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ِ‫َ ح‬

ِ‫صيح‬
‫ت َ ْف حس حريِا ْب حنِ َكثريح‬
Sahîh Tafsîr Ibn Kathîr

L'authentique de l'Exégèse du Coran


sublime de l'imam Ibn Kathîr

Tome 1
De sourate N° 1 : Al-Fâtiha (Le Prologue)
à sourate N° 4 : An-Nisâ’ (Les Femmes)

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B
Table de transcription phonétique

Lettre arabe Transcription Lettre arabe Transcription


‫ء‬ Ý ‫غ‬ È
‫ب‬ b ‫ف‬ f
‫ت‬ t ‫ق‬ q
‫ث‬ th ‫ك‬ k
‫ج‬ j ‫ل‬ l
‫ح‬ À ‫م‬ m
‫خ‬ kh ‫ن‬ n
‫د‬ d ‫هـ‬ h
‫ذ‬ dh ‫و‬ w
‫ر‬ r ‫ي‬ y
‫ز‬ z Voyelles courtes

‫س‬ s ‫الفتحة‬ a (al-fatha)

‫ش‬ sh ‫الضّمة‬ u (ad-damma)

‫ص‬ s ‫الكسرة‬ i (al-kasra)

‫ض‬ d Voyelles longues


‫ط‬ t ‫ـا‬ â
‫ظ‬ zh ‫ـو‬ û
‫ع‬ Ä ‫ـي‬ î
Préface
Préface
Louange à Allah, que nous glorifions, duquel nous implorons le pardon,
l’assistance et la guidée et auprès duquel nous nous réfugions contre les maux
de notre âme ainsi que contre nos mauvaises œuvres ! Celui qu’Allah guide,
nul ne pourra l’égarer, et celui qu’Allah égare, nul ne pourra le guider.
J’atteste qu’il n’y a point de divinité digne d’adoration en dehors d’Allah, qui
n’a pas d’associé, et que Muhammad est Son Serviteur et Messager.
La parole la plus véridique est certes la parole d’Allah et la meilleure guidée
est celle du Prophète Muhammad‹. Les pires des choses sont les innovations
en religion, car toute innovation est égarement et tout égarement mène au Feu.
Le Très-Haut a certes dit :

‫ﭽﭤ ﭥ ﭦ ﭧ ﭨ ﭩ ﭪ ﭫ ﭬ ﭭ ﭮ ﭯ ﭰ ﭼ‬
[ Ô croyants ! Craignez Allah comme Il doit être craint. Et ne mourez qu’en
pleine soumission. ] 1
Et Il a dit :

‫ﭽﭑ ﭒ ﭓ ﭔ ﭕ ﭖ ﭗ ﭘ ﭙ ﭚ ﭛ ﭜ ﭝ ﭞ ﭟ ﭠ‬
‫ﭡﭢ ﭣ ﭤ ﭥ ﭦ ﭧ ﭨﭩ ﭪ ﭫ ﭬ ﭭ ﭮ ﭯ ﭼ‬
[ Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être, et a
créé de celui-ci son épouse, et qui de ces deux-là a fait répandre {sur la Terre}
beaucoup d’hommes et de femmes. Craignez Allah au nom duquel vous vous
implorez les uns les autres, et craignez de rompre les liens du sang. Certes
Allah vous observe parfaitement. ] 2
Il a dit aussi :

‫ﭽ ﮥ ﮦ ﮧ ﮨ ﮩ ﮪ ﮫ ﮬ ﮭ ﮮ ﮯ ﮰ ﮱ ﯓ ﯔﯕ‬
‫ﯖﯗ ﯘﯙ ﯚ ﯛ ﯜﯝﯞ ﭼ‬
[ Ô vous qui croyez ! Craignez Allah et parlez avec droiture, afin qu’Il
améliore vos actions et vous pardonne vos péchés. Quiconque obéit à Allah
et à Son Messager obtient certes un immense succès. ] 3

1
S3 V102.
2
S4 V1.
3
S33 V70-71.

5
Préface

Nos motivations
Et certes, la meilleure façon de se rapprocher du Très-Haut est d’apprendre Sa
parole, comme nous l’indique le Messager d’Allah‹ : « Le meilleur d’entre
vous est celui qui apprend le Coran et l’enseigne. »4
L’apprentissage du Coran a pour noble but l’application de ses principes
et l’attachement à ses croyances de façon conforme à ses enseignements. Le
serviteur d’Allah est ainsi dans le besoin impérieux de comprendre la parole
divine, afin que celle-ci pénètre son cœur et son âme, et se ressente à travers
ses faits et gestes au quotidien.
C’est ce qui nous a motivés à réaliser cette explication du Coran, basée sur la
référence incontournable en termes d’exégèse, soit celle de l’érudit Al-Hâfizh
Ibn Kathîr, qu’Allah lui fasse miséricorde.
Nous avons choisi cette exégèse pour sa complétude de même que pour sa
clarté. Elle s’attache à l’exégèse authentique, basée sur la méthodologie des
gens de la sunna, consistant à expliquer le Coran par le Coran lui-même, car
certes ses parties se complètent les unes les autres, et également par la sunna
du Prophète‹ ainsi que par les paroles des compagnons et de leurs
successeurs, qui furent les meilleurs des hommes, comme l’a indiqué le
Messager d’Allah‹ lui-même : « Les meilleurs des hommes sont ceux de
mon époque (…). »5
En effet, la sunna explique le Coran ; l’exemple le plus illustre est celui de la
prière, qui nous a été enseignée dans les détails par le Messager d’Allah‹, là
où le Coran ne l’explicite pas avec précisions et ne l’évoque que dans sa
généralité avec des versets comme le suivant :

‫ﭽﭝ ﭞ ﭟ ﭠ ﭡ ﭢ ﭣ ﭤ ﭥ ﭦ ﭧ ﭨ‬
‫ﭩﭪﭫﭬﭼ‬
[ Glorifiez Allah donc, soir et matin ! A Lui toute louange dans les cieux et la
Terre, dans l’après-midi et au milieu de la journée. ] (S30 V17-18)
Nous avons donc besoin de l’éclairage de la sunna afin de fournir une
explication complète de la parole divine.

4
Al-Bukhârî (5025, 5027), Muslim (938).
5
Al-Bukhârî (2652), Muslim (2533).

6
Préface

Notre méthodologie
Nous avons souhaité, à travers cet ouvrage, simplifier l’exégèse du texte sacré
et la rendre accessible au plus grand nombre. Ainsi, nous avons d’abord opté
pour une traduction du Coran, adaptée par notre équipe à partir de celles
connues, se rapprochant autant que possible du texte originel, même si,
notons-le, il est difficile de reproduire les caractéristiques de la langue arabe
d’une part et il est impossible, d’autre part, de cerner et donc de traduire tous
les sens du Coran, caractérisé par son inimitabilité et la multitude de lectures
et d’interprétations que seul Allah connaît. Aussi, nous avons usé, dans la
même optique, d’un langage clair, simple et concis, sans déroger à la fidélité
au texte de l’exégèse accomplie par l’érudit Al-Hâfizh Ibn Kathîr.
Nous avons autant que possible indiqué au lecteur, par le biais de notes, le
degré d’authenticité de chaque narration prophétique mentionnée, ainsi que sa
référence. Pour plus de clarté, nous avons choisi de ne pas mentionner les
hadiths jugés inventés ni les récits rejetés.
De même, nous n’avons pas souhaité citer l’ensemble des narrateurs des
chaînes de transmission des hadiths, nous contentant de ne mentionner que le
dernier compagnon attribuant la parole au Prophète‹. Ceci, dans l’objectif
de ne pas surcharger le lecteur d’informations qui ne lui seraient point utiles
dans sa démarche de compréhension du saint Coran.
Par ailleurs, nous avons cité, après chaque titre de sourate, les détails relatifs à
celle-ci, soit : le type de cette dernière (mecquoise ou médinoise), le nombre
de versets qui la composent et son classement dans l’ordre chronologique de
la révélation. Nous avons également choisi de présenter le texte coranique à
expliquer sous forme de tableau, comprenant les versets en langue arabe et la
traduction rapprochée du sens de ces versets, revue par notre équipe. Nous
avons ensuite présenté l’exégèse, verset par verset ou en regroupant plusieurs
versets autour d’un même thème, sous un titre accompagné généralement du
numéro de verset (ce dernier étant valable pour les titres qui suivent et qui ne
portent pas de numéro de verset). En effet, afin de faciliter la compréhension
du texte coranique, nous avons ajouté des titres reflétant les thèmes abordés
par les différentes parties des sourates. On retrouve également ces différents
thèmes abordés dans chaque sourate dans le sommaire du livre. Cela permet
au lecteur de pouvoir consulter l’exégèse comme un ouvrage encyclopédique,
en effectuant une recherche par verset, mais aussi de le lire comme un
ouvrage classique, dont les titres représenteraient différents chapitres.

7
Préface

Les versets coraniques en cours d’étude et leurs traductions ainsi que les
versets servant d’exemples sont en gras, encadrés par ces guillemets []. Les
propos prophétiques sont également en gras, afin de les distinguer du reste du
texte, mais encadrés par ces guillemets «» ou ceux-là " ", selon le contexte.
En outre, le « Nous » retrouvé dans la traduction de certains versets
coraniques désigne Allah, et donc prend un sens singulier, c’est pourquoi,
dans ce cas, l’accord au pluriel a été omis.
Certains mots, tels que les noms propres, ont été transcrits phonétiquement
par des lettres et signes qu’on peut retrouver dans la table de transcription
phonétique proposée. A noter que lorsque deux lettres identiques d’un mot
translittéré se succèdent, reliées parfois par un trait d’union, elles sont
marquées par une gémination, c’est-à-dire que leur prononciation prend une
intonation emphatique accentuée.
Nous avons utilisé des symboles calligraphiques dont voici la signification :
‹ : )‫صلَّى هللاُ َعلَ ْي ِه َو َسلَّ َم‬
َ ( Que prière et salut d’Allah soient sur lui !
” : (‫ ) َرضِ َي هللاُ َع ْن ُه‬Qu’Allah l’agrée !
ò : )‫ ( َعلَ ْي ِه ال َّس َل ُم‬Que le salut soit sur lui !
Nous prions le Très-Haut d’accepter notre œuvre et de rendre ce travail
bénéfique à la communauté de Muhammad‹, en espérant que le lecteur
francophone puisse bénéficier de cette traduction qui lui fournira les outils
nécessaires pour une compréhension optimale des paroles divines.
Et nous implorons Allah de récompenser de la meilleure manière, tout
d’abord, l’érudit Al-Hâfizh Ibn Kathîr - qu’Allah lui fasse miséricorde - pour
sa précieuse exégèse, et ceux qui l’ont abrégée. De même, qu’Il gratifie ceux
qui ont effectué sa traduction et sa révision ainsi que tous ceux qui ont
participé à la finalisation, l’édition et la publication de ce modeste ouvrage,
sans oublier ceux qui ont collaboré avec nous de près ou de loin pour parvenir
à l’aboutissement de nombreuses années de travail acharné.
Tout bien qui s’y trouve provient de la grâce divine et toute erreur qui aurait
pu s’y immiscer émane de notre propre faute, et de Satan. Ainsi, nous
demandons au Très-Haut de nous pardonner pour tout manquement de notre
part, puis aux lecteurs de ne pas nous en tenir rigueur.
Que le salut soit sur Muhammad, sur sa famille et ses compagnons. Louange à
Allah, Seigneur de l’univers.
L’Equipe éditoriale

8
Brève biographie de l’exégète Al-Üâfiö Ibn Kaýîr

Brève biographie de l’exégète Al-Üâfiö Ibn Kaýîr


‘Imâd Ad-Dîn Abû Al-Fidâ’ Ismâ‘îl Ibn ‘Umar Ibn Kathîr Al-Kurashî Al-
Basrawî naquit en 701 de l’hégire (1302 apr. J.-C.) à Mijdal, un village dans
la province de Busrâ, au sud de Damas.
Son père, Shihâb Ad-Dîn Abû Hafs ‘Umar Ibn Kathîr, était un juriste
et prédicateur, hélas, il mourut alors que son fils n’était encore qu’un jeune
enfant. Ibn Kathîr fut donc élevé par son frère, Kamâl Ad-Dîn ‘Abdu-l-
Wahhâb, avec lequel il se rendit à Damas. Là-bas, il suivit des études
religieuses et acheva la mémorisation du Coran à l’âge de vingt ans. Il
s’intéressa également aux narrations prophétiques.
Ibn Kathîr eut pour maître Burhân Ad-Dîn Al-Fizârî ainsi que Kamâl Ad-Dîn
Ibn Qâdî Shuhba. Il fréquenta également Al-Hâfizh Al-Mizzî, un savant du
hadith en Egypte.
Il fut aussi le disciple du grand Shaykh Al-Islâm Ibn Taymiyya.
Les éloges ne manquent pas à son sujet et nombreux sont ceux qui le
qualifient de référence en termes de hadiths et d’exégèse.
Il fut l’auteur de plusieurs ouvrages, dont la célèbre exégèse sur laquelle nous
nous sommes basés ici, intitulée Tafsîr Al-Qur’ân Al-‘Azhîm, mais aussi du
livre d’histoire Al-Bidâya wa-n-Nihâya et d’un résumé de la biographie du
Prophète‹.
En fin de vie, il souffrit de cécité avant de décéder en l’an 774 de l’hégire
(1373 apr. J.-C.), puisse Allah l’accueillir en Son infinie miséricorde !

9
Préface d’Ibn Kaýîr

Préface d’Ibn Kaýîr


Louange à Allah qui a commencé Son Livre par la louange en disant :

‫ﭽﭖ ﭗ ﭘ ﭙ ﭚ ﭛ ﭜ ﭝ ﭞ ﭟ ﭠ ﭡ ﭼ‬
[ (…) Louange à Allah, Seigneur de l’univers. Le Tout-Miséricordieux, le
Très-Miséricordieux, le Souverain du Jour de la Rétribution. (…) ]6, qui a
commencé Sa création par la louange en disant :

‫ﭽ ﭑ ﭒ ﭓ ﭔ ﭕ ﭖ ﭗ ﭘ ﭙﭚ ﭛ ﭜ ﭝ ﭞ‬
‫ﭟﭠﭼ‬
[ Louange à Allah qui a créé les cieux et la Terre, et établi les ténèbres et la
lumière. Malgré cela, les mécréants donnent des égaux à leur Seigneur. ]7,
et qui l’en a achevée par la louange en disant, après avoir mentionné le sort
des gens du Paradis et ceux de l’Enfer :

‫ﭽ ﭑ ﭒ ﭓ ﭔ ﭕ ﭖ ﭗ ﭘ ﭙﭚ ﭛ ﭜ ﭝ ﭞ ﭟ ﭠ‬
‫ﭡﭢ ﭣ ﭼ‬
[ Et tu verras les anges faisant cercle autour du Trône, célébrant les louanges
de leur Seigneur et Le glorifiant. Et il sera jugé entre eux en toute équité,
et l’on dira : « Louange à Allah, Seigneur de l’univers… » ]8 Le Très-Haut
a dit :

‫ﭽ ﯷ ﯸ ﯹ ﯺ ﯻ ﯼﯽ ﯾ ﯿ ﰀ ﰁ ﰂ ﰃ ﰄ ﰅ ﰆ ﰇ ﰈ ﭼ‬
[ C’est lui Allah. Pas de divinité digne d’adoration à part Lui. A Lui la
louange ici-bas comme dans l’au-delà. A Lui appartient le jugement. Et vers
Lui vous serez ramenés. ]9 A Lui appartient donc la louange pour la première
et la dernière, c’est-à-dire pour tout ce qu’Il a créé et ce qu’Il créera. Il est le
Digne de louange pour tout cela comme il est dit dans cette invocation : « Ô
Allah, notre Seigneur, à Toi les louanges, autant de louanges pour remplir les
cieux et la Terre et ce que Tu veux encore ! »10

6
S1 V2-4.
7
S6 V1.
8
S39 V75.
9
S28 V70.
10
Muslim (1/343).

10
Préface d’Ibn Kaýîr

Et louange à Allah qui a envoyé Ses Messagers


‫ﭽﭿﮀ ﮁﮂ ﮃﮄﮅﮆﮇﮈ ﭼ‬
[ (…) en tant qu’annonciateurs et avertisseurs, afin qu’après la venue des
Messagers il n’y eût pour les gens point d’argument devant Allah (…) ]11 Le
dernier de Ses Envoyés fut le Prophète illettré, arabe et mecquois qui guida
vers la plus claire des voies. Il l’a envoyé à toutes Ses créatures, hommes
et djinns, du moment de son avènement jusqu’à la fin des temps. Allah a dit :
‫ﭽ ﮢ ﮣ ﮤ ﮥ ﮦ ﮧ ﮨ ﮩ ﮪ ﮫ ﮬ ﮭ ﮮﮯ ﮰ ﮱ‬
‫ﯓ ﯔ ﯕ ﯖﯗ ﯘ ﯙ ﯚ ﯛ ﯜ ﯝ ﯞ ﯟ ﯠ ﯡ‬
‫ﯢﯣﯤ ﭼ‬
[ Dis : « Ô gens ! Je suis pour vous tous le Messager d’Allah, à qui
appartient la royauté des cieux et de la Terre. Pas de divinité digne
d’adoration à part Lui. Il donne la vie et Il donne la mort. Croyez donc en
Allah, en Son Messager, le Prophète illettré qui croit en Allah et en Ses
paroles. Et suivez-le afin d’être bien guidés. » ]12 Le Très-Haut a dit aussi :
‫ﭽ ﭢ ﭣ ﭤ ﭥﭦ ﭼ‬
[ (…) pour que, par lui, je vous avertisse, vous et tous ceux qu’il
atteindra (…). ]13 Celui donc auquel ce Coran parvient, Arabe ou non Arabe,
noir ou rouge, Homme ou djinn, doit le prendre comme avertisseur. Le Très-
Haut dit :
‫ﭽ ﮬ ﮭ ﮮ ﮯ ﮰ ﮱ ﯓﯔ ﭼ‬
[ (…) quiconque d’entre les factions n’y croit pas aura le Feu comme rendez-
vous. (…) ]14 Ainsi, celui qui renie le Coran parmi ceux que nous avons
mentionnés aura le Feu pour destinée. Le Très-Haut a dit :
‫ﭽ ﭞ ﭟ ﭠ ﭡ ﭢﭣ ﭤ ﭥ ﭦ ﭧ ﭨ ﭩ ﭼ‬
[ Laisse-Moi donc avec ceux qui traitent de mensonge ce discours ; Nous
allons les mener graduellement {à leur perte} à leur insu ! ]15

11
S4 V165.
12
S7 V158.
13
S6 V19.
14
S11 V17.
15
S68 V44.

11
Préface d’Ibn Kaýîr

Le Messager d’Allah‹ a dit : « J’ai été envoyé aux rouges et aux noirs. »
C’est-à-dire les hommes et les djinns, selon Mujâhid. 16
Le Messager d’Allah‹ fut envoyé aux deux genres sensés, les hommes
comme les djinns, leur transmettant ce qu’Allah lui a révélé dans ce saint
Livre qui n’est atteint par

‫ﭽ ﮓ ﮔ ﮕ ﮖ ﮗ ﮘ ﮙ ﮚ ﮛﮜ ﮝ ﮞ ﮟ ﮠ ﮡ ﭼ‬
[ le faux {d’aucune part}, ni par devant ni par derrière ; c’est une révélation
émanant d’un Sage, digne de louange. ]17

L’ordre de méditer sur le Coran


Par le Coran, le Messager d’Allah‹ les a informés qu’Allah les exhorte à
méditer dessus. Le Très-Haut a dit :
‫ﭽ ﭻ ﭼ ﭽﭾ ﭿ ﮀ ﮁ ﮂ ﮃ ﮄ ﮅ ﮆ ﮇ ﮈ ﮉ ﭼ‬
[ Ne méditent-ils donc pas sur le Coran ? S’il provenait d’un autre qu’Allah,
ils y trouveraient certes maintes contradictions ! ]18 Et Il a dit :
‫ﭽﭲ ﭳ ﭴ ﭵ ﭶ ﭷ ﭸ ﭹ ﭺ ﭻ ﭼ‬
[ {Voici} un Livre béni que Nous t’avons révélé, afin qu’ils méditent sur ses
versets et que les doués d’intelligence réfléchissent ! ]19 Il a aussi dit :
‫ﭽﮑﮒﮓ ﮔ ﮕﮖﮗﮘ ﭼ‬
[ Ne méditent-ils pas sur le Coran ? Ou y a-t-il des cadenas sur leurs
cœurs ? ] 20
Les ulémas sont donc tenus de dégager les sens des paroles d’Allah et les
expliquer en les cherchant à leur source, les apprendre et les enseigner,
comme a dit le Très-Haut :
‫ﭽﭑ ﭒ ﭓ ﭔ ﭕ ﭖ ﭗ ﭘ ﭙ ﭚ ﭛ ﭜ ﭝ ﭞ‬
‫ﭟ ﭠ ﭡ ﭢﭣ ﭤ ﭥ ﭦ ﭧ ﭼ‬

16
Ahmad (5/145).
17
S41 V42.
18
S4 V82.
19
S38 V29.
20
S47 V24.

12
Préface d’Ibn Kaýîr

[ Allah prit, de ceux auxquels le Livre était donné, cet engagement :


« Exposez-le, certes, aux gens et ne le dissimulez pas ! » Mais ils l’ont jeté
derrière leur dos et l’ont vendu à vil prix. Quel mauvais commerce ils ont
fait ! ]21
Et Il a dit :

‫ﭽﯭ ﯮ ﯯ ﯰ ﯱ ﯲ ﯳ ﯴ ﯵ ﯶ ﯷ ﯸ ﯹ ﯺ ﯻ‬
‫ﯼ ﯽﯾﯿ ﰀ ﰁﰂﰃﰄﰅ ﰆﰇ ﰈ ﭼ‬
[ Ceux qui vendent à vil prix leur engagement avec Allah ainsi que leurs
serments n’auront aucune part dans l’au-delà, et Allah ne leur parlera pas, ni
les regardera, au Jour de la Résurrection, Il ne les purifiera pas et ils auront un
châtiment douloureux. ]22 Allah le Très-Haut a ainsi blâmé les gens du Livre
qui nous ont précédés en raison de leur détournement du Livre divin qui leur
fut révélé, leur attachement au bas monde et ses biens qu’ils amassent,
et l’intérêt qu’ils portent à autre chose que les prescriptions contenues dans le
Livre d’Allah auxquelles ils ne se conforment point.
Nous, musulmans, devons donc nous abstenir de ce pour quoi Allah les a
blâmés, et nous conformer à Ses prescriptions comme le fait d’apprendre le
Livre qu’Il nous a révélé, l’enseigner, méditer dessus et l’expliquer. Le Très-
Haut a dit :

‫ﭽﮮ ﮯ ﮰ ﮱ ﯓ ﯔ ﯕ ﯖ ﯗ ﯘ ﯙ ﯚ ﯛ ﯜ ﯝ ﯞ ﯟ ﯠ‬
‫ﯡ ﯢ ﯣ ﯤ ﯥ ﯦ ﯧ ﯨﯩ ﯪ ﯫ ﯬ ﯭ ﯮ ﯯ ﯰ ﯱ ﯲ‬
‫ﯳ ﯴﯵ ﯶ ﯷ ﯸ ﯹ ﯺ ﯻ ﯼ ﭼ‬
[ Le moment n’est-il pas venu pour ceux qui ont cru, que leurs cœurs
s’humilient à l’évocation d’Allah et devant ce qui est révélé de la vérité ?
Et {qu’ils ne soient} pas pareils à ceux qui ont reçu le Livre avant eux. Ceux-
ci trouvèrent le temps assez long et leurs cœurs s’endurcirent, et beaucoup
d’entre eux sont pervers. Sachez qu’Allah redonne la vie à la terre une fois
morte. Certes, Nous vous avons exposé les preuves clairement afin que vous
raisonniez. ]23

21
S3 V187.
22
S3 S77.
23
S57 V16-17.

13
Préface d’Ibn Kaýîr

Ayant mentionné ce dernier verset avant le précédent, Allah nous fait


remarquer que tout comme Il redonne la vie à la terre une fois morte, Il
adoucit les cœurs par la foi et la guidée, après avoir été endurcis par les
péchés et les désobéissances. Certes, c’est en Allah que nous espérons et c’est
Lui que nous implorons pour nous accorder cela ; certes Il est Généreux
et Noble !

Les principes de l’exégèse


On pourrait se demander quelle est la meilleure méthode pour faire l’exégèse
du Coran ? La réponse est que la méthode la plus juste pour le faire est
d’expliquer le Coran par le Coran. En effet, ce qui y est exposé de façon
générale à un endroit, on le trouve plus détaillé ailleurs. Et si on éprouve du
mal à faire cela, il y a la sunna : elle explique le Coran et l’éclaircit. Allah le
Très-Haut a dit :
‫ﭽ ﯦ ﯧ ﯨ ﯩ ﯪ ﯫ ﯬ ﯭ ﯮ ﯯ ﯰﯱ ﯲ ﯳ ﯴ‬
‫ﯵﯶﭼ‬
[ Nous avons fait descendre vers toi le Livre avec la vérité, pour que tu juges
entre les gens, selon ce qu’Allah t’a appris. Et ne te fais pas l’avocat des
traîtres. ]24 Et Il a dit :
‫ﭽ ﰀ ﰁ ﰂ ﰃ ﰄ ﰅ ﰆ ﰇ ﰈ ﰉﰊ ﰋ ﰌ ﰍ‬
‫ﰎﰏ ﭼ‬
[ Et Nous ne t’avons révélé le Livre qu’afin que tu les éclaires quant au motif
de leur dissension, et pour qu’il soit un guide et une miséricorde pour des
gens croyants. ]25 Il a dit aussi :
‫ﭽﭥ ﭦ ﭧ ﭨ ﭩ ﭪ ﭫ ﭬ ﭭ ﭮ ﭯ ﭼ‬
[ (…) Et vers toi, Nous avons fait descendre le Coran, pour que tu exposes
clairement aux gens ce qu’on a révélé pour eux et afin qu’ils réfléchissent. ]26
Le Messager d’Allah‹ a dit à cet égard : « Certes on m’a accordé le Coran
et ce qui lui est semblable. »27 C’est-à-dire la sunna. En effet, la sunna aussi
lui parvenait par révélation comme le Coran si ce n’est qu’on ne la récite pas
comme ce dernier.

24
S4 V105.
25
S16 V64.
26
S16 V44.
27
Ahmad (4/131).

14
Préface d’Ibn Kaýîr

En somme, il faut chercher l’exégèse du Coran dans le Coran lui-même, et si


on ne la trouve pas, on la cherche dans la sunna. Si l’explication n’est trouvée
ni dans le Coran ni dans la sunna, il faut consulter alors les récits des
compagnons, car ils en sont mieux informés, du fait d’avoir connu les
contextes et les circonstances {de révélation} par lesquels ils se caractérisent,
et de par leur parfaite compréhension, leur savoir authentique et leurs œuvres
pies, notamment les ulémas et les distingués parmi eux, à l’image des califes
et des imams bien guidés, ainsi que ‘Abdu-l-Lâh Ibn Mas‘ûd ”.
L’imam Abû Ja‘far Ibn Jarîr rapporte que ‘Abdu-l-Lâh Ibn Mas‘ûd a dit :
« Par Celui en dehors de qui il n’y a aucune autre divinité digne d’adoration !
Aucun verset coranique n’a été révélé sans que je ne sache au sujet de qui il a
été révélé, et où il a été révélé. Si je connaissais quelqu’un de mieux informé
du Livre d’Allah que moi et qu’on pouvait se rendre auprès de lui au moyen
d’une monture, je m’y rendrais. »28
Il y a aussi l’océan du savoir, ‘Abdu-l-Lâh Ibn ‘Abbâs, le cousin paternel du
Messager d’Allah‹, devenu interprète du Coran grâce à la bénédiction de
l’invocation du Messager d’Allah‹ faite pour lui en disant : « Ô Allah !
Instruis-le en religion et apprends-lui l’interprétation {du Coran] ! »29
Ibn Jarîr rapporte que ‘Abdu-l-Lâh Ibn Mas‘ûd a dit : « Certes, l’interprète du
Coran est Ibn ‘Abbâs ! »30 Ibn Mas‘ûd est décédé en l’an trente-deux de
l’hégire et ‘Abdu-l-Lâh Ibn ‘Abbâs a vécu après lui trente-six ans. Donc
imaginons le savoir qu’il a pu acquérir depuis la mort d’Ibn Mas‘ûd.
Al-A‘mash a dit, d’après Abû Wâ’il : « ‘Alî désigna ‘Abdu-l-Lâh Ibn ‘Abbâs
pour diriger la saison du pèlerinage et celui-ci fit un prêche aux gens. Durant
ce prêche, il récita la sourate Al-Baqara - ou la sourate An-Nûr, selon une
autre version - et en fit une exégèse telle que si les Romains, les Turcs ou les
Daylamites l’entendaient, ils auraient embrassé l’islam. »31 C’est pour cela
que la majeure partie de l’exégèse d’Ismâ‘îl Ibn ‘Abdi-r-Rahmân As-Suddî
Al-Kabîr est tirée de ce que rapportent ces deux hommes, à savoir Ibn Mas‘ûd
et Ibn ‘Abbâs. Mais parfois il lui arrive de rapporter d’eux ce qu’ils ont
raconté des récits des gens du Livre qui furent d’ailleurs autorisés par le
Messager d’Allah‹ lorsqu’il a dit : « Transmettez de ma part ne serait-ce
qu’un verset, et rapportez les récits des Banû Isrâ’îl sans gêne, et quiconque
m’attribue des mensonges, qu’il prenne sa place en Enfer ! »32 C’est pour

28
At-Tabarî (1/80).
29
Fath Al-Bârî (1/205).
30
At-Tabarî (1/90). La chaîne de transmission de ce passage est authentique.
31
At-Tabarî (1/81).
32
Fath Al-Bârî (6/572). Rapporté par Al-Bukhârî d’après ‘Abdu-l-Lâh Ibn ‘Amr.

15
Préface d’Ibn Kaýîr

cette raison que ‘Abdu-l-Lâh Ibn ‘Amr a mis la main sur deux charges de
livres des gens du Livre desquels il rapportait en vertu de l’autorisation
comprise dans ce hadith.
Le statut des récits israélites
Cela dit, les récits israélites doivent être cités pour consolider des preuves (du
Coran et de la sunna) et non comme preuves en soi. Ils sont de trois types : le
premier est avéré en vertu des preuves que nous avons qui attestent de son
authenticité. Le deuxième est apocryphe compte tenu de ce que nous avons
qui prouve cela et qui s’y oppose. Le troisième est neutre, il n’appartient à
aucun des deux types ; on ne peut ni lui prêter foi ni le renier, mais on peut
tout de même le rapporter, comme nous l’avons indiqué précédemment. La
majorité des récits de ce dernier type n’a aucun intérêt religieux. Ils
mentionnent, par exemple, les noms et le nombre des gens de la Caverne (Al-
Kahf) et la couleur de leur chien, ainsi que le type d’arbre duquel le bâton de
Mûsâ était extrait, les espèces d’oiseaux qu’Allah a ressuscités pour Ibrâhîm,
la partie de la vache par laquelle fut frappé l’homme tué, l’espèce d’arbre à
partir duquel Allah S’est adressé à Mûsâ, ainsi que d’autres choses qui n’ont
pas été divulguées par Allah dans le Coran, car elles n’ont aucun intérêt
mondain ou religieux.
Le statut de l’exégèse des Tâbi‘ ûn 33
Lorsqu’on n’arrive pas à trouver l’exégèse d’un passage dans le Coran, ni
dans la sunna ni chez les compagnons, il convient de savoir que nombre
d’ulémas se sont tournés vers les commentaires des Tâbi‘ûn, à l’image de
Mujâhid Ibn Jabr qui fut un exégète exemplaire.
Selon Muhammad Ibn Ishâq, Abbân Ibn Sâlih leur rapporta que Mujâhid dit :
« J’ai exposé le Coran à Ibn ‘Abbâs à trois reprises du début à la fin en
s’arrêtant à chacun de ses versets pour l’interroger à son sujet. »34 Ibn Jarîr
rapporte de son côté qu’Ibn Abî Mulayka dit : « J’ai vu Mujâhid interroger
Ibn ‘Abbâs au sujet de l’exégèse du Coran en portant ses tablettes. Ibn ‘Abbâs
lui demandait alors d’écrire, et il en fut ainsi jusqu’à l’avoir interrogé sur
l’exégèse entière. »35 Sufyân Ath-Thawrî disait à cet égard : « Si l’exégèse te
parvient de la part de Mujâhid, alors contente-toi de cela. »36

33
Il s’agit de la génération de musulmans qui ont vécu au temps des compagnons et les ont
côtoyés, mais qui n’ont pas connu le Messager d’Allah‹ de son vivant.
34
At-Tabarî (1/91).
35
At-Tabarî (1/90).
36
At-Tabarî (1/91).

16
Préface d’Ibn Kaýîr

A l’instar de Sa‘îd Ibn Jubayr, ‘Ikrima l’esclave affranchi d’Ibn ‘Abbâs, ‘Atâ’
Ibn Abî Rabâh, Al-Hasan Al-Basrî, Masrûq Ibn Al-Ajda‘, Sa‘îd Ibn Al-
Musayyab, Abû Al-‘Âliya, Ar-Rabî‘ Ibn Anas, Qatâda, Ad-Dahhâk Ibn
Muzâhim, ainsi que leurs semblables parmi les Tâbi‘ûn et ceux qui les ont
suivis, leurs commentaires sont souvent cités à propos de certains versets. Il
arrive parfois que leurs propos soient différents, ce qui pourrait faire croire au
profane qu’il s’agit d’une divergence, le menant ainsi à en parler à tort et à
travers. Mais ce n’est pas du tout le cas, car certains d’entre eux expriment la
même idée avec des termes équivalents ou corrélatifs, et d’autres l’expriment
avec des termes adéquats. Cependant, toutes ces expressions visent le même
sens, généralement. Que les doués d’intelligence y prêtent donc attention,
et c’est Allah qui nous guide !

L’exégèse par opinion personnelle


Interpréter le Coran par sa propre opinion est illicite. En ce sens, Muhammad
Ibn Jarîr rapporte, d’après Ibn ‘Abbâs, que le Prophète‹ a dit : « Celui qui
interprète le Coran par sa propre opinion ou sans connaissance, qu’il prenne
sa place en Enfer ! »37

S’abstenir d’interpréter ce qu’on ne sait pas


Les prédécesseurs pieux (salaf) se gardaient d’interpréter ce dont ils n’avaient
pas de connaissance. A ce sujet, Ibn Jarîr rapporte, d’après Abû Ma‘mar,
qu’Abû Bakr As-Siddîq ” a dit : « Quelle terre me portera et quel ciel
m’ombragera si je dis à propos du Livre d’Allah ce que je ne sais pas ? »38
On rapporte aussi, d’après Anas, que ‘Umar Ibn Al-Khattâb ” récita le verset
suivant à partir du Minbar :
‫ﭽﯯ ﯰ ﯱ ﭼ‬
[ fruits et herbages ]39, avant de dire : « Nous connaissons les fruits, mais
qu’est-ce qu’Al-Abb (herbages) ? » Puis il se dit : « ‘Umar ! C’est cela
l’abus ! »40 Il se pourrait que ‘Umar voulait découvrir le comment du Abb,
car le fait qu’il s’agisse d’une plante qui pousse dans la terre est évident,
comme l’attestent les paroles d’Allah suivantes :
‫ﭽﯢ ﯣ ﯤ ﯥ ﯦ ﯧ ﯨ ﭼ‬

37
At-Tabarî (1/71). Tuhfat Al-Ahwadhî (8/177), An-Nasâ’î (114), Abû Dâwud (4/423). At-
Tirmidhî le qualifie de hasan.
38
At-Tabarî (1/78).
39
S80 V31.
40
At-Tabarî (24/229).

17
Préface d’Ibn Kaýîr

[ …et y faisons pousser grains, vignobles et légumes… ] 41


Selon Ibn Jarîr, Ibn Abî Mulayka rapporte qu’Ibn ‘Abbâs fut interrogé au
sujet d’un verset,- si la question était posée à l’un d’entre vous, il aurait donné
son avis - mais il refusa de donner son sentiment.42 Toujours selon Ibn Jarîr,
Ibn Abî Mulayka rapporte qu’un homme interrogea Ibn ‘Abbâs au sujet du
verset :

‫ﭽ ﮕﮖ ﮗﮘﮙﭼ‬
[ (…) un jour équivalant à mille ans (…). ]43 Mais Ibn ‘Abbâs lui demanda à
son tour ce que voulait dire le verset :

‫ﭽﯩ ﯪ ﯫ ﯬ ﯭ ﯮ ﯯ ﭼ‬
[ (…) un jour dont la durée est de cinquante mille ans. ]44
L’homme dit alors : « Je t’ai interrogé pour avoir une explication ! » Ibn
‘Abbâs répondit : « Ce sont deux jours qu’Allah a cités dans Son Livre
et dont Allah seul en a connaissance. » Il répugna à parler de ce qu’il ignorait
au sujet du Livre d’Allah.45
Al-Layth rapporte, d’après Yahyâ Ibn Sa‘îd, que Sa‘îd Ibn Al-Musayyab ne
parlait que de ce qu’il savait du Coran.46 Ayyûb, Ibn ‘Awn et Hishâm Ad-
Distiwâ’î rapportent que Muhammad Ibn Sîrîn a dit : « J’ai interrogé
‘Ubayda {As-Salmânî} au sujet d’un verset coranique et il a répondu : "Ceux
qui ont connaissance des circonstances de révélation du Coran ne sont plus de
ce monde. Crains donc Allah et sois droit !" »47 Ash-Sha‘bî rapporte que
Masrûq a dit : « Gardez-vous de faire l’exégèse, car il s’agit de rapporter à
propos d’Allah. »48
Ces récits authentiques des compagnons et des imams prédécesseurs pieux
démontrent leur abstention à s’engager dans l’exégèse sans savoir. Quant à
ceux qui s’y engageaient en ayant les connaissances linguistiques
et religieuses requises, nul grief contre eux. C’est pour cette raison d’ailleurs
que les commentaires de ces derniers concernant l’exégèse furent rapportés,

41
S80 V27-28.
42
At-Tabarî (1/86). La chaîne de transmission de ce récit est authentique.
43
S32 V5.
44
S70 V4.
45
At-Tabarî (23/602).
46
At-Tabarî (1/86).
47
At-Tabarî (1/86).
48
At-Tabarî (1/86).

18
Préface d’Ibn Kaýîr

sans aucune contradiction, car ils ont abordé ce qu’ils savaient et se sont
abstenus de ce qu’ils ignoraient. C’est ce que tout le monde doit faire, car
comme il est obligatoire de se taire sur ce que l’on ignore, il faut parler de ce
qu’on sait lorsqu’on nous le demande. Allah a dit à cet égard :

‫ﭽﭘ ﭙ ﭚ ﭛ ﭼ‬
[ (…) Exposez-le, certes, aux gens et ne le dissimulez pas ! (…) ] 49
Le hadith suivant aussi en parle, rapporté selon diverses chaînes de
transmission : « Quiconque est sollicité pour un savoir qu’il détient mais le
dissimule se verra bridé par une bride en feu le Jour de la Résurrection. »50

Les types d’exégèse du Coran


Ibn ‘Abbâs dit : « L’exégèse {du Coran} est de quatre types : l’exégèse que
les Arabes connaissent grâce à leur langue, l’exégèse que tout le monde est
tenu de connaître, l’exégèse que les savants connaissent et l’exégèse que seul
Allah connaît. »51

Les sourates mecquoises et médinoises


Hammâm rapporte que Qatâda a dit : « Les sourates qui furent révélées à
Médine sont : Al-Baqara (La Vache), Âl ‘Imrân (La Famille de ‘Imrân), An-
Nisâ’ (Les Femmes), Al-Mâ’ida (La Table), Barâ’a (Le Repentir), Ar-Ra‘d
(Le Tonnerre), An-Nahl (Les Abeilles), Al-Hajj (Le Pèlerinage), An-Nûr (La
Lumière), Al-Ahzâb (Les Coalisés), Muhammad, Al-Fath (La Victoire
éclatante), Al-Hujurât (Les Appartements), Ar-Rahmân (Le Tout-
Miséricordieux), Al-Hadîd (Le Fer), Al-Mujâdala (La Discussion), Al-Hashr
(L’Exode), Al-Mumtahana (L’Eprouvée), As-Saff (Le Rang), Al-Jumu‘a (Le
Vendredi), Al-Munâfiqûn (Les Hypocrites), At-Taghâbun (La Grande perte),
At-Talâq (Le Divorce), ainsi que les dix premiers versets de la sourate At-
Tahrîm (L’Interdiction), Az-Zalzala (La Secousse) et An-Nasr (Le Secours).
Le reste du Coran fut révélé à La Mecque. »52

Le nombre de versets coraniques


Le nombre des versets coraniques est de six mille. Toutefois, cela fut l’objet
de divergences, affirmant que leur nombre est supérieur. Certains

49
S3 V187.
50
Ahmad (2/263, 305, 495), Tuhfat Al-Ahwadhî (7/407), Al-Hâkim (1/101).
51
At-Tabarî (1/75).
52
Al-Itqân (1/28).

19
Préface d’Ibn Kaýîr

maintiennent ce nombre, d’autres ont en ajouté deux cent quatre versets, ou


encore quatorze versets, ou encore deux cent dix-neuf versets, ou encore deux
cent vingt-cinq versets, ou encore vingt-six versets, ou encore deux cent
trente-six versets. Cela a été rapporté par Abû ‘Amr Ad-Dânî dans son livre
intitulé « Al-Bayân ».

Le nombre de mots et de lettres du Coran


Quant aux mots du Coran, Al-Fadl Ibn Shâdhân dit, d’après ‘Atâ’ Ibn Yasâr,
que leur nombre est de soixante-dix-sept mille quatre cent trente-neuf.
Concernant ses lettres, ‘Abdu-l-Lâh Ibn Kathîr dit, d’après Mujâhid, qu’ils ont
en compté trois cent vingt-et-un mille cent quatre-vingts. Par contre, Al-Fadl
dit, d’après ‘Atâ’ Ibn Yasâr, que leur nombre est de trois cent vingt-trois mille
cent quinze. De son côté, Salâm Abû Muhammad Al-Hammânî dit qu’Al-
Hajjâj réunit les lecteurs du Coran, ceux qui le mémorisaient et les scribes,
puis il leur demanda de lui donner le nombre complet des lettres du Coran.
Après en avoir fait le compte, ils arrêtèrent le nombre unanimement à trois
cent quarante mille sept cent quarante lettres.

Les autres répartitions du Coran


Ensuite, Al-Hajjâj leur demanda de lui indiquer où se situait le milieu du
Coran. Ils trouvèrent qu’il se situe à la dernière lettre de la parole d’Allah
dans la sourate Al-Kahf :

‫ﭽﯫ ﭼ‬
[ (…) Qu’il agisse avec tact (…) ]53. Ils trouvèrent aussi que le premier tiers
du Coran se termine à la fin du centième verset de la sourate At-Tawba, le
deuxième tiers à la fin du centième ou du cent et unième verset de la sourate
Ash-Shu‘arâ’, et le troisième tiers se termine à la fin du Coran.
Le premier septième du Coran, quant à lui, se termine à la dernière lettre des
paroles d’Allah :

‫ﭽﭽ ﭾ ﭿ ﮀ ﮁ ﮂ ﮃ ﭼ‬
[ Certains d’entre eux ont cru en lui, d’autres s’en sont écartés. (…) ]54, le
deuxième septième se termine à la dernière lettre du mot suivant, figurant
dans les paroles d’Allah de la sourate Al-A‘râf :

53
S18 V19.
54
S4 V55.

20
Préface d’Ibn Kaýîr

‫ﭽﮡ ﭼ‬
[ … sont vaines ]55, le troisième septième se termine à la parole d’Allah dans
la sourate Ar-Ra‘d :

‫ﭽﭝ ﭼ‬
[ ses fruits ]56, le quatrième septième se termine aux paroles d’Allah dans la
sourate Al-Hajj :

‫ﭽﮀﮁ ﭼ‬
[ (…) Nous avons assigné un rite sacrificiel (…). ]57, le cinquième septième
se termine aux paroles d’Allah dans la sourate Al-Ahzâb :

‫ﭽ ﭑ ﭒ ﭓ ﭔ ﭕﭼ‬
[ Il n’appartient pas à un croyant ou à une croyante (…). ]58, le sixième
septième se termine aux paroles d’Allah dans la sourate Al-Fath :

‫ﭽ ﮜ ﮝ ﮞ ﮟﮠ ﭼ‬
[ (…) qui pensent du mal d’Allah (…). ]59, et le dernier septième se termine à
la fin du Coran.
Sallâm Ibn Muhammad dit qu’ils avaient appris cela en quatre mois. Par
ailleurs, on dit qu’Al-Hajjâj récitait un quart du Coran chaque nuit. Le
premier quart du Coran se termine donc à la fin de la sourate Al-An‘âm, le
deuxième quart se termine à la parole d’Allah dans la sourate Al-Kahf :

‫ﭽﯫ ﭼ‬
[ (…) Qu’il agisse avec tact (…). ]60, le troisième quart se termine à la fin de
la sourate Az-Zumar et le dernier se termine à la fin du Coran. Cela dit, le
Cheikh Abû ‘Amr Ad-Dânî rapporte, dans son livre intitulé « Al-Bayân »,
une répartition complètement différente de celle-là. Allah est plus savant.

55
S7 V147.
56
S13 V35.
57
S22 V34.
58
S33 V36.
59
S48 V6.
60
S18 V19.

21
Préface d’Ibn Kaýîr

La répartition du Coran en hizb et en juz’


Il est bien connu que le Coran est réparti en trente juz’, tel qu’il est pratiqué
dans les écoles coraniques et ailleurs. Nous avons évoqué précédemment le
récit parlant de la façon dont les compagnons répartissaient le Coran. Ce récit
a été rapporté par l’imam Ahmad dans son « Musnad », Abû Dâwud dans
son « Sunan » et Ibn Mâjah, d’après Aws Ibn Hudhayfa qui interrogea des
compagnons du Messager d’Allah‹ de son vivant sur leur façon de répartir
le Coran. Ils répondirent : « Trois61, cinq, sept, neuf, onze, treize et le
Mufassal jusqu’à la fin. »62

La signification du terme sourate et son origine


Le sens du terme « sourate » (‫ُورة‬
َ ‫ )س‬a suscité des divergences d’opinion quant
à son origine. Certains affirment que la sourate vient du mot éminence
et élévation. Elle désigne ainsi le rang élevé, ou la muraille qui forme une
enceinte. D’autres disent que la sourate fut appelée ainsi, car elle est une
partie du Coran et une division, ainsi elle est tirée du mot « as’ar » qui
signifie ce qui reste dans le récipient. D’autres encore indiquent qu’elle est
appelée ainsi parce qu’elle est complète et parfaite, vu que les Arabes
qualifiaient de sourate le chameau parfait. Pour moi, ce terme peut bien
désigner le rassemblement et l’encerclement, car la sourate rassemble
et entoure ses versets, à l’image de la muraille (sûr -‫ )سُور‬qui sert d’enceinte.
Le pluriel du terme « sourate » (sûrat) en arabe est suwar, sûrât ou suwarât.

La signification du terme « âya »


Le terme « âya » (‫ آ َية‬- verset) désigne le signe qui marque la rupture entre les
différents énoncés, c’est-à-dire que chaque âya se distingue et se détache de
l’autre.
Allah le Très-Haut dit :

‫ﭽﯠ ﯡ ﯢ ﭼ‬
[ (…) Le signe de son investiture (…). ]63

61
Il s’agit là du nombre de sourates. Le compte commence après la sourate Al-Fâtiha, c’est-à-
dire à partir de la sourate Al-Baqara. Il est à noter que la répartition du Coran en trente juz’
fut l’œuvre d’Al-Hajjâj. Le juz’ est reparti en deux hizb, ce qui en fait en tout soixante.
62
Ahmad (4/9), Abû Dâwud (2/114), Ibn Mâjah (1/427).
63
S2 V248.

22
Préface d’Ibn Kaýîr

Selon un autre avis, on a appelé âya ainsi, car c’est un prodige que les
hommes ne peuvent imiter. Le pluriel du mot « âya » est ây, âyât ou âyây.

La signification du terme « kalima »


Le terme « kalima » (‫ ) َكلِ َمة‬désigne un mot, mais il peut être constitué de deux
lettres comme « mâ » (‫ ) َما‬et « lâ » (‫) َل‬, etc., ou encore plus de lettres, dix le
plus souvent, comme :

‫ﭽﭳ ﭼ‬
[ Il leur donnerait la succession ]64, et :

‫ﭽﰂ ﭼ‬
[ devrons-Nous vous l’imposer ]65, et :

‫ﭽﮏ ﭼ‬
[ dont Nous vous abreuvons. ]66
Parfois une seule kalima constitue un verset entier comme :
‫ﭽﭑ ﭒ ﭼ‬
[ Par l’Aube ! ]67,

‫ﭽﭲ ﭳ ﭼ‬
[ Par le jour montant ! ]68, et :

‫ﭽﭑ ﭒ ﭼ‬
[ Par le temps ! ]69 Il y a aussi :

‫ﭽﭑ ﭒ ﭼ‬
[ Alif, Lâm, Mîm ]70,

64
S24 V55.
65
S11 V28.
66
S15 V22.
67
S89 V1.
68
S93 S1.
69
S103 V1.

23
Préface d’Ibn Kaýîr

‫ﭽﭵ ﭶ ﭼ‬
[ Tâ, Hâ ]71,

‫ﭽﭬ ﭭ ﭼ‬
[ Yâ, Sîn ]72,

‫ﭽﭑ ﭒ ﭼ‬
[ Hâ, Mîm ]73, et :

‫ﭽﭑ ﭒ ﭓ ﭔ ﭼ‬
[ Hâ, Mîm. ‘Ayn, Sîn, Qâf. ]74 Les ulémas de Kûfâ considèrent ces termes
comme des kalima, par contre, certains ne les qualifient pas ainsi, disant
plutôt qu’ils sont uniquement des lettres débutant les sourates. Abû ‘Amr Ad-
Dânî dit à ce sujet : « Je ne connais aucune kalima qui constitue à elle seule
un verset, à part la parole d’Allah dans sourate Ar-Rahmân :

‫ﭽﯳ ﯴ ﭼ‬
[ Ils sont d’un vert sombre. ]75 »

Les termes non arabes dans le Coran


Selon Al-Qurtubî, il y a consensus quant au fait que le Coran ne contient pas
d’expression non arabe, hormis quelques noms propres à l’instar d’Ibrâhîm,
Nûh et Lût. Contient-il d’autres termes non arabes ? Cela fut l’objet de
divergences. Al-Bâqillânî et At-Tabarî, de leur côté, rejetèrent cela en
indiquant que les termes non arabes qu’on trouve dans le Coran appartenaient
au langage commun.

70
S2 V1.
71
S20 V1.
72
S36 V1.
73
S44 V1.
74
S42 V1-2.
75
S55 V64.

24
Sourate N˚ 1 : Al-FâtiÀa - Le Prologue

Sourate N˚ 1 : Al-FâtiÀa - Le Prologue


(mecquoise, nombre de versets : 7, ordre chronologique : 5)

ُ‫اِت حة‬
َ ‫سُ َورةُُالُفَ ح‬
Les noms de la sourate Al-FâtiÀa et leurs sens
En arabe, cette sourate s’intitule « Al-Fâtiha » (‫)الفا ِتحة‬, qui signifie en français
« le prologue, l’ouverture », autrement dit, l’introduction du Livre. C’est
aussi par cette sourate que le croyant débute la récitation du Coran au cours de
la prière. Elle est aussi appelée « la Mère du Livre » (‫)أُم ال ِكتاب‬. At-Tirmidhî
rapporte et authentifie le hadith suivant, rapporté par Abû Hurayra ”, d’après
lequel le Messager d’Allah‹ a dit : « "Louange à Allah, le Seigneur de
l’univers" est la Mère du Livre, les sept versets que l’on répète et le Coran
sublime. »
La sourate Al-Fâtiha est aussi appelée « la louange » (‫)الحم ُد‬, « la prière »
(‫)الصََّلة‬, d’après les paroles d’Allah rapportées par le Prophète‹ : « J’ai
partagé la prière en deux parts égales, entre Moi et Mon serviteur. Ainsi,
lorsque le serviteur dit : "Louange à Allah, le Seigneur de l’univers", Allah
dit : "Mon serviteur M’a loué." »76
Al-Fâtiha est ainsi appelée « la prière », car elle est une condition de validité
de celle-ci. Elle est aussi nommée « ar-ruqya77 » (‫)الرقية‬, d’après le hadith
authentique rapporté par Al-Bukhârî, d’après Abû Sa‘îd Al-Khudrî ” qui,
l’ayant récitée pour soigner un homme mordu par un serpent, a entendu le
Messager d’Allah‹ lui dire : « Comment as-tu su qu’elle est une
ruqya ? »78
Cette sourate fut révélée à La Mecque, d’après Ibn ‘Abbâs, Qatâda et Abû Al-
‘Âliya, car Allah, le Très-Haut, dit :
‫ﭽﯝ ﯞ ﯟ ﯠ ﯡ ﭼ‬
[ Nous t’avons certes donné « les sept versets que l’on répète » (…). ] 79
Et Allah est le plus savant.

76
Tuhfat Al-Ahwadhî (8/283).
77
On appelle « ruqya » la guérison par la récitation du Coran, des formules de rappel et des
invocations.
78
Fath Al-Bârî (4/529).
79
S15 V87, et la sourate Al-Hijr (15) fut elle-même révélée à La Mecque, ce qui permet de
dire que la Fâtiha également puisqu’Al-Hijr y fait allusion.

25
Sourate N˚ 1 : Al-FâtiÀa - Le Prologue

Le nombre de ses versets


Elle comporte sept versets, sans aucune divergence entre les savants. Et la
basmala80 est un verset à part entière, se situant au début de la sourate, comme
l’affirment la majorité des lecteurs de Kûfa ainsi qu’un groupe de
compagnons, de leurs successeurs et de savants des générations leur ayant
succédé.

Le nombre de mots et de lettres qu’elle contient


Les savants disent qu’elle contient vingt-cinq mots, soit cent treize lettres.

Pourquoi est-elle appelée la Mère du Livre ?


Al-Bukhârî a dit, au début de son Sahîh traitant de l’exégèse : « Elle fut
appelée "la Mère du Livre", car le Coran débute par elle et parce que c’est par
elle que l’on commence à réciter lors de la prière. »81
Il a aussi été dit qu’elle porte ce nom parce qu’elle réunit à elle seule tous les
enseignements coraniques et, d’après Ibn Jarîr, les Arabes appellent « mère »
ce qui rassemble ou ce qui introduit d’autres choses en les rassemblant. Ainsi,
la peau recouvrant et rassemblant le cerveau est appelée « la mère de la tête »
ْ ُ ُ
(‫س‬ِ ‫)أم الرَّ أ‬. La Mecque est aussi appelée « la mère des Cités » (‫)أم القُ َرى‬, car elle
a précédé les autres cités et elle en est le centre. D’autres ont aussi dit que la
terre fut étendue à partir d’elle.82
L’imam Ahmad rapporte, d’après Abû Hurayra ”, que le Prophète‹ a dit,
en parlant de la sourate Al-Fâtiha : « Elle est la Mère du Livre, les sept
versets que l’on répète et le Coran sublime. »83
Selon Abû Hurayra ”84, le Messager d’Allah‹ a dit : « Elle est la Mère du
Livre, l’ouverture du Livre et les sept versets que l’on répète. »

80
La basmala est la parole « au nom d’Allah, le Tout-Miséricordieux, le Très-
Miséricordieux ».
81
Fath Al-Bârî (8/6).
82
At-Tabarî (1/107).
83
Ahmad (2/248).

26
Sourate N˚ 1 : Al-FâtiÀa - Le Prologue

Les mérites de cette sourate


L’imam Ahmad Ibn Hanbal, qu’Allah lui fasse miséricorde, rapporte dans son
Musnad le récit d’Abû Sa‘îd Ibn Al-Mu‘allâ : « Alors que je priais, le
Messager d’Allah‹ m’appela. Je ne lui répondis qu’une fois ma prière
achevée et me rendis auprès de lui. Il me demanda alors : "Qu’est-ce qui t’a
empêché de venir à moi ?" Je répondis : "Ô Messager d’Allah ! Je priais !" Il
dit alors : "Allah, le Très-Haut, ne dit-Il pas : [ Ô vous qui avez cru !
Répondez à Allah et à Son Messager lorsqu’il vous appelle à ce qui vous est
vital ! ]" Puis, il ajouta : "Je vais certes t’apprendre la plus grande sourate du
Coran avant que tu ne sortes de la mosquée." Il me prit la main et, alors que
nous nous apprêtions à quitter la mosquée, je lui dis : "Ô Messager d’Allah,
ne m’as-tu pas dit que tu m’apprendrais la plus grande sourate du Coran ?" Il
dit alors : "Oui ! [ Louange à Allah, le Seigneur de l’univers ], ce sont les
sept versets, le Coran sublime qui m’a été donné !" »85
Il est rapporté, dans le recueil authentique de Muslim, ainsi que dans les
Sunan d’An-Nasâ’î, le récit suivant d’Ibn ‘Abbâs ” : « Tandis que Jibrîl se
trouvait avec le Messager d’Allah‹, ce dernier entendit un craquement
provenant d’au-dessus. Jibrîl leva les yeux au ciel et lui dit : "C’est une porte
du ciel qui vient de s’ouvrir pour la première fois." Un ange descendit et se
dirigea vers le Prophète‹ en disant : "Réjouis-toi des deux lumières qui t’ont
été accordées aujourd’hui, et qui n’ont été accordées à aucun Prophète avant
toi ! C’est la sourate Al-Fâtiha et les derniers versets de la sourate Al-Baqara.
Chaque fois que tu réciteras la moindre lettre de ces versets, tu seras exaucé
pour les invocations qui s’y trouvent." »86

La sourate Al-Fâtiha au cours de la prière


Muslim rapporte, selon Abû Hurayra ”, que le Messager d’Allah‹ a dit :
« Celui qui prie sans réciter, au cours de sa prière, la Mère du Coran, sa prière
est incomplète.»
Il répéta trois fois ces paroles et quelqu’un dit à Abû Hurayra : « Nous prions
derrière l’imam. » Il dit alors : « Récite-la en toi-même, car j’ai entendu le
Messager d’Allah‹ dire : "Allah, élevé et exalté, a dit : "J’ai partagé la
prière en deux parts, entre Moi et Mon serviteur, et Mon serviteur aura ce

84
D’après Abû Ja‘far Muhammad Ibn Jarîr At-Tabarî (1/107).
85
Ahmad (4/211), et rapporté en ces termes par Al-Bukhârî, Abû Dâwud, An-Nasâ’î et Ibn
Mâjah.
86
An-Nasâ’î (5/12). Muslim le rapporte en des termes similaires (1/554).

27
Sourate N˚ 1 : Al-FâtiÀa - Le Prologue

qu’il demande", ainsi lorsqu’il dit : [ Louange à Allah, Seigneur des


Mondes ], Allah dit : "Mon serviteur M’a loué !" et lorsqu’il dit : [ Le Tout-
Miséricordieux, le Très-Miséricordieux ], Allah dit : "Mon serviteur M’a
glorifié". Lorsque le serviteur dit : [ Maître du Jour de la Rétribution ], Allah
dit : "Mon serviteur M’a exalté !" (Ou selon une autre version : "Mon
serviteur s’en est remis à Moi !") Lorsqu’il dit : [ C’est Toi seul que nous
adorons, c’est Toi seul dont nous implorons le secours ! ], Allah dit : "Ceci
est pour Moi et pour Mon serviteur, et Mon serviteur obtiendra ce qu’il
demande". Lorsqu’il dit : [ Guide-nous vers le droit chemin, le chemin de
ceux que Tu as comblés, non celui de ceux qui ont encouru Ta colère ni des
égarés ], Allah dit : "Ceci est pour Mon serviteur, et Mon serviteur obtiendra
ce qu’il demande". »87

L’obligation de réciter Al-Fâtiha au cours de la prière, que


l’on soit un prieur seul, un imam ou un suiveur
Tout ce que nous avons mentionné ci-dessus montre qu’il est indispensable de
réciter la sourate Al-Fâtiha au cours de la prière et les savants sont unanimes à
ce sujet. Et nous avons déjà cité le hadith suivant : « Celui qui prie sans
réciter au cours de sa prière la Mère du Coran, sa prière est incomplète. »88
Al-Bukhârî et Muslim rapportent également, d’après ‘Ubâda Ibn As-Sâmit ”,
que le Messager d’Allah‹ a dit : « Pas de prière pour celui qui ne récite pas
l’ouverture du Livre ! »89
Dans les recueils authentiques d’Ibn Khuzayma et d’Ibn Hibbân, Abû
Hurayra ” rapporte que le Messager d’Allah‹ a dit : « La prière de celui
qui n’y récite pas la Mère du Livre n’est pas suffisante. »90 Les hadiths à ce
sujet sont très nombreux.

Al-Isti‘âdha91 et ses règles


Allah, le Très-Haut, a dit :

87
Rapporté par An-Nasâ’î (5/11, 12), et dans une autre version de Muslim et d’An-Nasâ’î :
« La moitié pour Moi et la moitié pour Mon serviteur, et Mon serviteur aura ce qu’il
demande. » Muslim (1/296).
88
Ahmad (2/250).
89
Fath Al-Bârî (2/276) et Muslim (1/295).
90
Ibn Khuzayma (1/248) et Ibn Hibbân (3/139).
91
Al-Isti‘âdha est le fait de dire : « Je cherche la protection d’Allah contre Satan le maudit »
(‫ج ِيم‬
ِ َّ‫ان الر‬ ُ ‫)أَ ُع‬.
ِ ‫وذ بِاللِ ِم َن ال َّش ْي َط‬

28
Sourate N˚ 1 : Al-FâtiÀa - Le Prologue

‫ﭽﭵ ﭶ ﭷ ﭸ ﭹ ﭺ ﭻ ﭼ ﭽ ﭾ ﭿ ﮀ ﮁ‬
‫ﮂ ﮃﮄ ﮅ ﮆ ﮇ ﮈ ﭼ‬
[ Accepte ce qu’on t’offre de raisonnable, commande ce qui est convenable
et éloigne-toi des ignorants. Et si jamais le diable t’incite à faire le mal,
cherche refuge auprès d’Allah, car Il entend, et sait tout. ] 92
Et :
‫ﭽ ﮏ ﮐ ﮑ ﮒ ﮓﮔ ﮕ ﮖ ﮗ ﮘ ﮙ ﮚ ﮛ ﮜ ﮝ ﮞ ﮟ‬
‫ﮠ ﮡﮢ ﮣ ﮤ ﮥ ﮦﮧ ﭼ‬
[ Repousse le mal par ce qui est meilleur. Nous savons très bien ce qu’ils
décrivent. Et dis : « Seigneur, je cherche Ta protection contre les incitations
des diables, et je cherche Ta protection, Seigneur, contre leur présence auprès
de moi ! » ] 93
Ces versets sont uniques dans leur signification, Allah le Très-Haut nous y
ordonne d’agir avec nos ennemis, parmi les hommes, de façon convenable
et avec bienfaisance afin que leur bonne nature, à la base, en fasse des alliés
sincères.
Il nous y ordonne aussi de chercher Sa protection contre nos ennemis parmi
les diables. Il est en effet indispensable de se prémunir contre eux, car ils ne
se laissent jamais amadouer, quand bien même nous userions de bienveillance
à leur égard. Satan n’a d’autre but que celui d’égarer les hommes, à cause de
son inimitié envers Âdam, le père de l’humanité.
Le Très-Haut a dit :

‫ﭽ ﮊ ﮋ ﮌ ﮍ ﮎ ﮏﮐ ﮑ ﮒ ﮓﭼ‬
[ Ô Fils d’Âdam ! Que le diable ne vous tente point, comme vos père et mère
qu’il a fait sortir du Paradis (…). ] 94
Satan a trompé notre ancêtre Âdam en disant qu’il était pour lui un conseiller
sincère, et comment pourrait-il en être autrement, après qu’il ait dit :

‫ﭽﰖﰗ ﰘﰙ ﰚ ﰛ ﰜ ﰝﰞﰟ ﭼ‬

92
S7 V199-200.
93
S23 V96-98. Voir aussi S41 V34-36.
94
S7 V27. Voir aussi S35 V6 et S18 V50.

29
Sourate N˚ 1 : Al-FâtiÀa - Le Prologue

[ « Par Ta puissance, dit {Satan}, je les séduirai assurément tous, sauf Tes
serviteurs élus parmi eux ! » ] 95
Le Très-Haut dit aussi :

‫ﭽﮝ ﮞ ﮟ ﮠ ﮡ ﮢ ﮣ ﮤ ﮥ ﮦ ﮧ ﮨ ﮩ ﮪ ﮫ‬
‫ﮬﮭﮮﮯﮰﮱ ﯓﯔﯕﯖﯗﯘﯙ‬
‫ﯚ ﯛﭼ‬
[ Lorsque tu lis le Coran, demande la protection d’Allah contre le diable
banni. Il n’a aucun pouvoir sur ceux qui croient et qui placent leur confiance
en leur Seigneur. Il n’a de pouvoir que sur ceux qui le prennent pour allié
et qui deviennent associateurs à cause de lui. ] 96

Al-Isti‘âdha est à prononcer avant la récitation du Coran


Le sens de la parole d’Allah :

‫ﭽﮝ ﮞ ﮟ ﮠ ﮡ ﮢ ﮣ ﮤ ﮥ ﭼ‬
[ Lorsque tu lis le Coran, demande la protection d’Allah contre le diable
banni ] 97 est : si tu veux lire le Coran, alors demande la protection d’Allah
contre Satan le maudit.
Le Très-Haut dit également :

‫ﭽﭔ ﭕ ﭖ ﭗ ﭘ ﭙ ﭚ ﭼ‬
[ Ô croyants ! Lorsque vous vous levez pour la prière, lavez vos visages
et vos mains jusqu’aux coudes (…). ] 98 C’est-à-dire que, lorsque vous vous
levez pour prier, lavez-vous le visage et les mains. Les hadiths viennent
prouver une telle interprétation.
L’imam Ahmad Ibn Hanbal, qu’Allah lui fasse miséricorde, rapporte d’après
Abû Sa‘îd Al-Khudrî ”, que lorsque le Messager d’Allah‹ se levait la nuit
pour prier, il commençait sa prière en célébrant la grandeur d’Allah99, puis il
disait : « Gloire et louange à Toi, ô Allah, que Ton nom soit béni, que Ta

95
S38 V82-83.
96
S16 V98-100.
97
S16 V98.
98
S5 V6.
99
C’est-à-dire en disant : « Allâhu Akbar ».

30
Sourate N˚ 1 : Al-FâtiÀa - Le Prologue

majesté soit exaltée, il n’y a d’autre divinité que Toi », puis il disait à trois
reprises : « Il n’y a de divinité (digne d’adoration) qu’Allah ! » et il
ajoutait : « Je cherche refuge auprès d’Allah, Celui qui entend et sait tout,
contre Satan le maudit, contre sa possession (hamz), son orgueil (qu’il suscite
en nos cœurs : nafkh), et sa poésie (qui incite au péché : nafth). »100

Al-Isti‘âdha au moment de la colère


Dans son Musnad, Abû Ya‘lâ Ahmad Ibn ‘Alî Ibn Al-Muthannâ Al-Mawsilî
rapporte d’après Ubayy Ibn Ka‘b ” : « Deux hommes se querellèrent auprès
du Prophète‹ à tel point que le nez de l’un d’entre eux bougeait de colère.
Le Prophète‹ dit alors : "Je connais une formule qui, s’il la prononce, fera
disparaître l’état dans lequel il se trouve : "Je cherche refuge auprès d’Allah
contre Satan le maudit."" »101
Al-Bukhârî rapporte d’après Sulaymân Ibn Surad ” : « Tandis que nous
étions assis en présence du Messager d’Allah‹, deux hommes se disputèrent
et l’un d’eux, le visage rouge de colère, insulta l’autre. Le Prophète‹ dit
alors : "Je connais certes une parole qui, s’il la prononce, fera disparaître
l’état dans lequel il se trouve : "Je cherche refuge auprès d’Allah contre Satan
le maudit."" Les compagnons dirent alors à l’homme : "N’as-tu pas entendu
ce qu’a dit le Messager d’Allah ?" Il répondit : "Je ne suis pas un
possédé102 !" »103
Il existe de nombreux autres hadiths à ce sujet et Allah est le plus savant.

Al-Isti‘âdha est-elle obligatoire ou recommandée ?


La majorité des savants estime qu’elle est recommandée, donc non obligatoire
et que celui qui y renonce ne commet aucun péché.
Toutefois, ‘Atâ’ Ibn Abî Rabâh rapporte d’après Ar-Râzî qu’Al-Isti‘âdha est
obligatoire avant la lecture du Coran, que ce soit pendant la prière ou en
dehors. Il se base sur la parole d’Allah : [ Implore donc la protection
d’Allah ], qui est un ordre, impliquant l’obligation d’y obéir.

100
Rapporté par Ahmad (3/69), Abû Dâwud (1/490), An-Nasâ’î (2/132), Ibn Mâjah (1/264),
Tuhfat Al-Ahwadhî (2/47), At-Tirmidhî ajoute qu’il s’agit du hadith le plus connu à ce sujet.
101
Rapporté par An-Nasâ’î en ces termes dans A‘mâl al-yawm wa al-layla (10233).
102
C’est-à-dire, il n’est pas possédé par le diable, alors il estime ne pas avoir besoin de cette
formule.
103
Fath Al-Bârî (6/388), Muslim (4/2015), Abû Dâwud (5/140) et An-Nasâ’î (6/104).

31
Sourate N˚ 1 : Al-FâtiÀa - Le Prologue

Par ailleurs, le Prophète‹ s’est attaché à cette invocation, qui sert à


repousser le mal de Satan. Si quelque chose est nécessaire pour atteindre une
obligation, alors cette chose devient elle-même obligatoire.104
Enfin, Al-Isti‘âdha est une précaution et suffit à celui qui dit : « Je cherche
refuge auprès d’Allah contre Satan le maudit. »

Certaines vertus cachées d’Al-Isti‘âdha


Parmi ses vertus, Al-Isti‘âdha purifie la bouche des propos futiles et grossiers
qu’elle a pu prononcer. Elle la purifie également en vue de la récitation des
paroles d’Allah.
Elle comporte une demande d’aide à Allah, la reconnaissance de Son pouvoir
et de la faiblesse du serviteur face à cet ennemi intérieur et déclaré, lui qui ne
peut être combattu et repoussé que par Allah, son Créateur. Et cet ennemi ne
peut être amadoué par la bienfaisance, contrairement aux ennemis humains,
comme l’attestent les versets susmentionnés.
Allah, le Très-Haut, a dit :

‫ﭽ ﯤ ﯥ ﯦ ﯧ ﯨ ﯩﯪ ﯫ ﯬ ﯭ ﯮ ﭼ‬
[ « Quant à Mes serviteurs, tu n’as aucun pouvoir sur eux. » Et ton Seigneur
suffit comme Protecteur ! ] 105
Et les anges descendirent pour combattre les ennemis humains. Celui qui est
tué par un ennemi humain est martyr, tandis que celui qui est victime de
l’ennemi intérieur (Satan) est banni. Celui qui est victime de l’ennemi
apparent est récompensé, tandis que celui qui est sous domination de l’ennemi
intérieur a succombé à la tentation ou est coupable d’un péché.
Et, puisque Satan peut voir l’Homme alors que ce dernier ne le peut guère, il
doit implorer la protection de Celui qui peut le voir sans être vu de lui.
Al-Isti‘âdha consiste à se réfugier en Allah, contre le mal de tout ce qui est
mauvais, afin que ce mal soit repoussé.

104
Ici, cette invocation est nécessaire pour atteindre ce qui est obligatoire : repousser le mal
satanique.
105
S17 V65.

32

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