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République du CAMEROUN Republic of CAMEROON

Paix -Travail-Patrie
Peace-Work-Fatherland
Ministère de l’enseignement Ministry of high education
supérieur

UNIVERSITE DE YAOUNDE 1

ECOLE NATIONALE SUPERIEURE POLYTECHNIQUE DE YAOUNDE

Département Génie civil et urbanisme

EXPOSE D’ ARCHITECTURE

Thème

Membres du groupe

- BIKOY Elie Emmanuel


- MOUNPAIN MFOUAPON Mohamed
- MOUOLLY Robert Durell
- NGAI NWATSOK Johann
- WONG MENDOUGA Moisette
Table des matières
INTRODUCTION.....................................................................................................................................3
Biographie.............................................................................................................................................4
Enfance..............................................................................................................................................4
Études et formation..........................................................................................................................4
Principales influences d'I. M. Pei.......................................................................................................6
Carrière.................................................................................................................................................8
Premières étapes vers le succès........................................................................................................8
Mesa Laboratory.............................................................................................................................12
« Plan Pei » à Oklahoma City...........................................................................................................13
Hôtel de ville de Dallas....................................................................................................................14
200 Clarendon Street (John Hancock Tower)..................................................................................15
Bâtiment est de la National Gallery of Art.......................................................................................16
Jacob K. Javits Convention Center...................................................................................................18
Morton H. Meyerson Symphony Center.........................................................................................19
Retour en Asie.................................................................................................................................21
Tour de la Bank of China.................................................................................................................21
Le musée Miho................................................................................................................................22
Le Louvre, un chantier emblématique.............................................................................................23
Style et méthode.................................................................................................................................26
Prix et honneurs..................................................................................................................................27
Principales réalisations........................................................................................................................28
INTRODUCTION

Leoh Ming Pei communément appelé I. M. Pei, est un architecte américain d'origine
chinoise né le 26 avril 1917 à Canton et mort le 16 mai 2019 à New York.
En 1948, Pei est recruté par le promoteur immobilier William Zeckendorf ; il établit sept ans
plus tard son cabinet d'études indépendant, I. M. Pei & Associates, futur Pei Cobb Freed &
Partners. Pei prend officiellement sa retraite en 1990. Depuis, il est consultant en architecture
principalement pour le cabinet d'architecture de ses fils Pei Partnership Architects.

C'est un architecte prolifique qui participe à la construction de la chapelle commémorative


Luce de Taichung, du National Center for Atmospheric Research à Boulder dans le Colorado,
à la conception de l'hôtel de ville de Dallas, du bâtiment est de la National Gallery of Art, de
la John F. Kennedy Presidential Library and Museum dans le Massachusetts et du 200
Clarendon Street à Boston. Il conçoit le Morton H. Meyerson Symphony Center de Dallas, le
musée Miho (près de Kyoto), le musée de Suzhou et le musée d'Art islamique de Doha. En
Chine, il conçoit un hôtel dans le parc Xiangshan de Pékin et la tour de la Bank of China à
Hong Kong. En France, son audacieuse pyramide du Louvre fait l’objet lors de sa
construction d’une controverse.

Pei reçoit de nombreux prix et récompenses dans le domaine de l'architecture, y


compris la médaille d'or de l'AIA en 1979, le Premium Imperiale en 1989 et une
récompense du Cooper–Hewitt, Smithsonian Design Museum en 2003. En 1983, il
remporte le prix Pritzker, parfois appelé le « prix Nobel de l'architecture ».

Dans cet exposé nous allons parcourir la vie de cet architecte de génie, ses prix et honneurs,
son style et ses réalisations majeurs
Biographie
Enfance
Leoh Ming Pei, fils de Tsuyee Pei et de Lien Kwun, naît le 26 avril 1917 à Canton, mais
ses parents déménagent à Hong Kong un an plus tard car son père y dirige la Bank of
China. La famille compte cinq enfants. Dans son enfance, Pei est très proche de sa mère,
une fervente bouddhiste reconnue pour ses talents de flûtiste. La relation de Pei avec son
père est moins intime : leur relation reste respectueuse mais distante.

Du fait de son illustre ascendance, la famille appartient aux strates les plus élevées de la
société. Pei souligne toutefois que son père ne reçoit aucune éducation artistique sérieuse.
Plus attiré par la musique et d'autres formes culturelles que par le monde bancaire où travaille
son père, il découvre l'art et se cultive par lui-même.

En 1927, alors âgé de dix ans, Pei déménage avec sa famille à Shanghai où son père vient
d'être promu. Pei va dans une école dirigée par des missionnaires protestants. Il apprend
également les bases de l'anglais en lisant la Bible et des romans de Charles Dickens.

Études et formation

À la fin de ses études secondaires à Shanghai, Pei décide d'étudier dans une université à
l'étranger. Âgé de seulement dix-sept ans, il choisit l'université de Pennsylvanie dans le but de
suivre leur programme d'enseignement en architecture.

Une fois arrivé, il est se rend compte que l'enseignement est basé sur le style Beaux-Arts, qui
s'inspire des œuvres de la Grèce antique et de la Rome antique. Or lui il est attiré par
l’architecture moderne. De plus il est frustré par l’avance qu’a les autres étudiant en dessin
d’architecture. Ce qui le pousse à s'engager dans des études d'ingénieur au Massachusetts
Institute of Technology (MIT).

Mais la faculté d'architecture du MIT est également très orientée vers le style Beaux-Arts et
Pei manque d'inspiration dans son travail. Dans la bibliothèque, il trouve trois livres sur
l'architecte franco-suisse Le Corbusier. Pei est inspiré par le design innovant du nouveau style
international, qui se caractérise par une forme simplifiée et l'utilisation de matériaux comme
le verre et l'acier. Le Corbusier visite le MIT en novembre 1935, ce qui marque intensément
Pei qui estime que les deux jours où l'architecte est présent « sont probablement les jours les
plus importants dans son apprentissage de l'architecture. Le jeune étudiant est également
influencé par le travail de l'architecte américain Frank Lloyd Wright. En 1938, il se rend à
Spring Green dans le Wisconsin, pour visiter la villa Taliesin, mais est déçu de ne pas
rencontrer Wright.

Bien qu'il déteste l'accent mis sur le style Beaux-Arts, Pei excelle dans ses études au MIT. Il y
apprend la science et la technique des constructions, ainsi que tout ce qui est essentiel à
l'architecture. A la fin des années 1930, Pei rencontre Eileen Loo, étudiante au Wellesley
College situé à New York. Ils se marient au printemps 1942. Loo suit les cours d'architecture
du paysage à l'université Harvard et Pei est ainsi présenté à des étudiants de la Harvard
Graduate School of Design (GSD)

Moins d'un mois plus tard, Pei suspend son travail à Harvard pour rejoindre volontairement le
National Defense Research Committee (NDRC) qui coordonne la recherche scientifique sur
la technologie des armes américaines employées pendant la Seconde Guerre mondiale ou il
passe deux années et demie.

En 1945, Eileen donne naissance à un fils, T'ing Chung, et elle quitte ses études afin de se
consacrer à son éducation. Pei retourne à Harvard à l'automne 1945 et reçoit un poste de
professeur adjoint de design. Walter Gropius et Marcel Breuer dirigeants du Bauhaus (un
mouvement architectural européen qui fait avancer la cause de la conception moderniste) ,
avaient rejoint la GSD. Leur vision iconoclaste de l'architecture moderne intéresse Pei et il
travaille en étroite collaboration avec les deux hommes.

L'un des projets de conception de Pei à la GSD consiste en un plan pour un musée d'art à
Shanghai. Il souhaite évoquer une ambiance authentiquement chinoise dans l'architecture
sans pour autant utiliser de matériaux ni de styles traditionnels. La conception se base sur des
structures modernistes droites, organisées autour d'un jardin dans une cour centrale, avec
d'autres milieux naturels similaires disposés à proximité, et le projet est très bien reçu. Pei
reçoit son diplôme de maîtrise en 1946 et enseigne ensuite à Harvard pendant deux ans.

Carrière

Premières étapes vers le succès

Au printemps 1948, Pei est recruté par le promoteur américain William Zeckendorf et intègre
son cabinet d'architecture Webb and Knapp, basé à New York. ils deviennent bons amis et
Pei trouve l'expérience personnellement enrichissante. Zeckendorf dispose d'un bon réseau
dans le monde politique et Pei est heureux d'en apprendre davantage sur les relations sociales
du monde new-yorkais31.

Le premier projet de Pei qui voit le jour, le Gulf Oil Building ici en 2013.

Son premier projet pour Webb and Knapp est un immeuble d'appartements, financé grâce à la
loi sur le logement de 1949. La conception de Pei est basée sur une tour circulaire avec des
anneaux concentriques. Les zones les plus proches du pilier sont destinées aux parties
communes et à la circulation des personnes, tandis que les appartements sont situés vers
l'extérieur. Zeckendorf aime cette conception inhabituelle et la présente même à Le
Corbusier lors d'une de leurs rencontres. Le coût se révèle finalement trop élevé et le bâtiment
ne dépasse pas le stade du projet.

Pei voit un de ses projets prendre forme en 1949 quand il conçoit le Gulf Oil Building, un
bâtiment d'entreprise de deux étages pour la société Gulf Oil à Atlanta. L'utilisation de
marbre pour le mur-rideau extérieur vaut à Pei les éloges de la revue Architectural Foruz.
Bientôt Pei est tellement assailli de projets qu'il demande à Zeckendorf des assistants, qu'il
choisit parmi ses associés au GSD, comme Henry N. Cobb et Ulrich Franzen. Ils sont mis à
contribution sur une grande variété de propositions, dont celui du centre commercial
Roosevelt Field Mall. L'équipe redessine également l'immeuble de bureaux du cabinet Webb
and Knapp ; bien que ce projet dure un an et dépasse le budget initial, Zeckendorf est ravi des
résultats.

En 1952, Pei et son équipe commencent à travailler sur une série de projets à Denver dans le
Colorado. Le premier est celui du Mile High Center, dont le bâtiment de base occupe moins
de 25 % de l'ensemble du site, laissant ainsi de la place pour un hall d'exposition et des
fontaines. Un pâté de maisons plus loin, son équipe redessine également le square du palais
de justice de Denver, qui associe des espaces de bureaux, des zones commerciales et des
hôtels. Ces projets aident Pei à conceptualiser l'architecture dans le cadre d'une géographie
urbaine plus large, assimilant la ville à « un organisme vivant ». Il apprend là des leçons qui
se révéleront essentielles pour ses projets ultérieurs. En 1982, il retournera à Denver pour la
conception de la rue piétonne et commerciale 16th Street Mall.

Pei et son équipe conçoivent également une vaste zone urbaine dans la ville de
Washington, L'Enfant Plaza, ainsi nommée d'après l'architecte franco-américain Pierre
Charles L'Enfant. L'associé de Pei Araldo Cossutta est l'architecte principal des
bâtiments nord et sud de la place. Vlastimil Koubek est l'architecte du bâtiment est,
L'Enfant Plaza Hotel, et du bâtiment central qui abrite le siège du United States Postal
Service. L'équipe affiche initialement une vision très ambitieuse qui est saluée à la fois
par le Washington Post et le Washington Star, mais des problèmes de financement
obligent à une réduction significative du projet38.

En 1954, celui qui tout le monde appelle par ses initiales I. M. (prononcées I am : « Je suis »5)
est naturalisé américain9. En 1955, il crée la société I. M. Pei & Associate, le cabinet y gagne
la liberté de travailler avec d'autres entreprises, même s'il continue à travailler principalement
avec Zeckendorf. La nouvelle entreprise se distingue par l'utilisation de maquettes
architecturales détaillées. Travaillant sur la zone résidentielle de Kips Bay sur le côté est de
Manhattan, Pei crée les Kips Bay Towers, deux hautes tours d'appartements avec des fenêtres
en retrait fournissant à la fois de l'ombre et une meilleure préservation de la vie privée des
occupants. Pei s'implique dans le processus de construction à Kips Bay, inspectant même les
sacs de béton pour s'assurer de la cohérence des couleurs39.

Les Society Hill Towers de Philadelphie.

Le cabinet poursuit son orientation urbaine avec un projet à Society Hill dans le centre de
Philadelphie. Pei conçoit les Society Hill Towers, trois immeubles d'habitation de conception
cubiste dans un quartier datant du XVIIIe siècle. Comme pour les projets précédents, des
espaces verts abondants sont au cœur de la vision de Pei, qui ajoute également des maisons de
ville traditionnelles pour faciliter la transition du classique au design moderne.
De 1958 à 1963, Pei et Raymond Affleck développent un bloc-clé du centre-ville de
Montréal : il s'agit d'un gratte-ciel cruciforme connu sous le nom de Place Ville Marie et qui
devient le plus haut gratte-ciel du Canada en 1962. la surface unie de la tour, en aluminium
et en verre, ainsi que sa forme géométrique stricte, sans ornementation, sont la manifestation
de l'adhésion de la Place Ville-Marie au courant moderne dominant du XXe siècle de
l'époque.

Bien que ces projets soient satisfaisants, Pei souhaite conquérir son indépendance pour
développer des projets sous son nom. En 1959, il est approché par le MIT dans le
Massachusetts pour concevoir un bâtiment pour le programme de sciences de la Terre. Ce
Green Building suit la conception de Kips Bay et de Society Hill. La passerelle piétonne au
rez-de-chaussée est cependant sujette à des rafales de vent qui posent problème à Pei et qu'il
cherche donc à corriger. En même temps, il conçoit la chapelle commémorative Luce à
l'université Tunghai de Taichung, à Taïwan. La structure élancée, commandée par la même
organisation qui dirigeait son école à Shanghai, tranche sévèrement avec les formes cubistes
de ses projets urbains43.

L'immeuble Place Ville Marie est notamment occupé par une succursale régionale de
la Banque royale du Canada.

La coordination de tous ces projets représente pour Pei un défi sur le plan artistique. Étant
responsable de l'obtention de nouveaux contrats de construction et de la supervision des plans
pour ceux-ci, il se sent, en conséquence, déconnecté du réel travail de création.

Mesa Laboratory

1961 Pei est approché par Walter Orr Roberts pour concevoir le nouveau Mesa Laboratory
pour le National Center for Atmospheric Research (NCAR) près de Boulder dans le
Colorado. Le projet diffère des travaux antérieurs urbains de Pei car il se trouve dans une
zone ouverte dans les contreforts des montagnes Rocheuses.

Les étapes de conceptualisation du Mesa Laboratory sont importantes pour Pei, présentant à
la fois un besoin et une occasion de rompre avec la tradition du Bauhaus. Il évoquera
ultérieurement les longs moments passés dans la région pour le projet : « je me suis souvenu
des endroits que j'avais vus avec ma mère lorsque j'étais enfant, [comme] les retraites
bouddhistes dans la montagne. Là, dans les montagnes du Colorado, je cherchais à écouter à
nouveau le silence, tout comme ma mère me l'avait appris. [Cela] est devenu pour moi une
sorte d'expérience religieuse ». Pei s'inspire également des habitations des Anasazis dans la
falaise de Mesa Verde. Il souhaite que les bâtiments soient en harmonie avec leur
environnement naturel. À cette fin, il utilise un processus de traitement de la pierre afin de
colorer les bâtiments pour les faire correspondre harmonieusement avec les montagnes
voisines. Il travaille également sur la vue surplombant la ville et sur une route menant au
laboratoire afin qu'elle soit longue, sinueuse et indirecte.

Le Mesa Laboratory du National Center for Atmospheric Research (NCAR) près de Boulder.

Roberts n'aime pas les premiers plans de Pei, et déclare ne voir là « rien de plus qu'un tas de
tours ». Cette critique heurte Pei, bien que du point de vue de Roberts, il ne s'agit pas là d'une
remarque d'ordre artistique. Sa seconde tentative cependant, concorde parfaitement avec la
vision de Roberts : une série de bâtiments espacés en cluster, reliés par des structures
inférieures et complétée par deux niveaux souterrains. Le complexe utilise de nombreux
éléments de design cubiste et les allées sont agencées pour augmenter la probabilité de
rencontres occasionnelles entre collègues.

Une fois le laboratoire construit, plusieurs problèmes liés à la construction apparaissent. Des
fuites dans le toit posent des problèmes aux chercheurs et le mouvement du sol argileux
provoque des fissures dans les bâtiments qui sont coûteuses à réparer. Malgré tout,
l'architecte tout comme le commanditaire des travaux sont satisfaits du résultat final. Pour
Pei, le complexe NCAR représente un « tournant décisif » dans sa carrière ; Roberts et lui
restent amis jusqu'à la mort du scientifique en 1990.

Le succès de ce projet attire plus encore l'attention sur la qualité du travail de conception de
Pei. Il est engagé pour travailler sur une quantité de projets dont la S. I. Newhouse School of
Public Communications de l'université de Syracuse, le terminal Sundrome de l'aéroport
international John-F.-Kennedy de New York et des dortoirs au New College of Florida.

« Plan Pei » à Oklahoma City

Le « Plan Pei » est un projet de réaménagement urbain conçu pour le centre-ville d'Oklahoma
City dans l'Oklahoma, dans les années 1960 et 1970. C'est le nom informel de deux
commandes passées à Pei : le Central Business District General Neighborhood Renewal
Plan dont la conception se termine en 1964 et le Central Business District Project I-A
Development Plan dont la conception se termine en 1966. Le plan d'ensemble est
officiellement adopté en 1965 et mis en œuvre en plusieurs étapes tout au long des années
1960 et 1970.

Ce plan prévoit la démolition de centaines de structures anciennes du centre-ville pour


favoriser le stationnement, la création d'immeubles de bureaux et de commerces de détail, en
plus de projets d'envergure comme le Myriad Convention Center (désormais appelé Cox
Convention Center) et les Myriad Botanical Gardens. C'est là le cadre général pour le
développement du centre-ville d'Oklahoma City, dès sa création et jusqu'aux années 1970. Le
plan génère des résultats mitigés : le développement de surfaces commerciales et
l'infrastructure de stationnement sont couronnés de succès, mais le développement résidentiel
espéré ainsi que l'installation de petits commerces de détail ne sont pas à la hauteur des
attentes. L'opinion publique est surtout marquée par la destruction de plusieurs bâtiments
historiques. En conséquence, la municipalité d'Oklahoma City s'écarte de toute nouvelle
planification urbaine à grande échelle du centre-ville durant les années 1980 et au début des
années 1990, jusqu'au vote du Metropolitan Area Projects Plan (MAPS) en 1993.
Hôtel de ville de Dallas

L'hôtel de ville de Dallas à partir de 1978, ici en 2015.


La place est visible devant le bâtiment. L'assassinat de John F. Kennedy conduit
indirectement à une autre commande pour la société de Pei. En 1964, le maire suppléant J.
Erik Jonsson s'efforce de trouver des solutions pour changer l'image de la ville car Dallas est
surtout connue comme la ville où le président des États-Unis a été assassiné : Jonsson lance
donc un programme de renouveau urbain. L'un des objectifs est la création d'un nouvel hôtel
de ville qui puisse être un « symbole du peuple ». Jonsson, qui est l'un des cofondateurs de
l'entreprise Texas Instruments, prend connaissance des travaux de Pei via son associé, le
géophysicien Cecil Howard Green, lequel avait déjà recruté l'architecte pour le Green
Building du MIT.

La méthode de Pei pour ce nouvel hôtel de ville reflète celle qu'il a mise en œuvre pour
d'autres projets : il arpente les environs et s'efforce d'intégrer le bâtiment à son environnement
proche. Il passe des jours à animer des réunions avec les résidents de la ville et se dit
impressionné par leur fierté et leur sentiment d'appartenance à leur communauté. Il constate
également que les gratte-ciels du quartier des affaires dominent l'horizon et cherche donc à
créer un bâtiment qui puisse faire face à ceux-ci tout en représentant l'importance de
l'administration publique. Il parle alors de la création d'un « dialogue public-privé avec les
gratte-ciel commerciaux ».

En collaboration avec son associé Theodore Musho, Pei développe une conception centrée
sur un bâtiment avec un sommet beaucoup plus large que sa base, la façade s'inclinant à un
angle de 34 degrés. Une place s'étend devant le bâtiment et une série de colonnes soutient le
toit. Il est influencé sur ce projet par le bâtiment imaginé par Le Corbusier pour la Haute
Cour du Pendjab et de l'Haryana à Chandigarh en Inde. Le projet coûte beaucoup plus que
prévu et sa réalisation prend onze années. Des fonds sont obtenus en partie par l'ajout d'un
parking souterrain. L'intérieur de l'hôtel de ville est grand et spacieux et les fenêtres sur le toit
remplissent de lumière l'espace principal.
La ville de Dallas est heureuse du résultat et l'approbation du public est unanime quand le
bâtiment ouvre officiellement au public en 1978. L'architecte considère le projet comme un
succès, même s'il s'inquiète au sujet de la disposition des différents éléments. Il dit : « [le
bâtiment] est peut-être plus robuste que je ne l'aurais voulu : il évoque plus la force que la
finesse ». Il estime que son relatif manque d'expérience ne lui permet pas d'affiner sa vision,
mais la ville apprécie assez pour solliciter à nouveau Pei : au fil des ans, il va concevoir cinq
autres bâtiments autour de Dallas.

200 Clarendon Street (John Hancock Tower)

Le 200 Clarendon Street près de la Trinity Church à Boston.

Tandis que Pei et Musho sont absorbés par la coordination de leur projet à Dallas, leur
associé Henry N. Cobb prend les rênes d'une importante commande à Boston : Robert
Slater, le président de l'entreprise d'assurance John Hancock Financial, choisit I. M. Pei &
Partners pour concevoir un bâtiment capable d'éclipser la Prudential Tower, érigée par
l'entreprise concurrente Prudential Financial.

Une première proposition est rejetée faute d'espaces de bureaux suffisants. Cobb élabore donc
un nouveau projet autour d'un haut parallélépipède positionné en angle avec la Trinity
Church, et dont les faces les plus étroites sont marquées sur toute la hauteur par un retrait
caractéristique. Afin de minimiser son impact visuel, le bâtiment est couvert de grands
panneaux de verre réfléchissants : pour Cobb, cela doit permettre à la construction d'être en
même temps « l'arrière-plan et le faire-valoir » pour les autres structures plus anciennes qui
l'entourent. Lorsque le 200 Clarendon Street est terminée en 1976, c'est le plus haut gratteciel
de toute la Nouvelle-Angleterre.

Mais ce vaste chantier s'accompagne de graves problèmes. Pendant la construction, en 1973,


de nombreux panneaux de verre sont brisés dans une forte tempête. Certains se détachent et
tombent au sol sans faire de blessés, mais cela suscite des inquiétudes parmi les résidents de
Boston. L'ensemble de la façade de verre de la tour est donc remplacé par de plus petits
panneaux. Cela provoque logiquement un important surcoût au projet. Une importante
bataille judiciaire s'ensuit : John Hancock Financial poursuit les fabricants de verre, Libbey-
OwensFord, ainsi qu'I. M. Pei & Partner pour leurs plans défectueux. Libbey-Owens-Ford
contreattaque et accuse John Hancock Financial de diffamation, reprochant au passage au
cabinet de Pei d'avoir mal employé leurs matériaux. I. M. Pei & Partners poursuit Libbey-
Owens-Ford en retour. Finalement, les trois entreprises règlent leur différend sous forme
d'accords financiers confidentiels en 1981.

Ce projet devient un lourd fardeau pour la société de Pei ; lui-même refuse d'en parler
pendant de nombreuses années. Le rythme des nouvelles commandes ralentit et certains
architectes du cabinet commencent à chercher des opportunités à l'étranger. Cobb travaille en
Australie tandis que Pei obtient des contrats à Singapour, en Iran et au Koweït. Malgré tout,
Pei en tire le bilan que cette passe difficile les a finalement endurcis et a permis de consolider
leur partenariat.

Bâtiment est de la National Gallery of Art

Au milieu des années 1960, les administrateurs de la National Gallery of


Art de Washington décident que la création d'un nouveau bâtiment s'impose. Paul Mellon, un
important mécène de l'institution et membre de son comité des travaux, se met au travail avec
son assistant J. Carter Brown (qui deviendra directeur de la Gallery en 1969) pour trouver un
architecte. La nouvelle structure doit être située à l'est du bâtiment d'origine et occuper deux
fonctions : offrir un grand espace pour la présentation de diverses collections à succès, mais
aussi fournir des bureaux ainsi que des espaces d'archivage pour les chercheurs. Les deux
hommes comparent la portée de la nouvelle installation à la bibliothèque d'Alexandrie. Après
avoir observé le travail de Pei au Des Moines Art Center dans l'Iowa et vu le Herbert F.
Johnson Museum of Art de l'université Cornell à Ithaca, ils lui confient la réalisation du
projet.

Pei accepte avec entrain et se met à travailler avec deux jeunes architectes qu'il a récemment
recrutés pour le cabinet, William Pedersen et Yann Weymouth. Leur premier obstacle réside
dans la forme inhabituelle du site de construction, un terrain trapézoïde à l'intersection de la
Constitution Avenue et de la Pennsylvania Avenue, à proximité du mémorial Ulysses S.
Grant et du Capitole. En 1968, l'inspiration vient à Pei quand il griffonne un rapide schéma de
deux triangles sur un bout de papier. Le plus grand bâtiment doit recevoir la galerie publique
tandis que le plus petit abritera les bureaux et les archives. Cette forme triangulaire devient
pour l'architecte une marque singulière. Alors que la date des débuts des travaux approche,
Pedersen suggère à son patron une approche légèrement différente qui pourrait simplifier la
construction, mais Pei lui répond en souriant : « Pas de compromis ! »

Le hall couvert du bâtiment est de la National Gallery of Art à Washington.

puits de lumièreAlexander Calder. Pei espère que le hall sera aussi attirant pour le public
que l'est déjà la salle centrale du musée Solomon R. Guggenheim de New York. Un
musée moderne, explique-t-il plus tard, « doit accorder une plus grande attention à sa
responsabilité éducative, en particulier envers les jeunes ».

Les matériaux utilisés pour l'extérieur du bâtiment sont choisis avec une précision minutieuse.
Pour correspondre à l'apparence et à la texture des murs en marbre du bâtiment original de la
National Gallery of Art, les constructeurs font rouvrir une carrière de Knoxville dans le
Tennessee, d'où le premier lot de pierre avait été extrait. L'équipe parvient même à retrouver
Malcolm Rice, un responsable de la carrière qui avait supervisé le projet original de la
galerie en 1941, et l'embauche. Le marbre est découpé en panneaux de trois pouces
d'épaisseur (7,62 centimètres) et disposé sur la fondation en béton, avec les blocs les plus
sombres à la base et les blocs les plus clairs sur le dessus.
L'inauguration du bâtiment a lieu le 30 mai 1978, deux jours avant son ouverture au public,
en présence de célébrités, de personnalités politiques, de mécènes et d'artistes. Le public et
les critiques d'architecture sont globalement enthousiastes à la visite du nouveau musée. Ada
Louise Huxtable écrit par exemple dans le quotidien New York Times que le bâtiment de Pei
est « une affirmation monumentale de la relation créative qui unit l'art contemporain et
l'architecture ». Certains observateurs mettent cependant en avant la conception inhabituelle
du bâtiment et le recours à des formes triangulaires dans tout l'ouvrage. D'autres regrettent le
grand hall principal, à l'exemple du critique d'architecture Richard Hennessy qui, dans le
magazine Artforum, décrit une « ambiance choquante de palais du rire ». L'un des critiques
d'architecture les plus anciens et les plus virulents change cependant d'avis après sa visite :
Allan Greenberg avait éreinté le projet à ses débuts, mais il écrit plus tard à J. Carter Brown :
« Je suis forcé d'admettre que vous avez raison et je me suis trompé ! Le bâtiment est un chef-
d'œuvre ».

Jacob K. Javits Convention Center

Le Jacob K. Javits Convention Center de New York.

Alors que le projet en Chine tire à sa fin, Pei commence à travailler sur le Jacob K. Javits
Convention Center de New York pour lequel son associé James Ingo Freed endosse le rôle
d'architecte principal. Désireux de créer une institution communautaire dynamique dans un
quartier délabré de l'ouest de Manhattan, Freed développe une structure de verre revêtue
d'une structure complexe en treillis de tiges et de sphères métalliques reliés entre elles.

Ce centre des congrès est dès le début en proie à des problèmes budgétaires et des erreurs de
construction. Comme les règlements municipaux interdisent qu'un seul et même entrepreneur
ait autorité pour gérer les corps de métier sur l'ensemble du projet, ce sont les architectes et le
gestionnaire du programme Richard Kahan qui doivent coordonner le large éventail de
constructeurs, plombiers, électriciens et autres ouvriers. Les sphères en acier forgé arrivent
avec des fissures et des défauts, au point que 12 000 d'entre elles ne sont pas acceptées.
L'ensemble des problèmes conduisent les médias à établir des comparaisons avec le désastre
du 200 Clarendon Street. Un élu de New York accuse Kahan d'être responsable de ces
difficultés, à cause des fioritures architecturales sur l'immeuble qui seraient la cause des
retards et des problèmes financiers. Mais le Jacob K. Javits Convention Center ouvre le 3
avril 1986 et l'accueil est globalement positif. Toutefois, pendant les cérémonies
d'inauguration, ni Freed ni Pei ne sont salués pour le rôle qu'ils ont joué dans le projet.

Morton H. Meyerson Symphony Center

L'inauguration de la pyramide du Louvre coïncide avec celles de quatre autres projets sur
lesquels Pei travaille, ce qui incite le critique d'architecture Paul Goldberger à déclarer dans
le New York Times que 1989 est « l'année Pei ». Cette année est aussi celle où le cabinet
d'architecture change de nom pour devenir Pei Cobb Freed & Partners afin de refléter la
stature croissante et l'importance de ses associés. Âgé de soixante-deux ans, Pei commence à
penser à la retraite mais continue à travailler beaucoup.

Le Morton H. Meyerson Symphony Center de Dallas.

L'un des projets de Pei l'envoie à nouveau à Dallas, au Texas, pour concevoir le Morton H.
Meyerson Symphony Center. Le succès des artistes de la ville, en particulier l'orchestre
symphonique de Dallas alors dirigé par le chef mexicain Eduardo Mata, conduit les élus
locaux à vouloir créer un centre moderne pour les arts musicaux afin de rivaliser avec les
meilleures salles en Europe. Le comité organisateur contacte quarante-cinq architectes mais
Pei ne répond pas à l'appel d'offres, pensant que son travail sur l'hôtel de ville de Dallas avait
laissé une impression négative. Cependant, l'un des collaborateurs avec qui il avait travaillé à
l'époque insiste pour qu'il vienne parler au comité de sélection. Il accepte et le comité vote à
l'unanimité pour lui confier cette commande, bien qu'il n'a jamais encore travaillé sur la
construction d'une salle de concert. Comme un membre l'explique : « nous étions convaincus
d'engager le plus grand architecte du monde, et qu'il allait faire tout ce qu'il pourrait pour
nous »86.
Le projet offre de nombreux défis bien particuliers. Comme son but principal est d'abriter des
concerts, la salle a besoin d'une conception axée d'abord sur l'acoustique, puis dans un second
temps sur l'accès du public et l'esthétique extérieure. À cette fin, un ingénieur du son
professionnel est embauché pour concevoir l'intérieur. Il propose un auditorium en boîte à
chaussures, une architecture utilisée avec succès dans des salles symphoniques européennes
renommées telles que le Concertgebouw d'Amsterdam et le Musikverein de Vienne. Pei puise
son inspiration dans les dessins de l'architecte allemand Johann Balthasar Neumann, en
particulier ceux de la basilique de Vierzehnheiligen. Il cherche également à retrouver une
partie du panache de l'Opéra Garnier conçu par Charles Garnier87.

Le projet est risqué car ses objectifs sont ambitieux et, en cas de défauts acoustiques
imprévus, ils seront pratiquement impossibles à corriger après l'achèvement de la
construction. Pei admet qu'il ne sait pas complètement comment tout va se coordonner. « Je
peux imaginer seulement 60 % de l'espace dans ce bâtiment » dit-il au cours des premières
étapes de la construction, « le reste sera aussi surprenant pour moi que tout le monde »88. Au
fur et à mesure que le projet avance, les coûts augmentent de façon constante et certains
investisseurs envisagent même de se retirer. Le milliardaire Ross Perot fait un don de 10
millions de dollars à la condition que la construction reçoive le nom de Morton H. Meyerson,
un grand mécène pour les arts à Dallas89. À son inauguration, le bâtiment suscite
immédiatement des éloges, en particulier pour son acoustique. Après avoir assisté à une
semaine de représentations, un critique musical pour le New York Times écrit un article
enthousiaste et félicite les architectes90.
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Tour de la Bank of China

La tour de la Bank of China à Hong Kong.


En 1982, le gouvernement chinois transmet à Pei une offre. Dans la perspective de la
rétrocession de Hong Kong à la Chine par le Royaume-Uni qui doit intervenir en 1997, les
autorités chinoises sollicitent l'architecte pour qu'il conçoive à Hong Kong une tour pour l'antenne
locale de la Bank of China. Le gouvernement chinois anticipe en effet que les échanges avec le
reste du monde vont aller croissant, et envisage une tour pour représenter la modernité et la
force économique du pays. Gardant à l'esprit que le père de Pei, alors âgé de 89 ans, avait
entretenu des relations très fortes avec la banque avant sa prise de contrôle par le Parti
communiste chinois, les représentants du gouvernement lui rendent visite à New York pour qu'il
convainque son fils de s'engager dans le projet5. Pei discute ensuite longuement avec son père
sur cette proposition. Bien que l'architecte garde un souvenir douloureux de son expérience
chinoise avec le Fragrant Hill Hotel, il décide malgré tout d'accepter la commande 99.
Le site proposé dans le quartier Central est loin d'être idéal puisqu'il est bordé sur trois côtés par
un enchevêtrement d'autoroutes. L'endroit a également abrité le quartier général de la police
militaire japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale et il est donc tristement célèbre à cause
des tortures infligées aux prisonniers chinois. Comme la parcelle de terrain est réduite, cela
impose donc de construire une haute tour avec peu d'emprise au sol, ce que Pei n'apprécie
guère. Il hésite généralement à aborder de tels projets, d'autant plus qu'il estime qu'à Hong Kong
les gratte-ciels manquent de personnalité architecturale. Manquant d'inspiration, ne sachant pas
comment aborder le projet, Pei part réfléchir dans sa résidence secondaire de Katonah. C'est là
que l’inspiration lui vient, alors qu'il manipule des bâtonnets et qu'il se retrouve avec un
arrangement en cascade qui lui semble convaincant100.

Les plans de Pei pour la tour de la Bank of China proposent non seulement un aspect visuel
inédit, mais offrent aussi toutes les garanties pour pouvoir répondre aux normes rigoureuses de
la ville en termes de résistance au vent. La tour est bâtie autour d'une structure en treillis visible,
qui distribue les forces aux quatre coins de la base. Pei utilise le verre réfléchissant qui devient
une de ses marques de fabrique, et organise la façade autour d'une série de diagonales. Au
sommet, il conçoit des toits à pente inclinée pour correspondre à l'esthétique montante du
bâtiment. Certains partisans de la doctrine feng shui à Hong Kong et en Chine critiquent ce
design, ce à quoi Pei et les responsables politiques locaux réagissent avec des ajustements à la
marge101.

Lorsque la tour est presque terminée en 1989, Pei est choqué d'assister aux massacres de civils
lors des manifestations de la place Tian'anmen. Il écrit un article dans le New York
Times intitulé « La Chine ne sera jamais plus la même » dans lequel il déclare que ces tueries
ont « déchiré le cœur d'une génération qui porte l'espoir pour l'avenir du pays »102. Le massacre
trouble profondément toute sa famille et il écrit qu'il considère que « la Chine est salie »102.

Le musée Miho

Le musée Miho près de Kyoto.


Pei travaille également sur deux projets pour un nouveau mouvement religieux japonais appelé
Shinji Shumeikai. Il est approché par la représentante du mouvement, Koyama Mihoko, qui
impressionne l'architecte par sa sincérité et son intention de lui laisser toute liberté artistique.
Un des bâtiments est un clocher, conçu pour ressembler au bachi (en) utilisé pour jouer des
instruments traditionnels comme le shamisen. Bien que Pei ne connaisse pas initialement les
croyances de ce mouvement, il s'y intéresse afin de parvenir à insuffler une signification
appropriée à cette tour103. L'expérience est enrichissante, et il accepte immédiatement de
travailler à nouveau avec le groupe sur un autre projet, le musée Miho, qui doit présenter la
collection d'objets de la cérémonie du thé de Koyama. Pei visite le site dans la préfecture de
Shiga et, au cours des échanges, parvient à convaincre Koyama d'élargir sa collection. Ce sont
ainsi plus de 300 nouveaux objets qui mettent en valeur l'histoire de la route de la soie104.
Toutefois, l'accès au site du musée présente un défi majeur. L'équipe japonaise propose une
route sinueuse dans la montagne, qui offre certaines ressemblances avec le Mesa
Laboratory dans le Colorado. Néanmoins, Pei choisit de faire percer un tunnel dans la montagne
voisine, reliée à une route principale par un pont suspendu à câbles d'acier. Le musée même est
creusé dans la montagne, avec 80 % du bâtiment en souterrain105. Lors de la conception de
l'extérieur, Pei emprunte à la tradition des temples japonais, en particulier ceux qui se trouvent
dans les environs de Kyoto. Il crée une ossature simple recouverte de tuffeau français et
dominée d'un toit en verre. Il supervise également des détails décoratifs spécifiques, dont un
banc dans le hall d'entrée qui est taillé dans un arbre de keyaki de 350 ans. En raison de
l'importance du budget dont dispose Koyama, l'argent est rarement considéré comme un
obstacle ; les estimations au moment de l'achèvement fixent le coût du projet à près de 350
millions de dollars106.

Le Louvre, un chantier emblématique

Lorsque François Mitterrand est élu président de la République française en 1981, il expose un
plan ambitieux de projets de construction. L'un d'eux consiste à rénover le musée du
Louvre à Paris. Mitterrand nomme le fonctionnaire Émile Biasini pour superviser ce projet. Après
avoir visité des musées en Europe et aux États-Unis, dont la National Gallery of Art, il demande à
Pei de se joindre à l'équipe. L'architecte est « parfait pour le travail parce que, comme Chinois, il
[a] une compréhension de la civilisation antique et, comme Américain, il [a] un goût pour la
modernité »18. Il fait trois voyages secrets dans la capitale française afin de déterminer la
faisabilité du projet. À l'époque, seul un employé du musée du Louvre sait pourquoi il est là 107,108.
Pei convient finalement qu'un projet de reconstruction est non seulement possible, mais
nécessaire pour l'avenir du musée. Il devient ainsi le premier architecte étranger à travailler sur le
Louvre109.

Vue de l’environnement de la pyramide inversée du Louvre située en dessous de la place du


Carrousel. La tour Eiffel, l'arc de triomphe du Carrousel et l'aile de Flore du palais du Louvre
sont aussi visibles sur cette photographie.
Le cœur de la nouvelle conception comprend non seulement une rénovation de la cour
Napoléon, au milieu des bâtiments, mais aussi une transformation de l'intérieur. Pei propose une
entrée centrale, un peu comme le hall du bâtiment est de la National Gallery of Art, qui relie les
trois bâtiments principaux. Sous la cour se trouverait un complexe souterrain destiné aux
chercheurs, au stockage d'œuvres et à l'entretien. Au centre de la cour, l'architecte conçoit une
pyramide de verre et d'acier110 qu'il avait d'abord proposée dans le cadre de la John F. Kennedy
Presidential Library and Museum18, afin de servir à la fois de point d'entrée et de puits de lumière
pour l'antichambre du musée. Cette pyramide ferait écho à une autre pyramide inversée située
un peu plus loin, qui réfléchit également la lumière du soleil. Le design est en partie un
hommage à la géométrie de l'architecte paysagiste français André Le Nôtre111. Pei trouve
également que la forme pyramidale est la plus adaptée pour disposer d'une lumière régulière et
il juge que c'est la plus compatible avec l'architecture du Louvre, en particulier avec « les plans à
facettes de ses toits »112. Cette forme d'inspiration égyptienne rappelle également l'obélisque de
Louxor situé au centre de la place de la Concorde18.

Biasini et Mitterrand apprécient les plans présentés, mais la portée de la rénovation déplaît au
directeur du Louvre André Chabaud. Il démissionne de son poste, affirmant que le projet est «
infaisable » et comporte des « risques architecturaux »113. Le public réagit également de façon
très critique18, principalement à cause de la pyramide114. Un critique d'architecture considère par
exemple qu'il s'agit d'un « gigantesque [et] ruineux gadget »115, tandis qu'un autre accuse
Mitterrand de « despotisme » pour vouloir infliger à Paris une telle « atrocité »115. Pei estime que
90 % des Parisiens sont opposés à son projet et déclare qu'il reçoit « beaucoup de regards
furieux dans les rues de Paris »116. Quelques condamnations sont menées avec des accents
nationalistes, un adversaire au projet écrivant même « être surpris que l'on puisse aller à la
recherche d'un architecte chinois en Amérique pour traiter le cœur historique de la capitale de la
France »117.

Construction de la pyramide du Louvre en 1987.


Rapidement cependant, Pei et son équipe gagnent le soutien de plusieurs personnalités
culturelles clés dont le chef d'orchestre Pierre Boulez et Claude Pompidou, la veuve de l'ancien
président français Georges Pompidou, qui donna son nom à un autre musée controversé. Dans
une tentative pour apaiser la colère du public, l'architecte, sur une suggestion du maire de Paris
de l'époque Jacques Chirac, dispose avec des câbles une maquette grandeur nature de la
pyramide dans la cour. Pendant les quatre jours que dure l'exposition, près de 60 000 personnes
visitent le site. Certains frondeurs assouplissent leur opposition après avoir observé la taille que
doit finalement avoir la pyramide118.

Pour minimiser l'impact de la structure, Pei exige une méthode de production de verre qui aboutit
à des vitrages extra-clairs. La pyramide est construite en même temps que les niveaux
souterrains, ce qui cause des difficultés de logistique. En cours de travaux, les équipes de
construction découvrent un ensemble de pièces oubliées contenant 25 000 objets historiques.
Elles sont intégrées dans le reste de la structure pour ajouter un nouvel espace d'exposition 119.

La nouvelle cour du Louvre ouvre ses portes au public le 14 octobre 1988 et l'entrée de la
pyramide est ouverte au mois de mars suivant. Elle est inaugurée par François Mitterrand et le
ministre de la Culture et de la communication François Léotard120. L'opinion publique est devenue
plus favorable à cette installation : un sondage révèle un taux d'approbation de 56 % pour la
pyramide, contre 23 % d'opposition. Le quotidien Le Figaro qui avait vivement critiqué la
conception de Pei, viendra pourtant quelques années plus tard fêter sur place le 10 e anniversaire
de son supplément magazine121. Le prince Charles de Grande-Bretagne découvre le nouveau site
avec curiosité et déclare que cela est « merveilleux, très excitant »122. Un journaliste du Quotidien
de Paris écrit que « la pyramide tant redoutée est devenue adorable »122. L'expérience est à la
fois épuisante et gratifiante pour Pei. Il déclarera qu'« après le Louvre, [il] pensait qu'aucun autre
projet ne pourrait sembler vraiment difficile123. » La pyramide du Louvre est devenue la plus
célèbre de toutes ses créations124.
La pyramide du Louvre au centre de la cour Napoléon au palais du Louvre, à Paris.

Style et méthode
Le style de Pei est généralement décrit comme moderne18, avec une influence importante des
thèmes cubistes141,142 et une « obsession » pour la géométrie18. Il est connu pour combiner des
éléments architecturaux traditionnels avec des conceptions plus modernes fondées sur des
motifs géométriques simples. Il propose, selon l’Encyclopædia Britannica, des «
arrangements audacieux et habiles » de ces formes géométriques avec une « utilisation
[…] de matériaux richement contrastés »143. Un critique d'architecture le décrit « comme la
combinaison d'un sens classique de la forme avec une maîtrise contemporaine de la méthode
»144. Les réalisations de Pei se caractérisent par la recherche d'une certaine pureté des formes
alliée à une efficacité fonctionnelle, inscrites dans le mouvement du style international via
l'utilisation de « formes rectangulaires et silhouettes irrégulières »143 et dans la lignée de
l'architecte Walter Gropius. Le recours aux formes abstraites et l'emploi de matériaux froids
tels que la pierre, le béton, le verre et l'acier sont accompagnés d'une forte propension aux
effets théâtraux143 et aux défis technologiques. Leoh Ming Pei peut s'enorgueillir d'avoir «
marqué de son empreinte et de ses constructions la plupart des grandes villes » des États-Unis
avant d'avoir « [essaimé] dans le monde »5.

En 2000, le biographe Carter Wiseman qualifie Pei de « membre le plus éminent de la


dernière génération des modernistes encore en activité »145. Pei rejette quant à lui la
dichotomie simple des tendances architecturales et déclare que « le discours sur le
modernisme par rapport au post-modernisme est sans importance. C'est une question
secondaire. Pour un bâtiment individuel, le style dans lequel il va être conçu et construit n'est
pas si important ; ce qui compte vraiment, c'est la communauté. Comment le bâtiment
affectet-il la vie146 ? »

Le travail de Pei est reconnu comme essentiel au sein de la communauté des architectes. Son
collègue John Portman dit de son travail : « une seule fois dans ma vie, je rêverais de réaliser
quelque chose comme le bâtiment est [de la National Gallery of Art] »147. Mais l'originalité
des travaux de Pei ne lui apporte pas toujours les résultats financiers escomptés, ce qui le
pousse à répondre ainsi : « Une seule fois dans ma vie, je rêverais de gagner autant d'argent
que vous »147. Par ailleurs, ses concepts architecturaux sont trop singuliers et dépendent trop
du contexte pour donner naissance à une école architecturale. Pei se réfère à son « approche
analytique » pour expliquer l'absence d'une « école Pei ». « Pour moi, dit-il, une distinction
importante doit être établie entre une approche stylistique et une approche analytique qui
accorde toute sa place au temps, au lieu et au but poursuivi […] Ma propre approche
analytique exige une compréhension complète de ces trois éléments essentiels […] pour
arriver à un équilibre idéal entre eux »148.

Prix et honneurs
Au fil de sa carrière, Pei se voit décerner tous les prix importants qui couronnent les
réalisations architecturales145, dont le prix Arnold Brunner (1961)149 et la médaille d'or de
l'architecture (1979) de l'Académie américaine des arts et des lettres, la médaille d'or de l'AIA
(1979), le premier Praemium Imperiale pour l'architecture (1989), le Lifetime Achievement
Award (2003) du Cooper–Hewitt, Smithsonian Design Museum, le Henry C.
Turner Prize for Innovation in Construction Technology (2003) du National Building
Museum et la médaille d'or royale pour l'architecture du Royal Institute of British
Architects (2010)3.

Il reçoit aussi le prix Pritzker (1983)150, parfois appelé le « prix Nobel de l'architecture »151.
Ce prix est accompagné d'une somme de 100 000 dollars que Pei utilise pour créer une bourse
d'études pour les étudiants chinois qui souhaitent étudier l'architecture aux États-Unis, à
condition qu'ils retournent ensuite en Chine pour y travailler33. Enfin, il reçoit la Medal of
Liberty (1986) décernée par le président des États-Unis Ronald Reagan9,5 et la médaille
présidentielle de la Liberté (1992) décernée par le président des États-Unis George H. W.
Bush9,152. Il est également membre de l'Académie française des beaux-arts à partir de 1983153.

Principales réalisations
• 1961 : University Apartments, Chicago (États-Unis).
• 1963 : Kips Bay Towers, Manhattan (États-Unis).
• 1963 : Chapelle commémorative Luce, Taichung (Taïwan).
• 1964 : Society Hill Towers, Philadelphie.
• 1964 : City View, dit Washington Plaza, Pittsburgh (États-Unis).
• 1967 : Mesa Laboratory, Boulder (États-Unis).
• 1968 : Des Moines Art Center, Des Moines (États-Unis).
• 1968 : Everson Museum of Art, Syracuse (États-Unis).
• 1972 : Paul Mellon Arts Center, Wallingford (États-Unis).
• 1972 : Commerce Court West, Toronto (Canada).
• 1973 : Herbert F. Johnson Museum of Art, Ithaca (États-Unis).
• 1976 : 200 Clarendon Street, Boston (États-Unis).
• 1976 : Université de Rochester, New York (États-Unis).
• 1976 : OCBC Centre (Singapour).
• 1977 : Hôtel de ville de Dallas (États-Unis).
• 1978 : Bâtiment est de la National Gallery of Art, Washington (États-Unis).
• 1979 : John F. Kennedy Presidential Library and Museum, Boston (États-Unis).
• 1982 : JPMorgan Chase Tower, Houston (États-Unis).
• 1982 : Capella Tower, dit 225 South Sixth, Minneapolis (États-Unis).
• 1983 : Energy Plaza, Dallas (États-Unis).
• 1986 : Fountain Place, Dallas (États-Unis).
• 1986 : Jacob K. Javits Convention Center, New York (États-Unis).
• 1986 : Raffles City (Singapour).
• 1987 : Bank of America Tower, Miami (États-Unis). • 1987 : Commerce Square,
Philadelphie (États-Unis).
• 1989 : Pyramide du Louvre, Paris (France).
• 1989 : Intérieur du musée national des Arts asiatiques - Guimet, Paris (France).
• 1990 : The Gateway (Singapour).
• 1990 : Tour de la Bank of China, Hong Kong (Chine).
• 1990 : U.S. Bank Tower, Los Angeles, (États-Unis).
• 1991 : Biosphère II, Oracle (États-Unis).
• 1993 : Four Seasons Hotel New York, New York (États-Unis).
• 1995 : Rock and Roll Hall of Fame, Cleveland (États-Unis).
• 1997 : Musée Miho, préfecture de Shiga (Japon).
• 2001 : Essensa East Forbes, Makati (Philippines).
• 2002 : Tour EDF, La Défense (France).
• 2004 : Musée historique allemand à Berlin (Allemagne).
• 2006 : Musée d'Art moderne Grand-Duc Jean, Kirchberg (Luxembourg).
• 2006 : Musée de Suzhou (Chine).
• 2007 : Tour Espace, Madrid (Espagne).
• 2008 : Musée d'Art islamique de Doha (Qatar).
• 2009 : Macao Science Center (Chine).

La chapelle commémorative Luce à Taïwan.

Mesa Laboratory de Boulder.

Hall du Fragrant Hill Hotel à Pékin.


La Biosphère II à Oracle, dans le désert de l'Arizona.

La Clinique Kirklin de Birmingham dans l'Alabama.

L'Everson Museum of Art à Syracuse.


La Bank of America Tower de Miami.

Le bâtiment est de la National Gallery of Art à Washington.

L'ambassade de Chine aux États-Unis à Washington.


Le Paul Mellon Arts Center à Wallingford.

L'OCBC Centre de Singapour.

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