Cosmogonie Matière

Le modèle standard et la
cosmogonie de la matière
Gilles Cohen-Tannoudji
LARSIM CEA Saclay
Plan de l’exposé
• La révolution scientifique du 20ème siècle
– Bilan de la conception de la matière à la fin du 19ème siècle
– Les constantes universelles et la structure d’horizon de la
physique
– Le cadre axiomatique général de la physique
• La relativité générale
• La statistique quantique
• La théorie quantique des champs
• Le modèle standard consolidé
– Physique des particules et interactions fondamentales
– Cosmologie
• Vers une nouvelle révolution scientifique?
24/07/07 Le modèle standard et la 2

La révolution scientifique du
20ème siècle
• Bilan de la conception de la matière à la fin du 19e
siècle
– Succès de la théorie de la gravitation universelle
– Axiomatisation de la mécanique rationnelle (mécanique
analytique et formulation lagrangienne)
– Deux composantes dans la matière :
• Les atomes ou molécules, assimilés à des points matériels de
masse et éventuellement de charge invariable
• L'éther, milieu hypothétique aux étranges propriétés supposé
porter les ondes électromagnétiques ou lumineuses
– Conception classique de l'espace et du temps, arène dans
laquelle se déroulent les événements et processus
concernant la matière

– Des problèmes non résolus
• Avance du périhélie de Mercure
• Effet photo-électrique
• Loi du rayonnement du corps noir
• Chaleur spécifique des corps poly-atomiques
• Inobservabilité des atomes ou molécules
• Identité des molécules d’une même espèce
(conférence de Maxwell « molecules »)
• Impossibilité de mettre en évidence le
mouvement relativement à l'éther

Les constantes universelles et la
structure d’horizon de la physique
• La révolution scientifique du début du 20ème siècle
– Prise en compte de quatre constantes universelles, la constante
de Planck h, la constante de Boltzmann k, la vitesse de la
lumière c, et la constante de la gravitation G.
– Interprétation de ces constantes universelles comme limitations
s’imposant au sujet connaissant, des horizons, et nécessitant
des remises en cause conceptuelles, en particulier quant à la
conception de la matière.
• Établissement d’un cadre axiomatique général
intégrant ces remises en cause
• Élaboration d’un ensemble de modélisations ou théories
effectives, appelé modèle standard, rendant compte
des données expérimentales ou observationnelles et
compatible avec le cadre axiomatique général

Cadre axiomatique général de la
physique
• Trois théories à deux constantes structurant l'ensemble
de la physique
– La relativité générale, (G et c) à la base du modèle standard de
la cosmologie
– La statistique quantique, (h et k) à la base des modélisations des
états de la matière
– La théorie quantique des champs, (h et c) à la base du modèle
standard de la physique des particules
• Trois théories, non unifiées, mais en voie d'unification
• En conjuguant leurs efforts, les recherches dans ces
trois théories débouchent sur une authentique
cosmogonie scientifique nous offrant la représentation
d’un univers en expansion, en évolution, en devenir.
Unification
hc Gc
Théorie quantique des champs Relativité générale

Matière-Espace-Temps
Matière-Energie-Impulsion
Emergence hk
Statistique quantique
Matière-Action-Information
Holographie
La relativité générale
La matière – espace – temps

Unification
Gc
Relativité
hc générale
Théorie quantique des champs
Matière-Espace-
Matière-Energie-Impulsion Temps
Emergence hk
Holographie
Le champ relativiste, une nouvelle
façon d’être de la matière
• La relativité restreinte selon Einstein
– Principe de relativité
– Principe d’invariance de la vitesse de la lumière
– Principe d’identité des étalons de mesure au repos
• L’espace-temps
– Penser la réalité (la matière) comme une existence quadridimensionnelle
plutôt que comme l’évolution d’une existence tridimensionnelle.
– Contraction des longueurs et dilatation des durées dans un repère en
mouvement (effet de perspective dans l’espace-temps)
• Équivalence masse – énergie
– Même au repos, une particule de masse m a une énergie propre égale au
produit de m par le carré de la vitesse de la lumière
– Une particule sans masse peut avoir une énergie non nulle et une quantité de
mouvement égale à cette énergie divisée par c, mais elle n’est jamais au repos:
dans tout référentiel elle se propage, comme la lumière à la vitesse c.
– En mécanique classique, la masse précède l’énergie (il n’y a pas d’énergie sans
masse), en relativité, l’énergie précède la masse (il n’y a pas de masse sans
énergie)
– En cosmogonie, c’est temporellement que l’énergie précède la masse

• Le champ électromagnétique
– « Ce ne sont pas les charges, ni les
particules, mais le champ dans l’espace entre
les charges et les particules qui est essentiel
pour la description des phénomènes
physiques. »
– Les équations de Maxwell « décrivent la
structure du champ électromagnétique et
gouvernent les phénomènes électriques aussi
bien que les phénomènes optiques. »
– « Pour le physicien moderne, le champ est
aussi réel que la chaise sur laquelle il est
assis » (Einstein, Infeld, 1936)

• Le champ gravitationnel
– « La théorie de la relativité générale donne encore une

analyse plus approfondie du continuum espace-temps.
La validité de la théorie n’est plus limitée aux systèmes
de coordonnées d’inertie.
– Elle attaque le problème de la gravitation et formule de
nouvelles lois de structure pour le champ de
gravitation.
– Elle nous force à analyser le rôle joué par la géométrie
dans la description du monde physique. …/…

– …/… Elle regarde l’égalité de la masse pesante et de
la masse inerte comme essentielle et non comme
purement accidentelle, ce que faisait la mécanique
classique.
– Les conséquences expérimentales de la théorie de la
relativité générale ne diffèrent que très peu de celle de la
mécanique classique. Elles résistent bien à l’épreuve de
l’expérience partout où la comparaison est possible.
– Mais la force de la théorie réside dans sa cohésion
interne et la simplicité de ses suppositions
fondamentales. » (Einstein INfeld, 1936)
– Les lois de structure du champ gravitationnel sont celles

du champ de métrique de l’espace-temps

• La relativité et le problème de l’espace
– En mécanique classique et en relativité restreinte,
l’espace-temps a une existence indépendante: c’est
l’arène dans laquelle se déroulent les processus
matériels; quand, en mécanique classique, « on
enlève les points matériels, il reste l’espace ». Quand,
en relativité restreinte, « on enlève le champ
électromagnétique, il reste l’espace-temps. »
– En relativité générale, l’espace-temps n’a plus
d’existence indépendante: « quand on enlève le
champ gravitationnel, qui n’est autre que le champ de
métrique de l’espace-temps, il ne reste rien,
absolument rien. »
– En relativité générale, l’Univers est une
matière – espace – temps

La statistique quantique
La Matière – Action – Information

Unification
hc Gc

hk
Emergence
Statistique
quantique
Matière-Action-
Information
Holographie
• Conception atomique et mécanique rationnelle
– Théorie cinétique de la matière et thermodynamique
statistique (Maxwell et Boltzmann)
• Atomes ou molécules = points matériels
• Lois de la mécanique au niveau microscopique
• Méthodes statistiques pour décrire le comportement de la
matière au niveau macroscopique
– Les interprétations de la constante de Boltzmann k
• Facteur de proportionnalité entre la température et l’énergie
cinétique moyenne des molécules E = kT
• Facteur de proportionnalité entre l’entropie et le logarithme
du nombre de configurations microscopiques correspondant
à un état macroscopique donné S = k LogW
• Ordre de grandeur, en entropie, des fluctuations
microscopiques affectant un système à l’équilibre
thermodynamique. (Théorie du mouvement brownien établie
par Einstein en 1905)
• Interprétation informationnelle de
l’entropie
– L’entropie est l’information sacrifiée quand,
pour décrire un comportement
macroscopique, on doit faire des moyennes
sur les configurations microscopiques
– L’information est le négatif de l’entropie
(néguentropie)
– La constante de Boltzmann (multipliée par le
logarithme de 2) est le coût minimal, en
néguentropie, d’un bit d’information
(Brillouin)
• Statistique quantique et interprétation moderne de la
physique quantique
– Un événement quantique, mettant en jeu un quantum
indivisible d’action égal à la constante de Planck h n’est pas
prédictible ni reproductible individuellement.
– La prédictibilité quantique est inévitablement probabiliste.
Elle concerne des séquences d’événements porteurs
d’information, appelées histoires alternatives probabilisables,
(c’est-à-dire auxquelles il est possible d’attribuer des probabilités
additives pour des événements indépendants).
– Pour que ces histoires soient probabilisables, on doit
nécessairement sacrifier de l’information au travers d’un certain
« agraindissement » (coarse graining), c’est-à-dire une perte
de pouvoir de résolution.
– Il se trouve que l’agraindissement nécessaire à la cohérence de
la statistique quantique est compatible avec celui à la base de la
thermodynamique classique (Gell-Mann, le quark et le jaguar)
– L’événement quantique est un élément de
matière – action - information
La théorie quantique des
champs
La matière – impulsion – énergie
Unification
hc
Théorie quantique des Gc
champs Relativité générale
Matière-Energie-Impulsion Matière-Espace-Temps
Emergence hk
Holographie
• Le champ quantique, ingrédient de base de l’univers
– Les champs quantiques sont des champs relativistes obéissant
à des lois de structure déterministes analogues à celles du
champ électromagnétique ou du champ gravitationnel
– Les champs quantiques sont couplés dans des événements
quantiques intervenant en des points d’espace-temps
– Pour que ces événements soient probabilisables on doit
moyenner sur le point d’espace-temps où ils peuvent intervenir
(l’agraindissement est nécessaire) et passer de l’espace-temps
à l’espace des énergies-impulsions (transformée de Fourier)
– Un tel événement consiste en l’émission ou l’absorption d’une
particule ou d’une anti-particule d’une énergie et d’une impulsion
données.
– Le théorème « folklorique » de Weinberg: à condition que l’on
ne soit pas à trop haute énergie, toute théorie compatible
avec la mécanique quantique et avec la relativité restreinte
ressemblera à une théorie quantique des champs

• La théorie quantique des champs réponse aux objections
d’Einstein
– Champs et quanta: dualisme ou complémentarité?
• Les particules de la théorie quantique des champs ne sont pas des points
matériels, auxquels on puisse attribuer des trajectoires (i.e. des lignes d’univers)
• Tant qu’on ne détecte pas ces particules, leurs trajectoires sont virtuelles
– Théorie quantique des champs et interactions fondamentales
• Dans la TQC appliquée aux interactions fondamentales, les champs quantiques
associés aux forces et ceux associés à la matière sont mis sur le même plan
– La dynamique des champs quantiques est gouvernée par l’équation de
Schrödinger, qui est une équation déterministe et locale
• Pas de non localité
• Pas d’incomplétude
– Dualisme de la gravitation et de l'électromagnétisme
• Possibilité de négliger la gravitation aux énergies accessibles
expérimentalement.
• Possibilité de négliger les effets quantiques en cosmologie à grande échelle.
• Aucune objection à la pluralité des champs quantiques; l’unification des
interactions fondamentales, gravitation comprise, n’intervenant qu’à des énergies
très élevées (de l’ordre de l’énergie de Planck, 1019 GeV)

La modèle standard consolidé
Unification
hc Gc

Emergence hk
Holographie
– Physique des interactions fondamentales
• À partir des symétries on détermine
– Les champs quantiques fondamentaux
– Le lagrangien (propagateurs et couplages)
– L'intégrale de chemins
• Développement perturbatif (diagrammes et
amplitudes de Feynman)
• Procédure de renormalisation et critère de
renormalisabilité
– Le modèle standard des interactions non
gravitationnelles
• QED
• QCD
• Théorie électrofaible

Les constituants élémentaires
Génération 1ère génération 2ème génération 3ème génération
Type
q=2/3 Haut Charme Sommet

quarks u c t
(f EM F) (f EM F) (f EM F)
q=-1/3 Bas Etrange Beauté
quarks d s b
(f EM F) (f EM F) (f EM F)
Leptons Neutrino d'électron Neutrino de muon Neutrino de tauon
neutres
(neutrinos)
νe νµ ντ
(f) (f) (f)
Leptons Electron Muon Tauon

chargés e µ τ
(f EM) (f EM) (f EM)

Les interactions fondamentales
Particules
Interaction impliquées Charge Boson
Forte Quarks Couleur Gluons
Electromagnétique Quarks, leptons Charge électrique Photon

chargés
Quarks, leptons Isospin faible Bosons vecteurs
Faible chargés et intermédiares,
neutrinos W+, W- Z0
Gravitation Toutes les Energie Graviton

particules

• Les enjeux du LHC
– Le boson de Higgs
• Brisure de la symétrie électrofaible
• Mécanisme par lequel les constituants de la matière et les
bosons intermédiaires sont devenus massifs
• Épreuve de vérité pour l’ensemble de la théorie quantique
des champs
– La brisure de la symétrie matière – antimatière
– Le plasma de quarks et de gluons, formatyion des
protons et des neutrons
– Recherche de toute nouvelle physique au-delà du
modèle standard (supersymétrie, dimensions
cachées, matière noire, …)

Vers une nouvelle révolution
scientifique ?
Unification
hc Gc

Emergence hk
Holographie
Histoire du Modèle standard
Dates Cadre théorique Gravitation Électro Interaction Interaction
magnétisme faible forte
17ème Galilée, Newton Newton
siècle
19ème Euler, Lagrange, Maxwell
siècle Jacobi, Hamilton
1895- Rayons X, électron, radioactivité
1898
1900- Mécanique
1930 quantique
1905- Relativité Einstein
1915
1930- Théorie QED Fermi Yukawa
1950 quantique des
champs
1960- Le modèle Big bang Théorie électrofaible de QCD
2003 standard Glashow, Salam et Weinberg
2003- ? Supercordes ? Inflation MSSM ?
Gravitation
quantique à
boucles ?


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– Les lois de structure du champ gravitationnel sont celles

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La Matière – Action – Information

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Théorie quantique des champs Relativité générale

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q=2/3 Haut Charme Sommet

Leptons Electron Muon Tauon

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Forte Quarks Couleur Gluons

Electromagnétique Quarks, leptons Charge électrique Photon

Gravitation Toutes les Energie Graviton

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Théorie quantique des champs Relativité générale

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