Vous êtes sur la page 1sur 149

DEA de Littérature Médiévale

UNIVERSITE PARIS IV – Sorbonne

Etude de la temporalité dans


les Cent Nouvelles Nouvelles

Nelly LABERE

sous la direction de
Madame Jacqueline CERQUIGLINI-TOULET

29 juin 2000
Les Cent Nouvelles Nouvelles

Nelly LABERE 2 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Remerciements

Je tiens tout particulièrement à remercier Madame Jacqueline Cerquiglini-Toulet


qui a dirigé ce travail et a été pour moi un guide et un soutien sans failles.

Ma reconnaissance s’adresse également à Monsieur Luciano Rossi pour m’avoir


aimablement aidée dans ma recherche ; à Aimeric Vacher, Lise Lombard, Nicolas
Dumond, Anne-Gaëlle Laval, et à Benoît Clément pour avoir eu la patience de
m’aider à relire et à mettre en forme mon travail ; et à tous ceux enfin qui m’ont
apporté leur soutien.

Juin 2000 3 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

Nelly LABERE 4 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Avant-propos

Ce mémoire de DEA s’inscrit dans un projet d’étude qui a pour vocation de se


prolonger au cours d’une thèse de Doctorat.
Nous l’avons considéré comme un travail préparatoire à une recherche plus étendue
et c’est pourquoi nous avons délibérément fait le choix de ne pas rédiger certaines
parties

Juin 2000 5 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

Nelly LABERE 6 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Table des matières

I La nouvelle : la naissance d’un « genre pressé » .............................................. 15

I.1 Un héritage littéraire ....................................................................................... 19


I.1.1 Exemplum et nouvelle : un investissement du temps qui diffère ............ 20
I.1.2 Le lai et la nouvelle ................................................................................. 21
I.1.3 Fabliau et nouvelle : du temps fictif à la proclamation du temps réel..... 22
I.2 Une nouveauté ................................................................................................ 35
I.2.1 Etymologie............................................................................................... 35
I.2.2 La filiation littéraire ou l’appropriation ludique...................................... 41
I.2.3 Du nouveau si nouveau ? La dialectique récent-ancien........................... 47
I.3 L’adventure..................................................................................................... 56
I.3.1 La stratégie de l’inattendu ....................................................................... 56
I.3.2 La chronologie de l’histoire..................................................................... 65
I.3.3 Temps nocturne et temps diurne.............................................................. 71

II Le récit : un travail sur le temps ...................................................................... 79

II.1 Le narrateur métronome ................................................................................ 83


II.1.1 Signature et attribution : le présent du dire ............................................ 83
II.1.2 Récit et fiction : le présent de l’écrire .................................................... 84
II.1.3 Le rapport à l’auditeur : du « present livre » au futur lire ...................... 84
II.2 Le recueil ou la lecture architectonique du temps......................................... 84
II.2.1 Suites et séries ........................................................................................ 85
II.2.2 Clefs de voûte......................................................................................... 85
II.2.3 Numérotation et organisation ................................................................. 85
II.3 « La table » et « le livre » : une vision spéculaire de la temporalité ............. 86
II.3.1 La « table » d’orientation ....................................................................... 86
II.3.2 « La table » et « le livre » : une certaine définition de la temporalité.... 93
II.3.3 Un diptyque ............................................................................................ 98

Juin 2000 7 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

III La nouvelle : la brièveté .................................................................................105

III.1 Dire bref / Ecrire bref .................................................................................109


III.1.1 Une esthétique de la brevitas ...............................................................109
III.1.2 La brièveté ou la contrainte de l’oralité...............................................109
III.1.3 La brièveté ou l’écriture du présent.....................................................110
III.2 La brièveté théâtralisée...............................................................................111
III.2.1 Un genre qui s’épuise ..........................................................................111
III.2.2 Mise en valeur et jeux d’éclairages .....................................................112
III.2.3 La chute : clausule et clôture. ..............................................................112
III.3 Brièveté et rythme au fondement de la nouvelle ........................................113
III.3.1 Dilatation et brièveté ...........................................................................114
III.3.2 Ellipse et répétition..............................................................................114
III.3.3 Avance ou retard : la stratégie de la ruse.............................................114
III.4 Discontinuité et temporalité........................................................................115
III.4.1 Du fragmentaire au discontinu : la quête d’unité temporelle ..............116
III.4.2 Effets d’échos : de l’objet au projet.....................................................116
III.4.3 Le lecteur : la clef de voûte retrouvée .................................................117

Nelly LABERE 8 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Introduction

Dire et redire encore que la nouvelle est avant tout un art de dire. En peu
de mots. Et de préférence à l’oreille. Une parole qui a vocation à
s’abolir dans l’écriture. Parole bridée. Que l’on décline, de prime abord,
selon les règles du bel parlare. Parole simulacre, inexorablement ajustée
aux contraintes externes qui en régissent la mise en œuvre. Parole mise
en paroles. Et mise en écriture. Mise en recueil. Mise en revue.
Couchée. Mais aussi, genre-vampire, qui se nourrit de formes
moribondes. Attrape-tout où s’agglutinent les pièces composites que
draine la conversation. D’où la valse-hésitation des étiquettes et les
appellations plus ou moins contrôlées. Autant de jalons sur ce bref
parcours, en forme de retour aux sources, que l’on pourrait aussi bien
ponctuer de points d’interrogation.1

Ces points d’interrogation sont ceux qui ont suscité notre réflexion. En effet, rien ne
nous semble plus intéressant que d’étudier un genre en cours d’élaboration, dans ses
prémisses et ses balbutiements. Démêler l’écheveau de sa proto-histoire, suivre ses
pistes parfois sinueuses et aboutir à l’acte de sa naissance proclamée et célébrée par
des reprises et des modulations successives affirmant sa nouveauté. La question du
genre n’est pas sans référer à celle du commencement et de l’origine et entretient,
de fait, des rapports avec la temporalité. Toute littérature narrative à ses débuts est
une littérature du passé, dont elle prétend conserver la mémoire. Elle est filiation
mais aussi construction d’un nouveau système auquel elle tend à attribuer ses traits
distinctifs.
C’est en quoi l’étude de la naissance de la nouvelle nous a paru signifiante. En effet,
de par son onomastique, la nouvelle affiche déjà sa particularité et sa nouveauté tout
en se nourrissant de formes sclérosées ou moribondes du répertoire médiéval. Le
singulier précisément règne dans la nouvelle – et aux deux sens du terme. En tant

1
M. Moner, « Introduction », in Aspects de la Nouvelle (II), numéro coordonné par Paul Carmigiani,
Perpignan, Presses Universitaires de Perpignan, Cahiers de l’Université de Perpignan, n°18, 1995,
241 p., p. 13.

Juin 2000 9 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

qu’il relève de la catégorie du nombre, d’abord : comme le singulier est extraction


d’un ensemble, le sujet de la nouvelle est souvent arraché à une pluralité
organisatrice. Singulier, en second lieu, est à prendre au sens d’« insolite » : c’est
alors non plus à une pluralité mais à une norme – sociale, empirique ou rationnelle –
que le sujet individuel est arraché pour devenir l’enjeu du récit.
Cependant, il apparaît que la définition de cette singularité ressort comme
problématique. En effet, celle-ci se pare souvent d’attributs négatifs et ne saisit son
objet que par défaut ; et la doxa d’affirmer que « la nouvelle n’est pas un récit long,
au contraire du roman ». Peu d’ouvrages ont tenté cette entreprise et ce genre,
apparu au Moyen Age, n’a attiré l’attention que de quelques chercheurs qui
s’intéressaient spécifiquement au XVIe, XIXe et XXe siècle. Pourquoi donc un tel
silence ? Parce que du XIIe au XVe siècle la nouvelle n’a pas exactement les traits
définitoires que certains lui reconnaissent aujourd’hui et que les productions
hétérogènes qui la mettent en scène apparaissent comme problématiques dans une
analyse comparative ? C’est peut-être pourquoi, à l’exception de Roger Dubuis2
dont les travaux n’ont pas été renouvelés jusqu’à aujourd’hui, les études ont
davantage porté sur des monographies que sur une analyse générique. De surcroît,
celles-ci s’attachaient essentiellement à des questions thématiques ou au problème
du réalisme, délaissant la structure même de ces récits et la technique de la mise en
recueil.
C’est pourquoi nous souhaiterions, à notre tour, tenter d’interroger le genre de la
nouvelle en prenant en compte la période de son émergence en France afin de
comprendre les raisons et les implications d’une telle « nouveauté ». Le choix des
Cent Nouvelles Nouvelles nous a paru s’imposer, d’abord parce que ce recueil est le
premier recueil français de « nouvelles », ensuite – et surtout – parce que c’est le
premier exemple, dans l’histoire de la littérature française, d’un écrivain qui ait eu
conscience de la spécificité de la « nouvelle » en tant que genre narratif bref et qui,
dans une large mesure, se soit efforcé de prêcher d’exemple. Que les Cent
Nouvelles Nouvelles marquent, en effet, en France, la naissance de la nouvelle
moderne est considéré comme un fait acquis depuis l’étude de Werner Söderhjelm

2
Roger Dubuis, Les Cent Nouvelles Nouvelles et la Tradition de la Nouvelle en France au Moyen
Age, Lyon, Presses Universitaires de Grenoble, 1973.

Nelly LABERE 10 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

qui montre assez l’importance qu’il attachait lui-même à cette conclusion en en


faisant le point final du chapitre consacré au recueil :

Nous pouvons constater l’apparition d’un talent qui ne se montre pas


dans des détails isolés, mais enrichit la littérature française d’un ouvrage
entièrement nouveau, réunissant en lui plusieurs des caractères
distinctifs qui jusqu’à nos jours ont été les plus marquants de la nouvelle
française. Et il offre ces qualités à un degré qui ne sera surpassé que très
longtemps après.3

C’est en effet le premier recueil français à souligner sa filiation avec Boccace et à se


désigner comme un livre nouveau « pource que l’estoffe, taille et fasson d’icelles
est d’assez fresche memoire et de myne beaucop nouvelle »4. Nouveauté donc de
l’emploi du terme « nouvelle » pour identifier une production littéraire mais aussi
nouveauté de la forme dont « l’estoffe » et « la taille » témoignent.
C’est pourquoi, il nous apparaît essentiel de questionner ce genre émergeant, qu’est
celui de la nouvelle, par le biais de la temporalité. Si les Cent Nouvelles Nouvelles
ne cessent de proclamer leur nouveauté constitutive - aussi bien par l’ajout
symbolique de l’adjectif « nouveau » au titre boccacien que par l’inversion de
l’ordre des termes inventio et dispositio, c’est qu’elles projettent sans doute un
rapport renouvelé à la création littéraire et à la temporalité. En effet, le XIVe et le
XVe siècle sont sous-tendus par une angoisse qui se manifeste par la vision d’un
monde qui vieillit et se racornit. Comme dans une pièce de Beckett, les acteurs de la
scène médiévale ont le sentiment de se rabougrir jusqu’au bout imminent de cette
« Fin de partie ». Ce sentiment est donc celui d’une inscription dans une temporalité
cyclique qui parvient à son terme et dont la finitude est l’unique horizon. Cette
inquiétude peut s’exprimer en ces termes : comment faire du nouveau avec du
vieux ? C’est à dire comment combiner des formes préexistantes pour en faire
émerger quelque chose de neuf ? Dans cette perspective, deux tendances semblent
se dégager selon Jacques Le Goff :

Un historicisme de décadence qui conduit au pessimisme historique, un


optimisme intemporel qui ne s’intéresse qu’aux vérités éternelles. De
timides efforts se font jour pour valoriser le présent et le futur. La
principale de ces tendances, c’est celle qui, acceptant le schéma des âges
du monde et le diagnostic de vieillesse porté sur le présent, souligne les

3
W. Söderhjelm, La nouvelle française au XVe siècle, Paris, Champion, Bibliothèque du XVe siècle,
T. XII, 1910, 237 p., p. 91.
4
Cent Nouvelles Nouvelles, éd. Franklin P. Sweetser, Genève, Droz, 1996, 649 p., Dédicace au duc
de Bourgogne, p. 22, l. 28 à 30.

Juin 2000 11 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

avantages de cette vieillesse. Ainsi Bernard de Chartres : « Nous


sommes des nains montés sur les épaules de géants mais nous voyons
plus loin qu’eux », où est habilement tournée au bénéfice du présent
l’image du rapetissement historique.5

De par leur date de composition, entre 1456 et 1467, les Cent Nouvelles Nouvelles
s’inscrivent dans ce courant d’inquiétudes ; elles souffrent elles aussi de nanisme
dans la mesure où elles ne parviennent pas à « attaindre le subtil et tresorné langage
du livre de Cent Nouvelles »6, c’est à dire à surpasser la filiation du géant Boccace.
Cependant, elles semblent marquer une rupture dans cet historicisme de décadence.
Traitant de « cent histoires assez semblables en matere »7 à celles de Boccace, elles
ne se contentent pas de travailler à une imitatio valorisant le passé mais projettent
de valoriser le présent de la nouveauté formelle « d’assez fresche memoire et de
myne beaucop nouvelle »8. Dès lors, avec les Cent Nouvelles Nouvelles il semble
que l’on dépasse cette inquiétude tenace qui mine le XIVe et le XVe siècle par
l’invention d’une forme nouvelle qui inscrit, dans le futur, l’espoir d’une énergie
créatrice. Existe alors la conscience de ce renouveau littéraire qui prend naissance
avec une forme spécifique et ouvre la voie à un genre encore vivace aujourd’hui.
C’est pourquoi il nous semble fondamental de comprendre en quoi la naissance de
la nouvelle répond à un pessimisme historique en apportant, de par la nouveauté de
sa forme, une solution à ce constat de vieillesse. Nous souhaiterions montrer ici en
quoi la naissance d’un genre n’est pas sans implications avec le contexte historique
qui la façonne ou contre lequel elle réagit. Ainsi, l’une des interrogations qui sous-
tendra notre étude sera la suivante : l’écrit possède-t-il une capacité de
transformation ? Les œuvres ont-elles assez d’influence pour imposer des modèles
aux lecteurs, susceptibles de conforter ou de contester, par le biais du langage et de
la représentation, les systèmes idéologiques ? Pourrait-on analyser le genre narratif
bref comme un jeu entre l’Histoire et les valeurs, et lire dans cette forme nouvelle la
manifestation d’une crise de conscience ?
L’étude de la temporalité sera un des moyens qui nous permettront de répondre à
cette problématique. Tout d’abord circonscrite aux Cent Nouvelles Nouvelles, nous
espérons l’élargir dans un travail de thèse en prenant en compte d’autres œuvres de

5
Jacques Le Goff, « Structures spatiales et temporelles », in La Civilisation de l’Occident médiéval,
Paris, Arthaud, 1984, p. 199 à 200.
6
.Cent Nouvelles Nouvelles, Dédicace au duc de Bourgogne, p. 22, l. 16 à 17.
7
Op. cit., l. 15 à 16.
8
Op. cit., l. 28 à 30.

Nelly LABERE 12 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

la Romania9 ; à partir du modèle du Décaméron de Boccace, dont nous étudierons


les répercussions françaises à partir de la première traduction par Laurent de
Premierfait en 1414, nous nous proposerons d’inclure dans notre étude d’autres
recueils tels que Les Quinze Joies de mariage, Les Evangiles des quenouilles, Les
Nouvelles françaises inédites du XVe siècle, la traduction en français par Fernando
de Lucena du Triunfo de las donas de Juan de la Camara o del Padron (manuscrit
2027, Bibliothèque Royale de Bruxelles) ainsi que des recueils ibériques tels que le
Patranuelo de Juan de Timoneda. Ce choix volontairement hétérogène nous
permettra de nous interroger sur la question de la naissance d’un genre et conduira à
étudier des œuvres diversifiées pour dégager les formes immanentes qui
s’imposeront peu à peu comme les critères distinctifs de la nouvelle. Nous espérons
que cette démarche dégagera une mutation du contexte social, permettant ainsi de
rendre compte des évolutions parallèles ou divergentes du genre dans la culture.

9
Dès les premiers siècles du Moyen Age, l’identité culturelle de la Romania se dessine à travers les
distinctions opposant les langues romanes au latin, langue savante. Bien que le terme gréco-latin de
Romania, apparu vers 330, ne semble plus utilisé par l’homme médiéval, celui-ci a pourtant
conscience de la parenté unissant les cultures de l’Italie, de la France, et de la péninsule Ibérique.

Juin 2000 13 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

Nelly LABERE 14 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

I La nouvelle : la naissance d’un « genre


pressé »

Il est difficile, voire intenable, de parler de genre au sujet du Moyen Age dans la
mesure où cette dénomination est, bien entendu, une notion moderne10 ; cependant,
si nous conservons cette terminologie, c’est pour souligner l’importance de
l’apparition des Cent Nouvelles Nouvelles, ouvrage fondateur qui permet de
comprendre l’émergence d’une esthétique particulière que l’on classera plus tard
sous la forme d’un genre et auquel on donnera le nom de « nouvelle ». En effet, les
Cent Nouvelles Nouvelles mettent en place, non pas théoriquement, mais
concrètement, certaines pratiques qui seront reprises par la suite et deviendront,
pour certaines, les marques de ce genre en cours d’élaboration. S’il y a donc
apparition d’un genre, celui-ci n’émerge pas cependant ex-nihilo et s’inscrit au
contraire dans un héritage littéraire. C’est là où réside le paradoxe des Cent
Nouvelles Nouvelles. En effet, notre recueil se donne à la fois comme une
nouveauté reposant sur la « fresche mémoire » mais proclame dans le même temps
sa filiation générique et auctoriale. Dès lors, notre propos sera de montrer comment
les Cent Nouvelles Nouvelles inscrivent ce paradoxe temporel dans leur forme
même et le concilient ; c’est en quoi elles cristallisent tout ce mouvement
d’inquiétudes propre aux XIVe et XVe siècles, siècles qui se pensent comme la fin
d’un période où tout a été dit et qui cherchent malgré tout à « faire du neuf ».
Nous analyserons ici cette émergence de ce genre qu’est la nouvelle du point de vue
de la temporalité historique ; en effet, qui dit naissance et filiation dit ancrage dans
le temps.

10
Voir à ce sujet H. R. Jauss, « Littérature médiévale et théorie des genres », in Poétique, n°1, 1970,
pp. 79-101.

Juin 2000 15 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

Nelly LABERE 16 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Première partie

I.1 Un héritage littéraire


I.1.1 Exemplum et nouvelle : un investissement du temps qui diffère
I.1.1.1 Des matériaux analogues
I.1.1.2 Edification et passe-temps
I.1.1.3 L’exemplarité : de la morale donnée à la quête du sens.
I.1.2 Le lai et la nouvelle
I.1.2.1 L’univers courtois partagé
I.1.2.2 De l’ouverture temporelle à la clausule (la pointe).
I.1.2.3 De la brièveté temporelle à l’intemporalité
I.1.3 Fabliau et nouvelle : du temps fictif à la proclamation du temps réel.
I.1.3.1 Une même matière « corporelle »
I.1.3.2 Le présent du corps
I.1.3.3 De l’atemporalité à l’ancrage temporel

I.2 Une nouveauté


I.2.1 Etymologie
I.2.1.1 Nouveau/Nouvelle
I.2.1.2 Un pacte de lecture
I.2.1.3 Unicité et répétition du même
I.2.2 La filiation littéraire ou l’appropriation ludique
I.2.2.1 Un illustre prédécesseur : Boccace
I.2.2.2 La citation intertextuelle
I.2.2.3 Filiations réelles et présumées : recréations et récréations
I.2.3 Du nouveau si nouveau ? La dialectique récent-ancien
I.2.3.1 La « fresche mémoire »
I.2.3.2 Génération et régénération
I.2.3.3 Temps nouveau, forme nouvelle

Juin 2000 17 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

I.3 L’adventure
I.3.1 La stratégie de l’inattendu
I.3.1.1 L’adventure ou le point de bascule.
I.3.1.2 Typologie de l’adventure
I.3.1.3 L’arroseur arrosé
I.3.2 La chronologie de l’histoire
I.3.2.1 Histoire et histoire
I.3.2.2 « Nagueres » et « ne ...gueres » : l’imparfait imparfait
I.3.2.3 « Tanstost » et « encores » : le passé pas si simple
I.3.3 Temps nocturne et temps diurne
I.3.3.1 Temps diurne
I.3.3.2 Temps nocturne
I.3.3.3 La mixité du temps de la nouvelle

Nelly LABERE 18 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

I.1 Un héritage littér aire

Sur le plan de la forme et du contenu, le genre de la nouvelle dispose


d’un éventail particulièrement large de possibilités [...]. La diversité des
formes de la nouvelle s’explique historiquement par la multiplicité des
genres narratifs, notamment au Moyen Age romain, mais aussi de
l’Orient et de l’Antiquité [...]. Il faut mentionner surtout l’exemplum, le
fabliau, la légende, le miracle, le lai, la vida, la nova provençale, la
littérature narrative occidentale, Apulée, les contes milésiens, le
Novellino, les histoires locales florentines et enfin diverses formes de la
casuistique amoureuse du Moyen Age ainsi que la matière de Bretagne.
En raison de cette polygénèse, la richesse des formes caractérise donc la
nouvelle dès l’origine et de ce seul fait, il nous semble bien difficile de
réduire l’essence du genre à une formule ou de lui imposer le carcan
d’une définition.11

S’intéresser à l’héritage littéraire de la nouvelle permet donc de comprendre


comment celle-ci s’inscrit dans une temporalité passée dont elle croise cependant
les fils dans sa propre inscription dans le présent. La nouvelle est une reprise des
matériaux précédents mais est encore, au-delà, un travail de régénération de ces
matériaux par une forme nouvelle. Les Cent Nouvelles Nouvelles sont au fondement
de cette nouvelle esthétique et proposent reprise et variation à partir des autres
formes brèves en cours aux XIIe et XIIIe siècles. Si la théorie d’un genre ne peut se
réaliser que sous la forme de l’histoire des genres, il s’agit ici de considérer son
développement en fonction d’autres genres concurrents. La diversité caractérisant la
nouvelle et ce, dès son origine, l’analyse d’autres formes littéraires telles que le
fabliau, le lai, l’exemplum12, permettent de mieux comprendre le travail de filiation
à l’œuvre dans la nouvelle. Si la floraison de la nouvelle se produit quelques cent
trente ans après la disparition du fabliau, du lai, et de l’exemplum, il y a néanmoins,
du côté du contenu, continuité – transformée et modifiée, mais réelle : thèmes, types
de thèmes, principes narratologiques régissant l’emploi des situations et des
personnages. Il nous apparaît qu’une véritable histoire du genre n’est possible que si
l’on tient compte non seulement de l’évolution littéraire mais encore des

11
Hans-Jörg Neuschäfer, Boccacio und der Beginn der Novelle, Strukturen der Kurzerzählung auf
der Schwelle zwischen Mittelalter und Neuzeit, Munich, 1969, p.104.
12
On pourra étendre, lors d’une thèse, notre analyse aux vidas, novas... afin de proposer une vision
plus complète des filiations de la nouvelle.

Juin 2000 19 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

changements survenus dans les influences extra-littéraires et que si l’on est disposé
à considérer le développement du genre en fonction d’autres genres concurrents.
Mais à cet effet, il faut revenir tout d’abord sur les véritables débuts de la nouvelle.
Nous ne nous interrogerons pas ici sur l’« essence » de la nouvelle mais sur ce qui
la distingue à l’origine d’autres formes narratives coexistantes ; il s’agit donc de
rechercher les traits qui ont permis à la nouvelle de se constituer en genre en
s’opposant aux genres concurrents antérieurs. L’analyse du fonctionnement
temporel à l’œuvre dans ces autres formes médiévales brèves permettra de saisir les
implications mais aussi les variations qui fondent la nouvelle. Ainsi, exemplum,
fabliau et lai ont en commun avec la nouvelle des matériaux analogues mais ce qui
diffère réside dans un point primordial : l’exploitation et l’investissement du temps.

I.1.1 Exemplum et nouve lle : un investissement du temps qui


diffère

L’exemplum articule, comme son onomastique le suggère, la question de


l’exemplarité. En effet, l’exemplum est un récit bref, donné comme véridique, et
destiné à être inséré dans un discours (en général un sermon) pour convaincre un
auditoire en vue d’une leçon salutaire. Les sources en sont la rhétorique et
l’apologétique chrétienne. Ce sont des récits-témoins appelant à une lecture
généralisante. Au lieu du général, la nouvelle souligne, au contraire, le particulier.
Le cas type est remplacé par le cas d’espèce caractérisé par des circonstances
particulières. La règle, le principe et la loi cèdent la place à l’irrégulier, à
l’exception, voire à l’événement inouï. Le destin et la providence sont relayés par le
hasard et la fortune. La nécessité est supplantée par la liberté : c’est-à-dire les
protagonistes ne sont plus les simples représentants d’un sens préétabli et
incontestable, mais ils doivent s’affirmer par eux-mêmes et jouissent d’une
autonomie insoupçonnée jusqu’alors. Au lieu d’une solution ou d’une véritable
conclusion, nous rencontrons souvent dans la nouvelle un résidu insoluble ou une
fin en suspens. Et enfin, la nouvelle ne confirme pas, par principe, un ordre des
choses ou une norme ; au contraire, elle les remet précisément en question dans
nombre de « cas ». Si dans l’exemplum, l’événement était définitif, s’il contenait
déjà un jugement irrécusable sur l’ordre des choses qu’il créait, la nouvelle ne croit
plus que l’événement en lui-même contienne déjà un sens transcendant. C’est

Nelly LABERE 20 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

pourquoi, ce qui diffère entre l’exemplum et le fabliau, ce ne sont pas les matériaux
employés mais la question du rapport au temps. Ainsi, exemplum et nouvelle ont
deux façons différentes d’appréhender la temporalité ; dans l’exemplum, il s’agit de
faire fructifier le temps de la lecture pour qu’il ait une emprise sur le temps humain
afin de le relier avec le temps divin. Dans la nouvelle, il s’agit de jouir du temps de
la lecture sans le projeter vers un temps futur (à court terme, l’expérience humaine,
à long terme l’au-delà). Le temps de la lecture y est donc linéaire et ancré dans le
présent du « passe-temps ». A l’efficacité de l’exemplum qui vise le temps divin,
s’oppose l’oisiveté de la nouvelle qui tend vers l’instant, le moment présent. De fait,
les implications narratives divergent sur la question de la finalité mais aussi de la
résolution du sens : à la différence de l’exemplum, la visée de la nouvelle n’est pas
ouvertement l’édification. En effet, dans les nouvelles des Cent Nouvelles
Nouvelles, le rôle du narrateur diffère puisque ce n’est pas à lui qu’incombe la
résolution du sens. C’est au lecteur que revient la fonction de clôturer le sens de la
nouvelle. Au contraire, l’exemplum n’utilise pas la même stratégie narrative. En
effet, dans l’exemplum, tout est mis en œuvre pour que le récit conduise à
l’exemplarité et à la morale qui en découle. Dès lors, s’il peut être établi un
parallèle entre la nouvelle et l’exemplum, c’est davantage au niveau de leur matière
que de leur stratégie énonciative. C’est à ces conclusions que nous parviendrons
dans une analyse détaillée de certaines des nouvelles (nouvelle V, XXVI, LII...) des
Cent Nouvelles Nouvelles en étudiant les matériaux analogues dont tous deux
nourrissent leurs récits, récits divergeant sur la question temporelle et sur la visée
énonciative.

I.1.2 Le lai et la nouvelle

C’est encore par le biais de la temporalité que nous questionnerons les rapports
qu’entretient la nouvelle avec cet autre genre bref qu’est le lai. Nous analyserons
ainsi les parallélismes entre cette forme et certaines des nouvelles des Cent
Nouvelles Nouvelles autour de la question de la mise en scène d’un univers courtois
où naît « ceste entiere, leale et parfaicte amour »13 menacé par des « maudictz et

13
Cent Nouvelles Nouvelles, N. XXVI, p.163, l. 20 à 21.

Juin 2000 21 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

detestables envieux »14. Cette comparaison nous permet de mettre en évidence un


des critères distinctifs qui est celui de la temporalité. En effet, à la différence du lai,
la nouvelle ne s’ouvre pas sur la perspective d’un ailleurs (le lieu féerique, la mort,
la réconciliation d’un amour impossible avec un espace privilégié) ; elle se clôt, au
contraire, dans la résolution de la clausule qui propose un retour à l’ordre dans la
société même qui avait provoqué la rupture. A travers ces rapports divergents au
réel se joue toute une conception de la temporalité qui oscille entre brièveté
temporelle pour la nouvelle et intemporalité conciliatrice pour le lai.

I.1.3 Fabliau et nouvelle : du temps fictif à la proclamation du


temps réel.

Il n’y a personne qui n’ait manqué de faire l’analogie entre les Cent Nouvelles
Nouvelles et certains recueils de fabliaux. Déjà, Pierre Jourda, dans ses Conteurs
français du XVIe siècle15, s’employait à relever dans ses notes les possibles échos
entre certaines nouvelles et des fabliaux édités dans Contes et Fabliaux. Ainsi,
établissait-il des résonances entre le fabliau du Meunier d’Arleux et la nouvelle huit,
le fabliau de la Dame et le Curé et la nouvelle dix-huit, le Vair palefroi et la
nouvelle trente et un, le Clerc qui se cache derrière un coffre et la nouvelle trente-
quatre ainsi que La Dame qui fit croire à son mari qu’il avait rêvé avec la nouvelle
trente-neuf. Cependant, ces analogies ont été jusqu’à présent peu travaillées et se
sont résumées, le plus souvent, à de simples renvois thématiques. Reste que
l’analyse comparatiste offre un des moyens de cerner les enjeux de la nouvelle et de
sa filiation littéraire. Elle permet ainsi de voir les fluctuations et les modifications
apportées par la nouvelle au canevas du fabliau même si elle conserve de ce « genre
moribond » une même préoccupation pour le corps.

I.1.3.1 Une même matière « corp orelle »

Florissant et s’épanouissant aux XIIIe et XIVe siècles, le fabliau est un genre


difficile à définir autrement que par son caractère bref, son ton généralement

14
Op. cit., p. 164, v. 35 à 36.
15
Conteurs français du XVIe siècle, éd. Pierre Jourda, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de la
Pléiade, 1965, 1470 p.

Nelly LABERE 22 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

comique et grivois et son personnel littéraire16 : le prêtre ou le moine paillard,


l’entremetteuse, le paysan qui triomphe du chevalier ou du prêtre stupide ou
inversement, la jeune et jolie femme volage qui trompe son (vieux) mari, etc. La
nouvelle ne rompt pas avec ces critères constitutifs du genre et s’inscrit donc dans
cette filiation générique qu’elle réactive par l’emploi renouvelé de ces catégories.
Du fabliau à la nouvelle, il semble que la rupture temporelle de la fin du XIVe et du
début XVe ait été abolie dans une continuité narrative. La filiation et le rapport au
temps se joueraient alors dans une forme de contiguïté en refusant toute distance au
profit de l’ellipse. Le recueil des Cent Nouvelles Nouvelles travaille sur des schémas
narratifs figurant dans des fabliaux parfois antérieurs de deux siècles en reprenant
fidèlement les mêmes canevas et des personnages analogues. Une étude comparée
de certaines nouvelles se nourrissant de la matière corporelle de fabliaux permet de
mieux cerner les enjeux de l’imitatio. C’est le cas tout d’abord dans la première
nouvelle qui tisse des analogies avec le fabliau Les deus changeors ; tous deux ont
en commun le motif de la tromperie du mari par l’amant voisin ou collègue qui
consiste à laisser apparaître le corps de la femme adultère en prenant bien soin de
cacher le visage :

Mes bien a point son vis li cuevre [...]


Mes cil remoustre tout a tire
Piez et jambes, cuisses et flans,
Les hanches et les costez blans,
Les mains, les braz et les mameles,
Qu’ele avoit serrees et beles,
Le blanc col et la blanche gorge. 17

Le bourgois fut content que luy montrast a descouvert le derriere de sa


femme, les rains et les cuisses, qui blanches et grosses estoient et le
surplus bel et honneste, sans rien descouvrir ne veoir du visage.18

Même si le fabliau offre une rallonge par rapport au schéma initial de la duperie
(trois semaines plus tard, la femme va, en retour, jouer un tour à l’amant : elle
l’oblige à prendre un bain avec elle et lorsque son mari arrive, elle l’invite lui aussi
à la rejoindre, menaçant ainsi l’amant d’être démasqué, puis sauve la situation in-

16
Voir à ce sujet l’excellente étude de Phillipe Ménard, Les fabliaux : contes à rire du Moyen Age,
Paris, Presses Universitaires de France, 1983, 252 p.
17
Nouveau recueil complet des fabliaux, éd. Willem Noomen et Nico Van Den Boogaard,
Assen/Maastricht, Van Gorcum, 1983-1993, t. V, texte critique des « Deus Changeors », p. 276, v.80
à 99.
18
Cent Nouvelles Nouvelles, N. I, p. 26, l. 113 à 117.

Juin 2000 23 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

extremis), certains éléments font encore la liaison entre les deux récits. C’est le cas,
par exemple, du motif littéralement transvasé de la cuve qui figure, là encore, dans
la nouvelle à l’occasion des ébats festifs entre la femme et son amant.
On observe la même technique d’équivalence dans la nouvelle vingt-trois, même si
elle opère une subtile variation avec le fabliau intitulé Celui qui bota la pierre19 par
le renouvellement de l’objet suscitant « l’adventure ». Le schéma narratif est
relativement linéaire dans la fabliau : un prêtre entre chez un de ses paroissiens à un
moment où seule la femme de celui-ci est à la maison ; voyant que la dame heurte
du pied une pierre, il lui dit d’arrêter, sinon il la possédera (v. 1-24). Pour elle, c’est
un motif de continuer, ce qui a pour effet que le prêtre exécute sa menace ; un jeune
enfant est cependant témoin de la scène (v. 25-41). Au bout de quelques temps, le
maître de maison entre et, apercevant la pierre, veut l’écarter, mais l’enfant le met
en garde en évoquant le traitement qu’a subi sa mère. Le mari comprend ce qui s’est
passé et se promet de se venger un jour ou l’autre (v. 42-53). La nouvelle vingt-six
des Cent Nouvelles Nouvelles repose sur la même structure d’interdit sexuel
volontairement bafoué et observé par un petit enfant. Seule différence : c’est un
jeune clerc qui fixe à la craie une ligne sur le sol pour interdire à la femme de son
maître de le déranger, puisqu’elle l’empêchait de travailler en « le boutant du coste
en escripvant, [...] luy ruant des pierrettes qui brouilloient ce qu’il faisoit, et luy
failloit recommancer, [...] luy ostant papier et parchemin, tant qu’il failloit qu’il
cessast l’euvre, dont estoit tresmal content, doubtant le courroux de son maistre »20.
Là encore, les conséquences de la rupture de l’interdit sont similaires : l’homme va
« punir » sexuellement la femme sous le regard de l’enfant.
Le fabliau intitulé Connebert, écrit par Gautier le Leu au XIIIe siècle, met lui aussi
en place un interdit lié au corps et stigmatise les conséquences de sa transgression
par l’émasculation. Ainsi, Richard, prêtre de la ville de Colchester, trompe les
bourgeois de la ville en ayant des rapports sexuels avec leurs femmes. L’un d’entre
eux, le forgeron Thiebaut, décide de le punir en lui clouant le scrotum sur un étau ;
il lui délie les mains, laisse un rasoir à sa portée et met le feu à la forge. Afin de ne
pas périr dans les flammes, le prêtre est obligé de se libérer en s’émasculant. C’est
l’onomastique référentielle d’un des personnages de la nouvelle soixante-quatre des

19
Nouveau recueil complet des fabliaux, t. VI, texte critique « Celui qui bota la pierre », p. 140 à
144.
20
Cent Nouvelles Nouvelles, N. XXIII, p. 150 à 151, l. 19 à 26.

Nelly LABERE 24 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Cent Nouvelles Nouvelles qui permet de faire clairement le lien avec Connebert ;
Trenchecouille, « lequel se mesle de tailler gens, d’arracher dens, et d’un grand tas
d’aultres brouilleries »21, est le personnage qui dédouble celui du prêtre afin
d’accomplir l’émasculation. Ainsi, il s’agit d’un même « maistre curé qui faisoit
rage de confesser ses parrochiennes »22 auquel un « parrochien » va jouer un bon
tour ; invitant Trenchecouille à venir dîner, il va en profiter pour lui demander de
« desgarnir » le prêtre. Ici donc, ce n’est pas le prêtre menacé qui va s’auto-mutiler
mais c’est à un second personnage que revient la fonction d’accomplir la vengeance
par l’ablation des organes sexuels. Cependant, du fabliau à la nouvelle, la continuité
narrative est préservée par le motif de la vengeance par émasculation à la suite de la
tromperie d’un prêtre. Ce qui est engagé ici est donc le corps dans sa fragmentation
et sa possibilité de substitution au corps d’un autre. S’il s’agit pour l’amant de
prendre la place du mari, d’autres transmutations symboliques sont encore à
l’œuvre. C’est le cas dans la nouvelle trente-huit qui combine l’argumentaire de
deux fabliaux : Les Perdris23 et Les Tresces24. Elle met en scène la ruse d’une
femme qui, pour échapper à la correction de son mari, demande à sa voisine de
prendre sa place dans le lit conjugal. De retour au logis et face au mari furieux, elle
prétexte que ce dernier a fait un rêve dans lequel il la battait mais que tout n’était
que songe puisque les draps sont propres et que son dos est vierge de tous coups. Le
corps de l’amie s’est donc substitué ici au corps de la femme volage pour échapper
à la vengeance maritale. Même stratégie dans Les Tresses où l’on assiste à une
substitution du corps identique puisqu’une femme demande à une amie, moyennant
finances, de prendre sa place aux côtés de son époux ; la conséquence est
pratiquement la même puisque le mari roue de coups la malheureuse et lui coupe
ses tresses. Par une seconde ruse, la femme parvient là encore à se disculper en
prouvant qu’elle possède encore ses tresses et que son corps n’est pas marqué de
coups. Dans cette transmutation des corps se joue donc la même problématique
dans le fabliau et dans la nouvelle qui placent au centre de leur récit cette matière
corporelle. Le corps, par son absence ou sa présence, par son marquage symbolique
ou physique, est ce qui suscite le discours, discours du narrateur mais aussi discours

21
Cent Nouvelles Nouvelles, N. LXIV, p. 402, l. 21 à 23.
22
Op. cit., l. 7 à 8.
23
Nouveau recueil complet des fabliaux, t. IV, « Les Perdris », p. 3 à 21.
24
Nouveau recueil complet des fabliaux, t. VI, « Les Tresces », p. 209 à 214.

Juin 2000 25 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

des personnages. Ainsi, dans Le Chevalier qui fist sa femme confesse25 et dans la
nouvelle soixante-dix-huit des Cent Nouvelles Nouvelles, il s’agit de la substitution
d’un corps à un autre (celui du mari à celui du curé) pour susciter la parole de la
femme :

« Dieus, penssa s’il, tant a esté


Ceste fame de grant bonté :
Ce savrai je, se Dieus m’aït,
S’ele est tant bone com l’en dit.
J’a n’i avra confession,
Par le cuer Dieu, se de moi non !
En leu de moine a li vendrai
Et sa confession orrai. »
En ce qu’en cest penssé estoit
Et devise qu’estre en porroit,
Chiés le prior en vint manois,
Qui fu preudom et mout cortois [...].
« Se voz dras noirs me presterez,
Ainz mienuit toz les ravrez ;
Et voz granz botes chaucerai,
Et je ma robe vous lerai.
Ceenz avez mon palefroi,
Et le vostre menrai o moi. »
Le moine tout li otria
Quanque il quist et demanda.26

Et s’avisa maistre mary, pour estre de l’estat de sa femme asseuré, qu’il


feroit tant avec son curé, qui son tresgrand amy estoit, que d’elle orroit
la devote confession, ce qu’il fist au moien du curé, qui son fait
conduisit. Car ung bien matin, en la bonne sepmaine que de son curé
pour soy confesser s’approucha, en une chapelle secrete devant il
l’envoya, et a son mary vint, qu’il adouba de son habit, et pour estre son
lieutenant l’envoya devers sa femme.27

Le corps est ainsi un enjeu fondamental dans la nouvelle mais aussi dans le fabliau
dans la mesure où il donne lieu à un système d’échanges et de substitutions pour
que la parole advienne. Il semble que cette technique de transmutations soit à
l’œuvre à un plan supérieur puisque métaphoriquement le corps de la nouvelle se
substitue à celui du fabliau. Tous deux partagent une même « matière corporelle »,
c’est à dire des matériaux narratifs analogues, qui placent au cœur de leur
problématique la question du corps réel ou substitué ; dès lors, du fabliau à la
nouvelle, ce qui se manifeste dans toute sa rémanence, c’est la figure corporelle.

25
Nouveau recueil complet des fabliaux, t. IV, « Le Chevalier qui fist sa femme confesse », p. 229 à
243.
26
Op. cit., « Texte critique », p. 238, v.39 à 78.
27
Cent Nouvelles Nouvelles, N. LXXVIII, p. 463 à 464, l. 81 à 90.

Nelly LABERE 26 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

I.1.3.2 Le présent du corps

Il apparaît donc, à la comparaison des fabliaux et de leurs reprises dans les Cent
Nouvelles Nouvelles, que se joue un même intérêt pour le corps. S’il s’agit de
matière corporelle dans le sens où la nouvelle semble se nourrir du corps, c’est à
dire de l’histoire du fabliau, il s’agit encore plus simplement d’un même recours à
des matériaux référant au « bas corporel ». Ainsi, la nouvelle serait-elle le lieu de la
mise en scène de la chair entretenant ainsi des liens thématiques étroits avec le
fabliau.
La représentation littéraire du corps se pose en effet avec une acuité particulière
dans les fabliaux, où ses multiples satisfactions (manger et boire, faire l’amour...)
comme ses innombrables misères (brutaliser, battre, violer...) fournissent l’arsenal
argumentaire et dissimulent des enjeux qu’ils partagent avec la nouvelle. La
représentation du corps dans les fabliaux, morcelée, dramatisée, obéit aux lois qui
régissent le genre bref : économie, brièveté, dynamisme ; elle relève en outre des
procédés de la caricature (grossissement, systématisation, outrance), conformément
à la finalité comique de ces « contes à rire ». Jouer par le corps : cette formule
résume peut-être le fonctionnement essentiel des fabliaux. Grâce au corps, ces récits
de fiction rappellent ou appellent sans cesse à l’existence d’une forme de
représentation qui, toujours virtuelle, constituerait la source de leur théâtralité. Le
corps accomplit, par sa représentation littéraire, la jonction, la symbiose entre le
texte narratif et la représentation scénique virtuelle, en filigrane, dont quelques
traces affleurent : c’est à dire que le corps est au cœur du fonctionnement de ces
récits. Quelques principes régissent sa représentation ; il s’agit tout d’abord de la
focalisation interne qui, intégrée à un contexte qui lui confère sa signification,
dynamise en retour le récit du narrateur auquel il appartient. Un corps en
mouvement dont la gestuelle le voue à une approche dramatisée et offre au récit sa
propre dynamisation et sa propre structuration en est sa seconde modalité. Enfin,
d’une manière générale, le détail corporel est valorisé parce qu’il est représentatif
de l’ensemble du corps : toute représentation exhaustive est ainsi économiquement
éludée au profit d’approches sélectives, fragmentées, métonymiques : le corps, dans
le fabliau, est en morceaux.
C’est à ces quelques règles rudimentaires que semble répondre la nouvelle dans sa
représentation du corps. En effet, elle travaille, elle aussi, la représentation du corps

Juin 2000 27 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

en mouvement comme la modalité de la représentation de l’espace. Si celui-ci est si


peu décrit, c’est peut-être parce que le seul espace que la nouvelle veut réellement
mettre en place est celui du corps ; il propose en effet, par ses mouvements et ses
déplacements, des axes qui constituent des repères cardinaux. C’est le cas par
exemple dans la nouvelle vingt-six où le corps imprime à l’espace des frontières et
des démarcations : les incessants aller-retour de la femme dans l’espace de travail
du jeune clerc matérialisant le parcours métaphorique de la tentation et du désir, le
tracé de la craie par le clerc pour imprimer à l’espace une délimitation et un
interdit... Cette structuration de l’espace se fait structuration du récit par la
dynamique qu’elle lui imprime. Dès lors, le corps, aussi bien dans le fabliau que
dans la nouvelle, s’approprie l’espace textuel dans une référentialité symbolique.
C’est l’exemple que nous offre le fabliau Connebert28 ; dans ce fabliau, une femme
mariée affirme au prêtre, son amant, que son cœur et son corps lui appartiennent :
« mais li cus si est mon mari » (v. 178). Cette appartenance du « cul » au mari
permet au prêtre d’annoncer de façon imagée et ludique de nouvelles relations
adultères : « mais je lo li battrai sovant » (v. 182). L’enjeu du fabliau sera dès lors,
pour le mari désireux de se venger de cette double offense (l’adultère et la raillerie),
de supprimer la « coille » du prêtre pour libérer le « cul », c’est à dire lui-même des
vexations qu’il subit. Prenant ainsi au mot le système métaphorique fondé par les
amants (il a surpris leur conversation), il déclare au prêtre qu’il a capturé :

Mais vo coille qui maintes foiz


Me bat mon cul sor mon defoiz
En avra ja mal guerredon 29

Et lors de l’émasculation :

Adonc n’est or li cus vangiez,


Qui si a esté laidengiez ?30

Ainsi, la relation triangulaire, classique dans les fabliaux, reposant sur la femme, le
mari et l’amant, emprunte ici à l’image du coït une structuration métaphorique et
illustrative : l’amant est la « coille » qui dans l’adultère fait du tort au « cul » de la
dame, qui représente le mari. La mise en pratique de cette image obscène du corps

28
Nouveau recueil complet des fabliaux, t. VII, texte critique de « Connebert », p. 229 à 237.
29
Op. cit., v.210 à 212.
30
Op. cit., v.242 à 243.

Nelly LABERE 28 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

est à la source de bien des récits, dont elle fonctionne en quelque sorte comme la
matrice. Le corps, au centre du système textuel, suscite rires et commentaires
admiratifs auprès d’un groupe masculin très solidaire (narrateur/auteur/conteur,
protagonistes, auditoire). S’il est le repère spatial qui structure le récit, le code
symbolique qui fait sens, il est aussi et surtout la figuration du temps
« physiologique » : le présent. En effet, le corps, dans la nouvelle et le fabliau, est
réduit au présent de la consommation (consommation alimentaire, sexuelle...). Il
engage alors la lecture temporelle vers un aspect tensif et sécant du procès, où
l’événement, observé de l’intérieur et tendu de son point de départ à son terme, est
en cours d’accomplissement sans que ses limites extérieures ne soient prises en
compte. Conçu par l’énonciateur comme frontière entre le passé et l’avenir, le
présent est propre à intégrer des procès situés en deçà ou au-delà ; cette prise en
charge autorise parfois un décalage de l’ensemble du système temporel, créant
l’illusion d’une descente du passé vers le présent, ou d’une remontée de l’avenir
vers le présent. Le corrélat de ces emplois est que le corps, passé ou futur, est
toujours envisagé sous l’angle du présent de la consommation. Rendant moins
compte du temps précis de l’événement que de celui de sa prise en charge par
l’énonciateur, le présent est toujours celui de la référence à un corps qui ne cesse
d’investir le temps de ses envies et de ses désirs. Il est la manifestation de la
suprématie corporelle comme emprise sur l’espace et le temps. Si le corps montré,
loué et célébré dans la nouvelle et le fabliau renvoie à un présent dévorateur
gouverné par l’envie et le désir, il apparaît cependant que ses manifestations
différent dans son rapport au marquage temporel. De l’atemporalité à l’ancrage
narratif, le corps engage la réflexion vers un questionnement du réel.

I.1.3.3 De l’atemporalité à l’anc rage temporel

Pour comprendre la relation à la réalité ou tout du moins à la mise en scène des


effets de réel, le questionnement du rapport à la temporalité du fabliau et de la
nouvelle apparaît comme la voie la plus objective de comparaison. Le célèbre
fabliau anonyme, L’enfant qui fu remis au soleil31, peut ainsi être mis en parallèle
avec la nouvelle dix-neuf des Cent Nouvelles Nouvelles afin de mesurer le degré

31
Nouveau recueil complet des fabliaux, t.V, texte critique de « L’enfant qui fu remis au soleil », p.
218 à 221.

Juin 2000 29 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

d’ancrage temporel du fabliau comme de la nouvelle. Qu’apprenons-nous lors d’une


étude comparée des deux incipit ?
Le marquage temporel dans le fabliau est assez sommaire ; il repose sur la mention
de quatre adverbes de temps renvoyant à l’indéfini (« jadis », v. 1 ; « souvant », v. 4
et 7 ; « un jour », v. 8) et d’un décompte d’années (« bien demoura trois ans
entiers », v. 11) :

Jadis estoit uns marcheans


Qui n’estoit mie mescheans,
Ne de gaaingnier esbahis ;
Souvant aloit par le païs
Pour ses denrees enploier :
De son avoir monteploier
Ne fu pas souvant a sejour.
De sa femme se part un jour
Pour aller en marcheandise ;
Einsis con li contes devise,
Bien demoura trois ans entiers.32

Le terme de « jadis » ouvre ainsi le fabliau, premier mot du texte qui situe d’emblée
le récit dans un espace temporel lointain, non déterminé, et dont les repères sont
dénués de fixité ; le « trois ans » ne recouvre ainsi pas une durée non équivoque
mais renvoie au contraire à un système temporel reposant sur l’approximation. Au
contraire, la nouvelle dix-neuf semble travailler l’ancrage temporel de façon
détaillée en le liant à une caractérisation spatiale et sociale :

Ardent desir de veoir pays, savoir et congnoistre pluseurs experiences


qui par le monde universel journellement adviennent, nagueres si fort
eschaufa l’atrempré cueur et vertueux courage d’un bon et riche
marchant de Londres en Angleterre, qu’il abandonna sa belle et bonne
femme et sa belle maignye d’enfans, parens, amis, heritages, et la
pluspart de sa chevance. Et se partit de son royaulme assez et bien
fourny d’argent content de tres grande abundance de marchandises dont
le païs d’Angleterre peut les autres servir, comme d’estains, de riz, et
foison d’aultres choses que pour bref je passe. En ce son premier voyage
vaca le bon marchant l’espace de cinq ans, pendant lequel temps sa
bonne femme garda tresbien son corps, fist le prouffit de pluseurs
marchandises, et tant et si tresbien le fist que son mary au bout desdiz
cinq ans retourné, beaucop la loa et plus que paravant l’ama. Le cuer
ausit marchant, non encores content, tant d’avoir veu et cogneu pluseurs
choses estranges et merveilleuses, comme d’avoir gaigné largement, le
feist arriere sur la mer bouter cinq ou six mois puis son retour ; et s’en
reva a l’adventure en estrange terre tant de Chrestians que de Sarrazins,
et ne demoura pas si peu que les dix ans ne furent passez ains que sa
femme le revist.Trop bien luy rescripvoit assez souvent, a celle fin

32
Op. cit., v.1 à 11.

Nelly LABERE 30 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

qu’elle sceust qu’il estoit encores en vie. Elle, qui jeune estoit et en bon
point, et qui point n’avoit de faulte des biens de Dieu, fors seulement de
la presence de son mary, fut contraincte par son trop demourer de
prendre ung lieutenant, qui en peu d’heure luy fist ung tresbeau filz. Ce
filz fut elevé, nourry et conduit avec les aultres ses freres d’un costé. Et
au retour du marchant, mary de sa mere, avoit environ sept ans.33

Les termes que nous avons soulignés en gras réfèrent tous, dans cet incipit de la
nouvelle dix-neuf, à des marqueurs temporels qui sont aussi bien induits par le
temps des verbes, les adverbes ou les conjonctions que par le champ lexical. Ils
diffèrent tout d’abord de ceux du fabliau par leur plus grand nombre mais aussi par
leur plus grande précision ; en effet, il s’agit ici non pas d’un intervalle
approximatif de trois ans séparant le départ et le retour du marchand mais d’un
décompte précis de cinq ans ajoutés à cinq ou six mois et à dix ans. Le temps
semble donc se dilater dans la nouvelle pour atteindre à l’histoire d’une vie dont la
linéarité est interrompue par un événement imprévu : la naissance d’un fils
illégitime. Contrairement au fabliau, la nouvelle explicite longuement les raisons
pour lesquelles la femme trompe son mari ; et ces motifs sont tout simplement
temporels. En effet, la nouvelle dix-neuf met en adéquation la jeunesse de la femme
avec la durée de sa séparation d’avec son mari ; dès lors, seul le temps paraît
légitimer et expliquer les raisons de l’adultère puisque la femme est littéralement
contrainte à prendre un amant. Et c’est encore avec des arguments temporels que la
femme va expliquer à son mari les conditions mystérieuses de la procréation de
l’enfant :

- Il a dix ans que je party et cest enfant se monstre de sept : comment


doncques pourroit il estre mien ? L’ariez vous plus porté que ung
aultre ? [...]
- Si je l’ay plus porté qu’un aultre, il n’est rien que j’en sache. Et si
vous ne le me feistes au partir, je ne sçay moy penser dont il peut estre
venu, sinon que, assez tost après vostre partement, ung jour j’estoie par
ung matin en nostre grand jardin ou, tout a coup, me vint ung soudain
appetit de menger une fuille d’oseille qui pour l’heure de adonc estoit
couverte et soubz la neige tappie [...]. Et ne l’eu pas si tost avalée que
ne me sentisse en trestout tel estat que je me suis trouvée quand mes
aultres enfans ay porté. De fait, a chef de terme, je vous ay fait ce
tresbeau filz.34

33
Cent Nouvelles Nouvelles, N. XIX, p. 126 à 127, l. 5 à 39.
34
Op. cit., p. 128, l. 60 à 78. Nous tenons à souligner ici que la mise en gras de certains termes
relève d’un choix personnel pour opérer une mise en valeur et faciliter la lecture. Il en sera de même
pour toutes les autres occurrences.

Juin 2000 31 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

En effet, le mari s’interroge sur l’inadéquation temporelle entre la date de son


départ (il y a dix ans), l’âge de l’enfant (autour de sept ans) et l’intervalle de temps
séparant la conception de la parturition (en général, neuf mois). Sa femme, face à
l’impossibilité de justifier cette inadéquation, lui propose une fable qu’elle fonde
sur la référence à un temps de l’immédiateté, de l’instant. L’alternance
imparfait/passé-simple ainsi que les multiples marqueurs temporels « tout à coup,
soudain » créent la mythologie d’un enfantement miraculeux, aussi féerique pour la
mère (l’instantanéité de l’enfantement en témoignant) que pour le père qui doit se
rendre à l’évidence de la réalité concrète du présent de l’indicatif : « je vous ay fait
ce tresbeau filz ». Le fabliau travaille, quant à lui, tout à fait différemment cette
scène dans la mesure où il rejette tout ancrage temporel destiné à attester cette
histoire, quelque peu surprenante, par des effets de réel :

Sire, ce dist la marcheande,


Une fois m’estoie apuiee
Lassus, a la haute puiee,
Mont dolente et mout esplouree
Pour la vostre grant demouree,
Dont g’estoie en grant desconfort.
Yvers fu, si negoit mout fort.
Et je, qui pas ne me gardoie,
Amont vers le ciel esgardoie :
Par pechié reçui en ma bouche
Un poi de noif, qui tant fu douce
Que ce bel enfant en conçui
D’un seul petit que j’en reçui :
Einsis m’avint con je vous di.35

Dès lors, deux stratégies différentes s’élaborent du fabliau à la nouvelle ; d’un côté,
le marquage temporel contribue aux effets de réel et vise à crédibiliser, à justifier et
à authentifier ce qui est de l’ordre de l’irréel. C’est la stratégie de la nouvelle. De
l’autre, le fabliau va rechercher davantage une attestation temporelle floue et
s’inscrit ici dans l’ordre de la fable (avec qui il partage son étymologie). L’épilogue
s’inscrit encore dans cette stratégie temporelle ; alors que « l’enfes ot quinze ans
passés »36 dans le fabliau et que dix ans se sont écoulés dans la nouvelle, le père
décide de l’amener avec lui dans un nouveau voyage. Après de nombreux périples,
le père retourne au logis, seul. Voici ce qu’il explique à sa femme éplorée :

35
Nouveau recueil complet des fabliaux, t.V, texte critique de « L’enfant qui fu remis au soleil », p.
218 à 219, v. 24 à 37.
36
Op. cit., p. 219, v. 53.

Nelly LABERE 32 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Par un chaut jour ou tans d’esté


- Ja estoit passés miedis –
Lors erriemes moi et mon fis
Par un haut mont, qui tant fu haut
Que li solaus ardent et chaut
Sor nous ardamment descendi.
Sa clarté trop chier nous vendi,
Car vo fil remestre couvint
De l’ardeur qui dou solau vint.
Par ce sai bien et m’apersoif
Que nostre fius fu fais de noif,
Et pour ce pas ne me merveil
S’il est remés au chaut soleil.37

Fortune de mer par force nous mena en ung païs ou il faisoit si chault
que nous cuidions tous morir par la grand ardeur du soleil qui sur nous
ses raids espandoit. Et comme ung jour nous estions sailliz de nostre
nave, pour faire en terre chascun une fosse pour nous tappir pour le
soleil, nostre bon filz, qui de neige, comme sçavez, estoit, en nostre
presence, sur le gravier, par la force du soleil, fut tout a coup fondu et en
eaue resolu. Et n’eussiez pas dit unes sept seaulmes que nous ne
trouvasmes plus rien de luy. Tout aussi a haste qu’il vint au monde,
aussi soudainement en est party.38

Ces deux épilogues travaillent à la même résolution de l’événement mais les écarts
qui existent entre eux sont réels et significatifs ; en effet, le fabliau met l’accent sur
le moment de la journée pendant lequel l’action se déroule : c’est aux alentours de
midi ; ceci a des conséquences sur la « fonte » de l’enfant puisque c’est à ce
moment là que le soleil est le plus haut, donc le plus fort. Le détail temporel ne vise
pas ici à des effets de réel mais à la création d’une logique interne pour justifier
l’événement. Le parallélisme n’est pas respecté dans les Cent Nouvelles Nouvelles
qui s’emploient davantage à insister sur une intensité solaire due à une situation
géographique ; les effets de réel de la nouvelle dix-neuf sont donc accentués par une
référence à l’espace. Cependant, ce qui est notable, c’est que le personnage insiste
sur la rapidité avec laquelle l’enfant a fondu au soleil (moins de « sept seaulmes »,
« soudainement ») et cette vélocité de l’action fait écho avec la scène initiale de
l’enfantement de la femme. D’ailleurs, le système d’équivalences est nettement
établi dans la dernière phrase qui, par son parallélisme, contribue au bouclage de la
nouvelle. Ainsi, l’explication maritale fait-elle retour sur celle de la femme dans la
nouvelle, tout comme le fait, à sa manière, le fabliau. En effet, l’exposition du
fabliau reposait sur le conte que la femme construit autour de la conception de

37
Op. cit, p. 221, v. 120 à 132.
38
Cent Nouvelles Nouvelles, N. XIX, p. 130, l. 124 à 136.

Juin 2000 33 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

l’enfant ; si les marqueurs temporels avaient relativement peu d’importance, le


narrateur travaillait au contraire sur la topique hivernale. Dès lors, le « tans d’esté »
de l’apologue s’oppose ici avec le « tans d’yvers » en annulant symboliquement le
cycle de la nature et matériellement ce qu’elle a produit : l’enfant. Cependant, si les
deux récits travaillent à la même clôture, la nouvelle insiste quant à elle davantage
sur les raisons fondant l’épilogue :

[Le mari] ne fut pas si beste, affin qu’il n’eust plus de charge de l’enfant
de sa femme et d’un aultre, et que après sa mort ne succedast a ses
biens, comme ung de ses aultres enfans, qu’il ne le vendist a bon
deniers, contens pour en faire ung esclave. Et pource qu’il estoit jeune et
puissant, il en eust près de cent ducatz.39

Le motif qui justifie la vente du fils illégitime est avant tout temporel : le père
s’inscrit dans une temporalité bornée où il envisage sa mort comme moteur de la
spoliation des biens de ses enfants légitimes. La finitude du mari est ainsi mise en
parallèle avec la longévité du fils, le narrateur insistant sur sa jeunesse en terme de
valeur. Cette mention psychologique, absente du fabliau, marque ici la présence
d’une logique interne au récit qui repose, encore une fois, sur la temporalité. La
nouvelle s’attache donc davantage à insérer dans sa narration des effets de réel à
l’opposé du fabliau qui entre en collision avec le champ sémantique de « fable »
comme « récit imaginaire ». Dès lors, c’est par la temporalité que nous pouvons
tenter de cerner les parallélismes et les écarts du fabliau et de la nouvelle ; le même
canevas, à l’image de L’enfant qui fu remis au soleil, voit alors son sens infléchi par
les modalités narratives dont il est investi. Temps du réel ou temps de « l’histoire
inventée », la nouvelle et le fabliau sont les deux versions d’un rapport à la réalité
qui diffère. Du XIIIe au XVe siècle, le récit diverge sans pour autant s’éloigner
d’une matrice populaire commune. C’est en quoi les Cent Nouvelles Nouvelles se
présentent comme une nouveauté. Si le fabliau est une narration qui ne trouve sa
légitimité nulle part en dehors d’elle et où seule compte la substance du récit, la
nouvelle affirme au contraire la nécessité d’un ancrage temporel très fort. C’est
celui d’un temps présent, celui d’un temps nouveau, qu’il faut dire et redire aussi
bien dans la matière et la forme, que dans la terminologie.

39
Op. cit., l. 109 à 115.

Nelly LABERE 34 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

I.2 Une nouveauté

I.2.1 Etymologie

I.2.1.1 Nouveau/Nouvelle

Le terme de « nouvelle » apparaît pour la première fois autour des années 1050, soit
près de 400 ans avant le premier recueil français qui choisit cette terminologie pour
identifier sa production littéraire. « Nouvelle » est issu du latin tardif novella, lui
même formé sur le latin novellus (jeune, récent), diminutif de novus (neuf) ; dans
les années 745, le terme de novella est employé tout d’abord avec le sens de « jeune
pousse, jeune plant » et renvoie à la terre récemment mise en valeur. Il véhicule
alors le sémantisme de nouveauté présent aux origines mêmes de sa formation mais
s’accompagne aussi d’une référence agraire fort utilisée pour caractériser l’activité
poétique. En effet, c’est Chrétien de Troyes qui est l’un des premiers à l’employer
métaphoriquement afin de désigner, dans son prologue, sa vision de la création
littéraire :
Qui petit seme petit quialt,
Et qui auques recoillir vialt,
An tel leu sa semance espande
Que fruit a cent dobles li rande,
Car an terre qui rien ne vaut
Bone semance i seche et faut.
Crestïens seme et fet semance
D’un romans que il ancomance,
Et si le seme an si bon leu
Qu’il ne puet estre sanz grant preu40

Ces premiers vers de Chrétien de Troyes visent la métaphore agraire comme


étroitement liée à la production poétique ; l’auteur est un semeur de mots et l’œuvre
est le fruit de son labeur. Cette analogie n’est pas seulement du fait de l’auteur de
Perceval ou le Conte du Graal puisque, comme l’a brillamment montré Jacqueline
Cerquiglini-Toulet41, elle va littéralement fleurir et ensemencer la littérature ; le
semeur du XIIe-XIIIe siècle va rapidement devenir le glaneur du XIVe-XVe siècle

40
Prologue de Chrétien de Troyes de « Perceval ou le Conte du Graal », in Œuvres complètes, Paris,
Gallimard, NRF, Bibliothèque de la Pléiade, 1994, 1531 p., p. 685, v. 1 à 10.
41
Jacqueline Cerquiglini-Toulet, « La Tristesse du déjà-dit », in La Couleur de la mélancolie. La
fréquentation des livres au XIVe siècle, 1300-1415, Paris, Hatier, coll. Brèves, 1993, 186 p.

Juin 2000 35 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

pour dire la difficulté du renouvellement de la matière. Dès lors, dans cette fin du
Moyen Age, l’activité poétique se perçoit dans cette litanie du déjà dit, constat
douloureux de venir après, qui s’élabore à travers cette figure du glanage et de la
moisson que l’on pille. Les Cent Nouvelles Nouvelles s’inscrivent, de par leur date
de composition, dans ce XVe siècle qui a le sentiment profond de vivre une crise de
la matière littéraire ; cependant, elles ne travaillent pas cette métaphore du glanage
et font au contraire, par le sens étymologique du mot « nouvelle », retour sur le faste
créateur des débuts. En s’attachant à déployer le terme de « nouvelle », elles
réactivent le sens premier du mot et sèment une nouvelle pousse sur le terrain
stérile, faute d’avoir trop donné, de la matière littéraire. Elles font ainsi acte de
renouveau, voire de nouveauté et projettent la fertilité à venir. Ce jeune plant que
l’auteur des Cent Nouvelles Nouvelles met en terre textuelle, ce sont les événements
arrivés récemment et dont la nouvelle va être chargée de récolter et transplanter
dans le domaine littéraire ; ainsi, le glissement de la pousse à la collecte va s’opérer
dans le sémantisme même du terme de « nouvelle » qui, à partir du XIe siècle, va
désigner « l’annonce d’une chose arrivée récemment ». Les Cent Nouvelles
Nouvelles travaillent à cette acception du terme puisqu’elles l’emploient en contexte
à plusieurs reprises pour signifier l’apparition de la chose ou de l’événement dans
un temps proche, récent. C’est le cas dans l’incipit de la nouvelle vingt :

Il n’est pas chose nouvelle que en la conté de Champaigne a tousjours


eu bon [a] recouvrer de foison de gens lourds en la taille, combien qu’il
sembleroit assez estrange a pluseurs, pourtant qu’ilz sont si près voisins
a ceulx du mal engin. Assez et largement d’ystoires a ce propos pourroit
on mettre avant conformant la bestise des Champenois. Mais, quant au
present, celle qui s’ensuyt pourra souffire.42

Autre emploi dans les nouvelles cinquante et cinquante-six où le terme de


« nouvelle » désigne contextuellement la relation des faits qui viennent ou vont se
dérouler ; le terme de « nouvelle » joue alors avec les limites de la prolepse et de
l’analepse pour rendre compte de l’événement saisi dans un petit espace temporel
centré sur le présent de l’histoire narrée :

42
Cent Nouvelles Nouvelles, N. XX, p. 131, l. 4 à 12.

Nelly LABERE 36 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Et puis son partement jusques a son retour, oncques son pere ne sa mere
n’en eurent une seule nouvelle : si penserent pluseurs foiz qu’il fust
mort.43

Et avoit ceste damoiselle une chambriere, qui estoit secretaire de leur


fait, et portoit souvent nouvelles au curé et l’advisoit du lieu et de
l’heure pour comparoir seurement vers sa maistresse.44

Cependant, du sens « d’événement récent, extraordinaire, surprenant » on passe


rapidement au sens de « relation de cet événement », tout d’abord relation orale
avec la rumeur publique mais aussi relation écrite de cet événement avec
l’élaboration d’une forme adaptée à sa matière : la nouvelle. C’est pourquoi, dans
les Cent Nouvelles Nouvelles, plusieurs emplois du terme de « nouvelle » ont une
acception floue car renvoyant en même temps à l’événement récent mais aussi à la
relation de cet événement dans une forme littéraire particulière :

Jasoit que es nouvelles desusdictes les noms de ceulx et celles a qui


elles ont touché et touchent ne soient mis n’escripz, si me donne mon
appetit grand vouloir de nommer, en ma petite ratelée, le conte
Walerant, en son temps conte de Saint Pol, et appelé le beau conte.45

Vous orrez en bref, s’il vous plaist, en la deduction de ceste nouvelle, la


chose de quoy j’entens amplier et accroistre sa treseureuse renommée.46

Assez et souvent se recontrerent depuis en la fasson dessusdicte, sans


qu’il en fust nouvelle47

D’autres emplois radicalisent ce troisième sens du terme et soulignent l’importance


accordée au récit, à la relation concernant un événement présenté comme réel et
récent :

Se au temps du tresrenommé et eloquent Boccace l’adventure dont je


vueil fournir ma nouvelle fust advenue et a son audience ou
cognoissance parvenue, [...]48

43
Op. cit., N. L, p. 324, l. 10 à 12.
44
Op. cit., N. LVI, p. 352, l. 11 à 20.
45
Op. cit., N. XXIV, p. 154, l. 4 à 9.
46
Op. cit., N. XXXIV, p. 241, l. 9 à 10.
47
Op. cit., N. XLI, p. 280, l. 99 à 100.
48
Op. cit., N. XXVIII, p. 191, l. 5 à 7.

Juin 2000 37 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

L’on m’a pluseurs foiz dit et compté par gens dignes de foy ung bien
gracieux cas dont je fourniray une petite nouvelle, sans y descroistre ne
adjouter aultre chose que servant au propos.49

En une gente petite ville cy entour, que je ne veil pas nommer, est
nagueres advenue adventure dont je fourniray une petite nouvelle.50

Le rapport entre la nouveauté et la nouvelle joue alors à plein sur le plan du contenu
du récit mais aussi de la forme, ainsi que les nouvelles suivantes le matérialisent
étroitement. La fraîcheur et la nouveauté du « cas » advenu conditionne la forme
d’un genre qui se doit lui aussi d’être nouveau, voire novateur :

La chose est si fresche et si nouvellement advenue dont je vueil fournir


ma nouvelle51

Je vous racompteray en bref une adventure nouvelle par laquelle l’on


me tiendra pour acquitté d’avoir fourny la nouvelle dont j’ay nagueres
esté sommé.52

Ainsi, le terme de nouvelle, spéculairement utilisé à l’intérieur des récits des Cent
Nouvelles Nouvelles, est un objet mouvant et kaléidoscopique qui dit la nouveauté
dont il est issu ; nouveauté du renouvellement de la matière dans le champ littéraire,
nouveauté des événements survenus dans un espace temporel proche du narrateur,
nouveauté enfin d’une forme qui s’adapte pleinement à son objet pour dire la
naissance et la fertilité. Cette polyphonie du terme de « nouvelle » témoigne du haut
pouvoir de réflexivité dont elle se pare : contenant et contenu se modelant dans un
même espace de résonance.

I.2.1.2 Un pacte de lecture

Cette adéquation entre matière nouvelle et genre nouveau prend tout son sens dans
un pacte de lecture qui s’attache à cerner les enjeux de cette tension créatrice ;
celui-ci se met en place aux marges du recueil, dans la dédicace, mais son caractère
détaché lui confère un poids métadiscursif de l’ordre de l’art poétique. En effet,
l’auteur des Cent Nouvelles Nouvelles définit dans sa dédicace le projet créatif qui
l’anime et qui va être au fondement de la mise en pratique proposée par les

49
Op. cit., N. LXXVI, p. 454, l. 4 à 7.
50
Op. cit., N. LXXXVIII, p. 507, l. 4 à 7.
51
Op. cit., N. XXV, p. 159, l. 4 à 5.
52
Op. cit., N. XXXII, p. 215, l. 7 à 10.

Nelly LABERE 38 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

nouvelles. Il s’agit, pour lui, de reprendre à son compte la forme choisie par
Boccace dans les Cent Nouvelles et de la réactualiser par une matière nouvelle.
Cette forme est alors une recréation, les matériaux dont elle se nourrit lui imprimant
leur nouveauté. Tout à la fois le même mais aussi autre, les Cent Nouvelles
Nouvelles sont, aux dires de leur auteur, un renouvellement du genre par un recours
à l’actualité ; « genre pressé », car se nourrissant presque compulsivement du
présent, la nouvelle est de l’ordre de l’actualisation de l’espace, mais aussi et
surtout du temps :

Et se peut intituler le livre de Cent Nouvelles nouvelles. Et pource que


les cas descriptz et racomptez ou dit livres de Cent Nouvelles advindrent
la pluspart es marches et metes d’Ytalie, ja long temps a, neantmains
toutesfoiz, portant et retenant nom de Nouvelles, se peut tresbien et par
raison fondée en assez apparente vértité ce present livre intituler de Cent
Nouvelles nouvelles, jasoit que advenues soient es parties de France,
d’Alemaigne, d’Angleterre, de Haynau, de Brabant et aultres lieux ;
aussi pource que l’estoffe, taille et fasson d’icelles est d’assez fresche
memoire et de myne beaucop nouvelle.53

Matériau qu’est l’« estoffe », mise en récit qu’est « la myne », la classique


opposition du fond et de la forme se retrouve ici dans une dialectique fondée sur la
« fresche memoire » et sur la chose « nouvelle ». Réinvesti par cette dynamique
temporelle, cet art poétique projette, pour ligne d’horizon, une nouveauté
constitutive et nutritive. Il s’agit de donner à lire des événements survenus depuis
peu et dans une forme neuve car réactualisée ; ce pacte de lecture initial trouve des
échos dans tout le reste de l’œuvre puisque les différents narrateurs, relais du
rédacteur de la dédicace, vont reprendre à leur compte ce programme narratif et
l’imprimer dans leurs récits. Proximités spatiale mais surtout temporelle vont être à
l’œuvre dans les nouvelles qui travaillent les enjeux de familiarité et de
contemporanéité. Le « present livre » se veut avant tout livre du présent. La parole
du narrateur de la dédicace se fait performative pour transmettre ce « hic et nunc » à
l’ensemble du recueil. Dès lors, toutes les nouvelles du recueil vont être chargées de
transmettre ce « n’a pas long temps », en témoignage de ce caractère récent des
aventures narrées :

Ce n’est pas chose pou accoustumée, especialement en ce royaume, que


les belles dames et damoiselles se treuvent voluntiers et souvent en la
compaignie des gentilz compaignons. Et a l’occasion des bons et joyeux

53
Op. cit., Dédicace au Duc de Bourgogne, p. 22, l. 18 à 29.

Juin 2000 39 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

passetemps qu’elles ont avec eulx, les gracieuses et doulces requeste


qu’ilz leurs font ne sont pas si difficiles à impetrer. A ce propos n’a pas
long temps que ung tresgentil homme qu’on peut mectre ou reng et du
compte des princes, dont je laisse mon nom en ma plume, se trouva tant
en la grace d’une tresbelle damoiselle qui mariée estoit, [...] laquelle luy
voult de fait monstrer le bien qu’elle luy vouloit.54

Autre façon d’attester la nouveauté de l’histoire et donc son cadre fictionnel : le


recours au « peu de temps » :

En la bonne ville de Rouen, puis peu de temps en ça, ung jeune homme
print a mariage une tendre jeune fille, aagée de XV ans ou environ.55

Si ce court laps de temps séparant l’événement d’avec son récit est ici renforcé par
la jeunesse de la protagoniste, jeune pousse comme la nouvelle, d’autres techniques
sont encore utilisées par les narrateurs pour souligner la nouveauté ; c’est le cas par
exemple du décompte qui renvoie à une temporalité beaucoup plus identifiable :

Es marches de Picardie, ou diocese de T[h]eroenne, avoit puis an et


demy en ça, ou environ, ung gentil curé demourant a la bonne ville, qui
faisoit du gorgias tout oultre.56

Le temps désigné par la nouvelle est donc celui de la proximité, de la quasi


contemporanéité, ce qui contribue à rendre l’histoire familière. L’intérêt du
singulier tient alors à celui du pluriel : la nouvelle, par la nouveauté de ses
matériaux et de sa forme, fournit des nouvelles ; elle offre les signes d’une
information même si celle-ci s’inscrit dans la fictionnalité. Le pacte de lecture
énoncé dans la dédicace et matérialisé dans les nouvelles fonctionne à plein
puisqu’il proclame sans cesse son caractère novateur et son ancrage dans le présent.

I.2.1.3 Unicité et répétition du m ême

Cependant, cette volonté affichée de nouveauté, autant du point de vue de la matière


que de la forme, peut cependant sembler suspecte ; l’excès masquant souvent le
défaut, la nouvelle peut vouloir dissimuler derrière cette nouveauté une véritable
absence de novation. Cette faille est déjà elle-même véhiculée par le vocable de
nouvelle, étroitement lié à l’adjectif « nouveau » ; en effet, l’adjectif « nouveau »
contraste entre l’idée d’unicité (ce qui est premier, original) et celle de répétition (ce

54
Op. cit., N. XXVII, p. 182, l. 4 à 18.
55
Op. cit., N. LXXXVI, p. 496, l. 5 à 7.
56
Op. cit., N. XCIV, p. 530, l. 3 à 5.

Nelly LABERE 40 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

qui est repris, imité). A l’œuvre dans les nouvelles, cette tension est matérialisée par
tous les termes de reprise, de redoublement ; répétition de l’action comme dans la
nouvelle quatorze où l’ermite se rend par trois fois auprès de la vieille mère pour se
livrer à une Annonciation chaque fois différente mais tendant toujours à l’unicité
d’une même finalité : avoir dans ses bras la jeune fille convoitée ; répétition encore
par les termes à préfixes signifiant le redoublement, la reprise d’un même geste ou
d’une même situation : « rehouser » (N. XXIV, l. 139), « rehucher » (N. LXXXII, l.
45), « rehurter » (N. XXIX, l. 47), « remirer » (N. XXXVI, l. 76), « remparer » (N.
XXXVIII, l. 142), « rencharge » (N. IV, l. 114), « rencheoir » (N. LII, l. 195... Dans
les Cent Nouvelles Nouvelles, tout tend au « rafreschissement » (N. XLVII, l. 50),
c’est à dire au renouvellement, à la reprise, à l’imitation, tout en faisant acte original
et originel. La nouveauté tant proclamée par la nouvelle serait alors cette tension
entre un modèle auquel on réfère et un renouvellement auquel on aspire ; ces deux
pôles inclusifs dessinent le parcours métaphorique de ce nouveau genre saisi dans sa
dualité constitutive. La nouvelle s’inscrit en effet entre deux temporalités : le passé
de la répétition imitative et le futur de la novation originale. C’est de ces deux
aspirations que surgit la vigueur générique, sans cesse à la recherche d’un rapport
d’équilibre entre ces postulations. Ainsi, le rapport nouveau/nouvelle encode la
manière dont un texte affiche sa singularité et ce qu’il invente par rapport à un
temps passé dont il tire ses racines. Ce passé est celui de l’inscription dans une
filiation littéraire dans laquelle la nouvelle se reconnaît dans son rapport imitatif
mais qu’elle rejette dans une unicité sans cesse soulignée.

I.2.2 La filiation littéraire o u l’appropriation ludique

I.2.2.1 Un illustre prédécesseur : Boccace

Nous savons que la bibliothèque de Philippe de Bourgogne contenait un exemplaire


du Décameron de Boccace ; il est donc probable que l’auteur des Cent Nouvelles
Nouvelles ait pu consulter ou avoir en sa possession l’œuvre de Boccace en se
fondant sur le relevé des fonds du patrimoine littéraire de la cour de Bourgogne.
Cependant, une attestation plus directe nous permet de relier étroitement les deux
ouvrages : l’auteur des Cent Nouvelles Nouvelles va se référer à cet illustre
prédécesseur qu’est Boccace par la référence au titre de son œuvre majeure, les

Juin 2000 41 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

Cent Nouvelles. De titre en titre, la filiation présumée va se faire filiation


proclamée, la reprise quasi intégrale devenant ainsi le signe visible de l’attestation
intertextuelle. Les Cent Nouvelles sont alors, de fait, l’acte fondateur qui certifie et
atteste l’émergence de cette nouvelle forme qu’est la nouvelle et qui, par la
référence textuelle, acquiert symboliquement le rôle de patente. Le titre des Cent
Nouvelles Nouvelles invite à une lecture des signes explicite puisqu’il intègre
morphologiquement et syntaxiquement la référence aux Cent Nouvelles : le titre,
donné dans la préface et portique de l’œuvre, propose alors une lecture croisée de
ces deux temporalités à l’œuvre en jouant à la fois sur la filiation et sur la
nouveauté. En effet, en inscrivant son œuvre dans cette filiation, l’auteur des Cent
Nouvelles Nouvelles réduit ainsi l’espace de temps qui sépare les deux productions
romanesques ; la référence à Boccace constitue donc un court-circuit temporel
puisqu’elle permet de rapprocher deux temporalités hétérogènes que les Cent
Nouvelles Nouvelles vont lier et concentrer. Cette filiation, l’auteur des Cent
Nouvelles Nouvelles ne va pas se contenter de la signaler dans le titre de son œuvre,
mais il va encore la proclamer dès la dédicace à Philippe de Bourgogne ;
inaugurale, cette mention se fait alors chapiteau et portique dans un pacte
d’ouverture temporelle avec le lecteur. En effet, référer à Boccace, c’est déjà au
XVe siècle se placer sous l’égide patronymique du grand auteur et s’inscrire dans
son sillage ; mais c’est aussi réclamer ce droit à la différence et à la nouveauté en se
démarquant d’une paternité du genre trop pesante. C’est ce qu’exprime en substance
l’auteur des Cent Nouvelles Nouvelles dans sa dédicace :

Je, vostre tresobeissant serviteur [...] ose et presume ce present petit


œuvre, a vostre requeste et advertissement mis en terme et sur piez, vous
presenter et offrir ; suppliant treshumblement que agreablement soit
receu, qui en soy contient et traicte cent histoires assez semblables en
matere, sans attaindre le subtil et tresorné langage du livre de Cent
Nouvelles. [...] Les cas descriptz et racomptez ou dit livres de Cent
Nouvelles advindrent la pluspart es marches et metes d’Ytalie, ja long
temps.57

Ici, ce qui offre le point de départ à la rédaction des Cent Nouvelles Nouvelles, c’est
donc bien l’inscription dans un passé littéraire glorieux que l’on veut réitérer par
une œuvre à la fois semblable mais aussi radicalement différente. Mais ce qui
intéresse essentiellement l’auteur des Cent Nouvelles Nouvelles c’est moins la

57
Op. cit., Dédicace au duc de Bourgogne, p. 22, l. 8 à 21.

Nelly LABERE 42 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

question de l’auteur que celle de l’œuvre ; en effet, nulle part dans la dédicace n’est
fait mention du nom de Boccace. Ce choix auctorial délibéré témoigne de
l’importance accordée à la production littéraire en tant que telle et surtout de la
volonté d’insister sur cette forme naissante qu’est la nouvelle. Le temps humain du
grand homme est donc évacué au profit de l’intemporalité de l’œuvre ; l’auteur lui-
même des Cent Nouvelles Nouvelles s’efface derrière sa production en restant dans
un anonymat qu’il est probable d’imaginer désiré dans cette deuxième moitié du
XVe siècle. Il faut ainsi attendre la nouvelle vingt-huit pour qu’apparaisse enfin cet
hapax qu’est le nom de Boccace :

Se au temps du tresnommé et eloquent Boccace l’adventure dont je veil


fournir ma nouvelle fust advenue et a son audience ou cognoissance
parvenue, je ne doubte point qu’il ne l’eust adjoustée et mise ou reng du
compte des nobles hommes mal fortunez.58

Cependant, il est capital de remarquer que l’on insiste ici non pas sur l’auteur des
Cent Nouvelles mais sur la temporalité bornée et finie de sa production ; le temps de
l’écriture et le temps du récit participent donc d’une même mise en débat puisqu’il
s’agit désormais pour l’auteur des Cent Nouvelles Nouvelles de narrer des histoires
susceptibles de pouvoir avoir la même tonalité que celles de Boccace mais
témoignant cependant d’une nouveauté constitutive. Ce rapport au « maître de la
nouvelle » est contenu dans le qualificatif « tresnommé » qui engage deux types de
rapports complémentaires puisque désignant tout d’abord de manière emphatique la
renommé du personnage mais encodant aussi une lecture temporelle puisque
jusqu’au XVe siècle le préfixe « très » ne fonctionne pas seulement comme un
intensif mais aussi comme une préposition spatiale signifiant « derrière » et prenant
les nuances temporelles voisines de « dès, depuis ». Boccace apparaît alors, dans les
Cent Nouvelles Nouvelles, comme source et origine de ce nouveau genre en cours
d’élaboration ; cependant, qui dit création et naissance implique dérivation et
variation. Les Cent Nouvelles Nouvelles travaillent ainsi un rapport à la filiation
paternelle de manière référentielle : elles s’inscrivent dans le sillage et sous la
protection de l’œuvre boccacienne mais ne sont pas pour autant des réminiscences
imitatives. Elles jouent en effet avec le marquage narratif du maître sans que celles-
ci se départent de leur caractère ludique pour faire sens ; la situation géographique

58
Op. cit., N. XXVIII, l. 5 à 8.

Juin 2000 43 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

et événementielle de la nouvelle cinquante-cinq témoigne de ce jeu sur la référence


mais n’implique pas une imitatio filiale :

L’année du pardon de Romme nagueres passé estoit ou Daulphiné la


pestilence si grande et si horrible que la pluspart des gens de bien
habandonnerent le païs.

Les temps ont changé. On ne fuit plus le pays, les devisants se sont effacés et on
n’écrit plus de récit cadre. Seule reste la référence ludique et l’inscription en
filigrane d’une autre histoire à lire dans le livre d’un autre. Cette altérité est celle
qui se donne dans toute sa complexité puisqu’elle est à la fois présence et absence ;
elle est l’œuvre source et fondatrice à laquelle on se réfère dans le parcours
architectural du livre : du titre à la dédicace, tous les signes invitent le lecteur à
entrer dans un parcours du sens dont la clef serait sous le signe de l’autorité
auctoriale. Cependant l’appropriation ne se fait que de manière ludique dans la
mesure où les Cent Nouvelles Nouvelles ne travaillent pas la même matière que les
Cent Nouvelles et où la construction du recueil ne se donne pas selon les mêmes
modalités. Seule reste la permanence du titre et du nom de l’auteur du recueil visé ;
par un système de prismes et d’emboîtement successifs ceux-ci vont être déclinés
du titre à la dédicace jusqu’aux nouvelles.
La référence à Boccace est, dès sa première mention, placée sous le signe du
paradoxe : elle flèche le parcours du sens mais imprime dans le même mouvement
une lecture déceptive. Elle authentifie, garantit et crée une ligne d’attente que le
traitement va démentir ; la filiation est effective mais limitée à un jeu sur le temps.
Il ne s’agit plus de cent nouvelles mais de cent nouvelles nouvelles ; le
prolongement du titre est mimétique du projet esthétique de l’auteur : il s’agit à la
fois du même et de l’autre puisque les Cent Nouvelles Nouvelles prolongent le
mouvement de création de la nouvelle principalement initié par Boccace ; mais la
différence réside dans cette nouveauté de la variation et de la dérivation que
cristallise le nouveau titre emblématique. Dès lors, la véritable filiation ne se limite
pas seulement au jeu de la référence déceptive ; elle s’intègre dans un mouvement
plus général où l’œuvre passée est réactivée dans la formation du nouveau récit,
autant de filiations réelles et présumées.

Nelly LABERE 44 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

I.2.2.2 La citation intertextuelle

Ces filiations réelles et présumées consistent tout d’abord à la référence


intertextuelle fonctionnant sur le même mode que la caution boccacienne. En effet,
la nouvelle trente-sept, s’ouvre sur la mention d’auteurs et de titres faisant référence
à d’autres œuvres littéraires :

Les histoires anciennes comme Matheolet, Juvenal, les Quinze Joyes de


mariage, et aultres pluseurs dont je scay le compte, font mencion de
diverses trompreies, cauteles, abusions et decptions en cest estat
advenues, notre jaloux les avoit toujours entre ses mains, et n’en estoit
pas mains assotté qu’un follastre de sa massue.

A l’inverse de l’attestation boccacienne, le narrateur va avoir ici recours non pas à


l’œuvre mais à son auteur, à l’exception justifiée des Quinze Joyes de mariage qui
sont anonymes59. Cette caution a ici la même fonctionnalité que celle analysée
précédemment ; cependant, une différence est signifiante : il s’agit pour la nouvelle
trente-sept d’une mise en abîme puisque le narrateur rend ici compte des lectures
préventives du jaloux. Il s’agit donc d’une subtile technique d’imbrication puisque
la référence intertextuelle, mise en abîme, est intégrée dans un jeu spéculaire de
diffraction du sens. Celle-ci agit alors sur deux niveaux ; elle encode la lecture de
l’œuvre vers des résonances et des filiations littéraires qui lui donnent du sens et
font œuvre de caution mais elle fonctionne aussi, à l’intérieur du texte, dans une
double tension : à la fois comme garant du niveau culturel et social du personnage
qu’elle hausse au niveau des lettrés dignes de considération et comme indice minant
de l’intérieur les prétentions et les précautions de l’honnête homme qui n’est au
bout du compte qu’un jaloux. Dès lors, la référence intertextuelle permet de jouer
de l’ironie et du discrédit jeté au personnage qui se trouve pour ainsi dire « gonflé »
par ses lectures puis dans le même mouvement complètement déconsidéré. Mais
elle peut aussi toucher les références elles-mêmes dans un mouvement auto-
réflexif ; en effet, les lectures n’ont pas servi à protéger le jaloux et ce, malgré le
réservoir d’exemples et de mises en garde qu’elles pouvaient lui fournir. La
nouvelle proclamerait là encore son absence d’exemplarité en soulignant son
caractère premier : le désir ludique.

59
A ce propos, il est intéressant de noter que les Cent Nouvelles Nouvelles ont permis de mieux
définir la date de publication des Quinze Joie de mariage puisque ces dernières sont forcément
antérieures à la date de composition des Cent Nouvelles Nouvelles.

Juin 2000 45 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

I.2.2.3 Filiations réelles et présu mées : recréations et récréations

C’est sur ce plaisir de la référence ludique que se fondent les autres types
d’attestation. Ils reposent en effet sur la reprise de schémas, de canevas ou bien
d’exemples provenant d’autres œuvres du patrimoine soit antique, soit italien. Pour
les sources antiques, il s’agit d’une brève allusion dans la nouvelle vingt-six (l. 144-
145) à l’ouvrage d’Ovide intitulé De remediis Amoris ; cette référence fonctionne
ici en creux, sur le mode de l’allusion et ne constitue pas l’essentiel du travail
d’analogie auquel se livrent les narrateurs des Cent Nouvelles Nouvelles. En effet,
l’essentiel de ce jeu de filiation repose sur le recours à des sources italiennes, signe
évident de la circulation européenne des récits et de la volonté affichée de désigner
l’Italie comme l’origine, le creuset et la source de ce nouveau genre en cours
d’élaboration qu’est la nouvelle. Ainsi, on relève dès la première nouvelle une
reprise ludique du titre de l’ouvrage de Jacques de Voragine, La légende dorée :

Sans faire semblant de le croire, elle recommence sa grande légende


dorée, luy mettant sus qu’il venait de la taverne et des estuves et des
lieux deshonnestes et dissoluz60.

Si cette référence à l’auteur génois reste un hapax, les multiples références à Pogge
et à Boccace constituent au contraire une source évidente d’inspiration. Aussi la
reprise thématique de certains récits figurant dans les Facéties sont autant d’appels
à une lecture transversale et croisée. C’est le cas pour la troisième nouvelle qui fait
retour sur le conte Talio, pour la huitième reprenant le Repensa merces, la nouvelle
onze établissant des analogies avec la célèbre histoire de l’anneau de Hans Carvel
figurant dans l’ Annulus, la nouvelle douze renvoyant à l’ Asinus perditus tout
comme la numéro vingt à Priapi vis, la cinquante à Justa Excusatio, la soixante-
seize à Priapus in laqueo, la soixante-dix-neuf à Circulator, la quatre-vingt à l’
Aselli priapus, la quatre-vingt-onze au Novum supplicii genus, la quatre-vingt-treize
au Quomodo calceis peccatur, la quatre-vingt-quinze au Digiti tumor, la quatre-
vingt-seize au Canis testamentum et enfin la quatre-vingt-dix-neuf au Sacerdotii
virtus. L’autre ouvrage majeur au fondement des références des Cent Nouvelles
Nouvelles est le Décaméron de Boccace puisque la neuvième, dixième,
quatorzième, seizième, dix-huitième et soixante-dix-huitième nouvelle font

60
Cent Nouvelles Nouvelles, N. I, p. 29, l. 197 à 200.

Nelly LABERE 46 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

respectivement retour ou effet d’échos sur le Décameron VIII(4), VII(6), IV(2),


VII(6), VIII(2), VII(5). Quant à la nouvelle vingt-huit (l. 14), elle vise un autre livre
de Boccace, le De casibus virorum illustrium, dont il existait déjà des traductions
françaises et de très nombreux manuscrits. Enfin, la troisième et dernière source
déterminante des Cent Nouvelles Nouvelles est le recueil de nouvelles de Sacchetti
puisque la nouvelle cinquante-deux des Cent Nouvelles Nouvelles fait écho à la
nouvelle seize et que la nouvelle neuf rappelle encore la nouvelle deux cent six.
Ainsi, il apparaît que les Cent Nouvelles Nouvelles travaillent tout un jeu d’échos et
de reprises à partir d’œuvre italiennes. Modèles, canevas ou supports appelant à la
variation, ces œuvres participent d’une entreprise d’attestation ou de filiation qui
peut se faire sur le mode de l’appropriation, du détournement ou de la dérision. Dès
lors, ces filiations réelles ou présumées affirment le caractère ludique du projet des
Cent Nouvelles Nouvelles puisqu’il met en œuvre un jeu sur le temps ; c’est au
lecteur à se remémorer ces récits passés pour réactualiser leur souvenir par la
lecture des Cent Nouvelles Nouvelles. Ce n’est qu’alors qu’il peut apprécier ces
variations comme autant de parallélismes ou de contre-points, jamais imitations
mais toujours compositions. Du livre ancien au livre présent, le jeu sur le temps est
vivace pour interroger la nouveauté érigée en principe dans les Cent Nouvelles
Nouvelles. C’est pourquoi la dialectique récent-ancien est fondamentale afin de
comprendre les implications de cette nouveauté paradoxale.

I.2.3 Du nouveau si nouv eau ? La dialectique récent-ancien

I.2.3.1 La « fresche mémoire »

Si la dédicace au duc de Bourgogne mentionne comme préalable la nécessité pour


le texte que « l’estoffe, taille et fasson d’icelles [soit] d’assez fresche memoire et de
myne beaucop nouvelle »61, qu’en est-il concrètement au sein même des nouvelles ?
Comment ce travail d’actualisation est-il élaboré et matérialisé ? Dans quelle
mesure cette « fresche memoire » est-elle à l’œuvre dans les Cent Nouvelles
Nouvelles ?

61
Op. cit., Dédicace au duc de Bourgogne, p. 22, l. 27 à 29.

Juin 2000 47 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

Il n’est pas en effet innocent de s’interroger sur les rapports qu’entretiennent la


mémoire et l’événement narré. Ecrits de mémoire à la mémoire du duc de
Bourgogne ou tout simplement pour mémoire, les Cent Nouvelles Nouvelles sont-
elles uniquement un aide-mémoire utilitaire destiné à se remémorer des histoires
pour passer le temps ou un mémorial où l’auteur construit par ses nouvelles un
édifice du souvenir ? Ainsi, le chemin de l’ensemble de souvenirs au recueil de
souvenirs jusqu’au monument commémoratif n’est pas si linéaire ni rectiligne que
l’on pourrait le penser initialement. Interroger la mémoire, aussi « fresche » soit-
elle, c’est proposer un rapport au temps qui se donne de façon subtile car intégrant à
la fois des réminiscences personnelles et subjectives du narrateur et une réalité
complexe à saisir dans sa durée et son évolution. Cette intersubjectivité du rapport
au temps implique une inscription du narrateur dans la temporalité de l’événement
narré et désigne en creux un palimpseste de temporalités à l’œuvre dans le travail de
mémorisation et de remémoration.
Ce processus de mémoire passe par trois formes de transmission bien distinctes ;
c’est tout d’abord la référence à un événement qui s’est produit et auquel le
narrateur omniscient serait supposé avoir assisté. Dans ce cas, la fictionnalité
apparaît comme fonctionnant à plein dans la mesure où le narrateur, le plus souvent,
n’était pas présent dans le huis-clos dont il est question et où il ne témoigne pas de
la façon dont il a appris l’histoire. C’est la forme la plus représentée dans les Cent
Nouvelles Nouvelles ; elle se donne sans formule explicative et le lecteur, pris dans
la référentialité de l’histoire, ne doit pas chercher les sources de cette transmission.
Il s’agit dans ce cas d’une mémoire puisant dans un fond culturel, le plus souvent
oral, et qui retransmet l’information pour le plaisir du jeu littéraire. Le second mode
mémoriel s’apparente lui aussi à cet ancrage dans des matériaux communs même
s’il précise davantage sa référence ; c’est ainsi que l’histoire va être désignée
comme connue de tous car fondée sur une mémoire commune ; la singularité du
narrateur s’en dégage pour mettre en forme un épisode que les lecteurs ou auditeurs
ont partagé. C’est le cas par exemple de la nouvelle soixante-neuf qui affirme que
les événements qu’elle met en scène sont ancrés dans le souvenir des habitants de
Gand, des Flandres mais aussi et surtout de l’assemblée présente :

Il n’est pas seullement cogneu de ceulx de la ville de Gand, ou le cas


que j’ay a vous descripre n’a pas long temps advint, mais de la plus part
de ceulx de Flandres, et de vous qui estes cy presens, que [a] la bataille

Nelly LABERE 48 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

de Flandres qui fut entre le roy de Hongarie et monseigneur le duc Jehan


[...] pluseurs chevaliers et escuiers françois, flamens, alemans et picards
furent prisonniers [...].62

Cette forme mémorielle se rapproche de la commémoration puisque, comme dans


l’épopée, elle a pour objet de rassembler les souvenirs et de les magnifier par le
récit. Dès lors, il s’agit d’une mise en scène d’une mémoire collective de laquelle se
détache la voix du narrateur afin d’assurer le rôle de transmission et de célébration.
Cependant, l’attestation peut aussi se faire plus transparente en référant à la
retransmission, à la redite, à la répétition :

Ainsi que j’estoye n’a gueres en la conté de Flandres, en l’une des plus
grosses villes du pays, ung gentil compaignon me fist ung joyeux
compte d’un homme maryé, de qui la femme estoit tant luxurieuse et
chaulde sur potage et tant publicque, que a paine estoit elle contente
qu’on la cuignast en plaines rues avant qu’elle ne le fust.63

L’on m’a pluseurs foiz dit et compté par gens dignes de foy ung bien
gracieux cas dont je fourniray une petite nouvelle, sans y descroistre ne
adjouter aultre chose que servant au propos.64

« Gens dignes de foy » ou « gentil compagnon » se présentent comme les sources


de cette histoire contée et à re-conter ; la mémoire des uns agit alors sur la mémoire
des autres. La transmission se fait de façon indirecte, chaque narrateur inscrivant
dans son récit une autre histoire en puissance. Dès lors, la « fresche memoire » est à
saisir dans une double entente : nouveauté relative car inhérente à un parcours du
dire et du redire. Le second narrateur a, dès lors, pour tâche de rendre compte de la
mémoire du premier par sa propre réminiscence. Cet emboîtement confère au récit
profondeur temporelle et ambiguïté énonciative ; il permet d’inscrire en filigrane la
temporalité des uns dans la temporalité des autres en élaborant un système subtil
luttant contre l’oubli et la dispersion. La mémoire devient alors métonymiquement
ce « livre qu’on feuillette »65, aide-mémoire des souvenirs épars réunis, « recordés »
et assemblés dans un récit mémoriel et mémorial. Le livre permet donc la saisie des

62
Op. cit., N. LXIX, p. 422, l. 4 à 13.
63
Op. cit., N. XCI, p. 518, l. 4 à 10.
64
Op. cit., N. LXXVI, p. 454, l. 4 à 7.
65
Expression empruntée à Jacqueline Cerquiglini-Toulet dans son chapitre consacré à « La matière
des poètes », in La couleur de la mélancolie. La fréquentation des livres au XIVe siècle, 1300-1414,
Paris, Hatier, coll. Brèves, 1993, p. 126.

Juin 2000 49 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

souvenirs passés « couchés par escript » par la mémoire et la perspective de


perpétuation, ainsi que le signifie la nouvelle soixante-sept :

Ores a trois ans ou environ que une assez bonne adventure advint a ung
chaperon fourré de parlement de Paris. Et affin qu’il en soit memoire,
j’en fourniray ceste nouvelle [...].66

La mémoire est alors synonyme d’engendrement du futur par le passé ; réceptacle et


lieu clos, elle désigne à la fois l’ouverture et la fermeture d’un dire en prise avec le
temps, la survie programmée par l’activité de lecture qu’elle projette. Ainsi, la
mémoire des uns peut réactiver celle des autres et la prolonger par le texte qui
transcende le présent du narrateur ; elle suscite la participation des lecteurs qu’elle
invite à s’inscrire dans cette temporalité du souvenir, de la « remembrance », à
nourrir de leur propre expérience mémorielle pour la prolonger dans cet objet
plastique qu’est le livre :

Tanditz que les aultres penseront et a leur memoire remaindront aucuns


cas advenuz et perpetrez, habilles et suffisans d’estre adjoustez a
l’ystoire presente, je vous compteray, en brefz termes, en quelle façon
fut deceu le plus jaloux de cest royaume pour son temps.67

Si « n’a pas long temps que la memoire n’en soit fresche et presente a ceste
heure »68, c’est que le texte signifie le lien nouveau de la mémoire et du livre, qu’il
confronte la matrice du souvenir avec l’expérience du temps qui passe et qu’il
projette, par l’objet-livre, la possible réconciliation du temps avec un lieu matériel
qui lui est propre. Dès lors, l’objet visé dans cette saisie c’est l’homme. Dans cette
tension entre génération et régénération, ce sont les rapports entre expérience
humaine et genre nouveau qui sont désignés en creux.

I.2.3.2 Génération et régénératio n

C’est par son recours à des événements nouveaux, mais qui se sont déroulés il y a
trente ou soixante années auparavant, que la nouvelle peut être qualifiée de
« fresche memoire » ; le paradoxe d’une nouveauté déjà ancienne définit le rapport
subtil qu’établit la nouvelle entre génération et régénération. Il s’agit pour les
narrateurs de donner à voir des faits auxquels ils ont ou auraient pu assister, ou dont

66
Cent Nouvelles Nouvelles, N. LXVII, p. 414, l. 4 à 7.
67
Op. cit., N. XXXVII, p. 255, l. 4 à 9.
68
Op. cit., N. XV, p. 105, l. 6 à 7.

Nelly LABERE 50 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

une personne de leur entourage aurait pu témoigner. La nouvelle est alors une
œuvre de mémoire dans le sens où elle remonte jusqu’à ce qu’on en puisse parler ou
raconter, c’est à dire à la génération. Et c’est justement parce que les Cent Nouvelles
Nouvelles choisissent un référentiel nouveau, celui de la génération, qu’elles font
œuvre de régénération du genre. Ainsi, la temporalité désignée est tout d’abord celle
de la première génération, la période dans laquelle vit le narrateur et dont la
proximité avec le présent de narration est souligné :

Montbleru se trouva, environ deux ans a, a la foyre d’Envers, en la


compaignie de monseigneur d’Estampes [...].69

Ores a trois ans ou environ que une assez bonne adventure advint a ung
chaperon fourré de parlement de Paris.70

C’est la temporalité du « nostre temps », celui du narrateur et de ses lecteurs qui


partagent le même rapport référentiel à la génération :

En la ville de Bruxelles, ou maintes adventures sont en nostre temps


advenue, demouroit n’a pas long temps a l’ostel d’un marchant ung
jeune compaignon picard qui servit tresbien et loyaument son maistre
assez longue espace.71

A cette première strate temporelle se juxtapose une seconde période désignant la


génération passée, celle du père et de la mère, soit trente à soixante ans auparavant :

Je cogneuz au temps de ma verte et plus vertueuse jeunesse deux gentilz


hommes, beaulx compaignons, bien assoviz et adressez de tout ce qu’on
doit ou peut loer [en] ung gentil homme vertueux.72

La jeunesse du narrateur coïncide alors avec la génération précédant la sienne et


imprime à l’histoire racontée un rapport avec le temps qui n’est pas immédiat mais
de l’ordre du différé. Ainsi, cette deuxième génération est tout d’abord celle d’une
filiation puisqu’il s’agit de remonter à la temporalité du père, temps de la mémoire
encore « fresche » de la famille ou de la collectivité. Cependant, cette analepse peut
encore effectuer une régression temporelle encore plus significative lorsqu’il s’agit
de la temporalité du troisième degré d’ascendance et de filiation ; elle est
mentionnée par la reprise de la même figure syntaxique et sémantique du « n’a pas

69
Op. cit., N. LXIII, p. 396, l. 4 à 6.
70
Op. cit., N. LXVII, p. 414, l. 4 à 6.
71
Op. cit., N. VIII, p. 68, l. 4 à 8.
72
Op. cit., N. LVIII, p. 362, l. 4 à 7.

Juin 2000 51 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

cent ans » qui renvoie, à la fois au temps des aïeux et donc de la mémoire filiale,
mais aussi à la perfection numéraire de la centaine :

N’a pas cent ans d’huy que ung gentilhomme de ce royaume voulut
savoir et esprouver l’aise qu’on a en mariage.73

Depuis cent ans de ça ou environ, es marches de France, est advenu en


une bonne paroisse, une joyeuse adventure que je mettray ycy pour
croistre mon nombre, et pource qu’elle est digne d’estre ou reng des
aultres.74

Au gent et plantureux païs de Hollande avoit, n’a pas cent ans, ung
gentil chevalier logé en ung bel et bon hostel ou il y avoit une tresbelle
jeune chambriere servant, de laquelle tresamoureux estoit.75

Cette insistance sur le « cent » témoigne d’un intérêt porté par la nouvelle à la
notion de siècle, période parfaite et bornée qui renvoie à une époque délimitée dans
l’espace et le temps. Elle désigne encore la génération humaine du grand-père
régénérée par le fils et le petit-fils ; c’est à dire la perfection du ternaire (3x33ans)
hissée à la hauteur du « cent », partie qui forme un tout dans le tout. Mais cette
référence a encore d’autres implications puisqu’elle renvoie au titre même des Cent
Nouvelles Nouvelles. « Cent » donc de la perfection numérique dans cette
architecture complexe qu’est le livre, « nombre d’or » de la littérature narrative qui
dit à la fois le plaisir de l’abondance mais aussi celui de l’ordre. « Cent » de la
reprise du titre de Boccace, les Cent Nouvelles. « Cent » du nombre d’années qui
sépare la publication en 1352 des Cent Nouvelles et des Cent Nouvelles Nouvelles
autour de 145676. « Cent » symbolisant la filiation du grand père Boccace au petit-

73
Op. cit., N. XXIX, p. 197, l. 4 à 6.
74
Op. cit., N. LXXXV, p. 492, l. 5 à 9.
75
Op. cit., N. LXXXVII, p. 502, l. 5 à 8.
76
A ce titre, le débat autour de l’année de rédaction des Cent Nouvelles Nouvelles est fort
intéressant. En effet, le rédacteur de la dédicace mentionne l’année 1432, ce que M. Roques et F. P.
Sweetser s’accordent à remettre en question au vue des allusions historiques faites dans les
nouvelles. Ils estiment tous deux que les nouvelles n’ont pu être racontées avant 1450 et F. P.
Sweetser ajoute dans son introduction aux Cent Nouvelles Nouvelles qu’il faut opter pour une « date
moyenne mais arbitraire » qui serait 1462, juste milieu entre « les dates extrêmes de 1456 et 1467 ».
Or, ce que M. Roques désigne comme une « erreur inquiétante », à savoir la mention par le rédacteur
de la dédicace de l’année 1432 comme date de composition, est significative. Elle pourrait en effet
correspondre au désir du narrateur de ramener au plus près de la centaine, sans la dépasser, la
période de composition des Cent Nouvelles Nouvelles ; dès lors, cette inscription ne serait plus faute,
manquement à la vérité historique, mais désir ludique d’établir un parallèle audacieux, entre les deux
ouvrages, par la correspondance numéraire de la perfection de la centaine, ce que faisait déjà
explicitement le titre des Cent Nouvelles Nouvelles.

Nelly LABERE 52 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

fils anonyme. Génération donc retrouvée du livre au livre, de l’homme à l’homme


et mémoire rendue possible par l’espace de temps délimité à l’ascendance humaine.
Cependant, de l’aïeul au descendant, la temporalité a joué en vertu du principe de
renouvellement ; renouvellement de l’espèce mais aussi du genre puisque les Cent
Nouvelles Nouvelles ne sont pas seulement les héritières du défunt Boccace. Elles
sont tentative de recréation et se fondent pour ce faire sur le recours à une autre
temporalité, plus proche du narrateur, et dont il peut porter la mémoire directement
ou indirectement ; et c’est justement par ce recours continu à l’exigence de la
génération - ne pas conter d’histoires excédant la prescription des cent ans comme
garantie de nouveauté de la matière – que le processus de mémoire peut fonctionner
comme régénération du genre de la nouvelle. Dès lors, avec un temps nouveau peut
jaillir une forme nouvelle dédiée à rendre compte de cette nouveauté.

I.2.3.3 Temps nouveau, forme n ouvelle

Le problème du temps de composition des Cent Nouvelles Nouvelles est encore ici à
prendre en compte afin de mieux comprendre les enjeux de ce recueil. En effet, les
Cent Nouvelles Nouvelles est un recueil bourguignon, écrit quelques décennies
après la fin de la guerre de cent ans.
Longue période de crise, la guerre de cent ans a semblé cristalliser autour de ses
manifestations tous les troubles qui se déployaient sur les autres plans. Son prétexte
est, comme le plus souvent, assez simple : à la mort de Philippe le Bel (en 1314) ,
ses trois fils règnent successivement car ils n’avaient que des filles. A la mort du
dernier des fils, en 1328, une assemblée de barons confie la couronne à Philippe de
Valois, cousin germain en ligne des derniers capétiens, et écarte la candidature du
roi d’Angleterre Edouard III, fils de la sœur du roi défunt, sous le prétexte,
discutable à l’époque, qu’une femme ne peut transmettre de droits à la couronne.
Philippe VI reprend alors la politique capétienne traditionnelle et s’efforce
d’arracher à Edouard III son fief de Guyenne. Ce dernier, pour sauver son fief, en
vient à contester la légitimité de son seigneur et revendique la couronne. En 1337, la
guerre éclate. Ce sera une guerre longue car chacun paraît sûr de son droit. Elle
s’étendra encore dans le temps parce qu’elle aligne des effectifs trop faibles pour
qu’aucune défaite ne puisse empêcher le vaincu de trouver aussitôt de nouveaux
effectifs. Elle se prolongera enfin car de nombreuses trêves empêchent le
déroulement linéaire de son cours.

Juin 2000 53 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

Au début du XVe siècle, à la suite de l’assassinat du duc d’Orléans en 1407, puis de


son meurtrier le duc de Bourgogne Jean sans Peur en 1419, la guerre civile s’ajoute
aux hostilités franco-anglaises et aux exploits des mercenaires pour transformer la
zone comprise entre la Somme et la Loire en un vaste champ de batailles et de
ruines. Ainsi, la Bourgogne, terre de l’auteur des Cent Nouvelles Nouvelles, entre
elle aussi dans le conflit. Cela n’est pas sans implications sur les mémoires des
devisants ; pour preuve, la nouvelle soixante-deux qui évoque le mois de juillet
1439 durant lequel se tinrent les réunions entre Bourguignons, Anglais et Français,
entre Calais et Gravelines, au château d’Oye pour traiter de la rançon de Charles
d’Orléans. Même si le roi de Bourges se réconcilie à Arras avec son cousin de
Bourgogne en 1435, on remarque bien, dans cette mention des Cent Nouvelles
Nouvelles, qu’il reste encore à libérer le royaume de l’étranger et à faire un bilan
des pertes qui s’avère très lourd. Ce n’est que dans la seconde moitié du XVe siècle
que la France sort enfin de la longue période de difficultés qu’elle connaît depuis
l’aube du XIVe siècle. En 1453, l’armée de Charles VII et son artillerie chassent du
royaume les dernières bandes anglaises. C’est la paix. Déjà, dans certains secteurs
de l’économie, se manifestaient depuis quelque temps les premiers signes d’une
reprise. Les premiers mouvements s’en révèlent vers 1440 et, peu à peu, un monde
nouveau s’organise avec une rapidité qui varie selon les domaines et les régions
dans cette France jadis déchirée entre les Armagnacs, les Bourguignons et les
Anglais. Georges Duby et Robert Mandrou ajoutent, pour conclure ce panorama
historique : « Le grand retournement s’est produit, en réalité, vers 1475, vingt-cinq
ans après l’arrêt définitif des hostilités. Effet de la paix certes : le trésor du roi
soulagé, les mutations monétaires s’arrêtent, et surtout la reconstruction des
campagnes n’est plus, tous les dix ans, compromise par une nouvelle vague de
dévastations. Dans cette économie fondamentalement terrienne, un quart de siècle a
suffi pour tout réparer. Quelques bonnes récoltes, de quoi manger, de quoi nourrir
les enfants et les fortifier contre les premières maladies, ce sont aussitôt des villages
plus peuplés, des travailleurs plus nombreux, les lisières des terroirs reprises à la
friche, l’aisance paysanne du temps de Saint Louis retrouvée. [...] Toutefois la
prospérité nouvelle a pour cause essentielle, plus que la fin des guerres, un
renversement de la conjoncture. Avec toute l’Europe, la France est de nouveau
entraînée en un mouvement qui s’accélère dans les dernières années du siècle, dans
une longue phase d’expansion. Le temps revient de la grande aisance marchande,

Nelly LABERE 54 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

dans les très grosses villes mais aussi dans les moyennes [...]»77. Ce temps de
l’aisance marchande est celui que l’on retrouve présent dans les Cent Nouvelles
Nouvelles dans les catégories sociales sur-représentées du bourgeois et du
marchand. Du « gentil homme de Bourgoigne [qui] pour aucuns de ses affaires s’en
alla a Paris, et se logea en ung tresbon hotel ; car telle estoit sa coutume de querir
toujours les meilleurs logiz » (N. XVIII), en passant par le « bon marchant [...] en la
ville d’Arras » (N. XLIX) jusqu’au « compagnon picard [qui] demouroit n’a pas
long temps a l’ostel d’un marchant » (N.VIII), les personnages mis en scène
témoignent de ce mouvement d’expansion et d’aisance qui commence à se
développer dans cette seconde moitié du XVe siècle. S’il s’agit, comme l’affirment
Georges Duby et Robert Mandrou, d’un « départ – mais vers un monde transformé.
Car, dans les temps de misère, bien des traits de la civilisation médiévale se sont
définitivement effacés. »78, ce mouvement de développement et de renouveau n’est
pas sans conséquences sur l’apparition de cette forme qu’est la nouvelle. En effet,
pour témoigner de la nouveauté de ce monde dans lequel vit l’auteur, il faut peut-
être avoir recours à une forme nouvelle dont les caractéristiques sont certainement
plus à même de rendre compte de cette novation. Dès lors, des temps nouveaux
chercheraient une forme nouvelle afin de trouver un moyen d’attester et
d’authentifier leur nouveauté. Phénomène littéraire mais peut-être aussi social, la
nouvelle serait cette subtile émanation de la nouveauté des temps transcrite
littérairement.
La floraison des recueils de nouvelles au XVIe siècle témoigne de l’adéquation de
cette forme avec son époque puisque nous en avons répertorié plus de trente ; on
citera pour exemple le Grand Parangon des Nouvelles Nouvelles de Nicolas de
Troyes, les Comptes amoureux de Jeanne Flore, les Cent Nouvelles Nouvelles de
Philippe de Vigneulles, le Parangon des Nouvelles honnestes et délectables, les
Propos rustiques de Noel du Fail, les Fascetieux devitz des cent et six nouvelles
nouvelles, très récréatives et fort exemplaires, veuz et remis en leur naturel de la
Motte Roullant, les Nouvelles Récréations et Joyeux Devis de Bonaventure des
Périers, l’Heptaméron de Marguerite de Navarre, le Printemps d’Yver de Jacques

77
Georges Duby et Robert Mandrou, Histoire de la civilisation française. Moyen Age-XVIe siècle,
Paris, Armand Colin, 1958, p. 223 à 224.
78
Op. cit., p. 225.

Juin 2000 55 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

Yver... C’est pourquoi il est légitime d’affirmer que le premier recueil de nouvelles
françaises, les Cent Nouvelles Nouvelles, marque l’apparition d’une forme
plastiquement adaptée à son époque car suscitée par l’évolution de celle-ci. Cette
deuxième moitié du XVe siècle voit donc l’émergence d’une littérature qui
témoigne des mutations sociales et dont la modernité n’aura de cesse d’être reprise
et modulée au siècle suivant. Ces mutations sociales sont celles d’un monde dont
l’équilibre féodal est menacé déjà depuis des siècles et qui porte en germe son point
de rupture. Cette faille sous-jacente est celle par laquelle va advenir le changement
et qui se traduit littérairement par la notion d’« adventure » ; sur des plans
différents, mais cependant non hétérogènes, l’une comme l’autre vont proposer une
rupture dans la linéarité temporelle et la remettre en question. C’est là que prend
réellement tous son sens le terme « d’adventure », notion au fondement de la
constitution de cette forme qu’est la nouvelle.

I.3 L’adventure

I.3.1 La stratégie de l’inat tendu

I.3.1.1 L’adventure ou le point d e bascule.

L’« adventure » désigne l’événement inattendu, accidentel. Issue du latin populaire


adventura, pluriel neutre du participe futur du verbe latin advenire, elle est devenue
un nom féminin singulier désignant les choses qui doivent se produire. De ce sens
initial de « sort, destin », voisin de celui d’« avenir », le mot a pris très tôt la nuance
particulière « d’événement inattendu, accidentel ». Aussi, l’« adventure » est à
comprendre dans le sens médiéval de « fait qui est arrivé ou arrivera et de manière
imprévue ». Ainsi, l’« adventure » vient rompre la temporalité normale en
accélérant son cours. C’est pourquoi la nouvelle n’est pas le lieu d’un raccourci
temporel mais d’une linéarité remise en question. C’est le caractère inattendu de
l’événement mis en scène par la nouvelle qui va provoquer l’accélération du temps.
Mais pour bien comprendre ses implications dans les Cent Nouvelles Nouvelles, il
faut cerner les trois sens que les narrateurs lui attribuent.

Nelly LABERE 56 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

C’est ainsi que le terme d’« adventure » va désigner tout d’abord l’événement
fortuit et être synonyme de « hasard ». C’est cette acception que l’on retrouve dans
les nouvelles trente-cinq ainsi que soixante-et-onze :

Or advint, ne sçay par quelle adventure, ou si l’oste de leens, mary de


l’ostesse, queroit sa femme pour aucune chose luy dire, en passant par
adventure par devant la chambre ou sa femme avec le chevalier jouoit
des cimbales, il en oyt le son.79

Ce bon chevalier [...], comme il passoit païs, arriva d’adventure a ung


soir au chasteau ou sa dame demouroit.80

Dans ces emplois, l’« adventure » revêt un caractère improbable, fortuit et consiste
à marquer d’autant plus la rupture temporelle par le saisissement qu’elle offre. Elle
est réelle irruption de l’événement dans la mesure où elle est possibilité et non
probabilité. Elle présente le plus important degré de rupture temporelle en intégrant
dans l’histoire l’inattendu. Elle marque le surgissement dans l’ordre habituel des
événements d’un fait décisif et non préparé. Dès lors, le terme d’aventure entretient
d’étroites relations avec celui de temporalité. En effet, parler d’une aventure revient
à parler d’une rupture de la linéarité temporelle et événementielle. C’est cette
discontinuité qui suscite la mise en récit et fonde la nouvelle. En effet, chaque récit
va avoir pour justification la nécessité de relater cette fracture et pour objet de
rendre compte de cet accident.
Cependant, cet emploi du terme d’« adventure » sur le plan de l’histoire n’est pas le
seul moyen de jouer avec la linéarité du récit ; les narrateurs ne se contentent pas de
l’employer comme synonyme de « hasard » et peuvent lui préférer celui
d’« occasion » en laissant ainsi le champ ouvert à la probabilité. C’est le cas, par
exemple, dans trois nouvelles qui travaillent à cette acception :

Car si par adventure, comme il advient chacun jour, elle faisoit ung
enfant, elle seroit a tousjoursmés femme deshonorée et reprouchée de
son pere, de sa mere, de ses freres et de tout son lignage.81

Si s’advisa bon jacobin qu’il viendroit veoir sa dame, et que a


l’adventure pourroit il estre si eureux que de la trouver en belle.82

Ung jour advint que en une bonne ville de Haynaut avoit ung bon
marchant maryé a une vaillant femme, lequel tressouvent alloit en

79
Cent Nouvelles Nouvelles, N. LXXI, p. 432, l. 40 à 45.
80
Op. cit., N. XXXV, p. 247, l. 24 à 27.
81
Op. cit., N. XLIV, p. 293 à 294, l. 24 à 28.
82
Op. cit., N. XLVI, p. 306, l. 38 à 40.

Juin 2000 57 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

marchandise, qui estoit par adventure occasion a sa femme qu’elle amoit


aultre que luy, en laquelle chose elle continua assez longuement.83

Ici donc le terme d’« adventure » renvoie à la circonstance qui vient à propos et
provoque l’événement ; là encore la linéarité temporelle est brisée par la venue d’un
élément mais à la différence de la première acception, celle-ci se justifie par le
contexte et ne constitue pas une discordance dans la trame événementielle. Ainsi, il
n’est pas incohérent qu’une femme attende un enfant parce que « il advient chaque
jour » un tel événement. Cependant, ce qui apparaît comme rupture temporelle et
sociale, c’est qu’une jeune fille non mariée soit enceinte et de surcroît du prêtre. On
glisse alors, avec cette deuxième acception, de la possibilité à la probabilité. Le
point de bascule repose sur un degré plus ou moins grand de légitimité de
l’événement et constitue le sujet principal des Cent Nouvelles Nouvelles. C’est
pourquoi, dans un processus métonymique, l’« adventure » va référer non plus
seulement à un moment de l’histoire mais au récit dans son intégralité pour former
un duo avec le terme de « nouvelle ».
C’est ce dont la neuvième nouvelle témoigne en utilisant alternativement le terme
d’« adventure » comme synonyme d’événement inattendu mais aussi comme mot
équivalent à l’expression « nouvelles histoires » :

Pour continuer le propos de nouvelles histoires, comme les adventures


adviennent en divers lieux et diversement, on ne doit pas taire comment
nagueres ung gentil chevalier de Bourgoigne, faisant residence en ung
sien chasteau, bel et fort, fourny de gens et d’artillerie, comme a
seigneur de son estat appartenoit, devint amoureux d’une damoiselle de
son hostel, voire et la premiere après madame sa femme [...]. Madame,
plus contente d’avoir eu l’adventure de ceste nuyt que sa chambriere, et
oyant la bonne repentence de monseigneur, assez legierement s’en
contenta.84

L’« adventure », qui fournit au récit son point de départ et sa justification par le
point de bascule temporel dont elle souhaite rendre compte, devient alors le terme
générique qui désigne la totalité du récit :

La grande et large marche de Bourgoigne n’est pas si despourveue de


pluseurs adventures dignes de memoire et d’escripre que, a fournir les
histoires qui a present courent, je n’ose bien avant mettre et en bruyt ce
que nagueres y advint.85

83
Op. cit., N. LXI, p. 378, l. 4 à 9.
84
Op. cit., N. IX, p. 73 à 77, l. 4 à 11 et 134 à 137.
85
Op. cit., N. XIV, p. 97, l. 5 à 9.

Nelly LABERE 58 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Dès lors, l’ensemble du recueil pourrait recevoir la dénomination d’« adventures »


dans ce parallèle établi par les narrateurs avec le terme de « nouvelles ». En effet, il
s’agit bien d’une « ratelée » d’événements inattendus et de leur mise en récit selon
le principe du point de bascule. Cependant, si le rédacteur a préféré à « adventure »
la terminologie de « nouvelle », c’est parce qu’elles ne partagent peut-être pas les
mêmes enjeux. La nouvelle trente-deux est révélatrice de cette tension linguistique :

Je vous racompteray en bref une adventure nouvelle par laquelle l’on


me tiendra pour acquitté d’avoir fourny la nouvelle dont j’ay nagueres
esté sommé.86

Dès son incipit, elle propose, en effet, un système d’équivalence entre raconter «en
bref une adventure nouvelle » et fournir une « nouvelle » ; ce parallèle est éclairant
car il permet de mieux comprendre les implications de la terminologie
d’« adventure » en tant que trait définitoire du recueil. Elle apparaît ainsi, tout
d’abord, sous le signe de l’incomplétude constitutive car nécessitant l’explicitation
de deux adjectifs (« bref » et « nouvelle ») afin d’atteindre à la perfection
nominative de « nouvelle ». Que nous révèlent ces adjectifs ? Tout d’abord, que ce
qui fait défaut au terme d’« adventure » pour prétendre à une désignation générique,
c’est la notion de nouveauté ; mais cela souligne aussi qu’il ne prend pas non plus
en compte le sémantisme de brièveté à l’opposé du terme de « nouvelle » qui se
suffit à lui-même. Par conséquent, si le terme d’« adventure » est employé comme
synonyme de « nouvelle » pour désigner ce genre en cours d’élaboration, c’est par
une pratique abusive ou qui sollicite, en creux, la complétude du sens. Dès lors, si
l’« adventure » est une donnée fondamentale de la nouvelle, c’est dans un rapport
de fond à forme qu’il faut la comprendre. C’est pourquoi, une typologie souple de
ses manifestations peut nous permettre de mieux cerner ce qui la constitue comme
élément fondateur de la nouvelle. Si elle est un point de bascule qui rompt avec la
linéarité temporelle et événementielle du récit pour fournir à la nouvelle la matière
dont elle se nourrit, quelles sont les modalités de son expression ?

I.3.1.2 Typologie de l’adventure

Il est possible de classer les différents types d’« adventures » en trois catégories
souples qui peuvent s’interpénétrer.

86
Op. cit., N. XXXII, p. 245, l. 7 à 10.

Juin 2000 59 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

Le premier groupe est constitué par des histoires dont la linéarité est interrompue
par le surgissement d’un bon mot proféré à un moment inattendu et qui remet en
cause le déroulement logique de l’action initiale. C’est le cas par exemple dans la
nouvelle soixante-et-onze où le mari, prenant en flagrant-delit d’adultère sa femme
et son amant, leur adresse les mots suivants :

Et, par la mort bieu, vous estes bien meschantes gens, et a vostre fait
mal regardans, qui n’avez pas eu tant de sens, quand vous voulez faire
telz choses, que de serre et tirer les huys après vous. Or pensez que
c’eust esté si ung aultre que moy vous eust trouvez !87

Même schéma dans la nouvelle quarante-trois où le mari accepte son cocuage à la


seule condition que l’amant paye « XII rasieres » et incite même le couple, qu’il a
interrompu, à « achever ce [qu’ont] entrepris »88 pour pouvoir toucher la totalité du
règlement. Le parallélisme se répète encore dans la nouvelle quatre-vingt-treize où
le mari, rentrant à la maison, aperçoit sa femme et l’amant de celle-ci « qui faisoient
ung peu d’ouvrage »89. Il prend alors ses compagnons pour témoins de la scène et
leur dit :

Messeigneurs, regardez comment ma femme ayme mon prouffit ; de


paour qu’elle ne use ses beaulx neufs souliers, elle chevauche sur son
doz ! Il ne l’a pas telle qui veult.90

Ces trois exemples illustrent un des modes de fonctionnement de l’« adventure »


comme point de bascule et comme court-circuit de la linéarité temporelle.
L’adultère est initialement mis en place dans la nouvelle et la véritable rupture ne
réside pas dans la connaissance de ses manifestations mais dans la réaction
inattendue du mari allant contre toute attente narrative. Ce sont ces prises de parole
au style direct, que l’on pourrait qualifier de bons mots, qui constituent de fait
l’« adventure » qui suscite la mise en récit.
Le deuxième type d’« adventure » que nous pouvons identifier est celui de la
« bonne histoire » dont l’intérêt repose sur l’inattendu de la situation qu’elle met en
scène. Ses manifestations sont pléthoriques dans les Cent Nouvelles Nouvelles
puisqu’on peut en relever de multiples occurrences. C’est le cas par exemple de la
nouvelle vingt-six qui représente une jeune fille se déguisant en homme pour aller

87
Op. cit., N. LXXI, p. 432 à 433, l. 51 à 56.
88
Op. cit., N. XLIII, p. 291, l. 85.
89
Op. cit., N. XCIII, p. 529, l. 85 à 86.
90
Op. cit., N. XCIII, p. 529, l. 91 à 94.

Nelly LABERE 60 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

éprouver les sentiments de son ami éloigné d’elle. Cette intrigue inattendue se
prolonge dans un effet de suite jusqu’à la nouvelle trente-cinq puisque chacun des
récits le composant participe de la même mise en scène d’un événement surprenant
remettant en cause la linéarité temporelle et événementielle.
A l’opposé se situe la troisième voie qui consiste à exposer une affaire, « ung cas »
relativement banal mais dont le déroulement revêt des aspects particuliers. Comme
pour la farce, l’action ne se développe pas de façon chronologique et repose sur le
principe du quiproquo et de l’imbroglio. Le personnage principal de la nouvelle est
alors condamné à se défendre, à trouver une parade dont la réalisation consiste en la
spontanéité de l’action et en l’improvisation. La nouvelle neuf nous en offre un
exemple en présentant le cas

D’un chevalier de Bourgoigne, amoureux d’une des chambrieres de sa


femme. Cuidant coucher avecques celle, cogneut que c’estoit mesmes sa
femme, qui ou lieu de sa chambriere s’estoit boutée. Et comment ung
aultre chevalier, son voisin, par son ordonnance, avecques sa femme
aussi avoit couschié, dont il fut bien mal content, ja soit ce que sa
femme n’en sceut oncques riens, et ne cuidoit avoir eu que son mary.91

Cette affaire relativement banale au sein des Cent Nouvelles Nouvelles tire son
caractère inattendu de son déroulement pour le moins particulier.
Les différentes mises en scène de l’« adventure », le bon mot, la bonne histoire ou
le « cas » surprenant, ont cependant en commun une même tension : c’est celle qui
consiste à créer un point de bascule reposant sur la surprise et l’inattendu et qui se
manifeste par des effets de retournement et de pointe. Cependant, celle-ci peut se
complexifier lorsqu’il s’agit non pas d’un seul retournement mais de plusieurs,
comme c’est le cas dans la structure de l’arroseur-arrosé.

I.3.1.3 L’arroseur arrosé

Ce schéma narratif est très fortement représenté dans les Cent Nouvelles Nouvelles
puisqu’il apparaît dans plus de la moitié des récits. Il repose sur la technique du
redoublement et du renversement et consiste à dupliquer la ruse en la retournant
contre son émetteur initial. C’est le cas, par exemple, dans la nouvelle trois où un
chevalier s’emploie à abuser la femme d’un meunier en lui faisant croire « que son

91
Op. cit., abrégé de la IXe nouvelle, p. 3, l. 69 à 77.

Juin 2000 61 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

con luy cherroit, si luy recoigna pluseurs foiz »92 ; le meunier l’ayant appris, se rend
auprès de la femme du chevalier, lui dérobe un diamant qu’elle possédait et lui fait
croire qu’elle l’a perdu dans son bain. Il se propose de le retrouver en la mettant
« en telle fasson que monseigneur mettoit sa femme quand il luy recoignoit son
devant, et d’un tel oustil fit il la tente pour querir et pescher le dyamant ».93 Par
conséquent, le renversement a été opéré puisque le meunier s’est vengé du chevalier
qui pensait le duper. L’arroseur est bien arrosé dans la mesure où la ruse s’est
retournée contre lui et que la cyclicité du temps a fait son œuvre. En effet, si
l’« adventure » repose sur une linéarité temporelle brisée par l’irruption d’un
événement particulier, une de ses formes particulières qu’est l’arroseur-arrosé vise
au contraire un retour à cette linéarité. Ainsi, par le recours à l’action cyclique, elle
annule la première action par la seconde. L’arroseur-arrosé ne propose alors pas un
schéma de retournement dans le sens d’une brisure, d’une fracture et d’une
interruption ; il invite au contraire à une conception des événements reposant sur un
temps circulaire à l’image de la roue de fortune. C’est pourquoi dans les nouvelles
employant cette figure, l’excipit s’apparente à une résolution, à une clôture et ne
s’ouvre pas sur un projet de vengeance à venir.
La différence fondamentale entre ces deux pratiques ne réside pas dans le rapport
des événements au temps ; en effet, toutes deux en ont une conception cyclique
dans la mesure où elles sont la manifestation d’un acte volontairement consécutif à
un autre, d’une action subordonnée, liée et justifiée. Mais elles travaillent un rapport
au temps tout à fait différent. En effet, la vengeance s’inscrit, le plus souvent, dans
une projection temporelle de longue échelle dont la réussite repose, essentiellement,
sur la durée séparant l’acte initial et fondateur de la transgression de celui qui se
présente, dans sa répétition temporelle, comme venant annuler et neutraliser le
premier. Cet espacement, cet éloignement temporel entre les deux événements est la
condition de la vengeance ; elle joue en effet sur les rapports qu’entretiennent avec
le temps les deux parties impliquées. Aussi, celui qui se venge a une relation au
temps qui est de l’ordre du différé dans la mesure où son action évolue dans une
perspective temporelle reposant sur le retardement volontaire de l’action. Il s’inscrit
alors dans une temporalité non de l’immédiateté mais de la durée en rapport avec la

92
Op. cit., abrégé de la IIIe nouvelle, p. 1, l. 25 à 26.
93
Op. cit., N. III, p. 46, l. 256 à 259.

Nelly LABERE 62 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

mémoire ; par là même, il joue avec la temporalité de « l’émetteur » en pariant sur


le fait que ce dernier opère selon une temporalité qui n’est pas projetée vers le passé
de la transgression (c’est-à-dire qu’il ne fonctionne pas sur le mode mémoriel et ne
se tient donc pas sur ses gardes, craignant une réplique consécutive à sa
transgression) ni vers le futur de la réitération. Ainsi, la vengeance est donc ce
rapport de forces établi entre deux temporalités hétérogènes qui n’inscrivent pas de
la même façon l’événement dans le temps en jouant sur la notion de différé et de
suspens. Au contraire, la figuration de l’arroseur arrosé implique un rapport à la
temporalité qui se donne de façon plus médiate. L’action seconde n’est pas intégrée
dans une stratégie mémorielle ; elle est fruit de l’occasion, du hasard et prend son
origine dans l’agencement particulier des événements. C’est le cas par exemple
dans la nouvelle quatorze où l’ermite dupe une vieille mère en lui faisant « accroire
que sa fille auroit ung filz de lui qui seroit pape, et adonc, quant vint a l’enfanter, ce
fut une fille, et ainsi fut l’embusche du faulx hermite descouverte, qui a ceste cause
s’enfouit du païs »94. Même structure dans la nouvelle huit où « un compaignon
picard demourant a Bruxelles, [...] engrossa la fille de son maistre ; et a ceste cause
print congié de haulte heure et vint en Picardie se marier »95 avec une jeune fille
qu’il estimait pure et non débauchée. Racontant, le soir de ses noces, cette
mésaventure à la nouvelle épousée, celle-ci lui rétorque que « le charreton de [la]
maison a couché avecques [elle] plus de quarante nuiz »96. La nouvelle quinze met
elle aussi en scène un arroseur-arrosé : il s’agit d’« un moyne portant petitz outilz »
et désirant obtenir les faveurs d’une « nonnain » ; celle-ci, connaissant cette
réputation concernant son anatomie, accepte à la condition de « taster [sa] lance ».
Le moine fait alors appel à un de ses compagnons, frère Conrard, pour se substituer
à lui au moment de l’évaluation. Cependant, l’affaire tourne rapidement court
puisque « tantost comme elle le sentit, comme si nature luy en baillast la
cognoissance, elle dist : « Nenny, nenny, dist elle, je cognois bien cest ycy ; c’est le
bourdon de frere Conrard. Il n’y a nonnain ceans qui bien ne le cognoisse ; vous
n’avez garde que j’en soye deceue : je le cognois trop. Allez querir ailleurs vostre
adventure »97. Si donc l’action se retourne ici contre son émetteur, c’est à cause

94
Op. cit., abrégé de la XIVe nouvelle, p. 4, l. 107 à 111.
95
Op. cit., abrégé de la VIIIe nouvelle, p. 3, l. 59 à 62.
96
Op. cit., N. VIII, p. 72, l. 114 à 115.
97
Op. cit., N. XV, p. 108, l. 94 à 100.

Juin 2000 63 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

d’un « malheur », c’est à dire d’une mauvaise chance qui n’a pas été propice à la
réalisation des projets. De surcroît, l’événement cyclique n’est pas différé puisqu’il
intervient dans un rapport d’étroite corrélation avec son déclencheur et peut être,
comme nous venons de le voir, autoréférentiel puisqu’il peut se retourner
directement contre son émetteur. Dès lors, cette immédiateté du couple action-
réaction, cette absence d’investissement du temps par l’événement ainsi que la
possible conjonction des deux pôles d’émission « émetteur-récepteur » conduisent à
interroger la figure de l’arroseur-arrosé comme une modalité spécifique de
l’« adventure » sans rapport d’équivalence avec la vengeance. Ces caractéristiques
ne sont pas sans conséquences sur la tonalité des Cent Nouvelles Nouvelles
puisqu’elles encodent vers une lecture comique dans la mesure où elles mettent en
place une stratégie de l’inattendu reposant sur l’occasion et le hasard. A l’opposé de
la vengeance dont l’événement différé impose une tension dramatique, la nouvelle
reposant sur l’arroseur arrosé invite à une vision événementielle ludique. Elle se
clôt, par conséquent, sur un excipit bouclé par le retour à l’ordre et l’acceptation de
la circularité des ruses. La seconde tromperie annulant la première, la tension est
neutralisée dans le bref espace temporel les séparant. Contrairement à celui de la
vengeance, dont le temps dilaté appelle sans cesse un nouvel événement réparateur,
le récit de l’arroseur-arrosé invite à la clôture et au retour à l’ordre. Ainsi, dans la
troisième nouvelle, le meunier et le chevalier se sont mutuellement trompés sans
pour autant s’en tenir grief ; la référence mémorielle se fait seulement sur le plan
ludique comme acceptation :

A le premiere foiz que [le chevalier] rencontra le bon musnier, il le salua


haultement et dist : « Dieu gard, Dieu gard ce bon pescheur de
dyamant ! » A quoy le bon musnier respondit : « Dieu gard, Dieu gard
ce recoigneur de cons ! – Par Nostre Dame ! tu dis vray, dist le
seigneur ; tays toy de moy et si feray je de toy. » Le musnier fut content,
et jamais plus n’en parla. Non fist le seigneur, que je sache.98

La duplication des termes « Dieu gard, Dieu gard », de la prise de parole des
personnages et du narrateur, de la résolution proposée « tays toy de moy et si feray
je de toy » travaillent ainsi à établir un rapport d’équilibre entre les deux trompés,
les deux trompeurs et la stratégie future à observer. Le parallélisme invite alors à
considérer que les deux événements se sont neutralisés dans une équivalence et que

98
Op. cit., N. III, p. 47, l. 283 à 291.

Nelly LABERE 64 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

la fracture temporelle s’est refermée sur sa propre cyclicité. Le temps de la


vengeance est alors refusé. Les Cent Nouvelles Nouvelles mettent en scène une
« adventure », c’est à dire un événement brisant ponctuellement la linéarité
temporelle ; elles ne l’inscrivent pas dans la durée du ressassement en le différant.
C’est pourquoi ces nouvelles ne nous racontent pas une histoire, mais un épisode,
un événement qui a lieu à un moment donné de la vie d’une personne.

I.3.2 La chronologie de l’h istoire

I.3.2.1 Histoire et histoire

Pour indiquer le caractère restreint de la durée, le nouvelliste offre au lecteur des


repères chronologiques pour que celui-ci puisse inscrire l’action dans un schéma
temporel bien défini. Ces repères sont matérialisés par une datation précise qui
prend sa source dans des événements réels ; ils deviennent par là même historiques
dans la mesure où ils touchent non pas à un individu isolé (dans ce cas ils seraient
de simples histoires) mais à une communauté de l’ordre du « pais ». L’identification
du lecteur avec l’événement est donc assurée puisque celui-ci reconnaît dans la
multiplicité son unicité et s’intègre dans une temporalité qui est tout à la fois sienne
et autre. Les Cent Nouvelles Nouvelles matérialisent cette temporalité définie et
clairement identifiable et désignent en creux, en empruntant le langage de la
chronique, la notion de vérité. Deux techniques majeures d’attestation historique
vont être à son fondement : la référence soit à un personnage historique connu pour
son caractère hors du commun, soit à des batailles. En effet, « dans la vie
quotidienne, les hommes du Moyen Age se servent de repères chronologiques
empruntés à différents univers socio-temporels, imposés à eux par diverses
structures économiques et sociales. Rien [...] ne traduit mieux la structure de la
société médiévale que les phénomènes métrologiques et les conflits qui se
cristallisent autour d’eux »99. La nouvelle cinq, qui met au centre de sa narration,
par le biais de ses deux jugements, le personnage de « Monseigneur Talbot », nous

99
Jacques Le Goff, « Structures spatiales et temporelles », in La Civilisation de l’Occident médiéval,
Paris, Arthaud, 1984, p. 204.

Juin 2000 65 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

en offre le premier exemple ; le recours à une figure historique et l’emploi qui en est
fait soulignent la prépondérance accordée à l’homme et mettent par là même en jeu
quatre formes de temporalités. Il s’agit tout d’abord de la temporalité de l’instant
puisque monseigneur Talbot, face à deux « cas advenus », doit prendre la décision
de l’arbitre statuant sur la conduite à tenir. Mais une temporalité plus élargie est
aussi à prendre à compte dans cette référence au personnage de monseigneur
Talbot : c’est celle de l’espace d’une vie qui s’inscrit sur une durée relative, situe
l’action de la nouvelle entre les limites de l’existence de son personnage et la borne
par conséquent à la date du 17 juillet 1453 puisque Sir John Talbot meurt, ce jour là,
à la rencontre de Castillon. C’est encore une autre forme de temporalité, celle-ci
beaucoup plus étendue, qui est à l’œuvre puisqu’il s’agit de celle de l’Histoire :
monseigneur Talbot prend place parmi les hautes figures historiques et participe à la
création de ce panthéon humain, autant de vies minuscules ajoutées bout à bout
pour créer un devenir. Enfin, le quatrième et dernier type de temporalité que met en
jeu ce personnage est paradoxalement l’intemporalité ; en effet, la seconde décision
qu’il prend a pour but d’interdire à tout jamais l’église à un voleur, jugement lourd
de conséquences et semblable à une excommunication :

Monseigneur Talebot luy defendoit l’église e a tousjours, et luy faisoit


jurer de non jamais y entrer.100

Cette sentence est alors à prendre dans son sens juridique mais aussi dans son sens
étymologique puisque le verbe de Talbot se hisse à la hauteur du divin et transcende
le « cas » en parfait « exemplum » :

Monseigneur Talebot [...] comme chacun scet, fist en sa vie deux


jugemens dignes d’estre recitez et en audience et memoire perpetuelle
amenez.101

Cette phrase liminaire résume ces quatre temporalités à l’œuvre dans la seule
référence à monseigneur Talbot : le présent des « deux jugemens », objets du récits ;
la temporalité humaine bornée par la finitude de la vie : « fist en sa vie » ; la
mention de « Talbot » qui par son seul patronyme encode une lecture historique et
l’intemporalité de l’exemple fondé sur la tension entre le présent du « chacun scet »
et le futur extensible à l’infini de la « memoire perpetuelle ».

100
Cent Nouvelles Nouvelles, N. V, l. 161 à 162.
101
Op. cit., N. V, lignes 1 à 8.

Nelly LABERE 66 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

La deuxième grande forme d’attestation historique se fonde, quant à elle, non pas
sur l’isolement d’un personnage particulier acteur et exemple, mais sur la référence
à des événements guerriers eux aussi bien connus du lectorat. Cet ancrage dans un
temps historique, par la mention de batailles, contribue à intégrer le lecteur dans
cette temporalité bien particulière de la référence ; cependant à la différence de
l’attestation par un grand homme, personnage et centre de la nouvelle, cette ancrage
dans la temporalité historique va se faire plus subtil, par touches et par allusions.
Ainsi, la nouvelle vingt-deux, par la seule mention, ligne huit, de « l’assemblée de
gens d’armes » et par la référence à la localité de Bruges, renvoie aux événements
survenus en 1455 ; la nouvelle soixante-deux, même si elle développe davantage sa
référentialité, travaille elle aussi à la précision du marquage temporel et ce, dès
l’incipit de sa narration :

Environ le mois de juillet, alors que certaines convencions et assemblée


se tenoi[en]t entre la ville de Calais et Gravelinghes, assés près du
chasstel d’Oye, a laquelle assamblée estoient plusieurs princes et grands
seigneurs, tant de la partie de France comme d’Angleterre, pour adviser
et traictier de la rençon de monseigneur d’Orleans, estant lors prisonnier
du roy d’Angleterre102

Cette mention relativement précise renvoie au mois de juillet 1439 pendant lequel
se tiennent les réunions entre Bourguignons, Anglais et Français au château d’Oye,
entre Calais et Gravelines, pour traiter de la rançon de Charles d’Orléans. D’autres
références analogues fonctionnent en vue de l’élaboration de cet ancrage
historique : c’est le cas des la nouvelle soixante-neuf qui atteste d’un événement
survenu lors de la bataille de Nicopolis en 1396 et qui mentionne la présence de
Sigismond de Luxembourg et de Jean sans Peur ; même remarque à propos de la
nouvelle soixante-quinze qui raconte la reddition de la ville de Troyes à Charles VII
le 9 juillet 1429 et de la nouvelle quatre-vingt-sept qui place l’aventure en 1455 au
moment de la guerre d’Utrecht.
Que constatons-nous à travers cette brève typologie des références historiques ?
Tout d’abord la nécessité pour les nouvellistes d’ancrer certaines de leurs nouvelles
dans une temporalité historique qui leur sert de gage et de témoignage prouvant la
véracité de leurs récits. La mention d’un événement dans un passé commun à tous
établit un pacte de lecture visant à authentifier l’histoire narrée. Ce pacte a encore

102
Op. cit., N. LVII, l. 4 à 11.

Juin 2000 67 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

d’autres extensions lorsqu’il tend à souligner que ces récits sont nouveaux car
survenus il y a peu : l’authenticité des faits rapportés dans une nouvelle est la
conséquence directe et inévitable de leur nouveauté. Cependant, et le fait est
remarquable, nous n’avons jamais dans les Cent Nouvelles Nouvelles de datations
explicites qui stipulent l’année où l’événement s’est produit ; si le mois peut être
mentionné, comme dans le cas de la nouvelle soixante-deux, jamais le narrateur
n’inscrit numéralement son récit dans l’Histoire. Ce phénomène tend à créer une
distension temporelle puisqu’en l’absence de datation chiffrée de l’événement
historique, l’action semble phagocyter l’espace temporel flou qui l’entoure. Elle
vise alors, par son extension dans le temps, à rejoindre le présent du narrateur par
une ellipse significative ; en effet, elle contribue à accorder à l’événement la
nouveauté dont il se réclame par un court-circuit temporel fondé sur l’absence de
fixation de l’action dans le temps. Le passé, rapproché par un coup de force du
présent, est alors le lieu où se jouent les non-dits fondateurs de l’action à venir.
C’est en quoi cet imparfait est imparfait puisqu’il contient une faille dans laquelle
viendra s’inscrire le présent de la narration de la nouvelle.

I.3.2.2 « Nagueres » et « ne ...guer es » : l’imparfait imparfait

Dans les Cent Nouvelles Nouvelles, le passé est toujours sous le signe de la
déchirure, du défaut, du manque. Si la très grande majorité des nouvelles situe leur
incipit dans un « nagueres » ou « n’a gueres », temporalité proche du présent de
l’énonciation mais cependant révolue, elles ont recours rapidement à la mention de
l’absence et de la faille pour caractériser ce passé. Le duo « n’a
gueres »/« ne...gueres » fonctionne ainsi en doublet pour désigner l’imperfection
passée et susciter l’aventure réparatrice de la nouvelle. Ce défaut, présent dans
toutes les nouvelles, peut prendre des formes différentes mais il appelle, dans tous
les cas, la correction de « l’adventure » qui vient s’inscrire dans cette brèche
clairement désignée par le narrateur.
C’est le cas, par exemple, de la nouvelle quarante-cinq qui énonce pour déchirure la
transgression d’un jeune homme travesti en femme :

Ung cas a Romme nagueres advenu et connus, qui fut tel. A Romme
avoit ung Escossois de l’eage d’environ vingt a XXIJ ans, lequel par
l’espace de XIIIJ ans se maintint et conduisit en l’estat et habillement de
femme, sans ce que dedans le dit terme il fust venu a la cognoissance
publicque qu’il fust homme ; et se faisoit appeler donne Margarite. Et

Nelly LABERE 68 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

n’y avoit gueres bon hostel en la ville de Romme a rate de temps ou il


n’eust son tour et cognoissance.103

Le manque qui est ici énoncé est le défaut de clairvoyance de la population qui
durant quatorze années, et le narrateur insiste sur ce long espace de temps, s’est
laissée berner par la ruse du jeune Ecossais. Dans cette nouvelle, le tandem
« nagueres »/« ne...gueres » fonctionne à plein pour désigner la tromperie
généralisée dans l’espace mais aussi dans le temps. Même absence de clairvoyance
dans la savoureuse nouvelle trente-sept où c’est la jalousie exacerbée du mari,
craignant d’être trompé, qui provoque l’événement tant redouté ; ici c’est le duo
« nagueres »/« gueres » qui est à son apogée : l’excès, le surplus de méfiance
conduit inexorablement à provoquer la catastrophe. La lecture des livres n’aura
servi à rien si ce n’est à accélérer la survenue de l’événement : l’étrangeté des
agissements du jaloux suscite la curiosité et le désir des autres hommes ainsi que la
faute féminine :

Ung gentil compaignon, oyant la renommée de ce gouvernement, vint


rencontrer ung jour ceste bonne damoiselle [...], plaignant et souspirant
pour l’amour d’elle sa maudicte fortune, d’estre allyée au plus jaloux
que la terre soustienne.104

Le superlatif « au plus jaloux que la terre soustienne » appelle en creux la faille et la


fracture d’un système trop parfait ; la dialectique excès/défaut est donc au
fondement du passé imparfait, l’excès se nourrissant du défaut et le défaut de
l’excès. L’événement surgit alors du passé imparfait et donne naissance à l’histoire
de la nouvelle.

I.3.2.3 « Tanstost » et « encores » : le passé pas si simple

Si l’incipit des nouvelles a toujours recours à l’imparfait, apte à rendre compte d’un
processus situé dans le passé et qui n’appartient plus à l’actualité de l’énonciateur,
le passé simple, par opposition à l’imparfait, traduit le fait saillant, l’événement qui
surgit par la toile de fond évoquée à l’imparfait. En effet, l’imparfait permet de
présenter les circonstances et le décor sur lesquels vont se détacher les événements
principaux de « l’adventure » ; il renvoie à un procès dont le déroulement est
interrompu par un autre événement, évoqué au passé simple, qui en donne une

103
Op. cit., N. XLV, l. 9 à 17.
104
Op. cit., N. XXXVII, l. 42 à 50.

Juin 2000 69 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

vision globale, représentant tout à la fois le terme initial, le développement complet


et le terme final. « L’adventure » est alors perçue dans sa globalité comme une
totalité finie et bornée mais non dénuée d’une complexité événementielle. Si
l’imparfait témoigne d’une certaine linéarité temporelle inhérente à son emploi dans
l’incipit et à sa fonction de toile de fond indiquant la faille et le défaut sous-jacents,
le passé simple, au contraire, s’emploie à témoigner d’un enchevêtrement temporel
relatif aux événements du récit. L’adverbe « tantost » est le plus souvent
l’embrayeur temporel qui encode le passage au passé simple, c’est à dire à la
rupture que constitue « l’adventure » ; il fonctionne lui aussi, le plus souvent, en
tandem avec l’adverbe « encores » qui marque la persistance d’une action, d’un état
au moment considéré et indique la répétition. Ce duo stigmatise le paradoxe d’un
passé pas aussi simple qu’on pourrait le croire initialement ; en effet, le passé
simple du « tantost », vision globale, finie et bornée de l’événement, est en réalité le
moyen d’expression du « encores », à savoir de l’événement répété et mouvant qui
est au centre de l’action. Il permet un marquage très fort de l’accélération
temporelle tout en rendant compte de la complexité événementielle.
C’est le cas par exemple de la nouvelle quatorze qui traite des « histoires qui a
present courent » (l. 7-8) sur « la grande et large marche de Bourgoigne » (l. 5) sur
« ce que nagueres y advint » (l. 9). Le début de l’histoire nous est donné comme
suit :

Assez près d’un gros et bon village assis sur la rivière d’Ouches avoit et
encore a une montaigne ou ung hermite [...] faisoit sa residence. 105

Le récit à l’imparfait va alors s’employer à restituer les habitudes de cet ermite afin
de préparer à l’ « adventure ». Celle-ci nous est annoncée par la voix d’un narrateur
cumulant fonction phatique et fonction de régie auprès du lecteur : « Veez cy qu’il
fit » (l. 21) et elle est marquée par le changement du temps des verbes. En effet,
après une vingtaine de lignes exclusivement à l’imparfait, le passé simple fait
irruption pour marquer l’intrusion de l’ « adventure ». Dès lors, les connecteurs
temporels vont se multiplier afin de marquer le déroulement saisissant de
l’événement. C’est le cas des compléments circonstanciels de temps du type « ung

105
Op. cit., N. XIV, l. 9 à 12.

Nelly LABERE 70 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

soir environ la mynuyt, qu’il faisoit noir et rude temps » (l. 26-27), « a l’heure
accoustumée et deue » (l. 120), des adverbes comme « aucunesfoiz » (l. 109),
« entretant » (l. 57), « tantost » (l. 219) et du champ lexical du temps : temps divin
avec « Dieu » (l. 38) et « saint Pierre et saint Paul » (l. 49-50), temps humain avec
« annuncier, commender » (l. 40) et « abreger l’execution » (l. 181). Ces marqueurs
ont pour fonction de baliser temporellement le récit afin de souligner les
rebondissements et de matérialiser le traitement répétitif qu’opère le songe de la
vieille femme. C’est là que joue à plein la fonction de « encores » qui accorde
l’histoire de la révélation avec le proverbe énoncé par l’ermite : « A la tierce foiz va
la luycte » (l. 146), proverbe synthétisant le déroulement même du récit. C’est qu’en
effet, la complexité du récit, au passé simple, de l’aventure de la vieille mère repose
sur la répétition de l’apparition de l’ermite-ange en rêve, ternaire appelant ici la
trinité. Le « encores » de la variation énonciative du songe s’inscrit dans ce
« tantost » de la rupture et prolonge paradoxalement cette temporalité de
l’interruption par le ressac de la discordance. La rupture est alors répétée et modulée
sur le thème du « encores » qui lui confère une extension temporelle lui permettant
d’accéder à la durée. Dès lors, l’interruption du « tantost » est davantage à
interpréter du côté du décalage et de l’écart que de celui de la fracture :
« l’adventure » en est l’incarnation puisque tout en elle est stratégie de l’inattendu.

I.3.3 Temps nocturne et t emps diurne

« La chronologie médiévale proprement dite, les moyens de mesurer le


temps, de savoir la date ou l’heure, l’outillage chronologique est
rudimentaire [...]. Les instruments de mesure du temps demeurent liés
au caprice de la nature – tel le cadran solaire dont les indications
n’existent par définition que par temps ensoleillé – ou mesurent des
segments temporels pris sans référence à une continuité – sablier,
clepsydre et tous ces substituts de montres inaptes à mesurer un temps
datable, chiffrable, mais adaptés au besoin de définir des jalons
temporels concrets : chandelles qui divisaient la nuit en trois chandelles,
et, pour les temps courts, prières d’après lesquelles se définissaient le
temps d’un Miserere ou d’un Pater. »106

106
Jacques Le Goff, « Structures spatiales et temporelles », in La Civilisation de l’Occident
médiéval, Paris, Arthaud, 1984, p. 203.

Juin 2000 71 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

Dès lors, il apparaît que la datation horaire ressort comme problématique dans la
mesure où un outillage précis de décompte fait le plus souvent défaut aux
médiévaux ; c’est pourquoi, ils ont souvent recours à l’opposition clairement
identifiable de temps diurne et temps nocturne pour rendre compte du moment
qu’ils cherchent à désigner. Mais cette opposition n’est pas seulement pratique ; elle
prend aussi en compte, dans les Cent Nouvelles Nouvelles, des aspects symboliques
et structurels.

I.3.3.1 Temps diurne

Ainsi, le temps diurne apparaît ouvertement dans les Cent Nouvelles Nouvelles
comme celui de la transparence des signes et de la lisibilité de l’événement. Il
renvoie le plus souvent, dans notre recueil, à tout ce qui est de l’ordre de la
découverte, du déchiffrement et de la clairvoyance. C’est le jour que vont se
développer les raisonnements, les réflexions et les retours à la raison quand celle-ci
s’est perdue et dévoyée. C’est ainsi que la nouvelle cinq va mettre en scène le
jugement de monseigneur Talbot, logique diurne imprimée aux dérèglements du
soldat anglais et au pillard d’églises. Retour encore à la raison dans la nouvelle
vingt-quatre où le comte Walerant essaie de violer une jeune fille ; c’est par le
raisonnement diurne que celle-ci tente de repousser les avances de l’émissaire du
comte :

Car, au regard de monseigneur le conte, elle estoit celle, son honneur


saulve, qui luy vouldroit obeir, craindre et servir en toutes choses. Mais
qui la vouldroit requerre contre son honneur, qu’elle tenoit aussi cher
que sa vie, elle estoit celle qui ne le cognoissoit et pour qui elle ne feroit
neant plus que le singe pour les mauvais.107

Malgré son échec, c’est par une seconde entreprise fondée sur la ruse, qu’elle
parviendra à ramener à la raison le comte égaré et qu’elle en sera richement
remerciée. Même observation à propos de l’avant-dernière nouvelle du recueil qui
présente une jeune épousée tiraillée par ses désirs charnels pour un jeune clerc et la
manière dont celui-ci parvint, par ses discours raisonnés, à l’inviter à l’abstinence ;
le verbe qui clôt la quatre-vingt-dix-neuvième nouvelle est celui d’« amonnester »,
soulignant ainsi le pouvoir de la parole diurne et de ses effets sur le comportement
déviant.

107
Cent Nouvelles Nouvelles, N. XXIV, p. 154, l. 40 à 46.

Nelly LABERE 72 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Cependant, il ressort de l’analyse des nouvelles que, si le temps diurne est le temps
de la parole, il n’est pas toujours celui de l’assertion véridique qui conduit à la
lumière de la vérité. En effet, la promesse faite se révèle parfois trompeuse et il faut
souvent attendre le déroulement de quelques journées avant que le retournement ne
se réalise pour laisser apparaître la réalité. C’est le cas, par exemple, dans
l’emblématique nouvelle vingt-six qui présente les amours de Katherine et de
Gérard. Les deux amants se trouvent dans l’obligation de se séparer car la rumeur
court sur leur liaison secrète ; tous deux se font promesse mutuelle de s’aimer
toujours et Gérard, qui doit partir, dit qu’il risque de succomber à cette séparation.
Le temps passe, les amants vivent éloignés, et Katherine parvient à se rendre,
déguisée, auprès de Gérard qu’elle trouve engagé dans une autre relation et ayant
totalement oublié leur amour malgré ses promesses. Le coup d’éclat de Katherine se
fera dans une lettre révélant son identité et sa déception face aux mensonges de son
ancien ami. Ce n’est qu’au petit matin que Gérard la trouve et se rend compte qu’il
a passé plusieurs nuits couché auprès de Katherine, qu’il prenait alors pour Conrad,
un jeune homme arrivé depuis peu au château. Ainsi, ce que souligne la nouvelle
vingt-six, c’est le rôle de la parole diurne qui, malgré les mensonges dont elle peut
se travestir, est toujours une parole de la transparence. Déjà, l’emphase et la
redondance du discours amoureux de Gérard dissimulaient mal les failles dont elles
étaient nourries. Si la vérité est différée temporellement, sa révélation se fait bien le
jour et au grand jour dans cette insistance sur la parole diurne comme espace de la
lisibilité de l’événement. Cependant, il ne semble pas en aller de même pour le
temps nocturne puisque, comme nous le montrait déjà la nouvelle vingt-six, c’est la
nuit que Katherine confond Gérard en se faisant passer pour Conrad. Dès lors, dans
cette ligne de partage entre le jour et la nuit, il semble que les polarités soient
clairement définies pour attribuer à chacun une symbolique et une sémantique
antagonistes.

I.3.3.2 Temps nocturne

Si pour les médiévaux, « La nuit est le temps des dangers surnaturels. Temps de la
tentation, des fantômes, du Diable »108, il n’est alors pas étonnant de retrouver cette

108
Jacques Le Goff, « Structures spatiales et temporelles », in La Civilisation de l’Occident
médiéval, Paris, Arthaud, 1984, p. 205.

Juin 2000 73 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

caractérisation à l’œuvre sur le plan littéraire dans les Cent Nouvelles Nouvelle. En
effet, il apparaît ainsi que le temps nocturne est celui de la confusion et de la rouerie
qui engendrent la ruse et la tromperie. C'est l’exemple que nous offre la première
nouvelle en mettant en scène, à la tombée de la nuit, le retour du mari « envoyé
dehors [par son voisin] pour plus aisément avoir »109 sa femme. Durant cette
« courte nuyt »110, l’amant va jouer un bon tour au mari qui frappe chez lui et « fist
bien a haste coucher [la femme adultère], et au plus près d’elle se bouta, et luy
chargea bien qu’elle se joignist près de luy et caichast le visage qu’on n’en puisse
rien apercevoir »111 ; ainsi, seul le postérieur de la femme sera offert à la vue du
mari, qui malgré ses interrogations, ne parviendra pas à déceler la tromperie. La
nuit, est donc le lieu où les signes s’offrent dans leur ambiguïté et où la lisibilité de
l’événement est pervertie. La nouvelle trente-neuf participe elle aussi de cette
connotation négative du temps nocturne ; là encore, la scène se déroule de nuit,
ainsi que le mentionne le terme de « chandelle » (l. 44) et la mention « tant se passa
le temps que monseigneur se deffist de ses gens, vint en sa chambre, se deshabilla et
coucha. Madame se mist en cotte simple, print son attour de nuyt et ses heures en sa
main, et commence devotement, Dieu le scet, a dire sept pseaulmes et paternostres »
(l. 91-96). Cette nouvelle prend le cadre nocturne pour justifier la tromperie de la
femme adultère puisqu’elle est le moyen pour elle de parvenir à rejoindre en
cachette son amant. Cependant, ce subterfuge va se doubler d’une autre
mystification puisque la servante, envoyée auprès de l’amant pour lui tenir
compagnie et éviter qu’il ne reste dans le noir privé de bougie, va en réalité se
révéler plus qu’un simple « passe-temps ». Dès lors, la nuit offre le lieu propice à la
falsification, à la feinte et à la duperie pour devenir même leurre et faux-semblant
comme dans la nouvelle quatorze où un ermite, trois nuits consécutives, se rend
auprès d’une vieille femme endormie afin de lui faire de fausses révélations divines
qui la conduiront à penser que sa fille est la femme choisie par Dieu pour enfanter le
nouveau pape et qui l’emmèneront à la « bailler » à l’ermite concupiscent et
machiavélique.
Déjà, s’esquisse dans ces trois nouvelles une autre fonctionnalité de la nuit ; si la
duperie en est une de ses modalités, elle se double encore de l’érotisme, thématique

109
Cent Nouvelles Nouvelles, abrégé de la Ière nouvelle, p. 1, l. 7 à 8.
110
Op. cit., N. I, p. 25, l. 68.
111
Op. cit., l. 82 à 85.

Nelly LABERE 74 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

chère aux Cent Nouvelles Nouvelles. En effet, il ressort de notre analyse du recueil
que le temps diurne est celui où s’exercent les pulsions physiques et qui donne
licence de les réaliser. De la première nouvelle qui permet la rencontre amoureuse
de la femme et de son voisin au nez et à la barbe du mari, en passant par le
marchandage amoureux de la nouvelle quinze reposant sur la qualité volumétrique
de « l’instrument »112 du moine que la « nonnain » est amenée à « taster »113,
jusqu’à la trente-neuvième nouvelle « du chevalier qui, en attendant sa dame,
besoigna troys fois avec la chambriere qu’elle avoit envoyée pour entretenir le dit
chevalier »114, toutes les nouvelles nocturnes mettent en scène la même question du
désir sexuel et des tentatives de sa réalisation. La nouvelle trente est emblématique
de ces implications ; multipliant les marqueurs temporels relatifs au temps nocturne
(« ung soir », « quand il fut heure de soy retraire, les femmes donnerent la bonne
nuyt a leurs mariz », « a ceste heure », « ces bonnes femmes, qui n’avoient toute la
nuyt dormy, ne se descoucherent pas trop matin, car sur le jour sommeil les print,
qui les fist lever sur le tard », « ennuyt », deux nuitz », « la nuyt passée ») elle
souligne que l’événement n’a pu se passer que durant la nuit. Si les « troys
marchans de Savoye alans en pelerinage a Saint Anthoine en Viennois, furent
trompez et deceuz par trois cordeliers, lesquelz coucherent avec leurs femmes,
combien qu’elles cuidoient estre avec leur mariz »115, cette « adventure » n’a pu être
réalisée qu’à la faveur du temps nocturne. En effet, seule condition à ce que les trois
femmes succombent à la supercherie, la nuit favorise le désir et sa réalisation.
La nuit est le lieu de l’intimité et de la concupiscence et offre un espace temporel
délimité où peuvent se développer les « adventures » des Cent Nouvelles Nouvelles.
Il n’est pas anodin de remarquer, à ce propos, que la seule nouvelle qui prenne le
temps diurne pour cadre des relations sexuelles est celle qui met en scène un fou. En
effet, la nouvelle douze spécifie que cet hollandais est un « fol » qui ne tient pas
compte de la dichotomie symbolique et sémantique entre temps nocturne et temps
diurne puisque « les nuiz, qui pour ceste saison duroient et neuf et dix heures,
n’estoient point assez suffisantes ne d’assez longue durée pour estaindre le
tresardent desir qu’il avoit de faire lignée »116. Ainsi, la déviation que stigmatise

112
Op. cit., abrégé de la XVe nouvelle, p. 4, l. 115.
113
Ibid.
114
Op. cit., abrégé de la XXXIXe nouvelle, p. 9, l. 289 à 291.
115
Op. cit., abrégé de la XXXe nouvelle, p. 7 à 8, l. 224 à 228.
116
Op. cit., N. XII, p. 87, l. 8 à 12.

Juin 2000 75 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

cette nouvelle est celle qui consiste à négliger et à ne pas respecter le système mis
en place par le temps nocturne en brouillant les oppositions et les dichotomies
établies. Dès lors, il ressort que temps nocturne et temps diurne sont les deux pôles
d’une temporalité problématique et que chacun recouvre des fonctionnalités bien
précises. Cette temporalité apparaît de manière symbolique et sémantique dans la
sphère sociale puisqu’elle encode des pratiques spécifiques et clairement
identifiables ; mais elle a, au-delà encore, des implications et des répercussions sur
le plan littéraire dans la mesure où elle invite à repenser toutes les catégories de
l’analyse traditionnelle du genre.

I.3.3.3 La mixité du temps de la nouvelle

En effet, si nous établissons un parallèle entre le temps de la nouvelle et sa tonalité,


il ressort de cette analyse une autre dichotomie. Ainsi, il semble que les nouvelles
dites nocturnes relèvent de la tonalité grivoise que l’on attribue fréquemment au
fabliau et que les nouvelles diurnes sont davantage à rattacher à la tonalité
courtoise, spécifique d’autres genres littéraires brefs comme les lais, les novas ou
bien les nouvelles courtoises117. En effet, les nouvelles que nous avons analysé
comme relevant des même schémas discursifs que le fabliau et se nourrissant de
matériaux analogues se passent le plus souvent la nuit, comme c’est le cas dans les
nouvelles sept, neuf, seize, vingt-sept, vingt-huit, vingt-neuf... Ainsi, il apparaît que
la tonalité de la nouvelle est étroitement liée au moment durant lequel se situe son
action. Si « l’orfevre de Paris [...] fist le charreton couscher avec luy et sa femme »
et si « le charreton par derriere se jouoit avec elle, dont l’orfevre se parceut et
trouva ce qui estoit »118, c’est parce qu’il était déjà fort tard pour que le « carreton »
puisse repartir (« la cloche sonna xij heures »119) et que, par conséquent, « l’orfevre
retint au coucher son chareton, doubtant la rencontre du guet, qui l’eust en
Chastellet logié si a ceste heure le trouvast »120. Dès lors, l’arrivée de la nuit est le
moteur d’une action relevant de la tonalité du fabliau et justifie l’« adventure ». Le
temps diurne et la tonalité de la nouvelle sont eux aussi fortement corrélés ainsi que
l’illustre la nouvelle vingt-deux qui « racompte d’ung gentil homme qui engroissa

117
On se réfère ici au recueil Nouvelles courtoises édité par Suzanne Méjean-Thiolier et Marie-
France Notz-Grob dans la collection Lettres Gothiques, Paris, Le Livre de Poche, 1997.
118
Cent Nouvelles Nouvelles, abrégé de la VIIe nouvelle, p. 2, l. 54 à 58.
119
Op. cit., N. VII, p. 65, l. 18.
120
Op. cit., l. 23 à 25.

Nelly LABERE 76 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

une jeune fille, et puis en armée s’en ala. Et, avant son retour, elle d’un autre
s’accointa, auquel son enfant elle donna. Et le gentil homme, de la guerre retourné,
son enfant demanda ; et elle lui pria que a son nouvel amy le laissast, promettant
que le premier qu’elle feroit sans faulte lui donneroit »121. En effet, le narrateur
prend soin de se référer à une tonalité courtoise à l’occasion du départ pour la
guerre de l’ami puisqu’il mentionne l’allégorie du « dieu d’amours »122 et brosse le
portrait d’une femme éplorée : « Pensez que s’elle n’eust jamais plouré, ne s’en
tenist a ceste heure, puis qu’elle voit eloigner la rien en ce monde dont la presence
plus luy plaist ! Pour abreger, tant luy despleut ce dolent departir qu’oncques mot
ne sceut dire, tant empescherent sa doulce langue les larmes sourd[antes] du
profond de son cueur »123. Le temps diurne est bien celui où se développent les
sentiments amoureux et leur expression courtoise. Ce jeu de correspondances entre
tonalité et temporalité nous invite ainsi à repenser l’analyse traditionnelle des
genres à partir de l’exemple significatif que nous offre les Cent Nouvelles
Nouvelles. Ainsi, le temps diurne renverrait à la tonalité courtoise alors que le temps
nocturne à celle du comique, de la farce et de la grivoiserie. La temporalité servirait
alors de ligne de partage pour la caractérisation des tons et des genres par des
systèmes de concordance à l’œuvre. Dès lors, il serait envisageable de repenser les
filiations de la nouvelle par rapport à des genres préexistants par le biais de la
temporalité. Cependant, si on peut définir, par cet angle d’étude, les interactions des
autres genres brefs avec la nouvelle, il semble pourtant difficile de définir la tonalité
générale de l’ensemble des Cent Nouvelles Nouvelles. En effet, il s’agit, dans notre
recueil, d’une phénomène de mixité et non d’une continuité dans la tonalité. Ainsi,
nous l’avons vu, certaines nouvelles grivoises peuvent être suivies ou précédées de
nouvelles courtoises. Dès lors, un principe d’alternance semble gouverner dans les
Cent Nouvelles Nouvelles. Cependant, il semble que cette technique de la contiguïté
aille même au-delà dans un mélange des tons au sein d’une seule et même nouvelle.
Pour bien comprendre ce phénomène spécifique au recueil de nouvelles, on peut se
référer à la nouvelle XXXI ; ainsi, cette nouvelle met-elle en scène une situation
analogue à celle de la Châtelaine de Vergy : un couple vit en secret une relation qui
doit être préservée du public. Cette donnée initiale est par définition un principe de

121
Op. cit., abrégé de la XXIIe nouvelle, p. 6, l. 163 à 169.
122
Op. cit., N. XXII, p. 146, l. 31.
123
Op. cit., p. 145, l. 19 à 25.

Juin 2000 77 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

la tradition courtoise réitéré dans la nouvelle. Or, la chute comparée de la nouvelle


XXXI avec celle de La Châtelaine de Vergy met bien en lumière le traitement que
la nouvelle va faire subir au canevas initial : la relation va être découverte par un
tiers mais au lieu d’en mourir, la jeune femme va s’accommoder de la situation et
jouir des faveurs des deux hommes. Ici, les Cent Nouvelles Nouvelles travaillent sur
les mêmes matériaux mais en opérant des modifications quant à la tonalité et au
sens. La tonalité courtoise est, en effet, délaissée au profit d’une tonalité comique,
voire grivoise. Mais cette mixité est aussi à l’œuvre dans le sens inverse puisque des
matériaux grivois peuvent être traités sur un mode courtois. C’est le cas dans la
nouvelle vingt-six des Cent Nouvelles Nouvelles qui présente les aventures de
Gérard et de Katherine, deux jeunes gens amoureux mais qui doivent se séparer
pour cause de rumeur. Katherine, pour aller rejoindre Gérard et sonder ses
sentiments, se déguise en homme et se fait appeler Conrad ; elle va ainsi passer
plusieurs nuits auprès de son amant, couchée dans le même lit que lui sans que,
pour autant, ce dernier ne la reconnaisse. Ce jeu sur le déguisement et le
travestissement aurait pu conduire à bon nombre de digressions grivoises et à un
traitement comique de la part du narrateur. Or, il n’est en rien. La nouvelle conserve
sa tonalité courtoise jusqu’à la fin de son récit et se clôt sur le désespoir de
Katherine rendue à l’évidence que Gérard ne l’aime pas et ne l’a peut-être jamais
aimée et sur son mariage avec un autre homme comme conséquence de
l’acceptation de ce constat. Ainsi, il apparaît que la spécificité de la nouvelle est de
se prêter à une mixité : mixité dans le recueil mais aussi dans les nouvelles qui,
encodant le récit vers des tonalités attendues et convenues, rompent avec la tradition
pour en proposer d’autres. L’analyse de l’adéquation de la tonalité avec les
matériaux narratifs utilisés souligne la spécificité du genre de la nouvelle qui joue
avec les codes et les attentes des lecteurs. Dès lors, une des novations des Cent
Nouvelles Nouvelles et du genre de la nouvelle en général est cette capacité à
intégrer des tons différents qui colorent le récit et l’ouvrent vers une réception de
l’inattendu. Ainsi, les Cent Nouvelles Nouvelles ne sont ni des récits grivois, ni des
récits courtois ; elles ne sont ni des récits nocturnes, ni des récits diurnes. Elles sont
un subtil mélange de ces composantes et un jeu, sans cesse renouvelé, sur la
matière.

Nelly LABERE 78 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

II Le récit : un travail sur le temps

Si les Cent Nouvelles Nouvelles sont un jeu renouvelé sur le temps, c’est par leur
travail sur le récit qu’elles réalisent pleinement leur nouveauté constitutive. Elles
inversent, en effet, l’ordre du couple inventio/dispositio afin de mettre au premier
plan leur projet de renouvellement de la forme. L’empreinte du narrateur, que nous
souhaiterions étudier ici, constitue une des modalités de la construction du livre
comme édifice où coexistent différentes temporalités. Par une étude structurelle
nous projetons d’analyser comment le recueil de nouvelles est bâti sur un principe
de suites et de séries, reposant sur des clefs de voûte, qui dessinent un parcours
métaphorique du sens. La numérotation et l’organisation des nouvelles deviendrait
alors le moyen pour l’auteur de programmer la lecture mais aussi de projeter
l’image du livre comme construction architectonique reposant sur une nouvelle
définition de la temporalité. Cependant, les Cent Nouvelles Nouvelles ne sont pas
seulement constituées d’un recueil. Elles se fondent aussi sur la présence d’une
table des matières, portique de l’œuvre, pré-texte et abrégé qui remet en question la
définition traditionnelle du recueil. Dès lors, le recueil est à redéfinir comme un
diptyque qui multiplie les pratiques de lecture et bouleverse la linéarité temporelle.
Si les effets d’annonce et de suspens sont à son fondement, c’est peut-être pour
témoigner d’une remise en question d’un ordre qui ne se donne pas de façon aussi
médiate qu’on aurait pu initialement le penser. La nouveauté fondamentale des Cent
Nouvelles Nouvelles serait peut-être à chercher dans la présence de cette table des
matières, table d’orientation dans ce parcours architectonique du temps.

Juin 2000 79 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

Nelly LABERE 80 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Deuxième Partie

II.1 Le narrateur métronome


II.1.1 Signature et attribution : le présent du dire
II.1.1.1 La signature ou l’ancrage dans le présent
II.1.1.2 Auteur et narrateur(s) : la saisie ludique du temps
II.1.1.3 Narrateurs multiples, temps multiples
II.1.2 Récit et fiction : le présent de l’écrire
II.1.2.1 Le narrateur certificateur
II.1.2.2 Le narrateur régisseur
II.1.2.3 Le narrateur commentateur
II.1.3 Le rapport à l’auditeur : du « present livre » au futur lire
II.1.3.1 La fonction phatique ou « la captatio » du présent
II.1.3.2 Le narrateur omniscient en prise sur le temps
II.1.3.3 L’esthétique de la participation ou la tension vers le futur du lire

II.2 Le recueil ou la lecture architectonique du temps


II.2.1 Suites et séries
II.2.2 Clefs de voûte
II.2.3 Numérotation et organisation
II.3 « La table » et « le livre » : une vision spéculaire de la temporalité
II.3.1 La « table » d’orientation
II.3.1.1 Un pré-texte
II.3.1.2 Un abrégé
II.3.1.3 Un nouveau recueil
II.3.2 « La table » et « le livre » : une certaine définition de la temporalité
II.3.2.1 L’économie narrative au service de la temporalité
II.3.2.2 Effets d’annonce et de suspens

Juin 2000 81 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

II.3.2.3 De la table au tableau ou l’esthétique de l’amplification


II.3.3 Un diptyque
II.3.3.1 Un duo qui n’est pas un doublet
II.3.3.2 Vers une nouvelle définition du recueil
II.3.3.3 Lectures suivies et lectures croisées : la temporalité de la lecture en
œuvre

Nelly LABERE 82 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

II.1 Le narrateur mét ronome

C’est le narrateur qui va fournir au récit le rythme et le tempo qui est à son
fondement. Trois temporalités vont alors être à l’œuvre : le présent du dire, par
l’inscription du narrateur métronome comme acteur du récit, présent de l’écrire, par
ses fonctions de commentateur, régisseur et certificateur, et enfin futur du lire, par
le relais que le narrateur omniscient fournit au lecteur. Dès lors, il apparaît que la
structuration temporelle de la nouvelle est bien moins linéaire qu’il n’y paraît. En
effet, de la nouvelle au recueil et du recueil au livre, le rapport au temps apparaît
comme problématique en ce sens où construction architectonique et élaboration
structurelle contribuent à complexifier son expression. C’est pourquoi nous
souhaiterions mieux définir ici le travail de structuration qui est à l’œuvre dans les
Cent Nouvelles Nouvelles afin de mieux cerner en quoi le recueil de nouvelle rompt
avec des pratiques littéraires traditionnelles et, symboliquement, avec un
pessimisme historique.

II.1.1 Signature et attributio n : le présent du dire

Par les signatures et les attributions, les conteurs vont s’inscrire dans le récit et
proposer leur propre temporalité fondée sur l’oralité. Ils sont alors, au sens propre
du terme, des acteurs occupant des rôles divers en fonction du spectacle qu’ils se
donnent les uns aux autres. Dans un dialogisme inhérent au genre des recueils
narratifs, la parole des conteurs et, éventuellement, celle des personnages de leurs
récits sont mises en représentation. Celle-ci a pour cadre le présent mais se module
et se fractionne, par une saisie ludique, en différentes temporalités qui se
superposent.

Certains narrateurs ne disent qu’une seule nouvelle, alors que d’autres


en racontent douze ou quinze. Les nouvelles défilent les unes à la suite
des autres. Le temps du recueil est cyclique, car on revient au point zéro
du récit à la fin de chaque nouvelle. Il n’y a aucune progression
temporelle possible, puisque les narrateurs passent en revue l’idéologie

Juin 2000 83 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

dominante en présentant des cas qui la démentent. En faisant le tour de


l’idéologie, on se situe hors du temps.124

C’est à partir de cette analyse des multiples temporalités à l’œuvre dans les Cent
Nouvelles Nouvelles, que nous souhaiterions montrer que ce qui est à l’œuvre dans
la polyphonie des devisants est un présent, temps zéro du dire, qui s’ouvre sur un
autre présent, celui de l’écrire.

II.1.2 Récit et fiction : le pr ésent de l’écrire

Ce présent de l’écrire, c’est celui qu’impriment au texte les différents conteurs se


répartissant ou compilant les fonctions de certificateur, régisseur et commentateur.
Par leur travail sur le récit, ils mettent en place une certaine vision de la nouvelle
par le biais d’une temporalité axée sur le présent. Le travail de mise en ordre, dont
ils sont la représentation figurée, invite à tenter de comprendre les implications de la
nouvelle comme volonté de structuration du réel. C’est en quoi nous souhaiterions
ici analyser les différentes fonctions du narrateur comme autant de facettes d’une
volonté de saisie du réel par le présent de l’écrire.

II.1.3 Le rapport à l’audite ur : du « present livre » au futur lire

Pour conclure ce point consacré à la figure réelle ou figurée des conteurs, nous
désirons maintenant analyser en quoi les différentes fonctions des narrateurs
multiples ont des implications sur le futur lire. En étudiant, tout d’abord, comment
les narrateurs utilisent la fonction phatique pour atteindre à la captatio du présent
livre, ceux-ci, en prise sur le temps, dessinent à l’intérieur du livre une esthétique de
la participation qui se veut tension vers le futur du lire.

II.2 Le recueil ou la l ecture architectonique du temps

Mais ce qui, avant tout, exprime le mieux cette esthétique, voire cette éthique de la participation,
c’est la constitution des Cent Nouvelles Nouvelles en recueil. En effet, l’auteur, qui essaie par le

124
Pierre-André Beauchamp, « Procédés et thèmes carnavalesques dans les Cent Nouvelles
Nouvelles », in le Moyen Français, revue dirigée par Giuseppe di Stefano, Montréal, Turin, 1977, n°
1, p. 105.

Nelly LABERE 84 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité
concours de ses contemporains d’élaborer une conception et un système à partir des expériences
individuelles et collectives de la réalité, peut exprimer son idéologie soit directement dans une
préface, à travers les interventions personnelles ou à travers les personnages fictifs, soit
« indirectement » par le biais de la structure de la fiction littéraire. Et c’est justement cette deuxième
position que choisit l’auteur des Cent Nouvelles Nouvelles et nous verrons que cette décision est
riche de potentialités dans son rapport avec le temps. Ainsi, le fait de constituer un récit sous forme
de recueil revient à proposer un ordre et une classification qui détermine une organisation dans la
lecture et donc dans le temps. Par conséquent, la première nouvelle se donne-t-elle comme antérieure
à la seconde qui elle même inscrit sa continuité narrative dans la troisième, etc... Dès lors, c’est bien
la question du temps à l’œuvre dans le récit et dans la lecture qui est invoquée ici dans la mesure où
créer de l’ordre, c’est créer du temps. Le livre devient alors un être organique dont les nouvelles
correspondent à des espaces temporels qui le prédéterminent et le constituent. Non seulement les
nouvelles, en elles-mêmes, constituent des espaces temporels au sein de l’œuvre, mais leur
groupement en suites et séries par le biais de clefs de voûte qui verrouillent une organisation
numérale parfaite invite à reconsidérer d’autres formes de temporalités. En effet, si le livre équivaut
à un monument architectonique, cela n’est pas sans avoir des implications sur la lecture. C’est
pourquoi nous souhaiterions étudier ici comment une construction en suites et séries bouleverse la
lecture d’une nouvelle en l’insérant dans un ensemble plus vaste qui repose sur des échos et prolonge
alors la temporalité à l’œuvre. Ces groupements narratifs variables sont articulés autour de clefs de
voûte qui, de par leur caractère isolé, dilatent le temps de la lecture et redéfinissent une nouvelle
temporalité qui ne prend sens que dans la série à venir. Cette temporalité s’inscrit alors dans un
ensemble plus vaste qui est celui d’une organisation par numérotation qui, nouvelle après nouvelle,
construit le livre.

II.2.1 Suites et séries

II.2.2 Clefs de voûte

II.2.3 Numérotation et org anisation

Juin 2000 85 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

II.3 « La table » et « le livre » : une vision spéculaire


de la temporalité

Cependant, parler de « livre » au sujet du recueil de nouvelles revêt, pour les Cent
Nouvelles Nouvelles, un caractère problématique, voire abusif. C’est oublier de fait
la présence d’une table des matières, située à son ouverture, et qui, de par son
caractère spéculaire, invite à une redéfinition de sa temporalité.

II.3.1 La « table » d’orienta tion

II.3.1.1 Un pré-texte

Ce n’est pas une pratique courante au Moyen Age que de faire figurer en ouverture
du recueil une table des matières ayant pour fonctionnalité celle de guider le lecteur
dans son parcours architectonique de l’œuvre. En effet, si on se réfère à quelques
productions ayant probablement influencé la rédaction des Cent Nouvelles
Nouvelles, on constate rapidement l’absence de table des matières ; c’est le cas par
exemple dans le Novellino qui mentionne seulement, sous chaque numéro d’histoire
contée, une brève phrase appelant la thématique qui va être développée ; autre
pratique encore plus significative, celle des Quinze joies de mariage qui ordonne
simplement la lecture par une invitation chronologique reposant sur le décompte des
récits : première joie, deuxième joie... Pour estimer davantage la nouveauté125

125
Il est à ce propos significatif de relever l’absence de discours tenu au sujet de cette table des
matières. Figurant dans le manuscrit de Glasgow (n°252, fonds Hunter) et dans toutes les éditions
modernes s’appuyant sur ce manuscrit qui est le seul que l’on connaisse aujourd’hui, elle n’a
pourtant pas relevé l’attention des critiques qui se sont contentés de relever sa présence sans pour
autant y faire porter leurs études. Il est probable que l’hapax littéraire que constitue cette table des
matières dans la production littéraire des XIVe et XVe siècles ait été mis sur le compte d’un rajout lié
aux pratiques naissantes de l’imprimerie. En effet, il est fréquent que les imprimeurs intègrent une
table des matières aux œuvres éditées afin de faciliter le parcours du lecteur dans le livre. Cependant,
ce n’est pas le cas pour les Cent Nouvelles Nouvelles puisque le manuscrit, daté au plus tard de 1467,
en porte déjà les traces. Il faut donc lire dans ce silence des craintes justifiées car inhérentes à des
pratiques éditoriales parfois suspectes mais aussi peut-être une distanciation significative.
Longtemps tenues pour des « anecdotes après boire » qui « manquent un peu de variété » et où
« l’indécence et la grossièreté s’y étalent » sans qu’on y sache « en dégager une conception
d’ensemble de la vie sinon l’esprit gaillard, la bonne santé optimiste de nos pères » (Pierre Jourda,
Conteurs français du XVIe siècle, p. 20), il est surprenant que l’on ait préféré étudier les Cent
Nouvelles Nouvelles sous l’angle du réalisme ou de la reprise de récits littéraires préexistant plutôt
que de s’attacher à l’originalité d’une œuvre qui témoigne pourtant, de par sa forme, d’une
modernité constitutive.

Nelly LABERE 86 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

qu’apportent les Cent Nouvelles Nouvelles, on peut encore se référer aux recueils
postérieurs de nouvelles qui fleurissent au XVIe siècle. Que constatons-nous ? Dans
le Printemps de Jacques Yver et dans l’Esté de Benigne Poissenot, aucune aide à la
lecture n’est proposée ; le rédacteur se contente de faire figurer le décompte des
récits en journées ou en histoires sans pour autant déclarer, dès cette mention, une
thématique fédératrice. Plus programmatiques sont les Propos rustiques de maître
Léon Ladulfi champenois et les Baliverneries d’Eutrapel de Noël du Fail qui
mentionnent, après chaque numérotation, une phrase invitant le lecteur à parcourir
le texte :

IV. La différence du coucher de ce temps, et du passé, et du


gouvernement d’amour.
VII. De Thenot du Coing.
VIII. De Tailleboudin, filz de Thenot du Coing, qui devint bon et savant
gueux. »126

I. Eutrapel amène un villageois coqu, à Polygame.


II. Eutrapel ayant assisté à une luicte, desespere de faim.
III. Eutrapel compte d’une compagnie de gens ramassez »127.

Même pratique, quoique beaucoup plus étendue, dans les Nouvelles récréations et joyeux devis,
puisque Bonaventure des Périers prend le parti de proposer, après chaque nouvelle numérotée, un
titre augurant du thème qui va être développé :

Nouvelle IV. Du bassecontre de Saint-Hilaire de Poytiers, qui


accompara les chanoines à leurs potages
Nouvelle V. Des trois sœurs nouvelles espousées qui respondirent
chascune un bon mot à leur mary la premiere nuict de leurs nopces.
Nouvelle VI. Du mary de Picardie qui retira sa femme de l’amour par
une remonstrance qu’il luy fit en la presence des parens d’elle.128

Mais ce n’est réellement qu’avec l’Heptaméron de Marguerite que le titre


programmatique du récit va réellement s’amplifier et se développer pour atteindre
au résumé :

Dix huictième nouvelle. Un jeune gentil homme escolier, espris de


l’amour d’une bien belle dame, pour parvenir à ses attaintes, vainquit

126
Noël du Fail, « Propos rustiques de maistre Leon Ladulfi champenois », in Conteurs français du
XVIe siècle, éd. Pierre Jourda, Paris, Gallimard, NRF, Bibliothèque de la Pléiade, 1965, p. 599 à 662.
127
Op. cit., p.663 à 700.
128
Bonaventure des Périers, « Nouvelles récréations et joyeux devis », in Conteurs français du XVIe
siècle, éd. Pierre Jourda, Paris, Gallimard, NRF, Bibliothèque de la Pléiade, p. 361 à 598.

Juin 2000 87 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

l’amour et soy-mesme, combien que maintes tentations se presentassent


suffisantes pour luy faire rompre sa promesse. Et furent toutes ses
peines tournées en contentement et recompense telle que meritoit sa
ferme, patiente, loyale et perfaicte amitié.129

Si au XVIe siècle certains récits proposent quelques traits augurant de la pratique


qui consiste à donner un titre ou à évoquer initialement et brièvement la thématique
développée dans le récit, ils ne font pas cependant acte d’une table des matières. Ce
mode de fonctionnement, étant lié au développement de l’imprimerie, ne se
systématisera que plus tardivement ; la table des matières figurant au début ou à la
fin des récits étant en effet une pratique moderne. Dès lors, on ne peut que
s’interroger sur sa présence dans les Cent Nouvelles Nouvelles, texte nettement
antérieur aux ouvrages cités précédemment et figurant à titre d’exemples
significatifs. Située à l’ouverture de l’œuvre, avant même la dédicace convenue au
duc de Bourgogne, la table des matières des Cent Nouvelles Nouvelles est
littéralement le seuil, le portique de l’œuvre et constitue par là même son originalité
fondamentale. En effet, il ne s’agit pas, comme dans les autres ouvrages cités, d’un
bref appel du titre destiné à évoquer la thématique du récit qui suit. C’est au
contraire une forme de récit précédant le récit, un pré-texte initial qui affirme son
indépendance constitutive par sa forme bouclée et son caractère détaché. Si cette
table des matières affirme son individualité c’est parce que sa position lui confère le
statut de forme littéraire à part entière ; ni ajout signifiant au titre, ni appendice
relégué aux marges du livre, « la table de ce present livre »130 constitue la première
rencontre de l’œuvre et du lecteur et littéralement les premiers mots qui lui sont
adressés. Sans être un prétexte à une captatio traditionnelle ou à un discours
périphérique tenu sur les récits à venir, la table des matières est réellement un pré-
texte, c’est à dire un récit qui fait sens, séparé du corps du texte par la dédicace au
duc de Bourgogne, affirmant par là même son caractère isolé, autant du point de vue
matériel que littéraire.

II.3.1.2 Un abrégé

Si la table des matières constitue donc un texte à part entière, autonome,


volontairement détaché et mis au premier plan du livre, elle n’est pas pour autant

129
Marguerite de Navarre, « L’Heptaméron», in Conteurs français du XVIe siècle, éd. Pierre Jourda,
Paris, Gallimard, NRF, Bibliothèque de la Pléiade, p. 701 à 1134.
130
Cent Nouvelles Nouvelles, p. 1, l. 2.

Nelly LABERE 88 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

sans ramifications avec le reste de l’œuvre avec qui elle entretient des liens étroits.
En effet, les Cent Nouvelles Nouvelles ne témoignent pas d’un caractère
fragmentaire mais dis-continu puisque la table se fait table d’orientation pour guider
le lecteur dans le parcours architectonique de l’œuvre. Ainsi, des nombreux rapports
que la table des matières entretient avec le récit qui suit, il en est un qui appelle à la
réflexion : c’est celui qui met en jeu les termes de « sens » et de « temps » puisque,
pour guider le lecteur, la table se fait abrégé. Le parti-pris des Cent Nouvelles
Nouvelles est là encore fort original ; il intègre deux pratiques connues mais jusque
là isolées. Si, comme nous l’avons vu, la possibilité d’un résumé du récit est
pratiquée au XVIe siècle et si une table des matières, souvent en appendice, voit
parfois le jour, il est au contraire fort rare que les deux soient associées comme c’est
le cas dans les Cent Nouvelles Nouvelles. Ainsi, le pré-texte se fait-il abrégé afin de
rendre compte des récits qui vont suivre. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer
une des nouvelles avec son abrégé :

La XIe nouvelle, par Monseigneur, d’un paillard jaloux qui, après


beaucoup d’offrandes faictes a divers sains pour le remede de sa
maudicte maladie, fist offrir une chandelle au deable qu’on mect
communement desoubz saint Michel ; et du songe qu’il songea, et de ce
qui luy advint au reveiller.

La XIe NOUVELLE, par Monseigneur


Ung lasche paillard et recreant jaloux, je ne dy pas coulx, vivent a
l’ayse ainsi comme Dieu scet que les entachez de ce mal pevent sentir et
les aultres pevent apercevoir et oyr dire, ne savoit a qui recourre ne soy
rendre pour trouver garison de sa dolente, miserable et bien pou
plaincte maladie. Il faisoit huy ung pelerinage, demain ung aultre, et
aussi le plus souvent par ses gens de devocions et offrandes faisoit taire,
tant estoit assoté de sa maison, voire au mains du regard de sa femme,
qui miserablement son temps passoit avecques son tresmaudit mary, le
plus supessonneux hoignard que jamais femme accoinstast. Ung jour,
comme il pensoit qu’il fait et fait faire pluseurs offrandes a divers
sains de paradis, en entre aultres a monseigneur saint Michel, il
s’advisa qu’il en feroit une aultre a l’ymage qui est dessoubz ses piez,
qui est la representacion d’un deable. Et de fait commenda a ung de
ses gens qu’il luy allumast et feist offre d’une grosse chandelle de cyre,
en luy priant pour son intencion. Son commendement fut fait et
accomply par le varlet, qui luy fist son rapport. « Or ça, dist il en soy
mesmes, je verray si Dieu ou deable me pourroit garir ». En son
accoustumé desplaisir, après ceste nouvelle offrande, se va coucher ce
trespaillard jaloux auprès de sa tresbonne femme. Et jasoit ce qu’il eust
en sa teste des sermons largement, si le contraignit nature qu’elle eust
ses droiz, et de fait bien fermement s’endormit. Et, comme il estoit
au plus parfond de son somme, celuy a qui ce jour la chandelle avoit
fait offrir par vision a luy s’apparut, qui le remercya de l’offerende

Juin 2000 89 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

que nagueres luy envoya, affermant que pieça telle offrande ne luy fut
donnée. Dist au surplus qu’il n’avoit pas perdue sa peine, et qu’il
obtendroit ce dont il l’avoit requis. Et, comme a l’aultre sembla, en ung
doy de sa main ung anel y bouta, disant que, tant que cest anel y fust,
jaloux il ne seroit, ne cause aussi jamais venir ne luy pourroit qui de ce
le tentast. Après l’esvanuissement de ceste vision nostre jaloux, se
reveilla, et si trouva l’un des doiz de sa main bien avant ou derriere
de sa femme bouté, dont il et elle furent bien esbahiz. Mais du
surplus de la vie au jaloux, de ses afferes et manieres et maintiens, ceste
histoire se taist.

Les segments que nous avons souligné en gras sont presque explicitement ceux que
le narrateur reprend à son compte dans la table des matières ; ils concernent les
actions principales qui sont narrées dans la nouvelle et sont au nombre de trois :
l’offrande, le rêve et le réveil. Le reste des mentions est relatif à la peinture plus
générale et pose les jalons du récit : le portrait du jaloux justifiant l’offrande pour le
libérer de son mal ainsi que la dédicace de la bougie au diable. Dès lors, il est facile
d’observer le fonctionnement de la table des matières en élargissant l’exemple de la
nouvelle onze à l’ensemble du corpus ; abrégé de chaque nouvelle qui va suivre,
elle fonctionne comme résumé des actions essentielles tout en maintenant la
technique du suspens. Déjà, est à l’œuvre le procédé de brièveté qui consiste à
retenir les éléments essentiels de la narration et à brosser en quelques mots le
portrait des personnages et de la situation. Si l’on passe d’un « paillard jaloux » à un
« ung lasche paillard et recreant jaloux », c’est que le travail d’amplification a opéré
de la table des matières à la nouvelle. Sans être question de redondance, il s’agit
dans l’écriture de choisir des termes qui vont développer et appuyer ce qui a été
évoqué dans la table des matières. Dès lors, celle-ci fonctionne comme abrégé de
l’histoire à suivre à une différence près : chaque nouvelle n’est pas précédée de son
résumé ; celui-ci se trouve déplacé et inséré dans la table des matières, pré-texte qui
contient en condensé tout le recueil qui va suivre. C’est pourquoi, si la table des
matières a pour fonction d’être une table d’orientation permettant au lecteur de
parcourir brièvement le recueil qui va suivre, on peut encore affirmer qu’elle est un
véritable recueil à part entière qui contient l’essence de ce qui lui succède. Dès lors,
elle affirme par là même le paradoxe qu’elle renferme : elle est brièveté de la
brièveté, recueil abrégé du recueil.

Nelly LABERE 90 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

II.3.1.3 Un nouveau recueil

En effet, la table des matières peut être réellement envisagée comme un recueil à
part entière, recueil juxtaposé au recueil de ce que nous appelons « nouvelles ». Il
n’est pas incongru de s’interroger sur cette autonomie que confère le livre à la table
dans la mesure où son caractère détaché assure une indépendance, certes relative,
mais non dénuée d’intérêt. Indépendance donc du recueil dans le livre mais aussi
des « embryons » de nouvelles qui le constitue. En effet, la plupart des nouvelles de
la table des matières sont bouclées, assurant une mise en place du décor, de
« l’adventure » et de son dénouement ; c’est ce que l’on observe par exemple dans
l’abrégé de la quarante-neuvième nouvelle des Cent Nouvelles Nouvelles :

La quarante et nefviesme nouvelle, racomptée par Pierre David, de celui


qui vit femme avec ung homme auquel elle donnoit tout son corps
entierement, excepté son derriere, qu’elle laissoit a son mary, lequel la
fist habiller ung jour, presens ses amys, d’une robe de bureau et fit
mettre sur son derriere une belle piece d’escarlate ; et ainsi la laissa
devant tous ses amys.

Les nouvelles abrégées sont donc, pour la meilleure partie d’entre elles, des fidèles
duplications des nouvelles contenues dans le recueil qui suit. Dès lors, on observe la
mise en pratique d’un mimétisme formel qui consiste à reproduire la substance du
récit mais aussi son caractère bouclé. Il s’agit donc, dans l’abrégé, d’une reprise en
miniature du recueil des Cent Nouvelles Nouvelles puisque l’on retrouve la
duplication de leur système à l’identique. Chaque nouvelle de la table des matières
reproduit en réduction la nouvelle qui correspond à sa numérotation. La perfection
de la centaine est là encore mimétiquement rendue : cent nouvelles abrégées131 pour
cent nouvelles amplifiées. Voilà le décompte et le parallèle que permettent de faire
les nouvelles et leur équivalent dupliqué. La table des matières pourrait alors être
lue comme un texte à part entière contenant elle aussi « cent chapitres ou histoires »
c’est à dire « cent nouvelles »132. Clôture donc des nouvelles abrégées constituant le
recueil mais encore au-delà clôture du recueil lui-même qui dit son ouverture et sa

131
On notera cependant que les cent nouvelles abrégées ne figurent pas dans leur totalité dans le
manuscrit de Glasgow qui est incomplet. Aussi se réfère-t-on à l’édition de A. Vérard, publiée vers
1486, qui restitue celles qui font défaut au manuscrit de Glasgow (de la douzième à la quatre-vingt-
seizième). Cependant, se référer à l’édition de Vérard ne présente pas pour autant une brèche dans
l’analyse. En effet, les lacunes du manuscrit de Glasgow ont été comblées au XVIIe siècle ; elles
n’ont pourtant pas été complétées par des emprunts au texte de Vérard. Cela semble prouver qu’il
existerait une source commune aux éditions qui aurait aujourd’hui disparu.
132
Cent Nouvelles Nouvelles, p. 1, l. 3 à 4.

Juin 2000 91 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

fermeture ; en effet, la table des matière s’ouvre sur la mention performative


suivante :

Sensuy la table de ce present livre, intitulé des Cent Nouvelles, lequel en


soy contient cent chapitres ou histoires, ou pour mieulx dire
nouvelles.133

Elle se clôt par la même technique :

La centiesme et derreniere de ces nouvelles, par l’acteur, d’un riche


marchant de la cité de Jennes, qui se maria a une belle et jeune fille,
laquelle, pour la longue absence de son mary, et par son mesme
advertissement, manda querir ung sage clerc pour la secourir de ce dont
elle avoit mestier ; et de la response qu’il luy donna, comme cy après
pourrez oyr.

L’adjectif « derreniere » participe effectivement de ce mouvement de clausule et de


bouclage puisqu’il évoque la cessation du discours de l’abrégé en appelant au relais
de la nouvelle par le « comme cy après pourrez oyr » et reprend ainsi sa fonction de
table d’orientation. Il résulte alors de cette autonomie de la table des matières une
propension à devenir livre dans le livre ; en effet, si le succès des recueils de
nouvelles tient à la brièveté qui est à leur fondement, que dire de cet abrégé ?
Superlatif et essence de la brièveté, la table des matières pourrait, elle aussi,
recevoir le titre de Cent Nouvelles Nouvelles et constituer un recueil que le lecteur
pourrait parcourir comme un livre à part entière. Mais leur auteur semble en avoir
décidé autrement puisque, malgré leur autonomie constitutive, il les rattache à la
dédicace et aux nouvelles amplifiées pour créer un jeu d’emboîtements successifs.
La nouvelle amplifiée ou abrégée est un ensemble clôt qui s’enchâsse dans un
recueil, lui même partie d’un tout qui globalise l’ensemble et le clôt : le livre. Ce
dernier est donc la traduction d’un jeu de duplication à des échelles différentes de
mêmes récits sur deux plans différents : la nouvelle et le recueil. S’établit donc
entre ces deux cadres narratifs et ces deux plans un jeu subtil de résonances
spéculaires qui accentue les effets de miroir par le reflet mimétique ou la distorsion.
Derrière cette esthétique picturale de la perspective et de la profondeur, de la mise
en abîme et de l’emboîtement, de la miniature et de l’amplification, se déploie tout
un jeu sur le temps qui fait du livre un diptyque diffractant la lecture à l’œuvre.

133
Op. cit., p. 1, l. 1 à 4.

Nelly LABERE 92 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

II.3.2 « La table » et « le livre » : une certaine définition de la


temporalité

II.3.2.1 L’économie narrative au service de la temporalité

De l’abrégé au recueil de nouvelles se joue en effet tout un travail sur le temps. Si


les deux recueils entretiennent un rapport spéculaire, l’un est cependant le
condensé, le résumé de l’autre. Dès lors, cette duplication réductrice n’est pas sans
implications sur le temps de la nouvelle mais aussi sur celui de la lecture. Ainsi,
l’économie narrative se met-elle au service de la temporalité lorsqu’elle a trait au
procédé littéraire de la condensation et de la réduction. Elle joue en effet sur le
déroulement linéaire du temps en procédant à des ellipses qui court-circuitent le
récit amplifié de la nouvelle. Lire l’abrégé conduit forcément à s’interroger sur
l’essence de la brièveté à l’œuvre dans la table des matières et à mieux cerner ses
implications pour le genre naissant de la nouvelle. Il nous fournit ainsi un modèle
d’étude réduit que l’on peut répercuter au niveau supérieur du recueil de nouvelles –
c’est d’ailleurs ce que nous ferons dans la troisième partie de notre étude. Quelles
observations pouvons-nous tirer de la table des matières au sujet de la brièveté et
donc de la composition des nouvelles ? Il ressort de notre étude que l’économie
narrative qui est en jeu repose essentiellement sur l’ellipse ; en effet, chaque
« embryon de nouvelle » repose sur une stylisation qui doit beaucoup à la
suppression de segments temporels mentionnés dans le second recueil. Aussi,
contrairement à ce qu’affirment bon nombre d’études relatives aux Cent Nouvelles
Nouvelles, la brièveté ne tient pas aux détails absents ni à un effet de réel moins
travaillé mais à un travail de réduction du temps à l’œuvre dans la nouvelle et son
abrégé. Pour s’en convaincre, il suffit d’analyser les deux nouvelles qui ouvrent le
recueil et leur correspondant dans la table des matières. Si le résumé de la première
nouvelle affirme que celle-ci « traicte d’un qui trouva façon d’avoir la femme de
son voisin, lequel il avoit envoyé dehors pour plus aisément l’avoir ; et luy, retourné
de son voiage, trouva celuy qui se baignoit avec sa femme. Et, non sachant que ce
fust elle, la volut voir ; et permis luy fut de seullement veoir le derriere : et alors
jugea que ce luy sembla sa femme, mais croire ne l’osa. Et, sur ce, se partit et vint
trouver sa femme a l’ostel, qu’on avoit boutée hors par une posterne ; et luy compta
son ymagination », il apparaît que la nouvelle ne se limite pas qu’à cela. En effet,

Juin 2000 93 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

les cent douze premières lignes s’occupent à peindre les éléments du décor qui vont
servir au dénouement ainsi que la relation amoureuse ébauchée puis consommée
entre la femme et le bon voisin ; quelques lignes seulement sont consacrées à la
découverte « du derriere de sa femme »134, qui occupe la partie centrale du résumé,
pour ensuite développer jusqu’à la ligne deux cents quarante-deux la ruse que vont
développer les amants et les réprimandes que la femme volage adresse à son mari
de retour au logis. De même, le résumé de la deuxième nouvelle va sélectionner
deux actions particulières (« une jeune fille qui avoit le mal de broches, la quelle
creva a ung cordelier qui la vouloit mediciner ung seul bon œil qu’il avoit ; et du
proces qui en fut. »135) alors que la nouvelle va amplifier jusqu’à la ligne cent
trente-huit la situation dramatique dans laquelle se trouve la jeune fille souffrante et
ses multiples tentatives de guérison et consacrer une trentaine de lignes aux
tractations du père et du médecin pour trouver un arrangement financier. Le procès
évoqué dans le résumé va être à peine mentionné dans la nouvelle qui se contente
de relever que « tant plaisant et nouveau, affin qu’il fust de pluseurs gens congneu,
[le procès] fut en suspens tenu et maintenu assez et longuement »136. L’ellipse
temporelle fonctionne à plein dans l’abrégé qui privilégie l’action du passé simple
aux dépends de l’imparfait de l’événement duratif. Si les multiples tentatives de
guérison de la jeune fille ainsi que les tractations financières pour régler le conflit
sont élidées, c’est pour mettre l’accent sur « l’adventure » centrale de la perte de
l’œil. La condensation de la table des matières est celle qui consiste à sélectionner
des segments temporels et à évacuer ceux qui renvoient à la durée, à l’extension
narrative. L’ellipse du résumé renvoie en creux à l’explicitation de la nouvelle dans
un jeu sur le temps. Celui-ci prend la forme paradoxale d’une possible extension de
la brièveté dans ce jeu spéculaire entre la table et le recueil qui lui fait suite. C’est
alors toute la temporalité du livre qui est à repenser dans cette articulation entre la
brièveté et son essence. L’ellipse et la navette sont alors au fondement du livre dans
un jeu d’annonce et de suspens.

134
Op. cit., N. I, p. 26, l. 114.
135
Op. cit., abrégé de la deuxième nouvelle, p. 1, l. 18 à 21.
136
Op. cit., N. II, p. 37, l. 179 à 181.

Nelly LABERE 94 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

II.3.2.2 Effets d’annonce et de su spens

De la table des matières au recueil de nouvelles se joue déjà une ellipse significative
qui introduit de l’espace et du jeu dans le livre. Ce trou dans le texte est le blanc
accordé au lecteur pour qu’il inscrive sa propre temporalité dans l’œuvre. Mais c’est
aussi, sur le plan diégétique, l’espace laissé au temps pour que l’amplification se
fasse et que le recueil se déploie et s’enrichisse. Intervalle matériel, cet interstice
laisse le temps au temps pour que le vide se charge de sens et devienne écart. Dès
lors, le texte troué suscite l’attente et le suspens pour que l’inattendu et le bon mot
adviennent. C’est ainsi que, dès la nouvelle dix-sept, l’abrégé met en place des
structures dilatoires destinées à interrompre le fil narratif, en pratiquant une ellipse
sur le dénouement, et à différer l’offre informationnelle pour la reporter dans la
nouvelle. Cette pratique discursive constitue alors une ellipse temporelle dans la
diégèse afin de susciter le désir de complétude du lecteur. C’est dans cet espace
matériel et temporel, séparant la table des matières du recueil de nouvelles, que vont
jouer à plein l’attente et le suspens ; dénouement donc différé pour le lecteur mais
aussi suscité par le narrateur pour que se mette en place la stratégie de l’inattendu et
du bon mot. Cette captatio est celle que constituent les hyperbates anaphoriques :
« comme cy après vous orrez »137, « comme vous pourrez ouyr en la nouvelle cy
dessoubz »138, « comme vous pourrez ouyr plus a plain cy après »139, « comme cy
dessoubz vous sera recordé »140, « comme il vous sera declairé cy après »141,
« comme vous pourrez veoir cy dessoubz plus a plain en la dicte nouvelle »142, « par
la maniere qui cy après s’ensuit »143. Reposant sur l’emploi répété du futur et de la
prolepse, ces hyperbates témoignent d’un fait de structure. Au nombre de
cinquante-six, elles concourent à créer un appel à la complétude et au bouclage du
sens. Différés, ceux-ci ne seront réalisés que dans l’amplification de la nouvelle et
seront, par là même, investis d’une attente significative. C’est ainsi que la stratégie
de l’inattendu et du bon mot vont être porteurs d’une charge significative
importante et que le rôle de la chute sera souligné. Si « la trente et quatriesme

137
Op. cit., abrégé de la XVIIe nouvelle, p. 5, l. 131.
138
Op. cit., abrégé de la XVIIIe nouvelle, p. 5, l. 140 à 141.
139
Op. cit., abrégé de la XXe nouvelle, p. 5, l. 155.
140
Op. cit., abrégé de la XXIIe nouvelle, p. 6, l. 169 à 170.
141
Op. cit., abrégé de la XXIVe nouvelle, p. 6, l. 183 à 184.
142
Op. cit., abrégé de la LXXXVIe nouvelle, p. 18, l. 582 à 583.
143
Op. cit., abrégé de la XCVe nouvelle, p. 20, l. 640.

Juin 2000 95 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

nouvelle, racomptée par monseigneur de la Roche » met en scène « une femme


mariée qui assigna journée a deux compaignons, lesquels vindrent et
besoingnerent » et dont « le mary tantost après survint », il faut cependant attendre
le développement de la dite nouvelle pour connaître les « paroles qui après en
furent, et la maniere qu’ilz tindrent »144, c’est à dire le dénouement. Même
observation au sujet de la « lxxje nouvelle, racomptée par monseigneur, d’ung
chevalier de Picardie qui en la ville de Saint Omer se logea en une hostellerie, ou il
fut amoureux de l’ostesse de leans, avec laquelle il fut tresamoureusement ; mais en
faisant ce que vous savez, le mary de la dicte hostesse les trouva, lequel tint maniere
telle que cy après pourrez ouyr »145 ; la chute est là encore différée dans la nouvelle
qui relate comment, en peignant le visage de son amant en noir, la femme volage le
fit passer pour un diable et le libéra du courroux du mari qui « eut de le veoir [si]
grand paour, cuidant que ce fust ung dyable, qu’il se laissa tumber du hault de luy a
terre que a pou qu’il ne se rompit le col, et fut longuement comme tout paulmé »146.
La chute physique du mari, absente dans le résumé, rend compte de la chute figurée,
présente dans l’amplification. Il s’établit alors entre l’un et l’autre un jeu
d’alternance et de va-et-vient qui consiste en un travail subtil sur l’ellipse et la
navette. Le temps accordé au narrateur et au lecteur dans le blanc du texte suscite
l’attente et le suspens que la nouvelle va venir combler. Dès lors, entre la table des
matières et le recueil de nouvelles se développe un rapport, non seulement
sémantique mais aussi esthétique, autour du jeu sur l’amplification de la table au
tableau.

II.3.2.3 De la table au tableau ou l’esthétique de l’amplification

En effet, il est question d’esthétique lorsque l’on se réfère aux rapports


qu’entretiennent la table des matières et le recueil de nouvelles, voire de technique
picturale. Pour bien comprendre ces implications, il faut se reporter à l’esthétique de
la miniature. Terme provenant du latin minium (couleur rouge employée dans la
décoration des manuscrits – on retrouve bien ici un rapport étymologique avec le
livre et le recueil) et entretenant des analogies avec le mot minus superlatif latin
signifiant « le plus petit », la miniature apparaît au début du XVIe siècle comme un

144
Op. cit., abrégé de la XXXIVe nouvelle, p. 8, l.252 à 257.
145
Op. cit., abrégé de la LXXIIe nouvelle, p. 15, l. 473 à 479.
146
Op. cit., N. LXXII, p. 438, l. 110 à 114.

Nelly LABERE 96 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

objet autonome par rapport à la peinture de grandes dimensions. Elle est surtout
utilisée pour des portraits, aisés à transporter et à conserver, et apparaît comme un
changement radical dans les pratiques esthétiques de par son volume réduit et la
facilité d’utilisation qu’elle offre. On peut ainsi établir un rapport d’équivalence
entre la technique picturale de la miniature et ses implications fonctionnelles avec la
table des matières. En effet, toutes deux proposent une certaine vision de l’œuvre
dans le sens de la réduction et de la petite dimension ; les scènes de genre ou
d’actualité, les portraits qu’elles mettent en scène s’adaptent à ces dimensions
restreintes aussi bien dans le domaine textuel que pictural. Dès lors, l’abrégé et la
miniature pratiquent la stylisation et l’économie dans un rapport d’échelle avec le
recueil ou le tableau. Les analogies sont d’autant plus renforcées si on se réfère au
support des miniatures : s’agissant tout d’abord du parchemin, matériau qu’elle
partage avec le livre, il va s’étendre à l’ivoire, dont la couleur légèrement jaunie
renvoie encore à l’expression matérielle du texte. La table des matières établit bien
des parallèles avec l’esthétique de la miniature avec laquelle elle partage les mêmes
supports référentiels mais aussi et surtout les mêmes techniques d’expressivité.
Ayant en commun l’épure et le principe de réduction, une différence cependant
semble les séparer : c’est le rapport qu’elles entretiennent avec le format amplifié
qui leur est associé. En effet, si on peut affirmer que la table des matières est
individualisée du recueil par son caractère autonome, cela ne veut pas dire pour
autant qu’elle soit indépendante ; au contraire, la miniature obéit réellement à ses
propres lois et est complètement indépendante de la peinture de grandes
dimensions. Si table et miniature partagent les mêmes techniques analogiques de
réduction, elles n’entretiennent pas pour autant les mêmes rapports avec le tableau.
Dès lors, ce détour du côté de la peinture permet de marquer encore les
interdépendances de la table des matières avec le recueil de nouvelles. Il ne s’agit
pas de deux éléments hétérogènes, dissociés et indépendants mais de deux
structures analogues, dissociables, autonomes mais cependant non sécables. C’est
pourquoi on peut employer, en restant dans cette analogie esthétique avec l’œuvre
d’art, le terme de « diptyque » afin de rendre compte de cette structure particulière
de la table des matières et du recueil de nouvelles, c’est à dire du livre.

Juin 2000 97 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

II.3.3 Un diptyque

II.3.3.1 Un duo qui n’est pas un d oublet

Il apparaît alors que, si le passage de la table au tableau repose sur l’esthétique de


l’amplification, la proportion n’est pas seule mise en jeu. En effet, ce duo n’est pas
un simple doublet dans la mesure où chaque élément fait partie intégrante d’une
système qui ne repose pas sur la redondance mais sur la complétude. Ainsi, ce
diptyque ne se compose pas de plans identiques mais offre au contraire, dans ses
rapports spéculaires, des implications de l’ordre de la diégèse et de la temporalité.
La dualité du livre est alors mise au service de l’achèvement et de la per-fection.
Cette complétude est celle que définit tout d’abord la perfection numéraire et
formelle de chaque recueil ; elle est aussi celle qui est mise en jeu par le duo que
forment l’abrégé et son amplification puisque chacun recouvre des fonctionnalités à
la fois spécifiques mais aussi complémentaires. Aussi, la table des matières doit-elle
assurer le rôle de présentation mais aussi d’attraction ; la présentation n’atteint alors
pas au résumé intégral, sous peine d’hypothéquer la lecture de la nouvelle. Elle doit
fournir quelques traits définitoires en rapport avec le sujet, l’histoire et le style
développés, ainsi que l’illustre l’abrégé de la nouvelle quatre-vingt-huit :

La LXXXVIIJe nouvelle, d’ung bon simple homme païsan, marié a une


plaisante et gente femme, laquelle laissoit bien le boire et le mengier
pour aymer par amours ; et de fait, pour plus asseureement estre avec
son amoureux, enferma son mary ou coulombier par la maniere que
vous orrez.147

Le sens et le dénouement sont alors laissés en suspens pour que la nouvelle vienne
compléter l’attente du lecteur. Cette dernière fonctionne alors en duo avec la table
des matières afin d’assurer un rôle d’amplification, de résolution et de bouclage.
Cependant, les rapports entre la table et le tableau ne sont pas toujours aussi
linéaires puisque l’abrégé apporte parfois plus d’informations que ne le fait la
nouvelle. C’est le cas au numéro quatre-vingt-onze de la table des matières où le
narrateur prend explicitement la parole pour évoquer le cas « d’ung homme qui fut
marié a une femme laquelle estoit tant luxurieuse et tant chaulde sur le potaige que
je cuide qu’elle fut née es estuves, ou a demy lieue près du soleil de midy : car il

147
Op. cit., abrégé de la LXXXVIIIe nouvelle, p. 18, l. 593 à 598.

Nelly LABERE 98 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

n’estoit nul, tant bon ouvrier fust il, qui la peust refroidir ; et comme il la cuida
chastier, et de la reponse qu’elle lui bailla »148. Que nous dit la nouvelle
correspondante ? Que cette « femme estoit tant luxurieuse et chaulde sur potage et
tant publicque, que a peine estoit elle contente qu’on la cuignast en plaines rues
avant qu’elle ne le fust »149. Mais aucunement que le narrateur pensait « qu’elle fut
née es estuves, ou a demy lieue près du soleil de midy » et que personne ne pouvait
la contenter. Dès lors, le rapport d’amplification s’inverse pour intensifier la
description comique et caractérise paradoxalement l’abrégé. Même remarque à
propos de la nouvelle quatre-vingt de la table des matières qui mentionne pour l’âge
du mari celui de « XXIIII ou XXVI ans »150, alors même que la nouvelle qui lui
correspond reste dans l’indécision numéraire du « mon mary, qui a bien xxiiij
ans »151. Ce détail pourrait sembler anodin pris hors du contexte mais souligne en
réalité un étrange rapport d’équivalence établi par la femme entre l’âge et la taille
du sexe :

Une jeune fille d’Alemaigne qui de l’aage de XV a XVI ans, ou environ,


se maria a ung gentil galant, laquelle se complaignit de ce que son mary
avoit trop petit instrument a son gré, pource qu’elle veoit ung petit asne
qui avoit demy an, et avoit plus grand ostil que son mary, qui avoit
XXIIII ou XXVI ans.152

Il faut donc, dans cette logique proportionnelle, se reporter à l’abrégé pour avoir des
informations plus précises et dresser le tableau de concordance évoqué par le
narrateur. L’amplification joue encore ici dans la table des matières et il reste au
lecteur, pour atteindre à la complétude du sens, à se rapporter à la fois à celle-ci
mais aussi au recueil de nouvelles. Si les recueils faisaient office de doublet, il
suffirait au lecteur de se référer à un seul d’entre eux ; ici, au contraire, ils
fonctionnent en duo complémentaire, quelquefois seulement redondant afin de
délivrer l’intégralité du sens du récit. Celui-ci est donc à recomposer dans un double
mouvement qui consiste à se référer à la nouvelle et à son abrégé, dessinant par-là
même le parcours temporel à l’œuvre dans cette lecture sinusoïdale. Dès lors, c’est

148
Op. cit. abrégé de la XCIe nouvelle, p. 19, l. 612 à 618.
149
Op. cit., N. XCI, p. 518, l. 7 à 10.
150
Op. cit., abrégé de la LXXXe nouvelle, p. 17, l. 543 à 544.
151
Op. cit., N. LXXX, p. 472, l. 65 à 66.
152
Op. cit., abrégé de la LXXXe nouvelle, p. 17, l. 536 à 544.

Juin 2000 99 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

une nouvelle définition du recueil que propose ce duo à travers ces suites et ces
croisements.

II.3.3.2 Vers une nouvelle définit ion du recueil

S’il convient, pour lire intégralement les Cent Nouvelles Nouvelles, de se référer à
un double recueil, diptyque de récits dédoublés mais jamais répétés, cela n’est pas
sans poser la question de la définition du recueil. En effet, recueil miniature de
nouvelles, l’abrégé affirme sa brièveté tout en proposant une certaine conception du
livre ; les nouvelles amplifiées forment, elles aussi, un recueil car elles
correspondent à la définition classique que l’on en donne de par leur caractère
bouclé et circulaire. Si nous pouvons les lire indépendamment, il ressort cependant
de notre étude que les nouvelles abrégées et les nouvelles amplifiées dépendent
l’une de l’autre, aussi bien du point de vue formel que sémantique. C’est pourquoi,
il semble difficile de dissocier les deux recueils du point de vue de leur
fonctionnalité mais aussi de leur dénomination. Aussi est-il préférable de ne parler
que d’un seul et unique recueil bipolarisé par la table et le tableau et dont la
perfection dépend intrinsèquement de ce système de construction en diptyque. Dès
lors, c’est toute la notion de recueil qui est à repenser en intégrant dans l’analyse la
présence fondamentale de la table toujours négligée, voire oubliée. Ainsi, la
nouveauté réelle des Cent Nouvelles Nouvelles consiste en la création d’une
architecture complexe dont l’auteur témoigne dans sa dédicace en employant le
terme de « petit œuvre »153. Au-delà du sens littéraire de composition, qui est bien
entendu suggéré ici, se développe encore une référence au travail de l’artisan qui
construit un édifice avec des matériaux. Et c’est réellement au travail de bâtisseur
que le livre fait écho ici de par sa complexité et sa virtuosité. En effet, les Cent
Nouvelles Nouvelles est un livre élevé à la demande du duc de Bourgogne ; édifice
en forme de monument, il est assemblé et composé à la manière d’un ouvrage de
construction. Chaque nouvelle constitue une des pierres qui vont servir à son
édification ; l’assise de cette composition est le projet de l’assemblage de ces cent
pièces, sorte de nombre d’or de la construction littéraire. La charpente de ce gros
œuvre est l’élaboration des trois moments du discours : la table, la dédicace et les
nouvelles amplifiées. Jeu de construction, les Cent Nouvelles Nouvelles s’intègrent

153
Op. cit., dédicace au duc de Bourgogne, p. 22, l. 12.

Nelly LABERE 100 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

alors métaphoriquement à cette vie artistique de la deuxième moitié du XVe siècle


où la maîtrise des architectes est à son comble.
Les voûtes se subdivisent à l’infini, gâbles et pinacles montent à l’assaut des tours
pendant que les contre-courbes, semblables à des flammes, témoignent de la
virtuosité de ces constructions. Le gothique flamboyant domine alors et trouve des
résonances dans les recueils dont la composition est de plus en plus subtile, à
l’image des Cent Nouvelles Nouvelles qui, par leur perfection formelle, travaillent à
cette virtuosité de la construction. Le recueil est ainsi l’objet d’un important travail
qui consiste à bâtir et à mettre « sur piez », c’est à dire à ériger une construction qui
permette le « tresgracieux exercice de lecture et d’estude »154. Il n’est plus
simplement l’« achoison » (N. 30, l. 179) de se livrer à une « ratelée » (N. 24, l. 7 ;
N. 33, l. 251 ; N. 100, l. 5 ; N. 72, l. 129 ; N. 76, l. 15). Il dépasse de loin le conte
que l’on se contente de ramasser avec un râteau et de compiler. C’est au contraire
une véritable création qui ne se contente pas d’être le seul fait de « recorder » (N. 4,
l. 37) pour s’élever au rang d’œuvre littéraire et proposer une nouvelle conception
de la création littéraire. Elle transcende ainsi dans les Cent Nouvelles Nouvelles sa
seule fonction de « cueillette » pour désigner non seulement le « rassemblement, la
réunion » mais aussi, comme l’indique le préfixe intensif « re », « la collection
concrète et organisée » en vue de l’élaboration d’une construction. Celle-ci a pour
fonction de proposer une autre définition du recueil mais aussi, par conséquent, une
autre façon de lire. Dès lors, si la vision traditionnelle du recueil est remise en
question, c’est aussi la temporalité à l’œuvre dans la lecture qui est modifiée.

II.3.3.3 Lectures suivies et lecture s croisées : la temporalité de la lecture en


œuvre

En effet, proposer un recueil sous forme de diptyque, c’est bouleverser les pratiques
convenues de lecture. Habituellement sous forme suivie, celui-ci invite à parcourir
linéairement et dans un ordre chronologiquement défini par l’auteur le livre. Le sens
apparaît alors comme « programmatique » puisque son dévoilement opère dans ce
parcours codifié et balisé. Cependant, les Cent Nouvelles Nouvelles rompent avec
cette conception traditionnelle du livre en modifiant l’extension et le déroulement
de l’itinéraire. En effet, la présence de l’abrégé à son ouverture apparaît comme une

154
Op. cit., dédicace au duc de Bourgogne, p. 22, l. 13 et 5 à 6.

Juin 2000 101 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

rupture et une remise en question. Ayant pour fonction celle de guider le lecteur
vers les problématiques et les thèmes qui l’intéressent le plus, il propose une lecture
qui ne se fait pas in-extenso mais qui court-circuite l’ordre établi. Dès lors, la table
des matières invite à des lectures discontinues par le principe de choix et de
sélection. Il est alors possible pour le lecteur de parcourir le recueil selon des
critères reposant sur la figure du narrateur (lire de façon suivie les nouvelles de
messire Michault de Chaugy, de monseigneur de la Roche ou bien de Philippe de
Loan), sur une numérologie erratique (prendre au hasard certaines nouvelles sans
respecter le principe de continuité) ou bien encore sur une ordination régressive
(commencer le recueil par la fin). Ces exemples illustrent ainsi la désorganisation
que peut faire subir la table des matières à l’ensemble du recueil lorsque la lecture
architectonique est rejetée et que la numérotation et l’organisation du recueil selon
des clefs de voûte, des suites et des séries est refusée. Ces modifications peuvent
encore se faire plus perceptibles si le lecteur combine la lecture de la nouvelle
abrégée et de son correspondant amplifié ou bien encore s’il pratique une fusion des
deux en se contentant de lire dans la nouvelle la chute et l’effet d’inattendu suggéré
dans la table des matières. Il ressort de ces pratiques que la table d’orientation n’a
pas toujours pour fonction d’être une table d’organisation mais parfois aussi une
table de multiplication des types de lecture. Lectures suivies ou lectures croisées
sont alors les possibilités offertes au lecteur. L’architecture du recueil est alors mise
en question par la rupture de la linéarité traditionnelle et propose au lecteur une
invitation à composer et à recomposer le recueil. C’est à lui que revient, en dernière
instance, la définition du livre qui s’offre à lui ; c’est à lui à créer un ordre, celui
qu’il projette par sa lecture. Dès lors, il est évident que le sens ne s’offre pas de
façon médiate puisqu’il n’est plus possible de le révéler linéairement. C’est à
chacun que revient la fonction interprétative qui s’élabore par les pratiques de
lectures suivies ou de lectures croisées. Si beaucoup de critiques se sont accordés à
dire que les Cent Nouvelles Nouvelles étaient seulement des « anecdotes que les
hommes aiment raconter, le soir, au sortir d’un bon dîner, devant une cheminée où
flambe un grand feu »155 ayant pour seul intérêt celui de proposer une « galerie de
portraits [...] destinée à provoquer le grand rire dans la meilleure tradition de l’esprit

155
Pierre Jourda, Introduction aux Conteurs français du XVIe siècle, Paris, Gallimard, 1965, p. 19.

Nelly LABERE 102 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

gaulois »156, c’est peut-être parce que le parcours du sens se définit de façon
sinusoïdale, étroitement lié au cheminement de sa propre lecture et devient par là
même problématique, voire pour certains inexistant. Il apparaîtrait alors
contradictoire de notre part de proposer un projet de lecture qui se voudrait objectif
puisque ce dernier est inhérent et dépendant de chaque construction personnelle.
Cependant, il faut considérer ici l’extrême élaboration des Cent Nouvelles Nouvelles
qui s’attache à édifier une architecture verrouillée et fermée par la perfection
numéraire, la présence de clefs de voûte, de suites et de séries. Cette volontaire et
apparente rigidité de la structure, affichée dès le titre et le portique de l’œuvre, met
en place, en réalité, une construction du sens plus travaillée qu’il n’y paraît ; la
fermeture et la cyclicité des Cent Nouvelles Nouvelles, même si elles ne figent pas
un parcours du sens, le définissent cependant en filigrane. Dès lors, c’est par
l’architecture, seule garantie du sens, que l’on peut parvenir à reconstruire l’œuvre
par le parcours, certes labyrinthique, mais toujours balisé de sa propre lecture. La
construction parfaite de l’œuvre témoigne, de par son excessive rigueur, de la
volonté d’assurer un sens malgré tout ; s’il ne se révèle pas, de façon traditionnelle,
au terme d’une lecture suivie, il est cependant distillé dans chaque nouvelle et
trouve son aboutissement dans la collection, le recueil. Lectures suivies et lectures
croisées contribuent donc à définir encore plus précisément ce nouveau recueil par
une invitation à repenser la temporalité. En effet, ces pratiques de lecture
entretiennent des rapports étroits avec elle dans la mesure où elles peuvent court-
circuiter son extension et sa linéarité. Ainsi, la lecture croisée invite à définir sa
propre temporalité de lecture à travers la temporalité de l’œuvre ; in-extenso ou
sélective, elle propose une vision variable qui va de l’unicité à la totalité en passant
par le florilège. C’est pourquoi elle mobilise des temporalités différentes
additionnelles ou superposables sans pour autant être antagonistes. Celles-ci
renvoient à la brièveté lorsqu’elles reposent sur le principe sélectif ou le croisement
entre l’abrégé et la nouvelle amplifiée qui lui est attribué. La table des matières
n’est donc pas la seule à y puiser sa spécificité ; c’est aussi le cas pour les pratiques
de lecture suscitées par la mise en recueil. Ainsi que l’affirme Paul Zumthor « c’est
donc en termes de temps réel de la performance de la lecture qu’il convient de
cerner, dans ce qu’elle a d’essentiel au sein d’une situation culturelle donnée, la

156
Franklin P. Sweetser, Introduction aux Cent Nouvelles Nouvelles, Genève, Droz, 1996, p. 15.

Juin 2000 103 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

notion de brièveté »157. C’est ce que nous tenterons de faire ici en cherchant à
définir, à travers l’exemple des Cent Nouvelles Nouvelles, la spécificité de ce genre
en cours d’élaboration qu’est la nouvelle.

157
Paul Zumthor, chapitre introductif à Genèse, codification et rayonnement d’un genre médiéval :
la nouvelle, Actes du Colloque International de Montréal (McGill University : 14-16 octobre 1982),
publ. Par Michelangelo Picone, Giuseppe Di Stefano et Pamela D. Stewart, Montréal, Plato
Academic Press, 1983, 236 p., p. 5.

Nelly LABERE 104 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

III La nouvelle : la brièveté

La nouvelle, plus resserrée, plus condensée, jouit des bénéfices éternels


de la contrainte : son effet est plus intense ; et comme le temps consacré
à la lecture d’une nouvelle est bien moindre que celui nécessaire à la
digestion d’un roman, rien ne se perd de la totalité de l’effet.158

C’est ainsi que Charles Baudelaire définit la nouvelle comme un genre étroitement
lié à la contrainte de la brièveté. Le livre de nouvelles exige en effet du lecteur une
très grande coopération ; il n’y a pas de temps mort dans la nouvelle, ce qui
empêche le lecteur de s’y installer confortablement. On lui impose en revanche une
exigence continuelle de rupture : une histoire finie, voilà que tout de suite une autre
commence. C’est en définitive un problème de développement temporel et de
diversité qui oblige le lecteur à un effort constant. Par opposition à la nouvelle, il
ressort souvent de la doxa que le roman donne au lecteur le temps de « respirer », de
se familiariser avec l’univers qu’il propose, de s’identifier aux personnages. Il lui
donne le temps tout court, il l’emporte dans le déroulement du temps, dans la
lenteur du temps, à l’intérieur de la durée. Alors que la nouvelle arrache les
événements et les êtres à la durée, les situe dans un univers fermé et clos sur lui-
même. C’est en quoi l’étude de la temporalité à l’œuvre dans la nouvelle permet de
dépasser les oppositions traditionnelles entre le roman « long » et la nouvelle
« courte ». En effet, la spécificité de la nouvelle ne réside pas dans une qualité
volumétrique mais dans un rapport au temps qui tient à la brièveté. Le récit bref est
avant tout un fait de lecture : c’est un texte saisissable dans son entier et dont la
relecture paraît presque probable ou aisée. C’est donc en mode de saisie et de
gestion d’un temps de lecture qu’il faut comprendre la nouvelle. La brièveté est
cette temporalité significative qui permet une expérience de perception globale,
simultanée et instantanée, des adjonctions proposées par la temporalité du récit.
C’est en quoi nous souhaiterions ici étudier le couple nouvelle/brièveté comme un

158
Charles Baudelaire, « Critique littéraire », sur Théophile Gautier, in Œuvres complètes, éd.
Claude Pichois, Paris, Gallimard, NRF, Bibliothèque de la Pléiade, 1976, t. II, p. 119.

Juin 2000 105 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

couple fondateur de cette nouveauté générique. Liée à l’oralité - c’est-à-dire au


temps de la performance, la brièveté fonde l’esthétique de la nouvelle par un
écrasement temporel travaillant à une théâtralisation de son écriture. Si les effets de
rythme contribuent à une saisie ludique du temps, le caractère fragmentaire du
recueil encode cependant le lecteur vers une quête d’unité temporelle. De la
« cueillette » à la « ratelée », la clôture du sens apparaît comme problématique
puisque le récit bref invite à une lecture in-finie. Dès lors, c’est peut-être au lecteur
que revient la nécessité, face à la brièveté de la nouvelle, de faire parler le silence et
de se constituer en clef de voûte finale dans cette recherche architectonique du sens.

Nelly LABERE 106 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Troisième Partie

III.1 Dire bref / Ecrire bref


III.1.1 Une esthétique de la brevitas
III.1.1.1 La brevitas ou le savoir vivre
III.1.1.2 La brevitas : de l’éthique à l’esthétique
III.1.1.3 La brevitas ou l’efficacité narrative
III.1.2 La brièveté ou la contrainte de l’oralité
III.1.2.1 Récit court/récit bref
III.1.2.2 La brièveté : fait et effet de lecture
III.1.2.3 La brièveté ou l’illusion de l’exhaustivité
III.1.3 La brièveté ou l’écriture du présent
III.1.3.1 La nouvelle : une dynamique temporelle du ternaire
III.1.3.2 La nouvelle et la nostalgie de l’origine
III.1.3.3 La nouvelle ou l’écrasement temporel : le présent du « je »

III.2 La brièveté théâtralisée


III.2.1 Un genre qui s’épuise
III.2.1.1 La nouvelle ou le principe d’économie
III.2.1.2 La nouvelle ou le principe d’efficacité
III.2.1.3 La nouvelle ou le principe de convergence
III.2.2 Mise en valeur et jeux d’éclairages
III.2.2.1 La primauté du regard
III.2.2.2 La description impressionniste
III.2.2.3 Le dialogue iconique
III.2.3 La chute : clausule et clôture.
III.2.3.1 Une esthétique de la tension
III.2.3.2 Unité temporelle et structure théâtrale
III.2.3.3 La chute : coup de théâtre et coup d’écriture

Juin 2000 107 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

III.3 Brièveté et rythme au fondement de la nouvelle


III.3.1 Dilatation et brièveté
III.3.1.1 La brièveté de l’exposition : la concaténation temporelle
III.3.1.2 La dilatation événementielle : de « l’adventure » au « cas »
III.3.1.3 La nouvelle : une temporalité en accordéon
III.3.2 Ellipse et répétition
III.3.2.1 L’ellipse ou le temps en creux
III.3.2.2 La répétition ou la navette du sens
III.3.2.3 Faire parler le silence : le paradoxe de la brièveté
III.3.3 Avance ou retard : la stratégie de la ruse
III.3.3.1 Un Chronos déréglé
III.3.3.2 La temporalité ludique : la ruse
III.3.3.3 La vengeance ou le temps cyclique

III.4 Discontinuité et temporalité


III.4.1 Du fragmentaire au discontinu : la quête d’unité temporelle
III.4.1.1 La « cueillette » et la « ratelée » : l’esthétique du fragmentaire
III.4.1.2 L’impossible clôture
III.4.1.3 Du recueil au cadre : l’unité utopique retrouvée ?
III.4.2 Effets d’échos : de l’objet au projet
III.4.2.1 Duplication, parallélisme et symétrie : le retour du même ou le
travail de la temporalité
III.4.2.2 Une lecture du ressassement
III.4.2.3 Résonner et raisonner
III.4.3 Le lecteur : la clef de voûte retrouvée
III.4.3.1 Le lecteur : un personnage de nouvelle
III.4.3.2 Récit bref/Histoire in-finie
III.4.3.3 Faire parler le silence

Nelly LABERE 108 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

III.1 Dire bref / Ecrire bref

Les manuels de savoir vivre rappellent que ce serait manquer à la bienséance que
d’abuser de la patience et de la courtoisie des auditeurs. D’où la nécessité de « faire
le conte bref », « trousser le conte court » ou « abréger le conte », c’est à dire de
s’inscrire dans la brevitas. Dès lors, la brièveté apparaît non seulement comme une
esthétique mais aussi comme une éthique qui repose sur une stratégie de discours
empruntant à l’oralité ses traits définitoires.
Nous souhaiterions, en effet, montrer ici comment la brièveté, loin d’être une
exigence volumétrique, est une contrainte liée à la « performance » dont les faits et
effets de lecture visent à l’illusion de l’exhaustivité. Sa dynamique travaille alors à
un écrasement temporel qui converge vers le présent du « je » et dont nous
voudrions montrer le fonctionnement..

III.1.1 Une esthétique de la brevitas

La brevitas est un terme issu de l'antiquité qui désigne une stratégie énonciative
reposant sur la dispositio, l’elocution et la narratio. La brièveté n’est donc pas tant
d’essence poétique que le fruit des contraintes paratextuelles initialement liées à la
performance orale du récit. Cependant, on glisse rapidement de la contrainte à
l’esthétique, voire à l’éthique dans la mesure où la brevitas est étroitement liée à la
question de la bienséance et du savoir vivre. Ainsi, nous aimerions analyser ici
comment cette bienséance est celle qui tend vers une efficacité narrative afin que
l’« exercice de lecture [soit] tresgracieux »159.

III.1.2 La brièveté ou la con trainte de l’oralité

La doxa associe souvent l’efficacité narrative du récit court à l’agrément alors


qu’elle renvoie le plus souvent le récit long du côté du déplaisir. Cette conception
est éclairante dans la mesure où elle permet de souligner la confusion qui règne

159
Cent Nouvelles Nouvelles, dédicace au duc de Bourgogne, p. 22, l. 5 à 6.

Juin 2000 109 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

entre récit court et récit bref. Alors que le « court » renvoie à la dimension textuelle
et matérielle d’un récit, le « bref » appelle au contraire à la prise en considération du
pôle énonciatif. C’est en ce sens que la brièveté ne renvoie pas à une appréciation
volumétrique mais à des faits et à des effets de lecture. Elle repose en majeure partie
sur une illusion volontaire d’exhaustivité. C’est pourquoi, nous aimerions montrer
comment le déroulement du récit privilégie deux moments opposés, le début et la
fin, qui se trouvent presque au contact l’un de l’autre par quasi-ellipse du temps
intermédiaire.

III.1.3 La brièveté ou l’écrit ure du présent

La disposition du récit dans laquelle l’auteur rapporte un récit qu’il a lui-même


entendu a, pour résultat, que celui-ci se trouve à la fois en position de locuteur, mais
aussi d’allocutaire. Dans le premier rôle, il impose sa subjectivité ; dans le second,
il la confond avec celle de son public, ce qui revient à l’imposer de façon plus
insidieuse et plus impérieuse encore, en suggérant à tous l’impression que le récit
est supposé lui avoir faite et l’adhésion qu’il y a apportée et en les actualisant dans
le présent de son propre récit. Le présent incarne alors le désir de fixer la
performance et il se représente comme un dévoilement, la mise en présence
d’événements. Il repose alors sur une dynamique temporelle du ternaire où le récit
oral fait entrer dans l’espace et le temps de la fiction un « non maintenant », un
« non-ici » où le « Je » se confond non pas avec l’individu performant, mais incarne
l’actant d’une énonciation énoncée. Le récit oral se fait ensuite écrit pour se projeter
dans le temps futur de la réception par le public des lecteurs. C’est en ce sens que le
temps de l’écriture tend à se rapprocher de la performance orale du cercle conteur et
que cette tension démultiplie le temps du récit oral en séquences d’énonciation qui,
selon la logique propre à la tradition orale, remontent mythiquement à une origine
que l’on sait perdue. C’est ce paradoxe qui invite à la lecture de la nouvelle comme
production d’un écrasement temporel puisque tout semble converger vers le présent
de l’énonciation. En effet, la tension vers le présent rejoint la dimension
testimoniale du narrateur et les procédés d’authentification du récit. Dès lors, ce
cheminement vers le présent se fait cheminement vers le « Je » puisque la
subjectivité apparaît et se constitue dans le présent de l’interlocution de partenaires

Nelly LABERE 110 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

pragmatiquement contraints de se rencontrer dans une temporalité qui leur est


commune.

III.2 La brièveté théât ralisée

Là où le lecteur de roman tendra à mémoriser moins le tissu verbal du texte que le


résultat de sa conversion en des suites d’actions intégrées dans de catégories
génériques, le lecteur du récit bref, effectuant une lecture moins réductrice,
montrera une aptitude plus grande à engranger le matériau verbal effectif, ainsi que
le détail en apparence adjacent et inassignable, que cette singularité même désigne.
Ce principe d’économie, reposant sur la participation du lecteur, se double d’un
principe d’efficacité mais aussi de convergence dans la mesure où la contrainte
formelle invite à une écriture de la « densité » toute théâtrale. En effet, par la
primauté accordée au regard, le narrateur travaille à une mise en valeur et à des jeux
d’éclairages dramatiques. La description n’en ressort que plus impressionniste et le
dialogue, point rayonnant, est l’image de ce foyer lumineux. Ce travail sur la
lumière et le regard participent d’une esthétique de la chute où l’unité temporelle est
mise au service du coup de théâtre, coup d’écriture dans ce récit sous tension.

III.2.1 Un genre qui s’épuis e

La nouvelle, de par sa brièveté, est un genre qui travaille à une forme de « densité
de l’écriture ». Par ses principes d’économie et d’efficacité, elle est promptement
saturée et ne souffre pas la défaillance. Si la contrainte formelle induit une limite de
durée à la nouvelle, cette brièveté impose une économie en ce qui concerne l’action
et son orchestration. En découle le principe de convergence. Ainsi, l’économie des
moyens dans la nouvelle peut, par exemple, se percevoir par l’absence de
monologues et de descriptions qui amplifieraient trop le texte ; partant de ce constat,
l’auteur élimine tout ce qui ne serait que pure digression pour focaliser son récit sur
des points significatifs, c’est-à-dire des marques indicielles. Autre technique de
convergence et de concentration : l’apposition d’adjectifs afin de créer l’illusion de
la description en fournissant au lecteur et à l’auditeur les moyens de donner vie à
leur propre représentation sans cependant amplifier le récit qui se doit d’être bref.

Juin 2000 111 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

Dès lors, nous souhaiterions étudier ici plus précisément les techniques d’économie,
d’efficacité et de convergence afin de mieux comprendre en quoi la nouvelle est un
genre théâtralisé qui s’épuise.

III.2.2 Mise en valeur et jeu x d’éclairages

Ce genre théâtralisé qu’est la nouvelle repose sur un subtil jeu de mises en valeur et
d’éclairages. Sous le régime de la séparation et de la restriction du champ, la
nouvelle devient foyer lumineux sans halo, qui rejette dans la pénombre tout ce qui
existe sur les marges de son objet immédiat. C’est par une importance accordée à la
primauté du regard, dont les références saturent le texte, que ce travail est à l’œuvre
dans les Cent Nouvelles Nouvelles. Il s’accompagne d’une description que l’on
pourrait qualifier d’impressionniste dans la mesure où elle se focalise sur des points
précis du récit afin de donner l’illusion d’une réalité plus générale. En effet, au lieu
d’être disposées en blocs monolithiques, les segments descriptifs sont le plus
souvent fragmentés en notations éparses dans le cours de la narration, à laquelle ils
sont étroitement mêlés. Ainsi imbriquée dans le récit, la description tend à être
contaminée par lui et, notamment, à se laisser envahir par sa dimension temporelle :
c’est alors que le statique s’anime, que le cadre spatial se dynamise. La nouvelle,
comme récit bref, s’assimile alors à l’art de diriger le regard, à une mise en œuvre
du désir de voir. Dès lors, cette description impressionniste sert de faire-valoir à un
événement qu’il faut détacher, sur un fond qui reste flou, pour le donner à voir. Si la
nouvelle est un art de la révélation, il n’est pas étonnant qu’elle s’organise dans bien
des cas autour de ce moment privilégié qu’est l’expérience épiphanique. Sa
fréquente position finale ne l’empêche pas de constituer un centre rayonnant qui
prend son sens et son intensité à travers l’échange d’un dialogue iconique.

III.2.3 La chute : clausule e t clôture.

Parce que la persévération des indices textuels dans l’esprit du lecteur y est affermie
par les limites d’un cadre étroitement circonscrit, la nouvelle tend à suspendre à la
chute l’enjeu même de la lecture (à commencer souvent par sa compréhension
littérale), ainsi que le constatent à leurs dépens ceux qui, faute d’avoir accordé à tel
ou tel détail une attention suffisante, restent perplexes devant l’issue proposée.

Nelly LABERE 112 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Ainsi, la chute produit-elle deux effets antagonistes : par sa localisation spatiale,


elle tire la lecture vers l’avant, tandis que par son importance souvent cruciale, elle
commande que celle-ci fasse retour sur ses propres traces (certes la mémorisation
n’est pas encore l’interprétation, mais elle la prépare et l’enrichit). Cette esthétique
de la tension s’inscrit dans une unité temporelle relevant de la structure théâtrale ;
en effet, la nouvelle est un lieu d’intensité maximum, un moment de
« renforcement », alors que le roman serait plutôt un moment d’« affaiblissement ».
Dans un cas, la clôture du texte coïncide avec un point culminant ; dans l’autre, elle
se signale par une retombée de la tension, le sommet s’y infléchit en cette pente
qu’on appelle épilogue. Dès lors, dans la nouvelle, la clôture s’apparente à un coup
d’écriture qui se donne comme coup de théâtre. La fin devient paradoxalement le
début de tout. Par sa clausule, le plus souvent en guillotine, la clôture est le moment
surdéterminé pour tout lecteur, le narrateur pouvant jouer avec elle comme art du
détour. Cela n’est pas sans conséquences sur l’étude de la temporalité dans la
mesure où la fin incite, le plus souvent, le lecteur à retourner en arrière et, sous cet
éclairage, les nouvelles prennent alors un sens neuf.

III.3 Brièveté et rythm e au fondement de la nouvelle

La brièveté et le rythme sont au fondement de la nouvelle. Ils déterminent en effet


la temporalité d’un récit qui repose sur un événement, un cas théâtralisé. Reposant
sur le principe de dilatation ou de concaténation, ils s’inscrivent dans une
temporalité en accordéon qui confère au récit son intensité et sa vivacité. Ces
variations temporelles se fondent ainsi sur l’action couplée de l’ellipse et de la
répétition qui traduisent une recherche du sens qui s’exprime dans le paradoxe
suivant : faire parler le silence. Cette spécificité de la brièveté est celle que
symbolise la stratégie, fort répandue dans les Cent Nouvelles Nouvelles : la ruse. En
jouant sur un temps cyclique, elle met au premier plan l’existence d’un Chronos
déréglé et dont la neutralisation réparatrice revient aux personnages mais aussi, en
dernière instance, au lecteur.

Juin 2000 113 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

III.3.1 Dilatation et brièveté

Deux grands moments semblent être à l’origine, dans les nouvelles, de ce principe
de dilatation et de brièveté. Il s’agit de l’exposition qui travaille à la concaténation
temporelle puisqu’elle concentre quelques éléments de donnée événementielle afin
de mettre en place l’« adventure ». Au contraire, cette dernière joue sur la dilatation
temporelle dans la mesure où elle va s’étendre au « cas » pour désigner
l’interruption de l’événement dans le récit et l’étendre à la durée de la vie humaine.
De l’exposition au « cas » s’exprime déjà une temporalité problématique de par son
unité puisqu’elle oscille entre dilatation et brièveté.

III.3.2 Ellipse et répétition

Cette temporalité en accordéon repose sur la technique de l’ellipse qui inscrit une
temporalité en creux dans le récit et invite à une lecture interprétative et déductive.
A l’opposé, se joue le principe de répétition indicielle ou structurale qui implique
une navette du sens dans les dites et redites de l’œuvre. La brièveté n’est donc pas si
linéaire qu’on le pense dans la mesure où le récit peut s’attarder ou revenir sur des
éléments significatifs du récit dont il propose de subtiles variations ou répétitions.
La nouvelle est donc bien un genre paradoxal et ce à plusieurs titres. Tout d’abord
dans sa définition de la brièveté qui recourt aussi bien à l’ellipse qu’à la répétition.
Mais aussi dans ce que ce rapport induit au texte : le jeu avec le non-dit narratif fait
parfois l’impasse sur un événement souvent crucial que la narration saute, mais que
l’intelligibilité du texte requiert. Dès lors, il revient au lecteur de faire parler le
silence...

III.3.3 Avance ou retard : la stratégie de la ruse

C’est en ce sens que la stratégie de la ruse est emblématique du rapport que les Cent
Nouvelles Nouvelles entretiennent avec la brièveté. En effet, il s’agit pour la ruse de
jouer avec le temps, de retarder ou d’avancer l’événement pour préparer le coup de
théâtre. C’est donc une vision déréglée du Chronos qu’elles invitent ici à considérer.
Cependant, ce dysfonctionnement n’est pas symptomatique mais ludique. Il n’est
pas le reflet d’une société fictive déréglée qui témoigne de son malaise par la mise

Nelly LABERE 114 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

en scène d’une temporalité problématique. Il est jeu dans le jeu dans la mesure où le
temps cyclique permet la réparation et le retour à l’ordre, retour à l’ordre
matérialisé, à un second niveau, par l’inscription littéraire dans un recueil qui
circonscrit et neutralise les débordements de l’« adventure ».

III.4 Discontinuité et temporalité

A l’œuvre dans les Canterbury Tales et le Décaméron, le principe de compilatio et


d’ordinatio est aussi présent dans les Cent Nouvelles Nouvelles. Il faut, pour pallier
la discontinuité des énoncés collectionnés et le risque de fragmentation, de
détachabilité, hétérogénéité, variété, discontinuité, un principe d’organisation
supérieur qui passe pour être l’histoire-cadre. Tout en prétextant s’aligner sur
Boccace, les Cent Nouvelles Nouvelles ne présentent qu’un degré zéro de
l’enchâssement. Incontestablement l’histoire-cadre est absente, avec ses lieux,
prologue, intermèdes narratifs entre les nouvelles, qui permettent au narrateur de
déployer son discours propre, de démontrer son savoir-faire et d’exprimer son point
de vue. On ne saurait conclure, pour autant, à la totale inexistence de toute
procédure d’encadrement des récits et de contrôle par le narrateur d’énonciations
auxquelles apparemment, du fait même du manque de récit-cadre, il semble laisser
toute autonomie. Ce narrateur se désigne comme « simple secrétaire » et arbore le
masque du témoin resté en coulisses. Cependant avec cinq nouvelles qui lui sont
attribuées, il se pose en conteur parmi les autres et ce simple fait vient brouiller
l’ordonnance des plans narratifs. Par ailleurs, il existe bien, dans l’organisation du
recueil, des emplacements où se marque sa présence masquée. Ces lieux, ce sont
l’incipit des nouvelles qui se distingue nettement de la nouvelle proprement dite, et
la conclusion par laquelle le conteur clôt fréquemment (un quart des cas environ)
son récit. Cependant, si le plus mince des cadres peut s’opposer au risque du
fragmentaire, il ne résout pas pour autant le problème de diffraction de la
temporalité et du sens. La lecture est alors menacée à la fois par le ressassement
mais aussi par l’impossibilité de la clôture. Le récit bref étant paradoxalement une
histoire in-finie, c’est peut-être au lecteur qu’il revient, en dernière instance, à se
constituer en clef de voûte pour tendre à la complétude du sens.

Juin 2000 115 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

III.4.1 Du fragmentaire au discontinu : la quête d’unité


temporelle

Un des traits propres à l’écriture du XIVe et du XVe siècle, c’est le goût de la


collection, de la compilation. Elle ne se manifeste pas seulement en littérature dans
la multiplication des recensements, catalogues et encyclopédies et dans la
composition des œuvres qui rassemblent nouvelles, proverbes, adages, sonnets, etc.
Elle apparaît aussi en musique, où se développe le principe de la suite. Elle se
retrouve dans le plaisir à collectionner les objets, gravures ou médailles. Elle
s’observe encore en architecture, où l’on établit la sériation par la répétition d’un
même élément (arcades, voûtes, galeries de tableaux). Et c’est dans ce mouvement
de recueil, de compilation, de collection que s’inscrivent les Cent Nouvelles
Nouvelles. Cependant une question se pose. Est-ce que la nature de cet ensemble
relève du simple assemblage, de la simple « cueillette » et de la simple « ratelée » ?
Ou bien la collection possède-t-elle, au contraire, une intention formalisante qui
confère une certaine unité au récit et fait sens ? Si, pour lutter contre l’impossible
clôture et le fragmentaire, le recueil se fait forme, cela n’est pas sans poser des
questions relatives à la conception d’une certaine temporalité. En effet, le cadre
pose le problème de la mémoire des devisants et intègre des valeurs plus anciennes
que celles des récits. De surcroît, la présence du cadre interroge la relation à l’utopie
puisque le recueil de nouvelles s’assimile à l’invention d’un lieu. Il est en effet à
considérer dans toute sa mobilité : c’est un livre à lire dans tous les sens, répondant
à des architectures rigoureuses (10x10), mais où les nouvelles se répondent et se
complètent. Le cadre invite ainsi à une lecture esthétique, mais aussi éthique de
l’objet encadré : organiser un récit sur un système, c’est essayer d’imposer un ordre
dans le chaos qui nous entoure. C’est sur ces problématiques que nous nous
interrogerons ici afin de comprendre comment la brièveté de la nouvelle, de par son
caractère discontinu, invite en réponse à la quête d’une unité temporelle.

III.4.2 Effets d’échos : de l’o bjet au projet

Si chaque nouvelle est lisible pour elle-même (ce qui est une manière de fructifier
l’instant, de l’étendre), elle ne possède par les mêmes caractéristiques au sein d’un
livre puisque celui-ci organise des instants différents, discontinus mais chacun

Nelly LABERE 116 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

d’eux peut fructifier en lui-même. Aussi, la nouvelle, une fois mise en recueil, ne
peut-elle plus être lue en soi et pour soi ; sa signifiance, elle la tire d’abord de toutes
ses articulations (structurelles, narratives, thématiques, onomastiques, etc.) et des
autres nouvelles constitutives du recueil. Dès lors, sa lecture s’accompagne d’effets
d’échos reposant sur la duplication, le parallélisme et la symétrie ; ils impliquent, de
fait, une vision de la temporalité qui s’apparente à l’analepse et la prolepse et
construisent plusieurs strates temporelles qui appellent à la technique figurée du
palimpseste. Cette lecture du ressassement est alors à entendre dans une acception
positive qui invite à faire rimer résonner avec raisonner.

III.4.3 Le lecteur : la clef de voûte retrouvée

Nous l’avons vu précédemment, d’une certaine manière, les nouvelles fonctionnent


plutôt comme les fragments d’un discours, voués à n’actualiser leur virtualité que
par l’intégration à une unité supérieure. Le cadre peut être une des modalités de
cette actualisation ; cet enrobage, si mince soit-il, n’est pas conçu à l’origine
autrement que comme une mise en scène du récit de parole dans le cadre de la
conversation récréative, comme si la nouvelle ne pouvait être envisagée que sous sa
forme orale. Et c’est pourquoi, il nous semble capital ici de poser la question de la
figure du lecteur et de sa parole dans la mesure où les Cent Nouvelles Nouvelles
travaillent à son inscription dans le récit, à la manière peut-être d’un nouveau
personnage ou d’un nouveau devisant. En effet, le récit bref s’accompagnant d’une
histoire in-finie, c’est peut-être au lecteur témoin de prendre le relais du sens et de
la parole afin de compléter le récit et de le diffuser à son tour. Si l’encadrement de
la nouvelle fait apparaître de l’espace, ce vide créé spatialement entre les blocs
demande à être comblé par l’activité interprétative du lecteur. C’est à lui qu’il
revient, peut-être, d’extraire une signification des silences mêmes et de redéfinir
une nouvelle temporalité.

Juin 2000 117 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

Nelly LABERE 118 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Conclusion

Si le couple matière/forme devient au XIVe siècle un binôme de l’esthétique


littéraire, renvoyant aux deux premiers temps de la rhétorique, inventio et
dispositio160, les Cent Nouvelles Nouvelles inversent cet ordre des termes pour
témoigner de la crise de la création littéraire. La construction architectonique du
recueil et la présence d’une table des matières se faisant table d’orientation
inscrivent au cœur même du livre la problématique formelle comme prise de
conscience d’une nécessité de renouveau. La vieillesse du monde et la « tristesse du
déjà dit »161 se muent en énergie créatrice qui transcende le pessimisme historique
en filiation ludique et célèbre la génération comme moteur de régénération. Elle se
manifeste par une rupture temporelle qui revendique un présent de la « fresche
memoire » et de la « myne beaucop nouvelle »162 et affiche une nouveauté qui fait
retour sur le faste créateur des débuts.
Dès lors, les Cent Nouvelles Nouvelles seraient la manifestation d’une crise de
conscience qui s’exprimerait par la naissance d’une forme nouvelle comme jeu
entre l’histoire et les valeurs. En s’attachant à déployer le terme de « nouvelle »,
elles réactivent le sens premier du mot et sèment une nouvelle pousse sur le terrain
stérile, faute d’avoir trop donné, de la matière littéraire. Elles font ainsi acte de
renouveau, voire de nouveauté et projettent la fertilité à venir. Ce jeune plant que
l’auteur des Cent Nouvelles Nouvelles met en terre textuelle, ce sont les événements
arrivés récemment et que la nouvelle va être chargée de récolter et transplanter dans
le domaine littéraire. Ce sont aussi les recueils de nouvelles à venir. Entre les Cent
Nouvelles Nouvelles et d’autres recueils de nouvelles du XVe siècle, il existe alors la
conscience de ce renouveau littéraire qui prend naissance avec une forme spécifique
et ouvre la voie à un genre encore vivace aujourd’hui.

160
Voir à ce propos Jacqueline Cerquiglini-Toulet, « La tristesse du « déjà dit », in La Couleur de la
mélancolie. La fréquentation des livres au XIVe siècle, 1300-1415, Paris, Hatier, coll. Brèves, 1993,
187 p., p. 73.
161
Nous reprenons ici le titre du chapitre de Jacqueline Cerquiglini-Toulet, op. cit.
162
Cent Nouvelles Nouvelles, dédicace au duc de Bourgogne, p. 22, l. 29.

Juin 2000 119 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

L’étude de la temporalité nous a ainsi permis d’initier une réflexion sur la naissance
de ce « genre pressé » dont l’esthétique se double d’une éthique reposant sur la
brièveté. Récit bref à histoire in-finie, la nouvelle invite alors à une réflexion
poussée plus avant par une étude structurelle, comparative et contextuelle. C’est en
ce sens que nous reprendrons la conclusion de Roger Dubuis qui, en 1975, écrivait
déjà que :

L’histoire de la nouvelle, en tant que genre littéraire spécifique, reste à


écrire. Les travaux qui, jusqu’à présent, ont été entrepris sur ce sujet
offrent tous le même visage. Dans l’esprit même de leurs auteurs ce sont
des essais beaucoup plus que des synthèses et la méthode généralement
suivie, la promenade à travers les œuvres ou les coups de sonde à travers
les genres, ne permettait pas d’aboutir à une construction ordonnée et
cohérente [...]. Il faudrait d’abord, renonçant à une classification trop
stricte et qui serait trop nettement inspirée par un esprit moderne,
prendre en considération des ouvrages dont le caractère proprement
narratif n’est peut-être pas évident à nos yeux, mais qui, d’une façon ou
d’une autre, ont amené leur auteur à se poser le problème de la brièveté,
de sa nature et des ses moyens d’expression. Il faudrait ensuite donner à
cette enquête le caractère international, qu’avait, à cette époque, la vie
littéraire et il n’est pas interdit de penser que, pour une large part,
l’histoire de la nouvelle à ses débuts ne saurait être limitée à tel ou tel
pays mais relève avant tout de la littérature comparée.163

A partir de cette analyse, que nous partageons avec Roger Dubuis, nous nous
proposons de prolonger cette recherche sur la temporalité dans des recueils de
nouvelles du XIVe et XVe siècle à l’occasion d’une thèse de Doctorat, en prenant en
compte à la fois l’aspect européen de la circulation de la nouvelle mais aussi les
conditions historiques de son émergence.

163
Roger Dubuis, Les Cent Nouvelles Nouvelles et la Tradition de la Nouvelle en France au Moyen
Age, Lyon, Presses Universitaires de Grenoble, 1973, p. 559 à 560.

Nelly LABERE 120 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Bibliographie

LES CENT NOUVELLES NOUVELLES

EDITION DE REFERENCE

Edition étudiée

Les Cent Nouvelles nouvelles, éd. Sweetser F.P., Textes Littéraires Français, Genève, Droz, 2e
édition, 1996, 649 p.

Critiques de l’édition Sweetser

JODOGNE P., in Studi Francesi, n° 32, 1967, pp. 328-329.


MANRACH A. de, in Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, t. XXXI, 1969, pp. 404-405.
MENICHETTI A., in Cultura Neolatina, t. XXVII, 1967, 195 p.
ROSSI Luciano, in Cultura Neolatina, t. XXVIII, 1968, pp. 301-306.

AUTRES EDITIONS

Intégralité

Conteurs Français du XVIe siècle, éd. Pierre Jourda, Paris, NRF, Bibliothèque de la Pléiade, 1965
(pp. 1 à 358).
Les Cent Nouvelles Nouvelles, éd. A. Vérard, Paris, 1486.
Les Cent Nouvelles Nouvelles, éd. Nicolas Desprez, Paris, 1505.
Les Cent Nouvelles Nouvelles, éd. Olivier Arnoullet, Lyon, 1532.
Les Cent Nouvelles Nouvelles, éd. Gaillard, Cologne, 1701, 2 vol.
Les Cent Nouvelles Nouvelles, La Haye (Paris), 1733, 2 vol.
Les Cent Nouvelles Nouvelles (texte de Vérard de 1486), éd. Leroux de Lincy, Paris, 1841.
Les Cent Nouvelles Nouvelles publiées d’après le seul manuscrit connu avec une introduction et
notes, par Thomas Wright, Paris, P. Jannet : Bibiothèque elzévirienne, 1858, 2 vol.
Les Cent Nouvelles Nouvelles dîtes les Cent Nouvelles du roi Louis XI, Nouvelle édition revue sur
l’édition originale, avec des notes et une introduction de P. L. Jacob, bibliophile, Paris, Delahaye,
1874, XXIII, 390 p.
Les Cent Nouvelles Nouvelles, éd. Mario Roques et Pierre C. R. de Champion, Paris, Droz, 1928, 3
vol.
Les Cent Nouvelles Nouvelles, éd. Sweetser F.P., Textes Littéraires Français, n° 127, Paris, Droz,
1966, 649 p.
Les Cent Nouvelles Nouvelles, éd. Livingston Charles H., Genève, Droz, 1972, 458 p.

Juin 2000 121 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

Fragments

« La prose narrative française du XVe », éd. Jens Rasmussen, in Medium Aevum, Copenhagen,
1959, n° 28, pp. 217-218.
« Les Cent Nouvelles Nouvelles », éd. Mario Roques et Pierre C. R. de Champion, in Romania,
Paris, Droz, 1928, t. LIX, 1928, pp. 562-566.
« Les Cent Nouvelles Nouvelles », in Crestomatie Bartsch 12, n° 92, éd. Th. Wright, Paris, 1858, t.
II, pp. 101-106.

Traduction

Los cien cuentos nuevos. Obra celebra de la literatura picaresca francesa, version espanola,
Barcelona, 1903.

OUVRAGES
ALTER J. V., Les origines de la satire anti-bourgeoise en France, Genève, Droz, 1996.
AZUELA Cristina, Les ruses de la parole dans la nouvelle à la fin du Moyen Age : « Les Cent
Nouvelles Nouvelles », « Les Contes de Canterbury » et « le Décaméron », thèse ss. la dir. de
Claude Thomasset, Paris, Université deParis IV, 1995.
MC GILLIRAY, Les Cent Nouvelles Nouvelles, Doctoral Dissertation, Yale, cité par S. H.
Thomson in Progress of medieval and Renaissance studies in the United States and Canada, Bull.
n° 25, 1960, 130 p.
DINER Judith Bruskin, Filling In and Fleshing Out the Feminine Figure : Innovative
Representations of Women in the « Cent Nouvelles Nouvelles ». New Images of medieval Woman :
Essays towards a Cultural Anthropology, éd. E. Du Bruck Edelgard, Lewinston, New York : Edwin
Mellen, 1989, 334 p.
DINER Judith Bruskin, The One hundred New Tales, New York, Garland, 1990, 348 p.
DUBUIS Roger, Les Cent Nouvelles Nouvelles et la Tradition de la Nouvelle en France au Moyen
Age, Lyon, Presses Universitaires de Grenoble, 1973.
DUBUIS Roger, Lexique des « Cent Nouvelles Nouvelles », Klincksieck, 1996, 521 p.
HAAG Karl, Ein Altfranz. Novellenbuch, Stuttgart, 1903.
HEINIMANN S., Das Abstraktum in der französischen Literatursprache des Mittelaltees, Berne,
1963.
KAISER Egbert, Strukturen der Frage im Französischen, Tübingen, 1980.
KÜCHLER Walter, Die Cent Nouvelles Nouvelles. Ein Beitrag zur Sprache und Literatur, T. XXX,
1906, pp. 264-331 et T. XXXI, 1907, pp. 39-101.
MEJRI Moncef, Syntaxe et sémantique des tropes dans les « Cent Nouvelles Nouvelles », Manouba,
Publication de la Faculté de lettres de la Mano, 1992, 262 p.
RASMUSSEN Jens, La prose narrative du XVe siècle. Etude esthétique et stylistique, Copenhag,
Monksgaard, 1958, 196 p.
SÖDERHJELM W., La nouvelle française au XVe siècle, Paris, Champion, Bibliothèque du XVe
siècle, T. XII, 1910, 237 p.
WUNDERLI Peter, Der Kranke Mensch in Mittelalter und Renaissance, Düsseldorf, Droste
Verlag, 1986, 187 p.

ARTICLES
ADAMS Alison, « The Cent Nouvelles Nouvelles in MS Hunter 252 : the impact of the
miniatures », in French Studies, A Quarterly Review, 1992, pp. 385-394.
AGUIRANO Begona, « La 35e nouvelle », in Queste, n° 5, 1990.

Nelly LABERE 122 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

ANGELI Giovanna, « La novella e la censura del nome », in Rivista di letterature moderne e


comparate, 1982, pp. 5-12.
ANGELI Giovanna, « Les Cent Nouvelles Nouvelles contro il Decameron », in La maschera di
Lancillotto. Studi sul Quattrocento letterario francese, Roma, éd. Salerno, 1989, pp. 31-36.
AUBAILLY Claude, « Du narré au joué, le motif du faux confesseur », in Mélanges de langue et
littérature française du Moyen Age offerts à Pierre Jonin, Sénéfiance, n° 1, Cuer Ma, Aix-en-
Provence, 1979, pp. 47-61.
AZUELA Cristina, « L’activité orale dans la nouvelle médiévale. Les Cent Nouvelles Nouvelles, le
Décaméron et les Contes de Canterbury » in Romania, revue trimestrielle consacrée à l’étude des
langues et des littératures romanes, publiée par Jacques Monfrin, Abbeville, 1997, 459-460, T. 115,
3-4.
AZUELA BERNAL Maria Cristina, « Una metafora de la escritura en las Cent Nouvelles
Nouvelles », Actas de las IV jornales medievales, in Palabra e imagen en la Edad Media, Mexico
City, Universidad Nacional Autonoma de Mexico, 1995.
BAKER Mary J., « Narrative strategy in the novella : the Decameron and the Cent Nouvelles
Nouvelles », in Forum Italicum, 1984, pp. 230-239.
BAKER Mary J., « Authorial bias in Tale n° 19 of the Cent Nouvelles Nouvelles », in Romance
Notes, 1987, pp. 257-262.
BAKER Mary J., « The image of the woman in tales 26 and 99 of the Cent Nouvelles Nouvelles »,
in Le Moyen Français, n° 24-25, 1989, pp. 243-250.
BAKER Mary J., « Art and truth in Tale 65 of the Cent Nouvelles Nouvelles », in Modern
Philology, 1990, pp. 272-274.
BAKER Mary J., « The "disnarrated" in the Cent Nouvelles Nouvelles », in Orbis Litt., n° 5, 1995,
pp. 272-277.
BALACHOV Nicolas, « Du fabliau à la nouvelle », in Cahiers d’études médiévales, 1984, pp. 29-
37.
BAXTER Harry, « Authors’point of view in the Cent Nouvelles Nouvelles, le Petit Jehan de
Saintré and the Quinze joyes du mariage », in Dissertation Abstracts International, The Humanities
and Social Sciences, 1971.
BEARDSMORE Barry F., « About the seventieth of the Cent Nouvelles Nouvelles », in Romania,
Paris, 1989, pp. 233-244.
BEAUCHAMP Pierre-André, « Procédés et thèmes carnavalesques dans les Cent Nouvelles
Nouvelles », in Le Moyen Français, revue dirigée par Giuseppe di Stefano, Montréal, Turin, 1977,
n° 1, pp. 90-118.
BEYERLE Dieter, « Der doppel te Betrug. Ein Thema der mittelalterlichen Novellistik », in
Romanistisches Jahrbuch, t. 30, 1979, pp. 63-82.
BROWN Jack David, « Hans Carvels ring : elements, literary tradition, Rabelais’source », in
Romance Notes, n° 13, 1971-1972, pp. 515-522.
CARTON C., « Un tableau et son donateur : Guillaume de Montbléru « premier escuyer d’escuyrie
du comte de Charolais », in Annales de Bourgogne, t. 38, 1966, pp. 171-184.
CUCCHI Paolo et LACER Norris J., « La tradition manuscrite des Cent Nouvelles Nouvelles de
Laurent de Premierfait », in Le Moyen Age, Belgium, n° 80, 1974, pp. 483-502.
CURRIE M., « Some notes on hypothetical sentences in fifteenth and sisteenth century French », in
Studies in medieval literature and languages in memory of Frederik Whitehead, Manchester, 1975,
pp. 67-89.
DAUGE Alexandre, « Paroles craintes, dévoyées et spectaculaires dans les Cent Nouvelles
Nouvelles », in Le Moyen Français, revue dirigée par Giuseppe di Stefano, Montréal, éd. Céres,
1993, n° 33.
DELBOUILLE A., « Avoir des crignons, des grésillons ou des grillons dans la tête », in Romania,
t. XX, 1891, pp. 287-288.
DESONAY Fernand, « A propos du Décaméron et des Cent Nouvelles Nouvelles », in Il Boccacio
nella cultura francese : Atti del convegno di studi « L’opera del Boccaceio nella cultura francese »,
Certaldo 2-6 settembre, 1968, éd. Carlo Pellegrini, Firenze, Olschki, 1971, pp. 505-520.

Juin 2000 123 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

DEMAROLLE Pierre, « Images de l’enfant et conceptions sociales dans deux œuvres littéraires du
XVe », in Senefiance, n° 9, « L’enfant au Moyen Age », Aix-en-Provence, Université d’ Aix-en-
Provence, CUERMA, 1980
DEMERS Jeanne, « L’art du conte écrit ou le lecteur complice », in Etudes françaises, n° 9,
Montréal, Quebec, 1973, pp. 3-13.
DINER Judith Bruskin, « Comedy and Courtliness : the Form and Style of the Cent Nouvelles
Nouvelles », in Dissertation Abstract International, n° 46, Ann Arbor, July 1985.
DINER Judith Bruskin, « Filing in and Fleshing out the Feminine Figure : Innovative
Representations of Women in Les Cent Nouvelles Nouvelles », in New Images of medieval women,
éd. Edelgard E. du Bruck, New York, 1988.
DINER Judith Bruskin, « Travail d’authentification, incertitude et ambiguïté dans les Cent
Nouvelles Nouvelles », in Histoire et Littérature au Moyen Age, Actes du colloque du Centre
d’Etudes médiévales de l’Université de Picardie (Amiens, 20-24 mars 1985), éd. Danielle
Buschinger, Kummerle-Göppingen, 1991, pp. 95-101.
DINER Judith Bruskin, « The courtly comic style of the Cent Nouvelles Nouvelles », in Romance
Philology, 1993, pp. 48-60
DI STEFANO Giuseppe, « Dal Decameron di Giovanni Boccaccio al livre des Cent Nouvelles
Nouvelles di Laurent de Premierfait », in Boccacio in Europe : Proceedings of the Boccacio
Conference, Louvain, December 1975, 249 p.
DONALDSON EVANS Lance K., « The Narrative of desire : Boccacio and the French
Decamerons of the 15th and 16th Centuries », in Neophilologus, Dordrecht, Netherlands, oct. 1993,
pp. 451-492.
DUBUIS Roger, « La Fontaine lecteur des Cent Nouvelles Nouvelles », in Mélanges offerts à
Georges Couton, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1981, 640 p.
DUBUIS Roger, « La Campagne dans les Cent Nouvelles Nouvelles », Actes du colloque de la
Société française des seiziémistes, 11-12 décembre 1987, in Essais sur la campagne à la
Renaissance : Mythes et réalités, Paris, Université de Paris X-Nanterre, 1991.
DUBUIS Roger, « La courtoisie dans les Cent Nouvelles Nouvelles, in « Et c’est la fin pour quoy
sommes ensemble », Hommage à Jean Dufournet, Littérature, histoire et langue du Moyen Age,
Nouvelle Bibliothèque du Moyen Age, n° 25, 3 vol., Paris, Champion, 1993, pp. 479-489.
DUFOURNET Jean, « Faillite des valeurs et fuite du sens dans les Cent Nouvelles Nouvelles », in
Nord, n° 25, juin 1975, pp. 41-50.
DUFOURNET Jean, « La génération de Louis XI : quelques aspects », in Le Moyen Age : revue
d’histoire et de philologie, 1992, pp. 227-250.
DUFOURNET Jean, « Les Cent Nouvelles Nouvelles et les contradictions du « cahier de charges »
réaliste », in Lorraine vivante. Hommage à Jean Lahner, ss. dir. Roger Marchal Et Bernard Guidot,
Presses Universitaires de Nancy, 1993, X, pp. 357-363.
FRIGO Rosa Maria, « Attualita del passato : les Cent Nouvelles Nouvelles », in Quaderni di lingue
e letterature, n° 3/4, Verona, 1978-1977, pp. 17-26.
GATHERCOLE Patricia M., « Illuminations on the French Decameron », in Italica, n° 38, 1961,
pp. 314-318.
HATZFELD Helmut A., « Analogies to Art in french prose-fiction of the fifteenth century », in
Romanica, n° 5, 1972, pp. 161-176.
HATZFELD Helmut A., « Le caractère flamboyant des Cent Nouvelles Nouvelles », in Mélanges
d’histoire littéraire, de linguistique et de philologie romanes offerts à Charles Rostaing, Liège,
Assn. Des Romanistes de l’Université de Liège, 1974.
HIRSCHBUHLER Paul, « L’Omission du sujet dans les subordonnées V1 : les Cent Nouvelles
Nouvelles de Vigneulles et les Cent Nouvelles Nouvelles anonymes », in Travaux de linguistique :
Revue internationale de linguistique, n° 25, nov. 1992, pp. 25-49.
JEAY Madeleine et THIRY Claude, « Le travail du récit à la cour de Bourgogne », in Lettres
romanes, « A l’heure encore de mon escrire » : aspects de la littérature de Bourgogne sous Philippe
le Bon et Charles le Téméraire, Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, BEL, 1997,
pp. 71-86.
JIMENEZ Dolores, « L’univers obscène des Cent Nouvelles Nouvelles », in Queste, n° 5, 1990, pp.
23-39.

Nelly LABERE 124 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

JOKINEN Ulla, « Gens et Généricité en Moyen Français », in le Moyen Français, n° 24-25, 1990,
pp. 169-189.
KASTNER L. E., « Antoine de la Sale and the doubtful works », in Modern Language Review, t.
13, 1918, pp. 35 à 57 et 183 à 207.
KLEIMAN Olinda, « La réélaboration de la XVIIe des Cent Nouvelles Nouvelles dans Floresta de
Enganos de Gil Vicente », in Les langues néolatines, n° 89, 1995, pp. 33-56.
KLESCZEWSKI Reinhard, « Les Cent Nouvelles Nouvelles "Novelle 92" », in Französische Die
Novelle, Hrsg. Von Wolfram Krömer, Düsseldorf, Bagel, 1976, pp. 339-341.
KNUDSON Ch. R., « Antoine de la Sale, le duc de Bourgogne et les Cent Nouvelles nouvelles »,
Romania, n° 53, 1927, pp. 365-375.
KÜCHLER Walther, « Die Cent Nouvelles Nouvelles. Ein Beitrag zur Geschichte der franz.
Novelle », (diss. Berlin, Chemnitz und Leipzig, 1906), in Zeitschrift für französischen Sprache und
Literatur, t. XXX, pp. 264-331.
LAFORGETTE Dominique, « Images du clerc obscur dans quelques textes du Moyen Age », in
Senefiance, n° 37, « le clerc au Moyen Age », Aix-en-Provence, CUERMA ISBN, 1995, pp. 347-
362.
LAFORGETTE Dominique, « Termes d’adresse, acte perlocutoire et insultes : la violence verbale
dans quelques textes des XIVe, XVe et XVIe siècle », in Senefiance, n° 36, « La violence dans le
monde médiéval », Aix-en-Provence, CUERMA ISBN, 1994, pp. 319-332.
LAFORGETTE Dominique, «Le discours du banquet dans le Cent Nouvelles Nouvelles, les
Evangiles des Quenouilles et Le livre de la Deablerie », in Senefiance, « Banquets et manières de
table à la fin du Moyen Age », n° 38, 1996, pp. 197-214.
LARMAT Jean, « Les bains dans la littéraure française du Moyen Age », in Les soins de beauté :
Moyen Age / Début des temps modernes, Actes du IIIe Colloque International (Grasse, 26-28 avril
1985), Nice, éd. Denis Menjot, 1987, pp. 195-210.
LORIAN Alexandre, « Les incipit des Cent Nouvelles Nouvelles », in Du mot au texte, Actes du 3e
colloque International sur le Moyen Age (Düsseldorf, 17-19 sept. 1980), Tübingen, 1982, pp. 171-
187.
LORIAN Alexandre, « Deux Cent nouvelles nouvelles », in The Hebrew University Stuffles in
Literature, n° 2, 1974, pp. 151-70.
MACKIE Thérèse G., « Etude linguistique et psychologique d’un remaniement des Cent Nouvelles
Nouvelles : les Facétieux deviz de la Mote Roullant », in Dissertation Abstracts International, n°34,
Ann Arbor, 1973.
MC GRADY Donald, « Were Sercambi »s Novelle know from the Middle Ages on ? », in Quaterly
Bulletin of the American Association of teachers of Italian, , Italia-New York, Journal of the
American Association of Teachers of Italian, n° 57, 1980, pp. 3-18.
MERLIN Corinne, « Le comique des Cent Nouvelles Nouvelles », in Cahier de l’Association
internationale des études françaises, 1985, pp. 69-83.
MERMIER Guy R., « La ruse féminine et la fonction morale des Quinze joyes du mariage », in
Romance Notes, 1974, pp. 495-503.
MINANO MARTINEZ Evelio, « L’ironie des Cent Nouvelles Nouvelles », in Queste, n° 5, 1990,
pp. 41-59.
MUSTACCHI Marianne M., « Levels of Realism in Cent Nouvelles Nouvelles », in Dissertation
Abstracts International, n° 31, 1970.
NOTZ Marie-Françoise, « Perspective et regard dans les Cent Nouvelles Nouvelles », in
L’Inscription du regard. Moyen Age-Renaissance, E.N.S. Fontenay/Saint-Cloud, 1995, p. 227-238.
OLEVSKAÏA V., « Les Cent Nouvelles Nouvelles, premier recueil de nouvelles françaises», in
Annales scientifiques de l’Institut pédagogique Lénine, t. 324, 1969, pp. 108-124, 125-141.
OLEVSKAÏA V., « La nouvelle en France au XVe et les fabliaux », in Annales scientifiques de
l’Institut pédagogique Lénine, t. 324, 1969.
PIERDOMINICI Luca, « Le corps dans les Cent Nouvelles Nouvelles », in Quaderni di filologia e
lingue romanze (Macerata), n° 7, 1992, pp. 95-161.

Juin 2000 125 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

PIERDOMINICI Luca, « Les styles indirects dans les Cent Nouvelles Nouvelles : les douze
premières nouvelles », in Lingua e Stile : Trimestrale di Filosofia del Linguaggio, Linguistica e
Analisi Letteraria, Bologna, 1996, pp. 147-159.
PODGURSKI J., « Une leçon hypercorrecte dans les Cent Nouvelles Nouvelles (éd. p.
Champion) », in Zeischrift für romanische Philologie, n° 72, 1956, pp. 398-399.
PODGURSKI J., « Tout le monde « everything » », in Zeischrift für romanische Philologie, n° 73,
1957, pp. 302-304.
REA John A., « The pilgrim Figure in Jaufré Rudel », in Neophilologus, n° 4, t. LXV, 1981, pp.
518-523.
ROSSI Luciano, « David Aubert autore delle Cent Nouvelles Nouvelles ? (La genesi della novella
francese e l’attivita letteraria alla corte borgognona nel Quattrocento) », in Cultura neolatina :
Bollettino dell’Instituto di filologia romanza, 1978, pp. 95-118.
ROSSI Luciano, « Per il testo delle Cent Nouvelles Nouvelles : la centisima novella e i rasconti
dell’acteur », in Medioevo romanzo, VIII, 1981-1983, pp. 401-418.
ROSSI Luciano, «La donna nella novellistica del Quattrocento: Sercambi e le Cent Nouvelles
nouvelles», in Atti del convegno internazionale su Ilaria del Carretto e il suo monumento (Lucca,
15-17 settembre 1994), Lucca, Istituto Storico Lucchese, 1995, pp. 237-250.
ROSSI Luciano, « Pour une édition des Cent Nouvelles Nouvelles : de la copie de Philippe le Bon à
l’édition d’Antoine Vérard », in Le Moyen Français, revue dirigée par Giuseppe di Stefano,
Montréal, éd. Céres, 1988, n° 22.
SOZZI Lionello, « Le Facezie di Poggio nel quattrocento francese », in Miscellanea di studi e
ricerche sul quattrocento francese a cura di Franco Simone, Torino, 1967, pp. 409-516.
STOJKOVIC MAZZARIOL Emma, « L’auteur des Cent Nouvelles Nouvelles et Pogge. Une
renconre manquée ? », in Etudes littéraires sur le XVe siècle. Actes du Ve colloque international sur
Le Moyen Français, Milan, 6-8 mai 1985, Vita e pensiere, Vol III, 1986, pp. 103-123.
STRIETMAN Elisa, « A distorting Mirror : Reflections of the Cent Nouvelles Nouvelles in the
literature of the low Countries », in Fifteeth Century Studies, n° 9, Columbia, 1984, pp. 165-196.
WATKINS John H., « A note on the Cent Nouvelles Nouvelles », in Modern Language Review, n°
36, 1941, pp. 396-397.
WATKINS John H., « The date of the Cent Nouvelles Nouvelles », in Modern Language Review, n°
37, 1942, 485 p.
WILMET Marc, « Note sur le Moyen Français "Quelque" », in Mélanges Hélène Naïs : « De la
plume d’oie à l’ordinateur : études de philologie et de linguistique offerts à H.N. Naïs », Presses
Universitaires de Nancy, 1986, pp. 187-195.
WILPERT Gero von, « Revolution als Krankheit ? Goethes Prokurator Novelle und die Cent
Nouvelles Nouvelles », in Arcadia, XXVI, 1991, pp. 72-76.
WUNDERLI Peter, « Das komische Lueden. Apekte der Krankheit in den Cent Nouvelles
Nouvelles », in Der Kranke Mensch in Mittelalter und Renaissance (Ringuorlesung im
Wintersemester 1984/1985, Forschungsinstitut für Mittelalter und Renaissance, 5), Düsseldorf,
Droste, 1986, pp. 99-131.
ZIMMERMANN Margarete, « Tod, Eros und bürgerliche « Courage ». Die 55. Novelle der Cent
Nouvelles Nouvelles », in Romanica historica et Romanica modierna. Festschrift für Olaf
Deutschmann zum 70. Geburtstag, 14. März 1982, Hrsg. Von Peter Wunderli und Wulf Müller,
Bern, Lang, 1982, pp. 385-407.

GENERALITES SUR LA NOUVELLE

ETUDES
ADDI-HASSINI Rachilda, « Ozmin y Daraja » : une nouvelle mauresque de Mateo Aleman, thèse
de IIIe cycle, Paris, Etudes Hispaniques, Université de Paris IV, 1987.

Nelly LABERE 126 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

AJROUD BLAIECH Rhedija, Le Populaire dans la Nouvelle française du XVIe siècle, thèse sous la
dir. de Guy Demerson, Clermont-Ferrand, Université de Clermont Ferrand II, 1996.
ALLEN Walter, The Short story in English, Oxford, Clarendon Press, 1981, 413 p.
ALMANSI Guido, The Writer as Liar. Narrative Technique in the "Decameron", London,
Routledge and Kegan Paul, 1975.
AMUEZA Y MAYO Augustin-G. de, Cervantes creador de la Novela corta espanola, Clasicos
Hispanicos, Madrid, C.S.I.C., 1956, t. 1, 688 p.
ARANGO Manuel Antonio, Origen y evolucion de la Novela Hispano-americana, Bogota, Tercer
mundo, 1989, 543 p.
ARANJO LUCENA Raimunda, La « novela corta » dans l’Espagne de la fin du XVIe et début du
XVIIe siècle, Atelier national de reproduction des thèses, thèse de 3e cycle, Etudes ibériques de Paris
IV, 1987.
AUBRIT Jean-Pierre, Le Conte et la Nouvelle, Paris, A. Colin, coll. Lettres Supérieures, 1997, 191
p.
AUERBACH Erich, Zur Technik der Früh-Renaissance Novelle in Italien und Frankreich,
Dissertation, Greifswald, 1921.
BALDISSONE Giusi, Le Voci della novella : storia di una scrittura da ascolto ; premessa di
Giorgio Barberi Squattori, Firenze, Léo S. Olschki, 1992, 289 p.
BALDWIN Ralph, The Unity of the "Canterbury Tales", New-York, AMS Press, 1971.
BAQUERO GOYANES Mariano, Qué es la novela – Qué es el cuento ?, Murcia, Universidad de
Murcia, 1982, coll. Mayor 1, 156 p.
BARATTO Mario, Realtà e Stile nel « Decameron », Vicenza, 1970.
BATES H.E., The Modern Short Story : A Critical Survey, London, 1972.
BERLIOZ Jean-Paul, BREMOND Claude et VELAY-VALLANTIN Catherine, Formes médiévales
du conte merveilleux, Paris, Stock, 1989.
BIDEAUX Michel, « L'Heptaméron » : de l’enquête au débat, Mont-de-Marsan, Editions
Interuniversitaires, 1992.
BLOCH Howard, The Scandal of the Fabliaux, Chicago, Chicago University Press, 1986.
BOLLEME Geneviève, La Bible Bleue. Anthologie d'une littérature populaire, Paris, Flammarion,
1975.
BOLLEME Geneviève, La Bibliothèque Bleue. La littérature populaire en France du XVIle au XIXe
siècle, Paris, Julliard, 1971.
BONHEIM Helmut, The Narrative Modes : Techniques of the Short Story, Cambridge, D.S.
Brewer, 1982.
BORDENAVE Dominique, Contribution à l’étude de la formation de la nouvelle en France, en
Espagne et en Italie (1250-1466), Thèse, Bordeaux III, 1993.
BOURLAND Caroline B., The short story in Spain in the 17th century, with a bibliography of the
novela from 1576 to 1700, Northampton (Mass), Smith College, 1927.
BOURSIER Nicole, Le centre et la circonférence. Essai sur l’objet dans la nouvelle classique,
Tübingen, Place, 1983, 174 p.
BRAU J.L., Fonction des nouvelles intercalées dans le roman espagnol du Siècle d’Or,
Montpellier, 1980.
BREMOND Claude, LE GOFF Jacques, SCHMITT Jean-Claude, L'exemplum, Turnhout, Brepols,
1982.
BRYAN W.F. et DEMPSTER Germaine, Sources and Analogues of Chaucer's "Canterbury Tales",
New-York, Humanities Press, 1941.
BURNS Landon C., Across-referenced index of short fiction anthologies ans author-listing,
Newberry, Newberry College, 1970, 218 p.
CANAVAGGIO Jean, « Cervantès » dans Histoire de la littérature espagnole, Paris, Presses
Universiatires de France, 1987.
CASALDUERO Joaquin, Sentido y Forma de las « Novelas ejemplares », Madrid, Gredos, 1962.
CAZAURAN Nicole, « L'Heptaméron » de Marguerite de Navarre, Paris, SEDES, 1976.

Juin 2000 127 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

CHAKER Jamil, Origines et formes de la nouvelle de Marguerite de Navarre, thèse sous la dir. de
Nicole Cazauran, Paris, Université Paris IV, 1995.
CHOLAKIAN Patricia et Rouben, The Early French novella. An Anthology of Fifleenth and
Sixteenth Century French Tales, Stale University Press, 1972.
CLEMENTS R.I et GIBALDI J., Anatomy of the Novella, The European Tale Collection from
Boccacio and Chaucer to Cervantes, New York, New York University Press, 1977.
COPELLO Fernando, Recherches sur la nouvelle post cervantine de 1613 à 1624, thèse études
ibériques de Paris III, 1990.
COTTINO-JONES Marga, Orderfront Chaos. Social and Aesthetic Harmonies in Boccaccio's
"Decameron", Washington, University Press of America, 1982.
COTTRELL Robert D., La Grammaire du silence. Une lecture de la poésie de Marguerite de
Navarre, Paris, Champion, 1995.
DAUDET Léon, Contes et conteurs, Paris, éd. du Capitole, 1929, in 12, 20 p.
DAVIS Betty J., The Story-tellers in Marguerite de Navarre's "Heptameron", Lexington, French
Forum Publishers, 1978.
DELOFFRE F., La nouvelle en France à l’âge classique, Coll. « Orientations », Paris, Didier,
1967, 130 p.
DUFOURNET Jean et ROUSSE Michel, Sur la « Farce de maître Pierre Pathelin », Paris,
Champion, 1986.
ERNEST CHARLES J., La Renaissance de la Nouvelle, Paris, Perrin et C°, 1904, 423 p.
FATHI-RIZK Nazli, Les moralités finales dans la nouvelle en France au XVe et au XVIe siècle,
thèse, Mc Gill University, 1976.
FEBVRE Lucien, Autour de l'Heptaméron. Amour sacré, amour profane, Paris, Gallimard, 1944.
FERRIER Janet M., Forerunners of the French Novel. An Essay on the Development of the
« Nouvelle » in the late Middle Ages, Manchester University Press, 1954.
FERRIER Janet M., French Prose Writers of the Fourteeth and Fifteenth Centuries, Pergamon
Press, Oxford, 1966.
FIDO Franco, Il Regine delle sinietrie imperfette. Studi sul Decameron, Milan, Franco Angeli,
1988.
FLAKE Otto, Der fran zösische Roman und die Novelle. Ihre Geschichte von den Anfängen bis zur
Gegenwart, Leipzig, Turner, 1912.
FORCIONE Alban K., Cervantès and the humanist vision. A study of four « Exemplary novels »,
Princeton University Press, 1984.
GETTO Giovanni, Vita di forine et forine di vita nel « Decameron », Turin, Petrini, 1966.
GLIDDEN Hope H., The Storyteller as Humanist: The "Serées" of Guillaume Bouchet, Lexington,
French Forum Flublishers, 1981.
GODENNE René, Histoire de la nouvelle française aux XVIIe et XVIIIe siècles, Genève, Droz,
1970.
GODENNE René, La nouvelle française, Paris, PUF, 1974, coll. SUP, 168 p.
GODENNE René, La Nouvelle, Paris, H. Champion, 1995.
GOYET Florence, La Nouvelle : 1870-1925. Description d’un genre à son apogée, Paris, Presses
Universitaires de France, 1993, 261 p.
GRAEDEL Leonie, La Cornice nelle raccolte novellistiche del Rinascimento Italiano. E i rapporti
con la cornice del « Decameron », Firenze, Stamperia « Il Cenacolo », 1959, 103 p.
GROJNOWSKI Daniel, Lire la nouvelle, Paris, Bordas, 1993.
GRUNDMANN-GAUDET Minnette et JONES J. Robert, The Nature of Medieval Narrative,
Lexington, French Forum Publishers, 1980.
GUILLERM Luce, Sujet de l'écriture et traduction autour de 1450, Paris, Aux Amateurs de livres,
1988.
HAINSWORTH G., Les « Novelas exemplares » de Cervantes en France au XVIIe siècle,
contribution à l’étude de la Nouvelle France, thèse pour le doctorat de l’Université, Paris, H.
Champion, 1933, 300 p.
HART Thomas, Cervantes' exemplary fictions, University Press of Kentucky, 1993.

Nelly LABERE 128 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

HASSEL J. W., Sources and Analogues of « the Nouvelles Récréations et Joyeux Devis » of
Bonaventure Des Périers, t. II, Athens, Georgia, 1969.
HASSELMANN Jules, Les Conteurs français du XVIe s., Paris, « Classiques Larousse », 5e éd.,
1945.
HIRSCH A., Der Gattungsbegriff « Novelle », Germanische Studien, T. 64, Berlin, 1928.
HOEPFFNER E., Aux origines de la nouvelle française, The Taylorian Lecture, Oxford, The
Clarendon Press, 1939.
JAMES Henry, The House of Fiction. Essays on the novel, London, Rupert Hart-Davis, 1957, 286
p.
JORDAN Robert M., Chaucer's Poetics and the Modern Reader, University of California Press,
1987.
KOSZUL André-H., La première traduction d’ « Arnalte et Lucenda » et les débuts de la nouvelle
sentimentale en Angleterre, Paris, Les Belles Lettres, 1946.
KRAULSHEIMER Michaël, "The Heptaméron reconsidered", in The French Renaissance and ils
Heritage. Essays Presented to Alan M. Boase, London, Methuen, 1968, pp. 75-92.
KROMER Wolfram, Formas de la narracion breve en las literaturas romanicas hasta 1700,
Madrid, Gredos, 1979.
KROMER Wolfram, Kurzerzählungen und Novellen in den romanischen Literaturen bis 1700,
Berlin, E. Schmidt, 1973, 226 p.
LA GARANGERIE Marie-Madeleine, Le dialogue des romanciers : une nouvelle lecture de
« l’Heptaméron » de Marguerite de Navarre, Paris, éd. Lettres Modernes, 1977, 78 p.
LAFOND Jean, Les formes brèves de la prose et le discours discontinu, XVIe-XVIle siècles, Paris,
Vrin, 1984.
LAMIOT Christophe, Le temps de la nouvelle de Frank O’Connor, éd. A.N.R.T, Lille Thèses,
1989.
LARRIERE Claire, Une étape dans le développement de la nouvelle anglaise, 1945-1974, 1981,
thèse de lettres, Paris III, 1981.
LASPERAS Jean-Michel, La Nouvelle en Espagne au Siècle d'Or, Université de Montpellier, 1987.
LEIBOWITZ Judith, Narrative purpose in the novella, The Hague, Paris, Mouton, 1974, 137 p.
LINDAHL Carl, Earnest Games. Folkloric Patterns in the « Canterbury Tales », Indiana
University Press, 1987.
LOCICERO Donald, Novellentheorie, the practically of the theoretical, The Hague, Paris, Mouton,
1970, 120 p.
LOHMANN Otto, Die Rahmenerzâhlung des "Decameron". Ihre Quellen und Nachwirkungen. Ein
Beitrag zur Geschichte der Rahmenerzâhlung, Halle, Niemeyer, 1935.
LOSSE Deborah N., Sampling the Book. Renaissance Prologues and the French « Conteurs »,
Bucknell University Press / Associated University Press, London-Toronto, Lewisburg, 1994, 136 p.
LOUVEL L. et VERLEY C., Introduction à l’étude de la nouvelle, Toulouse, Presses
Universitaires du Mirail, 1993, 59.
ROSSI Luciano, A literatura novelística na Idade Média portuguesa, Lisboa, Instituto de Cultura
Portuguesa, 1979, 122 pp.
MALMEDE H.H, Wege zur Novelle. Theorie und Interpretation der Gattung Novelle in der
deutschen Literaturwissenschaft, Stuttgart, 1966.
MANN Jill, Chaucer and Medieval Estales Satire. The Literature of Social Classes and the
« General Prologue » to the « Canterbury Tales », Cambridge University Press, 1973.
MARSAN R.E., Itinéraire espagnol du conte médiéval, Paris, klincksieck, 1974.
MATHIEU CASTELLANI Gisèle, La Conversation coûteuse. Les nouvelles de Marguerite de
Navarre, Paris, Presses Universitaires de France, 1992.
MC GIFFERT Wright A., The American Short Story in the Twenties, Chicago, 1961.
MENENDEZ PELAYO M., Origenes de la Novela, Madrid, Bailly, 1907, t. 2.
MONER Michel, Cervantès conteur. Ecrits et paroles, Madrid, Casa de Velasquez, 1989.
MUSCETTA Carlo, Boccacio, Laterza, 1989.

Juin 2000 129 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

NEUSCHAFER Hans Jörg, Boccacio und der Beginn der Novelle, Strukturen der Kurzerzählung
auf der Schwelle zwischen Mittelalter und Neuzeit, Munich, 1969, 104 p.
NYKROG Per, Le fabliau. Nouvelle édition, Genève, Droz, 1973.
O’CONNOR Franck, The Lonely Voice : A Study of the Short Story, London, Macmillan, 1962.
O’CONNOR Flannery, Writing Short Stories, in Mystery and Manners : Occasional Prose,
London, Faber & Faber, 1972.
O’FAOLAIN Sean, The Short Story, Mercier Press, 1972.
OSWALD Thierry, La Nouvelle, Paris, Hachette, 1996, 191 p.
PABST Walter, Novellentheorie und Novellendichtung. Zur Geschichte ihrer Antinomie in den
romanischen Literature, Hambourg, 1953, 2e édit. Heidelberg, 1967.
PABST Walter, La novela corta en la teoria y la creacion literaria. Notas para la historia de su
antinomia en las literaturas romanicas, Madrid, Gredos, 1972.
PALOMO M. del Pilar, La novela cortesana, Barcelona, Planeta, 1976.
PAUPERT Anne, Les fileuses et le clerc. Une étude des « Evangiles des quenouilles », Paris,
Champion, 1990.
PELLEGRINI Carlo, Il Boccaccio nella Cultura Francese, Firenze, Olschki, 1971.
PEROUSE Gabriel A., Nouvelles françaises du XVIe siècle. Images de la vie du temps, Lille,
Service de reproduction des thèses, 1978, 564 p.
PIERDOMINICI Luca, Du Pédagogique au narratif. Écriture fragmentaire et poétique de la
nouvelle dans l’œuvre d’Antoine de la Sale, thèse sous la dir. de Jean Dufournet, Paris, Université
Paris III, 1996.
PLACE Edwin B., Manual elemental de Novelistica espanola, Madrid, V. Suarez, 1926.
POLHEIM K.K., Novellentheorie und Novellenforschung, Stuttarg, 1966.
POTTER Joy Hambuechen, Five Frame for the « Decameron ». Communication and Social
Systerw in the « Cornice », Princeton University Press, 1982.
RANSOME Arthur, A history of story-telling, studies in the development of narrative, London, T.C
a E.C. Jack, 1909, 318 p.
RASMUSSEN Jens, La prose narrative française du XVe siècle, Copenhagen, Munskgaard, 1958.
REDENBACHER F., Die Novellistik der französischen Hochrenaissance. Zeitschrift für
französische Sprache und Literarur, Munich, t. 49, 1926, pp. 1-72.
REID Ian, The Modern Short Story, London, Methuen, 1977.
RODAX Yvonne, The Real and the ideal in the novella of Italy, France and England. Four
centuries of change in the Boccacian tale, Chapel Hill, The University of North Carolina press,
1968, VIII, 138 p.
RODRIGUEZ E., Novela corta marginada del siglo XVII espanol, Valencia, Universidad, 1979.
RODRIGUEZ LUIS Julio, Novedad y Ejemplo de las Novelas de Cervantès, Madrid, José Porrua
Turanzas, 1982.
SAINTSBURY George, A History of the French novel, Londres, 1917.
SARKANY Etienne, Forme, socialité et processus d’information : l’exemple du récit court à
l’aube du XXe siècle (socio-poétique du récit court), Lille, A.N.R.T., 1984.
SEMPOUX André, La Nouvelle, Turnhout, éd. Brepols, 1973, 36 p.
SHAW Valerie, The Short Story : A Critical Introduction, London, Longman, 1983.
SIENAERT Edgar, Les Lais de Marie de France : du conte merveilleux à la nouvelle
psychologique, Paris, Champion, 1978, 239 p.
SÖDERHJELM Werner, La nouvelle française au XVe siècle, Paris, Champion, Bibliothèque du
XVe siècle, T. XII, 1910.
SOZZI Lionello, La nouvelle française à la Renaissance, Genève, Slatkine, 1981.
SOZZI Lionello, Les contes de Bonaventure Des Périers, Contribution à l’étude de la nouvelle
française de la Renaissance, Torino, Università di Torino, Publicazioni della Facoltà di Lettere e
Filosofia, vol. XVI, fasc. 2, Turin, 1964.
STEVICK Philip, The American Short Story, 1900-1945, Boston, Twayne Publishers, 1984.

Nelly LABERE 130 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

STONE Donald, From Tales to Truths. Essays on French Fiction in the Sixteenth Century,
Franckfurt, Klostermann, 1973.
TELLE E.V., L’œuvre de Marguerite d’Angoulême reine de Navarre et la querelle des femmes,
Toulouse, Privat, 1937.
TETEL Marcel, « L’Heptaméron » de Marguerite de Navarre : thèmes, langage et structure, Paris,
Klincksieck, 1991.
THIEBERGER Richard, Le genre de la nouvelle dans la littérature allemande, Paris, Belles
Lettres, 1968, 307 p.
TIEMANN H., Die Entstehung der mittelalterlichen Novelle in Frankreich, Hambourg, 1961.
TODOROV T., Grammaire du « Décaméron », Paris-La Hague, Mouthon, 1969.
TOLDO Pietro, Contributo allo Studio della Novella Francese del XVe- XVIe secolo, Roma,
Loescher, 1895.
TORRES-RIOSECO Arturo, Grandes novelistas de la America Hispana, Berkeley, Los Angeles,
1941-1943.
TOURNOY Gabriel, Boccaccio in Europe, Presses de l’Université de Louvain, 1977.
VIEGNES Michel, L’Esthétique de la Nouvelle française au Xxe siècle, Berne, P. Lang, American
University Studies, 1989.
WALTER Allen, The Short Story in English, Oxford, 1981.
WIESE B., Novelle, Stuttgart, 1964.

RECUEILS D’ARTICLES
Par souci de concision nous avons préféré classer ici les recueils d’articles intégralement consacrés à
la nouvelle et dont la totalité du contenu nous intéressait pour notre étude.

Aspects de la Nouvelle (II), numéro coordonné par Paul Carmigiani, Perpignan, Presses
Universitaires de Perpignan, Cahiers de l’Université de Perpignan, n° 18, 1995, 241 p.
Aspects de la Nouvelle : théorie du genre, traductions inédites et analyses textuelles, numéro
coordonné par Paul Carmigiani, Perpignan, Presses Universitaires de Perpignan, Cahiers de
l’Université de Perpignan, n° 4, 1988.
Autour du roman. Mélanges Nicole Cazauran, Paris, Presses de l’Ecole Normale Supérieure, 1990.
Contes et nouvelles d’une fin de siècle à l’autre, ss. dir. d’Aleksander Aablamowicz, Katowice,
Uniwersytet Slaski, 1988, 176 p.
Genèse, codification et rayonnement d’un genre médiéval : la nouvelle, Actes du Colloque
International de Montréal (McGill University : 14-16 octobre 1982), publ. Par Michelangelo
Picone, Giuseppe Di Stefano et Pamela D. Stewart, Montréal, Plato Academic Press, 1983, 236 p.
L’Après Boccace, La nouvelle italienne aux XVe et XVIe siècles, par Béatrice Laroche, Marina
Marietti, Alfredo Perifano, Paris, Université de la Sorbonne Nouvelle, 1994, 402 p.
La Licorne : « Brièveté et écriture », publication de l’UFR de langues et de littératures de
l’Université de Poitiers, Poitiers, Université de Poitiers, 1991, n° 21.
La Nouvelle, Lille, Congrès de Lille 1-2 déc. 1989, Presses Universitaires de Lille, 1992, 137 p.
Le Français Aujourd’hui, Paris, Association française des enseignants de français, n° 87, septembre
1989.
La Nouvelle de langue anglaise, Groupe de recherche sur la nouvelle de langue anglaise, Centre de
recherche sur la short story, Paris, éd. Sorbonne Nouvelle, 1983, 68 p.
La Nouvelle : Boccace, Marguerite de Navarre, Cervantes, études recueillies par Jean Bessière,
Paris, Champion, 155 p.
La Nouvelle de langue française aux frontières des autres genres, du Moyen Age à nos jours, Paris,
éd. Quorum, 1997, 411 p.
La Nouvelle, Ecriture(s) et lecture(s), ss. dir. d’Agnès Whitfield, Montréal, Toronto, éd. du Gref,
1993, 226 p.

Juin 2000 131 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

La Nouvelle en France au XVIIIe, Maximes et Portraits, Poésie et peinture en France au XIXe s.,
XVIIe congrès de l’Association, Paris, 28-30 juillet 1965, Paris, Les Belles Lettres, 1968, 339 p.
La Nouvelle en France jusqu’au XVIIIe s., Paris, Association Internationale des Etudes Françaises
(A.I.E.F.), Cahier n° 18, mars 1996, Belles Lettres.
La Nouvelle et l’art du récit au XVe siècle en France. Hommage à Roger Dubuis, Lyon, Presses
Universitaires de Lyon, 1998.
La Nouvelle française à la Renaissance, études réunies par Lionelo Sozzi et présentées par V.L.
Saulnier, Genève, Paris, Ed. Slatkine, 1981, 691 p.
La Nouvelle hier et aujourd’hui, Actes du Colloque de l’University College de Dublin, 14-16 sept
1995, ss la dir. De Gratton Johnnie et Imbert Jean-Philippe, L’Harmattan, 1998, 380 p.
La Nouvelle romane (Italia, France, Espana), ss. dir. Jose Luis Alonso Hernandez, Martin Gosman
et Rinaldo Rinaldi, Amsterdam-Atlanta, Rodopi, 1993, XII, 183 p.
La Nouvelle, un texte indécis, textes publiés sous la dir. de Michel Erman, Paris, Centre de
Recherches Le texte et l’édition, 1998, 136 p.
Marguerite de Navarre, Colloque de Pau 1992, Mont-de-Marsan, Editions Interuniversitaires,
1994.
Marguerite de Navarre. « L’Heptaméron », Journée d’agrégation de Paris VII, Françoise
Charpentier et Simone Perrier éd., Cahiers Textuel, n° 10, 1992.
Mouvements et discontinuité : approches méthodologiques appliquées à l’histoire et aux
littératures d’Espagne et d’Amérique latine : hommage au professeur A. Gutierrez, ss. la dir. de
Jacques Soubeyroux, Saint Etienne, Université de Saint-Etienne, 1995, 290 p.
Novelle del Cinquecento. A cura di Giambattista Salinari I, II, Torino, Unione tipografico-editrice
Torinese, 1955, 2 vol., 536 p.
Novellieri italiana del Sacchetti al Basile, Ravenna, A. Longo, 1969, 245 p.
Quelques études sur la nouvelle, ss. dir. d’Aleksander Aablamowicz, Katowice, Uniwersytet Slaski,
1989, 232 p.
The French Short story, University of South Carolina, College of Humanities, 1975, 284 p.
Tigre : La Nouvelle I, Travaux ibériques de l’Université des Langues et Lettres de Grenoble, n° 4,
Grenoble, Université Grenoble III Stendhal, 1988.
Tigre : La Nouvelle II, Travaux ibériques de l’Université des Langues et Lettres de Grenoble, n° 5,
Grenoble, Université Grenoble III Stendhal, 1990.

ARTICLES
ALTMAN Charles, « Medieval Narrative vs. Modern Assumptions. Revising Inadequate
Typology », in Diacritics, n° 4, 1974, pp. 12-19.
ALVAREZ-PEREYRE Frank, « Règles de contage et stratégies de la parole », in Ethnologie
française, n° 5, 1975, pp. 81-90.
ANGELI Giovanna, « La Novelle e la censura del nome », in Lettera e ricezione del testo. Atti del
Convegno internazionale, Lecce, 8-11 ott. 1981, éd. Salentina, 1985, pp. 5-13.
BADER A.L., « The Structure of the Modern Short Story », in College English, n° 7, 1945.
BAKER Mary J., « The role of the reader in the Heptameron », in French studies, n° 43, juillet
1989, pp. 271-278.
BALACHOV Nicolas, « Le developpement des structures narratives du fabliau à la nouvelle », in
G. Bianciotto et M. Salvet, Epopée animale. Fable-Fabliau. Actes du quatrième colloque de la
société internationale renardienne, 7-11 sept. 1981, Paris, PUF, 1984, pp. 29-37.
BATANY Jean, « Paradigmes lexicaux et structures littéraires au Moyen âge », in Revue d’histoire
littéraire de la France, n° 70, 1970, pp. 819-35.
BAUML Franz et SPIELMAN Frida, « From Illiteracy to Literacy : Prolegomena to a Study of the
Nibelungenlied », in Joseph Duggan, Oral Literature, Edimburg-London, 1975, pp. 62-73.
BAUML Franz, « Varieties and Consequences of Medieval Literacy and Illiteracy », in Speculum,
n° 55, 1980, pp. 237-65.

Nelly LABERE 132 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

BEC Christian, « Boccace », in Précis de littérature italienne, Presses Universitaires de France,


1982, pp. 61-76.
BERRIOT-SALVADOR Evelyne, « Les règles de la communication du discours au XVIe siècle –
l’art de l’orateur et la nature de l’escoutant », in Réforme, Humanisme, Renaissance, n° 17, 1983,
pp. 13-26.
BERTHET Frédéric, « Nouvelles françaises », in L’infini, n° 16, automne 1986, pp. 22-26.
BEYER Jürgen, « The Amorality of the Amoral », in Thomas D. Cooke et Benjamin L. Honfycutt.,
The Humor of the Fabliaux, University of Nessouri Press, pp. 15-42.
BIRGE-VITZ Evelyne, « Narrative Analysis of Medieval Texts : la Fille au comte de Pontieu », in
Modern Language Notes, n° 92, 1977, pp. 645-75.
BLOCH Howard, « Le manteau mal taillé des fabliaux », in Poétique, n° 57, 1983, pp. 181 –98.
BOLL JOHANSEN Hans, « Une théorie de la nouvelle et son application aux Chroniques
italiennes de Stendhal », in Revue de littérature comparée, n° spécial « La nouvelle », 1976, pp.
424-432,.
BORONAD André, « Genèse et esthétique de la nouvelle », in Revue de Littérature Comparée, n°
4, oct-déc. 1976, pp. 402-420.
BOUCHE Thérèse, « De la Chastelaine de Vergi au lai du Laostic. Remontée aux origines de la
nouvelle », in Queste, n° 5, 1990, pp. 5-22.
BRUNEL Jean, « La « faute » d’Amadour et la signification de la Xe nouvelle de l’Heptaméron »,
in La Licorne, n° 20, 1991, pp. 5-30.
BRUNS Gerald, , « The Originality of Texts in a Manuscript Culture », in Comparative Literature,
n° 32, 1980, pp. 1 13-29.
CAMERO PEREZ Carmen, « La survivance du cadre dans la nouvelle moderne », in Littératures,
n° 22, Toulouse, été 1990, pp. 105-112.
CARMIGNANI Paul, « Notes sur la nouvelle », in Cahiers de l’Université de Perpignan, n° 4,
Printemps 1988.
CAZALE BERARD Claude, « Jeux de masques, fonctions narratives et thématiques dans le
Décaméron », in Revue des Etudes Italiennes, n° 33, 1987, pp. 32-59.
CORNILLIAT François, « Pas de miracle. La Vierge et Marguerite dans l’Heptaméron », in Etudes
littéraires, vol. 27, n° 2, automne. 1994, pp. 77-96.
COTTINO-JONES Marga, « Observations on the Structure of the Decameron novella », in
Romance Notes, n° 15, 1973, pp. 378-87.
CROSBY Ruth, « Oral Delivery in the Middle Ages », in Speculum, n° 11/1, 1936, pp. 88-110.
DELEGUE Yves, « La présence et ses doubles dans l’Heptaméron », in Bibliothèque d’Humanisme
et de Renaissance, t. LII, n° 2, 1990, pp. 269-281.
DELEGUE Yves, « Autour de deux prologues : l’Heptaméron est-il un anti-Décaméron ? », in
Travaux de linguistique et de littérature, n° 4/2, 1966, pp. 23-37.
DEMERSON Guy, « Un motif de conte dans les nouvelles de Bonaventure des Périers : les cris
bestiaux », in Frontières du conte, 1982, pp. 33-40.
DENIERS Jeanne, « L’art du conte écrit ou le lecteur complice », in Etudes françaises, n° 9, 1973,
pp. 3-13.
DERCHE Roland, « Marguerite de Navarre : la 19e nouvelle », in Etudes de textes français,
S.E.D.E.S., 1965, pp. 95-124.
DUBOIS Claude-Gilbert, « Fonds mythique et jeu des sens dans le prologue de l’Heptaméron », in
Etudes seiziémistes, 1980, pp. 151-68.
DUBUIS Roger, « La Genèse de la nouvelle en France au moyen âge », in Cahiers de l’Association
des études françaises, n° 18, 1966, pp. 9-19.
DUBUIS Roger, «La nouvelle en France jusqu’au XVIIIe siècle », in Cahiers de l’Association
Internationale des études françaises, t. 18, 1966, pp. 7-102 et 239-262.
DUBUIS Roger, «L’indifférence du genre narratif aux problèmes politiques du XVe siècle », in
Culture et Politique en France à l’époque de l’humanisme et de la Renaissance, Torino, 1974, pp.
213-217.

Juin 2000 133 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

DUBUIS Roger, «Le personnage du roi dans la littérature narrative du XVe siècle », in Culture et
Pouvoir au temps de l’humanisme et de la Renaissance, Genève, 1978, pp. 17-36.
DUCHON DORIS Jean-Christophe, « Le recueil, genre littéraire à part entière », in La revue des
deux mondes, n° 7/8, Paris, juill-août 1994, pp. 150-158.
EGAN Margarita, « Razo and novella. A Case Study in Narrative Forrns », in Medievo Romanzo,
n° 6, 1979, pp. 302-14.
FATHI-RIZK Nazli, « Les moralités finales dans la nouvelle en France au XVe et au XVIe siècle »,
Thèse, in Dissertation Abstracts, t. 37, Mc Gill University, 1976-1977.
FERGUSON Suzanne C., « Defining the Short Story : Impressionism and Form », in Modern
Fiction Studies, Vol. 28, Nb 1, Spring 1982.
FERRAN Pierre, « Renouveau de la nouvelle ? », in Le Français dans le Monde, Paris, mai-juin
1987, pp. 85-86.
FONTES BARATTO Anna, « Le thème de la beffa dans le Décaméron », in Formes et
significations de la beffa dans la littérature italienne de la Renaissance, éd. André Rochon, Paris
III, 1972.
FONYI Antonia, « Nouvelle, subjectivité, structure : un chapitre de l’histoire de la théorie de la
nouvelle et une tentative de description structurale », in Revue de Littérature Comparée, n° 4, oct-
déc. 1976.
FRANCILLON Armand, « Quelques observations sur la quatrième journée du Décaméron », in
Études de Lettres, 1978, n° 2-3, pp. 19-30.
FRIZZA Katherine, « Le lai de Doon ou le fonctionnement de la brièveté », in Médiévales, n° 9,
1985, pp. 55-63.
GARCIER Fabienne, « Du nom au genre : le cas de la short story », in La Licorne : « La
dynamique des genres », n° 22, 1992.
GIBALDI Joseph, « The Renaissance Theory of the Novella », in Revue canadienne de littérature
comparée, n° 2, 1975, pp. 201-27.
GODENNE René, « Les débuts de la nouvelle narrée à la première personne (1645-1800) », in
Romanische-Forschungen, Tübingen, 1970, n° 82, pp. 253-267.
GODENNE René, « Pour une histoire de la nouvelle française au XVIIe et XVIIIe siècle », in
L’information littéraire, Paris, 1971, n° 23, pp. 66-67.
GODENNE René, « La nouvelle française », in Etudes françaises, n° 12, Montréal, 1976, pp. 103-
111.
GODENNE René, « Pour en savoir un peu plus sur la nouvelle française (aperçu et documentation),
in FR LV, 1981-1982, pp. 382-386.
GODENNE René, « Comment appeler un auteur de nouvelles ? », in Romanic Review, n° 58, New
York, pp. 38-43.
GROJNOWSKI Daniel, « L’art du bref », in Le Français Aujourd’hui, numéro spécial sur la
Nouvelle, sept 1989.
HANSON Clare, « The Short Story as a Late 20th Century Form », in La Nouvelle de Langue
Anglaise, 1989.
HOWARD Donald R., « The Canterbury Tales- Memory and Form », in English Literary History,
n° 38, 1971, pp. 319-28.
IMBERT Henri-François, « De la nouvelle au roman court », in Orientation de recherches et de
méthodes en littérature générale et comparée. Actes du XVIe Congrès de la Société française de
littérature générale et comparée, Montpellier, Université Paul Valéry, 18-21 septembre 1980, pp.
13-26.
IMBERT Henri-François, « Aspects de la narrativité. Les équivoques du roman court, l’avenir de la
forme courte », in Evolution of the novel, éd. by Zoran Konstantinovic, Innsbruck, Institut für
Sprachwissenschaft der Univ., 1982, pp. 277-281.
IMBERTY Cl., « Le symbolisme du faucon dans la nouvelle 9 de la Ve Journée du Décaméron », in
Revue des études italiennes, n° 20, 1974, pp. 147-156.
JACKSON W.T.H., « The Nature of Romance », in Yale French Studies, n° 51, 1974, pp. 12-25.
JEAY Madeleine, « Les Evangiles des quenouilles. De la croyance populaire à la locution », in
Giuseppe di Stefano et Russel Mc Gellivray, La locution, Montréal, CERES, 1986, pp. 282-301.

Nelly LABERE 134 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

JEAY Madeleine, « Donner la parole : l’histoire-cadre dans les recueils de nouvelles des XVe-XVIe
siècles », in Le Moyen Français, revue dirigée par Giuseppe di Stefano, n° 31, Montréal, éd. Ceres,
1992.
KASPRZYCK Krystyna, « Marguerite de Navarre lecteur du Décaméron », in Studi francesi, n°
100, 1990, pp. 1-11.
KASPRZYK Krystyna, « Des Périers et la communication. Propositions d’une lecture des
Nouvelles récréations et joyeux devis », in Etudes seiziémistes, 1980, pp. 169-178.
KASPRZYK Krystyna, « Les éléments populaires dans la nouvelle française », in Réforme,
Humanisme, Renaissance, n° 11, 1980, pp. 43-48.
KASPRZYK Krystyna, « Thèmes folkloriques dans la nouvelle française », in Cahiers de
l’association internationale des études françaises, n° 18, 1966, pp. 21-30.
KENNEDY Gerald J., « Toward a Poetics of the Short Story Cycle », in The Journal of the Short
Story in English, n° 11, Autumn 1988.
LAJARTE Philippe de, « Du conte facétieux considéré comme un genre ; esquisse d’une analyse
structurale », in Ethnologie Française, n° 4, 1974, pp. 319-32.
LAJARTE Philippe de, « L’Heptaméron et la naissance du récit moderne. Essai de lecture
épistémologique d"un discours narratif », in Littérature, n° 17, 1975, pp. 31-42.
LAJARTE Philippe de, « Modes du discours et formes d’altérité dans les nouvelles de Marguerite
de Navarre », in Littérature, n° 55, 1984, pp. 64-73.
LAJARTE Philippe de, « Structure et fonctions des personnages dans les recueils de contes de la
Renaissance issus de la tradition orale », in Ethnologie Française, n° 11, 1981, pp. 77-82.
LAJARTE Philippe de, « Christianisme et liberté de pensée dans les Nouvelles de Marguerite de
Navarre », in La Liberté de conscience (XVIe-XVIle siècles). Actes du colloque de Mulhouse et Bâle,
1989, Genève, Droz, 1991, pp. 55-63.
LAJARTE Philippe de, « L’Heptaméron et la naissance du récit moderne. Essai de lecture
épistémologique d’un discours narratif », in Littérature, n° 17, 1975, pp. 31-42.
LAJARTE Philippe de, « L’Heptaméron et le finicisme : rapports d’un texte et d’une idéologie », in
Revue des sciences humaines, 1972, pp. 339-371.
LAJARTE Philippe de, « Modes du discours et formes d’altérité dans les Nouvelles de Marguerite
de Navarre », in Littérature, n° 55, octobre 1984, pp. 64-73.
LARRIERE Claire, « La Short Story, genre spécifique : nature, structure, lecture », in La Nouvelle
de Langue Anglaise, n° 1, mars 1983.
LEBEGUE Raymond, « Réalisme et apprêt dans la langue des personnages de l’Heptaméron », in
La littérature narrative d’imagination, Paris, PUF, 1961, pp. 73-86.
LEBLON Bernard, « Les gitans de Cervantès et la critique de la société », in La Contestation de, la
société dans la littérature espagnole du Siècle d’or, Université de Toulouse – Le Mirail, 1981, pp.
39- 44.
LEUPIN Alexandre, « The Middle Ages, the Other », in Diacritics, n° 13, 1983, pp. 22-31.
LEVY Brian J, « Le fabliau et l’exemple. Étude sur les recueils moralisants anglo-normands », in
G. Bianciotto et M. Selvet, Épopée animale. Fable, Fabliau, Paris PUF, 1984, pp. 311-21.
LONGEON Claude, « Du nouveau sur les Comptes amoureux de Madame Jeanne Flore » in
Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, n° 44, 1982, pp. 605-13.
LOSSE Deborah N., « The Representation of Discourse in the Renaissance Nouvelle », in Poetics
Today, n° 5/3, 1984, pp. 585-95.
LOSSE Deborah N., « Authorial and Narrative Voice in the Heptameron », in Renaissance et
Réforme, n° 23, 1987, pp. 223-42.
LYONS John D., « The Heptameron and the Foundation of Critical Narrative », in Yale French
Studies, n° 70, 1986, pp. 150-63.
MASSOL Jean-François, « La nouvelle et le roman-fleuve », in Poétique, n° 81, Printemps 1990.
MATHIEU-CASTELLANI Gisèle, « À propos de l’Heptaméron », in Réforme, Humanisme,
Renaissance, n° 5, 1977, pp. 1-2.
MERMIER Guy, « Le message paradoxal du Petit Jehan de Saintré : courtoisie et à chevalerie au
XVe siècle », in Studi Mediolatini e volgari, n° 26, 1978-79, pp. 143- 59.

Juin 2000 135 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

MERMIER Guy, « A propos du Décameron et de ses imitations. Comme quoi le processus de


dévoilement est indissociable de la structure de la nouvelle, de son style et de ses thèmes », in
Fifteenth-Century Studie, n° 4, 1981, pp. 131-155.
MOLLE Vicenzo, « La langue et la parole. Contribution à une analyse des modèles idéologiques
dans les nouvelles de Boccace », in Frontières du conte, 1982, pp. 121- 29.
PALERMO J., « L’historicité des devisants de l’Heptaméron », in Revue de l’histoire littéraire de
la France, n° 69, 1969, pp. 193-202.
PARIS Gaston, « La nouvelle française au XVe et XVIe siècles », in Journal des Savants, mai et
juin 1895. Repris dans Mélanges de Littérature Française du Moyen Age, publiés par Mario
Roques, Paris, Champion, 1912, pp. 627-667.
PELLEGRINI Carlo, « Il Boccacio nella Cultura francese », in Actes du Colloque de Certaldo
1968, Firenze, Olschki, 1971.
PEROUSE Gabriel A., « Destins français des devisants du Décaméron », in Mélanges offerts à
Georges Couton, Presses de l’université de Lyon, 1981, pp. 43- 58.
PEROUSE Gabriel A., « Le dessein des Propos rustiques », in Etudes seiziémistes, 1980, pp. 137-
50.
PEROUSE Gabriel A., « Portraits des parleuses et portée des paroles dans les Evangiles des
quenouilles », dans K. Kupisz, G.A. Perouse et J. Y. Debreuille, Le portrait littéraire, Presses de
l’université de Lyon, 1988, pp. 39-42.
PEROUSE Gabriel A., « Compte-rendu à Dubuis 1973 », in Bibliothèque d’Humanisme et de
Renaissance, n° 36, 1974, pp. 473-75.
PERRIGAUD Martha, « Oisille’s Tale of the Duchesse de Bourgogne : The Power of the Word »,
in Degré second, n° 6, 1982, pp. 2540.
PERRUS Claudette, « La nouvelle X, 10 du Décaméron : une anti-nouvelle ? », in Arzana. Cahiers
de littérature médiévale italienne, n° 3, septembre 1995 (« Chemins de la prose »), pp. 129-160.
PERRUS Claudette, « Lecture de la nouvelle III, 5 du Décaméron », in Revue des études italiennes,
n° 17, 1972, pp. 235-244.
PETIT Marc, « Mythe, fait divers, conte, nouvelle », in « Sur une note juste », 47 hommages à
Jacques Body, Université de Tours, 1990.
PICKERING Jean, « Time and the Short Story », in Re-reading the Short Story, ed. C. Hanson,
Macmillan, 1989.
PRATT Mary-Louise, « The Short Story : The Long and the Short of It », in Poetics, n° 10, 1981.
RIGOLOT François, « La renaissance du texte. Histoire et sémiologie », in Poétique, n° 50, 1982,
pp. 1 83-93.
RIZK Nazli, « Didactisme et contestation dans les Quinze joies de mariage », in Le Moyen
Français, n° 1, 1977, pp. 33-89.
ROHRBERGER Mary et BURNS Dan E., « Short Fiction and the Numinous Realm : Another
Attempt at Definition », in Modern Fiction Studies, Vol. 28, Nb. 1, Spring 1982.
ROHRBERGER Mary, « Strange Loops : Time in the Short Story », in La Nouvelle de Langue
Anglaise, n° 6, 1991.
ROQUES M., « Notes sur Pathelin », in Romania, revue trimestrielle consacrée à l’étude des
langues et des littératures romanes, publiée par Jacques Monfrin, n° 57, Abbeville, 1931, pp. 548-
560.
ROSSI Luciano, «L'evoluzione dell'intreccio: Boivin e Andreuccio», in Filologia e Critica, I, 1976,
pp. 3-14.
ROSSI Luciano, «La leggenda d'una doppia redazione delle novelle sercambiane: menzogne e
sortilegi della filologia», in Rassegna Europea di letteratura Italiana, 5-6, 1995 [mais 1996], pp.
11-21.
ROSSI Luciano, «I tre gravi accidenti della novella di Andreuccio da Perugia (Decameron, II 5)»,
in Strumenti Critici, XX, 1996, pp. 385-400.

Nelly LABERE 136 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

ROSSI Luciano, «Entre fabliau et facétie : la nouvelle en France au XVe siècle», in: La nouvelle de
langue française aux frontières des autres genres littéraires,du Moyen Age à nos jours. Actes du
Colloque de Metz, (juin 1996), p. p. V. Engel et M. Guissard, Ottignies, Éditions Quorum, 1997,
pp. 28-39.
ROSSI Luciano, «Roma nella novellistica romanza del sec. XV», in Atti del Convegno «Le due
Rome del Quattrocento» (Università di Roma, La Sapienza, (21-24 gennaio1996), a c. di S. Rossi e
S. Valeri, Roma, Lithos Editrice, 1997, pp. 405-416.
ROSSI Luciano, «David Aubert autore delle Cent Nouvelles nouvelles? La genesi della novella
francese e l'attività letteraria alla corte borgognona nel Quattrocento», in Cultura Neolatina,
XXXVI,1976, pp. 95-118.
ROSSI Luciano, «Trubert: il trionfo della scortesia e dell'ignoranza. Considerazioni sui
Fabliaux e sulla Parodia medievale», in Studi Francesi e Portoghesi 79, «Romanica Vulgaria»,
Quaderni, 1, 1979, pp. 5-50.
ROSSI Luciano, «Das Dekameron und die romanische Tradition: die außerordentliche Geduld der
Griselda», in Vox Romanica, 44, 1985, pp. 16-32.
ROSSI Luciano, «Ritorno al testo del Sercambi», in Filologia e Critica, XI, 1986, pp. 263-292.
ROSSI Luciano, «Ironia e parodia nel Decameron : da Ciappelletto a Griselda», in La Novella
Italiana, Atti del Convegno di Caprarola (19-24 settembre 1988), Roma 1989, vol. I, pp. 365-405.
ROSSI Luciano, «Presenze ovidiane nel Decameron », in Studi sul Boccaccio, XXI, 1993, pp. 125-
137.
SCHENK Mary Jane Stearns, « Narrative Structure in the Exemplum, Fabliau and the Nouvelle »,
in Romanic Review, n° 72, New York, nov. 1981, pp. 367-382.
SIMONE Franco, « La présence de Boccace dans la culture française du XVe siècle », in Journal of
Medieval and Renaissance Studies, n° 1, 1971, pp. 17-32.
SIMONIN Michel, « Compte-rendu à Sozzi 1981 », in Réforme, Humanisme, Renaissance, n° 14,
1981, pp. 67-73.
SOZZI Lionello, « Per la fortuna del Boccacio in Francia : I testi introduttivi alle edizioni e
traduzioni cinquecentesche », in Studi sul Boccaccio, n° 6, Padova, 1971, pp. 11-80.
SOZZI Lionello, « La nouvelle française au XVe siècle », in Cahiers de l’Association des Etudes
françaises, n° 23, Paris, 1971, pp. 67-84.
SOZZI Lionello, « Boccacio in Francia nel cinquecento », in Pellegrini Carlo, Il Boccaccio nella
cultura francese. Atti del convegno di studi. L’opera del Boccaccio nella cultura francese, Certaldo
2-6 settembre 1968, Firenze, Olschki, 1971.
STICCA Sandro, « Boccacio and the Birth of the French Nouvelle », in Forum Italicum, n° 11,
1977, pp. 218-47.
STICCA Sandro, « Genèse et esthétique de la nouvelle », in Revue de littérature comparée, n° 4,
1976, pp. 223-31.
STONE Donald, « Narrative Technique in l’Heptaméron », in Studi Francesi, n° 9, 1967, pp. 473-
76.
STROUD Theodore A., « A Critical Approach to the Short Story », in Journal of General
Education, n° 9, 1956 ; rpt in Short Story Theories, ed. C. May.
TETEL Marcel, « Au seuil de l’Heptaméron et du Décaméron », in Prose et prosateurs de la
Renaissance, Mélanges offerts à Robert Aulotte, Paris, SEDES, 1988, pp. 135-42.
TETEL Marcel, « Commentaire et réécriture dans l’Heptaméron », in Gisèle Mathieu-Castelllani et
Michel Plaisance, Les commentaires et la naissance de la critique littéraire, Paris, Aux Amateurs
de livres, 1990, pp. 91-100.
WELTY Eudora, « Looking at Short Stories » et « Writing and Analysing a Story », in The Eye of
the Story, New York, Random House, 1978 ; rpt London, Virago Press, 1987.
WILKSHIRE Claire, « Conte, récit, nouvelle », in Canadian Literature, n° 146, autumn 1995, pp.
147-149.
WRIGHT Austin M., « Recalcitrance in the Short Story », in Short Story Theory at a Crossroads.
ZIEGELER H. J., « Boccaccio, Chaucer, Mären, Novellen : "The tale of the Cradle" », in Kleinere
Erzählformen im Mittelalter, München-Wien-Zürich, éd. Klaus Grubmüller Schöningh, 1988, pp.
9-31.

Juin 2000 137 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

ZINGUER Ilana, « Tentative de définition de la nouvelle », in L’Automne de la Renaissance (1580-


1630), Vrin, 1981, pp. 195-208.

GENERALITES

OUVRAGES BIBLIOGRAPHIQUES
A Critical Bibliography of French Literature, vol. I « The Medieval Period », Syracuse, éd. Urban
T. Holmes Jr, Syracuse University Press, 1947 ; enlarged edition 1952, second printing 1964, pp.
204-207.
BASSAN F., BREED Paul F., SPINELLI D., An annotated Bibliography of french Language and
Literature, New York, London, 1976.
BEUGNOT Bernard, MOUREAUX José-Michel, Manuel bibliographique des études littéraires,
Paris, Nathan-Université, Littérature française, 1983.
Bibliographie annuelle du Moyen Age tardif, éd. Brépols, Paris-Turnhout, de 1991 à 1998, 8 vol.
BOSSUAT Robert, Manuel bibliographique de la littérature française du Moyen Age, Melun,
1951, pp. 401-409.
BOSSUAT Robert, Manuel bibliographique de la littérature française du Moyen Age (1er
supplément 1949-1953, 2e supplément 1954-1960), Genève-Paris, Slatkine Reprints, 1986.
BOSSUAT Robert, Manuel bibliographique de la littérature française du Moyen Age (3e
supplément 1960-1980), Paris, éd. du CNRS, 1991.
GODENNE René, Bibliographie critique de la nouvelle de langue française (1940-1985), Genève,
Droz, 1989, 392 p.
GODENNE René, Premier supplément à la bibliothèque critique de la nouvelle française, Genève,
Droz, 282 p., 1992.
GONZALEZ OLLE Fernando, Manual bibliografico de estudios espanoles, Ediciones Universidad
de Navarra, Pamplona, 1976.
International Medieval Bibliography, Leeds, July-December 1978 to January-June 1996, 30 vol.
composés de 2 parties.
JAURALDE POU Pablo, Manual de Investigacion literaria, Madrid, Biblioteca romanica
hispanica, Gredos, 1981.
KLAPP Otto, Bibliographie der Französischen Literaturwissenschaft, Frankfurt am Main, Vittorio
Klostermann, 1956 à 1997, 35 vol.
KUKENHEIM Louis, ROUSSEL Henri, Guide de la littérature française du Moyen Age, Leinden,
2e éd., 1959.
LANGLOIS Pierre, MAREUIL André, Guide bibliographique des études littéraires, Paris,
Hachette, 5e éd., 1958.
OSBURN Charles B., Research and Reference Guide to French Studies, Metuchen, 1968.
OSBURN Charles B., Guide to French Studies. Supplement with cumulative indexes, Metuchen,
1981.
RANCŒUR René, Bibliographie littéraire, Paris, éd. Armand Colin, de 1953 à 1995.
ROUSE Richard, Serial Bibliographies for Medieval Studies, Berkeley, Los Angeles, Publications
of the Center for Medieval and Renaissance Studies, n°3, 1969.
SIMON DIAZ Jose, Manual de Bibliografia de la literatura espanola, Madrid, Gredos, 1980.
TAYLOR Robert A., La littérature occitane du Moyen Age. Bibliographie sélective et critique,
Toronto, Toronto Medieval Bibliographies, 1977.
WOLEDGE Brian, Bibliographie des romans et nouvelles en prose française antérieurs à 1500,
Genève, Droz, 1975, 139 p.

Nelly LABERE 138 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

ETUDES SUR LE MOYEN FRANÇAIS

Morphologie et syntaxe

DE LA CHAUSSEE François, Initiation à la morphologie historique de l’ancien français, Paris,


Klincksieck, 1977.
JOLY Geniève, Précis d’ancien français, Paris, Armand Colin, coll. U, 1998.
MENARD Philippe, Syntaxe de l’ancien français, Bordeaux, Bière, 4e éd. 1994, 382 p.
MARCHELLO NIZIA Christine, La langue française aux XIVe et XVe siècles, Paris, Nathan, 1977.
MARTIN R., WILMET M., Manuel du français du Moyen Age, II, Syntaxe du moyen français,
Bière, Bordeaux, 1980.
MOIGNET G., Grammaire de l’ancien français, Paris, Klincksieck, 1973.
PICOCHE J., Précis de morphologie historique du français, Paris, Nathan, 1979.
ZINK G., Morphologie du français médiéval, Paris, Presses Universitaires de France, 1989.

Dictionnaires

BAUMGARTNER E., MENARD P., Dictionnaire étymologique et historique de la langue


française, Paris, Le livre de Poche, 1996, 848 p.
GREIMAS A. J., KEANE T. M., Dictionnaire du Moyen Français, La Renaissance, Paris,
Larousse, 1992.

OUVRAGES
AARNE Antti, The Types of the Folktale, a Classification and Bibliography, éd. Stith Thompson,
2e éd., Helsingfors, Folklore Fellows Communications, 1961.
AMOSSY Ruth et ROSEN Elisheva, Le discours du cliché, Paris, SEDES, 1982.
AUERBACH Erich, La représentation de la réalité dans la littérature occidentale, Paris,
Gallimard, 1977, p. 213-241.
BADEL Pierre-Yves, Introduction à la vie littéraire du Moyen Age, Paris, Etudes Supérieures,
1969.
BAKHTINE Mikhaïl, L’œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sous
la Renaissance, trad. A. Robel, Paris, Gallimard, N.R.F., Coll. « Idées », 1970.
BAKHTINE Mikhaïl, Esthétique et théorie du roman, Paris, Gallimard, 1978.
BARTHES Roland, Critique et vérité, Paris, Seuil, 1966.
BARTHES Roland, S/Z, Paris, Seuil, 1970.
BARTHES Roland, Le plaisir du texte, Paris, Seuil, 1973.
BAUDRILLART H., Gentilshommes ruraux de la France, Paris, Firmin-Didot, 1893.
BAUMAN Rich, Verbal Artist as Performance, Rowly, Masachussets, 1977.
BEER Jeanette M.A., Narrative Conventions of Truth in the Middle Ages, Genève, Droz, 1981.
BEN AMOS Dan et GOLSTEIN Kenneth S., Folklore. Performance and Communication, Paris-La
Haye, Mouton, 1975.
BENVENISTE Emile, Problèmes de linguistique générale, Paris, Gallimard, 1966.
BEZARD Yvonne, La vie rurale dans le sud de la région parisienne, de 1450 à 1560, Paris,
Firmin-Didot, 1929.
BLOCH Marc, Les caractères originaux de l’histoire rurale française, 2 tomes, Paris, A. Colin,
« Economies, Sociétés, Civilisations », 1960.
BORGES Jose Luis, Conférences, Paris, Gallimard, 1985.
BOUTET Dominique et STRUBEL Armand, La littérature française du Moyen Age, Paris, Que
sais-je ?, n°145, 1978.

Juin 2000 139 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

BOUTET Dominique et STRUBEL Armand, Littérature, politique et société dans la France du


Moyen Age, Paris, Littératures modernes, 1979.
BRAUDEL Fernand, Civilisation matérielle et Capitalisme, XVe-XVIIIe s., Paris, A. Colin, 1967,
vol. I.
BREMOND C., Logique du récit, Paris, Seuil, 1973.
CERQUIGLINI Bernard, La parole médiévale, Paris, éd. de Minuit, 1981.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, Guillaume de Machaut et l’écriture : l’énigme du « Voir
Dit », Lille, Atelier de reproduction des thèses universitaires, Lille III, 1983.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, « Un engin si soutil ». Guillaume de Machaut et l’écriture
au XIVe siècle, Paris, Champion, 1985, 276 p.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, La Couleur de la mélancolie. La fréquentation des livres au
XIVe siècle, 1300-1415, Paris, Hatier, coll. Brèves, 1993, 186 p.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, L’ambiguïté : cinq études historiques, réunies par Irène
Rosier, Lille, Presses Universitaires de Lille, 1988, 183 p.
CHARTIER Roger, Lectures et lecteurs dans la France d’Ancien Régime, Paris, Seuil, 1987.
CHAYTOR Henry-John., From Script to Print. An Introduction to Medieval Vernacular Literature,
Cambridge, Heffer, 1950.
Commerce, finances et société (XIe–XVIe siècles), recueil de travaux d’Histoire médiévale offert à
M. le Professeur Henri Dubois, textes réunis par Philippe Contamine, Thierry Dutour et Bernard
Schnerb, Paris, Presses Universitaires de Paris-Sorbonne, 1993, 507 p.
CONTAGNON Antoine, La seconde main ou le travail de la citation, Paris, Seuil, 1979.
CONTAMINE Philippe, La guerre de Cent ans, Paris, Presses Universitaires de France, QSJ, n°
1309, 1968, 127 p.
CONTAMINE Philippe, La vie quotidienne pendant la guerre de Cent ans : France et Angleterre
(XIVe siècle), Paris, Hachette, 1989, 284 p.
CONTAMINE Philippe, Pour l’Histoire de la noblesse de cour au XVe siècle : à propos d’un livre
récent, Bruxelles, Imprimerie des Sciences, 1978, 506 p.
CONTAMINE Philippe, La France au XIVe et XVe siècles : hommes, mentalités, guerres et paix,
London, Variorum reprints, 1981, 360 p.
CONTAMINE Philippe, Des Pouvoirs en France, 1300/1500, Paris, Presses de l’Ecole Normale
Supérieure, 1992, 270 p.
CONTAMINE Philippe, Au temps de la guerre de Cent ans, France et Angleterre, Paris, Hachette,
1994, 263 p.
CONTAMINE Philippe, La guerre au Moyen Age, Paris, Presses Universitaires de France, 4e éd.,
1994, 516 p.
CONTAMINE Philippe, De Jeanne d’Arc aux guerres d’Italie : figures, images et problèmes du
XVe siècle, Orléans, Paradigme, 1994, 288 p.
CONTAMINE Philippe, La Noblesse au Royaume de France, de Philippe le Bel à Louis XII, Paris,
Presses Universitaires de France, coll. Le Moyen Age, 1997.
CONTAMINE Philippe, L’Economie médiévale, Paris, A. Colin, coll. U, Série Histoire médiévale,
n° 361, 2e éd., 1997, 447 p.
CONTAMINE Philippe, La noblesse au royaume de France de Philippe le Bel à Louis XII : essai
de synthèse, Paris, Presses Universitaires de France, 1997, 385 p.
COVILLE Alfred, Recherches sur quelques écrivains du XIVe et du XVe siècle, Paris, 1935, pp.
208-223-237-244.
CURTIUS Enst-Robert, La littérature européenne et le Moyen âge latin, Paris, Presses
Universitaires de France, 1956.
DALLENBACH Lucien, Le récit spéculaire. Essai sur la mise en abyme, Paris, Seuil, 1977.
DERRIDA Jacques, De la grammatologie, Paris, Minuit, 1967.
DERRIDA Jacques, Positions, Paris, éd. de Minuit, 1967.
DERRIDA Jacques, L’écriture et la différence, Paris, Seuil, 1972.
DEYERMOND A. D., Historia de la literatura espanola 1 : La Edad Media, Barcelona, Editorial
Ariel, 1973.

Nelly LABERE 140 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

Diccionario de Literatura Espanola e Hispanoamericana, dirigido por Ricardo Gullon, Madrid,


Alianza Editorial, 1993.
Dictionnaire des lettes françaises, publié ss. la dir. de G. Grente, Paris, 1964.
DRAGONETTI Roger, La vie de la lettre au Moyen âge, Paris, Seuil, 1980.
DUBOIS Claude-Gilbert, L’imaginaire de la Renaissance, Paris, Presses Universitaires de France,
1985.
DUBY Georges, L’Economie rurale et la vie des campagnes dans l’Occident médiéval, Paris,
Aubier, 1962, 2 vol.
DUBY Georges, Histoire de la France : 1348-1852, Paris, Larousse, 1971.
DUCROT Oswald, Le dire et le dit, Paris, éd. de Minuit, 1984.
FEBVRE Lucien et MARTIN Henri Jacques, L’apparition du livre, Paris, Albin Michel, 1958.
FINNEGAN Ruth, Literacy and Orality. Studies in the Technology of Communication, Oxford,
Basil Blackwell, 1988.
FOUCAULT Michel, Les mots et les choses. Une archéologie des sciences humaines, Paris,
Gallimard, 1966.
FOUCAULT Michel, L’ordre du discours, Paris, Gallimard, 1971.
FRYE Northrop, Anatomie de la critique, Paris, Gallimard, 1969.
GELLRICH Jesse M., The Idea of the Book in the Middle Ages. Language Theory, Mythology and
Fiction, Cornell University Press, 1985.
GENETTE Gérard, Figures III, Paris, Seuil, 1972.
GENETTE Gérard, Palimpsestes. La littérature au second degré, Paris, Seuil, 1982.
GENETTE Gérard, Nouveau discours du récit, Paris, Seuil1983.
GENETTE Gérard, Mimologiques. Voyage en Cratylie, Paris, Seuil, 1986.
GENETTE Gérard, Théorie des genres, Paris, Seuil, 1986.
GENETTE Gérard, Seuils, Paris, Seuil1987.
GOMEZ REDONDO Fernando, Historia de la prosa medieval Castellana, Madrid, Catedra, 1998,
chp. 3, 4, 5 et 6.
GOODY Jack, The Interface belween the Written and the Oral, Cambridge University Press, 1987.
GRACIA Paloma, Tipologia de las formas narrativas breve romanicas medievales, Granada, éd.
Juan Paredes, Universidad de Granada, 1998.
GRACIAN Baltazar, Art et figure de l’esprit, Paris, Seuil, 1983.
GREIMAS A.J et COURTES J., Sémiotique (dictionnaire de), Paris, 1979.
Guerre et concurrence entre les Etats européens du XIVe au XVIIIe siècles, ss. la dir. de Philippe
Contamine, Paris, Presses Universitaires de France, 1998, 414 p.
Guerre et société en France, en Angleterre et en Bourgogne, XIVe-XVe siècles, communication
présentée lors de la rencontre franco-britannique à Londres le 20-22 mars 1989, organisée par
l’Institut français du Royaume-Uni, Villeneuve d’Ascq, Centre d’Histoire de la région du Nord et
de l’Europe du Nord-Ouest, Université Charles de Gaulle Lille III, 1991, 360 p.
HAMBURGER Käte, Logique des genres littéraires, Paris, Seuil, 1977.
HAMON Philippe, Introduction à l’analyse du descriptif, Paris, Hachette, 1980.
Histoire culturelle de la France, sous. Dir. Jean-Pierre Rioux et Jean-François Sirinelli, Paris,
Seuil, 1997.
Histoire de la littérature espagnole, t. I : Moyen Age, XVIIe et XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 1993.
Histoire de la littérature française. Du Moyen Age à la fin du XVIIe siècle, ss. la dir. de J. C. Payen
et H. Weber, Paris, Collection U, 1969.
Histoire de la vie privée, ss. dir. de Philippe Ariès et de Georges Duby, « De l’Europe féodale à la
Renaissance », ss. dir. de Philippe Contamine, t. II, Paris, éd. du Seuil, 1985, 636 p.
Histoire littéraire de la France : des origines à 1600, ss. la dir. de J. C. Payen et H. Weber, Paris,
1965.
Histoire militaire de la France, t. I, « Des origines à 1715 », ss. dir. de Philippe Contamine, Paris,
Presses Universitaires de France, 1992-1994, 632 p.

Juin 2000 141 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

HUIZINGA J., Le Déclin du Moyen Age, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 1967.
ISSACHAROFF Michel, L’espace et la nouvelle, Paris, José Corti, 1976, 120 p. L 8=39290 A’
JACKSON William T. H., The Literature of the Middle Ages, New York, 1960.
JACQUES Francis, Différence et subjectivité, Paris, Aubier, 1982.
JAUSS H.R., Pour une esthétique de la réception, Paris, Gallimard, 1978.
KÖHLER Erich, Literatursoziologische Perspektiven : gesammelte Aufsätze, éd. H. Krauss,
Heidelberg, 1982.
KRANZ Gisbert, Europas christliche Literatur von 500 bis 1500, München, 1961.
KRISTEVA Julia, Le texte du roman. Approche sémiologique d’une structure discursive
transformationnelle, Paris-La Haye, Mouton, 1970.
La France à la fin du XVe siècle : renouveau et apogée : économie, pouvoirs, arts, culture et
consciences nationales, Tours, Centre d’études supérieures de la Renaissance, 3-6 oct. 1983, actes
publiés ss. la dir. de Bernard Chevalier et de Philippe Contamine, Paris, éd. du CNRS, 1985, 352 p.
La guerre, la violence et les gens au Moyen Age, sous la dir. de Philippe Contamine et d’Olivier
Guyotjeannin, Comité des travaux historiques et scientifiques (C.T.H.S.), Paris, éd. du C.T.H.S.,
1996, 314 p.
LAFONT Robert, ANATOLE Christian, Nouvelle histoire de la littérature occitane, Paris, 1970, 2
vol.
La noblesse au Moyen Age, XIe-XVe siècles, essais à la mémoire de Robert Boutruche, réunis par
Philippe Contamine, Paris, Presses Universitaries de France, 1976, 340 p.
LAUGESEN Anker T., Introduction à la littérature médiévale, Kobenhavn, 1966.
LE GENTIL Pierre, La littérature française du Moyen Age, Paris, Armand Colin, Collection U2,
1968, 3e éd.
LE GOFF Jacques, La Civilisation de l’Occident médiéval, Paris, Arthaud, coll. Les Grandes
civilisations, 1984.
L’Etat et les aristocraties : France, Angleterre, Ecosse, XIIe-XVIIe siècles, actes de la table ronde de
la Maison française d’Oxford, 26-27 sept. 1986, organisé par le CNRS, textes réunis par Philippe
Contamine, Paris, Presses de l’Ecole Normale Supérieure, 1989.
MAINGUENEAU Dominique, Eléments de linguistique pour le texte littéraire, Paris, Bordas,
1986.
MANDROU Robert, De la culture populaire aux XVIe et XVIle siècles. La Bibliothèque Bleue de
Troyes, Paris, Stock, 1964.
Manual de Literatura espanola « Edad Media », par Felipe B. Pedraza Jimenez et Milagros
Rodriguez Caceres, CENLIT Ediciones, S. L. Tafalla Navarra, 1981, 2e éd.
MENARD Philippe, Le rire et le sourire dans le roman courtois en France au Moyen Age : 1150-
1250, Genève, Droz, 1969, 806 p.
MENARD Philippe, Les fabliaux : contes à rire du Moyen Age, Paris, Presses Universitaires de
France, 1983, 252 p.
MENARD Philippe, Les lais de Marie de France : contes d’amour et d’aventure au Moyen Age,
Paris, Presses Universitaires de France, 2e éd., 1995, 280 p.
NISARD Charles, Histoire des livres populaires ou de la littérature de colportage depuis le XVe s.,
Paris, d’Amyot, 1854, 2 vol.
OLLIER Marie-Louise, éd., Masques et déguisements dans la littérature médiévale, Montréal-
Paris, Presses de l’université de Montréal-Vrin, 1988.
OLSEN Michel, Les Transformations du triangle érotique, Copenhague, Akademisk Forlag, 1976.
OLSON Glending, Literature as Recreation in the Later Middle Ages, lthaca-New-York, Cornell
University Press, 1982.
ONG Walter, Method and the Decay of Dialogue. From the Art of Discourse to the Art of Reason,
Cambridge, Harvard University Press, 1958.
ONG Walter, The Presence of the Word. Some Prolegomens for Cultural and Religious History,
New.-Haven and London, Yale University Press, 1967.
PAUL Jacques, Histoire intellectuelle de l’Occident médiéval, Paris, Série Histoire médiévale, Coll.
U, 1973.

Nelly LABERE 142 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

POIRION Daniel, Le Moyen Age II : de 1300 à 1480, Paris, éd. Arthaud, 1971.
POIRION Daniel, Précis de littérature française du Moyen Age, Paris, éd. Arthaud, 1983.
Pratiques de la culture écrite en France au XVe, en l’honneur de Gibert Ouy, C.N.R.S, 1992.
PROPP Vladimir, Morphologie du conte, Paris, Seuil, coll. « Poétique », 1965 et 1970.
REY-FLAUD Bernadette, La farce ou la machine à rire. Théorie d’un genre dramatique, 1450-
1550, Genève, Droz, 1984.
RICOEUR Paul, La narrativité, Paris, CNRS l, 1980.
RICOEUR Paul, Temps et récit, Paris, Seuil, 1983.
RIGOLOT François, Le texte de la Renaissance, Genève, Droz, 1982.
RIQUER Martin de, Los trovadores. Historia literaria y textos, Madrid, Ensayos Planeta de
linguistica y critica literaria, 1975, 3 vol.
ROHR Rupprecht, Matière, sens, conjointure. Methodologische Einführung in die französische und
provenzalische Literatur des Mittelalters (Die Romanistik), Darmstadt, 1978.
RYCHNER Jean, Contribution à l’étude des fabliaux, Genève, Droz, 1960.
RYDING William, Structure in Medieval Narrative, Paris-La Haye, Mouton, 1971.
SCHAEFFER Jean-Marie, Qu’est-ce qu’un genre littéraire ?, Paris, Seuil, 1989.
TANNEN Deborah, Coherence in Spoken and Written Discourse, Norwood, Ablex Publishing
Corp, 1984.
TANNEN Deborah, Spoken and Written Language. Exploring Orality and Literacy, Norwood,
Ablex Flublishing Corp, 1982.
THOMSON Stith, Motif-index of folk-literature. A classification of narrative elements in folktales,
ballads, myths, fables, mediaeval romances, exempla, fabliaux, jest-books and local legends.
Revised and enlarged edition by Stith Thompson, Bloomington, London, 1975, 6 vol.
TODOROV Tzevan, Théorie de la littérature, Paris, Seuil, 1965. Contient : V. Chklovski, « La
construction de la nouvelle et du roman », pp. 170-196 et B. Eikenbaum, « Sur la théorie de la
prose », pp. 197-211.
TODOROV Tzvétan, BAKHTINE Mikhail, Le principe dialogique, Paris, Seuil, 1981.
TODOROV Tzvétan, Poétique de la prose, Paris, Seuil, 1965.
TUBACH Frederic C., Index exemplorum, a handbook of medieval religious tales, Helsingfors,
Folklore Fellows Communications, 1969.
VALBUENA PRAT A., Historia de la litteratura espanola, Barcelona, Gili, 1964, t. 1, 493 p.
VERGER Jacques, Les gens de savoir en Europe à la fin du Moyen Age, coll. « Moyen Age »,
Paris, Presses Universitaires de France, 1997.
WEINRICH Harald, Le temps, Paris, Seuil, 1973.
WOLFF Philippe, Histoire de la pensée européenne. I L’Eveil intellectuel de l’Europe, Paris, Seuil,
Coll. Points, Série Histoire, 1971.
ZILTENER Werner, Repertorium der Gleichnisse und bildhaften Vergleiche der okzitanischen und
der französischen Versliteratur des Mittelalters. I : Literaturverzeichnisse. Natur. Ester Teil
(Unbelebte Natur), Bern, 1972.
ZINK Michel, La subjectivité littéraire. Autour du siècle de Saint Louis, Paris, PUF, 1985.
ZINK Michel, Littérature française du Moyen Age, Paris, Presses Universitaires de France, coll.
Premier Cycle, 1992.
ZONABEND Françoise, La mémoire longue. Temps et histoires au village, Paris, Presses
Universitaires de France, 1980.
ZUMTHOR Paul, Histoire littéraire de la France médiévale, Paris, Presses Universitaires de
France, 1954.
ZUMTHOR Paul, Essai de poétique médiévale, Paris, Seuil, 1972.
ZUMTHOR Paul, Essai de Poétique médiévale, Paris, Seuil, 1972.
ZUMTHOR Paul, Le masque et la lumière. La poétique des grands rhétoriqueurs, Paris, Seuil,
1978.
ZUMTHOR Paul, Introduction à la poésie orale, Paris, Seuil, 1983.

Juin 2000 143 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

ZUMTHOR Paul, La Poésie et la voix dans la civilisation médiévale, Paris, Presses Universitaires
de France, 1984.
ZUMTHOR Paul, La lettre et la voix. De la « littérature » médiévale, Paris, Seuil, 1987.
ZUMTHOR Paul, La mesure du monde : la représentation de l’espace au Moyen Age, Paris, Seuil,
1993.

ARTICLES
ANGENOT Marc, « Rupture et narration. Sur le récit dans le récit », in Degrés, n° 12, 1973, pp. 2.
BADEL Pierre-Yves, « Rhétorique et polémique dans les prologues de romans au Moyen âge », in
Littérature, n° 20, 1975, pp. 81-94.
BARTHES Roland, « Introduction à l"analyse structurale des récits », in Communications, n° 8,
1966, pp. 1-27.
BARTHES Roland, « L’effet de réel », in Communications, n° 11, 1968, pp. 84-89.
BARTHES Roland, « Littérature et discontinu », in Essais critiques, Paris, Seuil, 1964, pp. 175-87.
BELLEAU André, « Du dialogisme bakhtinien à la narratologie », in Etudes françaises, n° 23,
1988, pp. 9-17.
CERQUIGLINI Bernard, FORET Joël, MUKERJEE Danielle, « Le récit saturé : l’enchaînement
narratif dans la langue littéraire médiévale », in Cahiers de recherches des Sciences des textes et
documents, n° 1, automne 1976, pp. 45-64.
CERQUIGLINI Bernard, « Les énumérations Gautier », in Médiévales, n° 2, 1982, pp. 68-75.
CERQUIGLINI Bernard, « Le style indirect libre et la modernité », in Langages, Vineuil, mars
1984, n° 73, pp. 7-16.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, « Le clerc et le louche. Sociology of an Esthetic », in Poetics
Today, Durham, n° 5, 1984, pp. 479-91.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, «Esthétique de la totalisation et esthétique de la rupture dans
le Voir Dit de Guillaume de Machaut », in Guillaume de Machaut, poète et compositeur, colloque
du 19-22 avril 1978, ss. dir. du C.N.R.S., Université de Reims, Paris, éd. Klincksieck, 1982.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, « Clément Marot et la critique littéraire et textuelle : du bien
nommé au mal imprimé Villon », in Clément Marot, « Prince des poete francois », actes du
colloque international de Cahors-en-Quercy, 21-25 mai 1996, publ. par Gérard Defaux et Michel
Simonin, Paris, Champion, 1997, pp. 157-164.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline et JEANNERET Michel, « Savoir, signe, sens : dialogue
d’une médiéviste et d’un seiziémiste », in Journal of Medieval and Renaissance Studies, Durham,
Winter 1992, n° 22, pp. 19-39.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, « Cadmus ou Carmenta : réflexion sur le concept
d’invention à la fin du Moyen Age », in What is literature ? France 1100-1600, Lexington, French
forum, 1993, pp. 211-230.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, « Quand la voix s’est tue : la mise en recueil de la poésie
lyrique au XIVe et XVe siècles », in Littérales ; « La Présentation du livre », actes du Colloque de
Paris X-Nanterre, 12-04/06-1985, 1987, n° 2, pp. 313-327.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, « Syntaxe et syncope : langage du corps et écriture chez
Guillaume de Macahut », in Langue française, 1978, n° 40, pp. 60-74.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, « Histoire, image : Accord et discord des sens à la fin du
Moyen Age », in Littérature, « le Miroir et la lettre : écrire au Moyen Age », 1989, n° 74, pp. 110-
126.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, « Le miroir et la lettre : écrire au Moyen Age », in
Littérature, Montrouge, mai 1989, n° 74, pp. 110-126.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, « Le clecrc et l’écriture : le Voir Dit de Guillaume de
Machaut et la définition du Dit », in Literatur in der Gesellschaft des Spatmittelalters, Heidelberg,
Carl Winter Univ.-Verl., 1980, pp. 151-168.

Nelly LABERE 144 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, « Ecrire le temps : le lyrisme de la durée aux XIVe et XVe


siècles », actes du colloque organisé par le Centre de Recherche sur la littérature du Moyen Age et
de la Renaissance de l’Université de Reims (nov. 1984), in Le temps et la durée dans la littérature
du Moyen Age et à la Renaissance, études réunies par Yvonne Bellenger, Paris, Nizet, 1986, pp.
103-1147.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, « Fullness and emptiness : shortages and storehouses of lyric
treasure in the fourteenth and fifteenth centuries », in Yale French Studies, « Style and values in
medieval art and literature », 1991, pp. 224-239.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, « L’imaginaire du livre à la fin du Moyen Age : pratiques de
lecture, théorie de l’écriture », in MLN, USA, 1993, vol. 108, n° 4, pp. 680-695.
CERQUIGLINI-TOULET Jacqueline, « L’échapée belle : stratégies d’écriture et de lecture dans la
littérature de la fin du Moyen Age », in Littérature, 1995, n° 99, pp. 33-52.
CHANFRAULT-DUCHET Marie-Françoise, « L’énonciation et les ruses du sujet », in Revue des
sciences humaines, n° 63/192, 1983, pp. 99-107.
CHENNAF Shara, « La rubrique une unité littéraire », in Médiévales, n° 2, 1982, pp. 76- 85.
CHYDENIUS Johan, « La théorie du symbolisme médiéval », in Poétique, t. 6, n° 23, 1975, pp.
322-341.
COQUET Jean-Claude, « L’implicite de l’énonciation », in Langages, n° 70, 1983, pp. 9- 14.
CONTAMINE Philippe, « Les pairs de France au sacre des rois (XVIe siècle) : nature et portée
d’un programme iconographique », in Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France,
1988-1990, pp. 321-348.
CORTI Maria, « Models and antimodels in medieval culture », in New Literary History, t. 10,
1979, pp. 339-366.
DEYEDAN Charles, « Noël du Fail et la structure des Propos rustiques », in French Studies, n° 11,
1950, pp. 208-15.
FRYE Northop, « Littérature médiévale et théorie des genres », in Poétique, t. 2, n° 8, 1971, pp.
489-514.
GIACCHETTI André, « Une nouvelle forme de lai apparue à la fin du XIVe siècle », in Etudes de
langue et de littérature du Moyen Age offertes à Felix Lecoy, réunies par Gabriel Bianciotto, Paris,
Champion, 1973, pp. 147-155.
GOODY Jack, « Civilisation de l’écriture ou l’art de jouer sur les tableaux », in Actes de la
recherche en sciences sociales, 1976, pp. 87-101.
GREIMAS Algirdas J., « Réflexions sur les objets ethnosémiotiques », in Sémiotique et sciences
sociales, Paris, Seuil, 1976, pp. 175-85.
HAIDU Peter, « Humor and the Aesthetics of Medieval Romance », in Romanic Review, n° 64,
1973, pp. 54-68.
HAIDU Peter, « Making it (new) in the Middle Ages : towards a Problematics of Alterity », in
Diacritics, n° 4, 1974, pp. 2-11.
HAMON Philippe, « Mise au point sur les problèmes de l’analyse du récit », in Français Moderne,
n° 40, 1972, pp. 200-21.
JACQUES Francis, « La mise en communauté de l’énonciation », in Langages, n° 70, 1983, pp. 47-
7 1.
JAUSS H.R., « Littérature médiévale et théorie des genres », in Poétique, n°1, 1970, pp. 79-101.
JEAY Madeleine et ROY Bruno, « L’émergence du folklore dans la littérature du XVe siècle », in
Fifteenth Century Studies, n° 2, 1979, pp. 95-117.
JEAY Madeleine, « La mythologie comme clé de mémorisation : la Glose des Echecs amoureux »,
in Bruno Roy et Paul Zumthor, Jeux de mémoire. Aspects de la mnémotechnie médiévale,
Montréal-Paris, Presses de l’Université de Montréal, Vrin, 1985.
JEAY Madeleine, « Le texte médiéval, mode d’emploi », in Texte, 1986/87, pp. 279- 300.
JEAY Madeleine, « Lectures de la dérision dans les Evangiles des quenouilles », in Florilegium, n°
6, 1984, pp. 159-77.
KRISTEVA Julia, « Le texte clos », in Semiotiké. Recherches pour une sémanalyse, Paris, Seuil,
1969, pp. 52-81.

Juin 2000 145 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

LACY Norris J., « Spatial Form in Medieval Romance », in Yale French Studies, n° 51, 1974, pp. 1
60-69.
LECOY Felix, « Analyse thématique et critique littéraire. Le cas du fabliau », in Actes du 5e
Congrès des romanistes scandinaves (Turku, 6-10 août 1972), Turku, Annales Universitatis
Turkuensis, 1973, pp. 17-31.
LINZE Jacques Gérard, « Une certaine idée de la nouvelle », in Bulletin de l’Académie Royale de
langue et de littérature françaises, LXX, Bruxelles, 1992, pp. 93-107.
MARTIN Jacques Henri, « Culture écrite et culture orale ; culture savante et culture populaire dans
la France d’Ancien Régime », in Journal des savants, 1975, pp. 225- 82.
MENARD Philippe, « Le thème de la Descente aux Enfers dans les textes et enluminures du
Moyen Age », in Images de l’Antiquité dans la littérature française : le texte et son illustration,
Paris, Presses de l’Ecole Normale Supérieure, 1993, pp. 37-57.
MENARD Philippe, « Le sens de manois et maintenant en Ancien Français », in Romania, Paris,
1988, n° 109, pp. 122-126.
MENARD Philippe, « Les fous dans la société médiévale : le Témoignage de la littérature au XIIe
et XIIIe siècles », in Romania, Paris, 1977, n° 98, pp. 433-459.
MENARD Philippe, « Traduction manuscrite et édition de textes : le cas des fabliaux », in
Medieval French Textual Studies in Memory of T. B. W. Reid, éd. par Ian Short, London, Anglo-
Norman Text Soc., 1984, XV, pp. 149-166.
MENARD Philippe, « Chrétien de Troyes et le merveilleux », in Europe, Paris, oct. 1982, n° 642,
pp. 53-60.
MENARD Philippe, « Marie de France et nous », in Amour et merveille : les lais de Marie de
France, éd. par Jean Dufournet, Paris, Champion, 1995, pp. 7-24.
MENARD Philippe, « Le temps et la durée dans les romans de Chrétien de Troyes », in Le Moyen
Age, Belgique, 1967, n° 73, pp. 375-401.
MESCHONNIC Henri, « Qu’entendez-vous par oralité ? », in Langue française, n° 56, 1982, pp. 6-
23.
NICHOLS Stephen G. Jr., « The Spirit of Truth : Interaction of Myth and Culture in Medieval
Narrative Literature », in Olifant, t. 2, 1974-1975, pp. 199-204.
OLSON Glending, « The Medieval Theory of Literature for Refreshment and its Use in the Fabliau
Tradition », in Studies in Philology, n° 71, 1974, pp. 291-313.
PAYEN Jean-Charles, « Le clos et l’ouvert dans la littérature française médiévale et les problèmes
de la communication (éléments d’une problématique), in Perspectives médiévales, n° 2, 1976, pp.
61-72.
POIRION Daniel, « Literary Meaning in the Middle Ages : From a Sociology of Genres to an
Anthropology of Works », in New Literary History, t. 10, 1979, pp. 401-408.
POIRION Daniel, « Ecriture et réécriture au Moyen âge », in Littérature, n° 41, 1981, pp. 1 09-1 1
S.
RIGOLOT François, « La figure de la lettre : graphique et paradigmatisme à l’aube de la
Renaissance », in Revue des sciences humaines, n° 51/179, 1980, pp. 47-59.
ROSENBERG Bruce A., « Folkloristes et médiévistes face au texte littéraire : problèmes de
méthode », in Annales, Economies, Sociétés, Civilisations, t. 34, 1979, pp. 934-955.
ROSSI Luciano, «Jean Bodel et l'origine du fabliau», in La Nouvelle. Formation, codification et
rayonnement d'un genre médiéval. Actes du Colloque International de Montréal (McGill
University, 14-16 octobre 1982), p. par M. Picone, G. Di Stefano et P. Stewart, Montréal, Plato,
1983, pp. 45-63.
ROSSI Luciano, «A propos de l'histoire de quelques recueils de fabliaux. Le codex de Berne», in
Le Moyen Français, n° 3, 1984, pp. 58- 94.
ROSSI Luciano, « L’œuvre de Jean Bodel et le renouveau des littératures romanes », in Romania,
1991, t. 112, pp. 312-361.
ROSSI Luciano, « Observations sur l’origine et la signification du mot flabel », in Romania, 1999,
t. 117, pp. 342-363.
ROSSMAN Vladimir R., « Perspectives of Irony in Medieval French Literature », in De
proprietatibus litterarum, Séries major, Paris, Den Haag, 1975.

Nelly LABERE 146 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

ROUSSE Michel, « La farce, le conte et la chanson », in Réforme, Humanisme, Renaissance, n° 11,


pp. 56-62.
STANESCO Michel, « Fortune et revers de la nouvelle en France au Moyen Age », in La Nouvelle
romane (Italia, France, Espana), ss. dir. Jose Luis Alonso Hernandez, Martin Gosman et Rinaldo
Rinaldi, Amsterdam-Atlanta, Rodopi, 1993, XII, pp. 12-26.
UITTI Karl D., « Foi littéraire et création poétique. Le problème des genres littéraires en ancien
français », in XIV Congresso internazionale di linguistica e filologia romanza (Napoli, 15-20 aprile
1974). Atti, Napoli, I, Sedute plenarie e Tavole rotonde, 1978, pp. 165-176.
VANCE Eugene, « La théorie du signe et les genres littéraires au Moyen Age », in Actes du XIIIe
congrès international de linguistique et de philologie romane (Québec, Université Laval, 29 août-5
sept. 1971), Québec, 1976, pp. 923-933.
ZINK Michel, « Une mutation de la conscience littéraire. Le langage romanesque à travers des
exemples français du XIIe siècle », in Cahiers de civilisation médiévale, n° 24, 1981, pp. 3-27.
ZUMTHOR Paul, « Classes and Genres in Medieval Literature », in A Medieval French
Miscellany. Papers of the 1970 Kansas Conference on the Medieval French Literature, éd. by
Norris J. Lacy, Lawrence, University of Kansas Humanistic Studies, n° 42, 1972, pp. 27-36.
ZUMTHOR Paul, « Jonglerie et langage », in Poétique, t. 3, n° 11, 1972, pp. 321-336.
ZUMTHOR Paul, « Le style figuré et l’allégorie dans la littérature médiévale : structures
linguistiques et mentalités », in Actes du XIIIe congrès international de linguistique et de philologie
romanes (Québec, Université Laval, 29 août-5 sept. 1971), Québec, 1976, pp. 923-933.
ZUMTHOR Paul, « Médiéviste ou pas ? », in Poétique, t. 8, n° 31, 1977, pp. 306-321.
ZUMTHOR Paul, « Le Texte-fragment dans la langue française », in Grammaires du texte
médiéval, n° 40, déc. 1978, pp. 75-82.
ZUMTHOR Paul, « Pour une poétique de la voix », in Poétique, n° 40, 1979, pp. 514-24.
ZUMTHOR Paul, « Le champ du romanesque », in Europe, n° 642, 1982, pp. 27-36.

TEXTES ET AUTEURS MEDIEVAUX

FRANÇAIS
ALCRIPE Philippe de, La nouvelle fabrique, éd. P. Jannet, Paris, Bibliothèque elzévirienne, 1853.
BAUDELAIRE Charles, Œuvres complètes, éd. Claude Pichois, Paris, Gallimard, NRF,
Bibliothèque de la Pléiade, 1976, t. II, 1691 p.
BERGIER Jean, Discours modernes ci facécieux des faicts advenus en divers pays pendant les
guerres civiles, Lyon, Pierre Michel, 1572.
BONAVENTURE DES PERIERS, Nouvelles récréations et Joyeux devis, éd. Krystyna Kasprzyk,
Paris, Champion, 1980.
BOUCHET Guillaume, Les Serées, éd. C.E. Roybet, 1873-82, (Genève, Slatkine reprints, 1969).
CHAPPUYS, Les Facétieuses journées, Paris, Jean Houzé, 1584.
CHOLAKIAN P. et R., The early french novella : an anthology of 15th and 16th century french
tales, Albany, 1972.
CHOLIERES Nicolas de, Œuvres (t.I, Les Matinées ; t. XI, Les Après disnées) éd., Bibliophile
Jacob, 1879, (Genève, Slatkine reprints, 1969).
CHRETIEN DE TROYES, Œuvres complètes, éd. Daniel Poirion, Paris, Gallimard, NRF,
Bibliothèque de la Pléiade, 1994, 1531 p.
COMMYNES Philippe de, Mémoires, éd. par Philippe Contamine, Paris, Imprimerie Nationale,
1994, 490 p.
Conteurs français du XVIe siècle, éd. Pierre Jourda, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade,
1956, 1470 p.
DES PERIERS Bonaventure, Les nouvelles recreations et joyeux devis, éd. Krystyna Kasprzyk,
Paris, Champion, 1980.

Juin 2000 147 / 149 Nelly LABERE


Les Cent Nouvelles Nouvelles

Discours non plus mélancoliques que divers, Poitiers, Marnef, 1557.


DU FAIL Noël, Baliverneries d’Eutrapel, éd. Gaël Milin, Université de Rennes, Faculté des Lettres
et Sciences Humaines, 1969.
DU FAIL Noël, Propos rustiques de Maistre Leon Ladulfi champenois, éd. Louis-Raymond
Lefèvre, Paris, Garnier, 1928.
Evangile des quenouilles, Bibliothèque Elzévirienne, Paris, Janet, 1865
Fabliaux Erotiques. Textes de jongleurs des XIIe et XIIIe siècles . Edition critique, traduction,
introduction et notes par L. Rossi, avec la collaboration de R. Straub; postface de H. Bloch, Paris,
coll. Lettres Gothiques, 1992, 545 pp.
FERRIER Janet M., French Prose Writers of the Fourteenth and Fifteenth Centuries, Oxford,
1966.
FLORE Jeanne, Comptes amoureux, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1981.
FLORE Jeanne, Contes amoureux par Madame Jeanne Flore, éd. Centre lyonnais de l’Humanisme,
Lyon, CNRS, 1980.
GARON Louis, Le Chasse-ennuy, Paris, 1600.
Les Evangiles des quenouilles, éd. Madeleine Jeay, Montréal-Paris, Presses de l’université de
Montréal-Vrin, 1985.
Fabliaux français du Moyen Age, éd. Philippe Ménard, Genève, Droz, 1979, 189 p.
La fille du comte de Pontieu, nouvelle du XIIIe, éd. Clovis Brunel, H. Champion, 1923, 128 p.
LA FONTAINE Jean de, Contes et Nouvelles en vers, Paris, Garnier, 1961.
LA MOTTE MESSEME François Le Poulchre de, Le Passe-temps, Paris, Leblanc, 1595.
LA MOTTE ROULLANT, Les facétieux deviz des cent et six nouvelles nouvelles, Lyon, Longis,
1550.
La Nouvelle française à la Renaissance, éd. Lionello Sozzi, Tonno, G. Giappichelli, 1973.
LA SALE Antoine de, Jehan de Saintré, éd. Jean Misrahi et Charles A. Knudson, Genève, Droz,
1978.
Le livre du Chevalier de la Tour Landry pour l’enseignement de ses filles, éd. Antoine de
Montaiglon, Paris, Jannet, 1854.
LE METEL Antoine seigneur D’Ouville, Les contes aux heures perdues, Paris, éd. P. Ristelhuber,
1876.
Le Parangon des nouvelles, éd. Centre lyonnais d’étude de l’Humanisme, Université de Lyon 11,
coordination Gabriel-A.Perouse, Genève, Droz, 1979.
Le roman de Flamenca, nouvelle occitane du XIIIe, éd. Ulrich Gschwino, éd. Francke, 1976, 2 vol.
Le roman des sept sages, éd. Jean Nusrahi, 1933, (Genève, Slatkine reprints, 1975).
Les Caquets de l’accouchée, éd. Le Roux De Lincy, Paris, Jannet, 1855.
Les Comptes du monde adventureux, éd. Félix Frank, 1878, (Genève, Slatkine reprints, 1969).
NAVARRE Marguerite de, l’Heptaméron, Paris, Flammarion, 1982.
Nicolas de TROYES, Grand Parangon des nouvelles nouvelles (1536), éd par K. Kasprzyck,
Didier, 1970.
Nouvelles courtoises : occitanes et françaises, éd. et trad. Suzanne Méjean-Thioler, Paris, Librairie
générale française, 1998, 704 p.
Nouvelles françaises du XVIIIe, éd. Jacqueline Hellegouarc’h, Paris, Le Livre de poche, 1994, 2 vol.
Nouvelles françoises en prose du XIIIe siècle, éd. Louis Moland et Charles d’Héricault, Paris, P.
Jannet, 1856, 311 p.
Nouvelles françaises inédites du quinzième siècle, t. IV de la Bibliothèque du XVe, publ. Par Ernest
Langlois, Genève, Slatkine Reprints, 1975, réimpression de l’édition de Paris, 1908.
Nouvelles françoises en prose du XIVe siècle, éd. L. Moland et C. d’Héricault, Paris, P. Jannet,
1858.
Nouveau recueil complet des fabliaux, publ. par Willem Noomen et Nico Van den Boogaard, Van
Gorcum, Assen, Pays-Bas, 7 tomes, 1983-1993.
Philippe d’ALCRIPPE, La nouvelle fabrique, éd. F. Joukovsky, Genève, Droz, 1983.
POISSENOT Benigne, L’Esté, éd. Michel Simonin, Genève, Droz, 1988.

Nelly LABERE 148 / 149 Juin 2000


Etude de la temporalité

RAYMOND Marcel, Anthologie de la nouvelle française, Lausanne, éd. Clairefontaine, 1950.


ROMANNET DU CROS, Nouveaus récits ou contes moralisez, Paris, Bonfons, 1573.
TABOUROT Estienne, Les Bigarrures du Seigneur des Accords avec les Apophtegmes du Sieur
Gaulard et les Escraignes dijonnoises, éd. Guillaume Colletet, 1866 (Genève, Slatkine reprints,
1969).
TAHUREAU Jacques, Les Dialogues non moins profitables que facétieux, éd. Max Gauna,
Genève, Droz, 1981.
TAILLEMONT Claude de, Discours des champs faëz, Paris, Galeot du Pré, 1571.
Textes médiévaux français et romans, des gloses latines à la fin du XVe siècle, choisis et présentés
par Bernard Pottier, Paris, Bibliothèque française et romane, initiation, textes et documents, 1964.
VIGNEULLES Philippe, Cent nouvelles nouvelles, éd. par C. Livingston, Droz, 1972.
YVER Jacques, Le Printemps d'Yver, éd. Bibliophile Jacob, 1841 (Genève, Slatkine reprints, 1970).

ESPAGNOL
Le Pachatantra, éd. et trad. Edouard Lancereau, Paris, Gallimard, 1965.
Nouvelles espagnoles, présentées par Jean Cassou, 4e éd., Paris, Gallimard, 1937, 217 p.
TIMONEDA Joan, « Sobremesa y alivio de caminantes », in Novelistas anteriores a Cervantes,
Madrid, Atlas, 1963.
TIMONEDA Joan, « El buen aviso y portacuentos », in Novelistas anteriores a Cervantes, Madrid,
Atlas, 1963.

ANGLAIS
LIDDEL Robert, A Treatise on the Novel, London, Jonathan Cape, 1958, 168 p.
Nouvelles anglaises, Paris, éd. Seghers, 1963, 352 p.
La Nouvelle irlandaise de langue anglaise, éd. Jacqueline Genet, Presses Universitaires du
Septentrion, 1996, 207 p.
The Oxford book of Scottish Short Stories, éd. Douglas Dunn, Oxford University Press, 1995,
476 p.
The Oxford book of Short Stories, éd V.S. Pritchett, Oxford University Press, 1981, 547 p.

ITALIEN
BOCCACE Jean, Le Décaméron, éd. Jean Bourciez, Paris, Garnier, 1952.
BOCCACE, Le Décaméron, éd. Christian Bec, Livre de Poche, «Bibliothèque classique», 1994.
BOCCACIO Giovanni, Decameron, éd. Vittore Banca, Turin, Einaudi, 1992.
Conteurs italiens de la Renaissance, éd. Anne Motte-Gillet, Gallimard, « Pléiade », 1993.
Novellino (Il), Le ciento novelle antike, Milano, Rizzoli, 1957.
Novellino, les Cent nouvelles antiques ou le livre du beau parler gentil, éd. Charles-Albert Cingria,
Paris, Club des Libraires de France, 1955.

Juin 2000 149 / 149 Nelly LABERE

Vous aimerez peut-être aussi