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ZOUNGRANA Moumouni

Université de Ouagadougou Unité de Formation et de Recherche en


Lettres, Arts et communication (UFR/LAC)
Département de Lettres Modernes
zmoumouni44@yahoo.fr

L’IMAGE TRADITIONNELLE DE LA FEMME


A TRAVERS LE PROVERBE MOAAGA.
Revue Africaine d’Anthropologie, Nyansa-Pô, n° 18- 2015

RÉSUMÉ
Les Moose, ethnie de la famille voltaïque estimée à plus de 48% de
la population du Burkina Faso, seraient venus du Ghana notamment
de Gambaga. Ils occupent aujourd’hui la région du centre, du
centre-nord, du centre-ouest et du nord du pays. Société à tradition
orale, l’ensemble des valeurs et des connaissances accumulées
depuis les temps immémoriaux sont conservées et transmises par
la parole. A travers les textes oraux générés par ce peuple on peut
appréhender les réalités socioculturelles de ces derniers. Ainsi, à
partir des proverbes par exemple, on peut saisir l’image qui est
réservée à la femme traditionnelle dans ce milieu. Un parcours rapide
de notre corpus nous donne, à première vue, l’image d’une femme
moaaga1 soumise et sans initiative. Elle est considérée comme un
être énigmatique et immature et doit, de ce fait, vivre sous tutelle.
Cependant, on constate que cette image n’est que superficielle, car
c’est à partir de la femme que l’homme acquiert son statut. Son
accession au rang d’adulte est en partie liée à la femme. Perçue
comme mère et bonne conseillère, elle est le pilier du foyer. A travers
les proverbes, on constate donc que la femme occupe une place
importante dans la société traditionnelle moaaga et bénéficie d’un
statut meilleur à celui que le profane lui réserve souvent.
Mots-clés : Proverbes, Moogo, Moose, Femmes, Image de la femme.

1- Moaaga est le singulier de Moose.


zoungrana moumouni

ABSTRACT
The Moose, an ethnic group of the Voltaic family is rated well over
48%2 of the population in Burkina Faso and is said to have migrated
from Ghana, notably from Gambaga. Their areas of settlement
nowadays are the center, north center, center west, and the north of
the country. As a society relying on oral tradition, all their old values
and experiences are bequeathed by words of mouth. Subsequently,
their oral texts are adequate means to apprehend their socio-cultural
realities. Thus, through proverbs for instance, we can picture out
the traditional woman of this milieu. A glance at our corpus readily
displays the image of a submissive Moaaga woman deprived of any
initiative. Considered as an enigmatic and immature being, she is
culturally bound to live under tutelage. Yet, an in-depth analysis
reveals that this perception is outrightly superficial for malehood
proceeds from femalehood. The former’s maturity, nay his manhood,
hinges upon the latter’s. Regarded as a mother and a good counselor,
she is the cornerstone of family life.Through proverbs, women, as it
stands out, play a momentous role in the Moaaga society and enjoy
a better status than can meet the eye.
Key words: Proverbs, Moogo, Moose, Women, Image of woman.

INTRODUCTION
Reléguée au second rang, maltraitée et violentée, le sort réservé à la
femme est peu enviable. Si dans les sociétés traditionnelles africaines,
elle est victime de la polygamie, du mariage forcé, de crime d’honneur
et de la clitoridectomie, dans les sociétés modernes l’ascendance
de l’homme sur la femme est également perceptible notamment
dans le traitement salarial et l’accès à l’emploi. Que ce soit dans les
sociétés rurales ou citadines, européennes ou africaines, modernes
ou traditionnelles, la femme se révèle être le souffre-douleur de son
milieu. Ce traitement réservé à la femme ne laisse pas insensibles
les hommes de lettres. Dans la littérature écrite tout comme orale,
les thèmes relatifs à la femme font l’objet de plusieurs réflexions.
Dans le présent travail, nous avons choisi de nous intéresser à la
femme et aux proverbes dans le milieu moaaga. Il s’agit, dans cette
réflexion, d’examiner les questions suivantes : Peut-on, à partir des

2- Source : Primary school fifth year geography book.

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l’image traditionnelle de la femme à travers le proverbe moaaga.

proverbes, appréhender l’image que les Moose se font de la femme ?


Quelle appréciation peut-on faire de cette image ? Est-elle valorisante
ou dévalorisante ? Comment la société traditionnelle moaaga conçoit
la femme ? Quelle est la place de celle-ci dans la communauté et la
mission qu’on lui assigne ? Pour répondre à cette problématique,
nous avons opté pour une démarche basée sur des entretiens de
terrain complétée d’une étude documentaire et analytique. Dans ce
sens, Nous avons pu, à partir des rencontres fortuites et des séances
de causeries, constituer un corpus d’un échantillon de proverbes
collectés au cours du dernier trimestre de l’année 2012 dans la
localité de Sabcé. Quant à l’étude documentaire et analytique, nous
nous sommes inspiré des travaux de Jean Cauvin avec son œuvre
intitulé «Comprendre les proverbes» (Cauvin 1981) de Dim Delobsom
avec « L’empire du Mogho-Naba : coutumes des Mossi de la Haute-
Volta » (Ouédraogo 1933) et de Marie-Denise Riss avec: « Femmes
africaines en milieu rural » (RISS M.D., 1989). L’ouvrage de J. Cauvin
se présente comme un guide pédagogique. Il montre comment étudier
les proverbes à travers trois méthodes d’approche : la méthode des
thèmes, la méthode structurale et celle thématico-structurale. Dim
Delobsom présente l’organisation administrative de l’empire du
Moogo3. Il aborde les coutumes des Moose et achève ses travaux par
un recueil de devinettes et de proverbes. Quant à Riss, elle passe
en revue les valeurs défendues par le monde traditionnel et montre
leurs impacts sur le quotidien de la femme africaine.
D’autres auteurs qui ont élaboré des recueils de proverbes suivis
d’explications ont été également abordés. Il s’agit principalement de
Ngbaka-Ma’Bo et de Doris Bonnet avec leurs œuvres respectives :
« contes, proverbes, devinettes ou énigmes, chants et prières »
(Ngbaka 1970) et « Proverbes et contes Mossis » (Doris, Ouédraogo,
Bonogo 1982).
Toute cette revue de littérature nous a permis de comprendre
que les Moose sont venus du Ghana et seraient les descendants de
Ouédraogo, fils d’une princesse amazone du royaume de Gambaga.
C’est une société à tradition orale qui se sert des genres oraux pour
perpétuer leurs patrimoines culturels. Les proverbes, considérés
comme des vérités séculaires conçues à partir des expériences du

3- Moogo territoire occupé par les Moose.

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passé, sont beaucoup usités par les adultes dans ce milieu. Ce sont
des paroles enrobées volontairement pour exprimer la pensée sans
utiliser le langage courant et habituel. Ils renseignent sur les valeurs
promues par la société et permettent, de ce fait, de mieux découvrir
les communautés qui les ont engendrés. En écoutant les proverbes
Moose par exemple, deux images ambivalentes que nous verrons
dans les lignes suivantes se dégagent.

I- IMAGES PÉJORATIVES DE LA FEMME


A travers les proverbes, on constate que beaucoup de stéréotypes
avilissants sont liés à l’image de la femme du fait de son statut. Elle
est perçue comme un être énigmatique, dépendant et immature.

La femme comme un être énigmatique

La vie de couple n’est pas souvent aisée. Les querelles sont


légions et certains maris ont de la peine à conserver leurs épouses
qui finissent par fuguer. Pour prévenir cette cohabitation difficile,
les anciens conseillent aux plus jeunes la patience afin de mieux
découvrir leur conjointe car une femme n’est jamais définitivement
acquise. Considérée comme une étrangère, elle peut du jour au
lendemain quitter le foyer pour un autre où elle se sent mieux
comprise. C’est d’ailleurs ce que souligne le proverbe n°1 : « Pag yaa
toorẽ wande b pa mιι a yιkr daar ye ». (La femme est semblable à la
tourterelle près d’un mortier, nul ne sait quel moment elle s’envolera).
La tourterelle est un oiseau qui sait profiter des grains tombés lors du
pilage. Elle est loin de son milieu naturel. Tout comme la tourterelle
qui cherche sa pitance et qui se sauvera à la moindre alerte, les
Moose pensent que la femme peut également déserter le foyer à
tout moment. Société pratiquant l’exogamie avec une résidence
virilocale dans le mariage, on considère que chez le mari, la femme
n’est pas chez elle. C’est une étrangère qui peut s’envoler à l’image
de la tourterelle. En tant qu’étrangère, elle est donc énigmatique car
inconnue et de la famille et du mari. Conserver donc son épouse
après le mariage est une quête permanente et une lutte constante
dont aucun mari ne peut prédire l’issue. Cette mentalité du Moaaga
qui fait de la femme un volatile difficile à domestiquer et à dompter
est motivée par la fréquence des fugues chez les femmes. La majorité

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l’image traditionnelle de la femme à travers le proverbe moaaga.

des mariages ayant été contractée sans le consentement de la fille


et même souvent du jeune garçon, celle-ci obéit malgré elle aux
injonctions du père afin d’éviter le bannissement du clan, tout en
nourrissant le secret espoir de rejoindre au moindre prétexte l’élu de
son cœur. Comme le mariage a été consommé, les parents géniteurs
déclinent toute responsabilité car la sexualité de la fille dont ils
avaient le devoir de contrôler est désormais transférée à son mari
dès lors qu’elle a quitté le domicile familial. L’étrangère peut, alors,
du jour au lendemain, se volatiliser. Dans la majeure partie des cas,
elle rejoint directement l’une des frontières du pays pour l’étranger
avec son amant ou se retrouve chez une des tantes où elle demande
l’hospitalité. Très vite, la nouvelle fait le tour du village et les jeunes
hommes accourent pour la courtiser avec la complicité de la tante.
Là également l’énigme reste entier car dans cette compétition, ni la
tante, ni la nouvelle venue ne laissera transparaître aucun indice qui
montre qui sera l’heureux élu jusqu’au jour où le choix se fait. Ce
dernier, ignorant souvent tout de sa nouvelle femme, peut à son tour
se retrouver célibataire, car le divorce étant difficilement accepté par
le Moaaga, le premier mari peut légitiment venir ramener sa femme
malgré le nombre des années écoulées et de celui des enfants qu’elle
aurait eu avec le mari provisoire. C’est d’ailleurs pour prévenir tout
cela que les proverbes n°2 : « Pυg-sad yaa wobg nemdo, sυυg sẽn
noomã4 n so ». (Une fille, c’est de la viande d’éléphant, c’est celui qui
a le couteau le plus aiguisé qui s’en appropriera) et le n°9 : « Pag
yaa kamaande sẽn tara yẽn n wõbde », (La fille est un épi de maïs
que seul dévore celui qui possède des dents), signalent que la femme
appartient en réalité à l’homme le plus ingénieux, à celui-là qui
saura la ‘’dompter’’.
En fait, le Moaaga souligne le caractère énigmatique de la
femme dans le but de prévenir les jeunes hommes imprudents qui
se précipitent dans le choix de leurs conjointes. Il les invite à se
méfier des apparences et des artifices pour privilégier les valeurs qui
doivent caractériser la bonne femme moaaga. C’est d’ailleurs pour
cette raison que les parents se sentent souvent obligés de s’en mêler
et d’apporter leurs concours et leurs expériences aux jeunes. Sans

4- Nooma : nooma est formé de ‘’noom’’ qui veut dire ‘’douceur’’ et du locatif ‘’a’’.
‘’Noogo’’ qui signifie ‘doux’’ est un adjectif qualificatif venant de ce substantif.
Lorsqu’on parle de ‘’sυ noogo’’ cela veut un couteau bien aiguisé.

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leur aide, ce choix peut se révéler fatal notamment pour la jeune


fille immature et jugée dépendante.

La femme comme un être dépendant

En analysant le corpus, la mise sous tutelle de la femme,


condamnée à vivre sous dépendance est manifeste. Dans le proverbe
n°14 par exemple : « Pag pa so a nιf woo a sẽn yã n dιke ». (L’œil de
la femme ne lui appartient pas à fortiori ce qu’elle a vu et ramassé),
on va jusqu’à lui dénier tous les droits. Ici, on apprend que rien
n’appartient à la femme. Même son corps qui en apparence semble
lui appartenir n’est pas le sien. Elle ne peut disposer de ce corps
comme elle veut. C’est pour cette raison que sa sexualité depuis sa
vie de jeune fille est gérée par les parents notamment le père et ses
frères. Ces derniers doivent veiller sur elle jusqu’à son mariage, et
là, le mari prend le relais.
Par ailleurs, la manière dont son mari est choisi marque bien
sa dépendance. Comme le reconnait A. Dim Dolobsom dans son
œuvre Empire du Mogho-naba : coutumes des mossi de Haute-Volta
quand il dit : « Lorsqu’elles atteignent l’âge de mariage, elles peuvent
être données sans leur consentement…La fille étant considérée
comme un simple objet, comme un être sans volonté, peut être
promise dès sa naissance » (Ouédraogo op cit., p.72), la jeune fille,
dans le contexte traditionnel, n’a aucune opinion dans le choix de
son futur conjoint. Ce choix est laissé au bon soin du chef de canton,
du buud-kasma (Chef de clan) ou du père.
En effet, chez les Moose où le pouvoir est fortement centralisé,
le chef représente une figure emblématique qui dispose des droits
sur tous ses sujets. Dans certains cas, il arrive qu’un serviteur du
roi, trouve une épouse par la générosité de celui-ci. La tradition
recommande que la première fille de cette femme revienne de facto au
roi. Celui-ci dispose de cette dernière à sa guise sans que les parents
géniteurs n’aient de mot à dire. Dès son jeune âge, c’est-à-dire, quand
elle sera à mesure d’accomplir quelques tâches ménagères, elle est
conduite chez le roi qui confie son éducation et sa formation de future
épouse à une des reines mères. A l’âge de maturité, notamment à
partir de dix-sept ans, elle devient l’épouse du roi ou ‘’octroyée’’ à
son tour à un autre serviteur dévoué.

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l’image traditionnelle de la femme à travers le proverbe moaaga.

Dans le cas où la décision appartient à la famille, le choix est fait


par le buud-kasma. Il peut être motivé par un service rendu à un
membre du clan, une dette impayée ou par le souci de préserver et
de pérenniser une amitié. Cette promesse peut être faite avant la
naissance de cette dernière de sorte qu’à l’âge de maturité, elle se
retrouve sous le toit d’un homme de la génération de son grand-père.
De plus, la dépendance de la femme est marquée par sa mise
sous tutelle économique. Dans la division du travail, les activités
réservées à la femme sont celles sans prestige et non rémunérées.
Dans un milieu qui tire ses revenus principalement de l’agriculture
et de l’élevage, la femme considérée comme une étrangère ne peut
être propriétaire terrien ni jouir librement du fruit de son travail. Les
biens qu’elle possède sont en fait à la disposition de son mari. Celle
qui jouera à l’émancipée se verra interpellée en ces termes : « podr
ne a pυgẽ teedo : rabg n so ». (Le crapaud et toutes ses entrailles sont
la propriété du serpent). Dans les proverbes n°10 : « Pag gũuda nag-
bi kae a soab na waa wa » (La femme garde les veaux en attendant
le retour du propriétaire) et le n°4 : « Pag zug wogem la a pa so
zak ye » (La femme a beau être de grande taille elle ne peut être
chef de famille), on va pousser cette désappropriation jusqu’à nier
l’appartenance des enfants conçus sous le toit du mari à la femme
et lui retirer toute responsabilité dans la famille. A la limite, elle est
infantilisée et considérée comme immature.

La femme comme un être immature


Dans l’œuvre ‘’Quotte-part‘’ à travers le poème intitulé ‘’La
femme qu’il faut’’, la Poétesse-Nouvelliste Bernadette DAO donne
l’opportunité à Kalifa de définir la femme idéale en ces termes :
« Une femme comme il faut,
Doit aimer son mari,
Le trouver plus beau qu’autrui,
Le bénir tous les jours,
D’avoir fait d’elle une personne,
Elle dit OUI quand il tousse,
BIEN quand il rote
Et AMEN, quand il pète » (Dao 1992, p.10).

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Cette mentalité qui conditionne l’existence de la femme à celle


de l’homme, qui déifie l’homme et qui le place comme le maître de
la femme est partagée par les Moose dans le contexte traditionnel.
En effet, dans le proverbe n°16 : « F sãn bas pag t’a yãk a yam
sιda a sãn pa wa ne zoanga a wata ne wãoore » (Si on laisse à la
femme la liberté de choisir son mari, si elle ne revient pas avec un
aveugle, elle revient avec un lépreux), on montre que la femme n’est
pas suffisamment mature pour opérer des choix avec discernement.
A l’image de l’enfant qui ne peut distinguer l’accessoire de l’essentiel,
les Moose, dans la conception traditionnelle, croient que la femme
manque de raisonnement et se limite aux artifices et aux superficiels.
Dans le proverbe ci-dessus, en niant à la femme la capacité de
faire des choix intelligents, on la rabaisse au rang du gamin. Dans
le choix du mari donc, laissée à elle-même, la femme revient au
foyer avec un aveugle ou un lépreux car attirée par la différence
du physique que ces derniers présentent par rapport aux hommes
bien portants. Elle n’arrive pas à percevoir que cette différence n’est
en fait qu’un handicap. On comprend donc pourquoi les mariages
librement consentis sont rares dans ce milieu et que les femmes
sont souvent écartées des responsabilités qui engagent le destin de
la communauté entière.
Par ailleurs, le proverbe n°6 : «Pag fuug wogem la a yam yaa
koεεga». (Le pagne de la femme est long mais son esprit est court)
va plus loin en affirmant sans ambage qu’elle n’est pas intelligente
en comparant la longueur de son pagne à son esprit. La longueur
du pagne de la femme est normalement proportionnelle à sa taille.
Affirmer que son pagne est plus long que son esprit revient à dire
qu’il y a une disproportion entre la taille, donc l’âge de la femme,
et son intelligence. Pour souligner cette légèreté de l’esprit, on lui
donne le monopole de la parole et rien dans l’action. C’est ce que
disent effectivement les proverbes n°7 : «Pag zoobd wogem la a
zιlemd n yιιd». (Les cheveux de la femme sont longs mais sa langue
l’est encore plus) et le n°3 «Pag noor la a loko». (La bouche de la
femme est son carquois). Dans un milieu où la maitrise de la parole
est une grandeur, l’homme sage est celui qui sait parler peu. On
considère que la prolixité des paroles est nuisible à son auteur qui se
rend vulnérable en se dévoilant aux autres. Le sage doit avoir donc
une parole unique contrairement à ce que fait la femme comme le

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l’image traditionnelle de la femme à travers le proverbe moaaga.

précise le proverbe n°8 : «Rao gomd yaa noor a yembre, pag gomd
yaa noy5 a kobga». (La parole de l’homme a un sens unique, celle
de la femme a un sens multiple). Cette supposée immaturité de la
femme semble d’ailleurs être appréciée par la société qui en a fait
un critère dans la désignation de la bonne épouse. Ainsi, un jeune
bien élevé et sage qui rendrait service à une personne âgée se verra
bénir à ces termes : « Wẽnd na kõ f pυg-pesgo » (Que Dieu te donne
une femme mouton). Le mouton est perçu comme un animal docile
et facile à conduire. Tout se passe comme si la féminité ne rime pas
avec réflexion et intelligence. Par ce proverbe on remarque que la
société moaaga traditionnelle se méfie de la femme capable d’initiative
et de raisonnement. Ces vertus qui sont des valeurs masculines se
mueraient en antivaleurs lorsqu’il s’agit de la femme.
En somme, les proverbes moose relatifs à la femme ne lui sont pas
favorables. Ils la dépeignent comme un être dépendant et immature.
Cependant il faut préciser que cette image n’est que l’une des faces
de la pièce car d’autres proverbes célèbrent et magnifient la femme.

II- IMAGES MÉLIORATIVES DE LA FEMME


Avec les premiers proverbes, on pourrait avoir l’impression que
les Moose ont une conception dégradante de la femme. Cependant en
analysant tout le corpus, on découvre avec une seconde catégorie de
proverbes une autre réalité aux antipodes de la première. Considérée
comme la source de l’humanité, la femme est perçue comme une
mère, une bonne conseillère et le fondement du foyer.

La femme comme mère


Dans le milieu traditionnel moaaga, la femme est perçue comme
une procréatrice par qui nait la vie. C’est pourquoi, le moaaga
s’adresse aux femmes par cette introduction : « d ma rambã… » (nos
mamans). Toute femme, quel que soit son âge, est considérée comme
une potentielle mère. Dans ce milieu, l’éducation sacralise les parents
principalement la mère à qui on doit tout. Les enfants récalcitrants
sont très rapidement interpelés en ces termes : « ned pas yĩmd a
ma wa a yẽsma bυυg ye » (personne ne doit oublier sa mère comme
s’il avait tété une chèvre). La mère est choyée car on suppose que

5- Noy est le pluriel de noore. ‘’noore’’ signifie bouche. Dans ce contexte il désigne le sens.

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la réussite ou l’échec de l’enfant dépend des bénédictions ou des


malédictions de celle-ci. Le Moaaga est très attentif dans ce domaine
et veut éviter à tout prix la malédiction de la mère, surtout qu’elle
ne le maudisse en brandissant le sein qui l’a nourri au ciel. En
considérant la maman comme celle qui décide du sort, du destin de
l’homme, les Moose déifient ainsi la mère. Elle est irremplaçable et
sait se mettre au petit soin de l’enfant. Dans ce sens le proverbe n°5
affirme : «Ma yao, ma kẽema ma meng n yιιde ». (La petite sœur de
la mère, la grande sœur de la mère, rien ne vaut la véritable mère).
L’absence de la mère est un drame difficile à surmonter. Vivant
dans un milieu polygame, le petit moaaga se retrouve avec plusieurs
mamans mais reconnait que la mère biologique est unique. Aucune
femme ne peut partager autant d’amour, autant de soins, autant
de sacrifice que celle-ci. Ainsi, les Moose affirment ce fait dans le
proverbe n°11 en disant: «Wa kẽ tι yaa f m roog n be la wa fũk tι f rυk
ka ye ». (Entre ! C’est la case de ta mère se dit; mais ouvre ! C’est la
marmite de ta mère ne se dit jamais).
Les Moose anoblissent la femme et reconnaissent sa supériorité.
Cette conception est mieux perceptible dans le cercle du pouvoir.
En effet, lorsqu’un individu acquiert le pouvoir, le naam (Pouvoir)
‘’avale’’ son patronyme qui est remplacé par sa devise par laquelle
on l’appelle désormais. De même, dans ses louanges et dans le récit
de son arbre généalogique, le nom de la mère est préféré à celui du
père. Le chef étant considéré comme la troisième puissance après
Dieu et les ancêtres, aucun homme n’est censé l’engendrer. Cette
impossibilité, cette négation, qu’un humain engendre une telle
puissance ne touche pas à la mère. En donnant ainsi la possibilité
à la mère et non au père d’engendrer le roi, symbole du pouvoir et
de la puissance, les Moose soulignent la prééminence de la mère sur
le père, sur le roi et par ricochet sur toute personne. Ils renforcent
cette suprématie en y ajoutant le proverbe n°13 : «Biig zι n deng a
ma n bãng a yasb yir ye » (Un enfant ne peut découvrir le foyer de
l’oncle maternel avant sa mère).
Par ce statut de mère, l’imaginaire collectif, dans la société moaaga,
accorde une image positive à la femme et la magnifie. C’est d’ailleurs
pour cette raison qu’elle est perçue comme le fondement du foyer.

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l’image traditionnelle de la femme à travers le proverbe moaaga.

La femme comme épouse


Les sages Moose disent dans le proverbe n°17 que : «Pυg-yãang
õsa-õsa são ro vιυgo» (Les toux d’une vieille femme valent mieux
qu’une case vide). Ce proverbe souligne la place primordiale de la
femme dans le foyer. Dans un milieu où le mariage se contracte avec
le but ultime de faire des enfants afin d’agrandir la famille, la vieille
femme bien que ne pouvant plus remplir cette mission est préférée
à la case vide. Comme le reconnait le proverbe n°15 : «Pag la yiri»
(La femme, c’est le foyer), une cour sans femme n’en est pas une,
car elle manque de chaleur et reste vide. La présence de la femme
donne vie au foyer qui est bien entretenu et animé par les cris et les
rires de multiples voix d’enfants. Ainsi, à un certain âge, l’homme
célibataire est suspect pour la société. Il est mis en marge de son
groupe social qui ne l’associe pas à certaines décisions. A l’image
de l’enfant, il n’a droit qu’à des funérailles symboliques. Le mariage,
troisième étape majeure dans la vie du moaaga après le baptême et
l’initiation, propulse le jeune homme au cercle des hommes mûrs.
La femme apparaît donc comme la condition pour permettre aux
plus jeunes de parfaire leur maturité et d’accéder au stade d’homme.
Mieux, elle est la condition sine qua none pour que l’homme intègre
la mémoire collective en atteignant le statut d’ancêtre qu’on citera
plus tard dans les rites sacrificiels. En effet, le but des funérailles est
de permettre au défunt d’accéder au monde des ancêtres. Au regard
de tout ce qui précède, on peut affirmer que les hommes doivent leur
statut et leur existence à la femme. La culture moaaga accorde donc
une place de choix à la femme en tend que mère. Cela pourrait être
la raison pour laquelle, les Moose mythifient l’aïeule Yenenga et lui
vouent un culte sans pareil au détriment de l’aïeul Rialé, père de
Ouédraogo. Les Moose reconnaissent donc la valeur intrinsèque de
la femme. En plus d’être une mère et le pilier du foyer il la considère
comme une très bonne conseillère.

La femme comme une bonne conseillère


La fonction de conseillère de la femme est reconnue par les Moose
quand ils disent dans le proverbe n°12 que : «Toεεng sẽn togsd
wĩndga, yaa gεd n sagl-a yυngo» (Ce que la barbe dit le jour, ce sont
les tresses qui le lui ont enseigné la nuit). A travers ce proverbe,
les Moose reconnaissent l’apport de la femme dans les grandes

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décisions que les chefs de familles sont souvent appelés à prendre.


C’est pourquoi, lorsque les membres d’un clan n’arrivent pas à
trouver un consensus à propos d’un sujet délicat, la discussion est
suspendue pour un autre rendez-vous. Les échanges se déroulant
dans le samande6 notamment après le repas de la nuit, le chef du
clan suppose que la nuit porte conseil et invite chacun à poursuivre
la réflexion. Dans le fond, il renvoie chaque chef de concession à ses
épouses principalement au pυg-kẽma pour conseils. Milieu polygame,
le pυg-kẽma est la première épouse. Ce titre s’obtient en fonction
de l’ordre d’arrivée dans le foyer. Elle est culturellement l’aînée des
épouses même si biologiquement elle peut être la plus jeune. Son rôle
est important dans la famille car elle est censé être l’intermédiaire
entre les coépouses et le mari. Conseillère des autres épouses et du
mari, elle est la première à être informée des problèmes qui touchent
à la vie de la famille.
D’une manière générale, l’épouse est considérée comme une
personne patiente douce et pacifique. Son point de vue vient comme
un catalyseur pour modérer l’extrémisme de l’homme jugé impatient,
virulent et va-en-guerre. Ces qualités reconnues à l’épouse font que
son point de vue importe beaucoup dans les décisions des hommes
même si elle n’est pas physiquement présente au moment où ces
décisions se prennent. Cette aptitude de bonne conseillère reconnue
à la femme par la société Moaaga, a valu dans certains royaumes sa
nomination auprès du roi comme membre à part entière de la cour
royale. Dans le royaume de Boussouma par exemple, dans la région
du Centre-Nord, une femme fait partie du conseil de la cour. Il s’agit
du Wεεm-naaba7. Elle se tient aux côtés du roi pendant les audiences
solennelles et reste l’une des personnes capables de faire revenir le
Rĩma8 de sa décision notamment concernant les condamnés.
De ce qui précède, on remarque que la femme moaaga a un rôle
important dans la gestion du quotidien de la société. Elle est perçue

6- Cour extérieure où les chefs de ménages se réunissent la nuit pour dîner et deviser.
C’est également sur cette terrasse aménagée qu’on reçoit les étrangers notamment
pendant les cérémonies.
7- Ministre choisi parmi les sœurs du chef.
8- Rima : chez les Moose, la chefferie est hiérarchisée. On distingue les chefs d’origine
noble, les chefs anoblis et les chefs sans noblesse. Les rima font partie des chefs
d’origine noble et viennent juste après les moog- nanamse par ordre d’importance.
Les moog-nanamse sont au premier rang.

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l’image traditionnelle de la femme à travers le proverbe moaaga.

comme une bonne conseillère qui éclaire l’homme en fertilisant les


débats au moment où ils commencent à s’assécher du fait de la
stérilité de l’esprit de l’homme.

CONCLUSION
Les proverbes sont des canaux de conservation et de transmission
de valeurs séculaires utilisées dans un but pédagogique et didactique.
Ils constituent une vitrine à partir de laquelle on peut saisir la vision
du monde des peuples. Dans le présent corpus dont la thématique est
relative à la femme, on remarque que les Moose conçoivent la femme
comme un être difficile à saisir et à comprendre. Elle est immature et a
besoin d’un tuteur sur qui elle doit s’adosser pour exister. Cependant,
ils reconnaissent son rôle de procréatrice, faisant d’elle la mère de
l’humanité à qui il faut beaucoup d’attention et de respect. Elle est le
pilier du foyer et fait la force de l’homme par les conseils avisés dont elle
fait preuve. On peut donc appréhender les différentes conceptions de la
femme par les Moose à travers leurs proverbes. Sans chercher à apporter
une opinion personnelle sur la question, nous pensons néanmoins que
cette conception de la femme qui relève de la société traditionnelle, bien
avant la période coloniale, mérite de s’adapter aux temps modernes qui
a ses exigences et ses valeurs émergentes. Il serait donc intéressant
qu’on s’interroge réellement sur les fondements de cette apparente
minorisation de la femme en vue de corriger ces prétendus défauts. A
une époque où la division du travail selon le sexe s’effrite et que la femme
se présente comme une actrice principale du développement, certaines
valeurs qui ont constitué des solutions à des préoccupations à leurs
temps constituent des antivaleurs quand elles quittent leurs époques.
Les proverbes qui ont une fonction pédagogique doivent donc s’adapter
aux temps s’ils veulent continuer à jouer pleinement le rôle qui a été le
leur. L’image que la société aura de la femme dépendra de l’éducation
et de la formation qu’elle lui donnera, car être femme est plus culturel
que biologique.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Ouagadougou/2ème édition. Découvertes du Burkina, Ouagadougou.

ANNEXE

1- abréviations
Adj p. : adjectif possessif
Acc. : accompli
Conj coord. : conjonction de coordination
Conj. Sub. : conjonction de subordination
Dét. : déterminant
Marq f. : marque du futur
Marq p. : marque du pluriel
Non acc. : non accompli
Nég. : négation
Postp. : postposition
Préd v. : prédicatif verbal
Prép. : préposition
Pro. : pronom

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zoungrana moumouni

2- Corpus
1 . Pag yaa toorẽ wande b pa mιι a yιkr daar ye.
Femme être mortier tourterelle pro. nég. savoir (acc.) pro. s’envoler (non acc.) jour post p.
La femme est semblable à la tourterelle près d’un mortier, nul ne sait à quel moment elle
s’envolera.
2 . Pυg-sad yaa wobg nemdo, sυυg sẽn noomã9 n so.
Fille être (acc.) éléphant viande couteau conj sub. doux préd v. avoir (acc.)
Une fille, c’est de la viande d’éléphant, c’est celui qui a le couteau le plus aiguisé
qui s’en appropriera.
3 . Pag noor la a loko.
Femme bouche être (acc.) adj p. carquois
La bouche de la femme est son carquois.
4 . Pag zug wogem la a pa so zak ye.
Femme tête haut mais pro. nég. posséder (acc.) cour postp.
La femme a beau être de grande taille elle ne peut être chef de famille.
5 . Ma yao, ma kẽema ma meng n yιιde
Mère petite sœur mère grande sœur mère elle-même préd v. être au dessus (acc.)
La petite sœur de la mère, la grande sœur de la mère, rien ne vaut la véritable mère
6 . Pag uug wogem la a yam yaa koεεga.
Femme pagne long mais adj p. intelligence être (acc.) court
Le pagne de la femme est long mais son esprit est court.
7 . Pag zoobd wogem la a zιlemd n yιιd.
Femme cheveux long mais adj p. langue préd v. dépasser (acc.)
Les cheveux de la femme sont longs mais sa langue l’est encore plus.
8 . Rao gomd yaa noor a yembre, pag gomd yaa noy10 a kobga.
Homme parole être (acc.) bouche un femme parole être (acc.) bouches cent
La parole de l’homme a un sens unique, celle de la femme a un sens multiple.

9- Nooma : nooma est formé de ‘’noom’’ qui veut dire ‘’douceur’’ et du locatif ‘’a’’.
‘’Noogo’’ qui signifie ‘doux’’est un adjectif qualificatif venant de ce substantif.
Lorsqu’on parle de ‘’sυ noogo’’ cela veut un couteau bien aiguisé.
10- Noy est le pluriel de noore. ‘’noore’’ signifie bouche. Dans ce contexte il désigne le sens.

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l’image traditionnelle de la femme à travers le proverbe moaaga.

9 . Pag yaa kamaande sẽn tara yẽn n wõbde.


Femme être (acc.) maïs pro. avoir (acc.) dents préd v. croquer (acc.)
La femme est un épi de maïs que seul dévore celui qui possède des dents.
10 . Pag gũuda nag-bi kae a soab na waa wa.
Femme garder (acc.) veaux sinon dét. propriétaire marq f. venir (acc.) marq f.
La femme garde les veaux en attendant le retour du propriétaire.
11 . Wa kẽ tι yaa f ma roog n
Venir (acc.) entrer (non acc.) conj. coord. c’est adj p. mère case préd v. (acc.)
be la wa fũk tι f rυk ka ye
exister mais venir (acc.) ouvrir (non acc.) conj. coord. adj p.marmite nég. postp.
Entre c’est la case de ta mère se dit ; mais ouvre c’est la marmite de ta mère ne se dit jamais.
12 . Toεεng sẽn togsd wĩndga, yaa gεd n sagl-a yυngo.
Barbe conj sub. dire (acc.) jour être (acc.) tresses préd v. conseiller (acc.) pro. nuit
Ce que la barbe dit le jour ce sont les tresses qui le lui ont enseigné la nuit.
13 . Biig zι n deng a ma n bãng a yasb
Enfant nég. préd v. devancer (acc.) adj p. mère préd v. découvrir (acc.) adj p. oncle
yir ye
foyer post p.
Un enfant ne peut découvrir le foyer de l’oncle maternel avant sa mère.
14 . Pag pa so a nιf woo a sẽn yã n
Femme nég. possèder (acc.) adj p. œil conj sub. pro. ce voir (acc.) préd v.
dιke.
prendre (non acc.)
L’œil de la femme ne lui appartient à fortiori ce qu’elle a vu et ramassé.
15 . Pag la yiri.
Femme être (acc.) cour
La femme, c’est le foyer

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zoungrana moumouni

16 . F sãn bas pag t’a yãk a yam sιda


Pro. si laisser (acc.) femme conj. pro. choisir (non acc.) adj p. choix mari,
a sãn pa wa ne zoanga a wata ne wãoore
pro. si nég. venir (acc.) avec aveugle pro. venir (acc.) avec lépreux
Si on laisse à la femme le choix de son mari, si elle ne vient pas avec un aveugle
elle vient avec un lépreux.
17 . Pυg-yãang õsa-õsa são ro vιυgo
Vieille femme onomatopée meilleur case vide
Les toux d’une vieille valent mieux qu’une case vide.

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