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Analyse stylistique des Sermons de


Fatima al-Zahrâ' (p)

Compilé,traduit, annoté et édité par :


Abbas Ahmad al-Bostani

Publication de la Cité du Savoir

Première édition Mars 2013


(Version électronique)

Éditeur
Abbas Ahmad al-Bostani
(La Cité du Savoir)
C.P. 712 Succ. (B)
Montréal, Qc., H3B 3k3
Canada

E-mail :
abbas@bostani.com
bostani3@hotmil.com
bostani3@yahoo.com

Site internet :
http://www.bostani.com

Isbn : 978-2-922223-49-1
© Copyrights : Tous droits réservés
6
*******************
Table des Matières

Notes explicatives de l'éditeur : Le miracle littéraire du


Noble Coran et l'infaillibilité littéraire du Sermon de
Fatimah al-Zahrâ' (p) .................................................... 6
L'analyse stylistique du 1er sermon de Fâtimah al-
Zahrâ (p)....................................................................... 38
Sermon 2 : Le Texte du sermon ........................................ 122
L'analyse du sermon 2 ............................................... 132
Le Texte du: Sermon 1 ............................................... 162

********* ********
Notes explicatives de l'éditeur
Le miracle littéraire du Noble Coran et
l'infaillibilité littéraire du Sermon de Fatimah
al-Zahrâ' (p)

Bismihi Ta'âlâ ‘
Allah le Sublime a doté chaque prophète d'un
miracle pour qu'il prouve la véracité de sa mission
divine et que les gens prennent conscience de
l'existence de Dieu, de Sa Toute-Puissance et de
Ses autres attributs. Et il n'est pas fortuit que le
miracle du dernier Prophète, le sceau de la
Prophétie - le Message divin final - soit de nature
littéraire, en l'occurrence, le noble Coran. Mais
7
quelle est l'importance ou la particularité de cette
nature littéraire du dernier Livre divin ?
La fonction de la littérature ou de l'art littéraire est
de rendre visible ce qui ne sauterait pas aux yeux
normalement, perceptible ce qui pourrait passer
inaperçu, de nous faire prendre conscience de ce
dont sommes souvent inconscients, de frapper
notre imagination, de nous pousser à la réflexion
et à la méditation. Et comme disait Paul Valéry, la
littérature ou l'art littéraire est "le développement
de certaines propriétés du langage" afin que celui-
ci soit plus pénétrant et touche le tréfonds du
lecteur. Or, on sait qu'en pédagogie, dans tout
apprentissage la charge affective est un facteur très
important dans la perception et la fixation de la
matière enseignée ou du message à communiquer.
Et vu que la littérature se définit comme étant
l'usage esthétique du langage, l'esthétique joue un
rôle essentiel dans l'engendrement de cette charge
affective.
L'homme n'est pas une entité purement pensante
ou intellectuelle; il a des dimensions spirituelles,
métaphysique, sensorielle etc. Il a une âme et un
cœur qui ne participent pas de l'intellect et qui ont
leur propre univers, leurs propres activités, leurs
propres vérités et leurs propres "sens" immatériels.
Le Message final divin pour l'humanité doit donc
toucher toutes les dimensions de l'homme pour
qu'il puisse en saisir et percevoir toute la portée.
De là le choix du sommet de l'art littéraire qui
caractérise le dernier Livre divin.
8
Le sermon de Fatima al-Zahra (p) est un chef-
d'œuvre littéraire porteur d'un message universel
aussi bien pour les Musulmans de son époque que
pour la umma tout au long de son futur. De même
qu'il est inconcevable de parler du mérite du noble
Coran sans évoquer son aspect littéraire, de même
il est difficile de saisir la valeur du sermon de la
fille du Prophète (P) sans jeter un regard scrutateur
sur le rôle primordial de l'art littéraire qui le sous-
tend.
Malheureusement, si d'innombrable auteurs et
savants ont expliqué et commenté le contenu
sémantique et conceptuel de ce sermon, rares sont
ceux qui en ont abordé l'aspect littéraire, car pour
pouvoir procéder à l'analyse et à l'étude de cet
aspect il faut avoir une formation poussée dans ce
domaine.
L'auteur du présent essai possède pleinement cette
qualification en plus de sa haute compétence dans
les différentes sciences islamiques, ce qui lui a
permis de nous révéler des significations et des
subtilités aussi bien rhétoriques et esthétiques que
conceptuelles et sémantiques qu'on ne trouve pas
ailleurs.
Par exemple, après avoir expliqué d'abord que le
sermon débute par un exorde ou une formule de
commencement ou d'ouverture de tout discours,
sermon, lettre etc, que l'Islam avait introduite et
qui consiste en la présentation des louanges à
Allah d'une part, et la prononciation des Deux
9
1
Attestations de foi islamique , de l'autre, l'auteur
s'applique à nous montrer quelques aspects de l'art
avec lequel la noble Fatimah (p) a disposé les
douze premières phrases ou unités linguistiques de
la première partie de l'exorde de son discours, le
pourquoi de cette disposition et son rapport avec le
message qu'elle voulait transmettre. Il nous fait
remarquer que ces douze unités linguistiques sont
reparties en quatre groupes (de trois phrases
homogènes), différents aussi bien par la forme que
par le contenu.
A)
Dans le premier groupe de trois phrases la noble
Fatima (p), présente de trois manières les louanges
à Allah pour Ses bienfaits :

1-(Louanges à Allah pour les bienfaits qu'Il nous a


prodigués)2
Alhamdu lillâhi ‘alâ mâ an‘ama
2- (Remerciements à Lui pour ce qu'Il nous a
inspiré)3
Wa lahu-ch-chukru ‘alâ mâ alhama
3- (doubles louanges à Lui pour ce qu'Il nous a offert avant
même de l'avoir mérité)4
Wa-th-thanâ’u bi-mâ qaddama

1
"Ach-hadu anlâ ilâha illâllâh wa ach-hadu anna Muhammadan
‘abduhu war asûluhu" (J'atteste qu'il n'y a d'autre divinité qu'Allah et
j'atteste que Muhammad est son serviteur et Messager).
‫ اﻟْﺤَﻤْﺪُ ﷲِ ﻋَﻠﻰ ﻣﺎأﻧْﻌَ َﻢ‬2
َ‫ وَﻟَﮫُ اﻟﺸﱡﻜْﺮُ ﻋﻠﻰ ﻣﺎ أَﻟْﮭَﻢ‬3
،َ‫ وَاﻟﺜﱠﻨﺎءُ ﺑِﻤﺎ ﻗَﺪﱠم‬4
10
B)
Dans le second groupe, elle décrit de trois
manières les bienfaits d'Allah :
1-De tous les bienfaits dont Il a commencé à nous
faire grâce sans contrepartie de notre part5
Min ‘umûmi ni‘amin ibtadâhâ
2-Pour la plénitude des bienfaits redoublés qu'il
nous accordée6
Wa subûghi âlâ’in asdâhâ
3-Et pour l'intégralité des grâces qu'il n'a
cessé de nous offrir7
Wa tamâmi minanin wâlâhâ
C)
Dans le troisième groupe elle souligne l'immensité
de ces bienfaits :
1- (bienfaits) dont le nombre infini ne saurait être
décompté8
jamma ‘an-il-ihçâ’i ‘adadahâ
2- et dont l'infinité échappe à toute possibilité de
compensation9
Wa na’â ‘an al-jazâ’i amadahâ
3- Et dont l'éternité dépasse la perception (ou
l'entendement)10

،‫ ﻣِﻦْ ﻋُﻤﻮمِ ﻧِﻌَﻢٍ اﺑْﺘَﺪَأھﺎ‬5


،‫ وَﺳُﺒُﻮغ آﻻءٍ أﺳْﺪاھﺎ‬6
،‫ وَﺗَﻤﺎمِ ﻣِﻨَﻦٍ واﻻھﺎ‬7
،‫ ﺟَﻢﱠ ﻋَﻦِ اﻹﺣْﺼﺎءِ ﻋﺪَدُھﺎ‬8
‫ وَﻧﺄى ﻋَﻦِ اﻟْﺠَﺰاءِ أَﻣَﺪُھﺎ‬9
11
Wa tafâwata ‘an al-idrâki abadahâ

D)
Dans le quatrième groupe, elle nous dit de trois
manières qu'Allah demande à Ses serviteurs de Le
remercier et de faire dire Ses louanges pour qu'Il
continue et augmente Ses bienfaits :
1- Et Allah les (Ses serviteurs) a incité à L'en
remercier pour qu'Il continue à les (Ses grâces)
leur prodiguer infiniment11
Wa nadabahum li-stizâdatihâ bi-ch-chukri li-t-tiçâlihâ
2- Et Il a demandé aux créatures de Le louer pour
qu'Il les augmente12
Wa-s-tahmada ilâ-l-khalâ’iqi bi-ijzâ’ihâ
3-Et Il les a poussés à obtenir autant de grâces
dans l'au-delà13.14
Wa thanâ bi-n-nudbi ilâ amthâlihâ
Concernant la forme, comme on peut le voir, la
symétrie et l'harmonie constituent un trait
marquant dans les quatre groupes et les douze
phrases qui les composent. Chaque groupe se
distingue par des finales identiques (rimées) :
A : 1- an‘ama, 2- alhama, 3- qaddama

،‫ وَﺗَﻔﺎوَتَ ﻋَﻦِ اﻹِْدْراكِ أَﺑَﺪُھﺎ‬10


،‫وَﻧَﺪَﺑَﮫُﻢْ ﻻِﺳْﺘِﺰادَﺗِﮫﺎ ﺑﺎﻟﺸﱡﻜْﺮِ ﻻِﺗﱢﺼﺎﻟِﮫﺎ‬11
12
،‫وَاﺳْﺘَﺤْﻤَﺪَإﻟَﻰ اﻟْﺨَﻼﻳِﻖِ ﺑِﺈﺟْﺰاﻟِﮫﺎ‬
13
Ou selon une autre interprétation : Il leur a demandé d'obtenir encore
de meilleures grâces.
‫ وَﺛَﻨﻰ ﺑِﺎﻟﻨُﺪْبِ اِﻟﻰ أﻣْﺜﺎﻟِﮫﺎ‬14
12
Alors que la rime de chaque groupe diffère de
celles des autres :
A : ama, B: âhâ, C- adahâ, D: ihâ
Ainsi, de même que le thème (contenu) change
d'un groupe à l'autre, comme nous l'avons indiqué
plus haut, de même la rime et les rythmes (forme)
changent d'un groupe à l'autre, comme on vient de
le voir.
L'auteur qui s'était déjà penché d'une manière
exhaustive sur les différents aspects ou branches
de l'art littéraire aussi bien dans le noble Coran
que dans les différents textes (sermons, lettres,
du'â', hadiths etc) des Quatorze infaillibles15,
souligne que dans ces Textes scripturaires il n'y a
jamais de synonymes ni répétitions dans une
même situation partielle, et nous montre qu'il en
va de même dans cette partie de l'exorde dont nous
traitons ici. En effet, on peut remarquer que dans
ces douze phrases qui abordent pourtant un thème
bref (les louanges à Allah) aucun mot (substantif,
verbe, adjectif) ne se répète, y compris le mot
Allah qui constitue cependant le centre de ce
thème, et dont la répétition est évitée
artistiquement par le recours subtil aux pronoms
possessifs, pronoms personnels compléments
d'objets et indirects etc16.

15
Les Quatorze Infaillibles sont : Le Prophète (P), sa fille, Fâtimah al-
Zahrâ' et les Douze Imams d'Ahl-ul-Bayt (p).
16
Voici la liste des mots lexicaux (noms, verbes, adjectifs) qui
composent les douze phrases de la première partie de l'exorde, dont
aucun ne se répète :
13
Quant à l'absence de synonymes, s'il est difficile
pour un lecteur moyen de la remarquer dans le
texte arabe du sermon, il est quasi inconcevable
dans le texte français. Car en effet, si par exemple,
on recherche la traduction des mots "hamd",
"chukr", " thanâ' " (A 1,2,3) qui commencent
respectivement les trois premières phrases de
l'exorde dans les dictionnaires ou dans les
différents textes où ils figureraient, on constate
que souvent, ils sont traduits les uns et les autres
indifféremment par "louange", "remerciement",
"éloge" etc, c'est-à-dire qu'ils sont conçus comme
des synonymes. Alors que l'auteur nous fait
apparaître les nuances subtiles et très significatives
qui les distinguent et dont l'importance et l'utilité
se révèlent dans la partie qui suit de l'exorde et du
sermon. Il nous fait découvrir par exemple que le
mot " thanâ' " (A 3) qu'on traduit généralement
par "louange, éloge etc" tout comme "hamd", a la
même racine que le mot "ithnayn" (deux), et
signifie "double louange" ou "louange redoublée",
qui concorde et s'harmonise avec le mot " âlâ' "
qui apparaîtra dans le deuxième groupe (B 3) et
qui signifie "doubles bienfaits", marquant une

(Alhamdu), (li-llâhi), (an‘ama), (chukru), (alhama),


(thanâ’u), (qaddama), (‘umûmi), (ni‘amin), (ibtadâhâ),
(subûghi), (âlâ), (asdâhâ), (tamâmi), (minanin) (awlâhâ),
(jamma), (ihçâ’i), (‘adadahâ), (na’â), (jazâ’i), (amadahâ),
(tafâwata), (idrâki), (abadahâ), (nadabahum), (istizâdatihâ),
(chukri), (ittiçâlihâ), (istahmada), (khalâ’iqi), (ijzâlihâ),
(thanâ), (nudbi), (amthâlihâ)
14
nuance significative, là aussi, avec le mot "ni'am"
(B 1) qui signifie "bienfaits" tout court17.

17
L'auteur nous montre un exemple plus significatif de l'absence de
synonymes dans le passage suivant du sermon, où sont dépeints
certains aspects de la personnalité du Prophète (P), et relatés sa
sélection comme Messager par Allah le Sublime auprès de l'humanité:
Il l'a choisi et élu avant de le missionner
ikhtârahu wa-ntajabahu qabla an arsalahu
‫اﺧْﺘﺎرَهُ وَاﻧْﺘَﺠَﺒَﮫُ ﻗَﺒْﻞَ أَنْ أَرْﺳَﻠَ ُﮫ‬
et Il l'a sélectionné avant de l'avoir envoyé
wa-çtafâhu qabla an ibta‘athahu ،ُ‫وَاﺻْﻄِﻔﺎهُ ﻗَﺒْﻞَ أنِ اﺑْﺘَﻌَﺜَﮫ‬
Et Il l' nommé avant de l'avoir créé
wa sammâhu qabla an ijtabâhu ،ُ‫وَﺳَﻤّﺎهُ ﻗَﺒْﻞَ أنِ اﺟْﺘَﺒَﻠَﮫ‬
Dans ce passage le sermon a utilisé des mots précis qui
s’articulent autour du sens de la sélection (ou pour exprimer la
sélection), mais qui diffèrent les uns des autres, ce qui décèle
l’infaillibilité linguistique de de Fatima (p). Ces mots
(ikhtârahu, intajabahu, ijtabâhu, içtafâhu) qui paraissent
avoir des significations semblables ou même des synonymes
pour un lecteur ordinaire, ont chacun un sens différent des
autres. Ainsi l’«ikhtiyâr » infinitif de « ikhtârahu » dérive de ce
qui est «khayr / bien», « içtifâ’ » renvoie à ce qui est limpide ou
pur, «ijtibâ’ » c’est façonner une chose à la nature innée de
l’homme, et «intijâb » vient de «najîb » c’est-à-dire ce qui est
précieux dans une chose, ou ce qui a une grande valeur et ainsi
de suite. Par ces nuances, l'auteur du sermon vise à montrer
que le Prophète (P) incarne la pureté sur tous ses plans, sous
tous ses aspects, à tous ses niveaux et dans toutes ses sortes,
et que ces traits divers dans sa personnalité et son envoi vers
l’humanité, armé de telles nobles qualités indiquent qu’Allah a
observé en lui les vertus à tous les niveaux, puis l’a missionné
auprès de l’humanité. Il ne fait pas de doute que cette sélection
fondée sur ces nobles caractéristiques a trait aux positions et
événements qui se dessinent, en plus du fait que le Message lui-
même requiert ladite sélection pour servir de bon modèle aux
autres.
15
Cette symétrie entre (A1, A2) et (B1, B2) dans la
structure architecturale de l'exorde qu'on
retrouvera souvent ne dénote pas seulement la
beauté et l'esthétique du style, mais joue, comme
on aura l'occasion de le constater, un rôle dans la
transmission du message dont l'exorde est porteur.
On peut résumer le contenu de cette partie de
l'exorde comme suit :
"Nous faisons les louanges d'Allah pour Ses
différents bienfaits, bienfaits qu'Il nous accorde de
différentes façons, et qu'il nous est impossible de
compenser ou d'en connaître les limites, et Il nous
demande de L'en remercier pour qu'Il les
augmente".
En exprimant ces notions sous forme de douze
énoncés repartis en quatre groupes, la noble
Fatima visait vraisemblablement à marquer une
progression dans la présentation de son message,
afin que ces notions injectées à petites doses
montantes pénètrent mieux et se fixent bien dans
la conscience de ses interlocuteurs. C'est comme
si quelqu'un exprime sa reconnaissance envers son
bienfaiteur de la façon suivante :
-Je le remercie des services qu'il m'a rendus
-Je le remercie du fond du cœur des grands
services qu'il m'a rendus
-Je ne sais pas comment le remercier d'avoir
augmenté les services rendus
-Je ne trouverais jamais assez de mots pour le
remercier d'avoir continué à augmenter les
services rendus
16
Cette façon progressive de présenter les choses
nous fait mieux prendre conscience et de la
profondeur de la reconnaissance de l'obligé envers
son bienfaiteur, et de la grandeur des services
rendus par ce dernier.
En fait, la progression est un autre trait marquant
du sermon. On la retrouve tout au long de celui-ci.
Car toutes les parties du discours et tous les
thèmes qui y sont abordés servent de prémisses à
la conclusion que Fatima al-Zahra vise à tirer et au
message final qu'elle entend délivrer. Et comme
nous le fait remarquer l'auteur de cet essai, le
sermon ressemble à une structure architecturale
montante, dont les parties sont organiquement
liées et convergent en montant vers le thème
principal.
Fatimah al-Zahra a exploité même ce préambule
afin de rappeler à ses auditeurs –le pouvoir califal
et leurs soutiens, composés d'Emigrants18 et de
Partisans19 - l'immensité des bienfaits qu'Allah leur
avait prodigués, pour mieux leur reprocher vers la
fin de son discours leur manque de reconnaissance
envers leur Bienfaiteur, en ne respectant pas la
volonté et le testament de Son Prophète (P)
Notons que le sermon de Fatima plane autour de
deux sujets principaux, ou plus exactement un
thème principal et un secondaire : l'usurpation de

18
Émigrants, Muhâjirîne
19
Partisans : Ançâr
17
20
la propriété de Fadak, cadeau et legs du Prophète
(P) laissée en héritage à sa fille chérie, Fatima (p),
et l'usurpation du droit exclusif des Ahl-ul-Bayt
(p), à commencer par l'Imam Ali (p) au califat ou à
la succession du Prophète (P). Le sermon s'adresse
donc à ceux – le pouvoir califal et ses tenants- qui
ont usurpé ces deux droits et ont privé ainsi
Fatimah (p) et l'imam Ali (p) d'en jouir
conformément à la Volonté d'Allah, exprimée par
son Prophète (P).
Alors que pour un lecteur non averti, le sujet
central du sermon est l'usurpation de Fadak, et
celui de l'usurpation du califat est accessoire,
l'auteur du présent essaie nous apprend que c'est le
contraire qui est vrai, à savoir que le souci
principal et la préoccupation centrale de la fille du
Prophète (P) est la privation de l'Imam Ali (P) de
son droit inaliénable à succéder immédiatement au
Messager d'Allah (P) après sa disparition. Il nous
explique, en effet, que si pour le pouvoir califal,
priver les successeurs légitimes du Prophète (P),
de la propriété de Fadak, c'est priver un adversaire
et un concurrent en puissance, d'une source
financière et économique importante, donc d'une
arme redoutable et redoutée, pour Fatima al-Zahra
(p) et les Ahl-ul-Bayt(P), investis de la mission
divine de poursuivre l'œuvre du Prophète (P) et de
20
Fâtimah al-Zahrâ' (p) avait affirmé que Fadak était un cadeau que le
Prophète (P) lui avait fait de son vivant, mais Abû Bakr ayant refusé le
témoignage de l'Imam Ali et d'autres Compagnons avec lui à cet égard,
la fille du Messager d'Allah (P), s'est abstenue dans ce sermon de
soulever cet aspect de Fadak, se contentant de le réclamer en tant
qu'héritage, ce droit étant une des évidences de la Religion.
18
préserver l'intégrité du Message de l'Islam, les
biens matériels et tous les attraits de ce monde ne
valent pas un sou, ou comme le disait l'Imam Ali
(p), valent moins que "le pet ou l'éternuement de
chèvre" (ou en français : "pet de lapin"21 22. Et
comme beaucoup de textes scripturaires le
soulignent, les Ahl-ul-Bayt (p) n'ont pas été créés
pour ce bas-monde, mais c'est ce bas-monde qui a
été créé pour eux et à cause d'eux.
La sainte Fatimah met donc en avant, l'usurpation
de Fadak, sujet personnel, concret et affectif pour
tout le monde, et facile à en démontrer l'injustice,
par le recours massif au témoignage du noble
Coran, et ce afin de l'utiliser comme tremplin vers
sa préoccupation principale qui touche de très près
le présent et l'avenir du Message de l'Islam, à
savoir l'usurpation du califat ou la tentative de
supprimer l'Imamat, prolongement naturel de la
Prophétie. Là encore, le passage de l'usurpation de
Fadak à l'usurpation du califat s'inscrit dans l'art
du recours à la progression dans la présentation du
message de la noble Fatimah.
Il incarne la pureté sur tous ses plans, sous tous ses
aspects, à tous ses niveaux et dans toutes ses
sortes.

21
Ça ne vaut pas un pet de lapin : cela n'a aucune valeur.
22
Le sermon connu sous le nom de "Chaq-chaqiyyah" :
ِ‫أَﻣَﺎ وَ اﻟﱠﺬِي ﻓَﻠَﻖَ اﻟْﺤَﺒﱠﺔَ وَ ﺑَﺮَأَ اﻟﻨﱠﺴَﻤَﺔَ ﻟَﻮْ ﻟَﺎ ﺣُﻀُﻮرُ اﻟْﺤَﺎﺿِﺮِ وَ ﻗِﯿَﺎمُ اﻟْﺤُﺠﱠﺔ‬
‫ﺑِﻮُﺟُﻮدِ اﻟﻨﱠﺎﺻِﺮِ وَ ﻣَﺎ أَﺧَﺬَ اﻟﻠﱠﻪُ ﻋَﻠَﻰ اﻟْﻌُﻠَﻤَﺎءِ أَﻟﱠﺎ ﻳُﻘَﺎرﱡوا ﻋَﻠَﻰ ﻛِﻈﱠﺔِ ﻇَﺎﻟِﻢٍ وَ ﻟَﺎ‬
َ‫ﺳَﻐَﺐِ ﻣَﻈْﻠُﻮمٍ ﻟَﺄَﻟْﻘَﯿْﺖُ ﺣَﺒْﻠَﮫَﺎ ﻋَﻠَﻰ ﻏَﺎرِﺑِﮫَﺎ وَ ﻟَﺴَﻘَﯿْﺖُ آﺧِﺮَھَﺎ ﺑِﻜَﺄْسِ أَوﱠﻟِﮫَﺎ و‬
...ٍ‫ﻟَﺄَﻟْﻔَﯿْﺘُﻢْ دُﻧْﯿَﺎﻛُﻢْ ھَﺬِهِ أَزْھَﺪَ ﻋِﻨْﺪِي ﻣِﻦْ ﻋَﻔْﻄَﺔِ ﻋَﻨْﺰ‬
19
Un autre trait saillant du sermon de la fille chérie
du Prophète (P) est la présence massive du noble
Coran et l'art d'intégrer les concepts, les mots, les
expressions, les termes et les citations coraniques
dans son discours. A tel point qu'il serait mal
comprendre ou saisir ce sermon que de ne pas
remarquer cette présence imposante pour un esprit
éveillé ou un oeil scrutateur. On pourrait même
parler de l'art d'utilisation du Coran par Fatimah
al-Zahra dans son sermon. Cette utilisation prend
plusieurs formes. Tout d'abord on peut dire qu'un
mot coranique ou dérivé d'un terme coranique n'est
presque jamais absent dans ses phrases. Et ce à tel
point que les interprètes et commentateurs du
sermon de Fatimah se réfèrent souvent au Coran
pour trouver la signification possible ou exacte
d'un tel ou tel autre mot équivoque, d'un tel ou tel
autre énoncé polysémique23.
Des exemples comme celui ci-dessous où elle
interpose l'extrait d'un verset coranique, comme
proposition subordonnée, entre deux fragments de
son discours, sont fréquents :
(vous étiez) serviles et bannis, “craignant de vous faire
enlever par des gens »24 autour de vous.

23
A titre d'exemple, j'ai pris un passage de quatre lignes (30 mots) du
sermon, expliqué par le savant al-Ançârî al-Tabrîzî, un des principaux
interprètes de ce sermon, et j'ai noté que ce dernier s'est référé 40 fois
au Coran pour expliquer les significations, les mots et les concepts que
renferme ce passage. Cela nous donne une idée de la densité de la
présence du Coran dans ce sermon.
24
Segment du verset coranique (sourate al-Anfâl / Le Butin) : « 26. Et
rappelez-vous quand vous étiez peu nombreux, opprimés sur terre,
craignant de vous faire enlever par des gens. Il vous donna asile,
20
Elle excelle ensuite dans l'art d'intégrer
parfaitement un verset coranique ou un fragment
de verset dans son discours ou entre ses phrases
sans transition et sans liaison de sorte qu'on ne
remarque pas qu'il s'agisse d'un élément extérieur
ou d'une citation. En voilà quelques illustrations :
Dans les deux ou trois lignes suivantes, la parole
de Fatimah emprunte des fragments de deux
versets coraniques différents sans qu'on ne
s'aperçoive de rien :
" Chaque annonce arrive en son temps et en son
lieu, et bientôt vous saurez."25 "sur qui s'abattra un
châtiment qui l'avilira; et sur qui se justifiera un
châtiment durable." 26
Et dans le passage suivant, Fatimah al-Zahra (p)
extrait le fragment d'un verset coranique qui traite
d'un sujet différent de celui qu'elle aborde ici,
fragment qui par contre s'intègre parfaitement dans
son texte et y fait corps.
"Vous avez accouru (vers le califat) en
prétendant que c’était par crainte de la
sédition. "Or, c'est bien dans la sédition qu'ils

vous renforça se Son secours et vous attribua de bonnes choses afin


que vous soyez reconnaissants ».
25
ٍSourate al-Ana‘âm / Les Bestiaux : 6 / 67.
"َ‫"وَﻟِﻜُﻞﱢ ﻧَﺒَﺄٍ ﻣُﺴْﺘَﻘَﺮٌ وَﺳَﻮْفَ ﺗَﻌْﻠَﻤُﻮن‬
26
Sourate al-Zumar / Les Groupes : 39 / 40.
"ٌ‫“ﻣَﻦْ ﯾَﺄْﺗِﯿﮫِ ﻋَﺬابٌ ﯾُﺨْﺰﯾﮫِ وَﯾَﺤِﻞﱡ ﻋَﻠَﯿْﮫِ ﻋَﺬابٌ ﻣُﻘِﯿﻢ‬
21
sont tombés; l'Enfer est tout autour des
mécréants."27 Cet agissement est on ne peu
plus étonnant de votre part! Qu’est-ce qu’il
vous est arrivé ! Pourquoi cette déviation de
la Vérité?"
Un autre exemple encore plus éloquent :
O fils d’Abi Ghahâfeh !28 Est-ce dans le Livre
d'Allah que tu as trouvé que tu hérites de ton
père et moi non?!! «tu as fait une chose
monstrueuse !»
Ici, Fatima (p) se pose une question qu'elle adresse
au Calife Abû Bakr, et elle y répond sans
transition par le fragment d'un verset coranique
relatif à un contexte totalement différent, qu'elle
adapte parfaitement au contexte de sa question :
"Puis elle vint auprès des siens en le portant [le
bébé]. Ils dirent: Ô Marie, tu as fait une chose
monstrueuse!" (sourate Maryam / Marie : 19 /27.

Parfois, elle cite directement une rafale de versets ou


des fragments de versets coraniques, pour corroborer
ses arguments :

27
Sourate al-Tawbah / Le Repentir :9: 49 “Parmi eux il en est qui dit:
Donne-moi la permission (de rester) et ne me mets pas en tentation.
Or, c'est bien dans la sédition qu'ils sont tombés; l'Enfer est tout
autour des mécréants. » :
.{َ‫}أﻻ ﻓِﻲ اﻟْﻔِﺘْﻨَﺔِ ﺳَﻘَﻄُﻮا وَانﱠ ﺟَﮭَﻨﱠﻢَ ﻟَﻤُﺤِﯿﻄﺔٌﺑِﺎﻟْﻜﺎﻓِﺮِﯾﻦ‬
28
Surnom d'Abû Bakr (!َ‫)اﺑْﻦَ أﺑﻲ ﻗُﺤﺎﻓَﺔ‬
22
Est-ce exprès que vous avez abandonné le
Livre d'Allah en le laissant derrière vos dos,
alors qu'il dit :
29
" Et Salomon hérita de David"
Et concernant l'histoire de Yahyâ et
Zakariyyâ, il dit :
" Accorde-moi, de Ta part, un descendant qui hérite de
moi et hérite de la famille de Jacob."30
Et il dit :
" Cependant ceux qui sont liés par la parenté ont
priorité les uns envers les autres, d'après le Livre
31
d'Allah. Certes."
Et il dit :
"Voici ce qu'Allah vous enjoint au sujet de vos enfants:
au fils, une part équivalente à celle de deux filles..."32

29
"Et Salomon hérita de David et dit: Ô hommes! On nous
a appris le langage des oiseaux; et on nous a donné part
de toutes choses. C'est là vraiment la grâce
évidente."(sourate al-Naml / Les fourmis : 27/16.)
30
."Je crains [le comportement] de mes héritiers, après mois. Et
ma propre femme est stérile. Accorde-moi, de Ta part, un
descendant qui hérite de moi et hérite de la famille de Jacob. Et
fais qu'il te soit agréable, ô mon Seigneur." (Sourate Maryam /
Marie : 19 /5-6).
31
"Et ceux qui après cela ont cru et émigré et lutté en votre
compagnie, ceux-là sont des vôtres. Cependant ceux qui sont liés
par la parenté ont priorité les uns envers les autres, d'après le
Livre d'Allah. Certes, Allah est Omniscient." (Sourate al-Anfâl /
le Butin : 8 / 75.)
23
Et il dit :
" On vous a prescrit, quand la mort est proche de l'un
de vous et s'il laisse des biens, de faire un testament en
règle en faveur de ses père et mère et de ses plus
proches. C'est un devoir pour les pieux."33

Cette présence massive, harmonieuse et


parfaitement intégrée du Coran dans le tissu du
sermon laisse tout d'abord deviner l'assimilation
totale aussi bien du contenu que du vocabulaire du
Livre d'Allah par cette Infaillible dont le père (P)
est le réceptacle de la Révélation divine et qui fait
partie des Ahl-ul-Bayt que le Messager d'Allah (P)
a irréversiblement associés au Coran dans le
célébrissime "Hadîth al-Thaqalayn"34. Elle
32
. "Voici ce qu'Allah vous enjoint au sujet de vos enfants: au
fils, une part équivalente à celle de deux filles. S'il n'y a que des
filles, même plus de deux, à elles alors deux tiers de ce que le
défunt laisse. Et s'il n'y en a qu'une, à elle alors la moitié. Quant
aux père et mère du défunt, à chacun d'eux le sixième de ce qu'il
laisse, s'il a un enfant. S'il n'a pas d'enfant et que ses père et
mère héritent de lui, à sa mère alors le tiers. Mais s'il a des
frères, à la mère alors le sixième, après exécution du testament
qu'il aurait fait ou paiement d'une dette. De vos ascendants ou
descendants, vous ne savez pas qui est plus près de vous en
utilité. Ceci est un ordre obligatoire de la part d'Allah, car Allah
est, certes, Omniscient et Sage.." (Sourate al-Nisâ' : 4 / 11.
33
Sourate al-Baqarah / la Vache : 2 / 180.
34
Hadith al-Thaqalayn (les deux Poids) : Dans ce Hadhîth associe les
Ahl-ul-Bayt au Saint Coran et en fait les deux références inséparables
de tout Musulman. On peut connaître dans ce chapitre surtout, les
noms de tous les recueils de hadiths sains (Çahîh) sunnites et chi'ites -
de "Musnad Ahmad" à "Çahîh Muslim", en passant par al-Çiyûtî et al-
Tirmithî- qui citent ce hadith, et ceux de tous les Compagnons du
Prophète, tels qu'Abû Tharr al-Ghifârî, 'Abdullâh ibn 'Omar, Abû
Hurayrah, Umm Salma, etc. qui attestent l'avoir entendu.
24
constitue ensuite, comme nous le suggère l'auteur
de cet essai, un message à ceux à qui s'adresse le
sermon, leur signifiant : "Si vous avez des doutes
concernant la volonté et le testament du Prophète (P),
pourquoi ne référez-vous pas, comme je le fais ici, au
noble Coran pour vous guider !!?"
Un autre trait saillant encore dans ce sermon c'est
le fait que les mots, les expressions et les énoncés
sont souvent sujets à différentes interprétations et
pourraient avoir des significations diverses, mais
qui cependant collent malgré leur diversité au
contexte. Examinons à titre d'illustration le
passage suivant :
1-Et moi, j'atteste qu’il n’y a pas d’autre Dieu qu'Allah, Il est
Unique et il n’a pas d’associé
Wa ach-hada an lâ ilâha illâllâhu wahdahu lâ charîka lahu
2-Mot35 (l'Unicité) dont la signification réside dans
la sincérité36
kalimatun ja‘ala-l-iklâç ta’wîlahâ
3-Et Il a confié aux cœurs sa perception innée
Wa dhamana-l-qulûbu mawçûlahâ
4-Et Il a éclairé l'esprit pour le saisir par le
raisonnement

35
Mot (Kalimah) ou formule, qui désigne la phrase précédente
(l'attestation de Foi et l'Unicité).
‫ اﻟﻤﺮاد ﺑﺎﻹﺧﻼص ﺟﻌﻞ اﻷﻋﻤﺎل ﻛﻠّﮫﺎ ﺧﺎﻟﺼﺔ ﷲ ﺗﻌﺎﻟﻰ‬36
‫وﻋﺪم ﺷﻮب اﻟﺮﻳﺎء واﻷﻏﺮاض اﻟﻔﺎﺳﺪة وﻋﺪم اﻟﺘﻮﺳّﻞ ﺑﻐﯿﺮه‬
ّ‫ ﻷن‬، ‫ ﻓﮫﺬا ﺗﺄوﻳﻞ ﻛﻠﻤﺔ اﻟﺘﻮﺣﯿﺪ‬، ‫ﺗﻌﺎﻟﻰ ﻓﻲ ﺷﻲء ﻣﻦ اﻷﻣﻮر‬
‫ﻣﻦ أﻳﻘﻦ ﺑﺄﻧّﻪ اﻟﺨﺎﻟﻖ واﻟﻤﺪﺑّﺮ وﺑﺄﻧّﻪ ﻻ ﺷﺮﻳﻚ ﻟﻪ ﻓﻲ اﻹﻟﮫﯿّﺔ‬
‫ﻓﺤﻖّ ﻟﻪ أن ﻻ ﻳﺸﺮك ﻓﻲ اﻟﻌﺒﺎدة ﻏﯿﺮه وﻻ ﻳﺘﻮﺟّﻪ ﻓﻲ ﺷﻲء‬
. ‫ﻣﻦ اﻷﻣﻮر إﻟﻰ ﻏﯿﺮه‬
25
Wa anâra fî-l-fikri ma‘qûlahâ,
Ce qui nous intéresse dans ce passage c'est surtout
la troisième séquence que les interprètes du
sermon de Fatima (p) lui confèrent quatre
significations possibles :
1-Allah le Sublime a imposé aux coeurs par le mot "tawhîd
/ unicité" de ne pas rajouter à ses Attributs de perfection
établis afin que la notion d'unicité ne soit pas
déformée.
2- Il signifie que ce que l'intellect saisit de ce mot
soit ressenti dans les cœurs grâce à leur nature
innée qu'Allah a créée de telle sorte qu'elle
conçoive Son unicité dépourvue de tout
associationnisme.
3- Il signifie qu'Allah n'exige pas des intellects
(‘uqûl- ‘aql) qu'ils parviennent à assimiler tous les
détails du mot unicité ou à l'interpréter, mais
d'accepter sa signification apparente et générale.
4- Le verbe parvenir a pour sujet les cœurs et non
les intellects, ce qui veut dire qu'Allah n'a exigé
des cœurs que de parvenir à ce qu'ils pourraient
interpréter de ce mot "unicité" ( et non pas à une
interprétation complète, intégrale, et parfaite).
Un autre exemple des significations multiples que
comportent beaucoup des énoncées ou des
expressions de Faima (p) dans son discours :

Et vous avez prononcé du bout des lèvres le mot


de l’unicité
Wa fuhtum bi-kalimat-il- ikhlâçi
26
ِ‫وَﻓُﮭْﺘُﻢْ ﺑِﻜَﻠِﻤَﺔِ اﻹْﺧْﻼص‬
Devant un petit groupe d’hommes aux « visages
blancs et aux ventres creux »37
fî nafarin min-al-bîdh-il-khimâçi
،ِ‫ﻓِﻲ ﻧَﻔَﺮٍ ﻣِﻦَ اﻟْﺒﯿﺾِ اﻟْﺨِﻤﺎص‬
Dans ce passage c'est la seconde séquence qui
nous intéresse, et plus particulièrement les deux
mots "bîdh / blancs" et "khimâç / au ventre creux".
Le sens courant du mot "bîdh" est blancs, "bîdh"
est le pluriel de "abyadh" (blanc), comme Blanc
(homme) par opposition à Noir (homme). Tandis
que "khimâç" est le pluriel de "khamîç" qui signifie
"au ventre creux" ou "dépourvu d'aliments". On
dit ainsi : "Untel est khamîç al-batn / au ventre
creux" pour signifier que son ventre est dépourvu
des biens des gens, c'estp-à-dire qu'il est intègre.
Et l'expression "al-bîdh al-khimâç / les blancs aux
ventres creux" désigne ici soit les Ahl-ul-Bayt (p)
qu'Allah "a dépouillés de toute souillure et les a
purifiés totalement"38, décrits comme blancs à
cause de la blancheur de leurs visages, soit des
hommes (ascétiques) dont les ventres sont creux
à cause de jeûne et de leur peu de nourriture ou
parce qu'ils s'abstiennent de manger illégalement
les biens d'autrui, soit les non-Arabes convertis à
l'Islam comme Salmân al-Fâresi. Car on appelle
les Perses les blancs en raison de la blancheur de
leur peau ou de leur monnaie (où prédomine

37
Aux visages blancs, métaphore de «hommes purs » et ventres creux
métaphore de «des gens ascètes qui ne mangent pas ce qui est harâm,
illégal. Et on dit que cette métaphore désigne les Ahl-ul-Bayt (p).
38
Sourate al-Ahzâb (Les Factions) : S33/v33.
27
l'argent). Et étant donné que le sermon parle
d'un petit groupe qui se distingue de la majorité,
il est possible que Fatima désigne une petite
partie de ses interlocuteurs (les blans aux ventres
creux" comme étant à la Foi parfaite et ferme par
opposition à la majorité dont la Foi laisse à
désirer.

Comme on vient de le voir, l'expression "al-bîdh


al-khimâç / les Blancs aux ventres creux" offre
plusieurs interprétations et diverses significations,
à l'instar de beaucoup d'autres propos
polysémiques qui marquent le sermon.

Encore un autre exemple de la diversité des


significations auxquelles s'apprêtent souvent des
énoncés du discours de la noble Fatima (p) :

1-Il lançait son frère vers le fond des troubles


pour les étouffer39
2-Et celui-ci ne s’en retournait qu’après en avoir
écrasé la luette avec les creux des (plantes) pieds
l40
Falâ tankafi' hattâ yati' çimâkhihâ bi-akhmaçihi
3-Et éteint leurs flammes avec son épée41
Dans la troisième séquence l'expression ou la
métaphore "yati' çimâkhihâ bi-akhmaçihi" peut se lire
ou se comprendre de plusieurs façon. Le mot

،‫ ﻗَﺬَفَ أﺧﺎهُ ﻓﻲ ﻟَﮫَﻮاﺗِﮫﺎ‬39


،ِ‫ ﻓَﻼﯾَﻨْﻜَﻔِﺊُ ﺣَﺘﱠﻰ ﯾَﻄَﺄَ ﺻِﻤﺎﺧَﮭﺎ ﺑِﺄَﺧْﻤَﺼِﮫ‬40
،ِ‫ وِﻳُﺨْﻤِﺪَ ﻟَﮫَﺒَﮫَﺎ ﺑِﺴَﯿْﻔِﻪ‬41
28
"çimâkh" signifie le trou de l'oreille ou l'oreille
elle-même. Et le mot "akhmaç" désigne la partie
(le creux) du pied qui ne touche pas le sol pendant
la marche. Tandis que la métaphore "wat' al-çimâkh
bi-l-akhmiç" signifie vaincre et dominer. L'auteur de
cet essai suggère qu'il est possible que ce soit un
emprunt aux linguistes ou un proverbe, car cette
image est souvent utilisée comme dans "al-dharb
'alâ-ç-çimâkh / frapper (ou poser la main) sur
l'oreille" pour symboliser le sommeil42 ou pour
boucher l'oreille et empêcher l'écoute ou
l'audition, ou encore pour écraser sous le pied,
comme c'est le cas dans l'énoncé qui nous
intéresse ici. Tous ces cas de figure, ajoute-t-il,
symbolise la conclusion victorieuse de la guerre
grâce à l'intervention héroïque de l'Imam Ali (p),
et ce sens s'harmonise parfaitement avec ce qui
précède, à savoir le verset coranique que Fatimah
(p) avait cité juste avant ce passage :
"Toutes les fois qu'ils allument un feu pour la guerre,
Allah l'éteint." 43

42
On met la main sur l'oreille pour dire qu'on dort ou que je vais ou
veux dormir etc…
43
Cf sourate al-Mâ’idah (La Tabler servie) 5/ 64 :
« 64. Et les Juifs disent: La main d'Allah est fermée! Que
leurs propres mains soient fermées, et maudits soient-ils
pour l'avoir dit. Au contraire, Ses deux mains sont
largement ouvertes: Il distribue Ses dons comme Il veut. Et
certes, ce qui a été descendu vers toi de la part de ton
Seigneur va faire beaucoup croître parmi eux la rébellion et
la mécréance. Nous avons jeté parmi eux l'inimité et la
haine jusqu'au Jour de la Résurrection. Toutes les fois
29
Et avec ce qui suit :
44
Et éteint leurs flammes avec son épée
Ce qui veut dire que son héroïsme que le Prophète
(P) avait comparé à l'adoration de "Thaqalayn"45
(Les djinns et les hommes), éteint la guerre et la
conclut en faveur des Musulmans, héroïsme qu'il
tire de la Puissance d'Allah étant donné qu'il
"s'anéantit dans Son Essence", comme nous
l'indique la séquence suivant ce passage :
S’éreintant pour la cause d’Allah46
Cette diversité de significations possibles que
comportent les mots, les expressions ou les
énoncés de Fatima (p) est-elle fortuite, ou due à la
nature de son discours, ou bien vise-t-elle à
universaliser le message dont son discours est
porteur pour qu'il soit accessible à une diversité de
récepteurs ?

qu'ils allument un feu pour la guerre, Allah l'éteint. Et


ils s'efforcent de semer le désordre sur la terre, alors
qu'Allah n'aime pas les semeurs de désordre. »
ِ‫وَﻗَﺎﻟَﺖْ اﻟْﯿَﮭُﻮدُ ﯾَﺪُ اﻟﻠﱠﮫِ ﻣَﻐْﻠُﻮﻟَﺔٌ ﻏُﻠﱠﺖْ أَﯾْﺪِﯾﮭِﻢْ وَﻟُﻌِﻨُﻮا ﺑِﻤَﺎ ﻗَﺎﻟُﻮا ﺑَﻞْ ﯾَﺪَاهُ ﻣَﺒْﺴُﻮﻃَﺘَﺎن‬
‫ﯾُﻨﻔِﻖُ ﻛَﯿْﻒَ ﯾَﺸَﺎءُ وَﻟَﯿَﺰِﯾﺪَنﱠ ﻛَﺜِﯿﺮًا ﻣِﻨْﮭُﻢْ ﻣَﺎ أُﻧﺰِلَ إِﻟَﯿْﻚَ ﻣِﻦْ رَﺑﱢﻚَ ﻃُﻐْﯿَﺎﻧًﺎ وَﻛُﻔْﺮًا‬
‫وَأَﻟْﻘَﯿْﻨَﺎ ﺑَﯿْﻨَﮭُﻢْ اﻟْﻌَﺪَاوَةَ وَاﻟْﺒَﻐْﻀَﺎءَ إِﻟَﻰ ﯾَﻮْمِ اﻟْﻘِﯿَﺎﻣَﺔِ ﻛُﻠﱠﻤَﺎ أَوْﻗَﺪُوا ﻧَﺎرًا ﻟِﻠْﺤَﺮْبِ أَﻃْﻔَﺄَھَﺎ‬
‫( )ﺳﻮرة اﻟﻤﺎﺋﺪة‬64)َ‫اﻟﻠﱠﮫُ وَﯾَﺴْﻌَﻮْنَ ﻓِﻲ اﻷَرْضِ ﻓَﺴَﺎدًا وَاﻟﻠﱠﮫُ ﻻَ ﯾُﺤِﺐﱡ اﻟْﻤُﻔْﺴِﺪِﯾﻦ‬
(64/5
44
wa yakhmida lahabahâ bi-sayfihi ،ِ‫وِﻳُﺨْﻤِﺪَ ﻟَﮫَﺒَﮫَﺎ ﺑِﺴَﯿْﻔِﻪ‬
45
Le Prophète (P) dit : "La frappe (l'héroïsme de Ali le jour de la
Bataille du Fossé (Khandaq) a plus de vertu que l'adoration des djinns
et des hommes réunis" ‫ﺿَﺮﺑَﺔُ ﻋَﻠِﯽ ﯾَﻮمَ اﻟﺨَﻨﺪَقِ اَﻓﻀَﻞُ ﻣِﻦ ﻋِﺒﺎدَةِ اﻟﺜّﻘﻠﯿﻦ‬
makdûdan fî thât-illâh ،ِ‫ ﻣَﻜْﺪُوداً ﻓﻲ ذاتِ اﻟﻠّﻪ‬46
30
Cette lecture ou compréhension différente
qu'offrent souvent les propos de Fatima al-Zahra
m'a fait penser aux réflexions de Jean Paul Sartre
sur le rapport écrivain-lecteurs ou plus
précisément sur le problème qui se pose à
l'écrivain lorsqu'il sait qu'il aura affaire à des
lecteurs non homogènes ou de mentalités et de
cultures différentes. Pour souligner l’intérêt de la
question de la relation entre l’écrivain et son
public, "Sartre prend pour point de départ un
exemple, celui de Richard Wright, écrivain noir
des États-Unis qui avait pour ambition de
défendre les droits de ses compatriotes opprimés.
Deux points sont particulièrement intéressants.
Wright s’adressait certes en premier lieu aux
noirs cultivés, mais, à travers eux, il s’adressait
en fait à tous les hommes (….) Le deuxième
point à relever chez Wright concerne la déchirure
qui caractérisait son public : les noirs d’un côté,
les blancs de l’autre. Ainsi, de chaque mot se
dégage un double sens : il renverra à certains
concepts pour le Noir, à d’autres pour le Blanc."47
Dans son sermon Fatimah al-Zahra (p) s'adresse
d'abord au pouvoir califal, puis aux Emigrants et
Partisans, lesquels ne forment pas un groupe
homogène mais sont de sensibilités différentes : les
uns totalement acquis au pouvoir, d'autres le sont

47
Qu'est-ce que la littérature ? Essai de Jean-Paul Sartre publié pour
la première fois, en plusieurs parties, en 1947, dans la revue Les Temps
modernes dirigée par Sartre (et fondée par lui en 1945). L'essai forma
en 1948 le volume Situations II chez Gallimard.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Qu'est-
ce_que_la_litt%C3%A9rature_%3F
31
moins, d'autres encore s'étaient rangés du côté de
l'Imam Ali (p). Et au-delà de ces contemporains, son
message vise toutes les générations futures des
Musulmans jusqu'à la fin du Temps. Donc les
différents sens qui se dégagent de ses expressions et
métaphores servent justement à toucher la diversité du
public auquel s'adresse son message.
Un autre aspect remarquable de l'art littéraire du
sermon est le rapport signifiant-signifié ou
l'harmonie et la correspondance entre le signifiant
et le signifié, entre le sens du mot, son contenu
(signifié) et son support graphique, le mot lui-
même, l'orthographe, ou plus précisément entre le
mot et le son ou la sonorité qu'il produit. Par
exemple dans le passage suivant Fatima (p) décrit
l'action et l'héroïsme de l'Imam Ali (p) dans le
combat, elle choisit des mots comportant des sons
durs : (h ‫ ح‬- t ‫ط‬, ç ‫ –ص‬kh- kh ‫خ‬- ç ‫ )ص‬qui
confèrent à sa phrase un ton guerrier ou l'aspect
d'un chant de guerre :
Et celui-ci (Ali n) ne s’en retournait qu’après
en avoir écrasé la luette avec les creux des
(plantes) pieds l
Falâ yankafi' hattâ yata' çimâkhahâ bi-akhmaçihi48

Il en va de même dans les deux énoncés suivants


où elle relate comment le Prophète (P) était venu à
bout des mécréants (Dh ‫ ض‬- th ‫ث‬- kh ‫ خ‬- th ‫ ذ‬-
dh ‫ )ظ‬:

،ِ‫ ﻓَﻼﻳَﻨْﻜَﻔِﺊُ ﺣَﺘﱠﻰ ﻳَﻄَﺄَ ﺻِﻤﺎﺧَﮫﺎ ﺑِﺄَﺧْﻤَﺼِﻪ‬48


32
Supprimant leurs chefs
Dhâriban thabajahum ،ْ‫ﺿﺎرِﺑﺎً ﺛَﺒَﺠَﮭُﻢ‬

Étouffant leurs souffles


Âkhithan bi-ak-dhâmihim ،ْ‫آﺧِﺬاً ﺑِﺄﻛْﻈﺎﻣِﮭِﻢ‬
Dans le passage suivant, pour attirer l'attention sur
la défaite de Satan (chaytân ‫ ) ﺷﯿﻄﺎن‬lors de la
venue de l'Islam, elle emploie plusieurs mots où le
son (ch ‫ )ش‬de chaytân se fait sentir fortement :
Et que les langues des satans se soient tues
ِ‫ وَﺧَﺮِﺳَﺖْ ﺷَﻘﺎﺷِﻖُ اﻟﺸﱠﯿﺎﻃﯿﻦ‬Wa kharasat chaqâchiq-
uch-chayâtîni

Et que les notables de l’hypocrisie soient


tombés

Wa tâha wachîdh-un-nifâqi ،ِ‫وَﻃﺎحَ وَﺷﯿﻆُ اﻟﻨﱢﻔﺎق‬

Et que les forces de la mécréance et de la


discord se soient défaites
Wa-nhallat ‘uqad-ul-kufri wa- ،ِ‫وَاﻧْﺤَﻠﱠﺖْ ﻋُﻘَﺪُ اﻟْﻜُﻔْﺮِ وَاﻟﺸﱢﻘﺎق‬
ch-chiqâqi

Ainsi, dans ce chef d'œuvre de littérature orale où


la rhétorique et l'éloquence de style sautent aux
yeux, on trouve tous les procédés et tous les outils
de l'art littéraire pour faire passer le message
émouvant et touchant de la Maîtresse des Femmes
33
du monde (p) : Les métonymies, toutes les figures
de rhétorique, les synecdoques, les figures de
style, les symboles, les images, les métaphores,
les rythmes, les rimes, la cadence, les proverbes
etc.
Se trouvant subitement abandonnée, trahie, lésée,
sans recours, après la disparition de son
prestigieux père (P) qui la chérissait tellement non
en tant que sa fille mais en raison de sa haute
position auprès d'Allah, Fâtimah al-Zahrâ' (p),
laisse le soin aux vers élégiaques suivants
d'exprimer sa détresse et sa grande affliction :

Dis au disparu sous les couches de la terre : si tu


entends mon cri et mon appel:
‫ﻗُﻞْ ﻟِﻠْﻤُﻐﯿﱠﺐِ ﺗَﺤْﺖَ اَﻃْﺒﺎقِ اﻟﺜﱠﺮى اِنْ ﻛُﻨْﺖَ َﺗﺴْﻤَﻊُ ﺻَﺮْﺧَﺘﻰ وَﻧِﺪاﺋﯿﺎ‬
َQul li-l-mughayyabi tahta atbâq-ith-tharâ, in kunta
tasma‘u çarkhatî wa nidâ'iyâ :

Les malheurs qui sont tombés sur moi sont tels


que s'ils étaient tombés sur les jours, ceux-ci
seraient transformés en nuits
‫ﺻُﺒﱠﺖْ ﻋَﻠﻰﱠ ﻣَﺼﺂﺋِﺐٌ ﻟَﻮْ اَﻧﱠﮭﺎ ﺻُﺒﱠﺖْ ﻋَﻠَﻰ اﻻْﯾّﺎمِ ﺻِﺮْنَ ﻟَﯿﺎﻟِﯿﺎ‬
Çubbat ‘alayya maçâ'ibun, law annahâ,
çubbat ‘alâ-l-ayyâmi, çirna layâliyâ

J'avais été sous protection, à l'ombre de


Mohammad qui, étant mon protecteur, je ne
craignais aucune injustice ni ennui
‫ﻗَﺪْ ﻛُﻨْﺖُ ذاتَ ﺣِﻤﻰً ﺑِﻈِﻞﱢ ﻣُﺤَﻤﱠﺪٍ ﻻ اَﺧْﺶَ ﻣِﻦْ ﺿَﯿْﻢٍ وَﻛﺎنَ ﺣِﻤﺎﻟِﯿﺎ‬
Qad kuntu thâta himan bi-dhilli Muhammadin
Lâ akh-cha min dhaymin wa kâna himan liyâ
34
Mais aujourd'hui, je suis soumise à l'homme
servile, et je me protège contre l'oppression et
repousse mon oppresseur avec ma robe
‫ﻓَﺎﻟْﯿَﻮْمَ اَﺧْﻀَﻊُ ﻟِﻠﺬﱠﻟﯿﻞِ وَاَﺗﱠﻘﻰ ﺿَﯿْﻤﻰ َواَدْﻓَﻊُ ﻇﺎﻟِﻤﻰ ﺑِﺮِدآﺋﯿﺎ‬
Fa-l-yawma akh-dha‘u li-th-thalîli wa attaqî
dhaymî wa adf‘u dhâlimî bi-ridâ'iyâ

Si, la nuit, une tourterelle gémit de tristesse, sur


une branche, le matin c'est moi qui pleure de
chagrin
‫ﻏﺼْﻦٍ ﺑَﻜَﯿْﺖُ ﺻَﺒﺎﺣِﯿﺎ‬
ُ ‫ﻓَﺎِذا ﺑَﻜَﺖْ ﻗُﻤْﺮِﯾﱠﺔٌ ﻓﻰ ﻟَﯿْﻠِﮭﺎ ﺷَﺠَﻨﺎً ﻋَﻠﻰ‬
Fa-ithâ bakat qamriyyatun fî laylihâ,
chajanan ‘alâ ghuçnin, bakaytu çabâhiyâ
Que la tristesse soit, après toi (oh mon père), mon
seul consolateur, et que les larmes que je verse sur
toi soient mon écharpe
‫ﻓَﻼَﺟْﻌَﻠَﻦﱠ اﻟْﺤُﺰْنَ ﺑَﻌْﺪَكَ ﻣُﻮﻧِﺴﻰ وَﻻَﺟْﻌَﻠَﻦﱠ اﻟﺪﱠﻣْﻊَ ﻓﯿﻚَ وِﺷﺎﺣِﯿﺎ‬
Fa-la-aj‘alanna-l-huzna ba‘daka mu'nisi,
wa-la-aj‘alanna-d-dam‘a fîka wachâhiyâ
Quoi donc ! Celui qui sent la terre de la tombe
d'AHMAD (P), ne trouvera-t-il plus, le restant de
sa vie, aucun parfum agréable?
‫ﻣﺎذا ﻋَﻠَﻰ ﻣﻦ ﺷَﻢﱠ ﺗُﺮْﺑَﺔَ اَﺣْﻤَﺪٍ اَنْ ﻻ ﯾَﺸَﻢﱠ ﻣَﺪَى اﻟﺰﱠﻣﺎنِ ﻏَﻮاﻟِﯿﺎ‬
Mâthâ ‘alâ man chamma turbata ahmadin
An lâ yachamma madâ-z-zamâni ghawâliyâ

Il est inutile de rappeler que l'amertume,


l'abattement et les blessures que la Maîtresse des
Femmes des Mondes ressentait étaient dus moins à
son sort personnel qu'à la déviation du Message de
l'islam que son illustre père (P) avait apporté et
35
pour l'accomplissement duquel il avait subi
tellement de persécutions et fait d'énormes
sacrifices, lui et tous les compagnons qui étaient
tombés en martyrs ou restés jusqu'à la fin fidèles à
la ligne qu'il avait tracée. Fatima al-Zahra savait
que son discours, ses blâmes, ses reproches, et ses
remontrances n'allaient renverser le courant ni
corriger la déviation. Elle le dit elle-même à la fin
de son discours :

Sachez que j'ai dit ce que je viens de dire en


sachant pertinemment la défection qui vous a
atteints49

Mais c'est le débordement de l'âme, le soupir


d'indignation et de colère, l'affaiblissement de
la lance (le dépassement de la limite de la
patience)50

La sortie de ce qui ronge le cœur,


l'anticipation de ce qui ne laisse plus de
prétexte51

Relié au Feu d'Allah, qui monte jusqu'aux


coeurs52

49
،ْ‫أﻻ وَﻗَﺪْ ﻗُﻠْﺖُ ﻣﺎ ﻗُﻠْﺖُ ﻋَﻠﻰ ﻣَﻌْﺮِﻓَﺔٍ ﻣِﻨّﻲ ﺑِﺎﻟْﺨَﺬْﻟَﺔِاﻟﱠﺘِﻲ ﺧﺎﻣَﺮَﺗْﻜُﻢ‬
50
،‫ وَﺧَﻮَرُ اﻟْﻘَﻨﺎ‬،ِ‫ وَﻧَﻔْﺜَﺔُ اﻟْﻐَﯿْﻆ‬،ِ‫وَﻟﻜِﻨﱠﮭﺎﻓَﯿْﻀَﺔُ اﻟﻨﱠﻔْﺲ‬
.ِ‫ وَﺗَﻘْﺪِﻣَﺔُ اﻟْﺤُﺠﱠﺔ‬،ِ‫ وَﺑَﺜﱠﺔُاﻟﺼﱡﺪُور‬51
52
Cf. sourate al-Humazah / Le calomniateur : 104 / 6-7. ِ‫ﻣَﻮْﺻُﻮﻟَﺔً ﺑِﻨﺎر‬
.ِ‫اﷲِ اﻟْﻤُﻮﻗَﺪَةِ اﻟﱠﺘِﻲ ﺗَﻄﱠﻠِﻊُ ﻋَﻠَﻰ اﻟْﺄَﻓْﺌِﺪَة‬
36
Sachez que ce que vous êtes en train de faire, vous
le faites au su et au vu d'Allah: " Les injustes
verront bientôt le revirement qu'ils [éprouveront]!
"53
Et moi, je suis la fille de celui qui vous a
prévenu d'un châtiment douloureux qui vous
attend " Oeuvrez autant que vous pouvez. Nous
aussi, nous oeuvrons. Et attendez. Nous aussi nous
attendons!"54
Donc Fatima al-Zahra (p) a voulu mettre tous
les récepteurs de son message universel
devant leur responsabilité pour que personne
ne puisse dire un jour qu'il ne savait pas. Et
cette conclusion me rappelle étrangement ce
que Jean Paul dira treize siècles plus tard
concernant le message que tout l'écrivain doit
adresser à ses lecteurs : "…. écrire, c’est révéler.
Révéler, c’est faire en sorte que personne ne puisse ignorer
le monde et, dernier pas, si on connaît le monde, on ne
saurait s’en dire innocent– c’est exactement la même
situation que nous avons avec la loi, que chacun doit
connaître afin de répondre ensuite de ses actes."55

53
Cf. Sourate al-Chu'arâ' /Les Poètes : 26 / 227: "227. à part ceux qui
croient et font de bonnes oeuvres, qui invoquent souvent le nom
d'Allah et se défendent contre les torts qu'on leur fait. Les injustes
verront bientôt le revirement qu'ils [éprouveront]!"
،{َ‫ﻓَﺒﻌَﯿْﻦِ اﷲِ ﻣﺎﺗَﻔْﻌَﻠُﻮنَ }وَﺳَﯿَﻌْﻠَﻢُ اﻟﱠﺬِﯾﻦَ ﻇَﻠَﻤُﻮا أَيﱠ ﻣُﻨْﻘَﻠِﺒُﻮن‬
54
Cf. Sourate Hûd : 11 / 121-122. : "121. Et dis à ceux qui ne croient
pas: Oeuvrez autant que vous pouvez. Nous aussi, nous oeuvrons.
122. Et attendez. Nous aussi nous attendons!" َ‫وَأَﻧَﺎاﺑْﻨَﺔُ ﻧَﺬِﯾﺮٍ ﻟَﻜُﻢْ ﺑَﯿْﻦ‬
.{َ‫ }ﻓَﺎﻋْﻤَﻠُﻮا إﻧّﺎ ﻋﺎﻣِﻠُﻮنَ وَاﻧْﺘَﻈِﺮُوا إﻧّﺎ ﻣُﻨْﺘَﻈِﺮُون‬،ٍ‫ﯾَﺪَيْ ﻋَﺬابٍ ﺷَﺪﯾﺪ‬
55
Qu'est-ce que la littérature ? Op.cit.
37
Abbas Ahmd al-Bostani
38

L'analyse stylistique du 1er sermon de


Fâtimah al-Zahrâ (p)
Le sermon commence par la nouvelle méthode
introductive, apportée par le message de l'Islam et
consistant à débuter le discours ou le texte par la
louange à Allah et "Les Deux Attestations de Foi"
(‫ اﻟﺸ ﮭﺎدﺗﯿﻦ‬al-chahâdatayn)56, ce qui place Fatima al-
Zahra, comme une devancière sur ce plan.
Comme on va le remarquer, c'est un exorde
subtil qui relie (sur le plan de la structure
architecturale du texte) ses éléments au sujet
central, et ce à travers des séquences progressives
qui remontent vers sommet, le thème principal sur
lequel Fatimah al-Zahra (p) concentre son
attention. Cet art ou procédé littéraire sublime
n'est pas étonnant de la part de cette noble dame
qui a hérité de son père (P) et de son mari l'Imam
Ali (p) les subtilités de ce style et bénéficié avant
tout de l'inspiration divine en sa qualité de l'une
des Quatorze Infaillibles, à qui Allah a inspiré

56
Les Deux Attestation de Foi" / al-Chahâdatayn : ach-hadu
an lâ ilâha illâllâh, wahdahu lâ charîka lahu, wa ach-hadu anna
Muhammadan ‘abduhu wa rasûluhu = (J'atteste qu'il n'y a de
Dieu qu'Allah, et j'atteste que Muhammad est Son
serviteur et Son Messager).
39
l'infaillibilité "expressive" en plus de tous les
autres aspects de celle-ci.
Ce sermon est notablement marqué (à l'instar
des sermons et des textes du Prophète (P) et de
l'Imam Ali (p)) par l'omniprésence de l'image et de
l'harmonie, lesquelles ne sont jamais absentes
presque de tous les textes des Infaillibles, et sous
toutes leurs formes : sermons, lettres, hadiths etc.
tout comme la solide structure architecturale qui se
traduit par une cohésion organique entre les
différentes parties et leur développement et leur
enchevêtrement avec les éléments harmoniques et
imagiers avec tout ce qui les accompagne d'outils
de symétrie, d'identification, de narration, de
dialogue, de répétition etc..
Examinons maintenant le commencement de ce
sermon :

(1)
(Louanges à Allah pour Ses bienfaits)
،َ‫ اﻟْﺤَﻤْﺪُ ﷲِ ﻋَﻠﻰ ﻣﺎأﻧْﻌَﻢ‬Alhamdu lillâhi ‘alâ mâ
an‘ama

(Remerciements à Lui pour ce qu'Il nous a inspiré


– de connaissance)
،َ‫ وَﻟَﮫُ اﻟﺸﱡﻜْﺮُ ﻋﻠﻰ ﻣﺎ أَﻟْﮭَﻢ‬Wa lahu-ch-chukru ‘alâ mâ
alhama
40
(louanges redoublées à Lui pour ce qu'Il nous a
offert avant même de l'avoir mérité)
،َ‫ وَاﻟﺜﱠﻨﺎ ُء ﺑِﻤﺎ ﻗَﺪﱠم‬Wa-th-thanâ’u bi-mâ
qaddama

(2)
De tous les bienfaits dont Il a commencé à nous
faire grâce
،‫ ﻣِﻦْ ﻋُﻤﻮمِ ﻧِﻌَﻢٍ اﺑْﺘَﺪَأھﺎ‬Min ‘umûmi ni‘amin
ibtad'ahâ

Pour la plénitude des bienfaits redoublés qu'il nous


accordée
،‫ وَﺳُﺒُﻮغ آﻻءٍ أﺳْﺪاھﺎ‬Wa subûghi âlâ’in asdâhâ

Et pour l'intégralité des grâces qu'il n'a cessé de


nous offrir
Wa tamâmi minanin wâlâhâ
،‫وَﺗَﻤﺎمِ ﻣِﻨَﻦٍ واﻻھﺎ‬
(3)
(bienfaits) dont le nombre infini ne saurait être
décompté
،‫ ﺟَﻢﱠ ﻋَﻦِ اﻹﺣْﺼﺎءِ ﻋﺪَدُھﺎ‬jamma ‘an-il-ihçâ’i ‘adaduhâ

Et dont l'infinité échappe à toute possibilité de


compensation
‫ وَﻧﺄى ﻋَﻦِ اﻟْﺠَﺰاءِ أَﻣَﺪُھﺎ‬Wa na’â ‘an al-jazâ’i amaduhâ
41
Et dont l'éternité dépasse la perception (ou
l'entendement)
َ َ‫ وَﺗَﻔﺎو‬Wa tafâwata ‘an al-idrâki
،‫ت ﻋَﻦِ اﻹِْدْراكِ أَﺑَﺪُھﺎ‬
abadahâ

(4)
Et Allah les (Ses serviteurs) a incité à L'en
remercier pour qu'Il continue à les (Ses grâces)
leur prodiguer infiniment
،‫وَﻧَﺪَﺑَﮭُﻢْ ﻻِﺳْﺘِﺰادَﺗِﮭﺎ ﺑﺎﻟﺸﱡﻜْﺮِ ﻻِﺗﱢﺼﺎﻟِﮭﺎ‬
Wa nadabahum li-stizâdatihâ bi-ch-chukri li-t-
tiçâlihâ

Et Il a demandé aux créatures de Le louer pour


qu'Il les (Ses grâces) augmente
،‫وَاﺳْﺘَﺤْﻤَﺪَ إﻟَﻰ اﻟْﺨَﻼﯾِﻖِ ﺑِﺈﺟْﺰاﻟِﮭﺎ‬
Wa-s-tahmada ilâ-l-khalâ’iqi bi-ijzâ’ihâ

Et Il les a poussé à obtenir autant de grâces dans


l'au-delà57
‫وَﺛَﻨﻰ ﺑِﺎﻟﻨُﺪْبِ اِﻟﻰ أﻣْﺜﺎﻟِﮭﺎ‬ Wa thanâ bi-n-nudbi ilâ
amthâlihâ

Cette première partie de l’exorde est consacrée


à la présentation des louanges d'Allah, et sera
suivie par une seconde partie qui présente les

57
Ou selon une autre interprétation : Il leur a demandé d'obtenir encore
de meilleures grâces.
42
Deux Attestations de Foi. Par la suite nous aurons
affaire aux autres parties qui incarnent le sujet
central du sermon….
La première chose qu’on pourrait remarquer
dans cette partie est sans doute la structure
rythmique du texte qui comporte quatre segments
dont chacun renferme trois unités linguistiques et
chacune de ces unités est marquée par une rime
commune différente des autres.
Naturellement, l’esthétique de cette
ordonnancement rythmique (l’unité et la variation)
ne se limite pas au son, mais s’harmonise avec la
signification aussi, comme on peut le remarquer
dans notre lecture du texte.
Les trois premiers fragments de l’exorde se
distinguent par un langage non figuratif pour une
raison évidente : l’évidence de la louange, du
remerciement et des Deux Attestations de Foi dans
la situation évidente présentée. En d’autres termes
louanger Allah, Le remercier et doubler Ses
louanges pour les bienfaits qu’Il nous a offerts,
tout ceci requiert une présentation directe et
simple, car il s’agit de principes généraux qui
s’imposent à l'esprit de tout un chacun. On n'a pas
besoin de recourir à des images ou métaphores
évocatrices pour frapper l'esprit de l'auditeur dans
43
le but de lui faire prendre conscience de ces
évidences.
Par contre les éléments combinatoires qui
adoptent la métaphore, le symbole, l’analogie et
toutes les combinaisons qui s’appuient sur
l’élément de «l’imagination artistique », pourraient
être plus adéquats dans les thèmes précis que les
récepteurs (lecteurs) du sermon à tendnance à
interpréter et analyser pour bien en assimiler les
subtilités, car il s’agit dans ce cas du sujet
principal visé par le sermon.
Comme nous venons de le dire, la première
partie de l’exorde est consacrée à la louange
d’Allah, à Son remerciement, et au redoublement
de Ses louanges : chaque segment ou unité
linguistique (la phrase ou les phrases syntaxiques
qui abordent un fragment sémantique) comme les
trois premières phrases dont la première parle de la
louange, la seconde du remerciement, la troisième
du redoublement de la louange, a une signification
nuancée qui la différencie des deux autres… Ici il
est nécessaire de rappeler – on ne le répète jamais
assez- que le texte de l’Infaillible diffère des autres
textes en ceci qu’il n’emploie jamais des
synonymes dans une même situation partielle…
C'est pourquoi l’importance artistique de ces trois
phrases réside en ceci que chacun des trois mots
44
principaux (‫ ﺣﻤﺪ‬hamd / louange), (‫ ﺷﻜﺮ‬chukr /
remerciement), ( ‫ ﺛﻨﺎء‬thanâ’ / double louange) qui
les sous-tendent marque une différence
sémantique subtil par rapport aux deux autres (58).
En effet, selon les sources linguistiques (al-hamd /
louange) est une louange par la parole-peu importe
que cela soit relatif au savoir ou au bienfait- alors
que le «chukr / remerciement) est un acte plus
général que la parole, le verbe ou la présence du
cœur ou de l’esprit, et se limite au bienfait, à la
différence de «hamd » qui couvre le bienfait et
d’autres, comme nous venons de le noter. Quant
au «thanâ’ » c’est une louange par la langue, mais
plus générale que le bienfait aussi, tout en
différant du «hamd » par le fait qu’il le redouble,
comme s’il dérivait de «‫ ﺗﺜﻨﯿﺔ‬tathniyah /
redoublement». C’est en effet ce que nous avons
déduit lorsque nous avons remarqué que dans le
sermon il y a « ‫ ﻧِﻌَﻢ‬ni‘am / bienfaits» et «‫ آﻻء‬âlâ’ :
bienfaits redoublés» aussi, et que les linguistes
font la distinction entre ces deux mots en
soulignant que «âlâ’ » dont le singulier est
«‫ أﻟﻲ‬aly » signifie le redoublement des bienfaits. Et
si nous mettons de côté la question de la non-

58
Alors que pour un lecteur ou auditeur non averti, et surtout pour un
traducteur, ou dans les dictionnaires ces trois mots sont plus ou moins
synonymes.
45
utilisation des synonymes par un texte d’Infaillible
pour nous concentrer sur la structure sémantique
(laquelle constitue la plus importante
caractéristique de tout texte littéraire) c’est-à-dire
la cohésion organique entre les parties d’un
segment d’une part, et le développement ou la
progression d’autre part, nous remarquerons que le
segment commence par la louange d’Allah pour
Ses bienfaits en général, suivie par le
remerciement d’Allah pour avoir inspiré à
l’homme la reconnaissance et la louange pour cet
autre bienfait. Et la progression continue lorsque le
texte mentionne le redoublement de la grâce
qu’Allah nous a offerte en commençant Ses
bienfaits sans nous en demander une contrepartie,
non seulement cela mais Il a redoublé Ses bienfaits
(subûgh-il-âlâ’), puis Il a poursuivi Sa grâce, ne se
contentant pas de ce redoublement, mais en
continuant de nous en gratifier. Ainsi, nous
constatons l’ascension du texte, sa progression et
son développement en commençant par la mention
des bienfaits en général, la connaissance ou
reconnaissance de ces bienfaits, le redoublement
de nos louanges d’Allah pour les avoir commencés
sans contrepartie de notre part et ainsi de suite,
comme nous venons de le voir.
46
Naturellement les troisième et quatrième
segments suivent le même procédé aussi, puisque
le troisième segment souligne l’impossibilité de
décompter les bienfaits d’Allah, et le quatrième la
nécessité de L’en remercier, et qu’on remarque les
mêmes détails sémantiques qui ont caractérisé les
premiers et seconds segments, étant donné que le
troisième note l’illimite des bienfaits,
l’impossibilité de les compenser ou encore mieux
d’en percevoir la limite. A noter aussi la différence
entre "‫ أﻣَﺪ‬amad" et "‫ أﺑَﺪ‬abad"59 et entre "‫ ﻧَﺄ ي‬na’â" et
"‫ ﺗَﻔﺎوت‬tafâwut"(60). Il en va de même pour le
quatrième segment. Il est inutile de nous étaler sur
les autres détails de ces deux segments, ayant dans
le premier segment souligné les détails et la
précision de la signification structurellement et
linguistiquement. Mais sur le plan de la sonorité,

59
Abad et amad sont sémantiquement proches sans être
synonymes. Ils diffèrent en ceci que le premier (abad) est
une période de temps qui n'a pas une limite déterminée et
ne peut pas être restreinte – on ne peut pas dire un abad
(éternité) de trois ans par exemple, alors que le second
(amad) est une période dont la limite est inconnue, mais
qui peut être restreinte – on peut dire une période (délai) de
2 ans par exemple.
60
"‫ ﻧَﺄي‬na’â" : s'éloigner; et "‫ ﺗَﻔﺎوت‬tafâwut" : être à distance.
47
on peut remarquer que ce segment de l’exorde se
caractérise par une rime spécifique
«an‘ama, alhama, qaddama »,
«ibtadâhâ, asdâhâ, wâlâhâ »,
« ‘adadahâ, amadahâ, abadahâ »,
«li-t-tiçâlihâ, bi-ijzâlihâ, amthâlihâ »…
Il est à noter que la formulation de cette
variation rythmique ne se sépare pas de la
variation sémantique (signification), car comme
nous l’avons vu, chacun des quatre segments
aborde une idée précise : le premier a trait à la
louange, le remerciement et le redoublement de la
louange, le second aux bienfaits, et le
redoublement des bienfaits, le troisième à
l’impossibilité de décompter ces bienfaits, le
quatrième à la nécessité de les apprécier.

La Deuxième partie : la seconde exorde

Nous avons dit que l’exorde subtilement


composé du sermon sous sa forme nouvelle
commence par le «tahmîd / faire la louange », puis
«les Deux Attestations de Foi » (l’Unicité et la
prophétie)…
Ce qui doit capter notre attention ici aussi, est
le contraste entre la locution directe ou simple de
chacune des Deux attestations et les expressions
48
«imagées-combinées », qui suivent, comme dans
la partie précédente. En effet la première
attestation débute par «J’atteste qu’il n’y a de Dieu
qu’Allah, Il est Unique et sans associé » et la
seconde par «J’atteste que mon père Mohammad
est Son serviteur et Son Messager ». Si ces deux
attestations sont exprimées d’une façon directe
sans passer par un style figuré, l’explication de
leur signification qui suit est par contre
remarquablement riche en éléments imagés. Cet
agencement de style direct suivi de détails figurés
constitue une esthétique sublime sur le plan
sémantique comme nous allons le remarquer.
On peut justifier le style direct des Deux
attestations par le fait que ce qu’elles visent c’est
d’attirer l’attention sur ces deux piliers de l’Islam
que tout musulman doit admettre sans détour pour
pouvoir affirmer son appartenance à cette foi. Il en
va de même pour l’élément rythmique indépendant
qui les caractérise ou plutôt l’absence d’éléments
rythmique puisqu'elles sont formulées avec une
prose simple.
En tout cas, si l'on met de côté le caractère bref
et simple de l’exorde 2 pour nous orienter vers les
détails des deux attestations, nous retrouvons
clairement les éléments métaphoriques rythmiques
qui caractérisent le sermon en général.
Ainsi lorsque nous nous arrêtons devant la
première attestation «l’unicité », nous nous
trouvons face à une série de séquences, qui
commence comme suit (après la mention de
« j’atteste qu’il n’y a de Dieu qu’Allah » ) :
49
Et moi, j'atteste qu’il n’y a pas d’autre Dieu
qu'Allah, Il est Unique et il n’a pas d’associé.
،ُ‫وَأَﺷْﮭَﺪُ أَنْ ﻻ إﻟﮫَ إﻻﱠ اﷲُ وَﺣْﺪَهُ ﻻ ﺷَﺮﯾﻚَ ﻟَﮫ‬
Wa ach-hada an lâ ilâha illâllâhu wahdahu lâ charîka
lahu

1b
Mot(61) (l'Unicité) dont la signification réside dans
62
la sincérité
،‫ﻛَﻠِﻤَﺔٌ ﺟَﻌَﻞَ اﻹِْﺧْﻼصَ ﺗَﺄْوﯾﻠَﮭﺎ‬ kalimatun ja ‘ala-l-iklâç
ta’wîlahâ

Et Il a confié aux cœurs sa perception innée


،‫وَﺿَﻤﱠﻦَ اﻟْﻘُﻠُﻮبَ ﻣَﻮْﺻُﻮﻟَﮭﺎ‬ Wa dhamana-l-qulûbu
mawçûlahâ

Et Il a éclairé l'esprit pour le saisir par le


raisonnement
.‫وَأَﻧﺎرَ ﻓﻲ اﻟْﻔِﻜَﺮِ ﻣَﻌْﻘُﻮﻟَﮭﺎ‬ Wa anâra fî-l-fikri
ma‘qûlahâ,

2b

61
Mot (Kalimah) ou formule (apposition), qui désigne la
phrase précédente (l'attestation de Foi et l'Unicité),
‫( اﻟﻤﺮاد ﺑﺎﻹﺧﻼص ﺟﻌﻞ اﻷﻋﻤﺎل ﻛﻠّﮫﺎ ﺧﺎﻟﺼﺔ ﷲ ﺗﻌﺎﻟﻰ وﻋﺪم ﺷﻮب‬1) 62
‫اﻟﺮﻳﺎء واﻷﻏﺮاض اﻟﻔﺎﺳﺪة وﻋﺪم اﻟﺘﻮﺳّﻞ ﺑﻐﯿﺮه ﺗﻌﺎﻟﻰ ﻓﻲ ﺷﻲء ﻣﻦ‬
‫ ﻷنّ ﻣﻦ أﻳﻘﻦ ﺑﺄﻧّﻪ اﻟﺨﺎﻟﻖ واﻟﻤﺪﺑّﺮ وﺑﺄﻧّﻪ‬، ‫ ﻓﮫﺬا ﺗﺄوﻳﻞ ﻛﻠﻤﺔ اﻟﺘﻮﺣﯿﺪ‬، ‫اﻷﻣﻮر‬
‫ﻻ ﺷﺮﻳﻚ ﻟﻪ ﻓﻲ اﻹﻟﮫﯿّﺔ ﻓﺤﻖّ ﻟﻪ أن ﻻ ﻳﺸﺮك ﻓﻲ اﻟﻌﺒﺎدة ﻏﯿﺮه وﻻ ﻳﺘﻮﺟّﻪ‬
. ‫ﻓﻲ ﺷﻲء ﻣﻦ اﻷﻣﻮر إﻟﻰ ﻏﯿﺮه‬
50
Il (Allah) est celui que les vues ne peuvent
voir
ُ‫ اﻟْﻤُﻤْﺘَﻨِﻊُ ﻣِﻦَ اﻹَْﺑْﺼﺎرِ رُؤْﯾِﺘُﮫ‬Al-mumtani‘i min-al-abçâri
ru’yatuhu,

Et que les langues ne peuvent décrire

،ُ‫ وَﻣِﻦَ اْﻷَﻟْﺴُﻦِ ﺻِﻔَﺘُﮫ‬Wa min-al-alsuni çifatuhu

Et que l'imagination et les spéculations ne


sauraient en percevoir l'Essence
.ُ‫ وَﻣِﻦَ اﻷَْوْھﺎمِ ﻛَﯿْﻔِﯿﱠﺘُﮫ‬Wa min-al-awhâmi
kayfiyyatuhu.

3b
Il a créé les choses non à partir de quelque
chose qui aurait existé avant

َ َ‫ اِﺑْﺘَﺪ‬Ibtada‘a-l-achyâ’a lâ min
َ‫ع اﻷَْﺷَﯿﺎءَ ﻻ ﻣِﻦْ ﺷَﻲْءٍ ﻛﺎن‬
،‫ ﻗَﺒْﻠَﮭﺎ‬chay’in kâna qablihâ

Et Il leur a donné existence sans imiter des


modèles semblables
ٍ‫ وَأَﻧْﺸَﺄَھﺎ ﺑِﻼ اﺣْﺘِﺬاءِ أَﻣْﺜِﻠَﺔ‬Wa ancha’ahâ balâ-htithâ’i
،‫ اﻣْﺘَﺜَﻠَﮭﺎ‬amthilatin imtathalahâ

4b
Il les a constitués par Son Pouvoir,
،ِ‫ ﻛَﻮﱠﻧَﮭﺎ ﺑِﻘُﺪْرَﺗِﮫ‬Kawwanahâ bi-qudratihi,
51
et les a créés selon Sa Volonté

،ِ‫ وَذَرَأَھﺎ ﺑِﻤَﺸِﯿﱠﺘِﮫ‬wa thara’ahâ bi-machîyyatihi


5b
sans avoir besoin de les constituer
،‫ ﻣِﻦْ ﻏَﯿْﺮِ ﺣﺎﺟَﺔٍ ﻣِﻨْﮫُ إﻟﻰ ﺗَﻜْﻮﯾﻨِﮭﺎ‬Min ghayri hâjatin minhu ilâ
takwînahâ,

Et sans qu'Il ait eu un quelconque intérêt à


les faire figurer,
‫ وَﻻﻓﺎﺋِﺪَ ٍة ﻟَﮫُ ﻓﻲ ﺗَﺼْﻮﯾﺮِھﺎ‬wa lâ fâ’idatin lahu fî
taçwîrahâ

6b
Si ce n'est pour affirmer (démontrer) Sa Sagesse

،ِ‫ إﻻّ ﺗَﺜْﺒﯿﺘﺎً ﻟِﺤِﻜْﻤَﺘِﮫ‬illâ tathbîtan li-hikmatihi

Et prévenir (Ses serviteurs) de l'obligation de Lui


obéir,
،ِ‫ وَﺗَﻨْﺒﯿﮭﺎً ﻋَﻠﻰ ﻃﺎﻋَﺘِﮫ‬Wa tanbîhan ‘alâ tâ‘atihi,

Et des châtiments pour quiconque Lui désobéit


،ِ‫ وَوَﺿَ َﻊ اﻟﻌِﻘﺎبَ ﻋَﻠﻰ ﻣَﻌْﺼِﯿِﺘَﮫ‬wa wadha‘a-l-‘iqâba ‘alâ
ma‘çiyatihi

Pour éviter à Ses serviteurs Ses châtiments


،ِ‫ ذِﯾﺎدَةً ﻟِﻌِﺒﺎدِهِ ﻋَﻦْ ﻧِﻘْﻤَﺘِﮫ‬thiyâdatan li-‘ibâdihi min
niqmatihi
52
Et pour les pousser vers Son Paradis

ِ‫ وَﺣِﯿﺎﺷَﺔً ﻟَﮭُﻢْ إﻟﻰ ﺟَﻨﱠﺘَﺘِﮫ‬wa hiyâchatan lahum ilâ


jannatihi.

C’est la section consacrée à l’attestation de


l’unicité. Elle comprend des groupes sémantiques
dont chacun renferme trois ou parfois deux
phrases ou unités linguistiques. Deux d’entre elles
ne comportent pas de rimes tout en ayant des
finales et des rythmes bien assortis. Bien entendu
cette différence et cette uniformité rythmiques ont
leur justification artistique et sémantique comme
nous allons le voir.
Commençons par l’analyse, l’explication et
l’appréciation de ces groupes introductifs propres
à l’unicité sur le plan de l’esthétique des images
qui les sous-tendent.
Le premier groupe composé de trois phrases ou
unités ou images s’appuyant sur un axe, en
l’occurrence « kalimah (mot), kalimat al-tawhîd (le
mot de l’unicité) ». Ce mot « kalimah » est ici un
symbole chargé d’évocations diverses puisque le
texte a fait du concept de « tawhîd - unicité» un
« mot / kalimah » qui constitue une image
représentative pouvant désigner plus d’une
signification, puisque d’une part il est le symbole
de l’unicité en tant que concept spirituel
«doctrinal », ce qui lui octroie le sens de
53
«philosophie » ou « position idéologique », et
d’autre part le texte l’a chargé d’une signification
sensorielle à savoir le mot prononcé, le signifiant,
c’est-à-dire la prononciation de la formule
« J’atteste qu’il n’y a de Dieu qu’Allah ». C’est
pourquoi nous remarquons que le sermon lie la
prononciation au «ta’wîl / herméneutique,
exégèse » en faisant de «ikhlâç - pureté de
l’intention » l’explicateur de ce mot prononcé, et
non pas sa simple prononciation (de ce mot). Si
nous considérons le mot « ta’wîl / herméneutique /
exégèse » dans son sens étymologique qui signifie
soit l’interprétation ou l’explication du sens caché
et non apparent du mot, soit la multiplicité de sa
signification (équivoque), la métaphore ou l’image
en question signifie que notre prononciation du
«mot » : «il n’y a de Dieu qu’Allah » n’a de sens
que si elle est accompagné de l’«ikhlâç /
l’intention pure, la sincérité », et dès lors le «ta’wîl
/ herméneutique – exégèse » devient l’interprète
intérieur de l’apparence du mot. Ce résultat auquel
nous sommes parvenu s’accorde avec l’image qui
vient tout de suite après, à savoir «dhammana-l-
qulûb mawçûlahâ = fait en sorte que les
coeurs parviennent instinctivement à saisir le sens
de l’unicité dans sa pureté », étant donné que le
cœur est le réceptacle du concept de la sincérité-
54
pureté. Ainsi la seconde image est un
développement organique de la première
puisqu’elle est chargée d’expliquer que pour faire
parvenir «la pureté-sincérité » à la signification
visée par le sermon, c’est le cœur qui renferme le
sens de « la sincérité » associée ou inhérente au
mot «Unicité ». Quant à la troisième image, elle
est le couronnement ou l'éclaircissement du
concept de la sincérité dans l’unicité car elle lui
confère sa signification réelle requise. C'est
pourquoi elle a utilisé la métaphore de la lumière
pour indiquer que la signification réelle de
l’Unicité a été éclairée à travers les opérations
intellectuelles que l’homme effectue pour parvenir
au concept de l’Unicité.
Ensuite un nouveau groupe de phrases
s’applique à développer organiquement le premier
groupe, puisque les images de celui-ci a éclairci le
concept de l’unicité, et celles du second va
élucider les «Attributs » de l’Unique (Allah, le
Sublime).
Par la suite nous rencontrons trois groupes
dont chacun se compose de deux images (à la
différence des groupes qui les précèdent ou les
suivent, lesquels comportent trois images ou plus,
comme nous allons le voir à la fin de cette partie.
55
Ces groupes traitent de la création d’Allah –Le
Très-Haut- de l’Univers et terminent par une série
qui aborde les thèmes de "thawâb / récompense ou
rétribution spirituelle".
Concernant la création du Très-Haut (IL a
créé…), le sermon dit qu’Il a créé les phénomènes
sans un modèle existant, et sans en avoir besoin
(étant donné qu’Il est auto-suffisant), mais Il l’a
fait uniquement pour montrer la Sagesse divine.
La démonstration de cette Sagesse est laissée
au soin de la dernière partie, laquelle indique que
la création des phénomènes engendre la
récompense spirituelle et la punition par ladite
Sagesse divine.

[1]
Les Deux Attestation de Foi" / al-Chahâdatayn : ach-
hadu an lâ ilâha illâllâh, wahdahu lâ charîka lahu, wa ach-
hadu anna Muhammadan ‘abduhu wa rasûluhu = (J'atteste
qu'il n'y a de Dieu qu'Allah, et j'atteste que Muhammad est
Son serviteur et Son Messager).
[2]
Ou selon une autre interprétation : Il leur a demandé d'obtenir encore
des meilleures grâces.
[3]
Alors que pour un lecteur ou auditeur non averti, et surtout pour un
traducteur, et dans les dictionnairces ces trois mots sont plus ou moins
synonymes.
[5]
Mot (Kalimah) ou formule, qui désigne la phrase
précédente (l'attestation de Foi et l'Unicité).

*********
56
Maintenant nous abordons la partie qui présente la
seconde attestation de Foi :

َJ'atteste que mon père Muhammad – que la


Prière d'Allah soient sur lui et sur sa progéniture-
est Son serviteur et Son Messager

،ُ‫وَأَﺷْﮭَﺪُ أنّ أﺑﻲ ُﻣﺤَﻤﱠﺪاً ﺻﻠّﻰ اﷲ ﻋﻠﯿﮫ وآﻟﮫ ﻋﺒْﺪُهُ وَرَﺳُﻮﻟُﮫ‬


Wa ach-hadu anna abî Muhammadan çallâ-llâhu
'alayhhi wa âlihi, ‘abduhu wa rasûluh-u

Il l'a choisi et élu avant de le missionner


ُ‫اﺧْﺘﺎرَهُ وَاﻧْﺘَﺠَﺒَﮫُ ﻗَﺒْﻞَ أَنْ أَرْﺳَﻠَﮫ‬ ikhtârahu wa-ntajabahu
qabla an arsalahu

et Il l'a sélectionné avant de l'avoir envoyé


،ُ‫وَاﺻْﻄِﻔﺎهُ ﻗَﺒْﻞَ أنِ اﺑْﺘَﻌَﺜَﮫ‬ wa-çtafâhu qabla an
ibta‘athahu

Et Il l' nommé avant de l'avoir créé


،ُ‫وَﺳَﻤّﺎهُ ﻗَﺒْﻞَ أنِ اﺟْﺘَﺒَﻠَﮫ‬ wa sammâhu qabla an
ijtabâhu

alors que toutes les créatures étaient en état


latent dans le monde de Mystère
،ٌ‫إذِ اﻟْﺨَﻼﺋِﻖُ ﺑﺎﻟﻐَﯿْﺐِ ﻣَﻜْﻨُﻮﻧَﺔ‬ ith-il-khalâ’iqu bi-l-ghaybi
maknûnatun
Et maintenues sous le voile des affres de
l'inexistence
،ٌ‫وَﺑِﺴِﺘْﺮِ اﻷَْھﺎوﯾﻞ ﻣَﺼُﻮﻧَﺔ‬ wa bi-sitr-il-ahâwîli
57
maçûnatun

Et liées à l'extrême limite du néant

، ٌ‫وَﺑِﻨِﮭﺎﯾَﺔِ اﻟْﻌَﺪَمِ ﻣَﻘْﺮُوﻧَﺔ‬ wa bi-nihâyat-il-‘adami


maqrûnatun

Allah le Sublime, sachant pertinemment les


sorts finals des affaires
ِ‫‘ ﻋِﻠْﻤﺎً ﻣِﻦَ اﷲِ ﺗَﻌﺎﻟﻰ ﺑِﻤﺂﯾِﻞ‬ilman min-Allâhi Ta‘âlâ bi-
،‫اﻷُﻣُﻮر‬ ma’âyil-il-umûr-i

Et étant parfaitement au courant des


péripéties des temps
،ِ‫وَإﺣﺎﻃَﺔً ﺑِﺤَﻮادِثِ اﻟﺪﱡھُﻮر‬ Wa ihâtatan bi-hawâdith-
id-duhûr-i

Et au fait des situations de ce qui est


prédéterminé (ou du destin)
‫ وَﻣَﻌْﺮِﻓَﺔً ﺑِﻤَﻮاﻗِﻊِ اﻟﻤَﻘْﺪور‬Wa m‘arifatan bi-mawâqi‘-
il-maqdûr-i

Allah l'a envoyé pour compléter Son Message


،ِ‫اﺑْﺘَﻌَﺜَﮫُ اﷲُ ﺗﻌﺎﻟﻰ إﺗْﻤﺎﻣﺎً ﻷﻣْﺮِه‬ ibata‘athahu-llâhu ta‘âlâ
itmâman li-amrihi

Et appliquer avec détermination Son Ordre


،ِ‫ وَﻋَﺰﯾﻤَﺔً ﻋﻠﻰ إﻣْﻀﺎءِﺣُﻜْﻤِﮫ‬Wa ‘azîmatan ‘alâ imdhâ’i
hukmihi
58
Et exécuter les destinées de Son Destin
.ِ‫وَإﻧْﻔﺎذاً ﻟِﻤَﻘﺎدِﯾﺮ ﺣَﺘْﻤِﮫ‬
Wa inqâthan li-maqâdiri
rahmatihi

Il a vu alors les peuples suivre différentes religions


.،‫ﻓَﺮَأى اﻷُﻣَﻢَ ﻓِﺮَﻗﺎًﻓﻲ أدْﯾﺎﻧِﮭﺎ‬ Fa-ra'â-l-umama firaqan fî
adyânihâ

Cloués devant leurs feux


،‫‘ ﻋُﻜﱠﻔﺎً ﻋﻠﻰ ﻧﯿﺮاﻧِﮭﺎ‬ukkafan 'alâ nirânihâ

Adorant leurs idoles


،‫‘ ﻋﺎﺑِﺪَةً ﻷَوﺛﺎﻧِﮭﺎ‬âbidatan li-awthânihâ

Reniant Allah malgré leur connaissance innée


ou démontrée de Son Existence innée
‫ ﻣُﻨْﻜِﺮَةً ﷲ ﻣَﻊَ ﻋِﺮْﻓﺎﻧِﮭﺎ‬munkiratan lillâhi ma‘a ‘irfânihâ.

Allah a éclairé alors par la lumière de


Mohammad (P) leurs ténèbres
،‫ﻓَﺄَﻧﺎرَ اﷲُ ﺑِﻤُﺤَﻤﱠﺪٍ ﺻﻠﻰ اﷲ ﻋﻠﯿﮫ وآﻟﮫ ﻇُﻠَﻤَﮭﺎ‬
a-anâra-llâhu bi-abî Muhammadin çallâllâhu ‘alyhi wa
âlihi dhulamahâ

Et Il a dissipé des cœurs leurs voiles


،‫ وﻛَﺸَﻒَ ﻋَﻦِ اﻟﻘُﻠُﻮبِ ﺑُﮭَﻤَﮭﺎ‬Wa kachafa ‘an-il-qulûbi
buhamahâ
59
Et enlevé des yeux leurs nuages

،‫وَﺟَﻠّﻰ ﻋَﻦِ اﻷَﺑْﺼﺎرِ ﻏُﻤَﻤَﮭﺎ‬ Wa jalâ ‘an-il-abçâri


ghumamahâ

Il s'est appliqué à apporter la guidance


،ِ‫ وَﻗَﺎمَ ﻓﻲ اﻟﻨّﺎسِ ﺑِﺎﻟﮭِﺪاﯾَﺔ‬Wa qâma fî-n-nâsi bi-l-
hidâyati,

Et il les a ainsi sauvés de la déviation


،ِ‫وأﻧﻘَﺬَھُﻢْ ﻣِﻦَ اﻟﻐَﻮاﯾَﺔ‬ fa-anqathahum min-l-
ghawâyati

Et il les a sortis de l'aveuglement vers la lucidité


،ِ‫وَﺑَﺼﱠﺮَھُﻢْ ﻣِﻦَ اﻟﻌَﻤﺎﯾَﺔ‬ wa baççarahum min-l-
‘amâyati

Et il les a guidés vers la religion juste

،ِ‫وھَﺪاھُﻢْ إﻟﻰ اﻟﺪّﯾﻦِ اﻟﻘَﻮﯾﻢ‬ wa hadâhum ilâ-d-dîn-il-


qawîm

et les a appelés à la Voie droite


ِ‫وَدَﻋﺎھُﻢْ إﻟﻰ اﻟﻄﱠﺮﯾﻖِ اﻟﻤُﺴﺘَﻘﯿﻢ‬ wa da‘âhum ilâ-t-tarîq-il-
mustaqîm

Puis Allah a rappelé son âme par mansuétude


et selon son choix63
thumma qabadhahu-llâhu ilayhi
ٍ‫ﻀﮫُ اﷲُ إﻟﯿْﮫِ ﻗَﺒْﺾَ رَأْﻓَﺔ‬
َ َ‫ﺛُﻢﱠ ﻗَﺒ‬ qab-dha ra'fatin wa-khtiyârin

63
Voir livre 1 pp 170-171
60
،ٍ‫وَاﺧﺘِﯿﺎر‬

Et par désir et préférence


ٍ‫ورَﻏْﺒَ ٍﺔ وَإﯾﺜﺎر‬ wa raghbatin wa ithârin,

Maintenant Mohammad (P) est en repos,


libéré de la fatigue, de ce monde
‫ﻓَﻤُﺤَﻤﱠﺪ ٍﺻﻠﻰ اﷲ ﻋﻠﯿﮫ وآﻟﮫ‬ fa-Mohammadun (P) min
،ٍ‫ ﻋَﻦْ ﺗَﻌَﺐِ ھﺬِهِ اﻟﺪّارِ ﻓﻲ راﺣﺔ‬ta'abi hâthihi-d-dâri fî râhatin,

Il est entouré des anges bienfaisants


،ِ‫ ﻗَﺪْ ﺣُﻒﱠ ﺑﺎﻟﻤَﻼﺋِﻜَﺔِ اﻷﺑْﺮار‬qad haffa bi-l-malâ'ikat-il-
abrâri

Et jouissant de l'agrément du Seigneur, le


Pardonneur
،ِ‫وَرِﺿْﻮانِ اﻟﺮﱠبﱠ اﻟﻐَﻔﺎر‬ wa ridhwân-ir-rabb-il-
ghaffâri

Et de la proximité du Roi, le Grand


ِ‫ وﻣُﺠﺎوَرَةِ اﻟﻤَﻠِﻚِ اﻟﺠَﺒّﺎر‬wa mujâwarat-il-malik-il-
jabbâri

Que les prières d'Allah soient sur mon père,


Son Prophète
، ِ‫ﺻﻠﻰ اﷲ ﻋﻠﻰ أﺑﻲ ﻧﺒﯿﱠﮫ‬ çallâ-llâhu 'alâ abî
nabiyyihi,

Et Son confident pour la Révélation, et Son élu


61

،ِ‫ وَأﻣﯿﻨﮫِ ﻋﻠﻰ وﺣْﯿِﮫِ وَﺻَﻔِﯿﱢﮫ‬wa amînihi ‘alâ wahyihi wa


çafiyyihi

Le meilleur de Sa création et le plus agréé par Lui


ِ‫ وَﺧِﯿَﺮَﺗِﮫِ ﻣِﻦَ اﻟﺨَﻠْﻖِ وَرَﺿِﯿﱢﮫ‬wa khiyaratihi min khlaqihi
wa radhiyyihi

Et que le salut soit sur lui, ainsi que la


Miséricorde et les bénédictions d'Allah
ِ‫واﻟﺴﱠﻼمُ ﻋَﻠَﯿْﮫِ وَرَﺣْﻤَﺔُ اﷲ‬ wa-s-salâmu 'alayhi wa
rahmat-ullâhi wa
.ُ‫وَﺑَﺮَﻛﺎﺗُﮫ‬ barakâtuh-u

Cette Attestation de Foi paraît longue, comparée à


la précédente, beaucoup plus courte. La raison en
est probablement que la prophétie a elle-même la
charge du Message divin, et c’est elle qui est
concernée à présent (à l’époque du sermon) par sa
continuité à travers l’Imamat, car cette partie du
sermon explique comment le Prophète (P) avait
amené la société obscurantiste (préislamique /
jâhilyyeh) des ténèbres vers la lumière, alors que
cette merveilleuse transforamtion a été reniée par
la nouvelle position révisionniste créée après le
décès du Messager (P) par le refus du testament de
ce dernier en faveur de l’Imam Ali (p).
En tout cas le sermon développe progressivement
avec un art subtil ce fait, comme nous allons le
voir maintenant :
62
Cette partie commence par un prologue qui
dépeint la personnalité du Prophète (P) et relate sa
selection comme Messager par Allah le Très-Haut,
auprès de l’humanité. Il est notable que le sermon
a utilisé des mots précis qui s’articulent autour du
sens de la sélection (ou pour exprimer la
sélection), mais qui diffèrent les uns des autres, ce
qui décèle l’infaillibilité linguistique de l’auteur du
sermon. Ces mots (ikhtârahu, intajabahu, ijtabâhu,
içtafâhu) qui paraissent avoir des significations
semblables ou même des synonymes pour un
lecteur ordinaire, ont chacun un sens différent des
autres. Ainsi l’«ikhtiyâr » infinitif de « ikhtârahu »
dérive de ce qui est «khayr / bien», « içtifâ’ »
renvoie à ce qui est limpide ou pur, «ijtibâ’ » c’est
façonner une chose à la nature innée de l’homme,
et «intijâb » vient de «najîb » c’est-à-dire ce qui est
précieux dans une chose, ou ce qui a une garande
valeur et ainsi de suite. Ces traits divers dans la
personnalité du Prophète (P) et son envoi vers
l’humanité, armé de telles nobles qualités
indiquent qu’Allah a observé en lui les nobles
qualités à tous les niveaux, puis l’a missionné
auprès de cette humanité. Il ne fait pas de doute
que cette sélection fondée sur ces hautes qualités a
trait aux positions et événements qui se dessinent,
en plus du fait que le Message lui-même requiert
ladite sélection pour servir de bon modèle aux
autres.
Là, le sermon dessine le linéament de la société
préislamique en s’appuyant sur tous les deux
styles : direct et imagé, selon les exigences de la
63
situation. Concernant la soicété en général, le
sermon indique qu’Allah le Sublime, exécutant
son verdict, a envoyé Mohammad (P) à cette
société dont les linéaments s'ébauchent comme les
a vus ce dernier (P) et comme nous venons de le
voir plus haut :
Il a vu alors les peuples suivre différentes
religions,
Cloués devant leurs feux,
Adorant leurs idoles,
Reniant Allah malgré leur connaissance innée ou
démontrée de Son Existence,
Allah a éclairé alors par la lumière de Mohammad
(P) leurs ténèbres
Et Il a dissipé des cœurs leurs voiles
Et enlevé des yeux leurs nuages

Puis elle dit :

-Maintenant Mohammad (P) est en repos, libéré


de la peine, de ce monde,
-Il est entouré des anges bienfaisants,
-Et jouissant de l'agrément du Seigneur, le
Pardonneur,
-Et de la proximité du Roi, le Grand,
-Que les prières d'Allah soient sur mon père, Son
Prfophète,
-Et Son confident pour la Révélation, et Son élu,
-Le meilleur de Sa création et le plus agréé par
Lui,
64
-Et que le salut soit sur lui, ainsi que la
Miséricorde et les bénédictions d'Allah
Ainsi se termine l’attestation de foi relative au
Prophète (P) et le sermon entre dans le vif du sujet
visé, lorsque la Noble Fatimah se tourne vers les
gens présents à qui elle s’adresse de la façon que
nous allons voir un peu plus loin. Mais avant
d’aborder cet aspect du sermon, nous voudrions
attirer l’attention sur la partie précédente pour y
observer les indices et les traits esthétiques qui se
manifestent par un style tantôt direct (simple)
tantôt imagé selon la situatation, comme nous
l’avons déjà signalé. Par exemple la sainte
Fatimah parle du décès du Prophète (P) avec un
langage direct et clair comme «Puis Il Allah le
Très-Haut a pris son âme », ou «Que la Prière
d’Allah soit sur mon père, Son Prophète, Son
confident pour la Révélation et Son élu…". Elle
décrit dans la même clarté et simplicité de langage
la société préislamique «adorant leurs idoles,
restant en permanence prosternés devant les
feux » «Reniant Allah le Très-Haut malgré leur
connaissance innée de Lui ». Les exemples de ce
style se caractérisent par une clarté évidente,
exprimée à travers des phrases très rythmées qui
confèrent au langage un aspect très esthétique,
tandis que nous avons affaire dans une autre partie
un langage imagé, surtout lorsqu’il s’agit de
décrire le changement social remarquable de ladite
société sur le plan intellectuel ou idéologique
grâce au Message de Mohammad (P) : «Allah le
Très-Haut a illuminé par Mohammad (P) leur
65
ténèbres (ignorance), enlevé des coeurs les
croyances douteuses, et des yeux les voiles…"
Comme on peut le constater ce segment est riche
en métaphores d’une densité remarquable, car la
nature du changement social immense (l’adhésion
à la religion musulmane) impose le choix d’un
langage à signification profonde, dense,
renfermant tout ce qui est riche en sens, et c’est cet
élément imagé qui s’en charge. Ainsi, le symbole
indiquant qu’Allah a illuminé par son père
Mohammad (P) les ténèbres des sociétés
déchirées, païennes, adoratrices de feux etc…
signifie que le Prophète (P) les avait sauvées des
ténèbres et propulsées vers la lumière. De même le
symbole indiquant qu’il (P) « a enlevé des cœurs
les croyances douteuses qui les habitaient » veut
dire qu’il (P) a ouvert leurs cœurs après qu’ils
étaient fermés, incapables de saisir correctement
les vérités. De même encore, le symbole dénotant
que Mohammad (P) «a éloigné des yeux leurs
voiles » signifie qu’il en a enlevé les brouillards
qui les empêchaient de voir la lumière, c’est-à-dire
la lumière de l’Islam.
En tout état de cause, le sermon, après avoir
dessiné les linéaments du nouveau changement
social, puis le décès du Prophète (P), se dirige,
comme nous l’avons dit, vers l’exposition du sujet
principal, en s’appuyan sur des outils artistiques
subtils comme nous allons le voir maintenant :
Pour aborder le sujet visé, le sermon commence
par s’adresser à l’assemblée de compagnons,
66
composée de « ançâr / Partisans) et de «Muhâjirîn
/ Émigrants), après un préliminaire savamment
formulé dans lequel la sainte Fatima leur rappelle
ingénieusement ce qu'ils sont censés être :
«vous êtes les protecteurs de la religion et les
confidents d’Allah le Très-Haut et Ses
émissaires auprès des nations »,
، ‫أَﻧْﺘُﻢْ ﻋِﺒﺎدَ اﷲ ﻧُﺼْﺐُ أﻣْﺮِهِ وَﻧَﮭْﯿِﮫِ وَﺣَﻤَﻠَﺔُ دﯾﻨِﮫِ وَوَﺣْﯿِﮫ‬
Antum ‘ibâd-ullâhi naçbi amrihi wa nahyihi wa hamalatu
dînihi wa wahyihi,

ِet un héritage qu’Il a laissé comme Son


lieutenant auprès de vous
.ْ‫وَﺑَﻘِﯿﱠﺔٌ اﺳﺘَﺨْﻠَﻔَﮭﺎ ﻋَﻠَﯿْﻜُﻢ‬ Wa baqiyyatun
istakhlafahâ ‘alaykum

Le Livre parlant d’Allah


،ُ‫ﻛِﺘﺎبُ اﷲِ اﻟﻨّﺎﻃِﻖ‬ Kitâb-ullâh-il-nâtiq

Le Coran véridique
،ُ‫ واﻟﻘُﺮْآنُ اﻟﺼّﺎدِق‬Wa-l-qur’ân-al-çâdiq etc.

et la Lumière brillante
،ُ‫وَاﻟﻨﱡﻮرُ اﻟﺴّﺎﻃِﻊ‬ Wa-n-nûr-as-sâti'a

Et la Lueur éclatante.
،ُ‫وَاﻟﻀﱢﯿﺎ ُء اﻟﻼّﻣِﻊ‬ Wa-dh-dhiyâ'-al-lâmi'a
67
Ses arguments sont évidents
،ُ‫ﺑَﯿﱢﻨَﺔٌ ﺑَﺼﺎﺋِﺮُه‬ Bayyinatun baçâ'irihi

Ses intentions (significations) profondes


(ésotériques) sont dévoilées
،ُ‫ﻣُﻨْﻜَﺸِ َﻔﺔٌ ﺳَﺮاﺋِﺮُه‬ Munkachifatun sarâ'irihi

Ses significations apparentes sont clairement


découvertes
،ُ‫ ﻣُﺘَﺠَﻠﱢﯿَﺔٌ ﻇَﻮاھِﺮُه‬Mutajalliyatun dhawâhirihi

Ses adpetes en sont heureux


،ُ‫ﻣُﻐْﺘَﺒِﻄَﺔٌ ﺑِﮫِ أَﺷْﯿﺎﻋُﮫ‬ Mughtabitatun bihi achiyâ'ihi

Il guide vers le contentement ceux qui le


suivent
،ُ‫ﻗﺎﺋِﺪٌ إﻟﻰ اﻟﺮﱢﺿْﻮانِ اﺗّﺒﺎﻋُﮫ‬ Qâ'idun ilâ-r-ridhwâni
ittibâ'ahu

L’écouter conduit au salut


.ُ‫ ﻣُﺆَدﱟ إﻟﻰ اﻟﻨﱠﺠﺎةِ إﺳْﻤﺎﻋُﮫ‬Mu'addin ilâ-n-najâti ismâ'ahu
Cette constellation d'images et bien d'autres que
nous omettons de mentionner ici demeure en
réalité des prologues artistiques au sujet principal,
car recourir aux citations coraniques pour laisser
entendre que cette assemblée de compagnons
représente ce que le Livre d'Allah a laissé comme
héritage pour la Communauté, vise à mettre ces
68
gens devant leur responsabilité, responsabilité qui
leur a été dévolue par le noble Coran, surtout que
la sainte Fatimah parle de ce sujet dans un
langage clair mais imagé, pour souligner la
symétrie entre les arguments coraniques qui
brillent de clarté et ceux du droit légitime de
l'Imam Ali (p) à la succession du Prophète (P). Le
sermon a fait recours à des images qui reflètent ce
qui est "parlant / nâtiq", "véridique / çâdiq",
"éclatant /sâti' ", "brillant /lâmi' ","clair/bayyin",
"dévoilé /munkachif", "patent / jaliyy", puisque la
véracité, la brillance, la clarté, l'éclat etc sont des
vocables soigneusement choisis pour désigner
l'évidence de la preuve (argument) et l'évidence de
la situation. Et avec ces deux évidences, il ne reste
aucune excuse pour la décision injuste d'ignorer la
continuité de l'Imamt de l'Imam Ali (p) après la
disparition du Prophète (P). Ici nous voudrions
attirer l'attention du lecteur sur l'importance de ce
type de la présentation du linéament du noble
Coran, lequel se caractérise par des traits qui
touchent tous les aspects : dogmatiques, éthiques,
sociaux, économiques, scientifiques etc. Toutefois
le sermon n'a pas abordé tous ces traits, mais un
seul d'entre eux à savoir "la clarté, la brillance, la
véracité, l'évidence etc." du saint Livre d'Allah,
pour lier entre la clarté de toutes les vérités
précitées et l'évidence de la situation que les
compagnons présents ne doivent pas ignorer. Ce
style incarne, nous le répétons, l'une des formes de
la structure artistique la plus solide en raison de
69
l'enchevêtrement des sujets et leur lien organique,
comme nous l'avons expliqué.
Nous devrions projeter la lumière sur cette image
assimilative pour plusieurs raisons. La première
raison en est que les images ont été choisies ici
assimilatives et non métaphoriques ni analogiques,
comme les images suivantes et contrairement à
celles du second sermon où la métaphore constitue
l'élément dominant. La raison en est que l'image
assimilative se compose de deux phénomènes dont
l'un est le même que l'autre ou sert à le définir.
Ainsi lorsque nous disons par exemple que "le
Coran est une lumière éclatante", la signification
en diffère de l'énoncé "le coran est comme la
lumière éclatante" ou encore "la lumière du
coran", remplissent une fonction différente de
celui "le Coran est une lumière éclatante", puisque
l'analogie ou la comparaison "le coran est comme
la lumière éclatante", dénote l'existence d'un objet
de pensée commun entre le Coran et la lumière, et
que la métaphore "la lumière du Coran" confère au
Coran le caractère de la lumière, alors que
l'assimilation "Coran est une lumière éclatante",
définit le Coran comme étant la lumière, c'est dire
que le Coran est 'incarnation, assimilation,
intégration de la lumière, ou unification, fusion
avec elle, et non pas comme la lumière ou qu'il
revêt le caractère de celle-ci. Quant à la
justification artistique du choix de l'assimilation
même, c'est que le sermon vise à définir le noble
Coran comme étant un livre "parlant", "véridique",
"éclatant", "brillant", etc. Et toutes ces expressions
70
forment une définition de la vérité du Coran. C'est
pourquoi les images doivent être assimilative pour
que le sujet s'identifie ou s'assimile à la nature de
l'image artistique.
En tout état de cause , le sermon après avoir
terminé de présenter les images du Coran à travers
les images "assimilatives", s'oriente vers la
présentation d'autres types d'images
"assimilatives", mais cette fois-ci pour offrir "des
définitions ou des images assimilatives" non sur le
plan de la clarté des arguments coraniques, mais
pour insérer les Principes divins (les statuts légaux
/ ahkâm, les croyances / 'aqâ'id, la morale / akhlâq
– tout en insistant sur les statuts légaux). La
raison artistique qui se cachent derrière ce procédé
est que les les vocables présentés sont l'incarnation
des principes qu'avait apportés Mohammad (P) et
qui ont sauvé la société en la sortant des ténèbres
vers la lumière, mais que ces gens (l'actuel équipe
califale de l'époque) ont ignorés et reniés après le
décès du Messager d'Allah.
Examinons maintenant quelques exemples de ces
nouvelles images assimilatives :
-(Aussi Allah a-t-Il fait de la Foi pour vous une
purification du polythéisme )
Fa-ja‘alallâhu-l-îmâna tat-hîran lakum min-
ach-chirki
،ِ‫ﻓَﺠَﻌَﻞَ اﷲُ اﻹﯾﻤﺎنَ ﺗَﻄْﮭﯿﺮاً ﻟَﻜُﻢْ ﻣِﻦَ اﻟﺸﱢﺮْك‬

-Et de la Prière, un éloignement de l'orgueil)


71
(Wa-ç-çalâta tanzîhan lakum ‘an-il-kibri)
،ِ‫وَاﻟﺼﱠﻼةَ ﺗَﻨْﺰِﯾﮭﺎً ﻟَﻜُﻢْ ﻋَﻦِ اﻟﻜِﺒْﺮ‬

- (Et du zakât, un assainissement de l'âme et


une augmentation de la subsistance)
Wa-z-zakâta tazkiyatan li-n-nafsi wa namä'an fî-r-rizqi
،‫واﻟﺰﱠﻛﺎةَ ﺗَﺰْﻛِﯿَﺔً ﻟِﻠﻨﱠﻔْﺲِ وَﻧَﻤﺎءً ﻓﻲ اﻟﺮﱢزْق‬

(et du jeûne, un raffermissement de la sincérité)


Wa-ç-çiyâma that-bîtan li-l-ikhlâçi
،ِ‫واﻟﺼﱢﯿﺎمَ ﺗَﺜْﺒﯿﺘﺎً ﻟﻺِﺧْﻼص‬

(et du Pèlerinage, une édification de la Religion)


Wa-l-hajja tachyîdan li-d-dîni
،ِ‫واﻟﺤَﺞﱠ ﺗَﺸْﯿﯿﺪاً ﻟِﻠﺪّﯾﻦ‬

(et de la Justice, une harmonisation des cœurs)


Wa-l- 'adla tansîqan li-l-qulûbi
،ِ‫وَاﻟﻌَﺪْلَ ﺗَﻨْﺴﯿﻘﺎً ﻟِﻠْﻘُﻠﻮب‬

- (et du fait de nous obéir un système pour la


nation)
Wa tâ'atinâ nidhâman li-l-millati
،ِ‫وَﻃﺎﻋَﺘَﻨﺎ ﻧِﻈﺎﻣﺎً ﻟِﻠْﻤِﻠﱠﺔ‬

- (et de notre imamat une sécurité contre la


division)
Wa imâmatanâ amânan min-al-firqati
،ِ‫وَإﻣﺎﻣَﺘَﻨﺎ أﻣﺎﻧﺎً ﻣِﻦَ اﻟْﻔُﺮْ َﻗﺔ‬

Etc…..
72
Comme on peut le constater, cette série d’images
«assimilatives » incarne la «définition » des
Principes divins, à commencer par la Foi, en
passant par la Prière, le Zakât, le jeûne etc…pour
parvenir à «l’obéissance aux hl-ul-Bayt (p) » et à
«l’Imamat », lesquels constituent, ne le perdons
pas de vue, les deux incarnations du sujet principal
visé par Al-Zahra’ (p) dans son sermon,
l’obéissance à la Famille purifiée du Prophète (P)
qui forme l’un des Deux Poids (al-Thaqalayn »
incarnant le système ou l’Ordre de la Umma, et
l’imamat, l’assurance contre la division.

Il est clair que le système signifie la réaliasation de


l’équilibre social de la nation (lequel ne se réalise
que par l’obéissance aux Ahl-ul-Bayt, selon
l’excpression de la noble al-Zahrâ), alors que
l’Imamat est le couronnement de cet équilibre
social puisqu’il est l’assurance contre la division,
donc un appui audit équilibre. Et effectivement le
non-respect de ces deux principes essentiels
(obéissance et Imamat) a conduit, comme on le
sait, à la division à l’époque du Saqîfah et jusqu’à
nos jours, comme l’a si bien prédit la Noble
Fatimah.

Le sermon poursuit l’exposé d’une série des


principes islamiques tel que le commandement de
faire le bien (al-amr bi-l-ma'arûf), la bienfaisance
envers les parents, le talion, la fidélité etc….et il
conclut ce passage par :
73
(Craignez Allah comme Il doit être craint. Et
ne mourez qu'en pleine soumission) 64
Et obéissez à Allah pour ce qu’Il vous a
ordonné..
Comme on peut l’aprecevoir, cette conclusion se
lie organiquement à ce que la noble Dame a dit, à
savoir que l’obéissance aux Ahl-ul-Bayt (p) est un
système pour la Communauté, que l’Imamat est
une assurance contre la division et que le
commandement du bien est l’un des principes de
la Religion. Et la volià qui met en pratique ce
principe (le commandement du bien) à travers ce
sermon et réclame l’obéissance…
Donc la fin de cette série d’images
« assimilatives » marque une progreession ou un
développement organique de ce qu’elle (la série)
avait énoncé, développement par lequel elle va
entrer dans le vif du sujet ou le sujet visé, lorsque
la noble Dame s’adresse à l’assemblée ainsi :

Sachez que je suis Fatimah, et que mon père est


Mohammad (P), je le dis du début à la fin……
‫ أَﻗُﻮلُ ﻋَﻮْدا‬،ِ‫ وَأﺑﻲ ﻣُﺤﻤﱠﺪٌ ﺻَﻠﱠﻰ اﷲُ ﻋَﻠَﯿْﮫِ وَآﻟِﮫ‬،ُ‫اﻋْﻠَﻤُﻮا أﻧﱢﻲ ﻓﺎﻃِﻤَﺔ‬

64
4/102 Sourate âle ‘Imarân : 4/102 :
‫}ﻓَﺎﺗﱠﻘُﻮا اﷲَ ﺣَﻖﱠ ﺗُﻘﺎﺗِﻪِ وَﻻ ﺗَﻤُﻮﺗُﻦﱠ إﻻ وَأﻧْﺘُﻢْ ﻣُﺴْﻠِﻤُﻮنَ{ وَ أﻃﯿﻌُﻮا‬
ِ‫اﷲَ ﻓﯿﻤﺎ أﻣَﺮَﻛُﻢْ ﺑِﻪ‬
74
Et : «Mon père et pas le père d’aucune de vos
femmes, et le frère de mon cousin et pas le
frère d'aucun de vos hommes …. et il a
communiqué le Message…. »65
Etc…
Mais avant de dire cela elle a pris soin de
souligner:
« Et je ne dis pas ce que je dis à tort, ni ne
fais ce que je fais indûment »
Lâ aqûlu mâ aqûlu ghalatan, wa lâ af'alu mâ af'alu
chatatan
ً‫ وَﻻ أﻓْﻐَﻞُ ﻣﺎ أﻓْﻌَﻞُ ﺷَﻄَﻄﺎ‬،ً‫وَﻻ أﻗُﻮلُ ﻣﺎ أﻗُﻮلُ ﻏَﻠَﻄﺎ‬
Ces types d’allusions au « lien de parenté » et
avant au fait qu’elle ne parle pas à tort ni n’agit
indûment, constituent un outil artistique pour faire
passer un message spécial qu’elle vise en vue de
préparer le terrain à la présentation de quelque
chose encore plus important… En outre
l’évocation du lien de parenté de cette façon
spéciale «le frère de mon cousin et non d’aucun de
vos hommes » en parlant de son père (P), c’est-à-
dire en liant entre son père et l’Imam Ali (p) et en
l’appellant le « frère » du «cousin » est une
subtilité artistique très significative. De même le
fait d’évoquer son lien de parenté avec son père en
précisant qu’il est son père à l’exclusion de toute

َ ‫ أﺑﻲ دُو‬65
َ‫ وَ ﻟَﻨِﻌْﻢ‬،ْ‫ وَأﺧﺎ اﺑْﻦِ ﻋَﻤﱠﻲ دُونَ رِﺟﺎﻟِﻜُﻢ‬،ْ‫ن ﻧِﺴﺎﺋِﻜُﻢ‬
َ‫ ﻓَﺒَﻠﱠﻎَ اﻟﺮﱢﺳﺎﻟَﺔ‬.‫اﻟْﻤَﻌْﺰِيﱡ إﻟَ ْﯿﻪِ ﺻَﻠﻰ اﷲ ﻋﻠﯿﻪ وآﻟﻪ‬
75
autre femme va dans le même sens, puisque ce lien
de parenté s’enchevêtre dans le concept de
l’Imamat pour renforcer sa position et montrer
qu’elle sait petinemment ce qu’elle dit (et non
pour mettre la parenté en évidence en tant que
telle).

En tout cas le sermon revient, comme elle le dit,


pour lier son père au fait qu’il avait sorti la société
préislamique des ténèbres vers la lumière, car elle
est consciente qu’artistiquement la répétition
d’une même chose ne convient à l’éloquence de la
situation que dans un contexte particulier. C’est
pourquoi elle a déclaré dès le début qu’elle revient
(pour répéter) sur une parole relative à son père et
aux gens de l’assemblée, à savoir qu’il a sauvé la
société déviée, mais dans ce contexcte nouveau,
elle parle du sauvetage de la société par le jihâd,
alors qued dans le contexte précédent le sauvetage
se passait par la mise en évidence des données
avantageuse du Message. C’est pourquoi elle dit
de lui et de son jihad contre les polythéistes, qu’il
a transmis le Message d’Allah, le Sublime :

«Il a communiqué le Message, en affichant


l’avertissement
‫ﻓَﺒَﻠﱠﻎَ اﻟﺮﱢﺳﺎﻟَﺔَ ﺻﺎدِﻋﺎًﺑِﺎﻟﻨﱢﺬارَ ِة‬
Fa-ballagha-l-risâlati çâdi‘an bi-n-natharati

Se détournant de la voie tortueuse des


polythéistes
76
Mâ’ilan ‘an madarajat-il-muchrikîn
،َ‫ﻣﺎﺋِﻼً ﻋَﻦْ ﻣَﺪْرَﺟَﺔِ اﻟْﻤُﺸْﺮِﻛِﯿﻦ‬
Supprimant leurs chefs
Dhâriban thabajahum ،ْ‫ﺿﺎرِﺑﺎً ﺛَﺒَﺠَﮭُﻢ‬

Étouffant leurs souffles


Âkhithan bi-akdhâmihim ،ْ‫آﺧِﺬاً ﺑِﺄﻛْﻈﺎﻣِﮭِﻢ‬

Appelant (les gens) au sentier de son


Seigneur par la sagesse et la bonne
exhortation66
Dâ‘iyan ilâ sabîli rabbihi bi-l-hikmati wa-l-maw‘idhat-il-
hasanati
،ِ‫ﺤﺴَﻨﺔ‬
َ ‫داﻋِﯿﺎً إﻟﻰ ﺳَﺒﯿﻞِ رَﺑﱢﮫِ ﺑِﺎﻟﺤِﻜْﻤَﺔِ وَاﻟﻤَﻮْﻋِﻈَﺔِاﻟ‬

Il brise les idole


،َ‫ﯾُﻜْﺴِﺮُ اﻷَﺻْﻨﺎم‬ Yuksir-ul-açnâma

Et jette leurs têtes par terre


،َ‫وَﯾَﻨْﻜُﺖُ اﻟْﮭﺎم‬ wa yankuth-ul-hâma

66
Cf sourate al-Nahl / Les Abeilles : 16 / 125 :" Par la
sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de
ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c'est
ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s'égare de Son sentier
et c'est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés".
77
Jusqu’à ce que le groupe (des polythéistes) se
défasse et s’enfuie
‫وَوَﻟﱡﻮا‬ ُ‫ ﺣَﺘﱠﻰ اﻧْﮭَﺰَمَ اﻟْﺠَﻤْﻊ‬Hattâ-nhazama-l-jam‘u, wa
،َ‫ اﻟﺪﱡﺑُﺮ‬wallaw ad-dubra

Jusqu’à ce que les ténèbres de la nuit67 se


soient déchirées, laissant apparaître la
lumière matinale68
،ِ‫ ﺣَﺘّﻰ ﺗَﻔَﺮﱠى اﻟﻠﱠﯿْﻞُ ﻋَﻦْ ﺻُﺒْﺤِﮫ‬Hattâ tafarrâ-l-laylu ‘an
çubhihi

Et que la Vérité ait dévoilé sa pureté


،ِ‫ وَأﺳْﻔَﺮَ اﻟﺤَﻖﱡ ﻋَﻦْ ﻣَﺤْﻀِﮫ‬Wa asfara-l-haqqu ‘na
mah-dhihi

Et que le leader de la Religion ait parlé


ِ‫ وَﻧَﻄَﻖَ زَﻋِﯿﻢُ اﻟﺪّﯾﻦ‬Wa nataqa za‘îm-ud-dîni

Et que les langues des satans se soient tues


،ِ‫ وَﺧَﺮِﺳَﺖْ ﺷَﻘﺎﺷِﻖُ اﻟﺸﱠﯿﺎﻃﯿﻦ‬Wa kharasat chaqâchiq-
uch-chayâtîni

Et que les notables de l’hypocrisie soit tombés


،ِ‫ وَﻃﺎحَ وَﺷﯿﻆُ اﻟﻨﱢﻔﺎق‬Wa tâha wachîdh-un-nifâqi

Et que les forces de la mécréance et de la


discorde se sont défaites

67
De l’obscurantisme présilamque
68
De l’Islam
78
،ِ‫وَاﻧْﺤَﻠﱠﺖْ ﻋُﻘَﺪُ اﻟْﻜُﻔْﺮِ وَاﻟﺸﱢﻘﺎق‬ Wa-nhallat ‘uqad-ul-kufri
wa-ch-chiqâqi

Puis elle fait le lien entre le jihad et la déviation


dans laquelle vivaient ces gens :

Et vous étiez au bord d’un fossé de feu69


َ‫وَﻛُﻨْﺘُﻢْ ﻋَﻠﻰ ﺷَﻔﺎﺣُﻔْﺮَةٍ ﻣِﻦ‬ wa kuntum 'alâ chafâ
،ِ‫ اﻟﻨّﺎر‬hufratin min-an-nâr

Prêts à être avalés par le premier assoiffé


،ِ‫ﻣُﺬْﻗَﺔَ اﻟﺸّﺎرِب‬ mathaqqat-ich-châribi

Et l’occasion d’être la proie de tout convoiteur

،ِ‫وَﻧُﮭْﺰَةَ اﻟﻄّﺎﻣِﻊ‬ wa nuhzat-at-tâmi‘i

Un brandon, bon pour être ramassé par tout


passant pressé
،ِ‫وَﻗُﺒْﺴَﺔَ اﻟْﻌَﺠْﻼن‬ wa qabsat-al-'ajlâni

Et trace des pieds (bons pour être piétinés)


،ِ‫ وَﻣَﻮْﻃِﺊَ اﻷﻗْﺪام‬wa mawti'-il-aqdâmi

Vous buviez les eaux stagnantes


،َ‫ﺗَﺸْﺮَﺑُﻮنَ اﻟﻄّﺮْق‬ tachrabûn-at-tarqa

Et vous vous nourrissiez des feuilles


69
Ou vous étiez au bord de l’Enfer à cause de votre mécréance.
79
،َ‫وَﺗَﻘْﺘﺎﺗُﻮنَ اﻟْﻮَرَق‬ wa taqtâtûn-al-waraqa

Serviles et bannis
،َ‫ أذِﻟﱠﺔً ﺧﺎﺳِﺌِﯿﻦ‬athillatan khâsi'în

"craignant de vous faire enlever par des


gens "70 C’est alors qu’Allah –Le Très-Haut –
vous a sauvés par Mohammad – que la Prière
d’Allah soit sur lui et sur sa famille – après
tant d’efforts et de difficultés.

‫ﻓَﺄﻧْﻘَﺬَﻛُﻢُ اﷲُ ﺗَﺒﺎرَكَ وَﺗَﻌﺎﻟﻰ‬.{ْ‫}ﺗَﺨﺎﻓُﻮنَ أنْ ﯾَﺘَﺨَﻄﱠﻔَﻜُﻢُ اﻟﻨﱠﺎسُ ﻣِﻦْ ﺣَﻮْﻟِﻜُﻢ‬


‫ﺑِﻤُﺤَﻤﱠﺪٍ ﺻَﻠﻰ اﷲ ﻋﻠﯿﮫ وآﻟﮫ‬
"Takhâfûna an yatakhattafakum-un-nâsi min
hawlikum", fa-anqathakum-ullâhu tabâraka wa ta‘âlâ
bi-Muhammadin çallâllâhu ‘alayhi wa âlihi

Elle s’applique par la suite à faire connaître


l’identité des ennemis que Mohammad a
combattus, en les décrivant ainsi :
Et après qu’il eut été confronté aux héros
parmi les hommes, les loups des arabes et les
arrogants des gens du livre
،ِ‫ب وَﻣَﺮَدَةِ أھْﻞِ اﻟْﻜِﺘﺎب‬
ِ َ‫وَﺑَﻌْﺪَ أنْ ﻣُﻨِﻲَ ﺑِﺒُﮭَﻢِ اﻟﺮﱢﺟﺎلِ وَذُؤْﺑﺎنِ اﻟْﻌَﺮ‬

70
Segment du verset coranique (sourate al-Anfâl / Le Butin) : « 26. Et
rappelez-vous quand vous étiez peu nombreux, opprimés sur terre,
craignant de vous faire enlever par des gens. Il vous donna asile, vous
renforça se Son secours et vous attribua de bonnes choses afin que
vous soyez reconnaissants ».
80
Wa ba‘da an muniya bi-buham-ir-rijâli wa thu'bân-il-
‘arabi wa maraddati ahl-il-kit[abi

Puis elle ébauche une nouvelle situation comme


suit :
"Toutes les fois qu'ils allument un feu pour la
guerre, Allah l'éteint"71
،{ُ‫}ﻛُﻠﱠﻤﺎ أوْﻗَﺪُوا ﻧﺎراً ﻟِﻠْﺤَﺮْبِ أﻃْﻔَﺄھﺎ اﷲ‬
"Kullamâ awqadû nâran li-l-harbi at-fa'ahâ-llâhu

Ou qu’apparaît la corne de satan

Aw najama qarnun li-ch- ،ِ‫أوْﻧَﺠَﻢَ ﻗَﺮْنٌ ﻟِﻠْﺸﱠﯿْﻄﺎن‬


chaytâni

71
Cf sourate al-Mâ’idah (La Tabler servie) 5/ 64 :
« Et les Juifs disent: La main d'Allah est fermée! Que leurs propres mains
soient fermées, et maudits soient-ils pour l'avoir dit. Au contraire, Ses deux
mains sont largement ouvertes: Il distribue Ses dons comme Il veut. Et certes,
ce qui a été descendu vers toi de la part de ton Seigneur va faire beaucoup
croître parmi eux la rébellion et la mécréance. Nous avons jeté parmi eux
l'inimité et la haine jusqu'au Jour de la Résurrection. Toutes les fois qu'ils
allument un feu pour la guerre, Allah l'éteint. Et ils s'efforcent de semer le
désordre sur la terre, alors qu'Allah n'aime pas les semeurs de désordre. »
ِ ‫وَﻗَﺎﻟَﺖْ اﻟْﯿَﮭُﻮدُ ﯾَﺪُ اﻟﻠﱠﮫِ ﻣَﻐْﻠُﻮﻟَﺔٌ ﻏُﻠﱠﺖْ أَﯾْﺪِﯾﮭِﻢْ وَﻟُﻌِﻨُﻮا ﺑِﻤَﺎ ﻗَﺎﻟُﻮا ﺑَﻞْ ﯾَﺪَاهُ ﻣَﺒْﺴُﻮﻃَﺘَﺎ‬
‫ن‬
‫ﯾُﻨﻔِﻖُ َﻛﯿْﻒَ ﯾَﺸَﺎءُ وَﻟَﯿَﺰِﯾﺪَنﱠ ﻛَﺜِﯿﺮًا ﻣِﻨْﮭُﻢْ ﻣَﺎ أُﻧﺰِلَ إِﻟَﯿْﻚَ ﻣِﻦْ رَﺑﱢﻚَ ﻃُﻐْﯿَﺎﻧًﺎ وَﻛُﻔْﺮًا‬
‫وَأَﻟْﻘَﯿْﻨَﺎ ﺑَﯿْﻨَﮭُﻢْ اﻟْﻌَﺪَاوَةَ وَاﻟْﺒَﻐْﻀَﺎءَ إِﻟَﻰ ﯾَﻮْمِ اﻟْﻘِﯿَﺎﻣَﺔِ ﻛُﻠﱠﻤَﺎ أَوْﻗَﺪُوا ﻧَﺎرًا ﻟِﻠْﺤَﺮْبِ أَﻃْﻔَﺄَھَﺎ‬
(64/5 ‫ )ﺳﻮرة اﻟﻤﺎﺋﺪة‬.َ‫اﻟﻠﱠﮫُ وَﯾَﺴْﻌَﻮْنَ ﻓِﻲ اﻷَرْضِ ﻓَﺴَﺎدًا وَاﻟﻠﱠﮫُ ﻻَ ﯾُﺤِﺐﱡ اﻟْﻤُﻔْﺴِﺪِﯾﻦ‬
81
Et qu’un groupe des polythéistes se met en
avant72
َ‫وَﻓَﻐَﺮَتْ ﻓَﺎﻏِﺮَةٌ ﻣِﻦَ اﻟْﻤُﺸْﺮِﻛِﯿﻦ‬
Wa fa-gharat fâ-ghi-ratun min-al-muchrikîna

Il lançait son frère vers le fond des troubles


pour les étouffer
،‫ﻗَﺬَفَ أﺧﺎهُ ﻓﻲ ﻟَﮭَﻮاﺗِﮭﺎ‬
Qathafa akhâhu fî lahawâtihâ

Ici nous nous arrêtons au tournant de cette


structure artistique du sermon pour nous
apercevoir les niveaux de la formulation étonnante
de la situation sur les plans «sémantique »,
rythmique, métapohorique ….
Sur le plan structural, le sermon a établi
subtilement un lien entre le jihad de son père (P)
et l’Imam Ali (puisqu’il vise à parvenir au droit
prioritaire de l’Imam Ali à diriger la Umma),
lorsque la sainte Fatimah dit : «Il lançait son frère
vers le fond des troubles pour les étouffer».
Ainsi, son frère, l’Imam Ali (p) entre dans le
champ du texte (sermon) d’une façon très
naturelle, puisqu’elle avait dit que Ali (p) est le
frère du Prophète (P) lorsqu’elle avait commencé
la troisième partie, juste après la présntation des
Deux Attestations de Foi : l’Unicité et la

72
Ou qu’un serpent des polytheistes ouvre sa bouche pour mordre les
Musulmans.
82
Prophétie : « Vous trouvez mon père à l’exclusion
de toutes vos femmes et le frère de mon cousin à
l’exclusion de tous vos hommes ». Et le revoilà le
« frère » qui s’introduit dans le sermon une
seconde fois.. Quand ? Il y entre après une série de
présentation de l’action du Prophète (P) :
"Il a communiqué le Message, en affichant
l’avertissement, se détournant de la voie
tortueuse des polythéistes, Supprimant leurs
chefs"
Et après qu’il eut subi « les épreuves des miséreux
des Arabes et les orgueilleux parmi les Gens du
Livre etc…», il a fait appel au soutien de de son
frère pour combattre ces polythèsite «il a lancé son
frère dans les flammes des guerres »
Voyons à présent comment le sermon de Fatima
(p) a établi artistiquement le lien entre son père par
le biais de son recours au jihad et son sauvetage de
la société du bord de l’abîme de feu, de sa
confrontation avec les miséreux des Arabes et
l’envoi de de "son frère" vers les flammes de ces
guerres, et l’Imam Ali (p) par le truchement de son
jihad, et ensuite comment elle a lié tout ce qui
précède à son but de mettre en évidence le droit
prioritaire de Ali (p) à la nouvelle direction de la
société musulmane….
Nous venons de mettre en évidence comment sur
le plan de la structure architercturale générale du
sermon celui-ci a établi le lien entre les personnes
du Prophète (P) et de l’Imam Ali (p). Il reste à
83
examiner la formulation métaphorique, rythmique
et sémantique de cette partie du sermon.
Notons d'abord, comme nous l'avons déjà signalé,
le fait d’émailler le sermon, implicitement et
explicitement, de donnnées coraniques, constitue
un trait saillant dans le style de Fatima (p). En
voici quelques exemples illustratifs : «Certes, un
Messager pris parmi vous, est venu à vous….»73,
«Apellant au sentier de son Seigneur par la sagesse et
la bonne exhortation»74, «craignant de vous faire
enlever par des gens. »75, « Toutes les fois qu'ils
allument un feu pour la guerre, Allah l'éteint. »76
On peut remarquer que c’est la métaphore et non
l’assimilation qui prédomine le texte dans cette
partie : «ont fait cesser les murmures des
Satans », «les canailles de l’hypocrisie », «le
nœud de la mécréance », «goutte d’eau pour
l’assoiffé », «une flamme pour les gens
pressés », «les loups des arabes », «la corne de
Satan » etc…La raison artistique de ce choix du
style métaphorique est que probablement le
sermon ne cherche pas ici à faire connaître les
principes du Coran pour convenir au style

73
Sourate le Repentir (al-Tawbah) : 128 /9.
74
Cf sourate al-Nahl : 16 /125 :“ Par la sagesse et la bonne
exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et
discute avec eux de la meilleure façon. Car c'est ton Seigneur qui
connaît le mieux celui qui s'égare de Son sentier et c'est Lui qui
connaît le mieux ceux qui sont bien guidés. »
75
Sourate al-Anfâl : 8 / 26.
76
Sourate al-Mâ’idah (La Table Servie) : 5 /64.
84
assimilatif, mais à présenter les combats et
le jihad, ce qui requiert des métaphores qui
confèrent à ce phénomème le caractère d’un autre
phénomène ou qui mettent à nu les louvoients et
les déviations qui marquent le comportement,
comme lorsque les murmures sont prêtés aux
satans, le nœud à la mécréance, la corne à
l’égarement…
Outre la métaphore, la métonymie et le symbole
occupent une bonne place dans cette partie.
L’exemple en est «lieu de la pose du pied » « al-
nuqqar al-bîdh / les blancs», "al-khumâç / le ventre plat».
Notons que le symbole vise à dévoiler ce qui est
illimité ou indiquer quelque chose à travers un
masque particulier, comme lorsque les
«véridiques » sont désignés par la métaphore «le
ventre plat / al-khomâç» et les abstinents par «les
blancs / al-nuqqar al-bîdh», ou encore pour désigner
le trait de la servilité illimité par l’expression «le
lieu de la pose des pieds / mawdhi‘-il-aqdâm» car
celle-ci indique le dernier degré que l’on puisse
imaginer de la servilité, le pied étant le symbole de
la bassesse, du piétinement au sens le plus large du
terme.
En tout état de cause toutes ces figures de style ou
de rhétorique : les métaphores, les symboles, les
références implicites ou explcites aux éléments
coraniques contribuent activement à éclaircir les
significations spécifiques que le sermon vise. Par
exemple, lorsque la noble al-Zahra’ vise à décrire
la société préislamique par ses traits les plus vils
85
dont la servilité ou la peur, on la voit recourir aux
citations implicites ou explicites des éléments
coraniques tels que « craignant de vous faire
77
enlever par des gens » , aux symboles «les lieux
de la pose du pied » et à la métaphore «goutte
d’eau pour l’assoiffé » et ainsi de suite » Ces
images (symboles, éléments coraniques,
métaphore) expriment l’état de peur et de servilité
dans son sens le plus large.
Il en va de même pour tous les phénomènes et
traits caractéristiques. Ainsi lorsqu’elle vise par
exemple à présenter les traits du Prophète (P), elle
fait appel aux mêmes outils d’expression, c’est-à-
dire (métaphore, éléments coraniques implicites
ou explicites) : «frappant leur centre », «Appelant
au chemin de son Seigneur», «se détourant du
chemin des polythéistes ».
Cette façon de présenter ces traits exprime leurs
significations les plus larges et les plus intégrales :
par exemple «frapper le centre » tel qu’il est
exprimé en arabe métaphorique «dharb-al-
thabaj » signifie l’anéantissement du centre ou le
mouvement militaire qui incarne la force de
l’ennemi, et le détournement du chemin des
77
"Et rappelez-vous quand vous étiez peu nombreux,
opprimés sur terre, craignant de vous faire enlever par des
gens. Il vous donna asile, vous renforça se Son secours et vous
attribua de bonnes choses afin que vous soyez reconnaissants"
(al-Anfâl, le butin 8/26)
ُ‫وَاذْﻛُﺮُوا إِذْ أَﻧْﺘُﻢْ ﻗَﻠِﯿﻞٌ ﻣُﺴْﺘَﻀْﻌَﻔُﻮنَ ﻓِﻲ اﻷَرْضِ ﺗَﺨَﺎﻓُﻮنَ أَنْ ﯾَﺘَﺨَﻄﱠﻔَﻜُﻢْ اﻟﻨﱠﺎس‬
(8‫( ) اﻻﻧﻔﺎل‬26)َ‫ﻓَﺂوَاﻛُﻢْ وَأَﯾﱠﺪَﻛُﻢْ ﺑِﻨَﺼْﺮِهِ وَرَزَﻗَﻜُﻢْ ﻣِﻦْ اﻟﻄﱠﯿﱢﺒَﺎتِ ﻟَﻌَﻠﱠﻜُﻢْ ﺗَﺸْﻜُﺮُون‬
86
polythéistes dénote l’ecrasement de leurs
traditioins, la communication du Message d’Allah
par «la sagesse et les bonnes paroles» est la
manière idéale dans des contextes excluant la
solution militaire. Il en va de même pour son
ébauche des traits des différents types des
déviationnistes, comme dans l’image
métaphorique «les loups des arabes », l’image
implicitant un élément coranique «les insoumis
des gens du livre », et l’image symbolique «le
groupe féroce parmi les polythéistes»; chacune de
ces images dévoilent la fourberie des différents
types de l’ennemi «les loups », les plus louvyants
parmi eux «maraddah / les indociles » , les plus
féroces «le serpent et les lions / fagharet
fâghirat.., » Ainsi les trois niveaux de l’image, et
les significations de la situation liées aux traits de
la personnalité du Prophète (P) dans son jihad
missionnaire (communiquer le message) et
militaire, et aux traits de la soicété obscurantiste
(sa décadence culturelle et sa fuite face au
Message) à laquelle il était missionné, ces
significations jouent leurs rôles vivants dans
l’éclaircissement des situations comme nous
venons de le voir.
Sur le plan rythmique : Il faut savoir que cette
partie (comme toutes les autres) n’emploie jamais
un son (dans un mot) sans qu’il ne soit soumis à la
même précision sémantique dans le choix de
l’image, de l’événement, de la situation et leur
place dans le sermon. Ainsi nous remarquons que
la situation ou l’événment que ce soit dans une
87
unité parielle (phrase) ou sa grande unité (une
série de phrases) choisit des finales 78 soient
indépendantes soient unies (rimées), selon
l’exigence de la signification pour la situation ou
l’événement. Ainsi, lorsque la sainte Fatimah dit :
"lâ aqûlu ghalatan (je ne parle pas faussement ou
injustement) wa lâ af‘alu mâ af‘alu chatatan », (je ne
fais pas ce que je fais injustement), elle unifie
(rime) les deux finales (ghalatan, chatatan), car la
situation impose l’unification de ces deux finales
pour qu’elles s’harmonisent avec le contenu
sémantique des deux phrases, qui énonce que chez
Fatimah l’acte ne diffère pas de la parole (elle agit
et parle correctement), mais lorsqu’elle (p) décrit
le jihad du Prophète (P) sous les différentes formes
de son action, elle (p) utilise des finales non
rimées :
Fa-ballagha-l-risâlati çâdi‘an
Mâ’ilan ‘an madarajat-il-muchrikîn
Dhâriban thabajahum
Âkhithan bi-akdhâmihim
Dâ‘iyan ilâ sabîli rabbihi bi-l-hikmati wa-l-maw‘idhat-il-
hasanati
Ici les finales : "muchrikîn, Thabajahum,
akdhâmihim, hasanati " sont indépendantes et
rythmiquement non unies, et ceci à cause de la
variété du mouvement du Prophète (P). En effet
«la communication du Message » diffère du
«détournement des traditions des polythésites », le
78
Finale :Syllabe ou éléments en dernière position dans un mot ou une
phrase.
88
premier étant un acte verbal, alors que le second
est un acte cordial. Il en va de même pour les
autres détails de la situation ou de l’événement.
Mais lorsque le sermon poursuit la relation de ce
thème pour en aborder l’aspect militaire, il unifie
les finales :
«Yuksir-ul-açnâma, wa yankuth-ul-hâma »
parce que les deux contenus qu’expriment ces
deux phrases ne sont pas séparés l’un de l’autre :
d’une part, tous les deux sont des actions, et
d’autre part, ces deux actios sont identiques :
briser l’idole et briser son adorateur. De là, les
finales rimées.,
Enfin il ne faut pas oublier les traits semantiques
liés aux outils d’analogie, d’oppositiion, de
symétrie, de répétition ou de consécution. Dans le
domaine de la consécution par exemple, nous
avons cette série :
«
“Muthqat-ach-châribi, wa nuhzat-at-tâmi‘i, wa qubsat-
al-‘ajlâni, wa mawti’-il-aqdâmi “

« bi-hammi-ri-jâli, thu’bân-il- ‘arabi, maraddata ahl-il-


kitâbi »
" Dhâriban thabajahum, âkhithan bi-akdhâmihim, Dâ
‘iyan ilâ sabili rabbihi… »
Et dans le domaine de l’opposition :
-«mon père à moi, à l’exclusion de vos
femmes;
89
-le frère de mon cousin, à l’exclusion de vos
hommes »,
-«chque fois qu’ils allument un feu, Allah
l’éteint »;
-«appelant au chemin de son Seigneur par la
sagesse et la bonne parole79 / il brise leurs
idoles80 » etc.
Bref, ces différentes formes de fomulation, ont en
soi leur propre esthétique d’une part, et d’autre
part, leur esthétique architecturale rendue par la
cohésion entre les différents éléments du sermon.
En outre cette esthétique progresse ou se
développe lorsque nous suivons le texte par le plus
important tournant vers lequel le sermon se dirige
sur le plan de la structure architecturale et sur le
plan de la signification qu’elle vise. Ce tourant,
comme nous l’avons signalé au passage
antérieurement, est le lien que que la sainte Fatima
a établi entre le jihad de son père, et son recours à
Ali (p) à cet effet, lorsqu’elle a dit que «chaque
fois que les polythéistes ouvrent leur bouche »81,
il «lance son frère dans la bouche du serpent »82,
et par ce lien qu’elle établit entre les deux
personnalités, elle les unifie (surtout qu’elle a uni
l’expression «le frère » qui participe maintenant au

79
Dâ‘iyan ilâ sabîli rabbihi bi-l-hikmati wa-l- maw‘idhat-il-hasanati
80
yuksir-ul-açnâma
81
Ou «chauqe fois que le serpent des polythétistes ouvre sa
bouche ».
82
« Dans les flammes de la guerre ».
90
jihad –l’Imam Ali (p)- l’autre «frère », le Prophète
(P), par l’expression «le frère de mon cousin à
l’exclusion de vos hommes».
Naturellement, lorsque la sainte Fatima a employé
dans une précédente partie, l’expression «le frère
de son cousin », elle s’agissait d’établir le lien de
parenté, alors que dans la présente partie, elle a
réintroduit son «frère », parce qu’elle aborde ici
son jihad, et le «testament » avec tout ce que celui-
ci évoque par des associations mentales entre «le
testament » et «et le lien de fraternité », comme
c’est le cas entre «la prophétie de Moise (p) et le
testament de Hâroun (p) » ce qui présente une
analogie, à cette différence près que le Phophète
Mohammad (P) n’a pas manqué de préciser «sauf
qu’il n’il n’y a pas de prophète après moi ».
Bref, par cette unification des deux « frères », le
sermon entre au cœur de l’idée visée, en décrivant
comme suit le rôle de l’Imam Ali (p) sur la scène
des événements :
-«il a lancé son frère dans ses flammes
-Lequel ne retourne (du comabt) jusqu’à ce qu’il
écrase de son pied le nez de l’ennmi,
-Et en étein les flammes avec son épéé
-Fusionné dans l’Essence d’Allah
-Épuisé pour la cause d’Allah »
Cette séquence consacrée à l’ébauche de la
personnalité de l’Imam Ali (p), (alors que les
séquences précédentes se chargeaient de dresser le
portrait de la personnalité du Prophète (P)) a
évidemment son lien artistique avec l’armature du
91
sermon, non seulement du fait qu’elle lie les deux
personnalités (le Prophète et l’héritier présomptif
/waçiyy), mais aussi tous les autres axes du sermon,
comme nous allons le voir. En effer, celui-ci va
établir de nouveau un rapport enre le jihad de
l’Imam Ali (p) et les autres traits de la société
préislamique qu’il avait dessinés avant, lorsqu’il
avait lié le jihad du Prophète (P) à ladite société.
Ce procédé se révèle comme l’une des formes de
l’art la plus subtile, puisqu’il conduit l’esprit à
associer mentalement les deux personnalités (le
Prophète et l’héritier) et les unifie, par l’analogie
de leur jihad contre leur société commune.
Suivons donc la structure architecturale de cette
partie du sermon, en plus de ses traits sémantiques,
métaphoriques, rythmiques etc…
La première chose que que nous rencontrons dans
cette nouvelle séquence est l’élément imagé dans
la première unité d’images, à savoir l’image
métaphorique ou symbolique qui lie entre la
personnalité du Prophète (P), le jihad et la
personnalité de l’Imam Ali (p) : «il a lancé son
frère aux flammes de la guerre / qathafa akhâhu fî
lahawâtihâ». Que révèle donc cette image
remarquable?
Si le trerme arabe équivoque ou plutôt
polysémique «lahawât » est pris au sens d’appareil
buccal, dans ce cas la référence aux guerres
connote que c’est l’Imam Ali (p) qui en a le
dernier mot dans celles-ci, et c’est ce que tous les
historiens sont unanimes pour affirmer qu’il était
92
le héro des batailles du Prophètes, qu’il n’a jamais
affronté quelqu’un sans l’avoir abattu. Il suffit
d’ailleurs de savoir que ses ennemis le détestent
parce qu’il a anéanti leurs loups (guerriers). En
outre le contexte dans lequel cette image apparaît
nous aide à parvenir à cette conclusion, puisque le
texte dit, comme nous l’avons vu :
-«Il ne s’en retourne jusqu’à ce qu’il écarse ses
ailes avec le creux de ses pieds / falâ yankafi’
hattâ yata’ janâhahâ bi-akhmuçihi »
-«et qu'il en éteigne les flammes avec son épée /
wa yakhmudu lahîbahâ bi-sayfihi »
Si c’est lui qui a le dernier mot pour conclure la
guerre, l’image qui indique que c’est lui qui en
éteint les flammes se conforme à cette conlusion
(de la guerre); de même lorsqu’il en écrase les
ailes (des polythéistes) sous le creux de ses pieds,
cette image s’assortit avec le reste.
Ici, d'aucuns pourraient s'interroger sur la
signification de cette dernière image :
«Il ne s’en retourne jusqu’à ce qu’il écarse ses ailes avec le
creux de ses pieds / falâ yankafi’ hattâ yata’ janâhahâ
bi-akhmuçihi »

Il est possible que cette métaphore soit une


"intertextualité"83 ou un emprunt à des textes que
83
Intertextualité : Ensemble des relations existant entre un texte
(notamment littéraire) et un ou plusieurs autres avec lesquels le lecteur
établit des rapprochements. Intertextualité entre les fables de
La Fontaine et celles d'Ésope. — Adj. INTERTEXTUEL, ELLE. (Le
Petit Robert).
93
les linguistes utilisent, ou bien l'insertion
conceptuelle d'un proverbe connu, car en effet, on
retrouve souvent dans beaucoup de textes,
différentes utilisations de cette image (comme
"frapper sur l'oreille / al-dharb 'alâ-çimâkh") pour
symboliser le sommeil ou empêcher l'audition, ou
tout comme, c'est le cas dans ce sermon pour
représenter l'écrasement sous/par le pied – al-wat'
bi-l-akhmaç. Toutes ses utilisations de ladite image
dénotent en tout cas la réalisation de la victoire
dans la bataille grâce à l'héroïsme excedptionnel
de l'Imam Ali (p), et ceci s'harmonise parfaitement
avec ce qui précède immédiatement cette image, à
savoir le verset corfanique le Fatima al-Zahra cite :

"Toutes les fois qu'ils allument un feu pour la guerre,


84
Allah l'éteint" , c'est-à-dire que son héroïsme
qu'Allah a comparé aux "Deux Poids" (al-
thaqalayn) éteint le feu de la guerre et conclut
celle-ci à l'avantage des Musulmans, cet héroïsme

84
Cf sourate al-Mâ’idah (La Tabler servie) 5/ 64 :
« 64. Et les Juifs disent: La main d'Allah est fermée! Que leurs propres mains
soient fermées, et maudits soient-ils pour l'avoir dit. Au contraire, Ses deux
mains sont largement ouvertes: Il distribue Ses dons comme Il veut. Et certes,
ce qui a été descendu vers toi de la part de ton Seigneur va faire beaucoup
croître parmi eux la rébellion et la mécréance. Nous avons jeté parmi eux
l'inimité et la haine jusqu'au Jour de la Résurrection. Toutes les fois qu'ils
allument un feu pour la guerre, Allah l'éteint. Et ils s'efforcent de semer le
désordre sur la terre, alors qu'Allah n'aime pas les semeurs de désordre. »
َ ْ‫وَﻗَﺎﻟَﺖْ اﻟْﯿَﮭُﻮدُ ﯾَ ُﺪ اﻟﻠﱠﮫِ ﻣَﻐْﻠُﻮﻟَﺔٌ ﻏُﻠﱠﺖْ أَﯾْﺪِﯾﮭِﻢْ وَﻟُﻌِﻨُﻮا ﺑِﻤَﺎ ﻗَﺎﻟُﻮا ﺑَﻞْ ﯾَﺪَاهُ ﻣَﺒْﺴُﻮﻃَﺘَﺎنِ ﯾُﻨﻔِﻖُ ﻛَﯿ‬
‫ﻒ‬
َ‫ﯾَﺸَﺎءُ وَﻟَﯿَﺰِﯾﺪَنﱠ ﻛَﺜِﯿﺮًا ﻣِﻨْﮭُﻢْ ﻣَﺎ أُﻧﺰِلَ إِﻟَﯿْﻚَ ﻣِﻦْ رَﺑﱢﻚَ ﻃُﻐْﯿَﺎﻧًﺎ وَﻛُﻔْﺮًا وَأَﻟْﻘَﯿْﻨَﺎ ﺑَﯿْﻨَﮭُﻢْ اﻟْﻌَﺪَاوَة‬
ِ‫وَاﻟْﺒَﻐْﻀَﺎءَ إِﻟَﻰ ﯾَﻮْمِ اﻟْﻘِﯿَﺎﻣَﺔِ ﻛُﻠﱠﻤَﺎ أَوْﻗَﺪُوا ﻧَﺎرًا ﻟِﻠْﺤَﺮْبِ أَﻃْﻔَﺄَھَﺎ اﻟﻠﱠﮫُ وَﯾَﺴْﻌَﻮْنَ ﻓِﻲ اﻷَرْض‬
(64/5 ‫( )ﺳﻮرة اﻟﻤﺎﺋﺪة‬64)َ‫ﻓَﺴَﺎدًا وَاﻟﻠﱠﮫُ ﻻَ ﯾُﺤِﺐﱡ اﻟْﻤُﻔْﺴِﺪِﯾﻦ‬
94
étant puisé dans la Puissance du Tout-Puissant,
puisqu'il est celui qui s'anéantit dans l'Essenced
d'Allah : " S’éreintant pour la cause d’Allah"85

Dès que l’ébauche ou la description de l’héroïsme


corporel se termine, nous nous trouvons face à la
présentation de l’héroïsme spirituel dans les
images suivantes : «makdûran fî thât-illâhi…..
/épuisé pour la cause d’Allah… etc ». Cette longue
série d’images dont les unes sont plongées dans
l’indirect, les autres s’appyuant sur le direct, tel
que «nâçihan / bon conseiller, mujiddan / sérieux,
kâdihan /travaillant dur, qarîban min rasûl-illâhi
etc…/ proche du Messager d’Allah etc..» incarne
une formulation sémantique, importante pour
l’équilibre des deux aspects : physique et
psychologique, matériel et cultuel.
A vrai dire, lesdites images préparent le terrain
pour la mise en scène de la nouvelle situation (qui
se répète aussi), c’est-à-dire dessiner de nouveau
un environnement dans lequel les gens vivaient-
puisuqe le sermon avait décrit le milieu
préislamique déviè dans deux endoits différents ou
dans deux contextes particuliers que nous avons
déjà expliqués, alors que maintenant c’est dans un
troisième contexte que ce milieu est présenté, un
milieu hypocrite différent des deux autres aspects
dudit milieu, à savoir la situation liée à la
participation de l’Imam Ali (p) à la confrontation

،ِ‫ ﻣَﻜْﺪُوداً ﻓﻲ ذاتِ اﻟﻠّﻪ‬85


95
avec la déviation de l’ennemi. Ainsi, la répétition
revêt donc une signification artistique d’une part,
et elle intervient dans des contextes différents,
d’autre part, car «la répétition » en tant qu’élément
artistique se justifie soit lorsque l’idée visée
requiert qu’elle soit confirmée, soit parce la
différence dans les contextes l’exigent, comme
nous venons de le voir.
La voilà (la sainte Zahra) donc en train de dessiner
les traits de l’environnement islamique pendant les
années de lutte contre les poythéistes, c’est dire
qu’elle dresse le portrait des attitudes de ses
auditeurs face au jihad du Prophète (P) et de
l’héritier présomptif, en dénonçant ceux qui
étaient réunies face à elle, lesquels pendant que
l’Imam Ali (p) était «épuisé pour la cause
d’Allah », «proche du Messager d’Allah »,
«livrant combats aux déviationnistes », se
trouvaiuent :
«dans une vie d’aisance / fî rafâhiyyatin min-al‘
aychi»
«tranquilles / wâdi‘ûn»
«en distraction / fâkihûn»
«en sécurité / âminûn» etc
Non seulement cela, mais ils s’attendent à des
mauvaises nouvelles (pour les Musulmans), et
fuyaient les combats !!! Quoi encore ?
Après le décès du Prophète (P), ils ont retourné
leurs vestes et :
96
«Dhaharat fîkum hasîkat-un-nifâqi86 (la rancune de
l’hypocrisie fit surface en vous) ou (Apparaît en vous
alors l’hostilité de l’hypocrisie)
Wa samala jalbâb-ud-dîni87
Et celui qui retenait sa haine parmi les faux a enfin parlé
Wa nataqa kâdhim-ul-ghâwîni88

Et est apparu ostensiblement le plus insignifiant


des serviles
Wa nabagha khâmil-ul-aqallîna89
Et le dignitaire des pervers a grondé
Wa hadara fanîq-ul-mubtilîn90

Iَ ci - avant de suivre la continuité de la description


de la situation - il convient de nous arrêter à
l’architecture du texte dans la partie dont nous
traitons maintenant. Notons que d’une part cette
partie met en scène deux milieux ou
environnements 1- le milieu d’avant le décès du
Prophète (P), 2-le milieu d'après son décès, et
d’autre part, elle a dessiné deux traits : 1-l’ébauche
des deux milieux en question, 2- La « répétition »
des caractéristiques du Livre d’Allah – puisque la
sainte Fatima a indiqué, au début de la troisième

86
ِ‫ﻇَﮫَﺮَ ﻓﯿﻜُﻢْ ﺣَﺴﯿﻜَﺔُاﻟﻨﱢﻔﺎق‬
87
،ِ‫وَﺳَﻤَﻞَ ﺟِﻠﺒْﺎبُ اﻟﺪّﻳﻦ‬
88
،ِ‫وَﻧَﻄَﻖَ ﻛﺎﻇِﻢُ اﻟْﻐﺎوِﻳﻦ‬
89
،َ‫وَﻧَﺒَﻎَ ﺧﺎﻣِﻞُ اﻷَﻗَﻠﱢﯿﻦ‬
90
‫ﻓَﻨﯿﻖُ اﻟﻤﺒﻄﻠﯿﻨﻮھﺪَر‬
97
partie du sermon, (après la préambule et les Deux
Attestations de Foi, c’est-à-dire lorsqu’elle a
abordé le sujet central) qu’Allah leur a confié Son
Livre qu’elle a décrit comme étant «la lueur
éclatante, la lumière brillante, la clairvoyance
évidente, les arrière-fonds devoilés etc … », alors
que maintenant, dans le nouveau contexte elle
dessine les traits caractéristiques du Coran aussi,
mais en précisant que ses auditeurs l’ont laissé
derrière leurs dos, (comme nous allons l’expliquer
tout à l’heure ), ce qui montre que l’architecture
artistique de cette partie du sermon et son lien
avec ce qui le précède et ce qui lui succède, est
d’une esthétique et d’une sloidité évidentes.

Mais abstraction faite de ladite structure


géométrique ou architecturale, suivons la
continuation de la description de la nouvelle
situation dont parle le sermon. Cette situation
comporte deux milieux dont l’un se déroule du
vivant du Prophète (P), où l’Imam Ali (p) était son
soutien, l’autre après son décès, où les auditeurs
ont retourné leurs vestes.

Arrêtons-nous sur la présentation de ces deux


milieux et commençons par le premier :
La présentation d’une série de traits qui ont
marqué ces gens, tels que : 1-aisance, 2-
tranquillité, 3-distraction, 4-sécurité, d’une part, 1-
leur souhait de l’arrivée de malheurs, 2-leur attente
de mauvaises nouvelles, 3-leur défection dans le
98
combat et enfin 4-leur fuite du champ de
bataille….
Examinons d’abord la division géométrique duelle
de la conduite de ces gens :
1- Il y a quatre traits caractéristiques (aisance
etc…
2-quatre autres traits caractéristiques aussi (le
souhait de la venue de malheurs etc..)
- Les premiers traits se rapportent à une conduite
particulière, à savoir la vie tranquille que mènent
les gens en cotraste avec la vie de tension que vit
l’Imam Ali (p) dans les combats et avec les
difficultés du milieu dévié..
- Les seconds traits se rapportent à la conduite
agressive vis-à-vis du Message de l’islam, puisque
les gens visés souhaitent la venue de malheurs et
attendent les mauvaises nouvelles..
Cet équilibre architectural ou géométrique entre
les deux étages du bâtiment, l’équilibre entre
quatre ailes symétriques de ces deux étages (c’est-
à-dire l’étage des traits de sécurité et celui des
traits agressifs, et l’équilibre entre quatre traits de
chaque étage avec leurs pendants symétrique).
Laissons de côté cette structure esthétique, ainsi
que le milieu qui la sous-tend, à savoir
l’environnement qui incarne la vie du Prophète (P)
et la comparaison entre le jihad de l’Imam Ali (p)
et la défection des gens, laissons tout ceci pour
nous occuper du second milieu ou environnement,
celui du post-décès du Prophète (P), dans lequel
99
nous nous trouvons devant une structure
géométrique dont l’esthétique se révèle dans
l’équilibre entre les deux milieux d’une part, et la
comparaison entre l’attitude négative des gens du
vivant du Prophète (P), et leur attitude après son
décès où le sermon les dessine dans une structure
architecturale solide comme suit :
«Dhaharat fîkum hasîkat-un-nifâqi91 / (Apparaît en
vous alors l’hostilité de l’hypocrisie)
fa-khatara fî ‘araçâtikum92 / Et il s’est pavané dans
vous cours
fa wasamtum ghayra ibilikum93 / Vous avez ainsi
marqué de fer des chameaux qui n’etaient les vôtres

Chacucn de ces trois segments comprend une série


d’images qui dessinent une tranche des types du
comportement des gens, puis, nous nous
confrontons à d’autres segments et tranches
diverses dont nous exposons les images et la
structure selon leur ordre dans le sermon :
Examinons tout d’abord le premier segment :
«Dhaharat fîkum hasîkat-un-nifâqi / (Apparaît en
vous alors l’hostilité de l’hypocrisie)
Que sous-tendent cette image et les suivantes
comme traits esthétiques et sémantiques ?

ِ‫ ﻇَﮫَﺮَ ﻓﯿﻜُﻢْ ﺣَﺴﯿﻜَﺔُاﻟﻨﱢﻔﺎق‬91


،ْ‫ ﻓَﺨَﻄَﺮَ ﻓِﻲ ﻋَﺮَﺻﺎﺗِﻜُﻢ‬92
ْ‫ ﻓَﻮَﺳَﻤْـﺘُﻢْ ﻏَﯿْﺮَ اِﺑِﻠِﻜُﻢ‬93
100
La noble Zahrâ’ a décrit la position ou l’attitude de
ces gens comme hypocrite et a mis l’accent sur le
mot «hasîkat » qui signifie rancune et agression. Or
il ne fait pas de doute que l’hypocrisie recèle
nécessairement une rancune ou une agressivité,
puisqu'elle consiste tout simplement à montrer une
chose et à en cacher une autre : montrer la foi et
cacher la mécréance ou la désobéissance. Montrer
la première par inérêt personnel, et cacher la
seconde par tendance ou penchant naturel de
l’hypocrite. Donc cette flatterie est accopagnée
forcément de sentiments de rancune et
d’agression. C’est pourquoi la manifestation de
cette rancune ou agression après qu’elle a été
dissimulée au fond, apparaît avec la disparition du
climat qui a imposé l’hypocrisie de la personnalité.
C’est dire que le Messager d’Allah (P) ayant été
transféré vers l’autre monde, les raisons de la
manifestation de ce qui est contraire à ce qui
est dissimulé ont disparu et les inclinations
cachées- en l’occurrence la rancune ou
l’agression- font surface.
Lorsque ce qui est dissimulé au fond fait surface et
que ses traces se manifestent, comme nous le
suggère la seconde métaphore «samala jilbâb-ud-dîni
– L’habit de la religion s’est décoloré».
Maintenant que nous révèle la troisième image?
«et le plus silencieux des égarés a enfin parlé »,
ce qui est une suite naturelle de ce qui précède
puisque la vérité de ce qui était caché s’est
manifestée, manifestation qu’incarne la métaphore
101
qui confère le caractère de la «parole » à la
dissimaulation en question, ou comme l’exprime
l’image «le plus silencieux des égarés a fini par
parler », c’est-à-dire celui qui gardait le silence,
symbole de la dissimulation de l’hypocrite.
Enfin «s’est manifesté le plus insignifiant des
gens serviles /nabagha khâmil-ul-aqallîn », c’est-à-
dire que celui qui était insignifiant, médiocre à
l’époque de l’hypocrisie, a pris maintenant de
l’importance et est apparu solennellement, et la
nouvelle situation déviationniste a montré son vrai
visage.
Ici il est important de noter même rapidement que
si ces métaphores organiquement successuives,
comme nous l’avons remarqué s’appuient sur
«suml / décoloration ; nutq / parole ; nubûgh /
apparition solennelle) c’est parce qu’elles
constituent des instruments clairs de l’apparition
de quelque chose après sa dissimulation :
l’apparition de la décoloration, de la parole et de la
manifestation solennelle.
Finalement le couronnement de ces apparitions est
une nouvelle série ou chaînes d’images artistiques
qui incarne un nouveau segment que la sainte
Zahra consacre à l’ébauche de la personnalité de
satan, c'est-à-dire le second segment dont nous
avons exposé quelques modèles, mais elle a
dessiné une image qui occupe le milieu du second
segment, à savoir :
102
-le chameau (mâle) distingué a grogné - le chef
des faux)
"wa hadara fanîq-ul-mubtilîn" ‫وَھَﺪَرَ ﻓَﻨﯿﻖُ اﻟﻤُﺒﻄِﻠﯿﻦ‬
Le grognement est le résultat naturel des
apparitons précitées : l’habit, la parole, la
manifestation naturelle, et il est corroboré par la
source principale de la conduite déviée (Satan).
C’est pourquoi la sainte Fatima l’a dessiné comme
suit :
-Il a fait balancer sa queue en frappant ses
jambes fièrement dans le hall de vos maisons
fa-khatara fî ‘araçâtikum ‫ﻓَﺨَﻄَﺮَ ﻓﻲ ﻋَﺮَﺻَﺎﺗِﻜُﻢ‬
-Et Satan a sorti sa tête de sa cachette en criant
à votre adresse
wa atla‘a-ch-chaytânu ra’sahu min maghrizihi, hâtifan bikum.
- Et il vous a trouvés réceptifs à son appel
Fa-alfâkum li-da‘watihi mustajîbîna etc…
Ce qui veut dire que le faux ou l’animal qui le
symbolise (le mâle) s’est mis à lever sa queue dans
les cours de ces gens en guise de l’efficacité de
son activité et de sa réussite à faire passer le
complot : puisque satan était caché jadis dans les
fonds, alors que maintenant il a sorti sa tête pour
exercer ses activités librement et ouvertement.
Ici on remarque les diverses homogénéités des
thèmes du segment, surtout les thèmes qui ont trait
aux aspects manifestes et cachés des choses, c’est-
à-dire les traits des hypocrites cachant leurs vrais
visages qui ont fait surface après le décès de
103
Mohammad (P). Car l'hypocrisie implique une
"dissimulation" dans les fonds chez ses auditeurs,
du vivant du Messager d'Allah (P) et une
"manifestation" après son décès. De la
même façon, Satan se cache dans les fonds, du
vivant du Messager d'Allah (P), et sort sa tête
après son décès.
Examinons minutieusement et méditons la
dernière image où Satan sort sa tête du trou, de sa
cachette. Cette image sensorielle présente une vue
ou scène étonnante, attirante et stimulante, surtout
lorsqu'on imagine cette scène où nous nous
trouverions en face de la sortie de la tête de Satan
subitement de nulle part, montrant sa joie et sa
fierté de sa réalisation…
Les autres images se sont chargées de mettre en
évidence l'acceptation déviationniste des
interlocuteurs de la sainte Zahra du Message de
satan lorsqu'il a sorti sa tête pour les voir accueillir
positivement son message dévié. Et c'est ce que la
sainte Fatima vise dans sa dénonciation de ses
interlocuteurs; mais après avoir dessiné cette scène
ou vue, elle l'a commenté métarphoriquement
ainsi:
"Mais vous avez marqué (de fer) des chameaux
qui ne sont pas les vôtres et fait venir une eau
qui n'est pas la vôtre
fa-wasamtum ghayra ibilikum94, wa awradtum ghayra
chirbikum (ou machrabakum)95".

،ْ‫ ﻓَﻮَﺳَﻤْـﺘُﻢْ ﻏَﯿْﺮَ اِﺑِﻠِﻜُﻢ‬94


104
C'est le troisième segment de la partie dont nous
traitons maintenant et il s'agit d'une image d'une
grande signification esthétique lorsqu'elle dessine
ces gens comme étant en attente prometteuse,
c'est-à-dire qu'ils attendent à travers une
démostration de muscles ou d'une situation
nouvelle dont ils attendent le succès de la conduite
déviée qu'ils ont montrée, mais c'est une attente de
quelque chose qui n'est pas "leurs chameaux", une
attente du faux.
Il est .évident que ces images symbolisent que ces
gens ont adopté le faux et que les conséquences de
cette attitude ne seront évidemment pas dans leur
intérêt, et c'est ce que les images de commentaire
suivantes vont se charger de montrer (il s'agir
d'images d'implication et d'implicitation
coraniques qui constituent un prolongement
organique de ce qui précède et ce qui suit dans le
sermon) :
"Or, c'est bien dans la tentation qu'ils sont tombés; l'Enfer est
tout autour des mécréants. "96
Enfin la noble Zahra lie ces destins auxquels vont
aboutir les gens en question (c'est-à-dire leur chute
dans la tentation et l'Enfer) au rappel de nouveau
au Coran sur le plan de la clarté de ses contenus :
-(ses contenus sont manifestes) "Umûruhu dhâhirah,
-(ses status sont luisants) wa ahkâmuhu zâhirah,

،ْ‫ وَأَوْرَدْﺗُﻢْ ﻏَﯿْﺮَ ﺷِﺮْﺑِﻜُﻢ‬95


{َ‫ }أﻻ ﻓِﻲ اﻟْﻔِﺘْﻨَﺔِ ﺳَﻘَﻄُﻮا وَانﱠ ﺟَﮭَﻨﱠﻢَ ﻟَﻤُﺤِﯿﻄﺔٌﺑِﺎﻟْﻜﺎﻓِﺮِﯾﻦ‬96
Sourate al-Tawbah (le Repentir) 9: 49.
105
-(ses signes sont éblouissants) Wa a'lâmuhu bâhirah,
-(ses interdictions sont nettes) Wa zawâjiruhu lâ'ihah,
-(ses ordonnances sont clairs) wa awâmiruhu wâdhihah "97
Notons que la sainte Zahra avait cité les contenus
du Coran tout au début pour indiquer qu'Allah l'a
confié à ces gens, et la revoilà maintenant qui cite
de nouveau le Coran mais dans un autre contexte,
à savoir que ces gens l'ont laissé derrière leurs dos.
Mais sur le plan des images, on remarque que
celles-ci (ci-dessus) sont soumises à une
formulation spécifique qu'on peut présenter
comme suit :
- syntagmatiques, qui se caractérisent par la clarté
et la familiarité en comparaison avec des images
précédentes, et c'est ce que nous avons remarqué
aussi lorsque la noble Fatima citait le Coran au
début du sermon, tels que "al-qur'ân al-çâdiq" (le
Coran véridique)", "an-nûr as-sâti‘ (la lumière
brillante)", "adh-dhyâ'-il-lâmi‘ (la lueur" éclatante)"
etc.
Ici nous observons une harmonie entre les deux
situations, une harmonie rythmique,
syntagmatique, métaphorique…..

97
ُ‫وَزَواﺟِﺮُه‬،ٌ‫ﺑﺎھِﺮَة‬ ُ‫وَأَﻋْﻼﻣُﻪ‬،ٌ‫زاھِﺮَة‬ ُ‫وَأَﺣْﻜﺎﻣُﻪ‬،ٌ‫ﻇﺎھِﺮَة‬ ُ‫أُﻣُﻮرُه‬
،ٌ‫وَأواﻣِﺮُهُ واﺿِﺤَﺔ‬،ٌ‫ﻻﺋِﺤَﺔ‬
106
En ce qui concerne l'harmonie syntagmatique, elle
réside dans la formulation en expressions courtes,
composées de deux mots souvent:
- Umûruhu dhâhirah, (ses contenus sont
manifestes)
- ahkâmuhu zâhirah, (ses status sont luisants)
- a'lâmuhu bâhirah, (ses signes sont éblouissants
- Zawâjiruhu lâ'ihah, (ses interdictions sont nettes)
ainsi que ce que nous avons cité plus haut :
- "an-nûr as-sâti' (la lumière brillnte)",
-"adh-dhyâ'-il-lâmi' (la lueur" éclatante)",
- "Bayyinatun baçâ'irihi (ses arguments clairs)",
"Munkachifatun sarâ'irihi (ses contenis dévoilés)
Concernant la formulation rythmique, elle se
passe de commentaire, car on voit clairement que
dans les deux situations les phrases ou syntagmes
sont rimés d'une part, et d'autre part il y a une
symétrie dans la métrique et l'homogénéité des
deux situations. On voit la métrique et
l'homogénéité réunies dans des exemples tels que :
" Wa zawâjiruhu lâ'ihah, (ses interdiction sont
nettes)
Et :
-Wa awâmiruhu wâdhihah "98 (ses ordonnances sont
clairs)

98
ُ‫وَزَواﺟِﺮُه‬،ٌ‫ﺑﺎھِﺮَة‬ ُ‫وَأَﻋْﻼﻣُﻪ‬،ٌ‫زاھِﺮَة‬ ُ‫وَأَﺣْﻜﺎﻣُﻪ‬،ٌ‫ﻇﺎھِﺮَة‬ ُ‫أُﻣُﻮرُه‬
،ٌ‫وَأواﻣِﺮُهُ واﺿِﺤَﺔ‬،ٌ‫ﻻﺋِﺤَﺔ‬
107
Étant donné qu'ici les deux phrases ont la même
métrie dans : "zawâjiruhu" (za wâ ji ru hu) (5
syllabes ou pieds)
"awâmiruhu " (a wâ mi ru hu) (5 syllabes ou pieds)
sur le plan de la forme phonétique des deux
exporessions. Elles sont homogènes sur le plan
rythmique :
"zawâjiruhu"
"awâmiruhu"
puisqu'elles ont des finales rimées (iruhu, iruhu).
Elles s'harmonisent avec la situation antérieure sur
le plan des rimes :
Munkachifatun sarâ'irihi
Mutajalliyatun dhawâhirihi
Et sur le plan de l'homogénéité :
‘azâ'imihi-l-mufassirah
mahârimihi-l-muhath-thirah
homogénéité entre (‘azâ'imihi et mahârimihi,)
etc…
Sur le plan métaphorique, les deux situations se
caractérisent comme nous l'avons déjà noté, par la
clarté et la familiarité des images. En effet, des
métaphores telles que : "wa-n-nûr-as-sâti'a" et "wa-
dh-dhiyâ'-al-lâmi'a" etc..du précédent segment, et
telles que : " ahkâmuhu zâhirah, (ses status sont
luisants) et a‘lâmuhu bâhirah, (ses signes sont
108
éblouissants) dans le présent segment sont on ne
peut plus familières et claires.
Sur le plan sémantique, les images dans les deux
situations (la précédente et la présente) planent
autour des significations coraniques connotant des
valeurs dogmatiques, morales et des statuts légaux
(ordonnances), que l'on doit observer, mais que les
gens les ont laissés derrière leurs dos.
La Fatma al-Zahra (p) a souligné ce fait – laisser le
Coran derrière le dos- implicitement ou
explicitement, lorsqu'elle a commenté cette
attitude des gens ainsi :"Vous l'avez laissé derrière
vos dos" pour s'interroger tout de suite après :
"Voulez-vous, vous détourner du Coran (Aragh-
batan 'anhu turîdûna)99; ou bien voulez-vous suivre
le jugement d'autre que lui (Am bi-ghayrihi
tahakkamûna?)100" " Quel mauvais échange pour les
injustes!"101; "Et quiconque désire une religion autre que

،َ‫ أرَﻏَﺒَﺔً ﻋَﻨْﮫُ ﺗُﺮِﯾﺪُون‬99


100
154. Qu'avez-vous donc à juger ainsi? (sourate al-
çâffât / Les Rangées
(154)َ‫ﻣَﺎ ﻟَﻜُﻢْ ﻛَﯿْﻒَ ﺗَﺤْﻜُﻤُﻮن‬
101
50. Et lorsque Nous dîmes aux Anges: Prosternez-vous
devant Adam , ils se prosternèrent, excepté Iblis [Satan]
qui était du nombre des djinns et qui se révolta contre le
commandement de son Seigneur. Allez-vous cependant le
prendre, ainsi que sa descendance, pour alliés en dehors de
Moi, alors qu'ils vous sont ennemis? Quel mauvais échange
pour les injustes!
109
l'Islam, ne sera point agrée, et il sera, dans l'au-delà, parmi
les perdants."102
Observons minutieusement ces implications ou
explicitations coraniques qui marquent d'une façon
remarquable tous les segments et parties du
sermon. C'est une particularité artistique qui
mérite qu'on y médite vraiment. Non seulement
c'est une utilisation stylistique et sémantique
habile du texte coranique, mais elle connote –
même indirectement- que la sainte Fatima a tiré
profit des contenus du Coran, ce qui concorde
avec son appel aux gens de tirer avantage du Livre
saint et d'observer ses ordonnances, ses dogmes et
sa morale.
La sainte Fatima poursuit par la suite son sermon,
pour terminer la série de la conduite des gens.
Après avoir dit brièvement que Satan a sorti sa tête
parmi ces derniers, lesquels ont répondu
positivement à son appel, elle a commencé
maintenant à exposer les fils du complot en
commentant leur conduite qui vise une religion
autre que l'islam et qui les mènerait à leur perte
dans l'au-delà.
-Thumma lam talba-thu illâ raytha an taskun nafratahâ

‫وَإِذْ ﻗُﻠْﻨَﺎ ﻟِﻠْﻤَﻼَﺋِﻜَﺔِ اﺳْﺠُﺪُوا ﻵدَمَ ﻓَﺴَﺠَﺪُوا إِﻻﱠ إِﺑْﻠِﯿﺲَ ﻛَﺎنَ ﻣِﻦْ اﻟْﺠِﻦﱢ ﻓَﻔَﺴَﻖَ ﻋَﻦْ أَﻣْ ِﺮ‬
(50)ً‫رَﺑﱢﮫِ أَﻓَﺘَﺘﱠﺨِﺬُوﻧَﮫُ وَذُرﱢﯾﱠﺘَﮫُ أَوْﻟِﯿَﺎءَ ﻣِﻦْ دُوﻧِﻲ وَھُﻢْ ﻟَﻜُﻢْ ﻋَ ُﺪوﱞ ﺑِﺌْﺲَ ﻟِﻠﻈﱠﺎﻟِﻤِﯿﻦَ ﺑَﺪَﻻ‬
(‫) ﺳﻮرة اﻟﻜﮭﻒ‬
102
85. Et quiconque désire une religion autre que l'Islam, ne sera
point agrée, et il sera, dans l'au-delà, parmi les perdants.
‫( )ﺳﻮرة ال‬85)َ‫َوﻣَﻦْ ﯾَﺒْﺘَﻎِ ﻏَﯿْﺮَ اﻹِﺳْﻼَمِ دِﯾﻨًﺎ ﻓَﻠَﻦْ ﯾُﻘْﺒَﻞَ ﻣِﻨْﮫُ وَھُﻮَ ﻓِﻲ اﻵﺧِﺮَةِ ﻣِﻦْ ا ْﻟﺨَﺎﺳِﺮِﯾﻦ‬
(‫ﻋﻤﺮان‬
110
-Thumma lam talba-thu illâ raytha an taskun nafratahâ
(vous avez attendu jusqu'à ce que son état
farouche se calme),
-Wa yaslasa qiyâdahâ
(et qu'il soit facile de le mener)
-Thumma akhathtum tuwarrûna waqdatahâ
(puis vous vous êtes mis à allumer son feu)
-wa tahayyijûna jamratahâ
(et attiser ses braises),
-wa tastajîbûna li-hitâf-ich-chaytân-il-ghawiyy
(et répondre positivement à l'appel du satan le
corrupteur)
-Wa itfâ'i anwâr-id-dîn-l-jaliyy
(et éteindre les lumières de la religion patente)
-Wa ihmâdi sunan-in-nabiyy-iç-çafiyy
(et étouffer les Traditions du Prophète, le pur)
Les deux premières images qui font la jonction
entre la partie précédente du sermon et celle dont
nous traitons maintenant " Thumma lam talba-thu "illâ raytha
an taskun nafratahâ (vous avez attendu jusqu'à ce que
son état farouche se calme)", et "Wa yaslasa qiyâddahâ
(et qu'il soit facile de le mener)" assument une
mission esthétique importante, car d'une part elles
décèlent des significations montantes
(progressives) par le recours à la métaphore "(vous
avez attendu jusqu'à ce que son état farouche se calme) /
Thumma lam talba-thu illâ raytha an taskun nafratahâ, " (qui
symbolise l'événement du décès du Prophète (P) et
ce qui s'ensuit (l'explosion du complot et l'entrée
en scène de Satan) etc.. dans la première
111
métaphore " (et qu'il soit facile de le mener / (Wa yaslasa
qiyâddahâ)", ce qui signifie que lorsque l'état
farouche se calme, la conduite des affaires vers le
but visé par les gens incriminés se facilite. Là on a
une combiniason imagée d'une grande
importancce dans la mesure où la sainte Zahrâ a
choisi des événements pour dessiner le portour de
la situation : en effet le décès du Prophète (P)
provoque des troubles dans la vie sociale et
surprend les gens. La tension qui prévalent aux
fonds des gens avec tout le conflit entre les forces
du bien et les forces du mal qui l'accompagne
d'une part, les occasions d'exploiter le mal d'autre
part, tout ceci découle de la première image qui
laisse entendre que l'état farouche était en
agitation, pour un temps, c'est-à-dire jusqu'à ce
que cet état farouche se calme. Et lorsqu'il se
calme, les choses deviennent faciles à mener, car
le choix de la docilité des choses est plus idoine
aux événements pour faire passer le complot et
parcourir l'étape de la déviation jusqu'à son terme
fixé par les comploteurs. De là ces deux images,
outre les significations qu'elles renferment-
commencent à projeter la lumière sur la nouvelle
étape du complot, étape qui requiert des provisions
pour renforcer les comploteurs. Ausi les images
suivantes forment-elles une réponse à ce qui
précède :
- (puis vous vous êtes mis à allumer son feu) /
(Thumma akhathtum tuwarrûna waqdatahâ
-(et attiser ses braises) / wa tahayyijûna jamratahâ
112
-(et répondre positivement à l'appel du stan le
corrupteur) /wa tastajîbûna li-hitâf-ich-chaytân-il-
ghawiyy.
Ici il est impératif de faire un arrêt ou des arrêts
pour admirer les images et leur développement
organique, et voir leur lien avec ce qui précède et
ce qui suit. Concernant la préparation des
provisions pour l'étape ou le voyage, les gens
incriminés se sont mis à " (à allumer son feu),
c'est-à-dire à tisser les fils du complot après le
décès du Prophètes (P). Le tissage ou la cuisson
requiert tout d'abord de comustible, et les voilà
qui "allument son feu", puis elle nécessite une
augmentation de la chaleur pour que les aliments
soient bien cuits, or les voilà qui " attisent ses
braises". Ceci étant fait, les choses étant bien
préparées, ils "répondent positivement à l'appel de
satan, le corrupteur". Il ne faut pas que le
phénomène de développement organique du sujet
passe inaperçu ici. Ainsi, Satan –dans la partie
précédente que nous venons de terminer- a sorti sa
tête aux gens, lesquels ont répondu positivement à
son appel en général sans entrer dans les détails,
c'est dire que la sainte Zahra a fait savoir que satan
a sorti sa tête et a lancé son appel à l'adresse de ces
gens, et a vu que ces derniers ont bien accueilli cet
appel. Ceci dans le segment précédent, mais
maintenant, ils ont répondu effectivement à son
appel. Remrquons bien dans ce contexte que la
sainte Zahra a dit dans la première partie du
sermon que satan a sorti sa tête et lancé son appel,
mais maintenant elle dit qu'ils ont répondu
113
effectivement positivement à son appel. Dans la
première partie satan a sorti sa tête de l'endroit où
il s'était caché. Et maintenant il est sorti
entièrement ( pas seulement sa tête), et mieux il a
lancé un appel à l'adresse des gens, et est monté
sur la scène. Examinons encore minutieusement la
formulation de la situation sous l'angle de la
progression (ou développemment) artistique du
sermon. : progression "de l'endroit de cachette à
l'endroit ouvert et manifeste, progression " de la
simple sortie de la tête, au lancement de l'appel, à
l'acceptation effective de l'appel.
Tout ceci s'apparente au rapport artistique entre
cette partie et la partie précédente, puis entre elle
et les deux images qui font la jonction entre les
deux parties ("son état farouche se calme" et " qu'il
soit facile de le mener ")…. Puis concernant la
continuité des images, nous rencontrons des
particularités esthétiques sur lesquelles il convient
de nous arrêter. Ainsi lorsque le sermon a indiqué
que les gens ont commencé à allumer le feu, attiser
ses braises et à répondre à l'appel de satan, il nous
a présenté une série d'images soumises à un
rythme unique c'est-à-dire rimées :
-wa tastajîbûna li-hitâf-ich-chaytân-il-ghawiyyi103
-Wa itfâ'i anwâr-id-dîn-l-jaliyyi104

103
(et répondre positivement à l'appel du stan le
corrupteur)
104
(et éteindre les lumières de la religion patente)
114
-Wa ihmâdi sunan-in-nabiyy-iç-çafiyyi105
Ces trois images aux finales identiques (rimées) :
(ghawiyyi, jaliyyi, çafiyyi) décèle une signification
particulière, puisque d'une part, elles résument le
résultat selon ses démarches dessinées, puisqu'il y
a la réponse positive à l'appel de satan (le sermon
a ajouté ici le qualificatif de corrupteur,
qualificatif absent dans la partie précédente. Le
motif artistique de cette différence dans la
présentatation de stan entre les deux parties, réside
dans le fait que les gens ont répondu effectivement
à l'appel de satan dans la deuxième partie, ce qui
justifie l'ajout du qualificatif de "corrupteur" ou
séducteur à ce dernier (ayant réussi finalement à
les séduire et à les amener à le suivre).
Puis il y a la réponse positive à l'extinction de la
lumière claire… Remarquons que le sermon a
conféré le qualificatif de "claire" à la lumière de la
religion, parce que les segments précédents ont
montré la clarté du Coran et que les gens
maintenant –en essayant d'éteindre cette lumière-
sont conscients de sa clarté, mais leur égoisme et
la transgression, les deux moteurs de la conduite
déviée- influent plus fortement sur la psychologie
des gens déviés… Puis il y a une troisième
réponse positive à l'étouffement des Traditions du
Prophète (P), le pur..
Examinons plus minutieusement cette troisième
image : le sermon a mentionné d'abord le

105
(et étouffer les Traditions du Prophète, le pur)
115
phénomène de "l'étouffement", lequel intervient
après l'extinction, or dans l'image précédente les
gens ont répondu positivement à l'extinction de la
lumière en général (la lumière de la religion),
comme si l'on versait de l'eau sur la flamme par
exemple, alors que maintenant la situation a
organiquement changé lorsque, après le versement
de l'eau, l'opération de l'étuffement et du débarras
de toute trace de la flamme a suivi.
L'autre développement organique réside dans la
progression de l'extinction de la lumière de la
religion en général à l'étouffement des Traditions
du Prophète (P), le pur, c'est-à-dire du général au
particulier, et ce particulier c'est la personnalité du
Prophète (P) et ses traditions, dont la première
d'entre elles est le testament mettant en évidence
l'mamat de Ali (p) que l'image identificatoire l'a
qualifié de "içtifâ' / sélection" ou "çafiyy / pur", les
deux qualificatifs étant en corcondance avec la
situation, vu que le sermon vise à indiquer que le
qualificatif de pureté "çafiyy" a sa place organique,
puisque le Prophète (P) a sélectionné ou désigné
Ali (p) (pour sa succession) ou plutôt que c'est
Allah qui a ordonné qu'il soit désigné, car le
Prophète (P) ne "divague" pas, ne suit pas un
caprice en recommandamt l'Imamat de Ali (p),
mais le fait, sur ordre d'Allah. Donc ce nouveau
qualificatif (çafiyy), et les deux autres nouvaux
traits : "ghawiyy / corrupteur" (satan) et "jaliyy /
clair" (la religion) présentent tous une parfaite
concordance sur le plan de l'hamonie géométrique,
c'est-à-dire la soumission des trois qualificatifs
116
"ghawiyy", "jaliyy" et "çafiyy" à des contextes
spécifiques imposés par l'aspect esthétique et
sémantique, comme nous l'avons déjà expliqué.
Nous nous trouvons devant de nouvelles images
qui terminent le sermon et qui réunissent le
personnage du Prophète (P) et de l'Imam Ali (p)
pour s'orienter vers un autre discours relatif à
Fadak dans lequel la sainte Zahra exploite ce sujet
(qui n'a pas de valeur cultuelle) pour le rappeler à
l'attention des gens….
Concernant les images par lesquelles Fatima al-
Zahra (p) termine le discours précité, ce sont des
images qui parlent du couteau et de la lance et leur
effet sur les tréfonds, car il s'agit d'images qui
symbolisent "la patience" qui a marqué l'attitude
de la sainte Zahra et de l'Imam Ali (p). En effet la
patatience face au retournement de la situation
requiert des personnages élus comme l'Imam Ali
(p) et la sainte Zahra. Le choix du couteau et de la
lance s'explique par le fait que le premier coupe
alors que le second déchire, deux symboles du
plus haut niveau de la frappe et du plus haut
niveau de la patience pour les endurer.
Ici se termine la précédente partie et nous entrons
dans la dernière partie qui revêt là dencore une
particularité importante et qui comporte plusieurs
segments que nous abordons tout de suite :

"vous prétendez que je n'ai pas droit à l'héritage"


117
"Est-ce donc le jugement du temps de l'Ignorance
qu'ils cherchent? Qu'y a-t-il de meilleur qu'Allah, en
matière de jugement pour des gens qui ont une foi
ferme? "106
"Ne savez-vous pas ? Si, il vous est devenu aussi
clair que le jour montant que je suis sa fille?"
.ُ‫أﻓَﻼ ﺗَﻌْﻠَﻤُﻮنَ؟ ﺑَﻠﻰ ﺗَﺠَﻠّﻰ ﻟَﻜُﻢْ ﻛَﺎﻟﺸﱠﻤْﺲِ اﻟﻀّﺎﺣِﯿَﺔِ أﻧﱢﻰ اﺑْﻨَﺘُﮫ‬
Et s'adressant à son principal interlocuteur, elle
dit:
-"Est-ce dans le Livre d'Allah que (c'est noté) tu
hérites de ton père et moi non?!! "tu as fait une
chose monstrueuse!" 107
-Est-ce exprès que vous avez abandonné le Livre
d'Allah en le laissant derrière vos dos, alors qu'il
dit :
" 16. Et Salomon hérita de David"108
Et concernant l'histoire de Yahyâ et Zakariyyâ, il
dit :
" Accorde-moi, de Ta part, un descendant, qui hérite de
moi et hérite de la famille de Jacob."109

‫(ﺳﻮرة‬50)َ‫ أَﻓَﺤُﻜْﻢَ اﻟْﺠَﺎھِﻠِﯿﱠﺔِ ﯾَﺒْﻐُﻮنَ وَﻣَﻦْ أَﺣْﺴَﻦُ ﻣِﻦْ اﻟﻠﱠﮫِ ﺣُﻜْﻤًﺎ ﻟِﻘَﻮْمٍ ﯾُﻮﻗِﻨُﻮن‬106
.S5/v50 ‫اﻟﻤﺎﺋﺪة‬
107
."27. Puis elle vint auprès des siens en le portant [le bébé]. Ils
dirent: Ô Marie, tu as fait une chose monstrueuse!!" (sourate
Maryam / Marie : 19 /27.
108
" 16. Et Salomon hérita de David et dit: Ô hommes! On nous
a appris le langage des oiseaux; et on nous a donné part de
toutes choses. C'est là vraiment la grâce évidente." (sourate al-
Naml / Les fourmis : 27/16.)
118
Et il dit :
" 75. Cependant ceux qui sont liés par la parenté ont
priorité les uns envers les autres, d'après le Livre
d'Allah. Certes."110
Et il dit :
"11. Voici ce qu'Allah vous enjoint au sujet de vos
enfants: au fils, une part équivalente à celle de deux
filles..."111
Et il dit :
"180. On vous a prescrit, quand la mort est proche de
l'un de vous et s'il laisse des biens, de faire un
testament en règle en faveur de ses père et mère et de
ses plus proches. C'est un devoir pour les pieux."112

109
."5. Je crains [le comportement] de mes héritiers, après mois.
Et ma propre femme est stérile. Accorde-moi, de Ta part, un
descendant 6. qui hérite de moi et hérite de la famille de Jacob.
Et fais qu'il te soit agréable, ô mon Seigneur." (Sourate Maryam
/ Marie : 19 /5-6).
110
" 75. Et ceux qui après cela ont cru et émigré et lutté en votre
compagnie, ceux-là sont des vôtres. Cependant ceux qui sont liés par
la parenté ont priorité les uns envers les autres, d'après le Livre d'Allah.
Certes, Allah est Omniscient." (Sourate al-Anfâl / le Butin : 8 / 75.)
111
. "11. Voici ce qu'Allah vous enjoint au sujet de vos enfants: au fils,
une part équivalente à celle de deux filles. S'il n'y a que des filles,
même plus de deux, à elles alors deux tiers de ce que le défunt laisse.
Et s'il n'y en a qu'une, à elle alors la moitié. Quant aux père et mère du
défunt, à chacun d'eux le sixième de ce qu'il laisse, s'il a un enfant. S'il
n'a pas d'enfant et que ses père et mère héritent de lui, à sa mère alors
le tiers. Mais s'il a des frères, à la mère alors le sixième, après
exécution du testament qu'il aurait fait ou paiement d'une dette. De vos
ascendants ou descendants, vous ne savez pas qui est plus près de
vous en utilité. Ceci est un ordre obligatoire de la part d'Allah, car Allah
est, certes, Omniscient et Sage.." (Sourate al-Nisâ' / Les femmes : 4
/ 11).
112
Sourate al-Baqarah / la Vache : 2 / 180.
119
Remarquons que l'appui sur le noble Coran est tel
dans ce sermon qu'il est rare de le retrouver dans
les textes littéraires. La sainte Zahra recourt à ce
Livre céleste de deux manières : la manière
dominante est celle d'implication et d'explicitation
coranique (c'est-à-dire qu'elle cite parfois
implicitement des versets coraniques, et parfois
implique dans son texte des idées ou concepts
coraniques), puis elle utilise le Coran comme un
argument, dans un contexte spécifique. Et comme
nous avons pu le voir, elle reproche aux gens de
temps en temps, de ne pas se conformer aux
stipulations du noble Coran, en s'appuyant elle-
même souvent sur le texte coranique, leur
signifiant qu'elle utilise, elle, ce qu'ils ont delaissé
eux.
Cette densité de l'utilisation du texte ou idées
scriptuaires expliquerait sans doute cette parfaite
concordance entre le contenu du sermon et sa
méthode artistique d'appui sur le Coran sous ses
deux formes implicite et argumentaire.
L'importance esthétique du style de la sainte
Zahra réside dans sa façon d'impliquer un texte
coranique dans sa parole, comme elle le fait
lorsqu'elle juxtapose ses dires et un verset ou un
fragment de verser coranique : (tu as le droit
d'hériter de ton père, et moi non ?! "tu as fait une
chose monstrueuse!!") L'interrogation d'un côté, et
le commentaire sous forme de texte coranique de
l'autre incarne l'un des aspects de sa merveilleux
art.
120
Passons à présent aux averissements relatifs aux
sorts qui attendent ceux auxquels la sainte Zahra
s'adresse :
- (prenez donc "Fadak", scellé et bridé)
.ً‫ﻓَﺪُوﻧَﻜَﮭﺎ ﻣَﺨْﻄُﻮﻣَﺔً ﻣَﺮْﺣُﻮﻟَﺔ‬
Fadûnakahâ makh-tûmatun marhûlaum

- (il te rencontrera le jour de ta résurrection)


،َ‫ﺗَﻠْﻘﺎكَ ﯾَﻮْمَ ﺣَﺸْﺮِك‬
Talqâka yawma hachrika

- (Allah est le Meilleur juge)


،ُ‫ﻓَﻨِﻌْﻢَ اﻟْﺤَﻜَﻢُ اﷲ‬
Fa- ni'ma-l-hakamu Allâhu

- (rendez-vous le jour de la Résurrection)


،ُ‫وَاﻟْﻤَﻮْﻋِﺪُ اﻟْﻘِﯿﺎﻣَﺔ‬
Wa-l-maw'idu al-qiyâmah

- (Vous serez alors perdants ou les faux seront


perdants)
،(َ‫وَﻋِﻨْﺪَاﻟﺴّﺎﻋَﺔِ ﻣﺎ ﺗَﺨْﺴِﺮُونَ )او ﯾﺨﺴﺮ اﻟﻤﺒﻄﻠﻮن‬
Wa 'inda-s-sâ 'ati mâ takhsarûna (ou :yakhsar al-
Mubtilûna)

Ce segment est une tranche linguistique stimulante


que la simple lecture ne saurait en déceler les
points de stimulation artisitique, que seul le goût
(ou un esprit) esthétique peut capter. Le style des
phrases (elles sont très courtes) d'une part, et son
rythme homogène et successif ou juxtaposé
(makhtûmatun marhûlatun) les conjonctions de
121
coordination successives (al-ghrarîmu et al-
maw'idu), les coupure des expressions et leur
adjonction diverse, au point qu'on voit liés le
juge, Mohammad, le Jour de la Résurrection et le
verset coranique d'une manière "médiatique" ou
encore l'interrogation, le commentaire, la menace,
tout ceci constitue un véritable émerveillement ou
un vrai régal esthétique pour le lecteur
arabophone.
122

Sermon 2
Le Texte du sermon
Je jure par Allah que je suis devenue dans un état
de rejet de votre monde ici-bas
، ‫ ﻗَﺎﻟِﯿَﺔً ﻟِﺮِﺟَﺎﻟِﻜُﻢ‬، ‫أﺻْﺒَﺤَﺖُ واﷲِ ﻋَﺎﺋِﻔَﺔ ﻟِﺪُﻧْﯿﺎﻛُﻢ‬
Açbahtu wallâhi‘â'ifatan li-dunyâkum, qâliyatan li-
rijâlikum
(et) de haine pour vos hommes
ْ‫ﻟَﻔِﻈْﺘُﮭُﻢْ ﻗَﺒْﻞَ أنْ ﻋﺠﻤﺘُﮭُﻢ‬
Lafadhtuhum ba‘da an 'ajamtuhum

que j’ai crachés après les avoir mordillés (mâchés)


، ‫وﺷَﻨِﺌْﺘُﮭُﻢ ﺑَﻌﺪَ أنْ ﺳﺒﺮﺗُﮭُﻢ‬
Wa chani'tuhum ba'da an sabartuhum
Que c’est laid donc que de voir le tranchant ébréché,
‫ﻓﻘﺒﺤﺎً ﻟﻔﻠﻮل اﻟﺤﺪ‬
Fa-qubhan l-fulûl-il-haddi

(et) de jouer après avoir été sérieux,


Wa-l-li‘bi ba‘d-al-jiddi ّ‫واﻟﻠﻌﺐ ﺑﻌﺪ اﻟﺠﺪ‬
(et) de cogner contre le rocher lisse,
"qar‘-iç-çifât " ‫وﻗﺮع اﻟﺼﻔﺎة‬

(et) la manche de lance déchirée


‫وﺻﺪع اﻟﻘﻨﺎة‬ wa çad‘-i-l-qanâti

(et) les opinions erronées


‫" وﺧﻄﻞ اﻵراء‬wa khatal-il-ârâ'i "
23
(et) les désirs déviés
‫وَزَﻟَﻞِ اﻻھْﻮاء‬ Wa zalal-il-ahwâ'i

« Comme c’est mauvais, certes, ce que leurs âmes ont


préparé, pour eux-mêmes, de sorte qu'ils ont encouru le
courroux d'Allah, et c'est dans le supplice qu'ils
éterniseront.”113
‫ ) ﻟَﺒِﺌْﺲَ ﻣَﺎ ﻗَﺪﱠﻣَﺖْ ﻟَﮭُﻢْ أَﻧﻔُﺴُﮭُﻢْ أَن ﺳَﺨِﻂَ اﻟﻠّﮫُ ﻋَﻠَﯿْﮭِﻢْ وَﻓِﻲ‬: ‫و‬
. 80 : ‫اﻟْﻌَﺬَابِ ھُﻢْ ﺧَﺎﻟِﺪُونَ ( اﻟﻤﺎﺋﺪة‬
Wa la-ba'isa mâ qaddamat lahum anfusuhum an sakhit-
allâu ‘alayhim wa fî-l-‘athâbi hum khâlidû-a"

Certes (je jure, forcément), j’ai mis autour de leur cou sa


corde (du Califat)
‫ﻻ ﺟُﺮَمَ ﻟﻘﺪ ﻗﻠّﺪﺗﮭﻢ رﺑﻘﺘﮭﺎ‬
lâjurma! laqad qalladtahum ribqatihâ

et je leur ai fait porter son fardeau


‫وﺣﻤّﻠﺘﮭﻢ أوﻗﺘﮭﺎ‬ wa hammaltahum awqatahâ

et j’en ai jeté (saupoudrer) la honte sur eux


‫وﺷﻨﻨﺖ ﻋﻠﯿﮭﻢ ﻋﺎرھﺎ‬
wa chanantu ‘alayhim ‘ârahâ
que leurs nez soient coupés, qu’ils soient anéantis
et qu’ils soient écrasés ces gens injustes
.‫ﻓﺠﺪﻋﺎً وﻋَﻘﺮاً وﺳُﺤﻘﺎً ﻟﻠﻘﻮم اﻟﻈﺎﻟﻤﯿﻦ‬
fa-jad‘an wa ‘aqran wa suhqan li-l-qawm-idh-
dhâlimîn

Quels misérables ! Comment l'ont-ils (le califat)


écarté des évidences ancrées du Message !!

113
Sourate La Table Servie / al-Mâ’idah : S 5/V80.
124
، ‫وَﯾْﺤَﮭُﻢ أﻧﱠﻰ زَﺣْﺰَﺣُﻮھَﺎ ﻋَﻦ رَواﺳِﻲ اﻟﺮﱠﺳَﺎﻟَﺔ‬
wayhahum ! Annâ zahzahuhâ ‘an rawâsi-r-risâlah

Et des fondations de la Prophétie


ِ‫ وﻗَﻮَاﻋِﺪ اﻟﻨﺒُﻮﱠة‬wa qawâ‘id-in-nubuwwati

Et du lieu de la descente de l'archange Gabriel


(Jibrâ'îl)
، ِ‫ وﻣَﮭْﺒِﻂَ اﻟﻮَﺣْﻲِ اﻷﻣِﯿﻦ‬wa mahbat-al-wahy-il-amîn-i

Et du perspicace versé dans les affaires


mondaines et religieuses : «Voilà la perte évidente »
(Coran : s 39/v15)
"‫ "إﻻ ذﻟﻚ ھﻮ اﻟﺨﺴﺮان اﻟﻤﺒﯿﻦ‬:‫واﻟﻄﺒﯿﻦ ﺑﺄُﻣﻮر اﻟﺪﻧﯿﺎ واﻟﺪﯾﻦ‬
Wa-t-tabîna bi-umûr-id-duniyâ wa-d-dîn-i : "ilâ thâlika
huwa-l-khusrân-il-mubîn-u"

Et pourquoi donc se sont-ils vengés d'Abû-l-


Hassan (l'Imam Ali)!?
، !‫وَﻣَﺎ ﻧَﻘﻤُﻮا ﻣِﻦْ أﺑِﻲ اﻟﺤَﺴَﻦ ؟‬
Wa mâ naqamû min Abî-l-Hasan?
Ils se sont vengés par Allah parce que son épée
ignorait la bravoure des ennemis114.
، ِ‫ﻧَﻘﻤُﻮا وَاﷲِ ﻣِﻨْﮫُ ﻧَﻜِﯿﺮَ ﺳَﯿْﻔِﮫ‬
Naqamû wallâhi minhu nakîra sayfihi
Et parce qu'il se souciait peu de sa mort
‫ وﻗﻠﱠﺔ ﻣﺒﺎﻻﺗﮫ ﺑﺤﺘﻔﮫ‬wa qillata mubâlatihi bi-hatfihi

Et pour la puissance de sa prise115

‫ ﻧﻜﯿﺮ ﺳﯿﻔﮫ‬- ‫ واﷲ‬- ‫ ﻧﻘﻤﻮا ﻣﻨﮫ‬114


125
، ِ‫" وَﺷِﺪﱠةَ وَﻃْﺌِﮫ‬wa chiddata wat'ihi

et son coup imparable


، ِ‫" وﻧﻜَﺎلَ وَﻗْﻌَﺘِﮫ‬wa nikâla waq‘atihi
Sa colère pour la cause d'Allah le Très-Haut116
‫وﺗَﻨَﻤﱡﺮِهِ ﻓِﻲ ذَاتِ اﷲِ ﻋَﺰﱠ وَﺟَﻞﱠ‬
wa tanammurihi fî thât-illâh ‘azza wa jalla

par Allah, s’ils s’étaient empêchés de tenir la rêne


(de la succession), il s’en serait chargé
‫وﺗﺎﷲ ﻟﻮ ﺗﻜﺎﻓّﻮا ﻋﻦ زﻣﺎم ﻧَﺒَﺬَه رﺳﻮل اﷲ إﻟﯿﮫ ﻻﻋﺘﻠﻘﮫ‬
«Wa tallâh law takâffû ‘an zimâmin nabathuhu rasûl-ullâhi
ilayhi la-‘talaqahu»

et ils les (les Musulmans) aurait conduits avec aisance


et flexibilité
ً‫وﻟَﺴﺎرَ ﺑﮭﻢ ﺳﯿﺮاً ﺳُﺠُﺤﺎ‬
Wa la-sâra bihim sayran sujuhan

ne leur aurait pas causé de dégâts


‫ ﻻ ﯾﻜﻠﻢ ﺧﺸﺎﺷُﮫ‬Wa lâ yukallimu khachâchatan
n’aurait pas éreinté les uns (les marcheurs)
‫ « ﻻ ﯾﻜﻞ ﺳﺎﺋﺮه‬lâ yakillu sâ’iruhu »
ni ennuyé les autres
‫وﻻﯾﻜﻠﻢ )ﯾﺘﻌﺘﻊ( راﻛﺒﮫ‬
Wa la yukallimu (yuta‘ti‘u) râkibuhu

‫ وﺷﺪّة وﻃﺄﺗﮫ وﻧﻜﺎل وﻗﻌﺘﮫ‬115


‫ وﺗﻨﻤّﺮه ﻓﻲ ذات اﷲ ﻋﺰ وﺟﻞ‬116
126
et il les aurait conduits vers un point d’eau douce,
limpide, désaltérante, et abondante, et dont les deux
rives sont débordées, et les deux bords ne laissent pas
stagner l’eau.
ُ‫ ﺗَﻄْﻔَﺢُ ﺿِﻔﱠﺘَﺎه‬، ً‫ ﻓَﻀْﻔَﺎﺿﺎ‬، ً‫ ﺻَﺎﻓِﯿﺎً رَوﯾّﺎ‬، ً‫وﻷوْرَدَھُﻢْ ﻣَﻨْﮭَﻼً ﻧَﻤِﯿﺮا‬
. ُ‫ وَﻻ ﯾَﺘَﺮﻧﱠﻖُ ﺟَﺎﻧِﺒَﺎه‬،
Wa la-awradahum manhalan namîran, çâfiyan, rawiyyan,
fadh-fâ-dhan, tatfahu dhifatâhu wa lâ yatarannaqu jânibâhu
et il les en aurait sorti les ventres pleins
wa la-açdarahum batânan ، ً‫وﻷﺻْﺪَرَھُﻢ ﺑﻄﺎﻧﺎ‬

et il leur aurait prodigué des conseils, secrètement


et publiquement
، ً‫وﻧَﺼَﺢَ ﻟَﮭُﻢْ ﺳِﺮّاً وَإﻋْﻼﻧﺎ‬
wa naçaha lahum sirran wa i‘lânan

il n’aurait pas bénéficié beaucoup de la richesse


، ‫وﻟﻢ ﯾﻜﻦ ﯾﺤﻠﻰ ﻣﻦ اﻟﻐﻨﻰ ﺑﻄﺎﺋﻞ‬
Wa alam yakun yahlâ min-al-ghinâ bi-tâ'il

ni n’aurait obtenu une grande part des dons de ce


monde
، ‫وﻻ ﯾﺤﻈﻰ ﻣﻦ اﻟﺪﻧﯿﺎ ﺑﻨﺎﺋﻞ‬
Wa lâ yah-dhâ min-ad-duniyâ bi-nâ'il

sauf ce qu’il faudrait juste pour étancher la soif de


l’assoiffé
ghayra rayy-il-nâhil-i ، ِ‫ﻏﯿﺮ ريﱢ اﻟﻨﱠﺎھِﻞ‬

et rassasier la faim de celui qui a faim


wa chab‘at-il-kâfil-i ، ِ‫وﺷﺒْﻌَﺔِ اﻟﻜَﺎﻓِﻞ‬
127
et ils auraient vu qui est vraiment ascétique et qui
est avide (ils auraient fait la différence entre
l’ascétique et l’avide)
، ِ‫وَﻟَﺒَﺎنَ ﻟَﮭُﻢُ اﻟﺰﱠاھِﺪُ ﻣِﻦَ اﻟﺮﱠاﻏِﺐ‬
Wa la-bâna lahum-uz-zâhidi min-ar-râghibi
le véridique et le menteur
wa-ç-çâdiqu min-al-kâthibi : ِ‫واﻟﺼﱠﺎدِقُ ﻣِﻦَ اﻟﻜَﺎذِب‬
« Si les gens des villes et des villages avaient foi et
choisissaient d’être vertueux, nous leur ouvririons les
portes des bénédictions du ciel et de la terre, mais ils
s’y sont refusés et nous les avons punis comme il se
devait pour leurs actes. » (sourate al-A‘râf : S 7/ v 96
‫) وَﻟَﻮْ أَنﱠ أَھْﻞَ اﻟْﻘُﺮَى آﻣَﻨُﻮاْ وَاﺗﱠﻘَﻮاْ ﻟَﻔَﺘَﺤْﻨَﺎ ﻋَﻠَﯿْﮭِﻢ ﺑَﺮَﻛَﺎتٍ ﻣﱢﻦَ اﻟﺴﱠﻤَﺎء‬
. 96/7 : ‫وَاﻷَرْضِ وَﻟَـﻜِﻦ ﻛَﺬﱠﺑُﻮاْ ﻓَﺄَﺧَﺬْﻧَﺎھُﻢ ﺑِﻤَﺎ ﻛَﺎﻧُﻮاْ ﯾَﻜْﺴِﺒُﻮنَ ( اﻷﻋﺮاف‬
Wa-law anna ahl-al-qurâ âmanû wa-t-taqû la-fatahnâ
‘alayhim barakâtin min-as-samâ'i wa-l-ardhi wa lâkin kath-
thabû fa-akhathnâhum bi-mâ kânû yaksibûn-a
« Et ceux qui ont été des oppresseurs parmi eux se verront
bientôt saisis à la gorge par les conséquences (néfastes) de
leurs actes. Et alors ils ne pourront jamais plus s’en sortir
(des griffes de la justice de Dieu). »
‫) وَاﻟﱠﺬِﯾﻦَ ﻇَﻠَﻤُﻮا ﻣِﻦْ ھَﺆُﻻَء ﺳَﯿُﺼِﯿﺒُﮭُﻢْ ﺳَﯿﱢﺌَﺎتُ ﻣَﺎ ﻛَﺴَﺒُﻮا وَﻣَﺎ ھُﻢ‬
. 51 : ‫ﺑِﻤُﻌْﺠِﺰِﯾﻦَ ( اﻟﺰﻣﺮ‬
(wa-l-lathîna dhalamû min ha'ulâ'i sa-yuçîbuhum
sayyi'âtu mâ kasabû wa mâ hum bi-mu‘jizîn-a)

Viens et écoute
ilâ halumma wa-stami‘ .‫ ھﻠﻢﱠ واﺳﺘﻤﻊ‬:‫إﻻ‬

Tant que tu vivras, le temps te fera voir des choses


étranges
128
!ً‫وﻣﺎ ﻋﺸﺖَ أراك اﻟﺪھﺮ ﻋﺠﺒﺎ‬
Wa mâ ‘ichta arâka-d-dahru ‘ajaban
et le plus étrange de tout c’est leur dire
!!‫وإن ﺗﻌﺠﺐ ﻓﻌﺠﺐٌ ﻗﻮﻟﮭﻢ‬
Wa in ta‘jab fa-‘ajabun qawluhum
« Ah ! S'ils savaient dans quel refuge ils se sont
réfugiés ?!
ْ!‫ﻟَﯿْﺖَ ﺷِﻌْﺮي إِﻟَﻰ أيﱢ ﻣﻠﺠﺄٍ ﻟﺠﺄوا؟‬
layta chi‘rî ilâ ayyi malaja’in laja’û
A quel dossier ils se sont adossés ?!
!‫وإِﻟَﻰ أيﱢ ﺳﻨَﺎدٍ اﺳْﺘَﻨَﺪُوا ؟‬
wa ilâ ayyi sinâdin istanadû
Sur quel pilier ils se sont appuyés?!
! ‫وَﻋَﻠَﻰ أيﱢ ﻋِﻤَﺎدٍ اﻋْﺘَﻤَﺪوا ؟‬
wa ‘alâ ayyi ‘imâdin i‘tamadû

A quelle anse ils se sont accrochés?! »


!‫وَﺑِﺄيﱢ ﻋُﺮْوَةٍ ﺗَﻤﺴﱠﻜُﻮا ؟‬
wa bi-ayyati ‘urwatin tamassakû

et ce au détriment de quelle progéniture (du


Prophète) qu’ils ont dépossédée
، !‫وَﻋَﻠَﻰ أيﱢ ذُرﱢﯾﱠﺔٍ أﻗْﺪَﻣُﻮا واﺣْﺘَﻨَﻜُﻮا ؟‬
wa ‘alâ ayyi thurriyyatin aqdamu wa-htanakû

«Quel mauvais maître et quel mauvais


compagnon»117
117
Sourate Le Pèlerinage / al-Hajj : v13/S22.
129
"‫"َ ﻟﺒِﺌْﺲَ اﻟﻤَﻮﻟَﻰ وَﻟَﺒِﺌْﺲَ اﻟﻌَﺸِﯿﺮ‬
La-bi's-al-mawlâ wa la-bi's-al-'achîr
«quel mauvais échange ce serait pour les injustes»( Sourate
Le Caveau / al-Kahf : v50/S18.)
" ً‫"وﺑﺌﺲ ﻟﻠﻈﺎﻟﻤﯿﻦ ﺑﺪﻻ‬
Wa bi'sa li-dh-dhâlimîna badalan
«Par Allah ils ont substitué aux plumes alaires les
plumes de la queue, et à la poitrine, le derrière… »
. ِ‫ واﻟﻌَﺠُﺰ ﺑِﺎﻟﻜَﺎھِﻞ‬، ِ‫اﺳْﺘَﺒْﺪَﻟُﻮا وَاﷲِ اﻟﺬﱡﻧَﺎﺑَﺎ ﺑﺎﻟﻘَﻮَادِم‬
Istabdalû wallâhi-th-thunâbâ bi-l-qwâdimi wa-l-'ajuza
bi-ikâhili
« Qu’ils soient piétinés par mépris les nez d’un groupe de gens
qui croient faire le bien alors qu’ils « sont eux les véritables
corrupteurs, mais ils ne s'en rendent pas compte. » (Sourate La
Vache / al-Baqarah : s2/v12)

ْ‫ ) أَﻻ إِﻧﱠﮭُﻢ‬: ً‫ﻓَﺮَﻏْﻤﺎً ﻟِﻤَﻌَﺎﻃِﺲِ ﻗَﻮمٍ ﯾَﺤْﺴَﺒُﻮنَ أﻧﱠﮭُﻢْ ﯾُﺤْﺴِﻨُﻮنَ ﺻُﻨْﻌﺎ‬


. 12 : ‫ھُﻢُ اﻟْﻤُﻔْﺴِﺪُونَ وَﻟَﻜِﻦ ﻻﱠ ﯾَﺸْﻌُﺮُونَ ( اﻟﺒﻘﺮة‬
"Fa-ragh-man li-ma'âtisi qawmin yahsabûna innahum
yuhsinûna çun'an : (alâ innahum, hum-ul-mufsidûna wa
lâkin lâ yach'urûn-a)"
Quels misérables!: « Celui qui guide vers la vérité est-il plus
digne d'être suivi, ou bien celui qui ne se dirige qu'autant
qu'il est lui-même dirigé? Qu'avez-vous donc? Comment
jugez-vous ainsi?” (Sourate Yûnis / Jonas : s10/v35 )
‫ ) أَﻓَﻤَﻦ ﯾَﮭْﺪِي إِﻟَﻰ اﻟْﺤَﻖﱢ أَﺣَﻖﱡ أَن ﯾُﺘﱠﺒَﻊَ أَﻣﱠﻦ ﻻﱠ ﯾَﮭِﺪﱢيَ إِﻻﱠ‬: ‫وﯾﺤﮭﻢ‬
. 35 : ‫أَن ﯾُﮭْﺪَى ﻓَﻤَﺎ ﻟَﻜُﻢْ ﻛَﯿْﻒَ ﺗَﺤْﻜُﻤُﻮنَ ( ﯾﻮﻧﺲ‬
Wayhahum: "a-fa-man yahdî ilâ-l-haqqi ahaqqa an
yuttaba‘u amman lâ yahdiya illâ an yuhdî fa-mâ lakum
kayfa tahkumûn-a
130

(je jure) par ma vie !118 , elle (la chamelle / le califat) a


été fécondée ! Attendez donc jusqu’à ce qu’elle
produise (mette bas).
، ‫ ﻓَﻨَﻈِﺮَة رَﯾْﺜُﻤَﺎ ﺗُﻨْﺘِﺞ‬، ْ‫ ﻟَﻘَﺪْ ﻟﻘﺤَﺖ‬، ‫أﻣَﺎ ﻟَﻌَﻤْﺮي‬
Amâ la-'amrî, laqad laqahat fa-nadhiratun raythamâ tuntiju

Puis vous pourrez la traire et remplir votre gros récipient


de sang frais et de poison mortel.
، ً‫ وَذﻋَﺎﻓﺎً ﻣُﺒِﯿﺪا‬، ً‫ﺛﻢ اﺣْﺘَﺒَﻠُﻮا ﻣِﻞْءَ اﻟﻘَﻌْﺐِ دَﻣﺎً ﻋَﺒﯿﻄﺎ‬
Thumma-h-tabalû mil'-al-qa'bi daman 'abîtan, wa tha'âfan
mubîdan

Et rassurez-vous du fond de vos cœurs de l’imminence


des troubles qui vont suivre,
، ‫وَاﻃْﻤَﺌِﻨﱡﻮا ﻟﻠﻔِﺘْﻨَﺔِ ﺟَﺄﺷًﺎ‬
Wa-tma'innû li-l-fitanti ja'chan

et réjouissez-vous de ce qui va vous attendre : l’épée


vigoureuse,
، ٍ‫وأﺑْﺸِﺮُوا ﺑِﺴَﯿﻒٍ ﺻَﺎرِم‬
Wa-b-chirû bi-sayfin çârimin,

la domination d’agresseurs tyranniques,


، ٍ‫وَﺳَﻄْﻮَةِ ﻣُﻌْﺘَﺪٍ ﻏَﺎﺷِﻢ‬
Wa satwati mu'tadin ghâchim

et la confusion totale, les péchés généralisés, et la


tyrannie des oppresseurs
. َ‫ وَاﺳْﺘِﺒْﺪَادٍ ﻣِﻦَ اﻟﻈﱠﺎﻟِﻤِﯿﻦ‬، ٍ‫وَﺑِﮭَﺮَجٍ واِﺛْﻢٍ ﺷَﺎﻣِﻞ‬
118
cf verset coranique 70 sourate al-Hijr 15 : «72. Par ta vie! ils
se confondaient dans leur délire.
131
Wa bahrajin wa ithmin châmil, wa-stibdâdin min adh-
dhâlimîn-a

qui rendent votre ombre (repos) bon marché (sans


valeur) et éradiquent votre rassemblement.
، ً‫ وَﺟﻤﻌﻜﻢ ﺣَﺼِﯿﺪا‬، ً‫ﯾَﺪَعُ ﻓَﯿﺌَﻜُﻢْ زَھﯿﺪا‬
Yada‘u fî'akum zahîdan, wa jam‘akum haçîdan

Hélas pour vous !


fa-yâ hasratî lakum, ، ْ‫ﻓَﯿَﺎ ﺣَﺴْﺮَﺗﻲ ﻟَﻜُﻢ‬
Que faire pour vous alors que vous étiez dans la confusion.
Si la vérité échappe «à vos yeux,(….) devrons-nous vous
l'imposer alors que vous la répugnez?119
‫ ) ﻓَﻌُﻤﱢﯿَﺖْ ﻋَﻠَﯿْﻜُﻢْ أَﻧُﻠْﺰِﻣُﻜُﻤُﻮھَﺎ وَأَﻧﺘُﻢْ ﻟَﮭَﺎ ﻛَﺎرِھُﻮنَ ( ھﻮد‬: ْ‫وَأﻧﱠﻰ ﺑِﻜُﻢ‬
28 :
Wa annâ bikuk : (fa-‘ummiyat ‘alaykum anulzumukumûhâ
wa antum lahâ kârihûn-a)

**********************************

119
Sourate Hûd : V28/s 11. : " 28. Il dit: Ô mon peuple! Que vous
en semble? Si je me conforme à une preuve de mon Seigneur, si une
Miséricorde, (prophétie) échappant à vos yeux, est venue à moi de Sa
part, devrons-nous vous l'imposer alors que vous la répugnez? "
132

L'analyse du sermon 2
Le sermon commence par l’entrée directe dans le sujet visé
(contrairement au précédent sermon qui était soumis à des
nouvelles traditions artistiques, à savoir l’exorde qui
présente les louanges à Allah, la Prière sur le Messager
d’Allah et l’éloge de l’Islam)
Sans doute c’est le contexte dans lequel le sermon était
prononcé qui a imposé l’entrée directe dans le sujet, c’est-
à-dire la question que lui (Fatima) ont posée les femmes
concernant sa maladie lorsqu’elles sont venues lui rendre
visite à cet effet.
Donc dès le début de son discours Fatima s’est mise à
honnir ce bas-monde (sans doute ceci est lié au climat de la
situation puisque les personnes venues la voir sont des
femmes et que leur attachement à ce monde et ses attraits
est évidente)…Dès le début, le sermon est chargé de
l’élément imagé, et particulièrement de métaphores, alors
que le précédent sermon oscillait entre le style simple,
direct et la métaphore, pour des raisons que nous avons
expliquées déjà.

Il est notable que la première phrase qui ouvre le sermon


est un « serment », ce qui constitue un trait artistique
dénotant sa sincérité dans l’énonciation des vérités
lorsqu’elle leur dit : «délaissant votre monde, détestant vos
hommes »120. Dans cet énoncé elle attribue ce bas-monde
aux femmes (alors qu'elle, elle l'a délaissé), et exprime sa
haine pour leurs hommes, ce qui a une signification
particulière tout en pouvant susciter l'interrogation à
laquelle il y a une réponse évidente : l'attachement des
femmes au bas-monde, s'intéressant aux hommes et aux

‫ ﻋﺎﺋﻔﺔً ﻟﺪﻧﯿﺎﻛﻦّ ﻗﺎﻟﯿﺔً ﻟﺮﺟﺎﻟﻜﻢ‬- ‫ واﷲ‬- ُ‫ أﺻﺒﺤﺖ‬120


açbahtu wallah 'â'ifatan li-dunyâkum, qâliyatan li-rijâlikum
133
parures, demeure une certitude, ce qui fait que ce
cheminement artistique incarne une des formes de la
structure solide du fait qu'il constitue une introduction ou
préparation artistique à l'entrée dans un sujet qui traite des
hommes qui, ayant été à leur tour séduits par la parure de
ce bas-monde, avaient ourdi le complot qui a éloigné
l'Imam Ali (p) de la position (le khilafat) qu'Allah et Son
Messager (P), lui avaient choisie. Ainsi, le récepteur
(l'auditeur ou le lecteur) déduit de cette introduction la
soumission des gens aux attraits de ce monde (les hommes
pour la gloire et le prestige, et les femmes pour les
hommes).

Toujours est-il que l'entrée dans le sujet par les femmes et


leur monde que Fatima (p) a délaissé, et sa haine pour leurs
hommes forment une prémisse d'un sujet visé. Ainsi elle
annoncé d'abord sa haine pour les hommes, puis après
avoir exercé l'élément de l'observation sociale, elle "les
crachés après les avoir mâchouillés, et les a détestés et s'en
était lassée après les avoir sondés (éprouvés) ou les a haïs
dans le cœur à cause de leurs mauvaises conduites"121
Ici, il ne faudrait pas ignorer cette subtilité dans l'ordre de
l'emploi des termes "mâchouiller" et "sonder". Si l'on
considère cet ordre sur un plan de méthodologie de la
recherche scientifique, on constate que Fatima avait bien
assimilé la méthode aboutissant à la conclusion
scientifique, car "mâchouiller" est une observation
individuelle, alors que "sonder" est une pratique statistique.
Mais laissons à présent cette entrée ou prémisse pour
aborder directement le sujet visé, tout en soulignant au
passage un point important, à savoir que la différence entre
le présent sermon et le précédent est que dans celui-ci (le
précédent) a abordé deux sujets : "le khilâfat" et "Fadak",
tout en notant que ce dernier formait une introduction ou
un simple prétexte, un moyen pour arriver au second

‫ ﻟَﻔِﻈْﺘُﮫُﻢْ ﺑَﻌْﺪَ أنْ ﻋﺠﻤﺘُﮫُﻢْ وﺷَﻨِﺌْﺘُﮫُﻢ ﺑَﻌﺪَ أنْ ﺳﺒﺮﺗُﮫُﻢ‬121


134
(khilâfat), ou plus clairement au sujet cultuel pour lequel
Allah a créé l'Homme. Tandis que dans le présent sermon
Fatima abordé le sujet de khilafat sans passer par ledit
moyen. Cette remarque revêt une importance idéologique
et esthétique non négligeable, car, nous le répétons encore,
Fadak était pour Fatima quelque chose de trop négligeable
pour mériter de former même un simple moyen pour
aborder le sujet de khilafat. En effet pour Fatima (p), tout
comme pour son illustre mari, l'Imam Ali (p), le monde
entier avec tout ce qu'il renferme est plus insignifiant
qu'une "feuille tailladée dans la bouche d'une sauterelle" !
Que dire alors de Fadak qui représente une simple richesse
économique qui ni aucune valeur spirituelle pour les
Infaillibles.

Ainsi, le khilafat demeure le seul sujet visé non en tant que


droit personnel de l'Imam Ali (p), mais en tant que
prolongement de la prophétie, que représente l'Imamat tout
au long de la vie du Message de l'Islam, c'est-à-dire depuis
l'Imamat de l'Imam Ali jusqu'à celui de l'Imam
contemporain, l'Imam al-Mahdi (aj). Ce concept qui
incarne les principes qu'Allah a fixés pour l'humanité et la
soumission de ces principes (à l'instar de toutes les
expériences que l'humanité vit dans le califat (la
lieutenance) de la terre) à l'expérience est donc le sujet que
vise le sermon et sur lequel il tient à attirer l'attention, en
montrant comment cette expérience a débouché
malheureusement à écarter les Ahl-ul-Bayt (p) totalement
de la scène sociale officielle avec tout ce que cela a
entrainé de propagation des déviations doctrinales et
cultuelles en général.
Donc suivons maintenant le sermon après avoir passé en
revue son introduction.
Arrêtons-nous devant la première séquence du sermon, à
savoir "les ai crachés après les avoir mâchouillés, et les ai
détestés et s'en était lassée après les avoir sondés
(éprouvés) ou les ai haïs dans le cœur à cause de leurs
135
mauvaises conduites". Nous avons remarqué l'importance
sémantique de cette séquence ou unité linguistique et nous
avons dit qu'elle constitue un fil qui lie entre la déduction
"détestant vos hommes" et le sujet principal "l'éloignement
de l'Imamat". Nous remarquons que dans la métaphore "je
les ai crachés après les avoir mâchouillés", le mot "cracher
/ lafadha) signifie l'expulsion d'une chose de la bouche, et
le mot "mâchouiller / ‘ajama" en arabe signifie mordre le
bâtonnet pour examiner sa dureté ou sa consistance. Donc
la métaphore est éloquente en ceci que la dureté ou
l'absence de dureté symbolise la fermeté de la position ou
l'absence de fermeté. Or voilà que certains parmi "les gens
qui lient et délient" (açhâb al-halli wa-l-'aqd) sont soumis
à ce bas-monde, c'est-à-dire qu'ils manquent de fermeté
face à la situation ou dans leur position. Quant au "crachat /
lafdh) il symbolise l'absence de tout espoir en ces hommes.
Il est à croire qu'il n'y a pas un symbole plus idoine que le
crachat, dans leur cas, car le crachat est le sommet du
mépris pour une chose, comme le noyau qu'on crache. Il
est naturel que cette métaphore soit introduite après
l'épreuve de la "Saqîfa" et son prolongement jusqu'à son
décès, puisque le symbole a montré qu'il n'y avait pas
d'espoir d'un retour au bon droit, au droit chemin. Ceci
explique pourquoi dans ce sermon, contrairement au
sermon précédent, la mention que ces hommes avaient été
les protecteurs de la Religion est absente.

Certes, lors de ce sermon il s'agissait d'une réunion


exclusivement féminine, mais le texte parle des hommes
des femmes et le désespoir de les voir retourner au Droit
chemin.
La troisième métaphore qui suit "je les ai détestés après les
avoir testés"122. Cette métaphore est analogue à celle qui la
précède "je les ai crachés après les avoir mâchouillés" sur
le plan de l'expérience négative qu'elle a eue avec ces gens.

chani'tahum ba'da an sabaratuhum ‫ وﺷَﻨِﺌْﺘُﮫُﻢ ﺑَﻌﺪَ أنْ ﺳﺒﺮﺗُﮫُﻢ‬122


136
Toutefois il y a une petite différence entre elles concernant
le degré de la haine et du test, sachant que ces deux
concepts forment la matière des deux métaphores avec une
différence de degré. Car en effet "chan'ân" (‫ )ﺷ ﻨﺂن‬est une
haine avec hostilité et "sabr" (‫ )ﺳ ﺒﺮ‬est un test avec
précision dans l'expérimentation ou détail dans les
composantes (du test), ce qui signifie que le sermon
marque une progression artistique puisque dans la première
métaphore il y avait un certain degré de haine et de test
alors que dans la seconde ce degré est remonté au prorata
de la continuité de la conduite des hommes…
Examinons maintenant la séquence suivante : "que c'est
laid de voir le tranchant ébréché, et de jouer après avoir
été sérieux, de cogner (inutilement) sur le rocher, de voir la
manche de lance déchirée, les opinions erronées, les désirs
déviés." Cet extrait comporte un bouquet de métaphores
successives et de cadences harmonieuses et consécutives
contribue à faire monter la stimulation artistique, et
subséquemment sémantique que vise le sermon.
Sur le plan structural cette section marque une progression
ou un développement de l'étape précédente puisqu'elle
dévoile ici la cause du rejet de ces hommes "je les ai
crachés", à savoir qu'ils incarnent "un tranchant ébréché",
"des opinions erronées" etc…
Le texte vise à signaler l'erreur et la faute de l'attitude prise
par ces hommes en éloignant l'Imam Ali de la position
qu'Allah lui avait choisie. Cette erreur est "opinion
erronée" et la faute est "de suivre leurs désirs". Ces deux
sujets ont été dessinés par le sermon à travers une série
excellente de métaphores, de cadences et de
consécutions….
Ainsi, concernant la première métaphore :"que c'est laid de
voir le tranchant ébréché / fa-qubhan li-fulûl-il-haddi "
suivie par une autre "al-li'bi ba'da-l-jiddi" ou selon une
autre version : "li-ufûn-ir-ra'yi wa khatal-il-qawli", nous
croyons que très probablement, artistiquement cette
137
dernière version n'est pas la bonne et c'est pour deux
raisons littéraire : l'une rythmique et l'autre sémantique.
Rythmique, parce que la métaphore suivante la première
"al-li'bi ba'da-l-jiddi" s'harmonise avec celle-ci sur le plan
de la rime : "haddi , jiddi", et mieux, ces deux finales
unifiées sont harmonieuses non seulement par la rime,
mais aussi le nombre de lettres qui les composent :" had /
jid", et la forme des lettres, le ‫ ح‬h et le ‫ ج‬j, sont d'une
forme identique. En un mot, les deux phrases sont
parfaitement harmonieuses sur tous les plans : rime,
rythme, nombre des syllabes, nombre et forme des lettres,
son, forme du mot etc. Donc la seconde version pourrait
paraître discordante avec le reste (les séquences qui
suivent), où les métaphores ont des finales rimées comme
"çifât / qanât // ‫اﻟﻘﻨ ﺎة‬- ‫اﻟﺼ ﻔﺎة‬ ".Ceci sur le plan
rythmique…. Sémantiquement, "le tranchant ébréché /
fulûl-il-haddi" qui signifie que le sabre a perdu son
efficacité, ayant été ébréché, s'adapte mieux à la
signification de la métaphore suivante "jouer après avoir
été sérieux / al-li'bi ba'da-l-jiddi " étant donné que
l'attitude normale de l'homme est le "sérieux", alors que
"jouer" est une attitude irresponsable dans sa vie. De même
le sabre doit avoir normalement un tranchant aigu pour être
efficace et pouvoir trancher, et lorsque son tranchant est
émoussé, il perd son efficacité.
Passons maintenant aux deux métaphores suivantes :
"qar' al-çifât / frapper sur le rocher" et "çad' al-qanât / la
manche de lance déchirée "
Et les suivantes :
"khatal al-ârâ'i / les opinions erronées" et "zalal al-ahwâ'i
/ les désirs déviés "…Ici nous ne devrions pas manquer de
rappeler de nouveau la structure rythmique de cette section
composée de six métaphores, phrases ou unités
linguistiques qui sont réparties géométriquement selon
divers traits :
138
- chaque deux métaphores ou phrases a deux finales
unifiées (rimées) :
(had ‫ ﺣ ﺪ‬/ jid ‫( )ﺟ ﺪ‬çifât ‫ ﺻ ﻔﺎة‬/ qanât ‫( ) ﻗ ـﻨﺎة‬ârâ' ‫ آراء‬/ ahwâ'
‫) أھﻮاء‬
- symétrie entre le premier mot des deux unités :
(khatal ‫ ﺧﻄﻞ‬/ zalal ‫( )زﻟﻞ‬qar' ‫ ﻗﺮع‬/ çad' ‫) ﺻﺪع‬
- harmonie dans le nombre de mots de chaque deux unités
homogènes…

Si nous laissons maintenant cet aspect rythmique pour


regarder l'aspect métaphorique, nous rencontrons la série
de traits artistiques suivants :
Dans la première unité linguistique comprenant
les métaphores "fulûl-il-haddi / le sabre ébréché" et "al-li'bi
ba'dal-jiddi / le jeu après le sérieux", nous remarquons que
le sermon traite du coup d'état survenu après le décès du
Messager (P) auquel fait allusion la Parole d'Allah : " S'il
(Mohammad) mourait, donc, ou s'il était tué, retourneriez-
vous sur vos talons"123 et il a formulé pour cette situation
ou cet événement ainsi qu'aux événements qui l'ont précédé
et suivi des symboles et des métaphores dont celle-ci "que
c'est laid de voir le sabre ébréché", étant donné que le
tranchant symbolise la situation à l'époque du Prophète (P)
où bien que certains compagnons fussent hypocrites
ouvertement et d'autres intérieurement, leur attitude
manifeste était positive et représentait un sabre tranchant,
mais qui après la disparition du Prophète (P) cette attitude
a connu un revirement que Fatimah (p) a symbolisée par
"le sabre ébréché". L'importance de cette métaphore est
qu'elle symbolise le combat puisqu'il était question d'un
coup d'état politique (revirement) qui s'harmonise avec le
combat dans la métaphore du sabre, le combat ayant ceux
formes : par le sabre ou par l'attitude (la prise de position).
Quant à l'autre image (qui s'apparent plus au symbole qu'à
la métaphore), celle de : "le jeu après le sérieux", elle

123
Sourate âle Imrâm / La Famille de 'Imrân : 3/144.
139
représente un développement organique de l'image
précédente, puisque le sabre après avoir été ébréché, a
perdu son efficacité, et par conséquent, la situation (coup
d'état ou revirement) après son décès. En d'autres termes le
prolongement de la prophétie par l'Imamat est la position
requise, et tout le reste n'est que jeu, c'est-à-dire l'absence
de sentiment de responsabilité, et celle-ci est une pratique
absurde, la pratique du jeu.
On voit donc combien cette image symbolique est
pittoresque, profonde et attrayante.
****
Passons à présent à la seconde unité linguistique qui
comprend elle aussi deux images : "qar‘-il-çifâti / cogner
contre le rocher" et "çad'-il-qanâti / la mollesse ou la
déchirure de la manche de lance". Ces deux images
semblent être des "intertextes"124 ou empruntes à des
proverbes ou expressions couramment et
métaphoriquement utilisées. La première symbolise ce qui
est reprochable, défectueux ou honteux. Donc "qar‘ /
frapper " aboutit à ébrécher et rendre défectueux. Il en va
de même pour l'autre image "intertexuelle" : "çad'-il-qanâti
/ déchirer la manche de la lance", étant donné que "çad' "
est le fait de déchirer, et "qanât " est la manche de la lance;
or, lorsque la manche est déchirée, elle perd son efficacité
dans l'usage. Ainsi, les deux images symbolisent l'attitude
négative de ces hommes face à l'Imamat qu'Allah avait
attribué à l'Imam Ali (p) et à ses descendants. Il reste à
s'interroger sur le développement organique de ces deux
images par rapport aux deux précédentes. On peut dire à
cet égard que celles-ci avaient dessiné seulement les
premiers signes (ou les prémices) de la négativité de
l'attitude, symbolisés par l'épointement du sabre et le jeu,
puisque lorsque le sabre est épointé, il ne perd pas
124
Ensemble des relations existant entre un texte (notamment littéraire)
et un ou plusieurs autres avec lesquels le lecteur établit des
rapprochements. Intertextualité entre les fables de La Fontaine et
celles d'Ésope. — Adj. INTERTEXTUEL, ELLE. (Le Petit Robert).
140
totalement son efficacité, et le jeu n'empêche pas
totalement le sérieux, tandis que "qar' /frappe" et "çad' /
déchirure " représentent un plus haut degré de la perte de
l'efficacité. À noter au passage que ""qar' /frappe"
symbolise ce qui est moral, et "çad' / déchirure ", ce qui est
matériel ou mobile, ou en d'autres termes ils symbolisent
respectivement ce qui est "intellectuel ou idéologique et ce
qui est pratique.
Concernant les deux images incarnant la troisième unité
linguistique, elles constituent un développement de
l'opération de la progression organique précédente,
puisqu'elles nous parlent franchement et clairement de
l'attitude, sans recourir à des métaphores imagées. Elles le
font dans un langage quasi direct. Ces deux images sont
"khatal-il-ârâ'i / les idées erronées " et "zalal-il-ahwâ'i / des
désirs déviés". On peut dire que "khatal / erreur" et "zalal /
déviation, faute" incarnent l'attitude négative à son niveau
le plus précis, puisque l'homme – à l'exception de
l'infaillible – adopte deux types d'attitude négative :
"l'erreur" et "la faute". La première est une attitude
involontaire, à cause d'un manque de conscience, la
seconde est volontaire et s'apparente au péché, comme
quelqu'un recherche la gloire ou une haute position sociale
tout en sachant qu'il n'est pas qualifié pour cette dignité. En
tout cas le sermon a pris en considération cet aspect de la
nature humaine, et a dessiné l'attitude de l'homme dans ses
deux types incarnant l'erreur et la faute, et ces deux
conduites se sont reflétées dans la position des hommes
qu'il décrit, vis-à-vis de l'Imamat .A ne pas ignorer la
forme plurielle (opinions et désirs) que le sermon a
employée pour traduire les différences qui distinguent ces
hommes à cet égard, les uns des autres.
Passons maintenant à une nouvelle section :
- Certes (je jure, forcément), j’ai mis autour de leur cou sa corde
(du Califat)
lâjorma! laqad qalladtahum ribqatihâ ‫ﻻ ﺟﺮَمَ ﻟﻘﺪ ﻗﻠّﺪﺗﮭﻢ رﺑﻘﺘﮭﺎ‬
141
- et je leur ai fait porter son fardeau
wa hammaltahum awqatahâ ‫وﺣﻤّﻠﺘﮭﻢ أوﻗﺘﮭﺎ‬

- et j’en ai jeté (saupoudrer) la honte sur eux


‫وﺷﻨﻨﺖ ﻋﻠﯿﮭﻢ ﻋﺎرھﺎ‬
wa chanantu ‘alayhim ‘ârahâ

- que leurs nez soient coupés, qu’ils soient anéantis et qu’ils


soient écrasés ces gens injustes
.‫ﻓﺠﺪﻋﺎً وﻋَﻘﺮاً وﺳُﺤﻘﺎً ﻟﻠﻘﻮم اﻟﻈﺎﻟﻤﯿﻦ‬
fa-jad‘an wa ‘aqran wa suhqan li-l-qawm-idh-dhâlimin

Cette section est la suite ou le couronnement de la


précédente. En effet après avoir expliqué les causes de la
haine, Fatimah (p), elle explique ici la responsabilité qu'ils
doivent assumer, en s'appuyant sur le serment auquel elle
ajoute l'expression "lâ jurma / certainement" de
confirmation et de négation du contraire, ce qui amplifie la
phrase au prorata de l'ampleur de la responsabilité… A
noter que la section a adopté trois métaphores pour
expliquer la responsabilité : la première "qalladtum
rabaqatahâ ", "rabaqah" est l'anse d'une corde, ce qui
symbolise le fait de nouer ou lier fortement, et "taqlîd"
vient de qilâdah (collier) qui encercle le cou, ce qui
signifie que le texte montre que leur conduite on ne peut
plus condamnable car elle a poussé au bout la honte qui
découle de leur attitude.
Quant à la seconde métaphore "hamaltahum awqatahâ
", "awq" est le poids (lourdeur) et le pessimisme, ce qui
ajoute à la précédente métaphore "le pessimisme" et
constitue un développement organique par rapport à elle (à
cause de l'ajout du pessimisme). En ce qui concerne la
troisième métaphore "channat 'alaykum ghârataha / ", elle
marque à son tour un développement de ce qui précède,
puisque elle en devient le couronnement, la honte que
Fatimah (p) leur avait attribuée les ayant encerclés de tous
les côtés, tout car la razzia signifie que l'on attaque de tous
142
les côtés. Notons que le fait que selon une autre version au
lieu de "ghârataha / razzia" le mot employé est " 'ârahâ /
honte" la signification ne change pas, bien que nous
croyions que "ghâratahâ " soit la bonne version, car elle
s'harmonise sur le plan rythmique avec les deux
précédentes métaphores.
Ensuite la section se termine par trois termes de
"condamnation au malheur", c'est-à-dire souhait du
malheur aux hommes dont elle parle, à travers le terme
"du'â' " selon la terminologie de la rhétorique, car
habituellement on se contente d'employer un seul de ces
trois termes "fa-jad'an, wa 'aqran, wa bu'dan li-l-qawm-idh-
dhâlimîn"125 (c'est-à-dire : bu'dan li-l-qawm-idh-dhâlimîn
). Donc le fait d'employer trois formules successives de
prière de demande (du'â') ou de souhait du malheur contre
eux, signifie que ce souhait de malheur ou du'â' est
exacerbé, porté à son paroxysme, en raison de l'ampleur de
l'attitude négative des hommes visés. Donc il y a symétrie
entre la gravité du du'â' et la gravité de l'attitude négative.
À noter que la première formule du souhait de malheur
"jad'an" signifie amputation du nez, de l'oreille ou de la
lèvre dans la métaphore c'est le nez), la seconde " 'aqran"
l'anéantissement, la troisième l'éloignement d'Allah de ces
hommes. Ces trois formules ou expressions de souhait de
malheur connaissent aussi une succession progressive : la
première exprime la honte qui a atteint ces hommes, la
seconde est la conséquence de leur attitude, la troisième le
châtiment eschatologique qui les attend, en l'occurrence,
l'éloignement d'Allah d'eux.
La section suivante adopte un autre style de présentation
fondé sur l'interrogation et l'exclamation et d'autres
procédés littéraires qui visent à stimuler l'intérêt du
récepteur :

125
Que les nez, oreilles et lèvres des gens injustes soient coupés
(jad'an), qu'ils soient anéantis ou blessés ( 'aqran), qu'Allah soit loin
d'eux (bu'dan).
143
Quels misérables ! Comment l'ont-ils (le califat) écarté des
évidences ancrées du Message !!
، ‫وَﯾْﺤَﮭُﻢ أﻧﱠﻰ زَﺣْﺰَﺣُﻮھَﺎ ﻋَﻦ رَواﺳِﻲ اﻟﺮﱠﺳَﺎﻟَﺔ‬
wayhahum ! Annâ zahzahuhâ ‘an rawâsi-r-risâlah
Et des fondations de la Prophétie et dalâlah
(‫وﻗَﻮَاﻋِﺪ اﻟﻨﺒُﻮﱠةِ )واﻟﺪﻻﻟﺔ‬
wa qawâ ‘id-in-nubuwwah wa-d-dalâlah

Et du lieu de la descente de l'archange Gabriel (Jibrâ'îl)


، ِ‫وﻣَﮭْﺒِﻂَ اﻟﻮَﺣْﻲِ اﻷﻣِﯿﻦ‬
wa mahbat-il- wahy-il-amîn

Et du perspicace versé dans les affaires mondaines et


religieuses : «Voilà la perte évidente » (Coran : s 39/v15)
"‫ "إﻻ ذﻟﻚ ھﻮ اﻟﺨﺴﺮان اﻟﻤﺒﯿﻦ‬:‫واﻟﻄﺒﯿﻦ ﺑﺄُﻣﻮر اﻟﺪﻧﯿﺎ واﻟﺪﯾﻦ‬

Il est clair que cette courbe artistique chargée de


stimulation, à travers des outils esthétiques ornés par la
variété des images, des rythmes et des sonorités incarne un
langage artistique qui enchante quiconque a un goût
esthétique. Langage caractérisé en outre par la clarté de
l'expression, l'intelligibilité de l'image. Puisque la section
traite de l'abandon de l'Imamat, cette péripétie requiert un
langage clair, des images intelligibles et des outils
stimulants. A tout ceci il faut ajouter la citation du texte
coranique qui met en relief "la perte évidente" que ces
hommes ont subie subséquemment à leur attitude, sans
oublier l'expression ou l'interjection "wayhahum / quels
misérable " qui commence la section et qui a été choisie
habilement parce qu'elle recèle plus d'un trait artistique :
elle n'est ni "du'â' ", ni tout à fait exclamation, ni
réprimande, elle est plutôt un mélange d'exclamation,
d'interrogation et de réprobation, trois traits qui combinent
leurs nuances pour rendre le texte plus stimulant. Quant à
l'image, sa clarté soutenue par l'exclamation et
l'interrogation "Comment l'ont (le califat)-ils écarté des
144
évidences ancrées du Message !!", elle est vraiment
exaltant. Elle a sémantiquement lié l'Imamat à la Prophétie
et s'est renforcée par une autre métaphore "les fondations"
et "le Message prophétique", pour signifier que l'Imamat
est le prolongement de la Prophétie. Mais pour ce faire elle
a utilisé trois formules qui diffèrent par leur signification :
la première comprend "les évidences ancrées" et "le
Message", la seconde "les fondations" et "la Prophétie", la
troisième "le lieu de descente" et "Gabriel". Cela signifie
que le sermon a choisi les deux termes de la métaphore
dans deux cadres particuliers : le premier terme "Gabriel",
"la Prophétie", le "Message", le second "les évidences
ancrées". "les fondations", "le lieu de descente". On peut
expliquer ce choix comme suit : le fait de choisir tout
d'abord "le Message", se justifie par le fait qu'il est le
prolongement des messages précédents (qui représentent
les principes généraux fixés pour toute l'Humanité). Quant
à la Prophétie, elle en constitue l'étape suivante car elle
précise le type du message, et pour ce qui concerne la
révélation, c'est une troisième étape de la particularisation
(du Message) dans la mesure où elle se charge de
communiquer directement les principes généraux du
message.
Ce qui précède concerne l'ordre sémantique des principes
divins et leur communication…. Quant au lien des (rawâsî
/ les évidences ancrées ) avec le Message, les (qawâ'id /
fondations) avec la prophétie, "wahy / révélation" avec
l'Imamat en tant que prolongement de la prophétie, on peut
dire le message en sa qualité de principes globaux et
généraux correspond bien à ce qui est fixe, ancré (les
choses fixes opposées aux choses mobiles), puisque les
Messages divins restent inchangeables à toutes les
époques, et par conséquent l'Imamat aussi en tant que
prolongement de la prophétie doit être fixé, ancré.
Pourquoi a-t-il été ébranlé, écarté, déplacé? C'est ce qui
explique pourquoi le sermon a pris un mode interrogatoire,
exclamatoire, "interpellatoirei". En ce qui concerne la
145
prophétie et son lien avec les "qawâ'id / fondations", c'est
tellement évident, puisqu'elle est la dernière des prophéties
et elle a besoin de bases solides pour la continuation de son
efficacité et non la prophétie elle-même, celle-ci ayant pris
fin avec la disparition du Prophète (P). Mais étant donné
qu'il n'y a pas d'autre Prophète après lui, c'est l'imamat qui
continue la prophétie et par conséquent la révélation lui est
liée, ce qui confirme la légitimité et la continuité de
l'Imamat.
Enfin, la section s'est terminée par une formule claire
directe, à savoir que c'est l'Imam (p) qui est perspicace et
habile dans les tâches du Message continuel (l'Imamat), ce
qui constitue un couronnement clair de la légitimité de
l'Imamat lui-même…. Notons que le sermon a souligné les
affaires mondaines et religieuses en même temps pour
mettre en évidence un concept particulier : la direction
politique des sociétés requiert quelqu'un qui possède une
réserve cognitive à la fois scientifique et sociale, car l'une
sans l'autre ne suffit pas, et c'est ce que le sermon a avancé
lorsqu'il a parlé du bas-monde et de la religion ensemble.
Puis le sermon avance pour expliquer pourquoi ces
hommes se sont écartés de l'Imam Ali (p) et les
conséquences et cette attitude en se demandant d'abord
pourquoi se sont-ils vengés de lui :
Et pourquoi donc se sont-ils vengés d'Abû-l-Hassan
(l'Imam Ali)!?
Et de répondre :
- Ils se sont vengés par Allah du fait que son épée ne faisait
pas la différence entre les courageux les autres126.
- Et parce qu'il se souciait peu de mourir127
- Et pour la puissance de sa prise128
- Sa colère pour la cause d'Allah le Très-Haut129

‫ ﻧﻜﯿﺮ ﺳﯿﻔﮫ‬- ‫ واﷲ‬- ‫ ﻧﻘﻤﻮا ﻣﻨﮫ‬126


‫ وﻗﻠﱠﺔ ﻣﺒﺎﻻﺗﮫ ﺑﺤﺘﻔﮫ‬127
‫ وﺷﺪّة وﻃﺄﺗﮫ وﻧﻜﺎل وﻗﻌﺘﮫ‬128
‫ وﺗﻨﻤّﺮه ﻓﻲ ذات اﷲ ﻋﺰ وﺟﻞ‬129
146
Le sermon a dessiné les traits de la personnalité de l'Imam
Ali selon son héroïsme morale et physique. Il a fait passer
le trait ou le courage physique avant le trait moral, en le
symbolisant par l'épée pour diverses raisons : il était le bras
droit du Prophète dans toutes ses batailles contre les
polythéistes. Il suffit de rappeler à cet égard que le
Prophète (p) a loué ce courage lorsqu'il a dit que son
héroïsme vaut l'adoration de tous les djinns et les humains
('ibâdat al-thaqalayn).
Ces raisons dont les unes sont militaires, d'autres
doctrinales font de la personnalité de l'Imam Ali (p) l'objet
de jalousie chez ceux chez qui les racines de la foi n'ont
pas pénétré. A cela s'ajoute sa proximité familiale et
morale du noble Prophète (P), ses victoires militaires, le
fait qu'il fût la porte de sa cité (La Cité du Savoir). Tous
ces facteurs font suscitent la rancune chez les hypocrites ou
chez ceux dont la foi est chancelante (comme les
Omayyades par exemples). En tout état de cause l'ébauche
du portrait de son courage dans le sermon est pleinement
justifiée, surtout que d'autres traits de sa personnalité sont
liés à ce trait de courage, tel que son insouciance face à la
mort, trait qui décèle deux aspects : le courage et la solidité
de la foi : le courage et son insouciance de mourir pour la
cause d'Allah
Il en va de même pour tous ses autres traits tels que
"chiddata wat'atihi /la force de sa prise) et "nikâla wa'atihi
/ et son coup imparable).... Ces traits ne sont pas de
additionnels ni synonymes, chacun d'eux a une
signification spécifique : "chiddat wat'atihi " symbolise la
puissance de sa prise, "nikâl waq'atihi" la puissance de la
frappe, le premier est un trait psychologique, le second
physique. Enfin l'image "tanammurihi fî thât-illâh / son
courroux pour la Face d'Allah" est le couronnement
organique des traits précédents, car fureur dans les batailles
est pour la Cause d'Allah, peut importe que ces batailles
soient militaires ou argumentaires par exemples…
147
La section suivante est le prolongement du précédent, et
elle commence par le serment. Cette répétition du serment
forme l'une des lignes de la structure architecturale du
sermon. Elle s’applique à de dessiner les traits de la
personnalité de l’Imam Ali (p) à travers ses caractéristiques
cultuelles générales, ayant déjà noté que la description de
ses caractéristiques héroїques a йtй imposйe par le
contexte, а savoir l’envie et la rancune des dйviationnistes.

En tout cas le premier signe dessiné est comme nous


l’avons dit le serment, lequel se veut très significatif
lorsqu’il est prononcé surtout par l’Infaillible, lequel hésite
à recourir au serment sauf dans le cas d’extrême nécessité.
Or ce serment s’est lié à un point auquel le sermon a
réservé une place à part (sinon il y a beaucoup d’autres
points qui mériteraient d’être mis en exergue), mais le fait
d’insister sur ce point à l’exclusion des autres a sa
signification esthétique et sémantique, à savoir que si les
gens s’écartaient de la Vérité, l’Imam les aurait obligés à la
suivre. Naturellement l’établissement de ce fait est une
réponse artistique de la formule précédente qui disait que
les gens s’étaient vengés de lui pour l’efficacité de son
épée et son sacrifice pour la Cause d’Allah, c’est-à-dire
que l’une des incarnations de son sacrifice pour la cause
d’Allah est sa résolution à obliger les gens à suivre la
Vérité lorsqu’ils s’en écartent.
Ceci concernait l’aspect architectural du texte.
Quant à l’aspect de la formulation métaphorique le
sermon a choisi deux unités expressives pour symboliser la
Vérité en question : «al-hujjat-il-lâ’ihah / » et «al-hujjat-il-
wâdhihah / » lorsqu’il a énoncé que :«s’ils s’écartaient
d’al-hujjat-il-lâ’ihah / ou cessaient d’accepter «al-hujjat-il-
wâdhihah /….. il les y aurait ramenés et il les aurait obligés
à l’accepter….
Examinons de près ces traits artistiques de ces deux
images.. La première chose qui attire notre attention est la
148
répétition du mot «hajjat» une fois pour signaler l’écart de
ce hajjat et une fois pour la cessation de son acceptation
c’est-à-dire une fois pour souligner qu’il est (hajjat) clair et
une fois qu’il est visible, ce qui amène les gens à s’y
soumettre d’une façon ou d’une autre puisqu’il dit dans le
premier «il l’y ramène», dans le second «il les y oblige».
Donc il y a une certaine esthétique dans la formulation de
la cadence à travers ladite répétition, cadence de deux
types : sémantique et rythmique :
«al-hujjat-il-wâdhihah»
«al-hujjat-il-lâ’ihah»
Et :
«law mâlû ‘anhâ»
«law zâlû ‘anhâ»
Ainsi, la structure rythmique s’établit comme suit :
al-hujjat - al-mahajjat
al-wâdhihah - al-lâ’ihah
mâlû - zâlû
ilayhâ - ‘alayhâ

Symétriquement à cette harmonie rythmique il y a une


signification géométriquement harmonieuse :
-l’hypothèse de l’écart de «hujjat-il-lâ’ihah» et l’hypothèse
de la disparition de l’acceptation d’«al-hujjat-il-
wâdhihah». Que signifie donc cette répétition de ces
expression «hajjat / », «mayl / », «zawâl / », «rad / »,
«haml / » ?
A notre avis, la première image «al-hajjat» c’est-à-dire le
milieu de la route, a été choisie par le texte pour
symboliser la Vérité à-dire le milieu de la route, a été
choisie par le texte pour symboliser la Vérité, et adopter le
milieu de la route à l’exclusion de toute autre chose,
signifie adopter cette voie, et ceci s’harmonise
parfaitement avec la voie de la vérité dans laquelle les uns
s’égarent, d’autres trouvent la bonne voie. C’est pourquoi
le sermon dit «s’ils s’écartent de la voie» c’est-à-dire de la
voie de la vérité. En ce qui concerne le qualificatif de
149
«lâ’ihah / visible» son utilisation se justifie par sa
visibilité pour le voyant, tut comme la vérité visible ou
perceptible… Donc «mayl / écart» s’accorde avec «le
changement d’avis / ‘udûl» c’est-à-dire dévier d’une voie,
et «hajjat / voie»s’accorde avec la Vérité, et «lawh /
visibilité» avec la vision.
Quant à l’unité linguistique «wa zâlû ‘an qubûl-il-hajjat-il-
wâdhihah / ont cessé d’accepter l’argument clair», il est
évident que hajjat est le symbole de l’«argument pour être
établie. C’est pourquoi le texte a dit que c’est «hajjat
wâdhih» c’est-à-drie les preuves évidentes. Quant au
«zawâl / la cessation» de l’acceptation de la vérité, elle
s’explique par le fait qu’une preuve puisse acceptée ou
refusée. Il nous reste à expliquer enfin les deux images
«raddahum ilayha / les y amener» et «hamalahum ‘alayha
/ les y obliger». La première métaphore signifie que
l’Imam (p) les convainc à accepter la vérité par des
arguments, et la seconde indique qu’il applique la vérité
sans hésitations et par tous les moyens légaux, et ce même
si son action cause de l’embarras selon les critères sociaux.
Puis nous arrivons à une nouvelle section qui commence
elle aussi par un serment «tallâh» pour continuer la
symétrie des emplacements de cet élément dans
l’architecture du sermon et s’harmoniser sémantiquement
avec le concept de vérité mais dans un contexte différent :
- par Allah, s’ils s’étaient empêchés de tenir la rêne (de la
succession), il s’en serait chargé
‫وﺗﺎﷲ ﻟﻮ ﺗﻜﺎﻓّﻮا ﻋﻦ زﻣﺎم ﻧَﺒَﺬَه رﺳﻮل اﷲ إﻟﯿﮫ ﻻﻋﺘﻠﻘﮫ‬
«Wa tallâh law takâffû ‘an zimâmin nabathuhu rasûl-
ullâhi ilayhi la-‘talaqahu»

- et ils les (les Musulmans) aurait conduits avec aisance et


flexibilité
ً‫وﻟَﺴﺎرَ ﺑﮭﻢ ﺳﯿﺮاً ﺳُﺠُﺤﺎ‬
Wa la-sâra bihim sayran sujuhan
150
- ne leur aurait pas causé de dégâts
‫ﻻ ﯾﻜﻠﻢ ﺧﺸﺎﺷُﮫ‬
Wa lâ yukallimu khachâchatan

- n’aurait pas éreinté les uns (les marcheurs)


‫ﻻ ﯾﻜﻞ ﺳﺎﺋﺮه‬
« lâ yakillu sâ’iruhu »

- ni ennuyé les autres (ceux qui sont sur les montures)


‫وﻻﯾﻜﻠﻢ )ﯾﺘﻌﺘﻊ( راﻛﺒﮫ‬
Wa la yukallimu (yuta‘ti‘u) râkibuhu

Cette section et les suivantes constituent un développement


organique de la section précédente, laquelle parlait de la
fermeté ou de la constance de la personnalité de l’Imam
Ali (p), alors que dorénavant il s’agit des données de cette
constance ou fermeté. Car en réalité «zimâm /
rêne » s’accorde parfaitement avec les contenus de cette
section : wa lâ yukallimu khachâchatan, lâ yukillu
sâ’iruhu, lâ yumillu râkibuhu. Ainsi «khachâch » est ce
qu’on met dans le nez du chameau pour attacher la rêne en
vue de rendre la guidance plus rapide, et « yukillu » est le
fait d’être récalcitrant. Donc sémantiquement l’image se
présente comme suit :
1- « zimâm / rêne » symbolise le fait de confier l’affaire à
quelqu’un, et l’image vise à dénoter que si les autres, à
cause de la faiblesse de leur foi et de leur personnalité,
s’abstiennent de tenir la rêne, l’Imam Ali (p) est qualifié
pour le faire.
2- “sâra bihim sayran sujuhan”, c’est-à-dire l’Imam les
aurait conduits d’une façon facile et flexible, ce qui lié à la
rêne et la guidance, car celui qui tient la rêne, étant au
courant de la manière de guider, rend la guidance facile car
le chameau se laisse guider sans difficulté.
3- «lâ yukallimu khachâchatan » c’est-à-dire qu’il ne
blesse pas l’endroit dans le nez où l’on attache la corde ou
151
la guide de la rêne, car il connaît avec précision comment
tenir la rêne doucement de sorte à ne causer aucune
blessure à l’animal. Car un mauvais conducteur pourrait
fatiguer le chameau et tire trop fort sur la corde, ce qui
pourrait causer une blessure dans son nez.
4- « lâ yakillu sâ’iruhu wa lâ yamillu râkibuhu » : étant
donné que la conduite (du chameau) implique qu’il y ait
une caravane dans laquelle les gens sont soit en marche
soit sur une monture, l’image nous fait savoir que celui qui
marche ne sera pas fatigué dans cette caravane et celui qui
est en monture ne se lasse pas d’être assis sur le dos du
chameau.
Maintenant il faut examiner plus minutieusement cette
image étonnante sémantiquement et artistiquement. Il
s’agit d’une structure sémantique très évocatrice et
significative, car elle symbolise par la métaphore de
«zimâm / rêne » la direction politique de la société après la
disparition du Prophète (P) et signifie que cette disparition
a laissé un vide incontestable puisqu’il n’y a pas un autre
Prophète qui pourrait le remplacer, et que la seule solution
possible qui se présentait était l’existence d’une
personnalité que le Prophète avait désignée lui-même pour
remplir ce vide, et c’est ce qui s’était passé effectivement à
différentes occasions dont l’événement d’al-Ghadîr. Le
texte vise à signaler que la rêne que le Prophète (P) confié
à l’Imam Ali (p), si elle n’avait pas été usurpée, ce dernier
se serait acquitté parfaitement de sa mission, car il :
- les (les Musulmans) aurait conduits avec aisance et
flexibilité “sâra bihim sayran sujuhan”
- ne leur aurait pas causé de dégâts «lâ yukallimu
khachâchatan »
- n’aurait pas éreinté les uns « lâ yakillu sâ’iruhu »
- ni ennuyé les autres «wa lâ yamillu râkibuhu »
Cette étape aurait d’ailleurs conduit à la fin (nouvelle
section) à une situation prometteuse :
152
- il les aurait conduits vers un point d’eau douce, limpide,
désaltérante, et abondante, et dont les deux rives sont
débordées, et les deux bords ne laissent pas stagner l’eau.

Avant d’aborder cette nouvelle section du sermon dont


nous venons d’esquisser le cadre structural général, il
convient de revoir la section précédente pour établir le lien
entre les deux.
Il faut dire que te texte constitue une unité organique
merveilleuse que le sermon lui a choisi pour cadre le
« voyage » ou la caravane qui se dirige vers une destination
quelconque. Comme nous l’avons remarqué, la section
commence par le serment «tallâh » alors que la section
précédente commence par «wallâh ». Or les deux serments
ne sont pas pareils, car «tallâh » est plus affirmatif que
« wallâh » et s’accorde avec ce que «le voyage » dessine,
puisque il commence par faire allusion au « milieu de la
voie / hajjat », puis au fait de marcher sur cette voie
symbolisé par la «la rêne / zamâm » ou «il aurait marché
/la-sâra). Le texte a choisi un vocabulaire non direct ou
allusif pour permettre au récepteur (lecteur ou auditeur) de
remplir les vides laissés par le texte, et c’est là un très
saillant de l’art littéraire. Toujours est-il que le « voyage »
indique – nous le répétons- qu’il assure
- «une marche facile et flexible, sans fatigue », et c’est ce
qui est souhaité dans tout voyage; et ce aussi bien pour
ceux qui marchent que ceux qui sont sur des montures
- Il (le voyageur) ne sera pas blessé, car si marche est
émaillée de violence, elle pourra blesser comme nous
l’avons dit. En outre cette marche est dépourvue de fatigue,
les moyens de repos étant disponibles. Même la longueur
de la marche n’engendre pas la lassitude en raison de
l’existence de montures.
Ces détails que nous nous sommes permis de répéter
signifient que l’Imam Ali (p) était tellement perspicace
qu’il pouvait conduite le bateau de l’Islam ou sa caravane
vers la destination prévue après le décès du Prophète (P),
153
c’est-à-dire le concept de l’Imamat et sa continuation.
C’est pourquoi, la nouvelle section dont nous avons abrégé
les détails un peu plus haut s’oriente vers l’explication des
résultats de la marche avec la disponibilité des moyens de
repos. Ces résultats sont :
« il les aurait conduits vers un point d’eau douce, limpide,
désaltérante, et abondante, et dont les deux rives sont
débordées, et les deux bords ne laissent pas stagner l’eau. »
Il faut reconnaître tout d’abord que les images sont ici
familières, car le point d’eau et son abondance est quelque
chose qu’on voit tous les jours. Toutefois malgré leur
familiarité et leur succession ou juxtaposition qui donne
l’impression qu’elles sont des quasi-synonymes «rawiy /
abondante », «çafiy / limpide », «namîr / doux », «fadhfâdh
/ plantureux », alors qu’en réalité chacun de ces traits porte
une signification spécifique différente des autres. Ainsi,
«namîr / doux » est différent de ««çafiy / limpide », et les
deux sont différents de « «rawiy / abondante », et les trois
sont différents de «fadhfâdh / plantureux ». Étant donné
que le sermon est en train de définir les données de
l’Imamat de ‘Ali (p), celles-ci devraient être diverses, c’est
dire que la précision et la diversité de ces données
requièrent une précision dans la formulation des images.
Par exemple la pureté de l’eau ou sa douceur (çafiy) réalise
une satisfaction différente de celle que réalise l’eau
plantureuse (fadhfâdh), car le premier cas est «qualitatif »
alors que le second est « quantitatif ». De même, lorsque le
point d’eau est abondant (rawiy), il diffère du fait qu’il soit
doux (namîr), car celui-ci désigne l’eau pure, alors que
celui-là décrit l’eau qui étanche complètement la soif, donc
le premier est «qualitatif » alors que le second est
« quantitatif » etc…
Comme on peut le constater, ces images malgré leur
familiarité sont formulées d’une façon profonde et
concentrée dans laquelle il n’y a pas de superflu, ce qui
s’accorde parfaitement avec les personnalités élues,
immunisées contre toute parole erroné… De même nous
154
constatons que l’agrément accompagné de profondeur
caractérise cette formulation métaphorique. Ainsi, lorsque
le sermon a dessiné le point d’eau comme étant «doux,
limpide, abondant, plantureux », il l’a fait suivre d’une
image explicative : les deux rives de ce point d’eau sont
débordées, et ses deux bords ne stagnent jamais l’eau. Et
cette image complète l’image précédente, et non pas un
détail superflu. Elle est nécessaire pour compléter les
données que le sermon vise à expliquer. Ainsi, le point
d’eaux n’incarne pas seulement la réalisation de la
satisfaction requise (du fait qu’il est doux ou abondant etc),
mais déborde de ses données de sorte à réaliser la
satisfaction d’une part, et déborde vers toute l’humanité et
non vers une personne, un groupe ou une société à
l’exclusion des autres. Bien plus ce point d’eau se
caractérise par la permanence de ses dons, il ne s’arrête pas
un temps ni ne stagne jamais. C’est une source dont les
bords ne tarissent jamais, alors que ses rives débordent
(d’eau) et de dons et ces dons ne s’arrêtent ni ne stagnent.
Donc cette image très familière est chargée d’éléments
d’agrément, de profondeur et de diversité, tout comme la
nature des données de l’Imamat de ‘Ali (p) que le sermon
vise à en démontrer la diversité.
Nous abordons ici une nouvelle section dans laquelle le
sermon déplore le recours des gens à une direction autre
que celle de l’Imamat de ‘Ali (p) et se demande :
- « Dans quel refuge ils se sont réfugiés ?!
!‫إِﻟَﻰ أيﱢ ﻣﻠﺠﺄٍ ﻟﺠﺄوا؟‬
ilâ ayyi malaja’in laja’û

- A quel dossier ils se sont adossés ?!


!‫وإِﻟَﻰ أيﱢ ﺳﻨَﺎدٍ اﺳْﺘَﻨَﺪُوا ؟‬
wa ilâ ayyi sinâdin istanadû

- Sur quel pilier ils se sont appuyés?!


‫وَﻋَﻠَﻰ أيﱢ ﻋِﻤَﺎدٍ اﻋْﺘَﻤَﺪوا ؟‬
155
! wa ‘alâ ayyi ‘imâdin i‘tamadû
- A quelle anse ils se sont accrochés?! »
!‫وَﺑِﺄيﱢ ﻋُﺮْوَةٍ ﺗَﻤﺴﱠﻜُﻮا ؟‬
wa bi-ayyati ‘urwatin tamassakû

- et ce au détriment de quelle progéniture (du Prophète)


qu’ils ont dépossédée
، !‫وَﻋَﻠَﻰ أيﱢ ذُرﱢﯾﱠﺔٍ أﻗْﺪَﻣُﻮا واﺣْﺘَﻨَﻜُﻮا ؟‬
wa ‘alâ ayyi thurriyyatin aqdamu wa-htanakû

- «Quel mauvais maître et quel mauvais compagnon»130


"‫"َ ﻟﺒِﺌْﺲَ اﻟﻤَﻮﻟَﻰ وَﻟَﺒِﺌْﺲَ اﻟﻌَﺸِﯿﺮ‬

" ً‫"وﺑﺌﺲ ﻟﻠﻈﺎﻟﻤﯿﻦ ﺑﺪﻻ‬

«quel mauvais échange ce serait pour les injustes»131

Le produit métaphorique de cette interrogation


stimulante est :
1-le texte présente un bouquet d’images dont la première
est globale ou générale «le refuge », puis ses extensions «le
dossier », «le pilier », «l’anse ».. Le « refuge » est le lieu
où les gens se sont réfugiés, le « dossier » c’est à quoi on
s’adosse et le pilier c’est sur quoi on se tient, et « l’anse »
c’est ce à quoi on s’accroche. Or la progression dans ces
images est on ne peut plus évidente : lorsqu’on vise un
endroit on y entre, s’y rend ou réfugie tout d’abord, puis on
s’assoit et s’adosse, puis s’y stabilise, puis s’y attache.
Mais notons que la dernière image (anse) est un emprunt
coranique132 indirect ou une expression qui renferme le
concept de « salut ou sauvetage » ou le symbolise
parfaitement. Le texte qui s’interroge avec amertume sur
ces agissements négatifs des gens, conclut par «et ce au
130
Sourate Le Pèlerinage / al-Hajj : V13/s22.
131
Sourate La Caverne / al-Kahf : v50/s 18.
132
« (celui qui) a saisi l’anse la plus solide et sans fêlure… » Sourate
La Vache / al-Baqarah :v 256/s2.
156
détriment de quelle progéniture (du Prophète) qu’ils ont
dépossédée?! » et «Quel mauvais maître et quel mauvais
compagnon», «quel mauvais échange ce serait pour les
injustes», réalisant ainsi le but visé par ces images, à savoir
le remplacement du concept de l’Imamat et ses
prolongements par ce qui est misérable, comme l’illustrons
les expressions métaphoriques qui suivent :
«Par Allah ils ont substitué aux plumes alaires les plumes
de la queue, et à la poitrine, le derrière… »
. ِ‫ واﻟﻌَﺠُﺰ ﺑِﺎﻟﻜَﺎھِﻞ‬، ِ‫اﺳْﺘَﺒْﺪَﻟُﻮا وَاﷲِ اﻟﺬﱡﻧَﺎﺑَﺎ ﺑﺎﻟﻘَﻮَادِم‬
L’importance artistique des emprunts littéraires qui évoque
ce qui est misérable (bâ’is / ‫ )ﺑﺎﺋﺲ‬saute aux yeux. Ainsi «la-
bi’sa-l-mawlâ / quel mauvais (ou misérable) maître », «wa
la-bi’sa-l-‘achîr / et quel mauvais (misérable) compagnon»,
«wa bi’sa li-dh-dhâlimîna badalâ / quel mauvais échange
ce serait pour les injustes ». Le choix de l’expression «
bi’sa /quel misérable » qui évoque la misère (le mauvais
remplacement) est très significatif et marque une
progression organique puisqu’il fait allusion au fait que les
gens ont substitué au «dossier /sinâd » et au « pilier/
‘imâd » un misérable maître et un misérable compagnon.
La progression organique du concept « substitution »
continue lorsque le texte conclut par «ils ont substitué aux
plumes alaires… » c’est-à-dire qu’ils ont abandonné l’aile
pour descendre plus bas, vers la queue ou le derrière. Ces
deux métaphores ou symboles expriment avec précision ce
que le sermon vise, car l’aile sert au vol et l’épaule ou la
poitrine au port (transport) et sont complémentaire dans
l’exercice des activités générale de l’homme. Les
substituer par la queue et le derrière paralyse ou affaiblit
considérablement ces activités.
157
Notons enfin la présence du serment (wallâh / par Allah)133
dans cette section aussi, comme dans toutes les autres, pour
former une partie symétrique adéquate dans la structure
architecturale du sermon.
Puis le texte présente un commentaire et une section qui
termine le sermon ainsi :
« Qu’ils soient piétinés par mépris les nez d’un groupe de
gens qui croient faire le bien alors qu’ils « sont eux les
véritables corrupteurs, mais ils ne s'en rendent pas
compte. »134 « Celui qui guide vers la vérité est-il plus
digne d'être suivi, ou bien celui qui ne se dirige qu'autant
qu'il est lui-même dirigé? Qu'avez-vous donc? Comment
jugez-vous ainsi?” 135
Ce commentaire renferme plusieurs traits artistiques
comme l’invocation (du‘â’) : «fa-raghman / qu’ils
soient… », l’exclamation «wayhahum / étrange ! » et
l’interrogation : « afa-man / est-il .. » et l’emprunt
coranique (les deux versets).
Quant à la conclusion, elle commence sa section par le
serment là encore pour rester en harmonie structurale avec
les autres sections, comme nous l’avons vu. Mais à côté de
ce rôle esthétique et harmonique que joue le serment dans
cette section, sémantiquement il se justifie par le poids
qu’il confère aux menaces que le sermon profère contre
ceux qui ont trahi le testament du Prophète (P) ou pour

133
«Par Allah ils ont substitué aux plumes alaires les plumes de
la queue, et à la poitrine, le derrière… »
. ِ‫ واﻟﻌَﺠُﺰ ﺑِﺎﻟﻜَﺎھِﻞ‬، ِ‫اﺳْﺘَﺒْﺪَﻟُﻮا وَاﷲِ اﻟﺬﱡﻧَﺎﺑَﺎ ﺑﺎﻟﻘَﻮَادِم‬
134
Sourate La Vache / al-Baqarah : s2/v12. :
َ‫ ) أَﻻ إِﻧﱠﮭُﻢْ ھُﻢُ اﻟْﻤُﻔْﺴِﺪُون‬: ً‫ﻓَﺮَﻏْﻤﺎً ﻟِﻤَﻌَﺎﻃِﺲِ ﻗَﻮمٍ ﯾَﺤْﺴَﺒُﻮنَ أﻧﱠﮭُﻢْ ﯾُﺤْﺴِﻨُﻮنَ ﺻُﻨْﻌﺎ‬
. 12 : ‫وَﻟَﻜِﻦ ﻻﱠ ﯾَﺸْﻌُﺮُونَ ( اﻟﺒﻘﺮة‬
135
Sourate Yûnis / Jonas : s10/v35 :
َ‫) أَﻓَﻤَﻦ ﯾَﮭْﺪِي إِﻟَﻰ اﻟْﺤَﻖﱢ أَﺣَﻖﱡ أَن ﯾُﺘﱠﺒَﻊَ أَﻣﱠﻦ ﻻﱠ ﯾَﮭِﺪﱢيَ إِﻻﱠ أَن ﯾُﮭْﺪَى ﻓَﻤَﺎ ﻟَﻜُﻢْ ﻛَﯿْﻒ‬
. 35 : ‫ﺗَﺤْﻜُﻤُﻮنَ ( ﯾﻮﻧﺲ‬
158
souligner les très graves conséquences inévitables qu’ils
vont subir.
Cette section nous présente les bouquets métaphoriques
(l’image est la matière ou la doublure du sujet du sermon,
alors que le rythme est l’aspect extérieur de cette matière)
suivants :
(je jure) Par ma vie, elle (la chamelle / le califat) a été
fécondée ! Attendez donc jusqu’à ce qu’elle produise
(mette bas).
، ‫ ﻓَﻨَﻈِﺮَة رَﯾْﺜُﻤَﺎ ﺗُﻨْﺘِﺞ‬، ْ‫ ﻟَﻘَﺪْ ﻟﻘﺤَﺖ‬، ‫أﻣَﺎ ﻟَﻌَﻤْﺮي‬
Puis vous pourrez la traire et remplir votre gros récipient
de sang frais et de poison mortel.
، ً‫ وَذﻋَﺎﻓﺎً ﻣُﺒِﯿﺪا‬، ً‫ﺛﻢ اﺣْﺘَﺒَﻠُﻮا ﻣِﻞْءَ اﻟﻘَﻌْﺐِ دَﻣﺎً ﻋَﺒﯿﻄﺎ‬
Et rassurez-vous du fond de vos cœurs de l’imminence des
troubles qui vont suivre,
، ً‫وَاﻃْﻤَﺌِﻨﱡﻮا ﻟﻠﻔِﺘْﻨَﺔِ ﺟَﺄﺷﺎ‬
et réjouissez-vous de ce qui va vous attendre : l’épée
vigoureuse,
، ٍ‫وأﺑْﺸِﺮُوا ﺑِﺴَﯿﻒٍ ﺻَﺎرِم‬
la domination d’agresseurs tyranniques,
، ٍ‫وَﺳَﻄْﻮَةِ ﻣُﻌْﺘَﺪٍ ﻏَﺎﺷِﻢ‬
et la confusion totale, les péchés généralisés, et la tyrannie
des oppresseurs
. َ‫ وَاﺳْﺘِﺒْﺪَادٍ ﻣِﻦَ اﻟﻈﱠﺎﻟِﻤِﯿﻦ‬، ٍ‫وَﺑِﮭَﺮَجٍ واِﺛْﻢٍ ﺷَﺎﻣِﻞ‬
qui rendent votre ombre (repos) bon marché (sans valeur)
et éradiquent votre rassemblement.
، ً‫ وَﺟﻤﻌﻜﻢ ﺣَﺼِﯿﺪا‬، ً‫ﯾَﺪَعُ ﻓَﯿﺌَﻜُﻢْ زَھﯿﺪا‬
Hélas pour vous !
، ْ‫ﻓَﯿَﺎ ﺣَﺴْﺮَﺗﻲ ﻟَﻜُﻢ‬
159
Que faire pour vous alors que vous étiez dans la confusion.
Si la vérité échappe «à vos yeux,(….) devrons-nous vous
l'imposer alors que vous la répugnez?136
. 28 : ‫ ) ﻓَﻌُﻤﱢﯿَﺖْ ﻋَﻠَﯿْﻜُﻢْ أَﻧُﻠْﺰِﻣُﻜُﻤُﻮھَﺎ وَأَﻧﺘُﻢْ ﻟَﮭَﺎ ﻛَﺎرِھُﻮنَ( ھﻮد‬: ْ‫وَأﻧﱠﻰ ﺑِﻜُﻢ‬
Ces bouquets d’images commencent par une image de
continuité «elle (la succession symbolisée par la chamelle)
a été fécondée ». L’insémination désigne la grossesse chez
la chamelle, et la production c’est ce qu’elle met bas. Cela
signifie que le texte a utilisé la métaphore de la chamelle,
de sa grossesse et ce qu’elle a mis bas. Or la grossesse
symbolise la conduite des gens vis-à-vis de l’Imamat, le
produit ce sont les destins ténébreux des gens… Mais il a
esquissé cette image en laissant des vides que le récepteur
doit remplir, puisque l’image a été formulée sous forme
d’une adresse aux gens «fa-nadhiratin137 / attendez… ».
Cette dernière expression est un intertexte138 ou emprunt
coranique qui fait que l’image suggère aux gens «attendez
donc vos destins ténébreux »…et ce après avoir annoncé
que l’affaire (le califat / la chamelle) a été inséminée,
qu’elle leur demande d’attendre que la chamelle mette bas.
Ici l’image ne dessine pas les destins que la chamelle va
produire, mais passe à une nouvelle image : «trairez du
sang… ». À partir de là nous remarquons la conséquence

136
Sourate Hûd : V28/s 11. : « 28. Il dit: Ô mon peuple! Que
vous en semble? Si je me conforme à une preuve de mon
Seigneur, si une Miséricorde, (prophétie) échappant à vos yeux,
est venue à moi de Sa part, devrons-nous vous l'imposer alors
que vous la répugnez?
137
« Si votre débiteur se trouve dans la gêne, attendez qu’il soit
en mesure de vous payer…. » Sourate La Vache / al-Baqarah :
s2/v280. «ٍ‫» َإِنْ ﻛَﺎنَ ذُو ﻋُﺴْﺮَةٍ ﻓَﻨَﻈِﺮَةٌ إِﻟَﻰ ﻣَﯿْﺴَﺮَة‬
138
intertexte, intertextuel, intertextualité : interférence entre
plusieurs textes, ou selon le Petit Robert : Ensemble des
relations existant entre un texte (notamment littéraire) et un ou
plusieurs autres avec lesquels le lecteur établit des
rapprochements.
160
qui découle de la grossesse de la chamelle. Le sermon a
choisi l’action de traire, car c’est de la nourriture, le grand
récipient pour le dépôt du lait, pour symboliser l’immensité
du drame qu’ils vont connaître, le sang frais, car il
symbolise le meurtre, le poison mortel, car il fait ses effets
progressivement pour finir par anéantir. Ainsi, le sang et le
poison sont les deux moyens qui aboutiront au drame.
Puis le sermon dit : «rassurez-vous du fond du cœur de
l’imminence des troubles.» et cette déclaration connote la
nature des troubles que nous vivons jusqu’à nos jours.
C’est pourquoi le sermon a utilisé un nouvel élément
artistique qui s’adapte à la situation ou au contexte à savoir
«rassurez-vous », c’est-à-dire « l’ironie » (laquelle occupe
dans les littératures contemporaines un rôle
particulièrement efficace pour transmettre les messages, et
elle constitue même un genre à part). Donc ici, l’ironie
«rassurez-vous » vise à mettre en relief l’imminence des
troubles, et en faisant accompagner cette assurance le
cœur, pour dire soyez certains et ayez la conviction intime,
du fond de vos cœurs de l’avènement inévitables des
troubles, avec tous ce que ces troubles vont entraîner : la
venue des tyrans impitoyables qui s’imposent par les
sabres et impose leur domination agressive tout au long de
l’histoire. Et c’est ce qui se produit effectivement comme
on peut le voir. Nous devons observer de près ces images
esthétiques et ce langage artistique que le sermon a utilisé
pour mettre en exergue les troubles, la confusion générale,
la domination des tyrans, tout en recourant au style
ironique dont l’une des illustrations est cette expression
«réjouissez-vous du sabre… » Notons aussi que la noble
Fatimah (p) tout en recourant fréquemment aux emprunts
coraniques, adopte le langage et le style du Coran, comme
lorsqu’elle emploie l’expression coranique «annonce-leur
la bonne nouvelle d’un châtiment douloureux » ( wa bach-
chirhum bi-‘athâbin alîm). Il est à noter que le verbe
«bach-chir ‫ » ﺑﺸﱢﺮ‬a la même racine que « bichârah ‫» ﺑﺸﺎرة‬
qui signifie «bonne nouvelle, même si dans les traduction
161
du Coran on se contente de traduire «bach-chir » par
annoncer supprimant «la bonne nouvelle ». Il est important
de souligner que l’intertextualité ou les emprunts
coraniques forme l’une des lignes de la structure
architecturale du sermon en tant que faisant partie de la
matière de l’image, cette matière étant constituée de deux
catégories : l’image combinatoire (métaphore et symbole)
et l’image appuyée (l’intertextualité ou emprunt).
Notons que le sermon recourt à deux modes d’expression
pour rendre le message qu’il porte à la fois claire et
compréhensible d’une part, efficace, touchant, frappant et
profond d’autre part : le style direct (sans image ni
symbole ni métaphore) et le style imagé ou métaphorique,
en plus du style ironique. Ainsi, il emploie le style direct
pour parler de «l’agression, la confusion, la tyrannie », puis
il recourt à l’élément image pour révéler les conséquences
de cette situation d’« agression, confusion etc) , à savoir
«rend votre ombre bon marché = sacrifie votre repos »,
laissant ainsi au récepteur tirer de l’image différentes
significations.
162

Le Texte du
Sermon 1

(Louanges à Allah pour Ses bienfaits)


،َ‫ اﻟْﺤَﻤْﺪُ ﷲِ ﻋَﻠﻰ ﻣﺎأﻧْﻌَﻢ‬Alhamdu lillâhi ‘alâ mâ
an‘ama

(Remerciements à Lui pour ce qu'Il nous a inspiré


– de connaissance)
َ‫ وَﻟَﮫُ اﻟﺸﱡﻜْﺮُ ﻋﻠﻰ ﻣﺎ أَﻟْﮭَﻢ‬Wa lahu-ch-chukru ‘alâ
mâ alhama

(louanges redoublées à Lui pour ce qu'Il nous a


offert avant même de l'avoir mérité)
،َ‫ وَاﻟﺜﱠﻨﺎءُ ﺑِﻤﺎ ﻗَﺪﱠم‬Wa-th-thanâ’u bi-mâ qaddama

De tous les bienfaits dont Il a commencé à nous a


faire grâce sans contrepartie de notre part
،‫ ﻣِﻦْ ﻋُﻤﻮمِ ﻧِﻌَﻢٍ اﺑْﺘَﺪَأھﺎ‬Min ‘umûmi ni‘amin ibtad'ahâ

Pour la plénitude des bienfaits redoublés qu'il nous


accordée
،‫ وَﺳُﺒُﻮغ آﻻءٍ أﺳْﺪاھﺎ‬Wa subûghi âlâ’in asdâhâ

Et pour l'intégralité des grâces qu'il n'a cessé de


nous offrir
163
،‫ وَﺗَﻤﺎمِ ﻣِﻨَﻦٍ واﻻھﺎ‬Wa tamâmi minanin wâlâhâ

(bienfaits) dont le nombre infini ne saurait être


décompté

،‫ﺟَﻢﱠ ﻋَﻦِ اﻹﺣْﺼﺎءِ ﻋﺪَدُھﺎ‬ jamma ‘an-il-ihçâ’i


‘adadahâ
Et dont l'infinité échappe à toute possibilité de
compensation
‫وَﻧﺄى ﻋَﻦِ اﻟْﺠَﺰاءِ أَﻣَﺪُھﺎ‬ Wa na’â ‘an al-jazâ’i
amadahâ
Et dont l'éternité dépasse la perception (ou
l'entendement)
،‫ وَﺗَﻔﺎوَتَ ﻋَﻦِ اﻹِْدْراكِ أَﺑَﺪُھﺎ‬Wa tafâwata ‘an al-
idrâki abadahâ
Et Allah les (Ses serviteurs) a incité à L'en
remercier pour qu'Il continue à les (Ses grâces)
leur prodiguer infiniment
ِ‫ وَﻧَﺪَﺑَﮭُﻢْ ﻻِﺳْﺘِﺰادَﺗِﮭﺎ ﺑﺎﻟﺸﱡﻜْﺮ‬Wa nadabahum li-
،‫ ﻻِﺗﱢﺼﺎﻟِﮭﺎ‬stizâdatihâ bi-ch-chukri
li-t-tiçâlihâ
Et Il a demandé aux créatures de Le louer pour
qu'Il les (Ses grâces) augmente
،‫وَاﺳْﺘَﺤْﻤَﺪَإﻟَﻰ اﻟْﺨَﻼﯾِﻖِ ﺑِﺈﺟْﺰاﻟِﮭﺎ‬ Wa-s-tahmada ilâ-l-
khalâ’iqi bi-ijzâ’ihâ
Et Il les a poussé à obtenir autant de grâces dans
l'au-delà139

139
Ou selon une autre interprétation : Il leur a demandé d'obtenir
encore de meilleures grâces.
164
‫وَﺛَﻨﻰ ﺑِﺎﻟﻨُﺪْبِ اِﻟﻰ‬ Wa thanâ bi-n-nudbi ilâ
‫أﻣْﺜﺎﻟِﮭﺎ‬ amthâlihâ

Et moi, j'atteste qu’il n’y a pas d’autre Dieu


qu'Allah, Il est Unique et il n’a pas d’associé.
ُ‫ وَأَﺷْﮭَﺪُ أَنْ ﻻ إﻟﮫَ إﻻﱠ اﷲُ وَﺣْﺪَه‬Wa ach-hada an lâ ilâha
،ُ‫ ﻻ ﺷَﺮﯾﻚَ ﻟَﮫ‬illâllâhu wahdahu lâ
charîka lahu

Mot140 (l'Unicité) dont la signification réside dans


la sincérité141
،‫ ﻛَﻠِﻤَﺔٌ ﺟَﻌَﻞَ اﻹِْﺧْﻼصَ ﺗَﺄْوﯾﻠَﮭﺎ‬kalimatun ja ‘ala-l-iklâç
ta’wîlahâ
Et Il a confié aux cœurs sa perception innée
،‫ وَﺿَﻤﱠﻦَ اﻟْﻘُﻠُﻮبَ ﻣَﻮْﺻُﻮﻟَﮭﺎ‬Wa dhamana-l-qulûbu
mawçûlahâ

Et Il a éclairé l'esprit pour le saisir par le


raisonnement
.‫ وَأَﻧﺎرَ ﻓﻲ اﻟْﻔِﻜَﺮِ ﻣَﻌْﻘُﻮﻟَﮭﺎ‬Wa anâra fî-l-fikri

140
Mot (Kalimah) ou formule, qui désigne la phrase précédente
(l'attestation de Foi et l'Unicité).
141
Ikhlâç (sincérité ou pureté) signifie que tous les actes doivent
être accomplis purment et sincèrement pour sans que s'y
mélange hypocrisie ou d'autres intentions malsaines et que l'on
ne doive implorer quelqu'un d'autre q'Allah pour quoi que ce
soit. Tlle est l'interprétation du mot (tawhîd / Unicité). Car celui
qui a acquis la certitude que c'est Allah est le Créateur et
l'Organisateur de tout et qu'IL n'a pas d'associé dans la divinité,
doit forcément n'associer persone d'autre dans l'adoration ni
demander à quiconque d'autre quoi que ce soit.
165
ma‘qûlahâ,

Il (Allah) est celui que les vues ne peuvent voir


ُ‫ اﻟْﻤُﻤْﺘَﻨِﻊُ ﻣِﻦَ اﻹَْﺑْﺼﺎرِ رُؤْﯾِﺘُﮫ‬Al-mumtani‘i min-al-
،ُ‫ وَﻣِﻦَ اْﻷَﻟْﺴُﻦِ ﺻِﻔَﺘُﮫ‬abçâri ru’yatuhu, Wa
min-al-alsuni çifatuhu

Et que l'imagination et les spéculations ne


sauraient en percevoir l'Essence
.ُ‫ وَﻣِﻦَ اﻷَْوْھﺎمِ ﻛَﯿْﻔِﯿﱠﺘُﮫ‬Wa min-al-awhâmi
kayfiyyatuhu.

Il a créé les choses non à partir de quelque chose


qui aurait existé avant
Ibtada‘a-l-achyâ’a lâ min chay’in kâna qablihâ
،‫اِﺑْﺘَﺪَعَ اﻷَْﺷَﯿﺎءَ ﻻ ﻣِﻦْ ﺷَﻲْءٍ ﻛﺎنَ ﻗَﺒْﻠَﮭﺎ‬

Et Il leur a donné existence sans imiter des


modèles semblables
Wa ancha’ahâ balâ-htithâ’i amthilatin
imtathalahâ
،‫وَأَﻧْﺸَﺄَھﺎ ﺑِﻼ اﺣْﺘِﺬاءِ أَﻣْﺜِﻠَﺔٍ اﻣْﺘَﺜَﻠَﮭﺎ‬

Il les a constitués par Son Pouvoir, et les a créés


selon Sa Volonté

‫ وَذَرَأَھﺎ‬،ِ‫ﻛَﻮﱠﻧَﮭﺎ ﺑِﻘُﺪْرَﺗِﮫ‬ Kawwanahâ bi-qudratihi,


،ِ‫ﺑِﻤَﺸِﯿﱠﺘِﮫ‬ wa thara’ahâ bi-
machîyyatihi
166
sans avoir besoin de les constituer

‫ ﻣِﻦْ ﻏَﯿْﺮِ ﺣﺎﺟَﺔٍ ﻣِﻨْﮫُ إﻟﻰ‬Min ghayri hâjatin


،‫ ﺗَﻜْﻮﯾﻨِﮭﺎ‬minhu ilâ takwînahâ,

Et sans qu'Il ait eu un quelconque intérêt à les faire


figurer,
‫ وَﻻﻓﺎﺋِ َﺪةٍ ﻟَﮫُ ﻓﻲ ﺗَﺼْﻮﯾﺮِھﺎ‬wa lâ fâ’idatin lahu fî
taçwîrahâ

Si ce n'est pour affirmer (démontrer) Sa Sagesse


،ِ‫ إﻻّ ﺗَﺜْﺒﯿﺘﺎً ﻟِﺤِﻜْﻤَﺘِﮫ‬Illâ tathbîtan li-hikmatihi

Et prévenir (Ses serviteurs) de l'obligation de Lui


obéir, et faire montre de Son Pouvoir
Wa tanbîhan ‘alâ tâ‘atihi, wa idh-hâran li-qudratihi
،ِ‫ وَإﻇْﮭﺎراً ﻟِﻘُﺪْرَﺗِﮫ‬،ِ‫وَﺗَﻨْﺒﯿﮭﺎً ﻋَﻠﻰ ﻃﺎﻋَﺘِﮫ‬

Et pour que Ses serviteurs en tirent la justification


de leur soumission (à Lui), et pour renforcer Son
Message
،ِ‫ وإِﻋﺰازاًﻟِﺪَﻋْﻮَﺗِﮫ‬،ِ‫ وَﺗَﻌَﺒﱡﺪاً ﻟِ َﺒﺮِﯾﱠﺘِﮫ‬Ta‘abbudan li-bariyyatihi,
Wa i‘zâzan li-da‘watihi

Puis, Il a mis des récompenses spirituelles


quiconque Lui obéit
،ِ‫ ﺛُﻢﱠ ﺟَﻌَﻞَ اﻟﺜﱠﻮابَ ﻋﻠﻰ ﻃﺎﻋَﺘِﮫ‬Thumma ja‘ala-th-
thawâba ‘alâ tâ‘atihi

Et des châtiments pour quiconque Lui désobéit


167

،ِ‫ وَوَﺿَﻊَ اﻟﻌِﻘﺎبَ ﻋَﻠﻰ ﻣَﻌْﺼِﯿِﺘَﮫ‬wa wadha‘a-l-‘iqâba ‘alâ


ma‘çiyatihi

Pour éviter à Ses serviteurs Ses châtiments


ْ‫ ذِﯾﺎدَةً ﻟِﻌِﺒﺎدِهِ ﻋَﻦ‬thiyâdatan li-‘ibâdihi min
،ِ‫ ﻧِﻘْﻤَﺘِﮫ‬niqmatihi

Et pour les pousser vers Son Paradis

ِ‫ وَﺣِﯿﺎﺷَﺔً ﻣِﻨْﮫُ إﻟﻰ ﺟَﻨﱠﺘَﺘِﮫ‬wa hiyâchatan lahum ilâ


jannatihi.

J'atteste que mon père Muhammad – que la Prière


d'Allah soit sur lui et sur sa progéniture- est Son
serviteur et Son Messager
،ُ‫وَأَﺷْﮭَﺪُ أنّ أﺑﻲ ُﻣﺤَﻤﱠﺪاً ﺻﻠّﻰ اﷲ ﻋﻠﯿﮫ وآﻟﮫ ﻋﺒْﺪُهُ وَرَﺳُﻮﻟُﮫ‬
Wa ach-hadu anna abî Muhammadan çallâ-llâhu
'alayhhi wa âlihi, ‘abduhu wa rasûluh-u

Il l'a choisi et élu avant de le missionner


ُ‫ اﺧْﺘﺎرَهُ وَاﻧْﺘَﺠَﺒَﮫُ ﻗَﺒْﻞَ أَنْ أَرْﺳَﻠَﮫ‬ikhtârahu wa-ntajabahu
qabla an arsalahu

et Il l'a sélectionné avant de l'avoir envoyé


،ُ‫ وَاﺻْﻄِﻔﺎهُ ﻗَﺒْﻞَ أنِ اﺑْﺘَﻌَﺜَﮫ‬wa-çtafâhu qabla an
ibta‘athahu

Et Il l' nommé avant de l'avoir créé


168

،ُ‫ وَﺳَﻤّﺎهُ ﻗَﺒْﻞَ أنِ اﺟْﺘَﺒَﻠَﮫ‬wa sammâhu qabla an


ijtabâhu

alors que toutes les créatures étaient en état latent


dans le monde de Mystère
،ٌ‫ إذِ اﻟْﺨَﻼﺋِﻖُ ﺑﺎﻟﻐَﯿْﺐِ ﻣَﻜْﻨُﻮﻧَﺔ‬ith-il-khalâ’iqu bi-l-
ghaybi maknûnatun

Et maintenues sous le voile des affres de


l'inexistence
،ٌ‫ َوﺑِﺴِﺘْﺮِ اﻷَْھﺎوﯾﻞ ﻣَﺼُﻮﻧَﺔ‬wa bi-sitr-il-ahâwîli
maçûnatun

Et liées à l'extrême limite du néant


، ٌ‫ وَﺑِﻨِﮭﺎ َﯾﺔِ اﻟْﻌَﺪَمِ ﻣَﻘْﺮُوﻧَﺔ‬wa bi-nihâyat-il-‘adami
maqrûnatun

Allah le Sublime, sachant pertinemment les sorts


finals des affaires
ِ‫‘ ﻋِﻠْﻤﺎً ﻣِﻦَ اﷲِ ﺗَﻌﺎﻟﻰ ﺑِﻤﺂﯾِﻞ‬ilman min-Allâhi
،‫ اﻷُﻣُﻮر‬Ta‘âlâ bi-ma’âyil-il-
umûr-i

Et étant parfaitement au courant des péripéties des


temps
،ِ‫ وَإﺣﺎﻃَﺔً ﺑِﺤَﻮادِثِ اﻟﺪﱡھُﻮر‬Wa ihâtatan bi-
hawâdith-id-duhûr-i

Et au fait des situations de ce qui est prédéterminé


(ou du destin)
169

.ِ‫ وَﻣَﻌْﺮِﻓَﺔً ﺑِﻤَﻮاﻗِﻊِ اﻟْﻤَﻘْﺪُور‬Wa m‘arifatan bi-


mawâqi‘-il-umûr-i

Allah l'a envoyé pour compléter Son Message


،ِ‫ اﺑْﺘَﻌَﺜَﮫُ اﷲُ ﺗﻌﺎﻟﻰ إﺗْﻤﺎﻣﺎً ﻷﻣْﺮِه‬Wa-bta‘athahu-llâhu
itmâman li-amrihi

Et appliquer avec détermination Son Ordre


،ِ‫ وَﻋَﺰﯾﻤَﺔً ﻋﻠﻰ إﻣْﻀﺎءِﺣُﻜْﻤِﮫ‬Wa ‘azîmatan ‘alâ
imdhâ’i hukmihi

Et exécuter les destinées de Son Destin


.ِ‫ وَإﻧْﻔﺎذاً ﻟِﻤَﻘﺎدِﯾﺮ ﺣَﺘْﻤِﮫ‬Wa infâthan li-maqâdiri
rahmatihi

Il a vu alors les peuples suivre différentes religions


.،‫ ﻓَﺮَأى اﻷُﻣَﻢَ ﻓِﺮَﻗﺎًﻓﻲ أدْﯾﺎﻧِﮭﺎ‬Fa-ra'â-l-umama firaqan
fî adyânihâ

Cloués devant leurs feux


،‫' ﻋُﻜﱠﻔﺎً ﻋﻠﻰ ﻧﯿﺮاﻧِﮭﺎ‬ukkafan 'alâ nirânihâ

Adorant leurs idoles


،‫' ﻋﺎﺑِﺪَةً ﻷَوﺛﺎﻧِﮭﺎ‬âbidatan li-awthânihâ

Reniant Allah malgré leur connaissance innée ou


démontrée de Son Existence
‫ ﻣُﻨْﻜِﺮَةً ﷲ ﻣَﻊَ ﻋِﺮْﻓﺎﻧِﮭﺎ‬Nâkiratan lillâhi ma'a
170
'irfânihâ.

Allah a éclairé alors par la lumière de Mohammad


(P) leurs ténèbres
‫ ﻓَﺄَﻧﺎرَ اﷲُ ﺑِﻤُﺤَﻤﱠﺪٍ ﺻﻠﻰ اﷲ‬Fa-anâra-llâhu bi-abî
Mohammad (Ç) dhulamahâ
،‫ﻋﻠﯿﮫ وآﻟﮫ ﻇُﻠَﻤَﮭﺎ‬

Et Il a dissipé des cœurs leurs voiles


،‫ وﻛَﺸَﻒَ ﻋَﻦِ اﻟﻘُﻠُﻮبِ ﺑُﮭَﻤَﮭﺎ‬Wa kachafa 'an-il-qulûbi
bahmahâ

Et enlevé des yeux leurs nuages


،‫ وَﺟَﻠّﻰ ﻋَﻦِ اﻷَﺑْﺼﺎرِ ﻏُﻤَﻤَﮭﺎ‬Wa jallâ 'an-il-abçâri
ghumamahâ

Il s'est appliqué à apporter la guidance


،ِ‫ وَﻗَﺎمَ ﻓﻲ اﻟﻨّﺎسِ ﺑِﺎﻟﮭِﺪاﯾَﺔ‬Wa qâma fî-l-nâsi bi-l-hidâyati,

Et il les as ainsi sauvés de la déviation


،ِ‫وأﻧﻘَﺬَھُﻢْ ﻣِﻦَ اﻟﻐَﻮاﯾَﺔ‬ fa-anqathahum min-l-ghiwâyati

Et ils les a sortis de l'aveuglement vers la lucidité


،ِ‫ وَﺑَﺼﱠﺮَھُﻢْ ﻣِﻦَ اﻟﻌَﻤﺎﯾَﺔ‬wa baççarahum min-al-
'imâyati

Et il les a guidés vers la religion saine


،ِ‫ وھَﺪاھُﻢْ إﻟﻰ اﻟﺪّﯾﻦِ اﻟﻘَﻮﯾﻢ‬wa hadâhum ilâ-d-dîn-
il-qawîm
171
et les a appelés à la Voie droite
.ِ‫ وَدَﻋﺎ ُھﻢْ إﻟﻰ اﻟﻄﱠﺮﯾﻖِ اﻟﻤُﺴﺘَﻘﯿﻢ‬wa da'âhum ilâ-t-tarîq-
il-mustaqîm;

Puis Allah a rappelé son âme par mansuétude et


selon son choix142
،ٍ‫ ﺛُﻢﱠ إﻟﯿْﮫِ ﻗَﺒْﺾَ رَأْﻓَﺔ ٍ وَاﺧﺘِﯿﺎر‬thumma qabadhahu-
ُ‫ ﻗَﺒَﻀَﮫُ اﷲ‬llâhu ilayhi qab-dhu
ra'fatin wa-khtiyâr

Et par désir et préférence


ٍ‫ ورَﻏْﺒَﺔٍ وَإﯾﺜﺎر‬khtiyârin wa raghbatin wa ithârin,

Maintenant Mohammad (P) est en repos, libéré de


la peine, de ce monde
fa-Mohammadun (P) min ta'abi hâthihi-d-dâri fî
râhatin,
،ٍ‫ﻓَﻤُﺤَﻤﱠﺪٍﺻﻠﻰ اﷲ ﻋﻠﯿﮫ آﻟﮫ ﻋَﻦْ ﺗَﻌَﺐِ ھﺬِهِ اﻟﺪّارِ ﻓﻲ راﺣﺔ‬

Il est entouré des anges bienveillants


ِ‫ ﻗَﺪْ ﺣُﻒﱠ ﺑﺎﻟﻤَﻼﺋِﻜَﺔ‬qad haffa bi-l-malâ'ikat-il-
،ِ‫ اﻷﺑْﺮار‬abrâri

Et jouissant de l'agrément du Seigneur, le


Pardonneur

142
C'est-à-dire soit que c'est Allah qui a choisi pour le Prophète (P) ce
qui est le mieux pour lui, en l'occurrence la vie de l'au-delà, soit c'est le
Prophète qui a eu ce choix sans containte. Voir livre 1 pp 170-171
172
،ِ‫ وَرِﺿْﻮانِ اﻟﺮﱠبﱠ اﻟﻐَﻔﺎر‬wa ridhwân-ir-rabb-il-
ghaffâri

Et de la proximité du Roi, le Grand


ِ‫ وﻣُﺠﺎوَرَةِ اﻟﻤَﻠِﻚ‬wa mujâwarat-il-malik-il-jabbâri
ِ‫اﻟﺠَﺒّﺎر‬

Que les prières d'Allah soient sur mon père, Son


Prophète
ِ‫ ﺻﻠﻰ اﷲ ﻋﻠﻰ أﺑﻲ ﻧﺒﯿﱠﮫ‬çallâ-llâhu 'alâ abî nabiyyihi,
،

Et Son confident pour la Révélation, le meilleurs


de Sa Créature, et Son élu
wa amînihi ‘alâ-l-wahiy wa khayratihi min-al-
khalqi wa çafiyyihi
ِ‫وأَﻣﯿﻨِﮫِ ﻋَﻠﻰ اﻟﻮَﺣْﻲِ وﺧﯿْﺮَﺗِﮫِ ﻣِﻦْ اﻟﺨَﻠْﻖِ وﺻَﻔِﯿِّﮫ‬

Et que le salut soit sur lui, ainsi que la Miséricorde


et les bénédictions d'Allah
ِ‫ واﻟﺴﱠﻼ ُم ﻋَﻠَﯿْﮫِ وَرَﺣْﻤَﺔُ اﷲ‬wa-s-salâmu 'alayhi wa
rahmat-ullâhi wa barakâtuh
.ُ‫وَﺑَﺮَﻛﺎﺗُﮫ‬

Puis elle s’est tournée vers l’assemblée et dit :


: ‫ﺛُﻢﱠ اﻟﺘﻔﺘﺖ إﻟﻰ أھﻞ اﻟﻤﺠﻠﺲ وﻗﺎﻟﺖ‬
173
Vous êtes les serviteurs d’Allah, désignés pour
appliquer Ses ordres et Ses interdictions, et les
porteurs de Sa Religion et Sa Révélation
Antum ‘ibâd-ullâhi naçbi amrihi wa nahyihi wa
hamalatu dînihi wa wahyihi,
، ‫أَﻧْﺘُﻢْ ﻋِﺒﺎدَ اﷲ ﻧُﺼْﺐُ أﻣْﺮِهِ وَﻧَﮭْﯿِﮫِ وَﺣَﻤَﻠَﺔُ دﯾﻨِﮫِ وَوَﺣْﯿِﮫ‬

Et Ses confidents auprès de vous-mêmes, et Ses


émissaires auprès des nations
wa umanâ’u-llâhi ‘alâ anfusikum wa bulaghâ’uhu
ilâ-l-umami
،ِ‫ وَﺑُﻠَﻐﺎؤُهُ إﻟﻰ اﻷُﻣَﻢ‬،ْ‫وِأُﻣَﻨﺎءُ اﷲِ ﻋَﻠﻰ أﻧْﻔُﺴِﻜُﻢ‬

Vous avez prétendu que c’est un droit d’Allah


qu’IL vous a accordé
Wa za'amtum haqqun lakum ،ْ‫وَزَﻋَﻤْﺘُﻢْ ﺣَﻖﱞ ﻟَﻜُﻢْ ﷲِ ﻓِﯿﻜُﻢ‬
lillâhi fîkum

Un pacte qu’Il vous a offert


'ahdun qaddamahu ilaykum ،ْ‫ﻋَﮭْﺪٌ ﻗَﺪﱠﻣَﮫُ إِﻟَﯿْﻜُﻢ‬

ِet un héritage qu’Il vous a légué


‫اﺳﺘَﺨْﻠَﻔَﮭﺎ‬ ‫ وَﺑَﻘِﯿﱠ ٌﺔ‬Wa baqiyyataun istakhlafahâ
.ْ‫ﻋَﻠَﯿْﻜُﻢ‬ 'alaykum

Le Livre parlant d’Allah


،ُ‫ ﻛﺘﺎبُ اﷲِ اﻟﻨّﺎﻃِﻖ‬Kitâb-ullâh-in-nâtiq
174
Le Coran véridique

،ُ‫ واﻟﻘُﺮْآنُ اﻟﺼّﺎدِق‬Wa-l-qur'ân-uç-çâdiq


et la Lumière brillante
،ُ‫ وَاﻟﻨﱡﻮرُ اﻟﺴّﺎﻃِﻊ‬Wa-n-nûr-us-sâti'
Et la Lueur éclatante.
،ُ‫وَاﻟﻀﱢﯿﺎءُ اﻟﻼّﻣِﻊ‬
Wa-dh-dhiyâ'-ul-lâmi'
Ses arguments sont évidents
،ُ‫ ﺑَﯿﱢﻨَﺔٌ ﺑَﺼﺎﺋِﺮُه‬Bayyinatan baçâ'iruhu
Ses intentions (significations) profondes
(ésotériques) sont dévoilées
،ُ‫ ﻣُﻨْﻜَﺸِﻔَﺔٌ ﺳَﺮاﺋِﺮُه‬Munkachifatan sarä'iruruhu

Ses significations apparentes sont clairement


découvertes
،ُ‫ ﻣُﺘَﺠَﻠﱢﯿَﺔٌ ﻇَﻮاھِﺮُه‬Mutajalliyatan dhawâhiruhu

Ses adeptes en sont heureux


َ ِ‫ ﻣُﻐْﺘَﺒ‬Mughtabitan achyâ'uhu
،ُ‫ﻄﺔٌ ﺑِﮫِ أَﺷْﯿﺎﻋُﮫ‬

Le suivre conduit au contentement


ِ‫اﻟﺮﱢﺿْﻮان‬ ‫إﻟﻰ‬ ‫ ﻗﺎﺋِ ٌﺪ‬Qâ'idun ilâ-r-ridhwâni ittibâ'uhu
،ُ‫اﺗّﺒﺎﻋُﮫ‬
L’écouter mène au salut
175
.ُ‫ ﻣُﺆَدﱟ إﻟﻰ اﻟﻨﱠﺠﺎةِ إﺳْﻤﺎﻋُﮫ‬Mu'addin ilâ-n-najâti
ismâ'uhu

C’est par lui qu’on parvient aux arguments éclairs


d'Allah
ِ‫اﷲ‬ ُ‫ﺣُﺠَﺞ‬ ُ‫ ﺑِﮫِ ﺗُﻨﺎل‬Bihi tunâlu hujaj-ullâh-il-
،ُ‫ اﻟﻤُﻨَﻮﱠَرَة‬munawwarah

Et ses obligations prescrites expliquées


،ُ‫ وَﻋَﺰاﺋِﻤُﮫُ اﻟﻤُﻔَﺴﱠِﺮَة‬Wa 'azâ'imuhu-l-mufassirah

Et ses interdictions contre lesquelles les gens sont


prévenus
‫ وَﻣَﺤﺎرِﻣُ ُﮫ‬Wa mahârimuhu-l-muhath-thirah
،ُ‫اﻟﻤُﺤَﺬﱢَرَة‬

Et ses signes flagrants


،ُ‫ وﺑَﯿﱢﻨﺎﺗُﮫُ اﻟﺠﺎﻟِﯿَﺔ‬Wa bayyinâtihi-l-jâliyah

Et ses preuves suffisantes


،ُ‫ وَﺑَﺮاھِﯿﻨُﮫُ اﻟﻜﺎﻓِﯿَﺔ‬Wa barâhînihi-l-kâfiyah

Et les actes de bienfaisance qu’il recommande


،ُ‫ وَﻓَﻀﺎﺋِﻠُﮫُ اﻟﻤَﻨْﺪوﺑَﺔ‬Wa fadhâ'iluhu-l-
mandûbah

Et les choses permises qu’il accorde


176
،ُ‫ وَرُﺧَﺼُﮫُ اﻟﻤَﻮْھُﻮﺑَﺔ‬Wa rukhaçuhu-l-
mawhûbah

Et ses lois prescrites

.ُ‫ وَﺷَﺮاﯾِﻌُﮫُ اﻟﻤَﻜْﺘُﻮﺑَﺔ‬Wa charâ'i'uhu-l-


maktûbah

Aussi Allah a-t-Il fait de la Foi une purification du


polythéisme pour vous
ْ‫ ﻓَﺠَﻌَﻞَ اﷲُ اﻹﯾﻤﺎنَ ﺗَﻄْﮭﯿﺮاً ﻟَﻜُﻢ‬Faja 'ala-l-îmâna tat-hîran
،ِ‫ ﻣِﻦَ اﻟﺸﱢﺮْك‬lakum min-al-chirk

Et de la Prière un éloignement de l’orgueil


،ِ‫ وَاﻟﺼﱠﻼةَ ﺗَﻨْﺰِﯾﮭﺎً ﻟَﻜُﻢْ ﻋَﻦِ اﻟﻜِﺒْﺮ‬Wa-ç-çalâta tanzîhan
lakum 'an-il-kibri

De la Zakât une épuration de l’âme et une


augmentation des moyens de subsistance
،‫واﻟﺰﱠﻛﺎةَ ﺗَﺰْﻛِﯿَﺔً ﻟِﻠﻨﱠﻔْﺲِ وَﻧَﻤﺎءً ﻓﻲ اﻟﺮﱢزْق‬
Wa-z-zakâta tazkiyatan li-n-nafsi wa namâ'an fî-r-
rizqi

Du jeûne, un affermissement de la sincérité


،ِ‫واﻟﺼﱢﯿﺎمَ ﺗَﺜْﺒﯿﺘﺎًﻟﻺِﺧْﻼص‬
Wa-ç-îyâma tathbitan
li-l-ikhlâçi

Et le Pèlerinage une édification de la Religion


177
،ِ‫ﺞ ﺗَﺸْﯿﯿﺪاً ﻟِﻠﺪّﯾﻦ‬
‫واﻟﺤَ ﱠ‬
Wa-l-hajja tachyidan li-
d-dîni

Et de l’équité une harmonie entre les coeurs


،ِ‫وَاﻟﻌَﺪْلَ ﺗَﻨْﺴﯿﻘﺎً ﻟِﻠْﻘُﻠﻮب‬
Wa-l-'adla tansîqan li-l-
qulûbi

Et de notre obéissance et ordre pour la Umma

،ِ‫ وَﻃﺎﻋَﺘَﻨﺎ ﻧِﻈﺎﻣﺎً ﻟِﻠْﻤِﻠﱠﺔ‬Wa tâ 'atanâ nidhâman


li-l-millati

Et de notre imamat une assurance contre la division


،ِ‫ وَإﻣﺎﻣَﺘَﻨﺎ أﻣﺎﻧﺎً ﻣِﻦَ اﻟْﻔُﺮْﻗَﺔ‬Wa amânan min-al-firqati

Et du Jihad une puissance pour l’Islam


،ِ‫ وَاﻟْﺠِﮭﺎدَﻋِﺰاً ﻟِﻺْﺳْﻼم‬Wa-l-jihada 'izzan li-l-
islâmi

Et de la patience une aide pour apporter la


rétribution spirituelle
ِ‫ وَاﻟﺼﱠﺒْﺮَ ﻣَﻌُﻮﻧَﺔً ﻋَﻠَﻰ اﺳْﺘِﯿﺠﺎب‬Wa-ç-çabra ma'ûnatan
،ِ‫' اﻷْﺟْﺮ‬alâ-stîjâb-il-ajri

Et du commandement du bien, un intérêt général


،ِ‫ وَاﻷْﻣْﺮَﺑِﺎﻟْﻤَﻌْﺮُوفِ ﻣَﺼْﻠَﺤَﺔً ﻟِﻠْﻌﺎﻣﱠﺔ‬Wa-l-amra bi-l-ma'rûfi
maçlahatan li-l- 'âmmati
178
Et de la bienveillance envers les parents, une
prévention contre l’indignation (d’Allah ou des
parents)
َ‫ﻣِﻦ‬ ً‫وِﻗﺎﯾَﺔ‬ ِ‫ وَﺑِﺮﱠ اﻟْﻮاﻟِﺪَﯾْﻦ‬Wa birra-l-wâlidayni
،ِ‫ اﻟﺴﱠﺨَﻂ‬wiqâyatan min-as-sakhti

Et du maintien de contact avec les proches parents,


un croissement du nombre (de la grande famille)
،ِ‫ وَﺻِﻠَﺔَ اﻷَرْﺣﺎمِ ﻣَﻨْﻤﺎةً ﻟِﻠْﻌَﺪَد‬Wa çilat-al-arhâmi
manmâtan li-l-'adadi

Et de la loi du Talion une citadelle contre


l’effusion de sang
،ِ‫ وَاﻟْﻘِﺼﺎصَ ﺣِﺼْﻨﺎًﻟِﻠﺪﱢﻣﺎء‬Wa-l-qiçâça hiçnan li-
d-dimâ'i

Et de l’acquittement du voeu un motif du Pardon


(d’allah)
ً‫ﺗَﻌْﺮﯾﻀﺎ‬ ِ‫ﺑِﺎﻟﻨﱠﺬْر‬ ‫ وَاﻟْﻮَﻓﺎ َء‬Wa-l-wafâ'a bi-n-nathri
،ِ‫ ﻟِﻠْﻤَﻐْﻔِﺮَة‬ta'rîdhan li-l-maghfirati

Et de la justesse des balances et des bascules un


effacement de la lésion
Wa tawfiyat-il-makâyîli wa-l-mawâzîni taghyîran
li-l-bakhsi
،ِ‫وَﺗَﻮْﻓِﯿَﺔَاﻟْﻤَﻜﺎﯾﯿﻞِ وَاﻟْﻤَﻮَازﯾﻦِ ﺗَﻐْﯿﯿﺮاً ﻟِﻠْﺒَﺨْﺲ‬

Et l’interdiction de la consommation de l’alcool un


éloignement de la souillure
179
Wa-n-nahyi 'an churb-il-khamri tanzîhan 'an-ir-rijsi
،ِ‫وَاﻟﻨﱠﮭْﻲَ ﻋَﻦْ ﺷُﺮْبِ اﻟْﺨَﻤْﺮِ ﺗَﻨْﺰِﯾﮭﺎً ﻋَﻦِ اﻟﺮﱢﺟْﺲ‬

L’évitement du dénigrement un voile contre la


malédiction
ِ‫ وَاﺟْﺘِﻨﺎبَ اﻟْﻘَﺬْفِ ﺣِﺠﺎﺑﺎً ﻋَﻦ‬Wa-jtinâb-il-qathfi
،ِ‫ اﻟﻠﱠﻌْﻨَﺔ‬hijâban 'an-il-la'nati

L’abandon du vol une démonstration de la vertu


.ِ‫ وَﺗَﺮْكَ اﻟﺴﱢﺮْﻗَﺔِ إﯾﺠﺎﺑﺎً ﻟِﻠْﻌِﻔﱠﺔ‬Wa tark-is-sariqati
îjâban li-l- 'iffati

Et Il a prohibé l’associationnisme pour rester


sincère envers Sa Seigneurie
ُ‫ وَﺣَﺮﱠمَ اﷲ اﻟﺸﱢﺮْكَ إﺧﻼﺻﺎً ﻟَﮫ‬Wa harrama-llâhu-ch-
،ِ‫ ﺑﺎﻟﺮﱡﺑُﻮ ِﺑﯿﱠﺔ‬chirka ikhlâçan lahu bi-
r-rubûbiyyati
"Craignez Allah comme Il doit être craint. Et ne
mourez qu'en pleine soumission."143
{َ‫}ﻓَﺎﺗﱠﻘُﻮا اﷲَ ﺣَﻖﱠ ﺗُﻘﺎﺗِﮫِ وَﻻ ﺗَﻤُﻮﺗُﻦﱠ إﻻ وَأﻧْﺘُﻢْ ﻣُﺴْﻠِﻤُﻮن‬
"fa-t-taqu-llâha haqqa tuqâtihi wa-lâ tamûtunna
illâ wa antum muslimûn"

Et obéissez à Allah en ce qu’Il vous a ordonné et


interdit
،ُ‫وَ أﻃﯿﻌُﻮا اﷲَ ﻓﯿﻤﺎ أﻣَﺮَﻛُﻢْ ﺑِﮫِ وَﻧَﮭﺎﻛُﻢْ ﻋَﻨْﮫ‬

143
Sourate âle ‘Imrân 3/102.
180
Wa atî'û-llâha fîmâ amarakum bihi wa nahâkum
'anhu,

Certes « Parmi Ses serviteurs, seuls les savants


craignent Allah. »144
.{ُ‫ﻓَﺈﻧﱠﮫ }إﻧﱠﻤﺎ ﯾَﺨْﺸَﻰ اﷲ ﻣِﻦْ ﻋِﺒﺎدِهِ اﻟﻌُﻠِﻤﺎء‬
Fa-innahu "Innamâ yakh-shâ-llâhu min 'ibâdihi-l-
'ulamâ'-u"

Puis elle dit : :‫ﺛُﻢﱠ ﻗﺎﻟﺖ‬


Ô gens! Sachez que je suis Fâtimah, et que mon
père est Muhammad – que la Prière d’Allah soit
sur lui et sur les siens.

،ِ‫ وَأﺑﻲ ﻣُﺤﻤﱠﺪٌ ﺻَﻠﱠﻰ اﷲُ ﻋَﻠَﯿْﮫِ وَآﻟِﮫ‬،ُ‫أﯾﱡﮭﺎاﻟﻨّﺎ سُ! اﻋْﻠَﻤُﻮا أﻧﱢﻲ ﻓﺎﻃِﻤَﺔ‬
Ayyuhâ-n-nâsu ! i 'lamû innî Fatimah, wa abî
Muhammadun calla-llâhu 'alyahi wa âlihi

Je le dis et je le redis
،ً‫ أَﻗُﻮلُ ﻋَﻮْداً وَﺑَﺪْءا‬Aqûlu 'awdan wa bad'an

Et je ne dis pas ce que je dis erronément


،ً‫ وَﻻ أﻗُﻮلُ ﻣﺎ أﻗُﻮلُ ﻏَﻠَﻄﺎ‬Wa lâ aqûlu mâ aqûlu
ghalatan

Ni ne fais ce que je fais injustement

:ً‫ وَﻻ أﻓْﻐَﻞُ ﻣﺎ أﻓْﻌَﻞُ ﺷَﻄَﻄﺎ‬Wa lâ af'alu mâ af'alu

144
Sourate Fâtir : 35/28
181
chatatan

“Certes, un Messager pris parmi vous, est venu à vous,


auquel pèsent lourd les difficultés que vous subissez, qui est
plein de sollicitude pour vous, qui est compatissant et
miséricordieux envers les croyants.”145

ْ‫}ﻟَﻘَﺪْ ﺟﺎءَﻛُﻢْ رَﺳُﻮلٌ ﻣِﻦْ أﻧْﻔُﺴِﻜُﻢْ ﻋَﺰﯾﺰٌ ﻋَﻠَﯿْ ِﮫ ﻣﺎ ﻋَﻨِﺘﱡﻢْ ﺣَﺮﯾﺺٌ ﻋَﻠَﯿْﻜُﻢ‬
{‫ﺑِﺎﻟْﻤُﺆْﻣِﻨِﯿﻦَ رَؤوفٌ رَﺣِﯿﻢ‬
"Laqad jä'akum rasûlun min anfusikum‘azîzun‘alayhi
mâ ‘unittum,harîçun ‘alaykum bi-l-mu'minîna
ra'ûfunrahîm"

Si vous vous référez à son à son appartenance


familiale et que vous le connaissez, vous le trouvez
mon père à l’exclusion de toutes vos femmes,

،ْ‫ﻓَﺈنْ ﺗَﻌْﺰُوه وَﺗَﻌْﺮِﻓُﻮهُ ﺗَﺠِﺪُوهُ أﺑﻲ دُونَ ﻧِﺴﺎﺋِﻜُﻢ‬


Fa-'in ta‘zûhu wa ta‘rifûhu tajidûhuabî dûna
nisâ'ikum

Et le frère de mon cousin, à l'exclusion de tous vos


hommes
،ْ‫ وَأﺧﺎ اﺑْﻦِ ﻋَﻤﱠﻲ دُونَ رِﺟﺎﻟِﻜُﻢ‬Wa akhâ-bni ‘ammî
dûna rijâlikum

Et quelle meilleure référence qu’il est – que la


Prière d’Allah soit sur lui et sur sa Famille.
.‫وَ ﻟَﻨِﻌْﻢَ اﻟْﻤَﻌْﺰِيﱡ إﻟَﯿْﮫِ ﺻَﻠﻰ اﷲ ﻋﻠﯿﮫ وآﻟﮫ‬

145
Sourate al-Tawbah /Le Repentir : 9 / 128.
182
Wa la-ni‘ma-l-ma‘zî ilayhi çallâllâhu ‘alayhi wa
âlihi

Il a communiqué le Message, en affichant


l’avertissement
،ِ‫ ﻓَﺒَﻠﱠﻎَ اﻟﺮﱢﺳﺎﻟَﺔَ ﺻﺎدِﻋﺎًﺑِﺎﻟﻨﱢﺬارَة‬Fa-ballagha-l-risâlati
çâdi‘an bi-n-natharati

Se détournant de la voie tortueuse des polythéistes


،َ‫ ﻣﺎﺋِﻼً ﻋَﻦْ ﻣَﺪْرَﺟَﺔِ اﻟْﻤُﺸْﺮِﻛِﯿﻦ‬Mâ’ilan ‘an madarajat-
il-muchrikîn

Supprimant leurs chefs


،ْ‫ ﺿﺎرِﺑﺎً ﺛَﺒَﺠَﮭُﻢ‬Dhâriban thabajahum

Étouffant leurs souffles


،ْ‫ آﺧِﺬاً ﺑِﺄﻛْﻈﺎﻣِﮭِﻢ‬Âkhithan bi-ak-dhâmihim

Appelant (les gens) au sentier de son Seigneur par


la sagesse et la bonne exhortation146
Dâ ‘iyan ilâ sabîli rabbihi bi-l-hikmati wa-l-
maw‘idhat-il-hasanati

146
Cf sourate al-Nahl / Les Abeilles : 16 / 125 : .125Par la
sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier
de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon.
Car c'est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui
s'égare de Son sentier et c'est Lui qui connaît le mieux ceux
qui sont bien guidés.
183
،ِ‫ﺤﺴَﻨﺔ‬
َ ‫داﻋِﯿﺎً إﻟﻰ ﺳَﺒﯿﻞِ رَﺑﱢﮫِ ﺑِﺎﻟﺤِﻜْﻤَﺔِ وَاﻟﻤَﻮْﻋِﻈَﺔِاﻟ‬

Il brise les idoles


Yaksir-ul-açnâma ،َ‫ﯾَﻜْﺴِﺮُ اﻷَﺻْﻨﺎم‬

Et jette leurs têtes par terre


wa yankut-ul-hâma ،َ‫وَﯾَﻨْﻜُﺖُ اﻟْﮭﺎم‬

Jusqu’à ce que le groupe (des polythéistes) se


défasse et s’enfuient
Hattâ-n-hazama-l-jam‘u wa wallû-ad-dubura
،َ‫ﺣَﺘﱠﻰ اﻧْﮭَﺰَمَ اﻟْﺠَﻤْﻊُ وَوَﻟﱡﻮا اﻟﺪﱡﺑُﺮ‬

Jusqu’à ce que les ténèbres de la nuit147 se soient


déchirées, laissant apparaître la lumière
matinale148
Hattâ tafarrâ-l-laylu ‘an ،ِ‫ﺣَﺘّﻰ ﺗَﻔَﺮﱠى اﻟﻠﱠﯿْﻞُ ﻋَﻦْ ﺻُﺒْﺤِﮫ‬
çubhihi

Et que la Vérité ait dévoilé sa pureté


Wa asfara-l-haqqu ‘na ،ِ‫وَأﺳْﻔَﺮَ اﻟﺤَﻖﱡ ﻋَﻦْ ﻣَﺤْﻀِﮫ‬
mah-dhihi

Et que le leader de la Religion ait parlé

147
De l’obscurantisme présilamque
148
De l’Islam
184

Wa nataqa za‘îm-ud-dîni ،ِ‫وَﻧَﻄَﻖَ زَﻋِﯿﻢُ اﻟﺪّﯾﻦ‬

Et que les langues des satans se soient tues


ِ‫ وَﺧَﺮِﺳَﺖْ ﺷَﻘﺎﺷِﻖُ اﻟﺸﱠﯿﺎﻃﯿﻦ‬Wa kharasat chaqâchiq-
uch-chayâtîni

Et que notables de l’hypocrisie se soit tombés

Wa tâha wachîdh-un- ،ِ‫وَﻃﺎحَ وَﺷﯿﻆُ اﻟﻨﱢﻔﺎق‬


nifâqi

Et que les forces de la mécréance et de la discord


se sont défaites
Wa-nhallat ‘uqad-ul- ،ِ‫وَاﻧْﺤَﻠﱠﺖْ ﻋُﻘَﺪُ اﻟْﻜُﻔْﺮِ وَاﻟﺸﱢﻘﺎق‬
kufri wa-ch-chiqâqi

Et vous avez prononcé du bout des lèvres le mot


de l’unicité
Wa fuhtum bi-kalimat- ِ‫وَﻓُﮭْﺘُﻢْ ﺑِﻜَﻠِﻤَﺔِ اﻹْﺧْﻼص‬
il-ikhlâçi

Devant un petit groupe d’hommes aux « visages


blancs et aux ventres creux »149
fî nafarin min-al-bîdh- ،ِ‫ﻓِﻲ ﻧَﻔَﺮٍ ﻣِﻦَ اﻟْﺒﯿﺾِ اﻟْﺨِﻤﺎص‬

149
Aux visages blancs, métaphore de «hommes purs » et ventres creux
métaphore de «des gens ascètes qui ne mangent pas ce qui est harâm,
illégal. Et on dit que cette métaphore désigne les Ahl-ul-Bayt (p).
185
il-khimâçi

Et vous étiez au bord d’un fossé de feu150


wa kuntum ‘alâ chafâ hufratin min-an-nâr
،ِ‫وَﻛُﻨْﺘُﻢْ ﻋَﻠﻰ ﺷَﻔﺎﺣُﻔْﺮَةٍ ﻣِﻦَ اﻟﻨّﺎر‬

Prêts à être avalés par le premier assoiffé


muthaqqat-ich-châribi ،ِ‫ﻣُﺬْﻗَﺔَ اﻟﺸّﺎرِب‬

Et l’occasion d’être la proie de tout convoiteur


wa nuhzat-at-tâmi‘i ِ‫وَﻧُﮭْﺰَةَ اﻟﻄّﺎﻣِﻊ‬

Un brandon, bon pour être ramassé par tout


homme pressé
wa qubsat-al-‘ajlâni ،ِ‫وَﻗُﺒْﺴَﺔَاﻟْﻌَﺠْﻼن‬

Et le lieu de la pose des pieds


،ِ‫وَﻣَﻮْﻃِﺊَ اﻷﻗْﺪام‬ Wa mawti'-al-aqdâmi

Vous buviez les eaux stagnantes


،َ‫ ﺗَﺸْﺮَﺑُﻮنَ اﻟﻄّﺮْق‬tachrabûn-at-tarqa

Et vous vous nourrissiez des feuilles


، ‫ وَﺗَﻘْﺘﺎﺗُﻮنَ اﻟْﻮَرَق‬wa taqtâtûn-al-waraqa

150
Ou vous étiez au bord de l’Enfer à cause de votre mécréance.
186
Serviles et bannis
،َ‫ أذِﻟﱠﺔً ﺧﺎﺳِﺌِﯿﻦ‬athillatan khâsi'în

“craignant de vous faire enlever par des gens » autour


de vous151
.ْ‫}ﺗَﺨﺎﻓُﻮنَ أنْ ﯾَﺘَﺨَﻄﱠﻔَﻜُﻢُ اﻟﻨﱠﺎسُ{ ﻣِﻦْ ﺣَﻮْﻟِﻜُﻢ‬
"Takhâfûna an yatakhattafakum-un-nâsu" min hawlikum

C’est alors qu’Allah –Le Très-Haut – vous a sauvés


par Mohammad –que la Prière d’Allah soit sur lui et
sur sa famille – après tant d’efforts et de difficultés

‫ﻓَﺄﻧْﻘَﺬَﻛُ ُﻢ اﷲُ ﺗَﺒﺎرَكَ وَﺗَﻌﺎﻟﻰ ﺑِﻤُﺤَﻤﱠﺪٍ ﺻَﻠﻰ اﷲ ﻋﻠﯿﮫ وآﻟﮫ ﺑَﻌْﺪَ اﻟﻠّﺘَﯿّﺎ‬
،‫وَاﻟﱠﺘِﻲ‬
Fa-anqathaqum-ullâhu tabçaraka wa ta‘âlâ bi-
Muhammadin çallâ-llâhu 'alayhi wa âlihi ba‘d-al-
latiyyâ wa-l-latî

Et après qu’il eut été confronté aux héros parmi les


hommes, les loups des arabes et les arrogants des
gens du livre
ِ‫وَﺑَﻌْﺪَ أنْ ﻣُﻨِﻲَ ﺑِﺒُﮭَﻢِ اﻟﺮﱢﺟﺎلِ وَذُؤْﺑﺎنِ اﻟْﻌَﺮَبِ وَﻣَﺮَدَةِ أھْﻞِ اﻟْﻜِﺘﺎب‬
Wa ba‘d an muniya bi-buham-ir-rijâli wa thu'bân-
il-‘arabi wa maraddati ahl-il-kitâbi

151
Segment du verset coranique (sourate al-Anfâl / Le Butin) : « 26.
Et rappelez-vous quand vous étiez peu nombreux, opprimés sur terre,
craignant de vous faire enlever par des gens. Il vous donna asile,
vous renforça se Son secours et vous attribua de bonnes choses afin
que vous soyez reconnaissants ».
187
"Toutes les fois qu'ils allument un feu pour la guerre,
Allah l'éteint."152
" ،ُ‫" ﻛُﻠﱠﻤﺎ أوْﻗَﺪُوا ﻧﺎراً ﻟِﻠْﺤَﺮْبِ أﻃْﻔَﺄھﺎ اﷲ‬
"kullamâ awqadû nâran li-l-harbi atfa'ahâ-llâhu"

Ou qu’apparaît la corne de satan


،ِ‫ أوْﻧَﺠَﻢَ ﻗَﺮْنٌ ﻟِﻠْﺸﱠﯿْﻄﺎن‬Aw najam qarnun li-ch-
chaytâni

Et qu’un groupe des polythéistes se met en


avant153

152
Cf sourate al-Mpa’idah (La Tabler servie) 5/ 64 :
« 64. Et les Juifs disent: La main d'Allah est fermée! Que
leurs propres mains soient fermées, et maudits soient-ils
pour l'avoir dit. Au contraire, Ses deux mains sont
largement ouvertes: Il distribue Ses dons comme Il veut. Et
certes, ce qui a été descendu vers toi de la part de ton
Seigneur va faire beaucoup croître parmi eux la rébellion et
la mécréance. Nous avons jeté parmi eux l'inimité et la
haine jusqu'au Jour de la Résurrection. Toutes les fois
qu'ils allument un feu pour la guerre, Allah l'éteint. Et
ils s'efforcent de semer le désordre sur la terre, alors
qu'Allah n'aime pas les semeurs de désordre. » :
َ‫وَﻗَﺎﻟَﺖْ اﻟْﯿَﮭُﻮدُ ﯾَﺪُ اﻟﻠﱠﮫِ ﻣَﻐْﻠُﻮﻟَﺔٌ ﻏُﻠﱠﺖْ أَﯾْﺪِﯾﮭِﻢْ وَﻟُﻌِﻨُﻮا ﺑِﻤَﺎ ﻗَﺎﻟُﻮا ﺑَﻞْ ﯾَﺪَاهُ ﻣَﺒْﺴُﻮﻃَﺘَﺎنِ ﯾُﻨﻔِﻖُ ﻛَﯿْﻒ‬
‫ن ﻛَﺜِﯿﺮًا ﻣِﻨْﮭُ ْﻢ ﻣَﺎ أُﻧﺰِلَ إِﻟَﯿْﻚَ ﻣِﻦْ رَﺑﱢﻚَ ﻃُﻐْﯿَﺎﻧًﺎ وَﻛُﻔْﺮًا وَأَﻟْﻘَﯿْﻨَﺎ ﺑَﯿْﻨَﮭُﻢْ اﻟْﻌَﺪَاوَ َة‬
‫ﯾَﺸَﺎءُ وَﻟَﯿَﺰِﯾﺪَ ﱠ‬
ِ‫وَاﻟْﺒَﻐْﻀَﺎءَ إِﻟَﻰ ﯾَﻮْمِ اﻟْﻘِﯿَﺎ َﻣﺔِ ﻛُﻠﱠﻤَﺎ أَوْﻗَﺪُوا ﻧَﺎرًا ﻟِﻠْﺤَﺮْبِ أَﻃْﻔَﺄَھَﺎ اﻟﻠﱠﮫُ وَﯾَﺴْﻌَﻮْنَ ﻓِﻲ اﻷَرْض‬
(64/5 ‫( )ﺳﻮرة اﻟﻤﺎﺋﺪة‬64)َ‫ﻓَﺴَﺎدًا وَاﻟﻠﱠﮫُ ﻻَ ﯾُﺤِﺐﱡ اﻟْﻤُﻔْﺴِﺪِﯾﻦ‬
153
Ou qu’un serpent des polytheistes ouvre sa bouche pour mordre les
Musulmans.
188

َ‫ وَﻓَﻐَﺮَتْ ﻓَﺎﻏِﺮَةٌ ﻣِﻦَ اﻟْﻤُﺸْﺮِﻛِﯿﻦ‬Wa fagharat fâghiratun


min al-muchrikin

Il lançait son frère vers le fond des troubles pour


les étouffer
،‫ ﻗَﺬَفَ أﺧﺎهُ ﻓﻲ ﻟَﮭَﻮاﺗِﮭﺎ‬Qathafa akhâhu fî
lahawâtihâ

Et celui-ci ne s’en retournait qu’après en avoir


écrasé la luette avec les creux des (plantes) pieds l
‫ﺊ ﺣَﺘﱠﻰ ﯾَﻄَﺄَ ﺻِﻤﺎﺧَﮭﺎ‬ُ ِ‫ ﻓَﻼﯾَﻨْﻜَﻔ‬Falâ yankafiu hattâ yata‘a
،ِ‫ ﺑِﺄَﺧْﻤَﺼِﮫ‬çimâkhihâ bi-akhmaçihi

Et éteint leurs flammes avec son épée

،ِ‫ وِﯾُﺨْﻤِ َﺪ ﻟَﮭَﺒَﮭَﺎ ﺑِﺴَﯿْﻔِﮫ‬Wa yukhmida lahîbahâ


bi-syfihi

S’éreintant pour la cause d’Allah


،ِ‫ ﻣَﻜْﺪُوداً ﻓﻲ ذاتِ اﻟﻠّﮫ‬Makdûdan fî thât-il-lâhi

Déployant tous ses efforts pour exécuter l’ordre


d’Allah
،ِ‫ ﻣُﺠْﺘَﮭِﺪاً ﻓﻲ أﻣْﺮِ اﷲ‬Mujtahidan fî amr-illâhi

Tout proche du Messager d’Allah, le maître des


amis d’Allah
189

،ِ‫ِ ﺳِﯿﱢﺪَ أوْﻟﯿﺎءِ اﻟﻠّﮫ‬،‫ﻗَﺮِﯾﺒﺎً ﻣِﻦْ رِﺳُﻮلِ اﻟﻠّﮫ‬


Qarîban min rasûl-illâhi, sayyida awliyâ'allâhi

Toujours appliqué et prêt, bon conseiller, sérieux,


laborieux
ً‫ ﻣُﺠِﺪّاً ﻛﺎدِﺣﺎ‬، ً‫ ﻣُﺸْﻤﱢﺮاً ﻧﺎﺻِﺤﺎ‬Muchammiran naçihan,
mujiddan kâdihan

Alors que vous, vous viviez dans l’aisance


،ِ‫ وأَﻧْﺘُﻢْ ﻓِﻲ رَﻓﺎھِﯿَﺔٍ ﻣِﻦَ اﻟْﻌَﯿْﺶ‬Wa natum fî rafâhiyyatin
min-al-‘aychi

Paisibles, en bonne humeur et en sécurité ‘


،َ‫ وَادِﻋُﻮنَ ﻓﺎﻛِﮭُﻮنَ آﻣِﻨُﻮن‬wâdi‘ûna fâkihûna âminûna

Vous guettiez la tombée de malheurs sur nous


،َ‫ ﺗَﺘَﺮَﺑﱠﺼُﻮنَ ﺑِﻨﺎ اﻟﺪﱠواﺋِﺮ‬Tatarabbaçûna binâ-d-
dawâ'iri

Et vous attendiez les nouvelles des calamités qui


nous frapperaient
،َ‫ وﺗَﺘَﻮَﻛﱠﻔُﻮنَ اﻷَﺧْﺒﺎر‬Wa tatawakkafûn-al-akhbâri

Faisant défection lors des batailles


،ِ‫ ﺗَﻨْﻜُﺼُﻮنَ ﻋِﻨْﺪَ اﻟﻨﱢﺰال‬Tankuçûna ‘inda-n-
nizâli
190
Fuyant pendant les combats
.ِ‫ َوَﺗَﻔِﺮﱡونَ ﻋِﻨْﺪَ اﻟﻘِﺘﺎل‬Wa tafirrûna ‘inda-l-qitâli

Lorsque Allah a choisi pour Son Prophète la


maison de Ses Prophètes et l’asile de Ses purs élus
،ِ‫ﻓَﻠَﻤﱠﺎ اﺧْﺘﺎرَ اﻟﻠّﮫُ ﻟِﻨَﺒِﯿﱢﮫِ دارَ أﻧْﺒِﯿﺎﺋِﮫِ وَﻣَﺄْوى أﺻْﻔِﯿﺎﺋِﮫ‬
Falammâ-kh-târa-llâhu li-nabîyyihi dâra
anbiyâ'ihi wa ma'wâ açfiyâ'ihi

Apparaît en vous alors l’hostilité de l’hypocrisie


ِ‫ ﻇَﮭَﺮَ ﻓﯿﻜُﻢْ ﺣَﺴﯿﻜَﺔُاﻟﻨﱢﻔﺎق‬Dhahara fîkum hîkat-
un-nifâqi

Et l’habit de la religion s’est usé


،ِ‫ وَﺳَﻤَﻞَ ﺟِﻠﺒْﺎبُ اﻟﺪّﯾﻦ‬Wa samala jalbâb-ud-dîni

Et celui qui retenait sa haine parmi les faux a enfin


parlé
،ِ‫ وَﻧَﻄَﻖَ ﻛﺎﻇِﻢُ اﻟْﻐﺎوِﯾﻦ‬Wa nataqa kâdhim-ul-
ghâwîni

Et est apparu ostensiblement le plus insignifiant


des serviles
،َ‫ وَﻧَﺒَﻎَ ﺧﺎﻣِﻞُ اﻷَﻗَﻠﱢﯿﻦ‬Wa nabagha kjhâmil-ul-aqallîna

Et le dignitaire des pervers a grondé


191

.‫ وَھَﺪَرَ ﻓَﻨﯿﻖُ اﻟْﻤُﺒْﻄِﻠِﯿﻦ‬Wa hadara fanîq-ul-mubtilîn

Et il s’est pavané dans vous cours


،ْ‫ ﻓَﺨَﻄَﺮَ ﻓِﻲ ﻋَﺮَﺻﺎﺗِﻜُﻢ‬fa-khatara fî ‘araçâtikum

Et Satan a sorti sa tête de sa cachette, lançant un


appel à vous
Wa atla‘a-ch-chaytânu ra’sahau min maghrizihi,
hâtifan bikum
،ْ‫ ھﺎﺗﻔﺎً ﺑِ ُﻜﻢ‬،ِ‫وَأَﻃْﻠَﻊَ اﻟﺸﯿْﻄﺎنُ رَأْﺳَﮫُ ﻣِﻦْ ﻣَﻐْﺮِزِه‬

Et il vous a vu répondre positivement à son appel


،َ‫ ﻓَﺄَﻟْﻔﺎﻛُﻢْ ﻟِﺪَﻋْﻮَﺗِﮫِ ﻣُﺴْﺘَﺠﯿﺒﯿﻦ‬Fa-alfâkum li-da ‘watihi
mustajîbîna

Et receptive à sa séduction

W li-l-ghirrati fîhi mulâhidhîn-a .َ‫وَﻟِﻠْﻐِﺮﱠةِ ﻓِﯿﮫِ ﻣُﻼﺣِﻈِﯿﻦ‬

Puis il vous a demandé de vous lever, il a


remarqué que vous étiez «légers » prompts (à le
suivre)
Thumma-stanhadhakum ،ً‫ﺛُﻢﱠ اﺳْﺘَﻨْﮭَﻀَﻜُﻢْ ﻓَﻮَﺟَﺪَﻛُﻢْ ﺧِﻔﺎﻓﺎ‬
fa-wajadakum khifâfan

Il vous a incités à la colère, et il a vu que vous


vous êtes mis en colère
192

Wa ahmachakum fa- ،ً‫وَأَﺣْﻤَﺸَﻜُﻢْ ﻓَﺄَﻟْﻔﺎﻛَﻢْ ﻏِﻀﺎﺑﺎ‬


'alqâkum ghidhâban

Vous avez ainsi marqué de fer des chameaux qui


n’etaient les vôtres
fa wasamtum ghayra ibilikum َ‫ﻏَﯿْﺮ‬ ْ‫ﻓَﻮَﺳَﻤْـﺘُﻢ‬
،ْ‫اِﺑِﻠِﻜُﻢ‬

Et vous avez apporté de l’eau qui n’est pas celle


que vous buvez154

Wa awradtum ghayra chirbikum ،ْ‫وَأَوْرَدْﺗُﻢْ ﻏَﯿْﺮَ ﺷِﺮْﺑِﻜُﻢ‬

Tout ceci est arrivé peu de temps après le décès du


Prophète (P)
Hâthâ wa-l-‘ahdu qarîbun ،ٌ‫ھﺬا وَاﻟْﻌَﮭْﺪُ ﻗَﺮﯾﺐ‬

La lesion était immense


Wa-l-kalmu rahîbum ،ٌ‫وَاﻟْﻜَﻠْﻢُ رَﺣِﯿﺐ‬

Et la blessure n’était pas encore cicatrisée


Wa-l-jarh lammâ yandamil ،ْ‫وَاﻟْﺠُﺮْحُ ﻟَﻤّﺎ ﯾَﻨْﺪَﻣِﻞ‬

Et le Messager n’est pas encore enterré

154
Ces deux dernières phrases métaphoriques signifient qu’ils ont pris
ce à quoi ils n’avaient de droit (le califat, l’Imamat et l’héritage du
Prophète (P).
193

Wa-r-rasûlu lammâ yuqbar ،ْ‫وَاﻟﺮﱢﺳُﻮلُ ﻟَﻤّﺎ ﯾُﻘْﺒَﺮ‬

Vous avez accouru (vers le califat) en prétendant


que c’était par crainte de la tourmente

Ibtidâran za‘amtum ،ِ‫اﺑْﺘِﺪاراً زَﻋَﻤْﺘُﻢْ ﺧَﻮْفَ اﻟْﻔِﺘْﻨَﺔ‬


khawf-al-fitanati

"Or, c'est bien dans la tentation qu'ils sont tombés;


l'Enfer est tout autour des mécréants."155
.{َ‫}أﻻ ﻓِﻲ اﻟْﻔِﺘْﻨَﺔِ ﺳَﻘَﻄُﻮا وَانﱠ ﺟَﮭَﻨﱠﻢَ ﻟَﻤُﺤِﯿﻄﺔٌﺑِﺎﻟْﻜﺎﻓِﺮِﯾﻦ‬
"alâ fî-l-fitanati saqatû wa inna jahannama la-muhîtatun
bi-l-kâfirîn-a"

Cet agissement est on ne peu plus étonnant de


votre part! Qu’est-ce qu’il vous est arrivé !
Pourquoi cette déviation de la Vérité?
‫ وَأَﻧَﻰ ﺗُﺆْﻓَﻜُﻮنَ؟‬،ْ‫ وَﻛَﯿْﻒَ ﺑِﻜُﻢ‬،ْ‫ﻓَﮭَﯿْﮭﺎتَ ﻣِﻨْﻜُﻢ‬
Fa-hayhâta minkum, wa kayfa bikum, wa annâ
tu'fakûn

Alors que le Livre d’Allah est entre vos mains


،ْ‫وَﻛِﺘﺎبُ اﻟﻠّﮫ ﺑَﯿْﻦَ أَﻇْﮭُﺮِﻛُﻢ‬
Wa kitâb-ullâhi bayna adhhurikum

155
Sourate al-Tawbah / Le Repentir :9 49 “Parmi eux il en est qui dit:
Donne-moi la permission (de rester) et ne me mets pas en tentation.
Or, c'est bien dans la tentation qu'ils sont tombés; l'Enfer est tout
autour des mécréants. »
194
(ses contenus sont manifestes)
،ٌ‫ أُﻣُﻮرُهُ ﻇﺎھِﺮَة‬Umûruhu dhâhirah

(ses statuts sont luisants)


،ٌ‫ وَأَﺣْﻜﺎﻣُﮫُ زاھِﺮَة‬Wa ahkâmuhu zâhirah

(ses signes sont éblouissants


،ٌ‫ وَأَﻋْﻼﻣُﮫُ ﺑﺎھِﺮَة‬Wa a‘lâmuhu bâhirah

(ses interdiction sont nettes)


،ٌ‫ﺟﺮُهُ ﻻﺋِﺤَﺔ‬
ِ ‫ وَزَوا‬Wa zawâjiruhu lâ'ihah

(ses ordonnances sont clairs)


،ٌ‫ وَأواﻣِﺮُهُ واﺿِﺤَﺔ‬Wa awâmiruhu wâdhihah

Vous l’avez laissé derrière vos dos


،ْ‫ ﻗَﺪْ ﺧَﱠﻠﻔْﺘُﻤُﻮهُ وَراءَ ﻇُﮭُﻮرِﻛُﻢ‬Wa qad khallaftumûhu
warâ'a dhuhurukum

Quoi ! Vous en êtes-vous détournés !


،َ‫ أرَﻏَﺒَﺔً ﻋَﻨْﮫُ ﺗُﺮِﯾﺪُون‬Aragh-batan 'anhu turîdûna

Ou bien avez-vous choisi une autre référence que


lui !!?
195

،156َ‫ أمْ ﺑِﻐَﯿْﺮِهِ ﺗَﺤْﻜُﻤُﻮن‬Am bi-ghayrihi tah-


kamûna

« Quel mauvais échange pour les injustes!’ »157


" bi'sa li-dh-dh-â badalâ (an)" {ً‫}ﺑِﺌْﺲَ ﻟِﻠﻈّﺎﻟِﻤِﯿﻦَ ﺑَﺪَﻻ‬

« 85. Et quiconque désire une religion autre que


l'Islam, ne sera point agrée, et il sera, dans l'au-
delà, parmi les perdants. »158
َ‫}وَﻣَﻦْ ﯾَﺒْﺘَﻎِ ﻏَﯿْﺮَ اﻻﺳْﻼمِ دﯾﻨﺎً ﻓَﻠَﻦْ ﯾُﻘْﺒَﻞَ ﻣِﻨْﮫُ وَھُﻮَﻓِﻲ اﻵﺧِﺮَةِ ﻣِﻦ‬
.159{َ‫اﻟْﺨﺎﺳِﺮِﯾﻦ‬
"wa man yabtaghi ghayr-al-islâmi dînan fa-lan yuqbala
minhu wa-hwa fî-l-âkhirati la-min-al-khâsirîn-a"

Et vous n’avez attendu que le temps qu’il fallait


pour que son160 indocilité se calme

(‫() ﺳﻮرة اﻟﺼﺎﻓﺎت‬154)َ‫ ﻣَﺎ ﻟَﻜُﻢْ ﻛَﯿْﻒَ ﺗَﺤْﻜُﻤُﻮن‬156


ْ َ‫ وَإِ ْذ ﻗُﻠْﻨَﺎ ﻟِﻠْﻤَﻼَﺋِﻜَﺔِ اﺳْﺠُﺪُوا ﻵدَمَ ﻓَﺴَﺠَﺪُوا إِﻻﱠ إِﺑْﻠِﯿﺲَ ﻛَﺎنَ ﻣِﻦْ اﻟْﺠِﻦﱢ ﻓَﻔَﺴَﻖَ ﻋ‬157
‫ﻦ‬
َ‫أَﻣْﺮِ رَﺑﱢﮫِ أَﻓَﺘَﺘﱠﺨِﺬُوﻧَﮫُ وَذُرﱢﯾﱠﺘَﮫُ أَوْﻟِﯿَﺎءَ ﻣِﻦْ دُوﻧِﻲ وَ ُھﻢْ ﻟَﻜُﻢْ ﻋَﺪُوﱞ ﺑِﺌْﺲَ ﻟِﻠﻈﱠﺎﻟِﻤِﯿﻦ‬
(‫( ) ﺳﻮرة اﻟﻜﮭﻒ‬50)ً‫ﺑَﺪَﻻ‬
«50 Et lorsque Nous dîmes aux Anges: Prosternez-vous
devant Adam , ils se prosternèrent, excepté Iblis [Satan] qui était
du nombre des djinns et qui se révolta contre le commandement
de son Seigneur. Allez-vous cependant le prendre, ainsi que sa
descendance, pour alliés en dehors de Moi, alors qu'ils vous sont
ennemis? Quel mauvais échange pour les injustes! »(sourate
le Caveau / al-Kahf).
158
(Sourate âle ‘Imrân / La Famille de ‘Imrân : 3 / 85).
‫( )ﺳﻮرة ال‬85)َ‫ َوﻣَﻦْ ﯾَﺒْﺘَﻎِ ﻏَﯿْﺮَ اﻹِﺳْﻼَمِ دِﯾﻨًﺎ ﻓَﻠَﻦْ ﯾُﻘْﺒَﻞَ ﻣِﻨْﮫُ وَھُﻮَ ﻓِﻲ اﻵﺧِﺮَةِ ﻣِﻦْ ا ْﻟﺨَﺎﺳِﺮِﯾﻦ‬159
(‫ﻋﻤﺮان‬
160
L’indocilité de la monture (chamelle), métaphore du califat.
196

Thumma lam talba-thu illâ raytha an taskun nafratahâ


،‫ﺛُﻢﱠ ﻟَﻢْ ﺗَﻠْﺒَﺜُﻮا اﻻّ رَﯾْﺚَ أنْ ﺗَﺴْﻜُﻦَ ﻧَﻔْﺮَﺗُﮭﺎ‬

Et qu’il soit facile de la mener


‫ وَﯾَﺴْﻠَﺲَ ﻗِﯿﺎدُھﺎ‬Wa yaslasa qiyâdduhâ

Ensuite, vous vous êtes mis à ressortir son feu, et à


en attiser la braise
Thumma akhathtum tuwarrûna waqdatahâ, Wa
tahayyijûna jamratahâ,
،‫ وَﺗُﮭَﯿﱢﺠُﻮنَ ﺟَﻤْﺮَﺗَﮭﺎ‬،‫ُﺛُﻢﱠ أَﺧّﺬْﺗُﻢْ ﺗُﻮرُونَ وَﻗْﺪَﺗَﮭﺎ‬

Et à répondre positivement à l’appel de satan le


corrupteur
wa tastajîbûna li-hitâf-ich-chaytân-il-ghawiyy
،‫وَﺗَﺴْﺘَﺠِﯿﺒُﻮنَ ﻟِﮭِﺘﺎفِ اﻟﺸﱠﯿْﻄﺎنِ اﻟْﻐَﻮِيﱢ‬

Et à éteindre les lumières de la Religion limpid


Wa itfâ'i anwâr-id-dîn-l-jaliyy ِ‫أﻧْﻮارِاﻟﺪﱢﯾﻦ‬ ‫وَاﻃْﻔﺎ ِء‬
،‫اﻟْﺠَﻠِﻲﱢ‬

Et à étouffer les Traditions du Prophète pure


،‫ وَاھْﻤﺎدِ ﺳُﻨَﻦِ اﻟﻨﱠﺒِﻲﱢ اﻟﺼﱠﻔِﻲﱢ‬Wa ihmâdi sunan-in-
nabiyy-iç-çafiyyi
197
Vous buvez discrètement, peu à peu, l’écume du lait161
‫ﻓِﻲ‬ ً‫ﺣَﺴْﻮا‬ َ ‫ ﺗُﺴِﺮﱡو‬Tusirrûna
‫ن‬ haswan fî-
،ٍ‫ ارْﺗِﻐﺎء‬rtighâ'in

Et vous comploter contre sa famille et ses enfants en


vous cachant derrière les arbres et les fourrés
Wa tamchûna li-ahlihi wa waldihi fî-l-khamari
wa-dh-dharrâ'i
،ِ‫وَﺗَﻤْﺸُﻮنَ ﻷَھْﻠِﮫِ وَوَﻟَﺪِهِ ﻓِﻲ اﻟْﺨَﻤَﺮِ وَاﻟْﻀﱠﺮاء‬

Et nous patientons devant vos agissements comme


quelqu’un qui est sous la menace de l’entaille du
couteau
Wa naçbiru minkum ‘alâ mithli hazz-il-mudâ
،‫وَﻧَﺼْﺒِﺮُ ﻣِﻨْﻜُﻢْ ﻋَﻠﻰ ﻣِﺜْﻞِ ﺣَﺰﱢ اﻟْﻤُﺪى‬

Et de la piqure du fer de lance dans les entrailles


،‫ وَوَﺧْﺰِ اﻟﺴﱢﻨﺎنِ ﻓِﻲ اﻟﺤَﺸﺎ‬Wa wakhz-is-sinâni fî-l-hachâ

vous prétendez que je n'ai pas droit à l'héritage "


،‫ وَأَﻧْـﺘُﻢْ ﺗﺰْﻋُﻤُﻮنَ أﻻّ ارْثَ ﻟَﻨﺎ‬Wa antaum taz‘amûna
allâ irtha lanâ

161
Vous faites semblant de vouloir boire seulement l’écume du lait,
alors que vous buvez en même temps discrètement et peu à peu le lait
lui-même. Cette métaphore est un proverbe qui désigne celui qui veut
une chose et en montre une autre ou qui fait semblant de vouloir vous
aider alors qu’il ne cherche que son propre intérêt.
198
« 50. Est-ce donc le jugement du temps de
l'Ignorance qu'ils cherchent? Qu'y a-t-il de meilleur
qu'Allah, en matière de jugement pour des gens qui ont
une foi ferme?»162
{َ‫}أَﻓَﺤُﻜْﻢَ اﻟْﺠﺎھِﻠِﯿﱠﺔِ ﺗَﺒْﻐُﻮنَ وَﻣَﻦْ أﺣْﺴَﻦُ ﻣِﻦَ اﻟﻠّﮫِ ﺣُﻜْﻤﺎً ﻟِﻘَﻮْمٍ ﯾُﻮﻗِﻨُﻮن‬
"afa-hukm-ij-jâhiliyyati tab-ghûna wa man ahsanu min-
allâhi hukman li-qawmin yûqinûn-a"

Ne savez-vous pas ? Si, il vous est devenu aussi


clair que le jour montant que je suis sa fille

.ُ‫أﻓَﻼ ﺗَﻌْﻠَﻤُﻮنَ؟ ﺑَﻠﻰ ﺗَﺠَﻠّﻰ ﻟَﻜُﻢْ ﻛَﺎﻟﺸﱠﻤْﺲِ اﻟﻀّﺎﺣِﯿَﺔِ أﻧﱢﻰ اﺑْﻨَﺘُﮫ‬


Afa-lâ ta‘lamûna ? Balâ tajallâ lakum ka-ch-
chms-idh-dhâhiyati annî ibnatuhu.
Vous, ô musulmans ! Est-ce que mon héritage doit
m’être retiré par la force ?

ْ‫أَﯾُﮭَﺎ اﻟْﻤُﺴْﻠِﻤﻮنَ أاُﻏْﻠَﺐُ ﻋَﻠﻰ ارْﺛِﯿَﮫ‬


Ayyuha-l-muslimûna ! a'ughlabu ‘alâ irthiyah

Et s'adressant à son principal interlocuteur,


elle dit :
O fils d’Abi Quhâfah !
Yâ-bna abî quhâfah !َ‫ﯾَﺎ اﺑْﻦَ أﺑﻲ ﻗُﺤﺎﻓَﺔ‬

162
Sourate la Table Servie/al-Mâ’idah : 5 /50.
199
Est-ce dans le Livre d'Allah que (c'est noté) tu
hérites de ton père et moi non?!!
‫ وِﻻ أرِثَ أﺑﻲ؟‬،َ‫أﻓﻲ ﻛِﺘﺎبِ اﻟﻠّﮫِ أنْ ﺗَﺮِثَ أﺑﺎك‬
Afî kitâb-illâhi an taritha abâka, wa lâ arithu abî ?

«tu as fait une chose monstrueuse !»163


"laqad ji'ta chay'an fariyyâ" ،{‫ﺎ‬‫}ﻟَﻘَﺪْ ﺟِﺌْﺖَ ﺷَﯿْﺌﺎً ﻓَﺮِﯾ‬

Est-ce exprès que vous avez abandonné le Livre


d'Allah en le laissant derrière vos dos, alors qu'il
dit164 :
" 16. Et Salomon hérita de David"165
"... َ‫"وَوَرِثَ ﺳُﻠَﯿْﻤَﺎنُ دَاوُود‬
Wa waratha Sulaymânu Dâwûda
Et concernant l'histoire de Yahyâ et Zakariyyâ, il
dit :

163."27.Puiselle vint auprès des siens en le portant [le bébé]. Ils dirent :
Ô Marie, tu as fait une chose monstrueuse!" (sourate Maryam /
Marie : 19 /27.)
: ‫ اﻓﻌﻠﻰ ﻋﻤﺪ ﺗﺮﻛﺘﻢ ﻛﺘﺎب اﷲ وﻧﺒﺬﺗﻤﻮه وراء ﻇﮭﻮرﻛﻢ اِذ ﯾﻘﻮل‬164
165
" 16. Et Salomon hérita de David et dit: Ô hommes! On nous
a appris le langage des oiseaux; et on nous a donné part de
toutes choses. C'est là vraiment la grâce évidente." (sourate al-
Naml / Les fourmis : 27/16.)
200
" Accorde-moi, de Ta part, un descendant qui hérite de
moi et hérite de la famille de Jacob."166
"(6)... َ‫(ﯾَﺮِﺛُﻨِﻲ وَﯾَﺮِثُ ﻣِﻦْ آلِ ﯾَﻌْﻘُﻮب‬5)‫ﺎ‬‫"ﻓَﮭَﺐْ ﻟِﻲ ﻣِﻦْ ﻟَﺪُﻧْﻚَ وَﻟِﯿ‬

Et il dit :
" Cependant ceux qui sont liés par la parenté ont
priorité les uns envers les autres, d'après le Livre
d'Allah. Certes."167
"ِ‫"وَأُوْﻟُﻮا اﻷَرْﺣَﺎمِ ﺑَﻌْﻀُﮭُﻢْ أَوْﻟَﻰ ﺑِﺒَﻌْﺾٍ ﻓِﻲ ﻛِﺘَﺎبِ اﻟﻠﱠﮫ‬

Et il dit :

"Voici ce qu'Allah vous enjoint au sujet de vos


enfants: au fils, une part équivalente à celle de
deux filles..."168

166
."5. Je crains [le comportement] de mes héritiers, après mois.
Et ma propre femme est stérile. Accorde-moi, de Ta part, un
descendant 6. qui hérite de moi et hérite de la famille de Jacob.
Et fais qu'il te soit agréable, ô mon Seigneur." (Sourate Maryam
/ Marie : 19 /5-6).
167
"75. Et ceux qui après cela ont cru et émigré et lutté en votre
compagnie, ceux-là sont des vôtres. Cependant ceux qui sont
liés par la parenté ont priorité les uns envers les autres, d'après
le Livre d'Allah. Certes, Allah est Omniscient." (Sourate al-Anfâl
/ le Butin : 8 / 75.)
168
. "11. Voici ce qu'Allah vous enjoint au sujet de vos enfants: au fils, une
part équivalente à celle de deux filles. S'il n'y a que des filles, même plus de
deux, à elles alors deux tiers de ce que le défunt laisse. Et s'il n'y en a qu'une,
à elle alors la moitié. Quant aux père et mère du défunt, à chacun d'eux le
sixième de ce qu'il laisse, s'il a un enfant. S'il n'a pas d'enfant et que ses père
et mère héritent de lui, à sa mère alors le tiers. Mais s'il a des frères, à la mère
alors le sixième, après exécution du testament qu'il aurait fait ou paiement
d'une dette. De vos ascendants ou descendants, vous ne savez pas qui est
201
"ِ‫"ﯾُﻮﺻِﯿﻜُﻢْ اﻟﻠﱠﮫُ ﻓِﻲ أَوْﻻَدِﻛُﻢْ ﻟِﻠﺬﱠﻛَﺮِ ﻣِﺜْﻞُ ﺣَﻆﱢ اﻟْﺄُﻧﺜَﯿَﯿْﻦ‬

Et il dit :
" On vous a prescrit, quand la mort est proche de l'un
de vous et s'il laisse des biens, de faire un testament en
règle en faveur de ses père et mère et de ses plus
proches. C'est un devoir pour les pieux."169
ُ‫"ﻛُﺘِﺐَ ﻋَﻠَﯿْﻜُﻢْ إِذَا ﺣَﻀَﺮَ أَﺣَﺪَﻛُﻢْ اﻟْﻤَﻮْتُ إِنْ ﺗَﺮَكَ ﺧَﯿْﺮًا اﻟْﻮَﺻِﯿﱠﺔ‬
"َ‫ﺎ ﻋَﻠَﻰ اﻟْﻤُﺘﱠﻘِﯿﻦ‬‫ﻟِﻠْﻮَاﻟِﺪَﯾْﻦِ وَاﻷَﻗْﺮَﺑِﯿﻦَ ﺑِﺎﻟْﻤَﻌْﺮُوفِ ﺣَﻘ‬

Prétendez-vous que je n’aie pas une position digne


dans le coeur de mon père, ni héritage de lui, et
qu’il n’y ait pas de lien parenté entre nous?
!‫ وَﻻإرْثَ ﻣِﻦْ أﺑﻲ ﻻرَﺣِﻢَ ﺑَﯿْﻨَﻨَﺎ‬،‫وزَﻋَﻤْﺘُﻢْ أَﻟَﺎ ﺣِﻈﻮَةَ ﻟِﻲ‬

Allah vous a-t-Il donc désignés par un verset


coranique dont Il aurait exclu mon père!?
‫أَﻓَﺨَﺼﱠﻜُﻢُ اﷲُ ﺑِﺂﯾَﺔٍ أﺧْﺮَجَ ﻣِﻨْﮭﺎ أﺑِﻲ؟‬

Ou bien dites-vous que les adeptes de deux


religions différentes ne s’héritent pas
mutuellement !!?
،ِ‫أمْ ھَﻞْ ﺗَﻘُﻮﻟًﻮنَ أَھْﻞُ ﻣِﻠﱠﺘَﯿْﻦِ ﻻﯾَﺘَﻮارَﺛَﺎن‬

Et que moi et mon père ne sommes n’appartenons


pas à une seule et même religion

plus près de vous en utilité. Ceci est un ordre obligatoire de la part d'Allah, car
Allah est, certes, Omniscient et Sage.." (Sourate al-Nisâ' : 4 / 11.
169
Sourate al-Baqarah / la Vache : 2 / 180.
202

!‫وَﻟَﺴْﺖُ أَﻧَﺎ وَأَﺑِﻲ ﻣِﻦْ أَھْﻞِ ﻣِﻠﱠﺔٍ واﺣِﺪَةٍ؟‬

Ou bien encore que vous êtes plus au fait des


particularités et des généralités du Coranque mon
père et mon cousin!!?

‫أَمْ أَﻧْﺘُﻢْ أَﻋْﻠَﻢُ ﺑِﺨُﺼُﻮصِ اﻟْﻘُﺮْآنِ وَﻋُﻤُﻮﻣِﮫِ ﻣِﻦْ أَﺑِﻲ وَاﺑْﻦِ ﻋَﻤّﻲ؟‬

Prenez-le (Fadak) donc (Ö Abu Bakr), comme un


chameau sellé et en bride

Fadûnakahâ makh-tûmatun marhûlaum


.ً‫ﻓَﺪُوﻧَﻜَﮭﺎ ﻣَﺨْﻄُﻮﻣَﺔً ﻣَﺮْﺣُﻮﻟَﺔ‬

Il te rencontrera le jour de ta résurrection


،َ‫ ﺗَﻠْﻘﺎكَ ﯾَﻮْمَ ﺣَﺸْﺮِك‬Talqâka yawma
hachraka

Et quel meilleur juge qu’Allah ! (Allah est le


Meilleur juge)
،ُ‫ ﻓَﻨِﻌْﻢَ اﻟْﺤَﻜَﻢُ اﷲ‬Fa- ni'ma-l-hakamu
Allâhu

Et le requérant Mohammad (et Muhammad le


réquerant)
،ٌ‫ وَ اﻟ ﱠﺰﻋِﯿﻢُ )او اﻟﻐﺮﯾﻢ( ﻣُﺤَﻤﱠﺪ‬Wa-z-za 'îmu
Muhammadun
203
Rendez-vous donc le Jour de la Résurrection
،ُ‫ وَاﻟْﻤَﻮْﻋِﺪُ اﻟْﻘِﯿﺎﻣَﺔ‬Wa-l-maw 'idu al-
qiyâmah

(Vous serez alors perdants ou les faux seront


perdants)
Wa 'inda-s-sâ 'ati mâ takhsirûna (ou : yakhsar al-
Mubtilûna)
،(َ‫وَﻋِﻨْﺪَاﻟﺴّﺎﻋَﺔِ ﻣﺎ ﺗَﺨْﺴِﺮُونَ )او ﯾﺨﺴﺮ اﻟﻤﺒﻄﻠﻮن‬

et en ce moment-là le remord ne vous sera


d’aucune utilité
،َ‫وَﻻ ﯾَﻨْﻔَﻌُﻜُﻢْ إذْ ﺗَﻨْﺪَﻣُﻮن‬

" Chaque annonce arrive en son temps et en son


lieu, Et bientôt vous le saurez."170
"َ‫"وَﻟِﻜُﻞﱢ ﻧَﺒَﺄٍ ﻣُﺴْﺘَﻘَﺮٌ وَﺳَﻮْفَ ﺗَﻌْﻠَﻤُﻮن‬

40. sur qui s'abattra un châtiment qui l'avilira; et


sur qui se justifiera un châtiment durable. 171
"ٌ‫“ﻣَﻦْ ﯾَﺄْﺗِﯿﮫِ ﻋَﺬابٌ ﯾُﺨْﺰﯾﮫِ وَﯾَﺤِﻠﱡﻌَﻠَﯿْﮫِ ﻋَﺬابٌ ﻣُﻘِﯿﻢ‬
Puis elle a projeté son regard vers les Ançâr (les
Emigrants) et dit :

170
ٍSourate al-Ana‘âm / Les Bestiaux : 6 / 67.
171
Sourate al-Zumar / Les Groupes : 39 / 40.
204
:ْ‫ﺛُﻢﱠ رَﻣَﺖْ ﺑِﻄَﺮْﻓِﮭﺎﻧَﺤْﻮَ اﻟْﺄَﻧْﺼﺎرِ ﻓَﻘﺎﻟَﺖ‬
Ô rassemblée de nobles et Partisans de l'Islam
!ِ‫ وَأﻧْﺼﺎرَ اﻟْﺈِﺳْﻼ م‬،ِ‫ﯾﺎ ﻣَﻌﺎﺷِﺮَ اﻟْﻔِﺘْﯿَﺔ‬

Pourquoi cette mollesse concernant l'usurpation de


mon droit?
‫ﻣﺎ ھﺬِهِ اﻟْﻐَﻤِﯿﺰَةُ ﻓِﻲ ﺣَﻘِّﻲ؟‬

Et cette somnolence vis-à-vis de l'injustice


(l'usurpation de droit) dont je suis victime
‫وَاﻟﺴﱢﻨَﺔُ ﻋَﻦْ ﻇُﻼﻣَﺘِﻲ؟‬

Mon père, le Messager d'Allah (P) ne disait-il pas


: "L'homme doit être préservé à travers ses
enfants"?!!
‫ ))اَﻟْﻤَﺮْءُﯾُﺤْﻔَﻆُ ﻓِﻲ‬:ُ‫أﻣﺎ ﻛﺎنَ رَﺳُﻮلُ اﷲِ ﺻﻠّﻰ اﷲ ﻋﻠﺒﮫ وآﻟﮫ أﺑِﻲ ﯾَﻘُﻮل‬
‫وُﻟْﺪِهِ((؟‬

A quelle vitesse vous avez tout changé, et avec


quelle précipitation !!
،ً‫ﺳَﺮْﻋﺎنَ ﻣﺎ اﺣْﺪَﺛْﺘُﻢْ وَﻋَﺠْﻼنَ ذا إھﺎﻟَﺔ‬

Alors que vous avez la capacité de m'aider dans


mes revendications
،ُ‫وَﻟَﻜُﻢْ ﻃﺎﻗَﺔٌ ﺑِﻤﺎ اُﺣﺎوِل‬

Et la force de me soutenir dans ce que je demande


et réclame
!ُ‫َوﻗُﻮﱠةٌ ﻋَﻠﻰ ﻣﺎ أَﻃْﻠُﺐُ وَاُزاوِل‬
205
Vous dites-vous que Mohammad – que la Prière
d'Allah soit sur lui et sur sa Famille- est mort et
fini?!
!‫أَﺗَﻘُﻮﻟُﻮنَ ﻣﺎتَ ﻣُﺤَﻤﱠﺪٌ ﺻﻠّﻰ اﷲ ﻋﻠﯿﮫ وآﻟﮫ؟‬

Certes, c'est un immense malheur (la disparition


du Prophète-P) dont les conséquences se sont
amplifiées avec le temps
،ُ‫ﻓَﺨَﻄْﺐٌ ﺟَﻠﯿﻞٌ اﺳْﺘَﻮْﺳَﻊَ وَھْﯿُﮫ‬
Et dont la partie décousue172 s'est élargie

،ُ‫وَاﺳْﺘَﻨْﮭَﺮَ ﻓَﺘْﻘُﮫ‬
Et dont la partie recousue173 s'est décousue
،ُ‫وَاﻧْﻔَﺘَﻖَ رَﺗْﻘُﮫ‬

Et la terre s'est noircie par la disparition (du


Prophète-P)
،ِ‫وَأَﻇْﻠَﻤَﺖِ اﻟْﺄَرْضُ ﻟِﻐَﯿْﺒَﺘِﮫ‬

Et l'éclat des étoiles s'est éclipsé pour ce malheur


،ِ‫وَﻛُﺴِﻔَﺖِ اﻟﻨﱡﺠُﻮمُ ﻟِﻤُﺼِﯿﺒَﺘِﮫ‬
Les espoirs se sont raréfiés
،ُ‫وَأَﻛْﺪَتِ اﻟْﺂﻣﺎل‬

Les montagnes se sont recueillies


،ُ‫َﺧَﺸَﻌَﺖِ اﻟْﺠِﺒﺎل‬

172
Les déchirures causées par la disparition du Prophètes (P)
173
Ce que le Prophète (P) avait réformé et réparé, a disparu.
206
Le respect dû à sa famille s'est dissipé
،ُ‫وَاُﺿﯿﻊَ اﻟْﺤَﺮِﯾﻢ‬
Et tout ce qui est sacré est bafoué après sa mort.
.ِ‫وَاُزﯾﻠَﺖِ اﻟْﺤُﺮْﻣَﺔُ ﻋِﻨْﺪَﻣَﻤﺎﺗِﮫ‬

Tel est par Allah la grande calamité


،‫ﻓَﺘِﻠْﻚِ وَاﷲِ اﻟﻨّﺎزﻟَﺔُ اﻟْﻜُﺒْﺮى‬

Et l'immense malheur
،‫وَاﻟْﻤُﺼﯿﺒَﺔُ اﻟْﻌُﻈْﻤﻰ‬

Il n'y a pas de calamité pareille ni un événement


anticipé
ٌ‫ﻻﻣِﺜْﻠُﮭﺎ ﻧﺎزِﻟَﺔٌ وَﻻ ﺑﺎﺋِﻘَﺔٌ ﻋﺎﺟِﻠَﺔ‬

Que le Livre d'Allah –Louange à lui- avait


annoncé dans les cours de vos maisons, matin et
soir, par cri, à haute voix, par récitation, et par
lecture mélodieuse
ْ‫ ﻓِﻲ أَﻓْﻨِﯿَﺘِﻜُﻢْ ﻓِﻲ ﻣُﻤْﺴﺎﻛُﻢْ وَﻣُﺼْﺒَﺤِﻜَﻢ‬-ُ‫أﻋْﻠَﻦَ ﺑِﮭﺎ ﻛِﺘﺎبُ اﷲِ –ﺟَﻞﱠ ﺛَﻨﺎؤُه‬
،ً‫ھِﺘﺎﻓﺎً وَﺻُﺮاﺧﺎًوَﺗِﻼوَةً وَإﻟﺤﺎﻧﺎ‬

Ainsi que ce qui était arrivé aux prophètes


D'Allah et Ses messagers, avant lui
،ِ‫وَﻟَﻘَﺒْﻠَﮫُ ﻣﺎ ﺣَﻞﱠ ﺑِﺄﻧْﺒِﯿﺎءِ اﷲِ وَرُﺳُﻠِﮫ‬
Un verdict irréversible et un Décret irrévocable
:ٌ‫ﺣُﻜْﻢٌ ﻓَﺼْﻞٌ وَﻗَﻀﺎءٌ ﺣَﺘْﻢ‬

"Muhammad n'est qu'un messager - des messagers


avant lui sont passés - S'il mourait, donc, ou s'il
207
était tué, retourneriez-vous sur vos talons?
Quiconque retourne sur ses talons ne nuira en rien
à Allah; et Allah récompensera bientôt les
reconnaissants."174
َ‫}وَﻣﺎ ﻣُﺤَﻤﱠﺪٌ إﻻّ رَﺳﻮلٌ ﻗَﺪْ ﺧَﻠَﺖْ ﻣِﻦْ ﻗَﺒْﻠِﮭِﺎﻟﺮﱡﺳُﻞُ أَﻓَﺈنْ ﻣﺎتَ أَو ﻗُﺘِﻞ‬
ً‫اﻧﻘﻠَﺒْﺘُﻢْ ﻋﻠﻰ أَﻋْﻘﺎﺑِﻜُﻢْ وَﻣَﻦْ ﯾَﻨْﻘَﻠِﺒْﻌَﻠﻰ ﻋَﻘِﺒَﯿْﮫِ ﻓَﻠَﻦْ ﯾَﻀُﺮﱠ اﷲَ ﺷَﯿْﺌﺎ‬
(144/3: ‫)ﺳﻮرة آل ﻋﻤﺮان‬.{َ‫وَﺳَﯿَﺠْﺰِي اﻟﻠﮭُﺎﻟﺸّﺎﻛِﺮﯾﻦ‬

C'est incroyable ô les Qaylah175 !

!َ‫أﯾْﮭﺎً ﺑَﻨِﻲ ﻗَﯿْﻠَﺔ‬

Est-ce possible que mon héritage soit frustré, alors


que vous me voyez et m'entendez,
!‫ وﻣُﺒْﺘَﺪأٍوَﻣَﺠْﻤَﻊٍ؟‬،ٍ‫أاُھْﻀَﻢُ ﺗُﺮاثَ أﺑِﯿَﮫْ وَأﻧْﺘُﻢْ ﺑِﻤَﺮْأى ﻣِﻨّﻲ وَﻣَﺴْﻤَﻊ‬

Et que mon appel (au secours) vous entoure


،ُ‫ﺗَﻠْﺒَﺴُﻜُﻢُ اﻟﺪﱠﻋْﻮَة‬

Et que vous avez pleinement connaissance (de ma


frustration)
،ُ‫وﺗَﺸْﻤُﻠُﻜُﻢُ اﻟْﺨَﺒْﺮَة‬

En outre, vous êtes suffisamment nombreux, et


bien équipés, et vous avez les moyens et la force
،ِ‫ وَاﻷَداةِ وَاﻟْﻘُﻮﱠة‬،ِ‫وَأﻧْﺘُﻢْ ذَوُو اﻟْﻌَﺪَدِ وَاﻟْﻌُﺪﱠة‬

Vous avez aussi les armes et les boucliers


174
(sourate âle 'Imrân / La Famille de 'Imarân : 3 / 144).
175
Les Qaylah sont les Ançâr (Partisans), soit les membres des tribus
Aws et Khazraj.
208
‫و وَﻋِﻨْﺪَﻛُﻢُ اﻟﺴﱢﻼحُ وَاﻟْﺠُﻨﱠﺔُ؛‬

Et mon appel vous parvient, mais vous n'y


répondez pas,
،َ‫ﺗُﻮاﻓﯿﻜُﻢُ اﻟﺪﱠﻋْﻮَةُ ﻓَﻼ ﺗُﺠِﯿﺒُﻮن‬

Et le cri de secours vous atteint, mais vous ne me


portez pas secours
،َ‫وَﺗَﺄْﺗﯿﻜُﻢُ اﻟﺼﱠﺮْﺧَﺔُﻓَﻼ ﺗُﻐﯿﺜُﻮن‬

Pourtant vous êtes reconnus comme vaillants


(votre confrontation avec l'ennemi à mains nues)
،ِ‫وَأﻧْﺘُﻢْ ﻣَﻮْﺻُﻮﻓُﻮنَ ﺑِﺎﻟْﻜِﻔﺎح‬

et vous êtes connus pour votre bienfaisance et


votre bonté
،ِ‫ﻣَﻌْﺮُﻓُﻮنَ ﺑِﺎﻟْﺨَﯿْﺮِوَاﻟﺼﱠﻼح‬
Et comme les nobles qu'on a sélectionnés
،ْ‫وَاﻟﻨﱡﺠَﺒَﺔُ اﻟﱠﺘﻲ اﻧْﺘُﺠِﺒَﺖ‬

Et l'élite qu'on a élue


!ْ‫وَاﻟْﺨِﯿَﺮَةُ اﻟﱠﺘِﻲ اﺧْﺘﯿﺮَت‬

Vous vous êtes combattus contre les Arabes


،َ‫ﻗﺎﺗَﻠْﺘُﻢُ اﻟْﻌَﺮَب‬
Et vous avez enduré peine et fatigue
،َ‫وَﺗَﺤَﻤﱠﻠْﺘُﻢُ اﻟْﻜَﺪﱠ وَاﻟﺘﱠﻌَﺐ‬

Vous vous êtes battus contre les différents groupes


d'ennemis
،َ‫وَﻧﺎﻃَﺤْﺘُﻢُ اﻻُْﻣَﻢ‬
209
Et vous avez lutté contre les héros
،َ‫وَﻛﺎﻓَﺤْﺘُﻢً اﻟْﺒُﮭَﻢ‬

Nous ne quittions pas nos postes (de combats), et


vous restiez à nos côtés, et nous vous donnions les
ordres et vous y obéissiez
َ‫ َأْﻣُﺮُﻛُﻢْ ﻓَﺘَﺄْﺗَﻤِﺮُون‬،َ‫ﻓَﻼ ﻧَﺒْﺮَحُ أو ﺗَﺒْﺮَﺣُﻮن‬

Jusqu'à ce que le moulin de l'islam ait commencé à


tourner autour de nous
،ِ‫ﺣَﺘﱠﻰ دَارَتْ ﺑِﻨﺎ رَﺣَﻰ اﻹْﺳْﻼم‬
Et le lait des jours (le temps) à couler à flot176
،ِ‫وَدَرﱠ ﺣَﻠَﺐُ اﻷَﯾّﺎم‬
Et que le cou du polythéisme se soit soumis
،ِ‫وَﺧَﻀَﻌَﺖْ ﻧُﻌَﺮَةُ اﻟﺸﱢﺮْك‬

La flamme du mensonge se soit calmée


،ِ‫وَﺳَﻜَﻨَﺖْ ﻓَﻮْرَةُ اﻹْﻓْﻚ‬

Les feux de la mécréance se soient étouffés


،ِ‫وَﺧَﻤَﺪَتْ ﻧﯿﺮانُ اﻟْﻜُﻔْﺮ‬
Et que l'appel de la sédition se soit attenué
،ِ‫وھَﺪَأتْ دَﻋْﻮَةُ اﻟْﮭَﺮْج‬

Et que l'ordre de la Religion soit devenu


harmonieuse
‫وَاﺳْﺘَﻮْﺳَﻖَ ﻧِﻈﺎمُ اﻟﺪﱢﯾﻦِ؛‬

176
Les bienfaits des jours ont commencé à paraître aux gens.
210
Comment avez-vous donc dévié après que la Voie
était devenue si claire
،ِ‫ﻓَﺄَﻧّﻰ ﺟُﺮْﺗُﻢْ ﺑَﻌْﺪَ اﻟْﺒَﯿﺎن‬

Et caché les stipulations de la Foi après les avoir


clamées (du vivant du Prophète-P)
ِ‫وَأَﺳْﺮَرْﺗُﻢْ ﺑَﻌْﺪَ اﻹْﻋْﻼن‬

Et fait défection après vous être engagés


‫وﻧﻜﺼﺘﻢ ﺑﻌﺪ اﻻﻗﺪام‬
Et devenus polythéistes après avoir eu la Foi
‫وَأﺷْﺮَﻛْﺘُﻢ ْﺑَﻌْﺪَ اﻹْﯾﻤﺎنِ؟‬

"13. Ne combattrez-vous pas des gens qui ont violé


leurs serments, qui ont voulu bannir le Messager et
alors que ce sont eux qui vous ont attaqués les
premiers? Les redoutiez-vous? C'est Allah qui est plus
digne de votre crainte si vous êtes croyants!"177
ْ‫}أﻻ ﺗُﻘﺎﺗِﻠُﻮنَ ﻗَﻮْﻣﺎً ﻧَﻜَﺜُﻮاأﯾْﻤﺎﻧَﮭُﻢْ وَھَﻤﱡﻮا ﺑِﺈﺧْﺮاجِ اﻟﺮﱠﺳُﻮلِ وَھُﻢْ ﺑَﺪاؤُﻛُﻢ‬
.{َ‫أوﱠلَ ﻣَﺮﱠةٍأﺗَﺨْﺸَﻮْھُﻢْ ﻓَﺎﷲُ أﺣَﻖﱡ أنْ ﺗَﺨْﺸَﻮْهُ إنْ ﻛُﻨْﺘُﻢْ ﻣُﺆْﻣِﻨِﯿﻦ‬

Je vois bien que vous vous êtes installés dans


le bien-être et la tranquillité
،ِ‫أَﻻ ﻗَﺪْ أرى أنْ ﻗَﺪْأَﺧْﻠَﺪْﺗُﻢْ إﻟَﻰ اﻟْﺨَﻔْﺾ‬

Et que vous avez éloigné celui qui avait le plus


droit178 à administrer les affaires des Musulmans 179

177
Sourate al-Tawbah / Le Repentir : 6 / 13.
178
C'est-à-dire l'Imam Ali (p).
179
La traduction littérale est : Celui qui le plus droit ouvrir (bast) et à
fermer (qabdh) la main, ou à donner et à prendre, deux mots qui
211
،ِ‫وَأﺑْﻌَﺪْﺗُﻢْ ﻣَﻦْ ھُﻮَ أَﺣَﻖﱡ ﺑِﺎﻟْﺒَﺴْﻂِ وَاﻟْﻘَﺒْﺾ‬
Et vous vous êtes isolés dans la tranquillité
،ِ‫وَﺧَﻠَﻮْﺗُﻢْ ﺑِﺎﻟﺪﱠﻋَﺔ‬

Et vous vous êtes sauvés de l'étroitesse en vous


dirigeant vers l'aisance
،ِ‫وَﻧَﺠَﻮْﺗُﻢْ ﻣِﻦَ اﻟﻀﱢﯿﻖِ ﺑِﺎﻟﺴﱠﻌَﺔ‬

Aussi, avez-vous vomi ce que vous aviez avalé180


،ْ‫ﻓَﻤَﺠَﺠْﺘُﻢْ ﻣﺎ وَﻋَﯿْﺘُﻢ‬

Et vous avez régurgité ce que vous aviez bu facilement


،ْ‫وَدَﺳَﻌْﺘُﻢُ اﻟﱠﺬِي ﺗَﺴَﻮﱠﻏْﺘُﻢ‬

" Si vous êtes ingrats, vous ainsi que tous ceux qui sont
sur terre, [sachez] qu'Allah Se suffit à Lui-même et qu'Il
est digne de louange."181
.{ٌ‫}ﻓَﺈنْ ﺗَﻜْﻔُﺮُوا أَﻧْﺘُﻢْ وَﻣَﻦْ ﻓِﻲ اﻷْرْضِ ﺟَﻤِﯿﻌﺎً ﻓَﺈنﱠ اﷲَ ﻟَﻐَﻨِﻲﱞ ﺣَﻤِﯿﺪ‬

Sachez que j'ai dit ce que je viens de dire en


sachant pertinemment la défection qui vous a
atteints
،ْ‫أﻻ وَﻗَﺪْ ﻗُﻠْﺖُ ﻣﺎ ﻗُﻠْﺖُ ﻋَﻠﻰ ﻣَﻌْﺮِﻓَﺔٍ ﻣِﻨّﻲ ﺑِﺎﻟْﺨَﺬْﻟَﺔِاﻟﱠﺘِﻲ ﺧﺎﻣَﺮَﺗْﻜُﻢ‬

désignent métaphoriquement le gouvernant ou l'administrateur., en


l'occurrence l'imam Ali (p).
180
Vous avez rejeté la foi que vous aviez conservée en la reniant..
181
Sourate Ibrâhîm :14 / 8. : "8. Et Moïse dit: Si vous êtes ingrats, vous
ainsi que tous ceux qui sont sur terre, [sachez] qu'Allah Se suffit à Lui-
même et qu'Il est digne de louange."
212
Mais c'est le débordement de l'âme, le soupir
d'indignation et de colère, l'affaiblissement de la
lance (le dépassement de la limite de la patience)
،‫ وَﺧَﻮَرُ اﻟْﻘَﻨﺎ‬،ِ‫ وَﻧَﻔْﺜَﺔُ اﻟْﻐَﯿْﻆ‬،ِ‫وَﻟﻜِﻨﱠﮭﺎﻓَﯿْﻀَﺔُ اﻟﻨﱠﻔْﺲ‬

La sortie de ce qui ronge le cœur, l'anticipation de


ce qui ne laisse plus de prétexte
.ِ‫ وَﺗَﻘْﺪِﻣَﺔُ اﻟْﺤُﺠﱠﺔ‬،ِ‫وَﺑَﺜﱠﺔُاﻟﺼﱡﺪُور‬
Prenez-le (califat usurpé) donc, sur le dos blessé du chameau, et
son sabot usé
،‫ ﻧَﻘِﺒَﺔَ اﻟْﺨُﻒﱢ‬،ِ‫ﻓَﺪُوﻧَﻜُﻤُﻮھﺎ ﻓَﺎﺣْﺘَﻘِﺒُﻮھﺎ دَﺑِﺮَةَ اﻟﻈﱠﮭْﺮ‬

Une honte durable


،ِ‫ﺑﺎﻗِﯿَﺔَ اﻟْﻌﺎر‬
Marqué par la colère d'Allah, et le déshonneur éternel,
،ِ‫ﻣَﻮْﺳُﻮﻣَﺔً ﺑِﻐَﻀَﺐِ اﷲِ وَﺷَﻨﺎرِ اﻟْﺄَﺑَﺪ‬
Relié au Feu d'Allah, qui monte jusqu'aux coeurs182
.ِ‫ﻣَﻮْﺻُﻮﻟَﺔً ﺑِﻨﺎرِ اﷲِ اﻟْﻤُﻮﻗَﺪَةِ اﻟﱠﺘِﻲ ﺗَﻄﱠﻠِﻊُ ﻋَﻠَﻰ اﻟْﺄَﻓْﺌِﺪَة‬
Sachez que ce que vous êtes en train de faire, vous le faites au
su et au vu d'Allah: " Les injustes verront bientôt le revirement
qu'ils [éprouveront]! "183
،{َ‫ﻓَﺒﻌَﯿْﻦِ اﷲِ ﻣﺎﺗَﻔْﻌَﻠُﻮنَ }وَﺳَﯿَﻌْﻠَﻢُ اﻟﱠﺬِﯾﻦَ ﻇَﻠَﻤُﻮا أَيﱠ ﻣُﻨْﻘَﻠِﺒُﻮن‬

182
Cf. sourate al-Humazah / Le calomniateur : 104 / 6-7. ِ‫ﻧَﺎرُ اﻟﻠﱠﮫ‬
(7)ِ‫(اﻟﱠﺘِﻲ ﺗَﻄﱠﻠِﻊُ ﻋَﻠَﻰ اﻷَﻓْﺌِﺪَة‬6)ُ‫اﻟْﻤُﻮﻗَﺪَة‬
183
Cf. Sourate al-Chu'arâ' /Les Poètes : 26 / 227: "227. à part ceux qui
croient et font de bonnes oeuvres, qui invoquent souvent le nom d'Allah et se
défendent contre les torts qu'on leur fait. Les injustes verront bientôt le
revirement qu'ils [éprouveront]!"
213
Et moi, je suis la fille de celui qui vous a prévenu d'un châtiment
douloureux qui vous attend " Oeuvrez autant que vous pouvez.
Nous aussi, nous oeuvrons. Et attendez. Nous aussi nous
attendons!"184
َ‫ }ﻓَﺎﻋْﻤَﻠُﻮا إﻧّﺎ ﻋﺎﻣِﻠُﻮن‬،ٍ‫وَأَﻧَﺎاﺑْﻨَﺔُ ﻧَﺬِﯾﺮٍ ﻟَﻜُﻢْ ﺑَﯿْﻦَ ﯾَﺪَيْ ﻋَﺬابٍ ﺷَﺪﯾﺪ‬
.{َ‫وَاﻧْﺘَﻈِﺮُوا إﻧّﺎ ﻣُﻨْﺘَﻈِﺮُون‬

184
Cf. Sourate Hûd : 11 / 121-122. : "121. Et dis à ceux qui ne
croient pas: Oeuvrez autant que vous pouvez. Nous aussi,
nous oeuvrons. 122. Et attendez. Nous aussi nous attendons!"
214

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