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Pendule de Foucault et transport parallèle sur 𝑻𝓢

 Description du pendule
En 1851, Foucault a accroché un long pendule dans le panthéon à Paris, dans le but de
mettre en évidence la rotation de la Terre dans l’espace, mais sans observer les étoiles, c’est
à dire en faisant une observation dans une pièce sans fenêtre. Le pendule avait un
mouvement d’oscillations rectilignes, avec peu de frottements et qui ne s’amortissaient
qu’après 6 heures.

Après 1 jour, on observe que la déviation des oscillations (précession) 𝑣 (𝑡) a tourné d’un
̂
angle 𝜑𝐹𝑜𝑢𝑐𝑎𝑢𝑙𝑡 = (𝑣(0), 𝑣 (1)) = −2𝜋 sin(𝑙 ) où 𝑙 est la latitude (en l’occurrence celle de
Paris).

3
𝜑𝐹𝑜𝑢𝑐𝑎𝑢𝑙𝑡 = −271° ≈ − tour
4

 Transport parallèle ou connexion de Levi-Civita


La surface de la Terre est modélisée par une sphère :

𝑆 2 = {(𝑥1 , 𝑥2 , 𝑥3 ) ∈ ℝ3 | 𝑥12 + 𝑥22 + 𝑥32 = 1} ⊂ ℝ3

Remarque : 𝑆 𝑛 ⊂ ℝ𝑛+1
Le choix de la sphère 𝑆 2 est un choix pédagogique, et tout ce que l’on raconte dans ce
chapitre dans le cas de la sphère 𝑆 2 se généralise au cas d’une surface quelconque notée 𝒮
plongée dans l’espace ℝ3 , lisse compacte et sans bord.

On note 𝛾 ∶ 𝑡 ∈ ℝ → 𝛾(𝑡) ∈ 𝑆 2 qui est la trajectoire du pendule sur la surface 𝒮 = 𝑆 2 à


l’instant 𝑇. Cette trajectoire suit la parallèle.

Plus généralement, on considère un chemin 𝛾 sur la surface 𝒮, 𝑡 → 𝛾(𝑡) ∈ 𝒮 paramétré par


𝑡 ∈ ℝ.

Remarque : le vecteur 𝑣(𝑡), direction des oscillations appartient au « plan horizontal ». C’est
le plan tangent à 𝑆 2 au point 𝛾(𝑡). C’est-à-dire que :

𝑣 (𝑡) ∈ 𝑇𝛾(𝑡) 𝑆 2

Si 𝒮 est une surface plongée dans ℝ3 et 𝑥 ∈ 𝒮 un point de la surface, on note 𝑇𝑥 𝒮 le plan


tangent à la surface 𝑆 au point 𝑥 ∈ 𝒮. On a donc 𝑇𝑥 𝒮 ⊂ ℝ3 qui est le plan contenant tous les
vecteurs tangents à 𝒮.
On note 𝑇𝒮 = {(𝑥, 𝑣), 𝑥 ∈ 𝑆, 𝑣 ∈ 𝑇𝑥 𝑆} = ∐ 𝑇𝑥 𝒮 qu’on appelle « espace fibré tangent à la
surface ». 𝑥∈𝑆
↳ 𝒮 est l’espace fibré et 𝑇𝑥 𝒮 est la fibre en 𝑥.

Pour formaliser le mouvement du pendule, on a besoin pour chaque point 𝑥 ∈ 𝒮, du


projecteur orthogonal 𝑃𝑥 ∶ ℝ3 → 𝑇𝑥 𝒮.

On considère une surface orientée 𝒮 ⊂ ℝ3 , une courbe paramétrée 𝑡 ∈ ℝ → 𝛾 (𝑡) ∈ 𝒮 et en


chaque point 𝛾(𝑡), on place un pendule avec des petites oscillations selon une direction
𝑣 (𝑡) ∈ 𝑇𝛾(𝑡) 𝒮 (le pendule est soumis à une force normale à la surface et oscille près de sa
position d’équilibre). Alors dans la limite adiabatique (où la fréquence du pendule est grande
devant la période du mouvement de 𝛾 ≡ rotation de la Terre), l’évolution du pendule
𝑣 (𝑡) ∈ 𝑇𝛾(𝑡) 𝒮 partant d’une direction initiale donnée 𝑣 (0) ∈ 𝑇𝛾(0) 𝒮 est déterminé par
l’équation :

𝐷𝑣 𝑑𝑣 (𝑡)
= 𝑃𝛾(𝑡) =0
𝑑𝑡 𝑑𝑡

Dérivée covariante ou connexion de Levi-Civita

Signification de l’équation : Sur la figure au-dessus, on observe que cette équation


signifie que en passant d’un plan 𝑇𝛾(𝑡) 𝑆 2 au plan voisin 𝑇𝛾(𝑡+𝑑𝑡) 𝑆 2 , le vecteur 𝑣(𝑡) est
projeté orthogonalement (et ne subit pas de rotation supplémentaire). C’est le meilleur
compromis pour le principe d’inertie, pour avoir 𝑣 (𝑡) le plus constant (ou parallèle)
possible dans ℝ3 .
Remarque : dans le cas du pendule, la force gravitationnelle impose 𝑣 (𝑡) ∈ 𝑇𝛾(𝑡) 𝒮

𝐷𝑣
Il faut bien comprendre que la dérivée covariante mesure la déviation tangentielle ou
𝑑𝑡
dans les fibres. Pour le pendule :

𝐷𝑣
 Si 𝑑𝑡 = 0, on dit que 𝑣(𝑡) suit le transport parallèle le long de 𝛾(𝑡)

𝐷𝑣 𝑑
 En coordonnées : ⃗ − 𝑖𝐴)𝑣 "
≡ 𝑑𝑡 "(∇
𝑑𝑡

On note 𝑢, 𝑣 ∈ ℝ3 , ⟨𝑢|𝑣 ⟩ = 𝑢𝑖 𝑣𝑖 ≡ produit scalaire euclidien en notation d’Einstein.

Si 𝒮 ⊂ ℝ3 , 𝛾 ⊂ 𝒮 et une famille de vecteur 𝑣(𝑡), 𝑤 (𝑡) ∈ 𝑇𝛾(𝑡) 𝒮 est transportée parallèlement


𝐷𝑣 𝐷𝑤
alors = =0
𝑑𝑡 𝑑𝑡
̂
↳ l’angle (𝑣(𝑡), 𝑤 (𝑡)) est constant, la norme des vecteurs est également constante donc
⟨𝑣 (𝑡)|𝑤(𝑡)⟩ = 𝑐𝑡𝑒

La dérivée covariante est donc compatible avec le produit scalaire.

Théorème : Si 𝑣𝑡 , 𝑤𝑡 ∈ 𝑇𝛾(𝑡) 𝒮 sont 2 familles de vecteurs sur la courbe 𝛾 (𝑡) alors :

𝑑 𝐷𝑣 𝐷𝑤𝑡
𝑔𝛾(𝑡) (𝑣𝑡 , 𝑤𝑡 ) = 𝑔𝛾(𝑡) ( , 𝑤𝑡 ) + 𝑔𝛾(𝑡) (𝑣𝑡 , )
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡

 Holonomie et courbure
Soit 𝒮 ⊂ ℝ3 une surface orientée. Cela signifie que sur chaque espace tangent 𝑇𝑥 𝒮, ∀𝑥 ∈ 𝒮
On peut choisir une orientation (sens direct) pour mesurer les angles et des distances. Ce
choix est continu par rapport à 𝑥. Par exemple, 𝑆 2 est orientable mais la surface de Moebius
ne l’est pas.

Définition :

Soit 𝛾 ∈ 𝒮 une courbe paramétrée fermée, c’est-à-dire que 𝛾(1) = 𝛾(0) et soit
𝐷𝑣
𝑡 → 𝑣𝑡 ∈ 𝑇𝛾(𝑡) 𝒮 une famille de vecteurs tangents suivant le transport parallèle ( 𝑑𝑡𝑡 = 0 ∀𝑡).
Alors les vecteurs de départ et de fin 𝑣0 , 𝑣1 ∈ 𝑇𝛾(0) 𝒮 = 𝑇𝛾(1) 𝒮 appartiennent au même
espace tangent et ont la même longueur d’après le théorème vu plus haut.
𝑣1 se déduit donc de 𝑣0 par une rotation d’un angle noté

ℎ(𝛾) = (𝑣̂
0 , 𝑣1 )

appelé holonomie du chemin fermé 𝛾. (cet angle ℎ(𝛾) est défini modulo 2𝜋).
Exemples :

L’holonomie ℎ(𝛾) est indépendante de la paramétrisation du chemin 𝛾, du point initial


𝑥0 ∈ 𝛾 et du vecteur initial 𝑣0 . On dit qu’elle ne dépend que de la géométrie du chemin 𝛾.

Pour avoir une expression qui permet de calculer ℎ(𝛾), on définit la courbure de Gauss
𝑘(𝑥 ) ∈ ℝ au point 𝑥 ∈ 𝑆.
On définit la courbure de Gauss :

Soit 𝒮 ⊂ ℝ3 une surface et 𝑥 ∈ 𝒮 un point de la surface. Si 𝐿 ⊂ 𝑇𝑥 𝒮 est une droite sur le plan
tangent passant par l’origine et 𝑛⃗ ∈ ℝ3 le vecteur normal à 𝑇𝑥 𝒮, l’intersection du plan
𝑃(𝐿) = Vect(𝐿, 𝑛⃗) et de la surface forme une courbe 𝐶 (𝐿) = 𝑃 (𝐿) ∩ 𝒮 et on note 𝑅 (𝐿) le
rayon de courbure de cette courbe au point 𝑥.
Comme 𝑅(𝐿) peut être infini si la surface est plate, on préfère noter 𝑘(𝐿) = 1/𝑅(𝐿) appelée
courbure selon cette même direction avec le signe négatif si 𝐶 (𝐿 ) est de l’autre côté de 𝑛⃗
par rapport au plan 𝑇𝑥 𝒮. La courbure de Gauss au point 𝑥 est :

𝑘(𝑥 ) = 𝑘𝑚𝑖𝑛 𝑘𝑚𝑎𝑥

Avec 𝑘𝑚𝑖𝑛 = min(𝑘 (𝐿)) et 𝑘𝑚𝑎𝑥 = max(𝑘(𝐿)) obtenues dans les directions 𝐿
orthogonales.

On introduit la formule de Gauss-Bonnet locale :

Si 𝒮 ⊂ ℝ3 est une surface orientée et 𝛾 ⊂ 𝒮 est un chemin fermé orienté qui borde un
domaine 𝒞, c’est-à-dire que 𝜕𝒞 = 𝛾 alors :

ℎ(𝛾 ) = ∬ 𝑘 (𝑥 )𝑑 2 𝑆
𝑥∈𝒞

où 𝑘(𝑥 ) est la courbure de Gauss de la surface au point 𝑥 ∈ 𝒮.

1 1 2
Remarques : dans le cas d’une sphère de rayon 𝑅, on a 𝑘 = 𝑅2 donc : ℎ(𝛾) = ∬ 𝑅 𝑑Ω = ∬ 𝑑Ω [2𝜋]
𝑅2 𝒞

Exemple – cas d’une sphère.

Prenons un triangle équilatérale (n’importe quelle figure aurait pu marcher mais le triangle
simplifie les calculs) :

𝜋 1
Par la première méthode ℎ(𝛾) = mais avec le calcul, on a le triangle qui occupe 8 de la surface
2
1 𝜋 𝜋 𝜋
totale donc ℎ(𝛾) = 8 4𝜋 = 2 . Sinon on a 𝜃, 𝜑 ∈ [0, 2 ] → ∬𝒞 𝑑Ω = 2
Remarque : dans la formule de Gauss-Bonnet, les termes de gauche et droites sont additifs

𝛾
𝛾2 𝛾 = 𝛾1 + 𝛾2
ℎ(𝛾) = ℎ(𝛾1 + 𝛾2 ) = ℎ(𝛾1 ) + ℎ(𝛾2 )
𝒞1 𝒞2
𝛾1 𝒞 = 𝒞1 + 𝒞2

On peut noter que la formule de Gauss-Bonnet est remarquable car l’holonomie ℎ(𝛾) se
conserve. En effet si pour une surface 𝒮, on a une holonomie ℎ(𝛾), en modifiant cette
surface 𝒮 → 𝒮 ′ dans un domaine 𝒞 (sans toucher au bord 𝛾) alors ℎ(𝛾) est inchangée, c’est-
à-dire que ℎ(𝛾) → ℎ′ (𝛾) = ℎ(𝛾).
↳ par exemple : si on déforme en ajoutant une bosse avec une courbure positive, cela va
forcément rajouter de la courbure négative qui compense :

On introduit maintenant la formule de Gauss-Bonnet globale :

Pour une surface 𝒮 orientée compacte sans bord, l’intégrale de la courbure sur toute la
surface/domaine est :

∬ 𝑘(𝑥 )𝑑 2 𝑆 = 2𝜋𝐶
𝒮

Où 𝑘(𝑥 ) est la courbure de Gauss et 𝒞 ∈ ℤ est un entier qui dépend de la surface de façon
continue (appelé indice de Chern ou caractéristique d’Euler). C’est un invariant topologique,
c’est-à-dire invariant par déformation de la surface. Pour une surface de genre 𝑔 (possèdant
𝑔 trous) on a :

𝐶 = 2(1 − 𝑔 )
Exemples :

 Dans le cas de la sphère : ∬ 𝑘(𝑥 )𝑑2 𝑆 = 4𝜋 → 𝐶 = 2 → 𝑔 = 0


𝒮
↳ Ce qui est logique car la sphère est une géométrie n’admettant
aucun trou (simplement connexe).

 Dans le cas d’un tore : 𝑔 = 1 trou donc ∬ 𝑘(𝑥 )𝑑2 𝑆 = 2𝜋 × 2(1 − 𝑔) = 0


𝒮

Autre exemple – la relativité générale :

En relativité générale, dans le cas d’un espace-temps stationnaire (invariant dans le temps),
l’équivalent du pendule de Foucault est la précession géodésique ou l’effet Einstein de Sitter
qui correspond à la précession d’un gyroscope après un chemin fermé dans l’espace. Si
l’espace-temps a de la courbure due à la présence de masse ou d’énergie alors cette
précession est non-nulle.
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9cession_g%C3%A9od%C3%A9tique)

Dans ce cas, il n’y a pas d’holonomie car les 2 points ne sont pas confondus. On doit
nécessairement considérer l’espace-temps stationnaire pour supprimer la variable temps et
pouvoir superposer les 2 points.
 Géodésiques

1) Trajectoire géodésique

Soit 𝒮 ⊂ ℝ3 et 𝛾 ⊂ 𝒮 une courbe paramétrée ⟺ On considère un chemin paramétré 𝛾(𝑡)


sur une surface 𝒮 :

Une géodésique est un chemin qui extrémalise l’action.


↳ la courbe 𝛾 est une géodésique si

𝐷𝑣
= 0 ∀𝑡
𝑑𝑡

C’est-à-dire si le vecteur vitesse 𝑣 (𝑡) est aussi le transporté parallèle de 𝑣(0) le long de la
courbe 𝛾.
Cela permet de se ramener à une « équation de Newton d’une particule libre »

𝐷𝛾 𝑑𝛾 𝐷𝑣 𝑑𝑣
Remarque : où 𝑣 (𝑡) = ≡ vecteur vitesse et on rappelle que = 𝑃 𝑑𝑡
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡
↳ composante tangentielle

Remarque : dans un plan, une géodésique est une droite et sur 𝑆 2 (une sphère) ≡ grand
cercle.

2) Espaces fibrés plus généraux

Jusqu’à présent : 𝒮 – surface « espace de base ». Pour 𝑥 ∈ 𝒮, 𝑇𝑥 𝒮 : espace tangent « fibré ».


On définit l’espace fibré qui est la collection des fibres :

𝑇𝒮 = ∐ 𝑇𝑥 𝒮
𝑥∈𝒮
Plus généralement, un espace fibré est :

𝐹 = ∐ 𝐹𝑥
𝑥∈𝒮

Avec 𝐹𝑥 un espace vectoriel quelconque.

𝐷𝑣(𝑡)
Alors dans une surface 𝒮 et pour 𝛾 ⊂ 𝒮 et 𝑣 (𝑡) ∈ 𝐹𝛾 (𝑡) et donc ∈ 𝐹𝛾 (𝑡) est la mesure
𝑑𝑡
de la déviation.

 Choix de jauge – potentiel de jauge


Jusqu’à présent, on a défini et étudié la dérivée covariante, l’holonomie d’un chemin de
façon géométrique.

Rappel : soit 𝒮 ⊂ ℝ3 une surface et 𝛾 ∶ 𝑡 ⟶ 𝛾 (𝑡) ∈ 𝒮 une courbe paramétrée.


∀𝑡, 𝑣 (𝑡) ∈ 𝑇𝛾 𝒮 : famille de vecteur. On a défini la dérivée covariante de 𝑣 :

𝐷𝑣 𝑑𝑣
= 𝑃𝛾 ∈ 𝑇𝛾 𝒮
𝑑𝑡 𝑑𝑡

↳ mesure la déviation au transport parallèle.

Supposons 𝒮 ⊂ ℝ3 une surface orientée 𝑈 ⊂ 𝒮 un petit domaine. Un choix de jauge (ou


trivialisation locale du fibré tangent) dans le domaine 𝑈 est le choix ∀𝑥 ∈ 𝑈 d’un repère
orthonormé direct 𝑟1 (𝑥), 𝑟2 (𝑥) ∈ 𝑇𝑥 𝒮 de l’espace tangent en 𝑥. Ainsi, un vecteur tangent en
𝑢(𝑥 ) ∈ 𝑇𝑥 𝒮 s’écrit :

𝑢(𝑥) = 𝑢1 (𝑥 ) 𝑟1 (𝑥 ) + 𝑢2 (𝑥 ) 𝑟2 (𝑥 )

Avec des composantes réelles (𝑢1 , 𝑢2 ) ∈ ℝ2


On introduit la structure complexe : dans l’espace tangent 𝑇𝑥 𝒮, on définit l’opérateur
linéaire (qui préserve la combinaison linéaire) :

𝐽𝑥 ∶ 𝑇𝑥 𝒮 ⟶ 𝑇𝑥 𝒮

Qui est la structure complexe.


𝐽 𝑟 (𝑥 ) = 𝑟2 (𝑥 )
↳ Pour { 𝑥 1
𝐽𝑥 𝑟2 (𝑥 ) = −𝑟1 (𝑥 )

𝜋
On remarque sur le schéma que 𝐽𝑥 ≡ rotation de 2

Donc 𝐽𝑥2 = 𝐽𝑥 ⋅ 𝐽𝑥 = −𝕀𝑑

Pour 𝑢 ∈ 𝑇𝑥 𝒮, on définit ⏟𝑖 × 𝑢 = 𝐽𝑥 𝑢. Alors 𝑢(𝑥 ) = 𝑢1 (𝑥 ) 𝑟1 (𝑥 ) + 𝑢2 (𝑥 ) 𝑟⏟2 (𝑥 )


∈ℂ 𝑖𝑟1 (𝑥)
𝑢(𝑥 ) = (𝑢1 (𝑥 ) + 𝑖𝑢2 (𝑥 ))𝑟1 (𝑥 )

𝜓(𝑥 ) ∈ ℂ : composante complexe de 𝑢 par rapport à la base 𝑟1 (𝑥) (c’est-à-dire choix de


jauge).
Dans la suite, on notera 𝑟(𝑥 ) = 𝑟1 (𝑥) le vecteur de base.

Remarque : le champ de vecteur est caractérisé par la fonction complexe 𝜓(𝑥 ) (relativement
au choix de jauge) qui est le champ scalaire complexe en physique.

Exemple :

Sur la sphère unité 𝑆 2 ⊂ ℝ2 , comme choix de jauge sur 𝑇𝒮, on peut choisir le vecteur
unitaire 𝑟(𝑥 ) = 𝑢𝜑 unitaire et tangent aux parallèles ou 𝑟(𝑥 ) = 𝑢𝜃 tangent aux méridiens.

1) Potentiel de Jauge

Dans la suite, on va utiliser les coordonnées locales quelconques sur la surface, notées 𝑥 =
(𝑥1 , 𝑥2 ) ∈ ℝ2 . Ce peut être les coordonnées sphériques (𝜃, 𝜑) par exemple.
𝐷𝑢
Avant de continuer, on va rappeler la définition de ce qu’est la dérivée covariante 𝑑𝑡 :
↳ Elle mesure la déviation d’un champ de vecteur 𝑢(𝑡) par rapport au transport parallèle. Le
but de la suite est d’exprimer cette dérivée covariante avec des nombres/des valeurs
numériques.

Soit 𝑈 ⊂ 𝒮 et 𝑟(𝑥 ) ∈ 𝑇𝑥 𝒮 un choix de jauge (vecteur de base unitaire) pour chaque 𝑥 ∈ 𝑈.


On suppose que 𝑥 est un choix de coordonnées locales sur 𝑈. On définit le potentiel de jauge
𝒜 (𝑥) = (𝒜1 (𝑥), 𝒜2 (𝑥 )) ∈ ℝ2 par :

𝐷𝑟
= 𝑖𝒜(𝑥 )𝑟 𝑘 = 1,2
𝜕𝑥𝑘

Autrement dit, les composantes réelles 𝒜 (𝑥 ) = (𝒜1 (𝑥 ), 𝒜2 (𝑥 )) mesurent les dérivées


covariantes du choix de base 𝑟(𝑥 ) par rapport aux variations de coordonnées (𝑥1 , 𝑥2 ). En
géométrie différentielle, on note :

𝒜 = 𝒜1 𝑑𝑥1 + 𝒜1 𝑑𝑥2 ≡ 𝒜 ⋅ 𝑑𝑥

Qu’on appelle la 1-forme de connexion.

Comment est utilisé le potentiel de jauge ?


↳ Soit 𝛾 ∶ 𝑡 ∈ [0,1] → 𝛾 (𝑡) ∈ 𝑈 un chemin paramétré donné de coordonnées
(𝑥1 (𝑡), 𝑥2 (𝑡)) = 𝑥 (𝑡) ∈ ℝ2 et 𝑢 un champ de vecteur sur 𝑈, c’est-à-dire
𝑢(𝑥 ) = 𝜓(𝑥 ) 𝑟(𝑥 ) ∈ 𝑇𝑥 𝒮 donné pour chaque 𝑥 de composante 𝜓(𝑥 ). Alors la dérivée
covariante de 𝑢 au point 𝑥 = 𝛾 (𝑡) le long du chemin 𝛾 (𝑦) est donné par :

𝐷𝑢 𝑑𝑥
= 𝑖 [ ⋅ (𝑝 + 𝒜 (𝑥)) 𝜓] 𝑟(𝑥 )
𝑑𝑡 𝑑𝑡

⃗ = −𝑖(𝜕1 , 𝜕2 ) qui est l’opérateur impulsion. Par conséquent :


Avec 𝑝 = −𝑖∇

2
‖𝐷𝑢‖2 = ‖(𝑝 + 𝒜 (𝑥 )) 𝜓‖
𝐷𝑟
On construit alors la démonstration ou on pose 𝑢 = 𝜓𝑟 et on a défini 𝜕𝑥 = 𝑖𝒜 (𝑥)𝑟
𝑘
𝜕
↳ Montrons que 𝒜𝑘 ∈ ℝ. On a |𝑟|2 = ⟨𝑟|𝑟⟩ = 1 → 𝜕𝑥 ⟨𝑟|𝑟⟩ = 0 mais on rappelle que 𝐷 est
𝑘
compatible avec le produit scalaire ⟨ ⋅ | ⋅ ⟩ et d’après la formule de Leibnitz :

𝐷 𝐷 𝐷
⟨𝑢|𝑣 ⟩ = ⟨ 𝑢|𝑣⟩ + ⟨𝑢| 𝑣⟩ donc on peut construire la démonstration :
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡

𝜕 𝜕 𝜕 𝜕
⟨𝑟|𝑟⟩ = 0 = ⟨ 𝑟|𝑟⟩ + ⟨𝑟| 𝜕𝑥 𝑟⟩ or, on rappelle que 𝑟 = 𝑖𝒜(𝑥 )𝑟
𝜕𝑥𝑘 𝜕𝑥 𝑘 𝑘 𝜕𝑥𝑘

⟨𝑖𝒜 (𝑥 )𝑟|𝑟⟩ + ⟨𝑟|𝑖𝒜 (𝑥 )𝑟⟩ = 0

−𝑖𝒜̅ ⟨𝑟|𝑟⟩ + 𝑖𝒜̅ ⟨𝑟|𝑟⟩ = 0

−𝑖𝒜̅ + 𝑖𝒜 = 0

Cependant : 𝒜 ≡ 𝑎 + 𝑖𝑏 donc 𝒜̅ ≡ 𝑎 − 𝑖𝑏 : 𝒜 − 𝒜̅ = 𝑎 + 𝑖𝑏 − 𝑎 + 𝑖𝑏 = 2𝑖𝑏 = 2𝑖𝐼𝑚(𝒜 )

On a donc 𝒜 − 𝒜̅ ≡ 𝐼𝑚(𝒜 ) = 0 donc 𝒜 est purement réel.


𝐷𝑢 𝐷 𝑑𝜓 𝐷𝑟
Alors = 𝜓𝑟 = 𝑟+ 𝜓
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡
𝜕𝜓 𝑑𝑥𝑘 𝐷𝑟 𝑑𝑥𝑘
= ∑( )( )𝑟 + ( )( )𝜓
𝜕𝑥𝑘 𝑑𝑡 ⏟𝜕𝑥𝑘 𝑑𝑡
𝑘
𝑖𝒜𝑘 (𝑥)𝑟

𝑑𝑥𝑘 𝜕𝜓
=∑ [( ) + 𝑖𝒜𝑘 (𝑥)𝜓] 𝑟
𝑑𝑡 𝜕𝑥𝑘
𝑘

𝜕𝜓
Mais on rappelle que 𝜕𝑥 = 𝑖𝑝𝑘 𝜓 donc :
𝑘

𝐷𝑢 𝑑𝑥𝑘
=∑ [𝑖𝑝𝑘 𝜓 + 𝑖𝒜𝑘 (𝑥)𝜓]𝑟
𝑑𝑡 𝑑𝑡
𝑘

𝐷𝑢 𝑑𝑥𝑘
= 𝑖∑ [𝑖𝑝𝑘 + 𝑖𝒜𝑘 (𝑥 )]𝜓𝑟
𝑑𝑡 𝑑𝑡
𝑘

Ce qui nous amène finalement à :

𝐷𝑢 𝑑𝑥
= 𝑖 [ ⋅ (𝑝 + 𝒜 (𝑥)) 𝜓] 𝑟(𝑥 )
𝑑𝑡 𝑑𝑡
Sur une sphère 𝑆 2 , on peut montrer que si le choix de jauge est 𝑟(𝑥 ) = 𝑢𝜑 (𝑥 ) alors
𝒜 = cos(𝜃) 𝑑𝜑, c’est-à-dire que les composantes sont 𝒜 = (0, cos(𝜃))

2) Changement de Jauge

Un changement de jauge (ou de trivialisation) est un autre choix de vecteurs (unitaires) de


base 𝑟 ′ (𝑥 ) que l’on exprime par rapport à l’ancien choix par :

𝑟 ′ (𝑥 ) = ⏟
𝑒 𝑖𝛼(𝑥) 𝑟(𝑥)
𝑈(1)
Avec une phase 𝛼(𝑥 ) ∈ ℝ.

Remarque : 𝑒 𝑖𝛼(𝑥) ∈ 𝑈(1) est un élément du groupe unitaire.

On a un champ de vecteur 𝑢(𝑥 ) = 𝜓(𝑥 )𝑟(𝑥 ) et par changement de jauge, il s’exprime alors :

𝑢(𝑥 ) = 𝜓(𝑥 )𝑟(𝑥 ) = 𝜓 ′ (𝑥 )𝑟 ′ (𝑥 )

avec 𝜓 ′ (𝑥 ) = 𝑒 −𝑖𝛼(𝑥) 𝜓(𝑥 ).

↳ le potentiel de jauge est alors changé en 𝒜′ = 𝒜 + 𝑑𝛼, c’est-à-dire que :

𝜕𝛼
𝒜′𝑘 = 𝒜𝑘 +
𝜕𝑥𝑘

avec 𝑘 = 1,2. On peut en rédiger la démonstration :

𝐷𝑟 ′
= 𝑖𝒜′𝑘 𝑟 ′
𝑑𝑥𝑘

𝐷𝑟 ′ 𝜕𝑒 𝑖𝛼 𝐷𝑟 𝜕𝛼 𝑖𝛼
=( ) 𝑟 + 𝑒 𝑖𝛼 =𝑖 𝑒 𝑟 + 𝑒 𝑖𝛼 𝑖𝒜𝑘 𝑟
𝑑𝑥𝑘 𝜕𝑥𝑘 𝜕𝑥𝑘 𝜕𝑥𝑘

𝐷𝑟 ′ 𝜕𝛼
= 𝑖 (𝒜𝑘 + ) (𝑒 𝑖𝛼 𝑟)
𝑑𝑥𝑘 ⏟ 𝜕𝑥𝑘 ⏟ ′
𝑟
𝒜′𝑘
3) Courbure

Si 𝒞 ⊂ 𝑈 est un sous domaine de bord 𝛾 = 𝜕𝒞 (formant un chemin fermé) alors l’holonomie


ℎ(𝛾) s’exprime par l’intégrale de la courbure :

ℎ(𝛾) = − ∮ 𝒜 = − ∮ 𝒜1 (𝑥)𝑑𝑥1 + 𝒜2 (𝑥 )𝑑𝑥2


𝛾 𝛾

= −∬𝐵
𝐶

avec 𝒜 = 𝒜1 (𝑥)𝑑𝑥1 + 𝒜2 (𝑥)𝑑𝑥2 la forme différentielle et 𝐵 le tenseur de courbure défini


comme étant :

𝜕𝒜1 𝜕𝒜2
𝐵=( − ) (𝑑𝑥1 ∧ 𝑑𝑥2 )
𝜕𝑥2 𝜕𝑥1

où ∧ ≡ produit extérieur (qui est une généralisation du produit vectoriel) et par soucis de
notation on peut écrire 𝑑𝑥1 ∧ 𝑑𝑥2 = 𝑑𝑥1 𝑑𝑥2 .

Remarque : 𝐵 est indépendant du choix de jauge.

′ ′ 2 2
↳ 𝐵′ = (𝜕𝒜1 − 𝜕𝒜2 ) (𝑑𝑥1 ∧ 𝑑𝑥2 ) = 𝐵 + ( 𝜕 𝛼 − 𝜕 𝛼 )
𝜕𝑥2 𝜕𝑥1 ⏟𝜕𝑥2 𝜕𝑥1 𝜕𝑥1 𝜕𝑥2
= 0 → Schwarz

Et pour 𝐵(𝑥 ) = −𝑘(𝑥 )𝑑 2 𝑥 → formule de Gauss-Bonnet.


On peut construire la preuve de l’exprime de l’holonomie ℎ(𝛾) :

𝐷𝑢
On considère une famille de vecteur 𝑢(𝑡) ∈ 𝑇𝛾 𝑈 transportés parallèlement → 𝑑𝑡 = 0 sur le
chemin 𝛾 (𝑡) fermé où 𝑡 ∈ [0,1]. La définition de l’holonomie ℎ(𝛾) est donnée par :

𝑢(1) = 𝑒 𝑖ℎ(𝛾) 𝑢(0)


⏟(1)𝑟(1) = 𝜓(0)𝑒 𝑖ℎ(𝛾) 𝑟(2)
↳ on sait que 𝑢(𝑡) = 𝜓(𝑡)𝑟(𝑡) puis comme 𝑟(1) = 𝑟(0) alors 𝜓
𝜓(1)=𝜓(0)𝑒 𝑖ℎ(𝛾)

𝐷𝑢 𝐷 𝑑𝜓 𝐷𝑟
0= = (𝜓𝑟) = 𝑟+𝜓
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡

𝑑𝜓 𝑑𝑥1
= 𝑟 + 𝜓𝑖𝒜𝑘 𝑟
𝑑𝑡 𝑑𝑡

𝑑𝜓 𝑑𝑥1
=( + 𝜓𝑖𝒜𝑘 )𝑟
𝑑𝑡 𝑑𝑡

𝑑𝜓 𝑑𝑥𝑘
On se retrouve donc avec l’équation différentielle + 𝜓𝑖𝒜𝑘 =0
𝑑𝑡 𝑑𝑡
𝑑𝑥𝑘
↳ 𝜓(1) = exp (−𝑖 ∑ ∮ 𝒜𝑘 𝑑𝑡) 𝜓(0)
𝛾 𝑑𝑡
𝑘

Et par identification à 𝜓(1) = 𝜓(0)𝑒 𝑖ℎ(𝛾) on en déduit

ℎ(𝛾) = − ∑ ∮ 𝒜𝑘 𝑑𝑥𝑘 = − ∮ 𝒜1 (𝑥 )𝑑𝑥1 + 𝒜2 (𝑥 )𝑑𝑥2 = − ∮ 𝒜


𝑘 𝛾 𝛾 𝛾

Remarque : ici, la fibre 𝑇𝑥 𝒮 ≡ ℂ et dim ℂ = 1.

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