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proses de combat
© Varia, 2022
ISBN : 978-2-89606-176-1
Varia est une division du Groupe Nota bene.
Dans mon quartier, ils ont construit un Costco. Ils ont dû raser
une forêt entière pour faire apparaître cette succursale du nulle
part. C’était un terrain sauvage qui était encore intouché il y a
quelques mois. C’est une catastrophe pour tout ce qui vit autour,
pour les humains, pour les bêtes et les plantes. Pour les épinettes
blanches, pour les sapins baumiers qui poussaient là, tranquilles,
et qui pendant l’hiver nourrissaient les animaux d’alentour de
leur gomme blanche hyper-nutritive. Pour tout l’écosystème,
c’est une perte de diversité qui ne pourra jamais être rétablie.
Pas avant des centaines d’années au moins. Il ne faut pas sous-
estimer la nature, c’est vrai, elle est plus forte qu’on ne le croit sur
la très longue durée. Mais pour le présent et les années à venir,
le résultat est atroce. Il y a maintenant des files d’automobiles à
tous les coins de rue du quartier, une pollution visuelle, sonore,
olfactive. En prévision, ils ont ajouté des feux de circulation où
il n’y avait rien d’autre qu’un petit chemin menant à l’autoroute.
C’est un drame pour mon coin de terre, mais je sais bien qu’à
cette petite échelle se joue en réalité une tragédie mondiale,
celle de l’étalement urbain, celle d’un mode de vie destructeur
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qui risque de nous mener à la fin prévisible que l’on sait. C’est
une tragédie, oui, parce que, comme dans les pièces de théâtre
antiques, la fin est déjà connue depuis le début : à la fin de tout,
quand sonneront les trompettes du jugement des hommes,
quand les murs du temps s’effondreront, quand tout sera détruit
et rasé, il ne restera plus aucune forêt et le monde sera devenu un
gigantesque stationnement.
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rains quand tout sera fini, quand le Costco tout neuf sera en
ruine, dans cent ans, dans deux mille ans, quand nous laisse-
rons enfin tranquille cette Terre après l’avoir violée sans relâche
depuis que nous avons compris comment nous tenir debout sur
les branches des arbres, il y a treize millions d’années, quand
nous étions des homo Pierola et que nous avions les yeux jaunes.
C’est à ce moment-là que nous avons libéré notre cerveau, cette
bombe à retardement qui va tout faire exploser d’un moment à
l’autre – je me ravise : qui en vérité fait déjà tout exploser depuis
longtemps, avec une apparente lenteur à notre échelle, mais en
réalité avec une rapidité fulgurante qui ne laissera rien d’intact
avant que nous ayons le temps de réagir. Ce sera soudain, brutal,
implacable.
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Le sol est une métaphore, bien sûr. Mais en même temps, il n’en
est pas une. Nous vivons dans une gigantesque image. Nous
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Les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d’eux
(René Char). Les poètes s’expriment souvent sous forme d’oracle,
ils lancent des énigmes qu’il faut déchiffrer peu à peu et qui, sou-
dainement, au détour d’une expérience de vie, de l’amour, d’un
deuil ou d’une naissance, deviennent tout à coup parfaitement
claires. Ce n’est pas pour être obscur par plaisir, c’est tout simple-
ment que la langue que je parle en sait plus sur moi que je n’en
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ont des relations, oui, la terre guérit, elle a le secret de tous les
maux du corps et de l’âme. Difficile aussi pour des Occidentaux
rompus à la critique scientifique de comprendre que le sol n’est
pas seulement plein d’organismes microscopiques et d’animal-
cules imperceptibles. Il est surtout plein de paroles et d’histoires
millénaires qui dorment là sous terre en attendant qu’on les
raconte, qu’on les chante, que le rêve leur donne vie et puissance.
Je ne connais ce pouvoir onirique du territoire que par bribes,
mais je sais parfaitement qu’il existe. Il y a quelques années, je
me suis réveillé en pleine nuit dans la réserve de Matane. Au
cœur du silence de cette forêt somptueuse, j’ai fait le rêve d’un
gigantesque orignal, ou plutôt : un original est entré dans mon
rêve. J’entends encore distinctement ses pas lourds en moi, leur
résonnance profonde dans le sol, comme un gigantesque tam-
bour battant. Je perçois toujours en moi sa respiration lente, je
vois son regard pesant se poser sur moi comme une question
lourde de sens. Il me regardait droit dans les yeux, prêt à char-
ger, comme pour me surveiller, pour s’assurer que je ne détrui-
rais rien. Je suis resté pensif et attentif à toute la forêt pendant
des jours après ce rêve, j’ai été saisi d’une crainte profonde qui a
quelque chose d’un silence sacré.
Toutes les nations autochtones connaissent ces gardiens
ancestraux du territoire qu’elles craignent et respectent. Je crois
que l’esprit des animaux parle encore à qui sait les écouter, à
qui prend le temps de poser sa tête sur le sol, de s’y reposer,
d’y dormir, d’y rêver, de sentir la légèreté des étoiles éclairer
son chemin. Nous sommes encore chrétiens, malgré toutes nos
prétentions athées, par la répression des rêves qui nous obs-
true encore l’imagination. Le grand historien Jacques Le Goff
a montré comment la civilisation chrétienne s’est édifiée sur
la confiscation du pouvoir onirique et sur le « refoulement des
rêves par le rêveur4 », pendant que les mondes autochtones ont
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Tu parles d’étoiles
Je te parle de rivières
Tu parles d’astres
Je te parle de lacs
Tu parles de l’infini
Je te parle de la toundra
Tu parles d’anges
Je te parle d’aurores boréales
Tu parles des cieux
Je te parle de la terre
Joséphine Bacon, Uiesh – Quelque part
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Ils ont rêvé le nitassinan, leur territoire, comme une terre d’abon-
dance, le nutshimit des Innus que l’on trouve dans les récits des
Anciens et dans les poèmes de Joséphine Bacon et de Natasha
Kanapé Fontaine : le « gardien / de nos vestiges, nutshimit 16 »,
où l’on entend la parole du territoire, des arbres et des animaux,
mais aussi des pierres et du vent17. « Nutshimit est un espace
vital, une source de survie, une manière de vivre et une croyance
absolue », dit Raphaël Picard18. Grâce à la tente tremblante,
kushapeshekan, les forces vives de la terre, ce « tremblement
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agressif des terres cultivables dans le but d’y semer du blé que les
envahisseurs parviennent à s’implanter ici et surtout à détruire
l’imaginaire du territoire autochtone.
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Il pleut de la lumière sur ce pays neuf et fraîchement défriché, dans la plus pure
tradition picturale de la représentation évangélique de l’ensemencement des
paysages, qui traverse toute l’histoire de l’art moderne, de Millet, en passant par
Van Gogh, par la puissance évocatrice d’Horatio Walker, jusqu’à la mystique
du paysage de Rodolphe Duguay. Semer du blé en terre d’Amérique, c’est faire
table rase des forêts anciennes et ouvrir la verticalité du territoire à l’œil divin.
La pluie de lumière fait germer une nouvelle symbolique du territoire, qui
demeure inséparable de la mythologie biblique. Le paysage est bien sûr une
page (pagus, page, pays, païen) sur laquelle est écrite la légende d’un meurtre,
celui d’Abel, qui fonde notre civilisation. À l’époque où sont peintes ces toiles
bibliques, Albert Tessier filme le territoire québécois en adressant dans Can-
tique à la création (1942) une sorte de poème ou de prière cinématographique à
Dieu, dans une sorte d’ode à la civilisation agraire qu’est le christianisme. Nérée
Beauchemin, le poète de Yamachiche, chante dans ces mêmes années, selon les
thèmes de la poésie du terroir, « le prodige des blés nouveaux » mis en terre et
cultivés grâce à la bénédiction d’un immense « signe de croix » et qui demeure
« le plus beau jardin du Seigneur » (« Le laboureur », Patrie intime, 1928). Com-
ment douter, à partir de cet accomplissement du projet de civilisation que por-
taient Cartier et C hamplain, que le territoire québécois soit désormais sous
l’emprise de l’imaginaire chrétien du blé ?
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seulement vos âmes que nous venons prendre, ce sont aussi vos
arbres et vos terres, c’est à votre relation au territoire que l’on s’en
prend dès maintenant, c’est votre univers de rêve et de mémoire
que nous venons détruire. Sagard marque un arbre d’une croix
comme les bûcherons le feront bientôt pour signaler les arbres à
abattre en poursuivant le projet chrétien d’éradication des forêts
et de désenchantement du monde autochtone. On le comprend
maintenant : c’est une seule et même chose que d’abattre ces
forêts et d’évangéliser ces âmes, puisqu’elles tiennent leur vie de
la forêt elle-même.
La lutte religieuse entre missionnaires et chamans a une
incidence directe sur le sort du territoire québécois. Dès 1534, les
imaginaires du territoire entrent en confrontation dans l’épisode
célèbre de la plantation de la croix aux environs de Gaspé (qui
se répétera à Sainte-Croix, en face de Québec, et dans les îles de
Sorel), à laquelle assistent Donnacona, ses fils et plusieurs autres
anonymes.
Le xxiiiie jour dudict moys nous fismes faire une croix de
trente piedz de hault qui fut faicte devant plusieurs d’eulx
sur la poincte de l’entree dudit hable soubz le croysillon de
laquelle misme ung escusson en bosse à troys fleurs de lys et
dessus un escripteau en boys engravé en grosse lettre de forme
où il y avoit Vive le Roy de France. Et icelle croix plantasme
sur ladite poincte devant eulx lesquelz la regardoyent faire et
planter. Et après qu’elle fut eslevée en l’air nous misme tous
à genoulx les mains joinctes en adorant icelle devant eulx.
Et leur fismes signe regardant et leur monstrant le ciel que
par icelle estoit nostre redemption dequoy ilz firent plusieurs
admyradtions en tournant et regardant icelle croix3.
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a souvent dit que les coureurs des bois sont venus chercher en
Amérique une ivresse de liberté et d’espace. C’est peut-être vrai
en partie, mais si l’on en reste là on passe à côté d’une attirance
irrésistible pour un temps abyssal, pour cette mémoire ouverte à
l’immémorial qui les a frappés à un moment quelconque de leur
parcours en compagnie des Premières Nations et des Inuit et qui
les a laissés pantois, saisis par une force sans nom, pris d’un ver-
tige devant ce puits temporel s’ouvrant sous leurs pas. Quelque
chose d’ancestral et d’impossible à situer sur une ligne chro-
nologique, une « nuit des temps qu’habitaient mes aïeux », dit
Alfred DesRochers. Non pas ces aïeux autochtones imaginaires
des fausses généalogies, mais l’arrière-pays temporel sans fin de
ceux qui ont créé cette mémoire-monde du territoire à laquelle
DesRochers se greffe pour habiter à son tour le continent entier.
Nous touchons ici je pense au cœur de l’identité d’une nation,
plurielle, métissée, entremêlée de mythes provenant de multiples
sources. Tout ceci est non seulement parfaitement légendaire,
mais aussi puissant sinon plus encore que n’importe quelle réa-
lité historique.
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Il faut dire que ce mythe des coureurs des bois comme ancêtres
de la nation québécoise a malgré tout quelque fondement his-
torique et que la fameuse image du Canadien errant d’où vient
la mobilité québécoise sur le territoire n’est pas seulement un
mythe. On sait que pendant longtemps le personnage que l’on
appelait « l’habitant » et le coureur des bois « ne formaient qu’un
seul et même personnage1 », tant il était facile au paysan de
s’enfoncer dans l’intérieur des terres pour se changer en un pisteur
de traces animales le long des grandes rivières. Mais il fallait
pour cela être accepté par les Premières Nations. On sait depuis
longtemps que la Nouvelle-France n’a été possible que grâce aux
Premières Nations et aux Inuit, à leurs dépens, et que le mythe
du coureur des bois est d’autant plus présent dans les mémoires
qu’il contribue à rendre invisibles les Autochtones d’aujourd’hui.
Sans eux, ce territoire gigantesque n’aurait pu se constituer en un
semblant de cohésion quelconque à l’européenne. En fait, il était
déjà très bien constitué ce territoire, comme le répète à chaque
ligne An Antane Kapesh. C’est plutôt en s’y implantant que les
Français l’ont profondément déstructuré. C’est tout le paradoxe
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Ce sont les coureurs des bois qui sont les premiers passeurs cultu-
rels. Ils ont permis l’implantation française en Amérique, non
sans s’appuyer sur l’accord des sociétés autochtones. C’est par
exemple grâce à la culture autochtone de l’adoption que les cou-
reurs des bois ont pu explorer et comprendre le territoire, mettre
des mots autochtones sur ses réalités, lui donner un sens, l’inscrire
dans une histoire. Étienne Brûlé chez les Wendat, Pierre-Esprit
Radisson chez les Iroquois, Guillaume Couture chez les Innus,
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portée de main. Le roman n’a pas été promu par hasard au rang
de genre littéraire dominant en même temps que la révolution
industrielle se mettait en marche. Il s’agit toujours et encore de
faire du monde un réservoir de ressources à exploiter pour l’hu-
manité, que l’on place au centre du monde, origine et fin de toute
signification.
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pit du roman : « la messe est dite », selon les mots que l’officiant
prononce pour mettre fin à la cérémonie. Pas seulement la messe
littérale qui prend fin au moment où le roman commence par ce
beau cas de performatif typique d’une culture de taiseux où les
mots doivent être des actes sous peine d’être louches ou inutiles,
voire dangereux. Il ne s’agit pas seulement de la messe que le
narrateur décrit de l’extérieur dans une perspective quasi anthro-
pologique, et presque amusée. « La messe est dite », cela veut
aussi dire que, dès le départ, tout est joué d’avance, que la menace
provenant d’au-delà de la lisière sombre de la forêt sera bien
entendu exécutée, que François Paradis sera bien sûr avalé par la
forêt. Car, oui, Maria C hapdelaine est une forme de tragédie, de
chant du bouc (tragos odê) qui laisse vivre un instant la proie des
dieux pour mieux l’exécuter ensuite et ainsi permettre à la colère
divine de s’abattre sur un seul pour détourner le malheur et que
la collectivité survive. Maria C hapdelaine n’est pas le roman le
plus représentatif du terroir canadien-f rançais pour rien : il est
une messe répétée sous une autre forme mais dont les forces
demeurent identiques : elles visent à rassembler la communauté
autour de la mise à mort de l’un de ses membres comme dans
toute bonne tragédie. C’est la fonction même de la tragédie :
opérer un sacrifice pour durer, pour survivre collectivement.
Maria Chapdelaine exprime à merveille le schéma sacrificiel
que j’avais vu à l’œuvre dans le cinéma québécois observé sous cet
angle dans Sang et lumière. J’ai pensé dans ma méditation sur le
cinéma québécois que c’était le meurtre symbolique qui permet-
tait l’implantation dans le territoire et la conservation de la com-
munauté, en suivant la pensée de l’anthropologue René Girard.
Je n’avais pas porté suffisamment mon attention cependant sur
le fait que ce cadavre qui gît dans le paysage, c’est celui du ter-
ritoire lui-même, celui d’une manière ancienne de comprendre
la terre, enfouie sous la chape de plomb du c hristianisme qui
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ABEL ET CAÏN
1. Jacques Cartier, Première relation, chapitre VIII, 1534.
2. Sylvie Vincent, « Les sources orales innues. La fondation de Québec et ses
conséquences », dans Au croisement de nos destins, op. cit., p. 64.
3. Boris Geremek, Les fils de Caïn. Pauvres et vagabonds dans la littérature euro-
péenne (vxe-xviie siècle), Paris, Flammarion, [1980] 1991.
4. Gilles Havard, Les coureurs de bois, Paris, Les Indes savantes, 2016, p. 73.
5. J. Cartier, Deuxième relation, VIII, 1535-1536.
6. P. Lejeune, op. cit., p. 35.
7. Jean de Brébeuf, Écrits en Huronie, Montréal, BQ, 2000, p. 21.
8. P. Lejeune, op. cit., p. 122.
LA CROIX ET L’ANNEDDA
1. Alain Beaulieu, Convertir les fils de Caïn. Jésuites et Amérindiens nomades en
Nouvelle-France, 1632-1642, Québec, Nuit blanche, 1994, p. 38.
2. Gabriel Sagard, Le grand voyage au pays des Hurons, Montréal, BQ, 2007,
p. 109.
3. J. Cartier, Première relation, XX, 1534.
4. Robert Harrison, Forêts. Essai sur l’imaginaire occidental, Paris, Flammarion,
1974.
5. J. de Brébeuf, op. cit., p. 43.
6. J. Cartier, Première relation, XX, 1534.
7. J. Cartier, Deuxième relation, XV, 1535-1536.
8. Jacques Mathieu, Annedda, Québec, Septentrion, 2009.
9. Berthier Plante, « L’Annedda, l’arbre de paix », Histoires forestières du
Québec, vol. 4 (2012), p. 24-51.
10. G. E. Sioui, op. cit., p. 270.
MAISON FERMÉE
1. Peter Sloterdijk, Le palais de cristal, Paris, Fayard, 2006.
2. Claude Chapdelaine (dir.), Droulers-Tsiionhiakwatha : chef-lieu iroquoien
de Saint-Anicet à la fin du xve siècle, Montréal, Recherches amérindiennes au
Québec, 2019, p. 24.
3. René Sioui-Labelle, Kanata. L’héritage des enfants d’Aataentsic, Office
national du film, 1998.
4. Samuel de Champlain, Récits de voyages en Nouvelle-France 1603-1632,
Québec, Presses de l’Université Laval, 2018, p. 185.
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LE BOUT DU MONDE
1. Nta’tugwaqanminen. Notre histoire. L’évolution des Mi’gmaqs de Gespe’gewagi,
Le Mawiomi Mi’gmawei de Gespe’gewagi, Ottawa, Presses de l’Université
d’Ottawa, 2018, p. 40.
2. Ibid., p. 55.
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Notes 161
Liste des illustrations 167
En couverture :
© Cécile A. Holdban
ISBN 978-2-89606-176-1
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