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Avril 2015

Panorama de presse
de l’Institut Technique de Banque

© CFPB 2015
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Le Centre de Formation de la Profession Bancaire

© CFPB 2015
Panorama de presse de l’Institut Technique de Banque
Centre de Formation de la Profession Bancaire

Sommaire du mois d’Avril 2015

I. Économies & Finances ................................................................................... 5


Union des marchés de capitaux une fausse bonne idée
Le Nouvel économiste n° 1762 du 24-04-2015 ................................................................. 6
Rapport sur le secteur bancaire - FBF - 15-04-2015 .......................................................... 7
FMI et Banque mondiale contraints de se réformer - Le Monde du 14-04-2015 .............. 8
Un problème d'artère bouchée - Le nouvel économiste n° 1759 du 03-04-2015 ............... 9
 Quantitative easing ...................................................................................................... 10
Le Bazooka de Mario Draghi n'est pas sans risque - Le Monde du 15-04-2015 ............. 11
Premiers succès pour le programme-choc de la BCE - Le Monde du 09-04-2015 .......... 12
 Taux d’intérêt .............................................................................................................. 13
Taux d'intérêt négatifs et alors ? - Le Monde du 22-04-2015 .......................................... 14
Le FMI alerte sur les risques liés à des taux d'intérêt très bas
Le Monde du 17-04-2015 ................................................................................................. 15
Bienvenue dans le monde des taux négatifs - Agefi Hebdo n° 462 du 01-04-2015 ........ 16
 Shadow Banking .......................................................................................................... 19
Bruxelles tisse sa toile pour capturer la finance de l'ombre
Agefi Hebdo n° 464 du 09-04-2015 ................................................................................. 20
Les assureurs prennent du poids dans le financement de l'économie
Agefi Hebdo n° 464 du 09-04-2015 ................................................................................. 21
Shadow banking - les fonds de dette privée en plein essor
Agefi Hebdo n° 464 du 09-04-2015 ................................................................................. 22

II. Environnement règlementaire de la banque et de l’assurance ................ 25


Les conséquences inattendues de la réglementation bancaire - L'augmentation du capital
des banques les rend-elle plus robustes ? - Revue Banque n° 783 - Avril 2015 .............. 26

III. Organisation de l'entreprise Banque .......................................................... 29


Les clients des banques sont de plus en plus infidèles - Les Échos 22-04-2015 ............. 30
A quoi servent nos très chère banques - Épisode 2
Le nouvel Économiste n° 1760 du 16-04-2015 ................................................................ 31
Les réseaux continuent à recruter mais l'emploi global décroit
Agefi Hebdo n° 463 du 02-04-2015 ................................................................................. 32
Les salariés engagés de la finance - Agefi Hebdo n° 462 du 01-04-2015 ....................... 33
 Banque & Afrique ....................................................................................................... 35
2015-2025 - les banquiers bâtisseurs de l'émergence de l'Afrique
Banque & Stratégie n° 335 Avril 2015 ............................................................................ 36
La Société Générale lance sa campagne d'Afrique - Le Monde du 22-04-2015 .............. 40
L'Afrique subsaharienne séduit les banques étrangères - Les Échos 20-04-2015............ 41
 Ressources Humaines .................................................................................................. 42
La pointure d'un patron se mesure à ses baskets - Les Échos 22-04-2015....................... 43
Lettre à un futur jeune banquier - Le Nouvel Économiste n° 1761 du 17-04-2015 ......... 44
Être patient dans un monde impatient - Le Monde du 07-04-2015 ................................. 45
Universum - la finance a reconquis les jeunes - Le Monde du 01-04-2015 ..................... 46
Économies
& Finances
Rapport sur le secteur bancaire en 2014
La FBF publie son rapport sur le secteur bancaire en 2014.

15-04-2015

Ce rapport dresse un panorama de l'évolution du secteur bancaire et du rôle des banques dans
le financement de l'économie.

Pour consulter le rapport de 36 pages : ICI


FMI et Banque mondiale contraints de se réformer
2015 est une année-clé pour ces institutions, qui doivent s’ouvrir davantage aux grands pays émergents

T
radition oblige, l’écono-
miste en chef du Fonds
La Chine,
monétaire international première
(FMI), le Français Olivier
Blanchard, est le premier à s’ex-
puissance
primer aux réunions de prin- économique
temps du Fonds et de la Banque
mondiale : il livrera, mardi
du monde, n’a, au
14 avril, à Washington, son dia- FMI, que 3,81 %
gnostic sur l’état de la conjoncture
internationale dans les « Perspec-
des droits de vote
tives économiques mondiales ».
Les instances officielles des
deux institutions se réuniront en- La Banque mondiale, de son
tre le 17 et le 19 avril dans la capi- côté, doit apprendre à vivre avec
tale américaine. D’ici là, plusieurs une concurrence nouvelle – celle
centaines de personnes participe- de la Banque de développement
ront aux débats et séminaires qui des BRICS (Brésil, Russie, Inde,
jalonnent la semaine. Chine, Afrique du Sud) et celle de
Pour les sœurs jumelles nées la Banque asiatique pour l’inves-
des accords de Bretton Woods tissement dans les infrastructu-
(juillet 1944) – elles furent créées res (BAII), en cours de constitu-
dans le but de renforcer la coopé- tion sous l’égide de Pékin.
ration économique et d’assurer le Quatre-vingt-huit pays sont
financement de la reconstruction membres du FMI. Officiellement,
et du développement du monde chacun dispose d’une quote-part
d’après-guerre –, 2015 est une an- (une part du capital du Fonds)
née particulière. censée refléter son poids dans
Quatre ans et demi après l’adop- l’économie mondiale. En prati-
tion, en 2010, de la réforme du que, le Fonds comme la Banque
FMI – elle est censée doubler ses mondiale sont dirigés par des Oc-
ressources et donner plus de cidentaux, et les pays émergents
poids aux pays émergents –, le Sé- peinent à s’y faire une place.
nat américain, à majorité républi- La Chine, première puissance Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international, le 22 mars, à Pékin. JASON LEE/ REUTERS
caine, peu tenté par le multilaté- économique du monde depuis
ralisme ou inquiet d’une fuite en 2014 – pour son produit intérieur tivité des pays émergents et en dé- des grands émergents, et qu’il lui que son président, l’Américain A l’approche des conférences
avant budgétaire, refuse toujours brut (PIB) mesuré en parité de veloppement, tout en préservant faut sécuriser ses ressources. Si elle Jim-Yong Kim, veut supprimer en d’Addis Abeba, en juillet, sur le fi-
de la ratifier. Face à ce blocage, la pouvoir d’achat – n’a, au FMI, que celle des pays les plus pauvres. Au veut se représenter – son mandat une génération. Le Brésil, l’Inde et nancement du développement,
directrice générale du FMI, Chris- 4 % des quotas et 3,81 % des droits passage, les Européens rendraient s’achève en juillet 2016 –, Mme La- la Chine étant ses trois premiers de la mise au point des objectifs
tine Lagarde, a proposé des mesu- de vote. L’entrée en vigueur de la deux sièges au conseil de l’institu- garde devra donner des gages. Les clients, la Banque, par nature, est de développement durable aux
res transitoires de rééquilibrage réforme du Fonds en 2010 ferait tion. Ce serait un début. quotes-parts des Etats membres plus ouverte aux émergents que Nations unies, en septembre, et
qui doivent être approuvées d’ici passer ces derniers à 6 %. Elle ac- Plusieurs options sont à l’étude s’élèvent à 362 milliards de dollars le FMI. Cela n’empêche pas les dé- de la « COP21 » à Paris, en décem-
au 30 juin. croîtrait de 6 points la représenta- au FMI. L’une, qui n’est pas la plus (341 milliards d’euros), mais la ca- convenues : 2014 a vu la nais- bre, sur le réchauffement climati-
probable, verrait augmenter les pacité de prêts du FMI approche les sance, à Fortaleza (Brésil), de la que, FMI et Banque mondiale veu-
quotes-parts de tous les pays à mille milliards de dollars, ce qui en Banque des BRICS et celle, Pékin, lent « élargir » les discussions.
Le risque du « new mediocre » l’exception de celle des Etats-Unis. fait le premier gendarme écono- de la BAII. Les deux institutions voudraient
Elle nécessiterait l’approbation de mique au monde et l’un de ses Contrairement à l’administra- limiter l’aide publique au dévelop-
Impulser de la croissance : tel est le credo exprimé, le 9 avril à 85 % des votants, or Washington principaux créanciers. tion Obama, M. Kim a pris avec pement aux pays les plus fragiles.
Washington, par la directrice générale du Fonds monétaire inter- dispose de 16,75 % des droits de philosophie l’arrivée de ces nou- Et elles militent pour l’émergence
national, Christine Lagarde. Si le produit intérieur brut mondial vote et d’un droit de veto qui dis- Une concurrence nouvelle veaux venus. « Nous ne sommes d’autres sources de financement,
a fait un peu mieux que prévu en 2014 (à + 3,4 %), l’économie n’en paraîtrait en dessous de 15 %. Avec les 65,6 milliards de dollars pas de trop pour lutter contre l’ex- quitte à se tourner vers le privé. El-
a pas fini avec le risque du « new mediocre » – une inflation et une L’autre option serait d’augmenter de prêts, de dons, de prises de par- trême pauvreté qui touche encore les plaideront enfin pour l’accom-
croissance faibles, doublées d’un endettement et d’un chômage les quotas et les droits de vote des ticipation et de garanties consen- 12 % de la population mondiale », pagnement des trois pays afri-
élevés. Pour conjurer ce scénario, Mme Lagarde préconise de soute- seuls pays émergents mais en pré- tis en 2014 à ses pays partenaires plaide-t-il. Mais face à une concur- cains victimes du virus Ebola
nir la demande, de relancer un investissement à la charnière de la servant le droit de veto américain. et aux entreprises privées, le rence accrue, la Banque mondiale (Sierra Leone, Liberia, Guinée). Les
demande et de l’offre, et de faire des réformes structurelles (des Le FMI doit bouger, ne serait-ce groupe Banque mondiale est plus doit apprendre à valoriser davan- pertes qu’ils ont enregistrées en
marchés du travail, des biens et des services). Trop de pays, déplo- que parce que, dans les années sui- modeste. Mais il reste un acteur tage son expertise et à la trans- termes de moindre croissance
re-t-elle, ont remisé ces réformes coûteuses politiquement, sans vant la crise de 2008, il a dû em- majeur du développement et de la mettre plus rapidement à ceux s’élèvent à 1,6 milliard de dollars. p
lesquelles on ne pourra redresser durablement la croissance. prunter plus, notamment auprès lutte contre l’extrême pauvreté, qui en ont besoin. claire guélaud
Économies
& Finances
Quantitative easing
Le « bazooka »
de Mario Draghi
n’est pas sans risque
Le rachat de dettes par la BCE est accusé de créer des
bulles. Pour l’heure, il pousse euro et taux à la baisse

A
pplaudi par les uns, cri- ment l’effet recherché », rappelle
tiqué par les autres. S’il
« [La politique Grégory Claeys, économiste au
est difficile de faire de taux bas de think tank bruxellois Bruegel.
consensus en matière « Peut-être, mais ce faisant, la BCE
de politique monétaire, Mario
la BCE] provoque a cassé le baromètre du risque et
Draghi, le président de la Banque d’énormes fabriqué une machine à bulles »,
centrale européenne (BCE), en sait juge de son côté M. Bourguignon.
quelque chose. Son institution,
problèmes Autre effet du QE : la baisse des
qui se réunit mercredi 15 avril, a en Allemagne » taux. Depuis que les marchés ont
lancé le 9 mars une politique de commencé à anticiper sa mise en
WOLFGANG SCHÂUBLE
rachats massifs de dette publique place, les taux d’emprunt des
ministre allemand
(60 milliards d’euros par mois), Etats de la zone euro – sauf ceux
des finances
dans l’espoir de relancer l’écono- de la Grèce – ont spectaculaire-
mie de la zone euro. ment chuté. Certains sont même
Certains économistes, notam- tombés en territoire négatif. Sur
ment en France, estiment que ce surnommée « bazooka », l’em- le marché secondaire, où s’échan-
programme d’assouplissement porteront-ils ? « C’est la question à gent les obligations déjà émises,
quantitatif (quantitative easing, en 1 milliard d’euros », résume Bruno les taux allemands à cinq ans sont
anglais, ou QE), tombe à point Colmant, économiste à l’univer- passés de 0,27 % en septem-
nommé. D’autres, en particulier sité catholique de Louvain. « En bre 2014 à – 0,13 % aujourd’hui, et
en Allemagne, jugent à l’inverse vérité, personne n’est capable d’y les taux espagnols à dix ans, de
qu’il représente un risque considé- répondre, car jamais les banques 2,3 % à 1,25 %.
rable pour la stabilité financière. centrales ne sont allées aussi loin De quoi assurer des coûts de fi-
Le 26 mars, le ministre allemand dans les politiques monétaires non nancement très bas aux Etats du
des finances, Wolfgang Schäuble, a conventionnelles », ajoute Eric sud de l’union monétaire. Et les
indiqué que l’environnement de Bourguignon, spécialiste du sujet aider à régler plus vite leurs pro-
taux très bas instauré par la BCE chez Swiss Life AM. blèmes de dette publique. « A con-
« provoque d’énormes problèmes dition qu’ils n’en profitent pas pour permettent de compenser », es- sance en 2015. « Si l’on ajoute à cela rale américaine, sur son blog.
en Allemagne », tels que des « ris- Contrer la déflation relâcher leurs efforts », nuance time M. Claeys. Selon lui, comme le coup de pouce de la baisse des Comme lui, nombre d’écono-
ques de bulles » sur certains actifs, De fait, le QE n’a pas seulement tout de même M. Colmant. pour la majorité des économistes, prix du pétrole à la consommation, mistes soulignent que l’on en at-
comme l’immobilier. Cette in- provoqué la dépréciation de Mais la baisse des taux fait aussi ces risques pèsent en vérité peu tout est en place pour que la zone tend parfois trop des banques
quiétude est partagée par la Bun- l’euro, dopant ainsi les exporta- des perdants. A savoir les banques de chose face à l’impact positif du euro sorte de l’ornière », note Ju- centrales. Pour limiter l’emballe-
desbank. Ou encore par la Banque tions européennes. En rachetant et les assureurs, qui investissent QE attendu sur l’économie. « Si la lien Pinter, de BSI Economics, un ment des prix d’un actif financier,
des règlements internationaux massivement des obligations sou- une grande partie de leurs fonds BCE ne s’était pas décidée à agir, la think tank de jeunes économistes. mieux vaut utiliser des outils plus
(BRI), qui tire régulièrement la veraines, la BCE a aussi poussé les sur les obligations d’Etat. La menace déflationniste aurait été Dans ce scénario idéal, il sera fins et ciblés (on les qualifie de
sonnette d’alarme en la matière. investisseurs à se tourner vers des baisse des rendements de ces der- bien plus dure à contrer », expli- toujours temps, une fois la crois- « macroprudentiels ») que les ar-
En faisant tourner la planche à actifs plus rentables, et donc plus nières rogne mécaniquement que Christophe Boucher, écono- sance revenue, de s’attaquer aux mes monétaires. Comme l’instau-
billets, la BCE sème-t-elle vrai- risqués et plus favorables au fi- leurs marges. Au point que leur miste à l’université de Lorraine. risques pour la stabilité finan- ration de limites à l’endettement
ment les graines de la prochaine nancement de l’économie, solvabilité soit menacée, comme De plus, l’action de la BCE a dé- cière. « Mais la politique moné- immobilier des ménages dans les
crise financière, comme l’assu- comme les actions ou les obliga- l’agitent les assureurs alle- clenché une baisse de plus de 20 % taire ne sera pas forcément le pays où l’envolée des prix des lo-
rent ses détracteurs ? Ou bien les tions d’entreprises. Au premier mands ? « Les craintes sont légiti- de l’euro face au dollar, grâce à la- moyen idéal pour traiter ce pro- gements laisse craindre la forma-
effets positifs de son arme de re- trimestre, le CAC 40 a ainsi grimpé mes, mais quand même pas : quelle l’union monétaire gagnera blème », prévient Ben Bernanke, tion d’une bulle. p
lance monétaire massive, parfois de plus de 20 %. « C’était précisé- d’autres produits financiers leur au moins un demi-point de crois- l’ancien patron de la Réserve fédé- marie charrel
Premiers succès pour le programme-choc de la BCE
Les achats d’actifs de la Banque centrale remplissent leur objectif, mais l’effet sur l’économie réelle tarde

L
es cassandres lui prédi-
saient l’échec. Elles
« En assurant
avaient tort. Jeudi 9 avril, des coûts de
la Banque centrale euro-
péenne (BCE) fêtera le succès du
financement très
premier mois de son ambitieux bas aux Etats,
programme d’assouplissement
quantitatif (quantitative easing
la BCE les aide
en anglais, ou « QE »). Ce dernier à garantir
consiste en des achats massifs de
titres de dettes, essentiellement
la soutenabilité
publiques, dans l’objectif de sou- de leur dette »
tenir la reprise économique.
FREDERIK DUCROZET
« Malgré les craintes, la BCE a
Crédit agricole CIB
réussi à racheter autant de titres
qu’elle le souhaitait, et les premiers
effets constatés sont plus forts que
ce qu’elle espérait, notamment sur Et pour cause : dès septembre
les Bourses », résume Jean-Fran- 2014, les investisseurs, anticipant
çois Robin, chez Natixis. la mise en œuvre du QE, ont dé-
Dans le détail, l’institution a, par placé une partie de leurs fonds de
l’intermédiaire des banques na- la zone euro vers les Etats-Unis, à
tionales, racheté pour 60 mil- la recherche des placements plus
liards d’euros de titres en moins rémunérateurs. En d’autres ter-
d’un mois, dont 47,36 milliards de mes, ils ont vendu des euros, ce
dette publique. En tête : les em- qui a fait baisser le niveau de la
prunts allemands (11 milliards), monnaie unique.
français (8,75 milliards) et italiens Les exportateurs européens, en
(7,6 milliards). D’ici à septem- particulier français et italiens,
bre 2016, elle compte en acheter sont les premiers à en profiter.
pour plus de 1 100 milliards. « Ce L’euro faible regonfle la compéti-
premier mois est encourageant, tivité de leurs produits vendus
mais elle doit désormais transfor- hors d’Europe. Grâce à cela, la
mer l’essai », prévient Patrice zone euro devrait gagner un de-
Gautry, chef économiste de l’UBP. mi-point de croissance en 2015,
Et s’assurer que l’impact du QE sur selon les calculs de BNP Paribas.
l’économie réelle sera aussi mas- Baisse des taux souverains En
sif que celui sur les marchés. achetant massivement des titres
Chute de l’euro En moins d’un an, souverains, la BCE a fait baisser le
l’euro a baissé de 10 % face à l’en- loyer de l’argent. Les taux italiens
semble des devises et de 22 % face à dix ans sont ainsi passés de 4 % leur dette », explique Frederik Du- portent plus grand-chose. Résul- d’actions et obligations d’entre- Il est trop tôt le dire, mais pour
au billet vert. Le 13 mars, il est début 2014 à 1,3 % aujourd’hui, les crozet, au Crédit agricole CIB. Le tats, leurs marges fondent. prises. Depuis un an, les sorties l’instant, les premiers signaux
tombé à 1,0492 dollar, son plus espagnols de 4,1 à 1,2 %, les portu- QE joue également comme un pa- Déplacement massif de capitaux nettes de capitaux de la zone euro sont encourageants. Le crédit fré-
bas niveau depuis 2002. « C’était gais, de 5,5 à 1,6 % et les français, de re-feu efficace : en achetant leurs au profit des Bourses En tirant les s’élèvent donc à plus de 100 mil- mit. Le coup de pouce inattendu
précisément l’effet visé par la 2,5 à 0,5 %. L’intérêt est double : titres, la BCE limite le risque de taux souverains à la baisse, la BCE liards d’euros. Mais elles n’ont de la baisse des prix de l’énergie à
BCE », rappelle Eric Bourguignon, « En assurant des coûts de finance- contagion de la crise grecque aux cherche également à pousser les rien d’inquiétant, et il serait abu- la consommation des ménages
directeur de la gestion taux chez ment très bas à ces Etats, la BCE les autres Etats périphériques. investisseurs vers des actifs plus sif de parler de fuite. « Cela n’a rien dope la confiance des entreprises.
Swiss Life AM. aide à garantir la soutenabilité de Certains analystes jugent même rentables, et donc plus risqués, à voir avec la crise souveraine de Dans le scénario rose, cette ten-
qu’en la matière, les mesures de la comme les actions ou les obliga- 2011, lorsque les investisseurs quit- dance se poursuit, investissement
BCE fonctionnent presque trop tions d’entreprises. Et cela fonc- taient la zone euro en panique », et salaires repartent, les prix se res-
COURS DE L'EURO EN DOLLARS bien. De fait, les taux ont telle- tionne. précise Philippe Waechter, chez saisissent et le cercle vertueux per-
ment baissé que désormais, un Au 1er trimestre, le CAC 40, en Natixis AM. De plus, les sorties mettant le retour d’une croissance
1,31 tiers des dettes souveraines déjà hausse de 20 %, a signé sa nettes de capitaux sont égale- solide s’enclenche.
émises s’échangent à des taux… meilleure performance depuis ment le reflet de l’excès d’épargne Dans le scénario noir, un choc
négatifs. C’est le cas des taux alle- 1998. Et les émissions obligataires de l’union monétaire par rapport extérieur (remontée trop brutale
mands à cinq ans (– 0,10 %). Cer- d’entreprises battent des records, y à l’investissement, notamment des cours du pétrole, aggravation
tains pays émettent même direc- compris celles d’entreprises amé- en Allemagne et au Pays-Bas. de la crise grecque…) grippe la mé-
1,20 tement à des taux négatifs. Le ricaines (+ 160 % en un an !). De- Effets sur l’économie réelle à canique de la reprise. Le danger
11 février, la Suède a ainsi em- puis janvier, Coca-Cola ou le four- confirmer C’est le point le plus dé- serait alors que les effets pervers
prunté sur cinq ans à – 0,0503 %. nisseur télécoms AT&T sont ainsi licat à mesurer. Certes, la baisse de du QE l’emportent sur les positifs.
1,08 Et le 7 avril, le Trésor espagnol a
levé 725 millions d’euros sur six
venus emprunter sur les marchés
européens pour y profiter des bas
l’euro profite aux exportateurs, et
les taux bas de la BCE contribuent
« Les achats de la BCE brouillent la
perception des risques chez les in-
mois à – 0,02 % : du jamais-vu ! coûts de financement. « Le QE a à faire reculer ceux des prêts aux vestisseurs et favorisent la créa-
Si les Etats s’en réjouissent, les provoqué un déplacement massif PME et ménages. Reste une ques- tion de bulles sur les marchés »,
banquiers et assureurs, eux, s’in- des capitaux », résume Christo- tion clé : les mesures chocs de prévient M. Bourguignon. Nom-
quiètent. Avec des taux aussi bas, pher Dembik, chez Saxo Banque. l’institution permettront-elles de bre d’analystes estiment qu’il s’en
1ER SEPTEMBRE 2014 8 AVRIL 2015
les placements tels que les assu- Pour l’instant, les sorties de ca- relancer suffisamment le crédit, forme déjà sur certaines actions
rances-vie, composés pour l’es- pitaux des obligations souverai- et donc, l’investissement et la et obligations d’entreprises. p
SOURCE : BOURSORAMA
sentiel d’emprunts d’Etat, ne rap- nes sont supérieures aux achats croissance ? marie charrel
Économies
& Finances
Taux d’intérêt
L’ÉCLAIRAGE
Taux d’intérêt négatifs : et alors ?

ment » la valorisation des actifs ris-


par jean-pierre petit
qués. La réalité est qu’on oublie que ce

E
processus est intrinsèque (et non pas
n zone euro, 30 % de la dette artificiel) à des économies financiari-
souveraine est aujourd’hui sées en menace déflationniste. La re-
traitée avec un taux nominal valorisation des actifs est en effet l’un
négatif. Cette situation, iné- des mécanismes de transmission de
dite dans l’histoire, et qui s’étend à cet assouplissement monétaire.
d’autres pays d’Europe continentale
liés à la zone euro (tels la Suisse ou le STRATÉGIE CONTRE-PRODUCTIVE
Danemark), pose de nombreuses De façon plus « microéconomique »,
questions. la stratégie des taux directeurs néga-
Pourtant, ce qui importe en macroé- tifs consistant à pousser les banques
conomie est le taux d’intérêt réel, et il à prêter peut, in fine, se révéler con-
n’y a rien qui empêche que celui-ci tre-productive : pressions sur les
soit parfois en territoire négatif. Si marges des banques (poussant cel-
l’inflation réalisée et anticipée dimi- les-ci à relever les marges d’intérêt
nue excessivement, on peut donc ad- par les taux débiteurs sur crédit et/ou
mettre ainsi que le taux nominal à passer les taux créditeurs en terri-
passe en territoire négatif. toire négatif, d’où des fuites vers la
En zone euro, la Banque centrale monnaie fiduciaire), distorsions sur
européenne (BCE) est restée tellement le marché interbancaire et le système
restrictive trop longtemps que les de paiement (fuite générale vers la
pressions déflationnistes se sont con- monnaie fiduciaire).
sidérablement accentuées. Le passage à des taux négatifs pose
La BCE, à l’instar d’autres banques également problème pour les inves-
centrales en Europe, a dû se résoudre tisseurs institutionnels, les compa-
en 2014 à faire passer l’un de ses taux gnies d’assurances et les fonds de
directeurs, le taux de facilité de dépôt, pension (les encours de ces derniers
en territoire négatif. Cette inflexion a dépassent 100 % du produit intérieur
été, on le sait, complétée et amplifiée brut dans trois pays européens : les
par la suite par la mise en place d’un Pays-Bas, la Suisse et le Royaume-
assouplissement quantitatif ample et Uni), où les flux de revenus sur les ac-
crédible, dont l’un des principaux mé- tifs détenus (souvent contraints par
canismes de transmission à l’écono- les règles prudentielles) diminuent,
mie réelle est de comprimer la prime tandis que les engagements au passif
de terme. sont rigides (rendements garantis, re-
Le passage à des taux négatifs pose traites).
en fait un certain nombre de problè- La généralisation des taux nomi-
mes. Rappelons que les Etats-Unis ou naux en territoire négatif pose un
le Japon, en dépit de politiques moné- problème plus global en raison de la
taires innovantes, se sont refusés, présence de la monnaie fiduciaire
pour des raisons différentes (poids des (pièces et billets), dont le rendement
money market funds [sicav monétai- est nul. En effet, pourquoi une entre-
res] aux Etats-Unis et souci de protec- prise ou un ménage déposeraient-ils
tion des banques au Japon), à prati- de l’argent auprès d’une institution fi-
quer des taux négatifs. nancière (monnaie scripturale) à un
La critique la plus fréquente à l’égard taux négatif si l’on peut le conserver
des taux négatifs est qu’ils entretien- en monnaie fiduciaire ?
nent et amplifient « artificielle- Certes, il y a des coûts liés à la déten-
tion de monnaie fiduciaire (stockage,
transport, etc.) et le rendement net de
la monnaie fiduciaire, surtout lors-
qu’elle est détenue dans de grandes
quantités, n’est pas nul, mais négatif.
Ainsi, le seuil plancher efficient se si-
tue probablement un peu au-dessous
de 1 %. Mais cela tend à montrer qu’il y
a une limite naturelle aux taux nomi-
naux négatifs.
¶ Et la BCE, en déclarant que la limite
Jean-Pierre Petit de prix de rachat de sa part des obliga-
est économiste et tions publiques se situait au taux de
président de la société facilité de dépôt (hors stress systémi-
de conseil Les Cahiers que), a établi en quelque sorte un seuil
verts de l’économie. minimum sur les taux négatifs. p
Le FMI alerte sur
il faut s’attaquer aux créances dou- portefeuille de 4 400 milliards de conduire à une volatilité nette-
teuses pour dégager les circuits du d’euros d’actifs dans l’Union euro- ment plus forte.
« Les politiques
crédit. Pourquoi est-ce si impor- péenne, et ce secteur est de plus en Aux Etats-Unis et dans d’autres monétaires
tant ? Parce que des banques char- plus connecté à l’ensemble du sys- pays, où le système non bancaire
divergentes ont

les risques liés


gées de créances douteuses prêtent tème financier. D’où un risque de joue un rôle important, le Fonds
moins, or ces créances douteuses contagion. recommande, enfin, de maîtriser accru les tensions
représentent plus de 900 milliards les risques d’illiquidité en renfor-
d’euros dans la zone euro. » Et sans « Parcours accidenté » çant les structures des marchés.
sur les marchés »
mesures correctrices, l’institution Par ailleurs, tout en saluant la po- Parmi les mesures qu’il défend fi- JOSÉ VINALS

à des taux de Washington estime que la pro-


gression de la capacité de prêt des
banques pourrait se limiter à un
faible niveau de 1 % à 3 % par an.
litique suivie par la présidente de
la Réserve fédérale américaine
(Fed), Janet Yellen, le FMI n’en es-
time pas moins que le relèvement
gure une meilleure supervision
de la gestion d’actifs, un secteur
dont l’activité porte sur
76 000 milliards de dollars (une
directeur du département
monétaire et des marchés
de capitaux du FMI

d’intérêt très bas Au Japon, avertit le FMI, le succès


des « Abenomics » passe non seu-
lement par une politique moné-
taire non conventionnelle, mais
annoncé du loyer de l’argent aux
Etats-Unis constitue un « risque
évident ».
« Une normalisation en douceur
année de PIB mondial et 40 % des
actifs financiers mondiaux).
Du côté des pays émergents,
éprouvés par les brusques varia-
par le biais des marchés ». Il recom-
mande de « renforcer les politiques
micro-prudentielles et macro-pru-
L’institution de Washington aussi par la mise en place des réfor-
mes budgétaires et structurelles
n’est pas garantie », a même dé-
claré M. Viñals. Deux scénarios lui
tions des cours des matières pre-
mières et de leurs taux de change,
dentielles applicables aux établis-
sements non bancaires » et de ren-
juge que les périls financiers annoncées par le premier minis-
tre (participation accrue des fem-
semblent envisageables : « une
sortie graduelle bien annoncée »,
l’urgence est de renforcer la sur-
veillance des secteurs vulnéra-
forcer, autant qu’il est possible, la
liquidité du marché.
se sont accrus ces six derniers mois mes au marché du travail, etc.).
L’assouplissement des politi-
ou, « en dépit de signaux clairs, un
parcours accidenté », susceptible
bles. Il s’agit, par exemple, de ré-
duire la partie la plus risquée du
« Les marchés ont assez de liqui-
dités quand tout va bien, mais elles
ques monétaires n’a pas que des shadow banking chinois, de ra- peuvent vite s’assécher en période
avantages. Le FMI le sait et invite lentir la progression du crédit en de stress et amplifier l’impact des

L
les économies avancées à gérer les Chine et d’y assurer une restruc- chocs sur les prix », a fait valoir
es risques financiers se « La croissance et des politiques effets négatifs de taux d’intérêt
Le Fonds défend turation en bon ordre de la dette M. Viñals, en insistant sur les ris-
sont accrus au cours des monétaires divergentes ont accru bas. En zone euro, où près d’un une meilleure des entreprises. Mais aussi, plus ques accrus de contagion de l’ins-
six derniers mois et ils se les tensions sur les marchés finan- tiers des obligations souveraines à généralement, de suivre de près et tabilité financière et de propaga-
sont déplacés vers des ciers et sont à l’origine de mouve- court et long terme présentent
supervision de la régulièrement le levier financier tion entre classes d’actifs (obliga-
parties du système financier où ments de change et de taux d’inté- des rendements négatifs, une pé- gestion d’actifs, des entreprises et leurs engage- tions, actions, etc.). et entre pays.
ils sont beaucoup plus difficiles à rêt rapides et volatils », a relevé, riode prolongée de faibles taux ments en devises. Des risques qui s’expliquent aussi,
évaluer et à traiter, estime le mercredi 15 avril, José Viñals, le di- d’intérêt mettrait en péril beau-
dont l’activité Le FMI juge « impératif de mettre selon lui, par le développement du
Fonds monétaire international recteur du département moné- coup d’établissements financiers. porte sur une rapidement en place une réglemen- trading haute fréquence et l’auto-
(FMI) dans son dernier rapport taire et des marchés de capitaux Le Fonds cite le cas de 24 % des as- tation qui permette de transformer matisation des échanges sur des
sur la stabilité financière, rendu du Fonds et conseiller financier de sureurs-vie européens de taille
année de PIB le secteur bancaire parallèle en plates-formes électroniques. p
public mercredi 15 avril. Christine Lagarde, la directrice gé- moyenne. Or l’assurance-vie a un mondial pourvoyeur stable de financement claire guélaud
nérale. « Cette situation n’est qu’en
partie le fruit d’un héritage du
passé », a-t-il analysé, en souli-
LES CHIFFRES gnant que les risques financiers
avaient migré « des banques vers le

900 secteur non bancaire (gestion d’ac-


tifs et shadow banking – « la ban-
C’est en milliards d’euros, le que de l’ombre »), du champ de la
montant des créances douteuses solvabilité vers celui de la liquidité
de certaines banques de la zone du marché, et des économies avan-
euro. Deux tiers se concentrent cées vers les émergentes ».
dans six pays : Chypre, la Grèce, A propos des politiques moné-
l’Irlande, l’Italie, le Portugal et la taires, et même s’il est un partisan
Slovénie. résolu de politiques non conven-
tionnelles, comme les rachats
76 000 massifs d’actifs (quantitative
easing, QE) pour soutenir la crois-
C’est en milliards de dollars (soit sance, auxquels procède actuelle-
71 465 milliards d’euros) les ment la Banque centrale euro-
montants gérés par les sociétés péenne (BCE), le FMI ne s’attarde
de gestion d’actifs. Cela repré- pas sur les risques de bulles qui
sente plus de 100 % du produit peuvent aller de pair avec de tels
intérieur brut mondial. Ces entre- dispositifs. Tout juste M. Viñals
prises aident les investisseurs à observe-t-il que la prise de risques
diversifier leur patrimoine. Elles financiers et la quête du rende-
peuvent servir de « roue de se- ment « continuent de pousser la
cours » pour financer l’économie valorisation de certains actifs ». Le
réelle même quand les banques Fonds ne souhaite probablement
ont des difficultés. pas se voir accusé d’être un pom-
pier pyromane…
50 % S’il juge « courageuses » les poli-
tiques monétaires accommodan-
C’est la part du trading haute tes de la BCE ou de la Banque du Ja-
fréquence – il amplifie la volati- pon, le conseiller financier de la
lité – dans les échanges sur le directrice générale du FMI conti-
marché au comptant des em- nue d’affirmer la nécessité d’en
prunts d’Etat américains. Elle amplifier l’impact en les accom-
s’établit entre 60 % et 70 % sur pagnant par d’autres mesures.
les marchés à terme. « Dans la zone euro, a-t-il insisté,
Économies
& Finances
Shadow Banking
Environnement réglementaire
de la banque et de l’assurance
Organisation de
l’entreprise banque
Les clients des banques sont
de plus en plus infidèles
l Selon une étude de Capgemini, l’émergence de nouveaux acteurs
technologiques accroît les exigences des clients vis-à-vis de leur banque.
l La propension des clients à recommander leur banque a reculé de 3,6 %.
posés au départ : aux Etats-Unis crédit associée à un compte géré ches.Cetteannée,leurpropensionà
BANQUE 15,9 % des représentants de la géné- par un « pure player » du Web, un recommander leur banque a reculé
rationY(18-30 ans)se disent enclins opérateur télécoms, un supermar- de 3,6 % dans le monde.
Sharon Wajsbrot à changer de banque contre près de ché ou un autre commerçant. Pour les établissements, le sujet
swajsbrot@lesechos.fr 7,9 % des clients plus âgés. est crucial dans la mesure où la
L’émergencedumondedela« fin- Exigences digitales perspective de changer d’établisse-
C’estunemauvaisenouvellepourun tech »–cesstart-upquiveulentrévo- C’est l’incapacité des établisse- ment se révèle aussi de moins en
secteur où les clients sont réputés lutionner le monde de la finance – ments traditionnels à satisfaire les moins complexe. « Les clients ont
fidèles. Selon le « World Retail Ban- semble avoir changé la donne, en exigences digitales des clients qui vécupendantlongtempsunparcours
kingReport »–uneétudeducabinet offrant de multiples alternatives est pointée du doigt. « Il y a un écart du combattant pour changer de ban-
Capgemini menée dans 32 pays, aux établissements traditionnels. croissant entre l’attente d’immédia- que, aujourd’hui sous la pression des
dans 80 établissements et auprès de « Même si les volumes collectés par le teté des clients vis-à-vis des services régulateurs les choses sont en train
16.000 personnes –, la propension “crowdfunding” ne sont pas encore en ligne et la réalité de l’expérience d’évoluer », note Jean Lassignardie.
des clients à quitter leur banque significatifs, cette nouvelle méthode client »,expliqueJeanLassignardie. Pour mémoire, en France, suite à
principaleàcourttermeaaugmenté deprêterdel’argentvéhiculel’idéeque Une difficulté qui se traduit par une l’adoption de la loi Macron, les ban-
cette année dans le monde entier. les choses peuvent être plus simples et moindre satisfaction client dans le ques seront tenues de réaliser un
moins chères pour le client », fait baromètre annuel réalisé par le transfert automatique des domici-
Les jeunes plus enclins valoir Jean Lassignardie, directeur cabinet de conseil. En 2015, l’expé- liations bancaires des clients qui
à changer desventesetdumarketingdel’entité rience client s’est ainsi dégradée de veulent changer de banque.
C’est dans la région Asie-Pacifique services financiers chez Capgemini. 0,8 % dans le monde. En France, si Reste à savoir combien franchi-
que celle-ci a le plus progressé : si C’est dans l’univers des paie- 71,8 % estimaient que leur banque rontvéritablementlepas.EnFrance
seuls 2,8 % des clients de cette zone ments où ces acteurs non bancaires répondait à leurs attentes en 2013, le potentiel pourrait être important
se disaient prêts à quitter leur ban- réalisent la plus forte percée. Selon ils ne sont plus que 69,5 % cette tant le taux de mobilité bancaire
que dans les six mois en 2014, ils le rapport de Capgemini, 5,4 % des année.Lesclientssontlogiquement actuel est faible. Selon le rapport sur
sont désormais 15,1 %. Les plus jeu- clients interrogés dans le monde moins enclins à recommander les la portabilité du compte bancaire, il
nes sont aussi particulièrement dis- indiquent disposer d’une carte de services de leur banque à leurs pro- plafonne à 4,5 % par an. n
Organisation de
l’entreprise banque
Banque & Afrique
La Société générale lance sa campagne d’Afrique
La banque française va allouer 4 milliards d’euros de ressources supplémentaires à ses activités africaines

S LES CHIFFRES
ous la coupole majes-
tueuse de l’agence cen-
trale d’Abidjan – inspirée
de celle du boulevard

1,1
Haussmann, à Paris –, les hommes
d’affaires ivoiriens ont découvert
en avant-première, vendredi milliard d’euros de produit net
17 avril, la nouvelle campagne ins- bancaire réalisé par la Société
titutionnelle de la Société générale générale en Afrique, contre
(SG). A partir du 20 avril, la banque 7,5 milliards pour le pôle banque
française va décliner sa communi- de détail et services financiers
cation sur l’esprit d’équipe à desti- internationaux.
nation de toute l’Afrique.
Cette campagne symbolise l’am-
bition de l’établissement sur un 11 500
continent devenu « un marché clé collaborateurs sur 63 000
de notre stratégie de croissance », à l’international.
selon Bernardo Sanchez-Incera,
son directeur général délégué. La
SG est la seule des grandes ban- 950
ques tricolores à afficher un tel vo- agences, contre 3 128 en France.
lontarisme sur cette région où elle
est présente dans bientôt 18 pays
– avec l’ouverture d’une filiale au mutualisons, conclut M. Maymat.
Togo le 31 mai –, souvent depuis Mais il ne faut pas aller trop vite.
plus de cinquante ans. Nous avons l'obsession de cons-
« Lors des récents troubles en Côte truire sur du solide, notamment en
d’Ivoire, début 2011, nous avons été matière de conformité et de déon-
la dernière banque à fermer et la tologie. »
première à rouvrir », insiste Autre règle de sécurité, les filiales
Alexandre Maymat, « M. Afrique » doivent collecter assez de dépôts
à la SG, qui détient la première pour financer leurs crédits. Et de
banque de Côte d’Ivoire à travers la convenir : « L’Afrique, c’est une certi-
SGBCI, mais aussi la première au tude et une surprise. La certitude,
Cameroun, la deuxième au Séné- c’est d’avoir un ennui tous les ma-
gal ou encore en Guinée. tins avant 8 heures. La surprise, c’est
Frédéric Oudéa, le directeur gé- Manko, la filiale de la Société générale, mène une expérience de bancarisation à Pikine, dans la banlieue de Dakar. SYLVAIN CHERKAOUI/COSMOS que ce n’est jamais le même. Notre
néral, avait déjà rendu public, en objectif est d’être suffisamment
mai 2014, un objectif de 7 % de rentables pour absorber les crises
croissance par an de ses revenus part du bilan que la SG est prête à rée, un trésorier a les mêmes exi- plique Gaëtan Debuchy, son direc- qui ne manqueront pas d’arriver. »
en Afrique, contre une progres- y engager.
« Nous faisions gences, qu’il soit à Abidjan, Franc- teur général. Au Burkina, ce sont La SG n’est pas la seule à miser
sion à moins de 5 % ces dernières Des opérations de croissance de la banque à fort ou Tokyo », plaide Jean-Luc Pa- des « camions agences » qui sur l’Afrique, même si elle figure
années, marquées par un déra- externe ne sont pas exclues. Le rer, codirecteur de la banque et sillonnent les villages. avec les britanniques Barclays et
page du coût du risque dans les français vient ainsi d’acquérir un
la française. C’est services financiers internatio- « Avec nos 17 pays, l’Afrique est Standard Chartered parmi les ban-
pays du Maghreb à la suite du petit établissement de crédit au fini. Nous testons naux. Désormais, la SG part à la une belle terre d’expérimentation ques internationales les mieux
« printemps arabe ». Depuis, les Mozambique. Mais la grande conquête des particuliers. pour nous », renchérit Georges implantées sur le continent. Les
déboires de la Russie, l’un des gros question est de savoir s’il s’im-
les nouveaux Wega, directeur général adjoint de établissements marocains et nigé-
marchés de la SG après le rachat de plante au Nigeria, la première éco- usages » Scooters et camions agences SG Cameroun. Innover dans la ges- rians ou encore l’acteur panafri-
Rosbank en 2006, n’ont pu que le nomie d’Afrique, dont il est absent Quand 80 % de la population afri- tion du cash est crucial dans des cain Ecobank rivalisent d’agressi-
ALEXANDRE MAYMAT
conforter dans cette analyse. à ce jour, après s’y être brûlé les caine n’est pas bancarisée, l’entre- économies dominées par le sec- vité commerciale ou pour débau-
responsable de la région
Ainsi, la Côte d'Ivoire caracole sur doigts dans le passé. prise teste à Pikine, dans la ban- teur informel. Si dans les paie- cher les équipes. « Après la crise de
Afrique chez SG
un rythme de croissance annuelle « Nous avons un potentiel consi- lieue de Dakar, au Sénégal, une of- ments sur mobile, certains opéra- 2011 en Côte d’Ivoire, nous nous
entre 9 % et 10 %, depuis la mi-2011. dérable de croissance dans nos fi- fre de distribution de prêts. teurs télécoms ont une longueur sommes laissés surprendre et
En marge des conseils d’admi- liales », souligne M. Maymat. « Manko » aligne une vingtaine d’avance, à l’image de Safaricom et avons perdu des parts de marché.
nistration de ses grandes filiales Ouverture de 50 à 70 agences par prises et celle des particuliers. de commerciaux qui se déplacent de son offre M-Pesa au Kenya, la SG Mais nous avons vite retrouvé no-
subsahariennes, Côte d’Ivoire, Ca- an, implantation en 2015 d'une Historiquement, la SG a dé- en scooters vert pomme à la ren- tente de se positionner, seule ou tre place de leader », glisse Harold
meroun, Sénégal et Ghana, la ban- salle de marché régionale à Abid- marré sur la clientèle d’entrepri- contre des serveurs et des petits en partenariat, dans différents Coffi, directeur général adjoint de
que a détaillé sa stratégie d’expan- jan, lancement d’une offre de ban- ses, d’abord en accompagnement épiciers, à qui ils proposent une pays. « Nous faisions de la banque à SGBCI. Au Sénégal, la SG a perdu sa
sion : 4 milliards d’euros d’actifs que sur mobile panafricaine, créa- des multinationales en Afrique analyse crédit sur tablette. « la française. C’est fini. Maintenant, place de numéro un au profit
pondérés supplémentaires vont tion d’un « lab » de l’innovation, puis en soutien des entreprises lo- Manko n’a pas d’équivalent, c’est à nous testons les usages bancaires, d’une banque marocaine. La ba-
être alloués à l’Afrique, soit une les projets fusent pour dévelop- cales, y compris des PME. « Pour mi-chemin entre la banque tradi- nous voyons comment nos clients taille ne fait que commencer. p
hausse de 25 % sur trois ans de la per à la fois la clientèle des entre- peu qu’une entreprise soit structu- tionnelle et la microfinance », ex- se les approprient, puis nous les isabelle chaperon
L’Afrique
subsaharienne
séduitles banques
étrangères
l La région devrait concentrer la plus forte croissance
pour l’industrie bancaire dans le monde d’ici à 2020.
l Dans un marché encore relativement étroit, la concur-
rence entre acteurs régionaux et étrangers sera rude.
« L’Afrique subsaharienne est la McKinsey prévoit donc une crois-
BANQUE région du monde où l’industrie ban- sance de 12,9 % à l’horizon 2020
caire va connaître la plus forte crois- pour l’industrie bancaire en Afrique
Sharon Wajsbrot sance dans les années à venir, dépas- subsaharienne, si l’on exclut l’Afri-
swajsbrot@lesechos.fr sant la croissance prévue en l’Asie ou que du Sud. Cette croissance sera
— A Abidjan en l’Amérique latine », anticipe San- avant tout liée à l’équipement de
dra Sancier-Sultan, en charge du clientsdansdesrégionsoùletauxde
La vigueur du développement des pôle institutions financières du bancarisation des populations est
banques étrangères sur le conti- bureau français de McKinsey. Pour souvent compris entre 10 % et 20 %.
nent africain conforte son statut de cause : les acteurs bancaires tire- Selon les prévisions du cabinet, les
pépite. Cette année, Société Géné- ront parti à la fois de la croissance revenus de l’activité de banque de
rale s’est engagée dans deux nou- économique, de l’urbanisation détail vont croître bien plus rapide-
veaux pays : le Togo puis le Mozam- massive des sociétés africaines, de ment que ceux de banque d’investis-
bique. De son côté, Barclays Africa leur transition démographique et sement, pour atteindre 22 milliards
– la structure qui rassemble la des projets d’infrastructures colos- de dollars en 2020, soit près de deux
majorité des actifs africains de la saux. fois ceux générés en 2012.
banque britannique Barclays – Mais le mouvement sera pro-
vient d’annoncer son projet de
rachat des filiales de sa maison
Une croissance de 4,5 %
« De 1980 à 2000 la croissance a été
gressif. Le poids de l’économie
informelle explique que la popula-
Le défi pour les acteurs interna-
tionaux consistera donc à élargir Société Générale joue
lacarte panafricaine
mère en Egypte et au Zimbabwe. pratiquement nulle en Afrique. On tion ait très peu recours au crédit un marché encore relativement
Elle a aussi déposé une demande de est reparti sur des bases plus saines bancaire : en Afrique subsaha- étroit, du fait de la faible part de la
licence bancaire pour s’implanter avec un marché intérieur solvable rienne, le ratio qui rapporte le population qui a accès à un compte
au Nigeria. Ce marché nourrit les qui se constitue », confirme Tchét- recours au crédit au PIB est souvent bancaire, mais aussi de la concur-
appétits de Standard Chartered, ché N’Guessan, directeur du centre bien inférieur à 30 %. Ce sont donc rence vive des géants locaux, Le groupe va allouer salle des marchés régionale à Abid-
l’autre géant britannique sur le con- ivoirien de recherches économi- surtout les revenus des services comme Ecobank, Attijariwafa 4 milliards d’euros de fonds jan pour développer les produits de
tinent. Après avoir lancé son acti- ques et sociales. Malgré la chute du dédiés aux entreprises qui tirent Bank. Au Sénégal, ce sont ainsi propres supplémentaires couverture et équiper ses filiales
vité en Angola l’année dernière, il a prix du pétrole, le FMI table sur une l’activité des grands groupes. Selon 24 banques qui se partagent un à ses activités africaines d’offres de gestion du cash ou
en effet indiqué qu’il se concentre- croissance de 4,5 % sur le continent McKinsey, les services de gestion de marché de 14 millions d’habitants, jusqu’à 2016. d’affacturage. Des projets qui seront
rait sur ses projets nigérians et en 2015, et de plus de 5 % les années trésorerie génèrent ainsi 30 % des dont moins de 10 % ont accès à un menés selon une logique de mutua-
kenyans cette année. suivantes. revenus bancaires dans la région. compte bancaire. n Banquier du port d’Abidjan, qui lisation à travers le continent pour
étend peu à peu ses quais sur la mer réduirelescoûtsetgagnerenagilité.
pour répondre à la croissance de la Mais la banque cherche aussi à
Côte d’Ivoire, Société Générale est agir sur le levier des ressources
Trois modes de distribution de la Société Générale en Afrique bien placé pour observer l’essor du humaines en renforçant les par-
pays : après des années de crise, la courslocaux.Pourmémoire,surles
banque y renoue avec une crois- 11.000 salariés du groupe sur le con-
sance de 9 % par an. Bien loin de la tinent, 10.900 sont africains. « Il
crise de 2011, où Laurent Ghagbo nous faut mettre en relation nos
nationalisait la filiale de la banque implantations en Afrique et dans le
française et où certains de ses sala- monde pour être en mesure de leur
riés devaient être évacués en piro- proposer des carrières internationa-
gue vers le Ghana… Mais, face à la les », fait valoir Alexandre Maymat.
concurrence des géants locaux, Cette logique panafricaine prévaut
Société Générale a vu ces dernières déjà dans les grands groupes du
années son influence diluée sur cer- continent et elle a valu à la Société
tainsdesesmarchéshistoriques :en Générale quelques départs de
Côte d’Ivoire, au Sénégal ou au talents ces dernières années.
Cameroun où elle est implantée Le groupe va par ailleurs allouer
depuiscinquanteans.« L’environne- 4 milliards de fonds propres sup-
ment est très compétitif, les banques plémentaires à son dispositif afri-
marocaines et panafricaines sont très cain jusqu’à 2016. Il espère ainsi
Bloomberg

agressives, si nous voulons réussir il atteindre 7 % de croissance


Manko

faut accélérer la professionnalisation annuelle en moyenne et une renta-


AFP

de nos filiales », a estimé Alexandre bilité des fonds propres supérieure


Maymat, responsable de la région à 15 % en Afrique. Encore touchée
Les agences traditionnelles Des conseillers à Mobylette L’incontournable banque mobile Afrique, Méditerranée, Asie et par les effets collatéraux du prin-
Etendard de leur marque, les agences Lancée en 2012, la société Manko envoie Face à l’essor de la banque sur mobile en outre-mer à la Société Générale. temps arabe, la Société Générale y
restent le principal outil de conquête de ses 20 agents bancaires à Mobylette dans Afrique, la filiale malgache de Société Géné- affichait un produit net bancaire de
clients en Afrique pour les banques. Elles les boutiques des commerçants pour leur rale a initié le retrait aux distributeurs de Focalisé sur le marché 1,1 milliard d’euros en 2014 (+ 5 %) –
permettent d’accompagner la croissance proposer des services bancaires et des billets via un téléphone équipé d’un forfait de entreprises soit moins de 5 % des revenus du
des villes et de répondre aux besoins crédits compris entre 150 et 30.000 euros, l’opérateur local Telma. « Il s’agit de démo- Pour ce faire, le groupe se focalise groupe. Reste à savoir si les vents lui
importants de gestion d’argent liquide des alors que leurs états financiers limités ne les cratiser l’utilisation des DAB tout en géné- sur le marché entreprises qui pèse seront favorables. « Les économies
clients. La Société Générale projette ainsi rendaient pas éligibles au crédit bancaire. rant de nouvelles commissions de services », pour 55 % à 90 % de ses revenus africaines restent fragiles, avec des
de maintenir un rythme de 50 à 70 ouver- En test au Sénégal, ce service pourrait être explique Mickael Pages, DG adjoint de la selon le pays.La Société Générale concentrations sectorielles et des cri-
tures d’agence par an en Afrique. Elle dis- étendu à d’autres marchés, dans la mesure banque à Madagascar. Laquelle développe veut construire une offre panafri- ses politiques, il nous faudra être
pose aujourd’hui de 1.000 points de vente où il permet à la Société Générale de réduire aussi avec IBM des services de banque en cainesophistiquéeàdestinationdes extrêmement rentable pour absor-
dans 18 pays du continent. ses coûts de distribution. ligne et des applications mobiles dédiées. grandes entreprises internationales ber ces retournements », convient
etlocales.Ellemetainsisurpiedune Alexandre Maymat. — S. W.
Organisation de
l’entreprise banque
Ressources Humaines
LE POINT
DE VUE Lapointure d’unpatron
de Gilles Le Gendre
et Joanna Moss semesure àses baskets

Y penser toujours, n’en parler


jamais : parmi les tabous de
l’entreprise, le caractère du
patron,quandilestmauvais,estl’undes
mieux défendus. Son assistante se fera
Le loup solitaire cède
la place à l’animateur
d’écosystèmes de plus
transformations qui bouleversent
l’exercice de l’autorité. 1. Le loup soli-
taire cède la place au chef de bande et à
l’animateur d’écosystèmes de plus en
plus complexes. 2. Les compétences
tuer plutôt que dénoncer les écarts en plus complexes. « acquises » sont vite obsolètes, ce sont
d’humeur dont elle est victime. Un les compétences « créatives » qui font la
cadre encaissera sans broncher une L’intelligence différence. 3. L’intelligence rationnelle
humiliation publique. C’est à la est vaine si elle n’est pas équilibrée par
machine à café que les langues se
rationnelle est vaine l’intelligence émotionnelle. 4. La trans-
délient : le collaborateur lambda y évo- si elle n’est pas équilibrée mission du savoir est décisive, sa pré-
que les foucades présidentielles, mais par l’intelligence servation vouée à l’échec. 5. Les compo-
dans une forme d’incrédulité puisqu’il émotionnelle. santes narcissiques du pouvoir sont
n’en est jamais le témoin. Pourtant, qui raillées, tandis que la simplicité, dans
peut nier que ce signal faible exerce une les apparences et la relation interper-
influence forte ? A la fois sur la culture ego, tous les « Maverick » se moquent sonnelle, est vue comme un atout.
de l’entreprise et son management. d’être populaires : la religion des saints Tableau idyllique ? Beaucoup de lec-
Au point d’obliger les dirigeants à des patrons n’a pas sa place dans l’entre- teurs le penseront, observant la pres-
remises en question, encore rares, mais prise. Diriger une start-up de 10 person- sion et l’accélération de l’action qui
salutaires. nes comme une multinationale de s’exercent sur le numéro un et qui expli-
Tous les profils existent, mais un 200.000 salariés impose de voir loin, de quent, sinon excusent, ses fautes de
patron sans ego n’est pas un patron. penser vite, de trancher dans le vif, carre au quotidien. On a beau chercher,
Carlos Ghosn (Renault) semble aussi d’ouvrir des chemins inexplorés, tout il est encore impossible d’établir une
flamboyant que Jean-Dominique en contrôlant les détails de l’exécution. corrélation entre la performance d’une
Senard (Michelin) s’affiche humble. Le caractère du boss n’est pas une entreprise et la réputation, flatteuse ou
Apparence trompeuse : outre que les affairedegentillesse.Maissonéquilibre exécrable, du caractère de son prési-
deux font rouler nos voitures, ils ont en psychique est devenu déterminant. dent (nous ne citerons pas de noms).
commun une haute idée d’eux-mêmes Changement radical. Les héros des Mais des cas commencent à apparaître
et un charisme qui entretiennent leur révolutions industrielles ont souvent de patrons remerciés pour leurs infir-
mythe auprès de leurs équipes. Ce cha- étédesdespotes(d’HenryFord àMarcel mités comportementales autant que
risme s’exprime différemment : par Dassault) et parfois des fous (en 2013, pour l’insuffisance de leurs résultats
l’autorité péremptoire dans le premier l’Insead publiait une étude au titre édi- (idem). En dépit de toutes ses ambiguï-
cas, par le pouvoir de conviction dans le fiant, « The Psychopath in the tés, la prévention des risques psychoso-
second. Le vrai leader a toujours été un C-Suite »). Au contraire, la révolution ciaux organise la chasse aux attitudes
« Maverick », nom emprunté à un éle- digitale, qui entraîne dans un même perverses.Ilfaitpreuved’uneassurance
veur texan (1803-1870) célèbre pour son élan entreprises de la nouvelle écono- frôlant l’inconscience, le patron qui
refus des conventions. Aujourd’hui, mie et de l’ancienne, consacre le leader pense qu’il peut se dispenser de balayer
on dirait un « Jobs » (Steve, Apple), « bien dans ses baskets ». devant sa porte.
un « Musk » (Elon, Tesla Motors), Carlos Tavares (Peugeot SA) avouait
une « Mayer » (Marissa, Yahoo!) récemment à quel point il avait été Gilles Le Gendre et Joanna Moss
un « Niel » (Xavier, Free), etc. bousculé par le fameux exercice d’éva- sont membres des Company Doctors,
Quelle que soit la dimension de leur luation à « 360 degrés », miroir des réseau de consultants en entreprise.
LE COIN DU COACH
par sophie péters

Etre patient dans


un monde impatient
Tout nous pousse à l’impatience : notre
rythme de vie, les nouvelles technolo-
gies, le stress né des contraintes multi-
ples… Résultat : notre seuil de tolérance
à l’attente baisse dangereusement. Ra-
lentir n’est pas suffisant. Pour faire bais-
ser la pression, il faut identifier ce qui
nourrit notre impatience. Est-ce le signe
d’une hyperactivité née du désir de ne
jamais en finir ? Ou celui d’une angoisse
qui dit tout le contraire et témoigne de
la crainte de l’échec, façon d’abolir l’at-
tente du résultat ? Vouloir tout, tout de
suite, cache également une pulsion de
maîtrise. Or c’est par la patience que la
maîtrise se fait mieux sentir.
Garder patience réclame un effort sur
soi, d’autant plus grand que notre mode
de vie sera précipité et que nous som-
mes de plus en plus étrangers au rythme
de maturation des choses. Dans l’entre-
prise, le changement permanent est de-
venu un leitmotiv faisant passer pour de
l’adaptation une crainte de ne plus maî-
triser l’avenir. Sans un minimum de
temps long, difficile cependant de réali-
ser de grands projets. La patience aide à
mieux vivre les efforts, les imprévus et
les déconvenues. Elle laisse au temps sa
chance, celle de l’accomplissement.
Pour rester une force, elle doit être habi-
tée d’une promesse en un futur meilleur.
Sans horizon et sans limites, elle se fige
dans la résignation et l’attentisme sté-
rile. Patience et impatience nous sont
toutes deux indispensables, la première
pour nous aider à ne pas nous laisser dé-
monter par les difficultés, la seconde
pour ne pas nous enfermer dans certai-
nes situations. A condition de garder en
tête ce proverbe : « Le temps ne par-
donne pas ce que l’on fait sans lui. » p
Universum : la finance a reconquis les jeunes
« Le Monde » publie en exclusivité le palmarès Universum de l’« employeur idéal » des futurs diplômés

L’employeur idéal des étudiants, 39 742 étudiants interrogés

25,01
en % des noms cités D’octobre 2014 à février 2015, l’institut de sondages in-
ternational spécialisé dans la marque employeur a de-

19,32
mandé à 48 183 personnes de désigner leur Top 5 « em-
ployeurs » à partir d’une liste de 130 noms d’entreprises.

17,64

18,15
123 écoles de commerce ou écoles d’ingénieurs ont été
consultées ainsi que des professionnels issus de ces mê-

16,53
mes écoles.
1 Classement selon les étudiants Les 39 742 étudiants sont pour 21 128 en écoles de com-
merce, 16 785 en écoles d’ingénieurs et 1 829 en masters
1 Classement selon les professionnels de droit, sciences naturelles, etc. Leur moyenne d’âge est

14,07
de 21,6 ans. Il y a 53 % d’hommes et 47 % de femmes.
Les 8 441 professionnels sont à 54 % issus de ces écoles

13,40
Evolution du rang de l’entreprise de commerce et 32 % d’écoles d’ingénieurs.
dans le classement entre 2014 et 2015

12,49
Leur moyenne d’âge est de 32,3 ans. Il y a 57 % d’hom-

12,30

12,19
En hausse mes et 43 % de femmes.
62,5 % d’entre eux ont entre un et huit ans d’expérience
11,5

En baisse ou moins de 40 ans et les autres ont au moins huit ans


3

d’expérience ou plus de 40 ans.


Stable

9,80
10,0

Absent du classement

9,57
4
9,8

de 2014
4

7
9,0

5
SOURCE : UNIVERSUM
8,4

8,5
1

INFOGRAPHIE ÉLISA BELLANGER

0
7,8
7,4
5

1
7,7
7,3
4
7,3

0
7,3
2

3 2 1 1 2
6,9 4 3 4
9
7 6,8
5 4 2 1 3 5
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5,25 25 38 CNRS préférées des préférées des Unilever 30 25 5,91
26 59 IBM élèves des écoles élèves des écoles HSBC 56 26
4,81 5,61
27 12 SNCF d’ingénieurs de commerce Procter PwC 69 27
4,67 & Gamb 5,55
28 65 Renault le 45 28
4,63 14 Nestlé ier Adid Accor 14 5, 23
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46 35 51 23 42 46
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3,01
2,92

3,42

3
2,88

3,38
2,86

3,28
2,83

2,89

3,18
2,83

2,70

2,85
2,73

2,79
2,72

C haque printemps depuis


quinze ans, Universum, so-
ciété suédoise spécialisée
dans la marque employeur, dé-
voile les entreprises préférées des
Sur le podium, lui aussi très sta-
ble, les commerciaux ont fait
monter dans l’ordre : LVMH,
L’Oréal Group et Google ; et les fu-
turs ingénieurs : Airbus Group,
vaillent depuis au moins un an.
Les étudiants en école de com-
merce et de management n’ont
pas de désillusion après avoir re-
joint le marché du travail. Aucune
dium, suivi par Airbus Group, puis
Total, qui gagne aussi cinq places
dans le classement. Ce sont toute-
fois General Electric et GDF Suez
qui sont les véritables découver-
des élèves ingénieurs, sans sortir
du Top 10, bien sûr.
Le deuxième enseignement de
cette édition 2015 est le redresse-
ment du secteur de la finance
que », commente Universum. Va-
ses communicants obligent,
l’amélioration du secteur ban-
caire s’est faite aux dépens des ca-
binets d’audit. Parmi les plus
étudiants des grandes écoles de Google et Thales. entreprise des dix premières pla- tes de la filière d’ingénieurs puis- auprès des étudiants. Dans les grands, seul EY se maintient relati-
commerce et d’ingénieurs. Un pal- D’une année sur l’autre, le pal- ces du classement ne connaît de qu’ils progressent respectivement écoles de commerce, Goldman vement bien… à la dixième place.
marès très attendu par les grandes marès des cinq premiers reste éga- recul significatif, même s’il est no- de vingt-deux et quinze places. A Sachs et J.P. Morgan remontent de Force est de constater que les
entreprises et que Le Monde publie lement le même sur tous les cam- table que Google et L’Oréal Group contrario, un bémol est mis à l’aé- douze places, tout comme Mor- étudiants ne se dirigent pas vers
en exclusivité. pus. Les étudiants en commerce s’échangent mutuellement les pla- ronautique et la défense avec Das- gan Stanley. L’opprobre tombé sur les entreprises qui les font rêver.
Pour connaître la réputation des attribuent les quatrième et cin- ces de numéro deux et de numéro sault Aviation et Thales qui recu- le monde de la finance après la « Une infime partie des profession-
entreprises sur les campus, plus de quième places à Apple et Canal+ et trois. En revanche, une fois en em- lent respectivement de quatre et crise de 2008 serait-il effacé ? Pas nels interrogés sont en emploi dans
35 000 étudiants sont interrogés les élèves ingénieurs désignent ploi, ils découvrent des entreprises sept places dans le palmarès des tout à fait, BNP Paribas (– 1) mis à le luxe. En revanche, ils se tournent
chaque année par cet institut in- Dassault Aviation puis Safran. plébiscitées habituellement par professionnels comparé à celui l’amende par les Etats-Unis en en nombre vers la distribution et la
ternational, 39 742 exactement Mais cette édition 2015 apporte les élèves ingénieurs : Airbus juin 2014 et HSBC (– 2) mis en grande distribution », indique
pour le palmarès 2015. un regard nouveau par la consulta- Group gagne ainsi treize places par cause début 2015 pour des affaires Universum. Alors même que,
Pour les plus appréciés, rien n’a tion d’un panel de 8 441 jeunes rapport au palmarès « étudiant » d’évasion fiscale ne profitent évi- dans le classement des étudiants
changé depuis dix ans : le luxe et professionnels issus de ces mêmes et Total, dix-huit ! Les étudiants demment pas du redressement en écoles de commerce, Carrefour
l’aéronautique font toujours rêver. écoles qui ont également été invi- du secteur. « Les banques d’inves- est littéralement en chute libre,
LVMH, à la première place, est ainsi tés à s’exprimer sur ces entrepri- Redorer le blason des entreprises
ne se dirigent pas tissement, comme les cabinets perdant quatorze places. L’écart
le groupe fétiche des étudiants en ses. Ce qui permet de comparer Les ingénieurs en emploi redo- vers les d’audit, attirent beaucoup plus les reste important entre les secteurs
école de commerce et Airbus l’image que les étudiants ont d’une rent aussi le blason de quelques jeunes étudiants que les expéri- séduisants et la réalité du marché
Group (ex-EADS), celui des futurs entreprise avant d’y entrer, et ce entreprises en mettant d’abord
entreprises mentés, car ils sont perçus comme du travail. p
ingénieurs. qu’ils en pensent lorsqu’ils y tra- EDF sur la première marche du po- qui les font rêver idéaux dans un parcours académi- anne rodier
Chers lecteurs,

Nous espérons que les panoramas de presse vous aurons été utiles pour la bonne
préparation de vos épreuves.

Et nous vous souhaitons à toutes et tous, la pleine réussite de vos examens.

Nous vous donnons rendez-vous très bientôt pour partager un nouveau numéro du
panorama de presse ITB.

Le Centre de Formation de la Profession Bancaire

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