cette machine fonctionnant en régime

p r
S permanent,S Tf les grandeurs qui r
 1  1toutes
  0, 068 S  S  S p 
définissent son état sont indépendantes S du temps.S ParTconséquent
0 :
Sr Tf Q
Sr  S rp  S p avec S r   et S p  0
 1  1  0, 068 S  S  SQ 0Q p T
S T et S  0
Q1 T et S  0
p

S S '  
S
0
 S '  S p
avec p S ' r T
L'entropie reçue par leS
système
Q  S '  S: p avec
 S  S avec S  
r p r
et S  0 T1
T  Q1  Q1 Q2 Q2
est compenséeSexactement
 S ' S S pS par
'0 Scelle
p
S0' produite
 S '  : S p S p 
T1 T1 T2 T2
 Q 1 Q2 Q2 T2
de telle sorte que :   0 soit: 
T1 T2 Q1 T1

La relation Q1 = W + Q2 tirée du premier principe peut alors s'écrire :

Soit encore : Expression dite

Théorème de Carnot

13
 L'électromagnétisme et la thermodynamique
ne font pas vraiment bon ménage

Exemple : Centrale nucléaire PWR du CP1

Puissance électrique : 900 MWe

Source chaude de la turbine à vapeur : T1 = 268 °C = 541 K

Source froide (l'atmosphère) : T2 = 15°C = 288 K
Rendement thermodynamique : η1 = 1 – 288/541 = 0,47
Pertes diverses de chaleur : η2 = 0,70
Rendement global du système : η = η1 . η2 = 0,33

Puissance thermique nécessaire : 900 MWe / 0,33 = 2750 MW

14
Le défi proposé conduit alors ( au moins dans un stade
théorique ! ) à éliminer toutes les filières pénalisées par
l'incontournable théorème de Carnot , c'est-à-dire
toutes les technologies qui passent par l'énergie
thermique, énergies fossiles les premières,
puis aussi l'énergie nucléaire !

15
16
Il nous reste alors uniquement la solution de l'énergie
solaire, mais qui est par ailleurs inépuisable et gratuite ...

!
17
Si nous voulons comprendre les motivations d'une idée aussi
futuriste que celle de l'E.S.A a pris la décision de développer, il
nous faut revenir sur les grandeurs caractérisant l'énergie
solaire, vue de la planète Terre.

Pour estimer la quantité d'énergie que le Soleil déverse

chaque seconde sur notre planète, il faut d'abord connaître la
puissance totale qu'il rayonne dans l’univers.

La température de surface du Soleil, mesurée à l'aide de

radiomètres, est de l'ordre de 5780 K. Le flux d'énergie émis
par la surface du Soleil, encore appelé émittance, comptée en
W/m2, nous est donné par la Loi de Stéphan :

18
Cette émittance du Soleil est donc égale à :

On peut considérer le Soleil comme une sphère d'un diamètre de

l'ordre de 1,4 millions de km (R ~ 7.108 m). Sa surface
d'émission est donc de8: 4
 (5780 K)  5, 67.10 .(5780)  63, 3 MW/m 2
2
S  4 R  (4 . 3, 14) . (7.10 )  12, 56 . (56 . 10 16)  6, 1 . 10 18 m 2
2 8

L  (63, 3 MW/m 2 ) . (6, 1 . 10 18 m 2 )  3, 9 . 10 26 W

Ce quiL permet alors 3, 9.d'évaluer
10 26 W la vaeur 3, 9 . du
10 26flux
W solaire L 2dans la
totalité de 
2 l'espace :
  1400 W/m
4 d 4 . 3, 14 . (1, 5 . 10 11 m)
2 23
2, 8 . 10 m 2

19
 2
Le flux total
S  4Ldu
R 2 rayonnement solaire
(4 . 3, 14) . (7.10 8
)  est
12, donc de.l'ordre
56 . (56 10 16) de
6, :1 . 10 18 m
L  (63, 3 MW/m 2 ) . (6, 1 . 10 18 m 2 )  3, 9 . 10 26 W
26 26
L 3, 9. 10 W
Notre planète laTerre ne va récupérer qu'une 3, 9 . 10
infime W de ce flot 2
partie
  1400 W/m
d 2
d'énergie 4rayonnée
4 .par le .Soleil,
3, 14
2
m) est2,distant
qui11nous
(1, 5 . 10
23 2
8 . 10 d'environ
m
d = 150 millions de km.
Ce qui va compter pour influencer notre
atmosphère, c'est la densité de puissance
rayonnée par le Soleil qui règne au sommet
de cette atmosphère terrestre. Sur chaque
mètre carré de l'espace à la surface de la
4
8
 (5780 K)  5, 67.10 sphère de 63,
.(5780) 1503 MW/m 2
millions de km de rayon
S  4 R  (4 . 3, 14) . (7.10 ) par
illuminée 12,le
56Soleil, arrive
)  6,un
1 .flux
10 18d'énergie
2
2 8
. (56 . 10 16
m2
d'une puissance donnée26par le quotient :
L  (63, 3 MW/m ) . (6, 1 . 10 m )  3, 9 . 10 W
2 18 2

L 3, 9. 10 26 W 3, 9 . 10 26 W
   1400 W/m 2

4 d 2 4 . 3, 14 . (1, 5 . 10 11 m) 2 2, 8 . 10 23 m 2

20
Mais on comprend tout de suite que l'insolation de chaque point
de la planète va être très variable, en fonction de la latitude du
lieu (position entre l'équateur et le pôle), de l'alternance jour-
nuit, et du rythme des saisons (en hiver, les rayons du soleil
sont plus obliques, et donc le flux utile bien moindre).
De toute manière, le faisceau d’énergie solaire intercepté par
la Terre a toujours une aire de π R2 m2.. Mais, du fait de la
rotation de la Terre, l’énergie de ce faisceau se répartit en 24 h
sur une surface du globe égale à 4 π R2 m2..
L’énergie solaire moyenne (moyenne sur l’ensemble de la
surface illuminée et sur l’année) disponible à environ 12000 m de
la surface de la Terre, sera donc égale à :
( 1400 W/m2 ) / 4 ≈ 350 W/m2

21
Mais ce n'est pas tout ! La traversée de l'atmosphère terrestre pour
atteindre le sol (et les cellules photovoltaïques de production
d'électricité) absorbera environ 30 % de l'énergie incidente.
Le flux moyen d'énergie utile sera donc en définitive :

350 W/m2 x 0,70 = 245 W/m2

22
Cette densité d'énergie thermique de 245 W/m2
comparée à celle initialement offerte gratuitement par le
Soleil, paraît alors bien faible .

D'où l'orientation toute nouvelle de L'E.S.A, exprimée ici :

23
( Extrait du rapport d'étude remis à l'E.S.A en juillet 2022
Par la Société de Conseil Roland Berger – OHB System AG )

24
 L'Europe n'est pas la première
à aborder cette approche

Les U.S.A ont déjà fait La Chine prévoit un Le Japon a prévu de

des essais dans démonstreur pour faire des tests de
l'espace en 2020 et un 2028 panneau solaires
essai de liaison Une centrale solaire dans l'ISS en 2023 .
espace – sol est prévu dans l'espace d'une
en 2024 puissance de l'ordre Et l'organisme
du GW est annoncée japonais JAXA va
100 millions de $ ont pour 2050 développer un
déjà été affectés à ces programme
programmes par le Le segment au sol technologique pour le
D.O.D ( Ministère de la serait déjà en cours long-terme
Défense ) de développement

25
L'Agence Spatiale
Europénne (E.S.A)
vient de donner le
coup d'envoi d'un
projet extrêmement
ambitieux
visant le
développement de
centrales solaires
de production
d'électricité
installées dans
l'espace à 36 000
km d'altitude

Source :
Sciences et Avenir
N°912 de Février 2023

26
 Quelques précisions à propos du faisceau de transmission envisagé

Les micro-ondes ou micro-ondes sont des rayonnements électromagnétiques de

longueur d'onde intermédiaire entre l'infrarouge et les ondes de radiodiffusion.

Dans les années 1970 et au début des années 1980, la NASA a effectué des recherches
pour développer des systèmes de satellites à énergie solaire (SPS) avec de grands
panneaux solaires qui redirigeraient sous forme de micro-ondes l'énergie captée vers la
surface de la Terre.

On ne peut cependant ignorer que les technologies employant des micro-ondes peuvent
s'avérer dangereuses lorsqu'elles dépassent une certaine puissance.

27
C'est pourquoi l'ESA a fait réaliser une étude prospective par le cabinet européen
Roland Berger, lequel a remis un rapport de synthèse en juillet 2022 dernier

28
29
30
( C.S.O : Centrale Solaire Orbitale)

31
1 - Le rayonnement solaire
2 - Des panneaux solaires
photovoltaïques
3 - Un faisceau HF de 1 GW de
puissance
4 - Système de capture et de conversion
5 - Injection dans la réseau HT

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Objectifs des éléments technologiques envisagés

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Mais tout va très vite, et seulement 6 mois après la remise de l'étude Berger à l'ESA,
SpaceX ( U.S.A) sait déjà faire beaucoup mieux que les espoirs annonçés ...

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 Estimation du coût de production possible
pour une centrale de base SBSP ( en €/Mwh)

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 Esquisse de calendrier
pour la réalisation du projet

Ordres de grandeur des échéances envisageables

Démos au sol

Programme Démonstrateur Centrale solaire Centrale solaire

préparatoire Spatial de petite Spatiale pilote Spatiale
taille 100 MW opérationnelle

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 Objectifs du projet SOLARIS
pour la période 2023 – 2025

1 – Déterminer la faisabilité technique, pour quels coûts et

quels risques et les bénéfices attendus

2 – Développer la connaissance du projet parmi toutes les

parties prenantes.

3 – Créer des opportunités de coopération internationale

4 – Préparer une proposition de programme détaillé

5 – Positionner l'Europe comme acteur important

dans cette nouvelle technologie

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Partenaires ayant déjà décidé leur participation
au programme SOLARIS de l'ESA

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 Programme SOLARIS de R&D
pour la période 2023 - 2025
* Définition des systèmes composant une centrale solaire orbitale ( Phase 0 )

* Développement des technologies nécessaires :

– pour une conversion photovoltaïque à haute énergie et haut rendement

– pour générer un faisceau RF précis et stable

– pour contrôler et piloter le système de distribution au sol

– pour construire des modules de grandes structures, les méthodes

robotisées d'assemblage dans l'espace, et la maintenance nécessaire

* Définir un démonstrateur Air – Sol de l'émission – réception d'un faisceau RF

de puissance

* Etudes et Essais des questions environnementales, de santé et de sécurité

72
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 Les challenges les plus importants à réussir
dans le programme SOLARIS proposé par l'ESA
● Conversion PV à haut rendement, ● Gestion d'énergie thermique de
faible masse et bas prix haute intensité

● Conversion DC – RF à haut ● Vaisseau spatial pour l'assemblage

rendement de structures en orbite

● Contrôle et distribution de courant ● Limitation de la production de

haute tension débris orbitaux

● Génération et contrôle précis du ● Gestion de la Fin-de-Vie

faisceau RF de la station solaire satellite

● Construction et déploiement de
grandes structures en orbite.
Assemblage robotisé.
Maintenance

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 La plateforme d’innovation en espace ouvert
(OSIP)
En 2019, l’ESA a lancé l’OSIP pour mieux répondre aux besoins
émergents du secteur spatial moderne. La plateforme est désormais le
principal point d’entrée de nouvelles idées dans l’ESA, à la fois en
réponse à des problèmes spécifiques et par le biais d’appels à idées
ouverts.
En octobre 2020, une campagne OSIP a été lançée pour recueillir des
idées pour le programme de recherche SBSP. Les résultats ont été les
suivants :

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Les idées OSIP retenues et financées

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 Des idées OSIP retenues et financées
1 - Technologie photovoltaique : Systèmes photovoltaiques sous forme de films
minces en silicium amorphe (CSEM Photonicity Ltd, Suisse)

2 - Conversion de puissance : Conversion DC-RF d'un courant électrique en

radiofréquence à haute tension (MH, Espagne)

3 - Construction et Assemblage de grandes structures en orbite dans l'espace

(SpaceApplications, Allemagne)

4 - Récepteurs aériens du faisceau RF émis depuis l'espace

(Thalès Alénia, France)

5 – Système de commande d'attitude et orbite (Emerald telecoms international,

(UK)

6 - Fin de Vie : Stratégies de démantèlement, d'élimination ou de recyclage

(Frazer-Mash, England)

7 – SBSP appliqué à l'exploration de la Lune (Astrostrom, Suiss)

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Cinq domaines critiques pour le projet SOLARIS
qui exigeront des études de sûreté

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Merci de votre attention ...

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