Avant d’entamer ce sujet fort intéressant, j’aimerai m’excuser de ne pas avoir
exposé la semaine précédente, et par la même occasion répliquer aux propos que vous avez tenu, monsieur, Les douleurs menstruelles n’ont rien d’enfantin ni de gamin, plusieurs femmes à travers le monde en souffrent chaque mois. Elles sont encore moins un manque d’engagement ou une preuve de négligence. En tout cas c’est avec un grand plaisir que je viens discuter urbanisme et sociologie avec vous aujourd’hui. La sociologie au Maroc a vu le jour en 1960, marquée par une idéologie marxiste, celle-ci était conçue comme un acte militant pour améliorer les conditions de vies des masses rurales et urbaines. Cette sociologie orientait ses études et ses enquêtes vers le milieu rural ou la majorité, soit 70% de la population était localisée, jusqu’en 2004 ou le taux d’urbanisation atteints les 55%. Ce qui pousse l’état à prioriser l’habitat urbain dans ses instruments de planification, et donc à la transformation du service de l’habitat en un ministère à part entière en 1972. Depuis les années 80, le Maroc a énormément investi dans la planification urbaine et l’infrastructure. Tout ça pour dire que pendant la période post- coloniale, l’état a adopté urbanisme et sociologie pour se reconstruire dans un état d’esprit indépendant, pour un Maroc libre et souverain. Cette approche témoigne du lien étroit de l’urbanisme et la sociologie, notamment en termes d’analyse des dynamiques sociales, de durabilité, de qualité de vie, de planification participative, mais surtout de réduction des inégalités sociales. L’aménagement de l’espace est et sera toujours le moule fondateur du social. Dans le cadre de cet exposé, j’ai jugé nécessaire de mener une petite enquête à ma façon, et bien que cela puisse paraitre ridicule à certains d’entre vous, c’est sur Instagram que j’ai posté mon questionnaire, cette méthode s’est révélée plus qu’efficace parce qu’elle m’a permis d’interagir avec pas mal de personnes concernées de près ou de loin par cette polémique. Et comme vous pouvez le constater la majorité a voté contre la mixité urbaine. L’argument qui est très souvent ressortit favorise l’homogénéité esthétique de la ville. Mais la question est beaucoup trop ample pour se suffire de cet argument. Allons-nous donc continuer à favoriser l’homogénéité et l’esthétique urbaine, qui d’ailleurs sont loin d’être atteintes, au détriment d’une population exclue ? Suis-je entrain d’accuser la ville et l’agglomération de susciter la marginalisation par le logement ? Ai-je tort d’approcher la question de l’habitat par le thème d’exclusion et du différentiel social ? Peut-être, mais sachez que la ségrégation crée un sentiment de non-appartenance chez l’individu, ce qui engendre un comportement agressif qui souvent se traduit par le vandalisme, et l’augmentation du taux de criminalité et donc l’insécurité de l’environnement et l’inconfort de ses occupants, ce qui va à l’encontre de l’essence de l’urbanisme. Penser autrement la ville, impose la mixité urbaine et sociale en tant que principe opératoire, et c’est assez malheureux de le constater que maintenant, vu le savoir faire ancestral en matière d’urbanisme que détient le Maroc grâce aux anciennes médinas. Pour concevoir donc la ville de demain il faut faire avec l’existant et tenter de le corriger, en dissolvant les groupes sociaux exclus dans la ville. Il est grand temps de dire OUI à la cohésion sociale et NON au principe du ghetto. Faire du sociale dans les quartiers bourgeois est un acte politique que tout corps penseur, architecte et urbaniste de demain doit assumer.