Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
2020
2
Pour garder le cap | Charles Sannat
Flash Stratégies La Stratégie Warren Buffett – Avril 2020
STRATÉGIES
L A L E T T R E D E S T RA T É GIE S E S T U N S E R V IC E D E L A P U B L I C A T ION IN S OL E N T IA E .C O M
A GR É É P A R L A C OM M IS S ION P A R IT A IR E S OU S L E
N U MÉ R O 1 1 1 9 W 9 3 5 2 6 .
Les raisons qui indiquent que c’est la fin d’un rebond technique ............................................................................................. 19
Il est intitulé : ................................................................................................................................................................. 19
« Bourse : 4 raisons qui indiquent que le rebond technique est terminé... » ....................................... 19
L’argument technique............................................................................................................................ 19
Conclusion ........................................................................................................................................................................ 38
Alors quand lançons-nous l’opération Poker ? ...................................................................................... 38
Warren Buffett (né le 30 août 1930 à Omaha) est un homme d'affaires et investisseur américain.
En mars 2008, avec une fortune évaluée à 65 milliards de dollars américains, il était considéré
comme l'homme le plus riche au monde selon le classement annuel du magazine Forbes. En
2019, Forbes estime sa fortune à 82,5 milliards de dollars américains et est donc en troisième
place sur la liste des milliardaires du monde du magazine.
A propos d’Omaha, Warren Buffett est même surnommé l’Oracle d’Omaha du nom de sa ville
natale.
Warren Buffett a traversé les siècles, et je dis bien les siècles, le 20ème comme le 21ème que nous
avons commencé il y a peine 20 ans.
Il est né une année seulement après le krach de 1929 et à ce moment-là, en 1930, la bourse de
New-York est loin d’avoir atteint ses plus bas.
5
Il en aura 9 lorsque l’Europe entre en guerre. 11 quand les Etats-Unis affrontent le Japon après la
cuisante défaite de Pearl Harbour. A 15 ans, il voit les premières bombes atomiques raser les
villes nippones d’Hiroshima et de Nagasaki.
Il verra la guerre de Corée, celle du Vietnam, la guerre froide, tiède et chaude, il enterrera JFK et
la ségrégation, il verra aussi les marches pour les droits civiques.
Mais avant il attendra le milieu des années 50, puisque les cours du Dow Jones ne retrouveront
pas leur niveau de 1929 avant… 1955 comme le montre ce graphique de la FED, la banque
centrale américaine.
Il y aura la crise des subprimes et le choc pétrolier de l’année 2007 où le baril atteint les 140
dollars, alors qu’il y a quelques jours, sous vos yeux ébahis vous l’avez vu à -37 $. Il y a eu la
faillite de la Lehman Brothers, et son krach boursier, la création de l’euro et les peurs de son
explosion en 2012. Il y a eu tout cela et bien d’autres choses encore.
A chaque fois Warren Buffett était là. Depuis tout ce temps Warren Buffett est là.
La connaissance de l’histoire est une chose utile, non pas parce que l’on a appris des dates par
cœur ou la succession des rois de Louis premier à Louis XVI qui ne fut pas le dernier (des Louis)
mais qui fut décapité, mais parce qu’en réalité connaître l’histoire c’est avoir compris les réactions
humaines. Et finalement, de ce que je commence à comprendre modestement du haut de mes 45
ans, c’est que depuis Jules César et Marc-Aurèle, ce qui ne nous rajeunit pas vraiment, l’humanité
n’a pas évolué.
Nous sommes passés de la tablette en pierre à la tablette d’Apple, mais le mot, le terme même de
tablette est resté, et spirituellement, génétiquement, nous sommes les mêmes.
Nos réactions sont semblables à celles de Romains. Ni mieux, ni moins bien, nous sommes à nos
i-bidules près, presque identiques.
Warren Buffett est un investisseur hors-pair, parce qu’il est un observateur hors-pair.
7
Je ne connais pas Warren Buffett, mais je sais qu’il sait beaucoup de choses.
Lorsque Warren Buffett, qui déteste le cash et l’or, décide de détenir plus de 140 milliards de
dollars en cash… qui ne rapporte rien, il le détient à l’aune de toute une vie d’expériences.
Il peut évidemment se tromper, et il n’y a pas d’infaillibilité de Buffett, mais pourtant, je pense, qu’il
a raison.
Terriblement raison.
Comme il avait raison pour la bulle Internet. Il aimait à dire dans les années 99/2000 juste avant
que cette bulle n’explose qu’il n’investissait que dans ce qu’il comprenait.
Il a raté de beaux coups spéculatifs comme Vivendi en France par exemple, mais cela lui a permis
d’éviter les naufrages terribles du krach de mars 2000… comme par exemple Vivendi en France !
Lorsque Buffett restait prudemment à l’écart, jeune homme de 25 ans à l’époque, je « traidais »
les technologiques… J’ai gagné beaucoup d’argent et j’ai tout perdu. C’est ainsi que rentre le
métier.
Aujourd’hui, je suis aux côtés d’un Warren Buffett, et nous contemplons l’engouement autour des
bitcoins et des crypto-monnaies. Nous savons ce qu’il va se passer et les fortunes qui seront
englouties.
C’est pour cette raison, enfin c’est en raison de cette incompréhension que les professeurs
d’histoire enseignent si mal l’histoire. Ils nous apprennent des dates, là où il faudrait nous
apprendre des actes. Des actes de lâcheté ou de bravoure, des actes d’amour ou de haine, des
actes de lucre ou de désintéressement, car finalement, l’histoire, les marchés, la bourse ou
l’économie, ne sont jamais que la simple addition de nos actes.
Warren Buffett sait donc ce qu’il va se passer. Il a raison dans les grandes proportions.
L’économie se remettra de la crise du coronavirus, mais il faudra des années, une décennie au
moins, et sans doute plus.
De 1929 à 1955, 26 années seront nécessaires pour retrouver sa mise sur le Dow Jones.
Il faut connaître son histoire, comprendre les hommes, anticiper les actes et la somme de tous ces
actes.
Charles
Avant tout, je crois que la possibilité d'une perte de capital pour Berkshire est aussi faible que
possible. Cela s'explique par le fait que notre dividende par action est presque certain et que la
valeur intrinsèque de l'entreprise progressera au fil du temps.
Cette joyeuse prédiction s'accompagne toutefois d'une mise en garde importante : Si le point
d'entrée d'un investisseur dans les actions Berkshire est exceptionnellement élevé - à un prix, par
exemple, proche du double de la valeur comptable, prix que les actions Berkshire ont parfois
atteint - il peut s'écouler de nombreuses années avant que l'investisseur ne puisse réaliser un
bénéfice.
Les achats de Berkshire, que les investisseurs effectuent à un prix légèrement supérieur au
niveau auquel la société rachèterait ses actions, devraient toutefois produire des gains dans un
délai raisonnable. Les administrateurs de Berkshire n'autoriseront les rachats qu'à un prix qu'ils
estiment bien inférieur à la valeur intrinsèque. (À notre avis, il s'agit d'un critère essentiel pour les
rachats qui est souvent ignoré par les autres directions).
Pour les investisseurs qui prévoient de vendre dans un an ou deux après leur achat, je ne peux
offrir aucune garantie, quel que soit le prix d'entrée. Les mouvements du marché boursier en
général pendant des périodes courtes sont probablement beaucoup plus importants pour
déterminer vos résultats que le changement concomitant de la valeur intrinsèque de vos actions
Berkshire. Comme l'a dit Ben Graham il y a plusieurs décennies : "À court terme, le marché est un
vote. Il agit à long terme comme une machine à peser". Parfois, les décisions de vote des
investisseurs - amateurs et professionnels – sont à la limite de la folie ; (NDLR, ce que veut dire
Buffett ici c’est qu’à courts termes les mouvements sont irrationnels, mais à longs termes le
marché a raison).
Comme je ne connais aucun moyen de prédire de manière fiable les mouvements du marché, je
vous recommande de n'acheter des actions Berkshire que si vous pensez les conserver pendant
au moins cinq ans. Ceux qui recherchent des profits à court terme devraient regarder ailleurs.
Un autre avertissement : Les actions Berkshire ne doivent pas être achetées avec de l'argent
emprunté. À trois reprises depuis 1965, notre action a chuté d'environ 50 % par rapport à son
point culminant. Un jour, une telle chute se reproduira, et personne ne sait quand. Le Berkshire
sera presque certainement un placement satisfaisant pour les investisseurs. Mais ce pourrait bien
être un choix désastreux pour les spéculateurs qui utilisent l'effet de levier (du crédit).
En fait, si elle se produit, nous vendrons des gilets de sauvetage aux personnes non
préparées. Berkshire a joué un rôle important en tant que "premier intervenant" pendant la
période 2008-2009 et depuis nous avons plus que doublé la solidité de notre bilan et notre
potentiel de gains. Votre entreprise est le Gibraltar des affaires américaines et le restera.
La pérennité financière d'une entreprise exige qu'elle maintienne trois points forts en toutes
circonstances :
Ignorer cette dernière nécessité est ce qui conduit généralement les entreprises à connaître des
problèmes inattendus : Trop souvent, les PDG d'entreprises rentables ont le sentiment qu'ils
pourront toujours rembourser les obligations arrivant à échéance, quelle que soit leur importance.
En 2008-2009, de nombreux dirigeants ont appris à quel point cet état d'esprit peut être périlleux.
Voici comment nous nous positionnerons toujours sur les trois points essentiels.
Premièrement, notre flux de revenus est énorme et provient d'un vaste éventail d'entreprises.
Notre diversification assure la rentabilité continue de Berkshire, même si une catastrophe entraîne
des pertes qui dépassent de loin toutes celles que nous avons connues jusqu'à présent.
Deuxièmement, l'argent.
Dans une entreprise saine, l'argent liquide est parfois considéré comme un élément à réduire au
minimum, comme un actif improductif qui freine des indicateurs tels que le rendement des
capitaux propres.
L'argent liquide, cependant, est pour une entreprise ce que l'oxygène est pour un individu : on n’y
pense jamais quand il est présent, c’est la seule chose à laquelle on pense lorsqu'il est absent.
Les entreprises américaines ont fourni une étude de cas à ce sujet en 2008…
10
À Berkshire, notre "respiration" n'a pas été interrompue. En effet, sur une période de trois
semaines allant de fin septembre à début octobre, nous avons fourni 15,6 milliards de dollars
d'argent frais aux entreprises américaines.
Nous avons pu le faire parce que nous conservons toujours au moins 20 milliards de dollars - et
généralement bien plus - en équivalents de trésorerie.
Et nous entendons par là les bons du Trésor américain, et non d'autres substituts de l'argent
liquide qui sont censés fournir des liquidités et qui le font effectivement, sauf lorsqu'on en a
vraiment besoin.
Lorsque les factures arrivent à échéance, seules les espèces ont cours légal.
Enfin - pour en venir à notre troisième point - nous ne nous engagerons jamais dans des
pratiques d'exploitation ou d'investissement qui peuvent entraîner des demandes soudaines de
sommes importantes. Cela signifie que nous n'exposerons pas le Berkshire à des dettes à court
terme d'une certaine importance, ni ne conclurons de contrats dérivés ou d'autres accords
commerciaux qui pourraient nécessiter d’importants appels collatéraux (pensez aux appels de
marges si les marchés chutent brutalement. NDLR).
Il y a quelques années, nous sommes devenus partie prenante dans certains contrats dérivés qui,
selon nous, n'avaient que des exigences de garantie mineures.
Récemment, cependant, les nouveaux contrats de produits dérivés ont exigé une garantie
complète. Et cela a achevé notre intérêt pour les produits dérivés, quel que soit le potentiel de
profit qu'ils peuvent offrir.
En outre, nous ne rédigerons pas de contrats d'assurance qui donnent aux assurés le droit
d'encaisser à leur gré.
De nombreux produits d'assurance-vie contiennent des caractéristiques de rachat qui les rendent
susceptibles de "fuir" en cas de panique extrême.
Or, de tels contrats n'existent pas dans le monde de l'assurance dommages que nous
connaissons.
Si notre volume de primes devait diminuer, notre marge de manœuvre diminuerait - mais
seulement à un rythme très lent.
11
Même si les jours sont généralement relativement calmes, le lendemain est toujours
incertain.
Et si vous ne pouvez pas prédire ce que demain vous apportera, vous devez être prêt à
faire face à tout ce qui se passera.
Un PDG de 64 ans qui prévoit de prendre sa retraite à 65 ans peut avoir son propre calcul spécial
pour évaluer des risques qui n'ont qu'une infime chance de se produire au cours d'une année
donnée. Il peut, en fait, avoir "raison" 99 % du temps.
Nous ne jouerons jamais à la roulette russe financière avec les fonds que vous nous avez confiés,
même si le pistolet métaphorique a 100 chambres et une seule balle. À notre avis, c'est de la folie
de risquer de perdre ce dont vous avez besoin.
Malgré notre conservatisme, je pense que nous serons en mesure de construire chaque année la
capacité de gain par action sous-jacente du Berkshire.
Cela ne signifie pas que les bénéfices d'exploitation augmenteront chaque année - loin de là.
L'économie américaine connaîtra des hauts et des bas - bien qu'elle soit actuellement florissante -
et, lorsqu'elle s'affaiblira, nos bénéfices actuels en feront autant.
Mais nous continuerons à réaliser des gains organiques, à faire des acquisitions ciblées et à nous
lancer dans de nouveaux domaines. Je pense donc que Berkshire augmentera chaque année sa
capacité bénéficiaire sous-jacente.
Certaines années, les gains seront substantiels, d'autres fois, ils seront mineurs.
Tout au long de cette période, Berkshire continuera d'aller de l'avant, grâce à la gamme
d'entreprises solides que nous possédons actuellement et aux nouvelles sociétés que nous allons
racheter.
En outre, la plupart du temps, l'économie de notre pays offrira un fort vent de dos aux entreprises.
La mauvaise nouvelle est que les gains à long terme de Berkshire - mesurés en pourcentages et
non en dollars - ne peuvent pas être spectaculaires et ne se rapprocheront pas de ceux réalisés
au cours des 50 dernières années.
12
Je pense que Berkshire surpassera la moyenne des entreprises américaines, mais notre
avantage, s'il existe, ne sera pas très grand.
Finalement - probablement dans dix à vingt ans - les revenus et les ressources en capital du
Berkshire atteindront un niveau qui ne permettra pas à la direction de réinvestir intelligemment
tous les bénéfices de l'entreprise.
Si les actions Berkshire se vendent en dessous de leur valeur intrinsèque, les rachats massifs
seront presque certainement le meilleur choix.
Vous pouvez être sûr que vos directeurs prendront la bonne décision.
Depuis plus de 30 ans, nous réaffirmons chaque année nos principes d'actionnariat (voir page
117), en commençant toujours par "Bien que notre forme soit celle d'une entreprise, notre attitude
est celle d'un partenariat". Ce pacte avec vous est gravé dans le marbre.
Nous avons un conseil d'administration extraordinairement bien informé et orienté vers les
affaires, prêt à tenir cette promesse de partenariat.
Aucun directeur n'a accepté de travailler pour l'argent, dans un arrangement presque
inexistant ailleurs. Nos directeurs sont payés d’honoraires symboliques.
Ils sont plutôt récompensés en actions Berkshire et par la satisfaction d'être de bons gestionnaires
d'une entreprise importante.
Les actions qu'ils possèdent avec leur famille - qui, dans de nombreux cas, valent des sommes
très importantes - ont été achetées sur le marché (plutôt que de se matérialiser par des options ou
des subventions).
En outre, contrairement à presque toutes les autres sociétés publiques de taille importante, nous
ne souscrivons pas d'assurance responsabilité civile des administrateurs et des dirigeants.
Pour assurer la continuité de notre culture, j'ai proposé que mon fils, Howard, me succède en tant
que président non exécutif.
Mon seul souhait est de faciliter le changement si jamais un mauvais PDG est employé et qu'il faut
le changer rapidement.
Je peux vous assurer que ce problème a une très faible probabilité de survenir à Berkshire -
probablement aussi faible que dans n'importe quelle entreprise publique.
13
S'il est élu, Howard ne recevra aucune rémunération et ne consacrera pas plus de temps à son
travail que ce qui est exigé de tous les administrateurs.
Il sera simplement une soupape de sécurité vers laquelle tout administrateur pourra se tourner s'il
a des inquiétudes au sujet du PDG et souhaite savoir si d'autres administrateurs expriment
également des doutes.
Le choix du bon PDG est primordial et c'est un sujet qui prend beaucoup de temps lors des
réunions du conseil d'administration de Berkshire.
La gestion du Berkshire est avant tout un travail d'allocation de capital, associé à la sélection et au
maintien de cadres exceptionnels pour diriger nos filiales opérationnelles.
Il est évident que ce travail exige également le remplacement du PDG d'une filiale lorsque cela est
nécessaire.
Ces fonctions exigent que le PDG de Berkshire soit une personne rationnelle, calme et dotée d’un
esprit de décision, qui a une large compréhension des affaires et une bonne connaissance du
comportement humain.
Il est également important qu'il connaisse ses limites. Comme l'a dit Tom Watson d'IBM, "Je ne
suis pas un génie, mais je suis intelligent dans certains domaines et je reste dans ces domaines".
Le caractère est crucial : Un PDG de Berkshire doit être "à fond" pour l'entreprise, pas pour lui-
même. (J'utilise des pronoms masculin pour éviter les formulations maladroites, mais le sexe ne
devrait jamais décider qui devient PDG).
Il est important que ni l'ego ni l'avarice ne le motivent à obtenir une rémunération équivalente à
celle de ses pairs les mieux rémunérés, même si ses résultats dépassent les leurs.
S'il est clair pour eux que les intérêts des actionnaires sont primordiaux pour lui, ils adopteront
également, à quelques exceptions près, cette façon de penser.
Mon successeur aura besoin d'une autre force particulière : la capacité à combattre les ABC de la
décadence des entreprises, qui sont l'arrogance, la bureaucratie et la complaisance. Lorsque ces
cancers d'entreprise se métastasent, même la plus forte des entreprises peut s'effondrer.
Les exemples disponibles pour le prouver sont légion, mais pour maintenir les amitiés, je
n'exhumerai que les cas du passé lointain.
14
Leurs forces semblaient inattaquables. Mais le comportement destructeur que je déplore ci-
dessus a finalement conduit chacun d'eux à tomber à des profondeurs que leurs PDG et
directeurs n'avaient jamais cru possibles.
Leur puissance financière ponctuelle et leur capacité de gain historique n'étaient pas défendables.
Seul un PDG vigilant et déterminé peut conjurer des forces aussi débilitantes pour que le
Berkshire, puisse continuer de s'agrandir.
Il ne doit jamais oublier le plaidoyer de Charlie : "Dis-moi où je vais mourir, pour que je n'y aille
jamais."
Si nos valeurs non économiques devaient être perdues, une grande partie de la valeur
économique de Berkshire s'effondrerait également.
"Tone at the top" (NDLR que l’on peut tenter de traduire par le « comportement au sommet des
hauts cadres dirigeants) sera la clé du maintien de la culture particulière du Berkshire.
Heureusement, la structure dont nos futurs PDG auront besoin pour réussir est bien en place.
L'extraordinaire délégation de pouvoir qui existe maintenant au Berkshire est l'antidote idéal à la
bureaucratie.
Dans un sens opérationnel, le Berkshire n'est pas une entreprise géante, mais plutôt un ensemble
de grandes entreprises.
Au siège, nous n’avons jamais eu de comité et nous n'avons jamais demandé à nos filiales de
soumettre des budgets (bien que beaucoup utilisent cela comme un outil interne important).
Nous n'avons pas de bureau juridique ni de services que d'autres entreprises prennent pour
acquis : relations humaines, relations publiques, relations avec les investisseurs, stratégie,
acquisitions, etc…
Nous avons, bien sûr, une fonction d'audit active ; il n'est pas question d'être un fou furieux.
Cependant, nous faisons confiance, à nos gestionnaires, à un degré inhabituel, pour gérer leurs
opérations avec un sens aigu de la gestion.
Après tout, ils faisaient exactement cela avant que nous ne rachetions leurs entreprises.
En outre, à quelques exceptions près, notre confiance produit de meilleurs résultats que ceux qui
seraient obtenus par des flux de directives, des révisions sans fin et des couches de bureaucratie.
Charlie et moi essayons d'interagir avec nos gestionnaires d'une manière cohérente avec ce que
nous souhaiterions, si les positions étaient inversées.
15
Nos directeurs estiment également qu'un nouveau PDG devrait être relativement jeune, afin qu'il
puisse avoir une longue carrière.
Le Berkshire fonctionnera mieux si ses PDG sont, en moyenne, plus de dix ans à la tête de
l'entreprise. Il est difficile d'apprendre à un nouveau chien de vieux tours.
Et il est peu probable qu'ils prennent leur retraite à 65 ans comme vous avez pu le remarquer.
(NDLR C’est de l’humour Warren Buffett étant toujours à la tête de son entreprise à …presque 90
ans !!).
Que ce soit pour les acquisitions d'entreprises de Berkshire ou pour des investissements
importants et sur mesure, il est important que nos contreparties connaissent le PDG de Berkshire
et se sentent à l'aise avec lui.
Il faut du temps pour développer une telle confiance et consolider les relations. Mais les bénéfices
peuvent être énormes.
Le conseil d'administration et moi-même pensons que nous avons maintenant la bonne personne
pour me succéder au poste de PDG - un successeur prêt à assumer la fonction le lendemain de
mon décès ou de mon départ.
À certains égards importants, cette personne fera un meilleur travail que moi.
Les investissements seront toujours d'une grande importance pour le Berkshire et seront traités
par plusieurs spécialistes.
Ils rendront compte au PDG car leurs décisions d'investissement, de manière générale, devront
être coordonnées avec les programmes d'exploitation et d'acquisition de Berkshire.
Dans l'ensemble, cependant, nos gestionnaires d’investissement jouiront d'une grande autonomie.
Dans ce domaine aussi, nous sommes en bonne position pour les décennies à venir.
Todd Combs et Ted Weschler, qui ont chacun passé plusieurs années dans l'équipe
d'investissement de Berkshire, sont de premier ordre à tous les égards et peuvent être d'une aide
particulière au PDG dans l'évaluation des acquisitions.
Au total, Berkshire est idéalement positionné pour la vie après que Charlie et moi ayons quitté les
lieux.
Nous avons les bonnes personnes en place - les bons directeurs, gestionnaires et successeurs
potentiels de ces gestionnaires.
Notre culture, de surcroît, est ancrée à tous les niveaux hiérarchiques. Notre système est
également régénérateur.
Dans une large mesure, tant les bonnes que les mauvaises cultures, s'auto-sélectionnent pour se
perpétuer.
16
Je serais négligent si je ne saluais pas un autre groupe clé qui fait la spécificité du Berkshire : nos
actionnaires.
Berkshire a vraiment une base de propriétaires différente de celle de toute autre entreprise
géante. Ce fait a été démontré à profusion lors de l'assemblée annuelle de l'année dernière, où
les actionnaires se sont vu proposer une résolution par procuration :
Résolution : Considérant que la société a plus d'argent qu'elle n'en a besoin et que les
propriétaires, contrairement à Warren, ne sont pas multi-milliardaires, le conseil d'administration
doit envisager de verser un dividende annuel significatif sur les actions.
L'actionnaire qui a parrainé cette résolution ne s'est jamais présenté à la réunion, de sorte que sa
proposition n'a pas été officiellement présentée. Néanmoins, les votes par procuration ont été
comptabilisés, et ils sont instructifs.
Il n'est pas surprenant que les actions A - détenues par relativement peu d'actionnaires, chacun
ayant un grand intérêt économique aient voté "non" sur la question du dividende dans un rapport
de 89 à 1.
Le vote remarquable a été celui de nos actionnaires B. Ils sont des centaines de milliers - peut-
être même un million au total - et ils ont voté par 660 759 855 voix "non" et 13 927 026 voix "oui",
soit un ratio d'environ 47 non pour 1 oui !!
Nos administrateurs ont recommandé un vote négatif, mais la société n'a pas tenté d'influencer les
actionnaires par d'autres moyens.
Néanmoins, 98 % des actionnaires ont dit, en fait, "ne nous envoyez pas de dividende mais
réinvestissez plutôt tous les bénéfices".
Il est à la fois remarquable et gratifiant de voir nos copropriétaires - grands et petits - être aussi en
phase avec notre philosophie de gestion.
Warren Buffett.
17
Le Groupe de Warren Buffett a traversé les décennies, et ce succès n’est pas un hasard. Ce n’est
pas l’argent qui motive les directeurs et les managers, c’est la passion et la joie de participer à une
création qui les dépasse, l’argent est la conséquence pas le mobile.
Ce n’est pas l’égo qui dirige ou fait prendre les décisions. Les talents, viennent naturellement dans
un groupe comme le Berkshire parce qu’ils peuvent s’y exprimer, s’y épanouir. Comment ? Grâce
à l’autonomie qui leur est laissée, à la confiance qui leur est donnée.
Si Warren Buffett est si fort, il y a des raisons, et ces raisons, c’est qu’il est un fin connaisseur de
l’humain, tout simplement.
Il n’a pas appris une fastidieuse liste de dates pour son cours d’histoire, il a vécu l’histoire ce qui
est le privilège de l’âge, mais de tous temps il a été un incroyable observateur de l’âme humaine.
Il y a finalement chez Warren Buffett, bien plus d’excellence dans la gestion de l’humain, que de
techniques financières que des millions de personnes maîtrisent aussi bien que lui.
La différence c’est l’humain et l’investissement dans le temps long, avec absence de distribution
de dividendes pour pouvoir passer les moments difficiles qui arrivent forcément.
On ne connaît pas le moment, mais il y aura des difficultés. Nous n’en connaissons pas la nature,
mais nous savons qu’elles seront parfois violentes.
Si vous gérez vos affaires comme Warren Buffett, en vivant toujours bien en dessous de ce que
vous pourriez faire, en ayant les réserves de cash aussi grandes que possible, en réinvestissant
tous vos bénéfices, alors quoi qu’il arrive ou presque, vous ferez partie des survivants, mais plus
que tout, et au-delà de l’argent vous serez serein. Tout simplement serein.
18
Il est intitulé :
Nous anticipons une baisse des marchés d'actions au mois de mai, car le rebond technique
s'achève. Nous avançons quatre arguments.
L’argument technique
« Le premier est d'ordre technique. Le rebond fut aussi puissant que la baisse fut rapide. Plus un
ballon tombe de haut, plus il rebondit. Ce principe s'applique aux marchés financiers : la hausse
de plus de 20 % sur les plus bas du 18 mars n'a rien d'extraordinaire. De plus, les volumes de
transactions se sont réduits pendant le rebond, relativement à ce qu'ils étaient dans la chute qui l'a
précédée. C'est un argument important pour considérer que ce rebond ne tiendra pas ».
L’analyse technique est utile dans le sens où elle est auto-réalisatrice puisqu’une grande partie
des intervenants sur les marchés se servent de ces outils.
Techniquement, il est effectivement logique qu’une hausse intervienne même dans les marchés
baissiers et cela porte même le nom de retracement haussier.
Je vous en ai d’ailleurs parlé dans la dernière vidéo consacrée à la stratégie Warren Buffett.
Mais ce qui est intéressant dans le cas qui nous occupe c’est que nous n’avons pas uniquement
affaire à des éléments techniques et graphiques dits « chartistes » dans le langage fumeux des
marchés, nous avons aussi d’autres points qui plaident pour cette poursuite du marché baissier.
« Le second argument est fondamental, et relatif à l'évolution des bénéfices. Les analystes
financiers ont revu en forte baisse leurs anticipations de bénéfices, pour intégrer la contraction
inédite du PIB et donc de l'activité des entreprises. Ils ont dégradé de -16 % (USA) à -26 %
(Europe) l'indice du bénéfice prospectif depuis un an ».
Si on considère les anticipations de bénéfice des entreprises du CAC 40 pour les années futures,
et donc « oublier » 2020, il apparaît que les bénéfices anticipés ne retrouveront leur niveau pré
crise de 2019, qu'en 2022.
20
L’analyse technique est négative et plaide pour la poursuite de la baisse, mais c’est aussi le cas
d’un indicateur clef, qui est celui des bénéfices des entreprises.
Si les bénéfices chutent de manière importante, alors les dividendes vont également baisser et de
nombreuses entreprises cotées annoncent d’ailleurs actuellement qu’elles révisent à la baisse ou
annulent les distributions de dividendes prévues jusqu’à maintenant.
C’est un processus itératif auquel nous sommes confrontés. Nous n’avons qu’une vision au
« trimestre ». Tous les 3 mois, on vous donne le résultat du trimestre et les prévisions se
réajustent en partie, en partie seulement car évidemment, il n’y a qu’à dire que le 1er trimestre
n’est pas bon, mais le second sera meilleur puisque l’on va déconfiner par exemple. Ce n’est ni
vrai, ni faux.
Nous sommes confrontés à une crise jamais vue, nous ne savons pas combien de temps elle va
durer. Il y a 3 mois en France le gouvernement jurait ses grands dieux que jamais nous ne
fermerions les écoles, et que la phase 3 ne voulait pas dire que la France serait fermée. 3 mois
plus tard, nous entamons notre déconfinement progressif et terriblement lent avec 26 000 morts et
des risques terribles de reprise de l’épidémie. Pourtant les marchés, eux poursuivent leur vision à
3 mois, totalement inadaptée au contexte de crise pandémique actuel.
Pourquoi ?
21
Le temps des marchés, n’est pas celui de la pandémie, et pas non plus celui des bénéfices des
entreprises sur le temps long.
« Le troisième argument est relatif à la psychologie des marchés et aux actualités (« news flow »)
qui vont rester anxiogènes. En effet, L'actualité des marchés a bénéficié pendant la crise et jusque
maintenant, des annonces de mesures très fortes prises par les banques centrales et les
gouvernements.
Mais désormais les marchés ne peuvent plus compter sur de nouvelles annonces favorables de la
part des banques centrales et des gouvernements et il se retrouve face à la réalité de la
contraction d'activité et des incertitudes encore majeures sur le développement de la crise
sanitaire.
Même si l'état d'hyper liquidité s'est fortement accru et est de nature permanente, la psychologie
des acteurs du marché en profitera moins, désormais. De ce point de vue, l'avenir est plus sombre
; en termes de « news flow », on ne peut plus attendre grand-chose de la part des banques
centrales et les Etats...En tous cas elles ne surprendront plus les investisseurs ».
Le « news flow » vous l’aurez deviné c’est l’expression « chic » pour parler du flux d’informations,
du « flot de nouvelles ». Quand les nouvelles sont mauvaises, évidemment, cela n’incite pas à
l’achat en bourse pas plus que cela ne vous donne envie d’investir dans quoi que ce soit.
Il y a deux idées ici très intéressantes pour alimenter la réflexion de tous, à savoir d’abord le fait
que les banques centrales ne peuvent plus tellement faire plus que tout ce qu’elles font déjà à
savoir donner de l’argent, imprimer de l’argent, pour tout le monde et en quantité illimitée ou
presque, et ensuite que les « fondamentaux » vont reprendre leur place.
J’avais déjà évoqué cette possibilité et cette idée d’ailleurs dans une lettre stratégies précédente,
dans laquelle je disais qu’une fois que les banques centrales assuraient la liquidité de tous les
marchés financiers ce qui était très bien, si les bénéfices des entreprises baissaient alors elles ne
pourraient rien faire à part combler la différence de chiffre d’affaires.
Le problème, c’est que si les banques centrales se lançaient dans une telle politique, nous serions
directement dans une partie de Monopoly et très rapidement, vos billets de banques ne vaudraient
guère plus que ceux qu’utilisent vos enfants quand ils font une partie de Monopoly.
22
L'évaluation théorique est toujours difficile à mettre en œuvre, mais nous considérons que la crise
actuelle réduit la croissance à moyen terme et augmente le risque, ce qui a pour effet de réduire
les rations d'évaluation par rapport à leur niveau historique.
Or, actuellement, le PER est proche de sa moyenne calculée sur les 10 dernières années. Par
ailleurs, l'évaluation comportementale se fonde sur les ratios historiques appliqués aux grandeurs
financières anticipées actuellement.
Elle a le défaut de dépendre beaucoup de ces prévisions, qui sont actuellement révisées en forte
baisse... Mais si on se base sur les anticipations de bénéfice et d'actif net pour 2022, on détermine
une évaluation, ou plutôt un « cours objectif » de l'ordre de 4 900 points pour le CAC 40.
Par rapport à un cours de 4 500 points environ, ce potentiel de hausse sur 18 mois nous semble
d'autant plus limité que la prévision est sujette à caution, au moment où les analystes financiers
continuent à réviser en forte baisse leurs anticipations de bénéfice.... »
23
Je vous parlais un peu plus haut de cette histoire de PER et donc de valeur des entreprises.
Comme vous pouvez le constater, la valorisation moyenne des entreprises cotées actuellement
est sensiblement égale à la moyenne de ces 10 dernières années de valorisation.
Cela implique que le potentiel de baisse est plus important que le potentiel de hausse.
Plus grave, si la crise est durable, si l’économie est touchée gravement, profondément, alors
l’exemple de la grande dépression des années 30, nous enseigne clairement qu’il a fallut 26 ans
pour retrouver le même niveau sur l’indice vedette américain.
Notre capacité à recouvrer les niveaux d’avant crise sera-t-elle meilleure que celle que nous
avions entre 1929 et 1955 ?
En 1955, nous avions nettement moins d’habitants sur cette planète, nettement plus de
ressources et d’espaces disponibles, moins de pollution et de préoccupations environnementales.
Cette crise sanitaire et pandémique arrive au moment où nous devions dans tous les cas
envisager une forme plus ou moins volontaire de décroissance et de changement de modèle
économique.
24
Warren Buffett achète des actions, il prend des participations dans de grandes entreprises, mais
pas uniquement, il peut-être amené par exemple à prêter des sommes considérables en pleine
crise ou pendant les krachs à des entreprises qui en ont besoin.
L’une de ses meilleures affaires récentes à ce titre a été le prêt consenti à la Goldman Sachs alors
que Lehmann Brothers, elle, venait de faire faillite.
Créé en 1965, le Berkshire Hathaway de 2020 n’est évidemment plus du tout le même que celui
de cette époque.
Il a changé, comme le monde a changé, mais les techniques, les méthodes, les stratégies, elles,
n’ont pas changé d’un iota, elles se sont tout au plus adaptées aux exigences actuelles mais rien
de plus.
Sur ce premier graphique de 2014, la part vaut plus de 218 000 dollars, c’est la part A, celle
d’origine, nous y reviendrons dans la partie consacrée à « comment acheter du Berkshire
Hathaway ».
Depuis, il y a eu des baisses, des corrections, et aussi une hausse significative des marchés
mondiaux.
25
Aujourd’hui, au moment où j’achève l’écriture de ce flash nous sommes à 265 280 dollars pour la
part A, malgré la première phase de correction violente et les pertes de 50 milliards annoncées
par le fonds de Warren Buffett nous sommes encore largement au dessus des… 218 000 dollars
de 2014.
Pour que vous puissiez visualiser la solidité de cette entreprise et de sa gestion brillante au long
de l’histoire mouvementée de notre monde, puisque nous parlons ici de performances de 1965 à
2020… une sacrée tranche d’histoire vous en conviendrez.
D’ailleurs pour continuer à vous illustrer la solidité de cette gestion patrimoniale, vous allez pouvoir
voir sur le graphique suivant justement les chocs qui ont été violents ces dernières années et qui
ont affecté la valeur du fonds de Warren Buffett.
26
Deux choses.
Jusqu’à maintenant, chaque période de baisse a été suivie d’une période de hausse plus forte que
la baisse. On peut également rajouter que depuis le krach des années 97/98 lié à la crise des
marchés émergents, +222 % après, puis +187 % après celle de 2007/2009 et enfin seulement
+74 % après la correction de 2014/2016, les phases de hausse qui suivent les phases de baissent
semblent baisser.
La seconde est évidemment que les performances passées ne préjugent pas des performances à
venir et ce n’est pas parce que Warren Buffett a su avoir la « vista » dans ce monde, que ses
successeurs sauront avoir le même succès dans le monde d’après.
27
C’est de cette manière que se bâtissent les fortunes depuis Jules César. Rien n’a jamais changé.
Il y a quelques créateurs talentueux. Il y en a toujours eu. Parmi ces créateurs talentueux, il y a
aussi les gestionnaires brillants qui savent « matelasser » comme disait le pépé, matelasser, vous
l’aurez compris, pour mettre de côté. Le cash, les réserves, permettent de passer les moments les
plus difficiles. Il faut de la marge, et la marge de la marge.
Lorsque vous avez de la trésorerie dans un monde qui en manque, alors vous êtes le « roi ».
Lorsque l'économie est en bonne santé, il peut être difficile de décider du montant d'argent à avoir
dans une petite entreprise ou une start-up. Chaque dollar que vous avez inutilisé dans une
banque est un dollar qui n'est pas dépensé pour faire croître votre entreprise. Mais le fait d'avoir
des réserves financières excédentaires met toute entreprise en position de force, en particulier
face à une récession.
Cette préparation est mieux démontrée par le légendaire investisseur Warren Buffett. Bien que
vous connaissiez peut-être Buffett pour ses prouesses en matière de sélection de titres, il est
également considéré comme l'un des prêteurs les plus réputés lors de paniques financières en
raison de ses réserves de liquidités abondantes.
En tant que propriétaire d'entreprise, vous pouvez utiliser la philosophie de Buffett en ces temps
difficiles pour acheter des marchandises à prix réduit, acheter de la publicité à bas prix ou
renégocier des contrats avec vos fournisseurs.
28
Pendant la Grande Récession (2008/2009), il est venu en aide à Goldman Sachs en leur
fournissant 5 milliards de dollars en échange d'actions et de warrants Goldman. Au moment où les
marchés se sont redressés, le bénéfice final de Buffett a fini par être de 15 $ par seconde au
cours d'une période d'investissement de cinq ans !
En regardant la situation de trésorerie de Berkshire Hathaway au fil du temps, nous pouvons voir
que la seule diminution soutenue de leurs liquidités s'est produite lorsque Buffett a racheté
pendant la crise financière de 2008.
Cela montre comment Buffett utilise son excès de liquidité à son avantage lorsque la bonne
opportunité se présente. Malgré son charme folklorique, Buffett est finalement un capitaliste qui
veut juste une bonne affaire. Et il est prêt à tenir jusqu'à ce que cet accord apparaisse. Comme il
l'a dit une fois :
« La bourse est un jeu sans appel. Il n'est pas nécessaire de frapper à tout va, mieux vaut
attendre le moment ».
Cela explique pourquoi les chercheurs de la Fondation Ewing Marion Kauffman ont découvert que
bien plus de la moitié des sociétés du Fortune 500 ont été fondées pendant une récession ou un
marché baissier, bien que les marchés baissiers ne se produisent qu'environ un tiers du temps à
travers l'histoire.
Les mêmes chercheurs ont également constaté que les ralentissements économiques
étaient beaucoup moins susceptibles d'avoir un impact sur les nouvelles entreprises par
rapport aux entreprises établies.
Ils théorisent que les entrepreneurs se soucient moins des vents économiques dominants
que de la validité de leur idée d'entreprise. Autre point clé : les fondateurs sont plus
susceptibles de démarrer une entreprise en période de ralentissement lorsque la
concurrence est affaiblie.
Mais même si vous ne voulez pas passer à l'offensive pendant une panique économique, qu'il
s'agisse de créer une entreprise ou de dépenser votre argent dans des transactions stratégiques,
il y a également un avantage défensif à détenir un excédent de trésorerie - vous ne serez pas
obligé de vendre vos actifs à rabais.
Cela peut sembler évident, mais l'histoire regorge d'exemples où des individus riches ont vendu
leurs biens précieux pour quelques sous lorsque les temps étaient difficiles. Prenons le cas de
l'opulente famille Vanderbilt. À la fin des années 1800 et au début des années 1900, les
Vanderbilts étaient connus pour leurs fêtes extravagantes et leurs magnifiques demeures. En
1892, William Kissam Vanderbilt, petit-fils du patriarche de la famille, et son épouse Alva ont
29
Cependant, afin de lever des fonds au cœur de la Grande Dépression, ils ont vendu leur maison
de vacances de 11 millions de dollars en 1932 pour 100 000 $, soit moins de 1 % du prix qu’il
avait fallu dépenser pour la construire !
Un sort similaire a frappé la collection de 183 tableaux inestimables de William H. Vanderbilt lors
de leur vente en 1945 : « Les meilleurs tableaux étrangers que l'argent pouvait acheter, qu'il avait
achetés pour plus de 2 millions de dollars - ont été vendus le soir du 18 avril et 19, 1945 pour un
total de 323 195 $ », raconte le descendant et historien Arthur T. Vanderbilt II dans Fortune's
Children.
Ces deux exemples illustrent comment des dépenses excessives et une mauvaise gestion des
investissements peuvent faire de vous un vendeur forcé pendant les périodes économiques
difficiles.
Si les Vanderbilts avaient acheté des actifs générateurs de revenus ou stocker des fonds pour
« une journée pluvieuse », ils auraient pu éviter leurs ventes paniques et ruineuses.
C'est pourquoi la liquidité est si importante pour une entreprise, en particulier pendant les
récessions. L'excès de liquidité vous donne la possibilité soit :
30
En tant que PDG ou propriétaire d'entreprise, vous pouvez utiliser la philosophie de Buffett en ces
temps difficiles pour acheter des marchandises à prix réduit, acheter de la publicité à bas prix ou
renégocier des contrats avec vos fournisseurs.
Donc, que vous essayiez de reproduire les pratiques de gestion de trésorerie de Bill Gates, l'achat
d'actifs de Warren Buffett ou que vous évitiez généralement le sort des Vanderbilts, la liquidité
sera l'une des ressources les plus importantes pour renforcer votre entreprise pendant une
récession.
Alors que l'argent liquide peut être considéré comme un frein à votre croissance pendant les bons
moments, il est essentiel pour survivre pendant les mauvais moments. Et comme le grand
investisseur Peter L. Bernstein l’a dit un jour :
La survie est la seule voie vers la richesse. Vous ne devez essayer de maximiser le rendement
que si les pertes ne menacent pas votre survie et si vous avez un besoin impérieux de gains
supplémentaires à l'avenir.
31
Par rapport à votre revenu, avez-vous les mêmes proportions de cash que Warren Buffett ?
Le cash est roi vous l’avez compris, soit parce qu’il vous protège en vous empêchant de perdre de
la valeur ou en vous obligeant à vendre des actifs ou des propriétés en catastrophe, soit parce
qu’il vous permet d’acheter des actifs bradés et peu coûteux lors d’une crise et donc de créer une
valeur considérable lorsque le marché repart à la hausse et que la croissance revient.
Attention qui dit placement dit frais ou droits d’entrée… Et comme vous le savez, hormis les
contrats d’assurance-vie sans droits d’entrée, il faut payer pour placer ses sous. Pas forcément
gênant si on reste investi pendant 10 ans. Nettement plus embêtant pour placer sa trésorerie sur
un temps court.
Lorsque vous regardez la pyramide d’Exter, vous voyez que les obligations d’Etats sont
considérées comme du quasi cash parce qu’elles sont liquides ce qui est vrai sous deux
conditions.
La seconde, si le pays concerné est en faillite sa banque centrale monétise sans vergogne sa
dette qui reste donc liquide.
C’est le cas de pays comme le Japon ou encore bien évidemment les Etats-Unis.
Ce n’est pas le cas de l’Europe puisque la BCE est coincée par des accords rigides et une
application manquant cruellement de souplesse des traités par nos « amis » allemands par
exemple.
Il n’y a donc pas de contradiction lorsque je vous dis attention l’assurance-vie et les obligations
d’Etats c’est dangereux, mais c’est liquide… C’est dangereux en Europe, mais liquide aux Etats-
Unis ou au Japon. Le problème c’est que même avec 100 000 euros sur son contrat d’assurance-
vie, on ne peut pas directement acheter un bon du trésor américain…
33
Les contrats d’épargne gratuits, comme le PEL le Livret A ou B et tous les livrets de banque…
votre risque est le risque de contrepartie bancaire, à savoir que si votre banque fait faillite vous
pouvez potentiellement perdre votre épargne.
En fait, il va falloir rester en cash pendant une année ou deux, avant de racheter des actifs à des
prix bradés tout en croisant les doigts pour que votre cash ne parte pas en fumée pendant cette
période.
Vous diversifiez vos banques. Inutile d’attendre d’avoir 200 000 euros pour avoir 2 banques à
100 000, vous pouvez diversifier bien avant.
Une fois les banques diversifiées, achetez un peu d’or pour assurer votre cash contre une crise
monétaire que vous n’auriez pas anticipée comme par exemple une explosion brutale de la zone
euro…
Pour vous rassurer, je pense néanmoins, que nous ne serons pas pris par surprise par une crise
monétaire inattendue. Nous devrions la voir arriver ce qui me permet d’envisager sereinement le
stockage pour le moment de grosses réserves de cash, mais dans plusieurs banques et assurées
par 10 à 20 % d’or acheté légalement pour que vous puissiez le revendre facilement.
L’idée dans ces périodes c’est de se dire que ne pas perdre c’est gagner.
Si une action comme Air-Liquide perd 30 % et que vous avez toujours votre cash, vous pourrez en
réalité acheter 30 % de plus d’actions Air Liquide.
Quand les actifs baissent et que votre cash garde sa valeur alors votre pouvoir d’achat s’améliore.
Si le cash perd sa valeur sur le temps long raison pour laquelle il ne faut pas rester en « cash »
pendant des décennies, sur le temps court cette stratégie, d’être hors des marchés, est la
meilleure pour vous mettre en position de racheter des actifs dans les crises.
34
Les esprits très malins diront qu’il suffit d’acheter de la part A à 262 227 dollars, ou encore mieux
de la part B à 174,61 dollars ce qui est à la portée de nettement plus de bourses…
C’est vrai, mais il y a un autre élément à prendre en considération, c’est que le Berkshire
Hathaway est un fond américain qui utilise le dollar américain et vous avez donc logiquement un
risque de change.
Pour le moment on peut penser que le dollar pourrait continuer à s’apprécier. Mais si le dollar
baisse et que l’euro monte plus vite que le Berkshire Hathaway ne s’apprécie alors vous perdrez
de l’argent.
C’est pour cette raison que vous pouvez tout simplement vous protéger contre ce risque de
change en prenant des certificats qui reproduisent la performance du fonds de Warren Buffett en
neutralisant le risque lié à la détention de dollar.
Vous avez de tels certificats aussi bien à la BNP par exemple qu’à la Société Générale.
Evidemment ces banques vous font payer le prix du service et de la couverture de change.
Personnellement l’histoire de la part B à acheter me semble le plus simple pour jouer sur le
Berkshire Hathaway et profiter de la gestion de Warren Buffett.
Les actions Berkshire Hathaway ont la particularité d’être scindées en deux parts, dont les codes
ISIN sont BRK-A et BRK-B.
Cette scission, qui a eu lieu en 1996 au ratio de 1 pour 30, a été réalisée dans le but de faciliter
l’accessibilité aux investisseurs, car la part A était devenue trop chère en termes de valeur
nominale. En 2010, toujours pour les mêmes raisons, il y a eu une seconde scission au ratio de 1
pour 50.
1 635 903 actions classe A au cours de Bourse de 339 155 $ le 3 janvier 2020 !
2 453 854 768 actions classe B au cours de Bourse de 226,18 $ le 3 janvier 2020.
36
Mais en cherchant bien cette part B est également cotée en …. euros de chez nous avec le code
ISIN : US0846707026 mais suivi cette fois des 4 lettres du code mnémonique suivant : BRYN
Si l’euro explose, cette part B en euros ne deviendrait-elle pas de bons et solides futurs deutsche
marks ?
Voilà une bonne question n’est-ce pas ;) et ma réponse serait sensiblement affirmative sans pour
autant en être totalement certain !
Vous avez par exemple le certificat 9458S émis par la Société Générale et avec le code ISIN :
FR0010681528.
Vous pouvez aussi acheter à la BNP le certificat « 100 % QUANTO BERKSHIRE HATHAWAY »
et donc couvert contre le risque de change mnémonique 3978B et code ISIN : NL0006243883.
Amusez-vous à comparer les frais indiqués et les frais cachés, ainsi que le coût de la couverture
de change dans les écarts de performance entre le certificat et le fond de Warren Buffett.
Pour ma part, je préfère assumer le risque de change, je reste persuadé que le dollar est en
réalité plus solide que l’euro, et que les Etats-Unis sortiront gagnant de la démondialisation et de
la guerre commerciale contre la Chine.
Cela fera les affaires de la zone dollar, et la zone euro continuera à souffrir de son impuissance
organisée.
Avoir du Berkshire Hathaway est donc sans doute une bonne idée, et pour aller au bout de la
logique, autant que ce soit en dollars.
37
La principale raison est la suivante : Warren Buffett estime que l’argent de sa société peut être
mieux utilisé pour sa croissance plutôt que d’opter pour le choix de verser des dividendes à ses
actionnaires…
Vous l’aurez compris, Warren Buffett privilégie l’accumulation de capital, il favorise le long terme
et le temps long contre la dictature du temps court et des résultats trimestriels ou semestriels.
En faisant cela, Warren Buffett fait preuve d’une approche d’historien ce qui lui permet d’être sans
conteste l’un des meilleurs bâtisseurs de patrimoine financier.
Je voulais maintenant revenir sur l’opération « Poker », il n’y a pas d’angoisse à avoir, vous ne
l’avez pas ratée, si l’on en croit Warren Buffett, ce n’est pas encore le moment de se ruer vers les
achats en bourse !
38
Cela peut être une mutation du virus qui deviendrait encore plus mortel semant une panique
terrible, cela peut être une « deuxième » vague et de nouveaux confinements. Cela peut être la
prise de conscience que la crise sera longue, ou encore que la Chine et les Etats-Unis vont
s’affronter, ou alors tout simplement, une baisse très forte des bénéfices des entreprises justifiant
une correction… tout simplement.
Je ne sais pas à ce jour quel sera le motif de la future correction, mais comme Warren Buffett, je
ne peux pas conseiller d’acheter ce marché qui évolue encore sur des niveaux stratosphériques
alors que le PIB des plus grands pays du monde va chuter de plus de 10 % ce qui en fait la pire
récession de tous… les temps.
Warren Buffett a 90 ans. Il me semble que c’est ainsi que j’ai commence ce flash Stratégies. Il a
90 ans, et il n’a jamais eu autant de cash qu’aujourd’hui.
A 90 ans, il est sans doute l’investisseur le plus prêt et le plus qualifié pour investir dans la période
que nous affrontons.
Il se pourrait fort bien qu’il quitte ce monde, sur un coup d’éclat fabuleux, celui de placer 140
milliards de dollars lors de la crise la pire depuis celle de 1929. De quoi créer une richesse
fabuleuse et d’immenses fortunes.
Né en 1930, le destin va sans doute lui offrir, l’un de ses tours dont il a le secret et lui permettre de
boucler la boucle avant de tirer sa révérence.
Acheter du Berkshire Hathaway est peut-être l’une des moins mauvaises idées.
Attendons encore un peu, même pour acheter du Berkshire Hathaway, car il sera possible sans
doute d’en acheter du moins cher qu’aujourd’hui.
Warren Buffett a 90 ans et il gère son portefeuille comme s’il avait encore toute la vie devant lui.
L’histoire et le temps.
Ces deux fidèles amis de Warren Buffett sont également les nôtres.
A bientôt.
Charles SANNAT
39
L'ensemble des informations, données ou opinions formulées ou exprimées dans ce document sont, par
nature, génériques et générales.
Elles ne constituent en aucune manière une incitation à investir, acheter ou réaliser des transactions.
Rapprochez-vous de votre banquier ou de votre conseiller en gestion de patrimoine dûment habilité par les
autorités compétentes à vous délivrer le meilleur conseil en fonction de votre situation.
Pour les placements financiers, dans tous les cas, n'oubliez jamais, tout investissement en actions est
risqué par nature. Dans le pire des cas, si la société fait faillite, vous pouvez perdre la totalité de votre
investissement.
Pour les aspects entrepreneuriaux, consultez un avocat, un expert-comptable, une association agréée et
de façon générale, tous les professionnels dûment habilités par le gouvernement à travers des
autorisations et autres diplômes donnant droits à donner un conseil avisé et éclairé!!!
Blablablablablabla... Bref, n'oubliez pas la règle de prudence de mon pépé : "Quand il y a un doute, il n'y a
pas de doute."
41