Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Lettre n°52
REFLEXIONS SUR
LES RAISONS
D’UN EFFONDREMENT
RAPPEL HISTORIQUE passage de la Rome païenne à la Rome
chrétienne, les qualités naturelles d’un
En l’an de grâce 476, l’Empire peuple se perfectionnant par l’intervention
Romain s’effondre sous les coups de du surnaturel.
boutoirs des peuples Barbares : ceux du
Nord (Germains, Slaves et Mongols) et Les vertus héroïques que la morale
ceux du Sud (Arabes et Turcs). Catholique exige pour notre salut sem-
Devenu démesurément grand, l’em- blaient faites à dessein pour se greffer sur
pire Romain n’avait plus de soldats en les qualités des Romains, en leur conférant
nombre suffisant pour garder ses fron- un élan vers Dieu jusque là inconnu.
tières.
Sous l’action de la grâce, par la
Si l’on cherche à creuser un peu, prédication et l’exemple de géants de sain-
on se rend compte que la cause de ce teté, le centurion et le consul romains de-
manque de soldats à l’époque doit être viennent le Prêtre, l’Évêque, le Saint !
recherchée dans l’effritement de la fa-
mille et la dénatalité provoquée par Ce sera alors une envolée impres-
l’avortement et l’infanticide. sionnante de conversions, après de nom-
Le matérialisme, l’esprit de jouis- breux miracles, beaucoup de martyrs, et
sance, le pacifisme et la corruption des une patience d’archange pour tous ces
idées sous l’influence de ces peuples bar- confesseurs de la foi :
bares étaient venus à bout de cet empire
autrefois si glorieux. • les Francs par Sainte Clotilde et Saint
Rémi,
La fondation de Rome ne remonte- • les Wisigoths espagnols par les Saints
t-elle pas au 21 avril 753 avant Jésus- Léandre et Isidore,
Christ ? La Rome païenne n’était-elle pas • les Lombards par Saint Colomban,
grande par ses vertus naturelles : la disci- • les Anglos-Saxons par Saint Augustin,
pline, la fidélité, la valeur militaire, la ca- Saint Paulin et Saint Patrick,
pacité de gouverner, le sens du droit et du • les Germains par Saint Boniface,
devoir ? • les Slaves par les Saints Cyrille et Mé-
thode,
Mais Dieu sait écrire droit avec des
• les Mongols par Saint Etienne …
lignes courbes : par l’effondrement de
l’empire Romain, nous voyons aussi le
-2-
Cela s’expliquerait également par pour elle et pour ses fils, la croyance hu-
l’individualisme, le scepticisme et l’égoïs- maine, la liberté de l’homme intérieur ».
me du « chacun pour soi - après moi le dé-
luge », le pacifisme, l’abandon de toute REAGIR
idée d’amour de l’état, de la cité, de reli-
gion. La multiplicité des « esclaves » « Si tu veux la paix, prépare la
pousse à la paresse, car d’autres font le tra- guerre » dit le dicton. « A force de vivre
vail. Il n’y aura plus assez d’enfants pour dans une poubelle, on finit par sentir mau-
faire des soldats à envoyer sur les fron- vais » précise un autre ! Une pomme pour-
tières … rie corrompra toujours la meilleure pomme
saine mise à son contact.
La réponse à toutes ces horreurs se Une vie intérieure sérieuse pour
trouve en Notre Seigneur Jésus-Christ et préserver notre état de grâce est
dans la pratique de la religion Catholique. l’unique rempart de protection contre
Quand l’humanité se paganise, elle se l’effondrement moral qui nous entoure.
barbarise ; mais quand elle se catholi- Seul l’héroïsme de la sainteté peut nous
cise, elle s’humanise ! permettre de persévérer dans la voie
royale de la Croix. Le Chapelet, l’oraison,
Méditons la harangue du chevalier les Sacrements de Confession et de la
de Charrette à ses hommes pendant la Sainte Eucharistie sont donc indispen-
guerre de Vendée. sables à notre survie spirituelle.
« Notre patrie à nous, ce sont nos
villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce Être un « brave type » ne suffit pas.
que nos pères ont semé devant nous. Notre Citons Luce Quenette.
patrie, c’est notre foi, notre terre, notre « Il faut nous convaincre qu’une
roi. vie médiocrement chrétienne, une honnê-
« Mais leur patrie à eux, qu’est-ce teté courante, une brave bonté ordinaire
que c’est ? Vous le comprenez, vous ? Ils … mènent à un échec total. Il faut tout :
veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tout Dieu, toute Notre-Dame, toute la vie
tradition. Alors, qu’est-ce que c’est que intérieure, tout l’exemple, toute notre
cette patrie narguante de son passé, sans âme. Sinon, c’est de l’inconscience, et
fidélité, sans amour ? Cette patrie d’irreli- l’inconscience avant la bataille, c’est la
gion ? Beau discours, n’est-ce pas ? défaite évidente.
« C’est avec une autre dose de
« Pour eux, la patrie semble n’être christianisme et de sainteté que celle de
qu’une idée, pour nous elle est une terre. nos parents, celle qui suffisait à nos pa-
Ils l’ont dans le cerveau ; nous, nous rents des années 1950, qu’il nous faut
l’avons sous nos pieds, c’est plus solide ! nous opposer à la révolution.
Et il est vieux comme le diable leur monde « A nous le progrès en Jésus-
qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fon- Christ, à nous les armes acérées, offen-
der dans l’absence de Dieu. Vieux comme sives et défensives. A nous d’être de vrais
le diable. On nous dit que nous sommes les ‘nouveaux’, soudés à la Tradition, mais
suppôts des vieilles superstitions … Il faut bien plus fermes que les générations qui
rire ! nous ont élevés. Ce n’est pas en refaisant
« Mais en face de ces démons qui comme en 1950 que nous allons remonter
renaissent de siècle en siècle, nous le courant, former l’élite et la lancer au
sommes une jeunesse, Messieurs ! Nous salut chrétien de la patrie.
sommes la jeunesse de Dieu, la jeunesse de « Tradition, oui, mais dans un
fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver, rythme, une lumière, une force étrange-
ment nouveaux. Gémir en disant : ‘Si on
-4-
revenait aux bonnes habitudes d'autre- l’apostasie ; et rien sans nul doute qui
fois, tout serait sauvé’ ne rime à rien. Le mène plus sûrement à la ruine, selon cette
péché mortel n’est pas situé où il était parole du prophète : voici que ceux qui
dans le temps des bonnes habitudes s’éloignent de Vous périront ».
d’autrefois, il s’est rapproché jusqu’à
nous menacer d’étouffement ». On objectera qu’il faut respecter les
Droits de l’homme à suivre sa conscience.
Humainement parlant, Ponce Pilate Le Cardinal Pie répondait déjà en son
était peut-être un « brave type », cherchant temps : « Qu’on parle tant qu’on voudra
à libérer Notre Seigneur Jésus-Christ des des Droits de l’homme : il en est deux
mains des Juifs haineux. Il se déclarera qu’il ne faudrait point oublier. L’homme
même innocent du Sang du Christ. apporte en naissant le droit à la mort et le
Mais dans la pratique, par libéra- droit à l’enfer » !
lisme, il mettra sur un pied d’égalité le Fils
de Dieu qu’il sait innocent et Barabbas Mais nous sommes faibles : « De
qu’il sait coupable, donnant les même nos jours plus que jamais, la force princi-
droits au vrai et au faux. pale des mauvais, c’est la lâcheté et la fai-
Par principe démocratique, il suivra blesse des bons, et tout le nerf de Satan
la loi du nombre et l’opinion publique, en réside dans la mollesse des chrétiens »
livrant le Messie aux Juifs et en libérant (Saint Pie X, 13 décembre 1908, pour la
Barabbas. béatification de Sainte Jeanne d’Arc).
Ce « brave type » est donc aussi
responsable de la mort du Sauveur ! Notre Saint patron redira la même
chose le 21 avril 1909 :
CONCLUSION « A l’heure où sévit contre la reli-
gion une guerre si cruelle, il n’est pas
Voyons de nouveau Saint Pie X permis de croupir dans une honteuse
dans son encyclique déjà citée. apathie, de rester neutres, de ruiner les
droits Divins et humains par de louches
« L’homme, avec une témérité sans compromissions ; il faut que chacun
nom, a usurpé la place du Créateur en grave en son âme cette parole si nette et si
s’élevant au-dessus de tout ce qui porte le expressive du Christ : Qui n’est pas avec
nom de Dieu. Moi est contre Moi ».
« C’est à tel point que, impuissant
à éteindre complètement en soi la notion Notre Mère du Ciel nous a promis
de Dieu, il secoue cependant le joug de Sa qu’à la fin, son Cœur Immaculé triomphe-
Majesté et se dédie à lui-même le monde rait.
visible en guise de temple, où il prétend re- Son Fils nous a prédit que les forces
cevoir les adorations de ses semblables : il du mal ne prévaudraient pas contre Son
siège dans le temple de Dieu, où il se Église, mais Il nous a aussi dit que seul un
montre comme s’il était Dieu Lui-même. petit troupeau resterait fidèle. A nous de
répondre fidèlement à la grâce qu’Il ne re-
« Peut-on ignorer la maladie si fuse jamais à celui qui la Lui demande
profonde et si grave qui travaille, en ce humblement.
moment bien plus que par le passé, la so-
ciété humaine, et qui, s’aggravant de jour Tout dévoué en Notre Seigneur Jé-
en jour et la rongeant jusqu’aux moelles, sus-Christ et Sa très Sainte Mère.
l’entraîne à sa ruine ?
« Cette maladie, vous la connais-
sez, c’est à l’égard de Dieu, l’abandon et Abbé Jean-Luc Lafitte