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2022
Table des matières
2 Notion de longueur 4
2.1 Longueur d’un chemin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.2 Espaces de longueur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
i
Introduction
Nous tenons tout d’abord à remercier M. Bernard qui, en tant que professeur puis
encadrant de ce mémoire, n’a cessé de nous émerveiller cette année, et n’a fait que
renforcer notre envie de faire des mathématiques.
L’objectif de ce mémoire est de définir et étudier les premières propriétés des espaces
de longueur. Ces derniers sont des espaces métriques pour lesquels la distance entre
deux points respecte l’idée qu’on s’en fait intuitivement : c’est la longueur d’un chemin
qui relie l’un à l’autre. Cette contrainte nous mène à étudier les chemins dans les
espaces métriques, ainsi que leur longueur. On introduit enfin la notion de géodésique,
généralisation de la ligne droite, et première brique nécessaire à l’étude de la géométrie
des espaces métriques.
ii
Chapitre 1
On énonce d’abord des définitions et résultats généraux dans les espaces métriques, qui
nous seront utiles pour la suite.
1
La définition suivante est issue de la terminologie anglo-saxone :
Définition 4 (𝜀-net). Soit (𝑋, 𝑑) un espace métrique et une partie 𝐴 ⊂ 𝑋. On dit que
𝑆 ⊂ 𝐴 est un 𝜀-net de 𝐴 s’il est fini et s’il vérifie 𝑆 𝜀 ⊃ 𝐴. Autrement dit, tout point de
𝐴 est à distance strictement moins que 𝜀 de 𝑆.
Définition 5 (Précompacité). Une partie 𝐴 est précompacte si pour tout 𝜀 > 0, il existe
un 𝜀-net de A.
Preuve. Si 𝐴 est relativement compact, 𝐴 est compact donc en particulier toute suite de
𝐴 admet une sous-suite convergente dans 𝐴. Réciproquement, soit (𝑥 𝑛 )𝑛∈N ⊂ 𝐴. Il existe
(𝑦 𝑛 )𝑛∈N ⊂ 𝐴 telle que pour tout 𝑛 ∈ N, 𝑑 (𝑦 𝑛 , 𝑥 𝑛 ) < 1/𝑛. Il existe alors une sous suite
(𝑦 𝑛 𝑘 ) 𝑘 ∈N convergeant vers 𝑦 ∞ ∈ 𝐴. Il suit que 𝑑 (𝑥 𝑛 𝑘 , 𝑦 ∞ ) ≤ 𝑑 (𝑥 𝑛 𝑘 , 𝑦 𝑛 𝑘 ) + 𝑑 (𝑦 𝑛 𝑘 , 𝑦 ∞ ) ≤
1/𝑛 𝑘 + 𝑑 (𝑦 𝑛 𝑘 , 𝑦 ∞ ) →𝑘→∞ 0. □
2
immédiatement que ( 𝑓 (𝑥 𝑛 ))𝑛∈N est de Cauchy. En effet, ∀𝑛, 𝑚 ∈ N, 𝑑𝑌 ( 𝑓 (𝑥 𝑛 ), 𝑓 (𝑥 𝑚 )) ≤
𝐶 ∗ 𝑑 𝑋 (𝑥 𝑛 , 𝑥 𝑚 ). On pose alors 𝑓˜(𝑥) B lim 𝑓 (𝑥 𝑛 ). On vérifie aisément que 𝑓˜ est 𝐶-
𝑛→∞
lipschitzienne. □
Lemme 1 (Nombre de Lebesgue). Soit (𝑋, 𝑑) un espace métrique compact et {𝑈𝛼 } 𝛼∈𝐴
un recouvrement ouvert de X. Alors il existe 𝜌 > 0 tel que ∀𝑥 ∈ 𝑋, ∃ 𝛼 ∈ 𝐴, 𝐵(𝑥, 𝜌) ⊂
𝑈𝛼 . On dit que 𝜌 est un nombre de Lebesgue du recouvrement.
Preuve. On suppose le contraire. Alors il existe (𝐵(𝑥 𝑛 , 𝑟 𝑛 ))𝑛∈N une suite de boules telle
que 𝑟 𝑛 −−−−→ 0 et ∀𝑛 ∈ N, 𝛼, 𝐵(𝑥 𝑛 , 𝑟 𝑛 ) ⊂ 𝑈𝛼 . Mais par compacité de (𝑋, 𝑑), il existe
𝑛→∞
une sous-suite (𝑥 𝜑(𝑛) )𝑛∈N telle que 𝑥 𝜑(𝑛) −−−−→ 𝑥 ∈ 𝑋. Or, ∃ 𝛼 ∈ 𝐴, ∃ 𝜀 > 0, tels que
𝑛→∞
𝐵(𝑥, 𝜀) ⊂ 𝑈𝛼 . Soit maintenant 𝑁 ∈ N tel que 𝑑 (𝑥 𝜑(𝑁) , 𝑥) < 𝜀/4 et 𝑟 𝜑(𝑁) < 𝜀/4. Alors
𝐵(𝑥 𝜑(𝑁) , 𝑟 𝜑(𝑁) ) ⊂ 𝐵(𝑥, 𝜀) ⊂ 𝑈𝛼 . Il y a contradiction. □
Preuve. 𝑑 (𝐾, 𝑈 𝐶 ) = inf 𝑘∈𝐾 𝑑 (𝑘, 𝑈 𝐶 ) = min 𝑘 ∈𝐾 𝑑 (𝑘, 𝑈 𝐶 ) =: 𝜀 > 0 car 𝑘 ↦→ 𝑑 (𝑘, 𝑈 𝐶 )
est continue et 𝑈 𝐶 est fermé. Donc 𝑑 (𝑦, 𝐾) < 𝜀 ⇒ 𝑦 ∉ 𝑈 𝐶 ⇔ 𝑦 ∈ 𝑈. □
Nous finissons cette section introductive par une définition qui nous sera utile tout au
long de l’exposé :
3
Chapitre 2
Notion de longueur
4
(iii) Additivité : 𝐿(𝛾) = 𝐿(𝛾, 𝑎, 𝑐) + 𝐿(𝛾, 𝑐, 𝑏) ∀𝑐 ∈ [𝑎, 𝑏]
Í 𝑘−1
Preuve. Si 𝑇 = (𝑡0 , . . . , 𝑡 𝑘 ), on notera : Σ𝑇 (𝛾) = 𝑖=0 𝑑 (𝛾(𝑡𝑖 ), 𝛾(𝑡𝑖+1 )).
𝐿 (𝛾) ≤ 𝐿 ( 𝛾).
˜
Soit maintenant 𝑎′ = 𝑡0′ ≤ · · · ≤ 𝑡 𝑛′ = 𝑏′. Par surjectivité et croissance de 𝜏, il
existe 𝑎 = 𝑡0 ≤ · · · ≤ 𝑡 𝑛 = 𝑏 tels que 𝜏(𝑡𝑖 ) = 𝑡𝑖′. Par le même raisonnement, on a
𝐿 ( 𝛾)
˜ ≤ 𝐿 (𝛾).
Í𝑛−1
(ii) On remarque d’abord que : lim sup 𝑖=0 𝑑 (𝛾( 𝑛𝑖 ), 𝛾( 𝑖+1
𝑛 )) ≤ 𝐿 (𝛾) par définition
𝑛→∞
de 𝐿 (𝛾). Soit maintenant 𝜀 > 0. Il existe 0 = 𝑡0 ≤ · · · ≤ 𝑡 𝑘 = 1 t.q. Σ (𝑡0 ,...,𝑡 𝑘 ) ≥
𝐿 (𝛾) − 𝜀. Ici, l’intuition est la suivante : on va approcher chaque 𝛾(𝑡𝑖 ) par un
𝛾( 𝑗/𝑛). On utilise ensuite l’inégalité triangulaire pour s’assurer que la distance
entre les 𝛾( 𝑗/𝑛) n’est pas beaucoup plus petite qu’entre les 𝛾(𝑡𝑖 ).
On pose d’abord 𝑚 = min 𝑑 (𝛾(𝑡𝑖 ), 𝛾(𝑡 𝑗 )). Par le théorème de Heine, 𝛾 est
𝑖,𝑙∈{0,...,𝑘 }
uniformément continue. Donc : ∃𝑁 ∈ N, ∀𝑛 ≥ 𝑁, |𝑡−𝑡 ′ | ≤ 1/𝑛 ⇒ 𝑑 (𝛾(𝑡), 𝛾(𝑡 ′)) ≤
min(𝜀, 𝑚)/3𝑘. En particulier :
5
On a alors pour tout 𝑛 ≥ 𝑁 :
𝑛−1
𝑑 (𝛾( 𝑛𝑗 ), 𝛾( 𝑗+1
Í
Finalement : ∀𝑛 ≥ 𝑁, 𝑛 )) ≥ Σ (𝑡 0 ,...,𝑡 𝑘 ) − 2𝜀 ≥ 𝐿(𝛾) − 3𝜀. Ceci
𝑗=0
étant vrai pour tout 𝜀 > 0, on a le résultat.
(★) ⇒ Σ𝑇0 (𝛾) + 𝑑 (𝛾(𝑡 𝑘−1 ), 𝛾(1)) ≥ 𝐿(𝛾, 0, 𝑡 𝑘−1 ) + 𝐿(𝛾, 𝑡 𝑘−1 , 1) − 𝜀/2
⇒ 𝐿 (𝛾, 𝑡 𝑘−1 , 1) − 𝑑 (𝛾(𝑡 𝑘−1 , 𝛾(1)) ≤ Σ𝑇0 (𝛾) − 𝐿 (𝛾, 0, 𝑡 𝑘−1 ) + 𝜀/2 ≤ 𝜀/2
La réponse est négative : on n’a pas la semi-continuité supérieure. Par exemple, on peut
6
avoir 𝐿(𝛾 𝑘 ) = 2 pour tout 𝑘, mais 𝐿 (𝛾) = 1. C’est le cas dans l’illustration suivante,
où la suite (𝛾 𝑘 ) 𝑘∈N est de plus en plus foncée, tendant vers le segment horizontal.
Í𝑁−1
Preuve. Si 𝑇 = {𝑡0 , . . . , 𝑡 𝑁 }, on note Σ𝑇 (𝛾) la quantité 𝑖=0 𝑑 (𝛾(𝑡𝑖 ), 𝛾(𝑡𝑖+1 )). Soit
𝜀 > 0. Il existe 𝑇 = {𝑡0 , . . . , 𝑡 𝑁 } tel que 𝐿(𝛾) ≤ Σ𝑇 (𝛾) + 𝜀. Mais alors, pour tout 𝑘
assez grand, on a 𝑑 (𝛾 𝑘 (𝑡𝑖 ), 𝛾(𝑡𝑖 )) < 𝜀/𝑁 ∀𝑖 ∈ {0, . . . , 𝑁 }. On en déduit, par inégalité
triangulaire, que Σ𝑇 (𝛾) ≤ Σ𝑇 (𝛾 𝑘 ) + 2𝜀. Donc 𝐿(𝛾) ≤ Σ𝑇 (𝛾 𝑘 ) + 2𝜀 ≤ 𝐿(𝛾 𝑘 ) + 2𝜀.
7
— On dit que 𝑑 est intrinsèque si : ∀𝑥, 𝑦 ∈ 𝑋, 𝑑 (𝑥, 𝑦) = inf{𝐿(𝛾) | 𝛾 chemin de 𝑥 à 𝑦}.
— On dit que 𝑑 est strictement intrinsèque si cet infimum est atteint pour un
certain chemin, i.e. s’il existe un plus court chemin entre 𝑥 et 𝑦 dont la longueur
est égale à 𝑑 (𝑥, 𝑦) (lorsque cette distance est finie).
— Si 𝑑 est intrinsèque, on dit que (𝑋, 𝑑) est un espace de longueur.
Preuve. Montrons (𝑖) : Soit 𝜀 > 0. Si (𝑋, 𝑑) est un espace métrique, l’inégalité
triangulaire implique 𝐵(𝑥, 𝑅)𝜀 ⊂ 𝐵(𝑥, 𝑅 + 𝜀). On montre l’inclusion réciproque pour
(𝑋, 𝑑) un espace de longueur. Soit 𝑦 ∈ 𝐵(𝑥, 𝑅 + 𝜀) tel que 𝑑 (𝑥, 𝑦) ≥ 𝑅. Soit 0 < 𝛿 < 𝑅.
Il existe un chemin 𝛾𝛿 reliant 𝑥 à 𝑦 tel que 𝐿 (𝛾𝛿 ) < 𝑑 (𝑥, 𝑦) + 𝛿. Par continuité de
𝑡 ↦→ 𝐿(𝛾𝛿 , 0, 𝑡) et par le théorème des valeurs intermédiaires, il existe 𝑡 ∗ ∈ [0, 1]
tel que 𝐿(𝛾𝛿 , 0, 𝑡 ∗ ) = 𝑅 − 𝛿. On a d’abord 𝛾𝛿 (𝑡 ∗ ) ∈ 𝐵(𝑥, 𝑅). Puis, 𝑑 (𝛾𝛿 (𝑡 ∗ ), 𝑦) ≤
𝐿 (𝛾𝛿 )−𝐿 (𝛾𝛿 , 0, 𝑡 ∗ ) < 𝑑 (𝑥, 𝑦)−𝑅+2𝛿. Soit maintenant 𝛿 > 0 tel que 𝑑 (𝑥, 𝑦) < 𝑅+𝜀−2𝛿.
Alors 𝑑 (𝛾𝛿 (𝑡 ∗ ), 𝑦) < 𝜀. Donc 𝑦 ∈ 𝐵(𝑥, 𝑅)𝜀
8
Exemple 2. On remarque que ces propriétés semblent intuitives, elles sont pourtant
fausses dans un espace métrique général. Dans la figure (2.2), 𝑋 est une partie non
convexe du plan, munie de la distance euclidienne. On voit qu’une partie de la boule
de rayon 𝑅 + 𝜀 n’est pas incluse dans l’𝜀-voisinage de la boule de rayon R.
Preuve. Soit 𝑥 ∈ 𝑋 un point arbitraire. Il suffit de montrer que les boules fermées
centrées en 𝑥 sont toutes compactes (en effet, tout fermé borné est relativement fermé
dans une boule fermée de rayon assez grand).
n o
Puisque 𝑥 admet un voisinage compact, l’ensemble 𝑟 > 0, 𝐵(𝑥, 𝑟) est compact est
non vide, et admet donc une borne supérieure positive.Supposons par l’absurde que
celle-ci soit finie et notons-la 𝑅.
9
𝜀
𝐵(𝑥, 𝑅) = 𝐵(𝑥, 𝑟 − ) 2𝜀 ⊂ (𝑆 2𝜀 ) 2𝜀 ⊂ 𝑆 𝜀
2
Donc 𝑆 est un 𝜀-net de 𝐵(𝑥, 𝑅), ce qui montre que 𝐵(𝑥, 𝑅) est précompacte, et donc
compacte.
2. On montre à présent qu’il existe 𝜀 tel que 𝐵(𝑥, 𝑅 + 𝜀) est compacte. Par compacité
locale, tout point 𝑦 de 𝐵(𝑥, 𝑅) admet un voisinage précompact U𝑦 . Comme 𝐵(𝑥, 𝑅)
est compacte, il existe {U𝑖 }𝑖∈𝐼 un sous-recouvrement fini de {U𝑦 } 𝑦∈𝐵(𝑥,𝑅) . De plus, par
Ð
le lemme (2), 𝑖∈𝐼 U𝑖 étant ouvert, il existe 𝜀 > 0 tel que 𝐵(𝑥, 𝑅)𝜀 = 𝐵(𝑥, 𝑅 + 𝜀) ⊂
Ð
𝑖∈𝐼 U𝑖 .
Puisque les U𝑖 sont précompacts, on en déduit que 𝐵(𝑥, 𝑅 + 𝜀) est précompacte et donc
compacte, ce qui contredit la maximalité de 𝑅. Ainsi toutes les boules fermées de centre
𝑥 sont compactes. □
10
Chapitre 3
Dans la géométrie euclidienne, l’objet le plus fondamental est la ligne droite. Elle est
caractérisée par le fait que pour n’importe quel couple de points, le segment de droite
qui les relie est le plus court chemin de l’un à l’autre. Pour définir son analogue dans
les espaces de longueur, on s’intéresse donc à l’existence de plus courts chemins, et on
commence par se donner les outils nécessaires pour le faire.
11
𝐿(𝛾)
Remarque 4. — On a toujours : 𝐶 = 𝑏−𝑎
Preuve. On suppose sans perte de généralité que [𝑎, 𝑏] = [0, 1]. On va se contenter de
montrer l’existence d’une paramétrisation à vitesse constante (non unitaire) sur [0, 1].
La construction est assez simple, on raisonne par analyse-synthèse pour la rendre
intuitive. On suppose donc l’existence de ( 𝛾,
˜ 𝜏) tels que décrits dans l’énoncé. On a
˜ 0, 𝜏(𝑡)) = 𝜏(𝑡)𝐿 ( 𝛾)
en particulier que 𝐿(𝛾, 0, 𝑡) = 𝐿( 𝛾, ˜ = 𝜏(𝑡)𝐿(𝛾) où on utilise que
𝛾˜ est à vitesse constante, et que la longueur est stable par reparamétrisation. Donc
𝐿(𝛾,0,𝑡)
𝜏(𝑡) = 𝐿 (𝛾) .
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séquence de chemins (𝛾𝑖 )𝑖∈N de longueur uniformément bornée admet une sous-suite
uniformément convergente.
Soit 𝜀 > 0. Soit 0 = 𝑡0 < · · · < 𝑡 𝑁 = 1 ⊂ Q tels que |𝑡𝑖+1 − 𝑡𝑖 | < 𝜀/𝐶 ∀𝑖 ∈ J0, 𝑁K. Soit
𝑀 ∈ N tel que ∀𝑖 ≥ 𝑀, 𝑑 (𝛾𝑖 (𝑡 𝑘 ), 𝛾(𝑡 𝑘 )) < 𝜀 ∀𝑘 ∈ J0, 𝑁K. Soit maintenant 𝑡 ∈ [0, 1]. Il
existe un unique 𝑘 ∈ J0, 𝑁K tel que 𝑡 ∈ [𝑡 𝑘 , 𝑡 𝑘+1 ]. Et alors :
∀𝑖 ≥ 𝑀, 𝑑 (𝛾𝑖 (𝑡), 𝛾(𝑡)) ≤ 𝑑 (𝛾𝑖 (𝑡), 𝛾𝑖 (𝑡 𝑘 )) + 𝑑 (𝛾𝑖 (𝑡 𝑘 ), 𝛾(𝑡 𝑘 )) + 𝑑 (𝛾(𝑡 𝑘 ), 𝛾(𝑡)) ≤ 3𝜀.
Preuve. D’après la propriété (6), 𝑋 est compact sur toutes les boules fermées. Soit
13
𝑥, 𝑦 ∈ 𝑋. Puisque (𝑋, 𝑑) est un espace de longueur 𝑑 (𝑥, 𝑦) est l’infinimum des longueurs
des courbes reliant 𝑥 et 𝑦. Il existe donc une suite de courbes 𝛾𝑖 vérifiant 𝐿(𝛾𝑖 ) → 𝐿 0 :=
𝑑 (𝑥, 𝑦). Quitte à extraire on peut supposer que la suite 𝛾𝑖 est uniformément bornée en
longueur, et en particulier contenue dans une boule fermée. On peut donc appliquer le
théorème d’Ascoli : quitte à extraire encore, la suite {𝛾𝑖 } converge uniformément vers
une courbe 𝛾. 𝛾 relie également 𝑥 et 𝑦 et par semi continuité inférieure voir (5) de 𝐿,
𝐿(𝛾) ≤ lim𝑖 𝐿(𝛾𝑖 ) = 𝐿 0 . Donc 𝐿 (𝛾) = 𝐿 0 . □
Remarque 5. Il y a en fait existence de plus court chemin dans tout espace métrique
compact. Dans un espace de longueur, la compacité locale et la complétude suffisent.
Remarque 6. Une géodésique peut-être définie sur un intervalle ouvert, ce n’est donc
pas un chemin au sens de la définition (7). Il n’est d’ailleurs pas toujours possible de
prolonger une géodésique en un chemin, comme le montre l’exemple suivant :
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Figure 3.1 – Géodésique dans R2 \ {0}
Une condition suffisante pour prolonger les géodésiques en des chemins est la complé-
tude de l’espace : c’est le théorème (1). Le théorème de Hopf-Rinow affirme que cette
condition est également nécessaire. Avant d’énoncer ce dernier, on donne un lemme
qui nous servira à le démontrer.
Lemme 4. Soit (𝑋, 𝑑) un espace de longueur. Si (𝛾𝑖 )𝑖∈N : [𝑎, 𝑏] → 𝑋 est une suite de
plus courts chemins convergeant simplement vers 𝛾 : [𝑎, 𝑏] → 𝑋, alors 𝛾 est un plus
court chemin.
Preuve. On note (𝑥𝑖 , 𝑦𝑖 ) := (𝛾𝑖 (𝑎), 𝛾𝑖 (𝑏)) les extrémités de 𝛾𝑖 et (𝑥, 𝑦) = lim (𝑥𝑖 , 𝑦𝑖 ).
𝑛→∞
On a alors par semi-continuité inférieure de la longueur :
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ment compact. Alors (𝑋, 𝑑) est complet si et seulement si toute géodésique 𝛾 : [0, 𝑎) →
𝑋 peut être prolongée par continuité en 𝛾 : [0, 𝑎] → 𝑋.
On suppose ici que tous les chemins et géodésiques sont paramétrés à vitesse constante
égale à 1.
n o
𝑅 = sup 𝑟 > 0 | 𝐵( 𝑝, 𝑟) est compacte < +∞
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note 𝛾(𝑡). On a ainsi une application 𝛾 : [0, 𝑅) → 𝑋 telle que 𝛾 est 1-lipschitzienne,
comme limite d’applications 1-lipchitziennes.
Montrons à présent que 𝛾 est une géodésique. Pour 𝐽 un intervalle fermé inclus dans
[0, 𝑅), il existe 𝑘 t.q 𝐽 ⊂ [0, 𝑟 𝑘 ]. Et 𝛾 |𝐽 = lim 𝛾𝑛 𝑘 |𝐽 . En particulier, 𝛾 |𝐽 est limite
𝑘→∞
simple d’une suite de plus courts chemins donc d’après le lemme (4), 𝛾 |𝐽 est un plus
court chemin, ce qui montre que 𝛾 est une géodésique (minimale). Par hypothèse, on
peut donc étendre 𝛾 par continuité en 𝑅 pour obtenir un chemin 𝛾 : [0, 𝑅] → 𝑋.
Montrons maintenant que 𝑥 𝑛 𝑘 = 𝛾𝑛 𝑘 (𝑟 𝑛 𝑘 ) →𝑘→∞ 𝛾(𝑅). Soit 𝜀 > 0 et 𝑟 ∈ [𝑅−𝜀, 𝑅]. Soit
𝐾 ∈ N tel que ∀𝑘 ≥ 𝐾, 𝑟 𝑛 𝑘 ≥ 𝑟 et 𝑑 (𝛾𝑛 𝑘 (𝑟), 𝛾(𝑟)) ≤ 𝜀. On a alors : 𝑑 (𝛾𝑛 𝑘 (𝑟 𝑛 𝑘 ), 𝛾(𝑅)) ≤
𝑑 (𝛾𝑛 𝑘 (𝑟 𝑛 𝑘 ), 𝛾𝑛 𝑘 (𝑟)) + 𝑑 (𝛾𝑛 𝑘 (𝑟), 𝛾(𝑟)) + 𝑑 (𝛾(𝑟), 𝛾(𝑅)) ≤ 3𝜀.
On a donc montré que (𝑥 𝑛 )𝑛∈N admet une sous-suite convergente. Donc 𝐵( 𝑝, 𝑅) est
relativement compacte. Donc, d’après (3), 𝐵( 𝑝, 𝑅) = 𝐵( 𝑝, 𝑅) est compacte.
2. On montre à présent qu’il existe 𝜀 > 0 tel que 𝐵( 𝑝, 𝑅 + 𝜀) est compacte. (𝑋, 𝑑)
étant localement compact, on a : ∀𝑥 ∈ 𝐵( 𝑝, 𝑅), ∃𝑟 𝑥 > 0, 𝐵(𝑥, 𝑟 𝑥 ) est relativement
compacte. Par compacité de 𝐵( 𝑝, 𝑅), il existe 𝑥 1 , . . . , 𝑥 𝑛 ∈ 𝐵( 𝑝, 𝑅) tels que 𝐵( 𝑝, 𝑅) ⊂
Ð𝑛
𝑖=1 𝐵(𝑥𝑖 , 𝑟 𝑥𝑖 ).
Ð𝑛
𝐵( 𝑝, 𝑅) étant compacte et 𝐵(𝑥𝑖 , 𝑟 𝑥𝑖 ) ouvert, par le lemme (2), il existe 𝜀 > 0
𝑖=1
Ð𝑛
tel que 𝐵( 𝑝, 𝑅)𝜀 = 𝐵( 𝑝, 𝑅 + 𝜀) ⊂ 𝑖=1 𝐵(𝑥𝑖 , 𝑟 𝑥𝑖 ) qui est relativement compact. Donc
𝐵( 𝑝, 𝑅 + 𝜀) est compacte.
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Conclusion
Ce mémoire nous a principalement amenés à étudier les propriétés des chemins dans les
espaces métriques, leur paramétrisation, et la notion de longueur qui leur est associée.
Elle nous a permis d’apprécier, notamment grâce au théorème de Hopf-Rinow, l’intérêt
des géodésiques dans la description de la géométrie d’un espace de longueur.
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Bibliographie
[1] D. Burago et al. A Course in Metric Geometry. Crm Proceedings & Lecture
Notes. American Mathematical Society, 2001. isbn : 9780821821299. url :
https://books.google.fr/books?id=dRmIAwAAQBAJ.
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