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Ministère de l'Enseignement Supérieur et de recherche Scientifiques


Université de Carthage
École Nationale d'Architecture de Tunis

LE COMMERCE INFORMEL
Vers une dynamique sociale à Tamesna

Yassir Elidrissi
Thèse de mémoire
Septembre 2020
Sous la direction de Mme Amira Naoui

2
Dédicace,

Je dédie ce mémoire à mes chers parents,


A mon père pour tous les sacrifices pour m'aider à
avancer dans la vie, et pour m'avoir inspiré et soutenu
tout au long de mon cursus scolaire. Ce travail restera
à jamais le fruit de tous ces efforts et que dieu le
bénisse.

A ma mère p o u r t o u t s o n a m o u r, s o n s o u t i e n , t o u s l e s
sacrifices consentis et ses précieux conseils qui on été
chers au courant de ma vie et de mes études, reçois à
travers ce travail, l'expression de mes sentiments et
de mon éternelle gratitude.

A m o n p e t i t f r è r e e t s œ u r, p o u r l e u r e n c o u r a g e m e n t e t
soutien inconditionnel.

Mes pensées vont à tous mes amis, ayant ensemble


partagé nos doutes et nos ambitions lors de cette
formation, et pour leur sincère amitié et confiance.

E n f i n , j e r e m e r c i e l a Tu n i s i e , m o n d e u x i è m e p a y s q u i
m'a accueilli à bras ouvert, et qui aura toujours une
p l a c e d a n s m o n c œ u r. . .

I
3
Remerciement,

Je souhaite vivement remercier et exprimer toute


ma reconnaissance à ma directrice de mémoire Mme
Amira Naoui pour l'énergie, l'attention et l'écoute
qu'elle porte à notre travail à tous.

A M r Ta r i k H a r r o u d e t M m e M e r y e m A d i d i d e m ' a v o i r
fourni les documents et informations nécessaires
pour mon travail de mémoire.

J'adresse mes sincères remerciements à tous les


professeurs, intervenants et toutes personnes
qui ont guidé mes réflexions, mr Riad siala, mme
R a o u a d a B e n A y e d e t m m e M a y a d a Tr a b e l s i , p o u r
leurs précieuses remarques.

II
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Résumé

Le commerce informel est une forme du commerce qui occupent l’espace


publique, et s’installe dans la ville, non seulement par ses formes mais
également par les flux qu’engendrent les échanges des biens et des
consommateurs, et qui fait vivre plus d'un million de personne à travers le
Maroc.

Ces activités connaissent une expansion dans les rues marocaine. Se pose
dès lors non seulement la question pertinente quant à la cause de cette
expansion et quelles en sont les conséquences, mais aussi, le droit de ses
commerçant ambulants au territoire.

On ne peut pour autant déconsidérer systématiquement ce dispositif


instituant réseaux, mobilités et circuits de biens et services à travers les rues
et le qualifier tout simplement de «parasitaire», au risque de pénaliser tout
effort de travail en dehors des pôles dominants de l’économie urbaine; au
lieu de comprendre le phénomène et son droit à une institution sociale, et
au territoire.

La ville nouvelle de Tamesna est un exemple de plus représentatif du


phénomène qui a ses bienfaits sur une ville qui manque de dynamique
urbaine. Le commerce informel fait la ville est la défait.

III
5
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Sommaire :
Introduction générale

1.Contexte d'étude
2.Problématique
3.Methodologie

PARTIE I: Tamesna où le commerce informel se territorialise


CHAPITRE I: Tamesna, l’écart conçu/ vécu

I.1: Tamesna, projet d'une ville


I.2: Tamesna, le vécu d'un' ville "fantôme"

CHAPITRE II: Tamesna formelle, Tamesna informelle:


Interdépendance objective et rupture symbolique

II.1: L'informalité une notion construite


II.2: Le commerce informel à Tamesna

PARTIE II: Reformer l'informel

CHAPITRE III: Droit de l'informel au territoire

III.1: Les territoires de l'informel


III.2: Le commerce informel à travers le monde
III.3. Relocalisation du commerce informel
III.4. Le marché temporaire
III.5. Recaser les marchands ambulants
Conclusion

CHAPITRE IV: Vers une dynamique sociale à Tamesna

IV.1 Penser le projet


IV.2. Stratégies d’interventions
Conclusion générale

Bibliographie
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9-10

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24

28
46

55-56

59
70
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90
110

120
122
132-133

135
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I N T R O D U C T I O N
G É N É R A L E

Figure 1 : L'espace sélectionne


la localisation et l’activité de l'homme
Source: personnel
“ L’ e s p a c e e s t p a r s e s c a r a c t é r i s t i q u e s e t s o n
fonctionnement par ce qu’il offre à certains
et refuse à d’autres, par la sélection de
localisation des activités et des hommes , le
résultat d’une praxis collective qui reproduit
les rapports sociaux”
M.SANTOS 1969
Contexte d'étude

Ce mémoire s’inscrit dans la continuité d'une réflexion qui a vu le jour en


premier semestre de la cinquième année, au sein de l’atelier thématique
«Ville territoire et complexité ». Il était l’opportunité d’observer, d’analyser
des territoires décortiquant les différents réalités et enjeux territoriaux .
La démarche était contextuelle visant un projet de territoire ancré dans son
contexte.

Le corpus d’étude était la ville de Tamesna au Maroc, une ville nouvelle


qui a été réponse à un besoin de logements sociaux suite à l’augmentation
de la population urbaine au cour des dernières décennies. Le commerce
informel représente le phénomène le plus important qui se présente en
masse dans le territoire, s'il constitue une pratique à la marge dans les
pays développés, il fait identité des vécus d'une telle ville... Impossible de
parcourir les rues de Tamesna ou d'ouvrir un quotidien marocain sans voir
et entendre parler des vendeurs de rue. Ils occupent les rues, les trottoirs
et souvent une partie de la chaussée, les places, les abords des stations de
métro. On les retrouve aussi sur les routes... Marchands ambulants entre
les files de voitures.

Le cadre urbain témoigne d’une évolution de la ville vers l’ère de la


globalisation marquée par l’intensification des flux des biens, personnes
et logistiques, conséquence naturelle du processus du métropolisation. Le
commerce ambulant présente ses services en réponse à cette métropolisation
en offrant des circuits de travail et d’approvisionnement pour les catégories
sociales n’ayant pas un accès facile au secteur formel du travail ou le cadre
traditionnel de la consommation.

Il s’agit de repenser le phénomène pour projeter sa réformation vers une


institution sociale dans une réponse qui se veut contextuelle.

3
4
PROBLÉMATIQUE

L’étude de l’histoire de la sédentarité des civilisations met en avant le rôle


du commerce dans la création et le développement local. Un grand nombre
d’agglomérations ont vu le jour pour justifier un emplacement commercial
stratégique et plusieurs marchés ont engendré les prémices d’une ville.
Son pouvoir générateur de flux affecte de façon générale le rythme de la
ville lui octroyant une importance majeure dans la composition urbaine.

Au Maroc, le marché, comme notion matérialisant l’activité commerciale,


est une composante ancrée dans la culture du citoyen. Il ordonnance les
habitudes, organise la semaine et crée un cadre d’échange nécessaire au
mode de vie marocain. Le commerce informel est une forme du commerce
un étendu où il s’étale, et s’installe dans la ville, non seulement par ses
formes mais également par les flux qu’engendrent les échanges et les
déplacements des biens et des consommateurs, source de vie de plus d'un
million de personne à travers le royaume.

Les différentes formes de cette activité allant des petits commerçants


ambulants au bord de la rue en passant par grands souks non sédentaires ont
su s’adapter aux besoins changeants des habitants et survivre à des siècles
de mutations urbaines, des fois au prix de l’organisation au sein de la ville.
Cependant, les efforts des acteurs politiques et de l’urbanisme ont toujours
refuser leurs existence, les catégorisant « d’anomalies » pathologiques des
villes, dans cette logique, les autorités visent leurs éradication. Ce n’est
que récemment, que l’on cherche à réinventer la ville, que l’on commence
à prendre conscience de l’importance de l’articulation entre la logique de
l’urbanisme et celle du commerce informel.

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La ville nouvelle de Tamesna1 est un exemple des plus représentatifs
du phénomène, s’inscrit dans les orientations du Schéma national
d’aménagement du territoire pour promouvoir l’offre des logements sociaux
destinés aux ménages à faibles revenus.
La nouvelle ville souffre d’un grand manque des équipements publiques
et d’activités, ce qui a fait du projet une ville dortoir désertée le jour
surnommée par la"ville fantôme"2.

La seule centralité urbaine dans la ville est le marché ambulant non autorisé,
un paysage urbain chaotique: occupation spatiale, circulation très freinée,
quasi-impossibilité de parking, espaces publics saturés, pollution, absence
de contrôle de qualité sur les marchandises, piétinement sur l’intimité des
zones résidentielles...Mais aussi une dynamique urbaine qui manque le
plus dans la ville.
Le commerce fait la ville, et la défait.

Alors, comment institutionnaliser la pratique du commerce informel en vue


de valoriser le vécu territorial ? Et quelle stratégie pour architecturaliser ses
pratiques?

Ce mémoire avance alors une stratégie qui organise et encourage le caractère


ambulant de cette pratique en prenant compte ses configurations socio-
spatiales et au contexte de la ville en vue d’un processus intégrant acteur
et espace dans une vision qui préserve la particularité du phénomène.

1. La ville nouvelle de Tamesna était construite en 2004, se situe sur un axe important entre
Rabat (la capitale) et la ville de Temara qui constitue un pôle d’immigration dynamique à la
recherche d’emploi et du bien-être social
2. La presse marocaine est mondiale qualifient Tamensa de ville fantôme, à cause du silence qui
regnent sur ses rue, "des batiments agencés comme des boîtes d’allumettes, et puis le vide. 6
Des kilomètres de vide". selon la presse le monde
MÉTHODOLOGIE

La méthodologie suivie durant ce travail repose en premier lieu sur


l’observation de constats en analysant un "contexte", Cette prise de
connaissance de la complexité du territoire nous a menés à la formulation
d’une problématique sur le commerce ambulant et son rapport à l’espace
public dans la ville de Tamesna.

S’en est suivi un travail de recherche dans la littérature ayant déjà traité
du sujet, pour construire une approche théorique et une compréhension
des concepts indispensables à la construction d'une réflexion sur le sujet.
En parallèle, un travail sur le terrain a été mené pour établir un diagnostic,
relever les potentialités et les faiblesses de la ville, et définir les différentes
échelles de l’intervention.

Par la suite, une étude de cas diversifiés à travers le monde nous a permis
de relever les éléments qui font l’échec et la réussite des interventions
spatiales portant sur des problématiques semblables, tout en soulignant
la particularité de chaque contexte.
Les conclusions de cette phase, combinées aux résultats de l’analyse
de notre site nous ont permis de tracer les lignes directrices de notre
intervention spatiale.

Une intervention qui se veut ancrée dans la réalité socio-spatiale du


phénomène mais aussi dans une intention de repenser le territoire de
l'informel en l’institutionnalisant et l'alimentant par des activités annexes
à la recherche d'une dynamique à injecter sur une ville qui se qualifie
comme fantôme.

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PROJET

ETUDES DE CAS

ASPECTS DU PHÉNOMÈNE

ENQUETTE SUR TERRAIN

CONSTAT
ET PROBLÉMATIQUE

Figure 2 : Processus du mémoire


Source: personnel

8
PARTIE I
Tamesna, le territoire du commerce informel
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Tamesna, créée en 2007 aux portes de Rabat pour désengorger la


capitale marocaine, est une ville mort-née. Sur le papier glacé des
publicités, elle illustrait pourtant le rêve d’une ville nouvelle, conçue
pour offrir un environnement de qualité à 250 000 habitants. Face à
la flambée de l’immobilier à Casablanca et à Rabat, les plus pauvres
rêvaient de quitter leur bidonville pour une vie plus digne. Les classes
moyennes croyaient au slogan publicitaire : un confort moderne à deux
pas de la capitale.

Dix ans plus tard, la ville nouvelle n’est que l’ombre d’elle-même.
Moins de 40 000 personnes y vivent, retranchées dans des habitations
sans âme, fenêtres fermées, Tamesna est une cité-dortoir sans vie.
Les espaces publics et les équipements collectifs sont inexistants, les
terrains vagues abandonnés aux herbes folles, pas d’entreprise, peu de
commerces. Pour créer de la vie, les habitants de Tamesna ont imaginé
leur propre souk. Dans un petit coin de rue derrière une mosquée, un
marché informel a investi le trottoir. Les marchandises sont disposées à
même le sol ou dans les coffres ouverts des camions. Pour la première
fois, on retrouve le traditionnel tumulte urbain des quartiers populaires
marocains, qui créent la seule dynamique urbaine "informel" dans la
ville "fantôme".

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CHAPITREI
I N T R O D U C T I O N
Contexte|problématique|Méthodologie

Tamesna, l'écart conçu/ vécu


G É N É R A L E

Figure 3 : L'homme et son territoire


Source: personnel
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

I.1: Tamesna, projet d'une ville


I.1.1 Genèse d'une ville

Les villes marocaines ont connu une évolution négative durant le siècle dernier
jusqu’à présent, la succession des années de sécheresse et l’exode rurale vers
les villes surtout le lendemain de l’indépendance ont créé une inflation urbaine
démographique accentué. En effet, la part de la population urbaine a fortement
augmenté, passant de 29% en 1960 à atteindre les 57% en 20021.

Cependant, l'excroissance démographique n’était pas accompagné d'un


développement économique, ce qui a généré un problème de précarité urbaine
d’où l’émergence d’habitat irrégulier, logements insalubres, bidonvilles...
Les années 1980 sont marquées par un développement de l’habitat insalubre
plus rapide que le logement formel2.

Pour lutter contre ces effets négatifs urbains et sociales, le gouvernement a


élaboré une nouvelle politique gouvernementale en 2002 , un programme
national d’éradication de l’habitat insalubre . Ses objectifs sont l’éradication des
bidonvilles, requalification des quartiers sous-équipés, mise à niveau urbaine
des agglomérations, aménagement des pôles urbaines. La création des villes
nouvelles était envisagée comme solution pour résoudre les problèmes urbains
au Maroc, Tamesna est un exemple parmi d’autres de cette politique urbaine.

1. Source: RGPH le recensement de la population et de l’habitat 2004.

2. Selon l’agence Française pour le Développement, chaque année, près de 240000 personnes
migrent des campagnes vers les villes. Attirée par la croissance des centres urbains, cette
population s’installe "provisoirement" dans des logements insalubres, qui représentent près
de 30% des logements urbains.
3. La ville nouvelle de Tamesna, a été inauguré par sa majesté le roi Mohamed 6 le 13 Mars
2007, dans la commune rurale de Sidi Yahya Zaers.
12
I.1.2 Situation de la ville

La ville nouvelle de Tamesna se situe dans l’aire métropolitaine de Rabat-


Casablanca, et plus précisément dans la région de Rabat-Salé-Zemmour-
Zaers et la préfecture de Skhirat-Temara. Le site du projet est un noyau
urbain, un carrefour des routes vers la ville de Temara, Skhirat, Ain aouda
et vers la capitale Rabat. Il se trouve ainsi à la confluence d’un réseau
de routes principales qui lui confère une desserte optimale et le relie
directement au réseau autoroutier national.
La situation de ce nouvel organisme urbain est marquée par la proximité
des grands réseaux d’infrastructures qui lui assure une grande accessibilité
et une bonne connexion avec les autres pôles de développement adjacent.

D'autre part, la ville de Tamesna se trouve localisée dans une région à


forte croissance démographique et à forte dynamique urbaine. La région
Rabat-Salé-Zemmour-Zaer compte, selon RGPH1 de 2004, 2.366 millions
d’habitants, soit 7.9% de la population totale du pays2, elle représente ainsi
une région qui continue de confirmer sa prédominance urbaine, puisque
le taux d’urbanisation2 a évolué de 78.8% en 1994 à 81.1% en 2004. La
région est très dynamique, elle compte plus de 9 zones industrielles, la
préfecture de Rabat abrite à elle seule 48% des établissements industriels
de la région.

Le site a été choisi suite à des atouts majeurs, à savoir l’accessibilité


facile, des infrastructures disponibles à proximité (eau, électricité..),et 950
Hectares du foncier publique facile à mobiliser et à exploiter.

1. RGPH le recensement de la population et de l’habitat 2004


13 2. Le taux de croissance démographique à la région n’était que de 7.6% en 1994
Le taux d'urbanisation de la région Rabat-Salé-Zemmour-Zaer est de 55% au niveau national.
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

RABAT 20 KM

TEMARA 8KM

SKHIRAT 15KM MENZEH 8KM

AIN AOUDA 10KM

TAMESNA
Figure 4 : La ville de Tamesna dans son périmètre élargi
Source: google earth modifié par l'auteur

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I.1.3 Une ville pour accueillir les"démunis"

La ville nouvelle de Tamesna a été construite pour résorber l’ensemble des


bidonvilles de la préfecture de Skhirat-Temara, et satisfaire la demande
d’habitat social dans le cadre du programme national de 100.000 logements
sociaux par an, avec la stimulation d’un offre de produits variés pour assurer
une bonne mixité sociale, et contribuer au développement économique de
la zone.

Figure 5 : PAU de Tamesna echelle 1/60000


Source: Agence urbaine de Skhirat-Temara modifié par l'auteur

Lots d'activités Rivière Oued-Iquem


Espaces verts Voies d’accès et d'aménagement

Équipements Zones d'habitations


Zones Agricoles

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LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

L’habitat , de part la répartition des lots , occupe plus de la moitié des


lots dans la ville, On remarque une domination de l’habitat sur l’ensemble
du territoire et un effet de dispersion des équipements mais aussi une
concentration des activités au niveau du mail central. Le nombre de
logements totale s’élève à 50 000 et ne cesse d’augmenter au fil du temps.

14%
10%
4%

17% 55%

Figure 6 : Diagramme de la répartition des lots dans la ville de Tamesna


Source: Personnelle

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I.1.4 Une ville qui se veut multifonctionnel

A part la résorption des grands bidonvilles localisés dans la région, la


création de la nouvelle ville de Tamesna avait d'autres ambitions, parmi
eux, l'assurance d'une bonne mixité sociale à travers la production de
différentes types de logements, on trouve une certaine diversité concernant
la traduction spatiale de l'habitat, entre immeubles r+3, r+4 et r+5, villas,
et Kasbah (medina).

Figure 7 : Répartition du logement à Tamesna echelle 1/60000


Source: Personnelle

Habitat sociales R+4 Villas


Habitat sociales R+3 Kasbah medina

Habitat moyen-standing R+4 Habitat haut standing R+5


Habitat moyen standing R+3 Voies d’accès et d'aménagement

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LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Le nombre de logements
totale s'élève à 50 0001, les Habitat social
deux graphique montrent la 27400 logements

répartition des logements, et


Moyen standing
l'on remarque que l'habitat 17500 logements

social est le plus dominant. La


répartition ainsi faite démontre
Haut standing
que la population visée est plus 5000 logements

entre celle à faible revenue


jusqu'au moyenne. Figure 8 : Graphique de la répartition du logement en nombre
Source: Personnelle

En ce qui concerne la mixité


sociale, l'on remarque que Moyen standing 35% Haut standing 10%
la classe hauts revenus s'est
placée à l’extrême de la ville Habitat social 55%

de la ville, évitant alors tout


contact avec les autres classes.
Il faudrait des équipements
attractifs et accessibles à
l'ensemble des habitants Figure 9 : La répartition du logement en pourcentage
Source: Personnelle
pouvant encourager cette
mixité sociale.

1. Source : holding al Omrane


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I.1.5 Équipements de la ville

Les équipements ont été pensés de façon à répondre à tous les besoins
de la société, qu’ils soient des équipements de proximité ou de grands
équipements. En ce qui concerne leurs implantation, ils sont dispensés un
peu partout dans la ville, sauf pour les plus grands d’entre eux, qui sont
implantés dans la périphérie.

Figure 10 : Répartition des équipements à Tamesna echelle 1/60000


Source: Personnelle

Équipements commerciaux Équipements d'enseignements


Équipements sportifs Équipements de santé
Équipements culturels Équipements de loisirs et récréation

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LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Les équipements occupent 14% de la surface totale de la ville. Soit 87 ha,


on peut les répartir selon les catégories suivantes:

Équipements commerciaux 7 ha
Équipements de santé 4.5 ha

Équipements sportifs 9.5 ha 9% Équipements d'enseignements 38 ha


6%
Équipements culturels 0.7 ha 11%
50%
1%
Équipements de loisirs 20 ha
30%

Figure 11 : Diagramme de la catégorie des équipements selon la surface totale


Source: Personnelle

Une grande part des équipements de la ville de Tamesna ne sont pas


encore construits jusqu'aujourd'hui, suite à la situation d'urgence dont la
ville a été construite, pour remédier le plus rapidement possible au mal de
logements.

En plan, les équipements d'enseignements sont les plus présents dans la


nouvelle ville, Il y a cependant un manque au niveau d'autres équipements
surtout les équipements attractifs accessibles à l'ensemble des habitants, qui
peuvent assurer une bonne mixité sociale et contribuer au développement
de la région, selon les objectives du projet de la ville1.

1. Source : Selon le département de l'Habitat et de la Politique de la Ville 20


Les équipements de loisirs et récréation, commerciaux et culturels sont les
équipements qui manquent le plus dans la ville, malgré leurs importance
dans la vie urbaine, et développement du territoire.

Figure 12 : Répartition des équipements commerciaux-loisirs et culturels à Tamesna echelle 1/60000


Source: Personnelle

Les espaces verts, malgré leurs rareté à l'intérieur de la ville nouvelle, se veut
abondant aux périphéries de la ville1, mais il y a un manque des espaces
de loisirs et de récréation qui constituent un instrument fonctionnel au sein
de la ville. Aussi que les équipements culturels qui occupent que 1% de
l'ensemble de la ville.

Équipements de loisirs et récréation Équipements commerciaux et d'activités


Équipements culturels

21 Foret Iquem; Espace vert naturel non aménagé au sud de la ville de Tamesna
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Nous remarquons un manque au niveau des équipements du commerce dans


la ville de Tamesna, la zone d'activités au niveau du noyau centrale n'est pas
encore réalisé, aussi que la plupart des autres équipement commerciaux,
qui représentant une grande importance dans le développement de la ville.

22
Figure 14 : Centre ville de Tamesna vide pendant le jour. Décembre 2019, Tamesna
Source: personnelle
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

I.2 Tamesna, Le vécu d'une ville "fantôme"

La ville nouvelle de Tamesna, sur le plan de sa conception, est une


des villes les mieux dotées en équipements du Maroc. Cependant elle
souffre d’une mauvaise image au sein de la société marocaine, elle est
surnommée par la ville fantôme!

La situation d’urgence liée à la volonté de remédier au mal du logement le


plus rapidement possible, a poussé les promoteurs a reloger les habitants
et les équipements publiques de base n’ont toujours pas été conçus, ce qui
a créer un grand dysfonctionnement au niveau de la ville. En outre, le projet
a été attribué à une équipe de gré-à-gré et non pas par l’intermédiaire d’un
concours d'où l'absence de débat et de concurrence et d'une véritable
réflexion sur le schéma de ville marocaine et sur la prise en compte des
erreurs commises dans les projets similaires à l’étranger. Il en résulte un
plan de ville comportant un grand nombre de dysfonctionnements, le parti
d’aménagement de la ville n’est pas compatible avec le contenu sociale,
une concentration des pauvres et insuffisance d’équipements convenables,
manque de placettes pouvant encourager la mixité sociale, et des îlots de
tailles démesurée accueillant des constructions standardisées, ce qui fait
de Tamesna une ville dortoir mais vide et déplaisante, la ville fantôme!

Figure 15 : Centre ville de Tamesna vide pendant le jour. Décembre 2019, Tamesna
Source: personnelle

24
Figure 16 : Le marché, une dynamique urbaine
Source : Bayie Fawakih
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Alors, Tamesna est une ville dortoir, elle abrite des habitants qui travaillent
dans les autres villes de la région spécialement Rabat, la capitale, l'absence
des équipements commerciales et d'une autre vocation urbaine qui peuvent
animer la ville ont fait de Tamesna une ville "fantôme" désertée le jour.

Tamesna Rabat

Figure 17 : La plupart des habitants de Tamesna la quittent chaque jour vers Rabat pour travailler
Source: personnelle

Une ville construite pour absorber l'habitat


informel, où la seule dynamique urbaine au
sein d'elle est une autre forme de l’informel
qui est le commerce informel: les
marchands ambulants, l’étalage...
Des dynamiques urbaines, socio-spacial
dû aux besoins de l'homme aux services
dédiés à l'homme, et c'est le phénomène
le plus marquant dans la ville nouvelle de
Tamesna, que j'ai choisi d'étudier dans ce
mémoire.

Fig 18 : Zone des marchands ambulants


Décembre 2019, Tamesna
Source : personnel

26
C H A P I T R E II
Tamesna formelle, tamesna informelle
Interdépendance objective et rupture symbolique

Figure 19: Le marchand ambulant


Source : Coen Pohl
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

II.1: L'informalité une notion construite

Le commerce est l’activité consistant dans l’achat, la vente, l’échange de


marchandises, de denrées, de valeurs, dans la vente de services. Il est le
prolongement naturel de l’activité de production de biens et services qui
peuvent ainsi trouver en débouché dans la commercialisation en direction
des marchés et clients intéressés. La mission du commerce se résume à
permettre à chacun de s’approvisionner au fur et à mesure des nécessités
et suivant ses besoins, d’accroître l’utilité des biens en les transformant
selon les besoins ou en les mettant à la disposition des consommateurs
pour permettre une exploitation plus complète des richesses du globe et
aussi permettre aux peuples de mieux se connaitre et de s’estimer. Il est
l’une des plus anciennes et plus importantes inventions de l’humanité avec
l’apparition de l’agriculture au Néolithique. Certains le considèrent comme
l’origine de la civilisation, l’écriture semble avoir été inventée il y a 5500 ans
par des commerçants pour permettre leur comptabilité.

Le commerce débute sous forme de troc et se


modernise ensuite grâce à la monnaie, avec le
temps, l’or et l’argent s’imposent peu à peu comme
Bien
monnaie commune, leur valeur provient de leur Ou
Service
rareté. La création de la monnaie et l’évolution
des moyens de transport et de communication ont
facilité les échanges entre personnes, localités et
pays. Cette évolution permanente est influencée
par celle des besoins, des moyens et des politiques
des différents acteurs que sont les producteurs, les
marchands, les consommateurs et les états, d’où la
naissance du terme commerce formel qui signifie Fig 20 : Le commerce est l'échange
le secteur de commerce qui paie des impôts au Source personnelle

ministère des finances.

28
II.1.1 Le clivage formel/ informel

La révolution industrielle, et plus précisément la fin de 19ème siècle,


marque une tendance vers une configuration de la structure commerciale
de la ville basée sur les déplacements du consommateur, rendue plus facile
en vue des avancées en matière de mobilité qui est un concept essentiel et
indispensable à la compréhension et l’étude du phénomène commercial
dans la ville. De par sa définition cette activité implique forcement le
déplacement du produit jusqu’au consommateur potentiel, ou d’amener
ce consommateur jusqu’au lieu dédié à l’exposition/vente du produit.

Une deuxième connexion, extérieure aux deux activités, réside dans la


favorisation des croisements, points de flux et lieux de passage par les
commerçants, et la création systématique de flux importants autour des
concentrations commerciales, qui a permis la diffusion des flux vers de
nouvelles formes commerciales dans la seconde moitié 20ème siècle, à savoir
les centres commerciaux ou les hypermarchés...Grandes surfaces de vente
entourées de parkings pour les véhicules des consommateurs, aménagées
à proximités des axes routiers et carrefours importants souvent à l’interface
entre l’agglomération urbaine et son aire de chalandise régionale, avec une
architecture et une organisation fonctionnalistes, à l’image de la ville et du
consommateur.

Contrairement au commerce de grandes distribution, le commerce de


proximité est un type de commerce particularisé dans la vente au détail
dont les consommateurs se rendent de façon très fréquente ou quotidienne,
l’emplacement du support spécial de ces activités est essentiel dans
la mesure où il doit être facilement accessible aux consommateurs. Se
rapprocher le plus du client est donc la réponse naturelle à cette exigence
(lieu de résidence, lieu de passage). Pour des raisons pratiques et pour
renforcer le pouvoir d’attraction, ces activités ont tendance à se regrouper,
comme dans le cas des rues commerçantes ou encore les marchés forains.

29
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Arnaud Gasnier1, considère que les modes de vivre et de consommer


changent en façonnant le paysage de la distribution. Leur évolution, selon
Gasnier, compte 4 phases :

- Dans les années 60 jusqu’aux années 80, la consommation de masse


connait son apogée et les centres commerciaux périphériques maillent le
territoire
- A partir des année 80, une consommation plus segmenté apparait,
l’étalement urbain amplifiée par le phénomène de mobilité, et la population
préurbaine a besoin de consommer à proximité de chez elle. Le déploiement
des polarités intermédiaires, caractérise le début du XXIe siècle.
- Dans les deux dernières décennies, le client devient plus exigeant est
en attente d’innovation et de ré-enchantement. Cette période marque le
développement des Retail Park et la mise en complémentarité des réseaux
de commerce comme le commerce de transit, le e-commerce, voire le
m-commerce. Le consommateur est multiple et ambivalent.
- De nos jours, le client arbitre ; il veut consommer mieux et plus
efficacement…Les friches commerciales progressent et les initiatives pour
mieux accompagner l’évolution du commerce se multiplient.

Commerce Commerce de proximité e-commerce


de grandes distribution

Figure 21 : L'évolution du commerce


Source personnel

Arnauld Gassier maître de conférences à l’université du Maine sur la géographie de la 30


consommation et la géographie du commerce en France
COMMERCE DE PROXIMITÉ

Figure 22 : Le commerce de proximité


Source : Personnelle
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

La proximité géographique entre le commerçant et le client s’accompagne


d’une proximité relationnelle. Le commerçant de proximité joue un rôle
social fort, en formant des liens de confiance avec la clientèle et en créant
des habitudes d’achat libérées du rythme urbain généralement imposé
par les grandes surfaces de vente (hypermarchés et centres commerciaux
aux entrées des villes). Le commerce de proximité peut même être défini
comme le lieu où l’on reconnait le commerçant et où l’on est reconnu : Un
commerce à l’échelle humaine.

Les changements sociaux impliquent la reconfiguration de l’environnement


urbain : « L’échange humain, le lien social, l’accès à la consommation pour
tous sont toujours aussi importants. La proximité permet, en premier lieu,
de redonner vie à des zones isolées et de permettre aux habitants de
consommer mieux et avec plus de praticité. Plus encore, pour les personnes
âgées, les habitants des zones rurales ou de petites villes, le replacement
même modeste d’une offre commerciale de proximité améliore leur vie
quotidienne en leur donnant accès à des biens de consommation de tous
les jours sans devoir parcourir des kilomètres. De plus la société change et
le profil des ménages tend vers une réduction de leur taille. Cette évolution
et notamment le poids croissant des personnes seules, s’accompagner d’un
changement dans les modes de consommation.» 1
CNCC JUIN 2013

Brièvement, le commerce de proximité présente une solution à multiple


facette, sociale, économique et environnementales qui gagne en importance
dans les territoires isolés, son maintien permet de la préservation et la
création d’emploi dans les zones concernées, la livraison d’un service de
proximité sans besoin de déplacement, l’amélioration de la cohésion sociale
en présentant un cadre spatial de convivialité et d’échange et la sécurité au
niveau des espaces publiques en créant une animation urbaine constante.

1. Extrait de l’étude développée par la Commission « Cœur de Ville » du CNCC (Conseil National 32
des Centres Commerciaux) - Juin 2013 "Quel avenir pour le commerce de proximité?"
Figure 23 : Le commerce ambulant symbolise la proximité spatiale et sociale
Source : google image
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Le marché non sédentaire (ambulant), symbolise ce service de proximité,


il est un cadre de convivialité et de lien social, ils anime la ville et crée une
dynamique dans l’espace public (quartier, rue, placette...). En outre, cette
proximité spatiale et sociale permet de créer une culture de consommation
plus saine et plus locale. Le secteur informel se définit comme l’ensemble
des activités économiques légales qui échappent à toute législation en
vigueur, il comprend les marchands ambulants, qui sont toujours présents à
travers le monde, du petit camelot ou colporteur jusqu’aux stands de glace
aménagés sur l’espace public ou les chariots sur les trottoirs.

L’économie souterraine ou informelle est en réalité beaucoup plus structurée


qu’il n’y parait, elle a un rôle important en terme de revenus et de services
pour les catégories les plus modestes de la population surtout dans les
pays du sud qui connaissent un accroissement démographique qui n’est
pas toujours simultané avec leurs croissances économiques.
Alors le concept informel n’est pas défini par la nature des activités cibles,
mais à partir des conditions dans lesquelles elles sont exercées. Il existe
dans les milieux urbains sous-développés une juxtaposition entre deux
systèmes de production, l’un dérivant des «productions capitalistes», l’autre
des formes de «production paysanne ou traditionnel», le secteur «formels
ou structuré» assimilé à l’emploi salarié et un secteur «informel ou non-
structuré» assimilé à l’auto-emploi.

+ -
ACCROISSEMENT CROISSANCE
DÉMOGRAPHIQUE + ECONOMIQUE = COMMERCE INFORMEL

Figure 24 : Causes du commerce informel


Source : Personnelle

34
II.1.2 Typologies du commerce informel

Il s’agit, d’abord, d’analyser les conceptions sociales et politiques de cette


pratique et lui redonner une nouvelle conceptualisation. Dans son article
« L’ambulantage : Représentations du commerce ambulant ou informel et
métropolisation » Jérôme Monet, essaye d’analyser comment est structuré
le commerce ambulant, en scindant ces représentations en trois catégories
de caractéristiques : secteur informel ; vente ambulante ; commerce sur
la voie publique. La prédominance du caractère informel provient de la
représentation de cette activité comme un secteur économique non
réglementaire, non inscrit, non contrôlé, marginal et illégal par opposition
au secteur formel. Bruno Lautier1 explique que l’usage de l’informel induit,
à tort, à considérer ce secteur à part, et insiste sur l’interdépendance entre
les circuits «supérieur» et «inférieur» de l’économie. Ce secteur étant
primordial à la compréhension du fonctionnement d’une société et de son
économie (particulièrement dans les pays pauvres) échappe toutefois aux
outils de mesure conventionnels.
Selon Hernando de Soto2, la rigidité de la réglementation économique
formelle, tue l’esprit de l’initiative et oblige les petits acteurs économiques
à jouer hors la zone de la légalité. D’un autre coté toute la société
profite du secteur informel que ce soit par la création de l’emploi ou par
l’approvisionnement ou la main d’œuvre non déclarée.

Pauvreté

Manque de formation

ÉCONOMIE INFORMEL
ÉCONOMIE FORMEL
Figure 25 : Le commerce informel est une sorte de ségrégation sociale
Source : Personnelle

35 1. Bruno lautier professeur de sociologie à l'Université de Paris 1-Panthéon-Sorbonne , ancien


directeur de l' Institut d'Études du Developpement Economique et Social . (L’économie
informelle dans le tiers-monde en 2004)
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

D’un point de vue politique, l’activité informelle est une issue de secours
contre la crise économique où les individus peuvent créer des emplois quand
les règles sont trop contraignantes et ainsi prévenir des taux de chômage et
pauvreté catastrophiques. La vision médiatique met en avant le caractère «
ambulant » de l’activité, l’aspect visible, la mobilité des marchands face au
magasin traditionnel établi, caractérisé par la permanence et une interface
publique (rideaux, vitrine, porte…). Quant à la réglementation urbanistique
et la politique de la ville, c’est l’aspect spatial qui prime, ainsi l’action de
vendre « sur la voie publique » gagnant en importance face à la mobilité ou
l’informalité, mettant en avant des problématiques spatiales.

FIXE FORMEL
IN
FO
T RM
L AN EL
BU
AM
DE RUE

ESPACE PRIVÉ

Figure 26 : Les caractéristiques du commerce informel


Source : Personnelle

Cette représentation, si observée, apparait rapidement comme étant


simpliste. En effet, beaucoup de commerces qui tombent dans cette
catégorie ne sont pas informels ambulants et sur l’espace public en même
temps.

2. Hernando de Soto est un économiste péruvien, ses travaux portent sur l'importance de 36
l'économie souterraine dans les pays en développement.
Le commerce de rue, informel ou ambulant ne constitue pas un objet affermi
et défini, mais un objet « flou ou fluide » il présente une certaine unité
tout en ayant des limites indéfinies qui changent selon les circonstances,
et comme il est indispensable pour ce travail de bien cerner l’objet de sa
recherche, il faut prendre en considération cet aspect changeant :

• L’informalité : statut normatif de l’activité commerciale, du marchand,


de son produit ou son service, selon les critères de légalité, de l’existence
et paiement de taxes et à un contrôle de sécurité. Notion souvent associé à
la marginalisation dans la conception sociale et économique. Le commerce
ambulant est la seule source de revenus pour des millions de personnes.
Néanmoins, ce microcircuit informel se définit par :

- L’absence d’organisation engendrant des problèmes d’encombrement


de l’espace public.
- L’absence d’examen d’état des produits vendus favorise la vente de
produits inconvenables à la consommation.

• La mobilité : Statut temporel de l’activité relatif à la durée d’occupation


du même lieu et la rapidité d’occupation successive d’une série de lieu

• La spatialité : Statut descriptif du cadre spatial où se passe l’activité ;


public ou privé, ouvert ou fermé.

37
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

La mobilité
3 2

L'informalité 1

4 La spatialité

Figure 27 : Les aspects du commerce informel


Source : Personnelle

• Zone 1 : Transactions qui sont à la fois informelles (le vendeur travaille


au noir et/ou vend des marchandises illégales), ambulantes (le vendeur ne
s’arrête que de façon temporaire et/ou le client et en déplacement) et dans
la rue, exemple : automobilistes de mouchoirs, bonbons et cigarettes aux
feux rouges.

• Zone 2 : Transactions non ambulantes mais informelles dans un


espace de circulation, Exemple : les étals non autorisés permanents dans les
quartiers commerçants centraux ou autour des infrastructures de transport
collectif.

• Zone 3 : Transactions ambulantes dans un espace de circulation,


mais pas informelles, exemples : crieurs de journaux, vendeurs ambulants
patentés de cartes téléphoniques, vendeurs de glaces, musiciens agréés
dans le métro.

• Zone 4 : Transactions informelles et ambulantes hors de l’espace


public, exemples : vente à la sauvette dans les restaurants et cafés, dans
les salles d’attente des hôpitaux (sucreries et snacks), dans les wagons de
train ou dans les bus.

38
II.1.3: Comment il se territorialise

Le cadre urbain témoigne d’une évolution de la ville vers l’ère de la


globalisation marquée par l’interdépendance croissante de chaque ville
avec l’économie mondiale et par la croissance démographique et spatiale
dont le résultat est la création des systèmes de gouvernance pouvant
absorber cette croissance dynamique et la repartitionner sur plusieurs
administrations. Cette transformation urbaine est toujours accompagnée
de mutations citadines dues aux flux migratoires et au basculement du
mode de vie qui tend vers une individualisation (travail de femme, pratiques
de consommation...) L’intensification des flux des biens, personnes et
logistiques, sont la matérialisation d’une mobilité généralisée, conséquence
naturelle du processus du métropolisation. C’est pourquoi la dynamique
de cette métropolisation est dominée par les réseaux et que l’activité
ambulante dépend plus de l’ampleur de la mobilité urbaine que la taille de
la ville, causant ainsi, dans certains cas, des déséquilibres entre la capacité
de cette ville et la taille de l’activité qu’elle accueille.

Le commerce ambulant présente ses services en réponse à cette mobilité


en offrant des circuits de travail et d’approvisionnement pour les catégories
sociales n’ayant un accès facile au secteur formel du travail ou le cadre
traditionnel de la consommation. Cette activité ne peut donc être réduite à
son caractère informel ou considérée comme une manifestation d’un mode
de servie pour les catégories pauvres. Il ne s’agit pas non plus d’un métier
oublié qui peine à prolonger son existence dans un cadre urbain qui se
passe de ses services. Il répond à des besoins réels et actuels créés par cette
même métropolisation. Cette mobilité nous pousse à avancer l’hypothèse
suivante : La propagation de cette activité ambulante dépend autant, du
client que du vendeur. L’observation des comportements et déplacements
du consommateur devient tout aussi nécessaire à la compréhension du
phénomène que celles du vendeur.

39
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

« (...) Est client potentiel de « l’ambulantage » tout usager de l’espace public


ou des transports collectifs, toute personne qui pour éviter de « perdre du
temps » lors de ses déplacements à travers la métropole (aller au travail, à
l’école, revenir à la maison, aller chercher les enfants, faire les courses ou
du sport, rendre visite à des amis ou parents, sortir, etc.) va consommer les
biens et services d’aide à la mobilité qui lui sont offerts en chemin ».
Jérôme Monnet, 2006.

La rencontre entre vendeur et client est une opportunité qui s’offre dans un
espace-temps pour les deux côtés de la transaction. Tout pratiquant de la
ville devient un client ambulant potentiel, par opposition au consommateur
classique, qui, généralement, se rend à sa destination d’achat avec une
intention précise et préalable (magasins, marchés…).
Le client ne prend ce qualificatif qu’au moment même où l’opportunité
d’achat se présente, au cours de son trajet. Cette opportunité, si répétée,
peut même devenir routinière, et une relation client/vendeur pourrait se
créer. Les espaces du commerce ambulant, sont les endroits propices à la
rencontre entre le marchand et le client, où le pratiquant de la ville peut
être atteint.

VEN
DEU
RA
MB
ULA
NT

CLIE
NT

ESPACE
PUBLIQUE

Figure 28 : Le client et vendeur ambulants structurent la ville et dessinent le paysage urbain


Source : Personnelle

40
Le processus de la métropolisation est accompagné par une intensification
des formes de mobilité. La croissance de la ville et des populations, ainsi
que la mutation du mode de vie et du rythme urbain se traduisent en une
multiplication des flux des biens et des personnes. Toute analyse de l’état
actuelle du commerce dit ambulant doit prendre en considération cette
intensification, que ce soit dans les pays riches ou en développement, et
ne pas traiter cette activité comme un phénomène isolé qui se résume
en une forme de survivance pour les acteurs du commerce exclus du
marché formel. Le commerce dit ambulant est également une réponse à
une demande importante qui ne trouve pas satisfaction dans les formes «
classiques » du commerce, parler du commerce ambulant nous ramène à
une dualité marchand ambulant/consommateur ambulant. Ce dernier est
même souvent plus mobile que le premier, et donc tracer son parcours et
étudier de près les conditions spatiales de la transaction permet une bonne
compréhension du phénomène et de son organisation.

Tous les jours, l’individu et/ou le ménage est contraint à l’approvisionnement


alimentaire ou en équipement pour son domicile, une obligation aussi
importante que le déplacement domicile-travail. La nécessité quotidienne
du commerce le met dans une position centrale pour le consommateur du
fait de son recours quotidien aux différents dispositifs qui lui permettent de
se procurer les biens et services en réponses à ses besoins. Cette centralité
du commerce a une autre dimension manifestant son importance : spatiale
; il structure la ville et dessine le paysage urbain. Le consommateur est
généralement étudié de deux angles:
Dans son domicile où il consomme la plupart des biens et services ; où le
ménage prend des décisions économiques et de gestion de ce domicile et
dans l’espace de transactions, ou il se procure les biens et service.

41
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Dans le second cas, ce consommateur est en mouvement, il use des moyens


spatiaux pour se déplacer entre les lieux de transactions/activités.
Ainsi, à une grande échelle, ce consommateur apparait comme un acteur
qui, dans son parcours, crée des liaisons entre différent espaces et façonne
« un territoire structuré de façon réticulaire ». (Jean-François Staszak).
Ses mouvements (et ruptures de mouvements) produisent des opportunités
d’achat, que ce soit un achat furtif (acheter un journal en route pour son
travail, un sandwich entre deux trams...) ou un achat planifié qui motive un
déplacement particulier dans le parcours.
Les études qui s’intéressent au commerce ambulant, tendent à se focaliser
sur le marchand et finissent par catégoriser l’activité comme informelle,
dépassée ou encore un indice de sous-développement dans la mesure où
l’étude du profil de ces vendeurs et de leur comportement conclue que
ce phénomène est une forme de survivance d’une population marginale
n’ayant pas accès au marché formel. Mais quand on s’intéresse au « client
ambulant », la perception change, il ne s’agit plus d’une activité informelle
mais d’un ensemble de besoins créés par la routine quotidienne, le rythme
urbain et le déplacement dans la ville qui trouvent réponse dans des espace-
temps différents (chaque transaction constitue un espace- temps) retraçant,
dans leur globalité, les mouvements d’un grand nombre d’acteurs.

Figure 29 : marchands et clients ambulants à la


place Jemaa-elfenna. Maroc

Source : Raoul Manten

42
Figure 30 : flux généré par le consommateur suite à ses déplacements routiniers
Source personnelle
Le consommateur est un « voyageur-citadin », un « micro-stratège » qui gère
ses déplacements routiniers dans le cadre spatial propre à ses pratiques
quotidiennes de façon à optimiser sa réponse aux besoins de tous les jours
(approvisionnement, divertissement, accès à l’information). Ces « processus
d’individualisation » sont déterminants dans l’évolution des mobilités et de
la configuration de la ville.
Ces routines évoluent vers plus de complexité et d’indépendance, du fait
qu’elles sont moins fixes et moins répétitives comparé au régime fordiste1 où
la gestion, du temps et de l’espace, relative au travail et à la consommation
était plus rigide et relevait presque d’un modèle commun (horaires, système
alimentaire).
Les modes de vie et déplacements de plus en plus hétérogènes produisent
les nouveaux comportements du consommateur (ambulant, impulsif,
volatile...).

Si on fait la transposition de tout ses concepts, sur la nouvelle ville de


Tamesna, pour identifier le phénomène du commerce informel dans la
ville et comprendre ses paramètres, en vue de valoriser ce vécu territorial.

1. Le fordisme est le terme par lequel on désigne l'ensemble des procédures par lesquelles les
salaires se sont progressivement indexés sur les gains de productivité. Augmenter régulièrement
les salaires au rythme des gains de productivité permet d'assurer que les débouchés offerts aux 44
entreprises croîtront également au même rythme et permettront donc d'éviter la surproduction.
Figure 31 : Marchand ambulant oriental, Vienne 19 eme siècle
Source : Daniel Israel
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

II.2. Le commerce informel à Tamesna

Au milieu vide de la ville de Tamesna qui lui donne l’impression d'être


morte. Dans un quartier de cette ville il y a une présence surprenante, la
présence de l’homme. Un mouvement au milieu du silence, une foule de
marchands ambulants qui occupent la rue, et des habitants de la ville de
tout âge, un paysage informel qui crée la seule centralité urbaine et une
dynamique qui manque le plus dans la ville fantôme!

Le marché spontané est anarchique, il reflète une mauvaise gestion de


l'espace urbain, occupe les rues et les trottoirs d'une façon illégale, cela
engendre plusieurs problèmes de circulations et provoquent l’insalubrité des
rues...Pourtant ce marché spontané présente des solutions économiques
dans la ville, il offre des circuits de travail et d'approvisionnement pour la
catégorie démunie. Il est un lieu de rencontre et de mixité sociale, rencontre
des marchands ambulants, clients, et simples promeneurs... Un lieu où les
différentes catégories sociales se côtoient et se retrouvent. Les marchands
ambulants crée eux mêmes durant toute la semaine une animation gratuite
qui engendre une dynamique dans la vie de tous les jours. Ils sont les
catalyseurs d'ambiance de la ville de Tamesna.

46
II.2.1 Identification du marché spontané

Sur les bases d'analyses, la majorité de la population urbaine de la


ville est la catégorie sociale, d'autre part il y a un grand manque des
équipements commerciaux et de loisirs. La seule centralité urbaine est le
marché spontané, il se situe au milieu d'un quartier social au nord de la
ville, entouré par des immeubles R+4, qui abritent la catégorie démunie
et moyenne de la nouvelle ville de Tamesna, le quartier le plus habité
dans la ville.

Figure 32 : Zone des marchands ambulants echelle 1/60000


Source: Personnelle

Pour créer la vie, les habitants du Tamesna ont imaginé leur propre marché
en plein air. Dans un petit coin de rue derrière la mosquée, un marché
informel occupait le trottoir. Les marchandises sont placées sur les rues et
trottoirs du quartier pour répondre aux besoins des gens.

47
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Les marchands ambulants occupent, la rue et la chaussée, ils ont des


configurations spatio-temporelles, leurs étalages changent durant la
journée, il commence le matin, et la concentration de l'activité commence
l’après midi jusqu'au soir.

R+4 Étalage pendant le matin

Figure 33 : Coupe sur la rue marchande pendant le jour échelle 1/200


Source: Personnelle

R+4
Étalage pendant l’après midi et le soir

Figure 34 : Coupe sur la rue marchande pendant l’après midi et le soir échelle 1/200
Source: Personnelle

Les clients viennent autant du quartier à proximité du marché comme


d’autres quartiers de la ville. La proximité spatiale ne crée pas directement
des relations, les échanges marchands et clients font émerger une notion
de proximité sociale et spatiale en faisant intervenir la force des liens qui se
tissent au quotidien construisent à la fois un rapport au quartier, un rapport
à la ville et un aspect « communautaire ».

Zone d'étalage des marchands ambulants Immeubles r+4 zone d'habitat social

48
Figure 35 : Zone des marchands ambulants durant le soir
Source : Personnelle
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Le lien sociale communautaire dans l'espace du marché, rassemble les


vendeurs, clients de toutes catégories sociales de la ville, et aussi les
visiteurs qui sortent marcher le soir et se promener tout simplement dans le
seul espace animé dans la nouvelle ville de Tamesna.

L’insertion urbaine des commerçants ambulants dépend de l’ampleur des


recours aux réseaux sociaux mobilisés. Ces entrepreneurs sans entreprises
dans la ville se divise en deux catégories. Les premiers sont mobiles, ils
s'étalent dans la rue pendant une période de la journée et ramassent
leurs marchandises le soir. En ce qui concerne la deuxième catégorie, ces
marchands ambulants sont fixes, ils ont des places précises, ils occupent la
rue pendant la journée, et ramassent leurs marchandises le soir et rentrent
chez eux laissant leurs stands et tables sur place, pour revenir le lendemain,
ces marchands occupent plus d'espace publique que les autres.

Catégorie 1 Catégorie 2
Fig 36 : Typologie des marchands ambulants dans la ville de Tamesna
Source : Personnel

50
II.2.2 Le marché informel; dysfonctionnement

Le commerce informel à Tamesna pose plusieurs problèmes, nous citons:

L'occupation illégale : Le marché non sédentaire, présent dans la


ville, occupe de manière non réglementaire ses rues, en envahissant la
chaussée. Qu’ils soient fixes ou mobiles, les étalages ne jouissent d’aucune
autorisation qui légalise leur activité, ce phénomène reflète une mauvaise
gestion urbaine de la ville, l'occupation illégale des marchands nuit à aux
boutiques des commerçants formels.

Problèmes de circulation: Les commerçants prennent d’assaut les


rues. Dès le matin, les rues accueillent un marché spontané avec des
commerçants qui veulent gagner leur vie. Ils étalent leurs marchandises en
prenant d’énormes risques. Ils s’installent sur les trottoirs et sur les routes
véhiculaires et bloquent le flux véhiculaire ce qui cause un grand problème
de circulation surtout le soir. De plus, ce commerce expose les piétons
à des risques d’accident. Les vendeurs et les habitués de ce commerce
sont obligés de marcher sur la route car les trottoirs sont occupés par les
installations des commerçants.

Figure 37 : Occupation illégale Figure 38 : Problème de circulation


Source : Personnelle Source : Personnelle

51
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Problème d'insalubrité: Les marchands ambulants atteignent à


l'environnement et contribuent à la pollution de la ville, leurs déchets en
toutes sortes envahissent la ville à chaque soir.

Figure 39 : Problème d'insalubrité


Source : Personnelle

Nuisance sonore: L’occupation non réglementaire des rues véhiculaires


ralenti la circulation des automobilistes. Cela crée une tension entre les
marchands, les clients et les autos. Cela génère les klaxons des véhicules
qui sont ralentis par le marché et les cris des piétons qui s’empennent aux
automobilistes car ils ne font pas attention aux personnes qui parcourent
le marché.

Figure 40 : Nuisance sonore


Source : Personnelle

52
Figure 41 : Le marché informel, une dynamqiue urbaine, Maroc
Source : Prise de Paul Nodet modifié par l'auteur
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

II.2.3 Le marché informel, une dynamique urbaine

Le marché ambulant à Tamesna est non autorisé, un paysage urbain


chaotique: occupation spatiale, circulation très freinée, quasi-impossibilité
de parking, espaces publics saturés, pollution, piétinement sur l’intimité
des zones résidentielles...Mais aussi une dynamique urbaine qui manque le
plus dans la ville. Il est la zone la plus dynamique, la seule source de vie dans
la ville fantôme, une centralité là ou tout les habitants de la ville peuvent
se rencontrer, une effervescence économique et sociale qui ne trouve que
le marché non sédentaire comme espace. La dynamique urbaine est très
importante dans la ville, elle attire les gens de la périphérie et contribue au
développement économique de la zone.

D'autre part, Cette dynamique socio-spacial dû aux besoins de l'homme aux


services dédiés à l'habitant. Le commerce informel à Tamesna joue un rôle
important en terme de revenus et de services pour les catégories les plus
modestes de la population aussi, il estompe les problèmes économiques de
la ville, ces micro-activités sont un collectif d’entrepreneur de la pauvreté,
une réaction par rapport à une crise économique dans la ville, ils sont une
source de revenus et de vie pour plusieurs familles.

Alors, comment transformer cette faiblesse structurelle de la ville à une


dynamique urbaine étudié et régulière ?
Quelle architecture pour articuler les configurations spatiales de la ville
avec la réalité sociale des marchands?

Pour ce faire, une analyse référentielle s'impose à la recherche des solutions


et outils aide à la mise en forme d'une stratégie pour penser le phénomène
et l'appréhender dans l'espace de la ville.

54
P A R T I E II
Réformer l'informel
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Une fois clarifiées la notion du commerce informel, ses effets au


fonctionnement de la ville et sa participation à la reconfiguration des
espaces urbains en stimulant des centralités urbaines, ce qui a été
l'objet principal de la première partie. La deuxième partie de cette thèse
porte sur l'étude de l'espace publique communautaire et l'analyse des
différentes approches sociales, urbaines et architecturales qui visent à
intégrer l'informel en générale et le commerce informel en particularité
dans son territoire.

L'analyse des éléments qui ont fait l’échec et la réussite des cas
diversifiés à travers le monde nous permettrons de tracer les lignes
directrices à notre intervention spatiale.

56
C H A P I T R E III
Droit de l'informel au territoire

Figure 42 : L'informel, phénomène sociale omniprésent dans le monde


Source : Personnelle
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

« Fabriquer la ville ne doit pas être réservé aux élites : intégrer les
citoyens aux processus de construction de la ville devient fondamental
pour exercer l’égalité et la liberté d’agir »
H.Lefebvre, Le droit à la ville,1968.

58
III.1 Les territoires de l'informel

Le commerce informel comme beaucoup d'autres formes d'informels , sont


des collectifs divers, variés et présents dans le territoire. Dans ce chapitre
nous allons voir quelques exemples illustratifs de l'informel qui cherche à
prendre part dans le territoire, à son production et transformation.

La notion de territoire est polysémique et multiscalaire. Dans l’ouvrage de


P. Donadieu1 «La Société paysagiste», il introduit son propos par la
définition du territoire, «Pour les anthropologues, le territoire ne se confond
pas avec l’environnement comme le paysagiste pourrait l’entendre, c’est
par analogie avec l’espace des sociétés animales, que le terme désigne
aujourd’hui les lieux de vie et des individus»2. Cette définition permet de
constater que le territoire se définit, d’une certaine manière par rapport
à ses limites, à ses frontières, comme espace à protéger. Une définition
plus géographique met en avant «l’ensemble des lieux pratiqués par un
habitant ou un groupe social regroupant des lieux centraux, périphériques
et frontières, pouvant s’appréhender à plusieurs échelles, dont les logiques
des acteurs(publics et privés) et les dynamiques culturelles, économiques
et sociales le recomposent et le font évoluer en permanence»3 .
D’après P. Donadieu le territoire peu être vu comme «l’espace soumis à un
pouvoir individuel ou collectif, local (la commune) ou national (Etat)».

L'observation du territoire se nourrit des variations d’échelle qui influent


sur sa perception. La société contemporaine est résolument tournée vers
la communication qui, a depuis une décennie déjà remis en question le
rapport de l’homme au monde.

1. Pierre Donadieu est docteur en géographie, agronome, écologue et écrivain sur de nombreux
domaines dont les sciences du Paysage qu’il a enseignées à l’École National Supérieur du Paysage de
Versailles. 27 P.

59 2. Donadieu, La Société paysagiste, Actes Sud, ENSP, 2002

3.J.D URBAIN. «La trace et le territoire», Actes Sémiotiques, 2014, n°117


LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

La communication est un élément qui nous permettra de repositionner le


territoire des personnes en mobilité forcée dans un contexte houleux, où les
notions de frontières, d’identité et d’intégration apparaissent en filigrane
sur un débat de société cristallisé par une absence de discernement.

En effet, l'homme dépend d’un territoire aux limites strictes, ce territoire est
double, d’un côté il est abstrait(social), et d’un autre côté, il est géographique.
Le « social » ne se manifeste pas en l’air, en état de suspension comme
les poussières prises dans un rai de lumière, mais dans l’interaction entre
individus situés et localisés. Le territoire du social consiste en l’inscription
spatiale de cette interaction aux effets dits « sociaux ».

Ce territoire est donc un résultat, une conséquence de causes à recenser et à


analyser. Il exprime un « mal-être », un « malaise », un « dysfonctionnement»,
une «déliaison» d’un individu qui ne sait plus où se trouvent ses propres
frontières…
Il va de soi que la question sociale est localisée, pour la simple raison
qu’elle concerne des « gens » (famille, individu, groupe, classe…) qui
sont ici et pas ailleurs, même si cet ici est la rue, dans le cas des SDF, par
exemple, une forme d'informel parmi plusieurs autres. Leur point commun
est l'occupation irrégulière de l'espace publique.
Après la recherche détaillée, j'ai sélectionné des projets architecturaux et
leurs caractéristiques principales comme réponse aux différentes formes
d'informel. La majorité des projets se concentrent sur les interventions
architecturales et urbaines et leurs processus plutôt que le résultat final
construit, l'analyse des études de cas va présenter des concepts, approches
et des prototypes, plus qu'aux formes architecturales.

60
Fig: L'espace publique communautaire, un lieu de rencontre

Figure 43 : L'espace publique communautaire, un lieu de rencontre et de cohésion sociale


Source : Personnelle

61
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

III.1.1 L'espace publique communautaire

Dans un milieu informel au Haiti, au quartier Carrefour-Feuilles, d'habitat


irrégulier qui se caractérise par une extrême pauvreté, le Tapis Rouge est
l'un des nombreux espaces publics de ce quartier, construit dans le cadre
du programme "LAMIKA", dont l'acronyme signifie «Une vie meilleure dans
mon quartier» en créole haïtien. Le programme, financé par la Croix-Rouge
américaine et mis en œuvre par Global Communities, vise à construire des
espaces multifonctionnels qui facilitent et favorisent la cohésion sociale à
travers une approche inclusive.

L'objectif du projet était de développer des espaces régionaux qui favorisent


et facilitent l'autonomisation sociale. Les populations locales représentant
la communauté étaient engagés à participer au processus de conception
et construction. Le but de cette approche était d'accentuer le sens de
propriété, identité et prix au sein de la communauté et s'attaquer à certains
problèmes sociaux comme la réduction de la criminalité, de la violence et
des comportements antisociaux dans la région.

Figure 44 : Espace publique tapis rouge | Haiti


Source: Gianluca Stefani

Théâtre en plein air Espace d’entraînement en plein air Espace vert


62
Le programme et la conception architecturale contient un amphithéâtre
en plein air, destiné au rassemblement communautaire, marque le centre
de l'espace. D'autres espaces occupé par des équipements d'exercice en
plein air, conçus de manière intuitive pour les exercices basés sur le poids,
Green Gym assurera également la formation des utilisateurs de l'espace
public. Au dessus du théâtre, des pavés bleus de fabrication locale cèdent
la place à des terrasses de verdure, chacune avec des plantes différentes.
Le mur qui longe le périmètre du site a été transformé par la communauté et
des artistes locaux avec des peintures murales colorées. Les créations sont
issues de l'un des ateliers d'engagement communautaire, au cours duquel
des artistes ont discuté de la valeur de l'art avec des gens du quartier.

Figure 45 : Schéma démonstratif du programme de l'espace publique tapis rouge | Haiti


Source: Personnel

Théâtre en plein air Espace d’entraînement en plein air Espace vert

63
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Carrefour-Feuilles se caractérise par une extrême pauvreté, une mauvaise


circulation des véhicules et des piétons et un accès limité à l'électricité.
Le projet contient une installation de lampes solaires visent à fournir à
la communauté un environnement plus sûr et plus propre, une solution
d'énergie verte. Au-dessus, à l'extrémité supérieure, une rangée de
palmiers cache des réservoirs de stockage pour le poste de distribution
d'eau adjacent. Le puits qui alimente les réservoirs et la station apporte
de l'eau à 100 m sous terre. Les revenus générés par la vente d'eau seront
réinvestis dans l'entretien de l'espace public.

RÉSERVOIR
D'EAU
LAMPE
MUR SOLAIRE
DE GRAFFITI

POMPE
D'EAU

100M PUITS FORÉ


PUITS D'INFILTRATION
TUYAU TROP-PLEIN

Figure 46 : Schéma démonstratif des diapositifs écologiques du projet tapis rouge | Haiti
Source: Gianluca Stefani modifié par l'auteur

En résumé, ce projet permet de comprendre l'importance de l'espace public


accessible pour la communauté, car les gens ont besoin d'un espace pour
se rassembler, interagir et participer à différents Activités. Un espace public
efficace, accessible au tout le monde et soutenir les activités des différents
groupes d'âge, un équipement essentiel, qui rassemble les personnes et
autonomise la communauté.

64
Figure 47: La performance communautaire
Source: personnel

65
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

III.1.2 Le pouvoir de la performance

Le fondateur des Studios Kabako Kisangani, monsieur Faustin Linyekula


dit que l'infrastructure la plus importante est l'infrastructure humaine.
Cette idée se reflète l'approche de son studio "Pour aider la communauté
locale à imaginer une alternative aux épreuves de la vie quotidienne, et
comprendre qu'ils peuvent avoir un coup de main pour créer un avenir
meilleur ''le studio utilise des outils différents, la danse, théâtre et musique.

Figure 48 : Performance public à Kisangani.


Source : Studios Kabako modifié par l'auteur

Studio Kabako fournit des installations pour la communauté locale afin de


s'exprimer à travers l'art et la performance. En plus, il offre des programmes
pour les jeunes afin que les adolescents soient occupés après les heures de
classe.

66
Figure 49 : La performance, relie la communauté
Source : Personnelle
67
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Des membres de la communautés ont développé de grandes compétences


de performance et ils ont créé leurs propres projets de tournée produit par
Studios Kabako.
Le studio utilise différents outils, parmi lesquels la danse, le théâtre et
musique pour aider la communauté à imaginer une alternative à la dureté
de la vie quotidienne, et comprendre qu'ils peuvent contribuer à créer un
avenir meilleur.

Figure 50 : L'infrastructure humaine est la meilleure infrastructure


Source : Personnelle

Pour résumer, je suis d'accord avec les mots de Faustin Linyekula, que
l'infrastructure humaine est la plus importante infrastructure. Forme humaine
qui construit son environnement, les projets réussi sont ceux qui engagent
les gens qui vont les utilisés. En plus, les activités des Studios Kabako
permettent aux communautés de bénéficier culturellement, pour "nourrir
leur âme'' et partager leur contexte culturel qui relie la communauté.

68
Figure 51 : Un réseau d'activité à une échelle planétaire
Source : Personnelle
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

III.2 Des expériences pour absorber le commerce informel

Il existe plusieurs formes d'informalité, des collectifs divers et variés, des


problématiques multiples qui se rencontrent dans un paysage informel au
niveau de la ville. L'analyse de ces phénomène ne doit pas se limiter à
l'aspect spatial, faut aller au-delà pour comprendre les logiques qui animent
ces actions.

Après avoir vu des réponses aux différentes formes d'informel en général.


L'examen même furtif de quelques exemples de commerce informel à
travers d'autres espaces urbains peut, par référence ou comparaison,
apporter sans doute beaucoup à la connaissance de la réalité locale.
Le phénomène est omniprésent dans le monde, des micro-activités de
subsistance à travers le rues, un vécu quotidien d'une partie de la population
des villes notamment dans le tiers monde où le développement se heurte à
la réalité d'un quotidien souvent difficile cherchant leurs institutions sociales,
des manières collectives d'agir et de penser, elles ont leur existence propre
en dehors des individus , elles sont régies par des règles pour fonction de
maintenir un état social, néanmoins dans le cas des marchands ambulants
ils sont irrégulier et informel.

70
Figure
71 52 : Un marchand ambulant turc lance ses gages de confiance sur son territoire pour attirer les clients
Source : Personnelle
Fig: Illustration d'un marchand ambulant turc lance ses gages de confiance pour
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

III.2.1 La folklorisation contrôlée (Istanbul)

Le paysage urbain à Istambul est partiellement animé par le passage ou la


halte de vendeurs ambulants. De par leur omniprésence sur la voie publique,
ils participent activement à construire ce paysage. Ils impriment à la ville leur
"vision" des territoires et occupent en retour une place importante dans
la "vision" que les citadins ont de leur ville. L'interaction entre vendeurs
et clients n'est sans doute pas aussi anodine qu'elle y paraît et il serait
fort réducteur de n'y voir qu'une pratique conventionnelle. Le marchand
itinérant tente d'établir une relation de confiance avec ses clients. À cet
effet, il doit donner les « gages de confiance » relatifs à la provenance ou
la qualité de sa marchandise. Les produits vendus sont moins chers qu'en
boutique, mais sont-ils frais ? Sont-ils d'origine ? Sont-ils neufs ? Questions
que le client se pose avec acuité d'autant qu'il n'est pas sûr de croiser le
marchand à nouveau. Il tente d'y répondre en se livrant à une chasse aux
signes qui suscitent confiance ou méfiance. Les commerçants ambulants
sont souvent mis en concurrence par une offre commerciale de plus en
plus agressive de la part de la grande distribution. Alors qu'ils étaient fort
nombreux voici vingt ans, les vendeurs de lait frais ont aujourd'hui quasiment
disparu de l'espace urbain par exemple.

L'espace d'une minute, d'une demi-heure ou de quelques heures, les


marchands ambulants tentent leur chance en un lieu et puis repartent vers
d'autres horizons. Ils génèrent ainsi une lente mutation spatiale de l'offre
commerciale. Cette offre fluctuante convient davantage au passant chez
qui le besoin est suscité à la seule vue du chariot garni ou au sédentaire peu
actif et/ou peu mobile (ménagère, personne âgée ou commerçant patenté
du quartier) qui attend les passages des commerçants comme autant de
rencontres routinières.

72
La rue Stambouliote (est) comme le théâtre d'une animation intense. Cette
animation n'est toutefois ni permanente, ni identique chaque jour. Au
rythme des jours de marchés ou des jours d'arrivages, des jours d'école,
des vendredis saints ou des dimanches fériés ensommeillés, la position des
vendeurs de rue dans l'espace urbain se compose et se recompose selon
une temporalité hebdomadaire cyclique.
La temporalité saisonnière :
1- On peut être un marchand ambulant pour une langue durée mais changer
périodiquement de métier.
2- Certains commerçants ambulants sont des boutiquiers patentés à la
recherche d'un revenu annexe en période de baisse d'activité.
3- Une partie des vendeurs ambulants n'habite même pas Istanbul et y
vient quelques mois de l'année pour une pratique saisonnière
4- « L'emplacement » de la charrette peut rester le même mais voir se succéder
plusieurs vendeurs selon la période de l'année ou leurs empêchements
personnels.

Figure 53 : Marchand ambulant à Istambul vend une marchandise saisonnière


Source : google image modifié par l'auteur

73
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

III.2.2 Réactions des autorités

La police municipale d'arrondissement en charge du contrôle des activités


commerciales est légalement fondée à procéder à des contrôles, à verbaliser
et confisquer les marchandises et/ou charrettes utilisées pour le commerce.
Elle doit être accompagnée des forces armées lorsqu'elle procède des
arrestations. Les opérations de maintien de l'ordre commercial, souvent
médiatisées, sont montées de manière aléatoire et ponctuelle. Elles
consistent à interpeller quelques vendeurs « pour l'exemple ».

Istiklal caddesi
(Espace interdit)

Charrette du marchand Charrette du marchand


ambulant après 16h ambulant dans l'après midi

Figure 54 : L'emplacement d'un marchand ambulant durant la journée parallèlement


au flux Istiklal caddesi (espace interdit)
Source : Personnel

Observons un lieu où la présence de vendeurs est rigoureusement


interdite. La rue de l'Indépendance (Istiklal caddesi), est une rue-symbole
s'apparentant à une version piétonne des Champs Élysées parisiens.
Comment l'interdit est-il interprété ?
L'interdiction qui est faite aux vendeurs ambulants d'investir cette rue est
globalement très bien respectée. Seuls s'y aventurent le matin quelques
rares récupérateurs d'encombrants et vendeurs sans charrettes dont la
présence est furtive (quelques pas suffisent pour disparaître dans une rue
perpendiculaire).

74
S'ils ne peuvent l'investir, il est pourtant très intéressant pour les vendeurs
ambulants d'approcher cette rue piétonne dont la fréquentation est
extrêmement importante (jusqu'à 300 passants à la minute en période
d'affluence). Dès le début de l'après- midi, on constate l'arrivée des
istiklal caddesi (Espace interdit) marchands ambulants le long des rues
perpendiculaires. Ils profitent des flux du marchand afférents. A partir
de 16 h, on constate ambulant 16h qu'ils parviennent à « remonter »
jusqu'aux limites d'Istiklal caddesi et Tramway Charrotto du ambulant (se
placer parallèlement au flux principal comme le schéma page 81 situant la
charrette d'un vendeur de parfums contrefaits l'indique).

À partir de 2002, à Istanbul, les interdictions à l'égard des vendeurs


prononcées par les municipalités d'arrondissements ont été assorties de
justifications environnementales. Sur décret préfectoral, les commerçants
ambulants ont dû quitter un certain nombre de lieux, au nom d'une
politique d'embellissement de l'environnement1. Cet étrange argument
environnemental a pris tout son sens dans les années 2003 et 2004.
À cette époque, la Municipalité du Grand Istanbul dévoile avec succès son
projet de « ville monde »2 en dénonçant une criminalité des vendeurs, que
seule la roublardise de certains peut expliquer, la municipalité d'Eminônü
est parvenue à vider la place située devant le Bazar Égyptien et la mosquée
Yeni Camii. Sa métamorphose est à l'image de la prétention municipale.
Cet espace, particulièrement fréquenté par les touristes, était autrefois un
grand déballage improvisé où chacun disposait librement sa marchandise
à même le sol.

1. Politique d'embellissement de l'environnement (Cumhuriyet, 14-04- 2002)


75 2. Projet de « ville monde » a été précédé par plusieurs tentatives moins réussies (1991 ; 1994 • 1995).
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

III.2.3 Structuration de la ville pour marchands

En effet, les municipalités d'Istanbul, celles, a été engagée dans une


démarche de folklorisation de l'activité commerçante des rues. Les
principales centralités historiques byzantines et ottomanes étant aujourd'hui
devenues des centralités touristiques, la Mairie du Grand Istanbul a saisi
tout l'intérêt d'impliquer certaines catégories de vendeurs de rue dans sa
politique de valorisation du patrimoine. Ils ont nuancé le rapport conflictuel
qu'elle entretenait à l'égard des vendeurs de pains au sésame jusqu'en
2005, en réalisant qu'elle pouvait reprendre à son compte cette activité
« traditionnelle ». En tant que figure emblématique du vendeur de rue,
le vendeur de pains au sésame est une pièce maîtresse de l'animation
nécessaire à la reconstitution « historique » recherchée. Ainsi, depuis février
2006, les vendeurs stationnés aux emplacements dotés d'une excellente
chalandise tant locale que touristique sont contraints d'acquérir une
charrette couverte accompagnée d'un uniforme et d'une casquette.

Figure 55 : Charrtte fournie par la municipalité


de Reyoglu Tuniel
Source : J meissonier juin 2006

76
ISTAMBUL

Figure 56 : Structuration de la ville d'Istambul en zones ou l’activité ambulante est tolérable.


Source : Personnelle
77
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

La politique turque dans la gestion du commerce ambulant se résume dans


la combinaison entre un laisser-aller de la part des autorités et une tentative
de «folklorisation» ou officialisation de ce métier, les bénéficiaires de cette
politique deviennent des vendeurs reconnus profitant d'une charrette et
portant des tenues restituées par la municipalité.
La solution spatiale s'arrête à une structuration de la ville en zones où l'activité
et tolérable et d'autres où elle est sujette à l'interdiction. Elle garde ainsi
un contrôle relatif sur le nombre des commerçants et leur emplacement et
donc leur impact sur l'espace public et la circulation.
Les zones d'interconnexion des réseaux de transports, les pôles d'échanges
où se croisent les flux piétons ainsi que les voies routières embouteillées
sont des points convoités par les attentistes, un type de vendeurs à la
marchandise légère pouvant se déplacer facilement à la demande et aussi
quitter les lieux en courant.

L'équilibre fragile que les vendeurs/autorités gardent dans cette ville


repose sur le déplacement constant des vendeurs d'un lieu à un autre
qui constitue pour eux une recherche de légitimité sociale et évite à la
ville des problèmes sur l'espace public. Mais les tentatives d'éradication
menées par la municipalité sur des centralités de la ville nous poussent à
poser les questions suivantes : ces lieux gardent ils leur centralité après
cette éradication ? Les espaces où l'on s'arrêtait autrefois sont désormais
traversés d'un pas pressé, produisant ainsi des « coupures urbaines » dans
la conscience collective.

78
III.3 Relocalisation du commerce informel (Lima et Mexico)

Caroline Stamm a réalisé une étude comparative entre deux cas, similaires
sur plusieurs niveaux, de commerce ambulant dans les villes de Lima
(Pérou) et Mexico (Mexique) en soulignant une politique commune aux
deux exemples basée sur les efforts d'expulsion et de relocalisation menés
par les autorités mais se soldant par deux résultats très différents.
« Au début des années 1990, le commerce de rue faisait partie intégrante
du paysage des centres-villes d'Amérique latine. Les centres historiques
de Mexico et de Lima, marqués par une dégradation physique et sociale,
étaient de véritables marchés permanents. La continuité entre les stands,
démontés à la nuit tombée, convertissait les rues en galeries commerciales,
qui s'étendaient sur un vaste périmètre autour de la place centrale ».
Ces concentrations s'expliquent par la centralité des lieux, les nombreuses
activités économiques, et sociales qui y prennent place et les flux importants
de personnes qui les traversent, créant ainsi d'excellents emplacements de
vente. Le cas des centres historiques est emblématique de l'importance
numérique, mais également politique, du commerce de rue.

Fig 57 : Place d'armes et cathédrale, centre historique de Lima


Source : Caroline Stamm, Mars 2007

79
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Fig 58 : Sagrario, centre historique de Mexico


Source : Caroline Stamm1, Mars 2007

« Le conflit entre les vendeurs informels et les pouvoirs publics se cristallise


dans les centres historiques du fait des enjeux symboliques de ces espaces.
Dans les années 1980-1990, avec l'émergence d'un nouveau discours
culturel et esthétique produit par différents acteurs locaux, nationaux et
internationaux, et notamment par l'Unesco, il est devenu un conflit d'image
entre l'idée que les élites et les pouvoirs se faisaient des espaces centraux
et l'image que donnait le commerce ambulant. Ainsi, dans le but de recréer
un centre historique symbolique, des politiques municipales d'expulsion
et de relocalisation du commerce de rue dans des marchés ont été mises
en place à Mexico en 1993 et à Lima en 1996. Cependant, alors que cette
politique a fonctionné dans le cas de Lima, où le commerce sur la voie
publique a presque disparu, elle a été considérée comme un échec dans le
cas mexicain1».

Source : Commerce de rue et politiques publiques dans les centres historiques. Expulsion,
relocalisation et résistances à Mexico et Lima. Caroline Stamm 80
III.3.1 Étude comparative

Cette étude a pour but d'analyser la politique de mise à l'écart d'une


activité « marginale », ce qualificatif ne provient pas, selon Stamm, de
l'éloignement physique, de la pauvreté, de son association à une minorité,
ou même d'un aspect informel. Elle est rendue marginale au niveau des
centres historiques par la volonté politique qui la situe dans la case de
l'indésirable. Dans les années 1980-1990, il a y eu un consensus autour de
la condamnation du commerce ambulant pour les raisons suivantes :
La concentration très élevée de commerçants dans les rues bloquait
la circulation dans les deux villes et provoquait la congestion du centre
historique. La fabrication de produits alimentaires n'était pas soumise aux
normes d'hygiène et le ramassage et le traitement des tonnes d'ordures
produites par ces activités étaient coûteux et problématiques.
Les commerçants établis voyaient dans le commerce informel une
concurrence déloyale, exonérée de fait d'impôts, liaison entre cette activité
et la délinquance. Le problème spatial, hygiénique et de sécurité que posait
cette activité a fini par lui donner une image négative qui d'autant plus était
devenue « incompatible » avec la nouvelle vision d'une ville fluide et sure.

Figure 59 : Marchand ambulant au centre historique de Mexico


Source : google image

81
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Dans le cadre de la vision des politiques spatiales d'expulsion du commerce


de rues en 1990, deux programmes similaires de relocalisation ont vu le
jour dans les deux villes (en 1993 à Mexico et en 1996 à Lima).
« Il est intéressant de les comparer (les deux programmes), car ils se situent
dans la dynamique de patrimonialisation des centres anciens. Leur objectif
était d'éliminer des espaces centraux le commerce ambulant, en pleine
expansion. À Mexico, en 1993, le Programme d'amélioration du commerce
populaire a interdit, le commerce ambulant dans le centre historique de
Mexico et a mis en place la relocalisation des vendeurs dans des places
commerciales qui leur étaient réservées1 ».

Pour faire disparaitre les 10 000 commerçants ambulants qui occupaient les
rues du centre historique de Mexico, 2 mesures ont été prises:

• Un bando (décret) a été proclamé pour interdire l'exercice du commerce


sur la voie publique dans le périmètre du centre historique.
• La construction d'infrastructures commerciales (27 centres de commerce
populaire) a été planifiée pour relocaliser les commerçants qui occupaient
les rues du centre, construits en 1993 et 1994 et situés dans le centre
historique, avec une architecture fermée, qui permet de rendre invisible le
commerce, tout en le maintenant dans le centre historique.

«A Lima, en 1996-1997, le maire a décidé d'une politique similaire de


réorganisation des 20 000 vendeurs du centre historique. Il a promu la
construction de centres commerciaux situés pour la plupart hors du centre
historique, dans des quartiers commercialement sous-équipés.2 »

1..2. Commerce de rue et politiques publiques dans les centres historiques. Expulsion,
relocalisation et résistances à Mexico et Lima . Caroline Stamm 82
MEXICO

Marchands ambulants

CENTRE HISTORIQUE

LIMA

CENTRE HISTORIQUE

Figure 60 : Relocalisation des marchands ambulants à Lima vers les périphéries de la ville
83 : Personnelle
Source
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Les deux exemples sont donc similaires au niveau de la procédure, la


différence réside dans le choix du site de la relocalisation. Mexico disposait
de terrains vides au niveau du centre historique, lui permettant de
relocaliser les marchands concernés près de leur ancien lieu de pratique,
ce qui n'était pas le cas pour Lima dont le centre est saturé. Ce facteur,
combiné avec un programme antérieur, recommandant la déconcentration
des activités commerciales vers les périphéries sous- équipées, ont mené à
la construction de 23 centres commerciaux dont une partie est localisée à
la marge du centre historique. Toutefois à Lima, 10% des vendeurs ont été
autorisé à rester sur les lieux, il s' agit essentiellement des vendeurs dont
l'activité ne crée aucune perturbation au niveau de l'espace public et ne
touche pas à l'image culturelle et patrimoniale du centre.
Ces vendeurs aux bas revenus vendent des journaux préparés traditionnels,
des boissons et sucreries, des cartes postales, des articles religieux à la
sortie des églises, ou cirent les chaussures. Ils ont une autorisation de trois
mois renouvelable pour s'installer à un endroit spécifique du centre

Figure 61 : Polvos Azules, inauguré en 2001, centre commercial à la périphérie de Lima


Source : google image mofié par l'auteur

84
III.3.2 Résultats et interprétations

"Les mois qui ont suivi leur relocalisation, les rues du centre historique de
Mexico sont restées vides de leurs ambulants, Il en est de même à Lima, où
des travaux de réfection des voies ont été immédiatement initiés et où des
contrôles policiers ont empêché les vendeurs de reprendre leurs espaces
de vente. Contrairement à la capitale péruvienne, où ils ont durablement
quitté les rues, à l’exception des vendeurs autorisés, la libération des
espaces publics n'a été que provisoire dans le cas de Mexico. En réalité,
beaucoup de vendeurs ambulants n'étaient pas partis définitivement mais
avaient adopté des stratégies de vente différentes, comme, par exemple,
la déambulation (pas de poste fixe)1."

Figure 62 : Cireur de chaussures installant son stand devant l'église Santo Dominego,
Source : Caroline Stamm Janvier 2006

1. Commerce de rue et politiques publiques dans les centres historiques.Expulsion, relocalisation


85 et résistances à Mexico et Lima. Caroline Stamm
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Quelques mois après la relocalisation dans les centres commerciaux


populaires à Mexico, des vendeurs ont réinvesti la voie publique, cause d'une
baisse importante des ventes depuis le déplacement et de l'occupation de
leurs anciennes l'espace public par de nouveau marchands ambulants.
Quant au cas de Lima, la relocalisation loin du centre historique n'a pas
facilité le retour et a favorisé la déconcentration des activités vers la
périphérie sous-équipée. Le centre historique est resté libre du commerce
ambulant excepté les vendeurs autorisés à rester sur place. Cette différence
est due à deux facteurs :
La proximité géographique du centre historique dans le cas mexicain qui
développement de nouvelles stratégies de vente telle que la déambulation
retour progressif des vendeurs.
La force des organisations et associations représentants les vendeurs
ambulants cas mexicain et les relations qu'elles entretenaient avec les
pouvoirs politiques ont permis de créer une opposition solide contrairement
à Lima ou cette représentation était fragmentée.

Figure 63 : Retour des marchands ambulant au centre historique Mexico 1994


Source : google image

86
Marché Tianguis

Figure 64 : Tianguis, marché en plein caractérisé par les couleurs du plastique couvrant les espaces de vente
Source: google image modifié par l'auteur

87
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

III.3.3 Etat actuel

Après le retour des vendeurs à Mexico une forme de tolérance s'est installée,
principalement à cause de la force d'opposition politique des associations.
De nouvelles visions ont également vu le jour comme "le programme de
réorganisation du commerce sur la voie publique" mais de façon générale
les autorités essaient de libérer les voies historique au détriment même
du reste de la ville qui se fait envahir par les "tianguis" forme de marché
populaire s'installant tout au long des artères pour intercepter un maximum
de flux créant des décongestionnement dans la circulation.

Figure 65 : Installation des marchands ambulants loin de centre historique à Lima


Source: google image modifié par l'auteur

La politique d'expulsion et de relocalisation ciblant les centres historiques


a eu pour résultat la libération de ces espaces, même si dans le cas
mexicain ça ne s'est fait que d'une façon temporaire. Le bras de fer avec les
organisations représentant les commerçants a mené des compromis avec
les autorités, où l'occupation de l'espace public est tolérée à un certain
point. Mais le succès d'une telle opération (si on se fie à l'exemple de Lima)
n'est en aucun cas un indicateur de la résolution d'un problème spatial.
Les commerçants expulsés s'installent ailleurs, dans des zones où l'image
patrimoniale est moins importante en créant de nouvelles concentrations
de vente ambulante ce qui, dans l'absence d'une quelconque organisation,
ne fait que propager les problèmes qui accompagnent cette activité.
88
Figure 65 : Harmoniser la composition urbaine pour soutenir le commerce ambulant
89 : Personnel
Source
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

III.4 Le marché temporaire

Vu l'importance du commerce ambulant dans l'absorption d'une grande


demande d'emploi, la réponse à un besoin de proximité et la participation
indispensable à l'animation urbaine, des recherches sont menées dans
plusieurs pays pour pouvoir préserver et soutenir cette activité tout en
arrivant à harmoniser la composition urbaine et éviter les problèmes
qu'engendre le manque d'organisation (congestion des voies, pollution,
insécurité...). Ces recherches sont menées sur plusieurs fronts par différents
acteurs, que ce soit pour la création d'un cadre législatif capable d'orienter
et réguler l'activité ou le cadre organisationnel qui s'intéresse plus au
système de fonctionnement et la gestion des points de ventes (horaires,
nombre de commerçants ambulants, distribution.. .), ou encore le cadre
spatial qui intervient pour permettre l'insertion de l'activité dans la ville
tout en conservant un fonctionnement fluide et saint des autres vocations
de l'espace public.
Ce dernier présente un challenge du fait que c'est un aspect extrêmement
contextuel, ne pouvant être dressé dans une formule généralisable. Ceci dit,
il est intéressant de consulter des solutions déjà étudiée et en relever des
concepts de gestion spatiale pouvant être adaptés à différents contextes.

Marchés temporaires :
Cette notion repose sur la multifonctionnalité des espaces publics, elle
consiste à exploiter des espaces publics pour y implanter des commerçants
ambulants pour des durées limitées et périodiques (une partie de la journée,
les week-ends, des journées spéciales etc.)

90
Marché temporaire Saint antoni

91
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Architectes : Ravetllat-Ribas
Projet : Sant Antoni Sunday Market
Emplacement : Barcelona, Spain
Fin des travaux : Septembre 2011
Surface : 1.917,95 m2 92
Photographe : Adrià Goula
Figure 66 : Marché saint antoni quand l'espace n'est pas fonctionnel
93 : Adria Goula modifié par l'auteur
Source
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

III.4.1 Marché du dimanche Sant Antoni

L'objectif de ce projet et de créer une structure qui s'adapte à différentes


configurations spatiales de façon à pouvoir créer un espace commercial
bien défini sur l'espace public et d'être assez flexible pour ne pas perturber
l'usage de cet espace public quand le marché n'est pas fonctionnel.

Figure 67 : Photo du marché Saint Antoni le dimanche, jour du marché


Source: Adria Goula modifié par l'auteur

"Le déménagement du marché du dimanche de Sant Antoni nécessitait un


site situé à proximité du vieux marché, qui est actuellement en cours de
rénovation par notre bureau n'accueillant un espace de vente qu'un matin
par semaine, il a fallu mettre en place des solutions réversibles qui n'altèrent
pas l'espace dans sa configuration hebdomadaire."
Ravetllat-Ribas

94
Figure 68 : 2 photos du marché Saint Antoni, la première pendant le Dimanche et la deuxième pendant le reste de la semaine
95
Source: Adria Goula modifié par l'hauteur
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Ces exigences se sont traduites par une structure qui couvre l'avenue Urgell,
qui est fermé à la circulation carrossable tous les dimanche et conserve son
rôle de trafic intense le reste des jours.
Afin de sauvegarder l'activité dominicale, la zone centrale de la rue est
couverte avec un toit léger et dispose de luminaires, soutenus par des
arcades métalliques sur les trottoirs.

ette structure est permanente mais le toit et en partie rétractable pour


pouvoir réduire la surface couverte durant les jours de la semaine.

Structure du marché Saint antoni

Entrée du marché Arcades métaliques

4m d'hauteur
Figure 69 : Coupe démonstratif sur le marché Saint Antoni echelle 1/500
Source: Personnel

La structure est située au-dessus de 4,50 mètres de hauteur. Sous le toit,


il y a une passerelle de maintenance contenant les moteurs des panneaux
rétractables et des projecteurs qui améliorent l'éclairage de la rue, qui
peuvent être remplacés sans interrompre la circulation.

96
CENTRE ABRIETO

Figure 70 : Centre ouvert au citoyen


Source : Personnel

97
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA
Architectes: Paredes Pino
Emplacement : Cordoba, Spain
Surface: 11,920 sqm
Date du projet: 2007-2010

98
III.4.2 Centre ouvert d'activités citoyennes "Abrieto"

"Les villes en général, et en particulier celles qui ont une longue trajectoire
historique comme Cordoba , fonctionnent comme de grands accumulateurs
dans lesquels les expériences et les traces que l'homme leur laisse se
superposent, formant un tout unitaire dans lequel il est possible de voir
un Mode simultané différentes périodes. Nous proposons d'incorporer
une couche susceptible d'être reformulée en fonction des besoins que ses
usages exigent, consciente de sa condition programmatique flexible et
temporaire". Affirme l'achitecte Paredes Pino.

Figure 71 : Centre Abrieto


Source: Jorge Lopez

Le centre Abrieto un lieu d'échange, de rencontre, de trêve et de repos qui


permet de ressentir l'espace urbain comme une oasis où faire une halte, un
lieu qui libère du rythme de vie accéléré de la vie contemporaine. Un pôle
d'attraction des citoyens par rapport à la ville dans son ensemble,il permet
une grande multiplicité d'usages, en tenant compte de leur variété et de
leur temps, offrant un espace couvert, protégé des intempéries.

99
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Ainsi, le projet est proposée basée sur des éléments circulaires préfabriqués
qui varient en hauteur et en diamètre, disposés de manière flexible,
permettent une vision similaire à celle d'une forêt d'ombre urbaine,
les éléments préfabriqués peuvent devenir des scènes extérieures, des
bacs à sable pour enfants, des nappes d'eau, des constructions avec
enceinte comme la cafétéria, les magasins de chaises pour organiser des
événements, et bien sûr comme couvertures pour le marché temporaire,
deux fois par semaine.

Structure du Centre Abrieto

4m 5m 7m

Figure 72 : Coupe démonstratif sur le centre ouvert d'activité citoyennes Abrieto


Source: Personnel

Les protecteurs aériens fourni également l'éclairage artificiel permettent


l'évacuation de l'eau à l'intérieur, vers les espaces verts pour tirer le
meilleur parti de ses conditions géométriques. La disposition en différentes
hauteurs et diamètres permettent d'évaluer différents comportements
dans les mouvements de lumière et d'air entre les pièces. On pense
donc à un système dans lequel les stratégies génèrent progressivement
la formalisation de ce qui est construit, donnant une solution unitaire à
des échelles d'approche variées et imbriquées. Le projet est flexible est
accueille les différentes exigences communautaires et urbaines.

100
Nicollet mall

101
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Architectes : !Melk et Tom Leader Studio


Emplacement : Miniapolis, Etats unis
Date : 1968 réaménagé en 2013
Source : !Melk
102
III.4.3 Le mall piéton

Un "Mall piéton", fait référence aux zones piétonnes apparus aux Etats
Unis dans les années1960 et 1970 au niveau des centres-villes pour les
redynamiser et revalorisées. Il s'agit de zones fermées à la circulation
automobile (sauf exception: police, ambulance etc.). Ils constituent des
espaces très favorables à l'activité commerciale ambulante pour les raisons
suivantes :
La grande attractivité dont ils jouissent, ces pôles piétons attirent de grands
nombres de passants pour la multitude d'activités qui y prennent place et
l'ambiance qui y règne et l'absence de conflit avec l'automobile et donc
très peu de risque de congestion.

Figure 73 : Nicollet mall Miniapolis en 1967


Source: Star tribune

En 1968, dans un effort pour ramener les consommateurs au centre-


ville, onze coin de rue de Nicollet Avenue ont été fermés à la circulation
automobile et convertis en artère commerciale piétonne. Des arbres, des
bancs et des œuvres d'art de la rue ont été ajoutés afin de créer un espace
convivial pour les piétons.

103
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Rue réservée aux déplacements actifs et collectifs, le Nicollet Mall traverse


le centre-ville de Minneapolis et autorise la circulation des vélos, des taxis
et des navettes gratuites. Aujourd’hui, Nicollet Mall demeure une réussite
en matière de zones piétonnes. Si bien qu'elle a inspiré plusieurs autres
villes américaines.

"A chaque jour, près de 30 000 habitants et 160 000 employés visitent
Nicollet Mall en empruntant les autobus Free Ride pour se rendre dans
les nombreux commerces de détail, restaurants et bureaux du secteur. La
navette gratuite circule sur deux voies de circulation. Leur largeur permet
la cohabitation entre les piétons et les cyclistes. Les trottoirs très larges
favorisent le marché et l’animation de la rue par la présence de cafés et de
restaurants en plein air. Un marché agricole se déroule le mardi et le samedi
pendant l'été. En hiver, La parade de Noël a lieu le quatrième jeudi de
novembre, jour de l'action de grâces"1.

Figure 74 : Nicollet mall Miniapolis en 2013 avant son réaménagement


Source: Caitlin Abrams

1. Source : Alliance pour Sainte-Catherine 104


Figure 75 : Nicollet mall après le réaménagent
Source: Melk

105
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Melk et Tom Leader Studio ont collaboré pour réinventer la rue commerçante
en un domaine public amélioré, un centre culturel rétabli et un référentiel
pour les investissements économiques. Pour ce faire, une réorganisation
fonctionnelle de la charpente architecturale a d'abord été mise en place.
Deuxièmement, les zones programmatiques qui sont actuellement sous-
performantes; manger, magasiner, jouer, ont été redéfinis. Troisièmement,
il s'agissait de consolider l'encombrement des éléments de la rue
(lumières, mobilier, mais aussi arbres) en «nœuds», qui sont des grappes
de programmes concentrés, chacun avec un design unique et un objectif
d'augmenter considérablement l'espace de circulation des piétons. Enfin,
un nouveau vocabulaire de conception emblématique a été développé qui
s'inspire du contexte géologique du Minnesota en se concentrant sur la
durabilité, la longévité et l'utilisation toute l'année.

Figure 76 : Schéma fonctionnel du Nicollet mall après le réaménagent


Source: Melk

106
Figure 77 : Parc linéaire et rue commerçante, Nicollet mall
Source: Melk

107
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Le résultat réorganise Nicollet Mall en un hybride unique: parc linéaire et rue


commerçante. La justification de l'établissement des «nœuds» sous forme
de monticules était de créer des microclimats d'abris, une profondeur de
sol accrue (pour des conditions d'enracinement favorables) qui héberge
quatre fois plus d'arbres de rue.

Figure 78 : Parc linéaire et rue commerçante, Nicollet mall


Source: Melk

En outre, la nouvelle typologie de paysage de rue facilite la diversité


programmatique en interconnectant une série de grands espaces de
rassemblement. L'un de ces espaces est la place du marché nouvellement
proposée, une place publique extérieure pour les marchés saisonniers
et les grands événements, ainsi qu'une nouvelle structure de marché
emblématique, renforçant davantage l'activité civique et commerciale au
centre-ville de Minneapolis.

108
Figure 79 : Marchands ambulants et théatralité, Place Jemaa el-fenna, Marrakech,
Maroc, Source: Mi fugue

109
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

III.5 Recaser les marchands ambulants "Maroc"

Durant la dernière décennie, le dossier du commerce ambulant a gagné


en importance aux yeux du gouvernement marocain. Le paysage urbain
présente désormais des espaces publics saturés et des voies quasi coupées
à la circulation dans la plupart des villes du pays. Face à ce développent
et à la croissance parallèle du nombre des commerçants ambulants, la
tolérance relative dont jouissait cette activité non réglementaire au Maroc
s'est dissipée peu à peu jusqu’à en arriver à bras de fer constant entre
les autorités locales et les marchands. Ces derniers se sont retrouvés
pris entre un "secteur formel" très difficilement accessible et un manque
d'organisation perturbant le fonctionnement de la ville en transformant leur
seul gagne-pain en une problématique complexe.

Figure 80 : vendeur de jus sur la route Chefchaouen, Maroc


Source: oussama chaabane

110
Figure 81 : "Lguerab" vendeur d'eau marocain
Source: google image

111
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Le parallélisme entre "formaliser l'informel" et "changer la nature du


commerce ambulant" a fait l’échec de toutes les initiatives, à cause de
ne pas reconnaitre cette forme du commence étant une sous catégorie
de pratique légitime et justifiée répondant à un besoin réel. La culture du
commerce ambulant et par conséquent le fonctionnement du vendeur sur
la rue est fortement liée à la mobilité et aux flux urbains, aux points de
croisements, aux espaces attrayants et au passage du "flâneur urbain",
ou le vendeur peut user ses techniques pour saisir des opportunités de
transactions modestes.

Figure 82 : vendeur ambulant Marrakech, Maroc


Source: google image

112
III.5.1 Plateforme du commerce de proximité

Expérience pilote à Sidi Bernoussi, Casablanca

" Des espaces de vente dédiés aux marchands ambulants. Tel est le concept
original initié à Casablanca ( Sidi Bernoussi). Il s'agit d'une expérience pilote,
enclenchée depuis quelques semaines déja. A l'origine de cette initiative,
l'association de développment des espaces publics (ADEP), appuyée par
l'INDH et les autorités locales."

Figure 83 : Le marché de proximité pendant sa construction, Sidi elbernoussi


Source: Casa aujourd'hui

« Le concept est simple: les bénéficiaires s'acquittent d'un droit d'entrée de


6.000 DH (dont 5.000 DH en tant que frais d 'adhésion à I 'Adep et l. 000
DH de caution pour le matériel fourni) et d'un loyer mensuel de 1.200 DH.
En contrepartie, ces derniers occupent des chapiteaux standards de 1,5
sur 3 m via un système de rotation qui va garantir une bonne exposition et
l'égalité des chances.

113
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Les vendeurs ont même droit à des T-shirts et des vêtements spécifiques à
leurs métiers. (...)L 'expérience pilote, baptisée «plateformes de commerce
de proximité» (PCP), qui sera généralisée à Casablanca et aux autres villes
du Royaume, a permis jusqu'ici de redéployer 314 vendeurs ambulants. Au
total, près de 814 ont été recensés avant le lancement de I 'opération. Ils
seront déployés sur deux plateformes opérationnelles: I 'une est située sur
"bd AI Mouthana Ibn Harita" et l'autre à côté de "la mosquée Al Firdaous".
D'autres seront aménagées au fur et à mesures sur le territoire de Bernoussi
notamment au niveau des quartiers "Al Azhar", "Tarik, Anassi", "Sidi
Moumen"... A terme, 2.000 vendeurs pourront bénéficier de ce système1.»

Figure 84 : L'extérieur du marché de proximité, Sidi elbernoussi


Source: Casa aujourd'hui

Source : L'économiste Édition 2015


114
Figure 85 : Effet couloir monotone, et fixation des marchands "ambulants" dans le marché de proximité Sidi elbarnoussi
Source: Personnelle

115
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

La « plateforme de commerce de proximité » vient s'insérer sur une


ancienne place publique, qui s'est faite raser, pour laisser place à 4 rangés
de chapiteaux faisant de la place (qui servait en quelque sorte de parvis au
lycée Ibn Chouhaid) un espace à fonction purement commerciale.

Figure 86 : L'intérieur du marché de proximité, Sidi elbernoussi


Source: Casa aujourd'hui

Ce choix de la fonction unique met toute la charge de l'attraction de la


zone sur le commerce. Il doit créer sa propre clientèle et la convaincre
de faire le déplacement pour visiter les chapiteaux (se trouvant entre un
lycée et un front de l'habitat collectif). La disposition de ces derniers ne
permet pas la possibilité du déplacement libre ni une visibilité générale
de l'espace qui facilite l'appropriation de lieu par les clients. L'effet couloir
retours monotones loin de la cohésion sociale qu'on retrouve dans les lieux
du commerce ambulant « naturels » dont la configuration est façonnée par
les habitudes du client et du vendeur.

116
Figure 87 : Rassemblements de tout les outils pour la conception
Source: Personnelle

117
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Conclusion

Nous ne cessons pas de chercher la solution à l'informel qui occupent


illégalement l'espace publique. Nous nous demandons que faire pour
lutter contre tous les dysfonctionnements causés par l'informel et
spécialement le commerce informel...

Notre travail apporte une autre solution au marché spontané et au manque


de dynamique urbaine dans la ville de Tamesna. C’est pour cela que nous
avons observé ces formes à l’œuvre pour déterminer les configurations
sociale des marchands ambulant et spatiales du territoire .

Nous avons choisi de concevoir un espace communautaire au cœur de


la ville, qui pourra recevoir habitants et marchands, des équipement
publiques qui attirent les habitants au marché et un marché durable
où ils pourront continuer d’exercer leurs activités en évitant tous les
dysfonctionnements et en préservant cette agréable atmosphère urbaine
qui anime la ville. L'espace communautaire " Tamesna Downtown Plaza"
comprendra le marché et équipements pour toute la communauté
de façon homogène dans la ville en gardant la même configuration
des marchands et en évitant de reproduire les erreurs des anciennes
expériences d’intégration qui ont abouti à l’échec.

118
C H A P I T R E IV
Vers une dynamique sociale
du commerce informel

Figure 88 : L'articulation spatiale de l'espace avec la réalité sociale


Source: Personnelle
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

IV.1 Penser le projet

Le sujet du commerce ambulant et son rapport à l'espace public s'est avéré


être complexe et à multiples facettes : sociale, économique, culturelle et
spatiale. On ne peut prétendre proposer des solutions à la problématique
sans intégrer ces aspects. Après le travail de recherche et analyse mené
dans ce mémoire, on peut synthétiser les principaux constats de la sorte :

• Le commerce et la mobilité sont deux concepts indissociables, l'étude de


toute forme d'activité commerciale passe par l'étude des flux et les points
de passage favorisés.

• Le commerce de proximité joue un rôle social fort en formant des liens


de confiance avec la clientèle et en créant des habitudes d'achat libérées
du rythme urbain généralement imposé par les grandes surfaces de vente
(hypermarchés et centre commerciaux aux entrées des villes) : Un commerce
à l'échelle humaine.

• Le commerce ambulant est la réponse à un besoin de travail qui ne trouve


que l'informel comme solution, et une réponse à une demande importante
qui ne trouve pas satisfaction dans les formes « classiques » du commerce.

• Le commerce ambulant malgré tous ses dysfonctionnements, il est


catalyseur de la dynamique urbaine et solution économique pour la ville.

• Le plus souvent, le consommateur est plus mobile que le marchand


ambulant. Ce dernier compte sur l'opportunité de la rencontre et donc
se positionne en fonction des déplacements du consommateur potentiels.
Ainsi, l'analyse des flux piéton et automobiles se révèle très importante
dans la compréhension du fonctionnement de cette activité.

• Les politiques d'expulsion et de relocalisation des commerçants ambulants


loin des points de concentration des flux ne présente pas une solution valide
à long terme, car en plus de demander un contrôle régulier de l'espace
120
public par les autorités, elle empire le problème social de marginalisation et
prive un grand nombre de commerçant de leur seul moyen de subsistance.

• Le marché temporaire est une notion qui repose sur la multifonctionnalité


des espaces publies, elle consiste à exploiter ces espaces pour y implanter
des commerçants ambulants selon un système cyclique, garantissant ainsi
des espaces de grande attraction pour le marchand ambulant pendant des
périodes déterminées tout en offrant un espace public et de vie sociale le
reste du temps.

• Le « mall piéton » fait références aux zones piétonnes fermées à la


circulation automobile ou limitant sa vitesse. Elles constituent des espaces
très favorables à l'activité commerciale ambulante pour la grande attractivité
dont ils jouissent, ces pôles piétons attirant des grands nombres de
passants pour la multitude d'activités qui y prennent place et l'ambiance
de sociabilité qui y règne.

• Au Maroc, les anciennes tentatives de sédentarisation des marchands


ambulants n'ont pas eu le succès escompté, ce n'est que récemment qu'on
cherché à intégrer le commerce informel dans la ville via le projet "marché
de proximité"

• Le cas de la ville nouvelle de Tamesna présente un problème au niveau


de la structure de la ville qui son plan d’aménagement ne convient pas
à sa réalité sociale dont le manque des équipements de commerce et
d'attraction, et la concentration de la catégorie sociale qui a fait d'elle une
ville fantôme.

• Tout projet visant à traiter le commerce informel dans la ville de Tamesna


doit repenser l'espace public à l’échelle de la ville entière

121
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

IV.2 Stratégie d'intérvention

Le projet portera sur la réconciliation du commerce ambulant avec


l'espace public à travers trois étapes :

• Choix du site : choisir un site offrant le conditions nécessaires à la


réalisation du projet urbain et l'accessibilité facile aux marchands et
habitants pour créer un pôle dynamique centrale, afin de pouvoir
repenser l'espace public dans la ville pour le préparer à accueillir l'activité
commerciale et les flux piétons en intégrant les équipement de loisirs et
d'attractions afin de créer une centralité urbaine pensée qui manque le
plus dans la ville de Tamesna.

• Le concept : Cette étape se présente sous forme d'actions


d’aménagements d'un ensemble d'espaces ouverts et couverts
commerciaux, et d'autres d'attractions multifonctionnels à l’échelle
humaine et leur insertion dans le contexte de la ville ainsi leur impact sur
l'activité commercial et le paysage architectural.

• La conception et durabilité: Conceptualiser les idées précedentes dans


une architecture, choix de structures, formes matériaux...Le dernier outil
de conception est la contribution durable qui provoquera des nouvelles
prises de conscience et de nouvelles perseptions en génerant des
nouvelles solutions et un nouveau modele de comportement.

Nous adoptons tout au long de ce travail une démarche volontariste


pour pouvoir créer le changement dont la ville a besoin sur différents
niveaux tout en respectant son contexte socioculturel et les besoins de
son habitant. Une solution spatiale à un problème social.

122
IV.2.1 Choix du site :

L'absence d'animation urbaine dans la ville, d'équipements, de mobilier


urbain, nous pousse à choisir un site qui soit centrale accessible aux
marchands et aux clients pour abriter le marché ambulant et les équipements
d'attraction.

Figure 89 : PAU Tamesna echelle 1/60000

Le site se situe au noyau de la ville, une zone d'activités qui n'est pas
encore construite, sa surface est de 1 hectare, ouvert sur trois boulevard,
offrant l'accessibilité facile aux marchands et habitants .

123
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

A part sa centralité formelle, le nouveau site du marché est au centre des


activités de la ville qui vont être construites au future, en outre, les flux
véhiculaires et piétonnes vont être plus concentrés.

124
IV.2.2 Le concept :
La stratégie de conception est développée sur la base de l'analyse du
contexte des marchands ambulants et ville de tamesna et aussi sur l’étude
des différentes approches suivies dans le monde pour intégrer l'informel
dans le territoire. Le projet "Downtown Tamesna Plaza" combine les outils
sociales, architecturales et urbains suivantes :

Le projet vise l'intégration des marchands


ambulants dans le territoire en leurs offrant un
espace pour pratiquer leurs commerce en liberté
et sécurité, il offre un abri qui répond aux besoins
de ces marchands d'infrastructure , d'eau potable
et d'électricité, contrôle de chaleur et un système
de traitement des ordures et des déchets pour le
marché

L'espace publique communautaire pour une vie


meilleur dans la ville, des espaces multifonctionnels
qui favorisent la cohésion sociale et créer une
identité au sein de la ville, où les habitants de
différents ages se rassemblent et participent à
différentes activités.

Des installations pour la communauté afin de


s'exprimer à travers l'art et la performance, en
engagent les habitants et leurs permettre de
bénéficier culturellement.

125
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Pour mettre en valeur le marché et créer la


dynamique sociale voulue dans la ville de
Tamesna, nous avons choisi d’intégrer le marché
avec les autres activités d'attraction: Le marché
attire les clients au parc et le parc attire les visiteurs
au marché.

Les plantes et la topographie du parc sont


conçues pour immerger les visiteurs dans ses
limites, un nouveau poumon pour la ville, qui
crée un climat d'abri et de rassemblement.

Le projet contient des circuits de santé, salle de


sport en plein air et d'autres installations sportives
pour la communauté

Pour accentuer le rassemblement communautaire,


et intégrer les habitants de touts âges le projet
offre aussi des espaces de jeu pour enfants.

126
En offrant le cadre d'une interaction continue des personnes à travers le
commerce et les événements et sociaux, la place du marché peut contribuer
au futur développement durable économique, social, environnemental et
culturel de la Tamesna et la région.

AXE PROMENADE

Figure 91 : Le Concept

Nous avons créer un axe qui traverse tout le projet, la ligne directrice du
parcours de santé divise les différentes activités du programme. Ensuite,
mettre en valeur le marché, en le positionnant à l'entrée du projet, afin de
créer une relation visuelle avec les piétons visiteurs du parc urbain.

La promenade dans le projet offre une expérience audiovisuelle aux


visiteurs du parc, à travers la relation entre les deux fonctions du projet .
Ces éléments fournissent un langage riche, et offrent une large éventail de
possibilité aux visiteurs.

127
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Choix formels

128
Terrains de jeu

Jeux d'enfants

Espace de performance

Espace de restauration

Espace vert/ détente

Parking ambulant

Marché des habilles

Marché de viandes

Marché fruits/légumes

Parc vert

Plan échelle 1/500

129
Choix fonctionnels
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

130
Figure 95 : Prototype marchand des fleurs

Figure 96 : Prototype marchand fruits et légumes

131
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Figure 97 : Prototype marchand d'habille

Le marché est réparti en trois entités, divisé à travers le genre de


marchandises retrouvées sur le marché spontané de la ville, et pour la
signalisation, la structure de chaque marché est représentée par une
couleur différente. La structure créent une icône efficace et pragmatique
pour le marché qui sert comme catalyseur pour l'amélioration de
l'image de la ville de Tamesna. La conception devra servir d'exemple
sur la manière d'améliorer les aspects pratiques du marché tout en
laissant intactes les structures socio-économiques existantes.

Vue 3D du marché le soir

132
La structure collecte et réutilise l'eau de pluie pour chasser les
toilettes, nettoyer le sol du marché et appliquer un refroidissement
par évaporation en utilisant la chaleur du soleil et du vent pour
rafraîchir l'air sous le toit. En outre en œuvre elle contient un système
de traitement des ordures et des déchets pour le marché.

133
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

La durabilité comme un outil de conception, elle devrait être un voyage


sociétal. Ce voyage a doit provoqué par l'acquisition de nouvelles
prises de conscience et de nouvelles perceptions, la génération de
nouvelles solutions, l'activation de nouveaux modèles de comportement
et, en conséquence, un changement culturel. Ce processus doit être
considéré comme un développement positif où les populations locales
sont responsables de l'augmentation du capital économique, social et
environnemental.

Par conséquent, dans notre plan de conception, notre contribution


durable est double. Premièrement, en utilisant une technologie
low-tech pour collecter et réutiliser l'eau de pluie pour l'au potable,
chasser les toilettes, nettoyer le sol du marché et utiliser la chaleur du
soleil et du vent pour le refroidissement par évaporation afin de refroidir
l'air en dessous toit.
Deuxièmement, pour garantir le programme collectif du développement
durable, l’impact négatif sur l’environnement doit être éliminé. En
introduisant des systèmes d'élimination des ordures et des déchets
sur le marché et en utilisant des matériaux nécessitant peu d'entretien,
l'habitabilité et la durabilité seront améliorées.

Vue 3D générale du projet

134
CONCLUSION GÉNÉRALE

135
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

Si ce métier qui nécessite de regarder au fond de nous et des choses


nous le faisons pas avec amour, avec passion et dénouement, alors nous
risquons de tomber dans l’académisme.

L'étude du phénomène de l'informel interfère avec l'analyse des


questions socio-économiques, démographiques et l'inadéquation qui
caractérise le secteur d'emploi, et les marchands ambulants sont que
des gens humbles qui n'ont jamais pensé qu'il y'eut d'autres voies que le
travail le plus rude pour acquérir l'argent nécessaire à la vie, portant avec
eux des marques de leurs origines rurales, d'une pauvreté dominante et
d'un analphabétisme élevé dans un environnement sociale défavorable
qui a fait de ces gens des petits entrepreneurs de la pauvreté.

La ville de Tamesna comme d'autres villes du tiers monde qui manquent de


dynamique urbaine et sociale, un terrain pour ce collectif d'entrepreneurs
de la pauvreté, qui occupent l'espace publique et projette une dynamique
urbaine qui manque le plus dans la ville gratuitement.

Notre intervention est une articulation spatiale de l'espace avec la


réalité sociale dans une approche intégrateur pour un avenir meilleur
pour l'homme dans son territoire.

136
Bibliographie :
Ouvrages :
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Bilguissou Abba, les pratiques marketing dans le secteur informel, Une


appréhension par les détaillantes du secteur informel camerounais Paru le
28 novembre 2016

Prof. Dontsi, Caractéristiques et imposition du secteur de l'informel, 16


octobre 2017

Nathalie Lamaute-Brisson, L'economie iinformelle en Haiti, juin 2002

Abderrahmane Ben Zakour, Le secteur informel, une menace ou une


opportunité? 2017

Yvonne Preiswerk, Fabrizio Sabelli, Pratiques de la dissidence économique,


27 octobre 2016

Bruno Magniez, La place du secteur informel dans l’économie brésilienne,


15 juin 2012

Caroline Stamm, Le commerce informel: évolution des approches dans le


temps et dans l'espace, Janvier 2016

Jérôme Monnet, Le commerce de rue, ambulant ou informel et ses rapports


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Jean-Pierre Cling, Stéphane Lagrée, Mireille Razafindrakoto, François


Roubaud, L’économie informelle dans les pays en développement 20 Dec
2017

137
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA

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commerce informel à Kinshasa Février 2014

Stephen Ellis sem-linkJanet MacGaffey, Le commerce international


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Rabat : un urbanisme de projet », Revue Urbanisme, p. 52-56.

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Dakar2004

Ines bigourdan, persistance de l'informel dans les rues d'une ville


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140
Table de matière
PARTIE I: Tamesna où le commerce informel se territorialise
CHAPITRE I: Tamesna, l’écart conçu/ vécu
I.1: Tamesna, projet d'une ville
I.1.1 genese d'une ville
I.1.2 situation de la ville
I.1.3 une ville pour acceuiir les démunis
I.1.4 une ville qui se veut multifonctionnel
I.1.5 equipements de la ville

I.2: Tamesna, le vécu d'un' ville "fantôme"


CHAPITRE II: Tamesna formelle, Tamesna informelle :
Interdépendance objective et rupture symbolique
II.1: L'informalité une notion construite
2.1.1 Clivage formel informel
2.1.2.typologie du commerce informel
2.1.3 comment il se territorialise

II.2: Le commerce informel à Tamesna


2.2.1 Identification du marché spontané
2.2.2 Le marché informel dysfonctionnement
2.2.3 le marché informel une dynamique urbaine

PARTIE II: Reformer l'informel


CHAPITRE III: Droit de l'informel au territoire
III.1: Les territoires de l'informel
3.1.1 l'espace publique communautaire
3.1.2 le pouvoir de la performance

III.2: Le commerce informel à travers le monde


3.2.1 La folklorisaion contrôlée
3.2.2 Réactions des autorités
3.2.3 Structuration des marchands
III.3. Relocalisation du commerce informel
3.3.1.etude comparative
3.3.2 résultats et interprétations
3.3.3 Etat actuel
III.4. Le marché temporaire
3.4.1. Marché du dimanche saint antoni
3.4.2 Centre ouvert d'activité citoyenne
3.4.3 Le mall piéton

III.5. Recaser les marchands ambulants


3.5.1 Plateforme du commerce de proximité

Conclusion
CHAPITRE IV: Vers une dynamique sociale à Tamesna
IV.1 Penser le projet
IV.2. Stratégies d’interventions
4.2.1 choix du site
4.2.2 le concept
4.2.3 conception et durabilité

Conclusion générale
Bibliographie
141
LE COMMERCE INFORMEL : VERS UNE DYNAMIQUE SOCIALE À TAMESNA
9.10

11

12

13.14
15-16
17.18
19.22
23.26

28
29 34
35-38
39-44

45.46
47.50
51.52
54

55.56

57.58
59.60
62.64
66.68

70.71
72.73
74.75
76.78
79.80
81.84
85.86
87.88
90.93
93.96
99.100
103.108

110
113.116

117.118

119.120

121

122
123
125.128
129.132

135.138

132-133 142

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