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contemporaine
23 | 2021
Statut du personnage dans la fiction contemporaine
Le personnage posthumaniste
Mara Magda Maftei
Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/fixxion/729
DOI : 10.4000/fixxion.729
ISSN : 2295-9106
Éditeur
Ghent University
Référence électronique
Mara Magda Maftei, « Le personnage posthumaniste », Revue critique de fixxion française
contemporaine [En ligne], 23 | 2021, mis en ligne le 15 décembre 2021, consulté le 15 février 2023.
URL : http://journals.openedition.org/fixxion/729 ; DOI : https://doi.org/10.4000/fixxion.729
Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International
- CC BY-NC-ND 4.0
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
Le personnage posthumaniste 1
Le personnage posthumaniste
Mara Magda Maftei
La fiction posthumaniste
1 La fiction posthumaniste1 est un nouveau sous-genre littéraire, apparu entre la fin du X-
XXe siècle et le début du XXIe siècle. Cette fiction est la conséquence et la traduction
littéraire d’un nouveau courant de pensée, d’une nouvelle idéologie, le
transhumanisme, auquel la fiction réagit soit en le mettant en scène, soit, plus souvent,
en le critiquant. Profondément intertextuelle, elle fait appel aux travaux de
scientifiques, réactive des mythes, prolonge la littérature sur l’homme-machine, la
littérature de science-fiction de type cyberpunk ou dystopique. Mais la fiction
posthumaniste spécule surtout sur les possibles conséquences de la réalité que le
transhumanisme dessine et promeut. Elle repose sur des données scientifiques avérées
et sur leurs conséquences immédiates.
2 Si le transhumanisme raconte qu’il ne nous faut pas renoncer au rêve d’une vie sans
mort et d’une jeunesse sans vieillesse étant donné que le progrès technoscientifique
peut nous garantir une vie meilleure, au potentiel augmenté et même prolongée grâce
à toutes sortes de prothèses, le posthumanisme soulève toutes les interrogations et
suspicions que ces projections suscitent.
3 Les fictions posthumanistes2 s’inscrivent ainsi dans le cadre de ce que Hava Tirosh-
Samuelson nomme posthumanisme “philosophique et culturel” 3 dont elles empruntent
la dimension de critique sociale. Elles mobilisent des figures de la technique et de la
science pour donner à lire les transformations auxquelles nous assistons aujourd’hui.
L’élaboration de ces textes littéraires sollicite ainsi abondamment les concepts et le
vocabulaire des textes transhumanistes. Surtout, ils mettent en scène une galerie de
personnages spécifiques, des personnages posthumanistes, inédits, dont je voudrais
faire l’inventaire, avant de montrer en quoi leur émergence bouscule la conception
traditionnelle du personnage romanesque, pose des questions anthropologiques et
affecte les structures narratives.
Galerie de personnages
Figures traditionnelles
Figures retravaillées
9 Les robots ne sont pas vraiment des figures inédites. Très présents dans la science-
fiction classique, ils prennent néanmoins un aspect assez nouveau dans les fictions
posthumanistes. Deux romans insistent sur la relation homme - robot : Magique
aujourd’hui et Orfex. Dans les deux romans, les personnages humains Tim (Magique
aujourd’hui) et Alix Koepler (Orfex) sont paradoxalement conçus comme des outils, des
supports nécessaires pour mettre en évidence l’évolution des robots caractérisés par
leur gentillesse : Today (Magique aujourd’hui) et Orfex (Orfex). Nous sommes ainsi dans
deux fictions qui inversent les rôles : plus de certitude pour le langage symbolique,
personnifié par Today et par Orfex, et plus d’aléas pour le langage humain, personnifié
par Tim et par Alix Koepler.
10 Nous retrouvons également dans plusieurs romans des êtres pucés, déjà rencontrés
dans la science-fiction de type cyberpunk, c’est à dire des êtres modifiés par la
technique (puisqu’on a inséré une puce électronique dans leur corps). Il s’agit de les
rendre ainsi plus dociles dans L’invention des corps, Golem, Surtout ne mens pas, Une chose
sérieuse et Life++. La vie augmentée. Alvaro, le personnage principal dans L’invention des
corps, se fait implanter une puce “au bon endroit, dans la chair” 7. Gustave Meyer (Golem)
est manipulé à distance par le professeur Klapman. Ce dernier lui avait inséré des
électrodes dans le cerveau lors d’une opération dont la technique est réellement
utilisée de nos jours pour traiter des pathologies neuro-dégénératives comme la
maladie de Parkinson. Katherine Pandore et Luka More, le chef des Extreme Body
Hackers (Surtout ne mens pas) n’hésitent pas à se faire implanter une puce dans
l’objectif, cette fois, d’accroître leur espérance de vie, de contrôler le niveau des
substances en circulation dans leur corps, de réparer des lésions cérébrales.
11 La non-personne, personnage principal du roman Une chose sérieuse, se fait insérer une
puce qui le rend plus performant, plus efficace, moins susceptible et passif, pour
devenir une demi-machine : la puce le transforme en un être à aptitude mnésique
augmentée, avec des capacités supérieures, elle travaille à le prémunir contre les états
variables de l’âme, l’esprit critique et la négativité, elle lui fournit une prodigieuse
mémoire, mais elle crée des problèmes personnels puisque toute sa vie est surveillée en
permanence. Dans le roman Life ++. La vie augmentée, Jing, étudiante en bio-
informatique, embauchée par G-nome, société spécialisée dans la reproduction
humaine, affronte le savant Steve Stiegsson afin d’éviter que des nanodopants, des
neurobooters, des extensions du corps, des bactéries quadripotentes, des puces RFID, le
biolock qui donne un accès total au système biologique des individus quadricodés,
facilitent le pilotage à distance des individus pucés.
Figures nouvelles
Implications anthropologiques
Identité
17 On voit par là même que les personnages posthumanistes mettent en péril la notion
traditionnelle de personnage dont vacillent les fondements anthropologiques majeurs :
corporéité, conscience, libre-arbitre. Hommes bioniques, robots humanoïdes ne sont
plus l’apanage de la science-fiction mais interviennent dans des romans
posthumanistes dont l’ambition majeure est d’interroger, par le truchement de la
fiction, le devenir de la société contemporaine. Un clone tel qu’il est imaginé par des
auteurs comme Marie Darrieussecq ou Michel Houellebecq, un être fabriqué (François
Régis de Guenyveau) ou pucé (Pierre Assouline, Gaëlle Obiégly) conserve-t-il son libre
arbitre ? Peut-il décider de ses choix existentiels, se révolter, au besoin, contre ce
qu’une nouvelle idéologie lui impose ?
18 La figure du posthumain est ainsi façonnée en fonction de plusieurs critères comme la
langue, la mémoire, la conscience… dont l’altération crée des problèmes d’identité chez
le nouvel être humain. Trois paramètres essentiels sont affectés :
• la conscience qui devient artificielle et qui transforme ainsi le personnage posthumaniste en
un être assujetti, uniforme, plus facile à contrôler ou tout inversement en un robot, en une
intelligence artificielle, les deux catégories acquérant paradoxalement plus de liberté que
l’être humain. En témoignent les romans Ce matin, maman a été téléchargée, Transparence, Un
dissident, Ada, Surtout ne mens pas, La possibilité d’une île. Quelle conscience de soi un tel
personnage peut-il avoir ?
• la mémoire, elle aussi artificielle, est déclinée en mémoire exosomatique (des souvenirs
enregistrés sur un support artéfactuel), fondée sur la désincarnation d’un être humain
considéré comme un programme (Ada) ; ainsi le personnage se réduit à une donnée
immatérielle (Ce matin, maman a été téléchargée), mais en conservant la mémoire humaine ; ou
encore un implant lui fabrique une mémoire prodigieuse qui remplace l’ancienne mémoire
par des programmes commandités (par Chambray dans Une chose sérieuse), ou par la création
d’une mémoire numérique (dans Orfex, et Magique aujourd’hui).
• la langue qui est produite par l’ordinateur. Les machines communiquent entre elles, de la
même manière que l’homme avec la machine (Comme Baptiste, Orfex, Magique aujourd’hui).
24 Cela n’est pas sans conséquence sur cette donnée majeure de la biologie humaine : la
reproduction. Certaines fictions posthumanistes sont ainsi construites autour de la
mise en question de l’origine biologique de l’humain. Elles mettent en évidence un
paradoxe : pour pouvoir s’affranchir des limites biologiques de l’homme (maladie,
27 Bien évidemment, la fabrique d’un nouvel homme crée des différences sociales. Ces
différences se substituent aux différences de classe, de race, de nationalité. Le partage
de la société en deux catégories est une idée eugéniste, c’est aussi une conséquence
induite par le transhumanisme qui prévoit l’existence de deux classes : l’une
augmentée, puisqu’elle a les moyens financiers et techniques d’accéder à
l’augmentation de soi via puces, psychotropes, chirurgie, et l’autre de sauvages : de
simples humains prisonniers de leurs contraintes biologiques.
28 Dans Un dissident, les deux catégories coexistent : les ordinaires, les résistants, contre
les augmentés, les possesseurs, les dominateurs, les classes supérieures. De même Les
particules élémentaires oppose le néo-humain à l’ancien homme (le sauvage) et au Futur.
Dans Life ++. La vie augmentée, deux humanités coexistent également, ce qui, dit le texte,
n’est pas arrivé depuis Néandertal, deux formes de vie : les quadricodes avec leur statut
d’extension, d’appendice du corps humain, et les Moai qui refusent toute
augmentation. Le roman Louis ou la fabrique d’un drôle de genre repose de façon similaire
sur l’opposition entre deux classes, l’ancienne, fidèle à la religion chrétienne (les
Éméraliens), et celle augmentée en permanence surveillée par des mécanismes soi-
disant démocratiques.
29 Dans Notre vie dans les forêts, le personnage principal, Marie a un clone qui lui fournit
des organes lorsque les siens périclitent puisqu’elle fait partie des super-riches de la
planète. Mais la majorité de la population, celle qui ne fait pas partie de la génération,
des riches et augmentés, cette majorité moins fortunée, ne possède absolument rien à
part son corps ; ce sont des “humains superflus, qui ne servent à rien” 16, donc sans
double et sans jarre, la jarre étant le nom que donne ce roman aux organes disponibles.
Les clones, qui, par définition ressemblent à s’y méprendre à ceux dont ils sont les
copies, constituent une troisième classe, entièrement disponible, mais envers laquelle
certains personnages favorisés nouent de la sympathie et qu’ils tentent d’arracher à
leur destin.
30 Quels que soient les détails de chacune de ces fictions, toutes introduisent des
différences sociales non plus fondées sur des distinctions de culture ou de fortune, mais
sur des différences de nature biologique (ou technologiquement produites). Ce faisant,
elles donnent un fondement prétendument objectif à de telles distinctions à la manière
des théories raciales qui sévirent dans les siècles passés. Bien évidemment toutes les
exploitations, exactions, apartheid, etc. qui furent les conséquences de telles théories
menacent ipso facto de réapparaître avec plus de vigueur.
Organisation sociale/sociétale/politique
31 De plus, si l’immortalité s’adresse seulement aux hommes augmentés, elle n’exclut pas
leur esclavage technique ou l’asservissement, l’uniformisation de ceux-ci via le recours
à la chirurgie esthétique (Cosmétique du chaos), l’utilisation d’applications (Ada,
Civilisation 0.0, Un dieu dans la machine), de puces (Une chose sérieuse, L’Invention des corps),
de téléchargement (Ce matin, maman a été téléchargée)...
32 Les outils de surveillance, comme les caméras, les cartes à puce, les réseaux sociaux
transforment les personnages de fiction en golems, en programmes, en esclaves de
l’information. Les sociétés de surveillance agissent mieux sur des corps pucés, sur des
versions de l’humain qui sont devenues des versions intermédiaires, des êtres
incomplets, des êtres de transition. Le contrôle biologique et technologique vise à
obtenir une masse uniforme, obéissante, dépendante d’un pouvoir qui n’est plus
étatique comme dans les dystopies classiques, mais détenu par des investisseurs privés.
Or le contrôle biologique ne vaudrait rien sans le support des intelligences artificielles
et des ex-corps biologiques résultant de la fusion de la chair avec du métal. Ce pouvoir
supplémentaire fourni par l’hybridation ouvre le chemin à l’incitation permanente des
citoyens de la ville hypertechnologisée à être de plus en plus performants et
compétitifs sur le marché du travail (Cosmétique du chaos).
33 Un être humain pucé est un être qui ne peut plus échapper à la “dictature des orins” 17.
Le transhumanisme n’est ni plus ni moins qu’une forme de totalitarisme. Les puces sont
des corps extérieurs, des prothèses, qui devront libérer l’homme des douleurs, mais
aussi des plaisirs dans le but de le rendre plus performant, inaltérable, une pièce dans
un système sous contrôle.
34 Dans beaucoup de romans posthumanistes, la révolte (Alvaro dans L’invention des corps,
Christian dans Un dissident, Gustave Meyer dans Golem, Jason dans Programme sensible)
prime la résignation. Dans d’autres, les personnages se réconcilient avec leur nouvelle
condition (Une chose sérieuse, Notre vie dans les forêts). Dans La possibilité d’une île et Ce
matin, maman a été téléchargée, le changement est ardemment recherché. La gestion
algorithmique des comportements suscite de nouvelles élaborations : il ne s’agit plus
pour le personnage de suivre une trajectoire d’affirmation de soi, comme c’est le cas
dans la plupart des romans traditionnels, mais de tenter de se soustraire à l’identité
biotechnologique qui lui a été imposée. Problématique proche de celle des dystopies,
sans doute, mais où l’adversité est une part constitutive de soi-même et non un ordre
Implications narratives
36 À défaut d’affronter une telle limite de la pensée et de l’imaginaire, l’invention des
personnages posthumanistes induit des modifications dans leur traitement narratif.
Avec le roman posthumaniste, nous quittons en effet la figure singulière du personnage
romanesque traditionnel, pour des personnages pucés, clonés, à identité prothétique :
toute une polyphonie des personnages et des formes qu’ils peuvent prendre. Cette
polyphonie des personnages s’appuie sur des formes narratives différentes qui
affectent aussi bien les questions de voix et d’énonciation (1 ère ou 3e personne), d’ordre
du récit (linéarité, analepses, prolepses), de mode (récits de paroles, récits
d’événements).
Structure énonciative
37 La forme énonciative dominante choisie par les romans posthumanistes est celle de la
narration en 3e personne, par un narrateur extradiégétique surplombant. À cet égard
une grande partie du corpus conçoit le personnage à la manière du roman du XIX e
siècle, dont il reprend l’omniscience narrative. C’est le cas de Michel Houellebecq, Les
particules élémentaires ; Pierre Assouline, Golem ; Christine Voegel-Turenne, Louis ou la
fabrique d’un drôle de genre ; Antoine Bello, Ada ; Rémi Gageac, Life ++. La vie augmentée ;
François-Régis de Guenyveau, Un dissident ; Pierre Ducrozet, L’invention des corps ;
Isabelle Jarry, Magique aujourd’hui. Le matériau est sans doute si neuf qu’il
s’accommoderait mal d’une narration trop élaborée, complexe ou subjective. Il
convient en effet d’exposer clairement, aussi “objectivement” que possible, les
situations nouvelles ainsi créées, ce qui suppose un tel surplomb narratif, à la manière
de Balzac ou de Zola, commentant les situations sociales qu’ils évoquent. Du reste
certains auteurs, comme Guenyveau, revendiquent explicitement ce modèle du roman
balzacien ou zolien, et ont tendance à faire de leurs fictions des romans expérimentaux
à la manière naturaliste.
38 Cependant, conformément à une préférence désormais assez fortement ancrée dans la
littérature contemporaine, d’autres romans posthumanistes sont écrits à la première
personne18. Le personnage principal est alors narrateur de sa propre histoire. Ce qui
n’est pas sans soulever les problèmes logiques auxquels je viens de faire allusion. Car
toute écriture à la première personne est l’expression d’une conscience. Qu’en est-il si
cette conscience est altérée ? Artificielle ? Augmentée ? Fabriquée ? Clonée ? Comment,
dans cette écriture à la première personne, distinguer, dans la conscience qui parle,
entre sa part programmée et sa part résistante (Golem, Un dissident, Une chose sérieuse) ?
Une telle forme narrative devrait faire apparaître la schizophrénie du personnage : sa
dimension clivée entre une part de reliquat proprement humain, structurée autour des
valeurs et comportements traditionnellement affectés aux personnages de romans, et
une autre, strictement posthumaine, dont les composantes ne nous sont, par définition,
pas encore connues. Le mode d’expression d’un clone, d’un robot, d’une intelligence
artificielle, d’un programme informatique n’est pas aisé à mettre en œuvre. On peut
douter que certaines de ces fictions soient véritablement parvenues à le préfigurer.
toujours savoir ce que devient le personnage qu’il a quitté. L’effet de réseau est produit
par la rencontre inattendue de tel personnage abandonné dans les chapitres précédents
avec tel autre que l’on croyait sans rapport avec lui. Si bien qu’au lieu de suivre des
existences fictives, on a l’impression de suivre des flux aux ramifications aléatoires.
NOTES DE FIN
1. Voir Mara Magda Maftei (dir.), “Transhumanisme et Fiction posthumanistes”, Revue des
Sciences Humaines, n° 341, 2021.
2. La notion de fiction posthumaniste (corpus français) telle que je l’entends, concerne
notamment les titres suivants, présentés par ordre de publication: Michel Houellebecq, Les
particules élémentaires, Paris, Flammarion, 1998 ; Michel Houellebecq, La possibilité d’une île, Paris,
Fayard, 2005 ; Isabelle Jarry, Contre mes seuls ennemis, Paris, Stock, 2009 ; Anne-Marie Garat,
Programme sensible, Arles, Actes Sud, 2013 ; Patrick Laurent, Comme Baptiste, Paris, Gallimard,
2013 ; Rémi Gageac, Le marché, Lamonzie-Montastruc, Asseyelle, 2013 ; Rémi Gageac, Life++. La vie
augmentée, Assyelle, 2015 ; Elena Sender, Surtout ne mens pas, Paris, XO Éditions, 2015 ; Christine
Voegel-Turenne, Louis ou la fabrique d’un drôle de genre, Paris, Pierre Téqui éditeur, 2015 ; Isabelle
Jarry, Magique aujourd’hui, Paris, Gallimard, 2015 ; Pierre Assouline, UGolem, Paris, Gallimard,
2016 ; Antoine Bello, Ada, Paris, Gallimard, 2016 ; Patrick Laurent, Orfex, Paris, Gallimard, 2016 ;
François-Régis de Guenyveau, Un dissident, Paris, Albin Michel, 2017 ; Éliette Abecassis, À l’ombre
du Golem, Paris, Flammarion, 2017 ; Pierre Ducrozet, L’invention des corps, Arles, Actes Sud, 2017 ;
Marie Darrieussecq, Notre vie dans les forêts, Paris, P.O.L, 2017 ; Pierre Alferi, Hors sol, Paris, P.O.L,
2018 ; Alexis Brocas, Un dieu dans la machine, Paris, Phébus, 2018 ; Gaëlle Obiégly, Une chose
sérieuse, Paris, Verticales, 2019 ; Marc Dugain, Transparence, Paris, Gallimard, 2019 ; Gabriel Naëj,
Ce matin, maman a été téléchargée, Paris, Buchet-Chastel, 2019 ; Virginie Tournay, Civilisation 0.0,
Paris, Glyphe, 2019 ; Camille Espedite, Cosmétique du chaos, Arles, Actes Sud, 2020 ; Pierre
Ducrozet, Le Grand vertige, Arles, Actes Sud, 2020.
3. Hava Tirosh-Samuelson admet une différence entre le “posthumanisme technoscientifique”,
qui porte aux nues la Science, la Raison et le Progrès et le “posthumanisme philosophique et
culturel”, plus littéraire ou artistique, qui se constitue volontiers en critique du progrès à tout
prix et de ses conséquences néfastes sur l’humanité, voir Hava Tirosh-Samuelson,
“Transhumanism as a Secularist Faith”, Zygon, vol. 47, n° 4, décembre 2012, p. 710-734.
4. Pierre Cassou-Noguès, Les démons de Gödel. Logique et folie, Paris, Seuil, 2017.
5. Ces théoriciens ne sont pas des idéologues transhumanistes.
6. Philippe Hamon, “Pour un statut sémiologique du personnage”, in R. Barthes, W. Kayser, W.C.
Booth, Ph. Hamon, Poétique du récit, Seuil, Paris, 1977, p. 115-180.
7. Pierre Ducrozet, L’invention des corps, op. cit., p. 103.
8. François-Régis de Guenyveau, op. cit., p. 129.
RÉSUMÉS
Cet article porte sur le personnage nourri par la fiction posthumaniste, c’est-à-dire par un
nouveau sous-genre littéraire, apparu entre la fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle. La
fiction posthumaniste, qui s’inscrit dans la littérature contemporaine, sur-fictionnalise des
données actuelles véhiculées par le transhumanisme. Elle ne relève ainsi ni de la dystopie, ni de
la science-fiction. Nous proposons par cette contribution de visiter la galerie des personnages
posthumanistes (pucés, clonés, à identité prothétique), en insistant sur leurs implications
sociopolitiques et anthropologiques ainsi que sur les stratégies narratives déployées par la fiction
posthumaniste. Nous évoquons l’intentionnalité pédagogique de cette fiction, son appel à des
travaux scientifiques et philosophiques, sa comparaison avec le roman réaliste et avec le roman à
thèse.
INDEX
Mots-clés : fiction posthumaniste, posthumanisme, transhumanisme, implications
sociopolitiques et anthropologiques, stratégies narratives
AUTEUR
MARA MAGDA MAFTEI
Université de Bucarest